Les Fluctuations Économiques (Cours)

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    1/22

    CHAP 3COMMENT EXPLIQUER LINSTABILITE DE LA CROISSANCE?

    3.1COMMENT EXPLIQUER LES FLUCTUATIONS ECONOMIQUES ?

    Introduction :

    1. La croissance conomique nest pas rgulire . A une priode dexpansion succde une priode de

    rcession voire mme de dpression comme lors de la crise de 1929. Ces fluctuationssemblent tre unecaractristique fondamentale de la croissance conomique.

    2. Les cycles conomiques ont t observs par les conomistes depuis le XIX sicle . Depuis les 20dernires annes, les crises se sont succdes et, en 2008, les Etats Unis et sur tout la zone euro sontentrs en rcession cause de la crise des subprimes. Les crises financires, bancaires, conomiques,et la crise de la dette souveraine en Europe menacent de plonger le monde dans la dpression. On peutdonc sinterroger sur les causes des variations du rythme de la croissance. Certains mettent en avant lerle des chocs, cest--dire des modifications imprvues, positives ou ngatives, qui sexercent sur lademande. Quel est limpact de la croissance des pays mergents sur la hausse des exportations des paysdvelopps ? Quel est limpact de la hausse des prix du ptrole sur la demande globale?...

    3. Dautres mettent laccent sur le rle des chocs doffre. Quels sont les effets des innovationssur la hausseou la baisse de la croissance ? Une baisse des cots salariauxunitaires peut-elle provoquer un choc decomptitivit et augmenter la croissance potentielle dun pays? Une hausse des cots nergtiques peut-elle compromettre, temporairement ou durablement, la croissance ?

    4. Dautres, enfin, souligne le rle des cycles du crditdans une conomie qui sest largement financiarise.Lexpansion du crdit bancaire et des liquidits est-elle favorable la croissance ? Ne risque-telle pas deprovoquer une hausse excessive des prix et des bulles financires et immobilires ? A contrario, unrationnement du crdit ne conduit-il pas une baisse excessive de la production qui engendre chmage,baisse des salaires rels et dflation ?

    5. Aprs avoir mis en vidence les fluctuations et les crises, nous essaierons de les expliquer puis nous nousinterrogerons sur les politiques conomiques de lutte contre linstabilit et sur leur efficacit, notammentdans la zone euro.

    ALa croissance conomique saccompagne de fluctuations

    a)Linstabilit de la croissance

    1. Lconomie est tout dabord marqu par des tendances longues( Trend ). Cela peut tre des tendancesirrversibles : ce sont les mouvements lourds que l'volution conomique et sociale ne peut contrer queponctuellement. Il s'agit de mouvements quantitatifs (augmentation de la population, augmentation de laproduction) et structurels (urbanisation). Mais cela peut tre aussi des mouvements rversibles : il s'agit demouvements rcurrents d'expansion et de dclin comme l'volution des prix, de l'emploi, des sourcesd'nergie et des productions dominantes.

    Lvolution du trend de croissancede lconomie franaise(Taux de croissance annuel moyen en %)

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    2/22

    2. De ce point de vue, la croissancecorrespond une augmentation durable et long terme du volume de laproduction. Le trend de croissancecorrespond la pente ou la tendance long terme de la croissance.Entre 1960 et 1974, le PIB franais a augment de 5,5% par an en moyenne. Depuis 1974, il na plusaugment que de 2% par an en moyenne.

    3. On peut donc observer deux grandes tendances pour la croissance franaise que lon retrouve dans laplupart des pays avancs :

    La croissance baisse au cours du temps, ce qui ne veut pas dire que le PIB baisse mais quil augmente demoins en moins rapidement : 5,2% par an en moyenne pendant la priode 1960-1974, + 2,2% par an enmoyenne pour les vingt annes suivantes et + 1,5% par an en moyenne pour la priode 1994-2011.

    La croissance du PIB varie court terme de faon plus ou moins cycliques avec des phases :

    D'expansion: phase du cycle caractrise par une acclration du rythme de la croissance qui setraduit par une hausse du taux de croissance. La production augmente de plus en plus vite (exemple : + 4,5% en 1961, + 6,9% en 1962) et dpasse le sentier de croissance (trend).

    De ralentissement : le rythme de croissance dclre et le taux de croissance diminue. Laproduction continue daugmenter mais de moins en moins vite(exemple : + 4% en 1978, + 3,2%en 1979, + 1,8% en 1980 en France). Il y a une baisse de la croissance mais pas de la production.

    De rcession qui se dfinit par une contraction de la production d'un pays pendant au moins deuxtrimestres conscutifs(exemple : en 1974, en 1993 et en 2009 en France). Le taux de croissance

    est ngatif et la production recule. La dpression suppose une chute de la production forte etdurable(la crise de 1929 par exemple) qui saccompagne dune dflation(baisse des prix et dessalaires).

    Taux de croissance du PIB franais en volume (en %)

    4. La croissance effective est instable: des priodes de croissance soutenue (expansion), succdent despriodes de forts ralentissements, voire de recul de lactivit productive pendant une priode plus ou moins

    longue (rcessionou dpression).

    Au sens strict, le terme de crise dsigne le point de retournement la baisse de lactivit conomique.La rcession survient lorsque la croissance conomique est ngative pendant au moins 6 mois conscutifsou deux trimestres. Lorsque la baisse de la production se prolonge, par exemple sur plusieurs annes, onassiste un phnomne de dpression conomique (La crise de 1929, la crise de 2009).

    Au sens large, il dsigne lensemble de la priode au cours de laquelle lactivit est dprime, le chmagelev, etc. La crise se termine alors grce la reprise.

    5. On appelle fluctuations conomiqueslensemble des mouvements de ralentissement ou dacclration durythme de la croissance conomique. Le reprage des fluctuations sopre grce des sries statistiques(annuelles, trimestrielles, mensuelles) qui portent sur le volume de la production, les prix, le chmage, leniveau des stocks, les carnets de commande des entreprises, etc. (par exemple en France les enqutes

    de conjoncture ralises par lInsee).

    Expansion

    RalentissementRcession

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    3/22

    Les phases des fluctuations conomiques

    b)Peut-on parler de cycles conomiques ?

    1. Au XIXme sicle et au dbut du XXme, les conomistes sintressent beaucoup aux cyclesconomiques, car lconomie est rythme cette poque, de faon perceptible par une alternance assezrgulire de phases dexpansion et de phases de ralentissementponctues par des crises qui reviennent intervalle assez rgulier. Les cycles conomiques sont des fluctuations plus ou moins rgulires, defrquences relativement priodiques et d'amplitude plus ou moins fixes de l'activit conomique . Les

    fluctuations cycliques sont, thoriquement, telles que le graphique des indicateurs retenus (Taux decroissance du PIB, taux dinflation, courbe du chmage etc.) en fonction du temps ait une alluresinusodale.

