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Livrable 2 Les grands paysages entre dense et léger, intégration et résilience AIGP Atelier international du Grand Paris LIN Architecture Urbanisme JOSEPH HANIMANN Philosophe MICHAEL KLEYER écologue KAYE GEIPEL Historien de la ville et de l'architecture PAN L2 Juin 2015

Les grands paysages entre dense et léger, intégration et résilience

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    Les grands paysages entre dense et lger, intgration et rsilience

    AIGP

    Atelier international du Grand Paris

    LIN

    Architecture Urbanisme

    JOSEPH HANIMANN

    Philosophe

    MICHAEL KLEYER

    cologue

    KAYE GEIPEL

    Historien de la ville et de l'architecture

    PAN

    L2

    Juin 2015

  • LIN, Finn Geipel + Giulia Andi

    Membre du Conseil scientifique de lAtelier International du Grand Paristude ralise pour lAtelier International du Grand Paris Commande Habiter le Grand Paris / mars 2013

    2

  • Avant Propos

    Rsilience-Rsistance-Rmanence

    ABSTRACT

    Objet de la dmonstration: Ville dense ville lgre : prcisions

    Rponses aux enjeux du drglement climatique

    1. Le Grand Berlin1.1. Ce que Berlin peut apprendre du Grand Paris ?

    1.2. Transformation d Grand Berlin,quelle densification?

    2.Sevran territoire de destination2.1.Lexprience Grand Paris Sevran depuis 6 ans

    2.2. Ce que le grand Paris a apprendre de Sevran.

    2.3. Les habitants face au changement du Grand Paris

    2.4.Les formes de rsilience de la transformation de Sevran

    ENTRETIENS

    le Grand BerlinAli Saad, architecte urbaniste, TU Berlin

    Holger Lippman, responsable du dveloppement et de la rutilisation de

    l'aroport de Tegel.

    Sevran territoire de destinationBruno Dumond, responsable Grand Paris, ville de Sevran

    Linda Damouche, chef de projet ANRU Beaudotte, ville de Sevran

    Lara Belkind, architecte urbaniste, doctorante MIT

    Thierry Maytraud, hydrologue,urbaniste, directeur Agence ATM

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    Sommaire

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  • 4

  • La consultation du Grand Paris lance en 2008 devait permettre de

    donner voir les applications du protocole de Kyoto (sign en 1997)

    lchelle mtropolitaine. Les reprsentations furent nombreuses mais

    lobjectif tait commun : trouver la combinaison entre des objectifs

    conomiques nationaux, locaux, dans un systme rsilient.

    Tandis que le cycle annuel des confrences des parties (COP) rappelle les

    principes environnementaux lmentaires suivre, les terminologies se

    prcisent, ltat durgence est, lui, de plus en plus fond. Poser de

    nouveau la question de la transformation de la mtropole au regard des

    enjeux climatiques (7 ans aprs la premire consultation du Grand Paris)

    nest donc pas anodin.

    La notion de rsilience est fortement prouve et son champ dactions est

    vaste.

    Dans ce cadre, lquipe LIN reviendra sur le sens de sa posture initiale au

    vu de la prcision des terminologies relatives aux enjeux climatiques et

    au vu de la transformation structurelle de la mtropole.

    Avant-propos

    5

  • 6

  • Depuis maintenant vingt ans, le concept de rsilience vogue entre nouvelles perspectives danalyse et possibles malentendus. Pour le rendre vraiment oprant, Il convient de linterroger sur ses prsupposs et ses implications. Dans tous les contextes auxquels il sapplique (contexte cologique, conomique, technologique, social, psycholo-gique), le principe de la rsilience rompt avec un des fondements de la pense moderne. Depuis le 18e sicle europen, le programme de la modernit tait la promesse du passage dun rgne de lincertitude et de la prcarit vers un rgime de la stabilit et de la prvisibilit. Le prvi-sible et le planifiable sont la norme selon ce programme, la perturbation et linstabilit sont lexception. La rsilience, prise la lettre, renverse cet ordre et renoue avec une situation pr-moderne, sans tre un retour en arrire. La perturbation cause par une inondation ou un stress social cesse dtre un accident ou une catastrophe viter absolument et devient un lment constitutif dans la variation incessante du rel.

    Les consquences de ce renversement de perspective sont universelles sur le plan thorique, trs spcifiques sur le plan pratique des diffrentes situations mtropolitaines comme le montrera une comparaison entre le Grand Paris et le Grand Berlin propose ci-aprs. Si Berlin la perturba-tion majeure du sicle pass perturbation dramatique de la guerre a laiss des espaces vides qui venaient amplifier la capacit de rsilience cologique et sociale des espaces naturels dj prsents dans cette ville et augmenter le potentiel dinnovation sociale et artistique, la situation est bien diffrente Paris. Dans son tissu urbain organis en cercles autour dun unique centre dense, les espaces servant de rserves pour la rsilience taient successivement pousss la priphrie. Ils reviennent aujourdhui vers le centre sous la forme de micro-paysages, alors que dans la capitale allemande les espaces libres au centre se remplissent peu peu. Ces diffrences locales nannuleront cependant pas les caractris-tiques universelles propres au phnomne de la rsilience. Le terme de rsilience dsigne, selon la dfinition classique, la capacit dun systme perturb par une action extrieure ou une raison intrieure de rtablir spontanment lquilibre ncessaire pour sa prennit. quilibre retrouve ne signifie pas retour en arrire. Lvolution inces-

    Rsilience, Rsistance, Rmanence

    7

  • sante des systmes allant dun tat incertain vers un autre (et rappelant

    davantage lternel devenir du monde chez Hraclite que le rgne

    immuable des ides chez Platon ou des catgories dAristote) ne connat

    pas de retour un stade antrieur et lide dun tat initial lui est

    trangre. Cette vision conduit dvelopper le principe dune culture

    du risque telle quelle ressort de ltude du sociologue Ulrich Beck sur la

    socit du risque 1 . Elle rend vain lespoir de pouvoir supprimer le

    risque (en abattant p. ex. les platanes au bord de la route) et elle encou-

    rage accepter de vivre avec lui, en rduisant la vulnrabilit face lui

    par des dispositifs techniques et des modifications de comportement.

    Mais le malin gnie promthen de la modernit mrite son nom : il est

    malin. Il a su rcuprer lide de la rsilience pour la retourner parfois

    son avantage. Au lieu dinspirer de nouveaux comportements et de

    nouvelles manires de faire en tentant par exemple dattnuer les

    possibles dommages en zone inondable, le principe de la rsilience a pu

    servir dalibi pour pousser le risque, comme la montr Helga-Jane

    Scarwell2 puisque les systmes sauront si bien rtablir leur quilibre,

    on multiplie les projets hasardeux, avec quelques amnagements

    techniques. Cette tentation est grande l surtout o le besoin de loge-

    ments ou de bureaux est urgent et o la pression foncire est forte. Le

    risque peut faire projet et relguer le souci du danger au rang des

    priorits secondaires , crivent Alexandre Brun et Frdric Gache3 . Cest

    mconnatre la force stimulante que le risque peut effectivement avoir,

    quand il encourage par exemple dvelopper des stratgies de rduction

    de la vulnrabilit pour engager un processus de transformation urbaine,

    comme cela a t tent, daprs les auteurs, avec le projet Seine-Ardoines

    Vitry-sur-Seine en 2010. Rsilience ne peut vouloir dire calculer le

    risque et chiffrer les dommages (ils sont imprvisibles). Il sagit

    dapprivoiser le risque dans sa constante mutation, de rvaluer en

    permanence non seulement les donnes objectives, mais aussi la perti-

    nence du regard port sur elles, questionner le bien-fond des attentes,

    du comportement et des faons de faire.

    Peut-tre faut-il pour cela largir le cadre avec une catgorie nouvelle.

    La logique de la rsilience est souvent prsente comme un modle

    alternatif la rsistance : Au lieu de vouloir sopposer aux risques par

    endiguement, canalisation, scurisation du rel, il sagirait dassouplir

    les mthodes, dallger les dispositifs techniques et lgislatifs, de

    dynamiser la ractivit, de responsabiliser plus directement les acteurs.

    Ce nest pas faux, mais les deux modles sont loin dtre exclusifs lun par

    1 Ulrich Beck: Risikogesellschaft. Auf dem Weg in eine andere Moderne.

    Frankfurt am Main, 1986 (La socit du risque. Sur la voie dune autre modernit)

    2 Helga-Jane Scarwell: Dconstruire les logiques de gestion du risque

    dinondagion. In: Air Pur, No. 72, 2007

    3 Alexandre Brun/Frdric Gache: Risque inondation dans le Grand Paris:

    la rsilience est-elle un concept opratoire? In: Regards/Terrain, 2013

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  • rapport lautre. La rsilience contient une part de rsistance et appelle

    peut-tre un troisime terme : celui de la rmanence.

    Est dit rmanent ce qui subsiste aprs la disparition de la cause qui

    la provoqu on parle dimages rmanentes que lon continue voir

    pendant un temps alors que lobjet qui les a fait natre a disparu. Ce

    phnomne prsente deux versants : il sagit dune illusion, mais aussi

    dun effet de la mmoire bien rel. Notre hypothse est la suivante : Un

    systme ne peut tre vritablement rsilient que lorsquil y a un effet de

    rmanence, cest--dire lorsquil y a survivance de ltat antrieur avec

    une force dinertie, une certaine masse critique qui ralentit le change-

    ment. Lintroduction de cette catgorie de la dure dsigne lendroit

    logique o la rsilience sinscrit dans la perspective de la durabilit. Le

    rsilient nadmet pas la dure, il la prsuppose. Cest lternel balance-

    ment autour dun prcaire point dquilibre garanti par leffet retarda-

    taire de lancien qui subsiste sous le nouveau comme une rmanence, la

    fois fantasm et rel.

    Considre sous la dimension politique et sociale, ce prolongement de

    la rsistance et la rsilience vers la rmanence a un certain nombre de

    consquences. Elle rvle notamment la nature antirvolutionnaire de

    lide mme de rsilience. Si la conversion, aujourdhui, vers cette

    dernire peut parfois avoir un aspect rvolutionnaire dans sa rupture

    avec le programme de lutopie moderniste triomphante, lide dun

    renversement radical et dun renouvellement par la table rase lui est

    profondment trangre. La rsilience est de nature rformatrice et

    craint les bouleversements trop brusques qui bloquent sa dynamique. Elle

    ne connat par la solution un problme, mais seulement les inces-

    sants rajustements. Plutt que par une rupture dfinitive des rgles, elle

    volue par linterminable ngociation des forces en prsence dans un

    conflit sans fin.

