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Les grands paysages entre dense et lger, intgration et rsilience
AIGP
Atelier international du Grand Paris
LIN
Architecture Urbanisme
JOSEPH HANIMANN
Philosophe
MICHAEL KLEYER
cologue
KAYE GEIPEL
Historien de la ville et de l'architecture
PAN
L2
Juin 2015
LIN, Finn Geipel + Giulia Andi
Membre du Conseil scientifique de lAtelier International du Grand Paristude ralise pour lAtelier International du Grand Paris Commande Habiter le Grand Paris / mars 2013
2
Avant Propos
Rsilience-Rsistance-Rmanence
ABSTRACT
Objet de la dmonstration: Ville dense ville lgre : prcisions
Rponses aux enjeux du drglement climatique
1. Le Grand Berlin1.1. Ce que Berlin peut apprendre du Grand Paris ?
1.2. Transformation d Grand Berlin,quelle densification?
2.Sevran territoire de destination2.1.Lexprience Grand Paris Sevran depuis 6 ans
2.2. Ce que le grand Paris a apprendre de Sevran.
2.3. Les habitants face au changement du Grand Paris
2.4.Les formes de rsilience de la transformation de Sevran
ENTRETIENS
le Grand BerlinAli Saad, architecte urbaniste, TU Berlin
Holger Lippman, responsable du dveloppement et de la rutilisation de
l'aroport de Tegel.
Sevran territoire de destinationBruno Dumond, responsable Grand Paris, ville de Sevran
Linda Damouche, chef de projet ANRU Beaudotte, ville de Sevran
Lara Belkind, architecte urbaniste, doctorante MIT
Thierry Maytraud, hydrologue,urbaniste, directeur Agence ATM
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77
Sommaire
3
4
La consultation du Grand Paris lance en 2008 devait permettre de
donner voir les applications du protocole de Kyoto (sign en 1997)
lchelle mtropolitaine. Les reprsentations furent nombreuses mais
lobjectif tait commun : trouver la combinaison entre des objectifs
conomiques nationaux, locaux, dans un systme rsilient.
Tandis que le cycle annuel des confrences des parties (COP) rappelle les
principes environnementaux lmentaires suivre, les terminologies se
prcisent, ltat durgence est, lui, de plus en plus fond. Poser de
nouveau la question de la transformation de la mtropole au regard des
enjeux climatiques (7 ans aprs la premire consultation du Grand Paris)
nest donc pas anodin.
La notion de rsilience est fortement prouve et son champ dactions est
vaste.
Dans ce cadre, lquipe LIN reviendra sur le sens de sa posture initiale au
vu de la prcision des terminologies relatives aux enjeux climatiques et
au vu de la transformation structurelle de la mtropole.
Avant-propos
5
6
Depuis maintenant vingt ans, le concept de rsilience vogue entre nouvelles perspectives danalyse et possibles malentendus. Pour le rendre vraiment oprant, Il convient de linterroger sur ses prsupposs et ses implications. Dans tous les contextes auxquels il sapplique (contexte cologique, conomique, technologique, social, psycholo-gique), le principe de la rsilience rompt avec un des fondements de la pense moderne. Depuis le 18e sicle europen, le programme de la modernit tait la promesse du passage dun rgne de lincertitude et de la prcarit vers un rgime de la stabilit et de la prvisibilit. Le prvi-sible et le planifiable sont la norme selon ce programme, la perturbation et linstabilit sont lexception. La rsilience, prise la lettre, renverse cet ordre et renoue avec une situation pr-moderne, sans tre un retour en arrire. La perturbation cause par une inondation ou un stress social cesse dtre un accident ou une catastrophe viter absolument et devient un lment constitutif dans la variation incessante du rel.
Les consquences de ce renversement de perspective sont universelles sur le plan thorique, trs spcifiques sur le plan pratique des diffrentes situations mtropolitaines comme le montrera une comparaison entre le Grand Paris et le Grand Berlin propose ci-aprs. Si Berlin la perturba-tion majeure du sicle pass perturbation dramatique de la guerre a laiss des espaces vides qui venaient amplifier la capacit de rsilience cologique et sociale des espaces naturels dj prsents dans cette ville et augmenter le potentiel dinnovation sociale et artistique, la situation est bien diffrente Paris. Dans son tissu urbain organis en cercles autour dun unique centre dense, les espaces servant de rserves pour la rsilience taient successivement pousss la priphrie. Ils reviennent aujourdhui vers le centre sous la forme de micro-paysages, alors que dans la capitale allemande les espaces libres au centre se remplissent peu peu. Ces diffrences locales nannuleront cependant pas les caractris-tiques universelles propres au phnomne de la rsilience. Le terme de rsilience dsigne, selon la dfinition classique, la capacit dun systme perturb par une action extrieure ou une raison intrieure de rtablir spontanment lquilibre ncessaire pour sa prennit. quilibre retrouve ne signifie pas retour en arrire. Lvolution inces-
Rsilience, Rsistance, Rmanence
7
sante des systmes allant dun tat incertain vers un autre (et rappelant
davantage lternel devenir du monde chez Hraclite que le rgne
immuable des ides chez Platon ou des catgories dAristote) ne connat
pas de retour un stade antrieur et lide dun tat initial lui est
trangre. Cette vision conduit dvelopper le principe dune culture
du risque telle quelle ressort de ltude du sociologue Ulrich Beck sur la
socit du risque 1 . Elle rend vain lespoir de pouvoir supprimer le
risque (en abattant p. ex. les platanes au bord de la route) et elle encou-
rage accepter de vivre avec lui, en rduisant la vulnrabilit face lui
par des dispositifs techniques et des modifications de comportement.
Mais le malin gnie promthen de la modernit mrite son nom : il est
malin. Il a su rcuprer lide de la rsilience pour la retourner parfois
son avantage. Au lieu dinspirer de nouveaux comportements et de
nouvelles manires de faire en tentant par exemple dattnuer les
possibles dommages en zone inondable, le principe de la rsilience a pu
servir dalibi pour pousser le risque, comme la montr Helga-Jane
Scarwell2 puisque les systmes sauront si bien rtablir leur quilibre,
on multiplie les projets hasardeux, avec quelques amnagements
techniques. Cette tentation est grande l surtout o le besoin de loge-
ments ou de bureaux est urgent et o la pression foncire est forte. Le
risque peut faire projet et relguer le souci du danger au rang des
priorits secondaires , crivent Alexandre Brun et Frdric Gache3 . Cest
mconnatre la force stimulante que le risque peut effectivement avoir,
quand il encourage par exemple dvelopper des stratgies de rduction
de la vulnrabilit pour engager un processus de transformation urbaine,
comme cela a t tent, daprs les auteurs, avec le projet Seine-Ardoines
Vitry-sur-Seine en 2010. Rsilience ne peut vouloir dire calculer le
risque et chiffrer les dommages (ils sont imprvisibles). Il sagit
dapprivoiser le risque dans sa constante mutation, de rvaluer en
permanence non seulement les donnes objectives, mais aussi la perti-
nence du regard port sur elles, questionner le bien-fond des attentes,
du comportement et des faons de faire.
Peut-tre faut-il pour cela largir le cadre avec une catgorie nouvelle.
La logique de la rsilience est souvent prsente comme un modle
alternatif la rsistance : Au lieu de vouloir sopposer aux risques par
endiguement, canalisation, scurisation du rel, il sagirait dassouplir
les mthodes, dallger les dispositifs techniques et lgislatifs, de
dynamiser la ractivit, de responsabiliser plus directement les acteurs.
Ce nest pas faux, mais les deux modles sont loin dtre exclusifs lun par
1 Ulrich Beck: Risikogesellschaft. Auf dem Weg in eine andere Moderne.
Frankfurt am Main, 1986 (La socit du risque. Sur la voie dune autre modernit)
2 Helga-Jane Scarwell: Dconstruire les logiques de gestion du risque
dinondagion. In: Air Pur, No. 72, 2007
3 Alexandre Brun/Frdric Gache: Risque inondation dans le Grand Paris:
la rsilience est-elle un concept opratoire? In: Regards/Terrain, 2013
8
rapport lautre. La rsilience contient une part de rsistance et appelle
peut-tre un troisime terme : celui de la rmanence.
Est dit rmanent ce qui subsiste aprs la disparition de la cause qui
la provoqu on parle dimages rmanentes que lon continue voir
pendant un temps alors que lobjet qui les a fait natre a disparu. Ce
phnomne prsente deux versants : il sagit dune illusion, mais aussi
dun effet de la mmoire bien rel. Notre hypothse est la suivante : Un
systme ne peut tre vritablement rsilient que lorsquil y a un effet de
rmanence, cest--dire lorsquil y a survivance de ltat antrieur avec
une force dinertie, une certaine masse critique qui ralentit le change-
ment. Lintroduction de cette catgorie de la dure dsigne lendroit
logique o la rsilience sinscrit dans la perspective de la durabilit. Le
rsilient nadmet pas la dure, il la prsuppose. Cest lternel balance-
ment autour dun prcaire point dquilibre garanti par leffet retarda-
taire de lancien qui subsiste sous le nouveau comme une rmanence, la
fois fantasm et rel.
Considre sous la dimension politique et sociale, ce prolongement de
la rsistance et la rsilience vers la rmanence a un certain nombre de
consquences. Elle rvle notamment la nature antirvolutionnaire de
lide mme de rsilience. Si la conversion, aujourdhui, vers cette
dernire peut parfois avoir un aspect rvolutionnaire dans sa rupture
avec le programme de lutopie moderniste triomphante, lide dun
renversement radical et dun renouvellement par la table rase lui est
profondment trangre. La rsilience est de nature rformatrice et
craint les bouleversements trop brusques qui bloquent sa dynamique. Elle
ne connat par la solution un problme, mais seulement les inces-
sants rajustements. Plutt que par une rupture dfinitive des rgles, elle
volue par linterminable ngociation des forces en prsence dans un
conflit sans fin.
