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Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Les fondements indo-européens de lat. urbem condere Author(s): Jean-Paul Brachet Source: Latomus, T. 63, Fasc. 4 (OCTOBRE-DÉCEMBRE 2004), pp. 825-840 Published by: Societe d’Etudes Latines de Bruxelles Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41544710 . Accessed: 10/06/2014 03:29 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Societe d’Etudes Latines de Bruxelles is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.79.13 on Tue, 10 Jun 2014 03:29:04 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les fondements indo-européens de lat. urbem condere

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Les fondements indo-européens de lat. urbem condereAuthor(s): Jean-Paul BrachetSource: Latomus, T. 63, Fasc. 4 (OCTOBRE-DÉCEMBRE 2004), pp. 825-840Published by: Societe d’Etudes Latines de BruxellesStable URL: http://www.jstor.org/stable/41544710 .

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Les fondements indo-européens de lat. urbem condere

1 . Hitt. warpa dai- et lat. urbem condere. - Le substantif latin urbs a longtemps irrité les spécialistes de linguistique historique en résistant à l'analyse étymolo- gique. Désormais, si l'étymologie de urbs ne fait plus guère de doute ('), l'aspect sémantique et phraséologique mérite encore d'être cerné de plus près. Car ce n'est pas le tout d'expliquer urbs d'un point de vue formel. Le sens de «ville» qu'a acquis ce mot n'est pas hérité, c'est en latin même qu'il s'est mis en place, et c'est donc en cette langue qu'on s'efforcera d'en suivre la genèse. En l'occur- rence, le hittite nous permettra d'éclairer le latin. Il y a en hittite un mot warpa «périmètre, entourage, clôture». Bien que l'écriture du hittite ne laisse pas déter- miner sans équivoque la qualité sourde ou sonore de la labiale, et que le degré vocalique de warpa ne se laisse pas non plus appréhender avec certitude puisque la séquence warp- peut provenir de werP -, worP- ou wfP- (2), la parenté avec lat. urbs paraît la solution la plus vraisemblable. On lira donc /warba/ ou /warbi/. Ce nom warpa est connu principalement par la locution warpa dai-/tiya- «délimiter un périmètre, entourer, encercler». On en a deux occurrences dans les annales du roi Mursili :

KUB XIV 15 III 38 : l-edani kuedanikki warpa tiyaweni nu//war//an//kan katta uwateweni. «Einen (von den beiden Teilen) wollen wir umzingeln und ihn herabführen». KBo V 8 III 15-16 : mãn//kan man ana 'Pittaggatallipit warpa tehhun. «Wenn ich da ausgerechnet den Pittaggatallis hätte umzingeln wollen» (3).

Autre exemple en louvite cunéiforme :

(1) Depuis Della Volpe 1988 et Michiel Driessen 2001. L'aspect formel sera traité plus loin.

(2) Cf. Kimball 1999, p. 162 : hitt. *e > a devant r + es. Le problème est qu'il y a aussi en hitt. un radical verbal warpp- «rub, scrub, twist», que S. Kimball rapproche de lit. viřpti «spin», et fait remonter à *werp~.

(3) Trad, allemandes empruntées à Götze 1933 respectivement p. 54-55 (3e annee du règne de Mursili) et p. 156-157 (21e année du règne) ; commentaire de la locution ibid. p. 237-239. Nous suivons la pratique du CHD en séparant par // les éléments des chaînes de clitiques. [Nous remercions Alice Mouton, ancienne collaboratrice du CHD , qui nous a fait bénéficier de ses conseils pour la lecture des textes hittites. Mais il va de soi que nous sommes seul responsable des interprétations !].

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KUB XXXV 133, II 33-34 : n//at//kan ana dugútul pissiyazzi nu//kan warpa dai nu warpas sér geštin ku7 sippanti (4). «Il le jette dans le récipient (rituel), délimite un périmètre (consacré) et fait une libation de vin doux sur le sol du terrain délimité».

On relève également une expression warpi tiyant- «placé dans un warpa», «enfermé» :

KUB XIII 2 IV 28 : n//at warpi tiyan estu. «Que cela soit placé dans un warpa (= que cela soit mis à l'abri)» (5).

Warpa est un collectif en -a. Bien que le singulier ne soit pas connu, il s'agit selon toute probabilité d'un thème en -a- (6). Warpi est donc un locatif (7), et le warpas de KUB XXXV 133, II est un datif-locatif pluriel. L'expression warpa dai- est en voie de solidification, elle ne signifie plus que «entourer», et elle est relayée par le dénominatif w arpai-, itératif warpisk- «enclore» (8). Dans les deux exemples cités précédemment, le sens global de l'expression warpa dai- est le même, mais les contextes sont différents. Dans KUB XXXV, warpa dai- veut dire «délimiter un périmètre circulaire», en contexte rituel. Dans KUB XIV et КВо V, en contexte militaire, il s'agit ď «encercler». Le datif dénote la personne visée par le procès. Le sens particulier de «enclos» est également attesté, hors de la locution warpa dai -, dans un passage cité par le dictionnaire de Chicago (9) :

KUB XXXI 101, 9-10 : MuŠEN.Hi.A-wa//(n)nas//kan warpi lãêr (10). «They released for us the birds in/from the enclosure (?)».

Quant au sens pris par dai- dans warpa dai -, il est très proche de «faire» : «établir, mettre en place», avec un complément de l'objet effectué , c'est «faire, réaliser» (n).

(4) F. Starke, Die keilschrift-luwischen Texte in Umschrift , Wiesbaden, Harrassowitz, 1985, p. 280. Nous laisserons à plus compétent que nous le soin de rendre raison de la présence de la particule de phrase -kan en combinaison avec warpa dai- deux fois sur trois.

(5) Tiyant est le participe en -nt-, à sens passif, de dai-/tiya- «placer». Il s'agit d'une prescription adressée à des fonctionnaires chargés de surveiller les récoltes ; contexte peu clair. Cf. E. von Schuler, Hethitische Dienstanweisungen für höhere Hof- und Staats- beamte , Graz, 1957 (Archiv für Orientforschung X), p. 51.

