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LES INTERVENTIONS À PRIVILÉGIER CHEZ LES ADOLESCENTS

CONSOMMATEURS DE CANNABIS DANS UNE ÉCOLE SECONDAIRE DE LA

MONTÉRÉGIE

Par

Dominique Desjardins

Essai sous la supervision de Myriane Tétrault présenté dans le cadre de la

Maîtrise en intervention en toxicomanie

Université de Sherbrooke

Faculté de médecine et des sciences de la santé

© 24 novembre 2015

L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Desjardins, O. (2015). Les interventions à privilégier chez les adolescents consommateurs de cannabis dans une école secondaire de la Montérégie. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke

ii

TABLE DES MATIÈRES

Remerciements ……………………………………………………………………………vi

Résumé .................................................................................................................................v

1. Introduction ....................................................................................................................1

2. Objectif de l’essai ...........................................................................................................2

2.1 Contexte de travail ....................................................................................................2

2.2 Revue de la littérature……………………………………………………………….4

2.2.1 Prévalence de la consommation de cannabis chez les jeunes au

secondaire .......................................................................................................5

2.2.2 Conséquences de la consommation de cannabis chez les jeunes du

secondaire……………………………………………………………………6

2.2.3 Stratégies de prévention et d’intervention efficaces en milieu scolaire…......7

2.2.4 Pratiques moins prometteuse auprès des adolescents……………………......9

2.3 Objectifs de l’essai …………………………………………………………….….10

3. Méthodologie……………………………………………………………………….…10

3.1 Justification d’un moyen……………………………………………………….….10

3.2 Déroulement des activités…………………………………………………………10

3.3 Analyse des données………………………………………………………………12

4. Résultats et interprétation……………………………………………………………12

4.1 Détection des jeunes à risque ……………………………………………………..13

4.2 Conséquences chez les jeunes ………………………………….…………….......14

4.2.1 Conséquences scolaires……………………………………………………..14

4.2.2 Conséquences sociales……………………………………………….……..15

4.2.3 Conséquences psychologiques……………………………………………...16

4.2.4 Conséquences familiales……………………………………………….…...17

4.3 Stratégies d’intervention à privilégier auprès des jeunes consommateurs de

cannabis…………………………………………………………………………..18

4.4 Stratégies d’intervention moins favorables auprès des jeunes consommateurs

de cannabis ………………………………………………………………………..20

4.5 Les pistes d’interventions favorables et/ou programme…………………………...21


iii

5. Discussion……………………………………………………………………………...22

5.1 Résumé des principaux constats…………………………………………………...22

5.2 Forces de l’essai…………………………………………………………………....24

5.3 Limites de l’essai…………………………………………………………………..24

5.4 Recommandations………………………………………………………………….25

5.5 Retombées prévisibles………………………………………………………….......25

Références bibliographiques…………………………………………………………….30

Annexes A………………………………………………………………………………....34

Annexes B ………………………………………………………………………………...35

Annexes C………………………………………………………………………………....38

Annexes D ………………………………………………………………………………...39


iv

REMERCIEMENTS

J’aimerais d’abord remercier Myriane Tétrault, ma directrice d’essai, pour m’avoir

encouragée et dirigée avec brio tout au long du processus de l’essai synthèse, qui, avouons-

le, est une lourde tâche, mais combien valorisante.

Je tiens à remercier aussi tous les enseignants de la Maîtrise en toxicomanie, qui

sont des mentors, des modèles et qui savent véhiculer leur passion au travers leur

enseignement. Ils nous invitent à nous surpasser et à vouloir en connaître davantage.

Merci à mes partenaires de la Maîtrise qui ont su mettre un brin de folie dans tout ce

processus, je vous adore!

Un grand merci à mes amies et collègues de travail qui ont grandement contribué à

la réalisation de cet essai. Sans eux, cela n’aurait pas été possible.

Merci à mes parents et à mon frère qui m’ont toujours encouragé malgré les

nombreux projets qui m’entourent.

Et enfin, un immense merci à mes enfants et à mon conjoint qui m’ont permis de

réaliser cette Maîtrise et qui, malgré toutes les heures passées à l’Université, n’ont jamais

baissé les bras et ont continué de m’encourager. Sacha, Charlie, Liam et petite Billie à

venir, merci, vous avez été mon plus grand support, je vous aime tant.


v

RÉSUMÉ

Le cannabis est la drogue la plus consommée chez les jeunes du secondaire

engendrant diverses conséquences sur les plans académique, psychologique et social. Cet

essai vise à dresser les observations des intervenants de l’école secondaire André-

Laurendeau quant aux conséquences de l’intoxication au cannabis d’élèves durant les

heures de classe et d’identifier les stratégies d’intervention efficaces et favorables afin de

diminuer l’incidence de la consommation. Un groupe de discussion (focus group) a alors

été réalisé afin d’obtenir le point de vue des intervenants de l’école. Les principaux

résultats démontrent un manque de connaissances de la toxicomanie pour la moitié des

intervenants et le manque de temps pour la prévention et la détection des jeunes à risque de

développer un problème de consommation de cannabis. Des recommandations ciblant la

formation des intervenants et le développement de la prévention des toxicomanies ont été

formulées de même que les retombées prévisibles en lien avec les principaux résultats

obtenus.

Mots clés :

Adolescents, milieu scolaire, usage de cannabis, stratégies efficaces

Key words :

Adolescents, school, cannabis use, effective practices


1

INTRODUCTION

L’adolescence est un passage obligatoire de la vie, souvent marquée par l’envie de

nouveauté, le sentiment de puissance, d’invincibilité, d’explorations et de quête

d’autonomie (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites

addictives- MICDCA, 2014). Les changements physiques, psychologiques et émotionnels

marqueront certains jeunes et peuvent s’avérer difficiles pour plusieurs. La

consommation de substances psychoactives (SPA) fait partie de ces nouvelles

expériences et sera exploratoire pour certains, mais malheureusement, deviendra

problématique pour d’autres. On constate que 25% des adolescents entre 12 et 18 ans ont

déjà consommé du cannabis et que parmi ceux-ci, 5% à 9% développeront une

consommation à risque selon l’enquête sur la santé des jeunes du secondaire réalisée en

2010-2011 (Laprise, Gagnon, Leclerc et Cazale, 2012). Puisque le cannabis est de loin la

drogue la plus consommée auprès des jeunes du secondaire et que cette consommation

engendre diverses conséquences sur le plan scolaire (ex : échecs scolaires, démotivation,

association à des pairs déviants et abandon scolaire), il devient donc important d’explorer

les stratégies d’intervention favorables pour réduire l’ampleur de cette problématique.

La littérature scientifique rend compte de diverses stratégies de prévention et

d’intervention en milieu scolaire pour réduire cette prévalence (Botvin, 2000; Centre

canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies- CCLAT, 2009; Direction de la

santé publique de Lanaudière, 2014; Laventure, Boisvert et Besnard, 2010; Paquin,

2004). Le milieu scolaire a pour objectif d’éduquer et d’apprendre diverses connaissances

aux jeunes en plus de les amener à faire des choix adéquats dans leur vie (Centre National

de Prévention du Crime- CNPC, 2009). Malgré les diverses stratégies d’intervention

identifiées dans la littérature et mises en place à l’école secondaire André-Laurendeau, il

a été observé par le personnel de l’école, que la consommation de cannabis chez les

jeunes était présente et problématique, et ce, d’autant plus lorsque les jeunes étaient

intoxiqués sur les heures de classe.

