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Les écrevisses indigènes et exotiques en Région wallonne Association Theutoise pour l’Environnement Association Theutoise pour l’Environnement asbl asbl Photos : D. Herman

Les écrevisses

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Les écrevissesindigènes et exotiquesen Région wallonne

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Table des matièresn Introduction: morphologie externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 1

n Structure interne des écrevisses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3

n Biologie et écologie des écrevisses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5n Reproduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5n Eclosion et développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7n Comportement - écologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11n Alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12n Autre particularité des écrevisses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13n Adversité et adversaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14

lPrédateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14lMaladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15lPollutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18

n Identification des différents espèces d’écrevisses n indigènes ou importées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19

n Ecrevisses indigènes européennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20lEcrevisse à pieds rouges ou écrevisse noble . . . . . . . . . . . . . . p. 20lEcrevisse à pieds blancs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21lEcrevisse des torrents ou écrevisse de pierre . . . . . . . . . . . . . p. 22

n Ecrevisses exotiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23lEcrevisse turque ou écrevisse à pattes grêles . . . . . . . . . . . . . p. 23lLa «petite américaine» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24lEcrevisse de Californie ou écrevisse «signal». . . . . . . . . . . . . . p. 25lEcrevisse des marais de Louisiane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27

n Conseils pour les repeuplements en écrevisses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 29

n Le projet de sauvegarde des l’écrevisse à pieds rouges de l’ATE . . . . p. 30

PREFACE

Le projet NATURA 2000, mis sur rail depuis quelque temps, dynamiseau sein des pays européens la problématique de conservation d’espè-ces ou d’habitats menacés. Il promeut aussi la politique de développe-ment soutenable, indispensable à la survie humaine.

En Région wallonne, ce réseau concerne 13% de notre territoire. Deplus, l’écrevisse à pieds rouges, Astacus astacus, notre seule espèced’écrevisses indigène, est une espèce concernée par NATURA 2000(espèce reprise à l’annexe 4 du décret). Elle devrait ainsi bénéficier desretombées favorables de cette politique.

A l’heure présente, l’écrevisse à pieds rouges est menacée et, sansintervention de l’homme, elle risque de disparaître à plus ou moinscourt terme.…Faisant partie intégrante de notre patrimoine naturel,comme le saumon atlantique, elle symbolise aussi la grande qualitédes eaux . La conservation des habitats qu’elle occupe bénéficie éga-lement au maintien de multiples autres espèces vivantes.

L’écrevisse est de plus un outil pédagogique particulièrement intéres-sant, permettant de sensibiliser le grand public (et en particulier lesjeunes générations) à plusieurs problèmes majeurs liés à la conserva-tion de la nature, tels que le maintien et la restauration des milieuxaquatiques, indispensables à toute vie sur Terre, ou encore la diminu-tion de la biodiversité.

Cette espèce mérite donc aussi un effort particulier de protection, etc’est donc dans ce sens que s’est développé depuis 4 ans le projet desauvegarde de cette espèce, projet mené par l’Association Theutoisepour l’Environnement, avec le soutien de la Région wallonne.

Le Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité

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revêtaient un intérêt économique certain auMoyen-Age: des pêches de nuit à la torche étaientrégulièrement organisées, comme le démontre cedessin naïf tiré du “Fischbuch” de l’empereur

Maximilien 1er d’Autriche (en 1499).

En Europe occidentale, il existe seulement 3espèces indigènes: l’écrevisse des torrents(Austropotamobius torrentium), l’écrevisse àpieds rouges (Astacus astacus) et l’écrevisse àpieds blancs (Austropotamobius pallipes).La première ne se rencontre guère plus que dansles montagnes de l’Europe centrale. L’aire derépartition de la seconde est l’Europe centrale etseptentrionale, mais elle est en forte régression. Latroisième, plus méridionale, également en forterégression, se rencontre dans toute l’Europeoccidentale: France, Allemagne, Grande Bretagne,Irlande, Espagne, Italie, Suisse, Autriche, Croatie,Bosnie (mais pas en Belgique)...

Le squelette externe de l’écrevisse est faitessentiellement de chitine, substancemembraneuse et cornée; excepté aux articulationsdes membres, la chitine est imprégnée decarbonate de calcium, lui assurant une duretéprotectrice.

Le corps est divisé en deux parties: le céphalothorax (tête et thorax soudés) etl’abdomen.

l Le céphalothorax se termine en avant par unéperon, appelé rostre . La tête porte deux yeuxpédonculés composés , formés d’un nombred’ommatidies (petits yeux simples), croissant avecl’âge: leur nombre s’élève à environ 600 chez lesjuvéniles et 2000 chez les adultes. La tête porteaussi 5 autres paires d’appendices articulés,notamment deux antennules (à deux flagelles),deux longues antennes , les mandibules(calcifiées pour pouvoir broyer les aliments) etd’autres appendices buccaux.Le sens du toucher a son siège dans les soiessituées notamment sur les antennes et antennules.

Introduction : morphologie externeDans le règne animal, l’écrevisse fait partie desarthropodes, c’est-à-dire des animauxsegmentés pourvus de membres articulés, maissans squelette interne. C’est aussi un crustacé,caractérisé par une carapace externe recouvrantlatéralement ses branchies. Les écrevisses sontapparues, au cours de l’évolution, il y a quelque250 millions d’années. Elles se sont diversifiées(plus de 470 espèces à l’heure actuelle) et ontcolonisé progressivement les eaux douces desdifférents continents.

A l’aube de l’histoire humaine, l’écrevisse, dont lacapture est plus aisée que celle du poisson, acertainement fait partie de l’alimentation del’homme préhistorique. Cette pratique s’estperpétuée au fil des siècles: les écrevisses

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Quant au thorax, il porte 5 paires de pattes oupéréiopodes (d’où le nom de crustacé“décapode”), dont la première paire esttransformée chez les écrevisses en deux pincespuissantes. A la base de ces péréiopodes, sur unemembrane d’articulation les reliant au corps, sontfixées les 18 branchies, permettant la respirationde l’écrevisse. Elles sont dissimulées de chaquecôté par la carapace.

L’odorat de l’écrevisse a son siège dans lesmultiples soies situées sur la plupart des antennes,antennules et pattes.

l L’abdomen des écrevisses est formé de 6segments articulés, prolongés par un battantnatatoire, le telson , qui porte l’anus en faceventrale. Les 6 paires de pattes abdominales,appelées pléiopodes , sont toutes semblableschez les femelles et ont comme principalefonction de retenir les oeufs pendantl’incubation. Chez les mâles par contre, les deuxpremières paires sont transformées en organecopulateur dirigé vers l’avant et situé entre lespéréiopodes . Il a pour fonction l’écoulementdu liquide spermatique au moment del’accouplement.

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Structure interne des écrevissescoagule dans l’eau douce, à l’endroit d’une plaie,grâce au travail des thrombocytes (cellulessanguines).

Le système nerveux est essentiellementganglionnaire, à raison d’une paire de ganglionspar segment. Le ganglion se trouvant au-dessus dupharynx est appelé “cerveau” de l’écrevisse. Il estrelié à une chaîne ventrale composée de 22ganglions. Des ganglions partent des connexionsnerveuses vers les muscles du corps, vers la tête etles différents organes du corps.

Le système excréteur: Même si les branchiesjouent un rôle dans l’excrétion, le système principalest constitué par les glandes vertes, dont l’orifice estsitué à la base des antennes . Le liquide excrétéest en majorité composé d’ammoniaque et d’urée.

