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Les enfants de Louis TOURNIER et Maclovie LAITIER 3 ème PARTIE Les enfants de Louis TOURNIER et Maclovie LAITIER 8 ème génération Félicien LAITHIER X Marie-Françoise HUMBERT (Ses parents) Louis TOURNIER X Marie-Maclovie LAITHIER °03/09/1834 Arc-sous-Cicon ° 02/12/1846 Bugny +28/08/1924 Arc-sous-Cicon + 01/03/1924 Arc-sous-Cicon Mariage le 28/06/1871 (2) à Bugny Ernest Félicien °29/04/1842 + 11/01/1901 Prêtre Pontarlier DCD à 29 ans Joseph Aimé Marie °12/09/1873 + 27/02/1921 Arc-sous-Cicon DCD 49ans Louis Joseph Lucien ° 18/01/1875 +13/11/1943 Arc-sous-Cicon DCD 68 ans Charles Alfred °25/12/1876 +25/03/1934 Orchamps- Vennes X 26/10/1910 Passonfontaine Florine VERNEREY DCD 58 ans Louis Joseph ° 24/11/1878 +18/12/1968 X 10/04/1923 Arc-sous-Cicon Jeanne BRUTILLOT DCD 90 ans Marie- Françoise Anaïs ° 11/01/1881 + 09/05/1881 Arc-sous- Cicon Morte à 4 mois Marie Louis Alfred ° 27/02/1882 + 21/09/1882 Arc-sous- Cicon Mort à 7 mois Marie Françoise Ernestine ° 11/08/1883 + 18/07/1884 Arc-sous- Cicon Morte 11 mois Marie Claire Célina ° 26/03/1885 +05/03/1967 Arc-sous-Cicon DCD à 82 ans Marie Sophie Isidorine °05/02/1887 +01/04/1968 Arc-sous-Cicon DCD à 81 ans Arc-sous-Cicon, 2005

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Les enfants de Louis TOURNIER et Maclovie LAITIER

3ème PARTIELes enfants de Louis TOURNIER et Maclovie LAITIER

8ème génération Félicien LAITHIER X Marie-Françoise

HUMBERT (Ses parents)Louis TOURNIER X Marie-Maclovie LAITHIER

°03/09/1834 Arc-sous-Cicon ° 02/12/1846 Bugny+28/08/1924 Arc-sous-Cicon + 01/03/1924 Arc-sous-Cicon

Mariage le 28/06/1871 (2) à BugnyErnest Félicien

°29/04/1842+ 11/01/1901

Prêtre Pontarlier

DCD à 29 ans

Joseph Aimé Marie

°12/09/1873+ 27/02/1921

Arc-sous-Cicon

DCD 49ans

Louis Joseph Lucien

° 18/01/1875+13/11/1943

Arc-sous-Cicon

DCD 68 ans

Charles Alfred °25/12/1876+25/03/1934Orchamps-

VennesX 26/10/1910 Passonfontaine

Florine VERNEREYDCD 58 ans

Louis Joseph° 24/11/1878+18/12/1968X 10/04/1923

Arc-sous-CiconJeanne

BRUTILLOT

DCD 90 ans

Marie-Françoise

Anaïs° 11/01/1881+ 09/05/1881

Arc-sous-Cicon

Morte à 4 mois

Marie Louis Alfred

° 27/02/1882+ 21/09/1882

Arc-sous-Cicon

Mort à 7 mois

Marie Françoise Ernestine

° 11/08/1883+ 18/07/1884

Arc-sous-Cicon

Morte 11 mois

Marie Claire Célina

° 26/03/1885+05/03/1967

Arc-sous-Cicon

DCD à 82 ans

Marie Sophie Isidorine

°05/02/1887+01/04/1968

Arc-sous-Cicon

DCD à 81 ans

Arc-sous-Cicon, 2005

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Abbé Ernest TOURNIER, ordonné en 1896.

Vicaire à PONTARLIER, décédé en 1901À 29 ans.