À l’aide d’un groupe de discussion (focus group), cet essai tentera de répondre à

deux objectifs. D’abord, il permettra d’identifier les observations des intervenants de


2

l’école secondaire André-Laurendeau quant aux conséquences de l’intoxication au

cannabis des élèves durant les heures de classe. Ensuite, il tentera d’identifier les

stratégies d’intervention favorables afin de diminuer l’incidence de cette consommation

chez les jeunes de l’école.

Cet essai sera composé de quatre parties. La première partie fera état des

principaux constats dans la littérature scientifique concernant la prévalence de la

consommation de cannabis chez les jeunes en milieu scolaire, ses conséquences, les

stratégies de prévention et d’intervention favorables ainsi qu’un léger survol des

interventions à proscrire. La seconde partie rendra compte du moyen qui sera utilisé pour

répondre à l’objectif soit le groupe de discussion. La troisième partie permettra de

présenter les principaux résultats obtenus de même que leurs interprétations. Finalement,

la quatrième partie permettra de présenter les forces et limites de l’essai, les principales

recommandations de même que les retombées possibles.

2. OBJECTIF DE L’ESSAI

2.1 Contexte de travail et ses enjeux

L’école secondaire André-Laurendeau est un établissement public de la

Montérégie. J’y travaille depuis trois ans, à titre d’éducatrice spécialisée. Elle compte

plus de 1900 élèves et embauche sept éducateurs spécialisés pour répondre aux besoins

des adolescents de la première à la cinquième secondaire. Les adolescents qui ont un

parcours scolaire non traditionnel, c’est-à-dire qui se dirigent vers le monde du travail

tout en étudiant les matières de bases soient le français, l’anglais et les mathématiques,

font également partie intégrante de cette école.

L’école a mis sur pied un protocole de prévention des toxicomanies pour contrer

la possession, la consommation et la vente de SPA. Ce protocole stipule que tout

intervenant peut, avec un doute raisonnable, faire un signalement écrit à l’éducatrice en

prévention des toxicomanies. Un suivi sera alors donné à l’élève (Agenda des élèves,


3

2014-2015). Si le jeune est surpris à consommer pour la première fois sur le terrain de

l’école, diverses sanctions seront alors possibles dont une suspension externe pour le

reste de la journée et un appel sera fait aux parents, il devra répondre à un questionnaire

sur la toxicomanie et faire une réflexion sur l’usage de drogues remis par la direction

adjointe ou l’intervenant responsable du niveau. Il devra signer avec l’un de ses parents

un contrat de réintégration puis aura une rencontre obligatoire avec l’intervenant afin de

passer la Grille de dépistage de consommation problématique d’alcool et de drogues chez

les adolescents et les adolescentes -DEP-ADO1.

Si le jeune est surpris à consommer à nouveau, toutes les sanctions mentionnées

précédemment s’appliquent en plus d’ajouter une journée de suspension à la maison et

entreprendre une démarche auprès du Centre de réadaptation en dépendance de la

Montérégie (CRD), le Virage. Afin de favoriser l’adhérence au suivi, un intervenant du

CRD le Virage se déplace à l’école pour rencontrer le jeune. Ce service est en place

depuis plusieurs années. Advenant que l’élève ne se conformait pas aux demandes de

l’école, celle-ci pourrait envisager un changement d’école si cela pourrait permettre un

éventuel changement dans les habitudes de consommation.

Pour un certain nombre de jeunes qui fréquentent l’école, je m’aperçois que le

protocole de prévention des toxicomanies est peu dissuasif et ce, malgré les conséquences

qu’ils rencontrent (ex : suspension externe, appel et retour avec les parents, présence de la

direction adjointe et signature du contrat de réintégration) lorsqu’ils se font prendre en

état d’intoxication au cannabis2. Ce constat diverge de l’étude d’Audet (2012) qui a

recueilli les propos d’adolescents sur les principales raisons de la diminution ou de l’arrêt

de leur consommation et ceux-ci accordaient une grande importance aux conséquences

liées à leur consommation et au discours dissuasif de leurs parents concernant les SPA.

1 Le DEP-ADO est un outil utilisé pour dépister une consommation problématique de SPA chez les

adolescents (alcool et drogue). Le score à la fin du questionnaire indique un feu «vert», «jaune» ou «rouge»

et selon le cas, le résultat nous informe des interventions à privilégier avec l’élève. L’outil est pertinent et

possède une bonne validité auprès des adolescents de 12 à 17 ans (Germain, Guyon, Landry, Tremblay,

Brunelle et Bergeron, 2013). 2 Les signes visibles de la consommation de cannabis, comme l’odeur du cannabis, les yeux rouges, la

bouche sèche et parfois une plus lente expression des mouvements, nous permet de croire que c’est la

substance que le jeune a consommé.


4

Ce constat semble véridique pour une mince proportion des élèves de l’école qui se

feraient prendre plus d’une fois intoxiqués.

Par ailleurs, il est observé lors des discussions d’équipe, que les membres du

personnel (enseignants, surveillants et direction adjointe) semblent peu intervenir auprès

des élèves intoxiqués. Ceci pourrait s’expliquer par leur manque de connaissances quant

aux signes visibles d’un jeune ayant consommé du cannabis. Dans le passé, une

formation était offerte par l’intervenante en prévention des toxicomanies du CRD le

Virage à tous les enseignants et aux surveillants, afin de les sensibiliser à cette

problématique. Cette formation n’est malheureusement plus offerte systématiquement en

début d’année scolaire due au manque de temps des intervenants et par le faible intérêt du

personnel de l’école à la recevoir.

Une partie des jeunes qui bénéficie du service d’éducation spécialisée vit aussi

une grande démotivation face au système scolaire. Ils ont parfois un retard académique

majeur, font face à l’échec quotidiennement, mais ne réalisent pas le lien entre leur

consommation et les conséquences directes qui s’y rattache. On doit se demander si la

démotivation est une conséquence de leur consommation ou si la consommation est le

résultat de leur démotivation. Comme l’équipe d’intervenants est peu formée et a peu de

connaissances en toxicomanie, plusieurs élèves passent «entre les mailles du filet». On

constate donc que la prévention en toxicomanie n’est pas effectuée comme elle le devrait.

Face à cette problématique observée à l’école secondaire André-Laurendeau, la

réalisation d’un essai afin d’identifier les pratiques d’intervention favorables devenait

d’autant plus pertinente.

2.2 Revue de littérature

La prévention des toxicomanies a vu le jour dans les années 60 et a fait ses

preuves au niveau de la santé physique et psychologique de la population québécoise

(Brisson, 2010). Chez les adolescents, la prévention des toxicomanies se véhicule entre

autres par le biais des intervenants du milieu scolaire, dans les Maisons de jeunes, à la

maison par les parents ainsi que par les différents organismes communautaires œuvrant


5

auprès des adolescents. Selon Laventure et al. (2010) et du Centre canadien de lutte

contre l’alcoolisme et les toxicomanies -CCLAT (2015), les programmes dispensés aux

adolescents sont peu validés, faisant en sorte qu’il est donc difficile de connaître l’impact

réel sur les jeunes.

2.2.1 Prévalence de la consommation de cannabis chez les jeunes au secondaire

La littérature scientifique remet régulièrement à jour ses informations concernant

la prévalence de la consommation de cannabis chez les adolescents. Il a été démontré

qu’environ 48% des jeunes du secondaire ont déjà fait usage d’une SPA (drogue et/ou

alcool) au cours de leur secondaire, le cannabis étant la substance de choix (Cheon,

2008).

