Les Expressions de Puissance d’Agir Chez Spinoza - Ad Captum Vulgi

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    Publications

    de laSorbonneLes expressions de puissance d’agir chezSpinoza  | Chantal Jaquet

     Ad captu m vulg i .Parler ou écrireselon la

    compréhensiondu vulgaire

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    p. 17-30

    Texte intégral

    « I. Mettre nos paroles à la portée du vulgaire(ad captum vulgi loqui) et faire d’après sa manièrede voir tout ce qui ne nous empêchera pas d’atteindrenotre but : nous avons beaucoup à gagner avec luipourvu qu’autant qu’il se pourra, nous déférions à samanière de voir et nous trouverons ainsi des oreilles

     bien disposées à entendre la vérité.II. Des jouissances de la vie prendre tout juste ce qu’ilfaut pour le maintien de la santé.III. Rechercher enfin l’argent, ou tout autre bienmatériel, autant seulement qu’il est besoin pour laconservation de la vie et de la santé et pour nousconformer aux usages de la cité, en tout ce qui n’est pasopposé à notre but. »1

    Dans le Traité de la réforme de l’entendement , Spinozaénonce trois règles de vie qui définissent la conduite à

    suivre pendant la recherche du bien souverain dont ladécouverte et la possession procurent une joie continueet suprême :

    Si les deuxième et troisième règles sont de factureclassique, vu qu’elles préconisent un usage mesuré desplaisirs et des richesses dans les limites de laconservation de la vie et de la santé, la première, enrevanche, est plus surprenante, car elle recommande deparler selon la compréhension de la foule (ad captumvulgi loqui ). Quelle est la signification de cet impératif régulant le rapport du philosophe à la foule et érigeant lacommunication au vulgaire au rang de conditionpréalable à la recherche de la sagesse ? Cet art de parlerqui est en même temps un art de vivre du philosopheparmi les non-philosophes se résume-t-il à une maximeprovisoire en attendant d’avoir trouvé le souverain bien,

    à une simple mesure conservatoire pour se préserver dela foule, ou bien constitue-t-il le prologue d’un projetd’éducation des masses et la pierre de touche d’une

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    « Pendant toutefois que nous sommes occupés de cettepoursuite et travaillons à maintenir notre entendementdans la voie droite, il est nécessaire que nous vivions ;nous sommes donc obligés avant tout de poser certainesrègles que nous tiendrons pour bonnes… »2

    philosophie politique axée sur la promotion d’uneréforme de l’entendement la plus large possible ?Spinoza n’en dit mot et se contente de justifier l’exposédes trois règles préalables à la recherche du souverain

     bien dans des termes qui laissent la porte ouverte à une

    pluralité d’interprétations :

    La question se pose donc de savoir quelles sont

    exactement la signification et la portée de cette premièrerègle. Si, à l’instar des deux autres, elle n’est pas bonneabsolument, mais relativement au philosophe qui la tientpour telle, faut-il la considérer comme un simplelieutenant du bien qui occupe sa place en son absence ou

     joue-t-elle au contraire un rôle capital en révélant aupremier chef la présence de ce bien souverain vers lequeltendent tous les efforts ?Peu d’hypothèses ont été avancées pour expliquer cetterègle qui n’a guère retenu l’attention des lecteurs. Sansdoute Leo Strauss est-il l’un des premiers à avoir misl’accent sur un art d’écrire proprement spinoziste. Dansson ouvrage  Le Testament de Spinoza, il interprètel’impératif selon lequel il faut s’adapter à lacompréhension du vulgaire comme une maxime deprudence, illustrant en acte la devise « Caute » qui aservi de sceau au philosophe hollandais. C’est cetteinterprétation qu’il s’agira en premier lieu de discuterafin de pouvoir dégager ensuite la signification de cetteexigence de parler ad captum vulgi  qui préside à la miseen route de la recherche éthique.Selon Leo Strauss, la règle d’adaptation des paroles à la

    compréhension du vulgaire est l’expression de laprudence nécessaire au philosophe dans son commerceavec les non-philosophes. Spinoza, en dépit de son

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    « Il a été prudent pour autant qu’il n’a pas exprimé toutela vérité clairement et sans ambiguïté, mais a maintenuses propos dans les limites qu’imposait ce qu’il estimaitêtre – à ce qu’il pouvait en juger – les exigenceslégitimes de la société. Il s’exprime donc, dans tous sesécrits, et surtout dans son Traité, ad captum vulgi. »3

    audace, communique ses idées avec retenue et développeun art d’écrire fondé sur la distinction traditionnelleentre la présentation exotérique ou à découvert, et laprésentation ésotérique ou énigmatique.