    Les implications thiques de ce tournant politique ont t signales,

    entre autres, par le philosophe Hans Jonas4 . Il ny a aucune raison

    inhrente pour tablir que la nature devrait rester telle quelle est et que

    la vie humaine devrait continuer sur terre, crit-il. Mais quand la volont

    progressiste de faire mieux se trouve double par la peur du devenir

    pire , laspiration au changement touche une limite : celle du respect

    de lexistant non plus parce quune instance suprieure lexigerait, mais

    parce que le rflexe de survie le dicte. Quand lincertitude crot, lesprit

    se crispe et sanime, le non-savoir devient un facteur positif pour les

    prises de dcisions, sous la forme dun moratoire par exemple qui, loin

    dtre un abandon, excite lattente. Bien comprendre la rsilience peut

    vouloir dire cela aussi : que rien nest gagn ni perdu tant que nous guette

    le prochain risque.

    4 Hans Jonas: Das Prinzip Verantwortung. Versuch einer Ethik fr die

    technische Zivilisation. Frankfurt am Main, 1979 (Le principe responsabilit. Une

    thique pour la civilisation technologique)

    9

  • 10

  • ABSTRACT

    11

  • Objet de la dmonstration : Ville dense -ville lgre, prcisions.

    Agir sur la problmatique environnementale nappelle pas de rponses

    sectorielles mais pose la ncessit dune dmarche intgrative. Celle-ci

    est soustendue par laffirmation que la mtropole parisienne doive

    raisonner en termes de ville dense/ville lgre. Cet quilibre, dj

    existant, est renforcer. Par l mme, cest la qualit des situations

    diversifies qui est reprsente. La mise en lumire de cette diversit a

    t exprimente par lquipe LIN travers plusieurs projets sur le

    territoire de lEst de la Seine Saint Denis, cest le cas du CDT Est Seine

    Denis et du projet Terre dAvenir Sevran .

    Lquipe a travaill sur la mise en valeur de ce quelle a nomm en 2008 La

    Mtropole Douce. En fonction de ce travail, on peut aujourdhui exposer

    les effets du concept et ses limites potentielles lorsque le stade de

    loprationnel est atteint.

    Si, de fait, le travail effectu intgre lobligation de rsilience, nous

    exposerons les effets et les limites du concept sous le double prisme du

    risque et de la rsilience. En dautres termes, il sagira de prciser leffet

    de la mthode : celle qui fait du dense et du lger une double condition

    accepter. Nous chercherons rpondre aux questions suivantes : com-

    ment entre le dense et le lger, lquilibre peut-il tre contrl, program-

    m, initi ? Comment garantir la prise en compte de lexistant comme

    facteur positif de projet? Quelle traduction lors du passage lacte? Si la

    rponse se trouve dans la mthode de planification, comment sassurer

    dune approche systmique permanente ?

    Lentre par le Grand paysage apporte une rponse.

    Les structures gographiques sont historiquement support de planifica-

    tion la grande chelle (Berlin, archipel verte). Lentre paysagre na

    certainement pas quune lgitimit climatique. Fondement dun projet de

    territoire, la ncessit de raisonner en termes de grand paysage est

    rendue dautant plus vidente quelle permet daborder la grande chelle,

    et entrine la ncessit dune vision globale de dveloppement. Prner

    les vertus dune vision globale est, peut tre, mis mal du fait de la

    faiblesse du pouvoir planificateur . Le niveau dincertitude actuel

    annihile toute attitude volontariste, et il devenu vident que des m-

    thodes alternatives doivent tre trouves tout en conservant des objec-

    tifs ambitieux. Pourtant la transformation de la mtropole est en marche,

    que ce soit de lordre de la restructuration gographique, de la redistribu-

    tion des comptences ou , et cest une transformation moins discute, par

    la continuit de dynamiques moins visibles.

    12

  • Dans ce contexte, lEquipe LIN, tentera donc de prciser sa dmarche en

    vue notamment dapporter des lments de rponses prcis aux effets du

    drglement climatique.

    Nous reviendrons, dans un premier temps, sur le modle berlinois. Dun

    systme rsilient planifi un systme rsilient impos, le modle de ville

    lgre berlinois est-il aujourdhui mis en pril ? Cette interrogation

    permettra de rappeler les invariants de la notion de ville lgre et de

    dtailler la notion de priphrie, perue comme terrain propice linno-

    vation.

    Dans un second temps,nous partirons de notre exprience profession-

    nelle sur le territoire mtropolitain, et plus prcisment sur lEst de la

    Seine Saint Denis (CDT est Seine Saint Denis- Sevran projet Terre dAvenir)

    pour expliquer ltat de situation actuel, la comprhension de concepts,

    leur appropriation, la persistance du besoin de raisonner en termes de

    lger et de dense pour la mtropole parisienne. La commune de Sevran,

    peut tre considre comme tant la priphrie des regards. Nous

    montrerons en quoi cela lui est bnfique. Les transformations qui sy

    oprent depuis 2008 font cho aux principes noncs par lquipe LIN

    dans le cadre du Grand Paris et du CDT Est Seine Saint Denis.

    Ce prsent dossier repose sur une srie dentretiens raliss dans le but

    de donner des premiers lments de rponses aux questions nonces

    plus haut et plus particulirement aux thmatiques transversales

    suivantes :

    -Mthode et processus (Ali Saad/Berlin - Bruno Dumond/Sevran)

    -O densifier ? comment prserver les vides ?lacceptation des habitants

    face aux changements ( Holger Lipmann/Berlin, Linda Damouche et Lara

    Belkind/Sevran)

    -Eau,risques et atouts (Thierry Maytraud - Sevran).

    Abstract > Object de la dmonstration

    13

  • Grand ParisGrand Paris

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  • Grand Berlin

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  • Grand Paris, thermographie d't 20 aout 2010, source APUR-photo LANDSAT 2010

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  • Grand Berlin, thermographie

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  • Rponses aux enjeux du drglement climatique

    CONTINUITE GRAND PARIS

    La transformation du Grand Paris est en cours. Depuis la premire

    consultation du Grand Paris lance en 2008, des synergies indniables

    sont prsentes sur tout le territoire. La cration des CDT impulse par le

    projet de GPE a permis dinstaller une nouvelle coopration entre

    communes dont les actions, jusqualors, ne convergeaient pas toujours

    vers un objectif commun. Bien que lointaine, la perspective du GPE est

    comprise comme une relle opportunit dencouragement la cration de

    projets de territoire.

    CDT-PAYSAGE- ELEMENT FEDERATEUR - OPERATIONALITE

    Laffirmation de la structure paysagre savre tre un lment fdra-

    teur.Bien quil soit peut-tre vident daffirmer limportance du grand

    paysage dans la rflexion lchelle mtropolitaine, sa mise en place est,

    elle, moins certaine.

    -Aller-retour dchelle, garder en vue les enjeux aux diffrentes chelles

    -Emboitement des enjeux, le paysage, fdrateur permet daborder

    conjointement tous les autres enjeux..densification, mobilit, accessibi-

    lit, qualit architecturale, urbaine et paysagre.

    -Importance du processus de projet

    GRAND PARIS - SEVRAN

    Sevran met en place une dmarche de stratgie urbaine vertueuse. Le

    temps se rvle tre un lment prcieux, seule faon de rpondre aux

    questions suivantes lchelle de la ville: superposition des usages,

    mutualisation, faire destination.

    En rponse aux enjeux climatiques, nous ne pouvons que rappeler lutilit

    des ides soutenues lors de la premire phase et relayer ltat de progres-

    sion de ces ides.

    Sevran : processus de projet vertueux soutenir.

    Berlin : risques dabsence de mthode de planification.

    Il y a plusieurs attitudes possibles face aux risques, s'ensuivent plusieurs

    types de scnarios (catastrophique, pragmatique...). Il est de la responsa-

    bilit de tous d'apporter des rponses aux enjeux environnementaux,

    quel que soit le niveau de risques auxquels peuvent tre soumis des

    territoires. L'inondation centennale ne concerne qu'une partie de la

    mtropole en termes d'impact immdiat, pourtant l'ensemble de la

    mtropole devrait se sentir concern.

    18

  • Entre l'amont et l'aval des causes et des effets des risques, ce qui fait

    sens, c'est un discours globalisant. Sevran est soumis des risques

    d'inondations frquents.

    Ces inondations sont dues principalement des remontes de nappes,

    c'est donc un problme localis, mais la rponse est, elle, trouver sur

    une chelle plus large (contrle du ruissellement qui peut accentuer les

    risques...)

    La gestion de risque permet de transformer les pratiques urbaines, elle

    permet de repenser de manire plus global les mthodes de projets

    damnagement.

    Il n y a pas de rponses formelles (typologies urbaines ) donner aux

    enjeux du drglement climatique. Aujourdhui, il s agit surtout de mettre

    jour des mthodes vertueuses. Lenjeu est de faire en sorte que le cercle

    vertueux soit le maximum largi.

    Le cas de Sevran pointe des lments de mthodes utiles la rflexion.

    la connaissance des sols est limite, un enjeu serait de partager plus

    largement ces lments.

    Lexemple des bassins enterrs, inconnus dans la Seine saint Denis, milite

    dans ce sens.

    De manire plus largie, une mmoire des lieux et de leur gestion est

    entretenir.

    Abstract > Rponses aux enjeux du drglement climatique

    19

  • 20

  • Une image instantane: Berlin modle de lgret .

    Berlin peut tre prise comme modle de ville lgre, pas uniquement pour

    sa gnrosit en espaces publics, pas uniquement non plus pour sa mise

    disposition despaces libres (Zwischennutzung), mais aussi parce

    quelle fut le lieu dappropriation despaces au sens large du terme.

    Limpact social dune telle disposition est attirant. Les espaces de libert

    rendent possible une multiplicit dinitiatives lchelle du particulier,

    lchelle de groupement associatif Cette reprsentation de Berlin

    sapproche lentement du mythe. Limage de lgret risque lentement

    dtre relgu celle dun instantan dat. Pourtant le capital identitaire

    de ce qui a t est produit la marge de modles conomiques tradition-

    nels est revendiqu comme un modle faire perdurer. Ce capital est

    mme le support dun marketing urbain efficace, Berlin Glamour rsonne

    encore dans beaucoup desprits. Une quation insolvable est mise jour :

    lquation qui cherche institutionnaliser linformel.

