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84 LES DETERMINANTS DE LA DECISION DE DEPART A LA RETRAIRE DES SALARIES ALGERIENS. BOUAZOUNI Omar Doctorant ENSSEA CHAIBI Lamia Ingénieur d’Etat en Statistique ENSSEA RESUME : Cet article présente les résultats d’une étude qualitative exploratoire menée sur les déterminants et les motivations de départ en retraite des salariés algériens. Il s’inscrit dans une perspective de prise en compte qualitative des problèmes des retraités, nous nous intéressons aux facteurs prédictifs de la décision de départ en retraite, concept dont l’importance est devenue significative avec les différents changements. Les principaux résultats auxquels nous sommes parvenus à partir d’une analyse AFCM et d’une analyse économétrique de type Logit conduit à retenir quelques variables de type personnelle notamment, le sexe et l’âge, l’état de santé et la distance par rapport à la retraite légale. Sur le plan du capital humain, le niveau de scolarité du secondaire reste le niveau charnier dans la décision de départ et ce contrairement aux autres niveaux scolaires. Finalement, le niveau du patrimoine qui semble normalement interférer positivement dans le départ précoce à la retraite reste sans effet significatif globalement. Mots clés : Retraités, salariés, AFCM, LOGIT Introduction. La vague du baby boom qui a marqué l’Algérie dans les années soixante dix et quatre-vingt a eu premièrement des effets sur le plan social par l’augmentation de la demande de scolarité à tous les niveaux, deuxièmement sur le plan économique par l’augmentation de la demande d’emploi et troisièmement en prévision pour ne pas dire qu’elle a déjà commencé, sur le plan des retraites avec l’arrivée en masse des cohortes des populations d’occupés. Face à cette nouvelle situation démographique à laquelle d’ajoute la contrainte de la politique économique globale qui depuis les années 90 se caractérisée par le passage d’une économie planifiée où le plein emploi était assuré par décision administrative (voire même politique) à une économie de marché où les forces de l’offre et de la demande s’équilibrent suivant le principe du prix d’opportunité rendent le marché du travail très instable. Le principe de répartition sur lequel fonctionne le système des retraites algérien risque des déséquilibre sur le plan financier et mettrait en danger des populations vulnérables tant par leurs âges et par leurs caractéristiques socio-psychologiques. Mieux encore, les valeurs socioculturelles de solidarité familiale connues dans la société algérienne, et ce par la prise en charge par les enfants des besoins de leurs parents (personnes âgées)

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LES DETERMINANTS DE LA DECISION DE DEPART A LA

RETRAIRE DES SALARIES ALGERIENS.

BOUAZOUNI Omar Doctorant ENSSEA

CHAIBI Lamia

Ingénieur d’Etat en Statistique ENSSEA

RESUME :

Cet article présente les résultats d’une étude qualitative exploratoire menée

sur les déterminants et les motivations de départ en retraite des salariés

algériens. Il s’inscrit dans une perspective de prise en compte qualitative des

problèmes des retraités, nous nous intéressons aux facteurs prédictifs de la

décision de départ en retraite, concept dont l’importance est devenue

significative avec les différents changements. Les principaux résultats

auxquels nous sommes parvenus à partir d’une analyse AFCM et d’une

analyse économétrique de type Logit conduit à retenir quelques variables de

type personnelle notamment, le sexe et l’âge, l’état de santé et la distance par

rapport à la retraite légale. Sur le plan du capital humain, le niveau de

scolarité du secondaire reste le niveau charnier dans la décision de départ et

ce contrairement aux autres niveaux scolaires. Finalement, le niveau du

patrimoine qui semble normalement interférer positivement dans le départ

précoce à la retraite reste sans effet significatif globalement.

Mots clés : Retraités, salariés, AFCM, LOGIT

Introduction.

La vague du baby boom qui a marqué l’Algérie dans les années soixante

dix et quatre-vingt a eu premièrement des effets sur le plan social par

l’augmentation de la demande de scolarité à tous les niveaux, deuxièmement

sur le plan économique par l’augmentation de la demande d’emploi et

troisièmement en prévision pour ne pas dire qu’elle a déjà commencé, sur le

plan des retraites avec l’arrivée en masse des cohortes des populations

d’occupés. Face à cette nouvelle situation démographique à laquelle d’ajoute

la contrainte de la politique économique globale qui depuis les années 90 se

caractérisée par le passage d’une économie planifiée où le plein emploi était

assuré par décision administrative (voire même politique) à une économie de

marché où les forces de l’offre et de la demande s’équilibrent suivant le

principe du prix d’opportunité rendent le marché du travail très instable.

Le principe de répartition sur lequel fonctionne le système des retraites

algérien risque des déséquilibre sur le plan financier et mettrait en danger

des populations vulnérables tant par leurs âges et par leurs caractéristiques

socio-psychologiques. Mieux encore, les valeurs socioculturelles de

solidarité familiale connues dans la société algérienne, et ce par la prise en

charge par les enfants des besoins de leurs parents (personnes âgées)

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pourraient être mis à rudes épreuves. En effet, la baisse du taux de fécondité

(inférieur 3 enfants) engendrerait à terme un faible transfert des enfants

envers leur parents et ce par l’impossibilité des enfants à assurer un emploi

permanent qui garantirait un revenu capable de prendre en charge les

membres âgés de leur famille ( parent par exemple).