     À l’instar de Descartes, il s’avance masqué :

    La règle ad captum vulgi loqui   ne consiste pas àprésenter ses pensées sous un habillage populaire, mais àargumenter ad hominem  à partir d’une position cachéeque seule une minorité de lecteurs comprendra. LeoStrauss affirme ainsi que Spinoza pratique un art d’écriread captum vulgi  dans le Traité théologico-politique, caril craint que ses analyses ne soulèvent un tollé, menacentla cohésion sociale et ruinent la religion. Cet art d’écrirese caractérise par une dissimulation, un refus de parlerouvertement. Spinoza recourt à l’ellipse, et sème

     volontairement la confusion afin que seul le sage puissedécrypter sa véritable pensée. Il manie ce silence de laconnivence que préconise Ibn Ezra dans sa fameuseformule « Qui comprend se taise ».Certes, l’ouvrage s’adresse expressément auxphilosophes à l’exclusion des autres, mais pour Leo

    Strauss, « Spinoza n’avait pas les moyens d’empêchereffectivement ceux qui, parmi le vulgaire, comprenaientle latin, de lire le Traité, et ce faisant de s’en faire desennemis »4. Il écrit donc de telle sorte que le vulgaire necomprenne pas ce qu’il veut dire. Non seulement il cachela vérité, mais il n’hésite pas à se contredire et à affirmerle contraire de ce qu’il pense. Leo Strauss interprète les

    contradictions qu’il croit repérer dans le Traitéthéologico-politique  comme les effets de cette prudenceet de cet art d’écrire ad captum vulgi . Pour comprendre

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    « La bonne règle pour lire le Traité est la suivante : enprésence d’une contradiction, tenir l’énoncé le pluséloigné de ce que Spinoza jugeait appartenir à l’opiniondu vulgaire comme exprimant sa pensée véritable. »5

    « Donc qui veut acquérir dans les livres des prophètes lasagesse et la connaissance des choses naturelles etspirituelles se trompe totalement. Comme le moment, la

    philosophie et enfin la matière même l’exigent, j’airésolu de montrer cela en détail, sans me soucier de ceque rabâche la superstition qui ne hait personne plus

    Spinoza, il faut distinguer le sens exotérique du sensésotérique, en repérant les énoncés orthodoxes,clairement formulés, et les énoncés hétérodoxes plusconfus qui les contredisent. L’auteur du Testament de

     Spinoza  dégage alors un principe d’interprétation du

    texte et élabore une grille générale de lecture du Traitéthéologico-politique :

    Pour intéressante qu’elle soit, l’interprétation

    straussienne de la signification de la formule ad captumvulgi loqui   n’emporte pas l’adhésion. Certes, elleprésente le mérite d’attirer l’attention sur la rhétoriquede Spinoza et sur l’intérêt du problème de lacommunication du vrai qui est l’un des piliers de saphilosophie. Néanmoins, elle se heurte à de sérieusesobjections.

    D’une part, il est difficile de soutenir jusqu’au bout lathèse selon laquelle Spinoza ferait sienne la maximelarvatus prodeo, et s’avancerait masqué, tant sespensées ne paraissent guère déguisées. Il n’a cure dedéplaire et de heurter les préjugés lorsqu’il proclame, parexemple, au début du chapitre II du Traité théologico-

     politique que « les prophètes ont été doués non pas d’unesprit plus parfait, mais plutôt de la puissanced’imaginer avec plus de vivacité »6. Il n’hésite d’ailleurspas, immédiatement après, à en tirer ouvertement lesconclusions qui s’imposent, quitte à exacerber la hainedes superstitieux :

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    que ceux qui mettent en œuvre la vraie science et la vraie vie. »7

    De tels énoncés n’ont rien d’ésotérique, et il fautreconnaître que leur auteur fait plutôt montre d’uneaudace tranquille que d’une dissimulation prudente.

