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RÉSUMÉ.— En France, l’enquête par questionnaire semble peu mobilisée dans les recherches géographiques au regard d’autres techniques d’enquête, tout particulièrement en géographie de l’environnement. Nous avons cherché à expliquer ce retard, autant qu’à le dépasser. Ainsi, après une présentation de l’utilité et de l’utilisation des questionnaires en géographie en général, puis dans le champ spécifique de l’environnement, nous examinons les apports et les difficultés de cette technique, notamment en termes de spatialisation, avant de proposer quelques pistes améliorant la construction des questionnaires, tant en termes d’échantillonnage et de vocabulaire que par le recours à un système d’information multi-sources. ENVIRONNEMENT, FRANCE, GÉOGRAPHIE, QUESTIONNAIRE, REPRÉSENTATION ABSTRACT.— Surveys through questionnaires in environmental geography.— In France, surveys using questionnaires have been less widely developed than other survey techniques especially in environmental geography. We set out to account for the backwardness of this branch of geography and to explore the means to catch up. Thus, after presenting the uses and usefulness of this technique in geography, and in environmental geography in particular, we will examine the contribution of this technique and its difficulties, for instance in the area of the spatialization data. We will then suggest avenues of research to improve the construction of questionnaires addressing issues of wording and population sampling techniques or the use of a multi-source information system. ENVIRONMENT, FRANCE, GEOGRAPHY, PERCEPTION, QUESTIONNAIRE L ’importance donnée au terrain pour asseoir une recherche en géographie et plus particulière- ment en géographie de l’environ- nement n’est plus à démontrer. Il en est de même des représenta- tions sociales de l’espace (Bailly, 1992) qui peuvent être appro- chées au moyen de questionnaires traités par des méthodes statis- tiques. En France, les techniques d’enquête, parmi lesquelles une approche par questionnaire est souvent privilégiée, sont désor- mais enseignées dans les cursus de géographie et semblent faire partie du bagage commun et insti- tutionnalisé du géographe : sur 37 départements enseignant la géographie et recensés en juin 2009, plus des deux tiers ont un module de techniques d’enquête au niveau licence et EG 2010-4 p. 325-344 Lydie Goeldner-Gianella Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne UMR 8586 PRODIG 191 rue Saint-Jacques, F-75005 Paris [email protected] Anne-Lise Humain-Lamoure Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne UMR 8504 Géographie-cités 13 rue du Four, F-75006 Paris [email protected] Les enquêtes par questionnaire en géographie de l’environnement @ EG 2010-4 325

Les enquêtes par questionnaire en géographie de l'environnement

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RÉSUMÉ.— En France, l’enquête parquestionnaire semble peu mobilisée dansles recherches géographiques au regardd’autres techniques d’enquête, toutparticulièrement en géographie del’environnement. Nous avons cherché àexpliquer ce retard, autant qu’à le dépasser.Ainsi, après une présentation de l’utilité etde l’utilisation des questionnaires en géographie en général, puis dans le champ spécifique de l’environnement,nous examinons les apports et les difficultés de cette technique,notamment en termes de spatialisation,avant de proposer quelques pistesaméliorant la construction desquestionnaires, tant en termesd’échantillonnage et de vocabulaire que par le recours à un système d’informationmulti-sources.

ENVIRONNEMENT, FRANCE,GÉOGRAPHIE, QUESTIONNAIRE,REPRÉSENTATION

ABSTRACT.— Surveys throughquestionnaires in environmentalgeography.— In France, surveys usingquestionnaires have been less widelydeveloped than other survey techniquesespecially in environmental geography. We set out to account for the backwardnessof this branch of geography and to explorethe means to catch up. Thus, afterpresenting the uses and usefulness of this technique in geography, and inenvironmental geography in particular, we will examine the contribution of this technique and its difficulties, for instance in the area of the spatializationdata. We will then suggest avenues ofresearch to improve the construction of questionnaires addressing issues ofwording and population samplingtechniques or the use of a multi-sourceinformation system.

ENVIRONMENT, FRANCE, GEOGRAPHY,PERCEPTION, QUESTIONNAIRE

L ’importance donnée au terrainpour asseoir une recherche en

géographie et plus particulière-ment en géographie de l’environ-nement n’est plus à démontrer. Ilen est de même des représenta-tions sociales de l’espace (Bailly,1992) qui peuvent être appro-chées au moyen de questionnairestraités par des méthodes statis-tiques. En France, les techniquesd’enquête, parmi lesquelles uneapproche par questionnaire estsouvent privilégiée, sont désor-mais enseignées dans les cursus degéographie et semblent fairepartie du bagage commun et insti-tutionnalisé du géographe : sur37 départements enseignant lagéographie et recensés enjuin 2009, plus des deux tiers ontun module de techniquesd’enquête au niveau licence et

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2010-4

p. 325-344

Lydie Goeldner-GianellaUniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne

UMR 8586 PRODIG

191 rue Saint-Jacques, F-75005 [email protected]

Anne-Lise Humain-LamoureUniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne

UMR 8504 Géographie-cités13 rue du Four, F-75006 Paris

[email protected]

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95 % au niveau master. Cependant, aucun manuel propre à la géographie n’existedans ce domaine, cette méthodologie étant enseignée à partir d’ouvrages de sociologie(Javeau, 1988; Singly, 2001; Berthier, 2002). En parallèle, l’enquête par questionnairesemble peu mobilisée dans les recherches géographiques au regard d’autresméthodes (entretiens, observations, relevés), plus nettement encore en géographie del’environnement. Il est tout à fait représentatif que six jeunes chercheurs géographes,traitant de questions rurales ou environnementales, aient récemment présenté leursméthodes d’étude des représentations en évoquant uniquement l’analyse de discours(discours écrits ou discours oraux obtenus lors d’entretiens) ou l’observation despratiques (Bertrand et al., 2007), sans jamais mentionner le questionnaire. Certes, ilss’interrogent sur l’intérêt des méthodes qualitatives en géographie, mais on ne sauraiten exclure trop vite les enquêtes par questionnaires, que l’on ne peut assimiler à desimples sondages d’opinion.

De ce fait, nous avons cherché d’une part, à expliquer ce paradoxe, et d’autrepart, à le dépasser en pointant à la fois l’intérêt de la méthode des questionnaires etles difficultés à résoudre dans une démarche géographique, plus spécifiquement dansle champ de l’environnement. Ce champ de la géographie, longtemps peu ouvert auxreprésentations et à l’enquête par questionnaire, couvre pourtant « les relationsd’interdépendance [qui] existent entre l’homme, les sociétés et les composantesnaturelles du milieu. [Ces relations] fondent l’approche environnementale qui inclutégalement perception et représentations » (Ciattoni, Veyret-Mekdjian, 2007). Pour cefaire, nous avons fondé notre argumentation sur des questionnaires élaborés par desgéographes français et portant sur des questions environnementales en France, fai-sant ainsi le choix de ne pas élargir cette étude à d’autres régions du monde, etnotamment aux Suds, en dépit de l’intérêt de ces terrains. En effet, l’utilisation desquestionnaires en géographie rurale ou environnementale y est plus ancienne, liée àun fréquent manque d’information ou à des contacts plus aisés entre disciplines, maiselle pose des problèmes méthodologiques parfois différents.