La musculature: Les muscles les plus développéssont bien entendu ceux de l’abdomen (2 paires:les dorsaux ou extenseurs et les ventraux oufléchisseurs) et ceux des pinces.Ce sont ces muscles-là qui sont consommés parl’homme.L’écrevisse possède bien entendu toute une séried’autres muscles, moins puissants cependant:ceux des mandibules, ceux des autres pattes, del’estomac, etc...

L’appareil génital

l chez le mâle, l’appareil génital est composé dedeux testicules (situés dorsalement dans lethorax, sous le coeur et au-dessus de l’intestin),de deux canaux déférents et de deux glandesandrogènes situées juste avant l’orifice extérieur.C’est à la base de la 5ème paire de périopodes quese localisent les orifices extérieurs (les gonoporesmâles).

l chez la femelle, l’appareil génital se compose dedeux ovaires et de deux oviductes, qui aboutissentaux gonopores femelles à la base de la 3ème pairede péréiopodes . Le développement des ovairesdépend de la phase de croissance et de

Le système digestif est composé de trois parties:

¿ Un court oesophage et un estomac volumineux ettrès musculeux (pour le broyage des aliments);

¡Un intestin moyen et glandulaire, avec unhépatopancréas (sécrétant la cellulase, enzymepermettant de digérer la cellulose végétale) et uncaecum;

¬ Un intestin postérieur, long tube droit seprolongeant jusqu’au telson.

Le système circulatoire est “ouvert”: Il estconstitué d’un coeur, perforé de 3 paires de trous ouostioles, permettant au liquide sanguin de la cavitégénérale du corps d’y pénétrer lorsqu’il se dilate. A20°C, le coeur de l’écrevisse bat à raison de 30-40fois par minute. Un réseau d’artères alimente lesdifférents organes du corps, mais comme lacirculation n’est pas fermée, le sang se déverse àl’extrémité de ces vaisseaux dans les cavités situéesentre les organes. Pour cette raison, en cas deblessure importante, les écrevisses peuvent mouriren perdant leur sang... Le sang de l’écrevisse estincolore. Il ne contient pas de l’hémoglobine maisde l’hémocyanine (contenant du cuivre et non dufer), dont le rôle est le transport de l’oxygèneprovenant des branchies. Le sang de l’écrevisse se

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maturation des œufs. Il est maximal avantl’accouplement, qui se produit fin octobre-débutnovembre pour l’écrevisse à pieds rouges.

La pigmentation

Le tégument des écrevisses contient deschromatophores, qui sont des cellules contenantdes granules pigmentés. Les pigments rouges,jaunes et bleus sont des dérivés du carotène; ilssont fournis par le régime alimentaire. Lepigment bleu (astaxanthine) est détruit par lacuisson; c’est pour cette raison que les écrevissesprennent alors une coloration rouge orange trèsprononcée . Dans la nature, on peut trouver detemps en temps des individus bleus .

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Biologie et écologie des écrevisses

n Reproduction (écrevisse à pieds rouges)

Comme indiqué précédemment, c’est en octobre-novembre que les ovules de l’écrevisse à piedsrouges sont mâtures; ils ont à ce moment undiamètre de 1,5 mm. Les femelles prêtes àl’accouplement se reconnaissent facilement auxtaches blanchâtres qui apparaissent sur les bordsde chaque segment abdominal .A cette période, le mâle recherche activement unefemelle, l’immobilise et la retourne sur le dos avecses fortes pinces . La période d’accouplementdure en général 2 à 3 semaines.

Signalons qu’un mâle trop puissant peutmutiler, voir tuer les femelles en périoded’accouplement, car il arrive que celles-ci

refusent le contact et tentent de résister. Si lafemelle meurt, le mâle n’hésite pas à la dévorer.Cela arrive assez fréquemment.

Lors des accouplements, le taux de réussite leplus élevé est obtenu lorsque le mâle estlégèrement plus grand (1 cm-1,5 cm) que lafemelle. Quand le mâle est plus petit, lesfemelles arrivent souvent à se dégager et quandil est trop grand, les mortalités des femelles sontplus élevées. Il est en général reconnu qu’unmâle peut féconder 3 femelles: cette proportion(1 mâle pour 3 femelles) est d’ailleurs conseilléelors de réensemencements de pièces d’eau.

Le mâle ayant réussi à immobiliser une femelledépose alors, grâce à son organe “copulateur”

son sperme sur l’abdomen de celle-ci. Cesperme se fige rapidement en petits filamentsblancs, les spermatophores , qui contiennentles spermatozoïdes.

La femelle nettoie la face ventrale de sonabdomen généralement une quinzaine de joursaprès l’accouplement. Après quoi elle recourbeson abdomen pour former une cavitéprotectrice, et sécrète un mucus abondant . Ensuite, la ponte des oeufs a lieu en général lanuit. Les oeufs fraîchement pondus sont brun-violet , de 2-3 mm de diamètre; en mêmetemps, une substance sécrétée par la glandesexuelle femelle dissout la paroi desspermatophores et libère les spermatozoïdespermettant ainsi la fécondation.

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Les oeufs se collent alors aux pattesabdominales grâce à un liquide sécrété par descellules cémentaires .

Les oeufs fécondés vont se développer enembryons: les ébauches des pattes thoraciquesapparaissent à la seizième semaine, lespremières pulsations cardiaques peuvent êtreobservées entre la dix-huitième et la vingt-quatrième semaine; l’apparition des yeux à lavingt et unième semaine.

Aux environs de la mi-juin, l’éclosion survient;les larves du premier stade vont resteraccrochées sur l’abdomen durant encore unedizaine de jours . La durée du développementest fonction de la température de l’eau; plusélevée, elle permettra une évolution plus rapide.

Dans la nature, les femelles portent donc leursoeufs et larves pendant environ 7 mois (parfois8)! Pendant tout ce temps, les femelles nes’alimentent que très peu et restent quasimenten permanence dans leurs terriers ou leurscachettes en assurant l’oxygénation des oeufs,leur nettoyage, leur protection et l’enlèvementdes morts. Mais une grande partie de ces oeufspérissent pourtant au cours de ces 7-8 mois.

Les femelles ne deviennent sexuellementmatures qu’au cours de la quatrième année deleur vie, les mâles à leur troisième année. Il estaussi probable, d’après certains auteurs, que lesfemelles ne pondent pas chaque année.L’adversité du milieu environnant influence lastérilité des individus (par exemple en cas demanque de nourriture). Les femelles sontd’autant plus fertiles qu’elles sont plus âgées; lenombre d’ovules produits dépend donc de lataille de l’animal:

lune femelle de 9 à 11cm produit environ 190ovules et porte 80-90 oeufs.

lune femelle de 11 cm produit environ 350ovules et porte 140-150 oeufs.

lmaximum d’oeufs portés par les grossesfemelles : 350 oeufs.

Remarquons aussi que les périodesd’accouplement, les pontes et les duréesd’incubation sont différentes en fonction desespèces d’écrevisses.

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n Eclosion et développement La paroi de l’oeuf se déchire et libère la larve depremier stade (L1) ressemblant assez bien àl’adulte; cependant, les extrémités de ses pincessont recourbées en crochets, ce qui lui permetde rester fortement accrochée aux pattesabdominales de la femelle pendant encoreplusieurs jours . La larve a aussi uncéphalothorax disproportionné, qui contient desréserves nutritives. La carapace est molle à cestade et la larve peut donc grandir pendant celaps de temps. La larve L1 pèse de 21 à 22 mg etmesure de 8 à 9 mm.

Après 5-10 jours, une première mue survient etdonne naissance à une larve de second stade,encore plus ressemblante à l’écrevisse adulte.Cette larve L2 s’alimente activement car la réservede vitellus est épuisée. La carapace se calcifieégalement. Le telson de cette deuxième larveporte des poils en forme d’éventail, lui permettantde se déplacer rapidement. Mais, en cas de danger, la larve se réfugie sous lafemelle . La larve L2 atteint en moyenne 10-12mm de long pour un poids de 37-38 mg.