    D’autre part, lorsque Spinoza, dans le Traité de laréforme de l’entendement , énonce la première des troisrègles de vie préalables à la recherche du bien souverain,il ne dit pas que parler ad captum vulgi consiste àdissimuler la vérité et à faire en sorte de ne pas êtrecompris du vulgaire. Il dit exactement le contraire. Ils’agit en effet de nous mettre à la portée du vulgaire et de

    déférer à sa manière de voir, car « nous trouverons ainsides oreilles bien disposées à entendre la vérité »8. L’artde parler et d’écrire ad captum vulgi  consiste à s’adapterautant que possible à la manière de penser des hommesnon pas pour leur voiler, mais pour leur dévoiler la

     vérité. Il repose davantage sur une mise en scène du vraique sur le culte du secret.C’est en veillant à être bien entendu que le philosophetrouvera un public bienveillant et étendu. Certes, il y ades limites à l’entreprise. Il s’agit pour lui de seconformer aux façons de parler et aux modes de penserde la foule à condition que cette règle ne le détourne pasdu souverain bien et soit compatible avec sa recherche.

     Autrement dit, ce n’est pas le philosophe qui doits’accommoder à l’erreur de la foule, mais c’est la foulequi doit s’accommoder à la vérité du philosophe.La règle qui prescrit de mettre ses paroles à la portée du

     vulgaire n’obéit pas simplement à une stratégieutilitariste de pacification des rapports entre philosopheet non-philosophe et ne vise pas seulement à mettre enplace les moyens nécessaires à la poursuite individuelledu souverain bien. Il ne s’agit pas de se borner à

    préserver la quête philosophique des exactions d’unefoule ignare et de tenir le vulgaire à distance enl’excluant de la recherche du souverain bien. Spinoza

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    « Telle est donc la fin à laquelle je tends : acquérir cette

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    insiste à maintes reprises sur la nécessité decommuniquer le bien. Dès le prologue du Traité de laréforme de l’entendement , il affichait son intention de« chercher s’il existait quelque objet qui fût un bien

     véritable, capable de se communiquer »9, et il définissait

    le souverain bien comme une aptitude à jouir, avecd’autres individus, d’une nature supérieure10. La quêtedu souverain bien n’est pas une entreprise solitaire, elleimplique au contraire une jouissance partagée. Spinozaattire l’attention sur ce point dans le § 5 du Traité de laréforme de l’entendement  :

    Cette idée que la communauté du bien partagé constitueune partie de ma félicité est une constante chez

    Spinoza12, et fait l’objet de propositions expresses dans lapartie IV de l’ Éthique »13. Cela tient à la nature desaffects, et notamment au fait que l’amour du bien auquelun homme aspire pour soi est d’autant plus constantqu’il voit que d’autres l’aiment. Il s’efforce donc de faireen sorte que d’autres partagent cet amour et en tirentcontentement14. Ce n’est donc pas un hasard si la

    première de toutes les règles porte sur la nécessité decommuniquer avec la foule et de se mettre à sa portée,car elle est la condition sine qua non de cette jouissancecontinue et souveraine du bien suprême visée au débutdu prologue du Traité de la réforme de l’entendement .Loin de préconiser un art d’écrire et de parler destiné àêtre compris par the happy few, cette règle s’avère bien

    plutôt l’un des principes de la science de l’éducation àlaquelle Spinoza fait allusion au § 515, et qui fait partie duprogramme politique nécessaire à l’acquisition d’une

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    « Si quelqu’un veut persuader ou dissuader les hommesde quelque chose qui ne soit pas connu par soi, il doitpour le faire accepter, le déduire de points accordés etconvaincre par l’expérience ou par la raison, c’est-à-diresoit à partir de faits naturels éprouvés par les sens, soit àpartir d’axiomes intellectuels connus par soi. »17

    nature supérieure par le plus grand nombre d’hommespossible. Si le souverain bien est communicable, encorefaut-il le communiquer. La règle ad captum vulgi loqui ,par conséquent, n’est pas l’énoncé d’une morale parprovision qui deviendrait caduque après l’acquisition

    d’une nature supérieure, elle constitue un principeéternel de l’éthique puisqu’elle est l’expression de cetteexigence de communication du bien en laquelle consistepour partie la vraie béatitude.La question est alors de savoir en quoi consisteexactement ce mode de communication adapté à la foulepuisqu’il ne saurait en aucun cas se réduire à une

