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Les phéniciens à l'île d'Haïti et sur le continent américain : les vaisseaux d'Hiram et de Salomon au fleuve des [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Les Enfants de la Matrice-Tome 1

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Page 1: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

Les phéniciens à l'îled'Haïti et sur le

continent américain : lesvaisseaux d'Hiram et deSalomon au fleuve des

[...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Page 2: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

Onffroy de Thoron, Enrique (18..-18.. ; vicomte). Les phéniciens à l'île d'Haïti et sur le continent américain : les vaisseaux d'Hiram et de Salomon au fleuve des Amazones (Ophir,

Tarschich, Parvaïm) / par le vicomte Onffroy de Thoron (Don Enrique),.... 1889.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Page 3: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR

L'Amérique Equatoriale.

Grammaire et Dictionnaire français-kichua

Découverte de la Langue primitive encore vivante et des-

Limites du Paradis-terrestre.

Voyages triennaux des flottes d'Hiram et de Salomon, repro-

duits dans le présent ouvrage LES PHÉNICIENS A L'ILE,

D'HAÏTI, ETC.

Page 4: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

LES PHÉNICIENS

A

FILE D'HAÏTI

ET SUR

LE CONTINENT AMÉRICAIN

LES VAISSEAUX D'HIRAM ET DE SALOMON

AU FLEUVE DES AMAZONES

(OPHIR, TARSCHICH, PARVAÏM)

PAR

le Vicomte ONFFROY DE THORON

(DON ENRIQUE)

ANCIEN ÉMIR DU LIBAN(1840)

PHILOLOGUE

HISTORIOGRAPHE DE L'AMÉRIQUE

1887-1889

LOUVAIN

IMPRIMERIE DE CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR

22, RUE DE NAMUR, 22

PARIS, CHEZ L'AUTEUR, 83, AVENUE DE LA GRANDE ARMÉE

ET CHEZ TOUS LES LIBRAIRES

1889

Page 5: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

A SON EXCELLENCE MONSIEUR Ramon FERNANDEZ

ENVOYÉ EXTAORDINAIRR ET MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DU MEXIQUE.

MONSIEUR LE MINISTRE,

En faisant à Votre Excellence la dédicace de mon oeuvre « Les

Phéniciens à l'île d'Haïti et sur le Continent américain, »j'accomplis

un devoir bien naturel; puisque V. E. est, en France, le Représentant

de la République du Mexique, le plus important des États de la partie

centrale du Nouveau-Monde. En apportant les preuves que ce grand

continent, particulièrement le Mexique, eurent dans l'antiquitédes

colonies phéniciennes, je jette sur l'histoire ancienne de votre pays un

jour tout nouveau, avec la conviction, que si les historiens de l'Amérique

adoptaient la méthode que je mets en pratique, ils feraient dissiper les

ténèbres qui enveloppent encore les traditions et les origines des migra-

tions orientales qui, depuis les temps préhistoriques jusque dans le

Moyen-âge, se sont succédées à travers l'Atlantique. L'étude de la

langue hébraïque, qui est la même quela cananéenne ou phénicienne,

m'a permis de constater, par des preuves nombreuses, les conquêtes

des phéniciens et de leurs descendants à l'île d'Haiti et au Mexique.

Mais j'ai l'honneur de dire à V. E., que mes recherches ont toujourseu

pour point de départ les traditions et que c'est par la linguistique que

je les ai confirmées.

En publiant mon livre en l'absence de V. E., qui est au Mexique, j'ai

seul laresponsabilité de son contenu. Je l'ai écrit avec la conviction.

que les Études américaines exigent la lutte contre les anti-américanistes

de parti pris, la lutte de la vérité contre l'erreur des fausses théories

Page 6: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-6-

et des mythes, la lutte duprogrès contre la résistance et la malveillance

c'est, en un mot, la lutte entre la lumière et les ténèbres. Je prie donc

V. E., quiaime tout ce

quisert à l'illustration de sa Patrie, d'être

indulgent pour les défauts de mon œuvre et den'y considérer que le

but que je me suis proposé, par le développement des preuves histo-

riques et scientifiques qui font sa force.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le

très respectueux et dévoué serviteur.

Vle Onffroy DE THORON.

Page 7: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

1

AVANT-PROPOS.

Le savant Brasseur deBourbourg,

dont la vie futtrop

courte

pour le progrèsdes sciences américaines, a fait de nombreuses

recherches et desouvrages remarquables

sur leMexique

ancien; entre autres, ilpublia

un volumeayant pour titre

« Quatre lettres sur le Mexique,. Ony

lit à lapage 367.

« Vous aurez l'OcéanAtlantique devant vous. Ne

craignez

rien. Traversez-le avec M. Onffroy de Thoron. Ce savant avait

pressenti que mes explorationssur le continent américain

produiraientdes résultats heureux au point de vue de la lin-

guistique, de l'histoire et de lagéographie

du Nouveau-Monde.

En effet, dans un écritpublié

à Genève en 1869, sous les

auspicesde la Société géographique de cette ville, j'attirai

l'attention des savants par ma découverte desVoyages trien-

naux des flottes de Salomon et d'Hiram au fleuve des Ama-

zones et dont tous les marins étaient phéniciens. Là se

trouvent les régions d'Ophir,de Tarschich et de Parvaïm; et

les Phéniciens en tirèrent degrandes richesses. Il n'existe

aujourd'hui aucunexemplaire

de cette intéressante publication

Page 8: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

8

et, comme elle est très demandée, ily

aura lieu d'en faire une

réédition qui sera considérablement augmentée et améliorée,

parsuite de documents nouveaux et

d'investigations faites dans

mon derniervoyage

au fleuve des Amazones qui, avant sa

conquête par les Portugais, portait le nom de Soliman(Salomon).

Ma seconde découverte celle de « laLangue primitive

qui, sous le nom de Kichua, est encoreparlée dans

l'Amérique

du Sud, est le fait le plus extraordinaire et inattendu qui se

soitproduit

dans lalinguistique

et l'histoire, ainsi que le

prouventmes démonstrations claires et ,précises, qui, comme

un coup de massue portéà

l'enseignement et à la science des

Michel Bréal, des Oppertet des Renan les ont étendus inertes

et muets. Dans la même année(1886), j'ai publié ma Gram-

maire et mon Dictionnaire Français-Kichua. » Cettelangue

Kichua etl'hébraïque, qui lui est très

postérieure, sont celles

quifacilitèrent mes premières découvertes aux Amazones et

plusieursautres ensuite.

L'œuvre que je publie présentement et terminée en 1887,

sous le titre «Les Phéniciens à l'île d'Haïti et sur le continent

américain,» fait connaître ma troisième découvertehistorique.

Ce travail sera comme une préface de l'histoire ancienne de

l'Amérique. Aces trois découvertesprincipales,

si Dieu prolonge

ma vieillesse, j'espère pouvoir en ajouter d'autresqui

en sont

la conséquence. Aux études américaines entreprises isolément

pardivers savants, j'apporte

donc de nouveaux éléments de

vie et l'ensemble de tous nos travaux pourra former bientôt un

brillant faisceau historique tout à la gloire du Nouveau-Monde.

Aussi, mes émules et moi, devons-nous espérerle bienveillant

concours, l'appui même, des gens éclairés, particulièrement de

ceux del'Amérique, qui portent

un intérêtpatriotique

au

Page 9: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-9-

développementdes Études américaines, comme à tout ce

qui

marche dans la voie duprogrès.

La formation d'un Comité central d'initiative pour les

recherches historiques est d'autantplus désirable, qu'il y

a

nécessité de réagircontre l'esprit hostile des anti-américanistes

et contre leparti pris

de certains professeurs réputés pour

savants,au Collège

de France même(Inscriptions (1)),

derejeter

a priori et sans examen les documents del'antiquité américaine,

dédaignantles sources de lumières nouvelles, que

le véritable

savant accueille avec satisfaction, dans l'intérêt de la science.

Mais, à côté de celui-ci, ily a le

routinier rétrograde,le vani-

teux, quicraint toute supériorité

à la sienne; ajoutantla fraude

déloyaleà l'injustice,

il s'efforce de mettre sous le boisseau les

œuvres lumineusesqui l'offusquent ou celles qui sont la

critique

de son enseignement.Mais le boisseau a des fissures d'où

s'échappela lumière celle qui se lève et brille à l'Occident

e vesperevera lux.

Notre première penséeétait de nous en tenir aux

preuves des

Phéniciens à l'île d'Haïti, mais nous reconnûmes bientôt la

nécessité de constater d'abord le passagede ce

peupleau

continent américain, à cause de certains détails que nos lecteurs

verront dans cet écrit etqui

donnentplus

de force à nos démon-

strations en ce qui regarde Haïti c'est pourquoi nous avons

interverti l'ordre naturel de l'histoire des migrations phéni-

ciennes, en signalantbrièvement celles qui

se fir ent sur le

continent américain, et en les faisant servir comme une sorte

d'introduction à celles d'Haïti, premier pointde concentration

des Phéniciens et Carthaginois, quimarchaient sous la direction

(1) Appendice C.

Page 10: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

10

de chefs, dont les noms et lesexploits

nous sont révéléspar

des documents antiques découverts auMexique. Nous tenons

en réserve, pourles

publier plus tard, d'autres documents et

des inscriptions phéniciennes gravées, que l'on a découvert et

qu'ondécouvre encore dans le Nouveau-Monde. Nous consti-

tuons donc en réalité l'histoire ancienne del'Amérique,

en

même temps quenous anéantissons les idées si fausses. que

nombre degens se sont faites sur la

navigationet les

rapports

qui ont existé entre les anciens peuplesdes deux hémisphères

que séparel'Océan

Atlantique.

Ainsi que nous l'avons faitpressentir,

nous démontrerons,

quoique sommairement, que leMexique, depuis l'époque

la'plus

reculée, avait étépartiellement

colonisépar

desémigrants

cananéens ou phéniciens. Mais, il est certain qu'avant eux, ily

existait des populations aborigènes avec lesquelles se sont

successivement confondus lespeuples qui

venaient d'Orient.

Nous nous sommes assurés que plusieurs langues américaines

contiennent duphénicien

ou hébreu, du sanscrit, dugrec,

du

celte et del'égyptien

ancien. Pourtant le plus grand nombre

des dialectes du Nouveau-Monde n'ont rien de commun avec

les langues importéeset leur

originereste inconnue. Il

n'ya

aujourd'hui aucune possibilité d'en réunir les éléments primor-

diaux de làl'obligation de renfermer nos recherches dans les

limites traditionnelles, verbales ou écrites, quinous permettent

d'esquisserl'histoire ancienne de l'Amérique et de ses îles.

Cependant, on peutla faire remonter à une source lointaine,

antédiluvienne même. C'est ce que j'ai déjà fait en 1869, en

publiantà Genève un écrit sur l'Antiquité de la navigation de

l'Océan et enprenant pour point

de départla narration de

Platon, d'après Critias, son aïeul, quiavait étudié en

Egypte.

Page 11: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

11

Cette narration embrasse non seulement des détails nombreux

sur lagrande

île Atlantide, quifut engloutie, dans le

cataclysme

diluvien mais encore, s'étendant sur ladescription

de l'immense

puissancemaritime des Atlantes, Platon raconte la formidable

invasion de cepeuple sur le sol Pélasgique

avec une armée

composée d'Atlantes et de guerriersde La Grande Terre-

ferme (Amérique)soumise à leur domination. Cette invasion fut

repoussée par les peuples qui habitaient alors le territoire qui,

parla suite des temps, devint celui des

Scythes,des

Pélasges

et des Grecs. La bataille décisive quile délivra du

jougdes

Atlantes, avant la submersion de l'Atlantide, eut lieu sur

l'emplacement qu'Athènes occupe aujourd'hui. J'ajoute que ce

fut en souvenir de cette mémorable victoire qu'Athènes eut le

nom d'Atina devenu Aténa; c'est une découverte qui m'est

personnelle etque je

dois à l'étude de lalangue Kichua, du

Pérou, laquelleest la

Langue primitive, celle-là mêmequi

se

perdità la

dispersion de Babel. Or, en Kichua, le verbe ati

est vaincre et atin a vaincu d'où le substantif féminin Atina

« la Victorieuse, nom donné à la statue et à la ville d'Athènes

c'est la même statuequi

fut honorée sous le nom de Pallas,

aussi du Kichua PallaK Vierge

ou jeune Reine, etque

les

Romainsappelèrent Minerve.

Puisque nous nommons les.

Romains, rappelons l'originede la fondation de Rome, où, d'un

coupde

pierre, Romulus tua Remus or, lapierre,

en Kichua,

est roumi et romi; c'estl'origine vraisemblable du nom de la

ville et de la déesse Roma. Romarappelle

à la fois l'homicide

de Romulus et lapierre fondamentale de Rome son étymologie

serait comme celle d'Athènes, due à la Langue primitive,»

et surlaquelle j'ai publié un ouvrage, contenant les preuves,

incontestables de l'existence d'unelangue

antédiluvienne que,

l'oncroyait perdue et

que j'ai retrouvée.

Page 12: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

Mais, passonset revenons à Platon. Celui-ci, ayant

donné la

position géographiqueet l'étendue de l'Atlantide, dont le nom

est resté à l'Océan, nous ditqu'en

arrière de cette île existent

de grandeset nombreuses îles

(les Antilles) que derrière

celles-ci est La Grande Terre ferme (Amérique). Ce quivient

d'être désigné comme Terre-ferme, dit Critias, est un vrai

continent d'une immense étendue etpour qu'on

n'en puisse

douter, Platon ajoute, que derrière cette Terre-ferme est La

Grande Mer, quede nos

jours nousappelons

le Grand-Océan.

Il résulte de ces traditionsjustifiées, que, bien des siècles avant

les Phéniciens, les deux Océans etl'Amérique avaient été connus

etfréquentés par

les Atlantes et que lesEgyptiens

en savaient

l'existence.

En cequi

concerne leMexique

etl'antiquité

de sapopulation,

ony

trouve les débrisdéjà

très rares desAztèques, qui passent

pouravoir été les ancêtres des autres

peuples.Le nom à'Jztèq

doit attirer notre attention car sonétymologie

est toute phéni-

cienne, puisque.1° az ou haz, est le dérivé de Tîfi hâzaz,

transpercer, perceravec la flèche d'où

yM azou hatz, flèche

2° teq, du verbe5?pn tâqa et tèqé, blesser, frapper,

enfoncer

ou ficher la flèche en blessant. Cepetit tableau étymologique

démontre suffisammentque Azteq est un nom

d'origine,cana-

néenne en second lieu, quece

peuple faisait usagede la flèche,

soit poursa subsistance soit pour la guerre;

et il est supposable

que, parsuite de leur

genrede vie, les

Aztèquesétaient

plutôt

nomadesque cultivateurs; niais ils durent être les

premiers

cananéens qui arrivèrent en Amérique. Dans le premier chapitre

qui suivra, nous ferons voir en suivant l'ordre des traditions,

que lesémigrations au Mexique étaient cananéennes ou

phéni-

ciennes oucarthaginoises, puisque

c'est le mêmepeuple;

mais

Page 13: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

13

au fur et à mesure qu'ellesse

rapprochentde l'ère chrétienne,

ily

a moins d'obscurité dans leur histoire et dans la marche

des évènements quise sont déroulés particulièremont dans

l'Yucatan. Quoi qu'ilen soit, sauf peut-être

lalangue tzendale,

que je considère comme phénicienne;les autres dialectes

phéni-

ciens ont été absorbéspar

leurmélange

avec ceux des nom-

breuses peupladesou tribus aborigènes du Mexique, auxquelles

s'alliaient les émigrés, qui subirent comme elles les lois fatales

de ladispersion,

causée par les invasions et lesattaques succes-

sives des nouveaux envahisseurs venant du Nord ou, par mer,

du côté de l'Est. Les émigrantsvenant du Nord, où ils avaient

été privésdu Soleil, s'affligeaient,

dans leur marche, quand ils

ne voyaient pas l'astre dujour

se lever ni l'étoile du matin;

mais dès qu'àl'aurore ils voyaient

le soleil, ils dansaient

devant lui.

On lit dans le Popol Vuh, livre sacré enlangue

Kiché(1)

Ils tournaient leurs visagesvers le ciel et ils ne savaient point

» ce qu'ils étaient venus faire si loin. Là-bas vivaient heureux

» les hommes noirs et les hommes blancs doux était lelangage

n de cespeuples

et ils étaient forts etintelligents. Mais il

ya

» despays sous le ciel et des hommes dont on ne voit

point le

» visage ils n'ontpas

de maisons, et ilsparcourent comme des

» insensés les montagnes, insultant lepays

de ces gens là. »

Le livre sacré rappelle donc l'invasion des hébreux dans le

paysdes cananéens et indique

la cause de leurexpatriation

et

pourne laisser aucun doute

qu'ilest question des orientaux, le

livre sacré dit « Ainsiparlaient

ceux de là-bas, qui voyaient

lever le soleil. »

(1) Le Kiché est mexicain et le Kichua est péruvien.

Page 14: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

14-

AVERTISSEMENT.

Dans notre oeuvre: La Langue primitive, » nous avons fait connaître

qu'après 500 ans de captivité, les Juifs n'ayant plus une langue qui leur fut

propre, adoptèrent la langue cananéenne, qui est la phénicienne c'est celle

que vulgairement.on nomme hébraïque. Ces descendants d'Héber n'avaient-

pas d'écriture et ils adoptèrent les caractères chaldéens, qu'aujourd'hui l'on

nomme caractères hébreux. Plus de 600 ans avant l'avènement du chris-

tianisme, ils ne parlaient déjà plus le phénicien qui est l'hébreu; c'est

pourquoi la véritable prononciation de ses voyelles est inconnue. Mais notre

découverte des Phéniciens à l'île d'Haïti et au Mexique avec une partie de

leur langue, nous procure leur façon de prononcer peut-être plus exactement

que la prononciation inventée par les Massoréthes de Tibériade an cinquième-

siècle de l'ère chrétienne et que les Samaritains rejetèrent. Malgré tout,.

dans notre écrit, nous avons reproduit la prononciation de la.Massore, qui

est celle des Dictionnaires hébreux, pour qu'on la puisse oomparer avec celle

d'Haïti. Quant aux consonnes du dialecte haïtien, elles sont plus douces que

celles des livres hébreux et, généralement, la consonne finale d'un mot

hébreu, surtout quand elle est aspirée ou dure, est supprimée dans le

dialecte phénicien d'Haïti.

Page 15: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

CHAPITRE I.

La Tradition.

Les antiques traditions verbales contiennent les premières

données de l'histoire des nations elles ont précédé les tradi-

tions écrites et, comme celles-ci, elles se perpétuent à travers

les âges elles rappellent, en général, les origines des peuples,

les actions héroïques de leurs guerriers, et elles nous content

des faits merveilleux qui touchent au surnaturel ou qu'elles

mêlent à des fictions contraires à la raison elles nous trans-

mettent, avec les souvenirs cosmogoniques, l'origine des divers

cultes religieux elles nous font assister aux scènes lamen-

tables et effrayantes des convulsions .du Globe enfin, nous y

trouvons les traces des migrations successives des populations,

jusqu'au delà des mers lointaines tout cela, comme on le voit,

est d'un grand intérêt historique et géographique.

Mais, si aux faits légendaires d'un peuple. se mêlent des

fables ingénieuses, grossières ou ridicules, qui les entourent

d'obscurité, le bon sens peut en faire justice en les écartant

nous voyons alors le champ d'investigation dans lequel il faut

pénétrer pour découvrir la vérité. Cette investigation nous obli-

gera toujours à l'examen du langage du peuple dont émane une

tradition et, dès ce moment, au moyen de la philologie com-

parée, on suivra partout les traces de ce peuple à sa langueil suffit donc de rattacher quelque autre langue vivante ou

morte, ayant une parenté évidente appuyée de nombreux exem-

Page 16: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

16

ples -d'identitéou d'analogie, qui puissent justifier leur com-

munauté d'origine. Par la philologie comparée, l'affinité du

langagerend probable l'affinité de la race humaine, puisqu'on

la suit dans toutes ses migrations, ses évolutions et transfor-

mations c'est alors, qu'à son tour, l'ethnologie vientprendre

rang auprèsde la philologie et en confirmer les preuves ou

les indications.

Que deproblèmes historiques contiennent les écrits des

Auteurs de l'antiquité On arrivera à les résoudre, si l'on veut

tenircompte

de leurs indications et chercher ce qu'il ya de

vrai dans la tradition. Pour reconstituer l'histoire d'unpeuple,

il faut remonter à son origine barbare, si cela se peut;car

l'écriture et lesinscriptions sont très

postérieuresà la tradition

verbale c'est pourquoi celle-ci devra être. envisagée avec

toute lapénétration

de la raison mais les résultats lesplus

importants seront obtenus au profit de l'histoire.

Quant à nous personnellement, nous devons plusieurs de

nos découverteshistoriques

à notre méthode, qui consiste à

prendre pour point dedépart la tradition verbale ou écrite; en

cela, nous n'avons fait qu'imiter l'immortel Christophe Cplomb,

qui était fort érudit etqui connaissait, non seulement par des

indications de plusieurs navigateurs,mais aussi par la tradi-

tion, l'existence dugrand continent situé à l'Ouest de l'Atlan-

tique etdésigné,par les narrateurs ou les écrivains de l'anti-

quité, qui se nomment Critias, Platon, Solon, Silène, Théopompe,

Aristote, Cicéron, Strabon, Eratosthènes, Macrobe, Mêla,.

Scylax, ./Elianus, Pline, Statius Sebosus, Posidonius, Festus

Avienus, Diodore de Sicile, Plutarque etSylla, Senèque et

d'autres encore. Parmi ces noms il, yen a dont les écrits

manquent et dont on n'aque

des fragments mais leurs nar-

rations sont rapportées par plusieurs des autres auteurs. Quoi-

qu'il en soit, Christophe Colomb avait certainement acquisla

convictionqu'au delà de l'Océan, il aborderait un continent

qui avait été connu dans les âges lesplus reculés mais il dut

Page 17: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

u

sa gloire à avoir audacieusement entrepris de reprendre à tra-

vers l'Océan, la route perdue des navigateurs de l'antiquité.La tradition est donc d'une importance capitale pour celui quise livre à des recherches historiques il y doit trouver les

premières données pour ses études. C'est dans cette voie quenous marchons.

En effet, si nous suivons Christophe Colomb à l'île d'Haïti,

au temps de sa découverte, nous y trouvons les traditions des

Caraïbes insulaires ils racontaient aux missionnaires espa-

gnols, qu'anciennement un peuple venu par mer du côté de

l'Est, avait pris possession de l'île; mais que postérieurement,une armée de Caraïbes venue de la Terre-ferme, massacra les

premiers possesseurs d'Haïti, à la réserve des femmes qui furent

épargnées. Il y a là une double tradition historique celle d'un

peuple venu de l'Orient et celle des fenames échappées au mas-

sacre. Or, les missionnaires espagnols supposaient que ces

navigateurs venus très anciennement de l'Est, ne pouvaientêtre que des Phéniciens ou des Carthaginois mais ils ne firent

aucune recherche pour établir leur opinion et, jusqu'à ce jour,

personne n'a eu la pensée d'examiner cette tradition car, nous

pourrions. nommer jusqu'à des américanistes, qui regardentcomme chimérique, non seulement l'origine, mais aussi l'émi-

gration phénicienne ou carthaginoise dans l'Amérique ou dans

ses îles. L'origine des premiers Haïtiens méritait pourtant des

recherches et, c'est pour les faire sérieusement que je me suis

emparé des traditions verbales des caraïbes. Considérant sur-

tout celle qui consiste en la préservation des femmes épargnéesdans le massacre, ces femmes, me suis-je dit, ont dû intro-

duire leur langage dans celui des nouveaux conquérantes.Pour résoudre le problème de la double tradition des insulaires

d'Haïti, il suffisait donc d'étudier un peu leur langue et d'ychercher si l'hébreu, qui est le phénicien, s'y trouvait mêlé.

J'ai été naturellement conduit à lire les écrits des espagnols

qui ont participé ou assisté à la découverte et aux conquêtes

Page 18: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

18

de l'Amérique j'aidû ensuite consulter les narrations de leurs

successeurs jusqu'àla

prisede possession d'Haïti par

la France,

afin d'en.retirer les termes de la langue caraïbe de cette île et

quiest aussi connue sous le nom de Taino. Les œuvres de

Fernando Colomb, de PetrusMartyr d'Anghiera,

de Navar-

re'te, de Barcia, de Gonz. Hernando de Oviedo y Valdes,

de Herrera, de Ramusio, d'Acosta, de Lopez Gomara, de

Nunez de la Vega,de Gregorio Garcia,.d'Ordonez, de Cabrera,

de Romain Pane, de Bezoni et, en derrnier lieu, celles de

Raymond Breton, de Robertson, de Jean Mocquet,,de Char-

levoix et de Carl Martius etc. m'ont passésous les

yeuxde

quelquesuns de ces auteurs, ayant

extrait les mots caraïbes

qui s'y trouvent, j'ai pules comparer

à lalangue hébraïque

ouphénicienne.

Mon succès a été complet, puisquele taino

épurédu caraïbe vulgaire,

est un dialecte phénicien,ainsi

qu'onle verra dans mes démonstrations philologiques.

Pour

cette tâche sipénible, j'ai

dû me contenter des rares documents

que possèdentnos

bibliothèques françaises. C'est donc trois

cent quatre vingt quinze ansaprès

la découverte des Antilles,

qu'il m'était réservé de confirmer et d'affirmer ces traditions

etd'entreprendre

l'oeuvre historique qu'aujourd'hui jelivre à la

publicitésous ce titre Les Phéniciens à l'île d'Haïti et sur

le continent américain. » Je la livre aux méditations des érudits

quicherchent à reconstituer l'histoire des peuples

de l'anti-

quitéils reconnaîtront

qu'onne doit

pas a priori, rejeter

sans examen, les traditions des sauvagesmêmes et

quel'on

doit, d'où qu'elles viennent, en faireprofit pour

l'histoire.

Les coloniesphéniciennes

en Numidie et le long de la côte

occidentale de l'Afrique, remontent à 1490 ans avant l'ère

chrétienne c'est vers cette époque queles Cananéens (Phéni-

ciens) maltraités ou expulsés par Josué, s'embarquaient pour

le littoral africain. Tangerfut un de leurs points

de débarque-

ment carProcope (Vandal.

1.II) rapporte que

de son temps

(vie siècle)on

voyaitencore près

de cette ville deux stèles de

Page 19: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

19

pierre, dont les inscriptions gravées marquaient que là étaient

les peuples que Josué, fils de Noun, avait fait fuir de leur

pays.Salluste

(guerresde

Jugurtha)dit

qu'il a tiré des archives

des rois de Numidie lerenseignement suivant « Que les Phé-

niciens chassés de leur patrie, étaient venus établir des colo-

nies sur les côtesd'Afrique

où ils bâtirent des villes. » Leurs

descendants les Carthaginois, fondèrent aussiplusieurs villes

sur lesrivages

de laLybie

du côté de l'Océan et l'amiral car-

thaginois Hannon, 800 ans avant J.-C.embarqua sur soixante

navires, trente-mille personnes des deux sexes, pourservir à

la fondation de ces villes. Situées près de la mer, leurspopu-

lations, imitant leurs ancêtres les Phéniciens, durent aller

s'établir aux Antilles et sur le continent américain car pen-

dant les guerres puniques elles disparurent complètement de la

côte africaine. Notre opinion trouve unappui dans les écrits du

P. F. de Cabrera (de Guatemala)car il assure

que les Cartha-

ginois fondèrent enAmérique une colonie pendant la

première

guerre punique. D'après Ordonez, les Tzéquils qui suivirent

l'émigration des Shans, étaient de racecarthaginoise. La fon-

dation de Carthage par Didon, princesse tyrienne, avait eii

lieu entre 984 et 884 ans avant l'ère chrétienne et l'Hercule

phénicien,fils d'un

égyptien, yavait

participé (i). Pendantque

l'amiral Hannon, en 880, explorait le Sud del'Atlantique,

Pythéas naviguaitvers le Nord et aborda l'Islande, qu'alors

on nommait Thulé.

LesCarthaginois

devenus les maîtres de la mer, bloquèrent

pendanttrois siècles le détroit de Gadès (Cadix ou

Gibraltar),

pour empêcher les Grecs et lesTyrrhéniens

decommuniquer

avec l'Océan et les terres de l'Ouest où ils se réservaient un

asile assuré en cas de malheur de Carthage. Aristoté(De

mi-

rab. auscult.)dit

quele Sénat de

Carthage décréta la peine

(1) II y eut un autre Hercule des Grecs, et celui qui était l'auteur des lettres

phrygiennes. Voir notre Appendice B.

Page 20: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

de mort contre quiconque tenterait denaviguer vers le

pays

découvert au-delà del'Atlantique par les Carthaginois.

Il est hors de doute que lesTyrrhéniens

savaient l'existence

dequelque

terre à l'Ouest de l'Océan nous ne savonspoint

s'ils tentèrent des'y établir (1)

maisil parait

certainque les Grecs

avaient enAmérique

des établissements avant la fondation de

Carthage nous en avons le témoignage dans les récits engrec

de Théopômpe, reproduitsen latin

parÆlianus

(hist. 3), et

dans ceux dugénéral romain Sylla (Plutarque)

selon lepremier,

Hercule alla visiter les Grecs, chez lesMaropas; or, ceux-ci

habitaient en face de laLybie

les territoiresoccupés aujourd'hui

parles Brésiliens tandis que Sylla

conduit ce même Hercule

jusqu'àla mer

hyperboréenneou saturnienne, sur le continent

cronien, où habitaient les Grecs ily

en avait donc au Sud et

au Nord de l'Amérique (2).Pendant le blocus du détroit qui

dura trois-cents ans, les Grecs isolés au milieu des barbares

ont disparumais leur

langueest restée mêlée à des langues

américaines, ainsique

nous le constatons dans notreappendice..

Le présentécrit étant

spécialementconsacré aux Phéniciens,

nous avons voulu signaler, en passant,une tradition grecque,

qui pourrait être utiliséepour

éclaircir certains pointsde l'his-

toire primitivedes Grecs et de

l'origine de leurs divinités

inconnue à Hésiode et à Homère. Mais disons tout de suite

quela

langueKichua contient, avec leur valeur historique,

les

étymologiesdes

principalesdivinités de la Grèce.

Quant aux Phéniciens, ils s'établirent d'abord à Haïti et,

pouraller fonder des colonies ou des villes sur le continent

américain, ils passaient parl'île de Cuba dont la pointe occi-

dentale est fortrapprochée

de la Terre-ferme. Le nom de

Cubarûj:

en hébreu ouphénicien, signifie u tente, abri; ce

qui prouve que le séjour des émigrants n'yétait que provisoire.

(1) Voir l'Appendice A.

(2) Voir l'Appendice B.

Page 21: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

21

Les Carthaginois,à leur tour, suivirent les traces de leurs

prédécesseurs;à leur tête,. nous signalons un certain chef et

législateur Votan, dont on trouva auMexique. un manuscrit

en languedite tzendale et qui est un dialecte phénicien car

14 tsen, c'est la cotte de mailles, le bouclier servant àprotéger

le corps puisl'on a jjs tsan, naigravit, et brn dal ou dhal,

timuit, fugit tsendal désignait donc des guerriers prudents

et des émigrés timides et fuyards. Votan se dit descendant des

Chivim il dit qu'il est de la race des serpents qu'il est ser-

pent, parce qu'ilest Chivim. En effet chivim a son

homophone

phénicien Disc shiphim, qui signifie serpent; mais chivim est

un autre homophone pluriel de ^yi chioi ou hivi, qui est le

peupleChévéen ou Hévéen, cité dans

la Bible (1); or, selon

l'historien PetrusMartyr d'Anghiera,

lepeuple d'Haïti

portait

le nom de Chivi Votan était de la mêmeorigine, puisqu'il se

disait descendant des Chivim.

Le nom de Votan a aussi son homophone dans}n& photan

qui signifie serpent, comme shiphim d'où il résulteque

ce

personnageest doublement

serpentet

que pour ce motif il a

pour symboleécrit

l'hiéroglyphe SS qui représente deux ser-

pents déroulés et en marche car leserpent, dans sa course,

atoujours la tête haute.

L'hiéroglyphe qui symbolise la marche

de Votan sur le vieux continent, correspondau Z phénicien et

au Nain hébreu T, serpent déployé, ayant la tête haute(2).

D'après les commentateursespagnols, lorsque l'hiéroglyphe

SS

du manuscrit de Votan est couché ou horizontalcomme $

ilindique l'Amérique c'est à dire le

pays d'arrivée ou le but

duvoyage accompli. Mais remarquons qu'en hébreu T

(z) per-

mute avec le samech o(s) que celui-ci

représente leserpent

enroulé et au repos. Des observationsqui précèdent, il résulte

(1) En hébreu la lettre T\ est kh, ch ou h dur et voyelle aspirée.

(2) Philon nous enseigne que l'alphabet phénicien a été formé d'après les

mouvements du serpent on pourrait en dire autant de l'alphabet hébreu.

Page 22: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

22

que T correspondà S et

que o correspond à en ou tt: SS do

Les deux samech oo, à leur tour, prononcés sous, signifient

cheval or,le cheval était l'emblême des

Carthaginois.

Lerapprochement symbolique

de ces diverssignes est notable

etexpressif;

car ilindique que

le chévéen Votan était un chef

prépondérant chez les Carthaginois; mais son nom véritable

est resté caché sous unpseudonyme qui a la

signification de

serpent.

Votan raconte qu'ilavait- sous ses ordres dix-neuf autres

chefs, qui dirigeaientles

premiers émigrants, sous le nom de

Shan; or, en hébreu, ]ftthan est l'égal

de Shan (i) et ces deux

termes signifient « serpent» cela fait voir

que cesémigrants

étaient aussi des sectateurs du serpent.

L'emploides trois termes différents shan, shivim

(shiphim)

et votan(photan) qui sont

synonimes,servait sans doute aux

desseins dulégislateur

mexicain.

Votan dit encorequ'il

fitquatre voyages

de Valoum Votan

à Valoum Chivim et qu'en passant,il visita la demeure des

treize serpents c'est l'indication même d'Haïti, où ily

a des

cavernes dans lesquelles sont sculptées lesimages de

serpents

et il est même probable que dans la caverne sacrée, l'on entre-

tenait vivants treizeserpents. Ce nombre treize doit avoir une

signification que nous ignorons mais ces serpents vivants et

emblématiques devaient être entretenus avec soin, comme cela

se voit encoreaujourd'hui dans

quelques cantons de la Suisse,

où l'on entretient des animaux vivants qui servent d'emblèmes

à ces divers cantons. M. Brasseur deBourbourg dit

que deux

statues de boisportant, chacune un

serpent enroulé, furent

offertes àChristophe Colomb, par les indigènes, lors de son

secondvoyage aux Antilles.

Quant aupremier point de

départ de Votan pour se rendre

de laLybie

aux Antilles etqu'il nomme Valoum, nous l'avons

(1) En hébr. les lettres sh et th permutent.

Page 23: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

23

2

découvert sur une carte de Ptolémée à l'est deTanger, au

détroit de Gibraltar, est une rivière nommée. Paloun(1); sans

doute qu'auprèsde son embouchure existait un

port d'embar-

quement.En souvenir de ce

pays,Votan fonda au

Mexique la

ville de Valoum Votan M. Brasseur deBourgbourg dit qu'aux

environs de Ciudad Réal de Chiapas, il a visité degrandes

ruinesqui portent

le nom de Valoum-Votan tandisque Valoum

Chivim était une colonie d'Hévéens ou Chévéens, de ceux

mêmes qui habitaient Haïti, puisqu'au dire de PetrusMartyr

d'Anghiera, le peuple était nommé Chivi.