Selon des données récentes de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes 2010-

2011 (Laprise et al., 2012), possédant un échantillon de 430 000 jeunes du secondaire,

25% de tous les élèves affirmaient avoir consommé du cannabis au cours de la dernière

année. Une autre étude réalisée en 2013 auprès d’élèves du secondaire de l’Ontario a

montré des statistiques similaires, soit que 23% des élèves avaient consommé du

cannabis dans l’année précédant l’étude (CAMH, 2013). À cette statistique s’ajoute le

pourcentage d’élèves ayant consommé du cannabis selon le niveau scolaire. On remarque

une augmentation de près de 38% passant de 1,7% en première secondaire à 39,2% de

consommateurs en cinquième secondaire. En outre, l’EQSJS (2012) fait état que 9% des

jeunes du secondaire consomment du cannabis au moins une fois par semaine.

Il est important d’aborder la notion de dépendance puisque plusieurs adolescents

ne croient pas que la dépendance au cannabis puisse être réelle. On parle de dépendance

lorsque : « La consommation fréquente de doses élevées de cannabis entraîne une

dépendance psychologique modérée se traduisant notamment par un besoin de

consommer» (Centre québécois de lutte aux dépendances, 2014). Il a été démontré, que

plus le début de la consommation de cannabis s’effectuait précocement, plus le risque de

dépendance augmentait. La littérature parle d’un taux de 16% de risque de dépendance

chez les gens ayant commencé à consommer à l’adolescence (CCLAT, 2015).


6

2.2.2 Conséquences de la consommation de cannabis chez les jeunes du secondaire

La consommation de SPA est associée à des conséquences plus ou moins sévères

variant selon la substance, la quantité consommée et la fréquence, le contexte dans lequel

la substance est consommée ainsi que des caractéristiques de la personne qui en fait

usage. Diverses conséquences sont observées chez les consommateurs de cannabis

notamment sur les plans scolaire, de la santé physique et mentale de même que social.

Au plan scolaire, la littérature rend compte à maintes reprises d’une diminution de

la motivation scolaire des jeunes (Brisson, 2000; CCLAT, 2015; Réseau d’Information

pour la Réussite Éducative- RIRE, 2010; Vitaro et Carbonneau, 2003). Les effets à long

terme de cette consommation auraient une influence négative sur la réussite scolaire et

seraient une cause directe du décrochage scolaire (Brisson, 2000; CCLAT, 2015). Une

étude de Fried, Watkinson, James et Gray (2002) a montré une corrélation positive entre

une forte consommation de cannabis à l’adolescence et les changements au niveau des

fonctions cognitives telles que la diminution de la concentration, le traitement de

l’information et la baisse du quotient intellectuel. Ce constat ne ferait toutefois pas

l’unanimité et serait remis en question par d’autres chercheurs (CCLAT, 2015).

Les conséquences sur la santé physique des adolescents révèlent que des

problèmes pulmonaires ainsi que des troubles respiratoires peuvent survenir (Vitaro et

Carbonneau, 2003) basée sur une consommation sévère ou aigüe de cannabis,

correspondant à une consommation quotidienne. Le Centre québécois de lutte aux

dépendances - CQLD (2014) émet des constats similaires et ajoute que les

consommateurs réguliers, à l’âge adulte, sont plus susceptibles de présenter des troubles

cardiovasculaires reliés aux artères.

Au plan de la santé mentale, le CAMH (2012) émet une corrélation positive entre

le cannabis et la psychose chez les personnes plus vulnérables biologiquement. Celle-ci

se définit par une perte de contact avec la réalité menant à des symptômes dont : la


7

désorientation, l’amnésie, l’agitation, l’agressivité, la dépersonnalisation, des idées

paranoïdes, des hallucinations et des variations émotionnelles importantes (CAMH,

2012). De plus, une étude effectuée par Silins, Horwood, Patton, Fergusson, Olsson,

Hutchinson et Mattick (2014) a montré un lien étroit entre la dépression chez les jeunes

adultes et leur consommation précoce et régulière de cannabis. De plus, les travaux de

Copeland, Rooke et Swift (2013) constatent une augmentation de troubles anxieux chez

les adolescents consommateurs en lien avec un taux élevé de tétrahydrocannabinol (THC)

présent dans le cannabis.

Au plan social, Vitaro et Carbonneau (2003) mentionnent que le rejet des pairs,

peut amener les adolescents à se regrouper, ce qui produit un effet d’entrainement et

pourrait faire en sorte que les comportements marginaux, tels que la délinquance et la

consommation de cannabis, deviennent contagieux (Brisson, 2000; Fallu, 2008). Ils

s’influencent négativement et renforcent leurs comportements inadéquats.

Face à ces diverses conséquences quant à la consommation de cannabis chez les

adolescentes, quelles stratégies de prévention et d’intervention semblent efficaces?

2.2.3 Stratégies de prévention et d’intervention efficaces en milieu scolaire

La littérature scientifique basée sur les meilleures pratiques à adopter en

prévention des toxicomanies (CNPC, 2009; Laventure et al., 2010; Sanci, Toumbourou,

San, Rowland, Hemphil et Munro, 2002; Schultz, Pandya, Sims, Jones et Fischer, 2013),

indiquent les deux principales formes de prévention sont la prévention ciblée et la

prévention universelle qui ont pour objectif de réduire les risques associés à la

consommation de SPA. La prévention ciblée se définit par un groupe de personnes ayant

déjà des facteurs de risque liés à la toxicomanie, alors que la prévention universelle

s’adresse à tous les jeunes (Laventure et al., 2010). Il est démontré que les pratiques

exemplaires de programmes en prévention des toxicomanies ayant eu un impact positif

sur les adolescents répondaient à plusieurs critères tels que;

- la formation des intervenants qui animent le programme;


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- l’implication et la participation de la famille, du jeune et de la communauté

(CNPC, 2009; Fallu, 2008; Laventure et al., 2010);

- les sessions doivent être réparties sur un continuum d’intervention qui doit être

entamé vers la fin du primaire et se poursuivent jusqu’à la fin de l’adolescence et

être plus intense entre la première et la troisième secondaire (Sanci et al. 2002);

- tenir compte du type de consommateur pour adapter l’intervention.

Cependant, que la prévention soit universelle ou ciblée, aucune ne démontre une

efficacité assurée chez tous les types d’adolescents (Laventure et al., 2010). Ceci étant

dit, pour certains jeunes la consommation pourrait devenir abusive c’est-à–dire qu’elle est

susceptible de provoquer des dommages physiques, psychologiques, économiques,

judiciaires ou sociaux pour le consommateur. La famille et l’environnement du jeune se

voient aussi souvent touchés dans les cas de consommations abusives (CQLD, 2014).

Suite à ce constat, le repérage et la détection devraient être effectués auprès des jeunes

qui possèdent des facteurs de risque et avec lesquels un travail de prévention ciblée

devrait être entamé (Gouvernement du Québec, 2006).

Sachant que le pourcentage des adolescents qui consomment du cannabis

augmente avec le niveau scolaire (Laprise et al. 2012), la formation des intervenants en

toxicomanie devrait être un préalable pour répondre aux besoins des élèves de troisième,

quatrième et cinquième secondaire (CNPC, 2009; Laventure et al., 2010; Vitaro et

Carbonneau, 2003). Une approche de type interactif utilisant divers médias se veut aussi

un moyen différent et positif de sensibiliser les élèves à la toxicomanie. Un constat que

Laventure et al. (2010) et le CNPC (2009) font aussi. Dans la recherche d’Audet (2012),

les adolescents questionnés ont mentionné que l’efficacité d’une intervention dépendait

notamment du réalisme du message, de la possibilité de s’identifier à l’animateur, des

échanges positifs avec celui-ci ainsi qu’une plus grande fréquence des animations, soit

environ deux à trois fois par année scolaire.