    argumentation fondée sur la distinction entre un sensexotérique et un sens ésotérique. À cet égard, il fautremarquer que l’expression ad captum vulgi n’est pasfortuite sous la plume de Spinoza, car elle figure àplusieurs reprises dans le corpus, telle quelle ou avec des

     variantes16. Si le Traité de la réforme de l’entendement  etl’ Éthique  restent très allusifs à ce sujet, en revanche, leTraité théologico-politique  fournit des indications quipermettent de dessiner les contours d’une pédagogiespinoziste et d’un art de persuader. Dans le chapitre V,Spinoza pose explicitement la question de savoircomment faire accepter aux hommes une doctrine etl’enseigner sans se faire désavouer. Il recense à cet effetdeux moyens de persuasion ou de dissuasion,l’expérience et la raison :

    Il compare ensuite les mérites respectifs des deux

    moyens de convaincre et remarque que l’expérience, bienqu’elle ne dissipe pas toutes les obscurités et ne puissetoucher l’entendement de manière aussi claire et

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    « Comme, le plus souvent, pour déduire quelque chosedes seules notions intellectuelles, il faut un long

    enchaînement de perceptions, joint à une extrêmeprudence, un esprit pénétrant et une grande maîtrise desoi, toutes choses qu’on trouve rarement chez leshommes, ceux-ci aiment mieux s’instruire parl’expérience que de déduire et d’enchaîner ensembletoutes leurs perceptions à partir d’un certain nombred’axiomes. Il s’ensuit que si quelqu’un veut enseignerquelque doctrine à une nation entière, pour ne pas dire à

    tout le genre humain, s’il veut être compris de tous et entous points, il est obligé de confirmer ses propos parl’expérience seule (sola experientia) et d’adapter le pluspossible ses arguments et les définitions de sonenseignement à la plèbe qui compose la plus grandepartie du genre humain, au lieu de les enchaînerlogiquement ou de donner des définitions qui servent àmieux enchaîner les arguments. Autrement il n’écrit que

    pour les savants, c’est-à-dire qu’il ne pourra êtrecompris que par un nombre d’hommes relativementrestreint. »18

    « Puisque l’Écriture tout entière a d’abord été révélée àl’usage d’une nation, puis du genre humain dans sonensemble, il faut donc nécessairement que son contenus’adapte parfaitement à la compréhension de la plèbe et

    distincte que les déductions de la raison, possède uneefficace supérieure, car elle est davantage à la portée detous.

    L’écriture ad captum vulgi  se distingue donc de l’écritureà destination des érudits, car elle repose sur l’expérienceseule, sur les faits perçus par les sens, et non sur laraison et les axiomes de l’intellect. Il reste à savoir enquoi consiste ce type d’écriture susceptible de rallier laplèbe en tant qu’il est fondé sur l’experientia sola.Le modèle par excellence, c’est celui de l’Écriture elle-même, car les textes sacrés s’adressent d’abord au peuple

     juif, puis au genre humain tout entier et ont une vocationuniverselle. Spinoza l’affirme expressément au § 15 duchapitre V :

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    ne s’établisse que par l’expérience seule. »

    Le message spéculatif que la Bible entend communiquerse résume à l’affirmation de l’existence d’un Dieu qui estcause de toutes choses, qui les dirige et les conserve demanière providentielle, sauvant les hommes pieux et

    punissant les impies.19  Or, « tout cela, dit Spinoza,l’Écriture l’établit par l’expérience seule, c’est-à-dire parses récits historiques ; elle ne donne pas de définitionsdes choses dont elle parle, mais adapte tous ses termes etses arguments à la compréhension de la foule. »20

    L’Écriture imprime en l’homme la foi et l’obéissance àDieu en recourant à l’expérience, et plus précisément à

    des faits racontés et transmis qui concernent aussi bienles révélations des prophètes, les miracles, que lestribulations du peuple hébreu ou les actes des apôtres.

