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Avec le soutien du Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR) et de la Société Financière Internationale (SFI) Juin 2008

Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

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Avec le soutiendu

Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR)et de la

Société Financière Internationale (SFI)

J u i n 2 0 0 8

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LES FEMMES

CHEFS D'ENTREPRISES EN

TUNISIE

Avec le soutiendu

Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR)et de la

Société Financière Internationale (SFI)

J u i n 2 0 0 8

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TitreLes Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

Publication duCentre de la Femme Arabe

pour la Formation et la Recherche(CAWTAR)

et

la Société Financière Internationale (SFI)

(ISBN)978-9973-837-28-8

Copyright© 2008Centre de la Femme Arabe

pour la Formation et la Recherche

Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche

44 Rue de Pologne, 1005 El Omrane-Tunis, TunisieTelephone: 216 71 571 945/216 71 571 867

Fax: 216 71 574 627email: [email protected]

WebSite: www.cawtar.org.tn

Société Financière Internationale2121 Pennsylvania Avenue, NW

Washington, DC 20433, USAEmail: [email protected]

Site internet: www.ifc.org/GEM

Page 4: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

Institut Supérieur de Gestion

Chambre Nationale Des FemmesChefs D’Entreprises

Sous l’impulsion d’une volonté politique vigoureuse d’associer les femmes aux projetsd’une société moderne ouverte et avec la mise à contribution des compétencesféminines dans la construction de l’économie nouvelle, il a été crée en juin 1990 unestructure de Femme Chef d’Entreprise au sein de l’UTICA. La Chambre dénombreaujourd’hui plus de six milles dans tous les secteurs en allant du textile à lamanutention en passant par le commerce, l’hôtellerie, l’industrie chimique, mécanique,agroalimentaire, pharmaceutique etc. Cette nouvelle structure a pour objectifs :

• Représenter les intérêts des femmes chefs d’entreprise auprès des structuresinstitutionnelles et internationales.• Promouvoir l’entreprenariat féminin.• Encadrer les femmes chefs d’entreprises en mettant à leur disposition des outilsde formation et de conseil, • Œuvrer pour la circulation de l’information.• Inciter à la création d’entreprise.• Favoriser l’insertion et l’essor des femmes dans le monde de l’entreprenariat,• Promouvoir les échanges, tisser des liens, développer des contacts régionaux,nationaux et internationaux pour favoriser le partenariat et l’accès aux nouveauxmarchés.

Pour plus d’informations sur la CNFCE :Adresse postale : 17, rue Abderrahmane El Jaziri,1002 Tunis, Tunisie.Tél. : +216 71 793 432Fax : +216 71 791 168Site Internet : www.cnfce.tn.org

L’Institut Supérieur de Gestion de Tunis a été créé en 1969. Cette institution fêterabientôt son 40ième anniversaire. Depuis sa création et jusqu’à nos jours, elle est restéeinnovante et a toujours été un agent de changement à l’échelle nationale aussi bien surle contenu des programmes que sur les plans pédagogiques et méthodologiques. Sonrayonnement international s’est réalisé avec la concrétisation de partenariats avec desuniversités du Golf, de France et d’Amérique du Nord.

S’étant récemment aligné au système Licence/Master/Doctorat (LMD), l’ISG de Tunispropose un enseignement théorique de qualité aux étudiants tunisiens et étrangers quivise à assurer une formation pluridisciplinaire de haut niveau qui reste orientée enversle marché de travail. L’institut est organisé en différents départements : le départementmarketing, commerce international et langues, le département informatique appliquée àla gestion, le département finance et comptabilité, le département économie et méthodesquantitatives et enfin le département management, ressources humaines et droit.

Pour avoir plus d’informations sur l’ISG de Tunis :Adresse : 41 Rue de la liberté, cité Bouchoucha 2000 Le Bardo, Tunis TunisieTél : +216 71 588 514 / 71 588 553 / 71 588 443Fax : +216 71 588 487E-mail : [email protected] Web : www.isg.rnu.tn

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Table des Matières

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Préface ISG ..........................................................................................................................................6

Préface CNFCE ...................................................................................................................................7

Abréviations.........................................................................................................................................8

Introduction..........................................................................................................................................9

Méthodologie adoptée .......................................................................................................................10

Description de l'échantillon .............................................................................................................10

Résultats .............................................................................................................................................10

I-Informations Générales sur l’Entreprise ...............................................................................10

II-L’Environnement Economique et les Principaux Défis auxquelles sont confrontées

les Femmes Chefs d’Entreprise....................................................................................................11

III-L’implication dans le commerce international ....................................................................13

IV-L’utilisation de la technologie au sein de l'Entreprise...........................................................16

V-Les types et les sources de financement....................................................................................18

VI-Les besoins et attentes des femmes chefs d’entreprise, en termes de formation.................19

VIII-Informations générales concernant les femmes et leurs entreprises................................22

Conclusion:.........................................................................................................................................23

Recommandations :...........................................................................................................................24

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P R É F A C E I S G

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Cette étude a vu la participation de chercheurs universitaires, pour qui cetteexpérience fût une occasion supplémentaire pour amener leurs compétencesacadémiques au service du « terrain ». La rencontre avec des femmes chefsd’entreprises, issues de différents milieux avec différentes formations, sur unegrande partie du territoire tunisien, nous a permis de constater à quel pointelles ont pu contribuer au développement du tissu économique et social de laTunisie.

A l’issue de cette étude nous avons pu dresser un profil des femmes chefsd’entreprises tunisiennes que ce soit sur la région du grand Tunis ou les villesde l’intérieur. La confrontation des résultats issus des études menéessimultanément dans les différentes régions du Moyen-Orient, lors de larencontre entre chercheurs et femmes chefs d’entreprises à Amman a été nonseulement une occasion de comparer et d’échanger nos propos et nos visionspar rapport à nos expériences respectives, mais également d’entreprendre uneréflexion collective sur les actions éventuelles à entreprendre afin de tenterd’apporter des réponses concrètes aux questions et inquiétudes évoquées parces femmes lors du déroulement des études.

Face au développement permanent de l’environnement des entreprises dans lemonde en général, et dans les régions du monde arabe en particulier, plusieursdomaines pourraient faire l’objet d’études similaires. Nous espérons ainsi quecette étude n’est que la première expérience d’une série de collaborationsfutures qui réuniront à nouveau des spécialistes de la recherche académique etdu monde professionnel des différentes régions du monde arabe.

Dr ALI BEN YAHIADIRECTEUR DUDÉPARTEMENTMARKETING

ET COMMERCE INTERNATIONAL, ISG TUNIS

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P R É F A C E C N F C E

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Depuis plus d’un demi siècle, la femme Tunisienne auraaccédé à de nombreux paliers dans le paysage politique,social, culturel et économique. Sa place dans la société estdésormais très importante et ne cesse de se consolider à lafaveur d’une législation avant-gardiste, d’une société de toustemps ouverte sur les courants de pensées et sur lescivilisations.

Avec les évolutions économiques qu’a connu le monde ces dernières années, la femme Tunisienne s’estinsérée de plain pied dans les sphères économiques nées de la mondialisation de l’économie et de laglobalisation des échanges. Forte d’un statut libéral, d’une formation adaptée aux mutations ducommerce international et d’un environnement national propice à l’initiative, à la création et àl’innovation, elle est aujourd’hui, au même titre que son collègue l’homme, présente de manière intenseet distinguée dans les milieux de l’entreprise et des affaires, milieux traditionnellement réservés àl’homme et encore hermétiques aux femmes dans d’autres contrées.

La naissance de la Chambre Nationale des Femmes Chefs d’Entreprises “CNFCE“ est sans doute laconsécration d’acquis, de performances et de confirmations entretenues pendant des dizaines d’annéespar des consoeurs dont le mérite a été de transgresser les usages et les coutumes. La démarche demobilisation entamée par la CNFCE, inspirée des réalités socio-économiques Tunisiennes, lui a valu unsoutien inconditionnel de la part des partenaires institutionnels. Au fil des années, la Chambre Nationaledes Femmes Chefs d’Entreprises a pu se tailler un positionnement digne des ambitions de ses membressur l’échiquier du dispositif d’appui et de promotion de l’entreprise. Son réseau de partenaires tissé auprix d’un travail acharné est incontestablement la clef de cette reconnaissance qui fait sa fierté.