    Les fluctuations de la croissance franaise (en % - chelle de droite)

    2. Schumpeter dans Business cycles (Les cycles des affaires - 1939) a abouti une classification des

    cycles. Il prtend que 3 cycles se superposent et expliquent pour l'essentiel l'volution de la conjoncture :les cycles courts, les cycles moyens, dits cycles Juglar, les cycles longs, ou cycles kondratiev :

    Les cycles courts mineurs, dits aussi cycles de Kitchin, du nom du statisticien Joseph Kitchin, durent 3 4 ans (environ 40 mois). Ils sont dus aux variations des stocks des entreprises. En priode decroissance, les entreprises augmentent leur production pour rpondre la demande mais ellesconstituent aussi des stocks. En priode de rcession, elles rduisent leur production et dstockent, cequi accentue le ralentissement de l'activit.

    Les cycles moyens, galement appels cycles des affaires ou cycles Juglar, ont t mis en videncepar l'conomiste franais Clment Juglar. Essentiellement lis aux variations de linvestissement, ilsont une dure de sept huit ans et comportent quatre phases : expansion, crise, rcession et/oudpression et reprise.

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    4/22

    Cycle court et cycle des stocks en Europe (A) Cycle moyen et cycle des investissements (B)

    Les cycles longs ou cycles Kondratiev, d'une priodicit de 40 60 ans, prsentent une phase ascendantependant laquelle les prix, la production, et l'emploi augmentent et une phase descendante pendant laquelleces indicateurs baissent. Pour Schumpeter, chaque cycle s'explique par l'introduction d'innovations

    majeures(machine vapeur, automobile....) qui apparaissent par grappes entranant dans un premiertemps une phase d'expansion. Une fois ces innovations diffuses dans lensemblede lconomie, leur effetdynamique spuise et on entre dans une phase de ralentissement prolong jusqu que de nouvellesinnovations provoquent le phnomne de destruction cratrice et la reprise de la croissance.

    Cycle des innovations de procds et cycles Kondratiev

    Les cycles longs kondratiev : Evolution des prix la consommation amricain (Base 100 = 1970) et courbe idale ducycle

    3. Schumpeter considrait que ces cycles taient lis entre eux et que leur superposition provoquait les crisesles plus graves(un Kondratiev tait gal 6 Juglar et 12 Kitchin). Ainsi, la crise de 1929,retournementdun cycle de kondratiev et dun cycle de Juglar, fut la crise la plus profonde connue. Aprs une priode

    dexpansion sans prcdent, la crise clate aux Etats-Unis (krach boursier, crise bancaire, criseconomique) et se rpand en occident. Les productions baissent de 30 40%, le taux de chmage atteint27% de la population active aux USA ! La dpression est accentue par le recours au protectionnisme etpar des politiques dflationnistes. Pour sortir de la crise, le capitalisme devra tre totalement modifi aprsla guerre (dveloppement de lEtat Providence).

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    5/22

    4. Cependant, la priode des Trente glorieuses, a pu faire croire la disparition des cycles. Lconomie despays dvelopps tant de plus en plus tertiaire, elle serait moins soumise aux cycles industriels des stocks,des investissements et des innovations. Pourtant, avec la succession des crises financires de 1987(Krach des marchs financiers), de 1994 (Crise mexicaine), de 1997 (Crise des conomies asiatiques), de2001 (Krach boursier) et de 2008 (Crise des subprimes), lide du retour des cycles est devenu unsujet dtude pour les conomistes. Les cycles conomiques seraient plus lis aux crises financires.

    c)Fluctuations, croissance effective et croissance potentielle

    1. La croissance potentiellese dfinit comme la croissance qui rsulte de la combinaison de l'offredes facteursde production : capital, travail et progrs technique. Autrement dit, il sagit de la croissance maximale quepeut obtenir un pays lorsquil mobilise tous ses facteurs de production (population active, quipement,productivit) sans dclencher de linflation. Les projections de croissance potentielle reposent sur deshypothses qui refltent les tendances passes observes (elles ne constituent donc pas des prvisions) de3 dimensions :

    La croissance de la population active occupequi dpend de la croissance dmographique, cest--direde la croissance naturelle de la population (naissance dcs) et du solde migratoire (immigration migration), et du taux demploi de la population en ge de travailler.

    La croissance du stock de capital fixe dpend du rythme des investissements (achat de nouveauxquipements durables, de nouveaux btiments et de nouveaux logiciels) et du rythme de lusure et delobsolescence du capital fixe (dprciation ou consommation du capital fixe).

    Lvolution du progrs technique, mesure par celle de la productivit globale des facteurs, dpend

    principalement du rythme des innovations.

    Compte tenu de lvolution passe de ces trois dimensions, la croissance potentielle de la France nedevrait pas dpasser les 1,5% par an entre 2008 et 2015.

    2. La croissance effective correspond la croissance rellement obtenue par le pays. Elle dpendessentiellement des variations de la demande globalequi comprend :

    La consommation finale des mnages, cest--dire tous les achats de biens et de services oprs parles mnages lexception du logement,qui dpend de lvolution du pouvoir dachat des mnages et deleur propension consommer (part du revenu disponible quils consacrent la consommation).

    La consommation finale des administrations, cest--dire tous les achats de lEtat qui ne sont pasconsidrs comme des investissements, qui dpend des dcisions de lEtat en matire dvolution desdpenses publiques.

    Linvestissement en capital fixedes entreprises, des mnages et des administrations publiques, cest--dire lachat de biens dquipement durables, de btiments et de logiciels, qui dpendde lvolution de lademande, des profits raliss et anticips et de leur capacit les financer.

    Les exportations qui correspondent la demande adresse aux pays par des non-rsidents et quidpendent de la comptitivit des produits nationaux vis--vis des produits trangers et de la croissancedu pouvoir dachat des non-rsidents.

    De la variation des stocks: un stockage profite laugmentation de la production, un dstockagecontribue son ralentissement.

    Les facteurs qui conditionnent loffre de produits

    Les facteurs qui conditionnent la demande de produits

    Facteur

    travail

    Progrstechnique

    Facteurcapital

    Croissance potentielle

    Croissance effective

    Variation de laconsommation

    Variation delinvestissement

    Variation du soldeextrieur

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    6/22

    3. Lanalyse des fluctuations conomiques repose notamment sur ltude des diffrences entre la croissanceeffective(celle qui est mesure au cours dune priode donne) et la croissance potentielle(celle qui peuttre obtenue en mobilisant tous les facteurs de production). La croissance conomique potentielle estvalue par le taux de croissance du PIB potentiel, cest--dire du PIB maximal qui pourrait tre ralisgrce la pleine utilisation des facteurs de production disponibles. Le PIB potentiel est donc unevaluation de la production maximale quil serait possible de ral iser sans tensions inflationnistes ; cestune mesure des capacits doffre de lconomie.