Après une présentation de l’utilité et de l’utilisation des questionnaires en géo-graphie puis dans le champ spécifique de l’environnement, nous examinons lesapports et les difficultés de cette technique d’enquête, notamment dans la spatialisationde ses données, avant de proposer quelques pistes améliorant la construction desquestionnaires, tant en termes d’échantillonnage et de vocabulaire que par le recoursà un système d’information multi-sources.

Enquête par questionnaire et géographies

Si, parmi les techniques d’enquête, les guides d’entretien sont couramment prati-qués en géographie, ce n’est pas le cas des questionnaires standardisés. Ceux-ci seprésentent généralement sous forme de listes de questions, de préférence « fermées »(un nombre prédéterminé de modalités de réponses est proposé à l’enquêté). Cesenquêtes peuvent également s’enrichir de quelques réponses libres plus précises queles enquêtés fournissent à des questions « ouvertes ». Cette technique d’enquête trèsstandardisée est avant tout destinée à une population nombreuse en vue d’un traite-ment statistique. Notre propos se limitera strictement aux études fondées tout oupartie sur cette méthode.

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Cerner la multidimensionnalité des discours et des facteurs qui les influencent

Un questionnaire est par définition une méthode standardisée avec tous les avan-tages et les inconvénients que cela suppose. L’avantage majeur est qu’il est une mesurequi permet des comparaisons dans l’espace et le temps. Mais on reproche souvent àcette méthode de tronquer et de biaiser des informations. Dès lors qu’en attendre?

Les enquêtes visent à recueillir le plus souvent des représentations et à com-prendre des pratiques. Or celles-ci découlent d’un processus complexe. Les repré-sentations individuelles se construisent à la fois d’éléments de perception et d’effetsde filtrages, de contraintes, de simplifications, de complexifications, d’indurationsou d’oublis dus au contexte spatial et temporel de cette élaboration (Moscovici,1961 ; Bailly, 1977). Les perceptions et les représentations qui en subsistent sontprises dans un contexte de temps et d’espace dynamique et multidimensionnel.Celui-ci est constitué des conditions collectives d’existence (contexte économique,culturel, territorial,…) en interaction avec les caractéristiques de l’individu lui-même (l’éducation, la position sociale, l’âge, la position dans l’espace, etc.). Toutereprésentation est donc un processus cognitif d’élaboration mentale certes person-nelle, mais largement influencée par des aspects collectifs, de sorte que l’analyse desreprésentations individuelles peut révéler des effets de structures liées, par exemple,à une appartenance sociale, politique ou territoriale commune à certains groupes.Notre but est également de prendre en compte les relations entre les personnes etleurs espaces de vie : des simples effets de contexte aux effets plus complexesd’appartenance, d’identification (Feldman, 1990 ; Proshansky et al., 1983 ; Altman,Low, 1992). La difficulté réside donc dans la multiplicité des facteurs qui peuventinfluencer discours et pratiques.

L’enquête par questionnaire, effectuée sur un grand nombre de personnes, permet descruter les représentations sociales de l’espace et de tester certains des nombreux fac-teurs qui se combinent pour les influencer (caractéristiques démographiques, sociales,politiques, culturelles, mais aussi contextes spatiaux et environnementaux). L’analyse dedonnées permet ensuite d’associer des profils de réponses correspondant à des profils depopulation pour identifier des catégories collectives de discours et, dans une certainemesure, de pratiques. Notre but est ici de justifier l’intérêt et la spécificité de cetteméthode en géographie, et plus particulièrement en géographie de l’environnement.

Les questionnaires sont un outil de connaissance pour le géographe mais aussi,au-delà de la connaissance, un outil d’aide à la décision pour l’aménageur, le gestion-naire, le politique. Pour autant, nous n’évoquons pas là les sondages d’opinion sur les-quels ces acteurs peuvent à l’occasion asseoir leur politique, mais de véritablesenquêtes scientifiquement construites, conduites et analysées. Dans cette optique plusappliquée, les enquêtes par questionnaires menées auprès des usagers ou des habi-tants permettent par exemple de mieux gérer les risques et de réduire la vulnérabilité,de gérer les accès, la fréquentation, voire l’aménagement des espaces naturels, demieux cerner les publics à informer ou avec lesquels les décideurs et les politiquesdoivent aujourd’hui communiquer, etc. Ainsi, une enquête récente sur la biodiversitédevrait aider le Conseil général de Seine-et-Marne à orienter sa politique de gestionde la nature : au vu des résultats du questionnaire soumis à plus de 800 habitants dequatre communes du département, il peut faire le choix soit d’entretenir et d’acquérirdes espaces naturels de proximité, car ils sont les plus fréquentés, soit d’investir dansdes lieux moins fréquentés, mais jugés de plus grande valeur.

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Une technique peu utilisée en géographie

Les premiers questionnaires employés en géographie sont des grilles d’observation(Demangeon, 1909) ou des guides d’entretiens resserrés auprès de personnes ressources(Robert-Muller, 1923). Des questionnaires véritablement destinés à être soumis augrand public n’apparaissent que dans les années 1960-1970, dans le prolongement destatistiques déjà établies que des géographes s’attachent à cartographier :Françoise Cribier (1969) pour analyser les migrations estivales des citadins en Francemène une enquête auprès de 8000 familles pour compléter des statistiques publiques.D’autres géographes s’essayent isolément à cette technique, sans support statistique, àéchelon local (Bonnamour, 1966), l’émergence d’une géographie régionale se prêtantassez facilement à ce type de technique.

La méthode des enquêtes par questionnaire ne commence à se diffuser, modeste-ment, qu’à la fin des années 1970 et durant les années 1980, dans un contexte discipli-naire où une part des géographes se réclame d’une science sociale de l’espace devenantplus anthropocentrique. L’essor d’une géographie des «espaces vécus» intégrant les pra-tiques et les représentations des individus, notamment dans les années 1990, entraîneun développement des enquêtes et une ouverture vers d’autres sciences sociales. Enparallèle, le traitement de questionnaires, dont le grand nombre est une condition devalidité de la méthode, est rendu plus aisé grâce à la diffusion de l’informatique et desméthodes de la géographie quantitative. Cependant, la méthode du questionnaire nes’est pas pour autant amplement déployée depuis cette période. En l’occurrence, la géo-graphie sociale et la géographie culturelle qui privilégient l’analyse des représentationset des pratiques individuelles tendent, en France, à se démarquer d’une géographiepratiquant l’analyse de données. La géographie culturelle privilégie les entretiens et lestechniques ethnographiques, telle l’observation participante, comme le souligne lenuméro des Annales de géographie consacré en 2001 aux espaces domestiques.