Enparlant

desserpents

et de leurs sectateurs, il nous révient

à la mémoire l'existence des monuments symboliques représen-

tant, en relief sur le sol leserpent,

au nord del'Afrique celui

d'Abury en Angleterre et, en Amérique, celui de l'Ohio, près

de la rivière de Brush-Creek(comté d'Adams) qui est fort

significatif; car ilfigure

un immenseserpent,

enpartie enroulé

et enpartie déroulé il est ondulant sa

gueule ouverte est en

train d'avaler une enceinte ovale, au centre delaquelle

se voit

unplus petit

tumulusoblong isolé de l'enceinte. Selon notre

manière de voir, les ondulations oureplis

ducorps du serpent,

représentent le mouvement des vagues de l'Océanqui vont

engloutir l'enceinte et l'île centrale qui sont oblongues. Ce

monument pourrait être un souvenir emblématique de l'Atlan-

tideengloutie par

la mer, ainsi que de tout autrecataclysme.

Les grandes révolutionsgéologiques des temps primitifs terro-

risaient les peuples qui, pour les conjurer, adoraient leserpent

devenu lesymbole

des convulsions ondulatoires du globe. Cela

trouve son explicationdans la

puissance du serpent considéré

comme l'arbître des destinées du Monde en effet, si nous

lisons la cosmogonie indienne, nousy voyons que Bistnou

(1) La finale hébraïque 1 n=C m, comme 1U1D satan=WOtÙ satam, adver-

aaire; il en est de même des signes du pluriel, qui sont D? im et19

in à la

fin des mots.

Page 24: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

24

descend dans les abîmes et en tire Murto(la terre) celle-ci

produisitun serpent

et une tortue Bistnou mit alors leserpent

sur le dos de la tortue et Murto(la terre)

sur le dosdu serpent

l'on comprendmaintenant la terreur

qu'inspiraitle

serpent, qui,

supportantla terre, pouvait à son gré causer les

cataclysmes

terrestres et maritimes.

D'autrepart,

les éclypses du soleil causèrenttoujours un

grand effroi aux peuples primitifs, ignorants etsuperstitieux

cela se voit encore chez lessauvages d'Amérique et chez les

canaquesdu

grand Océan, qui croientque

l'astre dujour est

dévoré par un grand serpent. Lephénomène

del'éclypse

fut

donc aussi une des causes de l'adoration duserpent en même

temps quedu soleil c'est pourquoi les cananéens adoraient le

soleil sous la figuredu

serpent et les serpents eux-mêmes,

comme le rapporteVossius. Ainsi, Votan, d'origine cananéenne,

n'estpas

le créateur du culte duserpent préhistorique, qui doit

remonter àquatre

mille ans mais il fut, dans son temps,un

sectaire del'antique

traditionreligieuse des

peuples primitifs

dont les monumentssymboliques

sont les souvenirs des convul-

sions, des destructions et des rénovations successives et

reconstitutives du Globe. Les étudesgéologiques confirment

bien que notre planète a été plusieurs fois bouleversée. Dans

les premières périodes de ces bouleversements la terre était

inhabitable pour l'espèce humaine; mais lespremières généra-

tions qui parurent, assistèrent à d'effroyables cataclysmes dont

elles ontpu

transmettre les traditions. Ces mêmes générations

d'hommes destemps préhistoriques

auraient été aussi les

témoins d'étranges phénomènes astronomiques, météoriques ou

atmosphériques telsque

ceux des ténèbres à la place dujour.

Lesgrands cataclysmes

diluviens étaient accompagnés de

ténèbres prolongées ainsi, le-déluge d'Ogygèseut une nuit de

neuf mois. AuMexique, on a la tradition d'une nuit de

vingt-

cinq années, pendant lesquellesle soleil ne paraissait que par

intervalles et la terrey

était alors couverted'épaisses vapeurs.

Page 25: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

25

Chez les Grecs ily

eut unJupiter

des ténèbres etXénophane,

nous ditPlutarque, assurait

quele soleil avait

disparu pendant

un mois entier. Dans les temps bibliques, nevoyons-nous pas

que l'Egypteaurait été

plongéedans les ténèbres

pendant trois

jourset

quece fut la neuvième plaie dont Moïse

frappales

égyptiens?Ces ténèbres étaient si

épaisses que l'on ne pouvait

çhanger de place.

Leserpent, manifestant sa

puissance effrayante, personnifia

donc le soleil et la mer. Ceserpent

devint leTyphon égyptien,

lePython

des Grecs, nomemprunté

à l'hébreu ouphénicien

peten, plur. pitonim, serpent, vipère. Chez tous lespeuples

indistinctement, le serpent personnifiait le Démon, laperversité,

la destruction et on leregardait comme étant la cause de tous

les mauxqui affligent

l'humanité.Typhon

était l'enneini d'Horus

(le soleil)et lutta contre lui mais Horus (le bon

principe)

vainquit Typhon (lemauvais

principe)et le

noya dans le lac

de Sirbon. A cetégard, Plutarque, (dans Isis et

Osiris), dit que

la défaite deTyphon signifie la retraite des eaux et la

réappa-

rition des terres.Apollon, que

l'on identifiait avec le soleil, tua

le serpent Python Ophion, le chef des démons (dans Lucien)

et dont le nom grec signifie serpent, fut vaincu par Saturne

qui chassa du ciel tous les démons. Enfin, selon les Chaldéens,

d'après Plutarque, untemps

viendraqu'Arimanius, auteur de

lapeste;

de la famine et des autres maux, sera vaincupar

Oromaze représentant le bonprincipe

c'est la doctrineque

Zoroastre répandit dans la Perse. Dans la Genèse, Eveayant

été trompée parle

serpent, Dieu le maudit et le condamna à

manger de la terre tous lesjours

de sa vie;, puis,Il lui dit que

la femme sera son ennemie et lui brisera la tête. EnEgypte,

la

verge d'Aaron se change en unserpent qui

dévore aussitôt les

ser pentsdes

magiciens égyptiens. Autemps

de Bacchus, le

serpentétait encore un

objetde terreur car, Homère raconte

que lesTyrrhéniens ayant voulu faire captif Bacchus qui était

en mer, les mats, les antennes et les rames du vaisseau se

Page 26: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

26

changèrenten

serpents et queles

Tyrrhéniens épouvantés se

jetèrentà la mer. Mais, avec le temps, l'image du serpent, loin

d'inspirerde la terreur et d'être un

génie malfaisant, devint

un emblème d'unusage

familier car les Israélites eurent un

serpentd'airain dont la vue seule guérissait la morsure des

serpents. Mercure avait deuxserpents

à son caducée et le

Tyrsede Bacchus était orné de

serpents. Quant à Votan, qui.

nous a entraîné à des citations historiques ou mythologiques,

il avoue lui-même dans son manuscritqu'il

n'estque

le troisième

Votan(photan serpent),

mais le premier qui alla au Mexique

pour y peuplerles terres et il

yaurait été

l'organisateurdu

culte duserpent.

Lorsque Certes débarqua au Mexique, leschroniqueurs

indigènesdisaient que,

dansl'antiquité, était venu dans leur

paysun peuple géant

et robuste du nom de Kinamés. Ce nom

a deux étymologies sémites 1°pp hin, cudit ferrum, il

frappe

del'épée (1), ài;l«9 inâ, il

opprime, fait violence, d'où le grec

ivoc (inos), muscle, force musculaire, etitt? ami, peuple, nation.

Les Kinamés étaient donc unpeuple robuste, redoutable et

oppresseur;2°

L'étymologie quisuit révèle peut-être l'origine

de cepeuple car, on a

i:ip> Iféni, nom dupeuple Kénite ou

Kinéen, (de race cananéenne), allié aux Madianites et vivant

au milieu des Amalécites; puis ifc? ami, nation.D'après

cette

secondeétymologie

les Kinamés étaient cananéens et leur

antiquiténe

peutaller au-delà de celle de ces derniers, qui

remonte à 2300 avant J.-C. Saül, ayantle dessein de tailler

en piècesles Amalécites, ordonna aux Kinéens de se

séparer

des Amalécites ils obéirent et, à cette occasion, ils furent

épargnés. Or, Saùlrégnait

vers l'an 1100 avant l'ère chrétienne.

Les Kinamés durent faire une émigration entre cetteépoque

et

l'an 1100 mais ily

a lieu de croireque leur première migration

était bienplus ancienne; car ils

précédèrentau Mexique

(1) Le latin fe7'rum signifie arme quelconque, tout métal.

Page 27: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

l'arrivée des Chichimèques. Ceux-ci vivaient duproduit de la

chasse, habitude qu'ils durent avoir contractée dans leurlongue

et pénible marche car, ils venaient du Nord del'Amérique,

du pars de l'ombre où ils nevoyaient pas le soleil ils avaient

donc débarqué et vécu sous le ciel brumeux des terres boréales,

et ils marchèrent vers le midi, pour y trouver un climat plus

clément etattrayant,

et la clarté du Soleil, qui leur rappelait

l'Orient. Les narrations deSahagun et.de

Torquemada se

contredisent car l'unreprésente les Chichimèques comme un

peuple barbare, tandisque:l'autre les montre comme

ayant été

lesgens les plus civilisés de l'antiquité.

Nouspartageons abso-

lument cette dernièreopinion; parce qu'elle est conforme à

l'étymologie phénicienne de Chichinzèq, ou Chichimeg, qui est

dans les. termes Qipn chachim, sapiens, magus, pérituset

yq

mag, magus, potens.On voit que ces deux substantifs ont la

même signification de sage, savant, habile et puissant ce qui

indiquebien l'état de civilisation des Chichimèques. En outre,

l'étymologiede leur nom

indique qu'il s'agit d'une tribu

asiatiquela

qualité de magus et poterzs, est celle dessages

et des hommesimportants

chez les Mèdes, les Perses, les

Babyloniens, les Chaldéens et les Phéniciens. Cela nous reporte

autemps de Salmanazar, roi des

Assyriens, qui prit Samarie,

mit encaptivité

dix tribus d'Israël etenvoya

en Judée, des.

Babyloniens pour coloniser les terres et les villes qu'avaient

possédées les Israélites ces événementss'accomplissaient

750 ans avant J.-C. L'intervalle entre lesmigrations

des.

Kinamés et desChichimèques

aurait été de 250 ans environ.

Plus tard ce fut Nabuchodonosor, 600 ans avant J.-C. qui,

avec l'armée des Chaldéens, détruisit Jérusalem. Le terme

chichim ou chachim, selon Gesenius, est chaldéen et iln'y

aurait rien d'extraordinaireque

bon nombre d'émigrantsde la

Palestinepour l'Amérique, eussent été de cette

époque puis-

qu'ils y avaient été devancés, depuis plusieurs siècles, par

d'autres peuples.

Page 28: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

28

La migration des Chichimèquesfut suivie de celle des Koloas

ou Çolhuas, peuple qui était agriculteur et dont lesoccupations

et les coutumes font connaître qu'ils avaient un certaindégré

de civilisation dans leur histoire traditionnelle, il est ditqu'ils

savaient cuire etpréparer

les viandes etqu'ils savaient travailler

lapierre. L'étymologie

de Koloa ou Kolua fera mieux révéler

leur condition sociale et leur origine c'est qu'en effet, le verbe

phénicien nb|?hold ou Kolo

signifie, rôtir, cuire, frire et te? as,

pour nte» âsâ, laborare, travailler, labourer, laboreproducere,

produire par le travail. Une autreétymologie, qui

établit aussi

la mesure de la civilisation dupeuple

Koloa ou des Koluas,

est5>b£

kola ciseler, sculpterla

pierre:-d'où

ybp koléa, sculpteur,

ciseleur, et la secondesyllabe te? as laborare, travailler, ou une

secondesyllabe on as et ottïi uas, quietem facere, sedare

popu-

lum, tranquilliser lepeuple,

le rendre stable voilà donc des

indices de civilisation.

Nous ignorons combien detemps les Chichimèques et les

Koluas vécurent en paix mais leurindépendance

fut détruite

par l'invasion des Nahuas et desToltèques, qui les refoulèrent

ou les soumirent car ce sont lesNaguas ou Nahuas qui

fondèrent définitivement la race mexicaine; leurs directeurs

religieux étaient les Toltèques, chargés de l'observance des

rites et de tout ce qui concernait le culte du paganisme.

Lephénicien yt3 naoua, être exilé, aller à l'aventure, et ?w

nâgoua, percussus plagâ divinâ, frappéd'un mal

providentiel,

sont desétymologies qui s'appliquent

bien aupeuple

Nahua

chez.lequel la religiondu

nagualisme fut établie. Les Toltèques

avaient les fonctions de sacrificateurs c'est ce que confirme

l'étymologie de leur nom, dérivé de ebn tola, pourpre,vêtu de

pourpre; et teqé, frappe, perce,enfonce l'arme. Teq peut

dériver aussi de•jjjin tâqan, fait et dispose bien de

3)?n teqal,

il soutient, pondère, établit la balance, juge, examine et délivre.

LeToltèque était donc à la fois

pontife, sacrificateur et juge.

Leurrègne dura

jusqu'à l'arrivée de Votan, quiintroduisait le

Page 29: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

29

culte du serpent et fonda des villes et des colonies auMexique.

Dans l'histoire mexicaine Votan tient une large place mais,

au tempsde sa domination, arrivèrent les Tséqils. D'après

l'étymologiede tséqil, ils étaient une secte

religieuse dtabord

le verbebps tsâqal signifie étreindre, lier, serrer d'où

tsiqelon sac mais les lettres 2 et te permutant, de tsaqal nous

avons 1°pw saq, cilice, habit monacal ou de pélerin 2° b^rt hil

ou khil, circumagi, être entouré, serré autour ducorps hil

exprimeaussi la souffrance. Les Tséqils étaient donc,vêtus

d'un sac, étroitement serré autour ducorps

c'était un cilice

qui les faisait souffrir. Ce vêtement était sans douteimposé,

comme une pénitence obligatoire à leur secte religieuse et il

aurait été tout le contraire de ce qu'ont supposéceux

qui

prétendent que le. terme tséqil provientde

l'ampleur du vête-

ment et qui disent aussi, qu'en langue tsendale, tséqil signifie

«jupon, robede dessous Or, nous venons de donner

l'étymo-

logiede tséqil et de

prouverune fois de

plus, que la ditelangue

tsendale est phénicienneou un dialecte

phénicien. Ainsi, Astèq,

Kinamé, Chichimeg, Kolhua, Toltèq,Votan

(Photan), Shivim

(Shiphim), Shan(Than), Cuba, Tsendal, Tséqil, Nahual(Nahua),

Nagual (Nagua), auxquels nousajouterons beaucoup d'autres

noms, sont bien des substantifs phéniciens très légèrement altérés

auMexique. Les nombreux faits que nous présenterons dans cet

écrit, démontreront quesi ce n'est

par ignorance, l'indifférence

des philologueset des historiens, dans la voie des recherches,

a été jusqu'ici fort grande car, avec un peu de réflexion, ils

auraient,pu,

comme nous le faisons, comparerles

langues

d'Haïti et duMexique

avec les langues sémitiques puisqueles

traditions de ces deuxpays

faisaient connaître que leurs

envahisseurs étaient venus d'Orient parmer c'est ce que

confirme Las Casas en disant qu'à l'époquede la

conquête,on

conservait encore la tradition des vingt chefs, qui avaient

débarqué deplusieurs

navires venant de l'Est, avec une nom-

breuse colonie d'étrangers, ayantà leur tête Quetzalcohuatl,

Page 30: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

30

que l'on appelait Cuthchulshan, Gugumatz ou Cuculcan, selon

le dialecte que l'onparlait. Quetzalcohûatl, comme chef des

émigrants, portait uneaigrette

deplumes, et les

indigènes

disaientque

son nomdésignait le

Serpënt orné de-plumes

vertes »

Ce personnage,en dialecte tsendal, était nommé Cathchulshan.

L'étymologie de ce nom est 1° rns cuth, Cuthéen et aussi

paysdes Cuthéens, dans le

royaumede Samarie, où Salmanasar

établit lesAssyriens

de Cutha, à laplace des Israélites qu'il

fit transférer enAssyrie (1)

2° bm chul, nom d'un descendant

de Sem, comme l'était Assur, père desAssyriens;

sa tribu

s'établitprès

du Jourdain 3° Shan en tsendal, signifie

«serpent» etcorrespond au

phénicien than}n, qui est aussi

serpent un autre termephénicien i»ï tsân, émigra, complète

l'imagedé Cutchulshan, dont la

signification est -celle d'un

émigréde Phénicie, affublé du titre de Serpent, comme Votan,

Schivim et QLietzalcohuatl; ily

a donc touteapparence qu'ils

sont le mêmepersonnage établi à

Carthage etqui passa

avec

des colons à l'île d'Haïti et plus tard auMexique,

où il fonda

d'une façon définitiveplusieurs centres de colonisation. D'Haïti,

avec ses adhérents, ilpassait par Cuba, pour aborder sans

doute aucap Catosh, la

plagela

plus orientale duYouqatan

où, bien avant lui, le législateur Zamna avaitdébarqué des

colons la tradition dit aussi que d'autresémigrés 'débarquaient

dans legolfe du

Mexique. Katosh .(chuint.)est le

phénicien

œiuri katosh, lieu de réunion, subst. du v. tun hâtashcongre-

gavit se(de populo),

d'où leparticipe katousla, réuni, assemblé.

Katosh a une prononciation voisine, qui estœil]? kâdosh, lieu

consacré.L'exposé qui précède nous révèle

déjà quele Youcatan

fut d'abordpeuplé par

des envahisseurs venus d'Orient ils

étaientphéniciens, ainsi que vont encore le confirmer les noms

suivants et les fondations de Votan.

(1) L. IV des Rois, chap. 17.

Page 31: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

31

Votan, aprèssa

prisede

possession, selon Ordonez, partagea

ses Etats en quatre et leur donna les noms .de Youqatan,

Guatemala, Toula et Nashan, se réservant le Nashan pour y

fonder lacapitale

sous ce nom et au centre d'une colonie dont

le dialecte tsendal n'est autre que du phénicien en effet

Nashan, qu'on appelaitla ville du

serpent,a son étymologie

dansT»nj

nash « serpent. et fin ttian = shan, également

serpent nc'est-à-dire le double

serpent,comme shiphim et

photan (Shivimet

Votan), qui ont unesignification identique.

Dans le dictionnaire de l'abbé Latouche, professeur d'hébreu,

il est dit que fçnjnâshan est le serpent d'airain des Israélites

car, nash signifieaussi K airain et shan ou than u

serpent

L'étymologiede Youqatan est

ttpi iouqah = fijjb louqah

(1 liquide) prétérit.duv.

njsb loqah futplacé, dressé, occupé,

jnntahn le

camp,la station, le bivouac ce fut en effet le

premierlieu

d'occupation par Votan.L'étymologie

de Guate-

mala est rwa gua, milieu, centre, XEfi temâ., pays inculte, nb

lcih, humide, ou nnb lâah, superbe. Toula a pour étymologie

bw toul être renversé, détruit, d'où leparticipe

féminin

toulah renversée, détruite ce nomindique

unpays

couvert de

ruines ce qui est conforme au dire de M. Brasseur de Bourg-

bourg, qui ya vu de

grandeset nombreuses ruines antiques,

sans avoirpu y découvrir la ville de Toula mais les indigènes,

en langue tsendale,la

désignent par le nom de Tanina,

tandis que les descendants desespagnols appellent simplement

la maison de pierreun édifice en ruine

qu'on yvoit. Tanina

est le féminin duphénicien y>yo tanin, qui signifie

aussi

serpent (Gesenius) c'est, comme on le voit, un souvenir

traditionel de l'époque' Votanide. Quant au terme Toula, il

n'appartient passeulement au lieu

désigné ci-dessus car, dans

plusieurs pays, jusqu'à l'Equateur,il

signifie tombe, sépulture,

tumulus». Il résulte de ces diverses observations, quele vrai

nom du Toula de Votan, fut, dès sonorigine, Tanina, la ville

du Serpent", commel'appellent encore les indigènes

c'est

Page 32: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-32-

bien pourquoi,comme cité, Toula est introuvable. Il

paraît

d'ailleurs, queToula ou Toulan était un lieu condamné

parle

sort; car, selon M. Brasseur de Bourbourg, une tribu du nom

de Yaqui, gens sacri ficateurs, vint se réunir aux colons de

Tulan mais elle avait un langage différent, et la confusion

des langues causa la dispersionde cette colonie.

Lacapitale

du Youqatan futMaïapan (Mayapan), de l'hébreu

itt maï, chaldéensjia maïa, eau, eau de l'Océan, n?& pane

(pan), devant, en face, de côté dans la Genèse, le Deutéronome

et les Paralipomènes, pane s'entend par ab oriente,, du côté de

l'Est cequi est exact

pour Mayapan, située dans lapartie

orientale duYouqatan

et voisine de l'Océan. Selon Cogolludo,

Mayapan aurait été fondée parun

prédécesseurde Votan, qui

se nommait Zamna. Ce nom est aussi phénicien car ûi?ï zam

signifie impétueux, sévère, redoutable; et nâh du verbennj

nahah, conduisit, transporta, commanda nâh est aussi un

termeégal à bn

nâhlprit possession, distribua, donna en

héritage. Or, d'aprèsla tradition, ce fut Zamna, chef

puissant

et redouté, qui fit à ses colons la répartitiondes terres. Il fonda

aussi la villed'Izâmâl encore le

phénicien nr> izâ, se réunit,

se rassembla, adv.ssua mâle, pleno numero, en

grand nombre.

A sa mort, Zamna fut divinisé et mis aupremier rang du

mondeastronomique

c'estpourquoi

il est aussiappelé

Itz-

Zamna, pourlui attribuer une origine céleste, en le considérant

comme une émanation d'en haut on a, en effet, le phénicien

yn itza, manavit aqua; itz est donc bien l'émanation des nués

ou la rosée.

Lacapitale de Guatémala fut Kopan, du

phénicien ïpp koup

ou hop, entourer, yt pan, .angle de mur, oun2B pané

les faces,

les dehors, l'extérieur on voit que Kopan fut une ville fortifiée,

entourée d'une muraille. Copan est appelée Chikimulapar

les

indigènes toujoursdu

phéniciencar

^prichiki

signifie sinuo-

sité, enfoncement, gorge de montagne;et ïibsfta moutah, part.

passif du v olâh, monter, d'où ascensus, pars superior,

Page 33: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

33

montée, partie haute, élevée. Enfin, pour en finir avec les villes,

disons encore que dans le district deChiapas où se trouve

aujourd'hui Ciudad-Real, exista l'ancienne ville de Goèl ou

Gowel, quiaurait été construite par Votan

étym. ifa gôi,

peuple, corpsde

population,d'où nb'tt gowèle, exsulsum turba,,

fouled'émigrés, exsules, les

émigrés migratio, émigration,

exsilium, exil. On a aussi bïô goèl, cequi

cause du dédain, de

l'aversion, ce qui est abject. Cette ville de Gowèl ou Goèl aurait

donc été le réceptacle d'unepopulation agglomérée et

peu

estimable.

Au deuxièmerang

du calendrier mexicain, dans le monde

astronomiqueou

atmosphérique,se trouve Ik, 1g ou Eg, être

symbolique, génie ou divinité du souffle, de l'air, du vent. Il

était sans doute legénie

du bon vent, le souffle favorable des

vents alises, qui conduisaient lesémigrés

à leur destination

c'estpourquoi

Votan éleva untemple

à cette divinité, dans la

vallée de Huéhuétan, et la légendedit

quece

temple fut élevé

par lapuissance du souffle de Ik. Cette légende tzendale est

expliquée par l'hébreu ou le phénicien ïilïi éghé, ighé ou

ïgh, suspirium, anhelitus, murmur, dont lessignifications

sont

haleine, souffle, vent léger et doux, autrement ditZéphyr.

Ik

ou Ig est le souffle d'en haut, celuiqui pousse le navira de

l'émigrant. Nous avons en outre le termeb^n

ikâltemple,

édifice élevé, aérien » c'est unrapprochement singulier

avec Ik

la divinitéatmosphérique et le

temple qui fut élevé en son

honneurpar

Votan. Sa fondation avait un caractère phénicien

puisque les Phéniciens rendaient un culte au vent le souffle

atmosphérique, dans leurcosmogonie, apparaît

comme Créa-

teur de la Terre ainsi, c'est sur unprincipe religieux

remon-

tant à la création du Monde, que le culte de Ik ou Ig fut fondée

Dans la Genèse des Phéniciens, transmisepar

Sankhoniaton

et Eusèbe, il est dit quele Souffle en se mêlent au Chaos, forma

le limon d'où sortirent lesreptiles etc. c'est ainsi que,

dès

l'origine des êtres, le serpentdut être le premier qui

fut l'objet

Page 34: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

34

d'un culte. Votan, en symbolisant l'émigration phénicienne,

parle

serpent,nous rappelle

le Sidonien Cadmus qui allafonder

chez les Grecs la premièrecolonie et se maria avec Hermione

mais les oracles lui avant déclaré quesa postérité était con-

damnée aux plus grandsdes malheurs, pour

nepas

les voir,

lui et Hermione semétamorphosèrent

enserpents

et émigrèrent.'

Après sa mort, Votan fut honoré sous le nom de Bôtan,

terme homophonede Vôtan ou Phôtan. Ce nom tzendal signifie

coeur, cœur dupeuple

il est aussiphénicien

carpi

bôtan, c'est pectus, viscera, intimapars,

imapectoris, cœur,

entrailles', partie intime, le fond du cœur; et, au figuré,cœur

est le fruit des entrailles, l'être aimé d'après Cicéron, viscera

est le fond de l'âme ou du cœur, l'esprit, l'affection, le souve^

nir. L'on comprend maintenant toute la valeur du titre de

• Botan ou coeur, quel'on donnait à Votan après son décès. Les

traducteurs du manuscrit tzendal, disaient que, selon la tradi-

tion, Bôtan avait la doublesignification

de cœur et de serpent;

c'est ceque

nous venons de confirmer enrapprochant

Botan

de son homophone Votan ou Photan et en faisant voir, une

fois deplus, que le tzendal Botan est.aussi

phénicien. L'appel-

lation de Botan apu

avoir sa formationprimitive

de rfû bot,

receptaculum, pars interiôr intus, réceptacle, partie intime,

l'intérieur cequi

est bien le fond du cœur, et1!j than, serpent.

Pour exprimer sa plus véritableappellation

de Coeur du

peuple»dont Botan est l'âme et le souvenir, on a le verbe

nia botpermansit, mansit, commoratus est, il demeure, habite,

subsiste avec, reste fidèle à. me ampopulo,

au peuple; or,

Botam=Botanpar l'assimilation des lettres m et n. En effet,

quand on vit avec lepeuple, qu'on

lui est fidèle, on & son

cœur, on en devient le coeur telle est l'originedu surnom

mérité de Coeur dupeuple appliqué

à Votan. L'affinité des

deuxlangues tzendale et

phénicienne.est de

plusen plus

évidente.

Pour terminer ces quelques pages, qui se rapportentau

Page 35: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

35

peuple qui parlait le tzendal, nous donnonsl'étymologie phé-

nicienne de la belle ruine du palais ou dutemple de

Palënqùé

ou Palèngué elle consiste en trois motsqui sont 1° v. &&&•

pala, mirabilis est, mirabile fecit, ingens fuit, d'oùsbfe palé,

miraculum, merveille, chose admirable, grandiose2°

]n hèn,

pulcher, pretiosus, beau, précieux;3° sa gué, superbus, inagni-

ficus, fastuosus; l'on voit que..ces trois termes sont en harmo-

nie avec le monument, merveille de l'art, magnifiqueet fas-

tueux, et que son véritable nom est Palé-hèn-gué, d'où, cou-

ramment, Palènqué.On croit que Palenqué était, dans

l'origine,

la même villeque

Nashan. Le tzendal est donc bien un dia-

lectephénicien.

Page 36: Les Enfants de la Matrice-Tome 1
Page 37: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

CHAPITRE II.

Éloignons-nousdu

Mexique et transportons-nous au nord

du continent américain c'est là, dans diverses parties des

États-Unis, quel'on a découvert et que l'on découvre encore

des monuments épigraphiques d'une authenticité réelle et dont

les inscriptions sont en caractères phéniciens leurs lettres sont

en général, un mélange desalphabets

sidonien ou càdméen, de

l'île de Théra, de laCyrénaïque,

et l'on en voit en caractères

campaniens etpuniques.

En ce qui concerne les monuments épigraphiques de l'Amé-

rique, notrepremière

observation seporte

sur unpoint essentiel,

qui est le suivant Il estprouvé par

les recherches faites

jusqu'à ce jour, que les autochthones du continent américain

ne firentjamais usage

du fer etqu'ils ignoraient l'art de le

forger. Cependant,des monuments antiques en ruine, y

laissent

voir,, que la taille de lapierre

et que la sculpture ont été

pratiquées par desgens

munis d'outils de fer ou d'acier d'où

l'on peut conclure, quedes

émigrésdu vieux continent, ayant

apporté leurs outils, ont seuls travaillé et gravé lapierre

en

Amérique. Comme, d'ailleurs, ils'y

trouve desinscriptions

phéniciennes, il faut bien admettre queles

phéniciens ont tenté

de coloniser l'Amérique, longtemps avant l'ère chrétienne.

Déjàdans les premiers siècles du christianisme', les traditions

desnavigateurs du nord de

l'Europe existaient et dans le

Page 38: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

38

Moyen-âgeon savait que

les îles Féroë, l'Islande et le Groën-

land servaient de lieux de relâche aux navires islandais,

bretons, irlandais, scandinaves et normands, quisuivaient cette

route pour se rendre au grand continent de l'Ouest, que

Plutarque nomme « Continent Cronien ».

Selon Behaim, les traditions qui se rapportentà Saint-Bran-

dan, contemporainde

Procope (vie siècle), disent que ce

Saint, en l'an 565, avait visité une île où il trouva des choses

merveilleuses. Saint-Malo et l'irlandais Cluenfert sont cités

pour avoir été aux îles Cassitérides ou des Açores qu'ancien-

nement lesphéniciens exploitaient pour leurs mines d'étain;

et l'oncroyait qu'elles étaient les îles Fortunées de la tradi-

tion plus tard, des cosmographes appelèrentaussi l'îles For-

tunées, celles des Canaries; mais elles sont réellement les

Antilles, comme nous le démontrons dans notre présent ouvrage.

Quoiqu'il en soit, les habitants des Açores, dit la tradition,

savaientqu'il y

avait à l'ouest des terres habitées car les vents

d'ouest et les courants pélagiques poussaient sur leurs rivages,

non seulement des bambous, des arbres et d'autres végétaux

étrangers, mais encore des morceaux de boissculptés

et

tailladés; ony

vit même desbarques portant

des hommes

d'une race inconnue et venant de l'ouest. Ces translations

involontaires d'américains ont étésignalées

à diversesépoques

éloignées et, à cet égard, Humbold en fait mention dans son

Histoire de la géographie (tome II); d'ailleurs, la distance des

Açores à la Nouvelle-Ecosse n'estque

de 410 lieues. Ce fut

dans l'île la plus occidentale des Açores, qu'en 1749, on

découvrit un vase rempli de monnaies phéniciennes, cathagi-

noises etcyrénaïques. Mais, les

peuples maritimes, qui prenaient

la route du nord que nous avonsindiquée, y trouvaient une

plus grande facilité de communication que par les Açores

car des îles Féroë à l'Islande, la distance n'estque

de 108 lieues

de l'Islande au Groenland, 52 lieues et du Groënland au

Labrador(en Amérique),

140 lieues.

Page 39: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

39

3

Sénèque dans son ouvrageNaturales questiones, parle de la

proximitéde l'Espagne

et des terres occidentales et de la

facilité de fàire la traversée en peu de jours, si le navire est

bien poussé parle vent. Strabon signale deux terres habitées

à l'ouest. Cicéron est plus explicite (édit. Schütz, t. XVI, ch. II,

p. 98)car il dit que ces deux terres habitées sont, l'une

avstrale et l'autre boréale(Amérique

du sud etAmérique

du

nord).Ces narrations constatent donc

que l'Amérique était

anciennement connue etqu'on y allait par la route directe vers

l'ouest etpar

la route du nord en faisant des escales. Dans les

temps plus rapprochésde nous, comme en l'an 730 de notre

ère, les Danois s'emparèrentde l'Islande, eut des

religieux s'y

établirent, ainsi qu'aux îles Féroë et au Groënland, pour y

prêcherle christianisme. Le livre du moine irlandais Dicuil,

publiéen 825, sous le titre Dicuili de mensurâ orbis terrœ et

traduit en 1814 par Letronne, constate qu'en 795, ily

avait

des prêtreschrétiens établis en Islande.

Après les Danois ce

furent les Norwégiens qui occupèrent l'Islande et, en 980, ils

colonisèrent l'ouest du Groënland, où l'on voit encore les ruines

de leurs colonies et des inscriptions runiquesdu onzième siècle.

En l'an 985, ils firent desexpéditions pour explorer l'Amérique

et l'islandaisBiarn Herjolfson y

découvrit le Vinland. Celui-ci,

.en l'an 1000, yretourna avec les Islandais Leif Ericson et Leif

Heppeni ensemble ils visitèrent le Vinland, le Helluland et le

Markland, et ils descendirentjusqu'au

41°24"' de latitude

septentrionaleoù ils hivernèrent. Erik Rauda explora les côtes

du Groenland de là, il se rendit à l'embouchure du fleuve

Saint-Laurent au Canada et, à son tour, pénétradans le Vin-

land s'yrend aussi

Bjoernen l'année de 1001 enfin, c'est en

l'an 1007 que Thorfinn Karlsefns'en fut explorer le Rhode

Island, le Helluland, le Labrador et le Markland. Adam de

Brème (hist. eccles.) dit qu'en 1035, l'archevêque Bezelinus

Abrandus, dans ses écrits, a fait mention du Vinland; il assure

que les Frisonspoussèrent

leursexplorations

dans la mer

Page 40: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

40

ténébreuse, au-delà de l'Islande etqu'ils abordèrent une terre

dont les habitants étaient d'une stature colossale. D'unepart,

les auteurs quenous avons cités plus haut, d'autre part, les

faits quenous venons de signaler, devaient être en

partie

connus de Christophe Colomb carSénèque

était né enEspagne,

et c'est de là queles modernes et les anciens allaient aux

Açores; puis,il n'est

pasdouteux

que les Islandais avaient

conservé les traditions desnavigateurs qui partaient de leurs

île pour l'Amérique.

Revenons à Thorfinn Karlsefn qui, selon les scandinaves,.

aurait visité le Massachussets etauquel le Danois Finn-

Magnusen,il

ya peu d'années, a attribué le monument de

Dighton Rock, et a considéré, comme étantrunique, l'inscrip-

tion gravée qui s'ytrouve. Nous allons

reproduireici le fac-

simile de cette inscription,en raison de son

originalitéet

pour.

démontrer, que,loin d'être

runique, elle est campano-phéni-

cienne et qu'ellen'a

puavoir

pour auteur Thorfinn-Karlsefn.

CLICHÉ DE L'INSCRIPTION DE DIGHTON ROCK.