Le régime des retraites par répartition a été conçu suivant un ratio de

dépendance élevé et un taux de croissance économique soutenu et fort

(Gonand F 2007). En revanche, les nouvelles situations démographiques et

économiques auxquelles font ou feront face les pays en développement et

émergents, notamment par : la hausse du niveau d’instruction, la baisse du

taux de mortalité et fécondité, le recul de l’âge du mariage (problème de

paternité tardive) et l’allongement de l’espérance de vie par les progrès de la

santé pèseront lourdement sur les régimes de retraite. Ces derniers seront

amenés à consentir des dépenses de pensions de plus en plus importantes et

pour des périodes de plus en plus longues (P Artus 2002), rendant

vraisemblablement précaire la viabilité financière.

Face à l’augmentation de l’espérance de vie et aux changements

simultanés dans les politiques publiques, les stéréotypes classiques

concernant la retraite sont périmés. L’idée d’un âge de départ à la retraite

spécifique et uniforme est incorrecte (TALAGA.J et BEEHR.T.A 2003)1.

Les départs à la retraite s’effectuent à un rythme différent et sont amenés à

créer des tentions diverses. Une situation nouvelle se profile qui nous pousse

à se poser la question suivante: quand et pourquoi les salariés vont-ils choisir

de partir à la retraite?

les travaux théoriques sur les travailleurs en fin de carrière sont apparus

aux USA vers la fin des années 50 avec la résurgence du droit au maintien de

la qualité de la vie toute au long de la vie d’une personne sans pour autant

être contraint de vivre des moments difficiles une fois parti une retraite pour

des antécédents professionnels très contraignants type fatigue, pénibilité etc..

La volonté consciente de l’individu de partir à la retraite ne semble pas être

uniquement dépendante des considérations économiques et financières, de

plus la décision suppose une réflexion sur les conséquences du départ

effectif évaluées par l’individu, selon Ajzen2 (1991) : « les individus

prennent en considérations les implications de leurs actions avant de

s’engager dans un comportement donné ». D’autres parlent de

l’individualisation de la retraite, puisque le départ à la retraite résulte de plus

en plus d’un processus de décision individuelle.

1 TALAGA.J et BEEHR.T.A :"Retirement :A Psychologie Perspective".

International Review of Industrial and Organizational Psychology, In Cooper,

C.L.and Roberston I. Edition John Wiley and Sons Ltd. P.182-211.

2 AJZEN I:"The Theory of Planned Behavior". Organizational behavior and human

decision processes.1999.5O. p.180.

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En outre, les modèles théoriques se fixent un objectif de comprendre ce qui

incite et ou motive un individu à réduire son activité professionnelle, à

anticiper ou retarder son départ à la retraite. D’autres auteurs avancent

l’environnement de travail y compris les nogociation de départ avec

l’employeur comme un facteur qui rentre dans la décision de départ à la

retraite comme le montre d’ailleurs les travaux de Blake (2000) et all.

le présent article tente de voir et de décrire les déterminants de départ à la

retraite des employés algérien à travers une modélisation Logit. il est

subdivisé en trois parties. Nous aborderons, dans la première traite de la

revue de littérature face à la décision de départ à la retraite, la seconde partie

survolera de manière sommaire le régime des retraites en Algérie et

finalement, la troisième partie traitera des données d’enquêtes et des résultats

obtenus pour le cas algérien.

Revue de la littérature.

La prise de décision de départ à la retraite a fait l’objet d’une importante

littérature depuis les premiers travaux datant de la fin des années 50. Ainsi

une abondante littérature s’est attachée à démontrer que les variables

susceptibles d’influencer la décision de départ à la retraite sont

essentiellement financières, relatives à la santé et relatives à l’âge. Mais, en

1984, une multitude d’autres facteurs apparaît potentiellement prédictive.

Selon Feldman3, en 1994, la mise en évidence de variables personnelles,

organisationnelles et environnementales expliquant la décision de départ à

la retraite ne suffit pas à englober toute la complexité du processus de

décision car cette catégorisation ne permet pas de comprendre pourquoi et

comment les différentes catégories de variables influencent la décision

individuelle de départ à la retraite.

En 1998, plusieurs auteurs ont approchés la décision de départ à la retraite

à partir d’une classification dichotomique. En effet, la théorie économique

avance un certain nombre de mécanisme à travers lesquels les

comportements des individus face à leur retraite changent : un effet de

richesse, un effet lié au risque de longévité etc. d’un autre coté, les

caractéristiques sociales, humaines, environnementales et professionnelles

des employés et les anticipations sur l’après retraite déterminent l’âge voulu

de départ à la retraite.

Du coté du travailleur âgé (offre de travail), la retraite est vue selon

plusieurs angles notamment : effet de choc, puisque la séparation avec le

monde de travail est très pénible et la quasi irréversibilité rend la décision de

départ à la retraite très problématique ; : Effet de cumul emploi retraite,

puisque la retraite est un droit et que la liberté d’entreprendre et de travailler

après avoir obtenu ses droits à la retraite est assuré. Cependant, Les modèles

théoriques (modèles à choix limités en environnement irréversible et

3 FELDMAN Daniel:"The decision to retire early: A review and conceptualization",

Academy of Management Review (1994), 19(2), p.300-311.

