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EHESS Les deux rives du Yabbok. La maladie et la mort dans le judaïsme ashkénaze by Sylvie-Anne GOLDBERG; Yosef Hayim Yérushalmi Review by: Régine Azria Archives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 68.2 (octobre-décembre 1989), pp. 246-247 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41623504 . Accessed: 14/06/2014 01:17 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.78.78 on Sat, 14 Jun 2014 01:17:32 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les deux rives du Yabbok. La maladie et la mort dans le judaïsme ashkénazeby Sylvie-Anne GOLDBERG; Yosef Hayim Yérushalmi

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Les deux rives du Yabbok. La maladie et la mort dans le judaïsme ashkénaze by Sylvie-AnneGOLDBERG; Yosef Hayim YérushalmiReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 68.2 (octobre-décembre 1989), pp.246-247Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41623504 .

Accessed: 14/06/2014 01:17

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

sa disgrâce et l'amorce du processus révolu- tionnaire mirent fin à cette tentative.

P.G. saisit cet épisode pour appuyer sa thè- se : selon lui, l'émancipation des Juifs serait plutôt une conséquence de la bonne volonté de Louis XVI que de la Révolution. Certes, l'Assemblée Constituante a discuté de l'éman- cipation des Juifs avec passion et la décision finale n'a été prise qu'à la veille de sa dissolu- tion. Mais la Déclaration des Droits de l'Hom- me - sur laquelle P.G. fait presque le silen- ce - a été votée le 26 août 1789 : par la suite, sur la question juive comme sur d'autres pro- blèmes, la Constituante a pris son temps avant de trouver un accord entre ses principes et les réalités. Mais finalement, les Juifs deviennent des citoyens « libres et égaux ».

Aussi, il est difficile de soutenir la thèse de P.G. Cependant son ouvrage est bien docu- menté : on y trouve notamment des extraits de discours et de la presse de l'époque ainsi qu'en annexe une chronologie détaillée des années 1774 à 1798 sur l'évolution de la situation des Juifs dans l'histoire de la France.

Doris Bensimon.

65.250 GOETTMANN (Alphonse et Rachel). Prière de Jésus : Prière du Cœur. Paris, Dervy-Livres, 1988, 218 p. (Coll. « Béthanie »).

Ecrit par un prêtre de l'Église orthodoxe de France et son épouse, cet ouvrage n'a aucune ambition scientifique. Il revendique même de se situer sur le terrain du seul vécu. Ce que les auteurs entendent présenter et magnifier, c'est une pratique dont ils montrent l'enracine- ment scripturaire, l'origine dans un courant mystique de l'Église primitive d'Orient, et les prolongements dans la tradition orthodoxe. Leur conviction est que la Prière de Jésus, ou répétition incessante de la formule « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous » constitue une libération possible de toutes les « acculturations de l'Évangile », et, pour les confessions chrétiennes, « le seul ancrage pos- sible pour un oecuménisme réel ». L'intérêt sociologique de cet ouvrage, en une période où la pratique de la prière répétitive connaît un vif succès dans les « communautés nouvel- les » les plus diverses, est de suggérer (de façon évidemment indirecte), qu'il existe une affi- nité, et une attraction possible, entre ce type d'exercice de dévotion (qui implique en parti- culier un engagement complet et raisonné du

corps dans la prière), et les requêtes d'accom- plissement et d'unification personnels qui se déploient dans l'individualisme fin de siècle.

Danièlc Hervieu-Léger.

65.251 GOLDBERG (Sylvie-Anne). Les deux rives du Yabbok. La maladie et la mort dans le judaïsme ashkénaze. Paris, Ed. du Cerf, 1989, 309 p. (Préf. de Yosef Hayim Yérushalmi).

Chaleureusement préfacé par l'historien du judaïsme Y.H.Y., cet ouvrage est intéressant à plusieurs égards. En premier lieu, il témoigne de l'érudition de son auteur et de sa parfaite maîtrise de l'abondante documentation qu'elle brasse. D'autre part, cette étude approfondie de la gestion religieuse, sociale et spirituelle de la maladie et de la mort par les communautés juives d'Europe centrale est riche sur le plan informatif. On y apprend beaucoup de choses, notamment sur le statut des « exclus », ces marginaux de la société que sont, outre les pauvres, a fortiori lorsqu'ils sont malades ou morts et qu'il incombe aux communautés de soigner ou d'enterrer, mais aussi les vaga- bonds et autres indigents : les prostituées, les étrangers, les batards et les mères célibataires. De façon plus générale on y apprend beau- coup de choses sur un thème difficile qui met en jeu la question du sens et des fins ultimes.

Enfin méthodologiquement, ce travail allie avec bonheur l'analyse monographique d'une confrérie des derniers devoirs, celle de la com- munauté juive de Prague, à une approche à la fois globale et comparative.