Louis Tournier, comme beaucoup de ses contemporains a connu de lourdes épreuves, sa première femme est décédée après 2 mois de mariage à 21 ans.Avec son épouse Maclovie, ce sont trois bébés qui se suivent, naissent et meurent à moins d’un an. C’est aussi en 1901, le décès brutal de leur ainé, vicaire à Pontarlier. Il avait pris froid en allant visiter les malades dans les environs et il est décédé d’une pneumonie, en pleine force de l’âge. Ce fut très douloureux pour toute la famille.

Maclovie très pieuse offrait ses épreuves et trouvait sa force dans la prière. Dans sa

jeunesse, elle a fait à pied le pèlerinage à Notre-Dame d’Einsiedeln en Suisse. La vie reprenait le dessus, il fallait bien continuer et pour agrandir son exploitation, Louis était très entreprenant et achetait toutes les parcelles qui se présentaient, des plus grandes au plus petites. A la fin de sa vie, il disposait d’une soixantaine de champs. Confronté à la mort, c’est lui qui a acheté la concession perpétuelle au cimetière le 25 août 1897 et a fait construire le caveau familial à Arc-sous-Cicon. Cette concession est accordée moyennant la somme de cent vingt francs, dont les deux tiers reviennent à la commune et un tiers au bureau de bienfaisance de la même commune. Après ces terribles épreuves, il faut assumer l’ambiance générale de l’époque, nous sommes en plein débat sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la guerre de 1914-1918 se profile à l’horizon. Quatre garçons vont être mobilisés, grâce à Dieu, ils reviendront sains et saufs. Claire et Isidorine, ainsi que Aimé et Lucien resteront célibataires.

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Aimé TOURNIER 1873-1921, était un homme raffiné et très habile, Il savait dessiner, écrire et composer de la musique et c’est lui qui a acheté la maison d’Arc dans la grande rue vers 1898. Dans la partie nord de cette maison pendant tout un temps, lorsque la mairie du village ne devait plus procurer de logement aux religieuses qui étaient dans le pays, Aimé a accueilli les sœurs dans ce logement libre. Il est décédé à quarante neuf ans d’une maladie des reins. A l’époque, la religion tenait une grande place dans la vie des gens et les messieurs faisaient partie de confrérie du Sacré Cœur et les dames de Notre-Dame du bon secours. Cette appartenance les obligeait à des prières particulières et chaque année, il y avait la fête des hommes et celle des femmes et l’un ou l’une était invité à porter le cierge et à recevoir une bénédiction spéciale. C’était un honneur, marqué par un petit gueuleton. Tous les membres de ces groupements étaient inscrits sur un registre en forme de tableau accroché sur un pilier de l’église. Chaque mois une messe était célébrée aux intentions des membres défunts. Aimé a composé un cantique républicain dont voici les paroles :

LE CHRIST REPUBLICAIN

Le Christ était cloué sur sa croix d’infamie, De son corps déchiré son sang coulait à flots.Des larmes sillonnaient sa figure bénie.Et sa voix disait doucement à ses bourreaux,J’avais semé l’amour, j’ai récolté vos haines,J’ai jeté la Lumière en votre obscurité.Vous m’avez sans pitié, chargé de lourdes chainesEt pourtant je venais prêcher la liberté.

J’ai dit, je te pardonne à la femme adultèreJ’ai fait de Madeleine une sainte d’amourA l’esclave, j’ai dit « relève-toi, mon frère »,Car pour toi, le soleil brillera quelques jours.O vous qui vous courbez rampants au pied du trône,J’ai rendu son prestige à votre humanité.Vous m’avez accusé de vouloir la couronne, Et pourtant j’apportais chez vous l’égalité.

J’ai toujours pardonné la faiblesse du monde.J’ai toujours partagé vos sincères douleurs,Au berceau j’ai souri ; j’ai pleuré sur la tombeAutant que je l’ai pu, j’ai séché tous vos pleurs.Aujourd’hui même encore à cette heure dernièreOu, je suis face à face avec l’éternitéDu haut de cette croix, je bénis votre terre.Et j’appelle le jour de la fraternité.