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incertain) montrent que les conséquences de l’irréversibilité du départ à la

retraite sur les décisions d’activité sont importantes. En effet, dans la

majorité des cas, les individus tendent à différer leur départ pour se garder la

possibilité de tirer avantage d’évolutions des préférences ou de

l’environnement économique favorables à l’activité. (R- MAHIEU et B

SÉDILLO 2001). À cela d’ajoute la présence d’une part de mécanismes

juridiques dans beaucoup d’entreprises publiques surtout dans certains

secteurs limitant le cumul emploi-retraite et d’autre part la présence font

augmenter l’incertitude sur la décision de départ (Crawford V.P. et Lilien

D.M. (1981).

L’anticipation sur l’environnement économique de l’entreprise est aussi un

élément pesant dans la décision de départ à la retraite. En effet, les effets

escomptés d’évolution de la productivité du travail via l’évolution de la

demande induite par une connaissance probable de l’environnement de

l’entreprise laisse le travailleur dans une posture d’espérance pour accroitre

ses revenus et par là sa retraite. Les travaux sur la théorie des options

(Stock-Wise 1990 ) réelles ont montré que les individus ont tendance a resté

en activité pour mieux tirer parti des informations nouvelles que l’avenir

apporte :. En effet, en fonction de l’analyse des signaux tant sur

l’environnement économique, choc favorable sur le salaire notamment) ou

de ses préférences moindre pour les loisirs rendrait la poursuite de l’activité

plus attractive.

D’un autre coté, Les comportements de départ à la retraite sont influencés

de manière complexe par une grande variété d’antécédents attitudinaux et

cognitifs. La mise en évidence des variables personnelles,

environnementales, professionnelles et sociales ne peut pas suffire à cerner

toute cette complexité. Plus approfondie, une intention de départ à la retraite

demande une réflexion sur les conséquences de cette décision. Ainsi, le

niveau de pénibilité s’avère déterminant dans la décision de départ comme

l’atteste d’ailleurs les travaux de Beehr (2000), de Molinié, (2004).

Dans La théorie du cycle de vie, l’évaluation actuarielle le des besoins

futures en plus de l’épargne accumulée soit en numéraire ou en nature

intervient dans le choix de l’âge de départ à retraite. En effet, l’intérêt pour

les loisirs et le repos accompagné d’une santé plus moins bonne pourraient

engendrer un départ précoce. (F CHARPIN Françoise 1988) et d’un autre

coté, l’inexistence d’une épargne et ou d’un patrimoine sécurisants pour une

partie de la période des retraites engendrerait une décision de départ tardive

(G- Bernier, J-M Fallu et n Khoury 2012).

Du coté social, les situations de paternité tardives ou de prise en charge de

leur enfants surtout les filles laissent aussi entrevoir des décisions de départ à

la retraite tardive. Comme le souligne, d’ailleurs les travaux de D Blanchet

(2008), la décision de départ sous la contrainte du ménage laisse le salarié

dans une situation d’attente pour éviter des situations de sur dépenses liées à

sa présence permanente dans son foyer ce qui occasionnerait des

ajustements concernant les dépenses envers les ayants droits. La présence de

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certaines dépenses non compressibles telles que les dépenses de santé, de

scolarité, laisse le salarié devant le dilemme de poursuivre son activité pour

éviter de laisser davantage son revenu pour venir à bout des dépenses.

Gustman et Steinmeier (1986) ont apporté une variante en recherchant le

choix optimal de la date de départ à la retraite. Ils sont arrivés sur les

données américaines a montrer que la décision suit un sentier séquentiel dans

lequel s’interfère et s’entremêle, une entrée et sortie sur marché du travail.

leur travaux ont montré aussi que la préférence pour le loisir absolu est très

réduite mais plus pour un travail à temps partiel qui est d’ailleurs associé à

un salaire horaire réduit. Plus tard Gustman et Steinmeier (2000) ont fourni

une explication à travers la théorie des jeux de Nash que l’âge optimal chez

un couple de travailleurs prend en considération les aspirations aux loisirs

individuels et la consommation collective non compressible. Dans ce

modèle, les deux auteurs ont montré que les deux personnes du couple ont

tendance a faire reculé l’âge de départ à la retraite pour d’une part maximisé

la fonction d’utilité de chaque personne du couple et d’autre par pour

partager la consommation du couple notamment les loyers et charges liées

aux loyers.

Les modèles de programmation dynamique appliqués aux retraites ont

commencé récemment (1990) et ce pour prendre en considération la

contraint de l’aléa et de l’incertitude (myopie dans l’avenir). En effet, face

aux incertitudes liées aux différents marchés (financiers, biens et services) et

le biais entourant l’information sur les utilités escomptées procurées une fois

parti en retraire, l’individu se trouve contraint de remettre le bien fondé de

sa décision de partir en retraite car le montant de la pension sera actualisé

dans une dynamique d’un état de santé (donc dépense de santé importante) et

de son environnement social (famille et ayant droit). Ainsi, Rust (1989) et

Stock et Wise (1990b) ont donc été parmi les premiers à utiliser la

programmation dynamique afin de comprendre comment les règles des

systèmes de retraite induisent le comportement des travailleurs âgés. leur

travaux ont conclu que le moment de partir à la retraite reste la seule variable

en lien avec le temps comme le voyages,

il apparait au terme de cette revue de la littérature que la décision de départ

à la retraite est influencée par des élements liés aux indvidus et son

environnement social. l’environnement professionnel et ses corolaires

notamment le salaire s’avère moins important dans la décision de départ à la

retraire car les possibilité d’un croit important de revenu sont faible voire

même nulles par rapport aux années légales qui resteraient à pourvoir pour

jouir d’une retraite à taux plein.