Une défiance prolongée en géographie de l’environnement

L’utilisation des questionnaires en géographie de l’environnement est encore plustardive en France, caractérisant surtout la dernière décennie. Auparavant, les travauxsur la perception et les représentations des milieux naturels ou de l’environnementétaient peu associés à cette technique. Ainsi, les trente-cinq contributions à l’ouvrageintitulé La Forêt : perceptions et représentations (Corvol et al., 1997) évoquent l’étude desdiscours et l’analyse de la presse, de photographies, de la littérature ou du droit. Lerecours aux entretiens est évoqué une fois dans l’ouvrage et aux questionnaires troisfois, mais sans référence à des travaux d’enquête propres ou explicitation de la méthode.Une décennie plus tard, si les entretiens restent très employés sur des questions derisque, d’aménagement ou de paysage, le recours aux questionnaires a commencé à sedéployer.

En géographie du risque, on peut ainsi citer des questionnaires sur l’évaluation dela vulnérabilité territoriale dans la vallée de la Seine (Bonnet, 2002), la tempête de 1999en Île-de-France (Tabeaud, 2003), le risque d’érosion littorale (Deboudt, Flanquart,2008), le risque d’inondation (Vinet, Defossez, 2006), l’érosion des plages (Rey Valetteet al., 2008), le risque de submersion marine (Anselme et al., 2008), le risque volca-nique dans les départements d’outre-mer (Leone, Lesales, 2009; Mas, Leone, 2009).Antoine Bailly (2005) insiste sur l’idée que la géographie francophone a négligé l’étudedes représentations du risque jusqu’à la décennie 1990 ; et Nathalie Pottier (2006)

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montre que l’analyse géographique de la vulnérabilité des sociétés ne passe que depuispeu par des enquêtes réalisées auprès de ménages résidant en zone à risque. À côté dequestionnaires sur les nuisances environnementales (Faburel, 2003), la multiplication dequestionnaires sur les milieux ou les espaces naturels est, elle aussi, fort récente : ils por-tent sur le milieu dunaire (Meur-Férec et al., 2001), les espaces insulaires (Péron,2005), le milieu forestier (Simon, 2000 ; Marty, 2004), le milieu montagnard (Pech,2001 ; Héritier, 2006), les réserves ornithologiques (Chadenas, 2003 ; Baron-Yellès,1999), les marais ou la dépoldérisation (Goeldner-Gianella, Imbert, 2005; Goeldner-Gianella, 2007).

Les raisons de cette utilisation réduite des questionnaires peuvent tenir à l’évolu-tion même de la géographie de l’environnement. Pendant plusieurs décennies, desconceptions différentes de l’environnement ont évolué en parallèle, expliquant sansdoute la faible place laissée aux analyses socio-culturelles. Ainsi l’environnement a étésoit longtemps associé aux impacts négatifs des activités humaines sur les réalités bio-physiques (George, Verger, 2004), soit réduit au «milieu physique ou naturel » (Saffache,2004). Mais si les géographes physiciens analysaient simplement « les dysfonctionne-ments du cadre naturel dus à la société » dans les années 1980 – ne s’intéressant nulle-ment à des objets aussi subjectifs que les opinions de cette même société –, ce n’estplus le cas aujourd’hui : « la nature […] ne peut plus être appréhendée en termes deface à face ; l’environnement est un construit social qui se lit au travers de la culture dugroupe social, de son histoire spécifique, qui s’analyse en termes de perception et dereprésentations » (Galochet et al., 2006). Dans ce contexte, les enquêtes par question-naire n’ont pu se déployer que tardivement en géographie de l’environnement.

Cet usage tardif peut aussi tenir à la rareté des modèles de questionnaires fournispar la sociologie de l’environnement et sur lesquels les géographes auraient puappuyer leur propre élaboration de questionnaires. Ainsi, si les représentations fran-çaises de l’environnement intéressent les instituts de sondage et les chercheurs depuisle milieu des années 1980 (Collomb, Guérin-Pace, 1998), leur analyse n’a pourtantpas été particulièrement développée : le Centre de recherche pour l’étude et l’observa-tion des conditions de vie n’a effectué entre 1990 et 2007 qu’un nombre limitéd’enquêtes relatives à l’environnement (11 rapports sur 242 et moins de 2,5 % descahiers de recherche). Philippe Collomb et France Guérin-Pace estiment encore, audébut des années 1990, « les informations sur les perceptions ou les représentationsdes Français en matière d’environnement » comme « largement insuffisantes », « frag-mentaires » ou «monographiques » (1998). Ces insuffisances et la faible utilisation desenquêtes par questionnaires ont pu partiellement tenir à l’évolution de la sociologie del’environnement. Si celle-ci a commencé à prendre son essor dans les années 1970-1980 (Vaillancourt, 2003), certains sociologues considèrent que cette branche de lasociologie reste de faible importance, tant en Europe que dans le monde (Leroy,2003). Pour Pieter Leroy, trois raisons expliqueraient cette faiblesse, malgré l’essor derecherches empiriques dans les décennies 1970 à 1990 : la démarche d’émancipationdes sciences naturelles menée à l’origine par la sociologie durkheimienne, la concep-tion, depuis le XIXe siècle, d’une société moderne dégagée de toute contingence phy-sique, et enfin l’idée récente que les problèmes environnementaux des années 1970sont nouveaux et sans rapport avec l’ancienne dialectique opposant l’homme à lanature. Cette impression de faiblesse à l’échelle européenne est confirmée par le casfrançais (Charles, Kalaora, 2003). On observe, en l’occurrence, que le Dictionnaire de

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sociologie (Encyclopedia Universalis) ne propose, en 2007, ni l’entrée « nature », nil’entrée « environnement », et que le chapitre consacré aux différents courants de ladiscipline ne mentionne pas cette spécialité. Ces spécificités de la sociologie de l’environ-nement pourraient partiellement expliquer les difficultés des géographes à monter desquestionnaires sur des problématiques environnementales, leur méthodologie étant àl’origine empruntée à la sociologie, mais avec un souci plus grand de spatialisation.

Apports et difficultés des questionnaires en géographie del’environnement

Outre les raisons évoquées tenant à l’évolution récente des disciplines géographiqueet sociologique, les difficultés de mise en œuvre des enquêtes par questionnaires en géo-graphie de l’environnement peuvent expliquer leur faible utilisation.

Une méthode efficace pour analyser des représentations sociales de l’espace

Les géographes qui mettent en œuvre des questionnaires, y intégrent une dimensionspatiale. Ils cherchent à cerner des représentations, des pratiques des lieux, mais aussil’influence sur ces représentations des contextes spatiaux.