    Les effets des variations de la croissance effective vis--vis de la croissance potentielle

    Lorsque la croissance effective est suprieure la croissance potentielle, cela conduit des tensionsinflationnistes (on parle de surchauffe) car la demande, alimente par une expansion des crdits, etdonc de la cration montaire, augmente plus vite que loffre (les capacits de production mettent dutemps se mettre en place, les travailleurs qualifis peuvent tre en nombre insuffisant). La demande

    tant suprieure loffre de produits, les prix augmentent de faon durable et cumu lative, ce qui est ladfinition de linflation.

    Lorsque la croissance effective est infrieure la croissance potentielle, on assiste une monte duchmagecar le niveau de production est insuffisant pour employer tous ceux qui recherchent activementun emploi. Les capacits de production sont alors sous-employes. Loffre de produits tant suprieure la demande, les prix vont diminuer (dflation) ou augmenter moins vite (dsinflation).

    En 1958, A.W. Phillips prsente sa courbe qui dcrit une relation inverse entre inflation et chmage. Ilobserve une corrlation ngative entre chmage et croissance des salaires nominaux au Royaume-Uni de1861 1957. Si lon considre la croissance des salaires comme linflation, lon peut dire que quand lechmage tait faible, linflation tait forte et quand le chmage tait lev, linflation tait faible.

    La courbe de Phillips aux Etats-Unis 1960-1969)

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    7/22

    1. Lcart( gap en anglais) entre croissance effective et croissance potentielle permet donc dapprhenderlinstabilit de la croissance. A court terme, la croissance effective oscille autour de la croissancepotentielle la faveur des cycles conomiques. long terme, on suppose dans lanalyse no-classiqueque le PIB revient vers son niveau potentiel du fait de lajustement des diffrents marchs. Ainsi, enFrance, Le PIB a fluctu autour de son potentiel de 1999 2007. La rcession se traduit par undcrochage assez fort entre le PIB potentiel et le PIB effectif, engendrant un gap ngatif ou un dficitdactivit (ou cart de production ngatif) lev. Ce dficit se rduirait, autour de 3,0 points en 2015 (titre de comparaison, aprs la rcession de 1993, lcart de production stait surtout rduit partir de1998, avec une croissance moyenne du PIB de 3,5 % entre 1998 et 2000).

    PIB effectif et PIB potentiel de la France (En milliards d 2005)

    4. Face une situation o la croissance est insuffisante pour assurer le plein emploi, il convient de dterminersi cela rsulte dune croissance effective infrieure la croissance potentielle (ce qui relve de la politiqueconomique conjoncturelle) ou dune croissance potentielle insuffisante (ce qui relve dune politiqueconomique structurelle).

    Dans le premier cas, lEtat doit pratiquer des plans de relancede la croissance sil faut lutter contre lechmage ou des plans de rigueur qui freinent la croissance et diminuent linflation. En stimulant lademande globale, les responsables politiques peuvent choisir un point de la courbe de Phillipscaractris par une inflation suprieure et un chmage infrieur ou inversement, en contractant lademande globale, choisir un point caractris par une inflation infrieure et un chmage suprieur. Lapolitique conjoncturelle arbitrerait entre une croissance forte pour diminuer le chmage au risque decrer des tensions inflationnistes nuisibles pour lquilibre du commerce extrieur et une croissanceplus faible provoquant du chmage pour ralentir la hausse des salaires rels et des prix afin deretrouver un quilibre extrieur.

    Dans le second cas, lEtat doit favoriser laugmentation des facteurs doffre:

    La hausse de la population active occupe tout dabord : hausse du taux demploi des sniors,politique favorable la croissance dmographique...Mais cet impact ne saurait qu'tre transitoire.En effet, le taux d'emploi ne peut augmenter indfiniment, de mme que la dure du travail.Concrtement, le tassement de l'augmentation de la population active pse aujourd'hui surl'volution de la croissance potentielle, malgr les rformes structurelles tendant, notamment, l'allongement de la dure d'activit. Dans ses projections l'horizon 2030, l'OFCE se base surune progression annuelle de la population active limite 0,1 % en moyenne.

    La hausse des investissements matriels et des investissements dans la R&Dpour acclrer leprogrs technique qui augmentera la productivit globale des facteurs. Un investissement soutenuest indispensable pour prparer la croissance de demain, aussi bien en termes de capacits deproduction que de gains de productivit dans le contexte stratgique d'une conomie de la

    connaissance . L'investissement en recherche et dveloppement permettrait de raliserdurablement le point de croissance (celui qui rapprocherait la croissance en France moyenterme de 3 % au lieu de 2 %) qui, avant la crise, avait manqu la France pour concilier le refluxdu chmage avec celui de la dette publique et du dficit extrieur.

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    8/22

    BLes chocs doffre et les chocs de demande

    a)Quest-ce quun choc conomique?

    1. On peut dfinir un choc conomique comme une modification imprvue de loffre et/ou de la demandeagrges. Les chocs sont, dans une large mesure, imprvus et non anticips sur les marchs. Denombreux conomistes utilisent le modle doffre et demande agrges pour expliquer les fluctuationsconomiques de court et moyen terme.

    La courbe doffre agrgemontre la quantit de biens et services que les entreprises produisent et vendent chaque niveau de prix. Loffre agrge repose sur un raisonnement comparable celui qui conduit la

    courbe de Phillips. La croissance de la production entrane des tensions sur les marchs des facteurs(travail et capital) parce que lconomie se rapproche des limites dutilisation des facteurs, donc linflationslve. Loffre agrge est une fonction croissante du taux dinflation.

    Lacourbe de demande agrgemontre la quantit de biens et services que les mnages, les entrepriseset ltat dsirent acheter chaque niveau de prix. La demande agrge est une fonction dcroissante duniveau des prix. La diminution du taux dinflation augmente la demande en conomie ouverte parce quelleamliore la comptitivit prix, et sur le plan intrieur parce quelle augmente le pouvoir dachat desmnages et leur richesse relle (effet Pigou)

    Selon ce modle le niveau des prix et des quantits sajustent de faon quilibrer, au niveaumacroconomique, loffre et la demande.

    2. Lorsquune des composantes de la demande globale adresse aux producteurs se modifie, on parle de

    choc de demande . Les chocs doffre sont des variations des conditions de la production. Ilsdcoulent notamment de la productivit ou des cots de production. Parfois, ils ont une incidence sur loffreet la demande en mme temps.

