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Presses Universitaires du Mirail Au sommet de l'empire, les élites européennes dans les colonies (XVlème-XXème siècle) ; At the top of the Empire, European Elites in the Colonies (16th-20th Century). (coll. Enjeux internationaux) by Claire LAUX; François Joseph RUGGIU; Pierre SINGARAVELOU; Peter Lang Review by: Michel BERTRAND Caravelle (1988-), No. 94, Les indépendances en Amérique latine (Juin 2010), pp. 312-315 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40855073 . Accessed: 14/06/2014 21:53 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.90 on Sat, 14 Jun 2014 21:53:39 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Presses Universitaires du Mirail

Au sommet de l'empire, les élites européennes dans les colonies (XVlème-XXème siècle) ; Atthe top of the Empire, European Elites in the Colonies (16th-20th Century). (coll. Enjeuxinternationaux) by Claire LAUX; François Joseph RUGGIU; Pierre SINGARAVELOU; Peter LangReview by: Michel BERTRANDCaravelle (1988-), No. 94, Les indépendances en Amérique latine (Juin 2010), pp. 312-315Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40855073 .

Accessed: 14/06/2014 21:53

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l'exigence de mémorisation des rôles afin de ne plus dépendre des souffleurs comme cela se pratiquait jusque-là.

La liste des pièces jouées, avec le bénéfice laissé par chacune d'elles, figurant dans les archives citées plus haut, M. Hernández González a pu essayer de voir quels étaient les goûts du public havanais de l'époque et il a recherché, notam- ment dans la presse ou chez les témoins de l'époque, l'accueil qui a été réservé aux représentations, qu'il s'agisse de comedias ou de tragédies venues d'Espagne et d'Europe, de pièces créoles comme El príncipe jardinero, d'opéras ou de zarzue- las, et bien sûr de tonadillas escénicas tant prisées par le public populaire havanais.

Le livre de M. Hernández González s'appuie sur une documentation jamais utilisée jusqu'à présent, d'une valeur évidente en raison de sa richesse et de son originalité et conservée comme on l'a dit à X Archivo Histórico Nacional de Madrid. Certains documents essentiels sont d'ailleurs reproduits en annexe dans le livre. Il s'agit d'un ouvrage très original, comme il en existe peu sur l'histoire du théâtre hispano-américain, et que son auteur a bien su contextualiser dans la Cuba de la fin du XVIIIe siècle. Toutes ces qualités, et cette originalité, font d'ailleurs que cet ouvrage sera particulièrement bien accueilli par les historiens du théâtre espagnol et surtout hispano-américain du XVIIIe siècle.

Bernard LAVALLÉ Université de Varis III

Claire LAUX, François Joseph RUGGIU et Pierre SINGARAVELOU (dir./eds).- Au sommet de l'empire, les élites européennes dans les colonies ÇKVJème- XXème siècle) ; At the top of the Empire, European Elites in the Colonies (16th-20th Century).- Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, (coll. Enjeux internationaux), 2009.- 326 p.

C'est un vrai défi que les coordinateurs de l'ouvrage se sont lancé, à eux sans doute mais aussi à leurs contributeurs, en proposant de rédiger une synthèse sur les élites et les processus coloniaux. Le défi s'applique en réalité sur plusieurs registres. Le premier renvoie à la tranche chronologique choisie qui ne couvre pas moins de cinq siècles. A une telle échelle du temps, le lecteur n'attend pas des études précises portant sur telle ou telle période à tel ou tel endroit mais bien une réflexion large et surtout synthétique qui permette de dessiner tout à la fois les ruptures et les continuités appréhendées dans la longue durée. Or, si une telle synthèse peut parfois être envisagée pour un espace colonial donné, peut- elle l'être pour tous ceux considérés ici ? C'est bien à l'échelle de l'immensité de l'espace considéré que renvoie le second défi. Rien moins que les « colonies européennes » ! Autrement dit, une grande partie des terres émergées puisque la période considérée correspond précisément à ce que F. Moreau baptisa en son temps comme celle de « l'expansion européenne ». Ne sont finalement écartées de l'étude que les colonies ottomanes et japonaises qui, de toute évidence pour les secondes, ne relèvent pas de l'histoire « européenne ». Un troisième défi est d'ordre conceptuel et historiographique, l'étude portant sur les « élites euro- péennes » en rapport avec le phénomène colonial. Or, et comme le soulignent les coordinateurs dans leur introduction, la production relative à cette compo- sante sociale constitue l'un des points forts des historiographies européennes depuis bientôt un demi-siècle. C'est dire l'ampleur des connaissances qu'une