L'inscription ci-dessus est gravée sur un blocgranitique,

situé sur la rive orientale de la rivière Tauton, dans l'État

américain deMassachusets bien

que sa surface soit unpeu

érodéepar le flot

quotidien de la marée montante, la profon-

deur des caractèresqui y

ont étégravés, les a

préservés de la

Page 41: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

41

destruction. Des outils de fer seuls ont pu lesgraver

siprofon-

dément. Sur ce monument dessignes fantaisistes servent de

cadre àl'inscription

ils n'ont jusqu'ici servi qu'à dessuppo-

sitions ridicules, les plus contradictoires et ils ne sont bons

qu'àexercer

l'imaginationdes

gens qui ont foi dans lessignes

cabalistiques nous ne lesreproduisons

doncpas. Abordant

laquestion,

nous devons faire connaîtrequ'au congrès des

Américanistes, réuni àNancy,

en 1875, l'orientaliste etphilo-

logue M. Madier-de-Montjau, communiqua une notice de

M. Gravier, de Rouen, surl'inscription de

Dighton Rock;

nous la relevons dans lecompte-rendu imprimé

de ce congrès.

Ily

est ditque

des antiquaires Danois ont cru reconnaître

dans l'inscriptionde ce monument, des caractères runiques,

se rapportantaux aventures des Scandinaves dans le Massa-

chussets, tandis qued'autres savants

y ont reconnu des carac-

tèresphéniciens

mais ils n'en ont donné aucune traduction.

Étant del'opinion

de ces derniers, pourne

point laisser s'accré-

diter une erreur des runistes, j'ai donc entrepris la tâche de

traduire d'une façon méthodiqueet

analytique cette inscription,

quiest

depuis longtemps l'objetde nombreux commentaires.

Mais faisons d'abord lacritique

duprocédé

durunologue

Da-

nois, FinnMagnusen.

Ce savant veutque

le groupe de lettres soit

transcrit en chiffres romains CXXXI ce qui, selon lui, repré-

senterait le nombre d'hommes emmenés par Thorfinn Karlsefn

dans le Vinland. Nousprouverons

son erreur. Le lecteurpeut

aussi voir sur lapoitrine

du buste les trois lettresphéniciennes

^fjffjf/m. min qui se lisent de droite àgauche

maisMagnu-

sen, lisant degauche

à droite, omet la lettre t et déclareque

n est l'abréviation de nœrœnir(nord),

et que m serait madr,

aupluriel medr ayant pour

valeurépigraphique

menn

(hommes)d'où son monogramme

msignifierait

hommes

Page 42: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

42

du nord. » A celà nous répondons, que nous faisonsemploi des

.trois lettres m In, et nousy

lisons mâlôn terme

qui désigne ce qui est stable, le lieu où l'on reste, le lieu du

repos, ce quiest inanimé, un mort (genesius); mâlôn vient du

verbe radicalyb loun, permanere, rester en

place,et dont le

prétéritet le

présentsont

]b ton ils'agit

donc d'un monument

funéraire et non des aventures de Thorfinn Karlsefn mâlôn

est l'équivalentde ici repose ou du ci-gite de nos tombeaux.

D'ailleurs, Magnusenn'a

pastenu

comptede

l'image allégo-

rique quiest à la droite du buste et

qui représenteun être

enseveli, surlequel

et à côtéduquel

on voit des larmes c'est

pourtantle motivé significatif, le déterminatif de

l'inscription.

Revenons ausystème

desmonogrammes

deMagnusen

A la droite des prétendus chiffres romains où sont les deux

lettres phéniciennes f\Q g d, il transforme ces lettres en un

monogramme M etil

yvoit le rune complexe NAM, dérivant

de nema, capere, occupare,mot convenant, dit-il, au bas alle-

mand niman et au danois nayn. Nam, dit-il encore, est souvent

employéavec land territoire par

malheur le nom de territoire

n'est pasdans l'inscription mais Magnusen l'y

mettra en

effet, lerapporteur

de la notice dit, qu'en tout cas, la valeur de

ce nom ne laisse aucun doute et l'onpeut admettre cette inter-

prétation qu'en donne Magnusen « Occupatio regionissive

territorii, terra itaoccupata sive fundus in

primi inventoris

possessio.nemredactus. Voici donc les deux lettres du mono-

gramme, qui produisent quatorze mots latins, ou lesdix-sept

français qui sont « occupation dupays

ou territoire, terre

occupée ou tombée en lapossession du découvreur ou

premier

occupant.» On voit que le rapporteur, tout comme le savant

runologue, ont su donner un beaudéveloppement

à nam;

mais, ni l'un ni l'autre n'ontsongé

à traduire le groupe phéni-

cien qanoa, quise

compose de plusieurs lettres et qu'on voit

Page 43: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

43

à côté du dit nam ils les laissent complètementdans l'oubli

ce quiest

pluscommode.

Passons à la deuxièmeligne

de l'inscription, qui se compose

de dix-septlettres phéniciennes. Magnusen y prend .les deux

lettresOR.

nouveau monogramme, que parde

rivantes,

mais bizarres déductions, il traduitpar

«territorijfâ

nobis

oceupata* etpar

^coloniœ nostrœ. » Il semble que Magnusen

n'ose aller plus loin; mais, lerapporteur

de la notice aplus

d'audace car, dit-il, une étude plus approfondienous a con-

vaincu que ces deux lettres appartiennent au mot OR F I LA A ?

nous feronsremarquer que,

dansl'inscription, la dernière lettre

à droite est croiséepar

unque

lerapporteur

esca-

mote s'en étant débarrassée, il lit le nom de Orfinn cependant

il faudrait trouver Thorfinn or, sur l'inscription,à la gauche

d'Orfinn, manque la double lettre th et l'ony

voit les deux

lettres phéniciennesil

n g; quefaire alors? rien de plus

simple pourle

rapporteur, puisquesur ces deux lettres il pose

le thau, pth phénicien et le tour est joué; par ce procédé

on obtient le nom de Thorfinn. Nous ferons remarquer qu'un

côté de la lettre g de l'inscription est figuré sur le dessin par

unpointillage, parce que

sur lapierre

du monument cette lettre

est à demi effacée, ainsique

la consonne L du motqui

est à sa

gauche mais, ces deux lettres très visibles d'ailleurs, furent

reconstituées par le Scandinave Carlo Rafn, et nous les avons

adoptées telles qu'elles nous ont été transmises.

Maintenant que lerapporteur

a trouvé lemoyen

de nous

(1) Voir le cliché.

Page 44: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

44

faire lire Thorfinn, il va en fairel'application

avec le nam de

Magnusenc'est pourquoi, prenant

nam à lapremière ligne

de l'inscription,il l'accole à Thorfinn de la deuxième ligne,

et nam Thorfinn signifient que« Les compagnons de Thorfinn

seproposèrent d'occuper cette terre après avoir accompli les

rites de prise de possession (sic)De

pareilles inventions

de lapart

d'un savant ne méritent elles pas l'admiration des

lecteurs et des philologues?Elles sont à la hauteur des traduc-

tions fantàisistes que, chaque vendredi, Messieurs Michel Bréal,

Ernest Renan, Jules Oppertet Gaston Paris, professeurs au

Collège de France et membres de l'Institut(inscriptions), lisent

gravement devant leur auditoire muet; car leurs traductions

épigraphiques n'ysont l'objet d'aucun contrôle et sont acceptées

et admises sans discussion. Pour terminer la critique des inter-

prétationsde

Magnusenet du

rapporteurde la notice, faisons

remarquer, que cinqlettres de la

première ligneet dix lettres

de la deuxième ligne n'ont pu être expliquées parces deux

savants c'est-à-dire, qu'ilsont omis la traduction de la moitié

des caractères del'inscription ce

quiest vraiment dommage

car avec les monogrammesde

Magnusenrenforcés des lettres

omises et des commentaires durapporteur

de la notice, ces

deux savants auraient pu faire la relation complètedes aven-

tures du Scandinave Thorfinn Karlsefn dans le Massachussets.

Nous neprétendons pas

conclure de cela que Thorfinn n'est

pointallé dans le Massachussets au commencement du xi" siè-

cle mais il est évident 1° Que l'inscriptionde Dighton Rock

n'est pas runique;2° Que ce n'est

pasThorfinn Karlsefn qui

agravé cette

inscriptionoù

manque jusqu'à l'orthographede

son nom, lequel d'ailleurs n'y existe point,comme je vais le

démontrerplus

loin. Un savant, M. Paul Gaffarel, croit que

le monumentépigraphique

de Dighton Rock restera uneénigme

indéchiffrable c'est uneopinion erronée car, sans trop

de

difficulté je suisparvenu

à la lire ma traduction estjustifiée

parune

analyse détaillée de chacune de ses lettres et chaque

Page 45: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

45

mot, avec -sa valeur exacte, concoure à la formation de la

phrase d'une façon correcte et rationnelle. D'ailleurs, en pu-

bliant ma critique qui est faite dans l'intérêt de l'histoire de

l'Amérique ancienne et de la science, en général, je demande

moi-même une critique juste et raisonnée de mes écrits quelle

:soit loyale et faite saris réticences ni omissions volontaires et

.que l'on ne dénature point le sens de mes paroles mais qu'à

mes traductions l'on m'oppose des traductions justifiées :.à ces

conditions, j'offre la lutte aux vrais savants, en soumettant

mes œuvres à leur examen ou à leur sagacité scientifique.

Comme on l'a vu précédemment, nous avons adapté à chaque

lettre du cliché de l'inscription phénicienne la lettre latine

.correspondant aux vingt-neuf caractères de cette inscription

.et pour faciliter le controle de notre traduction, nous faisons

:usage des caractères hébreux, afin de donner aux mots leur

valeur et leur prononciation, telles qu'elles sont dans le

dictionnaire du savant Gesenius. Ces mots au nombre de onze,

forment deux phrases, qui se lisent de droite à gauche, et dont

voici le mot-à-mot dans l'ordre de l'inscription

•• Envieux de la fortune, pour causer les ruines, il pillait en frappant

Sa vie voluptueuse s'est écoulée comme l'onde rapide.»

Cette inscription est un mélange de lettres phéniciennes est

.de plusieurs de leurs dérivées, qui sont dans l'alphabet de

Page 46: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

46

Campaniece

qui indiqueraitune

époque de transformation et

permettraitde conclure

que l'émigration dont émanel'inscrip-

tion deDighton Rock, remonte au

temps rapproché des

conquêtes d'Alexandre-le-Graud.

Analysantlettres et mots de

l'inscription,de droite à gauche,

notre premiermot est qanoa il est formée du hoph phénicien

de Théra cette même lettre fait aussipartie

del'alphabet

campanienla deuxième lettre n est aussi théraïque la troisième

o est campaniennéet se voit sur la monnaie des hébreux,

frappéeen Phénicie la quatrième lettre a est

phéniciennede

Théra. Le second mot gad est formé des deux consonnes g d

la premièreest un g phénico-araméen et la deuxième est d'

théraïque.Vient ensuite le mot gal formé de deux lettres, dont

la premièreest un g de Théra, et la seconde

1 phénicien pri-

mitif.. Le quatrième mot theth=theneth deux infinitifs du

verbe nathan dare, donner, produire,causer les deux lettres

th th ou XX sontthéraïques. Le

cinquièmemot est thop, dérivé'

du verbe radicalï|&ft thopap ferirq, percellere, frapper, blesser,

assommer, maltraiter, et qui correspond assez au sanscrit tup,

cœdere, interficere, tuer, massacrer lapremière

lettre des

thop est th de Théra et la deuxième p appartientà

l'alphabet

campanien.Le sixième mot

qui termine lapremière phrase

de

l'inscriptionest shâlal. Sa

première lettre, quiest sh, appar-

tient àl'alphabet campanien qui l'a empruntée

à l'alphabet

lycien (Asie-mineure)sa deuxième lettre est la consonne l,

de Théra, qui croise la lettre sh, campanienneet

lycienne

enfin, la troisième,lettre est aussi l; mais elle est phénicienne

archaïque.

La secondephrase

del'inscription

commence parle verbe

le-nagar, effusa est sapremière

lettre est t préfixeelle est

théraïque; sa deuxième lettre est nphénicien archaïque;

sa.

troisième est un g représenté parle

digamma cadméen cette

lettre, qui ressemble à F majuscule, fut introduite en Grèce

par Cadmus et fut enusage

chez les Éoliens la quatrième-

Page 47: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

47

lettre r dont notre Rmajuscule est la

copie, appartient aux

alphabets campanienet latin. Le deuxième mot de cette phrase

est ôneg il est formé de ocampanien,

de nthéraïque et du g

phénicien archaïque.Le mot suivant Legâl a, pour première

lettre t préfixe, qui estphénicien, pour

seconde lettre g phénico-

araméen, et pour troisième lettre 1 théraïque. Lequatrième

mot lo est une préposition préfixe,dont la fonction est de

marquer le morreent du temps; sa lettre l estphénicienne

et sa

lettre o se voit dans lesalphabets

deCampanie,

de Théra et de

Phénicie lo se lie au dernier mot de l'inscription, qui est

qal, rapide; celui-ci secompose

de deux lettres, dont la pre-

mière est q sidonien, phrygienet

étrusquede Pérouse la

deuxième lettre est dé Théra. Par cetteanalyse,

nous savons

donc la provenance de toutes les lettres de cetteinscription

et

qu'elles ne sontpas

des runes scandinaves. Sauf la lettre R

quiest latine et campanienne; elles sont toutes

phéniciennes

ou des dérivées et elles furent importées chez les Grecs par

Cadmus, quiétait Sidonien, par conséquent

de la Phénicie

c'est ainsi qu'on trouva dans l'île de Théra les alphabets phéni-

ciens et desinscriptions phéniciennes ces caractères phéni-

ciens servirent de base auxalphabets

de laCampanie

et des

Osqueset furent en

usage'dans l'ancienne Grande-Grèce. De

notre démonstration il résulte que nous avons mis à néant les

aventures des Scandinaves dans le Massachussets et l'illusion

desmonogrammes tirés de

l'inscriptionde

Dighton Rock, mais

quin'ont existé que dans le cerveau de Finn Magnusen

et de

son ingénieux interprèteM. Madier de Montjau.

En résumé, nos démonstrations probantesdu

premiercha-

pitre,ont établi

1° que les Phéniciens firent des tentatives

de colonisation au Yucatan duMexique 2° que

leursexpédi-

tions vers cetterégion

se faisaient par mer, venant de l'Est

3°que, plus tard, ces

phéniciens,suivant le littoral des Gaules,

de laGrande-Bretagne, de l'Irlande et

passant parles îles

Féroë et l'Islande, après avoir fait encore escale à l'ouest du

Page 48: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-48-

Groënland, débarquaientau nord de

l'Amérique,à la Terre

d'Ombre et brumeuse. C'est de là, que parterre leurs

émigrants

descendaient vers les régions méridionales où ils aimaient à

contemplerle Soleil, qui

leurrappelait l'Orient,- et, comme ils

le disaient naïvement, ils ne savaient ce qu'ils étaient venu

faire si loin. Enfin, dans le deuxièmechapitre,

il nous a suffi

dereproduire

le fac-similé del'inscription

deDighton Rock

de démontrerqu'elle

estphénicienne

et non runique qu'en

effet, elle est écrite avec des caractèresphéniciens

etcampa-

niens et qu'elle confirme le passage,la marche du Nord au

Sud desmigrations phéniciennes, lesquelles ont pu traîner à

leur suite d'autres fractions de peuples navigateurs ou commer-

çants. Avec les siècles, leurs familles se sont confondues dans

les populations autochthones del'Amérique qui les ont absor-

bées. Mais, comme nous l'avons démontré, leur langue, sous

le nom de tsendale, leur a survécu au Mexique, ainsi que l'his-

toire de Votan, mystérieux personnage,à la fois fondateur de

colonies et du culte duSerpent

dontl'origine

se voit dans la

cosmogonie outhéogonie phénicienne.-

En prenant le titre de

Serpent, Votanapparaît

comme un êtreprétentieux, parodiant

Cadmus, fondateur de Thèbes etqui

semétamorphosa

en

serpent.

Page 49: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

CHAPITRE III.

Les Phéniciens au fleuve des Amazones.

Dansl'Avant-propos

de ce livre, j'ai rappeléma découverte

-des«Voyages

triennaux ,des flottes de Salomon et d'Hiram

.au fleuve des Amazones. » J'ai fait connaître que, sur cette

question, mon oeuvre impriméeà Genève en 1869 étant

épuisée,

mon intention était d'en faire une réédition très amélioréepar

:suite de mes recherches dans mon dernier voyageau fleuve

des Amazones. Mais au lieu d'en faire un ouvrage spécial,

puisque jeveux démontrer

queles Phéniciens ont été en Amé-

rique,il est à

proposde

signalerdans le

présentécrit leurs

voyages auplus grand des fleuves du Nouveau-Monde. Les

marins d'Hiram, roi de Tyr, étaient effectivement des Phéni-

ciens, ainsi queles

équipages des vaisseaux de Salomon. En-

-couragé parle concours bienveillant de M. Charles Peeters,

libraire-éditeur à Louvain, je me suis décidé à faire ici l'inser-

tion de cechapitre, qui

concerne les «.Voyagestriennaux et

.d'y joindredes cartes indispensables

à mes démonstrations.

Rapportonsd'abord

quelques lignesd'un récit de Diodore

de Sicile, qui, 45 ans avant l'ère chrétienne, signalait l'Amérique

aous le nom d'île, parce qu'il en ignoraitla

configuration. Or,

voici sa narration

Elle estéloignée

de laLybie

deplusieurs journées

de

.navigation et située à l'Occident. Son sol est fertile, d'une

Page 50: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

50

grandebeauté et arrosé par des fleuves navigables. Cette

circonstance de fleuves navigablesne

peut s'appliquer qu'à un

continent, car aucune île de l'Océan n'a des fleuves navigables.

Diodore continue en disant « Ony

voit des maisons somptueu-

sement construites; or, nous savons que l'Amérique possède-

de beaux édifices en ruine et de laplus

haute antiquité.La

région montagneuse est couverte de boisépais

et d'arbres

fruitiers de toutes espèces.La chasse fournit aux habitants.

nombre d'animaux divers enfin l'airy

est si tempéré, queles

fruits des arbres et d'autres productions yviennent en abon-

dancependant presque

toute l'année. » Cette peinturedu

pays

et du climat parDiodore se

rapporteen tout point

à l'Amé-

rique équatoriale.Cet historien raconte ensuite comment les

Phéniciens découvrirent cette contrée. « Les Phéniciens, dit-il,

avaient mis à la voilepour explorer

le littoral situé au-delà

des Colonnes d'Hercule, etpendant qu'ils longeaient

la côte

de laLybie,

ils furent 'jetés pardes vents violents fort loin

dans l'Océan. Battus par la tempête pendant beaucoupde

jours,ils abordèrent enfin dans l'île dont nous avons parlé.

Ayant pris connaissance de la richesse du sol, ils communi-

quèrent leur découverte à tout le monde. C'est pourquoiles

Tyrrhéniens, puissants en naer, voulurent aussi y envoyerune

colonie, mais ils en furentempêchés par

les Carthaginois, qui

craignaient qu'un trop grand nombre de leurs concitoyens,

attiréspar

la beauté de cette île, ne désertassent leur patrie.»

Toutefois les Carthaginoisavaient été

précédésdans leurs

navigations de l'Océan parles Cares, établis dans lesCyclades

et autres îles de la Méditerranée, 1600 ans avant J.-C. et

d'où ilspartaient pour naviguer

dans l'Océan; car Diodore dit

que lesCarthaginois

suivirent dans lanavigation

les traces

des Cares dans Les mers de l'Ouest. Les Cares portaientdes

plumes à la façon des Américains; ils ont d'ailleurs laissé dans

laplus grande partie de l'Amérique

leur nom et de nombreux

souvenirsarchéologiques

ils établirent même sous le nom de

Page 51: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

51

Cara, unedynastie

de leur racequi régnait

à Quito, capitale

de l'Équateur.

On attribue aux Caras la construction des édifices et leurs

sculptures, quise voient dans

plusieurs parties del'Amérique,

ainsique les travaux dans les mines c'est d'ailleurs ce

qu'in-

dique le verbe phénicien rns cârâ creuser et orner les édifices

et tout faitsupposer que pour

travailler lapierre,

ilsportaient

avec eux des outils de fer car, on n'a jamaistrouvé en Amé-

rique de traces de la fabrication du fer tandis que le cuivre

seuly était en usage.

On sait que le culte de Belus, Bel ou Baal, était identifié

.avec celui du dieu Soleil or, en Amérique ce même culte

existait de même qu'à BabyloneBélus fut adoré; au Pérou

on adorait non seulement le Soleil, mais aussi l'Inca comme

étant le descendant du Soleil. En Amériqueon voit des monu-

mentscyclopéens

et despyramides

comme dans l'ancien monde.

Ony faisait l'étude des astres. Les costumes sacerdotaux

étaient identiquesà,ceux des

égyptienset la circoncision

y

était enusage

comme chez les Hébreux. Tout démontre donc

que les anciens peuples des deux Mondes se fréquentaient.

Enfin, n'oublions pas de faire remarquerla

proximité des

îles duCap-Vert de la côte du Brésil, et l'existence des cou-

rants équatoriaux opposés, qui facilitent la traversée entre

les deuxgrands continents, pour

l'aller et le retour ce fait

est aujourd'hui parfaitement constaté, et onpeut le vérifier

sur la carte des courants de l'Océan. Ainsi, nos citations

prouvent quedans

l'antiquité, jusqu'àla chute de

Carthage, 146

.ans avant J.-C., l'Océan avaitpresque toujours été

fréquenté,

etque l'Amérique

était connue des peuples navigateurs en

dernier lieu, quela facilité des communications a

toujours

existé entre les deux grands continents parles vents alisés et

les courants équatoriauxdont les marins phéniciens avaient

l'expérience.On comprend

désormaispourquoi

Salomon de-

manda des marins à Hirampour, envoyer

ses vaisseaux à

Page 52: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-52-

Ophiret à Tarschisch et nous allons démontrer que ces lieux-

célèbres de la Bible, ainsi que Parvaïm, se trouvaient dans-

l'intérieur du fleuve des Amazones.

David en mourant, laissa à Salomon, pourla construction

du temple, 7,000 talents d'argent et 3,000 talents d'ord'Ophir.

Le vieux roi n'avait aucun vaisseaunaviguant dans les mers.

extérieures il recevait donc l'or d'Ophir du trafic des Phéni-

ciensqui,

suivant la Bible, connaissaient toutes les mers..

Salomon, pourmettre à exécution ses

grands projets quiexi-

geaient des trésors immenses, eut recours à Hiram ilparvint

à l'intéresser à ses entreprises et à contracter avec lui une

alliance solide. La crainte d'exciter la jalouse susceptibilité-

despopulations

maritimes de la Méditerranée, fut sans doute-

le motif qui décida Salomon à faire construire à Esion Gaber,

dans la merRouge,

les vaisseaux qu'il destinait auxvoyages

d'Ophir.Hiram lui

envoyades marins

expérimentés, et, comme

on s'en convaincra plus loin, la flotted'Ophir

ne rentra jamais

dans la mer Rouge;elle doubla le cap africain, pour se

joindrez

dans l'OcéanAtlantique

à la flotte d'Hiram, quisortit de la.

Méditerranée.

La découverteque

nous avons faite de la route que suivaient.

les vaisseaux de Salomon et du roi deTyr,

à travers l'Océan

pour se rendre enAmérique, 1000 ans avant notre ère, sera

démontrée d'une façon irréfutable. Lesconjectures

ni les rai-

sonnements plus ou moins spécieux dequelques savants n'ont

pu jusqu'àce jour, arracher le voile

qui couvrait la routet

inconnue que prenaient les flottes de ces rois, et aucun d'eux

n'apu préciser

les lieuxqu'occupaient Ophir,

Parvaïm et Tar-

schisch. Cette question, qui fut souvent controversée, ne fut.

jamaisrésolue par les hommes les plus érudits

quila traitèrent,

parce que leur argumentation, loin d'avoir une base solide, ne

s'appuyait guère quesur des

hypothèses, etque

d'ailleurs elle

se trouvait enchaînée par descroyances erronées sur la navi-

gationdes anciens. Leurs recherches sur tous les

pointsde

Page 53: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-53-

l'ancien continentn'ayant

amené aucune solution vraisemblable,

nous avons suivi une marche inverse, et c'est enAmérique

même et dans sapartie

la plus ignorée que nous avons décou-

vert les lieux célèbres d'Ophir,de Parvaïm et de Tarschisch;

sur ces mêmes pointsexistent encore diverses localités

qui ont

conservé des noms hébreux, tandisque les noms des

objets

qu'en rapportaientles vaisseaux de Salomon et de son allié le

roi de Tyr, appartiennent précisément à lalangue des indi-

gènesde la région que fréquentaient ces vaisseaux or, ces

noms, de l'aveu des plus grands philologues, appartenaient à

une autre langue qu'à l'hébraïque. Nos travauxayant

abouti

à la réunion de nombreuses preuves et circonstances évidentes,

accumulées sur les lieux désignés, nous pouvons indiquerla

provenancedes

objets importésà Jérusalem, ainsi

que leurs

noms qui ont été prisdans la

languekichaca ou des Antis, et

quel'on

parleencore dans le bassin

supérieurdu fleuve des

Amazones nous en ferons d'ailleurs connaître les significations

et les étymologies exactes; quant aux localités mentionnées,

nous engageons nos lecteurs à voir leur situation sur la carte

quenous avons faite

pour quenotre démonstration soit mieux

comprise.

Commençons parfaire connaître Parvaïm. L'examen de ce

mot est important;il est, lui seul, toute une révélation. Dans

le livre II desParalipomènes, chap. III, v. 6, il est dit

que

« Salomon orna sa maison de bellespierres précieuses

etque

l'or était de Parvaïm. Ce roi se procurait donc de l'or ailleurs

qu'à'Ophir et à Tarschisch seulement. Parvaïm est une pronon-

ciation altérée de Paruim, parsuite de ce

qu'en hébreu eut

u sont la même lettre et de ce que l'iod, qui est lavoyelle i,

est souvent lue aï comme en anglais. Mais dans le texte hébreu

l'or de Paruim est écrit Zab-Paruim DiviB 2nT dans le texte

grec des Septante on litégalement Paruim, et sa version nous

donne ici complètement raison. La terminaison Ùn h^, indique

le pluriel hébreu, elle estajoutée à Parac, parce qu'il

existe

Page 54: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

54

dans le bassin supérieurdes Amazones, sur le. territoire orien-

tal du Pérou, deux rivières aurifères, l'une du nom de Paru

(Parou)l'autre de Apu-Paru le Riche ou le Grand Paru, et

quiunissent leurs eaux, vers les 10° 30' de latitude méridionale,

pourles confondre ensuite dans YUcayali, qui est un des

prin-

cipauxaffiuents des Amazones. Or, deux rivières du nom de

Paru, fontprécisément

un pluriel et donnent le Paru-im des

Hébreux. Mais ce Paruimque

nous venons dedésigner n'est

pas unique:'c'est qu'en effet, vers l'embouchure nord du fleuve

des Amazones, se trouvent les monts Paru(Parou) et une rivière

du même nom, qui descendent des grandes montagnes de Tumu-

curaqué ou Tumucumac, frontières desGuyanes françaises

et brésiliennes. Or, ces montagnes sont aurifères. Dans l'his-

toire de la conquête du fleuve des Amazonespar

lesPortugais,

on raconte qu'àleur

approchedu mont Paru, les

indigènes .y

enterrèrent unegrande quantité

d'or qu'ils possédaient. Ainsi

tout porteà croire

quela station des vaisseaux de Salomon et

d'Hiram, était auprèsde la rivière et des monts Parou et que

c'est là le véritable Paruim qui approvisionnait d'or lepalais

de Salomon. Voilà donc un des lieux bibliques indiquéet décou-

vert par nous. Si nous avons précédemment signaléles deux

rivières Paru et Apu-Paruc'est

qu'elles descendent de la pro-

vince deCarabaya, qui

est la plus aurifère du Pérou et voisine

des sources du rio Béni(des Tribus).

L'on ne doit point croire, malgré un rapprochementde noms,

quePérou vienne de Paru (Parou). L'empire des Incas

por-

tait le nom de Tahuan-tin-suyu, c'est-à-dire les quatre pays

unis. Le nom de Pérou est moderne Pizarro, abordant pour

la premièrefois cette partie du nouveau monde, arriva au

cap

Piru, situé sur lepacifique,

entre le 8° et le 9e degré de lati-

tude méridionale; il donna aupays qu'il venait de découvrir

le nom de Biru(Birou), et on en fit Piru

(Pirou)et plus tard

Pérou ces nomsfigurent

dans les manuscrits et lesimprimés

des deuxpremiers siècles qui suivirent la conquête du Pérou.

Page 55: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

55

Montésinos, l'un deschroniqueurs espagnols,

à cause de l'abon-

dance de l'or qu'on retirait du Pérou, supposa quele Pérou

pouvait être l'Ophir de la Bible. Mais nous feronsremarquer

que Ophir n'est pas sur le territoire du Pérou, mais dans les

possessions brésiliennes et colombiennes. Paru semble être

contracté de l'ancienégyptien pa-aru « la rivière » Paru

signifie«rivière» chez les

Mayorunas de la Haute-Amazone.

Quant aux rivières Paru etApu-Paru, elles limitent au Sud

,et à l'Ouest un ancienempire

du nom de Inin etqui

estaujour-

d'hui à l'étatlégendaire il est

signalé sur les cartes de

quelques missionnaires, parmi lesquelles laplus détaillée est

celle du P. Sobréviéla. En Kichua ininsignifie

il a la foi,

il estcroyant. Ainsi, l'empire d'Inin est bien

« l'empire du

.Croyant ou de la foi. Cet empire est borné au Sudpar le rio

Béni. 122 Béni est un nom hébreu et arabe, quia

pour signifi-

-cation « fils, gensde secte ou de tribu. »

Mais voici uneremarquable coïncidence se

rapportant aux

noms de Inin et de Beni c'estque

le fleuve des Amazones,

depuis l'embouchure del'Ucayali jusqu'à

celle du rioNegro,

porte encore le nom de la tribu, des Solimoens; ce n'est ni

plus ni moinsque

le nom corrompu de Salomon donné au

fleuve des Amazonespar la flotte du

grand roiqui en

prit

possessionl'hébreu

nibffisàlom ou solom

signifie « pacifique»

ajoutantà ce substantif les suffixes n, S, ou la

syllabe p, on

a les noms usités de Salomoh, Salomo et Salomon. Salomon

en arabe est Soliman. Or, les chroniqueurs de laconquête du

fleuve des Amazones rapportent, qu'à l'Ouest de la province

.de Para existait unegrande tribu du nom de Soliinan

(1), nom

.que portaitle fleuve car en

Amérique les cours d'eauprennent

(1) Le Dictionnaire géographique universel, par Piquet, écrit Soriman maisen portugais, on dit indifféremment Solimao, Solimoes, Solimoens, Sorimoes,

parce que dans les langues américaines les lettres labiales L et It s'assimilent

.constamment on peut voir ces différences dans le vocabulaire tupi, par Martius,

page 525. 4

Page 56: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

56

les noms des tribus qui les habitent. LesPortugais en ont fait.

aussi Solïmao parce qu'ils ont la coutume deremplacer l'n final

parla voyelle

o. Ne devient-ilpas de

plus enplus évident

que

la flotte de Salomon régnait en souveraine dans les eaux des

Amazones, etque

c'est ellequi fonda

l'Empire desCroyants

ou de Inin ? Cette coloniehébraïco-phénicienne eut une durée

temporaireassez long ue car les

voyages triennaux des vais-

seaux de Salomon et d'Hiram se renouvelèrentplusieurs fois

elle ne futprobablement abandonnée son sort

que sous le.

règnede Josaphat, roi de Juda, époque où les

Carthaginois

toutpuissants,

nepermettaient à aucune autre nation de sortir

de la Méditerranée. C'estpourquoi Josaphat voulut faire

par-

tir de la mer Rouge pour ces mêmesparages

une fiotteéquipée

conjointementavec Ochosias, roi d'Israël; mais une

tempête

effroyablela détruisit complètement.

Passons àOphir, lieu si vanté pour ses richesses. Nous

devons rappeler quedes

philologues ont cru pouvoir faire pré-

valoir le nom de Abiria, pouravoir été

l'Ophirde la Bible.

Mais nous porterons notre attention sur les faits suivants.

D'abord le nom de Abiria est la traduction latine du nomgrec

Sabéirialaêupia, pris dans la

géographiede Ptolémée, Liv.

Vil. chap.I. La licence du traducteur est aussi grande que

blâmable en second lieu, Sabéiria se trouvait située dans la

partie occidentale de l'Indequ'on

nommaitIndo-Scythia. Mais

il est reconnu que l'Inde, particulièrement sapartie occiclen-

tale, ne produisit jamais de l'or au commerce; tandis qu'au

contraire lesÉgyptiens

et les Arabesy apportaient leur orr

pour l'éclaanger contre des tissus de laine et de coton. Ainsi

l'hypothèse que Sabéiria futl'Ophir de la Bible tombe d'elle-

même.

M. Etienne Quatremère, dans son Mémoire sur le pays

d' Ophir (1),dit

quele nom d'Ophir est resté inconnu aux écri-

(1) Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, T. XV, 2° partie.

Page 57: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

57

vains grecset latins il réfute les

hypothèsesdes divers sa-

vants et géographes quiont traité cette question

il n'admet

point qu'Ophirait été placé

dans le GolfeArabique,

dans l'Ara-

bie-Heureuse ou dans quelque partie de l'Inde il n'admetpas

même'qu'il pûtêtre à

Ceylan,à Sumatra, à Bornéo, ou sur

d'autre pointde l'extrême Orient, par

la raison toute simple,

dit-il, queles vaisseaux de Salomon et d'Hiram mettaient trois

années à chaque voyage.Mais M. Quatremère tombe lui-même

dans l'erreur de ceux qu'il combat, puisqu'il place Ophir à

Sofalah sur la côte orientale del'Afrique.

On ne saurait ad-

mettre quela

navigationdes flottes partant de la mer Rouge

ou de la Méditerranée pour Sofalah, aurait été plus grande

quecelle des îles de l'extrême Orient les

voyages de Sofalah

n'expliqueraientdonc

pasles trois ans de

chaque absence des

vaisseaux des deux rois. Cependant,à

l'appui de sonhypothèse

M. Quatremère n'hésite pointsur les

moyensc'est ainsi

que

ne trouvant pasles

paonsen Afrique,

il veutque

les oiseaux

nommés tuhiim dans la Bible, soient desperruches

ou des

pintades. L'argumentationde M. Quatremère est donc faible

et ses hypothèsessans fondement ne donnent aucune vraisem-

blance à l'existence d'Ophirdans la contrée de Sofalah.

Pour se rendre comptede ce qu'était Ophir, il faut recher-

cher la significationde ce nom mais, avant tout, il est néces-

saire de s'assurer comment il est écrit en caractères hébreux.

