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Les Embiez

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Ph. D. DewalJe

L'ARCHIPEL DES EMBIEZ Situé dans le département du Var, à une quinzaine de kilomètres à vol d'oiseau de Toulon, l'archipel des Embiez comprend aujourd'hui quatre îles principales: Le Grand Gaou, Le Grand Rouveau, Le Petit Rouveau et la grande île dénommée île des Embiez, situées à 43°4 de latitude Nord.

Acquise en 1957 par M. Paul Ricard, cette île principale mesure 1400 mètres du nord au sud et 1200 mètres d'ouest en est. Elle forme un triangle de 93 hectares aux paysages extrêmement variés et pittoresques. La côte est tantôt basse, tantôt dominée par de hautes falaises, tantôt entaillée par de petites calanques.

L'archipel des Embiez, dont le nom latin est "Embers" ou "Imbers" ainsi qu'on le trouve dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille, au X' siècle, comporte pl usieurs orthographes différentes: "Ambias" (1352), "Embiers" (1485), "Ambies" (1520),"Ambiers" (1583), "Ambier" (1609), "Embiers" (1737), "Ambiez" (1764). Ce sont les cartographes des XVII' et XVIII' siècles qui donnent "Embiez" avec un "Z". Pour cer­tains, le nom d"'Ambiers" est issu du latin "Ambo" (deux), parce qu'il y avait seulement deux îles habitées dans l'archipel: Embiez et Grand Rouveau, ou bien, Embiez et Tour Fondue, jadis séparées. D'autres tirent ce nom de "Aemines-portus", l'ancien nom romain du Brusc (anciennement "Brusq", "Brux", "Brusch"), en supposant, chose encore non démontrée, que Six-Fours fut 1'''Aemines positio" de l'itinéraire maritime d'Antonin. Il pourrait même s ' agir d'un simple nom de famille, car il existe encore des "Imbert" dans la région.

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Albert Degiovani

LES EMBIEZ sentinelle avancée du pays provençal

Préface de Félix Ortolan

INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PAUL RICARD

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© 1992 Institut océanographique Paul Ricard Tous droits de reproduction.

par tous procédés de traduction ct d'adaptation réservé, pour tous pays.

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PRÉFACE

Pensées d'un marin du pays fA. UX Embiez, ce joyau de notre rivage ~ 1 provençal, la nature, jalousement protégée, a gardé les charmes d'une éternelle jeunesse. Au détour d'un sentier, le promeneur rencontre le passé : de vieilles pierres dans l'île de la Tour Fondue, un joli castel sur le plateau Saint-Pierre.

Le grand mérite de l'auteur est d'avoir su, par un exemplaire travail de recherche, redonner la vie et la parole aux deux vestiges de l 'histoire dont l'un paraît tout neuf et l'autre vient du Moyen Age.

Dans le silence odorant où bruissent les cigales, le rêveur pourra contempler ces îles merveilleuses avec les yeux de la mémoire et l'aide précieuse du guide, Albert Degiovani , poète et historien bruscain.

Que de souvenirs évoque ce bastion avancé de Mare Nostrum ! Que de bouleversements, de conflits, de coups de force depuis les "Terreurs de l'an J 000" , les vieilles pierres témoignent.

Les Français ne croient pas à la puissance et à la garantie de la mer... Ils préfèrent entasser des pierres pour défendre leur beau pays . Ils ont adopté la religion des forteresses. On en trouve partout pour donner l 'alerte ou pour la défense , de la rade du Brusc, par exemple, et celle de Toulon.

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Pensées d'un marin du pays

---+---+---+ Et pourtant tous les riverains de notre mer, tous menaçants, avaient des navires, bien avant Jésus­Christ. Ils savaient que le seul ennemi du bateau ... c'est le bateau, en pleine mer. La lutte de la pierre contre la coque, le duel Colbert-Louvois ... n'est pas fini.

"Sans la mer on ne peut avoir ni richesse ni paix. On ne peut gagner une guerre. C'est elle qui décide de la protection de nos côtes et du sort des conflits terrestres" (Richelieu)

C'est l'avis de tous les marins du monde.

Puis-je citer, un exemple illustre parmi bien d'autres? En 655, les Arabes assiègeaient Constantinople et comptaient avoir raison de la ville par la faim et le blocus. La ville tenait bon. C'est alors qu'un Syrien offre à l'empereur Constantin le feu grégeois, arme nouvelle. La flotte chrétienne équipe ses navires et, en quelques instants, incendie l'armada assiégeante.

Poitiers, c'était utile pour la France. Mais ce sont les fameux canons de cuivre crachant le feu, qui protégèrent l'Europe tout entière d'une invasion islamique certaine.

Que ce modeste rappel historique n'empêche pas les promeneurs et leurs enfants de goûter les charmes et la beauté des Embiez en toute quiétude!

Amiral Félix Ortolan membre de l'Académie du Var

et de l'Institut océanographique Paul Ricard

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LES FAROTS OU FEUX DE GARDE

Se défendre contre l'envahisseur barbaresque

lB 1 !EN posté sur un plateau exigu de la pointe nord de l'île des Embiez, il veille sur les rades du Brusc et de Sanary­

sur-Mer. Ses allures de château fort intriguent plus d ' un vi­siteur : l' alignement des blocs de pierres aux reflets ocres de ses hautes façades; le pont de bois qui enjambe les douves pour conduire jusqu'à l'étroite porte voûtée; et puis ces canons qui semblent encore parés à repousser toute attaque.

Car il s'agit bien là d'un ouvrage militaire de défense, d ' une batterie marine. Et raconter l'histoire du fort Saint-Pierre, c'est se plonger dans le passé tourmenté de l'île des Embiez et de cette portion de la côte méditerranéenne. Une époque guerrière bien révolue pour cet ancien combattant qui semble couler une retraite paisible depuis qu'il abrite l'Institut océanographique Paul Ricard. Occupation toute pacifique puisque aux bruits assourdissants des canons a succédé le silence de l' aquarium­musée, souvent troublé, il est vrai, par les cris joyeux des groupes d'enfants en visite.

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

De tout temps, le profil très découpé du littoral varois a favorisé les attaques surprises des pirates avec leur lot de violences et de pillages. Les presqu'îles de Cépet et de Sicié, prolongées à l'est par la rade de Toulon, à l'ouest, par la rade du Brusc et son chapelet d'îles , offrent de nombreux abris naturels aux vaisseaux barbaresques quelle que soit la direction des vents dominants: mistral, vent d'est, largade ... Mais il faut tenir .compte que les Barbaresques naviguaient vent arrière: l'hiver par vent d'est, l'été par mistral. Si la rade du Brusc est bien protégée par vent d'est, elle l'est beaucoup moins par temps de mistral... sauf la lagune, évidemment. Près de l'île du Rouveau, il n'y a pas de mouillage sûr.

La rade du Brusc constitue un point de relâche pour les vaisseaux de commerce phéniciens, grecs et romains. Il est même tout à fait vraisemblable que le port du Brusc aurait été habité, avant l'arrivée des Grecs, par une population autochtone de l'âge de la pierre polie.