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telle synthèse impose de brasser, compulser et in fine maîtriser. Par ailleurs, si aujourd'hui la notion d'élite est acceptée sans réelle discussion parmi la corporation historienne, il n'en a pas toujours été ainsi. De ce point de vue, à l'heure d'entreprendre une telle synthèse, une discussion et une mise en perspective de la catégorie, tant théorique qu'historiographique, auraient été bienvenues. De ce point de vue, l'ébauche proposée par F.C. Mougel dans sa contribution se révèle tout à fait stimulante même si la dimension sociologique ou philosophique du texte l'emporte sur la réflexion proprement historio- graphique. Ce propos se doit cependant d'être nuancé, la plupart des auteurs des contributions regroupées accordant le plus souvent une place à cette dimension de leurs réflexions. Dernier défi enfin lancé par les coordinateurs : le choix de la démarche comparative. Comme ils l'expliquent eux-mêmes, elle suppose une mise en œuvre complexe et souvent difficile mais, ô combien, fructueuse. Comparer, c'est en effet d'abord identifier les éventuelles originalités de l'objet étudié surgies de la confrontation d'hypothèses venues d'espaces divers ainsi que de transferts de questionnements et de démarches. Dans le cas d'espèce, aux difficultés inhérentes à tout comparatisme s'ajoute le fait que, s'agissant de phénomènes coloniaux, leur histoire s'est systématiquement développée et écrite en étroite relation avec leurs historiographies nationales respectives.

En réponse à ces multiples défis, l'introduction de l'ouvrage offre quelques lignes de force qui méritent d'être soulignées. La première est celle de la nécessaire confrontation entre élites et colonisations. On ne peut que partager avec les auteurs de ce solide texte l'affirmation que la colonisation ne saurait se résoudre à une opposition essentialiste entre colonisés et colonisateurs. En ces temps où l'exigence de repentance pour faits de colonisation est souvent prête à resurgir à la moindre occasion, il est bon de rappeler encore et toujours la complexité des sociétés coloniales européennes. Une seconde ligne de force est celle du choix comparatiste. Toutes les colonies ne se ressemblent pas, mêmes celles qui dépendent de la même métropole. Qu'est-ce qui distingue ces sociétés coloniales les unes des autres ainsi que des métropoles ? Quels sont les traits des élites coloniales en fonction des périodes et des espaces considérés ? La prise en compte de la géographie coloniale, des sociétés indigènes, des statuts juridiques, des finalités de l'entreprise coloniale ou encore et tout simplement de la taille et donc du peuplement de ces espaces colonisés sont autant de variables qui doivent permettre de dessiner, ou à tout le moins d'ébaucher, des « typologies » coloniales. Une dernière ligne de force qui retient l'attention renvoie à la polyvalence et à la mobilité des élites coloniales. C'est en effet le constat que peut faire chaque historien du « colonial » dans son terrain respectif : la colonie brouille les repères sociaux pourtant parfaitement clairs en métropole. On peut ainsi dire que, dans la colonie, l'opposition noble /bourgeois n'a pas le même sens qu'en métropole, voire parfois pas de sens du tout ! De même, l'adminis- trateur colonial est bien souvent aussi, et simultanément, un « entrepreneur colonial », ce qu'il ne peut être réellement ou ouvertement en métropole. Enfin, le missionnaire n'est pas seulement un « extirpateur » mais bien souvent aussi un ethnographe des croyances indigènes qu'il pourchasse et donc, d'une certaine manière, un passeur. Un tel brouillage des repères sociaux va de pair avec la mobilité de ces élites coloniales. D'abord et par définition géographique, cette mobilité est aussi autant sociale que professionnelle. Faire le choix de la colonie,

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c'est souvent accepter un détour géographique afin d'accélérer le déroulement de la carrière embrassée. Dans cette prise en compte de la mobilité des élites, la relation entre centre et périphérie est essentielle, toutes les colonies ne se situant pas sur le même plan dans leur relation avec leur métropole respective. . .

A l'ambition du projet conçu et présenté avec rigueur et précision répond, comme c'est trop souvent le cas dans les ouvrages tirés de colloques, une juxtaposition de contributions d'un très grand intérêt scientifique mais en partie en décalage avec le dessein initial. La structuration de l'ouvrage, rigoureuse et pertinente, n'est pas ici en cause mais elle n'empêche pas le sentiment de contributions insuffisamment pensées ou écrites les unes par rapport aux autres.

Les textes se regroupent autour de trois grandes parties. La première aborde l'étude des élites dans le processus de formation des empires. De cette première section, on peut retenir la contribution de Mafalda Soares da Cunha sur la sociologie des dirigeants coloniaux portugais de l'époque moderne. Elle met tout spécialement en évidence la mobilité de ces élites administratives qu'elle qualifie de véritable élite « impériale ». Cette contribution est d'autant plus intéressante qu'elle représente le seul apport relatif à l'espace colonial ibérique dont il n'est pas inutile de rappeler qu'il est non seulement le plus ancien de ces espaces coloniaux européens mais aussi le plus durable... A ce titre, accorder dans l'ouvrage la même place à la colonisation ibérique et à la colonisation allemande a de quoi laisser le lecteur quelque peu perplexe.