     Ainsi, c’est en prenant la forme du récit historique quel’Écriture peut faire naître cette dévotion de la foule quenul enchaînement démonstratif de raisons n’aurait puproduire. Elle s’adresse à l’imagination des hommes et

    s’adapte à leurs mœurs, leurs croyances, et auxcirconstances dans lesquelles ils vivent. Voilà pourquoi lerecours à l’expérience doit être privilégié par quiconque

     veut dépasser le cadre d’un enseignement confidentiel.Mais si l’Écriture parle à l’imagination des hommes etnon à leur raison, si elle fait appel à l’expérience pour lestoucher et graver la foi dans leurs cœurs, il n’en va pas demême pour la philosophie qui vise la connaissance vraiepar les voies de l’entendement. Dans ces conditions,comment un philosophe peut-il recommander de parlerad captum vulgi en prenant appui sur l’expérienceseule ? Ne risque-t-il pas de transformer sa tâche en uneentreprise de vulgarisation grossière et de dénaturer laphilosophie en la changeant en fable ou en catéchisme àl’usage des ignorants ? L’expérience a beau avoir unepositivité en raison de sa portée universelle et de soncaractère accessible à tout le genre humain, elle n’enreste pas moins entachée d’obscurité, comme Spinoza le

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    « Il y a une perception acquise par expérience vague,c’est-à-dire par une expérience qui n’est pas déterminéepar l’entendement ; ainsi nommée seulement parce ques’étant fortuitement offerte et n’ayant été contredite paraucune autre elle est demeurée comme inébranlée en

    nous. »

    fait observer à plusieurs reprises21. C’est pourquoi, si ellepeut livrer des enseignements suffisants en matière dereligion, vu qu’il ne s’agit pas dans ce domaine dedémontrer des vérités, mais d’inciter les hommes à lapiété22, elle ne saurait servir de fondement à la

    communication philosophique du bien.Quelle peut être alors la signification de cet appel àl’expérience impliqué dans la règle ad captum vulgi loqui ? Pour la comprendre, il faut déterminer avecprécision la nature de l’expérience sur laquelle lephilosophe peut prendre appui sans dénaturer sonprojet. À cet effet, il importe de distinguer deux types

    d’expérience, l’expérience vague et l’expériencedéterminée par l’entendement, comme le fait Spinoza au§ 12 du Traité de la réforme de l’entendement  :

    L’expérience vague qui survient au hasard des rencontresdonne lieu à une perception tout aussi vague qu’elle. Ellene nous fait connaître que les accidents des choses et nonleur essence23. Spinoza dira à son propos dans l’ Éthiquequ’elle tire son origine des « objets singuliers qui noussont représentés par les sens d’une manière tronquée et

    confuse et sans ordre pour l’entendement »24. Il ne fautpas être grand clerc pour voir que la règle prescrivant deparler ad captum vulgi   ne peut s’appuyer sur ce genred’expérience, car elle serait tout aussi incertaine ethasardeuse qu’elle. Si le philosophe cherche àcommuniquer le souverain bien, il ne saurait recourir àun moyen aussi obscur et aléatoire que l’expérience

     vague faute de quoi il ne dépasserait pas le senscommun.Mais toute expérience ne se réduit pas à l’expérience

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    « Nous n’avons jamais besoin de l’expérience, sinonpour ce qui ne peut se conclure de la définition que nousdonnons d’une chose comme par exemple l’existence des

     vague, elle peut être également déterminée parl’entendement25. Dans le § 12 du Traité de la réforme del’entendement , Spinoza se borne à évoquer en négatif cetype d’expérience sans autre précision, car ce n’est passon propos. Il donne un aperçu de sa nature au § 59

    lorsqu’il traite des auxiliaires de l’entendement quiconsistent à « savoir nous servir de nos sens et faired’après des règles et dans un ordre arrêté desexpériences (experimenta) suffisantes pour déterminerla chose que l’on étudie, de façon à en conclure enfinselon quelles lois des choses éternelles elle est faite etprendre connaissance de sa nature intime… »26  Il faut

    donc distinguer l’experientia vaga de l’experimentumqui s’apparente à une expérimentation réglée etordonnée par l’entendement afin de déterminer la choserecherchée.L’expérience déterminée par l’entendement ne se réduitpas pour autant à l’expérimentation scientifique. Ellepeut être aussi bien sensible qu’intellectuelle, comme entémoigne l’expérience d’éternité à laquelle fait allusion lescolie de la proposition XXIII de l’ Éthique V 27. Contrôléepar l’entendement, elle peut le seconder et être unauxiliaire précieux aussi bien au niveau de ladétermination de l’existence que celui de l’essence deschoses.En premier lieu, l’expérience nous révèle l’existence deschoses. L’entendement en effet nous fait connaître

    l’essence des choses. Or, mis à part le cas de Dieu,l’essence des choses n’enveloppe pas leur existence ;l’entendement ne peut donc pas conclure qu’ellesexistent à partir de l’examen de leur définition, de sortequ’il a besoin de s’appuyer sur l’expérience pour avoirune certitude à ce sujet. C’est ce qui ressort de la  Lettre X adressée à Simon de Vries :