Le régime des retraites en Algérie.

La refonte de la sécurité sociale et l'unification des régimes sont apparus

aux environs des années 80 modifiant la sécurité sociale de l'époque qui était

régie par des textes de lois, mis en application pendant la période coloniale.

en effet, Avant 1983, le système de retraite en Algérie a fonctionné sous

forme de différentes régimes professionnels couvrant des catégories de

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travailleurs appartenant à différents secteurs d’activité (agricoles,

fonctionnaires, militaires, ouvriers de l’état, etc.), puis la loi n°83-12 de

juillet 1983 a unifié ces différents systèmes de sécurité sociale. La refonte

adoptée par cette avait pour objet de mettre fin aux différents textes

législatifs et règlementaires et d'instituer un régime unique de retraite pour

tous les travailleurs salariés basé sur les principes suivants :

uniformisation des règles relatives à l'appréciation des droits

uniformisation des règles relatives à l'appréciation des avantages

uniformisation du financement.

Actuellement l’Algérie dispose pour les salariés d’un régime de retraite

obligatoire, unique et général, basé sur la répartition. Il est géré par la Caisse

Nationale des Retraites(CNR). Les non salariés relèvent une caisse

spécifique Caisse Nationale de Sécurité Sociale des Non-salariés

(CASNOS). Le principe fondamental de ce système est de garantir aux

retraités un revenu de remplacement proportionnel aux salaires, cela se

traduit par une assiette de cotisations déplafonnées, constitué de la quasi-

totalité des éléments de salaire, et par une assiette de calcul de prestations

qui correspond à l’assiette des cotisations.

La loi de 1983 établit également les conditions de financement de ces

retraites en fixant la part de salaire (prélèvement obligatoire) qui constitue

les ressources du système. Cette loi a été l’objet de plusieurs modifications

ou adjonctions, notamment en 19944 ,1997

5et 1999

6 . Cet ensemble

juridique permet de définir un ensemble unique de retraite pour tous les

travailleurs, la dernière modification intervient avec l’institution d’un fonds

de réserves visant la pérennité du système de retraite national7. Les sommes

affectées au fonds sont mises en réserve jusqu'à l’horizon de 2020. Les

sommes constitués sont supposées être réservées après ces dates aux caisses

de retraites concernées sans préciser le calendrier et les modalités des

versements. Ce fonds peut avoir un statu d’établissement public de l’Etat à

caractère administratif, dénommé Fonds de réserve pour les retraites.

Caractéristique du système de retraite Algérien

Ce système de retraite se caractérise par :

Le champ de protection qu’il couvre, c'est-à-dire, les salariés concernés par

les dispositions de cette loi sont protégés (tous les travailleurs quels que

soient leur secteur d’activité).

4 Décret législatif n°94-10 du 26 mai 1994, instituant la retraite anticipée.

5 Ordonnance n°97-13 du 31 mai 1997, permettant la retraite à taux plein avant 60

ans pour les travailleurs ayant 32 ans d’activité (retraite sans condition d’âge) et la

possibilité de partir avant 50ans en retraite proportionnelle. 6 Loi n°99-03 de mars 1999, modifiant et complétant la loi n°83-12 du juillet 1983

relative à la retraite, et la loi n°99-04 de mars 1999 modifiant le décret législatif

n°94-12 fixant le taux de cotisations de la securité sociale. 7 Les décisions du conseil des ministères du juillet 2006, ce fonds de réserves est

alimenté en partie par un prélèvement de 2% sur la fiscalité pétrolière.

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Un niveau de prestation qu’on peut qualifier de très élevé (peut atteindre

80 % voire 100 % du salaire).

Unification de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, avec cependant

certaines dérogations ou bonifications pour les catégories particulières

(femmes travailleuses, moudjahidine, etc.), et depuis 19978, les travailleurs

ayant 32 ans de cotisations peuvent partir en retraite ce qu’on appelle la

retraite sans condition d’âge.

Institution d’un minimum de pension indexé sur le salaire national

minimum garanti (actuellement 75 % du SNMG).

Calcul de la pension sur le salaire moyen des cinq (05) dernières ou des

cinq (05) meilleures années de la carrière.

Revalorisation annuelle des pensions et des allocations de retraite.

Le régime national de retraite garantit les avantages suivants :

Une pension de retraite au travailleur du chef de sa propre activité.

Une allocation de retraite en faveur des travailleurs qui ne réunissent pas

la condition de travail requise, mais qui peuvent faire valider au moins cinq

années ou 20 trimestres.

Une pension de réversion est servie en faveur du conjoint survivant, des

orphelins, des ascendants.

L’exposé précèdent nous aide à constater l’importance de la protection

assurée par le système algérien et le haut niveau des prestations qu’il procure

à ses bénéficiaires, il a un certain degré de générosité car les taux de

pensions sont relativement élevés, les durées de cotisations relativement

courtes et les salaires de référence calculés sur des périodes proches de la

liquidation et un niveau de pension qui correspond à 80%du salaire moyen.