(6) Héritier donc de la flexion thématique. Cf. Melchert 1984, p. 157. (7) Cf. Melchert 1984, p. 157. (8) Cf. Tischler 2001, p. 196. Il y a également un verbe warpalai- (warpilai-)

«entourer, enfermer». (9) CHD p. 2, n° 5, s.v. la -, lai- «délier, détacher, relâcher». (10) D'après le CHD , l'exemple provient d'une «letter about birds oracles». (11) On parlera d'objet effectué lorsque le procès provoque l'apparition d'un objet qui

n'existait pas auparavant.

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Nous faisons l'hypothèse que warpa dai- reflète une ancienne collocation *wfbh- dhehr , qui se retrouve également dans lat. urbem (con)dere. Si le syntag- me urbem (con)dere répond bien à warpa dai -, il a le même sens d'origine : «tracer un cercle, délimiter un périmètre». Or les témoignages des Latins ont tou- jours laissé entendre que urbs désignait le périmètre de la cité à venir. La fonda- tion de la ville se confond en effet avec une opération essentielle, le tracé de sa limite (le fameux sillon), qui est circulaire, comme l'indiquent les verbes circu- magere, circumducere et le nom orbis appliqué au périmètre :

Varr., L.L. 5, 143 : oppida condebant in Latio Etrusco ritu multi , id est iunctis bobus, tauro et uacca interiore, aratro circumagebant s ule um (hoc faciebant religionis causa die auspicato). [...] Quare et oppida quae prius e rant circumducta aratro ab orbe et uruo urbes ; et, ideo coloniae nostrae omnes in litteris antiquis scribuntur urbes, quod item conditae ut Roma. Cic., Phil. 2, 102 : tu autem insolentia elatus omni auspiciorum iure turbato Casilinum coloniam deduxisti, quo erat paucis annis ante deducía , ut uexillum tol- leres, ut aratrum circumduceres .

Aux circumagere et circumdare latins répond, chez Plutarque, negieXavveiv :

Vie de Romulus , 1 1, 3 : ó ô ' oíxiOTrjç ¿¡ißakcbv ágórgw xaXxfjv vviv , vjio&vÇaç ôè ßovv äggeva xai 6r¡Xeiav, avròç fièv èjzáyei jregieXavvœv avXaxa ßaOelav toíç тёдцаоь (12).

Avant donc de désigner la «ville», urbs en a désigné le pourtour. Remontons désormais la filière sémantique. Si, dans un rituel hittite ainsi que dans la locu- tion institutionnelle urbem condere , le produit de *wfbh- s'applique à la délimi- tation d'un espace sacré (plus exactement, consacré par les rites appropriés), néanmoins, en hittite, warpa dai- a aussi des emplois profanes. La locution n'est pas spécifiquement religieuse ; seul le référent, l'espace délimité par son péri- mètre, aura ou non, selon les circonstances, un usage religieux. Car ce qui comp- te avant tout, dans la mise en place d'un espace sacré, c'est sa délimitation (13). En hittite, warpa n'a bien sûr jamais désigné la «cité» mais seulement le péri- mètre délimité, l'enclos. On sait que l'indo-européen ne nous a pas laissé de mot pour désigner la «ville», l'agglomération urbaine. Les désignations de la cité proviennent le plus souvent de celles de «l'enceinte» sous toutes ses formes. Les plus connues sont le «remblai de terre» et Г «enclos». Le «remblai» de terre déversée pour faire un mur a produit gr. noXiÇ, d'abord «citadelle», et sk. púram

(12) «Le fondateur, ayant mis à sa charrue un soc d'airain, y attelle un bœuf et une vache, puis les conduit en creusant, sur la ligne circulaire qu'on a tracée, un sillon pro- fond» (trad. R. Flacelière, C.U.F., 1957).

(13) On le voit avec templům et г éfievoç, dérivés d'une racine *tem- «couper, décou- per» qui n'a pas en soi de valeur religieuse.

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(nt.) «Wall, Burg, Stadt» (14). Le groupe de *ghórtos/*ghórdhos «enclos» a donné le nom slave de la «ville» (15). De même, en celtique et germanique, l'ancêtre de angl. town , gaul. -dunum (l6), est un nom de la «clôture» (cf. all. mod. Zaun «clô- ture, barrière») (17). La filiation sémantique, bien qu'elle ne pose pas de réelles difficultés, ne peut cependant pas être mise en évidence dans des textes. S 'agissant de urbs , terme propre au latin, il semble que nous soyons plus chan- ceux, puisqu'on peut reconstituer une filière interne, à partir de *wfbh- dhehr.

2. Fondements syntaxiques et phraséologiques de urbem condere.

2Aé Les syntagmes indo-européens reposant sur *dhehr. - Restituant le syn- tagme sous-jacent à celt. *bardos , Campanile 1980 pose *gwfh2- dhehr «faire des louanges», le «barde» étant celui qui distribue les éloges à ceux qui les méritent, et le blâme aux autres (c'est l'une des fonctions bien connues du poète indo- européen). Le nom du «barde» celtique résulte assurément d'une univerbation ancienne. Le syntagme de base ne se retrouve qu'en indo-iranien, à l'autre bout du domaine indo-européen : sk. giro dhã -, av. garõ dã- (18). Et Campanile rappelle de nombreuses locutions verbales indiennes, voire indo-iraniennes, qui s'appuient sur dhã-. La langue védique a en effet bien développé de telles expressions : vacam dhã- «faire un hymne», matím dhã- «faire un chant», stómam/ukthani dhã- «faire un chant de louange», bhaksám dhã- «faire une liba- tion», adhvarám dhã- «faire un sacrifice», etc. Les syntagmes comportant dheh¡- s'étalent évidemment sur plusieurs générations. Certains sont visiblement de date indo-européenne, comme *gwfh2- dheh,-y d'autres sont propres aux différen- tes langues, mais le schéma est hérité et a été productif. En outre, on retrouve, dans les collocations bâties sur *dheh¡- , les deux orientations sémantiques diver- gentes de la racine : «mettre en place» et «faire, réaliser». Il n'y a pas, en syn- chronie, de passage progressif de l'un à l'autre. «Placer, établir» gouverne un complément de Г objet affecté et appelle normalement un complément de lieu,

(14) Púram est le dérivé thématique du nom-racine pňh (púr -, f.) «Schutzwall, Wall, Mauer», bâti sur la racine *pelhr «verser, déverser» (puis «emplir»). Cf. M. Mayrhofer, Etymologisches Wörterbuch des Altindoarischen , II 12, 1992, s.v. : «vermutlich als "Aufschüttung, aufgeschütteter Wall" zu piparti».