Vue aérienne d'Arc-Sous-Cicon

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Lucien TOURNIER 1875- 1943Nous laisse d’autres souvenirs et avec lui nous partageons quelques mémoires de la guerre 1914-1918, né le18 janvier 1875 et décédé le 13 novembre 1943. Homme fort et courageux. Il a vécu avec ses parents et ensuite en compagnie de Claire et Isidorine, jusqu’en 1924 dans la maison du chemin de la vie de la croix et ensuite dans celle de la grande rue. Sur cette photo qui date du 18 février 1917, il est à la 54ème territoriale, 1ère Compagnie, 27ème

escouade, prisonnier de guerre français à Ludwigsburg, Eglosheim, en Allemagne.

Le 3 octobre 1917, il écrivait à ses parents : Bien chers parents, Je vous envoie la carte du village, où je suis. Je vous ai déjà écrit hier pour vous dire que j’étais bien arrivé. Tâchez de venir me voir, vous m’apporterez de l’argent en venant. Je voudrais bien vous revoir. J’aurai bien grand-chose à vous dire. Mais, je crois qu’il faudrait trois à quatre jours pour faire le voyage. Si vous ne pouvez venir, tâchez d’envoyer une personne. Je ne vois rien à vous dire. Je finis en vous embrassant tous. Votre fils et frère qui vous aime.

Lucien

Le 28 décembre 1915, il écrivait à ses parents : « Bien chers parents, Je fais réponse à votre lettre que j’ai reçue et en même temps, je veux vous souhaiter à tous la bonne année. Je vous souhaite à tous la santé et que vous n’ayez point de malheur pendant l’année et que nous puissions nous revoir à la fin de cette cruelle guerre. Prions le Bon Dieu pour que cela finisse. Le pauvre Charles qui est en Serbie, n’est pas toujours heureux, s’il avait pu revenir

en France, il aurait eu bien de la chance. Il parait qu’il n’y avait plus de ravitaillement et que les hommes n’ont pas mangé pendant deux à trois jours.Vous me demandez comment nous sommes logés ? Je vous dirai que nous sommes dans un village, mais nous sommes serrés comme des harengs, nous couchons à terre. Deux escouades dans une chambre, grande comme notre local à bois sur un peu de paille. Je ne sais pas quand j’aurai une permission pour aller vous voir. J’ai bien reçu mon colis et tout ce qu’il y avait dedans, je vous en remercie. Marguier et Mairot sont comme moi dégoûtés du métier, ils vous le diront, quand ils viendront en permission et vous rendront visite. Je vous dirai que des anciens comme moi, au 54ème, il y en a bientôt plus. Ce sont des nouveaux qui reviennent, il y en a qui partent tous les jours pour aller travailler dans les scieries. Il parait que les troupes de Serbie vont être rapatriées en France, parce qu’elles ne peuvent rien faire là-bas. Nous allons reprendre les tranchées sous peu, mais nous ne savons pas de quel côté, ils veulent nous conduire, soit en Alsace, soit dans les Vosges, on ne sait pas. Je pense que la Claire était pressée pour écrire ma dernière lettre, elle n’était pas aussi bien écrite que les autrefois. Je ne vois rien d’autre à vous dire, je finis en vous embrassant tous et que ma lettre vous trouvera tous en bonne santé.

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Lucien de retour de la guerre avait déjà quarante trois ans, il était un peu tard pour envisager le mariage. Les parents prenaient de l’âge et il fallait les seconder, c’est ainsi que tout naturellement, il a

trouvé sa place à la ferme familiale et fut par la suite, le soutien de la maisonnée. Il est mort en pleine guerre de 1939-1945, le 13 novembre 1943.

Claire TOURNIER 1885- 1967 et Isidorine TOURNIER 1887- 1968.