Toutefois, l’intégration de ces facteurs spatiaux nous semble avoir été peu prati-quée jusqu’à présent. Ainsi, des enquêtes sur des réserves ornithologiques peuventaboutir à une cartographie intéressante de l’origine des visiteurs ou des trajets suivispar les birdwatchers1 de réserve en réserve (Baron-Yellès, 1999), mais la réflexion estrarement conduite à l’échelle même des réserves (cartographie des cheminements, deslieux de contemplation ou d’observation, etc.). De la même façon, dans les enquêtesréalisées sur la vulnérabilité des territoires, ce sont souvent des données sociologiquesqui sont exploitées (Meur-Férec et al., 2004) alors que des données spatialisant lesphénomènes ou les risques seraient utilisables et cartographiables (distance à la merdes lieux de résidence, hauteurs d’eau ou reculs par érosion observés lors des crises,perception des zones érodées, etc.). On remarque que les enquêtes auprès de ménagesrésidant en zone inondable, qui permettraient elles aussi de mieux connaître l’exten-sion géographique de l’aléa ou des dommages, restent souvent centrées sur des ques-tions classiques de vulnérabilité des bâtiments et des personnes (Pottier, 2006). Lesgrands organismes d’enquêtes ont toutefois pris conscience de l’importance d’intégrerdes éléments spatiaux aux enquêtes en environnement, comme cela a été réalisé dansune vaste enquête sur la perception de l’environnement par les Français (Collomb,Guérin-Pace, 1998), pour laquelle l’échantillon interrogé a été construit selon desdécoupages géographiques distinguant à la fois de grands ensembles régionaux maisaussi des espaces spécifiques (littoral, montagne, plaine, territoire urbain ou rural).Samuel Brody et al. (2004) montrent que cette insuffisante intégration de variablesspatiales dans les questionnaires caractérise également la recherche anglo-américaine,qui a longtemps privilégié les variables socio-économiques et démographiques dansses travaux. Celles-ci ont certes prouvé leur intérêt puisqu’elles ont permis d’associerquasi systématiquement – comme en France d’ailleurs – une plus grande sensibilité àl’environnement aux tranches d’âge les plus jeunes ou à un niveau d’étude et derevenus plus élevés. À l’exception de quelques travaux démarrés à la fin desannées 1970 sur l’opposition entre ruraux et urbains, les psychologues, sociologues ougéographes anglo-américaines n’ont commencé à montrer un intérêt pour les variables

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1. Les «observateurs oucontemplateursd’oiseaux» sont des spécialistes ou des passionnésd’ornithologie.

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géographiques que dans les années 1990-2000, se focalisant alors sur les questions delocalisation et de distance aux espaces naturels et récréatifs ou aux zones à risques.

Quelle information spatialisée peut-on récolter ? Des localisations, mais aussi desformes d’organisation de l’espace. Pour cerner ces formes, deux types d’éléments spa-tiaux peuvent être recueillis :• des éléments du paysage, facilement identifiables par leur taille, leur forme etc. maisaussi par l’usage quotidien qui en est fait par les personnes interrogées : il s’agit delieux, de bâtiments, de chemins… c’est-à-dire, d’« éléments fonctionnels » qui peuventêtre facilement décrits par les personnes interrogées (lieu(x) de résidence, de travail,de vacances, et chemins qui les relient, etc.) ;• des éléments spatiaux qui ne sont que peu ou pas pratiqués et qui constituent enquelque sorte un « référentiel spatial » plus ou moins imaginaire, emprunt d’affectivité(par exemple, l’image de plages lointaines sous les tropiques, faites de sable blanc etde palmiers qui constituent un « modèle de plage » auquel on peut se référer pourapprécier une plage réellement fréquentée).

En général, les éléments fonctionnels peuvent être facilement recueillis et carto-graphiés. Ces éléments peuvent aussi être utilisés comme variable de contrôle et consti-tuer des éléments de contexte caractéristique d’un profil de répondants. Les «référentielsspatiaux» sont beaucoup plus délicats à recueillir. En géographie urbaine, de nombreusesenquêtes se fondent, pour aider à cerner ces « référentiels spatiaux», sur des élémentsfonctionnels tels que des voies, des carrefours, des limites, des quartiers (Lynch, 1960),des monuments (Humain-Lamoure, 2007). Mais cela est encore plus difficile dans unenvironnement « naturel » moins anthropisé et parfois mouvant (dunes, sentiers nonbalisés…) et dont la fréquentation parfois très occasionnelle ne permet que peu ou pasaux personnes enquêtées de s’appuyer sur des « éléments fonctionnels ». Recueillir detelles données peut nécessiter des questions plus ouvertes, voire des entretiens ou destechniques complémentaires (cf. supra). Dans une enquête conduite récemment sur laperception et les représentations du risque de submersion marine du hameau de Leucate-Plage (Languedoc), les répondants ont été invités à placer sur une carte la limite atteintepar la mer lors des dernières tempêtes – limite que l’on peut considérer comme un réfé-rentiel spatial d’ordre personnel, cognitif, voire affectif, selon ce qu’ils ont vu ou vécu lorsde ces submersions (fig. 1). Pour tracer ces lignes, ils se sont aidés des éléments fonction-nels du hameau (église, terrain de tennis, noms des rues). Cette technique a permis depallier l’insuffisance des descriptions verbales du phénomène. Les « lignes de référence»obtenues dans cet exemple – s’inspirant de l’idée de « témoignages de dommages» dePatrick Pigeon (2002) – peuvent aider à améliorer des modèles de submersibilité s’ils sonthomogènes d’un répondant à l’autre (Anselme et al., 2008), c’est-à-dire améliorer laconnaissance de la vulnérabilité d’un territoire. A contrario, leur variabilité peut aider àaméliorer la gestion du risque au plan de l’information et de la communication, enciblant par exemple les populations les moins conscientes du risque.

Un questionnaire permet aussi d’identifier certaines formes d’organisation spatialedans les pratiques et les représentations des enquêtés. On peut tout d’abord recueillirdes cheminements entre deux lieux fréquentés, le mode ou la fréquence de déplace-ment. La cartographie de ce type d’information permet ensuite d’analyser des effets deproximité et d’appropriation locale. Ces analyses sont de loin les plus pratiquées engéographie de l’environnement et assez bien documentées. Elles ont permis de montrerl’importance de la proximité dans les choix et le degré de fréquentation des espaces

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naturels ou des espaces verts comme dans le cas desforêts franciliennes (Maresca, 2000) ou des plagesdu New Jersey (Nordstrom, Mitteager, 2001). À cetitre, on pourrait aussi développer des études sur lareprésentation des réseaux de lieux dans le cadredes nouvelles réflexions environnementales sur lescorridors écologiques et les trames verte et bleue.En géographie des risques, plusieurs enquêtes ontaussi mis en évidence l’importance de la proximitédans la connaissance des risques ou la perception deleur dangerosité (IFEN, 2005 ; Bonnet, 2002).