Chez les jeunes consommateurs, l’approche de la réduction des méfaits est jugée

efficace pour intervenir auprès de cette clientèle (CCLAT, 2006; Fallu, 2008; Landry et


9

Lecavalier, 2003). Par contre, cette affirmation se doit d’être nuancée puisqu’à ce jour,

peu d’études ont démontré l’efficacité de cette approche auprès des adolescents. Basé sur

la motivation au changement, l’entretien motivationnel pour sa part, fait partie des

pratiques prometteuses auprès des adolescents (Gaudreault et Bertrand, 2014). Cette

approche vise une collaboration entre le client et l’intervenant et cible un objectif

spécifique réalisable pour la personne. Cette approche peut s’appliquer dans les écoles

puisqu’elle est conçue pour les interventions de première ligne et de deuxième ligne.

2.2.4 Pratiques moins prometteuses auprès des adolescents

Lorsque nous parlons de la toxicomanie, il est indispensable de penser aux

méthodes de prévention et d’intervention. Tel que mentionné plus haut, plusieurs moyens

ont démontré leur efficacité, cependant nous devons tenir compte de l’envers de la

médaille, c’est-à-dire des pratiques moins efficaces auprès des jeunes. D’abord, la

littérature émet un constat que de donner de l’information sur les drogues seulement, ne

s’est pas avéré efficace puisqu’au contraire, ce moyen peut avoir des effets pervers et

s’avérer nuisible (CNPC, 2009; Fallu, 2010; Laventure et al., 2010; CCLAT, 2006;

Vitaro et Carbonneau, 2003). À cela s’ajoute la prévention offerte par des intervenants

non spécialisés en toxicomanie. Dans l’étude d’Audet (2012), les jeunes questionnés,

accorde une grande importance à l’intérêt que l’animateur leur porte, qu’il tienne compte

de leur point de vue, tout en maîtrisant le sujet duquel il parle.

La littérature constate aussi que les programmes de type universel, touchent peu la

clientèle déjà consommatrice (Fallu, 2010). De plus, les approches basées sur la peur et

les conséquences rattachées à l’usage de SPA ainsi qu’une approche moralisante et

impliquant la loi, soit un acte répréhensible, n’ont démontré aucun impact sur la

réduction de l’usage de SPA (CNPC, 2009; Sécurité publique, 2014; Vitaro et

Carbonneau, 2003).

2.3 Objectifs de l’essai

Les objectifs de cet essai synthèse sont, dans un premier temps, de dresser les

observations des intervenants de l’école André-Laurendeau quant aux conséquences de


10

l’intoxication au cannabis des élèves durant les heures de classe et dans un deuxième

temps, d’identifier les stratégies d’intervention efficaces et favorables afin de diminuer

l’incidence de cette consommation chez les jeunes.

3. MÉTHODOLOGIE

3.1 Justification d’un moyen

Le groupe de discussion (focus group) semblait le moyen approprié afin de

répondre à mon objectif et ainsi avoir le point de vue des intervenants sur la

problématique de consommation de cannabis à l’école, pour en comprendre les raisons et

explorer les stratégies prometteuses. Selon Krueger et Casey (2000), le groupe de

discussion se veut convivial, non menaçant, invite à la confidence et permet de récolter

bon nombre d’informations et d’opinions.

3.2 Déroulement des activités

Pour réaliser cet essai, j’ai d’abord présenté le projet à la direction de l’école

secondaire André-Laurendeau. Le projet ayant été autorisé, le formulaire d’engagement

du milieu a été complété et signé (Annexe A). Comme cet essai est basé sur la

consommation de cannabis en milieu scolaire, je souhaitais que tous les intervenants qui

travaillent directement auprès des jeunes, soit les éducateurs spécialisés de la première à

la cinquième secondaire, participent. Pour rejoindre l’ensemble des intervenants, j’ai

présenté le sujet de mon essai à mes collègues, lors d’une rencontre d’équipe et en

présence d’une direction adjointe. Tous se sont montrés intéressés à faire partie de cette

rencontre, compte tenu de la problématique présente à l’école. Une date de rencontre a

alors été planifiée, puis elle a eu lieu le 11 juin 2015 dans un local pré établi de l’école

secondaire.

Le formulaire de consentement (Annexe B) et un questionnaire anonyme (Annexe

C) ont été envoyés aux participants 3 semaines avant le groupe de discussion. Le

formulaire de consentement permettait aux participants de comprendre les principaux


11

aspects en lien avec le groupe de discussion alors que le questionnaire anonyme

permettait d’obtenir des informations sur le profil des participants. Les résultats obtenus

quant au profil des participants indiquent qu’ils étaient âgés entre 30 et 50 ans, œuvraient

en moyenne depuis plus de six ans auprès des adolescents et travaillaient à l’école

secondaire pour la majorité depuis plus de trois ans.

Par la suite, la grille pour le groupe de discussion (Annexe D) a été élaborée à

partir des thèmes recensés dans la littérature scientifique et des principales

problématiques observées à l’école en lien avec la consommation de cannabis chez les

jeunes. La grille abordait cinq aspects auxquels les intervenants devaient répondre et/ou

émettre leur point de vue. Ainsi, la détection des jeunes à risque, les conséquences vécues

par les consommateurs de cannabis à l’école, les interventions utilisées actuellement par

les intervenants, les interventions à proscrire et les interventions favorables ont été

explorées.

Pour l’animation du groupe de discussion, j’ai demandé à une collègue de la

Maîtrise en intervention en toxicomanie de l’effectuée. La grille de même que les

consignes dans l’animation du groupe lui ont été envoyées quelques semaines avant la

date prévue du groupe de discussion. J’ai préféré ne pas animer cette rencontre afin

d’éviter certains biais que cela aurait pu comporter. Pour ma part, j’agissais à titre

d’observatrice avec l’accord de ma directrice d’essai afin de diminuer le biais de la

désirabilité sociale. Je ne souhaitais pas influencer les participants ou les diriger vers des

éléments qui sont pour moi très importants ou que j’avais lu préalablement dans la

littérature. L’ensemble des étapes liées à la préparation du groupe de discussion a été fait

en collaboration avec ma directrice d’essai synthèse.

Le groupe de discussion a duré 75 minutes et tous les participants étaient présents.

Toute la rencontre a été enregistrée sur un enregistreuse audio afin d’obtenir l’ensemble

des propos rapportés par les participants durant la rencontre.


12

3.3 Analyse des données

Pour analyser les données qualitatives recueillies lors de mon groupe de dicussion,

j’ai utilisé une stratégie de codification avec tout le matériel audio recueillis (Aranda

Flores, 2015; Fortin, 2010). En premier lieu, j’ai retranscrit intégralement le verbatim du

groupe de dicussion et j’ai identifié chaque personne par un numéro par souci de

confidentialité. Ensuite, j’ai créé un tableau pour chaque question abordée et j’ai regroupé

le tout en thèmes et en sous-thèmes. Le thème étant la question posée en soi et les sous-

thèmes résultaient des réponses émises par les intervenants. Ceci m’a permis d’organiser

les données du groupe. Ensuite, j’ai codifié chaque intervention selon le thème et l’ai

classé dans le sous-thème s’y rattachant, ce qui a facilité l’interprétation des résultats.

4. RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION

Avant de présenter les résultats du groupe de dicussion, il est important de

souligner que parmi les intervenants présents, il y avait une stagiaire en éducation

spécialisée et elle n’a émis aucun commentaire durant la rencontre. Sur les six autres

intervenants, seulement trois d’entre eux ont alimenté la discussion de façon marquée.