Mais cette générosité ne signifie pas l’adéquation de la pension à ce

régime car « une pension adéquate doit poursuivre trois objectifs : prévenir

l’exclusion sociale; permettre le maintien du niveau de vie après la retraite ;

promouvoir la solidarité intra et intergénérationnelle »9.

En l’occurrence, entre le moment ou l’individu est en droit de prendre la

retraite et son départ effectif apparaît une « zone grise », zone sur la quelle

l’Etat manque de lisibilité car il est difficile d’anticiper le moment de départ

à la retraite que choisira chacun des salariés.

8 D’aprés « législation » ordonnance 97-13 art 06 Bis.

9 Florence LEGROS, « Qu’est-ce qu’une retraite «adéquate" ? »,13

ème forum

retraite « Retraite et retraités Européens », Bordeaux, le 31 mars 2006.

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Etude de cas : analyse économétrique

Dans cette étude qualitative exploratoire, nous avons concentré notre

recherche sur les déterminants et des motivations de départs à la retraite en

Algérie, en essayant de mieux comprendre les éléments qui incite l’individu

à prendre une telle décision (d’avancer ou de retarder son départ en retraite),

en tenant compte de certaines variables qui sont susceptibles d’influencer

cette décision.

Nous sommes partis en quête des facteurs qui déterminent la décision de

départ à la retraite. Les déterminants de l’activité des travailleurs âgées sont

généralement regroupés selon qu’ils soient des déterminants monétaires ou

non monétaires10

, mais vu la diversité des déterminants agissant sur le départ

à la retraite, nous les avons regroupé en 4 dimensions ayant des interactions

entre elles, Celles-ci concernent l’identification du cotisant, son

environnement familial et ses conditions d’habitat, ses conditions de travail

et son patrimoine (autres sources de revenu).

Nous avons mené une enquête par sondage auprès de 300 salariés cotisants

sous la contrainte d’âge (pour les femmes : 45 ans et plus ; pour les

hommes : 50 ans et plus) dans deux régions de l’Algérie en l’occurrence

Bejaia et Alger, et provenant de professions et de secteurs d’activité aussi

variés que possible. Cette enquête nous a permis d’obtenir une connaissance

approchée de certaines caractéristiques de la population étudiée, et bien sur

elle nous a fournis la base des données.

Concernant le matériel d’enquête en l’occurrence le questionnaire. Nous

avons fait en sorte de poser des questions qui peuvent ressortir nos

informations recherchées. En résumé, il se compose de cinq parties :

La première partie est une fiche signalétique qui nous permet d’avoir des

informations privées sur l’interviewé, à savoir son âge, sa région, son sexe,

son niveau d’instruction, etc.

La deuxième partie concerne l’environnement familial (nombre de

personnes à charge, nombre d’enfants scolarisés, la santé du conjoint, etc.) et

les conditions d’habitat du cotisant (type d’habitation, les commodités, les

équipements, etc).

La troisième partie nous donne des informations sur les conditions de

travail, à savoir le secteur d’activité, le poste occupé, nombre d’années

cotisées, le salaire, la santé financière de l’entreprise et les opportunités

quelle offre, etc.

La quatrième partie concerne le patrimoine, c'est-à-dire les autres sources

de revenu du cotisant à savoir s’il reçoit une part du revenu du conjoint ou

des enfants qui travaillent ou autre rente.

10 Blanchet D et Debrand T : "Souhaiter prendre sa retraite le plus tôt possible :

santé, satisfaction au travail et facteurs monétaires".2007. Economie et Statistique.

P.4O3-404.

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La cinquième partie concerne la décision de départ à la retraite (l’âge

voulu qui est la volonté consciente chez l’individu de se diriger vers le

départ à la retraite), que nous allons comparer avec l’âge légal. Cette partie

vise aussi à fournir les raisons d’une telle décision. Elle se divise en deux ;

premièrement, si l’âge espéré est inferieur à l’âge légal ; deuxièmement, si

l’âge espéré est supérieur à l’âge légal.

Statistiques descriptives.

Variables Modalités Répartition Age souhaité de

départ à la retraite

Sexe Masculin 88% 58

Féminin 12% 54

Diplôme

TS 13% 57

Licence 9% 56

Bac+5 (ingénieur) 5% 58

Non déplomé 73% 55

Nbre de personnes à

charge

3 personnes 18% 56

4 personnes 21% 57

5 personnes 21% 57

entre 6 et 7 personnes 25% 57

+ de 8 personnes 15% 58

Etat de santé

Mauvais 10% 58

Moyen 39% 58

Bon 34% 57

Très bon 19% 57

Nbre d’enfants en

chômage

Pas d’enfants en chômage 57% 56

1 enfant en chômage 17% 57

2 enfants en chômage 15% 57

Plus de 3 enfants en chômage 11% 59

Présence ou non

d’enfants hadicapés

Pas d’enfants handicapés 92% 57

Présence d’enfants handicapés 8% 58

cadre de vie dans leur

foyer

Mauvais 13% 55

Moyen 38% 57

Bon 49% 57

Secteur d’activité

Agriculture 1% 56

Industrie 36% 56

BTPH 10% 58

Commerce 5% 58

Service 22% 58

Administration 26% 58

Secteur juridique Public 68% 57

Privé 32% 57

Poste occupé

patron 1% 63

Cadre dirigeant 19% 57

Cadre 19% 56

Maitrise 20% 57

Executant 41% 57

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Étant donné la prépondérance des hommes dans notre échantillon chose

qui est d’ailleurs normale pour cette tranche d’âge de de personne

occupées11

, l’âge moyen pondéré légal est de 59 ans dans l’échantillon. Par

rapport à ce niveau, l’âge moyen souhaité reste en dessous de l’âge l’égale à

savoir 56 ans. Soit 3 années de moins que l’âge légal.