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    modes, car elle ne peut se conclure de la définition de lachose. »28

    L’expérience, par conséquent, est indispensable pourconnaître l’existence des modes que l’entendement nesaurait déduire de leur essence. Elle peut ainsi posséder

    une triple valeur, comme le souligne Pierre-FrançoisMoreau29  : une valeur indicative, car elle peut montrersans démontrer en attirant l’attention sur un faitsingulier, une valeur confirmative, car elle révèlel’existence de faits qui corroborent les démonstrations,une valeur illustrative, car elle s’appuie sur des histoireset des exemples qui parlent à l’imagination et aident à

    cerner ce que les concepts de l’entendement neparviennent pas à faire saisir.Dans le cas qui nous occupe, l’existence du souverain

     bien doit se faire sentir et affecter l’âme. Il s’agit ainsi decommuniquer une expérience, celle d’un bien « par quoil’âme, renonçant à tout autre pût être affectéeuniquement, un bien dont la découverte et la possession

    eussent pour fruit une éternité de joie continue etsouveraine »30. Cette communication d’une expérience sefait par l’expérience selon un mode de parler ad captumvulgi , car Spinoza, dans le prologue du Traité de laréforme de l’entendement   recourt au récit à la premièrepersonne et raconte une histoire qui pourrait être cellede tout un chacun.En second lieu, si « l’expérience ne nous enseigne pas lesessences des choses »31, elle peut seconder l’entendementdans sa tâche d’élucidation de leur nature intime, car« elle dirige l’esprit de telle façon qu’il s’applique àcertaines essences seulement »32, et remédie ainsi à ladispersion intellectuelle en renforçant l’attention et en lafocalisant sur un objet.Si elle ne livre pas la nature du souverain bien,

    l’expérience peut contribuer à fixer l’esprit sur lui etl’aider dans son effort pour comprendre l’union del’homme avec la Nature tout entière. Dans ces

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    « En effet, ceux qui excellent par l’imagination ne sontguère aptes à la pure intellection ; et au contraire ceuxqui excellent par l’entendement, et qui le mettent le plusen œuvre ont une puissance d’imaginer plus tempérée etplus dominée, la tenant comme sous le joug, afin qu’ellene se mêle pas avec l’entendement. »33

    conditions, l’écriture ad captum vulgi  consiste à romprel’ordre démonstratif pour attirer et arrêter l’attention surla nature d’une chose et sur les préjugés qui font écran àsa compréhension. Ainsi, dans l’ Éthique, les préfaces, lesappendices, et les scolies, où Spinoza marque

    délibérément des temps d’arrêt, recourt à des exemples,des récits, ou des enseignements de l’expérience,témoignent de l’existence d’une écriture adaptée à lacompréhension de la foule et font office de contrepointnécessaire aux démonstrations. Il s’agit de revenir sur lespréjugés pour les déraciner et pour libérer la puissancede l’entendement. C’est pourquoi parler ad captum vulgi 

    consiste à mettre l’expérience au service del’entendement.La tâche n’est pas aisée, car elle se heurte à une doublelimite. D’une part, l’expérience ne peut être utilisée quepour les choses perceptibles à la fois par l’entendementet l’imagination et n’est d’aucun secours pour ce qui estseulement perceptible par l’entendement, à savoir Dieuet ses attributs. Dans ce cas, loin d’être une aide, elle estune entrave, car elle introduit la confusion. D’autre part,l’art de parler philosophiquement ad captum vulgi  n’estpas à la portée de tous les esprits, car il requiert lacombinaison de l’imagination la plus vive et de l’intellectle plus pénétrant. Il implique en somme la conjonctiondu naturel du prophète et de celui du philosophe. Or unetelle configuration de l’ingenium humain est rare :

    Toutefois, il existe des individus d’exception, capables de

    concilier la sagesse du philosophe avec l’efficacité duprophète, comme le prouve l’exemple du grand roiSalomon invoqué à plusieurs reprises par Spinoza.