Les implications thiques de ce tournant politique ont t signales,
entre autres, par le philosophe Hans Jonas4 . Il ny a aucune raison
inhrente pour tablir que la nature devrait rester telle quelle est et que
la vie humaine devrait continuer sur terre, crit-il. Mais quand la volont
progressiste de faire mieux se trouve double par la peur du devenir
pire , laspiration au changement touche une limite : celle du respect
de lexistant non plus parce quune instance suprieure lexigerait, mais
parce que le rflexe de survie le dicte. Quand lincertitude crot, lesprit
se crispe et sanime, le non-savoir devient un facteur positif pour les
prises de dcisions, sous la forme dun moratoire par exemple qui, loin
dtre un abandon, excite lattente. Bien comprendre la rsilience peut
vouloir dire cela aussi : que rien nest gagn ni perdu tant que nous guette
le prochain risque.
4 Hans Jonas: Das Prinzip Verantwortung. Versuch einer Ethik fr die
technische Zivilisation. Frankfurt am Main, 1979 (Le principe responsabilit. Une
thique pour la civilisation technologique)
9
10
ABSTRACT
11
Objet de la dmonstration : Ville dense -ville lgre, prcisions.
Agir sur la problmatique environnementale nappelle pas de rponses
sectorielles mais pose la ncessit dune dmarche intgrative. Celle-ci
est soustendue par laffirmation que la mtropole parisienne doive
raisonner en termes de ville dense/ville lgre. Cet quilibre, dj
existant, est renforcer. Par l mme, cest la qualit des situations
diversifies qui est reprsente. La mise en lumire de cette diversit a
t exprimente par lquipe LIN travers plusieurs projets sur le
territoire de lEst de la Seine Saint Denis, cest le cas du CDT Est Seine
Denis et du projet Terre dAvenir Sevran .
Lquipe a travaill sur la mise en valeur de ce quelle a nomm en 2008 La
Mtropole Douce. En fonction de ce travail, on peut aujourdhui exposer
les effets du concept et ses limites potentielles lorsque le stade de
loprationnel est atteint.
Si, de fait, le travail effectu intgre lobligation de rsilience, nous
exposerons les effets et les limites du concept sous le double prisme du
risque et de la rsilience. En dautres termes, il sagira de prciser leffet
de la mthode : celle qui fait du dense et du lger une double condition
accepter. Nous chercherons rpondre aux questions suivantes : com-
ment entre le dense et le lger, lquilibre peut-il tre contrl, program-
m, initi ? Comment garantir la prise en compte de lexistant comme
facteur positif de projet? Quelle traduction lors du passage lacte? Si la
rponse se trouve dans la mthode de planification, comment sassurer
dune approche systmique permanente ?
Lentre par le Grand paysage apporte une rponse.
Les structures gographiques sont historiquement support de planifica-
tion la grande chelle (Berlin, archipel verte). Lentre paysagre na
certainement pas quune lgitimit climatique. Fondement dun projet de
territoire, la ncessit de raisonner en termes de grand paysage est
rendue dautant plus vidente quelle permet daborder la grande chelle,
et entrine la ncessit dune vision globale de dveloppement. Prner
les vertus dune vision globale est, peut tre, mis mal du fait de la
faiblesse du pouvoir planificateur . Le niveau dincertitude actuel
annihile toute attitude volontariste, et il devenu vident que des m-
thodes alternatives doivent tre trouves tout en conservant des objec-
tifs ambitieux. Pourtant la transformation de la mtropole est en marche,
que ce soit de lordre de la restructuration gographique, de la redistribu-
tion des comptences ou , et cest une transformation moins discute, par
la continuit de dynamiques moins visibles.
12
Dans ce contexte, lEquipe LIN, tentera donc de prciser sa dmarche en
vue notamment dapporter des lments de rponses prcis aux effets du
drglement climatique.
Nous reviendrons, dans un premier temps, sur le modle berlinois. Dun
systme rsilient planifi un systme rsilient impos, le modle de ville
lgre berlinois est-il aujourdhui mis en pril ? Cette interrogation
permettra de rappeler les invariants de la notion de ville lgre et de
dtailler la notion de priphrie, perue comme terrain propice linno-
vation.
Dans un second temps,nous partirons de notre exprience profession-
nelle sur le territoire mtropolitain, et plus prcisment sur lEst de la
Seine Saint Denis (CDT est Seine Saint Denis- Sevran projet Terre dAvenir)
pour expliquer ltat de situation actuel, la comprhension de concepts,
leur appropriation, la persistance du besoin de raisonner en termes de
lger et de dense pour la mtropole parisienne. La commune de Sevran,
peut tre considre comme tant la priphrie des regards. Nous
montrerons en quoi cela lui est bnfique. Les transformations qui sy
oprent depuis 2008 font cho aux principes noncs par lquipe LIN
dans le cadre du Grand Paris et du CDT Est Seine Saint Denis.
Ce prsent dossier repose sur une srie dentretiens raliss dans le but
de donner des premiers lments de rponses aux questions nonces
plus haut et plus particulirement aux thmatiques transversales
suivantes :
-Mthode et processus (Ali Saad/Berlin - Bruno Dumond/Sevran)
-O densifier ? comment prserver les vides ?lacceptation des habitants
face aux changements ( Holger Lipmann/Berlin, Linda Damouche et Lara
Belkind/Sevran)
-Eau,risques et atouts (Thierry Maytraud - Sevran).
Abstract > Object de la dmonstration
13
Grand ParisGrand Paris
14
Grand Berlin
15
Grand Paris, thermographie d't 20 aout 2010, source APUR-photo LANDSAT 2010
16
Grand Berlin, thermographie
17
Rponses aux enjeux du drglement climatique
CONTINUITE GRAND PARIS
La transformation du Grand Paris est en cours. Depuis la premire
consultation du Grand Paris lance en 2008, des synergies indniables
sont prsentes sur tout le territoire. La cration des CDT impulse par le
projet de GPE a permis dinstaller une nouvelle coopration entre
communes dont les actions, jusqualors, ne convergeaient pas toujours
vers un objectif commun. Bien que lointaine, la perspective du GPE est
comprise comme une relle opportunit dencouragement la cration de
projets de territoire.
CDT-PAYSAGE- ELEMENT FEDERATEUR - OPERATIONALITE
Laffirmation de la structure paysagre savre tre un lment fdra-
teur.Bien quil soit peut-tre vident daffirmer limportance du grand
paysage dans la rflexion lchelle mtropolitaine, sa mise en place est,
elle, moins certaine.
-Aller-retour dchelle, garder en vue les enjeux aux diffrentes chelles
-Emboitement des enjeux, le paysage, fdrateur permet daborder
conjointement tous les autres enjeux..densification, mobilit, accessibi-
lit, qualit architecturale, urbaine et paysagre.
-Importance du processus de projet
GRAND PARIS - SEVRAN
Sevran met en place une dmarche de stratgie urbaine vertueuse. Le
temps se rvle tre un lment prcieux, seule faon de rpondre aux
questions suivantes lchelle de la ville: superposition des usages,
mutualisation, faire destination.
En rponse aux enjeux climatiques, nous ne pouvons que rappeler lutilit
des ides soutenues lors de la premire phase et relayer ltat de progres-
sion de ces ides.
Sevran : processus de projet vertueux soutenir.
Berlin : risques dabsence de mthode de planification.
Il y a plusieurs attitudes possibles face aux risques, s'ensuivent plusieurs
types de scnarios (catastrophique, pragmatique...). Il est de la responsa-
bilit de tous d'apporter des rponses aux enjeux environnementaux,
quel que soit le niveau de risques auxquels peuvent tre soumis des
territoires. L'inondation centennale ne concerne qu'une partie de la
mtropole en termes d'impact immdiat, pourtant l'ensemble de la
mtropole devrait se sentir concern.
18
Entre l'amont et l'aval des causes et des effets des risques, ce qui fait
sens, c'est un discours globalisant. Sevran est soumis des risques
d'inondations frquents.
Ces inondations sont dues principalement des remontes de nappes,
c'est donc un problme localis, mais la rponse est, elle, trouver sur
une chelle plus large (contrle du ruissellement qui peut accentuer les
risques...)
La gestion de risque permet de transformer les pratiques urbaines, elle
permet de repenser de manire plus global les mthodes de projets
damnagement.
Il n y a pas de rponses formelles (typologies urbaines ) donner aux
enjeux du drglement climatique. Aujourdhui, il s agit surtout de mettre
jour des mthodes vertueuses. Lenjeu est de faire en sorte que le cercle
vertueux soit le maximum largi.
Le cas de Sevran pointe des lments de mthodes utiles la rflexion.
la connaissance des sols est limite, un enjeu serait de partager plus
largement ces lments.
Lexemple des bassins enterrs, inconnus dans la Seine saint Denis, milite
dans ce sens.
De manire plus largie, une mmoire des lieux et de leur gestion est
entretenir.
Abstract > Rponses aux enjeux du drglement climatique
19
20
Une image instantane: Berlin modle de lgret .
Berlin peut tre prise comme modle de ville lgre, pas uniquement pour
sa gnrosit en espaces publics, pas uniquement non plus pour sa mise
disposition despaces libres (Zwischennutzung), mais aussi parce
quelle fut le lieu dappropriation despaces au sens large du terme.
Limpact social dune telle disposition est attirant. Les espaces de libert
rendent possible une multiplicit dinitiatives lchelle du particulier,
lchelle de groupement associatif Cette reprsentation de Berlin
sapproche lentement du mythe. Limage de lgret risque lentement
dtre relgu celle dun instantan dat. Pourtant le capital identitaire
de ce qui a t est produit la marge de modles conomiques tradition-
nels est revendiqu comme un modle faire perdurer. Ce capital est
mme le support dun marketing urbain efficace, Berlin Glamour rsonne
encore dans beaucoup desprits. Une quation insolvable est mise jour :
lquation qui cherche institutionnaliser linformel.
Mais Berlin est la recherche de locomotives conomiques puissantes et
nouvelles. Lconomie berlinoise cherche une nouvelle direction.