Mais le rayonnement de cette passionnante entreprise ne s’est pas limité aux frontières locales.Libéralisation économique oblige, la CNFCE s’est investie pour accompagner ses membres dans la quêted’opportunités de marchés extérieurs et de recherche de partenariats et d’alliances sur le marchéinternational à travers sa présence et sa participation active aux événements régionaux et internationaux.L’originalité de son approche aura suscité l’intérêt et l’admiration des structures homologues qui n’ontpas manqué de hisser la CNFCE à la Présidence de Femmes Chefs d’Entreprises Mondiales dont le siègeest abrité par la Tunisie.

Dans le cadre de son approche dynamique et ambitieuse, la CNFCE s’est naturellement associée àl’étude, proposée par CAWTAR sur les femmes chefs d’entreprises Tunisiennes. Cette recherche aurapermis de donner un éclairage intéressant sur le profil des femmes chefs d’entreprises Tunisiennes, surles problèmes qu'elles rencontrent dans le cadre de leurs activités et sur les structures et les moyenssusceptibles d’améliorer leurs conditions des affaires. Elle a permis également, de donner l’occasiond’effectuer des comparaisons enrichissantes à plusieurs niveaux entre les femmes d’affaires dans cinqpays arabes : le Bahreïn, la Jordanie, le Liban, les Emirats arabes Unis et la Tunisie.

L’étude, présente aussi l’intérêt de montrer la maturité de la femme chef d’entreprise en Tunisie. Elleressort que celle-ci ne sacrifie pas sa vie privée aux dépens de son entreprise : l’organisation, la gestiondu temps, l’efficacité et le soutien de sa famille sont les atouts majeurs de sa réussite. Enfin, par sesconclusions particulièrement qualitatives et fort intéressantes, le rapport National présenté parCAWTAR sera certainement les prémices d’une étude d’envergure dont l’objectif serait d’effectuer unrecensement complet des Femmes Chefs d’Entreprises en Tunisie.

Afin de conclure cette préface, forte de tous ses acquis, la CNFCE se trouve face à de riches gisementsde talents à exploiter et d’importants défis à relever. Les ambitieux objectifs de création d’entreprisesdans les prochaines années lui confèrent des missions nouvelles qu’il faudrait approcher avec encore plusd’ouverture, de mobilisation, de compétences, de créativité et de détermination.

FAOUZIA SLAMAPRÉSIDENTE

CNFCE

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Glossaire des Abréviations

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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CAWTAR

CEPEX

CJD

CNFCE

DNT

FAMEX

FORPRODEX

LAN

MENA

ONG

PME

PNL

SPSS

SFI

TIC

UNFT

Centre de la Femme Arabe pour la Recherche et la Formation

Centre de Promotion des Exportations

Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise

Chambre Nationale des Femmes Chefs d’Entreprise

Dinars Tunisiens

Fonds d’Accès aux Marchés d’Exportation

Fonds de Promotion des Exportations

Reseau Local (Local Area Network)

Afrique du Nord et Moyen Orient (Middle East North Africa)

Organisation Non Governmentale

Petites et Moyennes Entreprises

Programmation Neuro Linguistique

Statistical Package for the Social Sciences

Société Financière Internationale

Technologies de l'Information et de la Communication

Union Nationale de la Femme Tunisienne (Tunisia)

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Introduction

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Les femmes chefs d'entreprise sontreconnues comme étant une forceimportante sur le plan économique, aussi

bien à l'échelle nationale qu’à l’échelleinternationale. Cela est d'autant plus vrai pour unpays comme la Tunisie, où la contribution et laparticipation des femmes se font ressentir, nonseulement sur le plan économique, maiségalement sur les plans culturel, social et éducatif.Par conséquent, il est très important de soutenir etd’appuyer les femmes dans le développement deleurs activités économiques. En effet, unemeilleure compréhension du rôle et de la situationdes femmes chefs d'entreprise permettrad’élaborer et d'appliquer des plansd'encouragement à la participation active desfemmes dans l'économie.

Cette initiative est innovatrice dans la mesure oùelle permet de renforcer les capacités des centresde recherches et des associations de femmes chefsd’entreprise nationales, en leur permettant decollaborer à la réalisation de cette étude. Cetteétude s’inscrit dans le cadre d’un projet régionalcoordonné par le Centre de Recherche et deFormation pour la Femme Arabe, (CAWTAR) enpartenariat avec et grâce au soutien financier dela Société Financière Internationale (SFI). Ceprojet couvre cinq pays de la zone Afrique duNord et Moyen Orient (MENA), à savoir leBahrein, les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, leLiban, et la Tunisie, dans le but de fournir auxdifférents acteurs des secteurs public et privé,ainsi qu’aux chercheurs, des donnéesindispensables à une meilleure compréhensiondes femmes chefs d’entreprise, leurscaractéristiques, leurs contributions effectives,ainsi que les défis auxquels elles font face. Unrapport régional a été élaboré afin de pouvoircomparer les caractéristiques de ces femmes dansles cinq pays, en reprenant les éléments essentielsdes cinq rapports nationaux.

Ainsi, le présent rapport se penche sur lesparticularités des femmes chefs d'entrepriseTunisiennes.

Les objectifs de cette étude qui a pour objet lesfemmes chefs d'entreprise ayant une activitéenregistrée en Tunisie, sont les suivants:

1) Dresser le profil des femmes chefsd'entreprise en Tunisie, et ce en se basant surune comparaison des profils de femmesentrepreneurs des quatre autres paysappartenant à la région MENA qui ontparticipé à cette étude régionale ; 2) Identifier les problèmes et obstaclesrencontrés par les femmes chefs d'entreprise,qui entravent la bonne marche de leursactivités,3) Identifier les structures et les moyenssusceptibles d'aider les femmes chefsd'entreprise à mieux gérer leurs entreprises, età les suivre dans le développement de leursactivités.Cette étude sur les femmes chefs d'entreprisetunisiennes, qui fait partie d'un projet à échellerégionale, contribuera à relever lescaractéristiques culturelles, sociales,économiques et individuelles communes auxfemmes chefs d'entreprise des cinq pays.L’analyse de ces différences peut égalementaider à mieux comprendre les spécificitéspropres à chaque pays et d'avoir unecompréhension ainsi qu’un aperçu global de larégion MENA.

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directement suivie par le mois saint du Ramadanqui s'est achevé à la fin du mois d'Octobre.

Afin d'atteindre l'objectif d’obtenir 200questionnaires dûment remplis, la méthode parauto - administration a été adoptée de même quela distribution par convenance auprès desmembres de la CNFCE (Chambre Nationale desFemmes Chefs d'Entreprise) dans les régions deTunis, Ariana, Manouba, Ben Arous, Sousse, LeKef, Gabés, Sfax et Siliana. Au total, 204questionnaires ont été collectés. Septquestionnaires, incomplets/mal remplis, ont étééliminés de l'échantillon. Au total, l'échantillonétait composé de 197 femmes chefs d'entreprisedans différentes villes des régions principales dela Tunisie.

Résultats

Toutes les questions ont été codées afin defaciliter l'utilisation du logiciel d'analysestatistique SPSS. Des statistiques descriptives ontété analysées. L'étude ainsi que ses résultats serapportent aux catégories principalesd'informations ci-après:

Informations générales sur l'entreprise ;Les défis les plus important que rencontrentactuellement les femmes chefs d'entreprisedans leurs activités ;La participation de l’entreprise dans lecommerce international ;L'usage de la technologie au sein del'entreprise ;Les sources de financement des entreprisesgérées par les femmes ;L'accès à l'éducation et à l'information ;Les rôles sociaux et professionnels des femmeschefs d’entreprises ; Les caractéristiques professionnelles etpersonnelles des femmes chefs d'entreprise.

I-Informations Générales surl’Entreprise

Les premières questions du questionnaire ontpermis de recueillir des informations généralessur les activités gérées par les femmes chefsd'entreprise.

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Méthodologie adoptée

Réalisation de la recherche etadaptation du questionnaire aucontexte tunisien

La première étape de l'étude empirique a consistéà adapter le questionnaire utilisé lors d'une étudesimilaire menée au Viêtnam, afin de préparer unquestionnaire de base, commun aux cinq paysprenant part à cette étude régionale.

Le questionnaire a ensuite été traduit en français,deuxième langue de la Tunisie, et communémentemployée dans le monde des affaires. Bien quel‘arabe représente la langue officielle de laTunisie, il a semblé plus efficace de réaliserl'étude en français, afin d'assurer une meilleurecompréhension du sens de certaines des questions(en particulier celles qui comprennent desexpressions communément utilisées en affaires).