Dans le chap.X du livre I, des Rois, v. 11, il se trouve écrit

en langue hébraïque de deux manières, "T'es Apir et liai»

A upir (Auphir).Dans le chap. IX des Rois, v. 28, ce nom

est écrit Aupira, féminin de Aupir. Mais Apir a aussi

droit à son féminin Apira or, nous avons hi, i ou y, eau,

rivière, dans tous les dialectes des tribus des Amazones et

Apura pour Apira d'où [-Apura, la rivière d'Apura,ou

mieux d'Apira. L'l-Apuraest un

grandaffluent des Amazones

ou du rio Soliman. Les changementsde

voyelleset leurs trans-

positionssont choses fréquentes par exemple le kichua yura

Page 58: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

58

feuillage,» fait en

basque urya; un vase, en kichua, kir au,

en chaldéen, kiura; marmite, en kichua, paila, enpersan,.

piala;en kichua l'air, huayra, fait en lapon huiro, en

géorgien

haïri, en chaldéen haiar, en syriaque oyar, engrec et en latin

aer le nom de nombre un, en kichua hue, en hindoustani hec,

en bulgare hic, en télugu hac; langue, en kichua kalu, en

mongolkélé. Ainsi, les

exemplesde

permutations et de sub-

stitutions devoyelles

n'altèrentpoint

lasignification des mots,

et rien ne s'oppose à ce que Apira ou Aupira de la Bible ne

soit venu du nom de rivièreIapura. Ce dernier nom est com-

poséde 1

qui signifie« eau

» (1)et de Apura qui est le nom de

Apira féminin de eau ou rivièred'Apir ou

d'Aupir

dont on a fait Ophir.» Ce lieu célèbre est donc trouvé et clai-

rement désigné, et, malgréune distance de 2890 ans, ce nom

n'a souffert quel'altération d'une

voyelle, Iapura au lieu de

Iapira, et cela au milieu depeuplades sauvages. Dans son

Voyageau Brésil et aux Amazones » M.

Agassiz écrit

Hy apura.

Nous venons de démontrer que, dans lechap. X

des Rois,

liv. I, l'hébreu Auphir ouOphir est Apir. Or, ce terme

appar-

tient à la langue Kichua, et les travailleurs de mines de toute la

cordillère des Andes et du bassinsupérieur des Amazones

portentle nom d'Apir ou d'Apiri et dans quelques lieux Yapiri.

Voilà donc l'origine de l'Aupir hébreu, ou de l'Ophir du texte

latin. Gesenius signale le nom de Apuro, comme enusage dans

les endroits de l'Arabie où il ya

beaucoup d'or natif. Il est évi-

dent quela désignation

de Apuro transportée chez les Arabes,

se rapprocheinfiniment de Apura. Pour

préciser davantage

le district mêmed'Ophir,

revenons à la rivière de I-Apura et

voyons-lasur la carte. Sur sa rive

gaucheest

indiquée une

(1) Dans les dialectes du bassin central des Amazones, l'eau et la rivière sont

toujours hi, hy, y, yg, ig, igh, yh, hu, u, etc. Nous devons faire observer

encore que dans l'hébreu les lettres P et PH sont représentées par le même

caractère.

Page 59: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

59

montagne, elle est aussi sur la carte du P. Fritz, autrefois

missionnaire dans cesparages(i).

M. de Lacondamine se servit

de cette carté' dans sonvoyage des Amazones, et, dans sa

Relation, il dit, en parlant de cettemontagne, qu'elle contient

une prodigieuse quantilé d'or. Il en sort la rivière rio del oro,

dont le nomindigène

est ikiari; ce nom est en hébreu ighiari,

de yiiti ighia, labor, opes, divitise, travail, richesses, et de

n ri, irrigatioc'est

précisément l'indication du travail du

lavage de l'or, aumoyen

de canaux dans lesquels on fait des

courants d'eau. Ikiari, pourrait à larigueur, être un dérivé

de l'hébreulip^ ilÚr, ce

qui estprécieux.

Le-!apura descend

des richesmontagnes

duPopayan, province

de la Colombie;

et l'un de ses affluents aurifèresporte le

nom de Masaî,

bona, les profits, richesses, ceque rapporte

le travail.

Les Hébreux donnaient le nom de Masaroth aux trésors

consacrés. Sur les cours d'eau du Iapura,existe une

grande

chute d'eau, que les espagnols nommaient « el salto grande;

mais dont le nom conservé chez les indigènes est Oacarit;

hébr.nifi oa, casus adversus, ce qui contrarie; acar, ami-

gens, conturbans, qui attriste, trouble, émeut, et rith,

féminin dei&n

riadspectus, spectaculum, visio, aspects spec-

tacle. Par cetteétymologie dont les trois termes concordent

entre eux, l'on voitl'expression de la

grande chute dont

l'aspect cause de l'émotion cette cascade est la deuxièmeque

l'on rencontre en remontant le cours' du Iapura. Au dessous

est le rio Ira hébr. rn? ira, fundavit, fundamentumposuit,

collocavitlapidem c'est

justifié par une narration de

M. Alexandre Sabattini, quia vu

près de la deuxième cascade

uneinscription gravée ayant plusieurs lignes.

M. Sabattini,

que je connaispersonnellement, est établi

depuisbien des

années au confluent des rivièresHuatiparana,

Manhana (Ma-

niana), etIapura;

iltrafique

avec lespeuplades

riveraines et il

(1) Cette carte est déposée à la Bibliothèque Impériale, à Paris.

Page 60: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

60

est le seuleuropéen ayant

accès chez les antropophages qui

occupentla partie haute du Iapura. M. Sabattini n'a

pas relevé

l'inscription qu'il m'a signalée mais il a remarqué que ses

caractères lui sont inconnus et qu'ils sont arrondis à leur base.

Le mystère d'Ophir yest

peut-être expliqué.Au dessous est le

rio Aora hebr. "nin aorài, montagnesrivière

qui vient des

montagnes. Plus bas, à la rive droite, est le rioIpo,

en kichua

rosée, pluie fine; en hébr.?\$tn ipoh, ce

quiest beau. En face

de son embouchure est la peuplade Mirana hébr. mira,

socius, amicus, ami, etttfcji nâh, sedes, domicilia hominum,

demeures d'hommes amis. En descendant, rive droite, est la

rivière Mata hébr. mata, la tribu en face, rivegauche

du Iapura est la peuplade Manacarou; hébr. nïa mana, insti-

tutus est, constitutus est, est établi, car-rouh, quietus

animo, tranquillement.Rive gauche, le rio

Arapi, qui traversé

le Mont Couppati.Le nom de

Arapiest contracté de Ara-api;

hébr.5ns; ara, médiocre, pétit, rabougri,

et i&y api, aspect

d'arbres cequi est naturel dans un sol montagneux; mais

Arapi peut-être aussi formé dei-n« âra, migrans, émigrant,

i& pi, pars, portio, partie portion émigrante.La montagne

de Couppati constitue sur le Iapura le premier rapide qu'on

rencontre en remontant la rivière depuisson embouchure

hébr. >pp coup, circuire, entourer, ifirs pati, domus, demeure

celà indique un lieu entouré d'habitations, sans doute le siège

des mines car c'est de cette montagne que sort la rivière auri-

fère d'Ikiari oud'Ighiari, signalée pour

sa très granderichesse

par Lacondamine, etque les Espagnols appelaient el

rio del

oro. Nous avons ci-dessus donné l'étymologie d'Ighiari.Des-

cendant le courant duIapura,

à droite, on arrive au rio Ca-

tuaiari, du Kichua catu, marché, hébr. "ny^ïi aiari, sylvœ,

de la forêt. Plus bas, rive droite, on atteint le rio Tanaua

hébr.•jn tan, grand serpent, selon Bochartus, et tNS âua, qui

se tord et détord. Plus bas, sur la rive gauchedébouche le

rio Ioui; hébr. Wi iou, et c. suff. ioui, trésor. Encôtoyant

la

Page 61: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

61

même rive, on trouve le rioHuapiri hu, eau, rivière, en

tupi,

et le Kichua apiri, travailleurs aux mines c'est la rivière des

mineurs.

Rive droite, R. Marimari hébr. l'a mar, c. suff. mari,

tristis, lieu triste ce terme redoubléindique, selon

l'usage

indien, le superlatif, trés triste. Rive droite, R. Miriti ou

Muriti c'est le nom d'un palmier, enlangue tupi. Rive droite,

R. Manapiri, terme contracté du Kichua mana-apiri, pas de

mineurs rivière sans travailleurs aux mines. Plus bas est

Huatiparana,canal de communication.le plus occidental entre

le Iapuraet le fleuve des Amazones étym. Hu,

entupi, eau,

..hébr. hati, delictum, délit et ledélinquant, et parana,

en tupi, rivière c'est donc la rivière du coupable. En face de

la ville de Fonteboa est un second canal de communication,

nommé Manhana(Maniana) et sur la rive

gauche duIapura,

en face de l'embouchure du Manhana, est lapeuplade

de Ma-

ripi, nomqui en indique le caractère; car l'hébreu maripi

est formé de mari, rebelle, contumace, et de ift pi, pars,

partie. Quant au rio ou canal de Manhana, sonétymologie est

dans l'hébr.nsspa

manâhrepousser, empêcher,

et nâh, la

résidence ce termesignifie

aussi contradiction. Manhana,

selon M. Sabattini, dans le dialecte des indigènes, est cequi

repousse et ils attribuent le nom de Manhana à son courant

rapide. M. Sabattini prononçait si c'est le vrai nom,

sonétymologie est rrw ania, navire; au

génitif mania,

de navire, et nâh, résidence, refuge;station

(port) Ma-

niana aurait été un lieu de station pour les navires. Le troisième

.canal de communication est le rioHuranapou étym. hu, eau,

.entupi,

hébr.m~\ rânâ, bruit, }n& pou ou fis po, in hoc loco,

,en ce lieu. A .1'Orient de ce canal est la grande embouchure

du rioI-Apura, en face des villes de

Nogueira et de Teffé

situées sur la rive droite du fleuve des Amazones où débouche

le rio Teffé.

Nousreprenons notre narration à

partirdu

Huranapou,

Page 62: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

62

parce qu'en face de son embouchure s'ouvrant dans leIapura,

commence sur lagauche de cette grande rivière, un immense-

canal, déversoir naturel, qui, pendant plusieurs degrés, court

parallèlementau rio Amazonas et l'on donne à ce déversoir

le nom deCodaya.

La lettre Cpermutant avec G, on a l'hébr.

ïTtt godâ ou yii gôda, secuit, incidit se, fractus est, irrupit,

coupa,se brisa, fit

irruption, etn; ta,

cequi exprime l'étonne-

ment d'où il résulteque

le rioGodaya doit son existence à

une grande rupture ou crevasse du sol et, en plus de son dé-

bouchéprincipal qui est le plus oriental, il

possède quatre ca-

naux de communication avec le fleuve des Amazones. Le plus

rapproché de la rivegauche du

Iapura est le rio Huanana

Hu, entupi, eau, hébr.

nssç ananâ, brumeuse. Le canal sui-

vant estCopéia ou mieux Coppéia, car, hébr.

qs cop, goulot,

goulet, et péia, entrée, ouverture. Vient ensuite le canal

Iacara. Ce nom semble êtrecorrompu àe~Jacaré, en

tupi,

crocodile mais nous luiopposons l'hébreu

rnp; üzkarah,

magnifique ettranquille. Le canal suivant est le rio

Taninga

hébr.yipn tanin, serpent(d'eau), appelé en kichuas marna yacu,.

la mère des eaux, et nw g ah, ingens, trèsgrand, énorme

or, dans cesparages amazoniques, il

ya des

serpents d'eau

qui atteignent jusqu'à vingt mètres delong. Le rio

Codayaa

donccinq sorties sur les Amazones et

par lesquelles onpeut-

pénétrer dans leIapura tandis que le

Iapura, possède à la-

rive droite trois autres sorties si l'oncompte la

grande embou--

chure de cette rivière, ony

a accèspar neuf entrées ce

qui

devait causer auxphéniciens des difficultés

pour se rencontrer-

dans un tellabyrinthe de canaux. Que le lecteur veuille bien

jeter lesyeux sur notre carte du

Iapura, ilspourront se faire-

une idée de larégion d'Ophir. Les

étymologies que nous avons

données et nos démonstrations sur leIapura nos explications

en cequi concerne les

voyages triennaux enfin ceque

nous

allons dire sur Tarschich et Parvaïm et sur les rivières-

affluents de laBasse-Amazone, pourront, nous

l'espérons,.

convaincre de la vérité de notre découverte.

Page 63: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

63

Cette série de nomsphéniciens

dans larégion

du rioIapura

et de ses divers, aboutissants, dans un centre très aurifère,

vient à l'appuide la démonstration que nous avons faite

pour

prouver que le rio I-Apura est Apira, féminin de Apir. Les

diversvoyages

triennaux des flottes combinées de Salomon et

d'Hiram, à l'exception d'un seul, ne serapportent point

à

Ophircar la Bible

enseigne que le but de leursexpéditions

était Tarschich. David, pèrede Salomon, recevait des phéni-

ciens l'or d'Ophir mais, lorsquecelui-ci eut fait construire

sa flotte à Ésion-Gaber, dans la merRouge, pour la faire sor-

tir, il demanda des marins à Hiram aveclequel

il avait fait

alliance. Hiram avait sa flotte dans la Méditerranée, à Tyr et

àJoppé (Jaffa)

et celle-ci sortant de la Méditerranée fut

rejointe parla flotte de Salomon qui doubla le cap africain

et aprèsle

voyage unique qu'ellesfirent

conjointementà Ophir,

ces flottes prirentle nom de Flotte de Tarschich. Diverses

causes semblent avoir motivé l'abandon d'Ophir. D'abord, le

nombre des embouchures conduisant dans leI-Apura, lesquelles

devaient causer des confusions dans cettenavigation fluviale;

secoudement, lè séjourdu

1-Apuraétait très-insalubre, comme

l'ont constaté les espagnols et lesportugais; troisièmement,

en explorant plus à l'ouest le cours des Amazones, les Phé-

niciens et les Hébreuxy

trouvèrentbeaucoup

d'or fin qua-

trièmement, en amont du fleuve, ils avaient un bon climat

cinquièmement,en se rapprochant

duvoisinage

des Andes,

ils tiraient de chez les Kichuas, peuple à demi-civilisé et labo-

rieux, des ressources pour leurs équipages enfin, dans cette

région du bassinsupérieur des Amazones, ils trouvaient beau-

coup d'objets queles flottes apportaient

àJoppé, pour

Jérusa-

lem, et dont les noms qui sont dans le texte.hébreu de la Bible,

appartiennent à lalangue des Kichuas, comme on le verra

plus loin.

Ladisparition des flottes de Salomon et d'Hiram, pendant

trois ans, .àchaque voyage qu'elles faisaient, se trouve à

pré-

Page 64: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

64

sent expliquée, puisqu'elles stationnaient etopéraient dans le

fleuve qui prit le nom du grand roi des Israélites. Si ceslongs

stationnements, plusieurs fois répétés,avaient eu lieu sur

quel-

que pointde l'ancien continent, l'histoire ou au moins la tradi-

tion, n'aurait pas manqué de le transmettre. Nous venons de

direqu'en

se rapprochant des Andes habitées parles Kichuas,

l'or fin était très abondant dans les rivières et nous, qui avons

passé plusieursannées dans la Haute-Amazone, nous savons

que pendant deux siècles lesespagnols y procédèrent au lavage

de l'or son abondance ne semblepoint

avoirbeaucoup dimi-

nuée car, aujourd'huidans certaines

parties que nous con-

naissons, un indien avec unplat

de bois, peut recueillir de

quaranteà soixante francs d'or fin, par heure. C'est évidem-

ment cetterégion qui

autemps

de Salomon reçut le nom de

©ffinn Tarshish(Chuint)

et dont l'étymologie est prise dans la

langue Kichua. En effet, Tarshish, vient de tari cdécouvrir,

chiclai, « recueillir l'or menu. » Les indiens appellent cette

opération chichiy. Tarshish est donc le lieu ou l'on découvre

et recueille l'or fin, parle

lavage des sables. Ce nom n'a point

sonétymologie

dans aucune autrelangue que dans le Kichua.

Pour se rendre à Tarshish, la Bible dit. quele

prophète Jonas

s'embarquaà

Joppé (Jaffa) ainsi, c'étaitpour entreprendre

lanavigation de l'Atlantique car, dans le cas contraire, il se

seraitembarqué dans la mer

Rouge.

Voici ce que dit le verset 22 duchap. X des Rois « En

mer, ily avait

pour Salomonune flotte de Tarshish, avec la

flotte d'Hiram. Une fois,, chaque trois ans,-venaient les vais-

seaux de Tarshish, apportant de l'or, del'argent,

de l'ivoire,

dessinges et des paons. Les Paralipomènes,

liv. II, ch. IX,

v. 21, confirment cesvoyages triennaux, dans les mêmes

termes.

Nous feronsremarquer que

levoyage d'Ophir,

sous Salomon,

ne luirapporta que 420 talents d'or, d'après

le chap.IX du

livl I des Rois, etque

lesParalipomènes, liv. II, chap. IX,

Page 65: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

65

v. 10, complètent ce récit en disant « Les serviteurs d'Hiram

et de Salomon, qui apportèrent l'ord'Ophir, apportèrent des

algum et despierres précieuses. » Les bois nommés

algunz

durent nécessairement être débarqués à Joppé, qui est très

prochede Jérusalem. Le

chap. X, v. 11 du liv. I des Rois dit

« Et aussi la flotte d'Hiramqui apporta

l'ord'Ophir, importa

une grande quantité d'arbres Almug et des pierres précieuses.

Nous ferons observer que dans cevoyage

les flottes alliées

rapportèrent d'Ophir deux sortes de bois, les algum et les

almug.

Si l'on résume cequ'ont

dit les commentateurs du nom de

Tarschisch, ily

en aqui ont supposé que ce nom signifiait la

mer; d'autres ont cruque

cepouvait être Tarsus, ville de la

Cilicie les uns ontdésigné Carthage et les autres Gadès

mais tous ces lieuxindiqués ne

produisaient pas d'or, pas

d'argent ni depierres précieuses, pas plus que des paons et

des singes.Il

yen a

quiont soutenu

queTarschisch ne

pou-

vait être que sur la côte des Indes orientales, ce qui est visi-

blement impossible, puisque Jonas, pour s'y rendre, loin de

s'embarquerdans la mer

Rouge, allas'embarquer

àJoppé,

et

qued'ailleurs la flotte d'Hiram sortait de la Méditerranée.

Enfin, d'autres commentateurs ont dit que Tarschisch pouvait

être unport

de la côte occidendale del'Afrique mais l'Afrique

n'a pas de paons et lesplus hardis ont admis

quece

pouvait

être une île de l'Océan. Ces derniers ontapproché

un peu plus

de la vérité, mais ils n'ont pas osé faire traverser complète-

ment l'Océan à des flottes bienéquipées, qui sortaient cepen-

dant pour accomplir desvoyages

de trois années.Indépen-

damment des preuves denavigation

desphéniciens que nous

avonsdéjà données, nous profitons de cette occasion pour rap-

peler à tous ceuxqui sont sous l'influence d'une idée aussi

erronée sur la traversée de l'Océan, qu'en 1867, des Améri-

cains l'ont franchi dans saplus grande largeur, les uns avec

un canot et d'autres sur un radeau, depuisNew-York. Or, il

Page 66: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

66

suffit de jeter les yeuxsur un

planisphère pourse convaincre

quedu Cap-Vert

au Brésil la distance est moitié de celle qui

existe entre New-York et les îlesBritanniques.

L'ensemble des faits qui se rapportent à Tarschisch le placent

autant que son nom même, dans levoisinage

des Andes, à

l'Ouestd'Ophir

et dans la partie laplus

riche du bassin des

Amazones.

Examinons maintenant quelques-unsdes noms des

objets

que rapportaient les vaisseaux de Salomon et d'Hiram de leurs

voyages triennaux car, excepté l'or, l'argent et lespierres

précieuses,connus des Hébreux avant ces

voyages,les autres

articles importésà Jérusalem

y arrivaient avec des noms ap-

partenant une langue étrangère et ces noms étrangers

étaient évidemment du lieu de laprovenance des articles im-

portés. Parlons d'abord des bois précieux et odoriférants qu'on

a cru être le sandal: Dans le livre I des Rois, chap. X, v. 11,

il est dit que les navires d'Hiramapportèrent de l'or d'Uphir

et une grande quantité d'arbres d! almug, nom dont lepluriel

est almughim Almug peutavoir sa dérivation du terme

hébreu alanbs « bois dur, et du terme kichua mucki « odo-

rant,«

« odeur, et dont le verbe est muha « sentir ou bien

son étymologieest dans les deux mots kichuas alli bon, ex-

cellent, et mucki « odorant ou odeur. Almug est donc un

bois dur et de bonne odeur ce fut de ce bois, suivant la

Bible, que Salomon fit faire les colonnes du templede Jérusa-

lem. Il paraît que les navirestyriens

furent les seuls qui appor-

tèrent de ce bois nouspouvons

affirmerqu'il y

a beaucoup

de bois durs, des bois de fer, dans la Haute-Amazone, ainsi que

d'autres bois très odoriférants. Dans le livre des Paralipomènes,

chap. IX, v. 10, on lit Les serviteurs d'Hiram et de Salo-

mon, qui apportèrent l'ord'Ophir, apportèrent

des algum et

despierres précieuses, d'où il résulte que

cette dernière sorte

de bois futapportée par les deux flottes. Dan's le texte hébreu,

on dit aupluriel algumim et ce nom n'ayant pas

été

Page 67: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

67

compris parles commentateurs, ils l'ont traduit en latin

par

ligna hebeni, ligna thyina et ligna corolliarum. Sonétymo-

logieest dans l'hébreu « bois et dans le kichua gumu

« courbe; » ou bien dans les termes kichua alli « bon, gumu

courbe » lesalgum

ou algumimsont donc les bois courbés. »

L'emploides almug pour

les piliersnous

explique celui des

algum pourles arceaux entre ces piliers et

pourles voûtes du

temple.

Le célèbrephilologue

Max Muller ditqu'un des nombreux

noms donnés au sandal, en sanscrit, est valguka. Cevalguka,

dit-il, est clairement le nom que les marchandsjuifs et phéni-

ciens ont corrompuen

algumet

queles Hébreux ont

changé

en almug.S'il en eût été ainsi, le texte hébreu ne lui aurait

donné quele nom

adopté par les Hébreux. Enrapprochant ce

terme sanscrit desétymologies

vraies etexpressives d'almug

et d'algum, tirées du kichua aimucki et ai- gumu, levalguka

de Max Muller n'est pas admissible et n'a pas reçu les deux

transformationsqu'il suppose; d'ailleurs, malgré sa science

sanscrite, il nepourra jamais

trouver Ophir ni l'ord'Ophir à

Malabar, cettepartie

de l'Inde qu'il indique; notre démonstra-

tion l'adéjà prouvé.

La flotte de Tarschischportait

aussi à Salomon des oiseaux

nommés tuki, aupluriel

tukiim D^Dlfi c'est ce nomqu'on a

généralementtraduit

par paon. Nous ferons remarquer d'abord

que l'Amérique équatoriale possède plusieurs variétés depaons

et de dindons ils en sontoriginaires

et ilsy

sont à l'état sau-

vagela dinde tire son nom de l'Inde occidentale, qui est

l'Amérique.Nous nommons ici ces deux sortes d'oiseaux, parce

que- lesuns et les autres ont la même façon d'être, qu'ils se

gonflentavec orgueil, étalent leur plumage

et font la roue.

Quiconque a vu les dindons faire la roue, sait qu'en ce mo-

ment tuk(touk)

est un bruit unpeu

étouffé et toutparticulier

que font ces oiseaux pourse faire admirer. Eh bien ce tuk

est précisément l'origine de tuki, terme kichua, qui signifie

Page 68: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

68

«gonflé d'orgueil, orgueilleux. » Les dindons et les paons sont

les oiseaux orgueilleux, ou simplement tukiim lesorgueilleux

»

comme lesappelle

la Bible. Parmi les variétés depaons

de

l'Equateuret de la

Guyanese trouve celle

quedans ces

pays

l'on nomme ocko or, par un rapprochement singulierdans

l'épithète d'orgueilleuxtirée de tuhi, nous trouvons semblable-

mentque

legrec ogkos orgueilleux,

est aussi tiré dupaon

américain ocko. Cepetit détail n'est

passans intérêt, car il

existe beaucoup de mots de lalangue grecque dans celles de

l'Amérique, particulièrement dans le kichua.

En présence de la vérité de notre étymologie, puisquele tuki

biblique est un terme kichua, nousplacerons celles de certains

philologues que Max Muller a fait valoir; car ils ontsupposé

quetuki était dérivé de tôgei

« cequi pend, terme

apparte-

nant à la langue tamoule et ils ont encoresupposé

le mot sigi,

qui s'éloigne davantage de tuki, et qu'ils ont. essayéde faire

dériver du sanscrit sikkin crête Pour comble de l'invrai-

semblance, le docteur Gundert, qui s'est livré à l'étude des

langues dravidiennes, s'applique à faire dériver tôgéi de to ou

tu, et ilajoute arbitrairement pour seconde base gnu, afin

d'arriver à former tongu, d'où il fait dériver tongal, mot tamoul

qui signifierait unequeue

depaon. » Que d'efforts, de com-

binaisonsingénieuses

et de transitions forcées Desphilologues.

deréputation peuvent seuls se les permettre. Nous n'aurons

jamaisla hardiesse de donner de

pareilles étymôlogies

heureusement que la netteté, laprécision

du kichua nous-

préserventd'un

pareil écueil.

Dans ses Lectures sur la science du langage (i), lephilologue

Max Muller nous ditque

lessinges apportés

à Salomon étaient,

appelés parles Hébreux

rç'ip koph, dont lepluriel est kophim

il auraitpu

lire kop et hopim (2) et il ajoute que ce nom

(1) Lecture.V.

(2; Nous rappelons ici que, dans l'hébreu, le P et le PH sont la même lettre-.

Page 69: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

69

ri appartenait pas à leur langue et qu'il n'a son étymologie

dans aucune langue sémitique. Avec Gesenius, nous ferons

remarquer quele sanscrit et le dialecte de Malabar nomment

les singes kapi ce quiest la véritable

prononciation et le vrai

nom. Mais les .Hébreux n'ont pasété demander au sanscrit le

nomdes singes Kap et kapinz, qui arrivaient de Tarsohisch;

car le kichua kapi est « saisir fortement avec la main n, action

toute particulière quecommet le

singeà la façon de l'homme

etqui l'impressione

surtout. Cette origine de kapi et de kapi1n

est de toute évidence américaine. Une pointede l'île de Sainte-

Catherine, prèsde la côte du Brésil, porte

le nom de liapi;

dans l'intérieur des Amazones, un de ses affluents qui débouche

prèsde Para s'appelle

Rio Kapim (rivière desSinges),

et en

remontant le fleuve on trouve l'ile de Kapim on voitque

la

forme hébraïque s'est encore conservée dans ces noms(1).

Le philologue Martius, quidonne les

étymologiesde la

langue Tupi (des Amazones),. dit que Caapym, nom desgrandes

herbes, qui bordent les rivages,est dérivé de caa herbes et pé

chemin. Mais il sait pourtant que les grandes herbes font

obstacles à tout chemin etqu'il n'y en point. l'ina ne

peut

provenir de pé tandis que la désinence im esthébraïque.

L'étymologiede Martius est donc invraisemblable. Quoi qu'il

en soit caapéym, même contracté en capim n'infirmepoint la

véracité de kapi et kapim pourla

désignation des singes.

Parmi lesobjets précieux que les flottes de Salomon et

d'Hiramrapportèrent se trouve l'ivoire, qui est désigné'dans la

Bible sous les deux noms de Schèn-abim D'anse et de Karnot-

schèn 'jiB tYirijs.Max Muller fait encore observer que abim est

sans dérivation de l'hébreu mais il suppose que ce mot

pourraitêtre une

corruption du sanscrit ibhaprécédé de.l'ar-

ticle sémitique; et avec cettehypothèse

ilpense que

abina doit

(1) On peut les voir sur les cartes hydrographiques du commandant Tardy

de Montravel et sur d'autres cartes encore.

Page 70: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

70

avoir, comme ibha, la signification d'éléphant. On emploie en

effet dans l'hébreu le mot schènpour dent. » Mais son origine

peutêtre américaine c'est ce

que nous voyons dans le bassin

des Amazones, où, dans lalangue tupi, qui

est lalangue géné-

rale du Brésil, « dents'exprime par schan, schèn, shaina,

slaène et sahn chez les Panos, on dit schaina; en dialecte

puri,on dit schelz. Mais si,schen est d'origine- hébraïque, sa

présencechez les peuplades des Amazones est une

preuve de

plus queTarschisch était dans ce fleuve et

queles Hébreux

y

recherchaient l'ivoire fossile, qui est communémentemployé

dans les arts.. On adéjà découvert en

Amériquesix variétés

d'éléphantsfossiles. Quant à abim, ce n'est

pointune

corrup-.

tion du sanscrit ibha. c'est le motégyptien

ab. 4éléphant,

»

mis aupluriel par

les Hébreux ily

a corrélation entre

l'égyptien ab, aba et le kichua apa«

porter » enégyptien

abah ou apah, et en kichua apa, signifient « fardeau. Le

nom de l'éléphant, quiest l'animal

porteur par excellence,

peutavoir son origine autant dans le kichua que dans

l'égyp-

tien d'ailleurs, rappelons qu'un grand nombre de termes

kichuas sont dans l'anciennelangue hiéroglyphique des. Egyp-

tiens et que le Kichua, qui est' la langue primitive,a

passé

d'Asie en Amérique.

Nous avons dit ci-dessusque,

dans la Bible, l'ivoire est aussi

nommé karnotschèn «• corne de dent » Une tellepauvreté

d'expressiondonne à croire que le kichua

joue encore ici le

premier rôle. En effet, nous feronsremarquer que

sous la

première voyelle hébraïque de karnotschèn, on a placé lesigne

massoréthique qui donne au K le son de .lavoyelle a; or,

comme il nous est permis derejeter ce signe de convention

qui

n'existepoint dans l'ancien hébreu, nous avons la' liberté de

substituer l'i à l'a. Dès lors, au lieu de karnotschan, c'est kir-

notschan. Dans ce .cas, nous divisons ce terme de lafaçon

suivante kir-notschan, dérivé du kichua kiru dent

schan et par contraction notschan «qui

estpointue »

kirnot-

Page 71: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

71

5

schan la dentpointue. Ainsi, pour désigner l'ivoire, il n'est

pas certain qu'aucun terme hébreu ait étéemployé.

Les Hé-

breux purentvoir à

l'époque de leur servitude enEgypte

et

àBabylone

deséléphants mais, dans la Judée, on en vit

seulement 165 ans avant J.-C. nous faisons allusion aux

éléphants appartenantà Antiochus

Epiphane, roi deSyrie,

quandil'vint livrer bataille au

peuple juif,et dans laquelle le

vaillant Eléazar, l'un des frères de Judas Machabée, périt

sousl'éléphant

du roi.

En résumé, après nous être appuyé des historiens, pour

,démontrerque

lespeuples

del'antiquité naviguaient dans

l'Océan etqu'ils

connaissaientl'Amérique, nous venons de faire

voir queles termes étrangers mêlés au texte de la Bible et

qui

,désignenttes objets rapportés par les flottes des deux rois, ont

été prisdans la langue kichua de l'Amérique équatoriale

et

méridionale. Nous avons encore fait connaître que des terme

hébreux ou phéniciens transportés dans cettepartie de l'Amé-

rique,se sont mêlés aux dialectes des

indigènes ety

sont

conservés intacts. Cetéchange

de termes entre des nations des

deux continents est lapreuve que

les Hébreux et les Phéniciens

allaient au.fleuve des Amazones, qui reçut de ces navigateurs

le nom de Salomon.L'empire

de Inin ou duCroyant, les posi-

tionsindiquées

de Parvaïm, Ophir et Tarschisch, les noms et

les particularités quis'attachent à

plusieurs objets, localités et

rivières, forment une série et un tel ensemble de faits, groupés

dans une mêmes région, que l'évidence de notre découverte est

palpable,incontestable. Nous devons donc à la

langue kichua

et à l'hébreu, d'avoir retrouvé la route que suivaient, ily a

bientôt 3000 ans, les flottes d'Hiram et de Salomon c'est le

kichuaqui

trahit lemystère

de leur navigation et qui nous

donne l'explicationde leurs absences de trois années, par

.chaque voyage,en nous faisant connaître qu'elles stationnaient

paisiblementdans les eaux des Amazones.

Nous avons fait connaitre Tarschich aupoint de vue de son

Page 72: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

72

histoire. Mais, ilpeut

être utile d'ajouterla

petite description

quisuit En remontant le cours de la Haute Amazone, qui

prendle nom de Maragnon

sur le territoirepéruvien,

etqui

est

navigable pourd'assez grands navires jusqu'au pied

des mon-.

tagnes,on arrive au formidable rapide

duPongo

de Mansériche.

Ses eaux ressérrées dans un profond détroit deplusieurs

kilo-

mètres, en sortent avec un bourdonnement perpétuel. Cebruit

n'est autre chose que le souffle du vent occasionné parla com-

pressiondes eaux et la violence du courant dans les flancs

rétrécis du détroit. Il en résulte quetout le territoire situé au-

dessous du Pongoest éternellement rafraîchi

parune brise fort

agréableet permanente, pouvant permettre

l'installation d'une

ville ou d'une colonie, exemptede moustiques ou de toute cha-

leur tropicale, quoiquece lieu soit situé près

du quatrième degré

de latitude méridionale. Les espagnols yavaient fondé la ville

de Borja,au temps

de leurs exploitations aurifères mais, elle

fut détruite par.une armée d'indiens Jibaros, qui

vivent à l'in-

térieur des forêts.

En 1870, j'aiassisté à la tentative d'une reconstruction de

.la ville de Borja,où un million

(de francs) futdépensé

enpure

perte parce quele Gouvernement du Pérou fit évacuer la

nouvelle cité et l'abandonna de rechef aux Jibaros, qui.ymirent

le feu.

Au-dessous deBorja,

sur une assez grande étendue, les

sables du Haut-Maragnon contiennent beaucoup d'or et ce

précieux métal quecharrie le courant du Pongo

de Mansériche

et provenantd'un

grandnombre de ruisseaux et de petites

rivières quise

jettentdans le lit du Maragnon supérieur

au-

dessus du détroit, vient sedéposer

dans la régionde Tarschich

dont nous avons donné l'étymologie, qui se trouve dans les deux

mots kichuas tari-chichi,u découvrir-recueillir l'or menu.

Les grandes rivières deNapo, Pastassa, Morona et d'autres

situées au-dessous du Pongo sont aurifères, dans leursparties

élevées; maispour ce qui est de Tarschich, qui

est dans le

Page 73: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

73

Maragnon,on ne peut tenter l'exploitation

de l'or avec succès,

qu'entrel'embouchure du Morona et le

Pongode Mansériche

et seulement à l'époque des basses eaux.Cependant, hormis la

chasse, lesmoyens

d'existencey

font défaut, et il faut se garder

dessurprises

des sauvagesil

ya donc nécessité, si l'on voulait

s'yétablir pour

lelavage

des sables, arriver avec unpersonnel

imposantet des

approvisionnementsde toutes sortes.

Pour la satisfaction de nos lecteurs, nousajouterons en

terminant quelques observations sur les Kichuas et leurlangue.

La migrationde ce

peupled'Asie en

Amérique est antérieure

au délugede

quelques siècles, puisqu'ils ontparticipé

à l'inva-

sion des Atlantes, avant lecataclysme,

sur le solpélagique;

en outre, au lieu d'écriture, ils se servaient encore sous les

Incas, de quipos ou de cordelettes à nœuds, usage qui existait

chez les Thibétains et les Chinois jusqu'au temps del'empereur

Fohi, 600 ans avant ledéluge.