Lhistoire berlinoise sen trouve contredite sur plusieurs aspects. Au-del
de la nostalgie ou de lattachement lphmre, les transformations
actuelles vont contre sens de ce qui a t produit dans linformel mais
plus encore contresens des schmas de planifications passs.
1.1.Ce que Berlin peut apprendre du Grand Paris ?
Lhistoire de Berlin diffre totalement de celle de Paris et de sa banlieue.
Alors que Berlin se constitue de manire polycentrique, Paris se constitue
dans une logique de centre et de continuits priphriques.
Alors que lquipe Lin affirme la ncessit pour le Grand Paris de raison-
ner en terme de dense et de lger et de dpasser ce raisonnement
simpliste de centre et priphrie, Berlin tend vouloir mettre tous les
efforts de constructions sur son centre en dpit de sa structure polycen-
trique initiale. Ce croisement des modles est utile pour les deux mtro-
poles.
Une image instantane de Berlin peut donc apprendre au Grand Paris ,
apprendre du pouvoir de la marge , mais Berlin peut aujourdhui
apprendre du Grand Paris par sa capacit trouver les modes nouveaux
de planification lchelle mtropolitaine. A Berlin, labsence de pense
globale mtropolitaine est de plus en plus prgnante.
Lquipe LIN a eu loccasion de mettre en parallle le modle de dvelop-
pement berlinois avec le modle parisien. Plusieurs objectifs ont motiv
ce parallle :
.Donner voir, par exemple, les diffrentes faons de concevoir la notion
daccessibilit, laccs aux paysages, aux services, aux quipements
sexprime de diffrentes faons selon la densit du rseau de mobilit. Un
paysage multifonctionnel se pense des chelles diffrentes, mais en
fonction du rseau existant (Grand Paris- mtropole douce)
.Illustrer les diffrentes expressions de la ville lgre (le cas des shrinking
cities- habiter le Grand Paris) Les shrinking cities ont un pouvoir de
fascination, c'est peut tre quy surgissent des formes inattendues
dinnovation conomiques et sociales. Lapologie de la dcroissance doit
faire face aux contradictions suivantes : lauto-organisation, sa mise en
rseaux sont fragiles ds lors que lon revient une conomie tradition-
nelle.
Abstract > Le Grand Berlin
21
Entre ce qui a t dit par notre quipe et le contexte actuel, le parallle
entre le Grand Paris et Berlin peut tre enrichi. Les deux villes sont
soumises aujourdhui des tensions similaires, pour autant il y a peu de
place pour la comparaison. Les deux villes sont structurellement incom-
parables.
Berlin peut aujourdhui apprendre du Grand Paris.
Cet aller-retour entre les deux villes conduit deux lectures de la notion
de rsilience. Alors que lon pourrait considrer que Berlin est, dorigine,
constitu selon un schma rsilient, ce modle intrinsque tend tre
contrari. Alors que cest cette mixit fonctionnelle propre Berlin qui
fait modle pour Paris.
La dialectique qui vise conserver les caractristiques de Berlin tout en
lui permettant datteindre un schma de dveloppement conomique
soutenable est une proccupation commune Paris et Berlin.
Berlin a apprendre du Grand Paris dans la mthode :
.ouverture des primtres au del des limites administratives existantes,
.analyse du systme existant des polycentralits..
1.2. Transformation du Grand Berlin, quelle densification?le cas de Tempelhof : synonyme de nouvelles procdures et nouvelles mission pour la ville de Berlin.
Depuis le rfrendum de 2014, annulant tout projet de dveloppement
des terrains et des btiments de l'aroport, le projet de Tempelhof est
devenu emblmatique de ce qui a mal tourn dans la politique de Berlin
au cours des dernires annes. Ce grand espace ouvert est au cur de la
ville de Berlin et entour de quartiers ayant connu une forte hausse des
loyers et une rapide gentrification au cours des dernires annes. Ce
projet prsentait, pour le snat de Berlin, deux enjeux majeurs : La
cration de logements abordables pour un groupe large de population
ainsi que la participation de la population dans la planification de projets
importants.
Aprs la prise du pouvoir par les nazis en 1933 apparait en 1935, daprs
les plans de Ernst Sagebiel, un projet d'agrandissement de l'aroport
tempelhof (projet faisant partie du plan Speer pour Berlin). Pendant la
Seconde Guerre mondiale, la construction est arrte et Tempelhof nest
qu des fins militaires. Aprs la guerre, laroport est utilis par les
Allis.
En 1996, 6 ans aprs la chute du Mur et la runification, la ville possdent
3 aroports Tegel, Tempelhof (deux anciens de l'Ouest) et Schnefeld
(anciennement lEst). Une rorganisation est ncessaire. Il est alors
dcid la fermeture des deux aroports du centre-ville (Tegel et Tempel-
hof) en faveur dun aroport BER (agrandissement de lancien Schne-
feld). En 2008, un premier rfrendum souhaite la prservation de
l'aroport Tegel, mais est perdu.En automne 2008, l'aroport Tempelhof
est dfinitivement ferm. En 2010, l'ancien arodrome est ouvert au
public et devient alors un parc de plus de 300 hectares. Le parc est tout de
suite bien accept par une majorit crasante de la population. Les
annes suivantes, de nouvelles initiatives et usages pionniers sont lancs
et dveloppent des usages temporaires sur l'ancien arodrome.
Le Snat dcide et dveloppe un certain nombre d'utilisations sur les
terrains : sports de plein air, usages culturels, jardinage, mais aussi des
projets en lien avec les coles des quartiers environnants. Paralllement
ce dveloppement, auquel la population peut participer activement, le
Snat de Berlin sengage dans le dveloppement d'un plan directeur, qui
22
doit dessiner les conditions du dveloppement urbain des franges de
laroport ainsi que le dveloppement d'un parc central.
Le terrain de Tempelhof est l'un des plus grands espaces verts urbains
contigus qui appartiennent au Land et qui pouvait tre peuvent tre
dveloppes par le public. Il aurait permis dvelopper des logements
faible cot, logement social dont Berlin a besoin.
Avec le rfrendum cette possibilit est exclue par la loi. Compte tenu de
la hausse des loyers (en particulier dans les quartiers voisins de Kreuz-
berg et de Neuklln) et de la gentrification croissante des districts du
centre-ville, une situation paradoxale sinstalle qui accroit encore la
pression sur les quartiers avoisinants car aucun dveloppement de
logements aussi proche du centre et sur un foncier maitris nest possible.
Ceci autorise la recherche de solutions de densification sur la ville
existante. Dans cette dmarche, les organisations de logements sociaux
sont particulirement sollicites. La densification des espaces ouverts
des principaux quartiers de logement sociaux est une des solutions
envisages. Le Snat de Berlin va dailleurs raliser bientt deux projets
de ce type sur deux grands quartiers de logements collectifs existants.
Toutefois, Tempelhof montre bien comment une planification peut tre
dsastreuse quand elle est ralise sans limplication de la population.
Le Snat souhaite en tirer des leons et faire pour le projet de Tegel de
manire trs diffrente. Holger Lippmann analyse les deux grosses
erreurs du Snat :
- Le plan directeur a t labor sans aucune participation relle, sans
accompagnement du processus de communication simultanment
l'ouverture des terrains au fil des annes. Cela a conduit une mfiance
de la population.
- La dcision dimplanter la bibliothque nationale sur les terrains est
intervenue trs tard et a t peru par le public comme une action
topdown du gouvernement sans discussion pralable.
En fin de compte, dit Lippmann, le projet de la ZLB (bibliothque centrale
de Berlin) a bris le cou au projet de Tempelhof . La confiance de la
population, tait dj faible, principalement dans les quartiers environ-
nement qui portant aurez le plus profit des nouvelles installations et
services du projet. La dcision de la bibliothque centrale a mis le feu aux
poudres. Des lecteurs des quartiers tels que Spandau, Zehlendorf et
Weissensee trs loigns du site ont largement vots contre le projet de
masterplan. A Tegel, la concertation et lintgration de la population au
processus de projet interviendra plus tt et de manire durable. Les ides
devront mergs et tre partages avant quun plan ne soit dessin.
23
24
2.SEVRAN TERRITOIRE DE DESTINATION
2.1. Lexprience Grand Paris Sevran depuis 6 ans1
La ville de Sevran (49 442 habitants), situe dans le Nord Est de la
mtropole 10kms de Paris et 4kms de laroport Charles de Gaulle, sest
inscrite dans la dmarche du Grand Paris ds le dbut du projet. La
municipalit, convaincue quau-del dune meilleure accessibilit, le
projet du Grand Paris devait permettre denclencher un changement
dimage de la ville souffrant de la dsindustrialisation du territoire et de
sa monofonctionalit, sest engage fortement dans le projet pour que
soient programmes deux gares du Grand Paris express en interconnexion
avec les gares du RER B actuelles. . Au cours de six annes de travail
incluant llaboration du CDT, le travail avec la SGP, les projets ANRU, la
candidature pour le stade de Rugby, llaboration du projet Sevran Terre
davenir, ETC, la ville a affin son projet de territoire. Ce travail a
permis de lever certains blocages. Mais certaines difficults persistent.
La ville de Sevran dmontre les avances et les changements de mthodes
initis par le Grand Paris, mais en dmontre aussi les limites.
- Ingalits entre les CDT LEst de la Seine saint Denis a souvent t trs critique sur la dmarche
des CDT, dplorant leurs manques de vision pour les territoires en
difficults. Les cinq municipalits (Aulnay-sous-Bois, Sevran, Livry-Gar-
gan, Clichy-sous-Bois et Montfermeil) ont souvent eu limpression dtre
le Cluster de lHabitat dplorant par cette dnomination le fait que les
CDT ne faisaient que renforcer des spcificits des territoires, en regrou-
pant les projets existants sans rquilibrage entre lEst et lOuest
Parisien. Les craintes tant dautant plus fortes pour ces cinq villes
souffrant dj dun retard dquipement que la question du financement
des quipements induits par la construction de logement ntait pas
rsolue.