D'après certaines sources, cinq siècles avant notre ère, une colonie de Phocéens de Marseille (Massifia) fonde un comptoir à Taureis (en romain fauroentum), à l'emplacement actuel du port du Brusc, Cette colonie a pour but de protéger le commerce grec le long des côtes, des incursions pouvant venir de l'arrière-pays (1). En 49 avant Jésus-Christ l'escadre de Brutus, lieutenant de Jules César, affronte la flotte de Pompée soutenue par Massifia et Tauroentum. Il est probable que, selon la stratégie de l'époque , l'aile gauche de la flotte rebelle s'appuyait à l'île des Embiez et plus précisément au petit Rouveau. Avec la capitulation de Massifia, cette bataille navale entraîne la chute et la destruction de Tauroentum qui serait devenu Six-Fur, ou Sex-Furnis. Selon Louis Baudoin (2), "ces formes latines se traduisent par "six forts" , les six postes fortifiés, tours de guet ou de garde, disposées autour de l'agglomération principale dans le Haut Moyen Age." Il faut

(1) D'après l 'ouvrage "Six-Fours-les-Plages, guide hislorique el lourislique" , par François Jouglas , 4, édition, 1978.

(2) "Histoire générale de La Seyne-sur-Mer, avec abrégé des annales de l'ancienne métropole de Six-Fours, des orifiines au XVII' siècle" , 1965 .

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Ce portulan méditerranéen (XVIIie siècle) met en évidence le profil découpé de la côte qui fo rme la rade du Brusc, entre Bandol et l'Île des Embiez (doc. Musée de la Marine - Marseille).

noter que les postes fortifiés avaient une seule utilité : donner l'alerte. Blottis sur leur colline, les habitants de Six-Fours subissent les incursions des Vandales et d~s Sarrasins. Retranchés à Fraxinet, l'actuelle Garde-Freinet, ces derniers déferlent comme des torrents dévastateurs sur la Provence qui est périodiquement mise en coupe réglée.

Montés sur des barques légères et innombrables, ils surgissent comme l'éclair, mettent tout à feu et à sang, capturant ceux qui ont échappé au massacre. Un parchemin communal relate brièvement qu'en l'année 732 : " la gens pagans fit une descente sur les terroirs et les manans, Selfs et grangiers des villes, mas et postes furent occis par iceux. Lesquels vainement voulurent prendre le grand Castrum et rédiirent en bâtiments de mer, moult gens et butins onérés." (3!

(3) "Le Brusq-sur-Mer, des origines jusqu 'à nos j ours, Monographie hi slorique, par l'abbé E. Burie, imp. A. Giraud (Toulon), 1908.

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La flotte de Barberousse en rade de Toulon (1543), d'après un document du Musée du Vieux Toulon. Le corsaire turc (représenté , ci-dessous, par J. Chardousse, 1855) obtint du roi François 1" "de très riches présents et la délivrance de tOI/S les Mores et Mahométans qui se trouvaient suries galères" ("La j7orre turque en Provence sous François f' - L'hivernage à TOI/Ion", par M. Guyon in "Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon").

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LES FEUX DE GARDE

Ainsi, les habitants de Six-Fours durent-ils vivre dans la terreur des invasions barbaresques, jusqu'à ce qu'ils remportent la victoire décisive de Malogineste, le 1er août de l'an 950. A ce propos, Emmanuel Davin (4) écrit : "Le combat épique laisse supposer que les Barbaresques de l'époque avaient établi leur base non loin de là, aux Embiez. Ils débarquèrent, dit-on, sur la plage de la Gardiole , tout près de l'île.

Le lieu du combat , Malogineste , tirerait son nom de l'expression "malo-gent" (mauvaises gens), donnée soit par les Six-Fournais aux Sarrasins , soit par les Sarrasins à leurs vainqueurs , ce qui paraît invraisemblable. Disons simplement qu' il s'agit du quartier de la Gineste."

A l'instar d'autres habitants du littoral, les Six-Fournais essaient de trouver une parade aux agressions venues de la mer, aussi dévastatrices qu'imprévisibles. Ils songent d'abord à établir des points d'observation sur les hauteurs du territoire.

(4)" Monographie de /' archipel des Embiez" . Imprimerie du Sud-Est, Toulon, 1941.

LES PILLEURS D'ÉPAVES

Emmanuel Davin rapporte que, jadis, les pêcheurs du Brusc et des Embiez, à l'entrée de la baie de Sanary, pillaient les navires qui, en détresse, venaient s'échouer sur les écueils de l'archipel. Comme en Bretagne, ils utilisaient les bêtes à corne avec lanternes, pour imiter les feux mouvants des navires et attirer les bâtiments sur les rochers .

Au XIIe siècle , lors d'une occupation des Embiez par les Sarrasins, ceux-ci transportèrent à la Coudoulière de la pointe Nègre, au nord du Brusc, le farot des Embiez, de façon à tromper des bâtiments qui se dirigeaient de Marseille vers l'Est. Cela se situe durant l' une des invasions de 1119, 1147, 1148 ou 1197.

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Des guetteurs, sentinelles avancées, doivent, en allumant de grands feux, prévenir que des barques ou une armada suspectes pointent à 1 'horizon. En Provence, les Phocéens seraient à l'origine de ces feux de garde.

Si les agresseurs sont en petit nombre, une troupe est réunie rapidement pour leur donner la chasse; s'ils sont trop nombreux et que le combat paraît inégal, "tous les moines, prêtres, cultivateurs qui desservent les prieurés de Saint-Victor des Embiers, de Saint-Mandrier .. . , les manants possesseurs de riches menses, les grangiers et serfs qui labourent les champs, tous fuient en hâte, poussant devant eux leurs troupeaux et les bêtes chargées des objets les plus précieux. Tout ce peuple fugitif s ' enferme dans le castre de Six-Fours , citadelle inexpugnable dont les murs épais et bien construits en pierre calcaire sur un massif imposant de rochers, défient toute attaque. Des caves et d'immenses magasins où sont entassées des provisions de toute nature, des citernes d'eau potable et des puits intarissables, permettent de soutenir un très long siège." (3)

Le sénéchal de Provence Richard de Gambatesa prescrit, en 1302, la création de feux d'alerte sur les bords de la Méditerranée, depuis l'embouchure du Petit Rhône jusqu'à Nice.

En 1352, il est signalé un garde du feu dans une cahute, remplacée en 1589, par une tour à feu et à signaux construite au même endroit, au sommet des falaises du cap Sicié, à trois cent cinquante-huit mètres d'altitude (5 ) . Des farots se trouvent également au village de Six-Fours qui culmine à deux cent dix mètres. Le service des guetteurs dure tout l'été, l'hiver, les incursions des pirates étant moins à redouter à cause de l'état de la mer.

Un manuscrit (6) sous la signature de Jean Denans rapporte que: "Outre la garde que la communauté faisait faire sur cette

(5 ) A proximité de l'emplacement de la chapelle Notre-Dame-du-Mai c.onstruite en 1633.