    Mais Berlin est la recherche de locomotives conomiques puissantes et

    nouvelles. Lconomie berlinoise cherche une nouvelle direction.

    Lhistoire berlinoise sen trouve contredite sur plusieurs aspects. Au-del

    de la nostalgie ou de lattachement lphmre, les transformations

    actuelles vont contre sens de ce qui a t produit dans linformel mais

    plus encore contresens des schmas de planifications passs.

    1.1.Ce que Berlin peut apprendre du Grand Paris ?

    Lhistoire de Berlin diffre totalement de celle de Paris et de sa banlieue.

    Alors que Berlin se constitue de manire polycentrique, Paris se constitue

    dans une logique de centre et de continuits priphriques.

    Alors que lquipe Lin affirme la ncessit pour le Grand Paris de raison-

    ner en terme de dense et de lger et de dpasser ce raisonnement

    simpliste de centre et priphrie, Berlin tend vouloir mettre tous les

    efforts de constructions sur son centre en dpit de sa structure polycen-

    trique initiale. Ce croisement des modles est utile pour les deux mtro-

    poles.

    Une image instantane de Berlin peut donc apprendre au Grand Paris ,

    apprendre du pouvoir de la marge , mais Berlin peut aujourdhui

    apprendre du Grand Paris par sa capacit trouver les modes nouveaux

    de planification lchelle mtropolitaine. A Berlin, labsence de pense

    globale mtropolitaine est de plus en plus prgnante.

    Lquipe LIN a eu loccasion de mettre en parallle le modle de dvelop-

    pement berlinois avec le modle parisien. Plusieurs objectifs ont motiv

    ce parallle :

    .Donner voir, par exemple, les diffrentes faons de concevoir la notion

    daccessibilit, laccs aux paysages, aux services, aux quipements

    sexprime de diffrentes faons selon la densit du rseau de mobilit. Un

    paysage multifonctionnel se pense des chelles diffrentes, mais en

    fonction du rseau existant (Grand Paris- mtropole douce)

    .Illustrer les diffrentes expressions de la ville lgre (le cas des shrinking

    cities- habiter le Grand Paris) Les shrinking cities ont un pouvoir de

    fascination, c'est peut tre quy surgissent des formes inattendues

    dinnovation conomiques et sociales. Lapologie de la dcroissance doit

    faire face aux contradictions suivantes : lauto-organisation, sa mise en

    rseaux sont fragiles ds lors que lon revient une conomie tradition-

    nelle.

    Abstract > Le Grand Berlin

    21

  • Entre ce qui a t dit par notre quipe et le contexte actuel, le parallle

    entre le Grand Paris et Berlin peut tre enrichi. Les deux villes sont

    soumises aujourdhui des tensions similaires, pour autant il y a peu de

    place pour la comparaison. Les deux villes sont structurellement incom-

    parables.

    Berlin peut aujourdhui apprendre du Grand Paris.

    Cet aller-retour entre les deux villes conduit deux lectures de la notion

    de rsilience. Alors que lon pourrait considrer que Berlin est, dorigine,

    constitu selon un schma rsilient, ce modle intrinsque tend tre

    contrari. Alors que cest cette mixit fonctionnelle propre Berlin qui

    fait modle pour Paris.

    La dialectique qui vise conserver les caractristiques de Berlin tout en

    lui permettant datteindre un schma de dveloppement conomique

    soutenable est une proccupation commune Paris et Berlin.

    Berlin a apprendre du Grand Paris dans la mthode :

    .ouverture des primtres au del des limites administratives existantes,

    .analyse du systme existant des polycentralits..

    1.2. Transformation du Grand Berlin, quelle densification?le cas de Tempelhof : synonyme de nouvelles procdures et nouvelles mission pour la ville de Berlin.

    Depuis le rfrendum de 2014, annulant tout projet de dveloppement

    des terrains et des btiments de l'aroport, le projet de Tempelhof est

    devenu emblmatique de ce qui a mal tourn dans la politique de Berlin

    au cours des dernires annes. Ce grand espace ouvert est au cur de la

    ville de Berlin et entour de quartiers ayant connu une forte hausse des

    loyers et une rapide gentrification au cours des dernires annes. Ce

    projet prsentait, pour le snat de Berlin, deux enjeux majeurs : La

    cration de logements abordables pour un groupe large de population

    ainsi que la participation de la population dans la planification de projets

    importants.

    Aprs la prise du pouvoir par les nazis en 1933 apparait en 1935, daprs

    les plans de Ernst Sagebiel, un projet d'agrandissement de l'aroport

    tempelhof (projet faisant partie du plan Speer pour Berlin). Pendant la

    Seconde Guerre mondiale, la construction est arrte et Tempelhof nest

    qu des fins militaires. Aprs la guerre, laroport est utilis par les

    Allis.

    En 1996, 6 ans aprs la chute du Mur et la runification, la ville possdent

    3 aroports Tegel, Tempelhof (deux anciens de l'Ouest) et Schnefeld

    (anciennement lEst). Une rorganisation est ncessaire. Il est alors

    dcid la fermeture des deux aroports du centre-ville (Tegel et Tempel-

    hof) en faveur dun aroport BER (agrandissement de lancien Schne-

    feld). En 2008, un premier rfrendum souhaite la prservation de

    l'aroport Tegel, mais est perdu.En automne 2008, l'aroport Tempelhof

    est dfinitivement ferm. En 2010, l'ancien arodrome est ouvert au

    public et devient alors un parc de plus de 300 hectares. Le parc est tout de

    suite bien accept par une majorit crasante de la population. Les

    annes suivantes, de nouvelles initiatives et usages pionniers sont lancs

    et dveloppent des usages temporaires sur l'ancien arodrome.

    Le Snat dcide et dveloppe un certain nombre d'utilisations sur les

    terrains : sports de plein air, usages culturels, jardinage, mais aussi des

    projets en lien avec les coles des quartiers environnants. Paralllement

    ce dveloppement, auquel la population peut participer activement, le

    Snat de Berlin sengage dans le dveloppement d'un plan directeur, qui

    22

  • doit dessiner les conditions du dveloppement urbain des franges de

    laroport ainsi que le dveloppement d'un parc central.

    Le terrain de Tempelhof est l'un des plus grands espaces verts urbains

    contigus qui appartiennent au Land et qui pouvait tre peuvent tre

    dveloppes par le public. Il aurait permis dvelopper des logements

    faible cot, logement social dont Berlin a besoin.

    Avec le rfrendum cette possibilit est exclue par la loi. Compte tenu de

    la hausse des loyers (en particulier dans les quartiers voisins de Kreuz-

    berg et de Neuklln) et de la gentrification croissante des districts du

    centre-ville, une situation paradoxale sinstalle qui accroit encore la

    pression sur les quartiers avoisinants car aucun dveloppement de

    logements aussi proche du centre et sur un foncier maitris nest possible.

    Ceci autorise la recherche de solutions de densification sur la ville

    existante. Dans cette dmarche, les organisations de logements sociaux

    sont particulirement sollicites. La densification des espaces ouverts

    des principaux quartiers de logement sociaux est une des solutions

    envisages. Le Snat de Berlin va dailleurs raliser bientt deux projets

    de ce type sur deux grands quartiers de logements collectifs existants.

    Toutefois, Tempelhof montre bien comment une planification peut tre

    dsastreuse quand elle est ralise sans limplication de la population.

    Le Snat souhaite en tirer des leons et faire pour le projet de Tegel de

    manire trs diffrente. Holger Lippmann analyse les deux grosses

    erreurs du Snat :

    - Le plan directeur a t labor sans aucune participation relle, sans

    accompagnement du processus de communication simultanment

    l'ouverture des terrains au fil des annes. Cela a conduit une mfiance

    de la population.

    - La dcision dimplanter la bibliothque nationale sur les terrains est

    intervenue trs tard et a t peru par le public comme une action

    topdown du gouvernement sans discussion pralable.

    En fin de compte, dit Lippmann, le projet de la ZLB (bibliothque centrale

    de Berlin) a bris le cou au projet de Tempelhof . La confiance de la

    population, tait dj faible, principalement dans les quartiers environ-

    nement qui portant aurez le plus profit des nouvelles installations et

    services du projet. La dcision de la bibliothque centrale a mis le feu aux

    poudres. Des lecteurs des quartiers tels que Spandau, Zehlendorf et

    Weissensee trs loigns du site ont largement vots contre le projet de

    masterplan. A Tegel, la concertation et lintgration de la population au

    processus de projet interviendra plus tt et de manire durable. Les ides

    devront mergs et tre partages avant quun plan ne soit dessin.

    23

  • 24

  • 2.SEVRAN TERRITOIRE DE DESTINATION

    2.1. Lexprience Grand Paris Sevran depuis 6 ans1

    La ville de Sevran (49 442 habitants), situe dans le Nord Est de la

    mtropole 10kms de Paris et 4kms de laroport Charles de Gaulle, sest

    inscrite dans la dmarche du Grand Paris ds le dbut du projet. La

    municipalit, convaincue quau-del dune meilleure accessibilit, le

    projet du Grand Paris devait permettre denclencher un changement

    dimage de la ville souffrant de la dsindustrialisation du territoire et de

    sa monofonctionalit, sest engage fortement dans le projet pour que

    soient programmes deux gares du Grand Paris express en interconnexion

    avec les gares du RER B actuelles. . Au cours de six annes de travail

    incluant llaboration du CDT, le travail avec la SGP, les projets ANRU, la

    candidature pour le stade de Rugby, llaboration du projet Sevran Terre

    davenir, ETC, la ville a affin son projet de territoire. Ce travail a

    permis de lever certains blocages. Mais certaines difficults persistent.

    La ville de Sevran dmontre les avances et les changements de mthodes

    initis par le Grand Paris, mais en dmontre aussi les limites.

    - Ingalits entre les CDT LEst de la Seine saint Denis a souvent t trs critique sur la dmarche

    des CDT, dplorant leurs manques de vision pour les territoires en

    difficults. Les cinq municipalits (Aulnay-sous-Bois, Sevran, Livry-Gar-

    gan, Clichy-sous-Bois et Montfermeil) ont souvent eu limpression dtre

    le Cluster de lHabitat dplorant par cette dnomination le fait que les

    CDT ne faisaient que renforcer des spcificits des territoires, en regrou-

    pant les projets existants sans rquilibrage entre lEst et lOuest

    Parisien. Les craintes tant dautant plus fortes pour ces cinq villes

    souffrant dj dun retard dquipement que la question du financement

    des quipements induits par la construction de logement ntait pas

    rsolue.