Malgr ces tensions, les cinq municipalits ont tiss des liens de travail et
de coopration forts lors de llaboration du CDT, permettant de faire
merger un projet de territoire au-del des clivages politiques.
- Prcision approche ville intense ville lgre.Le projet Est Seine Saint Denis ne prenant pas appui sur des dynamiques
de ZAC existantes ou de clusterisation du dveloppement conomique a
permis dlaborer une dmarche plus intgrative incluant lensemble du
territoire, du trs dense au trs lger.
Le projet de territoire sappuie donc sur 4 grandes thmatiques :
-Ples intenses : renforcer les lieux identitaires des communes
-Ville lgre : introduire de la complexit dans les secteurs monofonc-
tionnels (pavillonnaire, grands ensembles et zones dactivits)
-Mobilits gradues : crer une chaine de dplacements alternatifs la
voiture du pavillon la mtropole
-Arc paysager : crer un rseau des forts et parcs autour des lments
paysagers existants en y intgrant la notion de paysage multifonctionnel
(loisirs, nergie, environnement, climat, sports, culture)
- Capitaliser autour des qualits existantes : lapproche paysagre et linnovation priphriqueLe territoire du CDT entend capitaliser ses atouts et son potentiel
intrinsques pour affirmer une identit spcifique. Le CDT construit une
vision partage de lavenir et un projet commun. Aucune des villes, seule,
naurait pu prtendre sinscrire durablement dans le paysage francilien.
1 Se rfere l'entretien de Bruno Dumond, en charge du Grand Paris, la
ville de Sevran
Abstract > Sevran Territoire de destination
25
Rassembles autour dune stratgie, elles peuvent participer la
dynamique rgionale. Larc Paysager comme figure mentale et relation
physique des villes entre elles incarne cette vision partage.
Un autre point commun de ces 5 villes a t mis en valeur par le CDT
autour dune stratgie intitule stratgie de la rumeur . Les cinq villes
disposent dune population jeune et dynamique, dune histoire indus-
trielle forte, dun environnement paysager remarquable, dun patrimoine
multi-culturel significatif et dune notorit qui souvent les prcde.
Cest cette notorit (encore trop souvent ngative) qui peut tre
retourne pour mettre un nouveau bruit venu du territoire.
En sappuyant notamment sur le fait que la culture et lexprimentation
sont les avant-postes du dveloppement conomique et que les milieux
professionnels sont attentifs aux quartiers de priphrie populaire,
porteuses de nouvelles manires de voir et dagir.
Pass ce constat et une fois nonc ce rcit performatif, les actions sont
difficiles mettre en place et tardent voir le jour.
Le principal problme est le manque de moyen allou la mise en synergie
des dynamiques de chaque commune ou des initiatives habitantes. Les
initiatives restent souvent cantonnes laction associative ou laction
locale trs sectorielle (action sociale, action culturelle, action environne-
mentale) et peinent faire un effet boule de neige. Face ce manque de
reprsentation dans lespace public des initiatives, le principal enjeu est
lmergence de lieux dappropriation. Par exemple, le CDT propose la
mise en place de microcentralits runissant des actions multiservices
(mobilit, sant, aide social, production, logistique). Au-del du simple
Garage comme lieu de production (exemple de Steeve Jobs qui invente
Apple dans le garage de la maison de ces parents) lenjeu des microcen-
tralits est de rendre visible dans lespace public les lieux de production
et de sociabilit propre la condition priphrique .
- Le projet Terre dAvenir comme dmonstrateur des enjeux de rsilience dans la priphrie parisienne.
Le projet Terre dAvenir prend pour contour le primtre du ple intense
dfinit dans le CDT. Au contact du parc dpartemental de la Poudrerie et
des terrains agricoles de la plaine de Montceleux, le ple intense de
Sevran stend du centre-ville jusquau ple commercial du Beau Sevran.
Cette aire en forme de haricot sera trs bien connecte la mtropole
grce aux deux gares actuelles du RER B et aux deux gares du GPE qui leur
seront associes.
Cette aire forme le primtre de projet Sevran Terre davenir . Ce projet
allie notamment :
- la germination dun nouveau ple de ville grce la mutation program-
me du Centre commercial BeauSevran et la rnovation des cits de
Pont-Blanc et des Beaudottes,
- la cration dun ple de sport et de loisir et de formation dchelle
mtropolitaine autour dun nouveau parc dans la plaine Montceleux,
- une nouvelle vie culturelle grce un thtre dans le parc dpartemen-
tal de la Poudrerie, et la maison de limage et du signe,
- une extension du centre-ville grce aux disponibilits foncires et aux
capacits de mutation des abords de la gare de Sevran-Livry autour dune
programmation habitat/emploi tourne vers les innovations autour des
technologies vertes.
- une mise en synergie des innovations locales notamment autour du
numrique et des nergies vertes.
26
A la croise des enjeux de dveloppement, des enjeux socitaux, et des
enjeux environnementaux, le projet doit pouvoir sinscrire dans un cadre
la fois pr-oprationnel et prospectif.
Aujourdhui larrive des deux gares, engage des discussions pr-opra-
tionnelles autour des gares. Ces projets ne doivent pourtant pas hypoth-
quer les dveloppements futurs de la ville 20ans. Ceci ncessite une
apprhension du temps du projet de manire lastique.
La conservation de cohrence entre les enjeux court terme, long terme
est une des raisons dtre du projet Terre davenir.
Sans inscrire dfinitivement sur le papier (ce qui ne serait dailleurs pas
possible)un masterplan, le projet Terre dAvenir est reprsentatif de la
mise en place dune stratgie visant transformer un territoire au-
jourdhui dlaiss en un lieu de destination mtropolitain.
Le projet Sevran Terre dAvenir est dmonstrateur du fait que la recherche
de rsilience urbaine est un dfi pos autant par les changements
climatiques, socitaux, conomiques, technologiques, et culturels.
2.2. Ce que le grand Paris a apprendre de Sevran2.
Le Grand Paris a certainement apprendre de la diversit des actions et
projets qui sont actuellement mens dans toute la mtropole.
Lexemple Sevranais rvle aux acteurs du Grand Paris le risque quil y
aurait considrer chaque territoire de gare de la mme manire.
Lquation meilleure accessibilit = meilleur attractivit du territoire
nest pas gale en tout point du territoire francilien.
La commune de Sevran est spcifique compare des communes qui sont
peut-tre mieux prpares l'arrive du GPE. Lenjeu de transfert de
comptences se pose aussi peut-tre de manire spcifique Sevran
compte tenu des urgences auxquelles la ville est confronte.
Les temporalits varient donc en fonction des communes et de leur
situation conomique prexistante.
En cherchant montrer que Sevran pourrait apprendre au Grand Paris,
nous souhaitons, d'une part, affirmer qu'il existe une diversit de
situations dans ce que l'quipe LIN a nomm la ville lgre.
Les tissus peu denses ne sont pas soumis la mme pression foncire et la
prservation ou les moyens daction sur ces tissus ne sont pas les mmes.
Nous souhaitons, d'autre part, exposer ici les initiatives de la ville.
L'Est de la seine Saint Denis se situe dans un moment cl, alors que
prcdemment il intressait peu (en termes d'investissement) ; une
dynamique a t mise en place par l'impulsion des CDT, et le futur se joue
avec notamment la progression du corridor aroportuaire.
Les mthodes de travail amorces par la ville sont donc intressantes
exposer.
Terre d'Avenir, projet dbut en juin 2014 et dont la consultation fut
lance en janvier 2014, est un projet phare pour la ville en cela qu'il
poursuit et affine une stratgie urbaine soutenue par la commune et qu'il
croise enjeux communaux, enjeux du CDT, et enjeux de transmission
d'orientation de projet en vue de la cration de la mtropole.
Il est aussi un projet phare pour la mtropole car il croise les enjeux
sociaux, les enjeux urbains et les enjeux climatiques. En effet la ville a t
2 Se rfere l'entretien de Bruno Dumond, en charge du Grand Paris, la
ville de Sevran
Abstract > Sevran Territoire de destination
27
retenue avec la ville dAulnay dans le cadre de lappel projet TEPOS.
Il est un projet qui pourra faire modle car les mthodes de projet et de
financement Sevran se doivent dtre innovantes puisque les projets ne
sont pas soutenus de la mme manire que sur dautres territoires
Le projet autour de la gare de Sevran Beaudottes, notamment, permet
dj de rinterroger la pratique des PPP. En effet, lassise foncire prive
du centre commercial Beau Sevran et de la zone dactivit ncessite un
travail de partenariat innovant entre acteurs privs, acteurs publics,
associations de commerants et dartisans, tout en incluant aussi dans la
discussion de nouveaux investisseurs potentiels.
Lambition du projet Sevran Terre dAvenir est de rendre attractif un
territoire o le foncier est relativement cher et o les cots de sorties
soutenables des oprations est encore relativement bas.
La stratgie dattractivit du territoire repose sur latout majeur quest la
prsence du paysage : le canal de lOurcq, le parc de la poudrerie, la
plaine Montceleux en lien avec le parc du Sausset au Nord sur Aulnay et la
fort de Bondy au sud. Cette prsence a t pendant longtemps relgue
au second plan, comme un dcor peu accessible. Elle doit aujourdhui
tre plus intgre aux pratiques et aux usages des habitants.
Le projet de Sevran Terre dAvenir consiste donc plus en la mise en place
dune stratgie quen la ralisation dun plan masse :
-une stratgie dans le temps permettant une ractivit
-une stratgie urbaine permettant de saisir les opportunits
-une stratgie prospective car les projections stables ne sont pas
possibles sur le long terme.
2.3. Les habitants face au changement du Grand Paris3
Le Grand Paris peut tre peru comme une ralit lointaine. La mtropole
doit se construire avec et pour ses habitants. Ces affirmations sous-en-
tendent que le projet mtropolitain en plus de gnrer une conomie
nationale et internationale, doit aussi servir les problmatiques locales.