La deuxième mue survient entre le 18ème et le 20ème

jour après l’éclosion de l’oeuf. La jeune écrevissedoit donc quitter son ancienne carapace; elle està ce moment toute molle et sa carapace doit se

durcir progressivement. La larve de stade 3 estalors tout à fait identique aux adultes. A la fin dece 3ème stade, la larve L3 atteint de 12 à 13 mmpour un poids de 50 mg environ.

Le nombre de mues au cours du premier été de vieet leur durée sont influencés par la températureextérieure: le développement est davantagerapide si la température augmente (en restanttout de même idéalement en dessous de 25°C, lemaximum tolérable pour les écrevisses à piedsrouges étant de 33°C). Les mues s’effectuent engénéral quand la température atteint 12°C. Larichesse des eaux en calcaire peut influer sur lavitesse de croissance. Cependant, en règlegénérale, dans la nature et sous notre latitude, lesjeunes écrevisses à pieds rouges muent 5 foisdurant les premiers mois de leur vie: en juin-juillet, de mi-juillet à fin juillet, de début août àmi-août, de fin août à début septembre, et de mi-

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septembre à fin septembre, l’intervalle entre lesmues étant d’une vingtaine de jours.

Les mues reprendront après l’hiver, en mai, puisen juin et juillet, ensuite en août et enseptembre. Durant les 12 premiers mois de savie, la jeune écrevisse aura donc mué 8 fois. En juillet, elle aura atteint la taille d’environ 3-4cm, pour un poids de 0,7 à 1,5 g. Durant ladeuxième année de sa vie, elle ne muera plus que4 fois, pour atteindre au bout de 24 mois, la taillede 5-6 cm et un poids de 5,5 à 6,8 grammes. Pendant la troisième année de sa vie, l’écrevissene mue plus que 2 fois (fin août et en juin-juillet).Ensuite, les mâles continueront à muer 2 fois paran (en août-septembre et en juin-juillet), tandisque les femelles ne le feront qu’une fois, en août-septembre (car elles doivent porter les oeufs etlarves jusque juillet de l’année suivante); elles nepeuvent donc pas muer en juin. C’est pour cetteraison que les mâles sont en général plus grandsque les femelles. Mais, à partir de 6-7 ans, ils nemueront plus qu’une seule fois également, enaoût-septembre, comme les femelles. Les plusgros individus peuvent atteindre la taille de 15-16 cm, avec un poids avoisinant les 150grammes. Le développement de l’écrevisse estdonc fonction du sexe, mais aussi de l’espèce etdes conditions de vie.

Tailles et poids d’Astacus astacus en fonction de l’âge et du sexe (Cukerzis, 1984)

Age Mâle Femelle

(an) Longueur (mm) Poids (g) Longueur (mm) Poids (g)

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12,3-14,5

23,3-26,0

45,0-61,2

55-63

30-40

59-63

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87-91

104-108

113-117

0,5-1,4

5,5-6,3

11,9-13,5

17,0-21,0

31,2-36,5

43,7-49,5

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Epoque et nombre de mues sur 6 ans chez Astacus astacus (Cukerzis, 1984)

juin - juillet

mi-juillet - fin juillet

début août - mi-août

fin août - mi-septembre

mi-septembre - fin septembre

mai

juin

juillet

août

septembre

juin

juillet

fin août

juin - juillet

août - septembre

juin - juillet

août - septembre

juin - juillet

août - septembre

1er été

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4e été

5e été

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Mâle 2Femelle 1

Mâle 2Femelle 1

1 an

2 ans

3 ans

4 ans

5 ans

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mâle = 2femelle = 1

mâle = 2femelle = 1

mâle = 1femelle = 1

La mue est un processus très complexe. Quelquesheures avant de sortir de sa carapace, l’écrevissefrotte ses membres les uns contre les autres, lesagite séparément, se met sur le dos et replie etdétend sa queue brusquement. Ses antennesvibrent. Ces mouvements permettent de décollerprogressivement la carapace. A l’intérieur, lesmembres vont se rétracter. La carapace va ensuitese fendre, sur le dos entre céphalothorax etabdomen, et la nouvelle carapace fait saillie (elleapparaît plus sombre) . Après un temps de repos,l’animal tout entier s’extrait de son anciennecarapace. La durée de la mue peut aller d’unedizaine de minutes à plusieurs heures.

Fatiguée, l’écrevisse est toute molle à ce moment.Elle demeure apathique pendant 48 heures et nepeut se déplacer que faiblement. L’écrevisse estdonc très vulnérable pendant ce temps. Sesnombreux prédateurs, y compris ses proprescongénères, ne manquent pas de se régaler decette proie toute molle.

Etés Nombre demues par été

Epoques des mues Age Nombre demues par an

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Ensuite, le processus de calcification de lacarapace se réalise: ce sont tout d’abord lespinces et les pattes qui se durcissent, ensuite lecéphalothorax, et enfin l’abdomen. Cettecalcification peut se réaliser grâce aux réservesde calcaire que l’écrevisse a accumulées dansson estomac, sous forme de 2 petits “cailloux”arrondis, appelés les gastrolithes . Ce calcaire,l’écrevisse l’a trouvé dans les eaux, mais aussidans sa nourriture. La grosseur des gastrolithesest proportionnelle à la taille de l’écrevisse ; ilsrenferment 60% des réserves de calcaire (ilsconstituent 5% du poids total de l’écrevisse à lamue). L’animal doit donc trouver uncomplément en calcium, pour calcifier sacarapace; il le fait grâce à ses branchies. C’estpourquoi, si l’eau ne possède pas de calcaire (outrop peu), la calcification ne peut se réaliser.Donc, plus les eaux seront riches en calcaire,plus facilement et plus rapidement s’effectuerala calcification (en une douzaine de jours au lieude 22 à 27 jours). C’est pour cette raison quenous ne trouvons pas d’écrevisse dans les eauxacides de nos Fagnes.

Au fil de la calcification, les gastrolithesdiminuent en poids et en volume, et finissentpar disparaître au bout de 24 jours environ.

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n Comportement - écologie

Les écrevisses, comme les crustacés en général,sont lucifuges (fuient la lumière) et ont donc uncomportement nocturne. On les trouve engénéral dans des sites ombragés où lavégétation est dense, dans les réseauxracinaires d’arbres des berges , sous lescailloux et rochers, ou en d’autres endroits oùl’obscurité est quasi constante. En rivière, ellesse rencontrent principalement dans les zones oùle courant est lent.

Quand le milieu ne leur offre pas de caches,elles creusent des terriers , d’une longueuréquivalant en général au double de la longueurde leur corps, et dans lesquels elles s’abritent

durant la journée. Elles quittent leurs abris lanuit pour rechercher leur nourriture.Les écrevisses ont un comportement grégaire:dans un site déterminé, certaines zones sontfortement peuplées, tandis que d’autres ne lesont que faiblement. De plus, et d’après nosobservations, nous avons l’impression quecertaines zones sont plus occupées par desfemelles, d’autres par des mâles ou par desjuvéniles.

Les écrevisses à pieds rouges sont, comme lesaumon atlantique, symbole d’une eaud’excellente qualité car elles ne se rencontrentque dans des milieux propres et bien oxygénés.Elles préfèrent des eaux plutôt froides; le seuillétal de température est de 33 °C.