Nos deux grandes tantes, restées

célibataires ont été très marquées par cette affreuse guerre qui avait mobilisé les prétendants et avait cassé les projets d’avenir. Très différentes l’une de l’autre, Claire était une femme élégante, grande et de teint clair, les yeux gris bleus et un magnifique chignon dressé au-dessus de la tête. Sociable et désireuse de rendre service. Isidorine avait été très gâtée dans sa petite enfance, trois petits frères et sœurs étaient morts en bas âge avant sa naissance. Elle avait un tempérament plus renfermé et s’occupait de l‘intendance du foyer. Les revenus étaient modestes, quelques amodiations de terre assuraient les subsides et il fallait compter au sou près pour y arriver. Toutes deux aimaient les chats et ceux-ci étaient l’objet de toute leur attention. Pendant la belle saison, elles

élevaient quelques poules et un coq, ce dernier était tué pour le premier dimanche d’août, pour le repas de la fête d’Arc.Tant que leur santé leur a permis, elles faisaient un peu de jardin. Leur vie a été très modeste. Dans leur maison, tout nous rappelait l’ancien temps : le four à pains, la cuisinière à quatre trous, posée sur ses quatre pattes. Les murs de leur salle principale qui servait de séjour et de chambre à coucher étaient couverts de portraits de famille et de saints canonisés au début du siècle. L’Angélus de Millet était placé en bonne place.

Les meubles étaient anciens et rustiques, la plupart un peu déglingués. Par peur des inondations, ces dames n’avaient pas voulu installer l’eau courante dans leur maison et venaient avec un arrosoir chercher leur provision d’eau dans la maison de Charles, ce qui dérangeait tout le monde. D’ailleurs, dès qu’une visite arrivait, les tantes avaient soudainement besoin d’eau et arrivaient impromptu chercher le précieux liquide. Pas d’eau, mais aussi pas de toilettes ! Les lessives étaient épisodiques, environ trois fois par an, les draps étaient trempés dans une seille avec de l’eau et des cendres de bois, le linge était grossièrement rincé, heureusement qu’il avait le soleil pour continuer de le blanchir. Les hivers étaient rudes et il fallait faire face au froid. Les provisions de bois étaient toujours insuffisantes et souvent vers la fin février, il fallait économiser pour finir l’hiver. C’était dans

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l’urgence qu’il fallait trouver un marchand de bois pour se réapprovisionner. Chaque soir vers dix sept heures, les tantes faisaient leurs prières à haute voix et suppliaient à tour de rôle tous les saints du paradis. Les enfants que nous étions écoutaient d’un air étonné et légèrement moqueur. Nous aurions souhaité un peu plus de discrétion. Quelques visites des neveux et des cousins jalonnaient l’année, tous étaient toujours bien accueillis avec le café « neuf » et le pain d’épices ou le gâteau de ménage, les hommes avaient droit à un petit verre de rhum. Ce précieux nectar servait de potion magique pour lutter contre tous les maux. Le mode de vie frugal n’a pas empêché l’une et l’autre de devenir octogénaire. Claire est décédée le cinq mars 1967 à quatre-vingt deux ans et Isidorine le premier avril 1968 à l’âge de 81 ans. Nous gardons un souvenir d’elles, très vivant, elles ont joué le rôle de grands-mères que nous n’avions plus.

Louis Joseph TOURNIER 1878-1968 né le vingt quatre novembre 1878 était un homme discret, d’une corpulence moyenne, mais très proportionnée, il avait les traits fins jusqu’à la fin de sa longue vie. Il est décédé à l’âge de 90 ans en 1968. Il s’est marié très tard à l’âge de quarante

cinq ans avec Jeanne Brutillot, que nous appelions tante Elisa. Elle avait 21 ans de moins que son mari. Ce n’était pas évident pour elle d’arriver dans une famille, où quatre célibataires d’une quarantaine d’années vivaient avec leurs parents. Ce qui laisse supposer qu’ils étaient dès le premier jour de leur mariage, huit à table et que le jeune couple

n’avait pas beaucoup d’intimité. Cette situation rendait la jeune épouse irritable et pas très accueillante pour les jeunes enfants de Charles qui venaient voir leurs grands parents, quelques fois plusieurs fois par jour. Les relations avec sa belle sœur Florine n’étaient pas toujours faciles.Ensemble, ils ont eu 6 enfants. Tante Elisa est décédée subitement le 18 septembre 1964 dans sa 67ème année.