    3. Les chocs sont positifslorsquils se traduisent par une acclration de la croissance court ou long terme.Ils peuvent tre ngatifslorsquils provoquent un ralentissement de la croissancevoire une rcession.Leschocs conjoncturels ont des consquences sur la production, les prix et lemploi. Les conomistesconsidrent que ces consquences disparaissent plus ou moins rapidement en fonction du degr deflexibilit des marchs. Pour certains cependant ils peuvent laisser des traces durables (effet dhystrse). Ainsi, la crise de 2009 a durablement affect la croissance potentielle car elle sest traduite par un net reculdes investissements et des dpenses de recherche ainsi quune hausse du chmage structurel qui vonthandicaper la croissance future. Les prvisionnistes pensent que la croissance effective ne rejoindra lacroissance potentielle quen 2017!

    4. Les chocs peuvent avoir une origine endogne(une dvaluation de la monnaie, par exemple) ou exogne(une guerre, un tremblement de terre, par exemple) un pays. Les chocs sont symtriques lorsquilssexercent en mme temps sur plusieurs pays la fois. Ils sont asymtriques lorsque leur incidence nesexerce que sur un certain nombre de pays dune zone conomique.

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    9/22

    b)Les chocs doffre

    1. Un choc doffreest uneperturbation imprvue de lactivit conomique lie une variation brutale de lasituation conomique des offreurs, notamment de leurs cots de production ou de leur niveau deproductivit. Les chocs doffrepeuvent tre ngatifs ou positifs.

    2. Les chocs doffre ngatifssont causs gnralement par une hausse du cot des matires premires (leschocs ptroliers de 1973-1975 et de 1979-1981), par des augmentations de salaires suprieures aux gainsde productivit (milieu des annes 1970) ou par un alourdissement de la fiscalit des entreprises. Une

    guerre, un tremblement de terre, un accident nuclaire, etc. peuvent galement causer des chocs doffreexognes.

    Un choc doffre ngatif se traduit par une augmentation des cots de productiondes entreprises, cequi conduit, sur un march concurrentiel, llimination des entreprises marginales (celles dont le cotde production est suprieur au prix du march), une baisse de la rentabilit des autres entreprisesqui vont moins investir ce qui va provoquer une diminution de la production et de lemploi (monte duchmage). Ainsi, le prix du baril de ptrole est pass de 3,5 dollars dbut 1973 140 dollars en juillet2008 et a ainsi t multipli par 40. En termes rels, sa hausse a t beaucoup plus faible, son prixpour un mnage amricain na t multipli que par 7,5 et par moins de 6 pour un mnage franais quia bnfici de lapprciation rcente de leuro et pour lequel le niveau rel maximum atteint en 2008tait peine suprieur celui atteint au dbut des annes quatre-vingt.

    Les prix rels du ptrole (En dollars et en euros constants)

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    10/22

    Sur un march de concurrence imparfaite, la hausse du cot de production va tre rpercute sur lesprix et provoquer de linflation. Do la stagflationqui correspond une coexistence de linflation et duchmage. Cela a t le cas pour le premier choc ptrolier (1973-1975) et pour le second (1979-1981).La multiplication par 2,5 puis par 2 des prix du ptrole ont provoqu en France une inflation deuxchiffres et un net ralentissement de la croissance qui sest traduit par une monte progressive duchmage de masse. La courbe de Phillips semble donc infirme cette poque.

    Les effets macroconomiques des chocs ptroliers sur lconomie franaise

    Un choc doffre ngatif peut avoir des effets plus ou moins durables. Ainsi, le Tsunami au Japon en2011, a dtruit des capacits de production dans les rgions sinistres et a occasionn un dficitd'offre en matire d'lectricit. Il a galement perturb l'conomie nationale et plus largementinternationale, par la rupture de chanes de production mais ce choc a eu des effets limits lannepour la croissance japonaise. En revanche, les chocs ptroliers ont eu des effets durables sur lesconomies des pays dvelopps. Ils se sont traduits par un compromis moins favorable entre inflation

    et chmage. Cest--dire qu lissue deschocs, il faut vivre avec une inflation suprieure pour un tauxde chmage donn, ou un chmage suprieur pour un taux dinflation donn. La courbe de Phillipssest dplace.

    3. Les chocs doffre positifscorrespondent notamment aux chocs technologiques ou chocs de productivit :une ou plusieurs innovations de procd(Le Fordisme, les nouvelles technologies de linformation et de lacommunication (NTIC)) permettent de raliser des gains de productivit et dabaisser les cots deproduction car il faut moins de travail et de capital pour raliser la mme quantit de produits. Cettediminution des cots de production a plusieurs effets positifs :

    Dune part, si les prix restent inchangs, les entreprises vont augmenter leurs profits ce qui va leurpermettre daccrotre leurs investissementsmatriels et immatriels. Loffre de produit va augmenteren quantit et en qualit.

    Dautre part, si les entreprises dcident de diminuer leurs prix, elles vont augmenter leur comptitivitvis--vis de leurs concurrents et accrotre leurs parts de march. Enfin, la baisse des prix devrait

    entraner une hausse de la demande.Dans tous les cas, la croissance va sacclrer.

    Hausse desprix du ptrole

    Hausse des cotsde production

    Baisse des profitset des

    investissements

    Hausse desprix

    Baisse de la

    croissance

    Hausse dessalaires nominaux

    Stagflation

    Hausse du

    chmage

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    11/22

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    12/22

    Les effets dun choc de demande ngatif

    2. Qu'est-ce qui pourrait tre l'origine d'un dplacement de la courbe de demande?

    Des dplacements dus la consommation : un vnement qui conduit une augmentation de lademande des consommateurs un niveau de prix donn (une baisse des taxes, une expansion dumarch financier) engendre un dplacement vers la droite de la courbe de demande agrge. Unvnement qui conduit une diminution de la demande des consommateurs un niveau de prixdonn (une hausse des taxes, une contraction du march financier) engendre un dplacement vers lagauche de la courbe de demande agrge.

    Des dplacements dus l'investissement : un vnement qui conduit les firmes investir plus unniveau de prix donn (une vague d'optimisme, une baisse des taux d'intrt rsultant d'une expansionmontaire) engendre un dplacement vers la droite de la courbe de demande agrge. Un vnementqui conduit les firmes investir moins un niveau de prix donn (une vague de pessimisme, uneaugmentation des taux d'intrt rsultant d'une contraction montaire) engendre un dplacement versla gauche de la courbe de demande agrge.