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n Alimentation

Les écrevisses à pieds rouges sont omnivores :elles consomment aussi bien des végétauxaquatiques que des animaux. Leurs préférencessont cependant:

lpour les matières végétales: les élodées, lescératophylles, les myriophylles, les potamots, lecresson, les algues filamenteuses (characées);en élevage, on leur donne aussi des carottes, despommes de terre, des grains de maïs, desbetteraves, des courges, des orties,...lpour les matières animales: les mollusques,les vers , les larves d’insectes (phryganes,éphémères, diptères et autres), les poissons, lestêtards ou jeunes grenouilles, ...

Cependant, contrairement à l’opiniongénéralement répandue, l’écrevisse n’aime pastrop la viande faisandée ou des poissonspourrissants : elles préfère la viande fraîche.

En élevage, on peut aussi leur donner desmorceaux de foie ou de rate, des poissons frais…Il existe aussi des aliments fabriqués sous formede granulés composés qui doivent se dissoudrelentement dans l’eau.

Contrairement aux adultes, les jeunes écrevissessont en général plus carnivores quevégétariennes : les écrevisses de moins d’un anconsomment environ 65% de matièresanimales; par contre, les individus de plus de 8cm sont végétariens à 90 %. Ces préférencesalimentaires sont à mettre en parallèle avec les

mues, beaucoup plus fréquentes chez lesjuvéniles: ceux-ci ont besoin de beaucoupd’énergie et de protéines animales pour passerces moments difficiles. Les écrevisses sont aussicannibales et ne dédaignent pas la chair deleurs congénères, affaiblis ou malades.

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nAutre particularité n des écrevisses; régénération

des appendices

Il arrive très souvent que les écrevisses semutilent au cours de leur vie (elles ont lafaculté de s’auto-mutiler, par exemplelorsqu’elles sont prises au piège par unprédateur). C’est pour cette raison que l’on peutobserver assez couramment des individus avecune seule pince , voire sans pince. L’écrevissea la particularité de pouvoir faire repousser sesmembres à la mue suivante. Cependant, cemembre ou plus souvent cette pince n’atteintjamais la taille de la pince originale. C’estpourquoi on peut souvent observer des individusavec des pinces de deux tailles différentes .

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n Adversité et adversaires

Les “ennemis” de l’écrevisse sontmalheureusement très nombreux: virus,champignons, vers parasites, batraciens,reptiles, oiseaux, mammifères (y compris le pire:l’homme); ils s’attaquent à un stade particulierdu développement ou à tous les stades. De plus,les pollutions, les aménagements intempestifsdes cours d’eau et la surpêche ont aussi joué unrôle important dans la disparition progressivedes populations d’Astacus astacus.

l Prédateurs

Les prédateurs des écrevisses sont très nombreux :

l Les larves et imagos d’insectes peuvents’attaquer aux jeunes écrevisses: les dytiques ,les larves de libellules sont en effet de redoutableschasseurs.

l Ensuite viennent tous les poissonsprédateurs: truites , perches , brochets ,sandres, anguilles, carpes, chabots, vairons,...bref, tous ceux qui consomment des invertébrésaquatiques.

lLes hérons ne dédaignent pas non plus cettenourriture, de même que le cincle plongeur(juvéniles); les canards, en broutant lavégétation aquatique, peuvent égalementavaler de jeunes écrevisses.

lLes rats musqués et les loutres sont d’autresprédateurs bien connus.

lMais le prédateur le plus dangereux et le plusefficace est bien entendu l’homme...

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l Maladies

Aphanomycose

La première cause de disparition desécrevisses à pieds rouges en Europe est sansconteste “la peste” de l’écrevisse: c’est en faitun champignon (Aphanomyces astaci), qui enest l’agent responsable. Il est courammentadmis que ce champignon a été importé desEtats-Unis en 1860 par des bateaux revenantau port de Venise. Il s’est ensuiteprogressivement répandu au travers de toutel’Europe, éliminant de manière foudroyante lespopulations d’écrevisses indigènes: aucunindividu d’un site contaminé ne survit et lesmortalités sont totales en 15 à 21 jours.

En Belgique, les premiers cas de mortalitémassive ont été signalés en 1885 (P. Gérard,1986). Dès 1891, des repeuplements ont étéeffectués et une interdiction de pêcheappliquée. En 1903, l’épidémie semblaitdisparue et la pêche fut à nouveau autoriséedans les cours d’eau en 1906.Malheureusement, de cette époque à nos jours,il y eut des réapparitions épisodiques de peste,détruisant la plupart des populations.

Aucun moyen de lutte n’a été trouvé à cejour; le seul moyen pour ralentir ou endiguer ceproblème réside dans la prévention et uneprudence extrême afin d’éviter la propagationdu champignon.

Les symptômes, quand ils peuvent être observés,sont les suivants: l’écrevisse infectée montre uncomportement bizarre: elle se promène enpleine journée; elle semble dressée sur sespattes; quand on la soulève, ses pattes pendent,l’abdomen se décolle du céphalothorax. Ensuite,l’écrevisse tombe sur le dos et présente desmouvements de pédalage caractéristique .Enfin, le mycélium apparaît, sur les yeux etles articulations du sujet mourant.

Aphanomyces astaci est un pathogène exclusifet obligatoire des écrevisses; il se transmetd’un individu à l’autre par zoospores (produitespar le champignon), qui rentrent dans le corpsdes individus par les parties les plus molles(yeux, articulations, lésions,...). Il peut sepropager à des températures allant de 2 à 25°Cet peut donc apparaître toute l’année. Aprèsdisparition de la dernière écrevisse d’un site, lechampignon ne résiste pas plus de 2 mois, s’il neretrouve pas un hôte “écrevisse”. Il peut êtretransporté par des poissons (via leur tube

digestif), ou par l’eau du transport de cespoissons (à l’occasion d’opération derempoissonnements), par des oiseaux d’eau, pardes instruments de pêche (cannes à pêche,bourriches, bottes,...), par des combinaisons deplongée, etc... et, bien évidemment par d’autresécrevisses porteuses, malades ou résistantes.

Les espèces non-indigènes (américaines)doivent être considérées toutes commepotentiellement porteuses saines de la peste.C’est aussi pour cette raison que laproblématique de propagation du champignonest aussi ardue: en effet, les espèces non-indigènes introduites par l’homme, depuis 1890,pour remplacer les écrevisses indigènes

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Ecrevisse turque mourante

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disparues, ont encore radicalement accru lesrisques de propagation de la maladie. La miseen contact avec des populations d’écrevisses àpieds rouges est systématiquement défavorableà notre espèce.

S’il arrive parfois que les écrevisses non-indigènes ne soient pas porteuses de la peste,ces espèces sont plus prolifiques et plusagressives. Une fois installées dans un milieu(cours d’eau ou étang), il est presqu’impossiblede les éradiquer.

Autres mycoses

D’autres mycoses peuvent être observées chezles écrevisses :

l Les mycoses des oeufs provoquent unchangement de coloration de ceux-ci(deviennent orangés) et leur mort ;

lLa “rouille” se caractérisent par l’apparition detaches brun rouge ou noires entourées de rougesur la carapace ; ce sont aussi des

champignons parasites qui les provoquent eninfectant les blessures ou les mutilations. Untiers des individus infectés peut en mourir.

l Il existe encore bien d’autres mycoses,d’autres infections causées par des bactéries,des parasites internes ou externes.

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Branchiobdelles sur une pinced’écrevisse de Californie.

Une autre maladie fréquente des écrevisses est lathélohaniose (ou “maladie de la porcelaine”): elleest provoquée par un protozoaire qui envahitlittéralement toute la musculature, les ovaires etles ganglions nerveux des individus infectés, enleur conférant un aspect blanc, “comme de laporcelaine” . Cela se termine également par la mort del’écrevisse. La transmission d’un individu à l’autreest principalement due au cannibalisme.