(15) v.sl. gardü, r. górod , etc. Cf. Mallory- Adams 1997 s.v. fence, p. 199 pour les for- mes et les sens.

(16) Bien connu comme deuxième terme de toponymes composés : Lugdunum, Vxellodunum , etc.

(17) Pour ces dénominations, se reporter à Mallory- Adams 1997, aux entrées fort, p. 210-1, wall, p. 628-9, et à Delamarre 2003, p. 154-156 s.v. dunon «fort, citadelle» pour les formes celtiques (gaul. dunum/ôovvov, v.irl. dún , v.bret. din).

(18) On pourrait l'ajouter à la liste faite par Vendryes 1918 des concordances entre les extrémités occidentale et orientale du domaine indo-européen. D'après Campanile, giro bhar- est en sanskrit plus fréquent que giro dhã-.

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«faire» régit un complément de l'objet effectué et exclut tout complément loca- tif. Ce qui est à l'origine de cette dualité de significations a été mis en évidence par Benveniste (19). Dans bien des cas, dhehr signifie «poser une chose qui est appelée à durer», «poser dans l'existence», d'où l'emploi fréquent au sens de «créer», attesté dans le macrocosme, le vocabulaire cosmogonique (créer le monde, le ciel, la terre), et dans le microcosme, le monde des hommes (fonder, créer, établir) (20). Cette scission sémantique est très ancienne, de date indo-euro- péenne. Dans les diverses langues les sens sont souvent séparés (21). C'est pour- quoi nous ne suivons pas les traductions de Campanile 1980 p. 185 qui rend giro dhã- par «porre, stabilire canti di lode», et, plus généralement dhã- par «stabili- re = offre, fare» dans les locutions comparables. Il faut choisir entre «mettre en place» ou «faire». Le sens de dhã - est ici clairement «créatif» («faire, produire»), et le verbe régit un objet effectué. En revanche, dhehr apparaît avec le sens de «placer» dans le célèbre syntagme *kred dhehr «placer sa confiance», véd. šrád dhã -, av. zraz dã-, lat. credere. L' indo-iranien atteste une collocation *mns dhehr, représentée par les locutions verbales gâth. mazdã -, av. récent mqzdã- (22), à laquelle répond le substantif sk. medha- (f.) «sagesse, intelligence, perspicaci- té» (23). Parmi les syntagmes répandus dans plusieurs groupes de langues, on citera l'expression pour «mettre le feu à», véd. agním dhã -, lat. ignem indere (24), ainsi que la locution utilisée pour l'opération de désignation : véd. пата dhã -, av. nãmqm dadãt , gr. ovofia TÍOeoOai/Oelvai, lat. nõmen indere , et hitt. lãman daiš «nomen indidit» (25). Les produits de *dhehr signifient clairement ici «placer» : ignem indere ne veut pas dire «faire du feu» mais «mettre le feu à», et nomen indere est relayé par nomen imponere , ponere «placer, poser» fonction- nant souvent comme le substitut du verbe simple issu de *dhehr , disparu en latin.

2.2. Les produits de dhehr comme verbes supports. - Quelle qu'ait pu en être la solennité originelle dans les syntagmes hérités, l'affaiblissement de la racine

(19) Benveniste 1954, p. 291 op. cit. (20) Cf. également Pinault 1982 passim , surtout p. 23, et Haudry 1977, p. 268-276

pour la syntaxe. (21) En latin, facere est devenu purement «créatif», mais il ne l'a pas toujours été (cf.

certains préfixés, tels praeficere, inficere , afficere, qui conservent le sens de «placer», le déponent proficisci «se mettre en route», la locution plautinienne nomen facere , etc. ; voir Ernout-Meillet, s.v. facere).

(22) Dont le sens est aussi bien «mettre en mémoire» que «avoir en mémoire», cf. Bartholomae, p. 1181.

(23) Mayrhofer, EWAia II 15, 1994 s.v. medha-. On rapprochera encore l'aoriste gr. е-иав-ov (sur lequel a été refait le présent /navdávco).

(24) Attesté une fois, Pl., Mil. 411 : inde ignem in aram. Cette correspondance entre latin et indien a été mise en évidence par Specht 1934-1935. En latin, c'est au contexte religieux qu'est imputable la conservation de la locution.

(25) Etude détaillée de la nomination en indo-européen dans Pinault 1982. Hitt. laman < *nãman par dissimilation.

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dheh¡- en verbe support était inscrit en germe dans ces expressions dont Г élément prédicatif essentiel était le complément d'objet. Cela est vrai non seulement pour la racine sanskrite dhã-, mais aussi, déjà, pour la racine indo-européenne dhehr. «Verbe support» ( Funktionsverb ) désigne, dans un syntagme, un verbe qui n'a plus (ou plus beaucoup) de fonction prédicative et ne fait que porter les marques de temps, aspect, mode, personne, nombre (26). Pour dhehr , racine de sens très général, il n'y a là rien que de très banal. Le véritable élément prédicatif est alors le nom, le verbe se bornant à actualiser le prédicat nominal. Les locutions à verbe support commutent souvent avec un dérivé dénominatif : ir. faire un rêve - rêver, faire un voyage = voyager, faire un (des) bond(s) = bondir (27), etc. En règle générale, le substantif susceptible d'entrer dans un syntagme à verbe sup- port est un nom qui dénote un procès (28), mais ce n'est pas nécessairement le cas. Certains noms, désignant des choses qui se trouvent au cœur d'une activité bien réglée, entrent dans des expressions dont le verbe est de sens très général, et apporte si peu à l'ensemble qu'il tend à se désémantiser. On peut alors parler, en un sens élargi, de verbe support pour des syntagmes qui expriment de façon ana- lytique ce qu'un dénominatif dit de façon synthétique. Citons, en français, /шге V analyse (de), qui coexiste avec analyser, faire le bilan (de), faire Г hypothèse (que), faire le tour (de), qui ne sont pas doublés par des verbes synthétiques. Un verbe «faire» de sens «créatif» devient très facilement support. Il arrive même qu'un verbe de charge sémantique plus lourde soit ravalé au rang de support : tirer une conclusion , tirer un trait, apporter une modification (à), qui double modifier p. ex. (29). Il est des signes indubitables de l'utilisation de dhehr comme verbe support. Ce qui a rendu possible l'univerbation de *kred dhehr en credere

(26) Riegel-Pellat-Rioul 2001, p. 232 : «On appelle verbes supports des verbes comme faire , donner, mettre , etc. qui, à côté de leurs emplois ordinaires, se combinent avec un nom, un adjectif ou un groupe prépositionnel pour construire une forme complexe fonctionnellement équivalente à un verbe». Ces verbes sont la «transposition de noms, d'adjectifs et de groupes prépositionnels dans la catégorie du verbe» (ibid. p. 233).

