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Les études descriptives de la traduction: quoi, comment, quand, pour qui? Reine Meylaerts Ecole Doctorale Thématique 3 du FRS-FNRS 6 mars 2009

Les études descriptives de la traduction: quoi, comment, quand, pour qui?

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Les études descriptives de la traduction: quoi, comment, quand, pour qui?. Reine Meylaerts Ecole Doctorale Thématique 3 du FRS-FNRS 6 mars 2009. Préliminaires. Explicitation des thèses sous-jacentes “Identité”: construite dialogique différentielle - PowerPoint PPT Presentation

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Les études descriptives de la traduction: quoi, comment, quand, pour qui?

Reine Meylaerts

Ecole Doctorale Thématique 3

du FRS-FNRS

6 mars 2009

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Préliminaires

• Explicitation des thèses sous-jacentes• “Identité”:

o construite o dialogiqueo différentielle

• Cf. Even-Zohar, I. 1990. Polysystem Studies. Special Issue of Poetics Today. 11.1. Durham: Duke University Press.

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Préliminaires

• Identité littéraire: construite en interaction (confrontation, opposition) avec d’autres littératures à travers:o Importation: traductions littéraires, o Discours critique sur d’autres littératures, o Relations personnelles entre écrivains, critiques, …, o … etc.

• Construction identitaire est dynamique• Relations littéraires sont relations de pouvoir

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But et Pertinence?

• Rôle des relations littéraires dans construction d’identité littéraire

• Pertinence générale• Pertinence spécifique: pourquoi la Belgique?

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Sire, y a-t-il des Belges?

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Sire, y a-t-il des Belges?

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Sire, y a-t-il des Belges?

• 1830• Accident historique• Problème d’identité: multilingue, multiculturel:

o néerlandais ~ Pays-Baso français ~ Franceo allemand ~ Allemagne

• ‘carrefour de l’Europe’: zone de transit

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Etat de la Question?

• Recherches antérieures?• Relations?• Points forts? Points faibles?

• Belgique:o Manque de rechercheo Approche unilatérale, ‘nationale’o Approche monolingue

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Résultats Escomptés?

• Général:o Élargissement de l’étude des identités littéraires soi-disant

‘monolingues’, souvent ‘nationales’o Contribution à historiographie littéraire interculturelle, multilingueo Compréhension des hiérarchies littéraires – partenaires et

modèles dominantso Compréhension des relations entre littérature et autres systèmes

sociétaux (politique, économie) o …

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Résultats Escomptés?

• Spécifiques:“meilleure compréhension du rôle complexe et fondamental des relations interculturelles dans la construction d’une identité littéraire ‘belge’ – ou autre – et plus en particulier une meilleure compréhension de la façon dont l’auto-définition (problématique) de cette littérature ‘belge’ a pris forme et a évolué à travers des relations littéraires complexes avec d’autres littératures et cultures allophones (flamande, hollandaise, allemande, anglaise,

américaine…) et homophone (française)”

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Résultats Escomptés?

• Théoriques – Méthodologiques?o Intégration de modèles sociologiques dans DTS (orientées vers

le texte et le discours)o Élaborer (les relations entre) des concepts clé en DTSo Procurer nouvelles vues théoriques o …

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Périodisation?

• Période? Date de départ et date finale?• Diachronie ou synchronie ou les deux? • Arbitrarité!• 1850:

o Fin des éditions pirates de Franceo Début d’un système littéraire belge autonome e.a. par le biais de

traductions

• 1950:o Fin du français comme langue et culture dominante et

unificatrice

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Corpus?

• Traductions? Traductions et Métatextes?• Volumes publiés? Traductions dans revues?• …

• Revues francophones:o Traductions et métatexteso Vue privilégiée du système littéraire

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Méthodologie?

• ~ but & point de vue: procès dynamique!• Ne pas être l’esclave d’ ‘un’ modèle!• Ne pas avoir peur de l’éclectisme!

• Texte• Discours• Acteurs

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I. Texte: Analyse de traduction (1)

I.a. Recherche quantitative: • Cartographie de l’importation• Heilbron, Johan. 1999. “Towards a Sociology of Translation. Book

Translations as a Cultural World-System”. European Journal of Social Theory 2(4): 429-444.