Citons enfin un parasite externe: lesBranchiobdelles, de petites sangsues, souventaperçues sur les pinces , mais qui, en se fixantsur les branchies, les articulations et les piècesbuccales, peuvent faciliter l’apparition de mycosesou de bactérioses.

Le seul moyen actuel pour réduire les risquesd’infestation est la mise en quarantaine strictedes individus et leur destruction, si des maladiesapparaissent. Malheureusement, dans notre pays, aucunestratégie n’a été prévue ni mise en route jusqu’àprésent pour lutter contre ces différentsproblèmes.

En résumé, les précautions à prendre sont lessuivantes :

ltoujours s’assurer de la provenance des écrevissesà pieds rouges et vérifier leur état sanitaire (miseen quarantaine); lidentifier avec certitude les différentes espècesd’écrevisses et ne jamais introduire des non-indigènes dans une population de pieds rouges;l ne pas favoriser l’extension des espèces non-indigènes invasives;l lors de transports de poissons vers un étang oucours d’eau, vérifier si l’étang d’origine necontient pas des espèces américaines; dans cecas, éviter de rempoissonner; ou, au minimun,changer 3 fois l’eau de transport des poissonsavant de les remettre à l’eau;l lors du passage d’un site potentiellement infectéà un autre sain contenant des pieds rouges:désinfecter tout le matériel ayant été en contactavec l’eau: nasses, bourriches, filets, fils de cannesà pêche, barque, cuissardes, bottes,... Tremperdans un bain d’eau à plus de 60 °C, laisser sécherpendant plusieurs jours, désinfecter à l’eau dejavel ou avec un autre produit désinfectantefficace.l en cas de nourrissage avec du poisson: lecongeler au moins une semaine à -18°C.

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l Pollutions

Depuis quelques décennies, des pollutions dedifférentes natures se sont généralisées danstous les pays. Les polluants peuvent agir dediverses manières sur les écrevisses: mortalitémassive, diminution de la résistance auxmaladies, baisse du taux de reproduction,diminution de la vitesse de croissance,modifications génétiques...

lPollutions mécaniques: il s’agit de la mise en suspension dans l’eau desédiments, à la suite de crues, de travaux, devidanges d’étangs... Les sédiments colmatent lesniches et les substrats des fonds, allant parfoisjusqu’à la destruction complète du milieu. Ilspeuvent provoquer la mort par asphyxie desoeufs ou des juvéniles.

lPollutions thermiques: il s’agit de l’augmentation de la températuredes eaux (par exemple près des centralesnucléaires ou d’autres industries), qui perturbeet élimine les écrevisses, animaux ayant besoind’eau fraîche.

lPollutions chimiques: de multiples substances, parfois très toxiques,

ont été déversées dans les cours d’eau à partirdes milieux industriels. Des métaux lourds, despesticides, des insecticides, des phosphates, desnitrates ont également contaminé denombreuses rivières, entraînant la mort oul’affaiblissement des écrevisses (mais aussi denombreux autres organismes aquatiques).

lPollutions organiques: l’égouttage généralisé de nos agglomérations,sans épuration, a aussi provoqué l’asphyxie denombreux milieux, entraînant la mort oul’élimination progressive des populationsd’écrevisses indigènes.

Remarquons cependant que les écrevissespeuvent fuir l’adversité dans certains cas ensortant de l’eau et en marchant sur le sol à larecherche de sites plus accueillants : à lacondition cependant que leurs branchiespuissent rester humides pendant ce laps detemps; dans le cas contraire, elles mourront.C’est grâce à cette faculté que des écrevissespeuvent être transportées ou maintenues encageots pendant plusieurs jours, pour autant quel’air ambiant soit suffisamment humide pouréviter l’assèchement des branchies.

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Identification des différentes espèces d’écrevissesindigènes ou importéesEn Belgique, actuellement, 5 espècesd’écrevisses peuvent être observées :

notre seule espèce indigène est l’écrevisse àpieds rouges ou écrevisse “noble” : (Astacusastacus); et quatre espèces ont été introduites :

lL’écrevisse turque, ou écrevisse à pattes grêles(Astacus leptodactylus)

lL’écrevisse américaine (Orconectes limosus) lL’écrevisse de Californie, ou écrevisse “signal”(Pacifastacus leniusculus)

lL’écrevisse des marais de Louisiane,(Procambarus clarkii), rencontrée en aquariumchez les restaurateurs, et peut-être dans l’une oul’autre pièce d’eau.

Avertissement: étant donné l’objectif devulgarisation de cette brochure, les critèresd’identification de ces différentes espèces ont étévolontairement simplifiés dans la clé ci-dessous.Pour reconnaître rapidement les différentesespèces rencontrées en Belgique: retournerl’écrevisse et observer la couleur de ses pinces enface ventrale:

Si les pinces sont entièrement rouges (rouge vifou rougeâtres)?lLes pinces, en face dorsale, possèdent une tacheblanche (ou parfois bleue) et sont très larges. Lacarapace est lisse et de couleur brun orangé.

Il s’agit de l’écrevisse de Californie

lLes pinces, en face dorsale, possèdent une tacherouge et sont également assez larges. Lecéphalothorax possède de petites épines derrièrele sillon de la tête et est de couleur brun foncé(parfois bleu).

Il s’agit de notre écrevisse indigène, l’écrevisse àpieds rouges

lLes pinces, en face dorsale, comme la carapaceentière, sont noires avec de nombreux pointsrouges (chez l’adulte), et pas très larges.

Il s’agit de l’écrevisse rouge des marais deLouisiane

Si les pinces ne sont pas rouges en faceventrale, mais plutôt blanchâtres:lLes pinces sont assez étroites et longues (enlames de ciseau, surtout chez le mâle). Lacarapace est assez épineuse sur toute sa surface

et de couleur jaunâtre, parfois verdâtre.Il s’agit de l’écrevisse turque

lLes pinces, toujours en face ventrale, présententdes extrémités noires et oranges; l’articleprécédant la pince possède une forte épine; lesarticles de l’abdomen en face dorsale possèdentdes taches brun marron; la couleur ducephalothorax est brun à verdâtre.

Il s’agit de la “petite américaine”

Remarques: attention cependant à la couleur, qui peut varieren fonction du milieu.

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Ecrevisses indigènes européennesEcrevisse à pieds rouges ou écrevisse noble (Astacus astacus)Noble crayfish lEdelkrebs

lTaille : généralement 12-15 cm, jusqu’à 16 cm (de l’extrémité de laqueue à la pointe du rostre)

lPoids : généralement entre 50 et 150 glColoration : en général brun foncée (parfois individus bleus)lRostre : crête médiane crénelée et côtés lisseslCarapace : deux crêtes post-orbitaires , une ligne d’épines en arrière

du sillon cervical (aucune en avant) lPinces : larges et massives, rouges en face ventrale , avec deux

tubercules sur le bord interne de la partie fixe. Souvent chez lemâle, arc de cercle caractéristique.

Remarque :La présence des écrevisses à pieds rouges dans les pays scandinavesrésulte probablement d’importations effectuées au Moyen-Age à partir del’Allemagne. Leur présence dans l’Atlas marocain est due à leurexportation en 1930 à partir de la France.En Belgique, elle n’existe pratiquement plus que dans quelques piècesd’eau.

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Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes)White-clawed crayfish lDohlenkrebs

lTaille : généralement moins de 10 cm, maximum 12 cmlPoids : maximum 80 glColoration : brunâtre, vert olivelRostre : triangulaire, à côtés lisses et non-parallèles, carène médianelCarapace : une seule crête post-orbitaire , présence d’épines en arrière

du sillon cervicallPinces : rugueuses et blanchâtres en face inférieure, assez massives, un

tubercule sur le bord interne de la partie fixe, pas d’ergot surl’article précédant les pinces

L’écrevisse à pieds blancs vit dans des ruisseaux non pollués et bienoxygénés de plaine ou de montagne de l’Europe centrale et septentrionale,accompagnant la truite fario. On ne la rencontre pas chez nous, en Régionwallonne. Sa plage thermique optimale se situe entre 13 et 20°C(maximum). Les femelles pondent en général moins d’une centained’oeufs.