Au cours du travail d'adaptation du questionnaireau contexte tunisien, quelques modificationsmineures ont été apportées, en particulier en cequi concerne:

La liste des pays partenaires de commerceinternational.La liste des associations commerciales etprofessionnelles.La localisation des entreprises par régions/gouvernorats.

Description de l'échantillon

Suite à un test préliminaire réalisé auprès detrente femmes chefs d’entreprise, le questionnairefinal utilisé dans cette étude a été adapté puisvalidé. Le questionnaire a ensuite été administréauprès d'un premier échantillon de femmestunisiennes chefs d'entreprise par le biaisd’entretiens en face à face. Ces entretiens ont étéréalisés par une équipe d'enquêteurs dansdifférentes régions du pays. Cette méthode s'esttoutefois avérée inefficace pour les raisonssuivantes : i) en Tunisie, les journées de travailsont écourtées (à cause de la journée continue)pendant les mois de Juillet et Août ; ii) le mois deSeptembre correspond à la rentrée scolaire, qui est

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LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

La réponse à la question relative à l'âge del'entreprise a révélé que même si la majorité desrépondantes ont indiqué qu'elles ont crée leurentreprise depuis environ 5 ans, plus du tiersd’entre elles (37.06%) sont propriétaires de leurentreprise depuis moins de cinq ans. Cette fortereprésentation des entreprises âgées de moins de 5ans peut s’expliquer en prenant en considérationla structure relativement jeune de la populationtunisienne (pyramide des âges) ainsi que l'impactdes programmes du gouvernement tunisien, lesschémas de financement et l'incitation à lacréation d’entreprises, particulièrement auprèsdes jeunes diplômés. Dans le cas de cette étude63% des répondantes sont en effet âgées de moinsde 44 ans.

En ce qui concerne l'acquisition et la structure ducapital de l'entreprise, la majorité des répondantes(73.60%) ont indiqué avoir démarré leur activitétoutes seules et 55% d'entre elles détiennent 100%du capital de l'entreprise. Cette importantedynamique dans la création et la structure desentreprises gérées par des femmes, peut êtreexpliquée en partie, par l’historique des femmestunisiennes : ces dernières ont en effet obtenu leurémancipation il y a plus de 50 ans, se sont vuesoctroyer des droits bien avant la promulgation dela loi, et ont bénéficié du droit à la propriété et aucontrat, lleur donnant la latitude de créer et degérer leurs propres entreprises, sans avoir àrecourir à l'assistance d'un homme ou d'unmembre de la famille.

En ce qui concerne les différentes formesd'acquisition et de propriété de l'entreprise, laplupart des répondantes ont indiqué qu'ellesdirigeaient des entreprises familiales, plutôt quedes entreprises publiques ou privées. Par ailleurs,seules 5.58% d’entre elles n’ont pas departenaires participant au capital de l'entreprise.Celles qui au contraire sont en partenariat avecune autre personne, affirment pour la plupart,qu’il s’agit d’une association avec leurs époux(18.78%), leurs parents (14.72%) et avec d'autresmembres de leur famille (9.14%).

Concernant le secteur d’activité économiqueauquel appartiennent leurs entreprises, on peutconstater que les répondantes opèrent dansplusieurs secteurs, à l’exception de celui de lagestion des ressources naturelles. Il convient,toutefois, de préciser que les entreprises desrépondantes sont répertoriées dans troisprincipaux secteurs d’activités : 41% dans lesservices (commerciaux et personnels), 25% dansl’industrie des biens non durables (alimentaire,habillement, textile) et 22% dans le commerce degros ou de détail. Sachant aussi que la Tunisiereprésente un pôle touristique majeur et reflètel’image d’une société fidèle à sa tradition et à saculture, il n’est pas étonnant de constater que10.66% des répondantes opèrent dans le secteurde l’artisanat.

II-L’Environnement Economique et lesPrincipaux Défis auxquelles sont con-frontées les Femmes Chefs d’Entreprise:Perspectives et confiance relatives à lacroissance économique et au développe-ment de l’entreprise

46.2% des femmes chefs d’entreprise sontoptimistes quant à la stabilité de la croissanceéconomique nationale pour les deux prochainesannées, contre près d’un quart qui sont restéesneutres. Ce niveau d’optimisme peut s’expliquerpar le taux de croissance économique tunisien, quiavoisinait 5% chaque année au courant de ladernière décennie (il est donc supposé que lesindicateurs économiques seraient maintenus)ainsi que par l’encouragement conféré par legouvernement tunisien pour l’expansion dusecteur privé et par le soutien procuré auxentrepreneurs pour la création d’entreprises. Acontrario, environ un tiers des répondantes sedisent être plutôt, voire même très, pessimistes(respectivement 22.84% et 4.57%). Cela pourraitpartiellement s’expliquer par les craintesengendrées par l’accroissement de la concurrencenationale et internationale, étant donné le projetd’intégration de l’union Tuniso-Européenne dansla zone de libre échange, et aussi par la présencemassive de la concurrence chinoise sur le marchéglobal.

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Par ailleurs, lorsque les répondantes ont expriméleurs perspectives en termes de croissance et dedéveloppement de leur entreprise, 60.4% d’entreelles se disent optimistes, tandis que le quartd’entre elles sont neutres ; seulement 13% sontpessimistes. Cet optimisme relatif à leurs activitéss’explique en partie par le fait que les répondantesse sentent davantage capables d’avoir uneinfluence sur la performance de leurs propresentreprises que sur l’économie globale. Cetteréponse positive est confortée par le taux de 38%représentant la part de répondantes qui projettentde recruter de nouveaux employés au cours des 12prochains mois.

Les participantes à cette étude ont été invitées àchoisir parmi les éléments qui leur semblent lesplus importants en termes d’impact sur leursactivités respectives. Ces éléments, relatifs àleurs activités exercées actuellement, ont étéregroupés en quatre catégories distinctes: lagestion de l’entreprise, le climat des affaires, lespratiques et les réglementations dans le mondedes affaires et l’évolution personnelle.

«Trouver et garder de bons employés» estconsidéré comme l’un des facteurs ayant le plusgrand impact sur le succès en matière de gestionde l’entreprise, pour les femmes chefsd’entreprises. Par ailleurs, plus de 70% desrépondantes accordent le plus d’importance à laperformance des employés, à leur efficacité etleur productivité.

L’accès à un nouveau marché à traversl’exportation ou l’entrée sur de nouveauxsegments du marché est également considérécomme prioritaire.

Environ 60% des femmes participant à cette étudeont indiqué qu’il est important d’accéder à denouveaux marchés, à travers le commerceinternational ou l’exploitation de nouvellesniches. 49% ont exprimé leur intention depénétrer un nouveau marché durant les 12prochains mois et 28% d’entre elles envisagentgérer leur activité à plein temps tout en s’ouvrantsur de nouveaux marchés. A contrario, 26% desrépondantes envisagent de maintenir leur activitéà temps plein tout en maintenant leur taille et àleur niveaux d’activité actuel.

Les participantes à cette étude ont manifesté unegrande sensibilité aux paramètres qui régissent leclimat des affaires. En effet, le plus grand intérêt aété porté au coût élevé des services publics(électricité, eau, téléphone etc.) ; Il convient denoter que ces services de base font partie du secteurpublic (à l’exception de la téléphonie mobile).

Ensuite, la préoccupation des répondantes est trèsélevée au niveau de la compétitivité de leursproduits. La Tunisie a signé en 1995 un accord delibre échange avec l’Union Européenne, imposantun démantèlement par secteur d’activitécommerciale ainsi que des barrières tarifairespour les produits en direction et en provenance del’Union Européenne. Une zone de libre échangesera ouverte prochainement, vers la fin de l’année2008. L’industrie tunisienne a donc fait l’objetd’une modernisation et d’un plan d’ajustementstructurel efficace, transformant ainsi l’ensembledu tissu du secteur économique dans le sens de lacompétitivité. Malgré ces efforts entrepris àl’échelle macro économique, les répondantes ontexprimé leurs craintes d’un impact négatifqu’aurait la présence des produits fabriqués enChine sur le marché local, de même qu’un impactde la concurrence chinoise sur la part tunisiennedes marchés de l’exportation, tel que les textiles etl’habillement ; en effet, 25% des répondantesopèrent sur le secteur des biens non-durables,dont l’habillement et le textile.