Nous remarquons que la majorité trouve que leur état de santé est bon ou

moyen et même très bon. Et il n’y a que 10% qui sont en mauvaise santé.

Ceux qui se déclarent en bonne santé veulent partir à 58 ans, par contre les

autres veulent partir à 57 ans. En effet, un bon état comme un mauvais état

de santé peuvent amener les individus à anticiper leur départ.

Aussi, nous avons constaté une progression lineaire avec le nombre

d’enfant en chômage : ceux qui n’ont pas d’enfants en chômage veulent

partir à 56 ans, ceux qui ont 1 ou 2 enfants en chômage veulent partir à 58

ans et ceux qui ont au moins 3 enfants en chômage veulent partir à 59 ans.

Pour ceux qui n’ont pas d’enfant handicapé, ils veulent partir à 57 ans, un an

avant ceux qui ont d’enfants handicapés et qui veulent partir à 58 ans

Nous remarquons que 49% de l’échantillon déclarent que le cadre de vie

au sein de leur maison et bon, 38% déclarent que le cadre de vie au sein de

leur maison est moyen et 13% déclarent avoir un mauvais cadre de vie dans

leur maison. Mais ce qui est étonnant, c’est que les deux premières

catégories veulent partir en retraite à 57 ans, tandis que ceux qui ont un

mauvais cadre de vie veulent partir tôt à 55 ans.

Par secteur d’activité, les secteurs commerce, service et administration se

rapprochent plus de l’âge légal à savoir 58 ans (59 ans projeté) mais dans

l’industrie et l’agriculture, elle c’est plutôt à 56 ans que les salariés veulent

partir en retraite.

Nous remarquons que les exécutants sont les plus nombreux (41%), puis

ceux qui occupent le poste en tant qu’agent de maitrise (20%), ensuite

viennent les cadres et les cadres dirigeants avec le même pourcentage (19%),

et finalement les patrons (concerne le secteur privé) avec un pourcentage très

faible (1%). Concernant l’âge volontaire de départ en retraite, il est de 56 ans

pour les cadres, de 63 ans pour les patrons et de 57 ans pour les autres.

En ce qui concerne la décision de départ en retraite, la figure (en dessous)

nous montre l’évolution de la décision en fonction du salaire.

11

enquête emploi de 2012 de l’ONS montre que sur un effectif d’occupés âgés de 50 ans et + de l’ordre 1.5 millions 1,347 millions sont des hommes, soit un taux de 89%.

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94

L’analyse graphique que les bas salaires et les hauts salaires impliquent

une intention de rester plus sur le marché de travail avec des âges souhaités

supérieurs à la moyenne. les moins de 20000 et les plus de 40000 Da espérés

partir à la retraite à partir de 58 ans contre 56 ans pour les salaires qui se

situent entre ces deux niveaux

La théorie économique prédit une relation complexe entre la richesse et les

décisions de départ à la retraite. Les individus détenteurs d’un haut

patrimoine peuvent, a priori, partir plus tôt à la retraite que les autres, mais

ils peuvent souhaiter maintenir leur niveau de richesse et différer leur date de

départ à la retraite.

Cette répartition nous montre que 76% des individus ont des conjoints

inactifs, et ceci peut être expliqué par le fait que la majorité des personnes

interrogées sont de sexe masculin. Les individus qui n’ont pas de conjoint

représentent 5%, et il n’y a que 19% qui ont des conjoints actifs dont 13%

sont salariés. Mais seulement 8% d’entre eux reçoivent une part du revenu

de leur conjoint. L’âge volontaire de départ en retraite est de 56 ans, sauf

pour ceux qui ont un conjoint inactif veulent partir à 57ans.

Répartition des individus selon la situation de leur conjoint

Répartition des individus selon le nombre de leurs enfants qui

travaillent

53

54

55

56

57

58

59

l'a

ge v

olo

nta

ire d

e d

ép

art

en

retr

ait

e

salaire(DA)

5% 6%

13%

76%

non concerné

autre emploi

salarié

inactifs

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95

Il y a 96 individus (32%) qui ont au moins un enfant qui travaille, mais

seulement 38(8%) d’entre eux reçoivent une part du revenu de leurs enfants.

L’âge volontaire de départ en retraite est de 56 ans pour ceux qui n’ont pas

d’enfants qui travaillent, il est de 58 pour ceux qui reçoivent une part du

revenu de leurs enfants et il est de 59 ans pour ceux qui ne reçoivent rien.