(6) Repris dans une note de R. Vidal parue dans "Archéologie du Var-Six-Fours", imprimerie du "Petit Var", Toulon, 1896.

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LES FEUX DE GARDE

montagne, elle fut souvent obligée, à cause des fréquentes descentes des Turcs, Maures et corsaires qui ravageaient la Provence, et surtout les costes de Six-Fours, defaire augmenter les gardes qui veillaient autour de son territoire et sur ses costes. Le 1er mai 1564, Me Lombard, notaire à Six-Fours, remit un acte par lequel les sieurs Michel et Antoine Denans frères, dits Bourrès, s'obligèrent envers les syndics de la communauté, de faire la garde toutes les nuits, à cause, y est-il dit, des

ARTILLERIE ET COUPS D'ARQUEBUSE

"Messieurs les consuls d'Ollioules, nous vous informons que la frégate qui a pris la barque ce matin au large des Embiez l'a accompagnée hors de vue, en mer. Elle l'a abandonnée, puis est venue rapiner, là où il yale plus de barques, afin de s'en emparer, mais elle a été contrainte d'abandonner les gens qu'elle avait pris bien qu'elle ait tiré son artillerie et de nombreux coups d'arquebuse.

Ceci s'est passé une heure après-midi, la frégate est repartie et fait route au levant. Cette lettre vous sera avis et réponse de Six­Fours. Le 18 avril 1555, vos bons amis les syndics de Six-Fours.

A peine écrite cette lettre, la frégate a mouillé dans la calanque des Ramicaux (*) où elle se trouve encore".

(*) Il s'agirait de la crique du Maregau, au sud de la presqu 'île de Saint-Mandrier, selon M. Phelip Rigaud qui a eu l'amabilité de nous communiquer ce document issu des Archives communales d'Arles.

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

ennemis et corsaires de mer, depuis le 23 avril jusqu'à la Saint­Michel et ce, moyennant quatre livres, huit sols, trois liards pour chaque mois."

L'auteur du manuscrit, ajoute: "Le dit Denans qui était mon bisayeul ayant proposé au conseil que les gardiens du cap Cicié étaient souvent empeschés par les Corsaires de faire de la fumée sur le dit cap , ce qui était un signal aux bastiments de mer de ne point passer à cause qu'il y avait des Corsaires.

Sur quoi pour la sureté des personnes des dits gardiens et pour qu'on put continuer de faire les signaux, le dit conseil délibéra de faire bas tir la tour qui est sur le dit cap; ce qui fut exécuté (vers l'année 1530).

Et depuis lors au lieu de faire de la fumée, le gardien lorsqu'il découvre quelque bastiment de la mer suspect d'être corsaire, élève le jour sur une bigue, au plus haut de la dite tour, un grand rameau de bois de pin; et sur l'entrée de la nuit, après avoir fait le feu d'assurance et icelui entièrement éteint, il allume consécutivement l'un après l'autre, autant de feux, comme il a découvert de vaisseaux ou autre bastiment de mer qu'il croit être corsaire.

(. .. ) "Les Turcs continuant toujours leurs courses sur les costes de Provence et surtout sur celles de Six-Fours, les Consuls pour se garantir de leurs ravages donnèrent un moyen de faire la garde avec moins d'incommodité.

Par acte reçu par Me Lieutaud, notaire, le 10 novembre 1638, donnèrent à prix fait à Jacques Jouglas et à Honoré Beaussier, maçons, de faire quatre loges appelées "Gardelon" pour y faire la garde aux avenues de la mer, de dix pans de long, sur huit de large et neuf pans de haut (environ 2 ,50 m de long, 2 m de large, 2,25 m de hauteur), chacune crépie et applanie avec du mortier avec leurs portes; savoir: la première au lieu dit le "Passage", la deuxième à "Fabregas", la troisième à la "Gardiole" et la quatrième à "Camégie".

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LES FEUX DE GARDE

Un état de la Dépense édictée (7) par le roi Louis XIII, "Pour la subsistance des troupes de garnison dans le service de sa Majesté dans les "Places et châteaux de Provence" et de vingt compagnies chacune ordonnées pour la "garde des côtes" et autres places," fait mention"pour le .dit mois de montre de vingt hommes compris un capitaine et un sergent ordonnés pour tenir garnison à la tour des Embiez à raison de cent livres au capitaine, 18 au sergent et 12 à chacun des soldats." (8)

D'après Emmanuel Davin (4 ) , ce farot dont il ne reste aujourd'hui que la base, avait quarante mètres de hauteur. Il était élevé sur un monticule de seize mètres d'altitude. La tour des Embiez, qui est citée dans un document de 1609 (9 ), a été appelée Tour Fondue ( 10) , c'est-à-dire tour effondrée: tourre afoundra, en provençal.

Selon l'historien, l'effondrement dut se produire à la suite du tremblement de terre de 1644. Sa démolition eut lieu en 1646, par autorisation royale, et après paiement d'une certaine somme par la province, somme fixée par délibération de l'Assemblée de Lambesc.

Les vestiges de la base de cette tour ont surmonté l'épreuve du temps. Son diamètre total est de quinze mètres, l'épaisseur du mur d'enceinte atteint trois mètres et demi. De plus, on peut encore observer le trottoir extérieur de trente centimètres de largeur et la citerne d'eau.

(7) Le 24 octobre 1637, à Saint-Gennain-en-Laye.

(8) En comparaison, la "Grosse Tour ·· de Toulon disposait de trente hommes y compris un capitaine à 150 livres, un lieutenant à 75 livres et de ux se rgents à 18 livres.

(9) Archives des Bouches-du-Rhône - H.S.V. nO 1075.

( 10) La Tour Fondue a donné son nom à l'île où elle se situe et qui a été reliée à l'île des Embiez par les ievées de terre de marais salants. Aujourd ' hui , des plans d'eaux sont aménagés en jardin aquatique , d 'autres sont utilisés comme bassins d 'expérimentation par l ' Institut océanographique Paul Ricard.

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LA TOUR FONDUE DES EMBIEZ

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LES BATTERIES MARINES "Pour tirer vite, loin et à coup sûr

contre l'agresseur"

[0 [ N le constate, la protection des populations et des biens demeure, à cette époque, essentiellement passive. En

effet, comment donner la chasse à un bateau avec des troupes terrestres? Il s'agit de prévenir l'arrivée des pirates afin de se réfugier à l'abri d'un château. Il faut attendre l'avènement, vers 1450, de l'artillerie à boulet métallique, qui succède à l'utilisation de bombardes à boulets de pierre, catapultes, balistes ... , pour que se dessine le caractère offensif des premiers ouvrages de défense côtière.

Ainsi que l'écrit l'historien, Philippe Truttmann ( Il ) : "On peut considérer que l'architecture militaire débute dans la région toulonnaise avec la construction de la Tour Royale, commencée en 1513 (. . .). Cette construction établie à l'initiative du souverain (Louis Xll) et avec les deniers de l'Etat , s'inscrit dans une logique qui ne se démentira jamais jusqu'à nous : la

(II) Dans "Canons et murailles - Histoire et évolution de /' architecture défensive dans la région toulonnaise ", Service culturel et municipal de La Seyne-sur-Mer, 1989.