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    Salomon figure, certes, au rang des prophètes34,autrement dit des êtres doués d’un esprit imaginatif,mais il est aussi et surtout un modèle de sagesse et deprudence. Spinoza estime d’ailleurs que dans l’Écriture,« il est établi que Salomon a surpassé les autres par la

    sagesse, mais non par un don prophétique »35

    . Salomondispense un enseignement fondé sur la lumièrenaturelle, et non sur une révélation surnaturelle, maisloin de ne toucher que les savants, il réalise le prodige deconvaincre la foule aussi bien que les prophètes. Spinozale présente comme « celui qui appuyait ses dires sur lalumière naturelle, en quoi il surpassait tous les sages de

    son temps, et dont le peuple adopta les maximes avecautant de vénération que celles des prophètes »36. Il estdonc le modèle de cet art de parler ad captum vulgi , caril concilie la sagesse la plus rare avec sa communicationla plus répandue et confère à la raison une universalitédévolue jusqu’alors à l’expérience. Il possède la capacitéd’inspirer à la foule une vénération pour ses maximesempreintes de sagesse et trouve « ainsi des oreilles biendisposées à entendre la vérité »37, conformément auxexigences que prescrit la première règle du Traité de laréforme de l’entendement . En ce sens, il est unprécurseur de Spinoza dont toute la sagesse tient danscet effort pour articuler la spéculation la plus haute et sacommunication la plus large.Dans La Bible38, Salomon est celui qui ne demande pas à

    Dieu la longévité, la richesse et la gloire, mais unentendement éclairé pour gouverner le peuple etdiscerner le bien du mal. Il gagne ainsi les faveurs duSeigneur qui lui donne en récompense de son altruismenon seulement un cœur sage et perspicace, maiségalement tous les biens qu’il n’a pas demandés. Ildevient alors le modèle de l’homme parfait et comblé et

    l’archétype de la sagesse. Bien que Spinoza lui reprochede s’être « montré indigne d’un philosophe, notammentlorsqu’il s’est abandonné aux voluptés »39, il loue à

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    maintes reprises sa sagesse et son discernement.Salomon pourrait ainsi incarner la figure de cet hommesupérieur qu’il s’agit d’atteindre dans le Traité de laréforme de l’entendement , car il allie la sagesse avec lesrichesses et les honneurs, et réalise la synthèse entre les

    divers biens qui apparaissaient incompatibles à première vue.Outre le fait que, dans  La Bible, la sagesse du grand roiest proverbiale, la prégnance du modèle salomonien chezSpinoza est peut-être une réminiscence de sa lecture deBacon. Non seulement l’auteur du Novum Organum citefréquemment Salomon, et l’invoque à l’appui de la

    constitution d’une science de la nature, mais il luiaccorde un rôle éminent dans sa Nouvelle Atlantide. L’îlede Bensalem en effet fut gouvernée par un roi au grandcœur, législateur de la nation, nommé Solamona, qui seconsacra au bonheur de son peuple et qui fut lefondateur de la maison de Salomon, tout entière dévolueau progrès et à la promotion des savoirs40.Quoi qu’il en soit, Salomon est l’ancêtre de cet art deparler ad captum vulgi   qui dispose un peuple durd’oreilles à entendre la vérité en douceur. C’est pourquoila première règle du Traité de la réforme del’entendement est la clé d’une pédagogie spinoziste quitire les leçons de l’Écriture et de son aptitude à enseignerune doctrine à tout le genre humain, sans pour autantrenoncer à la raison.

    En définitive, parler ou écrire ad captum vulgi , c’estréaliser le mariage heureux de l’expérience et de laraison, de l’imagination et de l’entendement, au serviced’une vérité partagée. Spinoza pourrait donc faire siennela maxime salomonienne qui ouvre le premier livret dessages : « Tends l’oreille pour entendre les paroles dessages et porte ton attention à mon expérience. »41

    Contrairement à ce qu’affirme Leo Strauss, la règle ad captum vulgi loqui  n’est pas destinée à recouvrir, mais àdécouvrir la vérité en la mettant à la portée de l’insensé.

