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Concert n°14

25 juin 2014

Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims

10€

Adrien Boisseau /alto

Gaspard Dehaene /pianomercredi 20h

Les Flâneries Musicales sont disponibles sur :

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Robert SCHuMANN (1810-1856) : Märchenbilder, op.113Pas vite en ré mineur / Vif en fa majeur / Rapide en ré mineur / Lent avec une expression mélancolique, en ré mineur

FRANz SCHuBERT (1797-1828) : Sonate en la mineur, D.821 pour arpeggione et pianoAllegro moderato / Adagio en mi majeur / Allegretto en la majeur

Robert SCHuMANN : Phantasiestücke op.73Tendre et avec expression, en la mineur / Vif et léger, en la majeur Vite et avec feu, en la majeur

Johannes BRAHMS (1833-1897) : 1ère sonate pour alto et piano en fa mineur, op.120Allegro appasionato en fa majeur / Andante, un poco adagio, en la majeur / Allegretto grazioso en la bémol majeur / Vivace en fa majeur

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Responsable de publication Joëlle Damery, Déléguée Générale des Flâneries Musicales de Reims. Tirage 250 exemplaires.

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Entretien avec Adrien Boisseau

Elu « Jeune artiste de l’année » par le jury de l’International Classical Music Award et Révélation classique de l’Adami en 2014, Adrien Boisseau, 23 ans, fait partie des meilleurs altistes de sa génération. Un artiste à découvrir en duo avec le pianiste Gaspard Dehaene, autre talent à suivre, dans un programme virtuose consacré au romantisme allemand.

Que représente pour vous le romantisme allemand ?Adrien Boisseau : C’est vraiment mon répertoire de prédilection. J’éprouve de profondes affinités pour les compositeurs romantiques allemands, de Schumann à Brahms, jusqu’au romantisme plus tardif de Mahler. La puissance émotionnelle et l’intensité passionnée qui émanent de leurs œuvres nous renvoient, en miroir, à nos propres émotions.

Quelles sont les caractéristiques des œuvres de Schumann que vous allez interpréter ?Adrien Boisseau : Les quatre Märchenbilder sont des pièces à l’imagination florissante, inspirées de l’imagerie des contes, qui illustrent avec force l’attrait de Schumann pour le merveilleux, la poésie, le fantastique. Il s‘agit d’une musique extrêmement narrative, au caractère très contrasté. La troisième pièce par exemple est empreinte d’un climat très inquiétant, une suite en avant effrénée qui rappelle le Roi des Aulnes de Schubert avec son ostinato répétitif. A contrario, le quatrième mouvement est empli d’une grande douceur qui évoque une berceuse, un conte plein de tendresse. Dans ces pièces, écrites pour l’alto, Schumann exploite à merveille tous les registres de l’instrument, de la rondeur et la profondeur des graves jusqu’à la stridence des aigus.

La Phantasiestücke, par contre, a été écrite à l’origine pour la clarinette ?Adrien Boisseau : La tessiture de la clarinette est assez proche de celle de l’alto, notamment dans les hauteurs. Toute la difficulté est de réussir à trouver un son particulier et d’exploiter le registre grave de l’instrument pour accompagner la progression d’intensité et des tempos.

Comment abordez-vous à l’alto la célèbre Sonate Arpeggione de Schubert, généralement exécutée au violoncelle ?Adrien Boisseau : Si l’étendue de l’arpeggione correspond au registre du violoncelle, la partition englobe aussi le discours de l’alto, moyennant quelques arrangements dans les graves. Cette sonate d’une grande virtuosité présente des

caractères très diversifiés avec un premier mouvement assez tragique dans une tonalité en la mineur très sombre, un adagio plus proche des Schubertiades avec un climat intime et recueilli et enfin un troisième mouvement, davantage ancré dans le style populaire des danses hongroises, qui rappelle la musique viennoise du XVIIIe. J’ai voulu rompre ici avec la tradition de jouer lentement et apporter une nouvelle vigueur rythmique pour retrouver l’aspect diabolique et tumultueux de ces danses en accentuant les contrastes.

Et quelle est votre approche de la Sonate de Brahms ?Adrien Boisseau : C’est également une sonate écrite à l’origine pour la clarinette mais transcrite pour d’autres instruments avec la bénédiction de Brahms.Cette œuvre, très proche de l’esprit schubertien, permet d’exploiter toutes les couleurs de l’alto et d’exprimer une large palette de sentiments, de la profondeur pleine d’intériorité du magnifique mouvement lent à l’énergie douloureuse de l’allegro. J’aime imaginer cette œuvre comme l’ultime confession intime d’un Brahms très âgé qui contemple le bilan de sa vie. Dans ces pages d’une beauté désespérée, il livre une vision sombre, empreinte de mélancolie et de passion, qui porte en elle l’âme tourmentée de la musique romantique.