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LES EMBIEZ. SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

course incessante entre la fortification et l'artillerie, la seconde prenant toujours de /' avance sur la première. Contrairement aux opérations terrestres, le problème n'est pas d'ouvrir une brèche dans un rempart mais de tirer vite, loin et à coup sûr contre un navire fragile, mais en mouvement."

CANONS DE TERRE CONTRE CANONS DE MER

La supériorité du tir des canons de côte sur celui des navires de guerre est évoqué dans une "Notice historique sur les batteries de côte" (*) : "Au milieu du XIXe siècle, les navires ne lançaient encore que des projectiles dont le poids ne dépassait pas, en général, 30 à 36 livres pour les boulets pleins, 50 livres pour les boulers creux.

Les batteries composées de canons de même calibre et d'obusiers, dont les projectiles étaient très dangereux pour les navires en bois (. .. ) et pour les batteries en parapet en terre armées d'un petit nombre de canons.

Le navire à voile se trouvait alors dans des conditions d'infériorité très grandes vis-à­vis des batteries de côte. Le peu de précision de son tir l'obligeait pour combattre avec les batteries, avec succès, de mouiller à faible distance et, jusqu'à sa position de mouillage, il était exposé aux

Mortier récupéré en rade coupS de canons des côtes auxquels il de Toulon (/980). présentait un but très étendu, facile à atteindre pour des canons fixes, tandis que la batterie de côte presque toujours plus élevée que le navire ne laissait apercevoir au-dessus de son parapet que les volets de ses pièces. Les boulets étaient sans effet contre le parapet, alors que le projectile de la batterie (boulets longs ou creux) pouvait mettre en pièces un navire en rade."

(*) Par A. Rocard, Paris , Challamel aîné éd., 1883 (S.H.A. réf. 3S 1708).

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LES BA7TERIES MARINES

D'après un état de 1754, le littoral français est doté de 622 batteries avec 3 219 bouches à feux et 10 324 hommes (12).

Quant aux nombreux ouvrages établis sur le littoral de la place de Toulon, ils datent des années 1763-1764 (13).

Les batteries présentent le plus souvent une simple plate-forme et un parapet, et sont armées de canons disparates établies très bas sur l'eau, à proximité des moindres plages susceptibles d'une tentative de débarquement.

Un relevé effectué par les officiers du Corps Royal de l'artillerie, en exécution de la loi du 10 juillet 1791, et qui a pour objet "de séparer les terrains affectés à l'artillerie en deux classes: ceux à conserver pour le même service, d'autres à rendre à la Nation et à désigner les biens nationaux qui seraient nécessaires à ce service" , stipule que onze batteries de côte ceinturent la grande et la petite rades de Toulon. Dix autres ouvrages s 'échelonnent entre Giens et le cap Sicié.

Neuf batteries se situent sur le pourtour des rades du Brusc et de Saint-Nazaire, l'actuel Sanary. De fait, les ouvrages de "cap de la Cride, cap de Portissol, Saint-Nazaire, cap Nègre, Le Rayolet (deux ouvrages), Saint-Pierre-des-Embiez, île des Embies (pointe du Rix), Les Loves", sont mentionnés sur une "Carte des environs de Toulon" datée de 1793. L'emplacement de chacun d'eux est aussi indiqué sur un document de 1800.

En 1793, toutes les batteries de la rade du Brusc tombent aux mains de l'armée républicaine, venue réprimer à Toulon l'insurrection royaliste. Le siège donne l'occasion à un jeune officier d'artillerie de s'illustrer en mettant avec succès son art militaire en pratique. Il s'agit de Bonaparte, qui est nommé général de brigade par le Comité de Salut public.

CI 2) Selon un décompte de 170 l, sur les 467 hommes employés dans la Marine à Six­Fours , il y avait 257 canonniers et un maître-canonnier (Source : "Six- Fours-les­Plages", par Francis Jouglas , 1978).

( 13) D'après le plus ancien document en possession de la direction de l'Anillerie de Toulon, daté de 1792.

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Cette carre de 1800 indique l'emplacement des neuf batteries de la rade du Brusc. Pour l'Île des "Embies", elle situe bien les deux ouvrages de défense. L'un d'eux est en projet. Aujourd'hui, seules l'ancienne balterie Saint-Pierre-des-Embiez, siège de /'Institut océanographique Paul Ricard, et celle du cap Nègre, subsistent. La batterie des Lauves (ou Loves), ci-contre en 1920, comme celle du Ris , aux Embiez, ont dispa­ru sous le béton des blockauss allemands de la dernière guerre mondiale (Imp. E. le Deley - Paris) .

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LES BATTERIES MARINES

Le futur empereur qui est sorti de l'Ecole royale militaire de Paris en 1784, avant de débuter sa carrière comme sous­lieutenant d'artillerie à Valence, est convaincu comme les meilleurs stratèges de son temps, que les prochaines guerres se règleront par le nombre et les bouches à feu. Tirant les enseignements d'une inspection qu'il vient d'effectuer sur les côtes de Provence et des îles d 'Hyères, il préconise, en 1794, que l'armement des batteries des rades de Méditerranée soit "régulier et mieux entendu" . Cette rationalisation du matériel et son uniformisation demeureront toujours à ses yeux des préoccupations constantes.

D'après un relevé du 1" Prairial An II (20 mai 1794), la compagnie des canonniers-marins de la côte du Brusc occupe au nombre de soixante hommes les batteries du "cap Nègre", de "Raya/et" et de "La Lauve" .

Batterie de la Convention (dessin inédit de Granet. Bibliothèque de la Marine , Toulon).

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LES EMBIEZ , SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

LES CANONNIERS GARDES-COTES

L 'origine des milices spéciales affectées à la garde des côtes date d 'avant la Révolution. Licenciées lors de la proclamation de la République en 1792, elles sont remplacées en 1799 par troi s bataillons de grenadiers g ardes-côtes et cent trente compagnies de canonniers gardes-côtes . Ces troupes sont définitivement supprimées en 1875.

Leur habit est de couleur bleu national et de couleur distinctive vert de mer, puis le bleu devient impérial. A noter l ' aigrette rouge puis le pompon rouge sur le shako.

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Des canonniers gardes-côtes (ci-contre) respectivement en uniforme de 1794 et de 1810

1813 , encadrent un officier dans sa tenue de 1803. Ci·dessus, officier de l'artillerie côtière

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LES BATTERIES MARINES

En 1810, en plein apogée de l'Empire, Napoléon charge des commissions mixtes de proposer des projets d'armement pour l'ensemble des côtes. Dans le rapport de la se Commission de l'inspection des côtes de la Méditerranée, on peut lire: "La batterie des Embiers est située sur le second cap (14), du côté du passage de la navigation sud-ouest (altitude: 39 m). Elle est armée de deux pièces de 16 en fer allongées et montées sur affût de côte en bon état.

La pièce à gauche défend la pointe des Embiers sur la ligne ouest-sud-ouest; la seconde défend la même ligne jusqu'au nord-ouest sur la ligne du cap d'Aron.