Ces faitsprouvent la haute

antiquitéde l'établissement des Kichuas dans les cordillères de

l'Amérique équatorialeet méridionale et dans le bassin

supé-

rieur des Amazones. Ces cordillères sont nommées Antis, que

nous traduisonspar

« Andes Allantis est formé de deux mots

égyptiensAU

« paysantis ou anti hautes vallées

La nation Kichua a été préservéecontre les invasions et de

toute destruction, parl'altitude considérable et

l'âpreté du

territoirequ'elle habite par

mille lieux de forêtsvierges qui la

séparentde

l'Atlantique et, du côté de l'Occident, par de

formidablesmontagnes

et l'immensité dugrand Océan. La

languekichua

parléeencore par trois millions

d'indigènes,ne

s'écrit qu'avec peude lettres et son cachet tout primitif a subi

peu d'altérations. Le sanscrit, au contraire, s'écrivant avec

39 caratères, nous fait supposer qu'ils'est

approprié en se

perfectionnant, beaucoupde racines étrangères qui n'y existaient

pasdans le

principeet dont il a fallu conserver la prononciation

quoi qu'il en soit, une langue primitive ne peut avoir 39 carac-

tères. Sous les Incas, la languekichua a été parlée depuis

le

Page 74: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

74

deuxième degré de latitude Nord jusqu'au trente-cinquième

degréde' latitude Sud et en

largeur, c'est-à-diredepuis le

Pacifique vers l'Orient, on ne la parlait guère au delà desept

cents kilométres tandis que, dans lestemps plus anciens, elle

a été enusage

le long du fleuve des Amazonesjusqu'à quinze

cents kilomètres duPacifique

au moins.

Finissons par une observation Humboldt etKlaproth

ont

donné fort mal àpropos

la dénomination de quichéenne à la

langue kichua; en effet, un des dialectes du Mexique, qui

porte le nom de quiche, n'a aucun rapport avec la langue des

Antis et c'est auquiche, mexicain,

comme on lecomprend bien,

auquel devait êtreapplicable l'expression de quichéenne.

RÉGION DU PARVAÏM BIBLIQUE.

VOIR SUR LA CARTE

LES NOMS DES TRIBUS ET AUTRES LOCALITÉS

DE LA GUYANE BRÉSILIENNE.

Les Guyanes françaises et brésiliennes sontséparées par les

montagnesconnues sous les noms de

Tumucuraquéet Tumu-

cumac. Tous les noms dont nous allons donner la nomenclature,

existent sur la côte brésilienne, à l'intérieur et aux embouchures

du fleuve des Amazones. Lesditesmontagnes courent de l'est

à l'ouest et ont unegrande ramification du nord au sud

jusqu'au

fleuve, à l'endroit nommé Paru(Parou) que nous avons

déjà

fait connaîtrepour

avoir été leport

ou le mouillage de la flotte

phénicienne.

Tumucuraqué (Montagnes de) héb. tain tumu, cequi est

enquantité,

enprospérité, "vo cur, fourneau pour fondre le

métal, *jn rac et n?n raké, l'action de rendre mou ouj>pn raqé,

l'action de battre le métal et de l'étendre en lames. Ce nom

indique les travaux de mines des phéniciens.

Page 75: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

75

Tumucumac (Montagnes de) tari tumu, grande quantité,

wo currt, accumuler, pniamak =

nrraou Kffia et c. suff.

maahe est battue, amollie, adoucie ou tumu, quantitéabon-

dante, TaiD cumaz pour cumacs, globules d'or, pépites, orne-

ments de femmes. Ce nom, comme leprécédent, indique la

quantitéet

l'espèce de métal(l'or)

travaillépar les phéniciens.

Miripi affluent del'Oyapoc, sortant de la Guyane

brési-

lienneétymol. hébraïque, miri, ennemi, ife joi.bord, rivage.

Copiri (rivière)héb.

ïpp kop, faire des circuits, n")"1. iré,

arroser, inonder.

Huassa (riv.)en

tupi, hu eau, rivière, -lite assa labore

produxit, rivièrequi produit (de l'or) par

le travail.

Gasipari (riv.) xçiitt gasipa, cequi

est amolli, délayé, "H ri

inondation.

Conani(riv.) )fù conan, a bien

ajusté,bien dirigé (parlant

de tireurs de flêches), (voir 'po), i? ni, gémissement, plainte,ou

ni oh s'est lamenté. Il est possible que conani soit le nom altéré

de133J55

cana ni les Cananéens, qui sont les mêmes que les Phé-

niciens.

Kalcuene(riv.)

héb.bnp kal, l'assemblée, lip

cun chanta

d'où}>5p cuenen, chant triste, lugubre.

Maïcari(riv.) ntfa maïa, i» maï, eau, ^~a$ acari, trouble.

Mauara(riv.) rrfiya maouara, personne nue ou

maouara, caverne.

Amapa (riv. et lac, avec ungoulet pour y entrer), d'où

héb.nttS amâ,

bras(de riv.),

xs pa, entrée, passageou peut

êtreïtqs amâ, peuple, gens, n& pah traître, qui tend des

pièges; ou encorenss paah qui vocifère.

Fréchal. Ce nom estportugais.

Tartamigal ouDartamigal héb. Ti dar, perle, globule d'or,

Wn tam, c. suff. intact, parfait, b> gai rivière.

Coluchâ(le même lac

qu'Amapa) héb. bip,c. suff.

ibip colou,

voix, clameur, nstichâh

qui est tumultueuse, qui s'élève avec

force (se rapporte àamapaa/ici-dessus, gens qui vocifèrent,,).

Page 76: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

76

Maraca (Ile)cette île forme le

capnord des bouches du

fleuve des Amazones et estséparée, par un détroit, de la

Guyane

brésilienne elle a pu servir auxphéniciens pour s'y établir et

dominer la terre ferme en effet, Maraca est l'hébreu

maraca dont les significations diverses sont ordre, disposi-

tion, instruction, construction, fondation, action, transforma-

tion, direction et le latin apparatus, acies instructa, exercitus.

Lesphéniciens y

aurait eu destroupes,

une fabrique d'armes

Maraca a un dérivé maracat et un pluriel maracatim,

conservé dans la langue tupiet dont les

significationssont

« navires armés enguerre, grands

bruits d'armes et sonnerie.»

Turruri(petite île)

elle est située au sud-est de l'île de

Maraca à l'entrée du détroit de ce nom héb. lin tour être

entouré, "VU rour, bave, écume, 'n ri inondation..

Aragoari (rivière et lac) leurs eaux se jettent dans le détroit

de Maraca héb.pns araq terre, rm goah, prorupit, erupit

(de flumine), a rompu,fait

irruption, "n ri inondation cequi

se traduit « inondation de la terrepar suite d'Une irruption

du fleuve,.

Secorropé (rivière) elle se jette dans le détroit de Maraca

héb. lise secor, l'ivrogne, sïn ropé fut guéri. Or, quandun

indien est mordupar

unserpent, on l'enivre en attendant

l'arrivée du sorcier et des remèdes. Il est reconnuque

l'ivresse

retarde l'action du venin. Le nom de Secorropé donné à cette

rivièreprovient de ce

queles

phéniciens ont été témoins du

fait que je viens de signaler.

Piratobal(rivière) héb.

ravis pirâh, florere fecit, biutobal

ou Mo toba, immersit, immergea et fit fleurir.

Ianauco(île)

héb. ianaou, ils ontopprimé, violenté,

hp co, ici, en ce lieu.

Jupâti (canal), ï|»? iop,s'est affaissée; ifiPS pâthi,

l'entrée

a donné son nom à une île et à une montagne que baignentses

eaux.

Gourioubapour Qourioubal (rivière) héb. "flp qour, creuser,

Page 77: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

77

ioubal, fleuve en héb. les lettres C, G et Q ou K permutent.

Caviana (île) rn? cavîa, tatouage, n»3 naa=T\i naua, fut

beau, orné.

L'île de Caviana est au milieu et en travers de l'embouchure

nord du fleuve des Amazones c'est elle qui reçoit les assauts

.du terrible raz-de-marée, qui périodiquement vient de l'Océan,

et elle sert de refuge aux navires qui s'abritent derrière elle.

Ce raz-de-marée extraordinaire est connu sous le nom de

Prorrorroca. La langue tupi ne fournit aucune étymologie pour

.ce nom ni qui puisse exprimer le phénomène de la Prorrorroca.

Nous Talions donc chercher dans l'hébreu du phénicien.

Prorrorroca héb. inf. lia por, rompre, briser d'où lis pour

.et lia poror, est furieux, a brisé poror, par contraction est

pror; ou, si l'on aime mieux, vient d'un passif pouror, a été

rompre, à été s'élancer contre, et par contraction, pror; "vn l'or,

ibave, écume S^n roca, a frappé, heurté (la terre). On voit que

les trois termes pror-ror-roca expriment le phénomène du raz-

de-marée en question.

loroupari (île) héb. iï£ ior, forêt, arbres; conjonct. ou,

et, 1-16 pari fruits arbres fructifères.

Meschiana (île) héb. rPtta yneschia, frotté d'huile iiiW naa

fut orné, beau. On voit que celà se rapporte aux coutumes des

habitants de l'île.

Indiens Paschuna héb. ffiBpas, jaloux, féroce, ksi» shona,

qui émigre nomade.

Macâcoari (rivière) macâ, coup, blessure, tuerie;

.ce subst. est tiré du v. radical hsj ndcâ, frappa, tua; ha coâ,

vigueur, force; i-in hâri ardor iree, feu de la colère. Les trois

termes macâ-coâ-hâri, qui signalent un évènement accompli

dans l'île, ont servi à la formation de son nom.

Carâpariatuba (rivière) héb. rro cârâ, fodit terram, creusa

la terre, ni& pana, se transforma et apporta, rwt: toba ou toùba,

bona, beneficia, divitiae, felicitas, biens, richesses, bonheur.

Macapa (ville, capitale de la Guyane brésilienne); elle est

Page 78: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

78

située sur la rive nord du fleuve des Amazones nom dérivé

dexnp

mcchpercussit, 5]p cap manus, ris palt proefectus le

chef afrappé,

la main du chef afrappé.

Le coup du chef est unemarque d'autorité c'est encore en

usagechez les Indiens. Il m'est arrivé

qu'un porteur indien m'a

présenté son bâton, pour que jelui donnasse des

coups, avant

qu'ilse mit en marche et en m'affirmant

qu'il m'obéirait avec

plusd'entrain et de zèle.

Matapi (petite rivière) nom dérivé et altéré sans-doute de

r\?a matpaucus, paulus, exiguus, brevis, peu, étroit, petit,

et dep^&S apiq, rivus, torrens, canalis, canal, rivière, torrent.

Anahuarapucu (rivière)héb.

nijy anaua, laboremimpendit,

agrum coluit, soumis au travail, et aussioppressus est, est

opprimé»n ra, miser, infelix, malheureux n^S puco, ce

qui

fait hésiter, empêchement.

Amana (affluentde

l'Anahuarapucu)héb. amana, qui

mérite confiance, stable, continu, permanent. C'est aussi le

nom d'une rivière, quia sa source dans l'Antiliban et se rend

à Damas. Autreétym.

US am, tribu, peuple, nj» ana, quiest

opprimé, affligé.

Huaoni (autre afguent) hu, rivière, f\S aon, c. suff. aoni,

tortueuse, périlleuse, cause de malheur.

Mutuaca(rivière) hébr. ima mutu, la mort, non hâcâ, est

attendue il attendit ou désira la mort.

Apamas (indiens)héb.

qt* ap, visage, o»n, ffifcft, âmas,

colère, furieux, dur, belliqueux; ou le ap, visage, ans pam,

braise ardente, T? az, dur, cruel.

Cuzaris(indiens)

héb.tip buz, à craindre, ï"n* ariz, violent,

cruel, inspirant la terreur.

Yari(rivière) héb. ou

*ny» iâri, silva, densa

arborum, forêt, bois touffu.

-Maracapuco (riv.)héb.

rnsfiû marâ, lieux nu, sans arbres,

n»? caah, tristis est, qui est triste; et, par permutation,buco

pour puco héb.n?a boco, qui est lamentable d'où

n'en bocout,

deuil.

Page 79: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

Tocri(riv.) ^in toc, vexation, tyrannie, ^jj kri, occursus

hostilis, hostilité.

Aramucu(riv.)

héb. rn& ara, collegit, rassembla, mucu

(moucou), pour ttipamocoum lieu de station, ou ara, Xfn mug,

diffluxit, dissolvit, dispersa, ^r\ps kou, caterva, grex hominum,

la foule.

Paru (Parourivière et montagnes) ladite rivière a ses

origines dans lesmontagnes

aurifères de Tumucuraqué ou Tu-

mucumac, et lesmontagnes

de Paru en sont une ramification

qui seprolonge,

vers le sud, jusqu'àla rive nord du fleuve des

Amazones. Nous avons ditprécédemment que

le plurielen

hébreu, est la désinence im. Or, les monts et la rivière Paru

font unpluriel

Paruim. Le texte grec des Septante désigne par

Paruim, ces lieux, qui,dans le texte latin, sont nommés Par-

vaïm et dont l'or servait, selon la bible, à orner lepalais

de

Salomon. Nous avonsdéjà

démontré l'erreur deprononciation

quia fait Parvaïrn de Paruim. Maintenant, que l'on veuille bien

jeter lesyeux

sur notre carte, on comprendra plusfacilement

que c'est aupied

des monts Paru et devant l'embouchure du

rio Paru, queles flottes d'Hiram et de Salomon stationnaient

pendantleurs

voyagestriennaux et

pendant les exploitations

aurifères faites àOphir,

à Tarschich et dans les régions

voisines de Paruim. L'étymologiede Parou est dans le prétérit

hébreu ik& paar, ornatus fuit, fut orné, et ornavit, a orné

en outre, ikb paar signifie foravit, fodit in terra, creusa, fouilla

dans la terre ce qui est bien l'indication du travail des mines.

La troisièmepersonne

du prétérit,la même que

duprésent

de

l'indicatif, est, au pluriel, rtSfc paarou, ils ornent, ont orné;

ou paarou, ils fouillent dans la terre. Les deuxvoyelles

aa

n'étantqu'une voyelle prolongée

onprononce pâr, pârou; mais

Parou, étant devenupar l'usage

un nom, les hébreux lui ont

ajouté la désinence im qui marque le pluriel d'où Paruim.

Huacarapi (rivière qui limite à l'est les montsParou) étym.

hu, rivière entupi héb.

rnjs? acara, stérile, >& rivage ou bord.

Page 80: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

80

Lesquarante

etquelques

noms ci-dessus attestentpar

leurs

étymologies, queles

phéniciens ont exploréet exploité la

Guyane

brésilienne, danslaquelle

estcomprise

la région du Parou, Pa-

ruim ou Parvaïm biblique..Les lieux, que

nous avonsanalysés,

démontrent qu'ils ont reçu leurs noms des observations qui y

furent faites, des événements qui s'y produisirent et des sensa-

tions qu'y éprouvèrentles

explorateurs phéniciens.Il nous

semble inutile de faireimprimer

les autres noms qui figurent

sur. notre carte, et dont lesétymologies, que

nous retenons,

nous donnent les mêmes résultats probants. La lecture d'une

longuenomenclature est

toujoursune

fatigueil suffit

que la

nôtre apportela conviction ou au moins établisse la

probabilité

de nos assertions, pour que nous puissions avoir le droit d'affir-

mer notre découverte des Voyagestriennaux » au fleuve des

Amazones, cequi

est unepreuve

deplus

de laprésence

des

phénicienssur le continent américain.

Page 81: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

CHAPITRE IV..

Haïti.

Al'époque de la découverte d'Haïti, cette île était divisée

en cinq souverainetés et l'ony parlait plusieurs dialectes

celui du centre étaitplus estimé que les autres et, selon le

P. Charlevoix, il était considéré commelangue sacrée; il n'en

donnepoint

le nom mais, une langue sacrée donne lieu de

supposer qu'elle avait sonorigine ailleurs que chez les

sauvages

caraïbes. Nous avons lieu de croire que cettelangue

est parti-

culièrement celleque

l'on doit nommer Taino, bien que sans,

exception, tous les auteursdésignés

auchapitre I, l'ont con-

fondue avec les divers dialectes caraïbes en sorteque

dans

leurs écrits, les motsappartenant

à ces dialectes sembleraient

tous avoir une même origine. Mais ici seprésente une parti-

cularité, c'estque

le P.Raymond Breton, qui fut missionnaire

aux Antilles, publia en 1656 un dictionnaire de la languedes

caraïbes d'Haïti or, en traduisant chaque mot français en

termes divers desindigènes,

ilen signale quelques

unsprécé-

dés de la lettre F et que je crus d'abord être la désignation de

mots fémininscependant ceux

que l'on pouvait croire mascu-

lins, ne présentaient, par rapport à ceux-la, aucun indice d'af-

finité et leurs racines n'étaient point les mêmes cette diffé-

renced'origine attira mon attention c'est alors que je

vis

l'avertissement qu'on lit en tête du vocabulaire du P. Breton

Page 82: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

82

etpar lequel il

prévient que le motqui suit la lettre F est du

dangage des femme. Ony trouve donc les traces phéniciennes

de la langue des femmeséchappées au massacre

(1)et elles ont

dû,de

génération engénération, faire

apprendre leurlangue

maternelle aux enfantsqu'elles élevaient. Dutertre a aussi

constatéque.

lelangage des femmes était différent de celui des.

hommes il est àregretter que l'on n'ait

pas recueilli cette

langue particulière aux femmes. J'ai donc résolu leproblème

de la tradition des caraïbes d'Haiti et, comme on va le voir,

lespremiers possesseurs de cette île étaient réellement phéni-

ciens. Bien que dans lelangage des haïtiens l'élément caraïbe

aitprévalu, il

yavait sans doute nécessité de l'enrichir de

mots utilesempruntés à la

langue phénicienne leur conserva-

tion et leur transmission étaient donc naturelles; les caraïbes

ontpu même

l'exiger etagir

en celà, comme les indiens de la.

Haute-Amazone, qui défendent à leurs femmes deparler

aux

enfants un dialecte différent de celui de leurpeuplade respec-

tive etquand elles oublient cette

prescription, elles sont cruel-

lement battues par leurs marisj'ai été plusieurs fois témoins

de ce fait.

Dans lesgrandes Antilles, les termes de Taino, Daino et

Ditaino avaient les significations deguerrier, chef, seigneur

et noble cequi donnerait à

penser que lalangue

taino aurait

été lalangue des

premiers conquérants, lalangue

aristocra-

tique et lalangue noble, de même

qu'en Asie la langue Aryane

avait lasignification de noble. Mais, en hébreu ou phénicien,

nsnn theinosignifie prière, supplication, miséricorde n'est-ce

pasla

désignation de lalangue sacrée d'Haïti à laquelle

le P.

Charlevoix fait allusion ? Nous avons encore l'hébreufin

tanan

quise

rapporte au sanscrit tan et augrec

teinô et dont la.

signification est perduravit, perennis fuit, protenditse tempus,.

eut une durée continue, permanente etlongue enfin, les lettres

(1) La tradition, ch. I.

Page 83: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-83-

n etl pouvant permuter, on a le substantif

nbfifi theilo, initium,

le commencement, qui est dérivé du verbe radicalbbft âlal,

initiumcepit, prit commencement ce qui confirmerait

l'origine

etl'antiquité

du Taino, premier des dialectesparmi ceux

qui

furent enusage

à Haïti.

Caraïbe ou Carib et Galibi sont dérivés de Caribi, nom des

indigènes de la côte orientale du continent américain, ainsi

quedes Antilles.

L'origine de caribi est le Kichua cari (vir) (1),

l'homme énergique quidiffère de runa

(homo), l'homme vul-

gaire. Or, carib, en l'anciennelangue haïtienne

signifie fort,

courageux ce qui est confirmépar l'hébreu ^5 car ou

(c. suff.),

1-0 cari, plur. di-o carim, hommes deguerre, tueurs, bour-

reaux. Mais une autre traditionrapporte qu'anciennement l'on

désignait lapopulation d'Haïti

par le nom deCalinago ou

Galinago. Or, galinago est formé de deux motsphéniciens

pbâ galin émigration, exil, captivité, etiyw nâgo,

être atteint, êtrefrappé galinago signifie donc être

frappé

d'exil. Ily a aussi iba gheli, dérivé du v. in exsilium

ductus esse, être exilé oudéporté et l'infinitif ?ii nagoa=(c. suff.)

tWi nâgo êtrefrappé. On a aussi un verbe être ex-

pulsé, écarté, poussé vers. (en grec agô) d'où lesubst.. plur.

refuges, lieux d'asile. Engrec, Carthage est

d'oùprison étym. Kichua

exil, exiler et legrec dôn du v. doneô exiler ce

qui est la

traduction même de Karko. LesGalinagos- auraient donc eu

une ressemblance avec lesCarthaginois puisqu'ils auraient

été les exilés de ceux-ci, comme lesCarthaginois furent les

exilés et lesdéportés des

phéniciens. Cesétymologies indiquent

clairementl'origine phénicienne des

plus anciens habitants

d'Haïti, qui furent desdéportés et des exilés c'est le com-

mencement de leur arrivée et de leur histoire enAmérique.

(1) Le Kichua est' la langue primitive voir, sous ce nom, notre publication,chez Ernest Leroux, libraire, 28, rue Bonaparte.

Page 84: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

84

En me proposantde rechercher l'origine des premiers haïtiens,,

je donne donc à mon œuvre un caractère historiquedu

plus

haut intérêt.

L'orthographed'Haïti est moderne; elle fut incertaine, puis.

qu'onl'écrivit ayti, hayti, hayili, hayhiti ou ayhitiy. Cette île

s'appelaitaussi kiskiya ou keskéia.

Voyonsla

significationde

ces noms. Le nom dekiskiya,

keskéia ou kiskéia est tout à fait

phénicien;car l'on a

pcnkhesk ou

"'pwikiski deliciœ, délices,

rnn éia ou ron èia, vitee, de la vie « délices de la vie » Ce

nom nedésigne-t-'il pas l'une des îles Fortunées qui sont restées

mystérieuseset dont parlent les auteurs anciens ? Les cosmo-

graphes,sans

preuve aucune, ont attribué ce nom aux îles-

Canaries et d'autres aux îles des Açores.

VoyonsHaïti On donne généralement

la signification de

pays montagneuxou d'île

montagneuseà l'île d'Hayti ou Ayti;

parce que ay, hay ou haïsignifie

île et terre, et tihuimontagne,

d'oùpar

abréviation haytihi, puis Haïti, île montagneuse.Cette

île est effectivement très montagneusemais le nom ci-dessus

n'est pasle véritable car, en langue taino, qui aurait été celle

desgalinagos,

on al'étymologie

suivante ay ou hay, terra,

insula, terre ou île iti femina, femme (1),d'où hayiti l'île des

femmes ». Nous avonsdéjà

ditque les caraïbes avaient massa-

cré tous les hommes, premiers possesseurs de cette île etque

les femmes seules avaient été épargnées. Or, selon les traditions

anciennes, une des îles des Antilles avait été habitée pardes

femmes seules Haïti est assurément dans ce cas et d'ailleurs-

les phéniciens quiétaient tous des navigateurs,

n'emmenaient

pointleurs femmes et leurs enfants dans leurs expéditions.

aventureuses et périlleuses ils les consignaientdonc à Haïti

où, chaque année, à une époque déterminée, tous les hommes

revenaient pourcohabiter avec leurs femmes

pendantun certain

temps, puisils

repartaienten

expéditionvers d'autres îles où

(1) Plus loin, on verra pourquoi iti; car le vrai nom de femme est ita.

Page 85: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

85

vers le continent américain, d'où sans-doute ilsrapportaient

des femmes capturéeschez les Caraïbes et tout porte à croire

que ce futplus

tard la cause du massacregénéral des

phéni-

ciens d'Haïti.

Nous avonsdéjà

fait lasupposition que cette île dont le nom

fut kiskiéia, c'est-à-dire Délices de la vie, » était une des îles

Fortunées ceci nous conduit à parler de l'île de laMartinique

que les écrivains espagnols nommaient Matinino, Matinina,

Matilino et Madanino or, dans « Quatre lettres sur leMexique,»

parM. Brasseur de

Bourbourg (p. 301), cet écrivain ditqu'au

tempsde la découverte des Antilles on

yconservait le souvenir

d'une île des Amours; il croitque

laMartinique est cette île

mais il nejustifie point son opinion; car les

étymologies qu'il

donne de Matinino et de Madanino n'ont rien de commun avec

l'île des amours il faut donc les chercher dans l'hébreu.

1° Matinino a pour étymologie n'a matet (c. suff.) ina rnati,

vir, l'homme, nin, progenies, descendance ou descendant

13 no de nous. Selon Gesenius"pi

= "id: et il donne à ces mots

le sens de ubique copulatum cum ce serait ladésignation

d'un

lieu des amourssusceptible

d'êtreappliquée à l'île d'hommes

de notre descendance.

2° Madanino a pour étymologie hébraïque ce qui suit-fis

âdan délices, joie, réjouissances; précédéedu

préfixe m m, on

aj'twa madân, lieu de délices, ninno de notre descendance

la Martinique étant « un lieu de délices, n peut bien avoir été

aussi l'une des îles Fortunées, tout comme Haïtiqu'on appelait

Délices de'la vie » ces deux faitsrapprochés confirmeraient

que. lesîles Fortunées des anciennes traditions étaient les An-

tilles.- Madanino (et nonMatinino)

aurait été le vrai nom de la

Martinique.,

Mais, revenons à Haïti, pourlui donner sa véritable signi-

fication qui,comme on le verra, n'est pas en contradiction avec

son autre nom « d'île des femmes ». En effet, comme en taino,

l'hébreu is aï ou hay est île inrt hiti est, en hébreu,« le

peuple

Page 86: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

86

Hétheen hayhiti ouaïhiti (haïti)

est donc l'île héthéenne ou

payshéthéen. Il devient évident

que le taino iti ou hiti, femme,

à son originemême dans la femme héthéenne et c'est ainsi que

le même terme taino est devenu lesynonime

du terme phénicien

hiti. Les Héthéens furent au nombre des Cananéensque Josué

faisait massacrer; d'où l'onpeut

admettreque

leurpremière

migration versla

Lybie (Maroc) d'abord, etqui

fut suivie de

leur embarquement pour l'île d'Haïti, commença àl'époque

de

Josué; ily

aurait de celaplus

de 3,300 ans tandis que la

seconde migration,celle des Carthaginois pour Haïti, a la date

approximativede 2,700 ans. D'ailleurs la

présenceà Haïti de

la race cananéenne surnommée phénicienne parles Grecs, sera

confirmée pard'autres

preuves historiqueset

philologiques.

Nous venons de donner l'origine et la signification vraie de

hiti, qui est la femme héthéenne cependant,la femme, l'épouse,

a trois autres dénominations dans le taino elles sont ita, inara

et clzouron. Itacorrespond à l'hébreu

2rp itab, secum cohabi-

tare fecit mulierem, fait habiter une femme avec soi(i)

cette

femme est bien l'épouse ita. 2° Elle .est aussi désignée par

du v. héb. ilopprime,

on a le futur ma,

opprimerasubst. y\ ra, socius mulieris, compagnon

de la

femme un termeégal jn ra

signifie malus, mauvais, méchant.

Ces termes hébreux ou phéniciens sontl'expression

du taino

inara, la femmeassujétie

à l'hommequi l'opprimera.

3° Enfin,

la condition de la femme est encoreplus mauvaise sous la déno-

mination de chouron; car l'héb.fwn

choron est le feu de la

colère puis, on a *nn chored territa est, est terrorisée onn

chôram est contrainte, comprimée, 'vouée au malheur. Les

diverses conditions de la femme ouépouse,

en taino, sont donc

définiespar leurs équivalents en termes hébreux ou phéniciens.

Nous savonsdéjà que taino dont la

significationest bellus,

(1) Nous avons dit précédemment, que souvent dans le dialecte d'Haïti la

dernière consonne du mot hébreu était supprimé, ex. ita = itab.

Page 87: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

87

6

<lux, dominus, nobilis, guerrier, chef, seigneur, noble, est une

langue. importéeet

imposée parles

premiers dominateurs de

l'île d'Hayhiti (Haïti)mais nous ferons remarquer que tout

-guerrierou dominateur qui vient imposer

sa loi et sonlangage

est assurément un ennemi. Or, en taino, l'ennemi est anaki

.(Oviedo)ce terme qui est aussi cananéen, vient du kichua

anah, géant, fort, homme rude. Dans la Bible on cite les ana-

kim descendants d'un Anale: ils étaient des géants, des hommes

redoutables que Moïse, par ses espions,avait fait reconnaître

avant que les Hébreux nepénétrassent,

sous le commandement

de Josué, dans la terre de Canaan. Ces Anakim habitaient le

paysd'Hébron avant l'invasion des Hébreux. Selon la Bible,

les Anakim étaient descendants des Héthéenslesquels (Hiti)

étaient fils de Canaan. Ceux-ci et ceux-là étaient donc ensemble

à l'île d'Haïti. Ajoutons que la terreur s'exprimeen hébreu

parnI:! laet, ou (c. suff.), par irin laiti. Les Héthéens étaient

donc gensredoutables comme les Anaki ou Anakim..

La présencedes phéniciens

à Haïti va être encore confirmée

parce qui

suit en taino, lesgens;

les hommes engénéral, y

.;sont appelésChivi (Petrus Martyr) or, en hébreu iin chivi se

lit aussi hivi ce sont les Chévéens ou Hévéens. Cepeuple

Hivi ou Chivi habitait les montagnesdu Liban et d'Hermon

.et il fit sans-doute sa migrationà Haïti vers la même

époque

.quecelle des Héthéens (hiti) et des Anakim.

Les faits quenous venons d'exposer

ne fontque

confirmer ce

.quedit 1' Exode, ch. XXXIV, v. 11 Dieu dit à Moïse « Je

chasserai moi-même devant vous les Cananéens, les Héthéens

.et les Chévéens. » Or nous les avons retrouvés à Haïti ce n'est

passeulement une

page pour l'histoire ancienne de l'Amérique

mais aussi unepage

intéressante pourles Hébreux;

La quantité de noms, de verbes et d'autres termes taino, que

nous avons analyséset comparés avec le

phénicien,suffiraient

parleur importance, pour confirmer la tradition des caraïbes et

démontrer que le peuplevenu de l'Est à travers l'Océan était

Page 88: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

88

bien phénicien.Nous allons donner maintenant des

preuves

concluantes quele taino est au moins un dialecte phénicien

que sa parentéavec celui-ci est évidente, malgré les altérations

du langage causées par l'amalgamation du phénicien avec divers

dialectes des caraïbes pendant trois mille ans.

Enphilologie,

il est prouvé que l'affinité despronoms est un;

des indices certains de laparenté des

langues. Nousextrayons

du glossairede Martius les trois seuls pronoms personnels et

unpronom

relatifqui s'y trouvent sous la

rubrique taino ils-

sont

Latin, ego, moi; taino, ni; héb. i;« ani; arabe, ni.

Lat. tu, toi; taino, té; héb. fem. ris até; arabe, enté.

Lat. is, illa, lui, elle; taino, hi., i; héb. ain hi, ila; arabe, hi.

Pron. rel. lat. qui, quoe fr.qui taino, iki héb. 13 hi.

Malgrél'altération du taino due à sa

séparation lointaine et.

à l'état de sauvagerie des habitants d'Haïti autemps

de sa

découverte, l'affinité ou laparenté entre les

pronoms taino et

ceux des langues sémitiques est parfaitement visible.

Le P. Charlevoixrapporte que les insulaires d'Haïti avaient

une idée légère et assez vague de la Divinité. Oviedo ditque

dans cette île Dieu étaitappelé Jovana ne dirait-on

pas que-

Jovana est une forme altérée de Jéhova ?Cependant, nous

trouvons enphénicien

la traduction de Jovana c'est i» Iov,.

Dieu, Tiïn'ana, propice« le Dieu

propice. « Lespaïens romains

appelaientDieu Jov, Jovis

qui estJupiter. Ammon était

le dieu soleil, le dieu dela chaleur; en hébreu v lo ou Iov,.

liT; Jehov,Jéhoua ou nw Jehova

expriment Dieu.

Selon les plus ancienschroniqueurs d'Haïti, sa

population

était idolâtre etsuperstitieuse. Comme les

peuplesde

l'antiquité

du vieux continent, les haïtiens avaient deux ordres de divinités

le Soleil et la Lune, quiétaient les grands dieux, puis les

divinités subalternes, que nous pouvons mettre au rang des clei

minorum gentium des Romains. A l'intérieur de l'île existe

encore la grande caverne sacrée, templedu Soleil et de la Lune

Page 89: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

89

elle mesure cent-cinquante. piedsen

longueur et elle a cent-

cinquante pieds d'élévation sur sesparois sont

sculptées les

divinités subalternes c'est làque

lepeuple apportait

ses

offrandes. Dans l'histoire cosmogoniquedes Haïtiens, il'est dit

quec'est de la caverne sacrée qu'un jour

sortirent le Soleil et

la Lune pouréclairer le Monde. Selon eux, la Terre avait

commencé parleur île à se

peuplercar c'est là

qu'il y avait des

cavernes dans lesquellesles

premiershommes furent renfermés

aprèsleur création. Un jour

ils s'en échappèrent. Mais le Soleil

irrité de leur sortie, changea en pierres les gardiens de ces

cavernes, et les hommes quien étaient sortis, furent métamor-

phosésen arbres, en

serpents,en

grenouilleset en divers autres

animaux. Quant aux femmes, elles ne vinrent au monde que

bien longtemps aprèsles hommes. Nous ferons remarquer qu'à

l'arrivée à Haïti de Christophe Colomb, l'on constata l'existence

des cavernes et du travail des mines Uans lapierre or, les

caraïbes n'étant pointnantis d'outils de fer, ne

peuvent pas

avoir exécuté ces travaux, quel'on doit attribuer aux Phéniciens

et aux Caras peut-être.

Le démon apparaissaitassez souvent aux insulaires et rendait

des oracles, sur lesquelsles

gensséduits réglaient leur conduite

à l'aveugle.Les divinités du second ordre consistaient en

tortues, crapeaux, caïmans, serpentset couleuvres, ou bien en

figureshumaines horribles elles étaient

fabriquéesde

pierre,

de craie ou d'argile; et ces idoles, ainsique

le démon, étaient

désignéssous les noms de zémi, chémi, zémès ou chémès. Ces

noms semblent être de source phénicienne car ony trouve les

termes suivants 'paî zéman, tailler ou façonner des idoles

btto sémel statue, idole, image nttT zima, impur ]Brj chaman,

idolâtrie; wr zemâr, chant *rat zemer, danse, bonds enfin,

futréprouvé, rejeté et précipité. On voit dans

cette série de termes, quise rattachent à l'idolâtrie, à son culte

et au démon, ange réprouvé, rejeté et précipitédu ciel, un

emprunt fait à la languedes hébreux ou des

phéniciens.

Page 90: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

90

La Divinité principaledes Haïtiens était chémîn, le Soleil,

auplur.

chêmenium. L'emprunt fait auphénicien est

évident,

puisque yqnchamon est le dieu solaire au plur. on dit

chamonim, les idoles du Soleil ou lesimages qui les repré-

sentent. Nous ferons remarquer,en

passant, quele

pluriel

hébreu en im est, dans le dialecte phénicien, en um(oum)

ex. Dieu, héb. Eloa,. plur. Eloïm, phénicien Elioum (Sancho-

niaton)il en est de même du

plurielen langue vulgaire de

Haïti qui est um (oum) et quelquefoisem. Les caraïbes auraient

donc adoptésle

plurieldes

phéniciensex. en caraïbe, homme

eyeri, plur. eyerium femme inuya, plur. inuyum dieu ché-

méin, les dieux chéméinium petit enfant, ibani, plur. ibaniem.