Les autres ont mentionné ne pas avoir suffisamment de connaissances quant à la

toxicomanie pour intervenir adéquatement. Une participante a mentionné ceci :

« Tu dis la détection, pour toi c’est facile mais moi je ne suis pas

capable de savoir. Je n’ai aucune espèce d’idée. Les fois où je

l’ai su cette année, c’est quelqu’un d’autre ou c’est le jeune lui-

même qui m’a dit : « oui, oui» ou « je vais consommer ce soir».

Moi je ne le vois pas. Mis à part les yeux rouges. Cette semaine il

y en a un qui est entré dans mon bureau et c’est ma stagiaire qui

m’a dit qu’il avait plein de tics. Moi je ne l’aurais pas repéré.»

Ces propos rendent compte à prime abord d’un manque de connaissances à propos

de la toxicomanie chez les intervenants de l’école secondaire.

4.1 Détection des jeunes à risque


13

Parmi les facteurs rapportés dans la détection des jeunes à risque de consommer,

les participants ont mentionné les changements de fréquentations (ou avoir un réseau

d’amis qui consomment), l’augmentation des absences non motivées, la baisse des

résultats académiques et les retards en classe. Puis, les participants ont ajouté les

inquiétudes du milieu familial ou du réseau social. Plusieurs facteurs de risque cités dans

la littérature n’ont pas été relevés par les participants tels que les facteurs individuels dont

la santé mentale du jeune, les comportements problématiques ainsi que les facteurs liés à

l’environnement soit le contexte scolaire (Hawkins, Catalano et Miller, 1992).

Parmi les outils utilisés pour détecter l’usage problématique chez un jeune, le

DEP-ADO semble celui privilégié par l’ensemble des participants. Cette grille est utilisée

afin de vérifier si la consommation d’un jeune est problématique (Germain et al., 2013).

Les participants ont aussi évoqué l’ampleur de la charge de travail demandée et

les priorités du milieu à respecter faisant en sorte qu’ils consacrent peu de temps à la

prévention des toxicomanies.

« En fait dans la vraie vie, au quotidien sur le plancher, pour ma

part à moi, je n’ai pas le temps d’aller avec ceux qui sont à risque

de. On est dans l’urgence, on est dans celui qui est «gelé». On est

dans le…ici et maintenant. Mettons que quelqu’un me dit : « mon

ami a commencé à consommer» on peut le rencontrer mais c’est

vraiment, on n’est pas nécessairement dans la détection. Pour ma

part cette année, je n’ai pas pu être dans la prévention ».

Ceci signifie que la détection et le repérage des jeunes à risque ne sont pas

systématiquement fait dans l’école comme le suggère la littérature (Gouvernement du

Québec, 2006; Laventure et al., 2010). Elle est appliquée lorsqu’un jeune se fait prendre

intoxiqué, lors d’un suivi avec un intervenant et/ou que le jeune choisi de parler de sa

consommation avec celui-ci.

4.2 Conséquences chez les jeunes


14

Quatre secteurs ont été explorés en lien avec les conséquences de la

consommation de cannabis chez les jeunes au secondaire; scolaire, social, psychologique

et familial. Selon une participante, la santé physique ne serait pas à négliger. Il a été

question de l’atteinte à la santé globale du jeune, la perte de poids ainsi que d’une

hygiène plus négligée. Ces points ont été approuvés unanimement par l’ensemble des

participants.

Cependant, la question du poids m’apparaît questionnable, puisque la perte de

poids est davantage remarquée lors de la prise de stimulants, alors que le cannabis

augmente l’appétit. Il est possible de croire que les participants aient confondu l’usage de

toutes les SPA, même si notre sujet portait spécifiquement sur l’usage de cannabis.

4.2.1 Conséquences scolaires

Au niveau scolaire, les participants ont surtout identifié la démotivation scolaire,

les résultats qui baissent ainsi que des conséquences directement liés à l’école comme

une suspension externe avec des travaux supplémentaires. Ces conséquences sont

identifiées dans ces propos.

« Les notes, chutes de notes drastiques, les retards sont marqués,

les absences non motivées.»

« La démotivation scolaire. Je pense que ça englobe tous ces

facteurs-là, tous ces points-là. Dans le fond l’école, ne devient

plus prioritaire. Ils viennent pour le social à la limite.»

Parmi les conséquences mentionnées, notons aussi les rencontres obligatoires avec

un intervenant de l’école, ce qui ne fait toutefois pas l’unanimité chez les participants.

Certains étaient d’avis que cette rencontre n’était pas une conséquence. Ceci n’a

cependant pas suscité davantage de discussion entre les participants et l’animatrice n’a

pas investigué cette opinion. Par ailleurs, je crois que pour plusieurs jeunes la rencontre

avec un intervenant est un moment privilégié. Ils le nomment parfois eux-mêmes. Ainsi,

je pense que c’est pour cette raison que certains participants ne croient pas que cela soit

une conséquence pour l’élève.


15

La référence vers des ressources et/ou programmes spécialisées a été notée par la

majorité des participants comme cité dans ces propos. « Ça peut aller jusqu’à une

expulsion de l’école aussi ou des références vers d’autres ressources, d’autres

programmes». Les ressources mentionnées sont le CRD Le Virage et Intermède3

(programme créé cette année en collaboration avec la Commission scolaire Marie-

Victorin (CSMV), Le Virage (CRD) et La Maison de Jonathan).

À noter que les conséquences mentionnées par les participants étaient congruentes

avec celles présentes dans la littérature (Brisson, 2000; Fallu, 2008; Fallu, 2010; RIRE,

2010).

4.2.2 Conséquences sociales

Au niveau social, les participants ont surtout mentionné le changement dans la

relation entre l’élève consommateur et les enseignants en plus des changements dans

l’attitude du jeune. Des changements dans le réseau social ont aussi été notés, tel que le

rejet des amis non consommateurs.

« Comme elle dit, comme l’attitude va changer, ça se peut qu’ils

se pognent plus avec les profs, donc moins bonnes relations avec

les profs, parfois moins bonnes relations avec les pairs qui

n’acceptent pas leur choix. Ils sont dans le plaisir mais ça amène

autre chose.»

De plus, ils ont aussi noté des conséquences sociales reliées à des tendances plus

délinquantes. Par exemple, un élève qui fréquente d’autres jeunes qui consomment,

gravitera nécessairement près d’un vendeur de SPA et pourrait vouloir se mettre à vendre

de la drogue pour payer la sienne ou pour obtenir un certain statut.

3 Ce programme d’intervention vise la persévérance scolaire des adolescents de 12 à 17 ans qui présentent

une consommation problématique de SPA et qui sont à risque de décrochage scolaire (Commission scolaire

Marie-Victorin, 2015).


16

« Au niveau social, il y en a qui vont aller jusque dans la vente,

donc les gens autour de lui sont utilitaires. Ils vont essayer aussi

d’influencer d’autres personnes. Ils vont faire leur réseau à

l’école…»

«…Il faisait ça vraiment pour avoir de l’estime, il n’était pas

populaire… Pour lui c’était vraiment plus, c’était le roi de la

montagne. Il était super populaire.»

Les participants ont relevé l’inter-influence négative entre les jeunes, ce qui

renforcerait leurs comportements inadéquats. Cela est congruent avec Vitaro et al. (2003)

sur l’aspect des conséquences sociales ainsi que Fallu (2010) qui relève les conséquences

amenant certains jeunes à développer des comportements délinquants.