• Secteurs clé de littérature traduite:o périodeso sous-systèmes littéraireso littératures sourceso genreso auteurso …

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I. Texte: Analyse de traduction (2)

• Revues francophones belges 1850-1950: représentatives de:

o Période: continuité et distributiono Sous-systèmes littéraireso Evolutions sociétaleso Oppositions idéologiques

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I. Texte: Analyse de traduction (3)

I.b. Etudes descriptives de la traduction • DTS: Toury 1995 …• Stratégies de traduction: normes!

o Macro-structure (titres, chapitres, paragraphes…)o Eléments narratologiques (narrateur, espace, point de vue, personnages etc.) o micro-structure: éléments lexico-semantiques, couleur locale, registres

langagiers, références aux relations socio-culturelles (problematiques) entre les langues et les cultures, interventions syntactiques, censure…

o …

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I. Texte: Analyse de traduction (4)

• Stratégies de traduction (suite)o La langue de la traduction:

connotations littéraires et socio-politiques hiérarchies symboliques entre les différentes langues, littératures et cultures accentuer les divisions idéologiques, socio-culturelles de la société lien avec identité culturelle

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I. Texte: analyse de traduction (5)

• Son chien s’appelait Duc, son hibou Koeb, sa chatte Mie, son serin Fientje. (Buysse 1925:60)

• “Ah, ça oui, m’sieur” répondit Poover (...). (Buysse 1925:62)

• Kiki, piaule-t-il la nuit, papa ne dit plus, comme dans le temps - “Ah m..., laisse le donc gueuler, l’animal, il finira bien par se taire!” (Claes 1929:528)

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II. Discours:pratiques discursives (1)

• Textes traduits acquièrent sens dans les contextes discursifs dans lesquels ils sont intégrés, lus, propagés (ou censurés)

• Angenot, M. 1989. 1889. Un état du discours social. Québec: Le Préambule.

• Etude du “dicible” par rapport à d’ ‘autres’ littératures et cultures

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II. Discours:pratiques discursives (2)

• Analyse du discours critique sur les relations littéraires et sur les littératures et cultures étrangèreso Qu’est-ce qui peut/ne peut pas/ doit être écrit concernant

d’autres littératures et cultures?o Dichotomies positives/negatives?o Tropes et structures d’argumentation représentatives de l’image

de l’Autre?

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II. Discours:pratiques discursives (3)

Et à côté de ces grandes idées de progrès et de concorde, qu’est-ce en somme que le flamingantisme ? Une exhaltation (sic) sans but et sans frein, une haine mortelle contre la culture française ; un désir acharné de bouleverser l’Etat à tout prix ; une espérance opiniâtre d’y réussir ; l’irritation causée par des échecs répétés ; l’humiliation de la vanité déçue ; la hante de céder ; la soif de vengeance ; voilà ce qui caractérise ce qui anime ces minorités séditieuses. Et dire que sous l’influence continuelle de théories barbares et d’affreuses calomnies, il s’est formé un groupe où se rencontrent des esprits faux, dévoyés et violents qui ne savent ni comprendre ni supporter l’évolution tout naturelle d’un peuple ; une milice obscure et sournoise d’hommes capables de toutes choses, fanatiques et pervers tout ensemble, où tous les partis peuvent chercher des recrues pour la révolte, où le parricide politique trouve des bras tout prêts et tout armés. (Gandavus s.d.[1918/19] : 10-11 ; italiques dans l’original)

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II. Discours: Pratiques discursives (4)

Dès le début du XIe siècle, le français s’introduisit en Flandre avec les idées nouvelles et toute la civilisation de l’Europe médiévale, sans violence, par la force même des choses.

Que le français ait prédominé sur le flamand, notre bon sens nous le dit, et l’histoire nous l’apprend. (…)

(…) entre connaître la langue flamande et recevoir toute son instruction dans cette langue, il y a un abîme. Empêcher les jeunes flamands de recevoir leur instruction en langue française, c’est leur enlever le plus beau patrimoine intellectuel, qu’ils puissent posséder. En effet, la langue française, est une langue mondiale, l’organe d’une puissante civilisation, un instrument de tout premier ordre pour la diffusion des idées, et pour l’élargissement du cercle mental où se meut le peuple flamand (Gandavus s.d. [1918/19]:4-5)

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II. Discours: Pratiques discursives

• Notre idéal […] est d’encourager et de propager […] les lettres « patriales ». Nous avons été la première revue d’expression française qui se soit occupée sérieusement du mouvement littéraire flamand et avons traduit déjà de nombreuses œuvres de nos confrères « moedertaliens ». (Gauchez dans Gyselinx 1926 : 24)

 • Cette initiative [Timmermans 1931a&b, Claes 1931 et Walschap

1931 chez Rex] revêt un caractère national. […] Les traductions du flamand en français […] devraient être plus nombreuses pour que chacun puisse comprendre d’une façon positive cet esprit national […]. Pour continuer le passé, notre pays a besoin de ses deux littératures ; ce sont les deux ailes pour un essor harmonique et durable. (Sosset 1932 : 973)

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (1)

• Défi nouveau pour DTS: question jusqu’ici négligée de la position et du rôle des ‘acteurs’

• Besoin/utilité d’une conceptualisation de l’agent humain• Tentatives d’intégrer la notion d’ ‘habitus’ (Bourdieu

1972) dans DTS• Simeoni, D. 1998. “The Pivotal Status of the Translator’s

Habitus”. Target. 10:1. 1-39.