Le soleil en hébreu, est toute shémesh, terme empruntéà l'arabe

et la chaleur du soleil est mfàft chémoh or, les Phéniciens et

leurs descendants lesCarthaginois, honoraient dans Baal le

dieu solaire, làn-b?:? Baal-chanaon, ainsi quele constatent des

inscriptionset des monuments

figuratifs. Onpeut

en conclure

que ce sont les phéniciens qui introduisirent le culte du Soleil

à l'île d'Haïti. Le culte du soleil et de la Lune n'a évidemment

passon origine chez les caraïbes on doit

yvoir une'importa-

tion orientale tandisque

le culte des idolesfabriquées par eux,

sauf celui du serpent qu'on pourrait attribuer à Votan, qui

venait aussi d'Orient, dut prendre naissance au sein des hordes

plongéesdans les ténèbres de la

sauvagerie,sans-doute

après

l'anéantissement des Phéniciens. Les insulaires accordaient de

l'intelligence aux idolesqui avaient la

figuredes animaux elles

devenaient des zophé-chêmin, cequi signifie contemplateur du

soleil de l'héb. tsophé, guetteur,.voyant, contemplateur,

'lut sheméi ouyrgà shemain ou Qi»tj shâmaim des cieux, du

firmament.

Page 91: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

CHAPITRE IV.

Dansce chapitre nous donnons cent mots de la langue Taino,

qui fut le dialectephénicien de l'île d'Haïti ils servent à con-

firmer nosprécédentes démonstrations et la nationalité, de ses

premiershabitants venus d'Orient, conformément aux traditions

transmises par les Caraïbes insulaires.

Adversité, angoisse taino, ano-kali héb. âno être

affligé, découragé, pauvre; ibjj kâli, adj.du v. être

dédaigné, méprisé.

Amphore, vase creux, auge,citerne taino, shicati

(chuint.)

héb.nptî

shicat ou(c. suff.) shicati, vase qui sert à boire, auge,

subst. dérivé du v.ï-ijjtç shâcâ, donner à boire, présenter

l'am-

phore ou la cruche.

Antiquité, vieux mur, édifice en ruine, fondation antique

taino, bina-thoali héb. du v.nja

bânâ œdificavit, construisit,

fonda, on a nroa binah, construction, édifice 2° la lettre n th

de thoali, en hébreu, permute avec td sh d'où b?TB shoâl, ce qui

est creusé, dégradé parle

temps ou la vétusté c'est le dérivé

du verbeb?iB shoal, être creusé', troué, dégradé par

letemps

à shoâlajoutant le suffixe, on a shoali=thoali ainsi l'héb. ou

phén. binah-shoali=taino bina-thoali.

Banni, exilé, déporté taino, galinago héb.yi?} gâlin,

émigration, exil, captivité njn âgo,être expulsé, poussé vers.

Bitume, braie, poix, goudron taino, balam-ani héb. Dba

Page 92: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

92

bâlam, claudere, fermer, boucher, obturer; 13s ani, vas, urna,

amphora, navis, vase, urne, vaisseaux. Le taino balamani est

donc bien la matière qui sert à boucher ou à obturer la fente

d'un vase quelconque,à calfeutrer un navire et

y aveugler une

voie d'eau.

Bon, honnête, vertueux, droit, solide taino, tobou, itobou;

héb. ait: tob, bon, vertueux, nia tobou, inir» itobou, ils sont

bons, vertueux; infin. aian itob être vertueux; imp. laïDin

hitobousoyez

bons.

Bouche taino, pôta héb.nra pôtah, aperuit se, apertus

est, s'ouvre ou est ouvert, os aperuit, il ouvre la bouche.

Bouche, en héb. est aussi iis pâ ou po ou pi, du v.'r&pâ ou po

ouvrir, r espirerles hébraïsants

qui prononcent phâ ont tort

car le taino quiest du vieux

phénicien, fait voir que la lettre

hébraïque est ici P et non PH, prononciation imitée dugrec..

Bruit taino, takoulacani héb.iypri

tâho ounpsn

takou

bruit, subst. du v.3>p_ri tâka, cogner, causer du bruit, 135-b le-

cani en(ce)

lieu.

Brûlure, l'action du feu.: taino. cuyo, coya héb. rns cuyoh,

cuyâh, brûlure, subst. dérivé du v.nja

couah être brûlépar

le

feu.

Cabane, carbet, abri taino, autè, ôté; héb. rra? otè, toit,

.couvert, entouré, ainsi que ïxti? ôtè entourant, couvrant, part.

prés.du v. nay otâ, couvrir, entourer.

Chanter, célébrer taino, alallaka héb. bbn âlal célébrer,

rendre un son ou un chant clair voix claire et haute np_b

lâkahpercepit, cepit auribus, que perçoit l'oreille; d'où

nj?b

lékala, art (poétique oumusical).

Chenilles; taino, mourourou héb. STiTa morôroh, cequi

est venimeux.

Chouette taino, mouroukouli héb. soi» môroh, pavor,

peur, ou rnta môroh meeror, tristesse; kol, c. suff. koli,

voix, cri. Le taino trouve -dans l'hébreu la définition de la

chouette, dont la voix nocturne et lugubre cause une sensation

de crainte et de tristesse.

Page 93: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-93-

Ciel taino, capo héb.1; cap (c. suff.) capo,, incurvatum,

•cavum est, ce qui est courbe, concave,.c'est le. dérivé du v. ns?

.câpo être courbe celui-ci apour voisin

nrw gâbô, haut, élevé,

majestueux.Le ciel, en taino, est donc

désigné parune méta-

phoreen hébreu, il en est ainsi

pour d^Katçchâmaim les cieux,

subst. dérivé du v. rad.nais

châmâ être haut, élevé; le ciely

est aussi désigné par y^pnràkia qui signifie l'étendue.

Cigale taino, kerâ-kerâ héb.xnp

kerâ crier ns keraz, id.

Coffre, panier taino, arca, arga héb. Mis argaz = arga

par suppressionde la dernière consonne.

Coin (outil) taino, nacou, nagou-: héb.2^5 nâgou, percus-

sus, frappé, part. du v. yn nâga percussit, dont l'infin. (c. suff.)

.est iJtts nâgo, frapper, forcer, employer la force.

Coin, angle intérieur taino, litoulâ héb. du v. a*6 lout

cacher, on a le part. passif inub litoui étant caché mb lâ, nihil,

rien. L'angle intérieur, le coin qui sert à cacher c'est ce

qu'exprime litou tandis que la seconde syllabe lâ, est une ex-

pression juste, puisque la chose cachée ou disparue est égale à

rien.

Colère, ardeur, emportement taino, ian héb. ns; iana,

violenter egit, agit violemment, avec colére fut. 1: ian s'em-

portera.

Couronne taino, bouemèn héb. au boum, summum rei,

le sommet d'un objet, la chose élevée; Il hèn, pulcher, pretiosus,

pretiosa, beau, belle, précieux, précieuse.

Crapaud taino, houa (onomatopée) c'est le cri naturel du

crapaud héb. rnn hôwa ou nin hôâ, houâ, calamité, choses

ou maladies pernicieuses or, les haïtiens avaient le crapaud

au nombre de leurs dieux et ils l'honoraient par crainte des

calamités et pour conjurer les maux dont ils étaient menacés.

Dedans, intérieur taïno, irécou, héb. i\~p_irec, espace inté-

rieur, lieu pénétrable.

Délices taino, kesk, kisk, kiski héb. pisn khesk, iptén

khiski, déliciœ, délices.

Page 94: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-94-

Dieu taino Jovana, Tupan 1° i\ Jov Dieu, njn ânâ pro-

pice 2° héb.n&o topah expandit se, extendit se, s'étend, se-

développe,est vaste dans

l'espace c'est l'infini c'est la Divi-

nitépour laquelle le P. Charlevoix dit

queles insulaires d'Haïti'

avaient une idée assez vague etlégère.

Domicile, maison taino, manona; héb. rpDB mânoa ou'

finira menouâh, domicile, lieu derepos.

Effroi, terreur, crainte taino, hiticali héb. iftfi hiti, terror,

pavor peur 2° du verbe radicals!» câlâ, on a ibs keli et

*by

câli, arme, joug,instrument

quelconquede châtiment et

vtày

kelih, carcer, prison (ce qui inspirela

crainte).

Endroit ou lieu élevé taino, goara héb. nss goâh, extulit

se, elatus est, s'élève, est haut nui rah visible, du v.

rââh visus est.

Enfant, fils, progéniture taino el, ele, ili héb. "6"> eled,

~fo-} ilid, natus, puer, filius on voit encore ici lasuppression

de la consonne finale.

Ennemi taino, anaki(Oviedo) héb.

pi? anâk, c. suff.

anaki, plur. û^pj? anahim;ils étaient des cananéens redou-

tables par leur force et leur haute stature; anak, enlangue

kichua(qui est la

primitive) signifie géant, robuste et rude.

Le nom d'Anakitransporté à Haïti est

remarquable.

Épouse, uxortaino, ita héb. verbe atr itab, secum coha-

bitare fecit mulierem l'épouseita est bien

désignée par le v.

héb. itab.

Époux, mari taino, raiti ou râhiti héb. ?n raa, amicus,

socius, compagnon, associé et taino iti ou. hiti, femme râiti

ou mieux râhiti est l'associé ou mari de la femme héthéenne.

Être, exister taino, éi héb. Ti^eï, vivant, vif, du v.rrjn

aiâ d'où irp iéi, vivat, qu'il vive.

Femme enceinte ou féconde taino, hiâni héb.ïTri hiâ,.

vitam dedit, mulier semen viri vivificare, ubiconcipit

de eo

(Gen. XIX, 32, 34) pnhin c. suff. hini, pulchritudov

beauté. Le taino hiâni est une contraction de hiâhini.

Page 95: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

95.

Fille (Jeune), puella taino, rahen, héb. orn rahem parfois

m et zz, à la fin d'un mot, ont la même valeur ex.]iis

câtan

crin câtam cacher, couvrir jxfiosalan = D?fe sâtam, adver-

saire, ennemi ]nabâan =nrn bâam, fermer, clore }>»© she-

màin = D?5?C shâmâim les cieux.

Fils aîné taino, rabou héb. an rab, maior natu, summus,

princeps, l'aîné, le chef de famille; d'où npn râboh, potens factus

est d'où le substantif *û"i rebou ou rabou, autorité.

Folie taino, ianimali héb. ian, fut. du v. ïiii iana,

être violent, colère; et b?»i imal fut. du v. bya mâa£, agir avec

malice ou avec perfidie.

Gémissant taino, anokaâli héb. du v. pis ânok, gémir,

on a tt]?5$ a nokâ gémissement; 2° du v. nbn hâlâ, être souffrant,

on a ibn hâli morbus. malade.

Graisse, huile taino, kâlaba héb. de abn khâlab, être gras,

on a khâlebâ, graisse, graisseux, huileux.

Grenouille taino houâtibi ce nom se décompose 1° en

hou4, laoû (onomatopée) qui est le cri de la grenouille 2° du

v. héb. ait: tob être bon, on a hiph. hitib beneficia contu-

lit, apporte les bienfaits; on a le subst. ait: toub bonum, opti-

mum, plur. bona optima, opes, les biens, les richesses, d'où iaw

toubi et 131x3 tibi, santé, félicité. Considérant que la grenouille

était une des divinités des haïtiens, elle était, selon l'étymologie

ci-dessus, opposée au crapaud, qui représentait les calamités

et les maladies. La grenouille houâtibi était donc une divinité

bienfaisante.

Guerrier, soldat taino, makère, maguèr héb. -\Xû maguer,

cecidit, il tue, d'où le subst. irrot! mehérah, arme, glaive du

guerrier.

Guetteur, observateur, contemplateur taino, zophé héb.

ïiëis tsophé, ouzophé, d'où, taino, Zophéchemîn contemplateur'

du dieu solaire ce qui correspond à l'hébreu tsophé-

sheihàin ou DiBTD shanzàim, contemplateur des cieux ou du

firmament.

Page 96: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

Habitation, lieu de résidence habituelle taino, hueitobou

héb. i"!» heui habitation nab tobou est bonne, agréable, d'un

bel aspect.

Héthéen taino, iti ou hiti, nom dupeuple primitif d'Haïti

héb. iftfi hiti, Héthéen. Les Héthéens furent au nombre des

Cananéens queJosué fit massacrer.

Hévéen ou Chévéen taino, chivi héb. iin chivi ou hivi,

peupleHévéen ou Chévéen, qui était cananéen et habitait le

Liban selonPetrus

Martyr d'Anghiera, lepeuple d'Haïti était

appelé chivi il dutémigrer

à Haïti à la suite des héthéens.

Ile taino, oubao, terme de lalangue usuelle; mais dont la

définition est plus précise que le taino et l'hébreu aï, haï, hay

dont lasignification est aussi « île » en effet, oubao correspond

à l'héb.i^V.obâd, colens, servus, colonus, travailleur, colon,

ainsi qu'à *OJ> oubad(pour oubao),

servitusgravis,

travail

sérieux ces substantifs sont dérivés du v. -a$ obad laborem

imposuit, imposale travail. En vieux

germain existe le verbe

uoban cultiver, et le subst. uoberi, cultivateur, colon. Le nom

taino de oubaopour île, exprime donc un lieu de travail et de

colonisation on ne peut l'attribuer aux Caraïbes, mais aux

phéniciens.

Instrument demusique taino, habalo, habao, flûte sans

doute car, heb. ban hûbâl souffler et le subst. le souffle ^nn

hnbelou, ils soufflent.

Jour, clarté solaire taino, iuéiouli, terme évidemment cor-

rompude l'héb. iéoumi ou wp iéom ou iôm,

jour.

Jumeau taino, maitao héb. ma mat, vir, homme dîkpi

tâom, duplex, qui est double, geminus est, qui est jumeau.En

taino, suppression de la dernière consonnehébraïque,

selon la

coutume

Jus doux, suc doux taino, miti, latin mitis héb.pin»

métik etpityn mitik, doux, suave, adj.

du v.ptra mâtak, être

doux; n]?rtû mitéka, douceur, suavité. Le taino miti a encore

rejeté la dernière consonne du mitik.

Page 97: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

97

Jus ou suc fermenté taino, thirâ héb. thity thirâsh et

tJTTn thirosh, moût, suc quifermente et enivre,- jus de raisin

la dernière consonne de thirash, est encore supprimée au taino

c'est là, c'est ici taino, oni héb.on,

lat. ecce, hîc,

ici, là, voici.

Limite, borne enpierre taino, ébeni héb. ]2X ébén, c. suff.

ébeni, pierreautre

étym. ]in bein, béini, ébein,

ébeini, intervalle entre, espace intermédiaire.

Litpour

dormir et ronfler taino, Mènera héb. ifiï naher,

ronfleur, fém.ï\yn nahérah,

ronfleuse nahérahpeut

être

assimilée au lit de repos que nous nommons dormeuse.

Lui, elle taino, i, hi héb. fém. «in hi, ih, arabe hi.

Lune taino, nonapour lona

héb. ]b Ion, elle reste ou passe

la. nuit, du v.^b

loun rester oupasser

la nuit. La lune était

donc désignée par une métaphore, puisqueles hébreux la

nommaient itp iaréala.

Main droite taino, hiâ-ôn héb. 1° rpfi hiâ, valere, vigere

jussit, vivificare, ordonner, être robuste et actif, montrer de la

vigueur,de l'action; 2° fin ân, d'une façon facile, adroite, vive,

commode ôn est donc le complémentde hiâ, c'est-à-dire des

facultés qui s'appliquentà la force, à l'action et à la noblesse

de la main droite.

Main gauche taino, nouba-ana 1° héb. noba fœtere et

putrescere fecit, etl'adj. voisin

bij nobâl, stultus, improbus,

abjectus, impius, c'est-à-dire incapable, maladroit, gauche, vil,

abjectet mauvais c'est la définition de la main gauche que les

Orientaux nommentimpure,

enopposition

à la main droite, qui

est la noble, la dextrequi manie les armes et

porteles aliments

à la bouche tandisque

la maingauche est servile et est

destinée aux choses viles, malpropreset profanes. 2° héb. njy

ânâ humble, soumis, misérable, ayant pour voisinl'adjectif S]3h

hânap immonde, profane.

Maison(voir domicile et

habitation).

Page 98: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

-98-

Marteau taino, boutou héb.(b permute avec/))

du v.thas

potosh, malleopercuttere, frapper avec le marteau, on a

impér.

plur. ibb poutou, frappezon a

part. passif tht>6 potoush étant

frappéou

frappant.Il est visible

quele taino boutou est un.

subst. dérivé et altéré du verbe ci-dessus.

Massue et toute arme à la fois contondante etperforante

taino, macana, machana kichua, makana, massue héb. rott

macâ, coup, blessure; X3 nâ, particule qui,mise à la suite

d'un mot, indique la résolution, le défi, la menace, comme

prends-garde » xjnâ indique aussi la

penséed'un acte futur

et sert encore de locution impérative.

Masure, maison en ruine taino, bâti héb. iro bâtéi, plur.

D">to bâtim, d'où Titra batâh, dévastation, ruine.

Méprisé taino, ânokali héb.n:y âno, afflictus est, est

affligé; 2°"b$ ka.li, dérivé du v.

rfej? kâ.lâh, vilis factus est, est

avili; d'oùbj? kal, kalài, plur D^bj? kalim, esclaves, gens

vils etméprisés.

Moi taino, ni; arabe, ni; héb. ijs ani.

Nain taino, chaniméli héb.in chèn, c. suff. "on chani,.

pitiéc'est le dérivé du v.

pn chânam, misertus est, miseri-

cordia affectus est, est dignede

pitié 2° taino, méli héb.in»

mâtài ou irta méti, longueur, taille, terme corroboré parla

variante hébraïque "Ta mad, c. suff. i'ib midi, longueur,taille.

Nation, société, association taino, hiba, kibati, kibiti, khé-

béti, ghébéti héb. du v. nan khibar, consociare, consociatus

esse, s'associer, être associé, on a le subst. "un khéber, société,

association de personnes. Nous avons mieux, parla permuta-

tion du n khet en ghimel d'où iaa ghéber, vir, homme; mais

son féminin est rmi ghébert, lat. domina, femme supérieure

ou dominatrice c. suff. Mais parsuite de l'af-

faiblissement de lalangue, supprimant

la lettre r, on a le taino,

ghébéti, ghibéti, ou kibili cequi

est bien la nation, la société,

l'association, puisque toute nation se compose d'individus des-

deux sexes.

Page 99: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

99

Navires à voiles taino, canapire héb. t|S3 cânâp ou i&3d

.cânapi, aile, àîlée, irou, demeure, maison canapire serait

un terme altéré de canapirou, maison aîlêe, ce qui est l'image

du navire à voiles. Ily

a encore l'hébreu nti^SDS canapi roua,

ala venti, l'aile du vent(poétique).

Neveu taino, bitam, terme altéré de l'hébreu beit-

am, de la maison ou de la famille maternelle; ilpeut aussi

dériver deas"tïU beit-ab, de la maison paternelle. L'hébreu

beit ne veut pas dire seulement maison mais ils'applique

à la

famille, à la lignéed'une même maison, aux parents ascendants

et descendants, particulièrement aux neveux du côté maternel

.ou paternel.

Noir, noirci taino, konta héb. du v. rad. din khount,

nigrum esse,- être noir, on a ûin khom, noir, noirci, fém. fin

khoma noire et D'art khomanz est noir ou noirci.

Non, ni, rien taino mâina, maiana héb.)V!Q mâèn,

nolens, renuens, qui refuse, quidit non, rien; en kichua, mana,

non, rien.

Nourriture, aliments (pain, gâteau, etc.) taino, marou ce

terme a une corrélation évidente avec l'hébreuarfû mâro, cibo

repletus, pinguis, replet, repus, plein d'aliments le v.xna

ou

nia bâro, comedit, a mangé;les termes maro et baro ont une

même origine car m et b sont deux labiales quise confondent.

Nuage taino, alirou héb. b?, c. suff. ib? ali, au-dessus,

-en haut, d'en haut; et subst. rvn roh, arrosage (d'en haut).

Nuit taino, chachoù héb. -nn» chachor, noir, sombre

autreétym.

héb. fier; chaschoc, plur. Dipffln chaschouhim, les

ténèbres on dit aussi, taino, couco héb.nsiD cocob, étoile;

l'on pouvait désigner la nuitpar

le lever d'une étoile car entre

lestropiques,

iln'y

apas

de crépusculeet la nuit se fait dès

que le soleil a disparu (voir soir).

Où? taino, aiah? héb. fPS àieh?

Oui, si, certainement taino, aca héb. le ac; taino, ah,

alai arabe, héi.

Page 100: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

100

Oui, d'accord han, laanhan héb.)ft laan, accord, bien-

veillance, gracieuseté, dérivé du v.]_:n hânan, s'incliner,

approuver.

Oui taino, hinalekia; composé du kichua hina, oui, et de

l'hébreule-ikeah

b prép. préfixe, a, ab, propter, par,

à cause de, etiinp? iheah, obéissance, condescendance oui par

obéissance.

Paradis taino, coyaba, goyaba (contracté de goy a-aboi)

.héb. vallée, plaine, pays rûs âbah fruit, fleur, ver-

dure, du v. rad. âbab, fructusprotulit,

floresproduxit.

Autre étym. soj goia, valléepays nns

âbâh désiré, pleind'at-

traits d'où ans aab, amour, fém.rnna aabâh, plur.

aâbim, les amours, les délices. Tout cela est l'imagedu Para-

dis terrestre.

Parasol taino, bamacâli héb.naa bâmâh, arc, voûte; du

v. rad.nbT3 câlâ, paravit,

confectus est, ornatus est, on a les

adj.construits ibD keli ou

ibn câli, confectus, perfectus, ornatus,

confectionné, façonné et orné.

Part, portiondéterminée taino, nâra héb. rnsi

nârah

=nni$ ârah, désigné, défini, limité.

Pierre, pierreux taino, tébou, thibou, shiba, siba, sibao

héb..TOQ tébour, Tûii thabor, "lijn thébar= "\yé shabar pierre

précieuse, fati shebo; fragmentde

pierre, ssç shiba; qui est

abondant, ystû seba. Laprincipale montagne d'Haïti, renommée

pourses richesses minérales et l'abondance de son or, se nomme

Sibao.

Piqûre taino, tahikini 15 nanti thahikî ni=*î

kini car n th = 1» shpar permutation d'où étym. là

slzaqui;

nsn hilîi ou nan iké apercé,

apiqué, préterit

du v.nDD nâkâ,

percer, piquer ia ni douleur, plainte tahikini est donc «piqûre

douloureuse

Pleurs, sanglots, gémissements taino, nacou-ira héb.

njjss nâkoh, plur..rnpstt naakoth, gémissements, pleurs,san-

glots exprimeles diverses émotions de l'âme, qui sont

lafrayeur,

les angoisses, les larmes de tristesse et de rage.

Page 101: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

101

Qui (pron. relat.) taino, iki héb. i? ki.

Regard, œil, vue, vision taino, hizï, hatzi héb. du v. nm

hazâ, voir, a vu, on a les dérivés iïn hazo, yfn hazi, itn hézi,

iffl hizi, regard, œil, vue, vision.

Renom taino, icâli héb. eicàl, preevaluit, superavit,

aprévalu,

asurpassé iacol, potens factus. est,

est devenu puissant, grand et célèbre.

Riche, opulent taino, douchi héb. itth doschen, dives,

opulentus, riche, opulent.

Sac taino, chapou, héb. nsn châpoh, velat, proteget, il

cache, couvre, entoure etprotège a pour homophone v.

ran

chabôlz, abscondet, occultat, il cache, il couvre.

Sacrifice taino, anakri les v.njn

hânâ et ni» ânâsigni-

fient se soumettre à."np

kri acte, hostile et cruel. 2eétym.

v. ânâh se commit, se réalisa, iipskri l'acte cruel 3eétym.

nsy ânr:ch, faitgémir,

fait violence, tvns crith, bourreau c?-ïÏA

est un dérivé derro câra, tuer, trancher. Ces diverses for-

mulesétymologiques expriment bien le sacrifice.

Salaire, gages taino, abemali, terme contracté de l'hébreu

ian hâbal donner ou recevoir le salaire btb'd mâlé, c. suff.

">sba mâli, plene, complètement, ouplenus, complet

Salut, bonjour taino, mâtecabâ, mabonicâ 1° matecab£,

dérivé de l'héb. nuîa mata, inclination et de ins câbad, hono-

rer, faire honneur 2° mâbouica, de l'hébreuio^ mâbo, entrée,

arrivée; tnn^ û-ikaâ, avec humilité, avec vénération; ikaâ

est dérivé du v.rtf£ iakâ, veneratus esse, être vénéré.

Salutation ou l'action de saluer taino, amâbôuicarôni

héb. art. n a, la, sna mâbô, arrivée u-ikaâ avec sou-

mission, deségards; isn ronéi, cause des

joies,du contente-

ment ronéi est leplur. de p rôn, joie (c. suff.) rôni.

Serpent, vipère taino, bobo, boâ héb.ny& poh, serpent,

subst. dérivé du v.n^û pooh ou poâh, sibilavit

serpens. On voit

que le taino bobo est bo redoublé. En héb. les lettres labiales

p et bpermutent c'est

pourquoi pohpoh=bohboh, d'où bobo

Page 102: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

102

de même aussi poâh=boâh, d'où boa. Les caraibes disaient

aussi boia mais ce ternie est une altération de boâ, comme

celui-ci l'est de poâh. Nous ferons observerqu'en hébreu l'on

dit aussin5BS époh pour poh, serpent, vipère; parce qu'en

cette langue, par aphérèse, s é sesupprime

à volonté, comme

dans ->n éad, unus nr© éproa, proies

pn thecan^otyt éthecan, donum. La répétition de boqui est

bobo, rappellele double

signe SS, symbolisant Votan, quiest

deux fois serpent, sous les noms de"jns photan et de ùi.&ttj schi-

phim, homophonesde Votan et Chivim, qui signifient serpents.

Soir et nuit taino, ariabou héb.any ârab, ereb,

vesper, soir; yyyt arebou, arâboth, vesperi;les soirs.

Entre les tropiques, en serapprochant

del'équateur, le soir

est la nuit se confondent, puisqu'il n'y a pointde

crépuscule

de là la double signification d' 'ariabou. Nous feronsremarquer

quel'hébreu ereb est l'origine du nom

mythologique Erèbe,

fils du chaos et de la nuit etqu'il désigne

aussi le fond des

enfers même c'est bien la nuit.

Soleil, divinité ou dieu solaire des Haïtiens taino Chémîn,

plur.Chéménium héb.

yen chamon, plur. diïan chamonim

chamôn est le dieu solaire et chamonim les imagesdu soleil.

Soleil taino, kazic, kashi héb.fTrt khaziz, fulmen, ful-

gur, feu, flamme; éclair, rayonde feu, lumière vive. Autre

étym.voisine ou kazé, Monde

supérieur,ce qui est

universel, plagedu ciel. On a encore

ma? kasheth, arcus et

Sagittariusc'est l'arc du Zodiaque que parcourt le soleil dans

sa course annuelle et dont le Sagittaire est un des douze

signesses flèches sont une

allégorieau

rayonsdu Soleil.

Soleil couchant ou déclin du Soleil, occasus solis taino,

soraya (sanscrit, surya) héb. T© sor, occasus, recessus, par-

ticipedu v. "no sour, recedere, declinare, serrare, reculer,

décliner, s'enfoncer sorer, recedere fecit viam nno so-

rath, recessit, se retire. L'été, oestus solis, est ano shorâb.

Les auteurs de l'antiquitédisent

toujoursle couchant d'été ou

Page 103: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

103

7

d'hiver du soleil, qui est le principal objectif,la direction à

consulter car les anciens navigateursn'avaient

pasla bous-

sole ils n'observaient pointle lever du soleil, mais le

point de

l'horizon où il se couchait.

Table taino, abâ héb.]2« âbân, dalle, pierre plate ou

planela table primitive

dut être unepierre plate.

Tache, tumeur taino, tilou héb. inbta tâlouh, maculosus;

taché, qui a une tache, une tumeur; part. duv.

xbta tâto, d'où

emplâtre, nb»ntâtoh.

Toi taino, té, héb. fém. n» até; arabe, enté.

Une, une seule taino, atâ héb. fém.ans adâ, une.

Ver taino, liché; héb. "jr6 lichec, lambit, il lèche ifîS'Dhb

lichec-âphâr, il lèche lapoussière

ou la terre. En taino, ver

est aussi nommé cousi, coushi héb. ths goush, sordespulve-

ris, impurus, spurcus.

Village taino, hâbakani héb. pin kâbak, est entouré,

entrelacé kan ijj c. suif. ^p_ kani, demeure, lieu du domicile.

Hâbak a le sens des verbes ïao sâbak, miscuit vel implicuit

ramos, et Mo sâbab, cinxit, circumivit. Le taino hâbakani

est donc un village entouré de palissades, de branchages ou

de quelqu'autre obstacle.

Voleur taino, mânanzi héb. y:tt mâna, retenir, retran-

cher, enlever 52 mi=^a min et indique quelque partie d'une

chose ex. satiatus est rei, il s'en est rassa-

sié. Si l'on supposait que le voleur ait employé la force ou

l'effraction, mi pourrait être l'abrégé de yva mils, violence

car, ainsi que nous l'avons dit à l'Avant-propos, dans le taino,

lorsque la consonne finale est dure, elle est toujours supprimée.

Les cent termes du langage taino que nous venons de mettre

en regard de l'hébreu qui leur correspond, ont avec celui-ci

une identité qui n'est pas contestable. Le langage des femmes

d'Haîti est donc bien un dialecte phénicien et ce dialecte dé-

montre parfaitement que cette île fut, dans l'antiquité la plus

reculée, peuplée par les phéniciens et plus tard par les Cartha-

Page 104: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

104

ginois qu'ils yabordèrent à titre d'exilés et de colons qu'ils-

en furent longtemps lespossesseurs, jusqu'à

cequ'étant affai-

blis parleurs constantes

expéditionsvers le continent améri-

cain, ils furent surpris et massacrés par une armée de caraïbes,

ainsi quele disait la tradition de ceux-ci. Nous nous en tenons.

à la publication, parordre

alphabétiquede la traduction des

cent mots français ci-dessus bien que nous enayons traduit.

davantagemais nous devions mettre une limite au travail si

fastidieux desétymologies

et il nous suffit de direque les

cent mots tainoreproduits ici, forment

presque le quart du.

dialecte des Caraïbes d'Haïti, puisque le vocabulaire deRay-

mond Breton, qui est le plus étendu ne contient guère au-delà

de quatrecents mots. Son catéchisme

quenous n'avons

pasana-

lysé,en contient sans doute davantage. Nous ferons remar-

quer, quele nom de taino, étant la

désignationd'une

langue

noble et sacrée, il ne devaitpas être donné indistinctement à

tous les dialectes d'Haïti qu'étant pourzcn quart dans la.

langue haîtienne, cetteproportion est notable que ce quart

des motsprovient

dulangage des femmes héthéennes et ché-

véennes, et que jusqu'icidans toutes les publications qui

con-

tiennentplus

ou moins de mots de la langue ancienne des

grandes Antilles, ily

a eu une confusioncomplète

entre le

phénicienet le caraïbe des insulaires tandis

quele taino

d'Haïti ne devrait désigner que le langage des conquérants

phéniciensou carthaginois, que nous ont transmis leurs femmes-

et les descendants de celles-ci.

Quoi qu'ilen soit, nos étymologies ajoutées

à notre introduc-

tion historique,à notre dissertation et aux démonstrations-

contenues dans noschapitres précédents, concourent à l'ensem-

ble des faits nombreux, qui établissentl'importance

de notre

découverte et qui justifientle titre de notre écrit « Les Phéni-

ciens à l'île d'Haïti et sur le continent américain. » Puisse

notre exemple servir aux gens studieux qui voudront marcher

dans la voie des recherches que nous leur traçons, enprenant

pour pointde

départ la tradition.

Page 105: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

105

Bien que les faits parlent d'eux-mêmes que la clarté de nos

citations historiques suffise pour convaincre les esprits les plus

rebelles à tout raisonnement, nous n'avons pas l'intention de

combattre l'opinion qu'ils se feront sur nos études américaines

et, les laissant libres dans leur jugement, nous leur dirons,

comme Sylla à Lamprias, Prenez de ce récit telle idée qu'il

vous plaira.

Page 106: Les Enfants de la Matrice-Tome 1
Page 107: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

APPENDICE A.

Nous ne savons rien des temps préhistoriquesmais les

premiers peupleseurent une civilisation

qui dégénéra rapide-

ment pourdes causes qui

nous sont inconnues toutefois nous

en voyonsles traces dans les traditions fabuleuses, qui consta-

tent l'heureuse existence del'âge

d'or autemps

de Saturne

car ce fut luiqui enseigne l'agriculture

aux hommes et vint

régner en Italie, quifut

appelée Saturnia Tellus. Mais remar-

quons queces traditions nous apprennent que Saturne s'attacha

àPhylire que l'on disait être fille de l'Océan.

Tyrrhenus, qui

donna son nom à une contrée de l'Italie, était fils d'Athys qui

s'attacha aussi à lanymphe Sangaris,

autre fille de l'Océan,

comme le furent toutes lesnymphes,

filles de l'Océan et de

Téthyson les

appelaitaussi Néréides, parce que Nérée,

dieu marin, était fils de l'Océan. Cette sorte de généalogie des

dieux et des déesses de l'Océan, indique allégoriquement que

les Tyrrhéniensavaient une origine Atlantique; qu'ils

durent

avoir traversé et exploré l'Océan etque,

selon toute proba-

bilité, ils eurent des établissements enAmérique,

si toutefois

ils n'en étaientpoint originaires.

A cetégard,

en aurions-nous

les preuves dans l'affirmation du savant Brasseur de Bour-

bourg, qui aurait relevé au moins la nzoitié des mots du Dic-

tionnaire latin de Noël, dans legroupe

des langues mexico-

guatémaliennes ? (p. 11, Quatre Lettres sur leMexique).

Je ne

Page 108: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

108

suis pas à même de contrôler ce fait; mais je le consigne ici

car s'il était vrai, de deux choses l'une ou les Tyrrhéniens

ont apporté la langue latine d'Amérique, ou bien, au contraire,

ce sont les Tyrrhéniens qui y ont introduit la langue latine.

Dans ce cas, ils durent avoir eu des établissements dans le

Nouveau-Monde mais ils y furent sans doute anéantis par

suite du blocus du détroit de Gadès (Gibraltar), que firent les

Carthaginois pendant trois cents ans et par la fusion de leur

race avec celles des peuples autochthones.

APPENDICE B.

Pour la clarté des faits qui touchent à l'histoire si obscure

del'antiquité,

nous allons donnerquelques

indicationspréli-

minaires. Les Phéniciens, dès lestemps

lesplus reculés,

naviguaient sur toutes les mers et, avant la guerre de Troie,

les Grecs eurent leurpremier vaisseau pour l'expédition

des

Argonautes puison vit la flotte

égyptiennede Sésostris entrer

dans l'Océan dès cette époque jusqu'au temps d'Alexandre, il

est admissibleque

les Grecs, trèsentreprenants d'ailleurs,

aient putraverser

l'Atlantique et qu'ilsaient réussi à s'établir

en Amérique.

Parmi les six Hercules nomméspar

Cicéron et les quarante

troisque désigne Varron, retenons l'Hercule Grec, l'Hercule

phénicienet l'Hercule, auteur des Lettres

phrygiennes.L'Her-

cule grec est celui qui institua, 776 ans avant J.-C., les jeux

Olympiens qui se renouvelaient tous lesquatre

ans d'où la

façon decompter

les annéespar Olympiades.