L’animatrice a amené la question des relations amoureuses, ce qui n’avait pas été

rapporté par les participants. Cet élément est, selon les intervenants, un levier positif sur

la diminution ou l’arrêt de la consommation chez un adolescent. Voici un exemple tiré du

verbatim de la rencontre :

«Oui, pis ils sont prêts à faire bien des changements au niveau de

la consommation. Plus ça que l’inverse. C’est rare que la blonde

s’en fiche. C’est ce qu’on voit plus. Je ne te dis pas que ça

n’arrive pas du tout, généralement les blondes vont changer le

comportement de façon positive.»

La littérature consultée, n’évoque pas le sujet des relations amoureuses et de

l’effet positif d’un des partenaires à l’adolescence.

4.2.3 Conséquences psychologiques

Le côté affectif des adolescents a été abordé en raison des changements

hormonaux importants et de leur quête d’identité (CQLD, 2014). Les participants

s’entendaient sur le changement d’humeur, soit plus de passivité, d’agressivité et de

réactivité des jeunes consommateurs résultant en de moins bonnes relations avec autrui,

dont le personnel de l’école (enseignants et surveillants). Brisson (2000) corrobore dans


17

le même sens concernant le désengagement et la passivité. Les participants ont aussi

discuté du désengagement scolaire de ces élèves. Le CNPC (2009) a émis le même

constat, cependant, il était abordé sous l’angle des facteurs de risque à la consommation

de SPA. Voici les propos d’un participant.

« De la passivité pour certains et de l’agressivité pour d’autres.

Moi j’ai vu les deux, j’ai vu un jeune plus passif quand il prenait

plus de drogue, il était plus passif, moins d’entrain, moins de

vouloir.»

L’estime de soi a été aussi abordée par les participants impliquant deux angles de

conséquences soient l’augmentation ou la baisse de l’estime de soi. La majorité des

participants s’entendait pour dire que l’estime de soi était touchée d’une façon ou d’une

autre lorsqu’il y avait de la consommation de cannabis chez les adolescents. D’une part,

elle se voyait en hausse lorsque la consommation apportait un certain statut auprès des

pairs (CNPC, 2009; Laventure et al., 2010; Vitaro et Carbonneau 2003). De l’autre, elle

était plus faible lorsque la consommation avait pour objectif d’oublier les problèmes

vécus par le jeune ou si celui-ci vivait du rejet et/ou de l’isolement. Laprise et al. (2012)

arborent dans le même sens lorsque l’on parle de consommation abusive ou de

dépendance aux SPA.

4.2.4 Conséquences familiales

Évidemment, il est rare que la consommation de cannabis des adolescents plaisent

à leurs parents, surtout lorsque cette consommation se fait en milieu scolaire. Les

conséquences dont ont discuté les participants se résument à des conflits parents-enfants,

la baisse de la confiance envers le jeune de la part des parents et l’obligation pour le

jeune de quitter le milieu familial lors de conflits majeurs ou dans une optique d’aide

pour celui-ci. Cette citation résume bien les propos des participants.

«Dans les conséquences familiales ça peut aller jusqu’au parent

qui dit : «Je ne suis plus capable, tu sors de la maison.»

Secondaire 4-5, ça peut arriver qu’ils disent (les parents) « je

suis à bout, je vais te placer à la DPJ au Centre Jeunesse». C’est

des conséquences que souvent ce n’est pas juste la consommation,


18

mais ça en fait partie. Si tu enlèves la consommation, le jeune est

plus disposé, la famille risque d’aller un peu mieux. Ça peut être

des conséquences qui peuvent aller jusque-là.»

Les participants ont mentionné que la fratrie avait un rôle tout de même important

et que lorsque la question était posée aux jeunes, ils ne souhaitaient pas que leurs sœurs

et/ou frères cadets consomment. Cependant, la littérature rapporte que la consommation

chez un membre de la famille tel que la fratrie, est un indicateur de la consommation pour

un autre membre (CNPC, 2009). Vitaro et Carbonneau (2003) mentionnent que ce facteur

est peu évoqué dans les recherches et qu’il devrait y avoir une plus grande corrélation

entre l’influence de la fratrie, qui, selon eux, a autant d’incidence que celle des pairs ou

des parents.

4.3 Les stratégies d’intervention à privilégier auprès des jeunes consommateurs de

cannabis en milieu scolaire

L’animatrice a poursuivi la discussion en questionnant les participants sur les

interventions qu’ils utilisaient en toxicomanie et qui étaient efficaces. Il a d’abord été

question des moyens et des outils utilisés dont la réduction des méfaits. Puisque certains

participants connaissaient peu l’approche de la réduction des méfaits, l’animatrice a

défini le terme afin que tous sachent qu’elle une approche basée sur la réduction des

risques et des conséquences en lien avec la consommation de SPA.

Les ateliers utilisés lors de rencontres individuelles ont été notées tels que le

journal de consommation, la roue miroir de Heimler et la balance décisionnelle. Ces

outils sont aussi recommandés par des organisations comme le CRD Le Virage et la

Commission Scolaire de Montréal (CSDM) (Services des ressources éducatives, secteur

de l’adaptation scolaire, 2003). Toutefois, la réduction des méfaits ne fait pas l’unanimité

si on tient compte des lois entourant le cannabis qui est illégal. De plus, il y a peu de

données qui nous indiquent l’efficacité de cette approche auprès des jeunes, sachant que

toute consommation de SPA chez les adolescents peut être à risque (CCLAT, 2006).


19

Il a été question aussi d’informer les adolescents sur les différentes drogues de

façon totalement objective par le biais d’un power point. Cependant, cette activité n’a pas

fait ses preuves à propos de la diminution de la consommation chez les jeunes et peut

même s’avérer nuisible selon certains auteurs dans la littérature (CNPC, 2009; Fallu,

2010; Laventure et al., 2010; CCLAT, 2006; Vitaro et Carbonneau, 2003). Les vidéos, les

conférences ainsi que des présentations interactives ont aussi été mentionnés. Ces

médiums sont approuvés par la littérature (CNPC, 2009; Laventure et al., 2010). Le

questionnaire DEP-ADO, principalement utilisé par les intervenants de l’école, sert aussi

de moyen d’intervention efficace celui-ci étant appuyé par la littérature (Institut de la

statistique Québec, 2011). Le DEP-ADO est en soi un outil de détection, par contre,

comme la détection et le repérage n’est pas automatique dans le milieu, il sert davantage

d’outil d’intervention pour certains intervenants capable de l’utiliser adéquatement.

Le protocole pour contrer la toxicomanie dans l’école a été noté parmi les moyens

efficaces, celui-ci permettant un levier d’intervention. On parle ici de mettre un cadre et

des sanctions qui s’appliqueront à tous les élèves qui enfreindront le règlement imposé

par l’école, ce qui est aussi recommandé par la Direction de santé publique de Lanaudière

(2014). Selon le CCLAT (2006), il serait bon de se questionner sur cet aspect de

règlementation visant l’abstinence, certes les jeunes sont vulnérables, mais ils répondent

bien à l’approche de la réduction des méfaits. On parle donc de prévenir la consommation

à l’école.

Pour conclure, il a aussi été question de l’accueil et du lien qui se construit entre

les jeunes et les intervenants ce qui favorise une intervention efficace. L’animatrice a

émis un constat aux participants suggérant le lien établi entre eux et les adolescents.

« J’entends dans les interventions que vous avez mentionné, que

vous avez suscité l’intérêt du jeune à discuter de ça, donc il y a un

lien déjà. Dans l’accueil de cet enjeu-là, il y a un succès.»


20

Tous les participants ont hoché de la tête en signe d’approbation suite à son

affirmation. Il va de soi que la littérature aborde dans ce sens (Audet, 2012; Fallu, 2008;

Laventure et al., 2010; Paquin, 2004).