Agir sur le quotidien dans des chelles de temps courtes fait partie des
enjeux mtropolitains.
La ncessit dentrecroiser les temporalits est gnralisable.
A Sevran, la disjonction entre les diffrentes temporalits est particuli-
rement prsente. La ville doit faire face des situations durgences et de
rattrapage. Les projets engags par la commune gnrent des attentes
qui peuvent dautant plus rendre confus lintrt du Grand Paris.
Nous relaierons ici ltat de la comprhension du projet mtropolitain
partir de la situation du quartier Beaudottes, quartier ANRU qui com-
prend la gare des Beaudottes et qui est limitrophe au projet Terre
davenir.
Le cas du quartier Beaudotte est intressant car il illustre bien ce dca-
lage entre les temporalits et les ruptures potentielles de comprhension
entre les enjeux des diffrents projets et leurs diffrentes temporalits.
Il est aussi reprsentatif de leffet denchevtrement des primtres de
rflexion (ANRU- quartier de gare terre davenir). Les secteurs ANRU
impacts par les travaux du GPE sont gels.
Entre projets engags et projets annoncs, le projet mtropolitain peut
susciter de lapprhension, de lincomprhension, ou du dsintrt.
3 Se rfere l'entretien de Linda Damouche, chef de projet ANRU, quartier
Beaudotte, ville de Sevran
28
Plusieurs types dapprhensions :
-Leffet positif de larrive dune gare est compris pour son impact sur le
prix de limmobilier( la situation au Beaudottes est en impasse, il ny a
aucune mobilit rsidentielle, actuellement les appartement se vendent
perte)..
-En revanche la nouvelle accessibilit au diffrents ples de la mtropole
est moins compris par les habitants.
Il existe notamment la crainte darrive dun surplus de population
Considrant que leffet dentrainement du GPE est a relativis, il nous
semble essentiel de garantir une continuit de lengagement des habi-
tants dans la transformation de leur environnement.
Les projets ANRU ont dans une certaine mesure permis la cration de
lieux dchanges formel comme informel. Les moyens sont pourtant
faibles mais lengagement (des chefs de projet ANRU, par exemple) est
fort Ces changes sont fragiles et il nous semble quil sagirait de les
renforcer en partant de lexprience
Il sagit plus de parler dencouragement la concrtisation dinitiative
personnelles, associatives Limpact du Grand Paris sur ce type dinitia-
tive nest peut-tre pas suffisant.
Se pencher sur la perception des habitants sur les changements du Grand
Paris est une opration dlicate, elle n'est ici que trs partiellement
dcrite. Ce qui nous importe est d'indiquer que si limage de la commune
doit changer, cela passe par la comprhension et la continuit de dyna-
miques qui engagent les habitants prendre part la co-construction de
leur quartier.
Il existe des associations (associations I.D.E.E.S,) qui peuvent partici-
per mettre en dbat les transformation urbaines. Lquilibre est fragile
et cet quilibre doit tre analys afin de le renforcer
Abstract > Sevran Territoire de destination
29
Grand Paris,
30
31
Est Seine Saint Denis,
Paysages multifonctionnels, Ples intenses, microcentralits
et mobilit gradue
32
33
Est Seine Saint Denis,
Hydrographie, dbut 19 eme sicle
34
35
Est Seine Saint Denis,
Hydrographie, situation actuelle
36
37
Sevran dans l'arc paysager et hydrographie
.Paysages multifonctionnels, Ples intenses, microcentralits
et mobilit gradue
.Nappes et zones inondables
38
39
2.4.Les formes de rsilience de la transformation de Sevran
La notion de rsilience se rapporte plusieurs domaines (conomique,
social,climatique).
A Sevran, le projet Terre dAvenir cherche mettre en place une stratgie
rsiliente en traitant de manire systmique la globalit des thmatiques
: intensification du dense et du lger, des structures paysagres, de la
mobilit gradue, de lemporwentment.
Larc paysager est une figure fdratrice qui a un pouvoir dentranement
important sur les autres thmatiques nonces. Le fait quil sagisse
dune structure paysagre conduit bien sr la prsenter sous un prisme
cologique mais son intrt est bien plus large. Sa cration ncessi-
tera une action volontariste forte, elle aura un impact sur le mitoyen, le
commun, le coopratif, le collectif.
Dautre part, lintgration de larc paysager dans le projet Terre dAvenir
marque un moment charnire. Les questions pr-oprationelles sont
souleves, larc paysager est dintrt communal en ce quil permet de
crer un espace rcratif, sportif pour les sevrannais, la dimension
intercommunale est soigne, les ramifications de larc sont anticipes.
Mais plus encore, cette emboitement dchelles de rflexion est renforce
par la question de la gestion de leau. Celle-ci devient un lment
constitutif de la programmation urbaine (projet de lac sur les terrains
Montcelleux). La question hydraulique apparait comme une composante
essentielle la stratgie de dveloppement communal.
larc paysager figure mtropolitaine rsilienteLarc paysager est une figure reconnue lchelle rgionale (SRCE,
SDRIF).
Sa cration est lente, bien que larc apparaisse dans la carte mentale de
beaucoup dacteurs du territoire, sa formalisation spatiale, nest pas
encore visible.
Il est important de noter lintrt de cette figure. Elle permet de focaliser
les regards sur le territoire de lEst de la Seine Saint Denis. Elle est
lchelle du projet Terre dAvenir Sevran, une composante essentielle.
Paysage multifonctionalit:En milieu dense, la superposition des usages est une recherche vertueuse.
De nombreux exemples peuvent tre donns, (toiture nourricire,). Les
dernires recherches sur le Grand Paris ont prn cette superposition
selon diffrentes typologies. Il sagissait, par ce biais, de rpondre
notamment aux exigences climatiques.
A une chelle largie, la notion de paysages multifonctionnels est
presque vidente (schma, circuit vertueux).
Cette notion est applique dans le cadre du CDT Est Seine-Saint-Denis.
Larc paysager en est la reprsentation. Le primtre Natura 2000, a pour
effet la protection de la faune et de la flore et sans remettre en cause le
champ de protection, on pourrait envisager une augmentation des usages
par la mise en lien de ces parcs. Le rcratif peut ctoyer la production
alimentaire ; la temprature peut davantage tre rgule
Appliqu strictement une structure paysagre existante ; ce principe de
paysage multifonctionnel est plus que lgitime.
Mais il ne sagit pas de se focaliser sur le vert , comme potentiel. Par
lactivation du paysage multifonctionnel est recherch leffet levier sur
dautres composantes du tissu sevrannais. En effet la chaine des parcs
peut trouver une ramification dans lintgralit des quartiers sevranais.
Cela passe par diffrents profils de rues suivant aussi une hirarchie des
chainons
40
Gestion de leau dans le projet 1
Le projet Terre dAvenir de Sevran intgre la problmatique de la gestion
de leau approche de manire transversale. Si Sevran est soumis des
risques frquents dinondations (dues des remontes de nappes), la
bonne gestion de leau est, de fait, dintrt mtropolitain. En effet, les
inondations servannaises ne peuvent seulement tre attribues une
caractristique locale (prsence de nappe). Elles sont le rsultat, dune
part, dune histoire de la gestion de leau lchelle large (du marcage,
limpermabilisation), dautre part elles peuvent tre accentues par des
mthodes classiques durbanisation et de projets urbain (gestions des
eaux pluviales en souterrains, raccourcissement du chemin des eaux en
souterrain).
Mthodes de projet - innovation :
Les terrains Montceleux (terrain agricole de 40 ha) offrent lopportunit
la ville de Sevran denrichir la qualit de vie des sevrannais, que ce soit en
terme paysager, rcratif, sportif
La programmation dun lac sur ces terrains engage une rflexion large de
la prsence de leau en milieu urbain. La perspective de la cration de
larc paysager et celle de la reconversion des terrains Montceleux sont de
relles opportunits pour la ville. Ces perspectives incitent reconsidrer
la place de leau dans la programmation urbaine et donc dans les pra-
tiques de projets.
On assiste ainsi une reconsidration des mthodes classiques damna-
gement ; la recherche de superposition des usages est en cours. Cette
recherche vise bien sr attnuer les risques dinondations auxquels sont
soumis la ville mais elle vise aussi une rapparition de la culture de leau
dans les mentalits.
Les milieux urbains ne sont pas invitablement synonyme dune gestion
enterre de leau.
La gestion de leau ciel ouvert est une mise en pratique de la superposi-
tion dusages.
Le lac des terrain Montceleux aura des usages diversifis (rcratif,
sportif, esthtique, rgulateur,bassin de rtention), cette mixit fonc-
tionnelle permet aussi une mutualisation des dpenses (gestion des-
paces public, gestion hydraulique ).
Ainsi Sevran a une relle opportunit saisir en initiant une nouvelle
faon dintgrer les problmatiques hydrauliques dans sa stratgie de
dveloppement urbain. Jusqu prsent cette question a t lude et un
scnario possible serait de continuer dans ce sens (cest dire ni empirer,
ni amliorer la situation). Les dmarches engages visent lamlioration
lchelle communale. Un risque serait donc de contredire cette dmarche
en cours.
Il est important de souligner que cette dmarche ncessite du temps
(temps de diagnostic, de dialogue et de conception). Sevran, en se situant
la marge des regards, dispose aujourdhui de ce temps dlaboration.
Nous pouvons mettre ici lhypothse que le fait dtre la priphrie des
regards donnele temps pour des dmarches innovantes.
La continuit dune telle dmarche est donc un enjeu de taille.
1 Se rfere l'entretien de Thierry Maytraud Hydrologue, urbaniste,
directeur de l'agence ATM
Abstract > Sevran Territoire de destination
41
42
la reconversion des terrain Montceleux,
la programation d'un lac retourne les
contraintes hydrauliques en atouts.