Notre tante aimait beaucoup les fleurs et avaient deux sœurs au village, Constance, épouse d’Emile Brutillot et Léontine, épouse de Léon Billot.9ème générationLes enfants de Joseph TOURNIER Elisa BRUTILLOT

° 24/11/1878 ° 1897+ 18/12/1968 +18/09/1964

X 10/04/1923 Arc-sous-Cicon

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OdetteEpouse

Lacoste à Besançon

Hubert marié à

Devecey

Marie-jeanne

° 08/09/1924+05/01/1975Religieuse à

la sainte famille puis malade de

tuberculose et entrée chez les sœurs de

l’Agneau de Dieu

AiméeSœur Anne-

Joseph°30/12/1926+17/06/2009

Religieuse des sœurs de Notre-

Dame de la Compassion de

Villersexel, infirmièreDécédée

accidentellement

MauriceMarié à Marie

Barthodà Arc-sous-

Cicon4 garçons

Dominique, GilbertFabricePhilippe

Madeleine mariée à

Emile Brutillot à la ferme de

la Montagne

Au crêt Moniot

Jacques Lacoste est fils d’Odette Tournier,

Épouse Lacoste

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Charles Alfred TOURNIER à Florine VERNEREYX 26/02/1910 Passonfontaine

° 25/12/1876 ° 28/01/1882+ 25/03/1934 à 58 ans + 04/10/1932 à 50 ans

Orchamps -Vennes Orchamps -Vennes Les époux avaient six ans de différence, en 1914 lorsque la première guerre éclate, Charles a déjà trente huit ans, ce qui est âgé pour être un soldat.

Ernest°12/12/1910

Arc-sous-Cicon+ /06/1995

Orchamps-VennesX 11/04/1944 à Jeanne Balanche

Charles°14/01/1912

Arc-sous-Cicon+18/09/2007

Arc-sous-CiconX 20/05/1942 à Virginie Mamet

aux Fins

Thérèse°15/04/1913

Arc-sous-Cicon+ 12/12/1992

BesançonX 22/09/1945 à

René VerdotOrchamps-Vennes

Jean° 03/04/1945

Arc-sous-Cicon

Ordonné prêtre en avril 1943

Louis° 20/07/1917

Arc-sous-Cicon+

Orchamps-VennesX 25/11/1953 à Marie Marguier

A Nods et à Filain

Germaine°19/03/1919

Arc-sous-Cicon+

VercelX22/11/1944

A Joseph Cuche à Orchamps-Vennes

Geneviève° 21/05/1921

Arc-sous-Cicon+

LorayX 22/09/1945

A Claude Bruchon à Orchamps-Vennes

Henri° 16/03/1923

Arc-sous-Cicon+

Petit MerceyX

1948à Léone Guignot

Les jeunes mariés s’installent à Arc-sous-Cicon dans la maison de la grande rue et ils exploitent une petite ferme. Hélas, la guerre 1914-1918 éclate, Charles est réquisitionné alors qu’il a déjà quatre enfants : Ernest 4 ans, Charles 3 ans, Thérèse 18 mois et Jean 6 mois. Florine est aussi enceinte de Louis.Charles doit embarquer pour Thessalonique, pour rejoindre l’armée du Général Sarrail qui se bat dans les Balkans. L’équipement part de Toulon le 16 octobre 1915 sur un paquebot appelé le

Lutetia. Voici ce qu’il écrivait à son épouse en partant :