Répartition des individus selon la possession d’un patrimoine :

Seulement 38 individus qui ont d’autres rentes (un immobilier qu’ils

louent, un commerce, une pension de fils chahid, etc.) en dehors de leur

revenu. L’âge volontaire de départ en retraite est de 57 ans pour ceux qui

n’ont aucune rente à par le revenu, et il est de 58 pour ceux qui ont rente en

plus de leur revenu.

MODELISATION PAR LA REGRESSION LOGISTIQUE :

Présentation des variables retenus dans le modèle:

Dans cette phase, nous allons introduire à chaque fois des variables

explicatives (selon les dimensions), afin de modéliser l’âge de départ en

retraite en Algérie , ce qui nous permettra de spécifier les variables qui

influent, perturbent et même déterminent l’âge de départ d’une certaine

manière.

La codification de la variable expliquée Y se fait de façon binaire :

Y = 0 Si L’âge volontaire de départ est inferieur à l âge légal

Y = 1 Si L’âge volontaire de départ est supérieur à l âge légal

68%

32%

n'ont pas d'enfants qui travaille

1 enfant et plus qui travaillent

n'ont pas d'autres rentes ont une rente

262

38

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96

Nous devons cependant noter que dans les modèles à variables

dépendantes binaires, la qualité de l’ajustement a une importance secondaire.

Ce qui importe sont les signes des coefficients de régressions espérés et leur

signification.

Dimension !: variable individuelle

d’ajustement de ce modèle est de 10,89%.

La statistique de log vraisemblance LAMBDA(LR) est égale à 45,14254,

la probabilité critique associée est 0,000001 (associée au , elle est

significative). De ce fait, nous rejetons l'hypothèse nulle d'égalité des

coefficients associés aux variables du modèle Alors le modèle est

globalement très significatif, il existe bien une relation entre les variables

explicatives et la variable expliquée (la décision de départ en retraite).

Les valeurs estimées des paramètres d'un modèle logistique ne sont pas

directement interprétables en termes de propensions marginales. C'est ainsi

qu'on s'intéresse seulement à leurs signes. Un signe positif (négatif

respectivement) indique qu'une augmentation de la variable explicative

considérée augmente (baisse respectivement) la chance de partir en retraite

après l’âge légal. Aussi, Chaque coefficient de pente de l’équation est un

coefficient de pentes partielle, il mesure la variation du logit estimé pour une

unité de changement dans la valeur de chaque régresseur (les autres

demeurant constants).

En étudiant individuellement les coefficients liés à chaque variable

explicative, au risque de 5%, nous constatons que l’âge, le niveau secondaire

et les techniciens supérieurs (dont les coefficients sont respectivement 0,18;

1,23; 1,34) entrainent un départ tardif. Cela veut dire, si l’âge

(respectivement le niveau secondaire et le diplôme de TS) s’accroit d’une

unité, le logit estimé augmente en moyenne de 0,18 unités (respectivement

1,23 ; 1,34 unités), ce qui signifie que ces régresseurs exercent un effet

positif sur le logit, c’est un effet retardateur de la décision de départ en

retraite. C’est aussi le cas de la variable explicative région (wilaya de

Bejaïa), mais qui n’est significative qu’au seuil de 10%. En revanche la

constante et le sexe masculin (qui ont respectivement le coefficient -9,12et -

1,25) semblent jouer dans le sens d’un départ précoce. C'est-à-dire, si la

modalité sexe masculin, le logit estimé diminue de 1,25 unité par rapport à

celui d’une femme de même conditions de travail, c’est un effet négatif sur

le logit estimé. Les autres variables ne sont pas significatives dans cette

analyse.

Une interprétation plus significative est celle en termes de chances qui sont

obtenus en prenant l’antilog des divers coefficients de pentes (exponentielle

du coefficient). Ceci suggère que les salariés de Bejaia ont 2 fois plus de

chances de partir en retraite après l’âge légal que les salariés d’Alger. Les

individus qui ont un niveau secondaire ont 3 fois de chances de partir après

l’âge légal que ceux qui ont un niveau primaire ou sans scolarité et les

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individus qui ont un diplôme de technicien supérieur ont4 fois plus de

chances de partir après l’âge légal que ceux qui ne sont pas diplômés.

Dimension : Environnement familial et conditions d’habitats du

cotisant

Source : établie avec le

logiciel EVIEWS 6

En étudiant individuellement les coefficients liés à chaque variable

explicative, au risque de 5%, nous constatons qu’il n’y a que la variable

d’état de santé (très bonne santé) qui est significative avec un coefficient qui

est égal à 0,745685. Tandis que les autres variables qui concernent

l’environnement familial et les conditions d’habitat du cotisant ne sont pas

statistiquement significatives.

Par rapport à l’odds ratios: les individus qui déclarent être en très bon état

de santé ont 2 fois plus de chances de partir en retraites après l’âge légal que

ceux qui sont en mauvais état de santé

Dimension : Conditions de travail du cotisant

La statistique du McFadden R-squared est égale (0,098037), la qualité

d’ajustement de ce modèle est de 9,80%. La statistique du rapport de

vraisemblance LAMBDA est égale à(40,61415), la probabilité critique

associée est 0,009157. Alors le modèle est très significatif, il existe bien une

relation entre les variables explicatives et la variable expliquée.