    Des dplacements dus aux dpenses publiques: une augmentation des dpenses publiques de bienset services un niveau de prix donn (dfense nationale ou construction d'autoroutes) engendre undplacement vers la droite de la courbe de demande agrge. Une diminution des dpensespubliques de biens et services un niveau de prix donn (une rduction du budget de la dfensenationale ou moins d'autoroutes construites) engendre un dplacement vers la gauche de la courbe dedemande agrge.

    Des dplacements dus aux exportations nettes : un vnement qui conduit l'augmentation desexportations nettes un niveau de prix donn (une expansion conomique l'tranger ou unedprciation du taux de change) engendre un dplacement vers la droite de la courbe de demandeagrge. Un vnement qui conduit la diminution des exportations nettes un niveau de prix donn(une rcession ltranger, une augmentation des taux de change) entrane un dplacement vers lagauche.

    3. Au niveau macroconomique, la demande globale est donc gale au PIB.

    PIB = Dpenses de consommation + FBCF+ Variation des stocks + (ExportationsImportations)

    Demande intrieure Demande extrieur

    4. Si la consommation effective des mnages et des administrationsreprsentent plus de 80% du total desdpenses ou du PIB, cest linvestissementqui joue un rle essentiel dans les fluctuations conomiquesmme sil ne pse quun cinquime de la demande totale. En effet, les fluctuations de linvestissement sontbeaucoup plus amples que celles de la consommation :

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    13/22

    Taux de croissance de la FBCF et de la consommation des mnages en France (en %)

    On peut mesurer lacontribution de linvestissement la croissance partir de la formule suivante :

    Contribution de la FBCF la croissance = Variation de la FBCF/PIB de l anne prcdente x 100

    En effet, la FBCF est une composante de la demande au mme titre que la consommation finale, lesexportations et la variation des stocks. Toute hausse de la FBCF a un effet sur laugmentation du PIB quiest mesure en points. La somme de ces points (ceux de la FBCF, ceux de la consommation) nousdonne le taux de croissance du PIB.

    Contributions de la FBCF la croissance du PIB depuis 1950, aux prix de l'anne prcdente(En points de PIB)

    Lecture :Ainsi, en 2011, le 0,08 exprime la contribution la croissance du PIB. Cela se lit en points de PIB.Si on considre que le PIB a augment de 1,7 points, alors 0,08 signifie que l'augmentation del'investissement (FBCF) explique 0,08 point sur les 1,7 points de croissance du PIB, soit 47% de lacroissance du PIB en 2011 [(0,08/1,7) x 100) = 47%]

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    14/22

    Contribution des principaux agrgats la croissance du PIB franais

    Entre 2005 et 2007, l'conomie franaise est en expansion. Le PIB augmente de plus en plus vite enpassant de 1,9% en 2005 2,4% en 2007. Cette croissance effective est soutenue principalementpar les dpenses de consommation des mnages qui reprsentent 1,3 point de croissance en 2007soit 55% de l'augmentation du PIB et par la FBCF dont l'augmentation explique lautre moiti de lacroissance. Cependant, le dficit du commerce extrieur freine cette expansion de prs d'un point.

    A partir de 2007, l'conomie franaise subit un net ralentissement en 2008 et une forte rcession en2009. Le PIB n'augmente pratiquement pas en 2008 et baisse de 3% en 2009. La crise des subprimes , apparue aux Etats-Unis en 2008, se traduit pour la France par une diminution desexportations et une diminution du crdit des banques. En consquence, les entreprises investissentmoins et diminuent leurs stocks. La chute de la FBCF de 10,6% en 2009 explique plus des deux-tiersde la baisse du PIB et le dstockage en est responsable, quant lui, de prs dun tiers. Seule lacroissance des dpenses publiques (plan de relance) empche la production de s'effondrerdavantage. Cependant, la baisse du PIB en 2009 se traduit par une monte du chmage qui va

    accentuer le ralentissement de la consommation des mnages et prolonger la crise.

    En 2011, la croissance de lconomie franaise se maintient : le PIB en euros constants progresse de1,7% en moyenne annuelle, au mme rythme quen 2010. La croissance est soutenue par la demandedes entreprises : leurs dpenses dinvestissementacclrent et, aprs deux annes de dstockage,elles reconstituent leurs stocks. Ces deux lments expliquent la totalit de la croissance effective.Importations et exportations augmentent au mme rythme, si bien que les changes extrieurs sontneutres sur la croissance. En revanche, les dpenses de consommation des mnages progressent dpeine 0,6%, aprs lacclration de 2010. Le pouvoir dachat du revenu disponible brut des mnagescrot un rythme ralenti : lacclration des prix lemporte sur celle des revenus dactivit.

    5. La demande globale peut tre affecte par des chocs positifs, qui conduisent une phase dexpansion.Ces chocs de demande peuvent concerner une ou plusieurs composantes de la demande globale : la

    demande interne (de consommation et/ou dinvestissement) et/ou la demande externe (exportations importations). Ainsi, une brusque augmentation de la consommation des mnages peut tre alimente parune forte hausse du pouvoir dachat ou par une baisse des taux dintrt qui les incite recourir au crdit.De mme, les anticipations positives des entrepreneurs sur la croissance de la demande et des capacitsde productions proche de la saturation peuvent les conduire augmenter leurs investissements. Enfin, laforte croissance des pays mergents peut provoquer une hausse rapide des exportations en direction deces pays.

    Ainsi, court terme, linvestissement agit sur lexpansion. Les keynsiens font de linvestissement lavariable stratgique pour relancer la croissance de la production court terme. Une augmentationautonome de l'investissement va provoquer une hausse de la demande ce qui va pousser lesentreprises produire davantage. Or, toute augmentation de la production se traduit par uneaugmentation des revenus dont une partie va tre consomme. Il va donc y avoir une multiplicationdes dpenses jusquau moment o toutes les machines seront utilises ce qui conduira les entreprises

    acclrer leurs investissements (cf. TD sur le multiplicateur et lacclrateur).

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    15/22

    Le principe du multiplicateur repose sur le principe dun effet revenu : la dpense dun agent engendre unrevenu pour un autre agent qui va lui-mme dpenser, et ainsi de suite . Le supplment de revenu peuttre soit consomm soit pargn et cest cette rpartition donne par la propension marginale consommer, qui dtermine le niveau du multiplicateur dinvestissement. Ainsi, si un mnage dispose dunrevenu de 4000 par mois et consomme 3000 par mois, sa propension moyenne consommerest de75% (3000/4000 x 100) et sa propension moyenne pargner de 25% (1000/4000 x 100). Si ce revenuaugmente de 10% et si ce mnage dcide de consacrer 200 supplmentaire la consommation et 200 lpargne, la propension marginale consommer sera de 50% (200/400 x 100) et la propensionmarginale pargner galement. La propension est dite marginale parce que lon raisonne surlaugmentation du revenu et non sur le revenu total.