4.4 Les stratégies d’intervention moins favorables auprès des jeunes consommateurs

de cannabis en milieu scolaire

Tous les participants étaient d’accord sur le fait qu’une attitude moralisante, la

répression, un intervenant ayant un rythme trop rapide, le manque de cohérence entre

l’équipe scolaire et l’obligation d’intervenir lorsque le lien de confiance n’est pas

construit, ne facilitent pas le travail de l’intervenant lorsqu’il est question de toxicomanie.

La littérature développe peu sur les interventions à proscrire en milieu scolaire, cependant

elle relate les effets iatrogènes, qui a des conséquences néfastes, de certains programmes

qui ont été mis en place dans les écoles. L’approche de réduction des méfaits tel que

discuté par Landry et Lecavalier (2003), va dans ce sens, en exprimant l’importance de

suivre le rythme, d’accepter les objectifs et de tenir compte des besoins de la personne.

Un point a aussi été rapporté en lien avec le rôle des intervenants et comme tous

les participants semblaient en accord avec cette pratique, il s’avérait important de la

citer :

« …Mettons, on a des jeunes que nous savons qui consomment,

les gens se réfèrent rapidement à nous pour nous demander : « A-

t-il consommé?». Moi je suis là pour intervenir avec lui, je ne suis

pas là pour juger. Comme surveillant, tu dois faire ta job, le

retourner à la maison. Moi je n’ai pas à travailler au moment où

tu l’envoies (voulant dire que j’identifie son état d’intoxication)».

« Ce qui ne marche pas, c’est que nous on utilise les

conséquences de l’école. Elles doivent être appliquées par un

directeur de l’école».

Tout compte fait, si les rôles ne sont pas bien définis dans le cadre scolaire, cela

peut engendrer des erreurs d’intervention et faire en sorte qu’un lien soit difficile à créer

entre l’intervenant et le jeune par la suite. Le document des meilleures pratiques de

prévention des toxicomanies en milieu scolaire préparé par la Direction de santé publique


21

de Lanaudière (2014) recommande aussi que le rôle des différents intervenants scolaires

soit clair et respecté de ceux-ci, pour assurer une cohérence auprès des élèves de l’école.

4.5 Les pistes d’intervention favorables

Pour conclure le groupe de discussion, il était primordial de demander aux

intervenants quelles étaient les pistes d’intervention favorables et les programmes

desquels on pourrait tirer avantages afin de diminuer l’incidence de consommation de

cannabis en milieu scolaire. Cette partie étant directement liée à l’objectif de cet essai et

aux enjeux du milieu scolaire qui sont de répondre adéquatement aux besoins des jeunes

qui utilisent des services en toxicomanie et de tenter de diminuer le pourcentage de jeune

qui consomme du cannabis. On se souviendra que selon Laprise et al. (2012), il y a une

augmentation importante de la consommation de cannabis chez les élèves de la troisième

à la cinquième secondaire. Plusieurs thèmes ont été notés par les participants :

- la prévention, ciblée et universelle;

- que les activités offerte aux élèves soient plus variées et adaptées selon le niveau

scolaire;

- utiliser davantage les partenaires (policier communautaire, CRD Le Virage,

Maison Jean-Lapointe, La Maison de Jonathan etc.);

- que tous les intervenants qui travaillent directement auprès des élèves soient

sensibilisés au phénomène de la toxicomanie;

- que les activités en lien avec la toxicomanie soit effectuées plus fréquemment et à

chaque niveau scolaire;

- d’impliquer davantage les parents;

- que l’équipe école soit davantage cohérente dans l’application du protocole et

démystifier le rôle de chacun;

- d’offrir de la formation continue en toxicomanie aux intervenants;

- qu’il y ait une seule personne responsable de la toxicomanie.

La citation suivante rend bien compte des propos des participants :

« C’est sûr que de prioriser, on manque de temps parfois, des

activités de groupe sur la consommation c’est quelque chose qui


22

a toujours bien fonctionné. On manque de budget, j’avais des

supers intervenants qui venaient de l’extérieur, c’était différent,

c’était musical, humoristique. Ça avait rapport avec la

consommation, mais on a plus les budgets, donc on se fait refuser

ces projets»

La littérature rend compte aussi de l’efficacité de plusieurs points rapportés par les

participants (Audet, 2012; Fallu, 2008; Laventure et al., 2010; Sanci et al., 2002).

5. DISCUSSION

5.1 Résumé des principaux constats

Cet essai a tenté de répondre à deux objectifs soit de dresser les observations des

intervenants de l’école quant aux conséquences de l’intoxication au cannabis des élèves

durant les heures de classe et d’identifier les stratégies d’interventions efficaces et

favorables afin de diminuer l’incidence de cette consommation chez les jeunes.

À la lumière des points de vue des participants du groupe de discussion, il semble

que la présence de la consommation de cannabis sur les heures de classe soit une

problématique présente à l’école secondaire André-Laurendeau. Cette consommation

engendrerait des conséquences sur les plans académique, physique, psychologique et

social auprès des élèves concernés.

En ce qui concerne les stratégies de prévention et d’intervention favorables, un

manque de temps et d’investissement de l’établissement a été noté. En effet, un constat

marquant est le manque de formation du personnel en toxicomanie alors que la littérature

suggère notamment que les intervenants soient formés et aient une connaissance

minimale en matière de toxicomanie (Audet 2012; CNPC 2009; Direction de santé

publique Lanaudière, 2014; Fallu, 2008; Hallfors et Godette, 2002; Laventure et al.,

2010; Paquin 2004; Sanci et al., 2002; Vitaro et Carbonneau, 2003). Lors du groupe de

discussion, les intervenants ont identifié leur manque de formation et démontraient une

ouverture à en recevoir.


23

Un autre constat est l’absence de repérage et de détection dans le milieu scolaire,

ce qui est contraire aux meilleures pratiques en toxicomanie (Direction de la santé

publique Lanaudière 2014; Gouvernement du Québec 2006; INSPQ 2012; Vitaro et

Carbonneau 2003). Ainsi, nous passons à côté de plusieurs jeunes qui pourraient

bénéficier d’un service de prévention en toxicomanie et donc, diminuer l’incidence de

consommation sur les heures de classe. Par ailleurs, les participants mentionnent aussi

que cet aspect est mis de côté dû au manque de temps suite aux nombreuses tâches qui

leur sont confiées.

Suite au groupe de discussion, la majorité des éléments d’intervention favorables

qu’ont fait ressortir les participants allaient dans le même sens que ce que la littérature

suggère, c’est-à-dire d’avoir une formation minimale en toxicomanie (Audet, 20102;

Fallu 2010, Laventure et al., 2010; Sécurité publique Canada, 2014). Il est donc important

de souligner que les intervenants possédant déjà une formation en toxicomanie

poursuivent le travail qu’ils effectuent auprès des jeunes en complémentarité avec les

recommandations de la littérature en matière d’intervention favorables. Par exemple, les

moyens utilisés pour émettre le contenu est aussi important que le message en soi. On

parle ici de présentations interactives, variées et tenant compte des propos des

adolescents (CCLAT, 2015; Fallu 2010; Sanci et al. 2002; Vitaro et Carbonneau, 2003).

Je constate aussi que pour les participants (les éducateurs spécialisés), établir

clairement les rôles et mandats des différents acteurs qui interviennent auprès des élèves

en lien avec la toxicomanie s’avère cruciale. On parle ici des enseignants, des

surveillants, de la direction et bien sûr des éducateurs spécialisés. Ils souhaiteraient ne

pas être utilisés lors d’un constat de consommation de cannabis d’un élève, afin de

conserver leur relation avec ce jeune. Ainsi, le protocole pour contrer les toxicomanies,

aurait avantage à être lu et appliqué par l’ensemble du personnel de l’école. Tout compte

fait, la Direction de santé publique de Lanaudière (2014) émet aussi cette

recommandation.