    Malgr ces tensions, les cinq municipalits ont tiss des liens de travail et

    de coopration forts lors de llaboration du CDT, permettant de faire

    merger un projet de territoire au-del des clivages politiques.

    - Prcision approche ville intense ville lgre.Le projet Est Seine Saint Denis ne prenant pas appui sur des dynamiques

    de ZAC existantes ou de clusterisation du dveloppement conomique a

    permis dlaborer une dmarche plus intgrative incluant lensemble du

    territoire, du trs dense au trs lger.

    Le projet de territoire sappuie donc sur 4 grandes thmatiques :

    -Ples intenses : renforcer les lieux identitaires des communes

    -Ville lgre : introduire de la complexit dans les secteurs monofonc-

    tionnels (pavillonnaire, grands ensembles et zones dactivits)

    -Mobilits gradues : crer une chaine de dplacements alternatifs la

    voiture du pavillon la mtropole

    -Arc paysager : crer un rseau des forts et parcs autour des lments

    paysagers existants en y intgrant la notion de paysage multifonctionnel

    (loisirs, nergie, environnement, climat, sports, culture)

    - Capitaliser autour des qualits existantes : lapproche paysagre et linnovation priphriqueLe territoire du CDT entend capitaliser ses atouts et son potentiel

    intrinsques pour affirmer une identit spcifique. Le CDT construit une

    vision partage de lavenir et un projet commun. Aucune des villes, seule,

    naurait pu prtendre sinscrire durablement dans le paysage francilien.

    1 Se rfere l'entretien de Bruno Dumond, en charge du Grand Paris, la

    ville de Sevran

    Abstract > Sevran Territoire de destination

    25

  • Rassembles autour dune stratgie, elles peuvent participer la

    dynamique rgionale. Larc Paysager comme figure mentale et relation

    physique des villes entre elles incarne cette vision partage.

    Un autre point commun de ces 5 villes a t mis en valeur par le CDT

    autour dune stratgie intitule stratgie de la rumeur . Les cinq villes

    disposent dune population jeune et dynamique, dune histoire indus-

    trielle forte, dun environnement paysager remarquable, dun patrimoine

    multi-culturel significatif et dune notorit qui souvent les prcde.

    Cest cette notorit (encore trop souvent ngative) qui peut tre

    retourne pour mettre un nouveau bruit venu du territoire.

    En sappuyant notamment sur le fait que la culture et lexprimentation

    sont les avant-postes du dveloppement conomique et que les milieux

    professionnels sont attentifs aux quartiers de priphrie populaire,

    porteuses de nouvelles manires de voir et dagir.

    Pass ce constat et une fois nonc ce rcit performatif, les actions sont

    difficiles mettre en place et tardent voir le jour.

    Le principal problme est le manque de moyen allou la mise en synergie

    des dynamiques de chaque commune ou des initiatives habitantes. Les

    initiatives restent souvent cantonnes laction associative ou laction

    locale trs sectorielle (action sociale, action culturelle, action environne-

    mentale) et peinent faire un effet boule de neige. Face ce manque de

    reprsentation dans lespace public des initiatives, le principal enjeu est

    lmergence de lieux dappropriation. Par exemple, le CDT propose la

    mise en place de microcentralits runissant des actions multiservices

    (mobilit, sant, aide social, production, logistique). Au-del du simple

    Garage comme lieu de production (exemple de Steeve Jobs qui invente

    Apple dans le garage de la maison de ces parents) lenjeu des microcen-

    tralits est de rendre visible dans lespace public les lieux de production

    et de sociabilit propre la condition priphrique .

    - Le projet Terre dAvenir comme dmonstrateur des enjeux de rsilience dans la priphrie parisienne.

    Le projet Terre dAvenir prend pour contour le primtre du ple intense

    dfinit dans le CDT. Au contact du parc dpartemental de la Poudrerie et

    des terrains agricoles de la plaine de Montceleux, le ple intense de

    Sevran stend du centre-ville jusquau ple commercial du Beau Sevran.

    Cette aire en forme de haricot sera trs bien connecte la mtropole

    grce aux deux gares actuelles du RER B et aux deux gares du GPE qui leur

    seront associes.

    Cette aire forme le primtre de projet Sevran Terre davenir . Ce projet

    allie notamment :

    - la germination dun nouveau ple de ville grce la mutation program-

    me du Centre commercial BeauSevran et la rnovation des cits de

    Pont-Blanc et des Beaudottes,

    - la cration dun ple de sport et de loisir et de formation dchelle

    mtropolitaine autour dun nouveau parc dans la plaine Montceleux,

    - une nouvelle vie culturelle grce un thtre dans le parc dpartemen-

    tal de la Poudrerie, et la maison de limage et du signe,

    - une extension du centre-ville grce aux disponibilits foncires et aux

    capacits de mutation des abords de la gare de Sevran-Livry autour dune

    programmation habitat/emploi tourne vers les innovations autour des

    technologies vertes.

    - une mise en synergie des innovations locales notamment autour du

    numrique et des nergies vertes.

    26

  • A la croise des enjeux de dveloppement, des enjeux socitaux, et des

    enjeux environnementaux, le projet doit pouvoir sinscrire dans un cadre

    la fois pr-oprationnel et prospectif.

    Aujourdhui larrive des deux gares, engage des discussions pr-opra-

    tionnelles autour des gares. Ces projets ne doivent pourtant pas hypoth-

    quer les dveloppements futurs de la ville 20ans. Ceci ncessite une

    apprhension du temps du projet de manire lastique.

    La conservation de cohrence entre les enjeux court terme, long terme

    est une des raisons dtre du projet Terre davenir.

    Sans inscrire dfinitivement sur le papier (ce qui ne serait dailleurs pas

    possible)un masterplan, le projet Terre dAvenir est reprsentatif de la

    mise en place dune stratgie visant transformer un territoire au-

    jourdhui dlaiss en un lieu de destination mtropolitain.

    Le projet Sevran Terre dAvenir est dmonstrateur du fait que la recherche

    de rsilience urbaine est un dfi pos autant par les changements

    climatiques, socitaux, conomiques, technologiques, et culturels.

    2.2. Ce que le grand Paris a apprendre de Sevran2.

    Le Grand Paris a certainement apprendre de la diversit des actions et

    projets qui sont actuellement mens dans toute la mtropole.

    Lexemple Sevranais rvle aux acteurs du Grand Paris le risque quil y

    aurait considrer chaque territoire de gare de la mme manire.

    Lquation meilleure accessibilit = meilleur attractivit du territoire

    nest pas gale en tout point du territoire francilien.

    La commune de Sevran est spcifique compare des communes qui sont

    peut-tre mieux prpares l'arrive du GPE. Lenjeu de transfert de

    comptences se pose aussi peut-tre de manire spcifique Sevran

    compte tenu des urgences auxquelles la ville est confronte.

    Les temporalits varient donc en fonction des communes et de leur

    situation conomique prexistante.

    En cherchant montrer que Sevran pourrait apprendre au Grand Paris,

    nous souhaitons, d'une part, affirmer qu'il existe une diversit de

    situations dans ce que l'quipe LIN a nomm la ville lgre.

    Les tissus peu denses ne sont pas soumis la mme pression foncire et la

    prservation ou les moyens daction sur ces tissus ne sont pas les mmes.

    Nous souhaitons, d'autre part, exposer ici les initiatives de la ville.

    L'Est de la seine Saint Denis se situe dans un moment cl, alors que

    prcdemment il intressait peu (en termes d'investissement) ; une

    dynamique a t mise en place par l'impulsion des CDT, et le futur se joue

    avec notamment la progression du corridor aroportuaire.

    Les mthodes de travail amorces par la ville sont donc intressantes

    exposer.

    Terre d'Avenir, projet dbut en juin 2014 et dont la consultation fut

    lance en janvier 2014, est un projet phare pour la ville en cela qu'il

    poursuit et affine une stratgie urbaine soutenue par la commune et qu'il

    croise enjeux communaux, enjeux du CDT, et enjeux de transmission

    d'orientation de projet en vue de la cration de la mtropole.

    Il est aussi un projet phare pour la mtropole car il croise les enjeux

    sociaux, les enjeux urbains et les enjeux climatiques. En effet la ville a t

    2 Se rfere l'entretien de Bruno Dumond, en charge du Grand Paris, la

    ville de Sevran

    Abstract > Sevran Territoire de destination

    27

  • retenue avec la ville dAulnay dans le cadre de lappel projet TEPOS.

    Il est un projet qui pourra faire modle car les mthodes de projet et de

    financement Sevran se doivent dtre innovantes puisque les projets ne

    sont pas soutenus de la mme manire que sur dautres territoires

    Le projet autour de la gare de Sevran Beaudottes, notamment, permet

    dj de rinterroger la pratique des PPP. En effet, lassise foncire prive

    du centre commercial Beau Sevran et de la zone dactivit ncessite un

    travail de partenariat innovant entre acteurs privs, acteurs publics,

    associations de commerants et dartisans, tout en incluant aussi dans la

    discussion de nouveaux investisseurs potentiels.

    Lambition du projet Sevran Terre dAvenir est de rendre attractif un

    territoire o le foncier est relativement cher et o les cots de sorties

    soutenables des oprations est encore relativement bas.

    La stratgie dattractivit du territoire repose sur latout majeur quest la

    prsence du paysage : le canal de lOurcq, le parc de la poudrerie, la

    plaine Montceleux en lien avec le parc du Sausset au Nord sur Aulnay et la

    fort de Bondy au sud. Cette prsence a t pendant longtemps relgue

    au second plan, comme un dcor peu accessible. Elle doit aujourdhui

    tre plus intgre aux pratiques et aux usages des habitants.

    Le projet de Sevran Terre dAvenir consiste donc plus en la mise en place

    dune stratgie quen la ralisation dun plan masse :

    -une stratgie dans le temps permettant une ractivit

    -une stratgie urbaine permettant de saisir les opportunits

    -une stratgie prospective car les projections stables ne sont pas

    possibles sur le long terme.

    2.3. Les habitants face au changement du Grand Paris3

    Le Grand Paris peut tre peru comme une ralit lointaine. La mtropole

    doit se construire avec et pour ses habitants. Ces affirmations sous-en-

    tendent que le projet mtropolitain en plus de gnrer une conomie

    nationale et internationale, doit aussi servir les problmatiques locales.

    Agir sur le quotidien dans des chelles de temps courtes fait partie des

    enjeux mtropolitains.

    La ncessit dentrecroiser les temporalits est gnralisable.