    Propension marginale consommer = Hausse de la consommation/Hausse du revenu x 100

    Propension marginale pargner = 1Propension marginale consommer

    Coefficient multiplicateur = k = 1/1 - c = 1/s

    k = multiplicateur c = propension marginale consommer s = propension marginale pargner => s = 1c Le multiplicateur est dautant plus fort que la propension marginale est forte.

    Multiplicateur

    Acclrateur

    Le principe de lacclrateur fonctionne lorsque les capacits de production sont en plein-emploi (tauxd'utilisation voisin de 90% compte-tenu du taux de pannes, dure dutilisation maximale ce qui suppose ledveloppement du travail post : 3 x 8) et si le progrs technique ne modifie pas la productivit ducapital, une augmentation de la demande finale va provoquer une acclration de l'investissement, c'est dire une augmentation de la demande de biens d'quipement trs suprieure l'augmentation de lademande globale(cf. TD sur lacclrateur).

    De mme, le Fordisme a provoqu un choc de demande positif. Pour stabiliser les effectifs salaris, HenryFord va utiliser les gains de productivit dgags par sa mthode de trois faons diffrentes :

    En augmentant les salaires, moins vite cependant, que les gains de productivit. Le Five dollars

    dayfait passer le salaire de deux dollars par jours 5 $ en 1914, 6 $ en 1919 et $ en 1929 ; En diminuant la dure du travail(de 9 h par jour 8 h en 1914) ; En diminuant le prix de sa Ford Tafin de la rendre accessible aux classes populaires. Le temps

    dassemblage de la Ford T est divis par 6 ce qui permet une baisse des cots de productionrpercute dans de vente qui passe de 850 dollars 260 dollars et daugmenter les ventes de 200000 avant 1914 plus dun million en 1920 et 5 millions en 1929.

    Investissement

    autonome

    Hausse de

    la demandeHausse de la

    production

    Hausse des

    revenus

    Hausse de la

    consommation

    Hausse de

    lpargne

    (Fuite)

    Plein emploi

    des capacits

    Hausse de

    la FBCF

    Hausse de

    la demande

    Hausse du

    PIB

    Cration

    demplois

    Hausse des

    revenusHausse de la

    consommationMultiplication

    de la demande

    Acclration

    de la FBCF

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    16/22

    6. Les chocs de demande ngatifsdiminuent ou ralentissent la demande globale et peuvent conduire larcession. Ainsi, la hausse des prix du ptrole, en ponctionnant le pouvoir dachat des mnages et entransfrant des revenus aux pays ptroliers qui ont une faible propension importer, sest traduite par unemoindre croissance de la demande et du PIB. De mme, la forte hausse des taux dintrts rels qui asuivi la dsinflation des annes 1990 a rendu le crdit plus cher et conduit les entrepreneurs diminuerleurs Investissements.

    7. Un choc de demande peut avoir des causes internes au systme conomique ou externe:

    Il peut sagir de chocs exognes. Ainsi, la seconde guerre mondiale a cr pour les Etats-Unis un chocde demande positif. De mme, les politiques de relance, adoptes par la plupart des pays, la suitede la crise de 2008-2009, en augmentant les dpenses publiques ont eu un effet puissant sur lahausse de la demande.

    Il peut sagir de chocs endognes. Ainsi, les variations de linvestissementconstituent une des originesessentielles des chocs de demande du fait de la combinaison des mcanismes de lacclrateuret decelui du multiplicateur qui amplifient les variations de la demande.

    8. Les chocs de demande risquent davoir un impact important sur lactivit conomique, du fait desmcanismes cumulatifsquils peuvent entraner.Ces effets court terme sur la croissancesont dautantplus rduits que la propension pargner et importer des agents conomiques sont leves.

    Hausse des prix

    du ptrole

    Hausse des recettesdexportation Inflation

    Faible propension importer

    Faible croissancedes importations

    Faible croissance dela consommation

    Ponction sur lepouvoir dachat

    Faible croissancede la demande

    Croissance duPIB plus lente

    Fordisme

    Hausse des salairesrels

    Forte propension

    consommer

    Hausse de laconsommation

    Acclration de

    linvestissementHausse de la production de

    biens dquipement

    Hausse de lemploiHausse des revenus

    distribus

    Hausse de lademande

    Effet multiplicateur

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    17/22

    Lorsque la demande ralentit, la production peut seffondrer car les entreprises prfreront entamerleurs stocks plutt que de produire afin de prvenir un ralentissement plus marqu, voire une baissede la demande. La hausse du chmage, la baisse du nombre dheures travailles en gnral risquentalors de contribuer ce ralentissement.

    Inversement, lorsque la hausse de la demande sacclre, les entreprises produiront dautant plusquelles devront reconstituer leurs stocks et que nombre dentre-elles engageront des investissementspour tendre leurs capacits de production. La baisse du chmage et laugmentation du nombredheures travailles peuvent alors contribuer entretenir laugmentation de la demande.

    9. Enfin, chocs doffre et chocs de demande peuvent tre lis et senchainer car un certain nombredlments agissent la fois sur loffre et sur la demande. Cest le cas de linvestissement qui reprsente la fois une hausse des capacits de production (offre) et des achats de biens dquipement durables(demande). Cest le cas des prix ptroliers qui agissent sur les cots de production (offre) et sur le pouvoirdachat des agents conomiques (demande).

    Choc doffre positif Choc doffre ngatif Choc de demande positifChoc de demande

    ngatif

    Une baisse du prix dellectricit pour lesentreprises ;

    De nouveaux ordinateursplus performants ;

    Un ralentissement dessalaires d la monte duchmage (baisse du cotsalarial unitaire) ;

    Une baisse des cotisationssociales ;

    Le lancement de grandstravaux dinfrastructures(gains de productivit)

    Une hausse des taux dintrt(hausse des cotsfinanciers) ;

    Une hausse du prix delnergie et des matirespremires (hausse des cotsde production) ;

    Une baisse du taux dpargnedes mnages ;

    Une hausse des exportations

    vers les pays mergents ;Une politique de relancebudgtaire ;

    Un crdit bancaire plusfacile ;

    Le lancement de grandstravaux dinfrastructures(lemultiplicateur) ;

    Une hausse importante desprestations sociales ;

    Une hausse des taux dintrt(baisse des crdits) ;

    Un ralentissement des

    salaires d la monte duchmage (ralentissement dupouvoir dachat);

    Une hausse du prix delnergie et des matirespremires (baisse du pouvoirdachat);