(pages de droite)
Sevran, Paysages et Risques
Sevran est soumis des risques
d'innondations frquents, dus notta-
ment la prsence de nappes (carte de
droite). Le gypse est un risque suppl-
mentaire intgrer dans la conception
urbaine (image gauche). La forte
prsence du paysage Sevran est un
atout. La ralisation de l'arc paysager,
Abstract > Sevran Territoire de destination
43
Sevran, paysages existants et
mettre en rseau
Sevran, paysages existants et
mettre en rseau
44
Sevran , carte du gypse
45
Sevran, risques inondations
46
Sevran , localisation des nappes
47
48
49
50
51
52
ENTRETIENS
53
Carte des Frets Evolution des Frets
Carte de l'eau
Carte de Berlin
5,0 km
0
Oranienburg
Bernau
Falkensee
Brandenburger Tor
Potsdam
Kpenick
Knigs Wusterhausen
Strausberg
14
1778 1874
20151978
Phases du dveloppement de Berlin
1776
1776
18741874
1920
1920
1945 with bombing damages
1978 with Berlin Wall
2015
1950
1978 with Berlin Wall1950
1945 aprs les bombardements
2015
1978 avec le mur de Berlin1950
1920
18751776
54
Dans un premier temps pouvez-vous faire un parallle historique entre Paris et Berlin, notamment du point de vue de la ville lgre :
Berlin sest dvelopp le long de la
Spree sous la forme de plusieurs villes et petits
villages. A lorigine il y avait en deux villes, une
de chaque cot de la rivire : Clln et Berlin. Il
existait aussi dautres centralits comme
Charlottenburg, Potsdam, Kpenick et Span-
dau. Ds le dbut Il a donc cinq ples impor-
tants qui au fil du temps se dveloppent et se
concurrencent. Brivement Charlottenburg est
plus forte et importante que Berlin mais la
balance sinverse lorsque le prince-lecteur
(Kurfrst) lit Berlin comme son lieu de rsi-
dence et Charlottenburg comme rsidence
secondaire. A partir de cette poque Berlin est
la ville principale et se dveloppe progressive-
ment en absorbant les autres villes. En rsulte
cette structure polycentrique que Berlin a
conserve jusqu prsent.
A Paris la situation est compltement diff-
rente, il existe ds le dbut un centre trs fort et
une priphrie constitue de villages moins
puissants.
Concernant le grand paysage Paris,
la ville compacte est entoure de paysage. Bien
videmment il existe des parcs dans la ville mais
le paysage est difficilement intgr au tissu
urbain. Le paysage est assez planifi et les
limites entre ville et paysage sont floues. A la
priphrie les forts et la nature en gnral ont
t sacrifies au profit de lexpansion urbaine.
A Berlin cest diffrent, bien sr les forts ont
dclin cause de lexpansion urbaine mais une
politique de redveloppement de ces forets est
mise en place en 1915. Ces forts artificielles
taient exploites des fins industrielles, pour
la production de bois.
La structure polycentrique de Berlin induisait
que chaque micro centralit ait sa priphrie
dans laquelle se trouvaient les industries
connectes au rseau fluvial et ferroviaire. Il
existait entre ces ples des zones non planifies
o il navait pas de pression. Cest ce qui
explique quaujourd'hui la ville soit ponctue de
nombreux grands espaces libres, qui sont ces
fameux vides (parfois des parcs, parfois non
planifies etc.). La structure de la ville est donc
distendue, chacun de ces micro-centres a sa
priphrie ce qui signifie que la ville lgre et la
ville dense sont toujours extrmement mls.
Comme vous venez de le dire Berlin peut tre un modle de ville rsiliente grce ce mlange, cest linverse du modle historique de dveloppement urbain.
Les espaces vides laisss aprs la guerre ont t un gage de renouveau, cest intressant de voir la rsilience comme un moyen de dvelop-pement et aujourdhui tout change et la construction ne se fait plus qualitativement. Quelle peut tre lattitude rsiliente mainte-nant vis--vis de ce problme ?
Effectivement cest un modle de
rsilience, puisque la multi-centralit vite
dtre dpendant dun centre unique. En termes
de rsilience climatique ou cologique les
grands espaces libres entre les ples ont un rle
important. Ils rafraichissent lair la nuit et le
redistribuent au voisinage et assurent un climat
agrable dans les villes. Aujourdhui la situation
change drastiquement, d au rchauffement
climatique et surtout la densification urbaine
qui remplit ces vides. Il est donc ncessaire
dtre au courant de la qualit de ces espaces et
de cette structure polycentrique, de ltudier
afin de ne pas parler de construction superfi-
cielle. Aujourdhui les structures polycentriques
sont voques nous pensons un systme
quilibr fait de ples gaux mais la situation
nest pas si simple. Dans le sud de Berlin, par
exemple, on a moins de btiments compacts et
principalement du tissu pavillonnaire dispers.
A Zehlendorf par exemple il y a une petite
centralit entoure du sprawl. Au nord-est,
Bernau, il y a plutt un petit noyau dancienne
centralit avec quelques fonctions centrales et
en priphrie de grands ensembles dhabita-
tion.
Cette structure polycentrique doit tre identi-
fie, visualise. Il faut savoir quelles sont ses
spcificits. Bien la connaitre va permettre de
la renforcer parce que pour linstant ce quil se
passe Berlin est loppos. En effet, au-
jourdhui le projet est davoir un centre qui
comprendrait le centre de louest de Berlin,
Friedrichstadt qui tait le centre historique et
Alexanderplatz qui tait le centre de Berlin Est.
Il existe donc encore diffrentes centralits au
cur mme de Berlin mais actuellement tous les
investissements aliments par le Planwerk
Innenstadt, vot par le snat en 99, consistent
en reconstruire les empreintes historiques de la
ville. Seize ans aprs la plupart des vides
majeurs ont t sacrifis pour reconstruire ces
traces historiques du centre de la ville. Cette
dmarche est critiquable dans les sens ou les
constructions nont rien voir avec de relles
traces. Ce sont des btiments nouveaux avec de
nouvelles densits, de nouvelles faades et de
nouveaux matriaux. Seule a t conserve une
srie limite de rgles comme celles de la limita-
tion de hauteur ou de la fermeture du primtre
des blocs. Mais quest-ce que a a voir avec la
structure ou les besoins de la ville contempo
Grand BerlinAli Saad, architecte urbaniste, TU Berlin
55
raine ? Le Planwerk Innenstadt et la reconstruc-
tion du chteau sont des ambitions de recrer
une identit, propre, celle davant la seconde
guerre mondiale. Comment construire la ville
aujourdhui ? reste une question sans r-
ponse.
Actuellement dans le logement, le
climat est sacrifi d la pression et la tension
sociale. Il faut construire plus densment et
plus haut afin de prserver les espaces libres
ainsi quanalyser la ville sans prjugs histo-
riques ou idologiques. Le bloc berlinois
historique par exemple a merg comme un
modle pouvant intgrer de la production
petite chelle, de petites manufactures.
Normalement, pour une question de lumire, les
logements donnent sur la rue et les logements
lintrieur du bloc sont aux tages suprieurs
mais les manufactures et industries correspon-
daient aux zones les moins bien claires.
Aujourdhui ces blocs sont ferms et les
anciennes manufactures et industries se
transforment en logements. Le manque de
lumire et dair devient un rel problme. Ce qui
est produit aujourd`hui nest donc pas issu de
recherches, danalyses ou bas sur de vrais
problmes mais sur une image que Berlin veut
crer. Ma suggestion est donc de mieux
comprendre les structures existantes et les
renforcer au lieu dintroduire ce genre de
nouvelles typologies.
Le grand paysage fait partie de lidentit de Berlin. Comment le prserver aujourdhui dans la grande chelle. Maintenant que le logement est plus important que lindustrie comment fait-on pour prserver les forts dont vous nous avez parl prcdemment?
Ce qui est spcifique de Berlin, cest
que le paysage est trs bien intgr la ville.
Des doigts durbanisation stendent vers le
paysage et en change des doigts de
paysage entrent dans la ville jusqu proximit
du centre. Cest le Berlin Finger model, trs
planifi et entretenu, il consiste mettre
laccent sur la possibilit daccder trs
rapidement la campagne. Ce systme
combin aux larges zones rsiduelles prsen-
tent dans le centre produis un modle trs fort
Pour la fort, existe-il des zones ou des systmes de protection ?
En effet il existe diffrents types de
forts et niveaux de protection. Le plus haut
niveau correspond une interdiction formelle
daccder la fort cause dune biodiversit
qui doit tre protge. Il existe un autre type de
forts qui sont galement protges mais
auxquelles on peut accder. Les forets artifi-
cielles, trs structures et sombres, correspon-
dent la majorit des forts de Berlin.
Que peut apprendre Berlin du Grand Paris ?
Tout dabord louverture de la percep-
tion du centre vers la priphrie. Par cons-
quent la volont de comprendre la ville dans sa
globalit puisque la priphrie de Paris existe
cause du centre, cest donc un systme unique
qui ncessite dtre compris dans sa globalit
pour pouvoir agir. Cette approche est quelque
chose que Berlin ne pas oublier.
Comme Paris, il y des changements
administratifs au niveau des frontires mais les
limites administratives de Berlin sont plus
complexes. Ce quil y a lintrieur est plus
complexe galement parce que ce nest pas
uniquement du tissu urbain compact mais aussi
des forts, du sprawl et au-del de la limite
le Brandenburg, qui est une autre unit admi-
nistrative. Ce que nous essayons didentifier en
ce moment est quelles sont les zones du
Brandenburg pouvant tre relies la mtro-
pole parce qu'elles en sont dj dpendantes.
Mais aussi quels espaces sont plus en marge,
plus orients vers lagriculture du Brandenburg
lui-mme et constitueraient une sorte de limite
mtropolitaine.
A paris il y a une plus grande attention
lespace urbain et larchitecture, probable-
ment parce que Paris est plus riche que Berlin
qui tait notoirement, jusquil y a peu de temps,
en faillite.