    A Sevran, la disjonction entre les diffrentes temporalits est particuli-

    rement prsente. La ville doit faire face des situations durgences et de

    rattrapage. Les projets engags par la commune gnrent des attentes

    qui peuvent dautant plus rendre confus lintrt du Grand Paris.

    Nous relaierons ici ltat de la comprhension du projet mtropolitain

    partir de la situation du quartier Beaudottes, quartier ANRU qui com-

    prend la gare des Beaudottes et qui est limitrophe au projet Terre

    davenir.

    Le cas du quartier Beaudotte est intressant car il illustre bien ce dca-

    lage entre les temporalits et les ruptures potentielles de comprhension

    entre les enjeux des diffrents projets et leurs diffrentes temporalits.

    Il est aussi reprsentatif de leffet denchevtrement des primtres de

    rflexion (ANRU- quartier de gare terre davenir). Les secteurs ANRU

    impacts par les travaux du GPE sont gels.

    Entre projets engags et projets annoncs, le projet mtropolitain peut

    susciter de lapprhension, de lincomprhension, ou du dsintrt.

    3 Se rfere l'entretien de Linda Damouche, chef de projet ANRU, quartier

    Beaudotte, ville de Sevran

    28

  • Plusieurs types dapprhensions :

    -Leffet positif de larrive dune gare est compris pour son impact sur le

    prix de limmobilier( la situation au Beaudottes est en impasse, il ny a

    aucune mobilit rsidentielle, actuellement les appartement se vendent

    perte)..

    -En revanche la nouvelle accessibilit au diffrents ples de la mtropole

    est moins compris par les habitants.

    Il existe notamment la crainte darrive dun surplus de population

    Considrant que leffet dentrainement du GPE est a relativis, il nous

    semble essentiel de garantir une continuit de lengagement des habi-

    tants dans la transformation de leur environnement.

    Les projets ANRU ont dans une certaine mesure permis la cration de

    lieux dchanges formel comme informel. Les moyens sont pourtant

    faibles mais lengagement (des chefs de projet ANRU, par exemple) est

    fort Ces changes sont fragiles et il nous semble quil sagirait de les

    renforcer en partant de lexprience

    Il sagit plus de parler dencouragement la concrtisation dinitiative

    personnelles, associatives Limpact du Grand Paris sur ce type dinitia-

    tive nest peut-tre pas suffisant.

    Se pencher sur la perception des habitants sur les changements du Grand

    Paris est une opration dlicate, elle n'est ici que trs partiellement

    dcrite. Ce qui nous importe est d'indiquer que si limage de la commune

    doit changer, cela passe par la comprhension et la continuit de dyna-

    miques qui engagent les habitants prendre part la co-construction de

    leur quartier.

    Il existe des associations (associations I.D.E.E.S,) qui peuvent partici-

    per mettre en dbat les transformation urbaines. Lquilibre est fragile

    et cet quilibre doit tre analys afin de le renforcer

    Abstract > Sevran Territoire de destination

    29

  • Grand Paris,

    30

  • 31

  • Est Seine Saint Denis,

    Paysages multifonctionnels, Ples intenses, microcentralits

    et mobilit gradue

    32

  • 33

  • Est Seine Saint Denis,

    Hydrographie, dbut 19 eme sicle

    34

  • 35

  • Est Seine Saint Denis,

    Hydrographie, situation actuelle

    36

  • 37

  • Sevran dans l'arc paysager et hydrographie

    .Paysages multifonctionnels, Ples intenses, microcentralits

    et mobilit gradue

    .Nappes et zones inondables

    38

  • 39

  • 2.4.Les formes de rsilience de la transformation de Sevran

    La notion de rsilience se rapporte plusieurs domaines (conomique,

    social,climatique).

    A Sevran, le projet Terre dAvenir cherche mettre en place une stratgie

    rsiliente en traitant de manire systmique la globalit des thmatiques

    : intensification du dense et du lger, des structures paysagres, de la

    mobilit gradue, de lemporwentment.

    Larc paysager est une figure fdratrice qui a un pouvoir dentranement

    important sur les autres thmatiques nonces. Le fait quil sagisse

    dune structure paysagre conduit bien sr la prsenter sous un prisme

    cologique mais son intrt est bien plus large. Sa cration ncessi-

    tera une action volontariste forte, elle aura un impact sur le mitoyen, le

    commun, le coopratif, le collectif.

    Dautre part, lintgration de larc paysager dans le projet Terre dAvenir

    marque un moment charnire. Les questions pr-oprationelles sont

    souleves, larc paysager est dintrt communal en ce quil permet de

    crer un espace rcratif, sportif pour les sevrannais, la dimension

    intercommunale est soigne, les ramifications de larc sont anticipes.

    Mais plus encore, cette emboitement dchelles de rflexion est renforce

    par la question de la gestion de leau. Celle-ci devient un lment

    constitutif de la programmation urbaine (projet de lac sur les terrains

    Montcelleux). La question hydraulique apparait comme une composante

    essentielle la stratgie de dveloppement communal.

    larc paysager figure mtropolitaine rsilienteLarc paysager est une figure reconnue lchelle rgionale (SRCE,

    SDRIF).

    Sa cration est lente, bien que larc apparaisse dans la carte mentale de

    beaucoup dacteurs du territoire, sa formalisation spatiale, nest pas

    encore visible.

    Il est important de noter lintrt de cette figure. Elle permet de focaliser

    les regards sur le territoire de lEst de la Seine Saint Denis. Elle est

    lchelle du projet Terre dAvenir Sevran, une composante essentielle.

    Paysage multifonctionalit:En milieu dense, la superposition des usages est une recherche vertueuse.

    De nombreux exemples peuvent tre donns, (toiture nourricire,). Les

    dernires recherches sur le Grand Paris ont prn cette superposition

    selon diffrentes typologies. Il sagissait, par ce biais, de rpondre

    notamment aux exigences climatiques.

    A une chelle largie, la notion de paysages multifonctionnels est

    presque vidente (schma, circuit vertueux).

    Cette notion est applique dans le cadre du CDT Est Seine-Saint-Denis.

    Larc paysager en est la reprsentation. Le primtre Natura 2000, a pour

    effet la protection de la faune et de la flore et sans remettre en cause le

    champ de protection, on pourrait envisager une augmentation des usages

    par la mise en lien de ces parcs. Le rcratif peut ctoyer la production

    alimentaire ; la temprature peut davantage tre rgule

    Appliqu strictement une structure paysagre existante ; ce principe de

    paysage multifonctionnel est plus que lgitime.

    Mais il ne sagit pas de se focaliser sur le vert , comme potentiel. Par

    lactivation du paysage multifonctionnel est recherch leffet levier sur

    dautres composantes du tissu sevrannais. En effet la chaine des parcs

    peut trouver une ramification dans lintgralit des quartiers sevranais.

    Cela passe par diffrents profils de rues suivant aussi une hirarchie des

    chainons

    40

  • Gestion de leau dans le projet 1

    Le projet Terre dAvenir de Sevran intgre la problmatique de la gestion

    de leau approche de manire transversale. Si Sevran est soumis des

    risques frquents dinondations (dues des remontes de nappes), la

    bonne gestion de leau est, de fait, dintrt mtropolitain. En effet, les

    inondations servannaises ne peuvent seulement tre attribues une

    caractristique locale (prsence de nappe). Elles sont le rsultat, dune

    part, dune histoire de la gestion de leau lchelle large (du marcage,

    limpermabilisation), dautre part elles peuvent tre accentues par des

    mthodes classiques durbanisation et de projets urbain (gestions des

    eaux pluviales en souterrains, raccourcissement du chemin des eaux en

    souterrain).

    Mthodes de projet - innovation :

    Les terrains Montceleux (terrain agricole de 40 ha) offrent lopportunit

    la ville de Sevran denrichir la qualit de vie des sevrannais, que ce soit en

    terme paysager, rcratif, sportif

    La programmation dun lac sur ces terrains engage une rflexion large de

    la prsence de leau en milieu urbain. La perspective de la cration de

    larc paysager et celle de la reconversion des terrains Montceleux sont de

    relles opportunits pour la ville. Ces perspectives incitent reconsidrer

    la place de leau dans la programmation urbaine et donc dans les pra-

    tiques de projets.

    On assiste ainsi une reconsidration des mthodes classiques damna-

    gement ; la recherche de superposition des usages est en cours. Cette

    recherche vise bien sr attnuer les risques dinondations auxquels sont

    soumis la ville mais elle vise aussi une rapparition de la culture de leau

    dans les mentalits.

    Les milieux urbains ne sont pas invitablement synonyme dune gestion

    enterre de leau.

    La gestion de leau ciel ouvert est une mise en pratique de la superposi-

    tion dusages.

    Le lac des terrain Montceleux aura des usages diversifis (rcratif,

    sportif, esthtique, rgulateur,bassin de rtention), cette mixit fonc-

    tionnelle permet aussi une mutualisation des dpenses (gestion des-

    paces public, gestion hydraulique ).

    Ainsi Sevran a une relle opportunit saisir en initiant une nouvelle

    faon dintgrer les problmatiques hydrauliques dans sa stratgie de

    dveloppement urbain. Jusqu prsent cette question a t lude et un

    scnario possible serait de continuer dans ce sens (cest dire ni empirer,

    ni amliorer la situation). Les dmarches engages visent lamlioration

    lchelle communale. Un risque serait donc de contredire cette dmarche

    en cours.

    Il est important de souligner que cette dmarche ncessite du temps

    (temps de diagnostic, de dialogue et de conception). Sevran, en se situant

    la marge des regards, dispose aujourdhui de ce temps dlaboration.

    Nous pouvons mettre ici lhypothse que le fait dtre la priphrie des

    regards donnele temps pour des dmarches innovantes.

    La continuit dune telle dmarche est donc un enjeu de taille.

    1 Se rfere l'entretien de Thierry Maytraud Hydrologue, urbaniste,

    directeur de l'agence ATM

    Abstract > Sevran Territoire de destination

    41

  • 42

  • la reconversion des terrain Montceleux,

    la programation d'un lac retourne les

    contraintes hydrauliques en atouts.