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Ecrevisse des torrents ou écrevisse «de pierre» (Austropotamobius torrentium)Stone crayfish lSteinkrebs

lTaille : généralement moins de 10 cm, maximum 11,5 cmlPoids : maximum 80 glColoration : brun clair à bleu-grislRostre : court, à côtés lisses, pas de carène médiane, pointe du rostre

triangulairelCarapace : une seule crête post-orbitaire , carapace très dure (“écrevisse

de pierre”), pas d’épines en arrière du sillon cervicallPinces : rugueuses en face dorsale, assez massives, blanchâtres ou

jaune-gris en face inférieure, un tubercule sur le bord interne dela partie fixe, pas d’ergot sur l’article précédant les pinces

L’écrevisse des torrents vit dans des ruisseaux caillouteux de montagne del’Europe centrale. On ne la rencontre pas non plus chez nous. Elle vit dansdes eaux pures, fraîches, et bien oxygénées, accompagnant la truite fario.Les femelles pondent en général de 40 à 70 oeufs.

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Ecrevisses exotiquesEcrevisse turque ou écrevisse à pattes grêles (Astacus leptodactylus)Turkish crayfish lSumpfkrebs ou Galizierkrebs

lTaille : 15-20 cm (maximum : 30 cm)lPoids : jusqu’à 300 glColoration : en général jaunâtre à verdâtrelRostre : côtés dentelés et parallèles, crête médiane denteléelCarapace : deux crêtes post-orbitaires , nombreuses épines sur le

céphalothoraxlPinces : longues et étroites, effilées, en lames de ciseaux , jaunâtres en

face ventrale, pas d’ergot sur l’article précédant les pinces

Astacus leptodactylus serait apparue en Belgique à la fin des années 50.

Cette espèce s’accouple un peu plus tard que notre espèce, soit ennovembre-décembre. Les femelles peuvent porter de 200 à 800 oeufs etleur première reproduction se réalise à l’âge de 2 ans (taille de 9 cm). Ellespeuvent supporter des températures plus élevées que la pieds rouges(jusqu’à 26-27°C). Elle habite plutôt les eaux calmes et chaudes (étangs,lacs, barrages,...). Elle tolère assez bien les fortes charges en matièresorganiques. Elle ne creuse en général pas de terrier et s’accommode descaches naturelles que lui offre le milieu. Elle serait plus carnivore quevégétarienne. Elle est moins lucifuge que l’écrevisse à pieds rouges et estplus active le jour. Sa croissance est aussi très rapide (elle atteint 5-6 cmà l’âge d’un an). Tous ces éléments la rendent beaucoup plus compétitiveque la pieds rouges: toute compétition dans un même milieu tourne doncsystématiquement à l’avantage de l’écrevisse turque. Elle est cependantsensible à la peste, quoiqu’étant un peu plus résistante. Cette résistanceplus grande se manifeste aussi par rapport aux herbicides, pesticides etfertilisants.

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La «petite américaine» (Orconectes limosus)Orconectes crayfish lKamberkrebs

lTaille : jusqu’à 12 cm, rarement pluslPoids : jusqu’à 70 glColoration : en général brun foncé, avec des taches marron sur chaque

segment de l’abdomenlRostre : en gouttière, à bords lisses, sans crête médiane ni dentslCarapace : une seule crête post-orbitaire , épines devant et derrière le

sillon cervicallPinces : petites et massives, lisses, jaunâtres en face ventrale, avec pointes

noires et orangées ; présence d’un ergot s sur le segmentprécédant la pince

Cette écrevisse a été introduite pour la première fois en Allemagne en 1890.Depuis, elle n’a cessé de s’étendre dans tous les réseaux hydrographiques despays européens. Orconectes limosus serait apparue en Belgique au début desannées 1960. Depuis, elle a colonisé de nombreux cours d’eau et canaux(Meuse, Sambre, Ourthe, Semois, Amblève, canaux du centre,...).Cette espèce peut s’accoupler 2 fois par an: en été et au printemps. Lesfemelles peuvent porter de 300 à 400 oeufs et leur première reproduction seréalise à l’âge de 1 an. Elles peuvent supporter de grandes variations detempérature (jusqu’à une température maximale de 33-34 °C). Leur longévitéest en moyenne de 3 ans. Cette écrevisse aime les eaux calmes et profondes,elle supporte bien les fortes charges en matières organiques; elle estrésistante au manque d’oxygène (jusqu’à 1 mg/l O2) et également auxmaladies. Son régime est omnivore. Elle est souvent vecteur del’aphanomycose sans en subir les effets néfastes (porteuse saine); elle n’estpas sensible non plus à la thélohaniose. Elle résiste également très bien auxpesticides et aux métaux lourds.

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Ecrevisse de Californie ou écrevisse «signal» (Pacifastacus leniusculus)Signal crayfish lSignalkrebs

lTaille : 15-20 cm (maximum: 30 cm)lPoids : 50-150 g (jusqu’à 300 g)lColoration : en général brun orangélRostre : crête en gouttière avec carène centrale = simple bourrelet non

dentelé, côtés lisses quasi parallèleslCarapace : deux crêtes post-orbitaires , pas d’épines lPinces : larges et massives, avec un tubercule sur le bord de la partie fixe

rouge vif en face ventrale, avec une tache (“signal”) blanche oubleuâtre en face dorsale ; pas d’ergot sur l’article précédant lespinces

Originaire du lac Tahoé en Californie, Pacifastacus leniusculus a étéintroduite en Suède en 1960 (100 individus dans un lac); les Suédois enimportèrent ensuite massivement (60.000 individus), qu’ils répartirentdans une soixantaine de lacs, afin de remplacer les populations d’Astacusastacus décimées par la peste.

Ils en exportèrent ensuite dans les autres pays européens. La Finlande, laRussie, l’Autriche, l’Allemagne, le Luxembourg, la Pologne, l’Espagne, laGrande Bretagne, la France suivirent leur exemple dans les années 70. EnBelgique, elle a été introduite pour la première fois en 1979 dans 6piscicultures.

Cette espèce se propage très rapidement dans tous les pays européens....Elle s’accouple un peu plus tôt que notre espèce, soit en octobre, parfois

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en septembre. Les femelles peuvent porter de 200 à 300 oeufs et leurpremière reproduction se réalise à l’âge de 2 ans (taille de 6,4-6,8 cm).Elles peuvent supporter des températures plus élevées que la pieds rouges(jusqu’à 24-25°C). Leur plage thermique optimale se situe entre 13 et16°C. En dessous de 6,8°C, les femelles ne portent plus d’oeufs. Lacroissance de ces écrevisses est très rapide, plus élevée encore que cellede l’écrevisse turque (longévité: 5-6 ans). L’espèce est aussi très résistanteau manque d’oxygène (jusqu’à 1 mg/l O2) et aux maladies. Elle est, commela pieds rouges, plutôt végétarienne, et apprécie les feuilles d’aulnes etd’érables reposant au fond de l’eau. Elle est très agressive et l’amplitudede ses articulations lui permet de pincer en arrière du céphalothorax.

Elle est aussi souvent vecteur de l’aphanomycose sans en subir les effetsnéfastes. Elle résiste également très bien aux pesticides et aux métauxlourds.