    Une hausse desimpts (baisse du pouvoirdachat);

    Une forte rcession chez nosclients trangers ;

    CLe cycle du crdit et la dflation par la dette

    a) Le mcanisme du cycle du crdit

    1. Le cycle des affaires est fortement li au comportement des banques qui relchent leurs conditions d'octroide crdit en priode d'expansion et qui les restreignent en priode de rcession : c'est le cycle du crdit. Ilcontribue expliquer le caractre endogne, cest--dire propre au systme capitaliste, de linstabilit de lacroissance. Il existe traditionnellement une synchronisation entre cycle dactivit et cycle du crdit. La trsforte progression du crdit lors des phases ascendantes du cycle ainsi que son retournement brutal lorsdes phases de contraction alimente et amplifie les fluctuations de lactivit. Nous pouvons observer ainsipour les tats-Unis que les phases hautes du cycle du crdit la fin des annes 1980 et des annes 1990concident avec des priodes de forte croissance de lactivit conomique et de progression rapide desprix des actifs financiers et/ou immobiliers. De mme, la rcession du dbut des annes 1990 aux tats-Unis, marque par un krach immobilier, correspond une priode o les volumes de crdits sontsensiblement en dessous de leur niveau normal. Des carts durables des agrgats de crdit par rapport leur tendance de long terme peuvent galement tre identifis pour la zone euro et pour la Chine.

    2. Le recours au crdit dpend en grande partie du taux dintrt . Le taux dintrtpeut se dfinir comme leprix de la monnaie ou des fonds prtables. Il est fix la rencontre de loffre et de la demande de monnaiesur le march montaire (taux dintrt court terme) et de loffre et de la demande de capitaux sur lemarch financier (taux dintrt long terme). Il prsente plusieurs facettes:

    Le taux dintrt reprsente unecharge pour lemprunteur. Cest le cot de lendettement. Ainsi, 100millions deuros emprunts sur 10 ans un taux dintrt de 10% lan va provoquer un remboursementde (100 x 1,110= 259) 259 millions d sur 10 ans.

    Le taux dintrt reprsente unrevenu pour le prteur. Une somme laisse pendant un certain nombredanne un emprunteur (banque, entreprise) va rapporter des intrts composs. Elle va trecapitalise. Cest donc lun des revenus de la banque. Cest aussi un revenu financier pour lesplacements en obligation, livret dpargne

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    18/22

    Le taux dintrt est unemesure approximative de linflation futureestimepar le prteur qui renonce lutilisation de ses capitaux pourun profit dans le futur. Il va donc rclamer un taux dintrt qui couvreau moins linflation anticipe.On y ajoute une prime de risque pour connatre ce que vaut maintenantune somme dans le futur.

    Pour connatre le pouvoir dachat des revenus procurs par lintrt, il faut liminer linflation. On va doncenlever aux intrts affichs (tauxnominal) la hausse des prix pour savoir ce que le prteur a rellementgagn (taux rel). Ainsi, si le taux dintrt nominal est de 5% et que linflation est de 2%, le prteur sestrellement enrichi de 3% sur les sommes places.

    Taux dintrt rel = Taux dintrt nominal Taux dinflation

    Evolution des taux dintrts nominaux et relsen France (en %)

    3. La baisse des taux dintrt nominaux peut tre due trois facteurs:

    Tout dabord, elle peut rsulter dune dmarche volontaire de la Banque centrale qui diminue ses taux

    dintrt directeursafin de faciliter le refinancement des banques et de les encourager rduire leurstaux dintrt. Ceci va permettre de rouvrir le robinet de crdit et de soutenir la croissance de lademande et de la production. Ainsi, la politique de la Banque centrale amricaine, la FED, mene parAlan Greenspan, dans les annes 1990 et au dbut des annes 2000, a favoris la croissanceamricaine et la formation de bulles financires.

    Ensuite, la baisse des taux dintrts sur le march montaire et sur le march obligataire peut rsulterdun excs de liquidits. Si au niveau mondial, loffre de capitaux excde la demande, les taux dintrt court terme et long terme diminuent. Ainsi, lexcdent des balances des paiements chinoise etjaponaise se traduit par une offre de capitaux qui finance bas prix les dficits du commerce extrieuret du budget de lEtat amricain. Les Etats -Unis ont pu ainsi vivre crdit dans les annes 1990 et audbut des annes 2000.

    Enfin, la baisse de linflation a favoris la baisse des taux nominaux . En effet, si les prteurs anticipent

    une faible augmentation des prix dans les annes futures, ils sont prts consentir des taux dintrtsfaibles puisque le risque de perte de pouvoir dachat de la monnaie est faible. La dsinflation amorcedans les annes 1990 a donc favoris la baisse des taux dinflation. En revanche, la lgre repise delinflation dans les annes 2000 a provoqu une baisse des taux dintrt rels.

    4. En consquence, les entreprises, les mnages et lEtat sont incits sendetter pour financer leursdpenses dinvestissement et de consommation. Ils le sont dautant plus que la croissance est forte (leursrevenus et leurs profits vont augmenter) et que leurs actifs immobiliers et financiers prennent de la valeur.En priode dexpansion conomique, surtout si la situation conomique est saine (faible taux dintrt,faible inflation), le paradoxe de la tranquillit (H. Minsky) joue : les agents, qui ont confiance danslavenir et des perspectives denrichissement, sendettent, financent des investissements ou uneconsommation crdit, ce qui dynamise la demande et renforce la croissance donc loptimisme gnral.Les Banques centrales peuvent alimenter cette tendance en fixant des taux dintrt trop bas dans le but

    de soutenir la croissance, tout comme les banques commerciales lorsquelles prtent des agentsconomiques ayant des projets trop risqus (les projets immobiliers en Espagne) ou ntant pas solvables(les pauvres aux Etats-Unis dans le cas des subprimes ). Cette forte croissance des crdits a plusieurseffets :

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    19/22

    Les agents conomiques vont spculer la hausse sur le prix des actifs financiers et immobiliers . Lesprix des actions, des obligations et des maisons vont fortement augmenter. Les agents vont doncprofiter de cet effet richesse positif pour sendetter davantage provoquant le phnomne de lacclrateur financier.

    Une bulle financire va se former. On parle de bulle spculative quand le prix d'un actif s'loigne de savaleur fondamentale , dfinie comme la somme des revenus que cet actif peut rapporter dans lefutur. Au plus fort de la bulle japonaise de la fin des annes 1980, la valeur foncire thorique deTokyo dpassait celle des Etats-Unis. Lorsque les agents ralisent que les actifs concerns sontsurvalus, leur rvaluation fait apparatre la situation de surendettement des agents concerns(entreprises ou mnages) car la valeur de leurs actifs ne leur permet pas dassurer le paiement desintrts et les remboursements.