Un questionnaire permet également d’appro-cher la variété des représentations selon les échellesspatiales considérées. Une enquête générale del’IFEN (2003) nous apprend ainsi que « les bonnesopinions [des Français] sur la qualité de l’environne-ment reculent au fur et à mesure que l’espace deréférence s’agrandit : plus la zone géographique estvaste et éloignée du lieu de résidence, plus les juge-ments sont défavorables ». De même, la vision queles Européens ont actuellement de la biodiversité sedégrade lorsque l’on passe de l’échelle nationale àl’échelle globale (Gallup Organization, 2007) – ceque confirment des enquêtes menées en Seine-et-Marne (Riboulot, 2008). Plusieurs enquêtes mon-trent de façon récurrente que le rapport, conscientou inconscient, à l’environnement local est générale-ment « favorable » aux enquêtés : cet environnementproche, on dit, par exemple, ne pas le souhaiter tropprotégé, on ne le pense pas trop dangereux, et on le

considère en bon état, alors que les réponses en sont l’exact contraire pour un espaceplus éloigné. On observe ainsi un décalage entre la considération de l’échelle locale etde l’échelle globale : les questionnaires d’enquête nous apprenant que de nombreuxenquêtés ne perçoivent leur environnement local qu’à travers des protections imagi-naires, des filtres accommodant la réalité à leurs besoins ou à leurs craintes.

Un questionnaire en environnement permet aussi de cerner des effets de territoireset le rôle de facteurs politiques. Par exemple, une politique de végétalisation dans uneseule commune comparée à d’autres a-t-elle un impact sur les représentations des habi-tants? Les contraintes réglementaires d’une zone de protection comparées à celles d’unezone voisine sans statut particulier influencent-elles les pratiques? Si ces analyses se sontmultipliées en géographie humaine, notamment dans des études intra-urbaines(Humain-Lamoure, 2008), elles restent à développer en environnement. Ces informa-tions peuvent être obtenues en stratifiant l’échantillon, par exemple, en décidantd’enquêter auprès de résidents de différentes communes aux contextes socio-spatial etenvironnemental similaires, mais aux politiques différentes.

Les possibilités sont donc multiples et les perspectives très intéressantes, maisune seule enquête ne peut embrasser l’ensemble de ces possibilités. Le choix des

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Limite réellement atteinte par la mer

Limite atteinte par la mer d’après :

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Falaise du plateau de Leucate

des enquêtés acceptant de dessiner

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© L’Espace géographique, 2010 (awlb).Conception : L. Goeldner-Gianella.

Fig. 1/ L’extension de la submersion marine de l’hiver1997 à Leucate-Plage (Languedoc).

On observe un écart entre la réalité et les perceptions ou les souvenirs des personnes interrogées acceptant de dessinerdes « lignes de référence ».

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objectifs est alors déterminant dans la construction d’un questionnaire, qui doit êtrele plus court possible pour espérer une passation efficace et donc des données fiables.La construction du questionnaire est également liée à la démarche d’analyse que l’onsouhaite effectuer. On peut pratiquer une analyse à partir des lieux cités par lesenquêtés – en faisant l’hypothèse que leurs pratiques et leurs représentations sontinfluencés par les caractéristiques du milieu. On peut aussi pratiquer une analyse par-tant des groupes sociaux en mettant en évidence des différences de pratiques et dediscours, qualitatives (lieux et structures spatiales recueillis) ou quantitatives (fré-quences, mesures de distances). Les choix à faire sont donc nombreux et décisifs entermes de résultats. S’y ajoute une difficulté propre à toute analyse de représentation :développer et conserver tout au long de la démarche une distance réflexive et critiqueà l’égard de nos propres représentations, comme de celles des personnes interrogées.

Lutter contre l’influence scolastique et la «désirabilité sociale»

Dans ce type d’analyse, le chercheur ne peut que difficilement s’extraire de sespropres catégories de pratiques et de discours, issues à la fois de ses propres représen-tations et des contextes de production de la recherche, institutionnels et conjonctu-rels. Or l’espace tel qu’un géographe professionnel le perçoit n’est pas forcémentl’espace d’enquêtés hors des codes disciplinaires. Il ne faut donc pas surévaluer laconnaissance, l’importance de l’espace pour les enquêtés et confondre leurs représen-tations avec celles que nous construisons et qui constituent des enjeux spécifiques ànotre champ disciplinaire. Outre le risque de cette influence scolastique, il faut aussitenir compte de la labilité, de l’ambiguïté, des incohérences éventuelles qui caractérisentles représentations des enquêtés, dont beaucoup surgissent ou se transforment durantl’enquête plus qu’elles ne la précèdent, y compris sous l’effet de la désirabilité sociale.

Cette dernière, qui correspond à la volonté consciente ou inconsciente de seconformer à des normes ou de s’en tenir à un discours commun et dans l’air dutemps, nous semble fortement marquer les enquêtes sur l’environnement. Ce quiconcerne aujourd’hui la biodiversité, la pollution, les organismes génétiquementmodifiés, le développement durable, le changement climatique est tellement médiatiséque tout le monde en subit plus ou moins l’influence, quelle que soit la justesse ou laqualité de l’information apportée. C’est ainsi que l’IFEN (2003) considère que l’écartque l’on observe entre la sensibilité des Français pour l’environnement et les effortsqu’ils réalisent concrètement relève d’un tel effet : «L’adhésion à la cause environne-mentale s’imposant de plus en plus comme une norme sociale consensuelle […], ils’agit ainsi pour l’individu interrogé, de répondre en conformité avec la perceptionqu’il a de ce qu’est la posture la plus répandue dans le corps social sur (ce) sujet. ».C’est pourquoi il est aussi de bon ton à l’heure actuelle de prétendre fréquenter lesespaces naturels, de les juger de grande valeur écologique et esthétique, d’approuverleur protection. Bruno Maresca a évoqué l’idée, dans une enquête récente sur la fré-quentation des forêts publiques d’Île-de-France (2000), que cette désirabilité socialeavait poussé les enquêtés à surestimer leur taux de fréquentation de la forêt – ce qu’ilsn’avaient pas fait dans une enquête antérieure : « dans le contexte d’aujourd’hui, où lediscours écologique est omniprésent, il est vraisemblablement plus incongru dedéclarer que l’on ne va jamais en forêt ». S’il est difficile de mesurer la part exacte dece mécanisme, largement inconscient, il faut néanmoins en tenir compte pourréinterpréter certains rythmes de fréquentation des espaces naturels ou certains

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jugements sur la valeur écologique de l’environnement (Marcadet, Goeldner-Gianella,2005). Ainsi, les taux de fréquentation de la lagune bretonne de Sables-d’Or-les-Pinsparaissent particulièrement élevés au regard des pratiques quotidiennes de prome-nade des Français (Goeldner-Gianella, Imbert, 2005). Outre la prudence à conservertout au long de l’analyse d’un questionnaire, différents moyens permettent de limiterces biais.