Concernant les aspects relatifs aux lois etréglementations régissant le monde des affaires,un grand nombre de répondantes estiment que leslois et les règlements qui entravent la croissancede l’entreprise sont relativement importantes. Lespots-de-vin et la corruption à l’échelle del’entreprise et à l’échelle gouvernementale, suivisde l’accès à la propriété et à la terre, ont pour leurpart été évalués comme n'étant «pas trèsimportant» et «pas du tout important» (50%).

Il est également intéressant de noter que 45% desrépondantes accordent une très grande importanceà l’accès à la formation et à l’assistance techniqueafin d’acquérir les compétences de gestiond’entreprise. Elles accordent un niveaud’importance encore plus élevé (47%) à lanécessité d’acquérir des compétences en gestionfinancière afin de garantir la rentabilité et lapérennité de l’entreprise.

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Tableau 1: Principales destinations à l'exportation desactivités des entreprises

Les résultats démontrent que les Etats-Unis(14.72%) et la France (9.64%) représentent lesdeux premiers pays vers lesquels les femmeschefs d’entreprises exportent, suivis de la Libye,l’Italie, l’Algérie, l’Egypte, l’Allemagne et enfinle Sénégal, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, lePortugal, la Belgique, la Guinée et la Malaisie. LaFrance représente en effet un partenaire historiqueincontournable à l’échange de la Tunisie, du faitde sa proximité géographique et linguistiqued’une part, ainsi que de par la situation de laTunisie en tant qu’ancien protectorat Françaisd’autre part.

A l’exception des marchés tunisiens habituels,l’union européenne et de la région du MENA, lespays des autres régions représentent de nouveauxclients pour la Tunisie. Ils répondent aussi à lapréoccupation des exportateurs, relative au soucide diversification du risque lié au marché ainsiqu’à la réduction de la dépendance par rapport aumarché européen. Il convient de préciser dans cesens, que les programmes gouvernementaux duCEPEX (Centre pour la Promotion desExportations) et ceux de la banque mondiale et duFAMEX (Fond d’Accès aux Marchésd’Exportation) fournissent un soutien et uneassistance aux exportateurs et plusparticulièrement à ceux visant l’intégration denouveaux marchés.

Les principales suggestions que les femmes chefsd’entreprise tunisiennes adressent aux dirigeantsnationaux afin de renforcer leur soutien auxpetites et moyennes entreprises en Tunisie sontles suivantes:

46% des répondantes pensent que les leadersnationaux devraient établir des fonds d’aidespéciaux ainsi que des schémas de garantiepour les petites entreprises.35.5% pensent que les dirigeants nationauxdevraient assurer des formations aux chefsd’entreprises, potentiels et nouveaux, en vued’acquérir des compétences de base relatives àl’entreprise.33% pensent que le temps nécessaire pour laréalisation et le démarrage d’une nouvelleactivité pourrait être réduit et que legouvernement pourrait multiplier les effortsafin de promouvoir la propriété d’entreprise engénéral et ce à travers davantage de campagnesde sensibilisation. 31.5% pensent que la loi du travail devrait êtrerévisée afin de permettre une plus grandeflexibilité aux employeurs lors desrecrutements et des licenciements.

III-L’implication dans le commerceinternational

Prés de 35.5% affirment exporter ou importerrégulièrement des biens ou/et des services dans lecadre de leur activité ; 11% exportent uniquementdes produits ou des services, tandis que 6.60%importent et exportent à la fois. La majorité desfemmes interrogées (60%) ne sont impliquées nidans une activité d’exportation ni dans uneactivité d’importation. Cela pourrait s’expliquerpar la répartition sectorielle de leurs activités,étant donné que 41% d’entre elles opèrent dans lesecteur des services, et ne s’adressent parconséquent qu’au marché local.

Les participantes engagées dans une activitéd’exportation ont cité les pays suivants parmileurs principaux partenaires (cf. tableau 1) :

Fréquence

1.021.021.021.021.021.021.021.522.032.032.544.069.6414.72

Destinations à l’exportation

BelgiqueGuinéeJordanieMalaisiePortugal

Arabie Saoudite Sénégal

AllemagneAlgérieEgypteItalieLibyeFranceUSA

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LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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"La nécessité de réussir m'a contraintd'intégrer l'arène des hommes".

Mme Mongia BEN AMARA est considéréecomme l'une des femmes chefs d'entreprisestunisiennes qui a pu, grâce à sa grande volonté,avoir une place de choix dans un secteur quiétait essentiellement dominé par les hommes.Son entreprise est devenue le meilleurambassadeur du fruit le plus noble de Tunisie:les dattes et essentiellement la Deglet Nour deTunisie, de renommée mondiale.

Mme BEN AMARA a lancé son projet en 1991, et s'est spécialisée dans le traitement des dattesà offrir sous forme de cadeau. Elle a commencépar emballer et conditionner les dattes traitéesdans des boîtes qu'elle sous traitait chez desfabricants spécialisés dans le secteur del’empaquetage. Plus tard, elle s’est mise àfabriquer les boîtes et les emballages ellemême. Elle dirige deux ateliers : un pour letraitement, et l’autre pour la fabrication desboîtes. 40 ouvriers y travaillent, dont 36 sontdes femmes. Une femme est à la tête dudépartement commercial. De même, lesdépartement de conception ainsi que ledépartement de contrôle de qualité sont tousdeux menés par des femmes.

Mme BEN AMARA parle des raisons qui l'ontpoussée à lancer son entreprise. "Ma formationet mon expérience professionnelle ont joué unrôle important". Elle est en effet ingénieur enagro-alimentaire. Elle avait travaillé pendant 12ans dans la gestion et le contrôle de plusieursusines d'une compagnie multinationalespécialisée dans la transformation des fruits et

légumes, des produits alimentaires et desproduits laitiers, ainsi que dans une autre usinedédiée au conditionnement des dattes. Alors,elle décida de créer sa propre entreprise.

"Au début, ils ont refusé de me nommerdirecteur technique ; ils ont prétendu que c'étaitun poste pour hommes," dit-elle. "J'attendaisimpatiemment l'occasion de gérer mes propresaffaires. Il m'a fallu plusieurs années avantd'acquérir l'expérience nécessaire en vued'améliorer ma propre formation. C'est un atoutmajeur dans l'activité de l'entreprise, outre montalent dans le design et la conception desmodèles de boîtes qui sont utilisées pourl'emballage et l'empaquetage des dattes ".

Mme BEN AMARA souligne que la touche dela femme et la conception artistiquetraditionnelle sont les atouts de son produit quiest considéré comme la variété la plus fine desdattes. Elles sont exposées comme cadeaudistingué avec une valeur supérieure. Leproduit est un défi important pour sonentreprise qui a réussi à avoir son propre labelsur les plans national et international grâce à safine qualité et à la forme exceptionnelle de sesboîtes.

Mme BEN AMARA n'a pas rencontré decontraintes exceptionnelles en tant que femme.Elle considère que les obstacles qu'elle arencontrés sont des obstacles auxquels font facetous les chef d'entreprise.

"Être femme d'affaires est un privilège pour moi.Une femme, de par sa nature, est sensible ; elleaime la précision et la perfection qui luipermettent de gagner la confiance du client ."

L'appui de son mari peut être un atoutsupplémentaire. Il l'a aidée à surmonter lesdifférents obstacles. Il l'a encouragée à lancerson propre projet. Elle a créé son entrepriseavec ses propres moyens, et ce n'était que plustard qu'elle a sollicité des crédits bancaires.

Mme Mongia BEN AMARATunisia

Directrice générale deFRUTIDOR

Une entreprise spécialiséedans le traitement des dattes

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LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

15

Mme BEN AMARA ne croit pas en ce qui estcommunément considéré le rôle traditionneldes femmes. Elle pense que chaque femme peutse frayer son propre chemin comme n'importequel autre être humain. Elle peut faire sonpropre choix. Son indépendance, sa formationet l'environnement dans lequel elle évoluepeuvent être autant des facteurs qui peuventl'empêcher ou l'encourager à réussir.

"Ils m'avaient éduquée, depuis ma toute jeuneenfance, à compter sur moi-même, à êtreindépendante, à défendre mes points de vue etmes idées et donc à être responsable. Mais, enmême temps, ils m'ont élevée en tant que fille.J'avais l'habitude d'entendre l'expressionsuivante :"Mais, tu n'es pas un garçon". C'estpourquoi, afin de réaliser mes rêves et d'êtremoi-même, j'ai choisi un travail d'homme."