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Ecrevisse rouge des marais de Louisiane (Procambarus clarkii)Red swamp lRote amerikanische sumpfkrebs

lTaille : 10-12 cm (maximum 15 cm)lPoids : jusqu’à 100 glColoration : rouge et noire (pour les individus de plus de 8 cm; les plus

jeunes sont grisâtre-verdâtre)lRostre : triangulaire et en gouttière, sans carène médiane, côtés lisses

non parallèleslCarapace : une seule crête post-orbitaire , pas d’épines mais nombreux

tubercules (aspect granuleux) , sillon longitudinal médianlPinces : assez étroites et effilées, présence de tubercules sur la partie

fixe, couleur rouge vif en face ventrale , tubercules rouges surfond noir face dorsale, présence d’un ergot sur le segmentprécédant la pince

C’est en 1930 que cette espèce a été introduite au Japon et elle est arrivéeen Chine dans le courant de la guerre 40-45. De 1963 à 1970, elle a étéimportée au Kenya et en Ouganda.

Procambarus clarkii a été importée pour la première fois en Europe en1973-1974, tout d’abord en Espagne, au Portugal et en France.

Les femelles peuvent porter de 200 à 700 oeufs et leur premièrereproduction se réalise à l’âge de 3 mois (période de reproduction entrejuin et septembre). Les femelles peuvent pondre plusieurs fois par an. Laplage thermique la plus favorable est située entre 22 et 25 °C et l’espècepeut supporter des températures très élevées (jusqu’à 32-33°C). Elle peut

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aussi résister aux grands froids (-10°C). Elles sont résistantes au manqued’oxygène (jusqu’à 1 mg/l O2), aux maladies (elle est porteuse saine de lapeste), aux pesticides et aux pollutions organiques. Longévité : 3-5 ans.Elle est en activité presque constamment, de jour comme de nuit,contrairement aux espèces indigènes européennes. Elle est aussi trèsagressive et l’amplitude de ses articulations lui permet de pincer en arrièredu céphalothorax.Les milieux de prédilection sont les canaux, les étangs, les lacs peuprofonds.Les individus creusent de très grands terriers (jusqu’à 1,5 mètre!), et sontconsidérés pour cette raison comme une menace pour les berges descanaux et des étangs. L’espèce est omnivore, mais surtout végétarienne.Sa prolifération est une menace pour la biodiversité naturelle des milieuxaquatiques.

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Conseils pour les repeuplements en écrevisses 29

En résumé, pour que les populations d’écrevissespuissent bien se développer dans une pièce d’eau, lesconditions suivantes doivent être rencontrées:

1. L’eau d’alimentation doit-être fraîche, de trèsbonne qualité (sans pollution), bien oxygénée(teneurs en oxygène supérieures à 6 mg/l), avec unpH compris entre 6,5 et 8,5 et une teneur en calcaireminimale de 6 mg/l CaCO3.2. La présence de végétation aquatique estégalement indispensable. Implanter, maintenir oudévelopper ces végétaux dans les étangsensemencés est donc une bonne gestion à adopter.3. Prédateurs: La situation idéale est l’absencetotale de poissons dans la pièce d’eau. Unecohabitation est cependant possible, à condition queles écrevisses aient suffisamment de caches pour sesoustraire à leurs prédateurs, mais, dans ce cas, leurspopulations ne pourront pas se développer aussifortement.4. Présence de caches et envasement: Plus lenombre de caches est important, plus lespopulations pourront se développer. Les bergesempierrées (sans ciment), des tas de pierres platesamoncelées, les racines d’arbres et aussi les bergesen argile, plutôt verticales (où elles peuvent creuserleurs terriers) sont des facteurs favorisants. Mais ilest aussi possible d’installer des caches artificielles:tuyaux PVC collés, parpaings ou briques à trous.

Ces caches artificielles permettent d’effectuer descontrôles réguliers et rapides. Les fonds vaseux deboues liquides sont des milieux défavorables au bondéveloppement des populations d’écrevisses.Lorsque l’envasement devient trop important, il estrecommandé de vidanger et de curer l’étang.5. Enfin, l’absence d’écrevisses non indigène(américaines en particulier) est absolumentindispensable.

Repeuplements et gestion

Lors de repeuplements d’une pièce d’eau ou d’uncours d’eau, nous conseillons idéalement d’utiliserdes écrevisses de différents âges : des juvéniles d’unou de deux étés (en octobre-novembre), des femellesgrainées (en avril-mai), et des couples (enseptembre-octobre), en proportion de 1 mâle pour 3femelles. Ces repeuplements, pour être efficaces etdévelopper rapidement de bonnes populations,peuvent être réitérés pendant plusieurs années desuite (3 ou 4 ans par exemple).

En terme de quantités, il est souvent conseillé deremettre en étang de 1 à 5 adultes par m2, ou 1000à 10000 juvéniles (de l’année) par Ha. Dans notre cas, après une étude des potentialités dechaque site, nous ensemençons selon nospossibilités…

Les rendements généralement obtenus avec Astacusastacus tournent autour de 100 Kg par Ha, maispouvant parfois monter à 300 Kg/ha dans certainscas, où toutes les conditions favorables sont réunies.

Pour la gestion des populations, il est souhaitableque les étangs possèdent un système de vidange, leplus pratique étant le moine. Nous conseillonscependant de ne pas vidanger les pièces d’eau tropsouvent : les écrevisses n’aiment pas être tropsouvent dérangées ; une périodicité acceptable noussemble être tous les 3 ou 4 ans, avec une remise souseau la plus rapide possible. Des contrôles périodiques peuvent être effectués pardes pêches aux nasses ou avec des balances , ou pardes observations nocturnes quand le site le permet.

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10Le projet de sauvegarde de l’écrevisse à pieds rouges de l’ATE*De 1982 à 1986, une première enquête fut menéepar M. Pierre Gérard (Centre de Recherches de laNature, des Forêts et du Bois de Gembloux), afind’évaluer l’état des populations d’écrevisses enBelgique. Un second inventaire, plus exhaustif,réalisé de 1990 à 1996, a fait état de la grandefaiblesse des populations d’écrevisses à piedsrouges dans toute la région wallonne : 8513pièces d’eau ont été répertoriées sur cartes, 4321propriétaires ont été contactés, et 602 contrôlesde terrain ont été effectués. Les résultats, jugéstrès alarmants, indiquèrent qu’à ce moment(1996), seulement 9 ruisseaux et 103 sites (parfoisavec plusieurs étangs ou carrières) abritaientencore des écrevisses à pieds rouges! Parmi cesétangs ou carrières, à peine 45 sites présentaientencore de bonnes populations...

Conscient de la gravité de la situation et de l’urgenceà agir, notre ASBL, l’Association Theutoise pourl’Environnement (ATE), a entrepris une action desauvegarde de l’espèce. Depuis 1999, elle travaille à lamise sur pied d’un projet de redéploiement depopulations dans l’ensemble de la région wallonne.Reconnue et aidée financièrement par le Ministre del’Agriculture et de la Ruralité, notre asbl a commencéses travaux en janvier 2000, en étroit partenariat avecla Direction Générale de l’Agriculture et la DirectionGénérale des Ressources Naturelles et del’Environnement (le service de la Pêche, le service dela Conservation de la Nature, le Centre de Recherchesde la Nature, des Forêts et du Bois de Gembloux et leCentre d’Economie Rurale de Marloie).

Des écloseries ont ainsi été installées dans larégion de Theux: près de 200 m2 de bassins, situésdans plusieurs sites extérieurs et intérieurs, sontactuellement en fonction depuis début 2004. Cesemplacements ont été choisis sur base denombreuses analyses d’eau de sources ou deruisseaux, obtenues grâce au Contrat de Rivière“Hoëgne et Wayai” et au travers d’autres étudesplus spécifiques menées par notre association. Lechoix de ces emplacements a été aussi influencépar la “sécurité” (afin d’éviter le vandalisme).