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    13. Cf. Éthique IV, XXXVI : « Le souverain bien de ceux qui suiventla vertu est commun à tous, et tous peuvent en avoir un égalcontentement. » Éthique IV, XXXVII : « Le bien auquel aspire poursoi chaque homme qui suit la vertu, il le désirera aussi pour tous lesautres hommes, et d’autant plus qu’il possèdera une plus grandeconnaissance de Dieu. »

    14. Cf. Éthique IV, XXXVI, démonstration.15. Traité de la réforme de l’entendement § 5, G. II, p. 8-9 : « Pourparvenir à cette fin, il est nécessaire d’avoir de la nature uneconnaissance telle qu’elle suffise à l’acquisition de cette naturesupérieure ; et en second lieu, de former une société telle qu’il est àdésirer pour que le plus d’hommes possible arrivent au but aussifacilement qu’il se pourra. On devra s’appliquer ensuite à laphilosophie morale de même qu’à la science de l’éducation… »

    16. Cf. par ex. Traité théologico-politique : Ad captum vulgi   : VI, §6, p. 246, l. 3, G. III, p. 84 ; XV, § 1, l. 10-11, p. 483, G. III, p. 180.

     Secundum captum vulgi : XIII, 9, l. 13, p. 460, G. III, p. 172. Captui  plebis : V, 16, l. 24, p. 228, G. III, p. 77.

    17. Traité théologico-politique, V, 14, p. 227, G. III, p. 77.

    18.  Ibid., p. 227-228, G. III, p. 77.

    19. Cf. Traité théologico-politique, V, 16.

    20.  Ibid., p. 229, G. III, p. 77.

    21.  Cf. Traité de la réforme de l’entendement , § 23, G. II, p. 13 ; Éthique II, XL, scolie II.

    22.  C’est ce que souligne Spinoza dans le Traité théologico- politique, V, § 16, p. 229, G. III, p. 78 : « Et quoique l’expérience nepuisse en donner de connaissance claire ni enseigner ce qu’est Dieuet par quel moyen, il conserve et dirige toutes choses et prend soin

    des hommes, elle peut cependant enseigner les hommes et leséclairer dans une mesure suffisante pour graver dans leur âmel’obéissance et la dévotion. »

    23. Cf. Traité de la réforme de l’entendement , § 23.

    24.  Éthique, II, XL, scolie II.

    25.  Cf. à ce propos, Pierre-François Moreau,  L’Expérience et l’éternité, II, ch. I, PUF

    26.

     Cf. G. I, p. 37.27.  » Nous sentons et nous expérimentons que nous sommeséternels. »

    28.  Lettre X , G.-F., p. 151, G. IV, p. 47.

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    29. Op. cit., II, ch. I.

    30. Traité de la réforme de l’entendement , § 1, G. II, p.5.

    31.  Lettre X , p. 151, G. IV, p. 47.

    32.  Ibid ., p. 152.

    33. Traité théologico-politique II, § 1, p. 113, G. III, p. 29.

    34. Spinoza l’affirme expressément au § 13 du chapitre II du Traitéthéologico-politique, p. 131, G. III, p. 37 : « Salomon, Isaïe, Josué,etc., bien que prophètes, furent cependant des hommes… »

    35. Traité théologico-politique, II, § 1, p. 113, G. III, p. 29.

    36. Traité théologico-politique, IV, § 12, p. 201, G. III, p. 66.

    37. Traité de la réforme de l’entendement , § 6, G. II, p.9.

    38.  Rois, I, 3.

    39. Traité théologico-politique, II, p. 141, G. III, p. 41.

    40. Cf. La Nouvelle Atlantide, p. 102-105, G.-F.

    41.  Proverbes, 22, 17.

    42.  Proverbes, 8, 1-4.

    © Publications de la Sorbonne, 2005

    Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

    Référence électronique du chapitre

    JAQUET, Chantal.  Ad captum vulgi. Parler ou écrire selon lacompréhension du vulgaire In : Les expressions de puissance d’agirchez Spinoza  [en ligne]. Paris : Publications de la Sorbonne, 2005(généré le 27 novembre 2015). Disponible sur Internet :. ISBN :

    9782859448066.

    Référence électronique du livre

    JAQUET, Chantal.  Les expressions de puissance d’agir chez  Spinoza.  Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Publications de laSorbonne, 2005 (généré le 27 novembre 2015). Disponible surInternet : . ISBN :9782859448066.

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