Aujourd'hui, l'entreprise vend les dattesemballées à d'autres entreprises qui les offrentsous forme de cadeau à l'occasion du nouvel an.60 pour cent de sa production est exportée versles pays européens, le Moyen-Orient et le Sud-est asiatique. Les ambassades et les missionsdiplomatiques tunisiennes en Afrique, enEurope et en Amérique latine comptent parmises clients. Des colis de dattes sont égalementcommandés par des entreprises tunisiennespour être expédiés dans le monde entier.L'entreprise vend les dattes dans des boîtestraditionnelles en bois et en carton dans lessupermarchés tunisiens, et dans les magasinshors taxe des différents aéroports du pays.L'entreprise a investi dans les NouvellesTechnologies de l'Information et de laCommunication et a son propre site Web pourles ventes en ligne.

En plus de sa responsabilité au sein de sonentreprise, Mme BEN AMARA est trés active,notament au sein de la Chambre Nationale

Tunisienne des Femmes Chefs d'entreprises, leschambres arabe et mondiale des Femmes Chefsd'entreprises en Tunisie. Elle tient, également, àparticiper à toutes les sessions de formationorganisées par les chambres et autresorganismes compétents qui dédient leursactivités à l'assistance des hommes et femmesd'affaires et des exportateurs. Des organismes àl'instar du Centre Tunisien pour la Promotiondes Exportations (CEPEX), l'Agence pour laPromotion de l'Industrie (API) et le FondsTunisien pour la Promotion de l'Exportation(FAMEX).

Mme BEN AMARA croit que la femme, quiréussit dans ses activités professionnelles, estune femme capable de réconcilier entre sa vieprofessionnelle et sa vie sociale. "J'aicommencé mes activités professionnelles aprèsavoir eu deux fils. Mon fils aîné avait 7 ansquand j'ai créé mon entreprise en 1991. Monmari m'aidait dans les tâches ménagères, il estd'un grand secours quand je suis à l'étranger, ouquand je rentre tard à la maison. Ces questionsn'étaient pas un obstacle ; c'est pourquoi ma viede famille n'est ni un souci, ni une sourced'inquiétude."

Mme BEN AMARA est membre de la ChambreNationale Tunisienne des Femmes Chefsd'entreprises ; elle préside la chambre régionalede Ben Arous. Elle est aussi membre d'unconseil d'administration et représentante dusecteur agro-alimentaire d'un groupementrégional de la médecine du travail. Elle estadjointe au maire et présidente de lacommission sociale et des affaires de la famille.Elle compte parmi ses loisirs la musique, lalecture, les films documentaires, les motscroisés et les voyages.

Page 17: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

En termes d’importation, la France et l’Italiearrivent en tête avec des taux de réponserespectifs de 12.69% et de 7.61%. Ces derniersreprésentent les pays traditionnellementpartenaires de commerce avec la Tunisie. L’étudea toutefois démontré la présence de nouveauxmarchés ou de marchés d’importation inhabituels,tels que la Chine, l’Inde, la Malaisie et enfin leCanada et la Grèce qui représentent des sourcesd’importation pour seulement 0.51% desrépondantes (cf. tableau 2).

Tableau 2: Principaux pays importateurs vers lesentreprises tunisiennes

En outre, parmi les femmes chefs d’entrepriseinterrogées, une minorité a eu recours à unprogramme gouvernemental d’aide etd’assistance à la création d’entreprise. A titred’exemple, seules 7.9% d’entre elles ont participéau programme du FAMEX (Fonds d’Accès auxMarchés d’Exportation) dans le cadre de lacréation de leur entreprise. Le tableau 3 illustreles résultats relatifs au taux d’adhésion desfemmes, interrogées dans la présente recherche, àl’un des programmes d’aide et d’assistance à lacréation d’entreprises ;

Tableau 3: Adhésion et participation des femmes chefsd'entreprise aux programmes nationaux d'assistance à lacréation d'entreprise

Ces résultats permettent de conclure qu‘une grandemajorité des participantes à cette étude ont eurecours à des sources et moyens de financement,autres que les programmes nationaux dédiés à cetteeffet pour la création de leur entreprise. Un autre constat peut être effectué par rapport à lacertification ISO des entreprises : 87.5% desfemmes chefs d’entreprise interrogées dans cetteétude ne sont pas certifiées, comme en témoignentles résultats du tableau 4 :

Tableau 4: Certification ISO

Ainsi, seules 4.2% d’entre elles disposent déjàd’une certification ISO tandis que 5.2% sont encours d’acquisition de la certification.

IV- L’utilisation de la technologie ausein de l’entreprise

L’étude a révélé un faible niveau d’utilisation destechnologies de l’information et de lacommunication (TIC) dans le milieuprofessionnel, ce qui confirme un constat àl’échelle nationale: la Tunisie dispose certesd’une industrie solide en termes de TICs ayant étépionnière de l'utilisation de l'Internet en Afrique etdans le monde Arabe. Cependant, la Tunisie est enmarge dans ses techniques d’acquisition,d'utilisation et d’exploitation des TICs en tantqu’outil de travail, de marketing et de commerce.On peut citer à ce propos divers paramètres : toutd’abord, le dinar tunisien n’est pas encoreconvertible -les détenteurs de cartes de créditsfaisant exception à cette règle-, l’accès au réseauInternet reste relativement coûteux et difficilepour une grande majorité des Tunisien(ne)s. Cetenvironnement explique pourquoi une fortemajorité des répondantes (82.7% ) ont indiquéque leur entreprise n’est pas dotée d’un site Web(cf. tableau 5), que leur entreprise ne figure pasdans un « Business to Business Marketplace » surInternet (98%) (cf. tableau 6), et enfin qu’ellesn’ont jamais utilisé l’Internet (40%).

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

16

Fréquence

12.69

7.61

4.06

2.54

2.54

1.02

0.51

0.51

0.51

Principaux pays importateurs

France

Italie

Europe

China

Allemagne

Inde

Canada

Grèce

Malaisie

Oui

Non

FAMEX

7.9

92.1

FOPRODEX

4.2

95.8

Autre programmenational

6.8

93.2

Oui

Non

ISO

4.2

95.8

ISO en cours

5.2

94.8

Pas d’ISO

87.5

12.5

Page 18: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Tableau 7: Utilisation de l'équipement technologiquepar les chefs d'entreprises et par les employés sur lelieu de travail

Tableau 5: Taux d'entreprises disposant d'un site Web

Tableau 6: Présence de l'entreprise sur le marché B2Bsur Internet

Néanmoins, l’Internet devient progressivementun outil de travail incontournable à travers laconsultation du courrier électronique ainsi qued’autres communications (50.8%), pouréchanger des documents avec des clients, desfournisseurs et autres ( 33.5% ) et enfin pour larecherche d’opportunités d’affaires (28%).

En termes de l’acquisition et l’utilisationd’autres équipements de travail, 84.8% desrépondantes ont affirmé posséder un téléphoneportable, 54.3% ont un fax et 49.7% d’entreelles disposent d’ordinateurs reliés à un réseaulocal (LAN). Les ordinateurs fixes (tableau 7)sont quant à eux utilisés autant par les employésde bureau que par les chefs d’entreprise(respectivement 52.4% et 57.2%). Par contre, ence qui concerne l’utilisation des ordinateursportables, seuls 4.3% des employés y ont accès,contre 35.3% pour les chefs d’entreprise. Lemême constat peut être effectué en ce quiconcerne l’utilisation des téléphone portables :89.3% des chefs d’entreprise utilisent letéléphone portable, contre 60.4% seulement desemployés.