    (pages de droite)

    Sevran, Paysages et Risques

    Sevran est soumis des risques

    d'innondations frquents, dus notta-

    ment la prsence de nappes (carte de

    droite). Le gypse est un risque suppl-

    mentaire intgrer dans la conception

    urbaine (image gauche). La forte

    prsence du paysage Sevran est un

    atout. La ralisation de l'arc paysager,

    Abstract > Sevran Territoire de destination

    43

  • Sevran, paysages existants et

    mettre en rseau

    Sevran, paysages existants et

    mettre en rseau

    44

  • Sevran , carte du gypse

    45

  • Sevran, risques inondations

    46

  • Sevran , localisation des nappes

    47

  • 48

  • 49

  • 50

  • 51

  • 52

  • ENTRETIENS

    53

  • Carte des Frets Evolution des Frets

    Carte de l'eau

    Carte de Berlin

    5,0 km

    0

    Oranienburg

    Bernau

    Falkensee

    Brandenburger Tor

    Potsdam

    Kpenick

    Knigs Wusterhausen

    Strausberg

    14

    1778 1874

    20151978

    Phases du dveloppement de Berlin

    1776

    1776

    18741874

    1920

    1920

    1945 with bombing damages

    1978 with Berlin Wall

    2015

    1950

    1978 with Berlin Wall1950

    1945 aprs les bombardements

    2015

    1978 avec le mur de Berlin1950

    1920

    18751776

    54

  • Dans un premier temps pouvez-vous faire un parallle historique entre Paris et Berlin, notamment du point de vue de la ville lgre :

    Berlin sest dvelopp le long de la

    Spree sous la forme de plusieurs villes et petits

    villages. A lorigine il y avait en deux villes, une

    de chaque cot de la rivire : Clln et Berlin. Il

    existait aussi dautres centralits comme

    Charlottenburg, Potsdam, Kpenick et Span-

    dau. Ds le dbut Il a donc cinq ples impor-

    tants qui au fil du temps se dveloppent et se

    concurrencent. Brivement Charlottenburg est

    plus forte et importante que Berlin mais la

    balance sinverse lorsque le prince-lecteur

    (Kurfrst) lit Berlin comme son lieu de rsi-

    dence et Charlottenburg comme rsidence

    secondaire. A partir de cette poque Berlin est

    la ville principale et se dveloppe progressive-

    ment en absorbant les autres villes. En rsulte

    cette structure polycentrique que Berlin a

    conserve jusqu prsent.

    A Paris la situation est compltement diff-

    rente, il existe ds le dbut un centre trs fort et

    une priphrie constitue de villages moins

    puissants.

    Concernant le grand paysage Paris,

    la ville compacte est entoure de paysage. Bien

    videmment il existe des parcs dans la ville mais

    le paysage est difficilement intgr au tissu

    urbain. Le paysage est assez planifi et les

    limites entre ville et paysage sont floues. A la

    priphrie les forts et la nature en gnral ont

    t sacrifies au profit de lexpansion urbaine.

    A Berlin cest diffrent, bien sr les forts ont

    dclin cause de lexpansion urbaine mais une

    politique de redveloppement de ces forets est

    mise en place en 1915. Ces forts artificielles

    taient exploites des fins industrielles, pour

    la production de bois.

    La structure polycentrique de Berlin induisait

    que chaque micro centralit ait sa priphrie

    dans laquelle se trouvaient les industries

    connectes au rseau fluvial et ferroviaire. Il

    existait entre ces ples des zones non planifies

    o il navait pas de pression. Cest ce qui

    explique quaujourd'hui la ville soit ponctue de

    nombreux grands espaces libres, qui sont ces

    fameux vides (parfois des parcs, parfois non

    planifies etc.). La structure de la ville est donc

    distendue, chacun de ces micro-centres a sa

    priphrie ce qui signifie que la ville lgre et la

    ville dense sont toujours extrmement mls.

    Comme vous venez de le dire Berlin peut tre un modle de ville rsiliente grce ce mlange, cest linverse du modle historique de dveloppement urbain.

    Les espaces vides laisss aprs la guerre ont t un gage de renouveau, cest intressant de voir la rsilience comme un moyen de dvelop-pement et aujourdhui tout change et la construction ne se fait plus qualitativement. Quelle peut tre lattitude rsiliente mainte-nant vis--vis de ce problme ?

    Effectivement cest un modle de

    rsilience, puisque la multi-centralit vite

    dtre dpendant dun centre unique. En termes

    de rsilience climatique ou cologique les

    grands espaces libres entre les ples ont un rle

    important. Ils rafraichissent lair la nuit et le

    redistribuent au voisinage et assurent un climat

    agrable dans les villes. Aujourdhui la situation

    change drastiquement, d au rchauffement

    climatique et surtout la densification urbaine

    qui remplit ces vides. Il est donc ncessaire

    dtre au courant de la qualit de ces espaces et

    de cette structure polycentrique, de ltudier

    afin de ne pas parler de construction superfi-

    cielle. Aujourdhui les structures polycentriques

    sont voques nous pensons un systme

    quilibr fait de ples gaux mais la situation

    nest pas si simple. Dans le sud de Berlin, par

    exemple, on a moins de btiments compacts et

    principalement du tissu pavillonnaire dispers.

    A Zehlendorf par exemple il y a une petite

    centralit entoure du sprawl. Au nord-est,

    Bernau, il y a plutt un petit noyau dancienne

    centralit avec quelques fonctions centrales et

    en priphrie de grands ensembles dhabita-

    tion.

    Cette structure polycentrique doit tre identi-

    fie, visualise. Il faut savoir quelles sont ses

    spcificits. Bien la connaitre va permettre de

    la renforcer parce que pour linstant ce quil se

    passe Berlin est loppos. En effet, au-

    jourdhui le projet est davoir un centre qui

    comprendrait le centre de louest de Berlin,

    Friedrichstadt qui tait le centre historique et

    Alexanderplatz qui tait le centre de Berlin Est.

    Il existe donc encore diffrentes centralits au

    cur mme de Berlin mais actuellement tous les

    investissements aliments par le Planwerk

    Innenstadt, vot par le snat en 99, consistent

    en reconstruire les empreintes historiques de la

    ville. Seize ans aprs la plupart des vides

    majeurs ont t sacrifis pour reconstruire ces

    traces historiques du centre de la ville. Cette

    dmarche est critiquable dans les sens ou les

    constructions nont rien voir avec de relles

    traces. Ce sont des btiments nouveaux avec de

    nouvelles densits, de nouvelles faades et de

    nouveaux matriaux. Seule a t conserve une

    srie limite de rgles comme celles de la limita-

    tion de hauteur ou de la fermeture du primtre

    des blocs. Mais quest-ce que a a voir avec la

    structure ou les besoins de la ville contempo

    Grand BerlinAli Saad, architecte urbaniste, TU Berlin

    55

  • raine ? Le Planwerk Innenstadt et la reconstruc-

    tion du chteau sont des ambitions de recrer

    une identit, propre, celle davant la seconde

    guerre mondiale. Comment construire la ville

    aujourdhui ? reste une question sans r-

    ponse.

    Actuellement dans le logement, le

    climat est sacrifi d la pression et la tension

    sociale. Il faut construire plus densment et

    plus haut afin de prserver les espaces libres

    ainsi quanalyser la ville sans prjugs histo-

    riques ou idologiques. Le bloc berlinois

    historique par exemple a merg comme un

    modle pouvant intgrer de la production

    petite chelle, de petites manufactures.

    Normalement, pour une question de lumire, les

    logements donnent sur la rue et les logements

    lintrieur du bloc sont aux tages suprieurs

    mais les manufactures et industries correspon-

    daient aux zones les moins bien claires.

    Aujourdhui ces blocs sont ferms et les

    anciennes manufactures et industries se

    transforment en logements. Le manque de

    lumire et dair devient un rel problme. Ce qui

    est produit aujourd`hui nest donc pas issu de

    recherches, danalyses ou bas sur de vrais

    problmes mais sur une image que Berlin veut

    crer. Ma suggestion est donc de mieux

    comprendre les structures existantes et les

    renforcer au lieu dintroduire ce genre de

    nouvelles typologies.

    Le grand paysage fait partie de lidentit de Berlin. Comment le prserver aujourdhui dans la grande chelle. Maintenant que le logement est plus important que lindustrie comment fait-on pour prserver les forts dont vous nous avez parl prcdemment?

    Ce qui est spcifique de Berlin, cest

    que le paysage est trs bien intgr la ville.

    Des doigts durbanisation stendent vers le

    paysage et en change des doigts de

    paysage entrent dans la ville jusqu proximit

    du centre. Cest le Berlin Finger model, trs

    planifi et entretenu, il consiste mettre

    laccent sur la possibilit daccder trs

    rapidement la campagne. Ce systme

    combin aux larges zones rsiduelles prsen-

    tent dans le centre produis un modle trs fort

    Pour la fort, existe-il des zones ou des systmes de protection ?

    En effet il existe diffrents types de

    forts et niveaux de protection. Le plus haut

    niveau correspond une interdiction formelle

    daccder la fort cause dune biodiversit

    qui doit tre protge. Il existe un autre type de

    forts qui sont galement protges mais

    auxquelles on peut accder. Les forets artifi-

    cielles, trs structures et sombres, correspon-

    dent la majorit des forts de Berlin.

    Que peut apprendre Berlin du Grand Paris ?

    Tout dabord louverture de la percep-

    tion du centre vers la priphrie. Par cons-

    quent la volont de comprendre la ville dans sa

    globalit puisque la priphrie de Paris existe

    cause du centre, cest donc un systme unique

    qui ncessite dtre compris dans sa globalit

    pour pouvoir agir. Cette approche est quelque

    chose que Berlin ne pas oublier.

    Comme Paris, il y des changements

    administratifs au niveau des frontires mais les

    limites administratives de Berlin sont plus

    complexes. Ce quil y a lintrieur est plus

    complexe galement parce que ce nest pas

    uniquement du tissu urbain compact mais aussi

    des forts, du sprawl et au-del de la limite

    le Brandenburg, qui est une autre unit admi-

    nistrative. Ce que nous essayons didentifier en

    ce moment est quelles sont les zones du

    Brandenburg pouvant tre relies la mtro-

    pole parce qu'elles en sont dj dpendantes.

    Mais aussi quels espaces sont plus en marge,

    plus orients vers lagriculture du Brandenburg

    lui-mme et constitueraient une sorte de limite

    mtropolitaine.

    A paris il y a une plus grande attention

    lespace urbain et larchitecture, probable-

    ment parce que Paris est plus riche que Berlin

    qui tait notoirement, jusquil y a peu de temps,

    en faillite.