Avez-vous un projet de disque ?Adrien Boisseau : Je vais enregistrer en juillet un programme consacré à Schumann avec les Märchenbilder, la Phantasiestücke, les Romances ainsi que la première sonate pour violon, avec Gaspard Dehaene au piano et un clarinettiste.

Vous avez déjà travaillé avec de nombreux grands orchestres. Quels sont les chefs qui vous ont le plus marqué ?Adrien Boisseau : Je garde un excellent souvenir de ma collaboration avec José Maria Florencio, maestro d’origine brésilienne et altiste de formation, à la tête du Polish Sinfonia Iuventus Orchestra à Varsovie.

J’ai été également très impressionné par le jeune chef polonais Krzysztof Urbanski lors de mon concert avec le Deutsches Symphonie Orchester à Berlin. Considéré comme un des chefs les plus prometteurs de sa génération, il commence une carrière fulgurante à la direction du Philharmonique de Berlin et fait partie de ces maestros capables d’écouter, d’aiguiller et d’anticiper l’intuition musicale.

Quels sont vos rendez-vous à venir ?Adrien Boisseau : Avec les Révélations classiques de l’Adami, nous allons donner le premier concert de

la promotion 2014 au Festival de Prades le 3 août avant d’enregistrer un album. Je vais également me produire dans différents festivals en France cet été, à Arcachon le 24 juillet, à Deauville le 6 août avec Lise Berthaud et à Nîmes les 22 et 23 août lors d’une carte blanche à Olivier Charlier. Nous avons aussi plusieurs projets avec Gaspard Dehaene pour poursuivre notre collaboration en duo, une formation un peu à part dans la musique de chambre qui ouvre de nombreux horizons à explorer.

Propos recueillis par Anne de La Giraudière

Biographies

Adrien Boisseau, alto

Né en 1991, Adrien Boisseau est admis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 2006 et enrichit, parallèlement, sa formation au Mozarteum de Salzbourg. Lauréat de nombreux concours internationaux (FMAJI en 2008, concours Max Rostal à Berlin 2009, Concours International de Tokyo en mai 2012), il vient de remporter le Prix « Jeune Artiste de l’année 2014 » décerné par ICMA (International Classical Music Award), qui réunit les meilleurs spécialistes de musique classique européens. Au cours de la saison 2007-2008, Adrien Boisseau a été reçu à l’Académie de l’orchestre Philharmonique de Radio France. Il se produit alors sous la direction de chefs prestigieux tels que Manfred Honeck, Myun Whun Chung ou encore Kazushi Ono. Passionné aussi par la musique contemporaine, il a joué sous la direction de Pierre Boulez et interprété une œuvre pour alto et électronique à l’IRCAM. En mars 2011, il a fait ses grands débuts à la Philharmonie de Berlin avec le Deutsches Symphonie Orchester. Il s’est également produit avec les plus grands orchestres tels Ostinato, Solistes de Zagreb, Les Siècles, Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra, etc. En 2013, Adrien Boisseau a brillamment remporté le 2e Prix du Concours international d’alto Yuri Bashmet à Moscou. Il est par ailleurs Lauréat 2012 de la Fondation Banque Populaire et artiste résident à la Fondation Singer-Polignac, à Paris.

Gaspard Dehaene, piano

Né le 19 mai 1987, Gaspard Dehaene est admis au CNSM de Paris où il obtient son Master mention Très Bien en mai 2012. Depuis, il étudie au Mozarteum de Salzbourg tout en poursuivant une activité de concerts. Lauréat de plusieurs concours internationaux (Concours d’Ile de France, de Mayenne, 2e Prix du Concours international des jeunes pianistes de San Sebastian en Espagne, Grand Prix du concours international Alain Marinaro...), il a reçu en 2013 le Prix Annecy Classic Festival au Concours Piano Campus, ainsi qu’une mention spéciale pour l’interprétation de la pièce Une page d’éphéméride de Pierre Boulez, pièce qu’il a créée en 2008 sous les conseils du compositeur. En 2013, Gaspard Dehaene a donné de nombreux concerts en soliste (Salle Cortot-Paris) ou en musique de chambre avec, entre autres, l’altiste Adrien Boisseau.Dans le domaine discographique, Gaspard Dehaene a enregistré un CD Satie (Mirare) auprès d’autres interprètes dont Anne Quéffélec, sa mère. En 2012, avec l’aide de la Fondation Meyer, il a enregistré avec Adrien Boisseau (alto) des œuvres de Hindemith, Milhaud et Leo Smit puis en 2013 les Sonates pour violon et piano de Roussel avec la violoniste Anne-Lise Durantel (Polymnie).

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