(27) Etymologiquement, c'est bond qui est tiré de bondir , mais le sentiment linguis- tique synchronique va de bond à bondir .

(28) D'où les commutations toujours possibles avec un dénominatif. Les tournures à verbe support sont prisées de la langue administrative et journalistique en français moder- ne : opérer un repli pour se replier, procéder à un examen pour examiner , mettre en pein- ture pour peindre , etc. Inversement, faire une excursion reste plus usuel que excursionner, mais cauchemarder concurrence faire un cauchemar , et halluciner (figuré) se développe face à avoir des hallucinations. Sont susceptibles de devenir verbes supports, le plus sou- vent, les verbes à charge lexicale faible, tels faire, avoir, mettre en français, ou des sub- stituts de faire pseudo-savants, tels effectuer, opérer, procéder à, etc.

(29) On observe nettement, en français contemporain, un renouvellement des verbes supports sous l'effet de la langue du milieu des médias, mu, semble-t-il, par un souci parfois inopportun d'élégance. Dégager une conclusion concurrence tirer une conclusion, accomplir une révolution remplace faire une révolution , sans parler de effectuer un voyage.

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ou en šraddha , c'est le fait que le groupe était senti comme formant un tout fonc- tionnellement équivalent à un verbe. Si dheh¡- n'était pas devenu verbe support, on ne s'expliquerait pas non plus les nombreux cas de réduction de cette racine à sa consonne initiale dans des formations univerbées. La phonétique n'a été qu'un adjuvant, un catalyseur dans le processus (30). Les formations ancienne- ment univerbées ont parfois donné naissance à de nouvelles racines, p. ex. dans le cas de giro dhã -, qu'on retrouve dans l'impératif gãrdhãya «loue !», lequel suppose le redécoupage d'une racine gürdh- tirée du syntagme de départ (31).

2.3. Condere et indere «verbes supports» en latin. - Dans l'ensemble, le latin a bien conservé les locutions reposant sur *dhehr, puisqu'il a à la fois credere , nõmen indere , ignem indere . Si l'on met à part credere , dont l'univerbation est très ancienne parce que le substantif objet a disparu à l'état libre, le latin a été obligé de recourir aux préverbés en raison de l'absence de verbe simple issu de *JV/z7-. En latin archaïque, l'héritage est assumé par indere et condere. Indere recueille les emplois de *dhehr «placer» ; il indique l'application d'un objet à un autre objet (in-), c'est un verbe triactanciel. Quant à condere , s'il récupère mas- sivement les emplois de type «faire, réaliser», il n'en a pas moins à côté des emplois au sens de «placer, mettre» avec une restriction importante : il s'agit de «mettre <de côté>, mettre <à l'abri>», avec ellipse quasi systématique du com- plément de lieu. De là proviennent les sens bien connus de «engranger, stocker des provisions», «cacher» («mettre <à l'abri des regards>»), «ensevelir, mettre en terre». Le latin a rendu productif l'emploi de condere et a créé de nouvelles locutions : iura/leges condere , carmen/poema condere ou lustrum condere. Témoignant de renouvellements lexicaux, ces locutions se sont développées à partir des syntagmes hérités. On les rencontre dans les domaines politique, rituel, religieux. Iura/leges condere s'apparente à vófiov TiOévat (cf. vo/xoôén/ç), carmen/poema condere à des expressions védiques comme vacam dhã - «faire un hymne», matim dhã- «faire un chant», lustrum condere à bhaksám dhã- «faire une libation», adhvarám dhã- «faire un sacrifice», etc. Ultérieurement, le conde- re «créatif» est relayé par facere ou componere. La distinction entre indere et condere est en gros perpétuée par le couple impone re/compone re ( nomen impo- nere/carmen componere). Mais les choses sont compliquées par l'arrivée de facere (et ses préverbés), et la chaîne du renouvellement formel se met en

(30) Cf. Hackstein 2002, passim. Dans cet article très suggestif, dont le point de départ est une question de phonétique, l'auteur propose d'analyser de nombreux lexèmes de date indo-européenne comme reposant sur d'anciens syntagmes contenant *dhehr. On retien- dra notamment son analyse du propotype de lat. uerbum , got. waurd , all. Wort < germ. *wurda- < *wfdho -, lit. vafdas. On pourrait partir d'un syntagme *werhr dhehr, dont aurait été tiré un substantif thématique *wer(h¡)dh(h¡)o-, connu avec un degré vocalique variable selon les langues.

(31) Cf. Mayrhofer, EWAia, I, 1992, p. 493 s.v. gurdh-.

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marche : p. ex. lustrum condere «accomplir (la cérémonie du) lustrum» est dou- blé dès Caton par lustrum facere (32), puis par le dénominatif lustrare , aboutisse- ment du processus. De la même façon, nomen indere , renouvelé en nomen impo - nere , cède devant nominare (et appellare , d'une tout autre origine). En hittite, warpa dai- est relayé par les dénominatifs warpai-fwarpisk -, ainsi que nous l'avons déjà dit, et lãman dai- est continué par le dénominatif lamniya-. De même, en grec, ovo fia тШеоваь est continué, dès Ylliade, par оуо/лшусо/ òvo/iáÇa) (33).