Quelques piste pour construire une enquête par questionnaireen géographie de l’environnement

Définir une stratégie d’enquête en géographie de l’environnement supposed’adapter les étapes classiques de l’organisation d’une enquête. Nous proposons iciquelques pistes testées lors d’enquêtes que nous avons effectuées. Ces pistes peuventaider à la réflexion bien que chaque enquête soit à construire en fonction d’objectifspropres et d’hypothèses à vérifier.

Adapter les modalités d’échantillonnage à la réalité du terrain

Des difficultés d’échantillonnage se posent au géographe de l’environnementlorsque les interrogations portent sur des milieux naturels et se font directement insitu, de façon à toucher les personnes fréquentant ces milieux ou résidant dans leursenvirons. Avant même l’échantillonnage, la population parente (l’univers de réfé-rence) peut être délicate à cerner. Le plus simple reste d’interroger une populationde riverains autour d’un site dont on peut connaître les caractéristiques sociales, lesdynamiques spatiales par leur appartenance à des territoires (communes, bassins devie, etc.) déjà renseignés grâce à des sources extérieures (recensements, autresenquêtes). Un tirage aléatoire – idéal statistique – ou un échantillonnage par quotaspour de petits échantillons (Ardilly, 1994, p. 156), éventuellement stratifiés pourassurer la représentativité de groupes minoritaires (Singly, 1992, p. 43), sont alorspossibles. On peut également procéder à des sondages spatiaux aréolaires à plusieursdegrés (Dureau et al., 1989) à partir d’images satellites, de photos aériennes et desources statistiques associées sous système d’information géographique. Cependant,la population à enquêter peut être plus largement des usagers, qu’ils soient riverainsou non. Dans ce cas, on ne dispose pas de base de sondage (sauf enquête préalablefondée, par exemple, sur des observations et/ou une enquête sur la fréquentation) ;on ne connaît donc pas a priori les caractéristiques de la population parente, nimême sa définition exacte. On crée donc le plus souvent un échantillon où le hasardest reconstitué empiriquement (Berthier, 2002, p. 119) en interrogeant in situ, parexemple, un passant sur sept ou un sur trois ou toutes les personnes rencontrées lorsd’un itinéraire prédéfini à l’avance. Quelques « questions filtres » en début de ques-tionnaire (sur la fréquentation du lieu étudié, sur l’âge, le lieu de résidence, etc.) per-mettent éventuellement de cibler certains usagers en précisant les critèresd’inclusion. Ces méthodes, simples à mettre en œuvre, nécessitent néanmoinsd’interroger un grand nombre de personnes pour une analyse statistique significativede certains facteurs, et de faire varier les jours et les heures d’enquêtes pour éviter desur- ou sous-représenter trop fortement tel ou tel type d’usager. Cette méthode restedonc le plus souvent à un échelon très local et, dans tous les cas, ne peut être isolée :elle s’insère dans un système multi-sources (statistiques préexistantes, observations,

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etc.) qui permet a minima de fonder l’échantillonnage et d’en limiter les biais (sanspour autant les supprimer totalement). Il faut aussi être prudent dans la généralisationdes résultats obtenus dans la mesure où il n’est pas toujours possible de connaîtreavec certitude la représentativité de l’échantillon ou de calculer des intervalles deconfiance.

De plus, les interrogations se font fréquemment en plein air et sont alors trèsdépendantes de facteurs plus ou moins maîtrisables qui ont une forte incidence sur lestaux de fréquentation du site : les conditions météorologiques, le calendrier des vacancesscolaires, les manifestations locales ou les mouvements moins prévisibles des résidentssecondaires. D’autres facteurs exogènes peuvent également influer sur l’enquête, tell’aspect saisonnier de la végétation si l’on interroge la population sur la nature, la bio-diversité ou le paysage.

Dans de telles conditions, il est parfois nécessaire d’allonger la durée de l’enquêteou de revenir à une date ultérieure. En termes méthodologiques, il peut alors s’avérerplus juste de reprendre complètement l’enquête pour que l’échantillon ait été entière-ment interrogé dans les mêmes conditions, mais cela est coûteux en temps. Une telletechnique peut être remplacée, mais avec moins d’efficacité, par le dépôt de question-naires dans les boîtes aux lettres des résidents absents, supposés être des résidentssecondaires. Cela nécessitera toutefois l’ajout d’une lettre d’explication, d’une enveloppetimbrée et la reformulation partielle de l’enquête (insertion de phrases explicatives ou detransitions, meilleure lisibilité des filtres etc.), supposant un surcoût lié à la réimpressiondes questionnaires. Et cette solution ne peut concerner que des riverains. Une troisièmesolution consiste à jouer non sur un étalement temporel de l’enquête, mais sur un élar-gissement spatial de l’échantillon interrogé, à condition de ne pas modifier les critères desélection. Interroger des promeneurs peut se faire en plusieurs endroits d’un site, sil’endroit initialement choisi n’est pas le plus fréquenté ; interroger les riverains d’unmilieu naturel peut se faire plus en retrait si les premières lignes de résidences sont inha-bitées à la période de l’enquête (Goeldner-Gianella, Imbert, 2005). Notons toutefoisqu’il est important de ne pas constituer d’échantillon de convenance, c’est-à-dired’échantillon regroupant des personnes accidentellement présentes mais ne correspon-dant pas aux critères recherchés. Ainsi, on peut élargir spatialement un échantillon sil’on recherche des riverains ou des connaisseurs d’un lieu, mais cette technique est àéviter si l’on vise uniquement ses visiteurs.