L'Hercule phé-

nicien est sans doute celui qui participaavec la reine Didon à

la fondation deCarthage

884 ans avant l'ère chrétienne. Mais

Page 109: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

109

ce serait vers cetteépoque que naquit l'Hercule, auteur des

Lettresphrygiennes.

Ce savant aurait vécu dansl'empire des

Grecs, en Asie mineure, et dont la domination sur lespays

des

'Troyenset des

Phrygiens,était déjà ancienne. Par le fait, cet

Hercule était un sujet Grec il traversa l'Océanpour visiter

les Maropas (Méropiens)chez

lesquelsil

y avait des Grecs, là

sans doute, où sontaujourd'hui,

en face de laLybie (Afrique),

les possessions brésiliennes. Les Maropas forment encore au-

jourd'hui une nation acculée aux Andes orientales de la Bo-

livie, et elle est signalée par le grand naturaliste et explorateur

Alcided'Orbigny,

dans son ouvrage « L'homme américain. »

Hercule alla aussi au nord del'Amérique appelé

« le Continent

-Cronien, » dans la mer Saturnienne, où habitaient des nations

Grecques et, dans cette expédition, il avaitpour compagnons

des lettrés, des moralistes et deslégistes. C'est

Théopompe,

.orateur, historien etpoète Grec, né à Chio, en l'an 358 avant

qui nous transporte chez lesMéropiens (^Elianus, hist.

lib.3.); tandisque

c'est legénéral romain

Sylla (Plutarque,

traité sur l'orbe lunaire), quiraconte à

Lamprias ce qu'il apprit

àCarthage d'un savant voyageur étranger, au

sujetdes Grecs

.qui habitaient le Continent Cronien, jusqu'où s'étendait, au

moins nominalement, la souveraineté deMérope..

LaPhrygie eut une

dynastie de dix rois, sous les noms de

Gordius et de Midas. Silène, confident de Midas II, fils de

Gordius IV, etqu'il

ne fautpas confondre avec Silène, le

nourricier de Bacchus, ni avec d'autres Génies familiers du

!même nom Silène, disons-nous, d'après Théopompe, enseigne

:à Midas, roi dePhrygie, qu'au delà et loin des trois continents

,d'Asie, d'Europeet de

Lybie, existe un véritable et unique

continent d'une immense étendue il dit que les habitants de

ce continent sontappelés Maropas (i), Silène, parlant

de ce

quatrième continent, dit qu'il est gouverné par Mérope,fille

(1) Æliani variœ historiae, lib. III, édition de Firmin Didot.

Page 110: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

110

d'Atlas II, roi deLybie.

Il résulte durapprochement de ces

diverspersonnages, qu'Atlas II était

contemporainde Gor-

dius IV, vers l'an. 900 avant J.-C., et que sa filleMérope

(Maropa)était contemporaine

de Midas II, vers l'an 850 avant

l'ère chrétienne c'est donc à cette secondeépoque qu'Hercule,

le lettré, se rendit en Amérique, trente-quatreans environ,

aprèsla fondation de

Carthage.

Evitant les temps obscurs ou fabuleux d'Atlas 1 et de Mi-

das 1(2', nos recherches n'ont pas procuré

des dateshistoriques.

plusanciennes

que celles despersonnages que

nous avons

désignés,et nous avons déterminé ces dates, en

comparant.

avec soin les chronologies de plusieurs bibliophiles ethistoriens,

qui sont loin d'être d'accord entre eux. Pour l'histoire ancienne

del'Amérique, qui

est encore à faire, les datesque nous;

donnons seront utiles car nous lescroyons assez précises.

Les.

Grecs établis sur le Continent Cronien, devaient avoir fait leur

migration environ mille ans avant l'ère chrétienne. En l'hon-

neur de Saturne, ils avaient créé des pélérinages, à l'île

d'Ogygie,l'une des Hébrides dont le nom ancien est Hémude

ou mieux encore Hamud, dérivé de la langue primitive, du

mot kichua hamuc qui signifiele

temps qui vient, l'avenir »

Saturne est, en effet, la personnification duTemps; mais, selon

lé kichua, dutemps

à venir, ce qui le distingue de Janusqui,

ayant deuxvisages, regardait le

passéet l'avenir.

'L'étymologie de Maropa se trouve aussi dans lalangue

kichua, qui fut parlée dans toute la vallée des Amazones, avant

que les Kichuas et lesMéropiens ou Maropas fussent refoulés.

par les Guaranis du Brésil vers les contreforts des Andes de

l'Amérique méridionale. En kichua, maro est terre ». son

génitif est marop ou maropa de la terre; Maropa,c'est l'iden-

tification dugrec gheghenès, née de la terre, née au

pays.Les-

(2) Midas, ayant eu pour successeurs plusieurs Gordius et Otreus, avant Mi-

das II, aurait vécu à une époque voisine du déluge de Deucalion.

Page 111: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

111

Grecs, chez lesMéropiens

du Sud, ontpu

être aussi mélés aux

Kichuas c'est qu'en effet, la langue kichua contient un millier

de mots grecs quenous

yavons relevés, et ils

ysont dans la

proportiond'un

quinzièmede cette langue. Selon toute appa-

rence, la nation Maropa, établie aujourd'hui près des Andes

boliviennes, est un reste de la nation surlaquelle regna

Mé-

rope.La situation

géographiquede ce

peupleest fixée sur la

carte, dans l'ouvrage « L'homme américain, » par le savant

naturaliste et explorateur Alcided'Orbigny.

Mais ici se pré-

sente un autre fait fort singulier c'est que les Grecs, qui

étaient chez lesMéropiens, durent être également refoulés

avec ceux-ci vers les Andes car larégion

desMaropas

est

baignée parla rivière Apolo (Apollon),

et ily

a là une pro-

vince Apolobamba; ony

trouve aussi la bourgadeAtèn

(Athènes)nous écrivons ces noms selon

l'orthographe espa-

gnole.Près de là, est la tribu Itonama, qui rappelle Iton, fils

de Deucaliôn et inventeur de l'art de travailler et de façonner

les métaux près de la rivièreApolo

et voisine d'Itonama, est

la tribu Tacana, terme kichuaqui signifie

marteau et tout

outillagede

forgeron ce qui confirmequ'Itonama

est un sou-

venir d'Itonqui travaillait les métaux. Nous y signalons

encore

la tribu Isiama qui rappelle les Isiaques, prêtresd'Isis et les

fêtes isiennes. Par l'ensemble de ces divers faits, l'on voit un

souvenir des Grecs chez lespeuplades sauvages

de cette

contrée, au pied des Andes et dans un même cercle terri-

torial. Tout cela est fort significatif et mérite des recherches

semblables à cellesque nous avons faites pour confirmer la

présencedes

phéniciens à Haïti dans lestemps antiques.

Passons maintenant à la narration de Sylla. Comme elle est

fort longue, nous n'en donnerons que les passagesessentiels à

notre démonstration.Sylla

tient lelangage

suivant àLamprias

Je vous dirai avec Homère loin de nous, dans la mer, est

l'îled'Ogygie, distante de la Grande

Bretagne,vers le Couchant,

decinq journées de

navigation.Il

ya encore trois autres îles

Page 112: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

112

situées précisémentvers le Couchant d'été du Soleil, également

distantes les unes des autres.» Or, en jetant lesyeux

sur la

carte, si nous allons au N.-O. des IlesBritanniques, au Cou-

chant d'été du Soleil, nous rencontrons les Hébridesappelées

anciennement Hémudes et aussiplus récemment Hébudes

(par

corruption).L'île d'Ogygie

est laprincipale

de cegroupe

vers

l'ouest; partantde là en direction du N.-O., nous rencontrons

successivement les îles Shetlands, Fœroé et Islande, qui sont,

comme le ditSylla,

àégale

distance les unes des autres. C'est

au-delà de ces îlesqu'est

la mer Saturnienne. Les habitants de

ces îles disent quela grande Terre-ferme

(Amérique), quien-

vironne l'Océan, est éloignéede l'île

d'Ogygie d'environcinq

mille stades et unpeu

moins des autres îles.Sylla, donne

ensuite quelquesdétails sur la difficulté de la

navigation de la

mer Saturnienne, en raison des courants, des vases, des ban-

quises charriées et des attérissementsqui s'y forment. Il est

facile, par cette description, d'y reconnaître lesparages du

golfedans

lequel débouche le fleuve St-Laurent. M. Brasseur

deBourbourg,

croîty

voir une allusion à la baie de Hudson

mais commentsupposer

unenavigation possible

dans cette mer

deglaces? Sylla

continue en disant que les côtes de cette Terre-

ferme sont habitées pai, des Grecs, qui s'étendent le long du

golfe, lequelest non moins grand que les Palus Méotides

(mer

d'Azof) ils se disent habitants de la Terre-ferme et ils nous

regardent comme des insulaires, »

« Lescompagnons d'Hercule, dit

Sylla, quifurent avec lui

dans cette contrée, s'ymêlèrent avec le

peuplede Saturne et

y

restèrent, alors que leur langueétait abatardie et ils rétablirent

les moteurs grecques presque étouffées sous les lois et par les

coutumes des barbares.» Sylla continuant, dit encore, que

« chaque trente ans, en l'honneur de Saturne, ces habitants vont

aborder dans des îles opposées qu'habitent des nations grecques

et où ils voient, pendantun mois, le soleil se coucher à

peine

pendant une heurepar jour.

Par cette narration, on voit que

Page 113: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

113

les Grecs du Continent Cronien ou de la Terre-fermequi

borde

la mer Saturnienne, faisaient des expéditions au cercle polaire,

à des îles et au Groenland sans doute, qu'habitaient d'autres

populations grecques.Voilà donc des traditions écrites, des

'donnéesprécieuses pour

l'histoire ancienne de l'Amérique et

pouvantaider aux recherches que

feraient des savants et des

philologuessur les émigrations

et les établissements des Grecs

.enAmérique,

en procédantcomme nous venons de le faire

pour

les Phéniciens à Haïti c'est-à-dire, en s'assurant des traditions

desindigènes

du Canada et en examinant leurs divers et anciens

dialectes de l'extrême nord.

Pour faciliter les recherches dans lesfragments

littéraires

.deThéopompe,

il est bon de consulter dans l'Edition de Firmin

Didot, le livre III, Variée historiae Æliani, p. 329, où le texte

latin se trouve en regarddu texte

grec. Silène, ensignalant

à

Midas l'existence de plusieurs villes sur legrand

continent

américain, indiquedeux villes fort

grandes l'une nommée

Bellicosa, labelliqueuse

ou la guerrière l'autre, Pia dont les

diversessignifications

sont lapieuse,

la libérale, la bonne, la

bienfaisante, lapacifique;

celle-ci est ainsi nomméeparce que

sapopulation

vit dans l'abondance des richesses de la terre et

dans une heureuse paix. Quant aux habitants de la Bellicosa,

ils sont tousguerriers

et dès leur basâge

ils manient les armes.

Ce pays possède beaucoupd'or et d'argent, et chez eux l'or est

comme le fer chez nous. Silène dit que de nos îles (l'Europe,

l'Asie etl'Afrique)

millemyriades

d'hommes ont pu parvenir

-chez lesHyperboréens, à travers l'Océan, et que ceux-ci étaient

très contents de se voir au milieu de nous. Dans un autre frag-

ment deThéopompe, en

parlantdes Maropas, il dit qu'ils

ont

beaucoupde

grandes villes maisqu'au point

leplus éloigné

de leurpays,

ily

a un lieu nommé Anoston(en grec) et

(en

latin) Irremeabilem c'est-à-dire, lieuperdu,

d'où l'on nepeut

revenir; qu'il est entouré ni de ténèbres ni de lumière, etque

l'atmosphère y est épaisse et d'unrouge

foncé n'est-ce pas le

Page 114: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

114

Pays de l'ombrequ'avaient primitivement habité les Chichi-

mèqueset qu'ils abandonnèrent

pour se rendre auMexique par

la voie de terre? Aux environs de ce lieu dit encore Théopompe;

ily

a deux fleuves l'un estappelé

fleuve de laVolupté et

l'autre fleuve de la Tristesse etauprès

d'eux ily

a des arbres

platani (platanesou érables) d'une grande hauteur; mais les

fruitsque

l'on cueilleprès

du fleuve de la Tristesse, ne sont

pas mangeables. Théopompe dit qu'à Chio les habitants croient

à ces narrations et, que lui, il lesregarde comme des fables.

(fEliani variae historiée, p. 330). Cependant nous ferons remar-

quer que si les Grecs de l'île de Chio avaient ces traditions,

elles confirmeraient la narration deSylla, qui enseigne que

les

Grecs avaient habité chez lesHyperboréens

del'Amérique.

Notre livre, ayant pour base les traditions, qui y sont justi-

fiées, nous disons que toute tradition, même déraisonable,

contient une vérité, etque

si la vérité était au fond d'unpuits,.

ill'y

faut chercher.

APPENDICE C.

En lisant les comptes-rendus des séances de l'Académie des

Inscriptionset Belles-Lettres, où figurent souvent les noms de

Messieurs Michel Bréal, Ernest Renan, Gaston Paris et Jules

Oppert, on eststupéfait

de lalégèreté et de l'inexactitude,

frisant parfois l'ignorance, aveclesquelles quelques

uns lisent

à leurscollègues de l'Institut des communications se

rapportant

à desinscriptions traduites

par eux de la façon laplus

fantai-

siste, honteuse même, pour des membres d'un corpssavant.

Cependant, leurs traductions, jamais controlées ni discutées,

sont considérées comme exactes et sont impriméesdans les

comptes-rendus de l'Académie ou dans des fascicules superbes

Page 115: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

115

dont l'Etat, disons les contribuables aveugles, font les frais;

Ces imprimés sont pleins d'exemples de ce que nous avançons

onpourrait

en faire des volumespour l'éreintement de

plus d'un

de cesréputés

savants etpour réduire à sa

juste valeur l'im-

portance que l'on attribue à ces oracles de la science; mais,

bornons-nousaujourd'hui, en raison des limites assignées à

notre livre, à signalerla séance du 23 mars 1888, dans

laquelle

M. Michel Bréal, revenant sur une de ses communications

précédentes, rappelle qu'il avait traité d'uneinscription ainsi

conçue « Herentateis sons, » qu'on traduit ordinairement,

dit-il, par « J'appartiens à Vénus, mais ilprétend que cette

interprétation est erronée et doit être remplacée par celle-ci

K Par décision du Sénat ou de la Curie. » Le lecteur doit être

étonné de la différence de ces deux traductions ily

a donc

lieu d'examiner.

En lisant herentateis sons, on reconnaîtque ces mots affec-

tent unephysionomie plus ou moins latine d'autant

plus que

sons est unsubstantif latin quiveut dire "l'accusé, le

coupable".

Mais herentateis n'estpas

latin et M. Bréal n'en apas su la

signification cependantil veut

quecelà

signifiele Sénat ou la

Curie. Lequel des deux? L'ablatif du latin sons est sonte mais

comme M. Bréal veut que sons soit traduit par' decret, sons

serait aussi un ablatif en quelle langue?C'est un

mystère à

expliquer car les termes de cetteinscription

et de la suivante

qu'on verra, ont été relevés dans une contrée où lalangue osque

fut celle de la Campanie, celle des Samnites, des Calabriens et

deplusieurs autres

petits peuples,formant une confédération

osque, voisine de la Grande Grèce. Or, sons, en tantque osque,

est forcément un nominatif de la deuxième déclinaison de cette

langue et se décline comme abellans donc sons auraitpour

ablatifsingulier sonod et

pour abl.pluriel

sonois. Les ablatifs

de lapremière déclinaison sont en ad et ais, et ceux de la

troisième sont en ud et en is. Sons n'est doncpoint

un ablatif

et nesignifie pas decreto, par décret. Ce point étant éclairci,

Page 116: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

116

à la confusion de M. Bréal, celui-ci sait bienque l'osque, les

grec et le latin ontbeaucoup

de racines qui leur sont communes

mais qu'unefoule de mots grecs et latins ont les désinences des-

osquesen a, o, ai, ei, oi, ais, eis, ois les latins, plus parti-

culièrement, yont

pris les terminaisons de l'accusatifsingulier

et desgénitifs pluriels. Enfin, faisons remarquer que beaucoup

d'éléments de la langue latine ont étépuisés

dansl'osque qui

est plusancienne qu'elle mais que dans la formation de leur

grammaire,les latins ont

supprimédes lettres qui terminaient

les mots osques. C'est pourquoi, nos professeurs, pour chercher

l'explicationdes termes osques et les assimiler aux termes

latins, simplifientles désinences de ceux-là par des

suppressions.

de lettres et leur donnent ainsi unephysionomie latine. Celà

réussit quelque fois mais, comme nous l'allons démontrer, ces

professeurs,membres de l'Institut, se fourvoient

complètement;

parce quedans leur savoir, ils n'ont

pas jusqu'icitenu

compte

de l'élément phénicien, qui a existé dans la plus hauteantiquité

chez les osques, et qu'ils n'ont pas même la pensée, que les

phéniciens quifurent les dominateurs de la Méditerranée, en

même temps que lesplus grands commerçants du Monde,

avaient descomptoirs

et des colonies dans lapéninsule italique;

ils oublient que l'alphabet osque est d'origine phénicienne;mais

que, malgré celà, on trouve des inscriptions enlangue osque,

écrites avec des caractères grecs et latins. Il .en est de même

duphénicien que parfois

chez lesosques,

on écrivait avec des

caractères non phéniciensc'est un fait

peut-être ignoré,mais

dont j'ai plusieurs preuves.Faut-il

rappeler aux professeurs

d'histoire qu'enl'an de Rome 245, cette ville avait un traité

avec les Carthaginois, quiaussi étaient

phénicienset

qu'Anni-

bal occupa l'Italie pendant treize années et qu'il s'était emparé

deCapoue, qui,

selon Cicéron, était l'émule de Corinthe et de

Carthage c'est auprès deCapoue que

l'on a trouvé les inscrip-

tions queM. Bréal a si mal traduites.

D'aprèsce que nous

venons de dire, il ne peut yavoir de doute qu'en Italie la langue

Page 117: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

117

phéniciennea été partiellement, en

usage d'où l'onpeut

supposer quedans la

Campanie existent desinscriptions phé-

niciennes, écrites, selonl'époque

et la mode, avec des caractères

divers, comme celà à lieupour l'osque même.

Mais pouraffirmer son

opinion, M.Bréal

invoque un pré-

cédent, en citant cette autreinscription « Sepieis helevieis

sonsqu'il

transforme en sepii helvii decreto, lui donnant une

physionomie plus latine, et il veutque

celà confirme sa traduc-

tion précédentePar décision du Sénat ou de la Curie. »

Faisons remarquer,1°

que l'inscriptionherentateis sons fut

découverte en Italie, près deCapoue, dans l'ancienne Cam-

panie 2° qu'anciennement ce littoral étaitfréquenté par

les

Latins, les Grecs, lesTyrrhéniens

et avant eux, par les Phé-

niciensqui y commerçaient; 3° qu'on y

aparlé leurs

langues

qui furent écrites diversement; 4°que les caractères latins et

grecs y ont aussi servi pour écrire les diverseslangues

en

usage, comme avec les caractères latins, nous écrivons de nos

joursle

grec, l'hébreu, le kichua, etc. Or, si M. Bréal, au lieu

d'invoquer desprécédents, pour se tirer d'affaire, alors

que c'est

lui même et sescollègues, qui établissent les

précédents; si,

disons-nous, M. Bréal s'était rendu compte de laprésence de

plusieurs peuples anciens, navigateurs, qui fréquentaient la mer

tyrrhénienne,n'aurait-il

pasdû

supposer que lesditesinscrip-.

tions, fussent-elles, écrites en caractèresosques,

latins ou grecs,

pouvaient appartenir à l'une des langues desplus anciens navi-

gateurset dominateurs de la Méditerranée? C'est

pourtant .ce

qui a lieupour herentateis sons aussi bien

que pour sepieis

helevieis sons, comme nous l'allons démontrer. Nous nous

demandons d'abord, comment il se fait que M. Michel Bréal

qui est helléniste, latiniste et hébraïste, puisqu'il est Juifs, n'a

pas compris que les Phéniciens et les Carthaginois avaient laissé

enCampanie, des traces de leurs

expéditions guerrières et

maritimes, de leurs mœurs et de leurlangage

est-ce que par

hasardl'alphabet campanien n'est

pasun

composéde

l'alphabet

phénicien?

Page 118: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

118

Ainsi, au lieu de rejeter la traduction traditionnelle de

herentateis sons, quiest

« J'appartiensà Vénus

pour ré-

soudre laquestion, j'ai

cherché si l'hébreu, qui est lephénicien,

ne venaitpas

confirmer cette tradition. Je dois avertir d'abord

le lecteur, que, dans les inscriptions archaïques, l'orthographe

des mots et leurs intervalles existaient rarement que les lettres

d'un mot se confondaient avec celles du mot voisin etque les

graveurs ignorantsécrivaient sans

régularitéen sorte

quele

philologuea

pour première obligation de chercher, par la

division et legroupement des lettres, la véritable formation

des mots. Dès lors, leur traduction est d'autant plus facileque

l'on apu

découvrir le dialecteauquel ils

appartiennent. C'est

enopérant

de cette façon que j'aitrouvé

que les inscrip-

tions ci-dessus étaient phéniciennes. Ainsi, l'inscriptionheren-

tateis sons est formée des trois mots herén-tatei-sonsphéni-

cienjnnsi ha:rèn, sequens, celui qui suit, qui recherche ou

aime, tahtèi, sub, infra, pars inferior, (poèt.de loco

occulte), à l'endroit caché, utero matris(Gesenius. p. 963),

INÇ son, lutum ou luteum, cequi est vil, bas, immonde, impur

d'où Cicéron dit lutulenturnplongé dans la

fange du vice. Il

faut que l'on sacheque

lespoètes latins appelaient

nzatres les

déesses; maters'applique donc à Vénus, d'où l'allusion des

termes ci-dessus. Un Cupidon quelconque, les amants de Vénus,

parmi lesquels furent Mars, Vulcain, Adonis, Anchise, etc,

pouvaientdire « J'appartiens à Vénus s, à la déesse, utero

matris. Nous avons encore le verbe est) sones, violenter, unir.

On voitque

les divers termesphéniciens

de l'inscription se

coordonnent entre eux etque

ma traduction est exacte. Nous

pouvons ajouter quel'hébreu ou le

phénicien possèdeun verbe

jytj son, acclinare, avoir du penchant pour, adnixus esse.

s'adonner à, incombere, s'attacher à, recumbere, cubare, avoir

avec une femme un commerce degalanterie (Plaut.) enfin,

estremarquable

le rapprochement de ces termes avec le latin

sons« coupable », puisque

les amants de Vénus participaient

Page 119: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

119

8

à toutes ses débauches et que lespoètes

del'antiquité la trai-

taient d'infâme déesse. Quoi qu'ilen soit, le lecteur est désor-

mais fixé sur la signification véritable deheren-tateis-sons; il

,est certain que je démontre, que je précise et que je justifie

mes traduétions, qui sont l'écrasement desinterprétations de

M. Michel Bréal, membre de l'Institut et professeur auCollège

.de France. Ce professeur étonnant, invoquantde

prétendus

précédents pourles besoins de sa cause, a voulu

que, dans

l'inscription Sepieis helevieis sons, ce dernier mot eut aussi la

significationde decreto, et c'est sur ce mot sons

qu'ila échaf-

faudé l'interprétationde

l'inscription que nous avons traduite.

,Quelques,mots vont me suffire, pour démontrer, que les termes

8epieis helevieis sons, transformés en Sepii helvii sons, par

M. Michel Bréal, aumoyen de

syncopeset

d'apocopes, appar-

tiennent aussi à uneinscription phénicienne en effet, par per-

mutation des labiales p et b, on a, au lieu desepii, sebii,

sacrificium, ta? es, adfuit, evenit, accidit, ou

.helevi, propter, ad, ob, es, vitam, existentiam, fsc son

luteam, fangeuse, immonde, ou encore i»ita sone odiosam,

hostilem, adj.du v. sata sone haïr. Ladite

inscription signifie

donc « Le sacrifice eut lieu à cause de son existence vile,

immonde ou hostile, odieuse. » M. Bréal ditque

cesinscrip-

tions se rapportent à la dédicace d'un objet inconnu, désignésous le nom de io-vila Or, pour savoir ce qu'est ce prétendu

nom, il suffit de rapprocher de io la lettre v qui lui appartient.et de lire iov-ila, deux termes phéniciens il iov dieu, be ila,

causa, à cause de, pour l'amour de. -pour dieu, pour la

cause ou le droit de dieu. Cette dédicace pourrait avoir

encore la signification de Au dieu suprême si l'on admet--

tait le mot chaldéen *fy$ ila, supremus et au datif supremo.

Elle se -rapporte au sacrifice de l'inscription Sepieis helevieis

sons. M. Bréal fera donc bien de ne plus traduire les inscrip-tions qui viennent d'Italie; qu'il s'en tienne à l'enseignement

technique de la Grammaire comparée des langues indo-euro-

Page 120: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

120

péennesmais

qu'ilne se risque plus sur un terrain

qui lui est

inconnu, pour yétaler son

ignorance en pleine académie. C'est

ainsique

tout membre de l'Académie desInscriptions et Belles

Lettres, ayantle

privilège d'enseigner à sa guise, d'être doc-

teur ou charlatan, d'être cru surparole scientifique, sans con-

trôle ni débats, fait devant sespareils distraits ou endormis,.

l'histoire du Monde ancien, aumoyen d'interprétations les

plus fantaisistes, à la grande satisfaction des naïfs, venus pour

entendre et voir un savant. Quel mécompte

Dans la séance du 3 août 1888, l'outrecuidant M, Michel

Bréal oublie qu'il parle devant une réunion de savants

s'adressant à eux, comme à descollégiens de la classe de cin-

quième,il leur

enseigne que la lettregrecque êta est bien

connue pour avoir deux valeursphonétiques différentes qu'elle

a été d'abord consonne, puis est devenuevoyelle. Il

explique

cette transformationpar une valeur

archaïque de cette lettre

quianciennement était une

syllabe ayant la valeur de hé. Dans

ces conditions elle étaitemployée tantôt comme une consonne

h tantôt comme un é mais, comme l'é fermé étaitdéjà repré-

senté dans l'alphabet grec, cettevoyelle prit la valeur de le

ouvert. Ce que rapporte M. Bréal ausujet de la

voyelle êta,

transformation de héi est unepreuve du

peu de science de ce

professeur. Lui, quiest académicien et israélite, peut-il ignorer

que l'origine de n êta est la lettre chaldéenne ethébraïque n hé

que celle-ci est employée, en hébreu, comme consomme h lé-

gèrement aspirée et qu'elle a aussi, commevoyelle, l'emploi de

é fermé et de è ouvert; en outre, comme article défini, que

M. Bréalapprenne que cette

voyellea le même rôle en hébreu

et engrec. Comment ? c'est

après plusde trois mille ans

d'existence de ces deuxlangues, qu'un professeur du

Collège

de France, vient discourirgravement sur une lettre de

l'alpha-

betgrec

devant l'Académie desInscriptions et la fait

épeler

Ceci et ceque

nous avons fait voir des traductionsépigraphi-

ques de M. Bréal, doivent suffirepour nous rendre méfiant

Page 121: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

121

devant l'invasion despédagogues

universitaires et des Juifs

prétentieuxdans les Académies. Quant à moi, c'est avec un

haussement d'épaule, que j'apprends que M. Michel Bréal est

Président de la Société historique Je viens de faire connaître,

en sapersonne, l'historien, le philologue, et aussi, comme

à l'Académie, les choses se font, ut quidquid actum est.

Alphonse Daudet, dans « l'Immortel ne nousenseigne-t-il

pascomment des nullités ont eu leur fauteuil à l'Institut? 11

ya donc

parlà des

réputationssurfaites si hoc ita est, qui

iltos dit perduint En ce quiconcerne les deux

inscriptions

ci-dessus, et en faisant remarquer quela langue phénicienne

était la même que l'hébraïque,nous nous demandons comment

un Juif, membre des Inscriptions,est-il si

peuversé dans sa

languenaturelle ou bien dissimule-t-il, pour échapper aux

étrivières de M, Edouard Drumont ?

Laréputation

de savant, qu'ambitionnecelui

qui songe à

monter sur l'estrade académique des Inscriptions et Belles-

Lettres,- n'est donc plus pourlui

qu'un appàt trompeur,un

mirageincertain malheur à lui car tout candidat se con-

damne lui-même au rôle à la fois leplus

triste et le plus plai-

sant qu'on puisse s'imaginer, pourune durée de plusieurs

années. En effet, voici comment les choses se passent chaque

vendredi, à l'heure réglementaire,la séance est ouverte trois

savants occupentle bureau, un

présidentet deux assesseurs.

Le sécretaire lit rapidementle compte-rendu

sommaire de la,

séance précédente puisla

paroleest donnée à celui des aca-

démiciensqui

a une communication à faire vient ensuite le

tour du candidat alors le présidentdit la

paroleest donnée

à M. X. pourune lecture. A cet instant, tous les membres

de l'Académie des Inscriptionsse lèvent chacun met sa ser-

viette sous le bras et le défilé commence; les fauteuils sont

vides et le malheureuxpostulant

n'a d'autres témoins que ceux

du bureau et trois ouquatre journalistes qui, par commiséra-

tion, restent etprennent

des notes.Croyez-vous, lecteurs, que

Page 122: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

122

ces trois individus quiforment le bureau, écoutent la lecture ?

Jamais de la vie ils profitent de cetemps, pour faire leurs

correspondances privées,et lorsque le candidat a fini sa lec-

ture, son silence avertit leprésident qui lève la séance, en

disant qu'ilsera fait mention de cette lecture au

compte-rendu

c'est tout. On voit, d'une part, que lapolitesse n'est

pas de

mise chez ces académiciens desInscriptions d'autre part,

qu'ilsne

portentaucun intérêt à la science et que parfois ils

redoutent des lecturesqui confondent leur savoir.

Le rôle du postulant, quisubit des affronts

pareils pendant

plusieursannées et

quiest en but à toutes les humiliations,

sent éteindre en lui tout sentiment élevé etlorsqu'il obtiendra

par l'intrigue et les courbettes un. fauteuil auxInscriptions et

Belles-Lettres, son caractèreaigri

en fera unpersonnage grin-

cheux sa science sera infaillible et, dans son outrecuidance, il

se prendra pourun demi-dieu. Dressé à l'école de ses

prédé-

cesseurs, connus généralement pourleur

grossièreté, il se

vengeraà son tour de ses anciennes humiliations, sur tout

nouveau prétendantà l'Institut. Les

exceptions à cette loi

fatale sont desplus

rares. Ceque

nous venons de dire, nous

conduit à regarder l'Institut sous ses diversaspects, qui rendent

ses membres de moins en moins respectables cependant comme

le dit Jésus, selon Saint-Mathieu (t) « Ils aiment qu'on les

salue dans lesplaces publiques et qu'on les

appelle Rabbi ou

docteurs. »

La coutume d'enregistrer purement stsimplement,

sans con-

trôle et sans critiques, la traduction desinscriptions archaïques

ou épigraphiques,faite

parcertains membres de l'Institut, les

ont rendus audacieux etprésomptueux, comme nous l'avons

fait voir, en constatantpar

despreuves l'incapacité

de M. Michel

Bréal. Mais, commepersonne ne leur

répliqueou leur barre

le chemin, ils nesavent,pas s'arrêter à

tempsni se taire; ils

(1) Chap. XXIII, v. 7 et 23.

Page 123: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

123

sont de l'Institut etprofesseurs

donc ils ont le droit depublier

jusqu'àdes âneries. Les ânes savants du

Cirquesont au. moins

susceptibles de progrès car ils sontcorrigibles

etapprennent.

Comme à propos du prix Volney, ainsi qu'onle verra plus

loin, certains Juifs de l'Institut décidèrent de mettre mes œuvres

sous le boisseau, pourdécerner ce

prix à unjuif italien, pro-

fesseur à Milan, j'éprouvele besoin d'user

de représaillescontre

ces Juifs qui. selon M. Edouard Drumont, vousguettent

au

passage, pour vous barrer la -route, si vous portez des idées ou

des découvertes. Ce n'est doncpas

àpropos

de bottes, que je

me décide àsignaler M. Jules

Oppert, qui n'est pas de la

commission à vie du prix Volney, mais qui l'est de la commis-

sion du prix Loubat, désignée pour récompenserles ouvrages

historiqueset

épigraphiques concernant l'Amérique. Or, jeme

demande pourquoi ce Juif, homme envieux par dessus tout, a

acceptéde faire

partie de ladite commission? Le motif et la

réponsesont ci-dessus dans

l'appréciationde M. Drumont en

plus,son tempérament le

porteà se fourrer

partoutc'est

pourquoi on l'appelle lepetit intrigant.

»

Lecteurs, écoutez bien ceciIl y

aquelques

années l'on

envoya d'Amérique une inscription en caractéres phénicienset

connue sous le nom de Grave Creek. Comme lalangue phéni-

cienne est l'hébraïque, la découverte de ce monument dans le

Nouveau-Monde fit sensation; alors, messieurs les hébraïsants

de l'Institut et ceux du dehors, ayant reconnuque l'inscription

était en caractères phénicien, se mirent à en faire la traduction.

Lecompte-rendu

duCongrès des Américanistes, qui

se tint à

Nancyen 1875 en fait foi, et

plusieurstraductions du monument

de Grave Creeky furent imprimées,

avec l'accompagnement

du fac simile de l'inscription aucune d'elles ne se ressemblait;

mais laplus ridicule de toutes fut celle de l'israëlite vaniteux

JulesOppert

de l'Institut, et elle fit la joiede tous les hébraï-

sants.Depuis cet échec, ce savant s'est

jetéà

corps perdudans

l'étude des caractères cunéiformes et de la langue assyrienne,

Page 124: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

124

où ilpasse pour être maître, de même que

M. Renan l'est pour

la langue phénicienne ils sont surtout forts et sûrs d'eux,

lorsqu'ils traduisent des inscriptions bilingues, c'est-à-dire que

ces inscriptionsétant en deux

langues,comme

l'hébraïqueet la

grecque,côte à côte, la lecture du grec fait traduire l'hébreu

quien est la reproduction mais, si les traductions bilingues

sont plusou moins exactes, il n'en est plus ainsi, lorsqu'il s'agit

de traduire l'inscription gravéeen une

langue unique rare est

celle qui est correcte, et pluson veut la faire

élégante, plus on

s'éloignedu texte. Quoiqu'il en soit, M. Renan est moins affir-

matif que M.Oppert

celui-ci est tranchant; et, s'il ne bataille

pasavec ses collègues, car ils sont sur le

pied d'une tolé-

rance mutuelle, ilagit.

autrement envers le candidat assez

témérairepour

traduirel'assyrien

le considérant comme un

rival dangereux,il lui met des bâtons dans les roues tel est

le cas de M.Joseph Halévy,

devenu la bête noire de M.Oppert.

Celui-là est unprofesseur érudit, travailleur

persévérant, qui,

dans ses explorationsen Orient, a

acquis la science de lire les

inscriptions des monuments en ruine d'une civilisation éteinte.

Endépit

desprocédés

à son égard de M.Oppert,

il entrera

peut-êtreun jour à l'Institut. M.

Halévyne me connaît

point

et je ne le connais que par la publicité de ses travaux mais,

jen'ai

pasoublié qu'à la séance du 9 décembre 1887, dans une

communication de M.Oppert

à l'Académie, touchant l'identifi-

cation du roi Amraphel (ch. XIV de laGenèse),

avec Hammu-

rabi, et queM.