2.4. *wfbh- dhehr et urbem condere , locutions à verbe support. - La locution warpa dai- équivaut fonctionnellement à un verbe unique, tant au sens de «tra- cer un cercle» qu'au sens de «encercler» ; warpa ne connaît aucune détermina- tion, et rien ne s'insère entre l'objet et le verbe, tous signes de la solidification du groupe. Les syntagmes à verbe support, comme le reste du lexique, étant sou- mis à un renouvellement permanent, si certains, néanmoins, ont été conservés en l'état, c'est qu'ils ont été promus au rang d'expressions phraséologiques, et se sont vu consacrer par des usages institutionnels. Si *ognim dhehr appartenait certainement au vocabulaire courant en indo-européen, ignem indere n'est plus la manière habituelle de dire «mettre le feu à» en latin. C'est un vénérable archaïsme, attesté une seule fois, en contexte rituel. Or, parmi les syntagmes qui nous occupent, et pour nous limiter aux plus connus, nous avons, outre *kred dhehr , l'opération de nomination, qui situe à leur juste place dans le monde les êtres et les choses, l'opération d'allumage, qui s'applique entre autres à des feux sacrés. Nous ajouterons la délimitation d'un espace circulaire, *wçbh- dhehr , qui a eu des usages rituels, comme l'attestent le hittite et le latin. L'intérêt de urbem condere , c'est évidemment la préservation lexicale, comparable à celle de ignem/nomen indere. Autant que nous en puissions juger, seuls latin et hittite ont conservé la collocation *wfbh- dhehr. Que le latin et le hittite aient pu conserver une même locution héritée n'est pas surprenant. De manière générale, le latin a bien préservé les syntagmes qui reposaient sur *dhehr. Quant au hittite, il n'a- vait, jusqu'à présent, livré que Hãman dai-. On pourra maintenant ajouter warpa dai-.

L'une des caractéristiques des locutions à verbe support est d'être peu sus- ceptibles de variations ; en particulier, le substantif noyau ne reçoit pas de déter- minations (34), ou n'en reçoit qu'avec des limitations (35). Or, à l'instar de warpa

(32) De agricultura 141, 3 : lustri faciendi ergo. (33) Ce dernier étant de formation plus récente que le premier. Cf. Pinault 1982, p. 22-

23. (34) C'est aussi une des raisons qui expliquent les univerbations du genre de credere ,

sraddhâ ou mazdâ-. (35) On pense p. ex. à fr. avoir faim/soif : comment les intensifier? Les puristes

recommandent avoir grand faim/soif ' tournure archaïque (antérieure à la généralisation du féminin analogique dans les anciens adjectifs de 2e classe !) et inusitée. Le français oral

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dai -, la locution urbem с onde re est à peu près invariable - elle est surtout connue sous la forme participiale urbs condita - , et elle a, en outre, une capa- cité référentielle limitée. Vrbs a même un statut de quasi-nom propre (36), puisque c'est avant tout la ville fondée par Romulus, et que urbem condere s'ap- plique normalement à la fondation de Rome : ab Vrbe condita , post/ante condi- tam Vrbem. Lorsque urbem condere vise la création d'une autre cité, c'est un transfert d'expression. Par ailleurs, le groupe urbem condere ne connaît norma- lement pas de déterminations. Tout au plus trouve-t-on chez Tite-Live urbem nouam conditam ui et armis (1, 19, 51), qui s'applique certes à Rome, mais témoigne que, à cette époque, urbs avait déjà acquis le sens de «ville». Dans le cas de Vrbs, il faut aller du plus restreint au plus large, du quasi-nom propre au nom commun, et non, à l'inverse, envisager la spécialisation d'un nom de gran- de extension. Tout se joue à partir de urbem condere , locution organiquement liée à Rome à l'origine. On trouve certes des substituts de urbs , Roma , arxy patria , colonia , puis oppidum , ciuitas , mais ces variantes présupposent urbem condere pour être comprises.

2.5. Un dénominatif tiré de la base urb- en latin. - Le rapport du verbe uruare/ urbare avec la famille de urbs paraît difficile à réfuter (37). C'est un verbe archaïque, qui a disparu de l'usage dès nos plus anciens textes. Il a été conservé surtout dans l'évocation de la délimitation du territoire de la cité au moyen du labour rituel :

Dig. 50, 16, 239, 6 : urbs ab urbo appellata est : urbare est aratro definire. Et Varus ait urbum appellari curuaturam aratri, quod in urbe condenda adhiberi solet (38).

Néanmoins, ce verbe a dû s'employer dans la langue commune, si l'on en juge d'après un fragment d'Ennius, dont on ne peut malheureusement pas tirer grand- chose :

dit avoir très faim/soif , car c'est toute la locution avoir faim/soif qui est affectée par l'ad- verbe très , et non pas le substantif objet, au demeurant privé de capacité référentielle.

(36) On peut parler de quasi-nom propre à propos de la lune, la terre, le ciel, la mer, le monde p. ex., qui ont des référents uniques. Le passage au statut de simple nom com- mun est matérialisé, en français, par le remplacement de l'article défini par l'article indé- fini. Mais dans ce cas, on pratique une scission dans une réalité unique en en sélection- nant un aspect, ou en la saisissant à un moment donné (un beau ciel, une mer d'huile , etc.).

(37) Pour la variation b/w , voir plus loin. Pour une étude du nom uruum , qui désigne une pièce de l'araire, la chambige, cf. Brächet à paraître.

(38) Les mss. du Digeste ont bien des formes à b. Que penser de cette graphie : influence du nom urbs , ou variante à occlusive et non à spirante ? On exclura toutefois une graphie fautive due à une prononciation spirante généralisée de w et b , car, même si cela est vrai à l'époque, les textes soignés, littéraires ou juridiques, respectent les graphies classiques.

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Fest., p. 514 L : uruat Ennius in Andromeda significai circumdat, ab eo sulco qui fit in urbe condendo uruo aratri , quae fit forma simillima uncini curuatione buris et dentis , cui praefigitur uomer. Ait autem : circum sese uruat ad pedes a terra quadringentos caput (39).

Vruare signifie ainsi «tracer une urbs» ; il a le même sens que urbem condere. On a donc une équivalence entre une locution à verbe support et un dénomina- tif.

Pour résumer, le groupe urbem condere ne s'est conservé en latin que pour désigner une action rituelle, la délimitation du pourtour de la cité. Puis, par extension, il en est venu à signifier la fondation de la cité elle-même. Le syntag- me urbem condere désigne donc d'abord globalement la fondation de la ville, avant d'être réinterprété : si condere , c'est «établir, fonder», alors urbs , c'est «la ville». Partant, c'est de urbem condere qu'est issu le sens de «ville», sens qui ne préexistait pas à la locution. Bien que l'on ait tendance à expliquer le complexe par le simple, il arrive fréquemment que le simple se soit dégagé a posteriori du complexe. C'est un tel cheminement que nous proposons pour urbs «ville» C40). Par la suite, le syntagme urbem condere a fait école : il a servi de modèle pour la création de locutions telles que gentem condere «créer, fonder une nation», oppidum condere «installer une place forte».