Trouver un équilibre entre un vocabulaire compréhensible et un sujet méconnu ou controversé

L’environnement est un sujet devenu sensible. Apparaissent donc des difficultésliées à des contenus, voire des sujets d’enquête sensibles, controversés ou méconnus.Cela peut se produire pour des questions relatives à des risques naturels ou techno-logiques – au sujet desquels les habitants seraient mal informés –, pour des ques-tions de dégradation écologique ou des thèmes localement sensibles (la pollution del’air, l’implantation d’une décharge etc.). Nous avons été confrontés, dans le cadred’une étude portant sur la dépoldérisation en Bretagne, au refus d’un acteur localde laisser réaliser une enquête au sujet d’un polder dont il était le propriétaire.Nous avions pourtant pris de grandes précautions de langage, en usant d’argumentsneutres, de nature historique et scientifique, et de paliers progressifs permettant dene pas arriver trop directement à l’idée de dépoldériser et de ne pas mettre en causel’organisme propriétaire du site. Sans être nécessairement sensible, un sujet traitant

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d’environnement peut s’avérer méconnu et conduire à des résultats inexploitables.La notion d’espèce invasive constitue un bon exemple de thème difficile à traiter, dufait de la forte méconnaissance du sujet par les profanes et même de l’incompréhensiondes problèmes potentiellement posés par ces espèces. L’exemple du cerisier tardif de laforêt de Compiègne (Javelle et al., 2006) montre très bien qu’au lieu de considérer cetarbre comme une espèce invasive à éradiquer, les usagers lui attribuent de nombreusesqualités esthétiques et gustatives, au point d’adapter leurs pratiques en forêt à la pré-sence-absence de cet arbre et aux aménités qu’il offre. Construire un questionnaire àpartir de la conception écologique de l’espèce invasive aurait pu conduire à ignorer ladiversité des représentations sociales2. Cet exemple illustre la difficulté de travailler surdes sujets trop pointus par la seule méthode du questionnaire. Toutefois, les testsinitiaux des questionnaires auprès d’un échantillon réduit ou les entretiens explora-toires antérieurs à leur constitution aident à surmonter ces pièges.

S’ajoutent des difficultés de compréhension du lexique de l’environnement. Le choixdu vocabulaire utilisé dans la formulation des questions est un élément-clef dans la réussited’une enquête sur des questions environnementales. Les sociologues imposent que leniveau de vocabulaire soit adapté au niveau culturel moyen des personnes interrogées(Javeau, 1988) ou au niveau de l’interlocuteur le moins instruit (Berthier, 2002). Ilconvient par conséquent d’éviter les mots ou concepts difficiles. Le fait que près d’un tiersdes Français interrogés par l’IFEN en 2003 sur la notion de développement durable assi-mile celui-ci à l’idée de «garantir plus de croissance économique et de création d’emplois»constitue une bonne preuve des difficultés lexicales de la société civile, en dépit de la fortemédiatisation de ce terme. Des mots a priori simples, tel «paysage», peuvent receler unsens polysémique insoupçonné: des entretiens menés en milieu rural dans le Sud-Ouestde la France ont montré que la signification profane de ce mot était fort étroite, unique-ment associée au paysage le plus beau, le plus admiré, le plus fréquenté, n’englobant enaucune façon le paysage ordinaire et quotidien (Le Floch, 1999). De la même façon,l’univers des représentations associées au mot «environnement» est multiforme (Guérin-Pace, Collomb, 1998) et les écarts entre les parlers populaires et la terminologiescientifique tout aussi manifestes dans le cas de la forêt (Da Lage, Arnould, 1997).

Le choix du vocabulaire employé dans les enquêtes sur l’environnement est doncfondamental, du fait des faibles connaissances sociales en ce domaine, mais aussi de lavariété des significations parfois attachées aux termes en apparence les plus simples. Onpourrait sans doute faciliter la compréhension des questions en remplaçant les expres-sions utilisées en environnement par des expressions simplifiées, bien que sans douteréductrices. Il ne s’agirait pas de fournir des définitions ou de longues périphrases, maisde proposer des formes de traduction en langage courant d’un vocabulaire plus com-plexe. Les termes «anthropisation», « aléa », « services écosystémiques » pourraient êtreconvertis en « transformations dues à l’homme », « phénomène susceptible de seproduire », « services rendus par la nature à la société ». Mais certains termes comme«écosystème» restent difficilement traduisibles et peuvent amener à construire une stra-tégie d’appropriation du vocabulaire au sein même du questionnaire. Ainsi, dans uneenquête sur la biodiversité réalisée pour le Conseil général de Seine-et-Marne, nousavons opté pour la conservation du terme «biodiversité » dans le questionnaire, mais enaidant les enquêtés à se l’approprier au fil des questions. Pour ce faire, nous leur avonsfourni une définition simplifiée du terme et avons associé à nos questions des planchesphotographiques illustrant les caractéristiques générales de la biodiversité, autant que

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2. Ce ne fut pas le casdans l’exemple cité, car les chercheurs onteffectué des entretiensapprofondis.

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ses caractéristiques départementales. Une autre difficulté de l’emploi d’un vocabulaireenvironnemental dans les questionnaires tient à l’éventualité d’une meilleure com-préhension du vocabulaire vernaculaire, du moins à l’échelle locale. Ce fait a étémis en évidence lors du test de l’enquête portant sur la lagune de La Palme(Anselme et al., 2008). Le terme même de « lagune » n’était pas connu ou associé àcet espace lagunaire, que les riverains appellent « étang » de La Palme. Néanmoins,s’il peut s’avérer préférable d’user du vocabulaire vernaculaire pour être plus sûre-ment compris des résidents locaux (« renclôture » pour « polder » en Picardie ; « grau »pour « passe » dans le Languedoc, etc.), il sera nécessaire de conserver le vocabulairecommun face aux touristes.

Il paraît également souhaitable de vérifier, au début de l’enquête, si les connaissancesgéographiques de l’enquêté sont bien similaires à celles de l’enquêteur. Pour cette étude de«l’étang» de La Palme (Anselme et al., 2008), le test initial du questionnaire a permis deconstater que les délimitations physiques de la lagune pouvaient différer d’un enquêté àl’autre et être associées à des arguments variés, écologiques, administratifs ou paysagers(fig. 2). Manquer ces divergences de perception spatiale aurait pu fausser le traitement desdonnées. Pierre Pech (2001) a fait observer des divergences similaires dans la délimitationde la montagne de Lure (Haute-Provence), les limites proposées par les acteurs interrogésétant, selon les cas, administratives, naturelles ou culturelles. Pour réduire ces difficultés,on peut fixer les limites d’un lieu avec les enquêtés, soit verbalement, soit graphiquement,en cernant par exemple le secteur étudié d’un trait de couleur sur une carte. Lorsqu’uneenquête demande à localiser le lieu de résidence ou à délimiter l’extension d’un aléa vécu,les enquêteurs peuvent être munis de cartes topographiques à différentes échelles et deplans de villes donnant le nom des rues, comme la localisation de points de repère «fonc-tionnels» fixes et et connus. Il reste que ces difficultés ne sont pas toujours surmontables.Le recours à des techniques complémentaires peut aider à les pallier.