L'A. y présente le cadre historique et cultu- rel au sein duquel commencent à apparaître au Moyen Âge les confréries juives d'aide mutuelle ; calquées sur le modèle des guildes chrétiennes, elles s'en différencient cepen- dant Totalement inconnues dans le monde ashkénaze jusqu'au XVIe siècle, les sociétés funéraires spécialisées sont importées d'Espa- gne. Il ressort de la description que nous en fait l'A. que ces confréries sont bien plus importantes que l'idée qu'on peut en avoir aujourd'hui où la mort et la maladie sont éva- cuées de notre univers social. Les membres de ces confréries ne se contentent pas d'accom- pagner les malades, les agonisants et les cada- vres jusqu'à l'étape ultime, celle du cimetière, ni d'accomplir à chaque étape les devoirs de charité et les rites de la mort, ni de s'occuper

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BULLETIN DES OUVRAGES

des familles et autres endeuillés du proche entourage. Leur rôle est bien plus vaste. « La vie de la communauté, nous dit l'A., gravite autour des structures de la confrérie funéraire et elle est scandée par le rythme de ses activi- tés ». S.-A.G. illustre ce propos par son étude de la confrérie de Prague, aux XVIIe et XVIIIe siècles, archétype, nous dit-elle, des confréries juives de notre époque. On mesure, à travers son organisation et son champ ďactivité, ses règles ďadmission et de recrutement de ses membres, de son financement, à quel point elle occupe une place centrale dans le disposi- tif religieux, spirituel et communautaire.

Approche globale et comparative aussi, a-t- il été dit plus haut en effet, l'A. s'appuie à maintes reprises sur les travaux de Philippe Ariès pour tenter une approche comparée du sens à donner aux rapports au corps et à l'au- delà, aux croyances sataniques et démonia- ques chez Juifs et chrétiens du monde médié- val et des périodes plus tardives.

L'étude de l'évolution des livres de codifica- tion des rituels mortuaires montre l'évolution des conceptions liées à la mort, manifestant une césure radicale entre le XVIIe et le XIXe siècles : on constate en effet que dans les plus récents, tout commentaire sur les origines kabbalistiques de certains rites encore prati- qués a disparu, prouvant par là l'influence exercée par les courants rationalistes au sein même du judaïsme orthodoxe le plus tradi- tionnel.

A signaler encore parmi d'autres chapitres tout aussi intéressants, celui sur les thérapeuti- ques traditionnelles administrées aux mala- des qui combinent les connaissances de l'épo- que et des pratiques « sympathiques », kabba- listiques, spirituelles et religieuses telles que jeûnes, prières, aumônes, amulettes et exorcis- mes. Ce qui donne à l'A. l'occasion de réaffir- mer le peu de pertinence qu'il y a à établir un partage entre culture ou religion savante et populaire. Là coutume populaire venant le plus souvent s'imposer par l'intermédiaire des érudits et des rabbins.

Régine Azria.

65.252 GONDAL (Marie-Louise). Madame Guyon (1648-1717). Un nouveau visage. Paris, Beauchesne, 1989, 303 p. (Coll. « Textes. Dossiers. Documents », 12).

Jeanne-Marie Bouvier de la Mothe-Guyon, usuellement désignée comme « Mme Guyon », va-t-elle s'évader du purgatoire trois siècles après son internement au couvent de la Visita- tion de la rue Saint- Antoine à Paris (1688)? Sous les feux croisés de Bossuet et de Voltaire, sa notoriété véhicula longtemps une image caricaturale, quasiment officielle, toujours recopiée et jamais réexaminée de première main. Comme le remarque M.-L.G., en 1908- 1910, Henri Delacroix et Henri Bremond rou- vrent le dossier, dans une conjoncture de recherche où « Mme Guyon redevient audi- ble », en dépit de l'acharnement manifesté contre elle par des auteurs ecclésiastiques tels que Auguste Poulain, S.J., et Pierre Pourrat, prêtre de Saint-Sulpice. Non seulement il ne sera plus possible de refermer ce dossier, sur lequel ont travaillé des auteurs aussi péné- trants que Jean Baruzi et Jean Orcibal, mais une biographie de haute tenue, à grand tirage lui a été consacrée par Françoise Mallet-Joris en 1978 et a trouvé un immense public de lan- gue française.

M.-L.G. a soutenu dès 1985 à la Faculté de Théologie de Lyon une thèse de doctorat éru- dite et importante intitulée L'Acte mystique. Témoignage spirituel de madame Guyon (1648- 1717). Elle nous donne aujourd'hui un livre qui devrait faire date dans le débat, et elle en définit elle-même la visée d'une façon excel- lente : « J'ai voulu reconsidérer ce nœud : découvrir comment s'est imposée à nous une image défavorable, risible, triviale même, de Mme Guyon. J'ai cherché d'où venait sa voix et pourquoi elle parle encore à ceux qui sont libres de préjugés hérités. J'ai cherché à com- prendre l'enjeu de son combat, car elle fut une combattante, un « lion mort », comme elle se nommait elle-même : mort peut-être, mais lion tout de même. J'ai longuement écouté la plainte et la jouissance qui surgissaient en son corps » (p. 6).

Malgré ses dénotations clairement théologi- ques, la perspective tracée par l'auteur trouve son épistémologie de base dans la prise en compte de la modernité, car le discours de Jeanne Guyon résonne d'une façon nouvelle dans notre culture sécularisée. « Philosophes de l'histoire ou psychanalystes perçoivent le discours mystique comme le masque d'un non-dit plutôt que comme l'expression d'un caché. Une articulation du corps à la parole est rompue. Il fallait retrouver ce lien. Il me semble que le compagnonnage avec Mme Guyon permet de le ressaisir. (...) Le sujet par- lant qui habite nos paroles humaines et les

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