    Excs de

    liquidits

    Dsinflation Politique montaireexpansive

    Baisse du taux

    dintrt

    Hausse descrdits

    Hausse de laconsommation

    Achat dactifsfinanciers et

    immobiliers

    Hausse de

    linvestissement

    Croissance duPIB

    Hausse du prix

    des actifs

    Effet derichesse

    Spculation,bulle financire

    Surinvestissement

    et surendettement

    Retournementdu cycle

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    20/22

    b) De la crise financire la crise conomique.

    1. Le retournement du cycle va avoir lieu lorsque les taux dintrt tournent la hausse , en particulier du faitdu resserrement montaire des banques qui craignent de ne pas tre rembourses et de la Banquecentrale qui craint linflation. Lendettement qui paraissait soutenable, compte lorsque les taux dintrttaient bas, devient insupportable pour les agents les moins solvables. Les agents vont anticiper la baisseet commencer vendre leurs actifs ce qui va enclencher la baisse des prix. Les mcanismes qui avaientacclr la croissance jouent alors dans le sens dune amplification de la dflation, voire de la dpression.La crise financire va avoir plusieurs effets sur lconomie relle:

    Dune part, les banques, qui subissent linsolvabilit des clients qui elles avaient prt et la perte devaleur des actifs financiers sur lesquels elles avaient spcul pour leur propre compte, vont rarfierfortement leurs crdits. Cest le crdit crunch qui va empcher les mnages et les entreprises demener bien leurs projets de consommation et dinvestissement. Les entreprises ne peuvent plus sefinancer (surtout les PME), elles se restructurent en licenciant ou elles font faillite ce qui entraneleffondrement de la demande globale.

    Leffondrement des crdits au secteur priv

    Dautre part, les agents surendetts sont contraints de vendre leurs actifs financiers et immobiliers ce

    qui acclrent la baisse de leurs prix. Cet effet de richesse ngatif les pousse diminuer leurconsommation, ou repousser plus tard leurs projets dinvestissement et augmenter leur pargnede prcaution. La baisse des prix augmente le poids rel de la dette pour les firmes endettes, lesfaillites se multiplient, ce qui aggrave en retour la situation des banques.

    Effondrement des prix de limmobilier (base 100 = 2002)

    2. Cette diminution de la demande a des effets rcessifs cumulatifs, ce qui correspond la dflation par ladette (I. Fisher) : les agents endetts cherchent se dsendetter, ce qui conduit une diminution de lademande, ce qui entrane une contraction de lactivit qui aggrave la situation des agents endetts etfragilisent davantage le systme bancaire,La dflationcorrespond la baisse des prix, des salaires et de

    la masse montaire. D'aprs I. Fischer, la dflation conduit son tour l'endettement car les agentsconomiques se dsendettent moins vite que les prix ne baissent. La charge relle de la dette augmentedonc : plus les dbiteurs payent, plus leurs dettes augmentent . La dflation est la fois cause etconsquence de la dpressioncomme le montre la crise de 1929 ou la crise qu connu le Japon au dbutdes annes 1990.

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    21/22

    3. Si elle limine les producteurs les moins efficaces, la dflation peut crer les conditions de la reprise . Lachute de linvestissement pendant la dflation rduit la demande de crdits et favorise la baisse des tauxdintrt, tandis que le chmage contribue la diminution des salaires. A un moment, le cot unitaire deproduction est si faible que lactivit des producteurs ayant survcu reprend. Mais cette rgulation par lafaillite (J. Rueff) a fait l'objet d'une vive contestation de la part de J. M. Keynes pour qui seulel'intervention de l'Etat peut permettre un redmarrage de l'activit conomique.

    4. La crise de 2007 est particulire: elle est plus forte et importante que les crises des annes 1970, 80 et 90,et voque la crise de 1929 par son ampleur et son potentiel dflationniste . Le credit crunch , cest--direla contraction violente du crdit, menace nouveau. Enfin la rcession atteint des niveaux non atteintsdepuis la Deuxime Guerre mondiale. Deux causes immdiates sont gnralement avances pour

    expliquer la crise :

    Dune part la titrisation , technique consistant synthtiser des titres divers, notamment decrance, pour en crer dautres. Ce qui a rendu le systme explosif en raison de lopacit des marchsfinanciers (impossibilit de savoir exactement ce quon les banques dans leurs bilans), dun contrleinsuffisant des marchs (par les autorits du fait de la drglementation, mais aussi en raison du rledes agences de notation).

    Et dautre part la politique montaire amricainequi, au coursdes annes 2000, pratique une politiquede taux dintrt bas, ce qui va notamment entraner une forte augmentation de lendettement desmnages amricains, dirig vers la consommation et lachat dimmobilier.

    En 2007, la crise est dclenche par celle des subprimes , les mnages les plus fragilesfinancirement, ayant emprunt pour acheter des biens immobiliers sont incapables de faire face aux

    remboursements, ils sont expulss de leurs maisons et celles-ci sont mises en vente. Ce qui entrane uneffondrement des prix, et qui ne permet pas, du coup, aux banques de se rembourser.

    Cette crise de limmobilier entrane pour les banques la ncessit de faire appel au march montaire pourobtenir des liquidits, ce qui fait augmenter les taux dintrt interbancaires. Par ailleurs de nombreusesbanques sont en grandes difficults, car endettes.

    En octobre 2008 on a un krach boursier, avec une baisse moyenne des bourses mondiales de 40% (onavait dj eu des chutes en juillet-aot 2007). En 1929, le gouvernement avait laiss faire le march,rsultat : des milliers de banque en faillite, celles qui restaient ne pouvaient plus accorder de crdits, lespargnants paniqus qui retiraient leurs dpts ( bank run), do le credit crunch, qui saccompagnedune contraction de la masse montaire, ce qui entrane la dflation. Grce cette exprience, la FED varagir en apportant des milliards de dollars sur le march montaire.

    Mais si le pire est vit momentanment, la rcessionintervient tout de mme en raison de la baisse de laproduction dans certains secteurs (btiment, automobile, quipement mnager). Les tats sont obligsdintervenir massivement dans lconomie, ce qui provoque ou accentue leurs dficits, leur endettement.

    Baisse de la valeurdu patrimoine

    Baisse du prixdes actifs

    Crise bancaire

    Crdit crunch

    Eclatement de labulle financire

    Moindre capacit emprunter

    Hausse delpargne

    Baisse de laconsommation

    Baisse delinvestissement

    Baisse du PIB ethausse du chmage

    Dflation

  • 8/10/2019 Les Fluctuations conomiques (Cours)

    22/22