« Ma chère et bien aimée Florine,

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Avant de monter dans le navire, dont la carte montre la photographie. Je viens encore t’embrasser une fois. Sois toujours courageuse. C’est une rude épreuve pour toi et pour moi aussi. Je ne pourrai pas t’écrire pendant la traversée, je t’écrirai dès mon arrivée. J’espère que vous irez bien. Je me remets de la peine que j’ai éprouvée en te quittant. Je te remercie de tout cœur d’être venue me dire au revoir et que tu te remettras des maux que tu as eus pendant ton voyage. J’espère que je pourrai avoir le bonheur de te revoir un jour. Tu peux m’écrire dès maintenant, mais tu n’auras pas de nouvelles avant la Toussaint. Daigne le Bon Dieu et la Sainte Vierge te protéger toujours et prie bien pour moi, avec nos chers petits enfants. Je te quitte en t’embrassant avec les enfants et tous nos parents de tout mon cœur. Ton époux qui t’aime pour la vie.Charles Tournier

Voici une autre carte qu’il envoie à ses oncles et tantes à Arc datée du 25 février 1918 : « Cher Oncle et tante,Je viens vous donner de mes nouvelles qui sont assez bonnes. Je suis toujours en bonne santé et j’aime à croire que ma carte vous en trouvera de même. Je fais toujours partie de la garde du Général Sarrail à Salonique. Le service est sérieux, mais je m’y plais assez. Je reçois des nouvelles de

ma chère épouse assez souvent, tout va assez bien, mais elle a beaucoup d’ouvrage. Elle a une bonne pour le moment. Les enfants vont bien. J’ai reçu une lettre d’Alphonse et de Joseph, ils me disent tous les deux qu’ils vont bien. Rien de nouveau à notre sujet, il me tarde bien que la guerre finisse, voici quatorze mois que je n’ai pas vu ma chère petite famille, c’est bien long. Mais je prends courage et espère avoir le bonheur de rentrer et de vous revoir tous. C’est dans cet espoir que je vous quitte, mon cher oncle et ma chère tante en vous embrassant bien

affectueusement. Votre neveu qui vous aime ».Charles Tournier. Pendant que les hommes sont à la guerre, les épouses assurent les travaux de la ferme, les charges de la maison et l’éducation des enfants. La séparation est douloureuse, toutes les familles sont dans la même situation et ceci est très difficile à vivre. Au retour des combats, les enfants ne reconnaissent pas leur papa ou ne le connaissaient pas avant son départ. Il faut s’apprivoiser mutuellement et apprendre à se connaître ou à se reconnaître. C’est une source de souffrance de part

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et d’autre. A l’époque, les grands parents Tournier sont encore vivants, les tantes Claire et Isidorine viennent en aide à leur belle sœur.Au retour de la guerre, il faut voir comment on peut mieux assurer un avenir plus aisé à cette famille qui s’agrandit avec l’arrivée de Germaine, Geneviève et Henri. C’est ainsi qu’en mars 1924, Charles et Florine vont s’installer à Orchamps-Vennes, sur une exploitation plus importante appartenant à la famille Vernerey. Cette même année verra le décès des grands parents d’Arc-sous-Cicon. Les ainés ont treize et douze ans et Henri a à peine un an.De 1924 à 1932 tout se passe bien, l’exploitation se développe, Charles a l’ennui d’Arc-sous-Cicon,

mais, il y va régulièrement. Les enfants grandissent, Ernest et Charles sont appelés au service militaire et les uns et les autres poursuivent leur scolarité. Jean est au petit séminaire de Consolation.

Les enfants poursuivent leur scolarité et leur éducation chrétienne, c’est ainsi que Charles obtient son Certificat