Fréquence

57.2

35.3

13.4

89.3

57.2

53.5

11.2

52.4

4.3

12.8

60.4

38.0

23.0

11.2

Utilisations de l’équipementtechnologique au sein de

l’entreprise

utilisation d'un ordinateur fixedans l'entreprise par le chefd'entreprise

utilisation d'un ordinateurportable dans l'entreprise par lechef d'entreprise

utilisation d'un système de lignesgroupées dans l'entreprise par lechef d'entreprise

utilisation d'un téléphone portabledans l'entreprise par le chefd'entreprise

utilisation d'un fax dansl'entreprise par le chef d'entreprise

utilisation de l'Internet dansl'entreprise par le chef d'entreprise

utilisation d'un ordinateurconnecté à un réseau local dansl'entreprise par le chef d'entreprise

utilisation d'un ordinateur fixedans l'entreprise par les employés

utilisation d'un ordinateur portabledans l'entreprise par les employés

utilisation d'un système de lignesgroupées dans l'entreprise par lesemployés

utilisation d'un téléphone portabledans l'entreprise par les employés

utilisation d'un fax dansl'entreprise par les employés

utilisation de l'Internet dansl'entreprise par les employés

utilisation d'un ordinateurconnecté à un réseau local dansl'entreprise par les employés

Valid oui

non

Total

Missing systéme

TOTAL

33

163

196

1

197

16,7

82,7

98,4

1,6

100,0

16,8

83,2

100,0

16,8

100,0

TOTAL Fréquence PourcentagePourcentage

validePourcentage

cumulé

Valid oui

non

Total

Missing systéme

TOTAL

17

176

193

4

197

8,6

89,3

98,0

2,0

100,0

8,8

91,2

100,0

8,8

100,0

TOTAL Fréquence PourcentagePourcentage

validePourcentage

cumulé

Page 19: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

18

source de financement externe, 36% desrépondantes ont indiqué que les taux d'intérêtétaient trop élevés. Seules 20% ont déclaré n'avoirrencontré aucune difficulté. En termes definancement octroyé à l'entreprise, 46.7% desrépondantes ont déclaré avoir obtenu un créditbancaire sous forme de prêt ou de ligne de crédit,tandis que 50.8% affirment n‘avoir entaméaucune démarche de demande de crédit.

Une grande majorité des femmes interrogées ontrefusé de dévoiler le montant des crédits qui ontété octroyés à leur entreprise ; parmi les

répondantes, 27% ont précisé que le montant sesituait entre 5,000 et 9,999 dinars et entre 10,000et 24,999 dinars.

66.50% des répondantes ne comptent pasrechercher un financement externe pour couvrirdes frais tels que la gestion des salaires, le fond deroulement, ou l'acquisition d'une autre entrepriseau cours des deux prochaines années. En ce quiconcerne les projets d'extension à de nouveauxmarchés, 23% des répondantes indiquent qu’ilexiste une forte probabilité qu’elles puissentprocéder à un tel projet, tandis qu'il est "peut êtreprobable" pour 30% d'entre elles de recourir

V- Les types et les sources de financement

Afin de répondre à leur besoin en capital durantles 12 derniers mois, 20.3% des répondantes ontdéclaré ne pas avoir cherché de sources definancement externe, 23% d'entre elles ontrecherché un financement à travers une banquecommerciale ou une banque d'affaires, et 25.9%ont financé leur besoin en capital en réinvestissantles gains de l'entreprise.

En réponse à la question posée sur la difficulté àlaquelle elles ont été confrontées au courant desannées précédentes au cours de la recherche d’une

La nature de l’équipement acquis parl’entreprise dépend des secteurs d’activités danslesquels opèrent les répondantes. Par example,les femmes qui opèrent dans des boutiques, danscertains services ou activités artisanales nenécessitent pas d’équipement aussi élaboré pourassurer la bonne marche de leur activité.

En termes de préférences, il semble que lamarque HP soit la marque la plus courammentutilisée au sein des entreprises gérées par lesfemmes interrogées, (cf. figure1).

Figure 1: Préférences pour l'équipement technologique en termes de marque

Page 20: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

La question de savoir à quelles organisations etassociations professionnelles elles sont affiliées, aproduit les réponses suivantes : 13.7% associationprofessionnelle, 8.6% chambre de commercemixte, 7.11% Chambre de Commerce Tunisienne,9.6% CNFCE (Chambre Nationale des FemmesChefs d’Entreprises), 4.6% fédération sectorielle,d’autres organisations incluant le CJD (Centre desJeunes Dirigeants, pour des propriétairesd’entreprises de moins de 40 ans) et l’UNFT(l’Union Nationale des Femmes Tunisiennes, uneorganisation générale pour les femmes).

VI- Les besoins et attentes des femmeschefs d’entreprise, en termes de formation

Un certain nombre de propositions ont étésoumises par les répondantes en matière de typede formation (couvrant divers aspects de lagestion d’entreprise) à envisager. Le tableau 8, enprésente les résultats:

Tableau 8: Domaines de formations proposés

19

à un financement externe pour ce faire. Comptetenu du fait que, près de 49% des répondantes ontdéclaré vouloir s'étendre à de nouveaux marchés,on pourrait conclure que ces entreprises ontplanifié leurs efforts pour s'étendre à d'autresmarchés.

Lorsque les femmes interrogées recherchent desconseils pour prendre des décisions stratégiquesimportantes, la plupart d’entre elles déclarent setourner davantage vers leur époux ou un autremembre de leur famille impliqué dansl'entreprise, un conseiller financier ou uncomptable, avant de se tourner vers un directeurou un employé clef au sein de leur entreprise.Cela peut s’expliquer par la structure desentreprises tunisiennes qui pour la plupart, sontdes entreprises familiales.

Outre le fait de vouloir en savoir davantage surl’utilité d’être impliquées dans les questions àcaractère politique et les actions desensibilisation, les répondantes estiment que lesactions suivantes peuvent leur être d'une grandeaide : rencontrer régulièrement d’autres femmeschefs d’entreprise à travers le pays afin departager les idées et les expériences vécues ;suivre une formation autour du thème de lagestion financière, de la gestion d’entreprise et duleadership ; être sensibilisées à l’utilisation de latechnologie et son impact sur la croissance d’uneentreprise ; et en savoir plus sur les moyensd’accéder à de nouveaux marchés, nationaux ouinternationaux.

Il est également ressorti de l’étude, que lesparticipantes seraient intéressées parl’organisation de missions vers d’autres pays dansle but de rencontrer d’autres femmes chefsd’entreprise ainsi que leurs organisations et ce,afin d’améliorer le développement et le succès deleurs propres entreprises.

Il est par ailleurs intéressant de souligner qu’iln’existe pas de différence significative entrefemmes et hommes au sein des entreprises enTunisie, et que ni le statut marital, ni la nationalitédes répondantes n’ont eu d’influence surl’emploi. Il convient toutefois de noter que la plusgrande majorité des répondantes (96.45%) sont denationalité tunisienne.

Fréquence

34.6

33.0

33.0

29.8

27.2

26.7

21.8

21.5

11.5

2.6

Domaines de formationsproposés

formations supplémentaires enmarketing

formations supplémentaires enrelations publiques

formations supplémentaires encommunication relationnelle

formations supplémentaires enanglais des affaires ou autreslangues

formations supplémentaires enstratégie d'innovation des produits

formations supplémentaires enpublicité

formations supplémentaires dansles procédures de commerceinternational

formations supplémentaires dansles stratégies d'exportation

formations supplémentaires envision stratégique

formations supplémentaires enInformatique

Page 21: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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"l'idée a commencé quand jeme suis mariée et que j'aivoulu construire ma propremaison, la meubler etconcevoir ses propreséléments moi-même."

Elle en est encore à ses débuts, mais sesambitions sont grandes. Avec chaque morceauqu'elle fait, il y a une histoire entière tissée pardes doigts tunisiens créateurs. Elle essaye detransmettre par ses travaux la meilleure imagesur son pays, ses spécificités et son patrimoineculturel.

Mme Héla CHADI dirige une entreprise dans ledomaine de l'artisanat et se spécialise dans laconception de linge de maison, d’éléments dedécoration, d’accessoires de cuisine en tissu -tels que serviettes, nappes, gants de four etpaniers de pain- des cadres de photo, des cartespersonnalisées et beaucoup d'autres articlesdont nous avons besoin dans notre viequotidienne. Elle a un atelier où 4 jeunes fillestravaillent à plein temps : 2 d’entre elles font dela broderie, et les deux autres la couture. Elle arecours au travail de quatre fillessupplémentaires lorsque le besoin se présente. Elle conçoit et crée ses propres pièces etmodèles, les brode elle-même ou demande àl'une de ses assistantes de le faire. Le résultatfinal est un ensemble de cuisine ou de chambreà coucher à offrir comme cadeau. Le matérielqu'elle emploie est le coton tunisien pur, quenous appelons "Maltais" connu pour son tissudur et sa résistance aux détergents.

Mme CHADI parle de son expérience : "J’aiobtenu mon diplôme en sciences économiqueset en relations internationales en 1998. J'aicommencé alors à travailler dans une entreprised'entretien et de rénovation spécialisée dans la

restauration et le réaménagement des hôtelsdans le but de les revendre. C'est ainsi que jesuis entrée en contact avec la rénovation et ladécoration. J'ai travaillé avec des ingénieursdesigners et des décorateurs. Je contrôlais etsuivais l'exécution des conceptions."