3. Analyse formelle de urbs et formes apparentées.

3.1. Base nominale ou base verbale ? - S'il a indubitablement l'allure d'un nom racine, le mot urbs reste délicat à analyser. Pour la forme, urbs et warpa ne se superposent pas. Melchert 1984 penche pour le degré о dans warpa , parce que c'est le degré vocalique des correspondants tokhariens. Quoi qu'il en soit, est-il indispensable de poser une racine spécifique *werbh-/*w£bh- qui signifierait «enclore», alors qu'aucune forme verbale primaire connue ne repose sur cette racine (4I) ? En effet, dans toutes les langues où la base *у;егЬн-/*щЬи- est attes- tée, les formes verbales sont secondaires, dénominatives. C'est le cas de hitt. warpãi -, itératif warpisk- «enclore», et du verbe tokh. В wãrpã- «entourer», représenté par le participe passé wãwãrpã - (42). Il a été remarqué que tant hitt.

(39) = Vahlen, sc. 117. Skutsch, frg. XLVII (114) p. 94, met caput entre cruces et avoue son impuissance, p. 264 : «I have found no plausible explanation of this fragment».

(40) En ce qui concerne l'analyse formelle, nous rejoignons Michiel Driessen 2001. En revanche, nous sommes en désaccord quant au sens, cet auteur estimant que urbs dési- gne d'abord «an enclosed area for collecting auspices», puis «an inhabited area, a city». Si elle est présente lors de la fondation de la ville réelle, la prise d'auspices est selon nous étrangère à l'histoire du mot urbs , qui renvoie visiblement à un autre rite, celui de la déli- mitation du lieu.

(41) C'est ce que fait Michiel Driessen 2001. (42) Cf. Adams 1999, s.v. , qui rapproche wãrp- de hitt. warpai- «encercler, entourer»,

lat. uerbera , lit. virbas , le tout reposant sur *werbh-/*wfbh~.

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warpãi- que tokh. В wãrpã- continuaient un dénominatif en *-ã- (*-eh2~), ce qui peut être un gage d'ancienneté (43). Or il existe, comme on l'a signalé, un verbe latin uruare/urbare . Ces verbes dénominatifs doublent la locution *wfbh- dhehr, selon le schéma fréquent déjà évoqué.

3.2. La base *w[bh~. - Elle se retrouve dans quantité de désignations du bois souple, de la baguette susceptible de se plier, de se tordre. Le gros des formes se trouve en latin et en balto-slave :

• lat. uerbera «baguettes, verges, fascines», uerbënae «baguettes, brindilles» ; • v.r. virba, r. vérba «Weide, salix» C14), collectif v.sl. vrübije «iréai» (45) ; • lit virbas «rameau, baguette, bâton, verge», diminutif virbalas , lett. virba , viFbs, v.pr. wirbe «id»., lit. virbis , -io «laurier, saule».

Il semble raisonnable de rapprocher urbs, warpa et formes apparentées de ces dénominations du bois souple, destiné à être courbé. Ce rapprochement a été pro- posé par Della Volpe 1988 ; d'après elle, on passerait directement du «bois flexi- ble» à la «clôture [en bois flexible]», puis à la «ville». À notre avis, on ne peut se passer d'une étape intermédiaire, un syntagme *wfbh- dhehr «faire un tracé circulaire, délimiter un périmètre». Latin et hittite ont gardé un syntagme issu de *wfbh- dhehr, mais le latin a restreint l'emploi de urbem condere à l'expression de l'opération essentielle de fondation de la ville, le tracé de son pourtour, et, conséquence de cela, seul le latin a utilisé *w[bh- pour désigner la «ville». Dès lors, on pensera que la base *wfbh- porte la notion de «courbure». Cette base *wfbh- est un élargissement de *wer- «tourner» et «enclore», les deux racines *wr- étant vraisemblablement identiques à l'origine (46). De l'idée de «courbu- re» proviennent celles de «circularité, périmètre, entourage». Est-ce l'abstrait qui provient du concret ou l'inverse : faut-il poser à l'origine l'idée générale de «courbure» ou la désignation du «bois souple» ? Difficile d'être catégorique. Il arrive souvent que ce soient les objets qui incarnent le mieux la notion, les «parangons», qui finissent par en fournir la dénomination (47). Dans le cas qui

(43) Mallory- Adams 1997, s.v. fence, p. 199, *worPo- «enclosure». (44) Cf. Vasmer 1953, p. 184. (45) Cf. Trautmann 1923, p. 360. (46) *wer- «enclore» est un développement sémantique de *wer- «tourner». Le passa-

ge du «tour» au périmètre de délimitation, puis à la clôture, est aisé. Des formes élargies en t existent également et fournissent des prototypes *wftis , w^to/ã, worto/ã. Voir Mallory- Adams 1997, s.v. fence, p. 199 (v.angl. worP «court, courtyard», sk. vfti- «clôture», v.prus. warto «porte», lit. variai «porte, passage», etc.).

(47) Cf. Rastier 1999, p. 114-116. On pense à lat. pecunia «(fortune) en bétail» qui, étant le parangon de la richesse, finit par devenir la dénomination de cette notion. En français, on peut citer gain , initialement «récolte» (sens conservé dans regain ), gagner «récolter», qui ont fini par désigner toute espèce de revenus, le revenu agricole ayant été le revenu par excellence au moyen âge (cf. fr. argotique blé , qui désigne aussi l'argent en

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nous occupe, il est difficile de trancher. L'absence de verbe reposant sur *wfbh- doit logiquement faire penser que la forme nominale est première. Les langues se partagent en trois : celles dans lesquelles les produits de *wfbh- ne s'appli- quent qu'à du bois (le balto-slave), celles où ils désignent «l'entourage, la clô- ture» (tokharien, anatolien), et le latin, langue privilégiée, qui possède les deux séries, urbs d'un côté, uerbera de l'autre. Le latin permet ainsi de faire le lien entre les deux séries issues de *wfbh-.