d’Etudes Primaires le 22 juin 1926 et qu’il reçoit son diplôme d’Instruction religieuse le 17 avril 1924. Ce diplôme est très beau et montre aux jeunes de l’époque, l’essentiel de la foi en présentant les événements spirituels qui se sont déroulés dans la région : saints Fériol et Ferjeux, sainte Odile, saint Colomban, le miracle de Faverney et l’envoi des apôtres en mission sous la protection du Cœur de Jésus.Florine a un oncle et une tante qui habitent sur place, Louis et Louise Vernerey, ces personnes vivent un peu comme des notables et contribuent par leur exemple à l’éducation de la jeune troupe. L’époque d’après guerre est marquée par la naissance des mouvements d’action catholique et sous l’influence du Chanoine Balanche, les jeunes vont s’ouvrir aux autres et à la vie en Eglise.Voici une lettre de Charles envoyée à sa famille d’Arc en date du 21 juin 1931 :« Bien chers Parents,Je fais réponse à votre lettre. Je savais aussi que Charles Billot a loué, même tout loué encore un peu plus de la moitié. On ne fait pas comme on veut pour le grand Romboz, il a été loué l’année dernière huit cent trente Fr. si on augmente de dix pour cent, ce qui approche neuf cents Fr. Il faudrait avoir quatre cent cinquante Fr. pour la moitié, car retenez-le bien, ceux qui vous louent aujourd’hui pensent bien ne pas payer au notaire ce qui fait un sérieux avantage pour eux. Si vous convenez avec Adolphe Bonnet, il pourrait aussi louer d’autres pièces comme le petit Romboz et tous les sous-le-bois.Voici les justes prix :

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Parcelles- Grand Romboz 87a,50- Petit Romboz 36 ares

- le grand carré sous –le- bois 71a, 40

- sous le bois près 48ares, 44- les tavalles 74 ares

- les deux petites chaux 65 ares, 30- les Quessureux 82ares

Prix de fermage pour 1930830350300

150750320350

Ajouter à cela que les acheteurs comptent bien se passer de notaire, ce qui fera un sérieux avantage pour eux. Pour la vie du Pont si vous pouvez encore obtenir la moindre des choses, ce serait bien. Quant à l’Epinette et le Pré Blin, arrangez-vous avec Xavier Cattet. C’est du foin pour pas grand-chose, quant à nous nous allons faire le nôtre, dites à chez Champey et à Joseph de débarrasser la grange et les cours.

Ici, on va comme on peut aller, en arrivant d’Arc le samedi treize juin, Ernest a fauché le clos et on l’a ramassé lundi. On a déjà fait vingt voitures de foin. Je fatigue beaucoup des suites de mon accident, mais néanmoins, je vais bien, j’aiguise les lames, on charge deux voitures à la fois, c’est nous deux Louis qui faisons les voitures. Quant il y a la presse toute la famille est au pré. C’est la Germaine qui fait la soupe. Le vieux Bijou (cheval) va à la faucheuse avec l’un ou l’autre. La Polka supporte encore bien les taons, on s’en sert souvent pour aller ramasser le foin, elle a un beau poulain.Je suis heureux que ce soit dimanche pour pouvoir me reposer. A la messe nous avons entendu un magnifique sermon par un professeur de troisième de Consolation, il a une véritable âme d’apôtre.Je ne vois rien d’autre à vous dire et vous quitte en vous embrassant tous.Charles Tournier ».

Tout est présent dans ce courrier, l’exploitation des terres, le déroulement des foins, la santé des gens et celle des chevaux et aussi la vie paroissiale, tout le vécu de ce temps.Hélas, trop tôt, l’épreuve vient frapper la famille, Florine est gravement malade et doit subir l’ablation du sein à l’hôpital de Besançon en février 1932, elle décèdera le 4 octobre de la même année. Elle n’a que cinquante ans et les plus petits sont bien jeunes, Henri n’a que neuf ans.Voici la dernière lettre de notre Grand-mère Florine, datée du 28 février 1932, lors de son hospitalisation à l’hôpital de Besançon, « Bien cher Mari et chers enfants,Je m’ennuie beaucoup de vous autres. Que faites-vous, écrivez-moi pour que je trouve le temps un peu moins long. Il me tarde de rentrer à la maison et toi ma petite Thérèse, je pense que tu as bien du travail, je pense également à la petite Germaine qui t’aide bien. Est-ce que la petite Geneviève et le petit Henri vont en classe et se lèvent-ils assez tôt pour aller à la messe le matin afin de prier pour moi afin que je rentre le plus vite possible au milieu de vous.Et toi, Charles et Louis et le papa vous devez avoir beaucoup de travail auprès du bétail. Ne vous en faites pas trop pour moi, je commence un peu à me lever. Hier soir on m’a enlevé les drains, je croyais que cela m’aurait fait

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beaucoup plus mal, mais cela n’a rien été. Je ne peux pas bien me servir de mon bras maintenant, je ne sais pas si cela reviendra.Au revoir mon cher Mari et mes chers enfants, je vous embrasse tous affectueusement ».