Intégrer le questionnaire à un système d’information multi-sources

La méthode de présentation de photos, bien qu’ancienne en géographie del’environnement, est toujours utilisée pour étudier la perception paysagère d’un siteou d’un milieu (Le Lay et al., 2005) ou décrire un objet particulier visible dans lepaysage ou appréhendable à travers lui (un milieu, un processus, un concept). Encas de difficultés à décrire un lieu et plus encore un « milieu », par manque deconnaissances conceptuelles ou lexicales, la présence de photos peut faciliterl’expression ou la reconnaissance d’éléments. Elle permet aussi de réduire la varia-bilité des discours et facilite le traitement des enquêtes en faisant réagir les répon-dants à une base visuelle identique plutôt qu’à des questions ouvertes qu’il faudraensuite recoder. Enfin, cette méthode offre la possibilité de discuter d’éléments quela personne interrogée n’a pas nécessairement sous les yeux durant l’enquête, et ce,à différentes échelles, les chercheurs n’ayant noté aucune différence statistique entrela perception de paysages réellement visibles et celle de paysages photographiés(Le Lay et al., 2005). Plusieurs inconvénients sont toutefois à signaler : un rallonge-ment de la durée d’interrogation, des choix de photos immanquablement subjectifs,des facteurs influant sur la perception des photos (lumière, saisons des prises de vue,angles de vue, champs,…). Malgré ce faisceau d’embûches, le recours aux photosrenforce certainement l’objectivité du traitement et les possibilités de comparaisonsavec d’autres questions.

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Limite au sens administratif (commune de La Palme)

Limite de la lagune au sens physico-écologique

Limite paysagère « naturelle » : surface non aménagée

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Limite paysagère « aquatique » : surface toujours en eau

Fig. 2/ La diversité des limites de l’étang de La Palme identifiée dans une pré-enquête

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Le recours à des cartes mentales permet également de contourner les difficultésinhérentes à l’abstraction lexicale. Cette méthode consiste à demander aux enquêtésde dessiner une portion d’espace selon des consignes variables et en fonction derepères plus ou moins importants (de la feuille totalement blanche à une carte pré-alable). Volontiers associé à des questionnaires ou des entretiens, ce procédé est biendécrit en géographie depuis les années 1970, notamment dans le champ des analysesurbaines ou à l’échelle du monde. Mais en environnement, ce n’est que dans lesannées 1990 que se déploie l’utilisation de cartes mentales par des géographes fran-çais, et d’abord dans les Suds, par exemple sur les risques sismiques ou volcaniques(D’Ercole, Rançon, 1999). Cette méthode ne s’est diffusée que tardivement au Nord(Péron, 2005). En dépit des controverses et des précautions à prendre dans leur ana-lyse (Downs, Stea, 1977), ces cartes permettent de cerner à la fois des « élémentsfonctionnels », mais aussi le « référentiel spatial » de la personne enquêtée, dans uneforme spatialisée par la personne interrogée elle-même. Les distorsions spatiales quisurgissent dans le dessin de cette personne peuvent alors s’analyser comme desformes spécifiques de structuration de l’espace. Les cartes comportementales(Legendre, Depeau, 2003) comprennent, sur un quadrillage systématique, les dépla-cements, les arrêts et les interactions des usagers d’un lieu clos (jardins, espacesnaturels bien délimités ou protégés). Numériser ces cartes ou intégrer le quadrillagedans un système d’information géographique conduit à lier ces représentations et cespratiques à des données plus objectives quant aux lieux ou à des éléments d’uneautre nature recueillis dans l’enquête (Bonnet, 2002 ; Donovan et al., 2009). Pourpallier le refus ou les difficultés à dessiner de certaines personnes, il est possible derecourir à un jeu de reconstruction spatiale (JRS), souvent plus apprécié et livrant desrésultats plus précis que ceux des cartes mentales (Ramadier, Bronner, 2006).

Plus généralement, il paraît nécessaire d’intégrer le questionnaire à un « systèmed’information multi-sources » (Françoise Dureau) pour en affiner l’interprétationautant qu’en accroître l’utilité. En environnement, les données physiques ou écolo-giques, issues de recherches en géographie ou en sciences de la vie et de la terre, sontde nature à compléter les questionnaires, par exemple pour comparer la perceptiond’un aléa physique à sa réalité ou la biodiversité mesurée à la biodiversité perçue ousouhaitée. Les données des recensements de l’INSEE, fournies à différentes échelles,permettent de mieux connaître le contexte démographique, social et résidentiel del’interrogation. La connaissance de la dynamique des contextes (c’est-à-dire des lieuxsuccessivement habités par les individus interrogés) peut ainsi aider à comprendre lesdynamiques biographiques, et inversement (Dureau et al., 2006). La connaissance oules représentations de la biodiversité, cernables à l’aide d’un questionnaire, peuventaussi s’analyser à l’aune des contextes résidentiels (milieu rural, périurbain ou urbain)et de leurs dynamiques : les écologues font l’hypothèse qu’un rapport étroit à la biodi-versité et sa connaissance décroissent d’autant plus que l’urbanisation augmente. Il estconnu, par ailleurs, que des entretiens permettent soit d’aider à construire un ques-tionnaire, soit d’approfondir ses résultats. Enfin, d’autres enquêtes peuvent fournirdes informations statistiques de comparaison : des données de comptages dans desespaces verts peuvent être confrontées à des questions sur leur fréquentation, voire àdes cartes de trajectoires. Le questionnaire d’enquête ne sera jamais aussi riche etutile que confronté à d’autres sources de données, permettant de confirmer,d’infirmer ou d’affiner ses résultats.

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Conclusion

En France, l’élaboration et la réalisation de questionnaires sont peu utilisées engéographie de l’environnement jusque dans les années 2000, ce qui tient sans doute àla difficulté de mise en œuvre de cette méthode dans ce champ de la géographie. Sicertains obstacles peuvent être surmontés, pour d’autres l’emploi de techniques com-plémentaires dans le cadre d’un système d’information multi-sources est nécessaire.Néanmoins, le nombre de géographes de l’environnement utilisant ces méthodes etles adaptant à leur objet augmente peu à peu, parfois à la demande de décideurs deplus en plus soucieux d’environnement.

Cette évolution invite à une réflexion plus générale sur cette branche de la géo-graphie. L’utilisation plus grande des questionnaires et des traitements statistiquessemble en effet le signe d’une géographie de l’environnement non plus uniquementcentrée sur les dynamiques naturelles et les interactions hommes-milieux, mais égale-ment tournée vers les relations cognitives et sociales que l’homme entretient avec sonenvironnement, en d’autres termes vers l’homme dans son environnement et non plusface à lui. Cette géographie de l’environnement paraît se rapprocher de la sociologieet de la psychologie de l’environnement. Accepter ainsi de s’hybrider avec d’autresdisciplines est sans doute le signe, au terme d’une trentaine d’années d’existence,d’une arrivée à maturité de cette branche de la géographie.

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Remerciements.

Nous remercions les lecteurs de cet articlepour leurs avis etsuggestions qui ont ététrès appréciés. Certainesréflexions émanent detravaux que les auteursont menés dans le cadredes programmes «Atlasdynamique de labiodiversité en Seine-et-Marne» (Conseil généralde Seine-et-Marne, MNHN,UMR Ladyss, PRODIG etGéographie-cités) et«Trame verte urbaine»(contrat ANR Villesdurables).

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