Halévyavait assimilé à

Kinitu-Rapastu. Cette

identification ôtait le sommeil à M. Oppert c'estpourquoi,

le

9 décembre 1887, celui-ci, d'un ton rageur et doctoral, déclara

à sescollègues, qu'il n'admettait point l'assimilation de ces

personnages, queM.

Halévy confondait pour les besoins de sa

cause; et pour preuve, dit-il, c'est que Amraphelest un nom

sumérien, qu'Hammurabi est élamile, tandisque

Kinitu-Ra-

pastuest assyrien. Mais nous ne

voyons pas quecelà détruise

l'assimilation de M.Halévy.

M.Oppert

conclutqu'il

est dan-

Page 125: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

125

eereuxde baser l'étymologie historique sur deux langues

différentes.A notre tour de nous mettre en travers de cette

doctrine du savant de l'Institut car il nous donne l'occasion

de lui prouver quele danger

de baserl'étymologie historique

sur deux languesdifférentes lui est personnel. En effet, ce

aavant possèdemon ouvrage qui a pour titre u Découverte de

la langue primitive Or, nous y avons mis enregard tous les

noms hébreux de la Genèse, depuis Adamjusqu'à Joseph, et

les mêmes noms reproduitsen kichua nous avons démontré

clairement que, jusqu'àce

jour,les commentateurs de la Bible

et autres hébraïsants, avaient fait uneinterprétation

fausse des

noms hébreux et que la langue kichua, seule en contient les

.étymologies historiques et leur valeur historique. Dans cet

.ouvrage, p. 22, n'avons nous pas répété, ceque

nous avions

.déjà publié, ily

a plusde vingt ans, que les

Assyrienset les

Perses avaient dans leurs monuments des figures d'êtres fabu-

leux, parmi lesquelsse voit le génie Simorganca ou Simorcanca,

dont le nom est formé, des trois mots Kichuas, sirrai voix ou

figure,orco

montagne, anca, aigle?La voix de l'aigle de la

montagne. » Ce génie, sous lafigure d'un aigle, parlait

aux

hommes. N'avons-nous pasfait

imprimer que Aua (Eve),en

hébreusignifie

« la vivante que cette traduction des hébraï-

sants est absurde, puisquetous les animaux sont vivants, tandis

.qu'en kichua, aua veut dire « lajumelle »

cequi

est la vérité

historiqueCette

jumelled'Adam reçut de lui le nom de Aïcha

.(texte hébreu) or, les hébraïsants ont traduit Aïchapar

« femme » tandis qu'en kichua, Aïcha signifie chair, viande

.car Adam dit « c'est la chair de ma chair, elle s'appellera

Aïcha, chair » ma chair est Aichaï. Caïn, en hébreu, est la

lance » tandis que le kichua ca-hina est « l'assassin Je le

répète,tous les noms de la Genèse n'ont leur valeur étymolo-

giqueet

historique quedans la langue kichua, parlée

dans les

États del'Amérique

du Sud et, c'est elle, qui aurait conservé

lespremières

et véritables traditions de la Genèse. Que M..Op-

Page 126: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

126

pert, qui est hébraïsant etassyriologue,

ne vienne donc plus-

soutenir qu'il y a dangerde bâser l'étymologie historique sur

deux langues différentes.

Que ma découverte déconcerte les philologuesde l'Institut.

de France, particulièrementMessieurs

Oppert,Bréal et Renan,

jem'en

rejouis,et s'ils sont humiliés dans leur savoir, tant.

mieux S'ils ont voulu mettre sous le boisseau mes œuvres et

moi, ils en seront pour leur honte, et c'est moiaujourd'hui qui

deviens, parleur faute, leur

justicieren sorte que leur calcul

tourne contre eux. Jusqu'àce

jour, jesuis resté silencieux et.

n'aipas

même fait paradede ma découverte dans les

journaux;

mais, mes œuvres font déjàle tour du Monde et la

postérité-

les jugera. En attendant, laloyauté exige que

lesprofesseurs-

d'hébreu et d'histoirebiblique

du Collège de France de la.

Sorbonne et des Grands-Séminaires, rectifient dans leur ensei-

gnement les traductions des noms de la Genèse, et qu'ils recon-

naissent, de bonne foi, quema découverte est de la

plushaute-

importance pourl'histoire.

Maintenant, parlonsdu

prix Volney

Dans le courant de l'année 1886, je.fis

imprimertrois de-

mes œuvres, savoir ma « Découverte de la langue primitive, »

vivante encore en Amérique, ma « Grammaire et mon « Dic-

tionnaire français-kichua Je n'avais, enprincipe,

aucun

goût pour mettre mes livres au concours duprix Volney; car,

jesavais

que M. Renan était anti-américaniste et le membre

prépondérant de la Commission qui déciderait de ce prix qu'en

outre, il était, pour l'année 1887, Directeur de l'Académie..

J'avais donc toutes les chances contre moi.Ayant

lu dans un,

des ouvrages de M. Brasseur de Bourbourgles hécatombes de

plusieursaméricanistes faites

injustementet volontairement par

l'Institut, j'en fis partà un de mes amis, qui

insista pour que;

je' présentasse mes œuvres au concours dn prix quidevait être-

décerné en 1887 et, pour celà, selon lerèglement,

il fallait que-

le dépôt de mes livres fut effectué avant la fin de 1886. En

Page 127: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

127

raison de cette disposition, le 17 décembrej'écrivis à M. Wal-

lon, secrétaire perpétuel de l'Académie desInscriptions et

Belles-Lettres, la lettre suivante, que je lui remis moi-même

l'Institut de France, 25, Quai Conti

Monsieur le Secrétaireperpétuel,

« J'ai l'honneur de faire au Secrétariat de l'illustre Académie

desinscriptions et Belles-Lettres le

dépôt de troisexemplaires

d'un volume contenant ma Grammaire et mon Dictionnaire

Français-Kichua, dont l'impression a été terminée hier seule-

ment. En vous les adressant, Monsieur, jedemande

que mon

livre, œuvre delinguistique,

fruit de plusieurs années d'études

et d'habitation dansl'Amérique du Sud, soit mis au concours

pour le prix Volney, qui sera décerné en 1887. »

J'ai déjà eu l'honneur, Monsieur, dans le courant de

l'année, de faire à votre Secrétariat ledépôt

d'un autreouvrage

intitulé « Découverte de lalangue primitive et qui démontre

l'importancede la

languekichua. La publication de la Gram-

maire et du Dictionnaire que j'ai l'honneur de vous remettre,

a doncpour but de faciliter les recherches de Messieurs les

Savants. »

J'ai l'honneur d'être, etc.

M. Wallon, ayant reçu de mes mains mes livres, me dit

qu'il allait à l'instant même les inscrire et en faire ledépôt

réglementaire. On voit, que par modestie, j'avais évité de les

faire annoncer en séancepublique, par le Président du Bureau

desInscriptions et Belles-Lettres.

Volney, qui s'était rendu

célèbrepar ses

explorations en Orient, fit dans son testament,

unlegs à l'Institut et dont la rente servirait à un

prix annuel,

en faveur de celuiqui publierait une Grammaire ou un Diction-

naire d'unelangue étrangère et, je

crois même qu'il ya dans

son testament, unedisposition particulière pour

la découverte

de lalangue primitive :ceci m'a été dit mais sans certitude, et

Page 128: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

128

la vérité nepourra

être connue que lorsque les clauses dudit

testament seront publiées,afin

qu'ilne soit

plus violé de la façon

scandaleuse, que jevais dénoncer à mes lecteurs.

Quelques jours aprèsavoir

opérémon

dépôt, j'appris que

c'était une Commission nommée à vie, qui décidait du choix du

candidat; or, j'avais, disait-on, un concurrent inscrit; maisje

neparvins pas

à savoir son nom existait-il ou non? ce fut un

mystère impénétrable.J'obtins sans

peine la liste dessept

membres de la Commission à vie. Il fautque

le lecteur sache,

que pour chaque prix, l'on nomme et renouvelle chaque année

les commissions chargéesd'examiner les œuvres et les titres des

çandidats maisqu'il

est faitexception pour

leprix Volney

ce qui est uneinjustice flagrante parce que

la commission à vie

abuse de son monopole, que son arbitrage estpartial

etqu'il

disposedu legs, selon son bon

plaisir.Je compris alors que

j'étaisdans un véritable trébuchet. Je ne me faisais aucune

illusion sur le sort qui m'était réservé. Cependant, pour en

avoir le cœur net, je me rendis chez M. Camille Doucet, secré-

taireperpétuel

de l'Académie Française dont trois membres

étaient de la dite commission.L'ayant interrogé

sur la façon

dont les décisions étaientprises,

M. Doucet merépondit

avec

beaucoup d'esprit Depuis vingt-cinqans que je

suis Secré-

taireperpétuel de l'Académie, je n'ai

jamaissu comment' se

donne leprix Volney.

Cette réponse significativeme dévoilait

que j'avaisà faire à une coterie de

gens sans conscience, agis-

sant dans l'ombre et d'une façon, inavouable. Cette coterie à vie

est formée de trois membres de l'Académie française, de trois

membres desInscriptions

et Belles-Lettres et d'un seul membre

représentant l'Académie des sciences. M. Renan est à la fois

membre de l'Académie française et de celle des Inscriptions

il était, pour l'année 1887, Directeur de l'Académie en outre,

ce,néo-Juif présidele Comité phénicien;

il est administrateur

duCollège de France il

yest

professeurd'hébreu et d'histoire

biblique or, ma découverte de lalangue primitive, qui

est

Page 129: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

129

.encore vivante enAmérique,

étant uncoup porté

à sonenseigne-

ment, il est facile de deviner qu'en luije trouverais un adver-

saire dans la questiondu

prix Volney d'ailleursj'étais

américaniste, et la seule fois de ma vieque je fus en contact

avec M. Renan, c'était dans le salon des bustes de l'Académie

;et lui, faisant allusion auxinscriptions

découvertes en Amé-

rique, il s'écria « Tous les américains sont des menteurs et

des falsificateurs D'autres académiciens, qui n'étaient point

de la commission, me dirent faites des démarches Mais

je n'étais pashomme à

perdre mon tempsà

intriguer où à faire

.des bassesses; mon caractère droit, franc etloyal repousse

toute platitude jelaissai donc les choses aller leur train et si

jedevais avoir quelque regret,

ce serait d'avoir donné mes

livres àplusieurs de ces babouins, semblables à ceux de

L'Immortel» que j'avais pris pour des hommes. J'aurais

mieux fait de me conformer au conseil, trop tardif, de M. Piche-

ral de l'Immortel Ne leurportez pas

vos livres moins on

a d'oeuvres plus on a de titres. »

Une coterieacadémique

est assurémentdangereuse pour

la

justice, pour la science et fait obstacle à son progrès elle

perd, en mêmetemps,

le bon renom de cette société savante

et l'avilit.

Maintenant, faisons connaître le personnel de cette commis-

sinon à vie nous en classons les membres dans l'ordre suivant

LES JUDAS.

MM. Michel Bréal, Ernest RENAN, GASTONPARIS,

des Inscriptions et Belles-Lettres.

LES PILATES.

MM. XAVIER Marmier, Gaston BOISSIER, MEZIÈRES,

de l'Académie française.

LE PHARISIEN.

M.BERTHELOT, docteur-chimiste, représentant seul l'Académie

des Sciences.

L'épithète de pharisien trouve ici son application, puisque

Page 130: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

130

l'hébreu pharous (pharisien) signifie séparé, isolé, seul. Mais

disons que les membres de cette coterie à vie, sont tous scribes

et rabbi (docteurs).

ENTRE JUDAS

Scène 1-.

Renan. Chers collègues, je vous ai fait convoquer, pour

que nous prenions une décision au sujet du prix Volney,.

M. Bréal sait quelles sont mes intentions.

Michel Bréal. Votre choix est le mien.

G. Pâris. Je ne saurais être d'un avis contraire, mais

j'ignore.

Renan. Nous avons intérêt à être d'accord notre union

est nécessaire en présence des représentants de l'Académie

française gagnons leur volonté, en ayant l'air de les consul-

ter celà les flattera d'ailleurs ils connaissent leur incompé-

tence en philologie et en font autant de cas que d'un noyau de

cerise.

G. Pâris. Cette image a son prix elle est d'un acadé-

micien

M. Bréal. J'ai les oeuvres de M. Onffroy de Thoron

mais j'ai aussi une brochure très remarquable du célèbre Ascoli.

Qui ne connait pas Ascoli '?

G. Pâris. Je connais cela, Ascoli? substantif hébreu, qui

signifie « grappe et en arabe « palme Ascoli est un nom

prédestiné (goguenardant) mais, en hébreu, on le prononce

ashcoli, en chuintant à la façon des Auvergnats (rire).

Renan. C'est la vérité.

M. Bréal. Sa brochure est remarquable et lui assure la

victoire.

Renan. Bravos bravos rallions-nous donc à son au-

teur. Je ne disconviens pas que les œuvres de M. Onffroy ont.

de la valeur mais sa découverte si étrange de la Langue

primitive en Amérique, n'est pas d'accord avec mon enseigne-

Page 131: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

131

ment et elle me mettrait vis-à-vis de lui à l'état d'infériorité.

G. Pâris. C'est ceque

doit éviter tout académicien, tout

rabbi.

Bréal. Moi, jen'attache aucune importance

à la décou-

verte de M.Onffroy, qui

est ainéricaniste.

G. Dâris. Cependant,si l'ou

respectele testament de

Volney,le

prixest

acquisà notre compatriote, pour

sa gram-

maire et son dictionnaire de la languekichua/

Renan. C'est vrai; mais ce dictionnaire est celui de la

langue primitivedès que

nous écartons la brochure, qui

constate sa découverte, il faut aussi écarter les œuvres qui

s'yrattachent.

Bréal. C'est logique.Je propose d'agir

comme si M. Onf-

froyne se

présentait pasau concours ignorons-le.

Renan. C'est un expédienthabile.

G. Pâris. Je vois bien l'escamotage.mais je

ne sais

rien de la brochure du sieur Ascoli.

M. Bréal. Elle est en langue italienne et le latinn'y

manque passon titre est Due lettere glottologiche;

elle a été

impriméeà Milan et elle se

composed'une lettre réédîtée,

adressée de Milan, parledit Ascoli, le 6 septembre 1879

(il ya donc huit ans) à M. Napoléon Caix elle a été

rééditée en 1881, sous le titre de Lettera Glottologica. La

.deuxième lettre fut aussi adressée de Milan au professeur

Pietro Merlo. Elles sont suivies d'unpostcriptum

contenant

quelquesmots de la langue provençale enfin, les deux lettres

en question reproduisent plusieursmots de l'ancienne langue

des italiens (i).Vous

voyez que c'est très fort c'est un bijou

littéraire, un trésor scientifique, qui fait honneur aucorps

enseignant autant qu'aucélèbre professeur

de Milan.

G. Pâris. Oui, c'est très fort; j'ensuis tout surpris

(1) Aucun autre ouvrage que cette brochure de M. Ascoli n'est inscrit sur les

catalogues de la bibliothèque de l'Institut.

Page 132: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

132

(à part), c'est humiliant. Votre conclusion, M. Bréal

Bréal. Ascoli for ever

G. Pâris. Fort en français, for en anglais (goguenar-

dant) je fais un effort en faveur d'Ashcoli (bruit en dessous et

geste dédaigneux).

Renan et Bréal (applaudissant). Bravos bravos

Scène 'deuxième.

Les mêmes. BERTHELOT (étonné).

Berthelot. Qu'est-ce donc

Renan. Mon cher collègue, nous acclamions le célèbre.

Ascoli, pour le prix Volney.

Berthelot. Connais pas.

Bréal. Si fait," si fait, mais si. ce grand professeur de

Milan, qui, qui.

Berthelot. Au sujet du prix, dans les cartons du Secré-

tariat, je viens de voir le nom de M. Onffroy de Thoron, con-

current sérieux dudit Ascoli. M. Onffroy est un grand voya-

geur, qui nous est connu depuis longtemps vous lui préférez.

un Juif italien, comme les Juifs préférèrent Barrabas à Jésus.

Ignorez-vous la série des découvertes scientifiques et historiques

de M. Onffroy de Thoron ? En 1861, l'Académie des sciences,

dont je suis membre, s'occupa de sa découverte des poissons

chanteurs; puis de sa seconde découverte d'un immense chiro-

terium vivant, sorte de grenouille d'une dimension prodigieuse,

qu'il vit sur le littoral de l'Equateur dans le grand Océan

jusqu'ici, cette espèce que l'on trouve parmi les fossiles, nous

l'avions considérée comme perdue.. Les détails fournis par cet

explorateur étaient fort intéressants il les a reproduits dans

un volume qu'il publia en 1866, sous le titre d'Amérique

équatoriale » et dans lequel il procéda, avec quelque raison,

à l'éreintement du savant M. Flourens. M. Onffroy est le

même qui, en 1840, fut proclamé Emir du Liban, en com-

Page 133: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

133

battant pourla délivrance des Maronites c'est donc

quelqu'un

quece Monsieur.

Depuis lors, il apublié sa découverte des

«Voyages

triennaux des flottes de Salomon et d'Hiram au

fleuve des Amazones ily a retrouvé les lieux célèbres

d'Ophir,

de Tarshish et de Parvaïm sa quatrième découverte est celle

.de la Langue primitive qu'il justifie avec despreuves

irréfutables; et M.Onffroy, ayant publié une grammaire et un

dictionnaire de la langue kichua, nous initie à l'étude de cette

langue, parléedans

l'Amériquedu Sud et

quiest cette même,

langue primitive encore vivante; ce faitextraordinaire,

ne

mérite-t-ilpas

l'attention des historiens et desphilologues ?

Terminons en disant, quece savant

explorateur du Nouveau

monde, dont il esthistoriographe,

va faireimprimer sa cin-

quièmeet

importante découverte Les Phéniciens à l'île

d'Haïti et sur le continent américain. » Enfin, de son dernier

séjour dans la Haute-Amazone, il arapporté des insectes

curieux et descoquillages terrestres

d'espèces inconnues. Il

me semble que M.Onffroy

de Thoron a, par l'ensemble de-

ses travaux, bien mérité la reconnaissance de l'Académie.

Bréal. Alors, que ne seprésente-t-il pas, pour un

prix de

l'Académie des sciences quant à nous, nous nevoyons en lui

que le philologue.

Renan. Ce que vous nousapprenez

sur laprésence des

Phéniciens à l'île d'Haïti c'est raide mais ce livre annoncé,

n'ayant pas encore paru, nous n'avonspas à nous en

occuper

maintenant. Le doute estpermis.

G. Pâris. Dame! M.Onffroy

estpeut-être dans le vrai.

Il suit unepiste.

Berthelot. Mon rôle est finij'ai plaidé pour

lajustice et

je désire, M. Renan, quevotre

religion soit mieux éclairée

adieu(il sort).

G. Pâris. C'est un lâcheur Mais il s'en va avec arme

etbagage,

eh ma foi.

Bréal,. Nous avons lechamp libre c'est ce

quenous

pouvions désirer..

Page 134: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

134

Renan. Ils'agit maintenant de faire connaître notre

décision à nos troiscollègues de l'Académie française la chose

est délicate; mais, avec unpeu

dediplomatie, je pense que

nous l'emporterons en gens bien élevés ils nous céderont c'est

d'ailleurs chez eux une habitude invétérée(rire).

M.Pingard,

le secrétaire principalde l'Institut, serait l'homme de la situa-

tion sa mission serait de faire pressentir notre décision il

estdiplomate, souple

et habile, il sait son monde et il est très

écouté déléguons-le.

G. Pâris. Vous oubliez donc la docilité de M. Wallon,

notre secrétaire perpétuel, bon figurant et d'origine exotique.

(la portes'ouvre grande stupéfaction!)

Scène troisième.

Les précédents. MM. Marmier, Mézières, GASTON BOISSIER.

Xavier Marmier (rouge comme un coquelicot). Veuillez

nous excuser de n'avoir pas obéi plus tôt à votre convocation

mes deux co.llègues ont dû me chercher chez moi car, étant

toujours indisposé, il m'a fallu prendre certaine précaution

qu'exige mon état de là vient notre retard.

G. Pâris (facétieux). Vous êtes pâle, cher collègue votre

fatigue est visible.

X. Marmier (de plus en plus rouge). Je suis toujours

comme ça.

Renan. Je vous plains, mon cher collègue; mais j'admire

votre courage.

Bréal. Vous avez bien du mérite à venir ici,

G. Boissier. Mézières et moi nous le soutenions.

Renan. Abordons la question. Nous, les trois membres

des Inscriptions, nous avons examiné les titres de M. Onffroy

de Thoron et ceux de M. Ascoli, professeur célèbre de l'Uni-

versité de Milan.

X. Marmier. Nous ne connaissons que les travaux de

Page 135: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

135

9

M.Onffroy, qui nous ont paru très recommandables ceux du

sieur Ascoli ne nous ont point été soumis, sans doute en raison

de notreincompétence

enphilologie.

Bréal. Précisément, les étudesphilologiques étant notre

spécialité, nous avonspensé que

vous vous enrapporteriez à

notrejugement. Quant à moi, je

n'aipas hésité à donner la

préférence à M. Ascoli.

G. Pâris. Pouvais-je être d'un avis contraire? un contre

deux?.

Renan. Fort del'opinion

de noscollègues, je

suis tombé

d'accord aveceux, pour décerner le

prix Volneyau célèbre

Ascoli, pour sa brochure Due lettere. Nousespérons que Mes-

sieurs de l'Académie française, toujoursbienveillants envers

nous, nous donneront cette fois encore une preuve de leur

estime, en se confiant aujugement que

nousportons sur les

œuvres des deux concurrents et sur le choix de notrepréféré.

Mezières. Vous êtes assurément plus compétents que

nous.

G. Boissier. Ce n'est pas à nous d'apprécier.

X. Marmier. Je dois vous faireremarquer que vous

décernez leprix Volney

à un Juif étranger,à un italien rési-

dant à Milan. Je ne sais si cela nedépasse pas votre droit.

Bréal. Nous avons des précédents qui l'établissent.

Renan. Permettez, chercollègue, déjà

ceprix

a été donné

à des Juifs allemands et, voùs même, vous avezparticipé

à

nos votes.

X. Marmier. J'ai l'âme navrée de l'échec de notre com-

patriote mais enpareille affaire vous êtes tout Messieurs Mé-

zières, Gaston Boissier et moi, nous vous laissons toute liberté

mais aussi laresponsabilité.

Bréal. Nous laprenons

sans trouble.

(Les trois Pilates ensemble)

Je m'en lave les mains. »

Page 136: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

136

G. Pâris(à

X. Marmier deplus

enplus rouge). Vous

êtes affreusement pâle,mon cher

collègue Votre faiblesse est

visible.

X. Marnier. Je suistoujours comme ça ne vous l'ai

je

déjàdit ?

Renan. Nous allons vous reconduirejusqu'à votre voi-

ture.

Bréal. Que deprévenances ne vous devons-nous

pas?

bien des remerciements

Reprise de la séance.

G. Pâris. La victoire estcomplète, grâce

à la faiblesse

de Marmier, à l'effacement des autres.

Bréal (vers Renan). Nous autres, nous avons accompli

notre devoir envers uncoréligionnaire (gaiement) Enfoncé le

goï (1)Ascoli emporte

leprix

G. Pâris(facétieux).

Unjuif emporte toujours quelque

chose.

Renan. Soyonssérieux. Il faut

songer à notre attitude

vis-à-vis des Académies réunies et des tribunesqui

seront

bondées d'auditeurs. Songez que cette année je suis Directeur

de l'Académie et, qu'en cettequalité, je dois faire et lire le dis-

cours d'usageà la séance

publique annuelle. Si dans ce discours

nous nommions les candidats auprix Volney,

lepublic,

sachant

notre préférence pour un étranger, serait mis en éveil la chose

serait d'autantplus délicate, qu'en ce moment la France et

l'Italie se regardentde travers. Il

ya donc des raisons

pour

ne faire aucun rapprochement des œuvres des candidats de ne

faire aucunrapport,

aucuneappréciation, aucune mention

honorable; parce

moyen prudent et évitant toutecomparaison,

lepublic ignorera que M.

Onffroyde Thoron s'est

présenté au

concours. Nous l'allons donc mettre tout bonnement sous le

(1) Goï est un terme par lequel les Juifs désignent le chrétien.

Page 137: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

137

•boisseau, lui et ses livres. Autrement, quel tolle général pour-

rait s'élever contre nous En somme, à la séance annuelle, oh

glissera légèrement sur le nom d'Ascoli, sans parler de ses

œuvres et de ses mérites personnels.

Bréal. C'est prudent et c'est parfait!

G. Pâris. C'est encore un coup réussi

Renan. C'est entendu. La séance est levée.

G. Pâris, (facétieux). C'est avec raison que Laniboire

a dit Tous les corps constitués sont lâches. »

LE SEIGNEUR.

« Votre demeure, ô Jérémie, est au milieu de gens remplis

de fourberie! » « Ils ont instruit leurs langues à débiter le

mensonge et ils se sont étudiés à faire des injustices! »

« Que voyez-vous, Jérémie '?

« Seigneur, je vois une verge qui veille.

Dans le livre du prophète, c'est la menace du châtiment; et,

semblable à Némésis de la mythologie, qui châtie la méchan-

ceté et tous ceux qui abusent des dons de la Fortune, cette

verge qui veille, doit s'abattre sur l'échine de quiconque mérite

la correction, pour sa déloyauté, son injustice, ses fraudes, sa

fourberie, sa lâcheté et tous ses agissements vils, honteux et

.occultes.. •

Que la verge qui veille, venge, 6 Volney, ta mémoire et ton

patriotisme ardent! Qu'elle frappe l'injuste, le lâche, le fourbe,

le cynique et l'apostat! Ton legs destiné à encourager les

oeuvres de tes concitoyens, est tombé dans des mains viles, qui

le livrent à des Juifs étrangers. Aujourd'hui, l'honneur même

est l'objet d'un trafic ignoble. L'honnête homme est en bas et

l'indigne au.sommet. Qui aurait dit qu'un jour, le Grand Chan-

celier de la Légion-d'Honneur souffrirait à ses côtés, sans le

jeter de l'estrade, un Conseiller souillé d'apostasie, ce qui est

le plus grand crime contre l'honneur même? Mais les Juifs-

maçons l'y ont poussé, l'y ont rivé comme au piloris il y reste

Page 138: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

138

impassible etcynique, étalant tes crachats, qui couvrent sa

poitrine, devant desmystificateurs qu'il prend pour ses admi-

rateurs. C'estl'apothéose de l'avilissement, la parade du soldat

dégradé,devant

lequel défile le monde moderne, sceptique et

indifférent, imagedu chaos où sont confondus et le bien et le

mal

Tout apostat néo-juifne se fait-il

pasle

complice des Juifs

de race? Comme ceux-ci, il nie la Divinité du Christ, du Sau-

veur du genre humain, dont la doctrine a donné la liberté au

Monde etproclamé

la fraternité. Ensemble ils foulent auxpieds

les croix; mais ils veulent en être décorés et, comme les rabbi,

ilsprétendent qu'on les salue dans les

places publiques.En-

semble ils travaillent à leur domination sur la société chrétienne

pour obtenir ce résultat, soutenuspar des capitaux et les

loges

maçoniques, ils démoralisent, corrompent, mentent etagissent

avecimpudence; ils se

moquent de la Justice et se croient

au-dessus de toute atteinte. C'est au dépens des chrétiensqu'ils

ruinent, queles uns vivent dans l'opulence tandis

que les

autres ambitionnent des fonctions, où ils se taillent une douce

existence. Qu'avons-nous vu et entendu à l'Académie française,

en février 1889, à la séance deréception

de M. Claretie?

Que M. Renan est satisfait et radieux c'est luiqui, dans son

discours, se vante de n'avoir connu que des jours heureux et

c'est en face des désastres de la Patrie, de sa ruine financière

et desgrandes souffrances des

populations, qu'ilassure

que

nous vivons dans le siècle leplus heureux. Sans doute, sa vie

si douce seraitempoisonnée, s'il ne fermait pas

un œil indifférent

sur les maux des autres il est ce que VictorHugo,

dans Les

Misérables, nomme un. radieux ténébreux. Cetégoïste et.

cynique jouisseur, n'a-t-ilpas dit à l'Académie Ces fauteuils,

après tout, sont commodespour attendre

patiemmentla mort

la viey est assez douce. Jouissons du reste

qui nous est

accordé » Un cochon vautré dans sa souille, n'apas

d'autre

pensée ils'y trouve heureux et n'aime pas qu'on l'en dérange.

Page 139: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

139

Tel est l'esprit philosophiquede cet académicien dont la

préten-

due philosophie n'est qu'une mixtureépicurienne et rablaisienne.

A la race de vipères une allianceanti-juive s'impose.

La violation du testament deVolney

est manifeste il ne

fonda pointun

prix destiné à desétrangers; un français, con-

current de ceux-ci, doit leur êtrepréféré, surtout lorsqu'il

a

produit plusieurs ouvrages qui sont dans les conditions exigées

pouravoir droit au

prix. En mettant sa confiance dans l'Institut

de France, Volney croyait que cecorps constitué n'aurait eu

dans son seinque

des hommes honnêtes, incapablesde lâcheté,

d'injusticeet de fourberie. Dans le

dialogue qui précèdeon a

vu le contraire la trahisoncynique

des uns, la complicité

des autres parleur lâcheté. N'était-ce pas leur parti pris

d'écarter des découverteshistoriques qu'ils étaient et qu'ils

sont

incapablesde faire et qui les

offusquent? Aussi, plutôt que

d'encourager les travaux ardus d'un de leurcompatriote,

c'est

à un Juifétranger qu'ils ont sournoisement

adjugéle prix

Volney.M. Drumont l'a bien dit « Les féodaux

juifs guettent

tout convoi qui passe à l'horizon portant des idées ou des décou-

vertes ils lui barrent la route. » C'est cequi sera

peut-êtremis

enpratique par le juif Oppert, qui fait partie d'une nouvelle

Commission nommée pour décerner le prix Loubat, dont la

donation récente etgénéreuse est destinée à une récompense

annuelle en faveur de l'auteurqui présentera le meilleur ouvrage

historique etépigraphique sur

l'Amérique. Or, comme dans la

Commission duprix Volney

où le Juif est prépondérant,il

apparaît aussi dans la Commission du prix Loubat; dès lors,

il est certainque, pour ce

prix, entre deux concurrents, l'un

chrétien et l'autre israélite, celui-ci sera lepréféré.

Je ne me

présenterai doncpoint

à aucun de ces deux concours il suffit

que sois chrétien et un humblehistoriographe

de l'Amérique,

pour que.je sois écarté par un Juif suffisant, qui il. montré son

manque de savoir, en traduisantl'inscription

américaine de

Grave Creek. C'est unjuge incompétent en

philologie hébraïque

Page 140: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

140

ou phénicienne et surtout enépigraphie américaine. Il est

regrettable que M. Loubat n'ait point fait sa donation à l'im-

portante Société deGéographie de Paris, qui encourage et met

en lumière les découvertes des explorateurs et leurs écrits sur

l'Amérique.

ÉPILOGUE.

L'argent du prix Volney fut envoyé au sieur Ascoli, profes-

seur à Milan. Mais, 6 Justice 6 Merveille Dans la dextre

d'Ascoli était la verge vengeresse de Jérémie. Ce Juif, plus

digne et plus consciencieux que nos académiciens de la Com-

mission à vie, flairant quelque injustice, leur renvoya l'argent.

Quel soufllet quelle leçon quel mépris du juif italien pour la

platitude de messieurs Bréal et Renan Un Juif désintéressé

est le rara avis de la tribu d'Israël; et l'action de M. Ascoli

suffit à sa célébrité. Le rejet de l'argent par le célèbre Ascoli,

rappelle Judas, qui, ayant reçu trente pièces d'argent, rendit

cette somme, en la jetant dans le temple mais les princes des

prêtres dirent « Nous ne pouvons mettre cet argent dans le

trésor. A l'Institut on est moins scrupuleux, et nous pouvons

dire avec Jérémie « Ils ont reçu le prix d'argent, pour celui

au profit duquel ils avaient fait le marché avec les enfants

d'Israël. Ces messieurs de la Commission à vie ne s'atten-

daient guère au coup traître du célèbre Ascoli et, comme ils

ont à mon égard commis un acte de félonie et de lâcheté, j'ai

appelé les uns « Les Judas et les autres « Les Pilates en

livrant leurs agissements au tribunal de l'opinion publique.Le devoir du Grand-Maître de l'Université n'est-il pas de

surveiller les actions des membres de l'Institut, fonctionnaires

et professeurs salariés du Collège de France? N'est-ce pas lui

qui devrait tenir la verge de Jérémie, pour empêcher les fraudes,

réprimer les abus et maintenir la justice au palais de Mazarin

Etant un des historiographes de l'Amérique, qui m'est

déjà redevable de plusieurs publications, mes études et mes

Page 141: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

141

recherches m'ont fait connaître que, dans l'antiquité, le Nou-

veau-Monde futexploré

etpartiellement colonisé par

les

Phéniciens et lesCarthaginois,

et' qu'il a sa place marquée

dans l'histoire ancienne car, ses traditionsparlées

ou écrites,

ses langues, ses monumentsépigraphiques, astronomiques et

symboliques, prouventses relations antiques

avec le Vieux

Continent etque

toute lumièrehistorique

ne vientpas

de

l'Orient seulement mais que l'Occident du Monde apporteaussi

son contingent de lumière. E vespere vera lux!

Page 142: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

TABLE DES MATIÈRES.

Avant-Propos 7

CHAPITRE 1. La Tradition verbale et celle des écrivains

de l'antiquité narration des auteurs espagnols Les

Phéniciens à File d'Haïti et sur le continent américain.

Votan 15

CHAPITRE II. Voyage des peuples anciens et du Moyen-

âge au nord de l'Amérique37

L'inscription de Dighton Rock 40

CHAPITRE III. Les Phéniciens au fleuve des Amazones

Ophir, Tarschich et Parvaim 49

Région du Parvaim biblique (Guyane brésilienne) 74

CHAPITRE IV. Haïti la langue Taino le langage des

femmes à l'ile d'Haïti. 81

CHAPITRE V. Cent mots du dialecte Taino, qui sont phé-

niciens • • • 91

APPENDICE A. Origine des Tyrrhéniens 107

APPENDICE B. Les Hercules. Les Méropiens. Narration de

Sylla et celle de Théopompe 108

APPENDICE C. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 114

Le.prix Volney 126

La Commission à vie Dialogue 129

Epilogue 140

Page 143: Les Enfants de la Matrice-Tome 1
Page 144: Les Enfants de la Matrice-Tome 1

AVANT-PROPOSCHAPITRE I. - La Tradition verbale et celle des écrivains de l'antiquité; narration des auteurs espagnols: Les Phéniciens à l'île d'Haïti et sur le continent américain. VotanCHAPITRE II. - Voyage des peuples anciens et du Moyen-âge au nord de l'AmériqueL'inscription de Dighton RockCHAPITRE III. - Les Phéniciens au fleuve des Amazones: Ophir, Tarschich et ParvaïmRégion du Parvaim biblique (Guyane brésilienne)CHAPITRE IV. - Haïti: la langue Taino; le langage des femmes à l'île d'HaïtiCHAPITRE V. - Cent mots du dialecte Taino, qui sont phéniciensAPPENDICE A. - Origine des TyrrhéniensAPPENDICE B. - Les Hercules. Les Méropiens. Narration de Sylla et celle de ThéopompeAPPENDICE C. - L'Académie des Inscriptions et Belles-LettresAPPENDICE C. - Le prix VolneyAPPENDICE C. - La Commission à vie: DialogueAPPENDICE C. - Epilogue