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (2)

• Habitus: o Le système intériorisé des structures sociales sous

forme de dispositionso Dispositions mènent à des pratiques, des perceptions

et des attitudes qui sont régulières sans être fixes ou invariables

o Sous l’influence de sa position sociale et de son passé individuel et collectif, chaque acteur culturel développe (et continue à développer) une identité sociale: une certaine représentation du monde et de sa position dans ce monde

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (3)

• Habitus:

“[o]bviously, this concept corresponds to and reinforces the notion of norms of translation”. (Sela-Sheffy, Rakefet. 2005. “How to be a (recognized) translator: Rethinking habitus, norms, and the field of translation”. Target 17:1. 1-26. 2.)

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (4)

• Traducteurs littéraires intériorisent et transforment (qui plus, qui moins) les normes traductionnelles, littéraires, socio-culturelles, socio-politiques…

• Rôle des traducteurs dans la dynamique des normes?• Comment les traducteurs perçoivent-ils leur rôle comme

médiateurs interculturels? Comment sont-ils perçus dans ce rôle?

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (5)

• La Belgique:o Relations interculturelles difficiles (nld-fr)o Traducteurs doivent se positionner par rapport à des attitudes,

perceptions, pratiques discursives très concurrentielles, oppositionnelles concernant les concepts de langue, traduction, identité

o Qui est/a le droit d’être traducteur? o Quel est le rapport entre les options traductionnelles stylistiques

d’un traducteur donné et son habitus (interculturel)?

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (6)

• Je recherche autant que possible, dans les traductions flamandes, des œuvres qui ont un caractère simplement flamand, telles que celles que tu nous as d’ailleurs données jusqu’à présent […] et à propos de laquelle j’ai recueilli, de nombreux côtés, les échos les plus flatteurs. (Lettre de Pierre Goemaere, directeur de la Revue Belge, à Roger Kervyn de Marcke ten Driessche, le 17/9/1932 ; ML4331/475)

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (7)

• Les Editions Rex semblent depuis quelque temps vouloir disputer la première place aux meilleures de nos maisons d’éditions, et parmi ses efforts méritoires en faveur de notre littérature nationale, signalons quelques échantillons de littérature flamande qu’elle vient de lancer. Nous nous réjouirions bien volontiers de cette tentative si la qualité des ouvrages traduits ne tendait pas plutôt à discréditer la littérature flamande auprès d’un public d’expression française qui a généralement l’habitude d’une littérature plus fouillée et moins fruste. [...] ce trop grand goût pour les choses faciles que l’on appelle le pittoresque folkorique, pour la couleur locale et autres clichés régionalistes. […] Que l’on nous excuse également de ne point goûter les qualités stylistiques de ces auteurs qui semblent encore tout ignorer des choses de l’écriture et se soucier uniquement d’une langue patoisante dont on perd d’ailleurs toute la saveur dans une traduction en langue française. (M.E. 1932. “Lettres néerlandaises. Première série des chefs-d’oeuvre flamands. Aux éditions “Rex”. Louvain”. Le Rouge et le Noir. 22/6/1932)

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (8)

• Lu avec des frémissements de malaise la « Harp van St. Franciscus » de Timmermans. […] Vous sentez ce que cela doit… ce que cela devait donner ! […] « ils tapirent de leurs mains comme des paysans au marché »… et puis d’autres qui mangent et de la graisse qui leur dégouline le long des doigts et sur le menton… Pouah ! Melloy aurait voulu qui nous traduisions cela en collaboration. Vraiment, je crois que ce n’est pas faisable. […] d’ailleurs je me vois mal écrire, pour les gens de ma rue la vie de l’un ou l’autre grand homme que je ferais, pour la circonstance un peu vulgaire sous prétexte de le rendre plus accessible ! (Lettre de Roger Kervyn de Marcke ten Driessche à Marcel Lobet, [août 1932]; ML3858/487)

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III. Acteurs:sociologie de la traduction (9)

• J’ai « regardé » (sic) avec un incommensurable dégoût les textes flamands que j’avais apporté à traduire […] : ces visqueuses traductions flamandes me donnent la nausée. (Lettre de Roger Kervyn de Marcke ten Driessche à Marcel Lobet, s.d.; ML3858/491)