Une trs forte mdiatisation de la ville
de Berlin commence en 2006 et a pour effet
dattirer les investissements. Le gouvernement
facilite le processus et vend des terrains publics
ce qui engendre de nombreuses critiques. La
ville avait besoin dargent rapidement et son
attention ne se porte plus sur ce quil faut
construire mais plutt sur la ncessit de
construire quelque chose. Le Berlin strategy
2030 par exemple, ralis par des urbanistes
mais surtout des planificateurs, des cono-
mistes et des sociologues dfinit des zones
prioritaires o investir. Le rsultat nest pas du
tout spatial et indique uniquement les zones
daction. Cest trs approximatif et encore une
fois, lopration tant une commande de la ville,
ces zones sont localises lintrieur des
limites administratives de Berlin.
56
Quel sera le primtre de ce nouveau Grand Berlin ?
Nous ne savons pas encore, dans un
premier temps un cadre de 82x82 km t
dfini correspondant une distance dune
heure de Berlin. Il correspond la distance que
les gens font en moyenne pour aller la
campagne
Lespace public de Berlin peut-il tre un exemple pour Paris
Il y a beaucoup de choses que Paris
peut apprendre de Berlin, principalement sur la
facon dont Berlin sest dvelopp et non pas la
manire dont il est actuellement planifi.
Mais encore combien de temps Berlin pourra-til
servir dexemple? Bien sur ce genre de struc-
tures despaces verts et despaces rsiduels est
fantastique et cest ce qui a rendu la ville
clbre mais a tente disparaitre. Ces espaces
libres auxquels les gens pouvaient accder ne
sont pas uniquement des parcs mais aussi des
espaces rsiduels, en friches. Des espaces qui
suscitaient un sentiment daventure. Les
btiments abandonns taient occups par de
gens qui inventaient de nouveaux modles
conomiques, de nouveaux modes de faire du
commerce.
Il faut garder en tte que ces espaces sont
apparus au cours de circonstances particulires
comme la guerre ou aprs la division de la ville.
A cette priode chacun des deux systmes est et
ouest a beaucoup investi dans la reconstruction
mais aprs cela plus aucun investissement na
t fait. Entre les annes 70 et 2006 la ville sest
vide de ses habitants cause du manque de
nouveaut, demplois et dinnovation.
Ces lieux dinnovation sont difficiles recons-
truire ou intgrer dans les stratgies damna-
gement. Par dfinition ce sont des espaces
entre-deux, entre ancien usage et nouvel
usage, si un usage est prvu cette ouverture et
cette libert disparaissent.
Il serait intressant denquter sur des modles
de planification qui pourraient intgrer cette
notion.
Il y a beaucoup de dynamiques locales Berlin avec beaucoup dinitiatives prives, cela pourrait-tre un exemple suivre. Pour Sevran il y a la problmatique de comment innover sur le plan social et en terme darchitecture, de formes urbaines. Comment pouvons-nous apprendre de Berlin, quel est lingrdient principal pour linnovation.?
Linnovation ncessite un espace
scuris que les gens peuvent utiliser pour
suivre leurs intrts et pas ceux de ltat. A la
Villa Mdicis par exemple, entre Clichy-sous-
Bois et Montfermeil, il y a une ambition de
fournir aux banlieues une fiert par le biais de
la grande/haute culture mais lopration
ressemble plus un geste symbolique qua un
espace ddi aux habitants. La question de ce
que les gens de Clichy et Montfermeil font de
cet espace au quotidien peut alors se poser.
Lide serait plutt de donner des espaces bon
march que les gens pourraient utiliser leur
bon vouloir, mais ces espaces nexistent
particulirement pas dans la ville lgre qui est
toujours planifie avec un manque despaces
publics mais aussi despaces autres que le
logement (comme le garage par exemple, lieu
dinnovation si on se fie lexemple de Steve
Jobs)
Auparavant Berlin tait un laboratoire pour les
innovations parce que ctait un espace scuris
et bon march grce au manque dintrt que
les investisseurs lui portaient. Cest pour cela
quil faut conserver les endroits o linnovation
est possible et les intgrer la planification. Il
faut donc avoir un ratio entre espaces bon
march pour laisser la place linnovation et
espaces plus cher qui sont ncessaires a la
venue dinvestissements.
Aujourdhui y a-til une relation entre innovation et priphrie ? Berlin ressemble-t il de plus en plus aux autres villes euro-pennes?
Cest ce sur quoi porte notre travail
actuellement afin de comprendre o les gens
vont quand ils quittent Berlin et innovent-ils
plus l-bas. Malheureusement rien de nouveau
ou dinnovant nest issu du centre de la ville.
Ceux qui russissent conomiquement restent
mais les autres disparaissent ou dmnagent.
On observe de nouveau lieux attractifs en
priphrie. Oberschneweide par exemple o il
y a beaucoup de vieilles usines, offre mainte-
nant des ateliers, des espaces pour les musi-
ciens, des vnements mais elle a dj t
repre par les investisseurs. A prsent le prix
pour un atelier est le mme Oberschneweide
quau centre de Berlin. Tous les lieux avec ce
caractre industriel ont t vendus. On peut
spculer que les prochains espaces intres-
sants sont les constructions des annes 70 et 80
qui pour linstant nintressent personne, ces
endroits sont moins chers et pourraient devenir
des lieux dinnovation.
57
Ples, ples "verts" et ples potentiels
Ples de "haute" culture et sub-culutre Zones industrielles
5,0 km
0
Aerial map, 1:500.000(source: OSM,Geofabrik)
58
Vous avez mentionn cette ide de labora-toire et de mettre en place de nouveaux systmes conomiques. On note cependant que ces dveloppements en priphrie ne se basent pas sur des mcanismes alternatifs
Effectivement, ce qui est ralis
proximit de Oberschneweide est trs simple,
parce quil y a tellement dintrts, la planifica-
tion est dcide alors qu lorigine il ny a pas
dmergence spontane. On observe donc des
protestations pour empcher les politiciens de
dcider librement de la planification, comme
pour Tempelhof et Schnefeld par exemple. Il y
a aujourdhui peu dendroits qui se dveloppent
seuls par eux-mmes, comme il y a 10 ans. Soit
ils sont pilots par lconomie globale soit par
des plans mis en place.
Pensez-vous que cest d au fait que lorsquon dmnage le tissu social dans la ville il devient moins dynamique et cratif socialement?
Bien sur la priphrie nest pas
vraiment mixte. Socialement parlant, il y a un
centre qui merge naturellement (en termes de
culture et de nationalit). Cest plus mixte et en
terme de revenus mais aujourdhui a a ten-
dance shomogniser parce que les gens
dmnagent.
Le paysage pourrait tre le point de dpart sur comment occuper le territoire ? . Quelle est limportance de ce paysage dans lattraction de nouveaux usages et de nouvelles populations vers la priphrie ? Ce paysage constitue-til un espace de haute qualit qui ne demande pas autant dusages innovants puisque la nature est dj-l ?
Les deux, dun ct le paysage ntait
pas la raison pour laquelle les gens venaient
habiter Berlin, ctait plutt les emplois qui
taient attractifs au sicle dernier. Aujourdhui
cest la ville elle-mme, avec sa crativit qui
attire. En revanche ce qui se passe gnrale-
ment cest que les gens tombent sous le charme
de la ville et vont a lextrieur et se rendent
compte que le paysages sont trs beaux. Si vous
aller dans la campagne il existe des endroits
avec une trs forte identit mais globalement
c'est pour le loisir. L o le paysage se trans-
forme fortement cest dans la partie agricole
o, louest, de trs grands parcs oliens
mergent associs la culture du colza. Il y a
une transformation de lagriculture vers a
production nergtique.
Est-ce la fin du systme polycentrique Berlin ?
Non, cette configuration polycentrique existe
depuis le dbut de la ville et bien videmment
ne va pas disparaitre. Comme je lai expliqu,
mme le centre est compos de plusieurs
centralits, Charlottenburg, Mitte et Alexan-
derplatz. Il existe encore dautres centralits
dans ces centralits Cela va donc persister. La
question est voulons-nous renforcer cette
configuration ? parce quactuellement elle est
affaiblie. Voulons-nous un modle plus mono-
centrique faible ou un modle polycentrique
fort ? Il est clair que si tous les investissements
vont vers le centre, les priphries se dgradent
et leur centre saffaiblit. Pourquoi ne pas
changer la stratgie et investir diffrents
endroits et rendre ces endroits mtropolitains
et socialement mixtes ? Ce qui permettrait de
crer de nouveaux usages dans ces priphries
pour linstant trs homognes.
59
Holger Lippman tait responsable du dvelop-pement du projet de rutilisation de laroport Tempelhof, il est depuis 2015 responsable du dveloppement et de rutilisation de l'aro-port de Tegel.
L'avocat Holger Lippmann tait de 2001-2013 la tte du landeseigenen Liegenschaftsfonds tablissement foncier du Land de Berlin. ce poste, il dcidait de la rpartition des terres des investissements du land. De 2014-2015 Holger Lippmann tait un membre de l'admi-nistration et chef de lquipe de projet du Snat de Berlin pour le dveloppement urbain et l'environnement. A ce poste, il sest particulirement occup du projet de rutilisa-tion du btiment de l'aroport et des terrains de Tempelhof.Aprs le rfrendum de l'automne 2014 sur ce projet, qui a exclut tout dveloppement du terrain, il a chang de poste. Il est aujourdhui en charge du projet de rutilisation de laro-port Tegel.
Rsumer de lentretien de Holger Lippmann
Dun aroport un parc, le dveloppement par
tape de Tempelhof
Depuis le rfrendum de 2014, annulant tout
projet de dveloppement des terrains et des
btiments de l'aroport, le projet de Tempelhof
est devenu emblmatique de ce qui a mal tourn
dans la politique de Berlin au cours des der-
nires annes. Ce grand espace ouvert est au
cur de la ville de Berlin et entour de quartiers
ayant connu une forte hausse des loyers et une
rapide gentrification au cours des dernires
annes. Ce projet prsentait, pour le snat de
Berlin, deux enjeux majeurs : La cration de
logements abordables pour un groupe large de
population ainsi que la participation de la
population dans la planification de projets
importants.