Les établissements de cette batterie sont placés sur le derrière , à environ cent mètres de distance et couverts par la nature du terrain. Ils sont composés d'un petit corps de garde pouvant contenir quatre hommes et d' un très petit réduit à la suite pour la caisse des munitions.

(14) Il s'agit de la pointe du Rix que l'on distingue bien sur un plan cadastral de 1829, dit de Napoléon.

La "batterie des Embiers" était implantée sur la pointe du Rix. Le corps de garde était placé à une centaine de mètres en arrière (Ph . c.F.).

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LES EMBIEZ. SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

Cette batterie est suffisamment armée. La commission n'a pas cru devoir proposer d'autres établissements parce que ce poste doit être dépendant d'une nouvelle batterie qui sera établie à la pointe de la même île où S.M. a décrété un fourneau à reverbère.

La commission, après avoir parcouru tous les points de l'île des Embiers, a reconnu : premièrement que la petite batterie située sur le cap du côté du passage de la navigation sud-ouest devait être conservée et entretenue dans son état actuel et, deuxièmement, qu'il était très important d' établir une nouvelle batterie sur le plateau de Saint-Pierre et d'y placer le mortier et le fourneau à reverbère décrétés par S.M. sur le même point où il existe une partie du tracé d'une ancienne batterie.

La nature du terrain, la forme du plateau et son but de défense exigent qu'elle soit construite sur trois fronts . Celui de gauche, est sud-est et sud sud-ouest aura dix mètres de longueur où l'on placera une pièce de 24 en fer sur affût de côte . Celui du centre , sud-sud-ouest et nord-nord-est, aura huit mètres et celui

MORTIER A LA GOMER Dans ce mortier , l ' âme de la pièce d'artillerie, au lieu de se terminer en chambre, se rétrécit graduellement en forme conique. Cette disposition présente, sur l'autre, l'avantage de laisser une plus grande surface de la bombe exposée au choc de l'explosion de la charge; elle diminue aussi les chances de voir le projectile se briser dans le mortier (D'après "Les Merveilles de la science", 1893)

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Ph. C. F.

Plan de la "batterie Saint-Pierre-des­Ambiers" (c i-contre ) - On distin gue l 'e mpla cement du parap et où se situaient les bouches à f eu. En arrière, se trouvellf le f our à reverbère destiné à rougir les boulets, et la guérite. Vestiges des escaliers de la guérite et du parapet (ci-dessus et ci-desssous).

"BATTERIE SAINT-PIERRE-DES-AMBIERS"

Parapet

Four à reverbère

~ Guérite

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

de droite , est sud-est aura dix mètres de longueur où l'on pla­cera une pièce de 24 en fer sur affût de côte. Au commencement de celui de droite, on placera un mortier de 12 pouces à la Gomer et les pièces de 18 à la suite, montées sur affût de côte.

La première pièce de 24 sur la gauche défendra la ligne de ce côté et croisera son feu avec la première batterie de l'île ; la seconde, au centre, dirigera son f eu sur "La Cride" et "Portis­sol" , et défendra l'entrée de la rade du mouillage du Brusc. Le mortier et les deux pièces de 18 auront la même défense.

Carte levée en 1839 et dressée en 1842 par le Service hydroliraphique de la Marine. A l'Île des Embiez, on distingue la batterie Saint- Pierre et celle du "Cougoussa", qui est, en fait , /0 "batterie des Embiers", située à /0 pointe du Rix.

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BAlTERIES

Ile des Ambiers

LES BA7TERIES MARINES

La commission en a fait le tracé sur les lieux ainsi que de l'enceinte qui doit renfermer le four à rougir les boulets (four à reverbère), avec tous les établissements qui seront couverts par la pente de la hauteur de cette colline et en a adressé le plan général.

L'élévation de la batterie de Saint-Pierre au-dessus du niveau de la surface sera de vingt-quatre mètres. Les hommes nécessaires à sa défense et à son service logent dans des bâtiments à l'intérieur de l'île.

Le poste de Saint-Pierre fournira le détachement pour la garde de la batterie des Embiers, mais les communications entre les deux batteries ont bien lieu sur un terrain malaisé et sans chemin tracé. Les communications avec les batteries du continent ("La Lauve, Rayolet, Pointe Nègre ... ") se font par mer, mais sont pratiquement impossibles par forte mer de mistral et de vent d'est pour "La Lauve". En cas pressant, les hommes peuvent communiquer du continent par le gué de l'île du Gaou."

Pour l'armement, la commission établit un état des bouches à feu qui équipaient les différentes batteries, en mettant des propositions pour chacune d'entre elles. Ainsi, pour l'île des Embiez, on peut lire:

ARMEMENT EXISTANT ARMEMENT PROPOSÉ

2 canons de 16 Ne rien changer en fer allongés

St-Pierre-des-Ambiers 1 mortier de A placer dans une 12 pouces à la Gomer batterie construite:

· 2 pièces de 24, · 2 pièces de 18, · 1 mortier de 12 pouces

à la Gomer

-

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

Ces propositions d'armement formulées par la Commission demeurent sans lendemain. Il faut dire que les préoccupations des militaires se portent d'abord sur la défense des îles d' Hyères où l'on réalise des travaux face à la menace d'invasion anglaise.

Pendant la Restauration, sous le règne de Louis XVIII, la menace est espagnole. Ordre est donné, en 1823, de mettre en état de défense les côtes du royaume, alors qu'une expédition française soutenue par l'Europe des rois absolus, excepté l'Angleterre, rétablit sur son trône Ferdinand VII d'Espagne confronté à l'opposition libérale.

Une fois encore, les dispositions d'armement qui sont arrêtées ne seront jamais mises en batterie. On se borne, en toute hâte, en 1830, de rendre opérationnel le matériel existant.

Mais, bien vite, les fonds nécessaires à l'entretien des batteries cessent d'être alloués, les troupes sont licenciées et les pièces d'artillerie réintègrent progressivement les arsenaux.

Il faut attendre l'année 1840, et une nouvelle tension dans les rapports entre la France et l'Angleterre, pour que l'on procède à un armement de sûreté des ouvrages côtiers de défense.

Toutes les batteries sont dans le plus mauvais état. Les parapets et les bâtiments tombent en ruine. Le matériel et les affûts n'ont pas été repeints depuis l'Empire.

A grand peine, on parvient à mettre derrière de mauvais épaulements, quelques mauvaises pièces de calibres trop petits et montées sur des affûts tellement mauvais que la plupart se seraient écrasés dès les premiers coups tirés.

Aussi, en 1841 , des commissions mixtes sont créées pour examiner la situation des batteries marines et le moyen de mettre les côtes à l'abri de toute insulte.

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LES BATTERIES MARINES

Une nouvelle fois ces commissions constatent l'état déplorable des ouvrages. Tous sont à refaire. Il arrive qu'on soit même obligé de prendre des informations auprès des gens du pays pour reconnaître l'emplacement où ils ont été.