La stratégie appliquée, étant donné laproblématique récurrente de la peste, est de

multiplier d’une part les pièces d’eau à(ré)ensemencer (réparties dans toute la régionwallonne), et, d’autre part, les bassins et les sitesd’écloseries (chacun étant alimenté en eau demanière indépendante; les visites se font toujoursde manière ponctuelle dans un seul bassin et sontsuivies systématiquement d’une désinfection) Cette méthodologie implique donc nécessairementla recherche de nombreuses collaborations auprèsde propriétaires privés intéressés et désireux departiciper à ce projet de sauvegarde.

Malheureusement, depuis 1996, les populations ontencore fortement périclité: 26 sites sur les 103répertoriés à cette époque ne possèdent actuellementplus d’écrevisses! De surcroît, nos dernièresobservations (en 2003) indiquaient que moins d’unedizaine de pièces d’eau présentaient encore debonnes populations (plusieurs centaines d’individus)!

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C’est pourquoi il nous a été très difficile detrouver des femelles grainées les premièresannées et que nous avons du nous résoudre à enimporter d’Allemagne.

De plus, en 2002, un simple rempoissonnement entruitelles fario dans un de nos deux réservoirs degéniteurs, a provoqué la mortalité fulgurante etquasi totale de 600 individus et de près de 17.000juvéniles dans nos bassins (situés en aval de cetétang). Il est probable que la peste ait été amenéepar l’eau de transport de ces poissons (provenantd’une pisciculture où l’écrevisse de Californie estprésente). Nous avons cependant pu sauver 3000jeunes grâce à notre système de bassinsindépendants.

Malgré ces déboires, en trois années de travail(de 2001 à 2003), nous avons tout de même puproduire 14.000 juvéniles dans nos bassins etréensemencer une trentaine de pièces d’eau enrégion wallonne. Jusqu’à présent, nos meilleurs

rendements d’élevage atteignent environ 20juvéniles par femelle et 1500 jeunes par bassin(150 par m2); mais les moyennes obtenuestournent autour de 13-15 jeunes produits parfemelle. Il faut cependant savoir que nous nechauffons pas l’eau des bassins et que nous nenourrissons que très peu (élevage extensif). Lesjeunes écrevisses trouvent elles-mêmes leurnourriture dans les milieux semi-naturelsreconstitués dans nos bassins: alguesfilamenteuses, élodées, myriophylles (en ce quiconcerne la végétation), et nombreux chironomes(diptères), aselles, gammares (crustacés), etéphémères (en ce qui concerne la macro-faune).Nous espérons augmenter progressivement lesproductions annuelles de juvéniles en bassins.

Pour 2010, nous espérons réensemencer unecentaine de sites en région wallonne et ydévelopper de bonnes populations. Toutes cespièces d’eau réensemencées feront l’objet d’un suiviscientifique au cours des années à venir.

En conclusion, nous estimons qu’un véritable projetde sauvegarde de l’écrevisse à pieds rouges doit êtrepoursuivi en région wallonne. En effet, cetteécrevisse fait partie intégrante de notre patrimoine

naturel. Comme le saumon atlantique, elle est unexcellent bioindicateur, et donc un symbole de labonne qualité des eaux A ce titre, elle mérite,comme beaucoup d’autres espèces animales ouvégétales, un effort particulier de protection. Elleoccupe une place importante dans les chaînestrophiques des milieux aquatiques; apparue bienavant l’homme sur notre planète, l’écrevisse est unsujet d’étude particulièrement intéressant. Elle faitpartie aussi de notre patrimoine culturel. Elle peutpermettre une valorisation des étangs ou des lacspar la production d’individus consommables, maiségalement par une gestion des sites profitant àtoute une série d’organismes vivants aquatiques.L’écrevisse est de plus un outil pédagogiqueparticulièrement intéressant, permettant desensibiliser le grand public (et en particulier lesjeunes générations) à plusieurs problèmesécologiques majeurs, tels que:

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l la qualité et la protection des eaux douces,indispensables à toute vie sur Terre,

l la problématique de la réduction drastique de labiodiversité, causée notamment pard’innombrables invasions d’espèces nonindigènes colonisatrices, éliminantprogressivement la faune et la flore indigènes,

l la problématique de gestion durable,...

A titre d’exemple, en 2003, nous avons fait visiter lesécloseries à 330 enfants et 100 adultes. En plus decela, nous avons réalisé des animations “écrevisses”lors de diverses manifestations : Journée Natura2000, Journées des enfants à La Gleize (1500personnes), Foire médiévale à Theux (15.000personnes), Foire St Hubert à Theux (plusieurscentaines de personnes), etc… Nous menons aussides actions dans le cadre des Contrats de rivièreVesdre, Semois, Amblève, et Ourthe.

Depuis mars 2004, à l’initiative de l’Echevin del’Environnement et du Tourisme, M. KEVER, et enétroit partenariat avec l’Association Theutoise pourl’Environnement, la commune de Theux estdevenue la Capitale wallonne de l’écrevisse à piedsrouges. Ce projet comprend les 4 axes principauxsuivants: un axe environnemental constitué par leprojet de sauvegarde de notre écrevisse, un axetouristique à développer sur la commune (tourisme

vert "diffus"), un axe économique (secteurHORECA), et un axe didactique au travers d’unelarge sensibilisation de la population.

Ce projet de sauvegarde de notre écrevisse à piedsrouges est donc une entreprise difficile etlaborieuse, à cause notamment de la menaceperpétuelle d’apparition de la peste de l’écrevisseet de l’extension très rapide des écrevissesaméricaines (vecteurs de propagation de la peste),introduites de manière inconsidérée par l’homme.Mais c’est un projet passionnant, nécessitant lacollaboration de nombreux partenaires motivés,s’intégrant parfaitement dans la politique de"développement durable" et permettant unesensibilisation de la population à une importanteproblématique environnementale.

D. HERMANBiologiste, chargé de mission

à l’*Association Theutoise pour l’Environnement

Vous pouvez nous aider dans ce projet et/ousoutenir nos (autres) actions en faveur de laprotection de notre environnement:

Il vous suffit pour cela soit :l de verser un don ou de devenir membres

d’honneur de notre ASBL (15 e par an) (compte n°068-2291071-55)lde nous acheter un des deux jeux créés par notre

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association: n “Eaux vives”: jeu de stratégie dedécouverte de la vie aquatique de nos ruisseaux.

n “Sauvons les pieds rouges“: jeu destratégie, coopératif, décrivant la problématiquedes écrevisses en Europe.l ou, si vous possédez un étang suffisammentgrand et adéquat (au moins 1000 m2) d’accepterd’y réintroduire des écrevisses et de nouspermettre d’y gérer les populationsréensemencées.

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Publications et ouvrages consultésl ACKEFORS H., GYDEMOR. R. and KEYSER P.,1995. Growth and moulting in confined juvenilenoble crayfish Astacus astacus. FreshwaterCrayfish, n° 10 : p.396-409.

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l ACKEFORS H., 2000. Freshwater crayfish farmingtechnology in the 1990s : a European and globalperspective. Fish and fisheries, n° 1, 337-359.

l ANDRE M., 1960. Les écrevisses françaises.Editions P.Lechevalier, Paris, 293 p.

l ARRIGNON J., 1991. L’écrevisse et son élevage.Editions Lavoisier, Technique et Documentation,2ème édition, Paris, 208 p.

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Avec le soutien des Ministres de l’Agriculture et de la Ruralité, de l ’Emploi et de la Formation de la Région wallonne

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