En étudiant individuellement les coefficients liés à chaque variable

explicative, au risque de 10%, nous constatons que :

Les coefficients des variables: poste de maitrise et nombre d’années

travaillées dans l’entreprise sont égaux à 0,728001 ; 0,038744

respectivement. Ces coefficients sont positifs, cela veut dire que les

modalités ont un effet accélérateur sur la probabilité de départ en retraite

après l’âge légal. Si l’une des variables s’accroit d’une unité, le logit estimé

augmente respectivement en moyenne de 0,73 ; 0,04 unités. D’après l’odds

ratios : les individus qui occupent un poste de maitrise ont 2 fois plus de

chances de partir en retraite après l’âge légal que ceux qui occupent un poste

d’exécutant.

Néanmoins, les coefficients des variables secteur industrie, demande d’une

promotion, restauration assurée et dépenses liées au travail (respectivement-

0,895987 ; -0,952688 ; -0,062124 ; -7,31E-05) sont négatifs. Ces variables

ont un effet accélérateur su la probabilité de départ précoce en retraite, ce qui

veut dire que ces variables poussent l’individu à un départ précoce. D’après

l’odds ratios : les individus qui travaillent dans le secteur industrie ont plus

de chances de partir avant l’âge légal que ceux qui travaillent en

administration.

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Dimension : patrimoine (autres sources de revenu du cotisant)

En résumé, les variables concernant le patrimoine de l’individu n’influent

pas sur la décision de départ en retraite, contrairement à, la théorie

économique12

qui prédit une relation complexe entre la richesse et les

décisions de départ à la retraite : les individus détenteurs d’un patrimoine

peuvent a priori se permettre de partir plus tôt que les autres, mais ils

peuvent souhaiter également maintenir leur niveau de richesse et différer

leur date de départ à la retraite.

CONCLUSION

Dans cette étude exploratoire, nous avons analysé les déterminants et

motivation de départ à la retraite en Algérie, en vue de comprendre les

éléments qui interagisse sur la décision de départ à la retraite coté employé et

aussi estimé l’âge souhaité de départ en retraite.

Toutefois les comportements de départ à la retraite sont influencées par

une grande variété d’antécédents attitudinaux et cognitifs de manière

complexe et la mise en évidence de variables personnelles,

environnementales et professionnelles ne suffit pas à englober toute cette

complexité. En plus, la majorité des variables embarquées dans le

questionnaire sont des variables pouvant varier dans le temps ou même dans

l’espace.

l’âge est la variable la plus pertinente car il occupe une place

primordiale, l’état de santé joue notamment un rôle important (son pouvoir

explicatif sur l âge de départ à la retraite ait un fort impact), et le sexe semble

aussi une variable explicative importante, ajoutant à cela, le niveau scolaire

(précisément : le secondaire) est une des variables déterminantes. On peut

avancer que la décision de départ à la retraite est influencée par un

ensemble de caractéristiques individuelles.

Pour la dimension contextuelle, les variables liées au travail, nous

avons d’un coté le secteur d’activité (précisément secteur industriel) et le

poste de travail occupé qui sont deux variables influentes sur le choix de

départ à la retraite, d’un autre coté la promotion et la restauration (qui sont

considérées comme des avantages) sont également des déterminants de la

décision de départ à la retraite.

12

R.BOARINI, C.Le CLAINCHE, P.MARTINSSON, "les déterminants des âges

de départ à la retraite en France et en Suède", Centre D’étude de L’emploi

(document de travail N°60), Aril2006, p.7

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99

Un résultat très frappant, le patrimoine n’influe pas sur la décision

de départ à la retraite.

Sur la base de ces résultats, toute politique publique qui aurait pour but une

augmentation de taux de l’emploi des seniors devrait prendre en

considération la complexité des déterminants de la décision des individus et

de leurs interactions, à ce titre ils seraient intéressant de proposer des

reformes concernant l’ensemble des systèmes de protection sociale.

Les responsables devraient comprendre au mieux ces décisions de départ à

la retraite afin d’établir les probabilités de départs, mais aussi d’orienter ces

départs selon les objectifs organisationnels. La compréhension des

antécédents de ces départs massifs, servira à maintenir les

salariés « motivés » plus longtemps en emploi, repoussant le désengagement

au travail dû au SPFVP (sentiment précoce de fin de vie professionnelle)13

.

La compréhension de ces déterminants peut aussi permettre aux décideurs

de développer des programmes de planification de départ à la retraite plus

efficaces. Mais cette efficacité dépendra en grande partie de sa capacité à

répondre aux aspirations spécifiques des salariés âgés.

Du point de vue de l’efficacité des reformes à engager, la maniabilité de la

variable flexibilité nécessite en premier lieu d’approfondir les explicatifs de

l’âge de départ. La connaissance de ces déterminants est également

susceptible de fournir aux décideurs une grille de lecture des aménagements

efficaces et équitables que l’action sur les variables de l’âge pourrait

commander. En effet, certains aspects liés aux systèmes de pension peuvent

amener les individus à différer l’âge de leur retraite ou bien à l’anticiper.

S’il est effectivement possible de prévoir les décisions que les individus en

âge de partir en retraite prendront, l’Etat pourra se doter d’une base de

données essentielle à sa gestion prévisionnelle des départs et à sa gestion

prévisionnelle des emplois et des compétences

En travaillant sur les déterminants de la prise de décision, l’Etat également

mettre en place une politique de gestion plus proche des aspirations des

individus en âge de partir à la retraite.

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