Le rapport précise que: "Par sa position, l'île des Embiez maîtrise la rade du Brusc; le premier objet que doit se proposer la défense est d'en assurer la possession à la France; aussi cette île devra-t-elle être occupée par un poste permanent qui permettra de supprimer la Batterie de Coucoussa, d'une utilité d'ailleurs contestable. La commission de révision reconnaît que dans l'intérêt de la défense de cette importante position, il conviendrait de construire , plus tard, un fort sur l'île des Embiers, clé de la rade du Brusc." Le fort Saint­Pierre, nous le verrons, sera édifié une vingtaine d'années plus tard, selon une: "Instruction du ministre de la Guerre sur les tours-modèles approuvées par Napoléon" .

Ce document date de 1837. Il reprend des idées de l'Empereur adoptées en 1811 et qui préconisent que: "Les corps de garde, poudrières et bâtiments que l'on a coutume de construire pour le service des batteries de côtes, et autres petits ouvrages de fortification, soient à l'avenir, réunis et distribués d'une manière utile à la défense, en des tours voûtées et crénelées, susceptibles de servir en même temps de réduits dans l'intérieur ou à la gorge de ces ouvrages."

Parmi les différents modèles de tours conçus par le Comité central de fortifications, celle des Embiez est du type n° 1. Elle est "capable de contenir, sur la plate-forme, quatre pièces de campagne ou caronades de 24 , et dans son intérieur, un logement pour soixante hommes et les vivres nécessaires pour douze à quinze jours, ainsi que l'approvisionnement en poudre pour les bouches à feu. De semblables tours oilt été construites pour 60.000 Francs ; et, comme on le voit, elles remplacent le magasin à poudre, le corps de garde et le magasin des vivres; il Y a donc économie. Les batteries défendues par de pareilles tours se trouvent à l'abri d'un coup de main, et ne craignent point un débarquement de plusieurs milliers d' hommes qui les auraient tournées.

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

Ces batteries doivent avoir un fourneau ou un gril à rougir les boulets; mais ce fourneau ou ce gril ne doivent point être placés au centre de la batterie et en arrière des plates-formes; car c'est là que frappent tous les projectiles ennemis", ajoute le même document.

L'ÉNIGME DE LA TOUR Une "Instruction du ministre de la Guerre sur les tours­modèles approuvées par Napoléon" (1837) dresse un court descriptif de ces ouvrages. Les batteries du cap Nègre et de Saint-Pierre-des-Embiez sont toutes deux pourvues de tours du modèle nO 1 : "Elles sont voûtées, à l'épreuve de la bombe, et ont un fossé avec pont-levis et dormant.

Leur hauteur totale, depuis le fond du fossé jusqu'au dessus du mur de la plate-forme, est de 27 pieds , et seulement de 20 pieds depuis le sol des caves jusqu'au niveau de la plate-forme supérieure. Elles s'élèvent de 18 pieds au­dessus du terrain naturel.

Les caves contiennent le magasin à poudre, le magasin aux vivres, le magasin d'artillerie et la citerne. L'étage doit être habité par 60 hommes. Il est crénelé, et renferme , en outre, deux pièces de canon pour défendre la porte.

La plate-forme contient du canon: celle du nO 1 porte quatre pièces de 24 ou de 16, sur affûts de côtes. Pour défendre le pied des tours, on a adapté à la plate-forme quatre machicoulis, qui ont des créneaux latéraux destinés à tirer aux angles. Les escaliers pour communiquer à la cave, à la plate-forme et aux machicoulis, sont pratiqués dans l'épaisseur des murs."

Ce descriptif est parfaitement en adéquation avec une coupe comparative des tours-modèles du cap Nègre et de Saint-Pierre-des-Embiez.

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"Les partisans des batteries basses (ici, Saint-Pierre -des-Embiez) trouvent que leurs fellx sont plus assllrés ; qu'elles défendent mieux les approches de la côte par la facu lté qu'elles ont d'agir jusqu'au dernier moment, contre les chaloupes 011 embarcations" ("Mémoire sur la défense etl'armemelll des côtes". 1837).

On voit 011 premier plan, et en avant de la batterie. les Îlots des Deux Frères sur lesqllels avait été projetée en 18/2 . l'édification d'une chaussée fortifiée conduisant à un poste avancé sur l'Île du Petit Rouveau (Doc. collection Combie:, musée Nicephore Niepce, Châlon-sur-Saône et Edit. A. Simon).

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LES EMBIEZ , SENTINELLE AVANCÉE DU PA YS PROVENÇA L

Sur un plan daté de 1812, on distingue bien, dans les deux cas, la plate-forme crénelée qui surmonte deux niveaux voûtés et une citerne. Sur le terrain, les structures du réduit du cap Nègre correspondent bien au plan si l'on y ajoute en plus des escaliers en spirale. Ce n 'est pas le cas pour la tour Saint-Pierre-des-Embiez. Il ne possède qu 'un niveau voûté, là où est impl anté l ' ac tuel mu sée de l ' In stitut océanographique Paul Ricard. Une trappe permet d' accéder au niveau le plus bas qui paraît être occupé par une citerne. Mai s n'est-ce pas plutôt une deuxième salle qui surplomberait cette citerne, l 'ensemble ayant été remblayé, vraisemblablement à la fin du siècle dernier ? En effet, il semble peu probable que les plans de 1812 n 'aient pas été exécutés à la batterie Saint-Pierre alors qu ' ils l'ont été au cap Nègre.

Aujourd 'hui, l'énigme demeure alors que l 'on s' apprête à réaliser des fouilles afin de recueillir des informations complémentaires sur les structures du fort. Autre énigme : pour les deux réduits, la porte qui mène aux batteries se situe à l'opposé de celle qui existe réellement. Curieux, car ce n'est pas la voie la plus courte pour accéder à la batterie.

Coupes comparatives des "tours - modèles nO 1" de Saint-Pierre-des-Embiez et du cap Nègre, établies à partir de "Plans et profils" des deux réduits (1812). Dans les deux cas , la plate-forme crénelée surmonte deux niveaux voûtés et une citerne.

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Les tours de Saint-Pierre-des-Embiez et de la pointe Nègre sont des bâtiments à plan carré sur trois niveaux. La plate-forme crénelée est pourvue de bretêches, logettes qui renforcent la défense de lafaçade (Ph . CF.).

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

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"Plans et profils des batteries de St-Pierre (Île des Embiez) et /'île du Petit Raveau relatifs au projet rédigé d'après les bases passées par la Commission réunie en vertu de la lettre de S. Ex. le ministre de la Guerre du 27 mars /8/2 et de celle de S. Ex. le ministre de la Marine du 2 avril suivant".

La "ba{{erie St-Pierre" (profil du haut) a sa gorge fermée par une tour (modèle nO 1). qui fait office de magasin à poudre, de corps de garde et de magasin des vivres.

Le schéma du cel/tre présente le projet (resté sans suite) d'un poste avan cé situé sur l'Île du Petit Rouveau. et relié au continent par une chaussée fortifiée (voir aussi texte en page 34).