    Une trs forte mdiatisation de la ville

    de Berlin commence en 2006 et a pour effet

    dattirer les investissements. Le gouvernement

    facilite le processus et vend des terrains publics

    ce qui engendre de nombreuses critiques. La

    ville avait besoin dargent rapidement et son

    attention ne se porte plus sur ce quil faut

    construire mais plutt sur la ncessit de

    construire quelque chose. Le Berlin strategy

    2030 par exemple, ralis par des urbanistes

    mais surtout des planificateurs, des cono-

    mistes et des sociologues dfinit des zones

    prioritaires o investir. Le rsultat nest pas du

    tout spatial et indique uniquement les zones

    daction. Cest trs approximatif et encore une

    fois, lopration tant une commande de la ville,

    ces zones sont localises lintrieur des

    limites administratives de Berlin.

    56

  • Quel sera le primtre de ce nouveau Grand Berlin ?

    Nous ne savons pas encore, dans un

    premier temps un cadre de 82x82 km t

    dfini correspondant une distance dune

    heure de Berlin. Il correspond la distance que

    les gens font en moyenne pour aller la

    campagne

    Lespace public de Berlin peut-il tre un exemple pour Paris

    Il y a beaucoup de choses que Paris

    peut apprendre de Berlin, principalement sur la

    facon dont Berlin sest dvelopp et non pas la

    manire dont il est actuellement planifi.

    Mais encore combien de temps Berlin pourra-til

    servir dexemple? Bien sur ce genre de struc-

    tures despaces verts et despaces rsiduels est

    fantastique et cest ce qui a rendu la ville

    clbre mais a tente disparaitre. Ces espaces

    libres auxquels les gens pouvaient accder ne

    sont pas uniquement des parcs mais aussi des

    espaces rsiduels, en friches. Des espaces qui

    suscitaient un sentiment daventure. Les

    btiments abandonns taient occups par de

    gens qui inventaient de nouveaux modles

    conomiques, de nouveaux modes de faire du

    commerce.

    Il faut garder en tte que ces espaces sont

    apparus au cours de circonstances particulires

    comme la guerre ou aprs la division de la ville.

    A cette priode chacun des deux systmes est et

    ouest a beaucoup investi dans la reconstruction

    mais aprs cela plus aucun investissement na

    t fait. Entre les annes 70 et 2006 la ville sest

    vide de ses habitants cause du manque de

    nouveaut, demplois et dinnovation.

    Ces lieux dinnovation sont difficiles recons-

    truire ou intgrer dans les stratgies damna-

    gement. Par dfinition ce sont des espaces

    entre-deux, entre ancien usage et nouvel

    usage, si un usage est prvu cette ouverture et

    cette libert disparaissent.

    Il serait intressant denquter sur des modles

    de planification qui pourraient intgrer cette

    notion.

    Il y a beaucoup de dynamiques locales Berlin avec beaucoup dinitiatives prives, cela pourrait-tre un exemple suivre. Pour Sevran il y a la problmatique de comment innover sur le plan social et en terme darchitecture, de formes urbaines. Comment pouvons-nous apprendre de Berlin, quel est lingrdient principal pour linnovation.?

    Linnovation ncessite un espace

    scuris que les gens peuvent utiliser pour

    suivre leurs intrts et pas ceux de ltat. A la

    Villa Mdicis par exemple, entre Clichy-sous-

    Bois et Montfermeil, il y a une ambition de

    fournir aux banlieues une fiert par le biais de

    la grande/haute culture mais lopration

    ressemble plus un geste symbolique qua un

    espace ddi aux habitants. La question de ce

    que les gens de Clichy et Montfermeil font de

    cet espace au quotidien peut alors se poser.

    Lide serait plutt de donner des espaces bon

    march que les gens pourraient utiliser leur

    bon vouloir, mais ces espaces nexistent

    particulirement pas dans la ville lgre qui est

    toujours planifie avec un manque despaces

    publics mais aussi despaces autres que le

    logement (comme le garage par exemple, lieu

    dinnovation si on se fie lexemple de Steve

    Jobs)

    Auparavant Berlin tait un laboratoire pour les

    innovations parce que ctait un espace scuris

    et bon march grce au manque dintrt que

    les investisseurs lui portaient. Cest pour cela

    quil faut conserver les endroits o linnovation

    est possible et les intgrer la planification. Il

    faut donc avoir un ratio entre espaces bon

    march pour laisser la place linnovation et

    espaces plus cher qui sont ncessaires a la

    venue dinvestissements.

    Aujourdhui y a-til une relation entre innovation et priphrie ? Berlin ressemble-t il de plus en plus aux autres villes euro-pennes?

    Cest ce sur quoi porte notre travail

    actuellement afin de comprendre o les gens

    vont quand ils quittent Berlin et innovent-ils

    plus l-bas. Malheureusement rien de nouveau

    ou dinnovant nest issu du centre de la ville.

    Ceux qui russissent conomiquement restent

    mais les autres disparaissent ou dmnagent.

    On observe de nouveau lieux attractifs en

    priphrie. Oberschneweide par exemple o il

    y a beaucoup de vieilles usines, offre mainte-

    nant des ateliers, des espaces pour les musi-

    ciens, des vnements mais elle a dj t

    repre par les investisseurs. A prsent le prix

    pour un atelier est le mme Oberschneweide

    quau centre de Berlin. Tous les lieux avec ce

    caractre industriel ont t vendus. On peut

    spculer que les prochains espaces intres-

    sants sont les constructions des annes 70 et 80

    qui pour linstant nintressent personne, ces

    endroits sont moins chers et pourraient devenir

    des lieux dinnovation.

    57

  • Ples, ples "verts" et ples potentiels

    Ples de "haute" culture et sub-culutre Zones industrielles

    5,0 km

    0

    Aerial map, 1:500.000(source: OSM,Geofabrik)

    58

  • Vous avez mentionn cette ide de labora-toire et de mettre en place de nouveaux systmes conomiques. On note cependant que ces dveloppements en priphrie ne se basent pas sur des mcanismes alternatifs

    Effectivement, ce qui est ralis

    proximit de Oberschneweide est trs simple,

    parce quil y a tellement dintrts, la planifica-

    tion est dcide alors qu lorigine il ny a pas

    dmergence spontane. On observe donc des

    protestations pour empcher les politiciens de

    dcider librement de la planification, comme

    pour Tempelhof et Schnefeld par exemple. Il y

    a aujourdhui peu dendroits qui se dveloppent

    seuls par eux-mmes, comme il y a 10 ans. Soit

    ils sont pilots par lconomie globale soit par

    des plans mis en place.

    Pensez-vous que cest d au fait que lorsquon dmnage le tissu social dans la ville il devient moins dynamique et cratif socialement?

    Bien sur la priphrie nest pas

    vraiment mixte. Socialement parlant, il y a un

    centre qui merge naturellement (en termes de

    culture et de nationalit). Cest plus mixte et en

    terme de revenus mais aujourdhui a a ten-

    dance shomogniser parce que les gens

    dmnagent.

    Le paysage pourrait tre le point de dpart sur comment occuper le territoire ? . Quelle est limportance de ce paysage dans lattraction de nouveaux usages et de nouvelles populations vers la priphrie ? Ce paysage constitue-til un espace de haute qualit qui ne demande pas autant dusages innovants puisque la nature est dj-l ?

    Les deux, dun ct le paysage ntait

    pas la raison pour laquelle les gens venaient

    habiter Berlin, ctait plutt les emplois qui

    taient attractifs au sicle dernier. Aujourdhui

    cest la ville elle-mme, avec sa crativit qui

    attire. En revanche ce qui se passe gnrale-

    ment cest que les gens tombent sous le charme

    de la ville et vont a lextrieur et se rendent

    compte que le paysages sont trs beaux. Si vous

    aller dans la campagne il existe des endroits

    avec une trs forte identit mais globalement

    c'est pour le loisir. L o le paysage se trans-

    forme fortement cest dans la partie agricole

    o, louest, de trs grands parcs oliens

    mergent associs la culture du colza. Il y a

    une transformation de lagriculture vers a

    production nergtique.

    Est-ce la fin du systme polycentrique Berlin ?

    Non, cette configuration polycentrique existe

    depuis le dbut de la ville et bien videmment

    ne va pas disparaitre. Comme je lai expliqu,

    mme le centre est compos de plusieurs

    centralits, Charlottenburg, Mitte et Alexan-

    derplatz. Il existe encore dautres centralits

    dans ces centralits Cela va donc persister. La

    question est voulons-nous renforcer cette

    configuration ? parce quactuellement elle est

    affaiblie. Voulons-nous un modle plus mono-

    centrique faible ou un modle polycentrique

    fort ? Il est clair que si tous les investissements

    vont vers le centre, les priphries se dgradent

    et leur centre saffaiblit. Pourquoi ne pas

    changer la stratgie et investir diffrents

    endroits et rendre ces endroits mtropolitains

    et socialement mixtes ? Ce qui permettrait de

    crer de nouveaux usages dans ces priphries

    pour linstant trs homognes.

    59

  • Holger Lippman tait responsable du dvelop-pement du projet de rutilisation de laroport Tempelhof, il est depuis 2015 responsable du dveloppement et de rutilisation de l'aro-port de Tegel.

    L'avocat Holger Lippmann tait de 2001-2013 la tte du landeseigenen Liegenschaftsfonds tablissement foncier du Land de Berlin. ce poste, il dcidait de la rpartition des terres des investissements du land. De 2014-2015 Holger Lippmann tait un membre de l'admi-nistration et chef de lquipe de projet du Snat de Berlin pour le dveloppement urbain et l'environnement. A ce poste, il sest particulirement occup du projet de rutilisa-tion du btiment de l'aroport et des terrains de Tempelhof.Aprs le rfrendum de l'automne 2014 sur ce projet, qui a exclut tout dveloppement du terrain, il a chang de poste. Il est aujourdhui en charge du projet de rutilisation de laro-port Tegel.

    Rsumer de lentretien de Holger Lippmann

    Dun aroport un parc, le dveloppement par

    tape de Tempelhof

    Depuis le rfrendum de 2014, annulant tout

    projet de dveloppement des terrains et des

    btiments de l'aroport, le projet de Tempelhof

    est devenu emblmatique de ce qui a mal tourn

    dans la politique de Berlin au cours des der-

    nires annes. Ce grand espace ouvert est au

    cur de la ville de Berlin et entour de quartiers

    ayant connu une forte hausse des loyers et une

    rapide gentrification au cours des dernires

    annes. Ce projet prsentait, pour le snat de

    Berlin, deux enjeux majeurs : La cration de

    logements abordables pour un groupe large de

    population ainsi que la participation de la

    population dans la planification de projets

    importants.