Florine TournierSurtout que les enfants se couvrent bien pour ne pas avoir froid.

Malgré

l’immense chagrin des uns et des autres, la vie doit continuer. La famille rebondit, les filles se répartissent les tâches domestiques, Germaine est à la cuisine. Thérèse au ménage et Geneviève s’occupe du linge. Tous suivent et participent aux activités de la paroisse et du village. Geneviève est inscrite aux cours ménagers, là, elle apprendra à savoir tout faire. La vie continue, Henri est inscrit chez les frères à Pontarlier pour suivre sa scolarité, mais il a trop l’ennui et à la Toussaint, il demande de ne pas retourner en pension et tout le monde est d’accord pour qu’il reste à la maison. Charles, le papa fait une chute dans la grange, à la suite de laquelle il se trouve assez fatigué et handicapé pour travailler, d’après ce qu’il écrit à ses parents, le 17 avril 1933 un an avant sa mort subite. « Bien chers Parents,Je viens vous donner de nos nouvelles. Je suis toujours boiteux, mais je commence à travailler. Je

peux monter sur les cours de foin et donner aux bêtes. On a bientôt fini de semer, il reste encore les pommes de terre à planter.Charles a reçu sa feuille de route ce matin. IL va à Belfort. Il partira le 20 avril, ce qui ne me sourit pas beaucoup. Nous irons vous voir bientôt, mais je ne peux pas vous dire quel jour.Léonie Ravier nous a envoyé le montant du terme du 25 mars, soit cinq cents frs, vous la remercierez, on paiera le travail de son garçon quand nous irons.Geneviève fera sa communion solennelle ce printemps, probablement le deuxième dimanche après Pâques. Jean vient en vacances la semaine prochaine, nous n’avons pas encore notre voiture.

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Je ne vois rien d’autre à vous dire, puisqu’on se verra bientôt. En vous quittant, je vous embrasse bien affectueusement ». Charles Tournier

C’est au matin du vingt cinq mars 1934 que Charles décède subitement en présence d’Henri, son fils cadet âgé de 11 ans. Une fois de plus, il faut faire face au deuil et à l’épreuve. Les ainés Ernest et Charles vont prendre leurs responsabilités, l’un est chef de famille et l’autre, chef d’exploitation de tempérament très différent, les deux frères se complètent à merveille et arrivent à tenir la cohésion familiale. Pendant plus de huit ans, les huit jeunes vont cohabiter ensemble sans parents et vivre une fraternité plus ou moins harmonieuse mais remarquablement soudée. Très vite, Louis apporte aussi sa contribution, spécialiste de tout ce qui tourne de près ou de loin à la mécanique. Jean poursuit ses études au séminaire et s’achemine vers l’ordination sacerdotale qui eut lieu en avril 1943.

Charles est le premier à quitter le nid familial, il a déjà trente ans, Ernest en a trente deux. Charles se marie le 20 mai 1942 avec Virginie Mamet des Fins et Ernest unit sa destinée à Jeanne Balanche, la nièce du curé de la paroisse le 11 novembre 1944 et les filles vont suivre. L’oncle Louis Vernerey a eut une bonne influence sur la jeune troupe ainsi que sa sœur

Louise.

Louis Vernerey né en 1851

+ Le 30 novembre 1939

A 88 ans oncle de Florine,

Frère de Charles Vernerey

Voila toute l’histoire d’une génération. Avant de passer à une autre génération, nous allons faire connaissance avec la famille VERNEREY, la famille de Florine.

Florine et Charles vers 1928

Thérèse vers 22 ans

Henri a 20 ans