Pour concilier, du point de vue formel, urbs et les formes en uerb -, les voies suivantes nous paraissent possibles. Pour rendre compte de urb -, on peut évoquer l'évolution directe d'un degré 0 /wrC/ en /urC/, avec samprasãrana. Ce n'est pas la solution la plus probable, car toutes les formes connues supposent une sylla- bation *wfbh-, jamais **мг£л-. Autre possibilité : /wfC/ aboutissant à /wurC/, puisque /CfC/ donne souvent /CurC/ à l'initiale (48). On peut admettre alors, sur- tout en l'absence de motivation forte et d'appartenance à une famille clairement reconnaissable, l'absorption de w dans и subséquent (49). Pour expliquer uerb -, doit-on recourir à un degré plein ? Verbera étant un nom en *-es-/-os -, type genus , - eris , il serait tentant de poser un degré plein *werbh-. On n'a pas, hors du latin, de formes reposant sur *werbh-> mais l'existence du degré plein est postu- lée par les formes verbales tokhariennes. Cela étant, on rappellera que, en latin, une initiale /wjC/ a pu produire /werC/, comme uerbum , uermis, uerres le lais- sent supposer, étant donné leurs répondants (50). Et il est même possible que uruare ait eu un doublet ueruare , d'après Festus :

P.-Fest., p. 515 L : ueruat circumdat.

Si uerb- provient aussi d'un degré 0, alors urb- et uerb- sont des doublets illustrant deux aboutissements phonétiques différents de *wçbh-. La difficulté est

général). Certains secteurs du lexique ont l'air de se prêter mieux que d'autres à ces évo- lutions. C'est encore de cette façon que des noms propres parangons de qualités, de com- portements, etc. deviennent noms communs : un hercule , une égérie , etc.

(48) Cf. Meiser 1998, p. 63 : curtus sur *kwer- «couper», curro sur *kj;se/o -, turma et turba sur *twer-, surdus sur *swer~.

(49) Ce fait est fréquent, et même normal s'il n'est pas contrarié par le besoin de pré- server l'allure générale d'un paradigme : deus, oleum , parum. Épigraphiquement : aun- culus , поит, uius , etc.

(50) Cf. Meiser 1998, §49 p. 63 pour les divers traitements possibles de |/] en latin. Pour uerbum et uermis , les répondants germaniques font attendre un degré 0 : got. waurd , all. Wort < germ. *wurda- < *w{dho- ; got. waurms, all. Wurm < germ. *wurma- < *wfmo- (doublet de *wfm/-). Pour uerrës face à gr. ägarjy/äggrjv, sk. vfsan -, on attend le degré 0 : *wfsen-. On notera que, dans uerbum, uermis, uerres , w n'a pas exercé d'in- fluence vélarisante sur e , à la différence de ce qui se voit dans uolo, uerto/uorto, uer- tex/uortex , etc.

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alors que, en latin, il ne semble pas qu'on puisse trouver plusieurs produits dif- férents sur une même base de départ (51).

3.3. Le doublet *wpv-. - À côté des formes qui reposent sur *wfbh-, le latin, le balto-slave et le tokharien présentent aussi des formes bâties sur :

• lat. uruare/ue ruare en face de urbs , uerbera et urbare ; • v.sl. vrûvï « oxoivíov » (52), tch. vrv, r. verv', verëvka «corde», lit. virve, lett. virve «corde, cordage, fil, lacet», diminutif virvelè «ficelle, cordelette» ; • v.r. verv ' ( вьрвь , vïrvï) (53), qui a les deux sens, difficiles à concilier, de «corde» et «communauté villageoise (54) ; • tokh. В wãrw- «aiguillonner, presser». Il doit s'agir initialement d'aiguillon- ner, de faire avancer le bétail avec une baguette flexible (55).

Il est certain qu'il y a une communauté sémantique entre les bases *wfbh- et *wfw- : cordes et baguettes se tordent, se plient, se courbent. La coexistence de doublets en *wfbh- et *wfw- peut s'expliquer soit à l'intérieur de chacune des langues en particulier, soit remonter plus haut. On peut admettre, dès un stade encore indo-européen, soit un effet de «lénition», comme l'évoque Adams 1999 pour le tokharien, soit une sorte d'assimilation à distance. On peut aussi penser que la variation *w£bh- /*wfw-, présente dans plusieurs langues, est le résultat d'autant de lénifions ou d'assimilations intervenues séparément. Le contexte phonétique s'y prêtait très bien. En tout cas, en latin, il est un mot dans lequel un ancien *bh est passé à w, dans un contexte phonologique proche de celui de urb-/uerb-. Nous voulons parler de uolua. Pour un terme anatomique, désignant de surcroît un organe génital, on ne peut guère renoncer à l'étymolo- gie indo-européenne et au rapprochement avec gr. ôek qivç, sk. gàrbhas , sur base *gwelbh~. Seulement, un phonème fait difficulté : comment w peut-il provenir de

(51) Sauf lorsque les formes sont issues de dialectes différents : ruber, rufus, robur ou heluus/fuluus p. ex.

(52) Pour les formes balto-slaves, se reporter à Trautmann 1923, p. 362. A propos de vfv-, Meillet, Études sur Vétymologie et le vocabulaire du vieux-slave , Paris, 1902, p. 265, rapproche des formes grecques : «Le v n'est pas suffixal ici, mais radical, à en juger par gr. (F)egvo) «je tire», (F)gvrrig, etc.».

(53) Vasmer, p. 185. (54) Le mot verv' sorti de l'usage sauf dialectalement, est attesté avec le sens de

«communauté villageoise» dans la Russkaja Pravda (11e s.). D'aucuns y ont vu une méto- nymie à partir de «corde» («portion de terre délimitée par une corde»), d'autres un homo- nyme, issu d'un emprunt au v.nor. hverfi «village», qui aboutirait bien à verv'. Karskij, Russkaja Pravda po drevnejšemu spisku , Leningrad, 1930, p. 93, rapproche verv' lit. virve et lat. uruum, et va jusqu'à suggérer une origine commune indo-européenne. [Nous remercions Claire Lefeuvre, de l'Université de Strasbourg, à qui nous sommes redevable de ces informations].