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Frères (a ll pre· mier plan). et l'Île du Petit Rouveau. (Ph . A. Degiovani)

LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

UN PROJET SANS SUITE Un document (*) issu du Service historique des armées de Terre (Génie), au château de Vincennes , fait état d'un projet de renforcement de la défense de la rade du Brusc de l'ouest au nord, par l'implantation d'un ouvrage sur l'île du Petit Rouveau. Ce poste avancé aurait été relié à la batterie Saint-Pierre-des-Embiez par une "chaussée fortifiée" qui se serait appuyée sur les îlots des Deux Frères. Le projet est resté sans suite et, aujourd'hui, goélands et mouettes continuent à nicher en toute quiétude sur le Rouveau.

Sur le plan documentaire et iconographique, ce document est du plus grand intérêt car il présente le profil du réduit défensif de la batterie Saint-Pierre qui est, nous l 'avons vu, une tour-modèle nO 1.

(*) Le document de la "Direction des fortifications de Toulon" est intitulé: "Plans et profils des batteries de St· Pierre (île des Embiez) et /'île du Petit Raveau. relatifs au projet rédigé d'après les bases passées par la commission réunie ell vertu de la lettre de Son Excellence le Ministre de la Guerre du 27 mars 1812 et de celle de SOli Excellence le Millistre de la Marine du 2 avril suivant,"

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LES BATTERIES MARINES

Concernant l'armement des batteries, la commission de 1841 écrivit des propositions dans le sens d'une permanence et d 'une uniformisation des pièces d 'artillerie: à savoir un canon long de 30 (164 mm) tirant des obus pleins ou des obus sphériques ou des boîtes à mitraille, un obusier de 22 cm, ces deux pièces ne dépassant pas 2200 m de portée utile; un mortier à plaque de 32 cm portant à 4000 m une bombe explosive de 89 kg.

"Contrairemen t à la fin du Premier Empire, commente Philippe Truttmann ( Il l , ces dispositions eurent largement le temps -et les moyens- de s'appliquer. A Toulon, entre la Cride et la Pointe de Péno, on ne dénombre pas moins de douze réduits de cette époque. (. . .) Le réduit de la batterie basse cap Brun est daté de 1847. C'est l'un des premiers construits d'une série dont les dernières réalisations (îles Laber, à Brest) sont datées de 1869."

Les membres de la commission chargés de faire un état d'avancement des travaux , accompagné de propositions d'armement, se rendent aux Embiez en 1853.

Au sujet des deux /DCitANCSc:mb batteries de l'île, ils notent ~VL .RICA:,R'cf dans leur rapport: "Les . travaux ne sont pas commencés, en ruine". C 'es t seulement dix ans plus tard que la construction du réduit de la batterie Saint-Pierre sera achevée, comme l'atteste le "1863" inscrit sur le fronton du bâtiment et la mention portée dans "L'Atlas des Côtes", daté de 1881 : "St Pierre des Ambiers : 1862-1863-1864 : on a construit un réduit" .

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LES EMBIEZ, SENTINELLE AVANCÉE DU PAYS PROVENÇAL

Entre temps, en 1859, une nouvelle commission mixte placée sous la présidence du maréchal Niel, est chargée de procéder à une révision de l'armement. En effet, les progrès de la métallurgie offrent la possibilité de concrétiser une idée ancienne : la fabrication de canons rayés. "La rayure hélicoïdale de l'âme du canon, explique R, Truttmann, permet de tirer, cette fois, des projectiles "oblongs", cylindro-ogivaux avec une portée et une précision jusque-là inconnues, Ainsi, l'obus qui épouse l'intérieur rayé du tube va progressivement remplacer le boulet, Le complément logique de cette invention capitale est le chargement par la culasse qui permet, avec les ceintures d'obus, l'utilisation optimale de la combustion de la poudre,"

Ainsi, les canons mis en place après 1841, doivent-ils, en usine subir l'opération de rayage des tubes. C'est le cas, dans la rade du Brusc, pour les pièces de 30 des ouvrages côtiers de la pointe du Ris, de Saint-Pierre-des-Embiez, de la pointe Nègre et de la Cride. En 1869, ces batteries sont enfin équipées, mais pour bien peu de temps,

L'activité de la Lauve et de Saint-Pierre-des-Embiez cesse le 4 avril 1877, par décision du ministre de la Guerre. Les batteries du cap Nègre et de la Cride demeurent opérationnelles provisoirement, jusqu'à ce que l'édification du fort de Six­Fours (1875-1881) permette de verrouiller l'accès de la place de Toulon par l'ouest.

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Explosion du cui­rassé "La Liber­té", à Toulon , le 25 septembre 1911. Le cuirassé "Justice" organise les secours.

ANNEXES

DU BOULET A L'OBUS Les boulets, de fonne sphérique, sont d'abord en pierre puis en fonte de fer, dans la seconde moitié du xve siècle. Ces projectiles étaient pleins et lancés par des mortiers de l'artillerie lisse. Ils pouvaient être rougis au fer avant d'être introduits dans le canon. C'est Stéphane Bathory, roi de Pologne, qui formule l'idée d'effectuer ces tirs à boulets rouges, en 1579. Mais certains affir­ment que ce procédé aurait été employé par les Arabes dès 1432. L'artillerie joue un rôle prépondérant à la bataille de Marignan (1515). Dès cette époque, le boulet est concurrencé par un projec­tile creux: l'obus. Rempli de poudre noire , et encore sphérique, il permet en explosant d'obtenir des éclats et des effets plus meurtriers.

La poudre noire était très dangerel:ise : elle a été la cause à Tou­lon, de plusieurs tragédies: le cuirassé "Le Richelieu" prit feu à quai le 29 décembre 1880; la poudrière de "Lagoubran" sauta le 6 mars 1889 (60 morts - 100 blessés; le cuirassé "Iéna" explosa le 27 mars 1907 dans un bassin de l'arsenal (110 morts - 50 bles­sés) ; le cuirassé "La Liberté" prit feu et explosa en rade le 25 septembre 1911 (624 victimes).

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ANNEXES

Grâce à des réformes, Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, pre­mier inspecteur de l'artillerie, en 1776, hisse le matériel français au premier plan en Europe. Le général Gomer apporte, nous l'avons vu, des améliorations aux mortiers.

Dans la nouvelle normalisation du matériel , les mortiers sont désignés par le calibre de leur âme en pouces, puis en centi­mètres, et non plus , par la masse en livres , du projectile. Les canons sont désignés par le poids en livres du boulet, ce qui donne approximativement la correspondance du diamètre de l'âme: les canons de 30 (livres) de la batterie Saint-Pierre-des­Embiez avaient une âme de 164 mm. Pour les mortiers et obu­siers, la référence est le pouce avec des équivalences en milli­mètres: 6 pouces/164 mm ; 8 pouces/223 mm ...

L'augmentation progressive de la puissance des canons pose avec acuité le problème du manque de stabilité et de précision d'un projectile sphérique qui glisse dans un tube lisse.

Des études permettent de montrer que la stabilité du projectile sur sa trajectoire peut être assurée en le faisant tourner sur lui-même, dans un canon rayé. L'artillerie allait ainsi, au milieu du XIXc

siècle, subir une profonde mutation.