Cette expérience l'a amenée à se renseignerdavantage sur la décoration, et ce à travers deslivres et des magasines spécialisés, et plusparticulièrement sur la décoration d'intérieurdes maisons andalouses. En 2002, elle a changéde travail et a occupé le poste de directricemarketing pour une nouvelle entreprisespécialisée dans les produits de beauté, et elleétait responsable de l'unité d'emballage. Cetteexpérience lui a permis d’approfondir sesconnaissances dans le domaine par le biaisd’une formation en planification assistée parordinateur (PAO).

"Quand je me suis mariée, j'attendais avecimpatience de construire ma propre maison etde la décorer moi-même, dit-elle. "J'ai conçu unensemble d'éléments de linge de maison et dedécoration qui ont plu aux mes membres de mafamille. Ceux-ci m'ont alors conseillé de lesproduire et de les vendre. J'ai travaillé pendant5 ans pour économiser de l'argent pour financermon entreprise dans la mesure où je ne voulaispas avoir à solliciter des prêts dés le départ."

L’entreprise vend ses produits essentiellementsur le marché local, dans les hôtels et dans lesrégions fréquemment visitées par des étrangerssensibles à ces types de produits artisanaux.Elle essaye, de temps à autres d'exportercertains de ses produits par le biais departicipations à des foires internationales qui setiennent en Suisse, Algérie et en Italie, où elle aréussi à commercialiser ses produits.

L'entreprise de Mme CHADI oeuvre dans ledomaine du "commerce de foire", ce qui lui apermis de collaborer avec un réseau belge quiopère avec un grand nombre de magasinseuropéens qui vendent les produits des usines

Mme Hela CHADI,Tunisia

Directrice générale deSOCADECO spécialisé en

articles d'artisanat.

Page 22: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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qui s'engagent à respecter le droit du travail telque le non emploi des femmes à bas prix etl’interdiction de faire travailler les enfants.Saisir cette opportunité a augmenté ses chancesd'exporter ses produits vers beaucoup de payseuropéens. C'est dans cette perspective qu’ellemise sur les Nouvelles Technologies del'Information et de la Communication, etqu’elle est en cours de création de son propresite Web.

Mme CHADI considère que les femmesouvrières sont plus actives que les hommes.Elle achète elle-même les matières premièresdont elle a besoin, conçoit et produit sescréation elle-même, contrôle leur qualité, lesvend, et gère toutes les affaires administrativeset la comptabilité de son entreprise. Parailleurs, elle fait de son mieux pour participer àtoutes les foires d’exposition, qu’elle considèrecomme le meilleur moyen de promouvoir, àtravers ses produits, l'image de son pays.

"Je me considère charismatique autant dansmon travail que dans ma vie quotidienne.Depuis ma toute jeune enfance, j'ai eu lecourage et la capacité de réaliser mes plans etmes rêves. Aujourd'hui, à travers mes produitstraditionnels, je donne le meilleur de moi-même pour faire connaître le patrimoine demon pays dans le monde entier. Cela fait partiede ma culture et de mon identité. Si nous nesauvons pas nos spécificités, nous ne sauveronsjamais notre identité. Ce sentiment s’intensifieà chacune de mes participations aux foires àl'étranger."

Par ailleurs, elle souligne quelques difficultésqu'elle rencontre dans la commercialisation deses produits. De plus, elle est préoccupée par lacondition sociale de ses ouvrières qui sont enâge de se marier, et par conséquent fait de sonmieux pour les aider. Ajouté à cela, labureaucratie et la livraison des produits à tempsconstitue un défi majeur pour la bonne gestionde son activité. Le marché tunisien est en effettrès limité et la capacité tunisienne d'achat est

faible. Par conséquent, l'avenir de l'entrepriseest basé sur les exportations. C'est pourquoiMme CHADI est à la quête d’opportunités departenariat à l'étranger.

"Outre mes activités professionnelles, j'aiadhéré cette année à la chambre nationale desfemmes chefs d'entreprises. J'assiste à toutes lesréunions qui sont pour moi une occasion derencontrer d’autres femmes tunisiennes chefsd'entreprises, de connaître leurs difficultés etdéfis, et d'échanger conseils et informationsutiles en rapport avec le marketing et lesexportations."

Elle a participé l'année dernière au programmeafricain des femmes exportatrices " Success" enintervenant à des ateliers sur la politique detarification pour l'exportation, les techniquesd'affichage sur l'emballage et l'empaquetage.Elle leur a enseigné comment mieux connaîtreles marchés étrangers et ajuster les prix avecleurs conditions , et comment évaluer le coût. Atravers le fonds tunisien pour la promotion desexportations, FAMEX, elle a participé à unplan canadien qui dispense des cours surl'accomplissement du succès dans les foiresétrangères pour les femmes qui voudraientréussir.

"Les femmes doivent tout d'abord préserver lescaractéristiques spécifiques de leurs produits.Elles doivent croire en ce qu'elles font, et nedoivent pas rester passives face aux obstacles.Cependant il est important qu'elles soientprudentes et diplomates dans certains cas. Lavie est une lutte permanente."

Mme Héla CHADI a 33 ans. Elle est mariée.Elle pratique le sport et aime les animaux. Ellerêve de sa propre réserve animale pour offrir unrefuge à tous les animaux de compagniemaltraités.

Page 23: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

Il ressort de ces résultats que les compétences àrenforcer des femmes chefs d’entreprise, sesituent prioritairement en marketing, encommunication et en relations publiques ( 34.6%,33%, et 33% respectivement), et ce afin degarantir un exercice efficace de leur activité.

Avec un taux de 29.8%, les langues représententle second domaine pour lequel une formationserait souhaitée. En revanche, seules 2.8% desrépondantes estiment qu’il leur est nécessaire dese perfectionner en Informatique.

Pour ce qui est de la nature et la fréquencesouhaitée pour ces formations (cf. tableau 9), ilapparaît qu’une formation périodique (52.6%)serait la mieux adaptée aux besoins desrépondantes.

Tableau 9: Frequences de formations

VII- Les défis et les obstacles rencontréspar les femmes dans le cadre del’exercice de leur activité

Une liste de réponses possibles a été proposée auxrépondantes afin d’identifier les domaines et lessituations considérés comme étant les plusproblématiques et les plus simples à gérer en tantque femme et ceux pour lesquels être une femmene fait aucune différence.

Plus de la moitié des réponses formuléespenchaient vers «aucune différence» à l’exceptionde la réponse «équilibrer la vie professionnelleavec la vie familiale». Cette exception peut êtreexpliquée par la situation des femmes en Tunisie,similaire à d’autres pays du monde où les femmesdoivent gérer à la fois leurs entreprises et leursfamilles avec peu d’aide de la part de leurs époux.Les propositions ayant reçu le taux le plus élevé

sur la réponse « aucune différence » sont : l’accèsau capital (72.5%), être membre de réseauxformels tels que les associations professionnelles,être respectée en tant que chef d’entreprise (66%),travailler avec les clients (57.8%), diriger unpersonnel féminin (55%), diriger un personnelmâle (57%) et des faits ayant trait à la sécuritépersonnelle (58%).

Il est intéressant de noter qu’outre le défi quereprésente l’équilibre de la vie professionnelleavec la vie familiale, la gestion des pots-de-vin etla corruption dans le cadre de l’entreprisereprésente le seul autre défi pour les répondantesen tant que femmes.

La plupart ont généralement indiqué que le faitd’être une femme n’avait aucune incidence surleurs fonctions (55.33%) ou représentait unavantage (35%). Seuls 7% ont indiqué que c’étaitun inconvénient.

VIII- Informations générales concernantles femmes et leurs entreprises

61% des répondantes sont âgées de moins de 44ans, et sont donc relativement jeunes. Ce tauxpeut être interprété comme un indicateur de lamotivation entrepreunariale de la femmetunisienne, et de sa volonté de faire partie de lacommunauté des chefs d’entreprise, tout en laconciliant avec sa vie de famille. Il apparaît ainsique la majorité des répondantes estiment que lefait de devoir gérer des responsabilités en tant quechefs d’entreprise n’exclut pas le fait d’avoir unevie de famille (72% des femmes interrogées sontmariées et plus de la moitié (52%) ont plus dedeux enfants).

Pour ce qui est du niveau d’éducation (en Tunisie,l’enseignement est obligatoire et gratuit aussi bienpour les garçons que pour les filles, jusqu’auniveau universitaire), la majorité des femmeschefs d’entreprise qui ont rempli le questionnairedétiennent un diplôme universitaire (55%) et 20%d’entre elles ont mené à terme leurs étudessecondaires ou post-secondaires.