(55) Selon Adams 1999, p. 587, «the second -w- in (as compared to the -p- in A) results from "lenition" after a long vowel followed by a resonant».

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*bh ? Le latin standard laisserait attendre *uolba. Un mot comme uolua risque de subir des altérations aberrantes pour cause de tabou. Outre ce risque, ce mot, comme tout autre, peut être remanié sous l'effet d'une réétymologisation syn- chronique. Pour uolua , on peut penser à une influence de uoluere , mais on n'a pas d'indice d'une telle mise en relation (56). On peut également envisager une évolution phonétique non standard liée au contexte phonologique : le w initial a pu entraîner une sorte d'assimilation à distance de b intérieur, à un moment ou *gw initial était déjà passé à w (57). Or dans uruare/urbare et uolua , les contextes phonétiques sont proches : phonème vélaire initial, liquide précédant un ancien

4. Appendice : la flexion de urbs. - En ce qui concerne sa flexion, urbs suit le modèle que la tradition française appelle «faux imparisyllabique», la seule mani- festation en étant le génitif pluriel en -ium. Aux origines, urb- est un thème consonantique, mais il tombe dans la catégorie des noms dont le thème, en syn- chronie latine, se termine par {sonante + occlusive}, le type mors , mortis (thème synchronique mort-). Bon nombre de ces substantifs sont historiquement d'an- ciens noms en ce qui explique leur appartenance à la «flexion en i» (58), mais la séquence {sonante + occlusive} a été productive. Ainsi, ports, pontis , qui n'était pas un thème en -i- à l'origine, a rejoint le groupe du fait de sa similitude de structure phonologique avec les noms comme mors , fors , sors , forts, etc. (59).

(56) André 1991, p. 189-90, soutient une autre étymologie pour uolua , qu'il rapproche de vp iòti «couvrir», gr. tïXvfLa «enveloppe», e'Xvtqov «boîte, étui», sur *wel-w -, possi- ble élargissement de *wel-. Formellement, c'est plausible. On a également songé à sk. úlbam п., úlbah m. (Mayrhofer, EWAia , I, p. 323 «nicht geklärt»). Ce dernier mot a l'air fort peu indo-européen, avec son /Ы. On peut proposer encore un croisement avec aluus , qui sert aussi parfois de désignation à la «matrice». A notre connaissance, cette hypothè- se n'a pas été défendue. À la vérité, ce ne sont là qu'étymologies de substitution, qui ten- tent de contourner l'obstacle que constitue le /w/ là où l'on attend /Ь/.

(57) On peut aussi penser que dans uolua et dans uruare/urbare , le signe и après r/l note Ißl , non /w/, et reflète un traitement spirant, non standard donc, de *bh. Or uolua est un terme rural, qui appartient d'abord au vocabulaire de l'élevage, avant d'être un terme d'anatomie applicable à l'être humain. En principe, uterus s'applique aux femmes, uolua aux animaux puis aux femmes, mais seulement à partir de l'Empire (Scribonius Largus, Celse ; cf. J. André 1991, p. 190).

(58) Pour la notion de «flexion en /», qui a une validité synchronique, à distinguer de «thèmes en i», notion à validité historique, voir Brächet 2003, passim. Un décrochage a eu lieu entre le thème d'origine et la flexion synchronique. Cela est particulièrement vrai dans les adjectifs de 3e déclinaison, qui sont presque tous passés dans la «flexion en i» ; dans les substantifs, le modèle de la «flexion en i» est dominant : d'anciens thèmes conso- nantiques la rejoignent, alors que l'inverse n'est pas vrai.

(59) Cf. Reichler-Béguelin 1985, p. 35-38 pour pons. Le t du thème pont- est bien sûr radical, mais, en synchronie, il ressemble fort à celui de ment- ou mort-. Pons et ses cor- respondants présentent un ablaut particulièrement complexe, qui n'a pas d'incidence sur notre propos. Se reporter à Mayrhofer, EWAia , II 12, 1992 pour les détails. La complexité

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Le fait était connu des Latins, comme le montre une remarque de Charisius, citant Pline :

GL 1,1, 141, 18-19: nam utfax,faex, nux, crux , rex , lex sine i genetiuo plurali sunt dictitanda, ita contra nox, faix, calx, arx, lanx cum i pronuntianda sunt.

Les exemples choisis par Pline et repris par Charisius sont clairs О : les thè- mes falc-, саку arc -, lane- se terminent par {sonante (liquide ou nasale) + occlu- sive}. Les modernes sont partagés sur les critères qui déterminent l'appartenan- ce à la flexion en i. Reichler-Béguelin 1985, p. 217, affirme que le génitif pluriel en -ium est de règle après radical en w ( ciuium , grauium, unguium) et après radi- cal en labiale (nubium, rupium). Kühner-Stegmann, p. 342, était plus précis, attribuant le génitif pluriel en -ium aux radicaux mono- ou polysyllabiques ter- minés par t ou с précédés d'une consonne, et aux radicaux monosyllabiques ter- minés par p ou b précédés d'une consonne (type urbs , stirps). À notre connais- sance, personne n'a explicitement évoqué le rôle joué par la séquence {sonante + occlusive} dans le passage de nombre de substantifs dans la flexion en /. Il n'en est pas moins réel. C'est le type des noms en *-ti- qui a servi de modèle et a donné le branle à la série. Au demeurant, il reste évidemment des flottements au génitif pluriel, forme qui n'est d'ailleurs pas attestée pour tous les noms (6I).

Université de Paris IV-Sorbonne. Jean-Paul Brächet.

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du mot a provoqué une normalisation dans plusieurs langues : thématisation en grec (Jióv- т од et жйтод) ; intégration aux thèmes en i en balto-slave (v.sl. pçtï , sur degré plein, v.pr. pintis , sur degré 0 - mais il ne s'agit pas d'un thème en i ancien directement compara- ble à celui du latin !).

(60) À l'exception de nox , dont le génitif pluriel est souvent noctium , mais pour d'autres raisons. Cf. Reichler-Béguelin 1985, p. 183-5.

(61) Ou qui est parfois signalée par un grammairien sans être présente dans les textes. Il y a des (quasi) hapax : le génitif falcium est dans Caes., BG 3, 14, 5 muralium falcium ; arcium est dans Sen., Thyest. 342 et chez Fronton.

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