Le cuirassé "Iéna" est détruit par une explosion dans la journée du 12 mars 1907.

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ANNEXES

BREVE HISTOIRE DE LA PRESQU'ILE SIX-FOURNAISE

OLLIOULES TOULO

o Rade

o ~BruSC

Archipel 'Cl des Embiez

cap Sicié

Une charte de l'abbaye de Saint-Victor de Marseil le, en date de 1156, définit les limites du territoire de Six-Fours dont le nom n'apparaît que vers l'an 1000.

La communauté comprenait la tota lité des presqu'îles de Sicié et de Cépet. Elle était bordée par la mer sur plus de quarante kilo­mètres et sa superficie atteignait 5 387 hectares. Son seul voisin était la communauté d'Ollioules (au nord), qui englobait alors Saint-Nazaire (Sanary-sur-Mer).

En juillet 1657, par lettres patentes du roi Louis XIV, obtenues par le Cardinal Mazarin , la communauté de La Seyne est créée. En 1950, la presqu'île de Saint-Mandrier forme une nouvelle commune.

Aujourd'hui, la superficie des communes est la suivante: Six­Fours-les-Plages : 2 658 hectares; La Seyne-sur-Mer: 2217 hectares; Saint-Mandrier: 512 hectares.

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TABLE DES MATIERES

o PRÉFACE:

Pensées d'un marin du pays, par Félix Ortolan 3

o LES FAROTS OU FEU DE GARDE

Se défendre contre l'envahisseur barbaresque.......... ............... ..... 5

- Les pilleurs d'épaves..... ........ .............. ...... .... ............................. 9

- Artillerie et coups d'arquebuse........ ................ ........ ... ...... .......... II

- La Tour Fondue des Embiez............ .......................................... 14

o LES BATTERIES MARINES

"Pour tirer vite, loin et à coup sûr contre l'agresseur" ............... 15 - Canons de terre contre canons de mer.. .. .... ........ .............. .......... 16

- Les canonniers gardes-côtes......... ........... . ............ ........... ....... .... 20

- Mortier à la Gomer. ...... ... . ... ... ... ..... ...... .... ........ ...... ........... ......... 22

- L'énigme de la tour............................................................ ........ 28

- Un projet sans suite.................................................................... 34

DAN EXES

- Du boulet à l'obus.... .................. ............................. .... .......... ..... 37

- Brève histoire de la presqu'île six-fournaise.............................. 39

L'AUTEUR REMERCIE :

- Michèle Preleur de l'Institut océanographique Paul Ricard. pour la mise à disposition de documents d·archil'es. d'une précieuse documenta­tion sur !Tle des Emhie:: :

- Pierre ChaumelOn, pour ses recherches au Serl'ice historique des Armées à Vincennes:

- Francis Creus. pour SOI/ travail de documentation et de recherches ; - La Société des Amis du Vieux Toulon.

Directeur de I ~ publication: Jean· Pierre Peyret Conccption et mise en page: Christian Frasson. Albert Degiovani . Photogravure :

Cpg (Marse ille) . Photocomposition. P.A.O. et impression: Imprimerie spéciale Ricard (M~rsei ll e). Assistance technique: Claude Ganivet Dépôt légal: avril 1992.

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L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE

PAUL RICARD L'Institut, association régie par la loi du 1" juillet 1901, a été créé à l'initiative de M. Paul Ricard, en 1966, sous le nom Observatoire de la mer. Il est devenu F onda­tion océanographique Ricard en 1979 et a pris l' appellation d'Institut océanogra-

phique Paul Ricard en 1991, à l'occasion de son XXV' anniversaire. C'est, en France, la seule association qui se consacre à la mer avec une telle ampleur. Ses activités illustrent sa vocation. Des personnalités telles que Bernard Clavel, Jean Dorst, Yves La Prairie, Jean­Marie Pérès , Haroun Tazieff appuient son action .

• ETUDIER LA MER, sa vie, sa protection contre la pollution et, plus généralement, procé­der à des recherches sur ces problèmes. Une équipe permanente de scien tifiques se consacre à la recherche fondamentale et semi-appliquée dans le domaine de la biologie, de la microbiologie et de l'écologie marines, de la pollution des eaux littorales, ainsi que de l'aquaculture, en li aison avec les autres laborato ires méditerranéens, l'Oms, l'Institut fran­çais de recherche pour l'exploi tation de la mer (Ifremer), la société Elf Aquitaine, le Labo­ratoire central des Ponts et Chaussées, EDF-Sofratome, la Compagnie des eaux et de l'ozone, le ministère de l'Environnement, l'agence de bassin Rhône-Méditerranée ...

Aux Embiez, l'Institut dispose d'un centre de recherches sur un site expérimental excep­tionnel : milieu naturel et bassins aménagés. C'est là qu'a été mis au point l " 'Inipol" de la soc iété Elf Aquitaine, retenu pour nettoyer les côtes de l'A laska après l'acc ident de 1"'Exxon Valdes", en 1989. Sa station d'aquaculture (écloserie-nurserie) a permis l'élevage de différentes espèces de poissons, principalement de loups ou bars. Les travaux sont diri­gés par Yvan Martin, sous l'autorité du Pr Nardo Vicente, responsable scientifique, qui dirige le Centre d'étude des ressources animales marines (Ceram) à la fac ulté des sciences de l' université d'Aix-Marseille III .

• I NFORM ER LES SPÉCIALISTES ET LE GRAND PUBLIC.

Depuis sa naissance, l ' Institut s 'est toujours préoccupé de communiquer le savoir acquis, de sensibili ser le public aux grands problèmes de la mer. Organisation de colloques, parti­cipation à des congrès, présentation de conférences, d 'ex positions, ouverture des aqua­riums méditerranéens et du musée océanographique aux visiteurs, voilà quelques-uns des moyens qu ' il met en oeuvre.

Des stages permettent également de recevoir des étudiants préparant des thèses, des diplômes d'ingénieur. .. D'autres stages s' adressent aux professeurs de sciences naturelles, aux aquariophiles. Des séjours pédagogiques sont proposés aux classes, du primaire et du secondaire. Au titre des expositions, il propose "Vivre avec la mer" , itinérante, élaborée avec l'architecte Jacques Rougerie.

Sa revue scientifique ("Marine Life") dispose d'un comité de rédaction et d'un comité de lecture composés de spécialistes français et étrangers . "Océanorama" propose à ses adhé­rents et au grand public des textes de qualité accessibles à tous, sur les curiosités et les découvertes du monde marin , de l'i nfin iment petit aux grandes espèces, sa gestion ration­nelle, sa protection, l'archéologie, l' hi stoire ... Son illustration fait appel aux meilleurs pho­tographes sous-marins .

• CENTRE DE RECHERCHES, AQUARrUMS, MUSÉE Ile des Embiez - 83 140 Six-Fours-les-Plages - Tél. :94.34.02.49

• ADMrNrSTRATION, PUBLICATIONS 4, rue Berthelot - 13014 Marseille - Tél.: 9 1.98 .1 2.74

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