Enfin, en ce qui concerne la localisation desentreprises des répondantes, la majorité (48.7%)est située dans la région du grand Tunis (Tunis,

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Fréquence

34.6

33.0

33.0

Fréquences de formations

Formation périodique : exemple 1/2journée par semaine pendant 2 mois.

Formation intensive : exemple 3 – 5jours consécutifs.

Formation autonome : exempleformation e-learning sur Internet.

Page 24: Les Femmes Chefs d'Entreprises en Tunisie

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

l’Ariana, Ben Arous), suivie de Sousse (16.8%) etSfax (12.2%). Par ailleurs, 83.2% des répondantesaffirment ne pas gérer leurs entreprises à partir deleur domicile. La taille de l’entreprise est mesuréeà partir des réponses relatives au chiffre d’affaireannuel réalisé: 93.4% des répondantes réalisentun chiffre d’affaire annuel de moins de 499,999dinars et près de la moitié (44%) mentionnent unchiffre d’affaires de moins de 49,999 dinars.

Conclusion:

La présente étude a été conduite en vue d’acquérirune meilleure compréhension des défis rencontréspar les femmes chefs d’entreprises en Tunisieainsi que leurs profils et contributions àl’économie nationale. Dans la mesure où l’études’est focalisée sur les femmes chefs d’entreprisequi opèrent dans les principales régions de laTunisie, et compte tenu du temps limité quirestreint le terrain de l’étude, cette dernière n’apas permis d’avoir une vision complète de laréalité nationale. Afin d’en avoir une vue pluscomplète, il est suggéré d’étendre l’étude à unéchantillon plus large et plus diversifié sur le plangéographique.

Les femmes chefs d’entreprise interrogéespeuvent être décrites comme étant jeunes, d’unniveau d’instruction élevé, ayant une vie familialeactive et opérant essentiellement dans la région dugrand Tunis. Elles sont relativement optimistespar rapport à l’avenir de l’économie nationaleainsi que par rapport à celui de leur propreentreprise.

Les principales préoccupations exprimées danscette étude et qui doivent être prises en compte envue d’appuyer les femmes chefs d’entreprisesincluent :

la crainte de la concurrence étrangère et lacompétitivité de leurs entreprisestrouver et garder de bons employésles coûts élevés des services publicsles lois qui entravent la croissance del’entreprisel’amélioration du niveau de compétences engestionl’extension à de nouveaux marchés, y comprissur le plan international

les fonds ou les schémas de crédits pour lespetites entreprises

Il existe toutefois, un élément important qui auraitmérité davantage d’attention afin de mieuxrépondre aux préoccupations exprimées par lesfemmes chefs d’entreprise interrogées, qui n’ahélas pas été analysé en profondeur dans le cadrede cette étude. Il s’agit des Technologies del’Information et de la Communication. Face à lasignature des accords de Libre Echange de laTunisie qui entreront en vigueur en 2008,beaucoup plus d’efforts devraient être consentispour non seulement promouvoir l’utilisation del’Internet en tant que moyen de compétitivité etd’accumulation d’intelligence stratégique, maiségalement en tant qu’outil indispensable dans uneperspective d’ouverture sur les marchés étrangerset la promotion de partenariats internationaux. Enplus des campagnes de formation et de promotionvisant à sensibiliser les chefs d’entreprise auxavantages que procurent les Technologies del’Information et de la Communication (les TICs),de meilleurs aménagements et infrastructures, desoffres de services de mise à jour plus nombreuseset plus larges ainsi que des prix plus compétitifspourraient être proposés, non seulement auxentreprises ayant l’intention d’internationaliserleurs activités mais également pour les PMElocales.

Enfin, les femmes chefs d’entreprise en Tunisiesemblent être orientées vers une stratégie demaîtrise des coûts et de gestion des tâchesquotidiennes. Etant souvent débordées par desactivités opérationnelles, elles ne sont pastoujours au fait de certaines actions stratégiquespouvant les aider à développer leurs activités(accès au capital, accès à des marchés étrangers etla technologie). Leur crainte manifeste de laconcurrence peut être tempérée en renforçant leurniveau de confiance en leurs capacités à traversdes formations spécialisées leur permettantd’acquérir, d’une part, davantage d’assurance etde développement personnel, mais égalementdans les domaines du management stratégique, ducommerce international et du marketing. Cetobjectif peut également être réalisé grâce audéveloppement d’une vision stratégique active, etd'une connaissance des affaires chez ces femmes,afin qu’elles puissent

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obtenir davantage de recul sur leurs activitésquotidiennes, trouver les solutions adéquates auxproblèmes qui se présentent et comprendre le rôlede l’innovation dans la réalisation du succès del’entreprise.

Recommandations :

Aux Organismes de Soutien :

La nécessité de s'investir avec méthode dansl'obtention d'une base de données fiable desfemmes chefs d'entreprise en Tunisie, et définir cequ'on entend par femmes chefs d'entreprise.

Aider les femmes chefs d'entreprise à travailler enréseau, afin de favoriser les échangesd’expériences, de savoir faire et de conseil, ainsique les possibilités de partenariat.

Encourager la formation de groupements d’intérêtcommuns féminins pour consolider les efforts envue de la promotion des produits compétitifs dequalité et répondant aux normes internationales.

Sensibiliser davantage à la nécessité de formerles femmes chefs d’entreprise à déléguer lestâches quotidiennes, à mieux gérer leur temps età se consacrer à l’innovation et à la recherche departenariats pour pouvoir survivre dans uneéconomie internationale en mouvement perpétuel.

Développer la formation dans tous les secteurs(management moderne, coaching, PNL , bonnegouvernance, marketing, logistique, Internet,informatique, commerce international, langues...)vitaux pour le développement de l’entreprise etl’utilisation de moyens de communicationmodernes.

Mettre l’accent sur la formation à l’utilisation del’Internet et la vulgarisation de l'utilisation del'outil informatique afin que les femmes chefsd'entreprise soient à la hauteur des défis de lamondialisation.

Développer la microfinance pour les femmes quiopèrent dans le secteur informel ; les encadrer etles soutenir afin qu’elles puissent développerleurs entreprises et éventuellement se hisser dansle secteur formel de l’économie.

Mener une étude exhaustive à plus grande échelle,couvrant l’intégralité du territoire national estindispensable pour mieux comprendre lacomposition du tissu entreprenarial féminin,l’appuyer, l’assister afin de minimiser au mieuxses carences pour affronter les prochainesopportunités du marché international.

Atteindre toutes les régions de la Tunisie, afin derépondre aux besoins des femmes entrepreneuresen dehors de la capitale. Ceci peut se faire àtravers le renforcement des capacités des bureauxde représentation de la CNFCE dans les régions,en leur donnant accès aux outils indispensablespour améliorer leur activité (ordinateurs,technologies de communications et del’information..).

Créer des sites Internet de promotion des produits del'artisanat haut de gamme. Le marché existe, maisces artisans ne disposent pas de moyens pour créerleur propres sites web. Ceci permettra de regrouperles produits de plusieurs artisans sur un seul site afinde le rentabiliser et d’en minimiser les coûts.

Aux Décideurs Politiques ;

La vulgarisation des mesures de soutien àl'entreprise et d'encouragement à l'investissementet à l'exportation tels que FAMEX, FOPRODEX,CEPEX, PMI, etc., auprès des femmes chefsd'entreprise.

Améliorer l’accès de la femme chef d'entreprise àl'information qui lui est indispensable dans leprocessus du développement de son entreprise,par rapport aux formations, aux différentesformes de crédits, aux différentes mesuresd'encouragement qui lui sont disponibles, ou toutsimplement à l'information économique.

Aux Institutions Financières :

La mise en place des sources de financementadéquates, ainsi qu’une meilleure écoute desbanques sont nécessaires pour soutenirl'entreprise dans sa lutte pour la compétitivité,dans le cadre de la concurrence forte des produits« made in China » et la volonté de venir à bout dela sous capitalisation des PMEs qui entrave leurdéveloppement.

LES FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES EN TUNISIE

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Société Financière Internationale

2121 Pennsylvania Avenue, NWWashington, DC 20433, USA

Email: [email protected] internet: www.ifc.org/GEM

Centre de la Femme Arabe pour laFormation et la Recherche

B.P. 105, 1003 Cité el Khadra, Tunis,TunisieEmail: [email protected] internet: www.cawtar.org