La deuxième partie de l'ouvrage aborde l'étude de la sociologie des cadres de l'empire. L.H. Roper y propose notamment une réflexion sur la formation des élites dans les colonies anglo-américaines. Il met ainsi en évidence comment une société qui se veut et se conçoit comme particulièrement égalitariste, fondée sur la propriété foncière, ouvre la voie à une hiérarchisation sociale marquée allant jusqu'à l'émergence d'une noblesse de fait sinon de droit. De même, et plus classiquement, il souligne la relative fluidité de cette société coloniale, surtout si on la compare à celle du vieux monde dont elle est issue.

Le texte de Donald Fyson mérite aussi de retenir l'attention puisqu'il aborde une question qui se prête tout particulièrement au comparatisme. Il choisit d'étudier les élites européennes au Québec après 1760, c'est-à-dire à partir d'un moment de rupture majeure pour ce qui a été la colonie française du Canada. Ce faisant, il se retrouve face à une question classique, à savoir celle de la position prise par les anciennes élites francophones face à la nouvelle situation créée avec la domination britannique. Ce que l'on imagine comme un débat interne majeur pour cette composante de l'élite québécoise se résout notamment par ce que l'auteur qualifie de « créolisation » des élites. Cette catégorie traduit pour Donald Fyson la participation croissante des élites « créoles », majoritairement franco- phones, au pouvoir politique autant qu'économique. Ce faisant, l'auteur retrouve une problématique très familière de l'historiographie latino-américaniste - elle oppose ici les « créoles » aux péninsulaires, certes tous Espagnols et catholiques mais aux origines différentes - qui semble se poser dans les deux cas dans des termes fort semblables.

La dernière partie de l'ouvrage propose une réflexion sur « élites et sociétés coloniales » à travers des textes qui concernent essentiellement l'Afrique contemporaine - trois sur quatre -, le dernier étant consacré aux élites de

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Batavia sous l'Ancien Régime dont le sort est étroitement lié à celui de la Compagnie hollandaise des Indes.

Cette rapide présentation des résultats d'un projet collectif ambitieux laisse entrevoir la diversité des thématiques abordées dans un ouvrage dont l'un des mérites est de parier sur la confrontation : celle des questionnements, celle des espaces, celle des périodes. Si le résultat d'ensemble souffre parfois d'une certaine, et inévitable, hétérogénéité, celle-ci est largement compensée par la largeur des vues et la diversité des analyses proposées. On l'aura donc compris : le projet à l'origine de cette publication est de toute évidence un très beau programme de recherche dont on doit féliciter les coordinateurs d'avoir eu l'idée et les remercier d'avoir eu le courage de le mener à son terme. Dans le même temps on aurait presque envie de les encourager à considérer que ce terme ne devrait qu'être temporaire, tant la matière abordée laisse encore place à de nouveaux développements.

Michel BERTRAND Université de Toulouse

Alain YACOU.- 1m longue guerre des nègres marrons de Cuba (1796-1852).- Paris, CERC-Karthala, 2009.- 486 p.

Le marronnage a été une des caractéristiques constantes et générales dans toutes les régions où a sévi l'esclavage des Noirs en Amérique coloniale. Aucune époque, aucune région n'y a échappé, si bien que le refus qu'il signifie est sans aucun doute tout aussi porteur de sens que l'esclavage lui-même. Alain Yacou nous donne ici un livre fondamental que l'on attendait depuis longtemps sur le cas cubain du XIXe siècle auquel il a consacré tant d'études décisives. L'ouvrage se présente en trois parties. La première, intitulée he marronnage comme élément de subversion de la société coloniale esclavagiste, pose les cadres de la question et les problèmes qu'elle suscite : origine du mot marron, présence du marron dans la littérature cubaine, actualité politique du personnage et état des travaux sur la question, puis en vient à une typologie des marrons : circonstances et mécanismes de leur désertion, facteurs ethniques et socio-culturels, causes classiques du marronnage (mauvais traitements, conditions de travail, relâchement de la discipline et surtout aspiration à la liberté).

Ensuite A. Yacou passe à une géographie très intéressante du phénomène analysé par régions (Vuelta Abajo, La Havane-Matanzas, Las Villas-Camagüey, Oriente) qui prouve que le marronnage a été partout présent à Cuba, même si la configuration des différentes contrées de l'île a évidemment joué un rôle déterminant. L'ouvrage étudie aussi très en détail les fondements socio-culturels de la société marronne : l'organisation des palenques, les conditions de vie et les activités qui s'y organisèrent pour assurer la subsistance des fugitifs. La contre- partie était évidemment les luttes contre la société esclavagiste que les marrons avaient fuie : incursions dans les zones de culture sucrière, maraudage et rapines de toute sorte dans le monde colonial, dans certains cas même véritable mise à sac des habitations et tentatives de désorganisation de l'appareil de production.

La seconde partie du livre est consacrée à la répression de l'appareil colonial : législation (notamment le règlement de 1796), le contre-projet de la Santa Hermandad de 1798, l'organisation des « chasses » et de la police rurale, la

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