Aprs la prise du pouvoir par les nazis en 1933
apparait en 1935, daprs les plans de Ernst
Sagebiel, un projet d'agrandissement de
l'aroport tempelhof (projet faisant partie du
plan Speer pour Berlin). Pendant la Seconde
Guerre mondiale, la construction est arrte et
Tempelhof nest qu des fins militaires. Aprs
la guerre, laroport est utilis par les Allis.
En 1996, 6 ans aprs la chute du Mur et la
runification, la ville possdent 3 aroports
Tegel, Tempelhof (deux anciens de l'Ouest) et
Schnefeld (anciennement lEst). Une rorga-
nisation est ncessaire. Il est alors dcid la
fermeture des deux aroports du centre-ville
(Tegel et Tempelhof) en faveur dun aroport
BER (agrandissement de lancien Schnefeld).
En 2008, un premier rfrendum souhaite la
prservation de l'aroport Tegel, mais est
perdu.
En automne 2008, l'aroport Tempelhof est
dfinitivement ferm. En 2010, l'ancien
arodrome est ouvert au public et devient alors
un parc de plus de 300 hectares. Le parc est tout
de suite bien accept par une majorit cra-
sante de la population. Les annes suivantes, de
nouvelles initiatives et usages pionniers sont
lancs et dveloppent des usages temporaires
sur l'ancien arodrome.
Le Snat dcide et dveloppe un certain nombre
d'utilisations sur les terrains : sports de plein
air, usages culturels, jardinage, mais aussi des
projets en lien avec les coles des quartiers
environnants. Paralllement ce dveloppe-
ment, auquel la population peut participer
activement, le Snat de Berlin sengage dans le
dveloppement d'un plan directeur, qui doit
dessiner les conditions du dveloppement
urbain des franges de laroport ainsi que le
dveloppement d'un parc central.
En 1994 est dessin un premier plan directeur.
En 2008 20011 et 2013, de nouveaux plans sont
proposs. Le plan directeur final est prsent en
2013. Il propose le dveloppement phas de 3
secteurs sur les franges des terrains pour des
usages rsidentiels principalement, ainsi que
pour des commerces et des coles. Le projet
intgre partir de 2014 un emplacement
rserv la construction de la nouvelle Biblio-
thque nationale.
Ds le dbut du processus, cette planification
est trs critique du grand public. Les habitants
des quartiers voisins de laroport, mais aussi la
presse et initiatives regrette le manque de
consultation des habitants et le manque
dinteraction possible entre habitants et projet.
La population ne se sent pas impliqu dans le
processus, ce qui est d'autant plus difficile que
la population, en particulier des quartiers
voisins, se sent prsent relie par les usages
du nouveau parc. Bien que le terrain nest pas
tait accessible pendant des dcennies, la
crainte est grande que les nouvelles construc-
tions ainsi que lamnagement central viennent
empcher les initiatives ainsi que la libre
utilisation du parc actuel.
Bien quun processus participatif ai t mene
plusieurs reprises, la planification du Snat est
peru comme opaque. La confiance dans le fait
que le Snat puisse construire du logement
abordable sur les marges du parc est rompue.
Une initiative de rfrendum est lance.
Llecteur est devant un choix radical. D'un
Grand BerlinHolger Lippmann, responsable du dveloppement et de la rutilisation de l'aroport de Tegel.
60
Llecteur est devant un choix radical. D'un
ct, voter pour la proposition du plan directeur
du Snat, de lautre, voter pour quaucune
modification de lexistant ne soit possible
(proposition de l'initiative)
En 2014, le rsultat du vote est sans appel : plus
de 60% des votants choisissent de laisser vides
les terrains de laroport. Il est donc lgalement
impossible de dvelopper les terrains. Le parc
reste ouvert au public. Un simple entretien et un
maintien de la vgtation existante est
possible.
Lgalement le dveloppement de constructions
de toute nature quelles soient est exclu.
Cependant, le processus de projet se poursuit.
Le Snat travaille en partenariat avec les
habitants llaboration dune boite outils
pour les usages du parc. Par rapport au master-
plan initial, aucunes constructions ne sont
envisages, seulement des interventions
minimales.
Tempelhof : synonyme de nouvelles procdures
et nouvelles mission pour la ville de Berlin
Pour le Snat, le rsultat du referendum
reprsente un norme problme. Le terrain de
Tempelhof est l'un des plus grands espaces
verts urbains contigus qui appartiennent au
Land et qui pouvait donc tre peuvent tre
dveloppes par le public. Il aurait permis
dvelopper des logements faible cot,
logement social dont Berlin a besoin.
Avec le rfrendum cette possibilit est exclue
par la loi. Compte tenu de la hausse des loyers
(en particulier dans les quartiers voisins de
Kreuzberg et de Neuklln) et de la gentrification
croissante des districts du centre-ville, une
situation paradoxale sinstalle qui accroit
encore la pression sur les quartiers avoisinants
car aucun dveloppement de logements aussi
proche du centre et sur un foncier maitris nest
possible.
Ceci autorise la recherche de solutions de
densification sur la ville existante. Dans cette
dmarche, les organisations de logements
sociaux sont particulirement sollicites. La
densification des espaces ouverts des princi-
paux quartiers de logement sociaux est une des
solutions envisages. Le Snat de Berlin va
dailleurs raliser bientt deux projets de ce
type sur deux grands quartiers de logements
collectifs existants.
Toutefois, Tempelhof montre bien comment une
planification peut tre dsastreuse quand elle
est ralise sans limplication de la population.
Le Snat souhaite en tirer des leons et faire
pour le projet de Tegel de manire trs diff-
rente. Holger Lippmann analyse les deux
grosses erreurs du Snat :
- Le plan directeur a t labor sans aucune
participation relle, sans accompagnement du
processus de communication simultanment
l'ouverture des terrains au fil des annes. Cela a
conduit une mfiance de la population.
- La dcision dimplanter la bibliothque
nationale sur les terrains est intervenue trs
tard et a t peru par le public comme une
action topdown du gouvernement sans
discussion pralable.
En fin de compte, dit Lippmann, le projet de la
ZLB (bibliothque centrale de Berlin) a bris le
cou au projet de Tempelhof . La confiance de
la population, tait dj faible, principalement
dans les quartiers environnement qui portant
aurez le plus profit des nouvelles installations
et services du projet. La dcision de la biblio-
thque centrale a mis le feu aux poudres. Des
lecteurs des quartiers tels que Spandau,
Zehlendorf et Weissensee trs loigns du site
ont largement vots contre le projet de master-
plan. A Tegel, la concertation et lintgration
de la population au processus de projet
interviendra plus tt et de manire durable. Les
ides devront mergs et tre partages avant
quun plan ne soit dessin.
61
Schma du pole intense de Sevran et des micro-centralits
62
Quels sont les freins aux ambitions dinnova-tion sur Sevran?
Le frein principal est li notre
systme institutionnel, les modifications de
territoire sont surtout lies au pouvoir en place
et aux moyens quil a de modifier les choses. Le
territoire est riche mais la ville est pauvre, il est
donc trs difficile dengager de nouvelles
dynamiques et surtout des dynamiques inno-
vantes qui sont a priori plus couteuses que les
projets. Le principal problme cest la mtro-
pole riche avec normment de disparits et
dingalits. Ces ingalits ont pu tre obser-
ves lors du CDT, lambition Sevran tait
moindre parce que la confrontation au pro-
blme du manque de moyens disposition pour
engager les projets est immdiate, ce qui
impacte sur leur qualit. Sevran est dans la
mtropole mais le sentiment dtre cot
persiste.
Lambition na pas t la mme pour le CDT, vous dites que les moyens ne sont pas les mmes, pouvez-vous dtailler?
Il suffit de regarder la fixation des CDT
et de comparer la participation des partenaires
extrieurs qui sont trs impliqus dans certains
secteurs, comme la chambre de commerce et
dindustrie par exemple. Le CDT est quasiment
absent, les investisseurs ne viennent pas de la
mme faon et a se voit sur les projets. La
discussion sur le logement par exemple a
provoqu des semaines de ngociations avec
ltat pour quil sengage participer au
rattrapage du retard sur les quipements
publics.
Pour le projet du mtro cest un peu diffrent, il
y a une homognisation du rseau, mais les
questions damnagement autour des gares,
des services disposition etc. ne sont pas
abordes. Les proccupations ne sont pas les
mmes et il y a certaines questions que nous ne
nous posons mme pas parce quil ne sera pas
possible de les mettre en place. Cest tout le
problme, les habitants sont mtropolitains
parce quils se dplacent dans toute la rgion
parisienne, ils ont un parcours mtropolitain
mais les ingalits persistent.
Quand vous parlez de dcalage lors des discussions entre la SGP et vous, quelles questions vous semblent les plus urgentes et ne sont pas traites ? Le projet terre davenir est peut tre loccasion de faire un bon tat des lieux pour la transmission de vos exi-gences et marquer les urgences. Concernant
le projet, quels sont les urgences et les lments poser et ce que a peut apporter au manque dinnovation ?
Le projet du grand Paris et larrive du
mtro ont permis des discussions qui nauraient
pas pu avoir lieu auparavant sur la qualit des
ralisations et sur les projets. Lensemble du
projet Terre d'avenir est un exemple type d'une
discussion possible aujourdhui grce larrive
du mtro. C'est galement ce qui nous a permis
de nous inscrire sur la candidature du stade de
rugby. Mais avoir des ralisations dexcellente
qualit est extrmement compliqu parce que,
mme si les discussions sont possibles au-
jourdhui, la collectivit nest pas en capacit
denclencher le processus pour que les autres
suivent. Lattente est permanente. Dautres
collectivits ont les moyens dengager des
processus mais ici cest plus difficile et plus
long mener quailleurs. Le changement radical
aujourdhui cest que le territoire est devenu
attractif, le priv est donc intress pour
investir. La question prsent est de comment
doit-on accompagner ce phnomne sans le
subir?
Quest-ce que le grand Paris a apprendre de Sevran ?
Culturellement no