    Aprs la prise du pouvoir par les nazis en 1933

    apparait en 1935, daprs les plans de Ernst

    Sagebiel, un projet d'agrandissement de

    l'aroport tempelhof (projet faisant partie du

    plan Speer pour Berlin). Pendant la Seconde

    Guerre mondiale, la construction est arrte et

    Tempelhof nest qu des fins militaires. Aprs

    la guerre, laroport est utilis par les Allis.

    En 1996, 6 ans aprs la chute du Mur et la

    runification, la ville possdent 3 aroports

    Tegel, Tempelhof (deux anciens de l'Ouest) et

    Schnefeld (anciennement lEst). Une rorga-

    nisation est ncessaire. Il est alors dcid la

    fermeture des deux aroports du centre-ville

    (Tegel et Tempelhof) en faveur dun aroport

    BER (agrandissement de lancien Schnefeld).

    En 2008, un premier rfrendum souhaite la

    prservation de l'aroport Tegel, mais est

    perdu.

    En automne 2008, l'aroport Tempelhof est

    dfinitivement ferm. En 2010, l'ancien

    arodrome est ouvert au public et devient alors

    un parc de plus de 300 hectares. Le parc est tout

    de suite bien accept par une majorit cra-

    sante de la population. Les annes suivantes, de

    nouvelles initiatives et usages pionniers sont

    lancs et dveloppent des usages temporaires

    sur l'ancien arodrome.

    Le Snat dcide et dveloppe un certain nombre

    d'utilisations sur les terrains : sports de plein

    air, usages culturels, jardinage, mais aussi des

    projets en lien avec les coles des quartiers

    environnants. Paralllement ce dveloppe-

    ment, auquel la population peut participer

    activement, le Snat de Berlin sengage dans le

    dveloppement d'un plan directeur, qui doit

    dessiner les conditions du dveloppement

    urbain des franges de laroport ainsi que le

    dveloppement d'un parc central.

    En 1994 est dessin un premier plan directeur.

    En 2008 20011 et 2013, de nouveaux plans sont

    proposs. Le plan directeur final est prsent en

    2013. Il propose le dveloppement phas de 3

    secteurs sur les franges des terrains pour des

    usages rsidentiels principalement, ainsi que

    pour des commerces et des coles. Le projet

    intgre partir de 2014 un emplacement

    rserv la construction de la nouvelle Biblio-

    thque nationale.

    Ds le dbut du processus, cette planification

    est trs critique du grand public. Les habitants

    des quartiers voisins de laroport, mais aussi la

    presse et initiatives regrette le manque de

    consultation des habitants et le manque

    dinteraction possible entre habitants et projet.

    La population ne se sent pas impliqu dans le

    processus, ce qui est d'autant plus difficile que

    la population, en particulier des quartiers

    voisins, se sent prsent relie par les usages

    du nouveau parc. Bien que le terrain nest pas

    tait accessible pendant des dcennies, la

    crainte est grande que les nouvelles construc-

    tions ainsi que lamnagement central viennent

    empcher les initiatives ainsi que la libre

    utilisation du parc actuel.

    Bien quun processus participatif ai t mene

    plusieurs reprises, la planification du Snat est

    peru comme opaque. La confiance dans le fait

    que le Snat puisse construire du logement

    abordable sur les marges du parc est rompue.

    Une initiative de rfrendum est lance.

    Llecteur est devant un choix radical. D'un

    Grand BerlinHolger Lippmann, responsable du dveloppement et de la rutilisation de l'aroport de Tegel.

    60

  • Llecteur est devant un choix radical. D'un

    ct, voter pour la proposition du plan directeur

    du Snat, de lautre, voter pour quaucune

    modification de lexistant ne soit possible

    (proposition de l'initiative)

    En 2014, le rsultat du vote est sans appel : plus

    de 60% des votants choisissent de laisser vides

    les terrains de laroport. Il est donc lgalement

    impossible de dvelopper les terrains. Le parc

    reste ouvert au public. Un simple entretien et un

    maintien de la vgtation existante est

    possible.

    Lgalement le dveloppement de constructions

    de toute nature quelles soient est exclu.

    Cependant, le processus de projet se poursuit.

    Le Snat travaille en partenariat avec les

    habitants llaboration dune boite outils

    pour les usages du parc. Par rapport au master-

    plan initial, aucunes constructions ne sont

    envisages, seulement des interventions

    minimales.

    Tempelhof : synonyme de nouvelles procdures

    et nouvelles mission pour la ville de Berlin

    Pour le Snat, le rsultat du referendum

    reprsente un norme problme. Le terrain de

    Tempelhof est l'un des plus grands espaces

    verts urbains contigus qui appartiennent au

    Land et qui pouvait donc tre peuvent tre

    dveloppes par le public. Il aurait permis

    dvelopper des logements faible cot,

    logement social dont Berlin a besoin.

    Avec le rfrendum cette possibilit est exclue

    par la loi. Compte tenu de la hausse des loyers

    (en particulier dans les quartiers voisins de

    Kreuzberg et de Neuklln) et de la gentrification

    croissante des districts du centre-ville, une

    situation paradoxale sinstalle qui accroit

    encore la pression sur les quartiers avoisinants

    car aucun dveloppement de logements aussi

    proche du centre et sur un foncier maitris nest

    possible.

    Ceci autorise la recherche de solutions de

    densification sur la ville existante. Dans cette

    dmarche, les organisations de logements

    sociaux sont particulirement sollicites. La

    densification des espaces ouverts des princi-

    paux quartiers de logement sociaux est une des

    solutions envisages. Le Snat de Berlin va

    dailleurs raliser bientt deux projets de ce

    type sur deux grands quartiers de logements

    collectifs existants.

    Toutefois, Tempelhof montre bien comment une

    planification peut tre dsastreuse quand elle

    est ralise sans limplication de la population.

    Le Snat souhaite en tirer des leons et faire

    pour le projet de Tegel de manire trs diff-

    rente. Holger Lippmann analyse les deux

    grosses erreurs du Snat :

    - Le plan directeur a t labor sans aucune

    participation relle, sans accompagnement du

    processus de communication simultanment

    l'ouverture des terrains au fil des annes. Cela a

    conduit une mfiance de la population.

    - La dcision dimplanter la bibliothque

    nationale sur les terrains est intervenue trs

    tard et a t peru par le public comme une

    action topdown du gouvernement sans

    discussion pralable.

    En fin de compte, dit Lippmann, le projet de la

    ZLB (bibliothque centrale de Berlin) a bris le

    cou au projet de Tempelhof . La confiance de

    la population, tait dj faible, principalement

    dans les quartiers environnement qui portant

    aurez le plus profit des nouvelles installations

    et services du projet. La dcision de la biblio-

    thque centrale a mis le feu aux poudres. Des

    lecteurs des quartiers tels que Spandau,

    Zehlendorf et Weissensee trs loigns du site

    ont largement vots contre le projet de master-

    plan. A Tegel, la concertation et lintgration

    de la population au processus de projet

    interviendra plus tt et de manire durable. Les

    ides devront mergs et tre partages avant

    quun plan ne soit dessin.

    61

  • Schma du pole intense de Sevran et des micro-centralits

    62

  • Quels sont les freins aux ambitions dinnova-tion sur Sevran?

    Le frein principal est li notre

    systme institutionnel, les modifications de

    territoire sont surtout lies au pouvoir en place

    et aux moyens quil a de modifier les choses. Le

    territoire est riche mais la ville est pauvre, il est

    donc trs difficile dengager de nouvelles

    dynamiques et surtout des dynamiques inno-

    vantes qui sont a priori plus couteuses que les

    projets. Le principal problme cest la mtro-

    pole riche avec normment de disparits et

    dingalits. Ces ingalits ont pu tre obser-

    ves lors du CDT, lambition Sevran tait

    moindre parce que la confrontation au pro-

    blme du manque de moyens disposition pour

    engager les projets est immdiate, ce qui

    impacte sur leur qualit. Sevran est dans la

    mtropole mais le sentiment dtre cot

    persiste.

    Lambition na pas t la mme pour le CDT, vous dites que les moyens ne sont pas les mmes, pouvez-vous dtailler?

    Il suffit de regarder la fixation des CDT

    et de comparer la participation des partenaires

    extrieurs qui sont trs impliqus dans certains

    secteurs, comme la chambre de commerce et

    dindustrie par exemple. Le CDT est quasiment

    absent, les investisseurs ne viennent pas de la

    mme faon et a se voit sur les projets. La

    discussion sur le logement par exemple a

    provoqu des semaines de ngociations avec

    ltat pour quil sengage participer au

    rattrapage du retard sur les quipements

    publics.

    Pour le projet du mtro cest un peu diffrent, il

    y a une homognisation du rseau, mais les

    questions damnagement autour des gares,

    des services disposition etc. ne sont pas

    abordes. Les proccupations ne sont pas les

    mmes et il y a certaines questions que nous ne

    nous posons mme pas parce quil ne sera pas

    possible de les mettre en place. Cest tout le

    problme, les habitants sont mtropolitains

    parce quils se dplacent dans toute la rgion

    parisienne, ils ont un parcours mtropolitain

    mais les ingalits persistent.

    Quand vous parlez de dcalage lors des discussions entre la SGP et vous, quelles questions vous semblent les plus urgentes et ne sont pas traites ? Le projet terre davenir est peut tre loccasion de faire un bon tat des lieux pour la transmission de vos exi-gences et marquer les urgences. Concernant

    le projet, quels sont les urgences et les lments poser et ce que a peut apporter au manque dinnovation ?

    Le projet du grand Paris et larrive du

    mtro ont permis des discussions qui nauraient

    pas pu avoir lieu auparavant sur la qualit des

    ralisations et sur les projets. Lensemble du

    projet Terre d'avenir est un exemple type d'une

    discussion possible aujourdhui grce larrive

    du mtro. C'est galement ce qui nous a permis

    de nous inscrire sur la candidature du stade de

    rugby. Mais avoir des ralisations dexcellente

    qualit est extrmement compliqu parce que,

    mme si les discussions sont possibles au-

    jourdhui, la collectivit nest pas en capacit

    denclencher le processus pour que les autres

    suivent. Lattente est permanente. Dautres

    collectivits ont les moyens dengager des

    processus mais ici cest plus difficile et plus

    long mener quailleurs. Le changement radical

    aujourdhui cest que le territoire est devenu

    attractif, le priv est donc intress pour

    investir. La question prsent est de comment

    doit-on accompagner ce phnomne sans le

    subir?

    Quest-ce que le grand Paris a apprendre de Sevran ?

    Culturellement no