5.2 Forces de l’essai


24

Une des forces de cet essai est la mobilisation des intervenants de l’école puisque

tous ont accepté de participer au groupe de discussion. Évidemment, cela m’a permis

d’obtenir de l’information quant à la réalité de mon milieu de travail selon le point de vue

de l’ensemble des intervenants. Ils mentionnent entre autre vouloir de la formation afin

d’être en mesure d’intervenir adéquatement auprès de leur clientèle, ce qui aborde dans le

même sens que la littérature (Laventure et al., 2010; Paquin, 2004; Vitaro et Carbonneau,

2003).

Une deuxième force de l’essai est le moyen utilisé et la rigueur de la démarche

pour répondre à mes objectifs. Le groupe de discussion suggère que les participants

puissent émettre leur point de vue en toute liberté et qu’ils se sentent à l’aise dans le

déroulement du groupe (Boutin, 2007). Il se veut convivial et non menaçant (Krueger et

Casey, 2000). Afin de tenir compte des recommandations de la littérature, une personne

non connue des participants a animé le groupe. Les observations cliniques des

participants et leurs opinions demeurent un incontournable pour répondre aux objectifs de

l’essai. De plus, tout au long du processus, les étapes ont été respectées; telles que

d’obtenir les autorisations par le biais des différents formulaires (annexe A et B). Par

souci de validité et de rigueur, un questionnaire anonyme (annexe C) et la grille du

groupe (annexe D) ont été construit avec la directrice d’essai.

5.3 Limites de l’essai

Cet essai inclut des limites qui doivent être mentionnées, dont l’échantillonnage

qui n’est pas aléatoire pour les participants, puisque tous ont accepté de participer. C’est

un petit nombre de personnes, quoi qu’il réponde aux normes recommandées par la

littérature (Boutin, 2007). Cependant, plusieurs n’avaient reçu aucune formation en

toxicomanie ce qui limitait les informations recueillies lors du groupe de discussion. On

peut penser que certains aspects n’ont pas été abordés dû au manque de connaissances de

quelques participants. Il est important de noter que les participants ont été choisis par la

personne qui fait l’exercice de l’essai et qu’ils sont collègues de travail, ceci comportant

un biais de désirabilité sociale à prendre en considération puisque les réponses ont pu être


25

émises dans le but de faire plaisir. Ce biais a ainsi pu être réduit en m’assignant le rôle

d’observatrice.

Ensuite, certaines informations diffèrent de la littérature, notamment sur les

moyens utilisés pour véhiculer de l’information aux adolescents en milieu scolaire sur la

toxicomanie. Certains participants étaient d’avis qu’offrir des capsules d’informations sur

les drogues par le biais d’un power point s’avéraient pertinents, alors que les articles

scientifiques émettent une conclusion divergente (CCLAT, 2006; CNPC, 2009;

Laventure et coll., 2010; Sécurité publique Canada 2014; Vitaro et Carbonneau, 2003).

Ensuite, malgré les rappels constants de l’animatrice concernant la problématique de

consommation de cannabis en milieu scolaire secondaire, il serait important de

mentionner que les participants ont pu confondre toutes les substances vu certaines

réponses ou opinions divergentes de la littérature scientifique, tel que la perte de poids

comme conséquence sur la santé physique de la consommation de cannabis.

Enfin, cet essai ne peut pas être généralisé à toutes les écoles secondaires

publiques puisqu’il possède un mince échantillon et qu’il tient compte du point de vue de

sept intervenants, dont quatre qui n’ont reçu aucune formation en toxicomanie. Les

résultats sont donc applicables à la situation de l’école secondaire André-Laurendeau.

5.4 Recommandations

Considérant;

Selon les résultats de l’essai,

- que tous les participants ont reconnu le besoin de recevoir de la formation quant à

la problématique de la toxicomanie chez les adolescents et démontre une

ouverture, soit sous forme de formation continue ou d’un rafraichissement des

connaissances de base et/ou des techniques d’intervention, afin d’intervenir de

manière favorable auprès des jeunes consommateurs;

Selon la littérature,

- que les différents auteurs tels que la Direction de santé publique de Lanaudière

(2014), Laventure et al., (2010), le CNPC (2009), Fallu (2008), Fallu (2010)


26

Paquin (2004) de même que Vitaro et Carbonneau (2003) affirment que la

formation du personnel qui intervient en toxicomanie est une stratégie favorable

et augmente le taux de réussite d’une animation et/ou d’une intervention;

Selon les observations cliniques,

- que les intervenants souhaitent être en mesure d’identifier des jeunes

consommateurs et d’avoir la capacité d’intervenir adéquatement auprès d’eux et

qu’ils désirent animer des ateliers de prévention, alors que plusieurs nomment leur

manque de connaissances en toxicomanie;

Nous recommandons que tous les intervenants (éducateurs spécialisés) aient une

formation minimale sur la toxicomanie et les adolescents faisant en sorte qu’ils seraient

en mesure notamment de mettre en place des ateliers de prévention universelle et/ou

ciblée comme recommandés par la littérature (Cheon, 2008; CNPC, 2009; Laventure et

al., 2010; Sanci et al., 2002). De plus, ils auraient de meilleures connaissances pour

intervenir auprès des élèves qui démontrent certains facteurs de risque ou des signes de

consommation de cannabis. Il serait souhaitable que la direction de l’établissement

accorde temps et argent à la problématique de la toxicomanie chez les adolescents

(notamment par la formation du personnel).

Considérant,

Selon les résultats de l’essai,

- que les participants souhaitent être en mesure d’offrir davantage d’ateliers de

prévention des toxicomanies et que la fréquence et l’intensité de celles-ci soient

augmentées pour les élèves de la première secondaire afin de réduire l’incidence

de la consommation de cannabis chez les élèves de l’école;

Selon la littérature,

- que la prévention précoce des toxicomanies en milieu scolaire est favorable

(CCLAT, 2007; Sanci et al., 2002), surtout lors du passage du primaire vers le

secondaire qui s’avère une phase importante de changement pour l’adolescent

(CNPC, 2009; Laventure et al., 2010).


27

- que différents auteurs recommandent plusieurs sessions (boosters session) afin de

favoriser un meilleur taux d’efficacité de la prévention, (Audet, 2012; Botvin,

2000; Direction de la santé publique de Lanaudière, 2014; INSPQ, 2012;

Laventure et al., 2010; Sanci et al., 2002;) ce qui réduirait le risque de

consommation ou d’abus de cannabis chez les adolescents;

Selon les observations cliniques,

- que les éducateurs spécialisés formés en toxicomanie ne travaillent pas

nécessairement avec les élèves de première secondaire;

- que le mandat des intervenants couvre plusieurs aspects scolaires, ce qui ne

permet pas d’accorder davantage de temps à la toxicomanie;

Nous recommandons que dès la première secondaire, l’école introduise des

ateliers en prévention de la toxicomanie et ce, tout au long de l’année, afin d’éviter que le

pourcentage de consommateurs de cannabis augmentent selon le niveau scolaire tel que

démontré dans l’Enquête Québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011

(Laprise et al., 2012). Il serait d’autant plus important que l’intervenant de la première

secondaire, soit formé en toxicomanie afin de respecter les recommandations de la

littérature. De plus, il serait pertinent d’assurer un continuum de la prévention des

toxicomanies de la 1ière

à la 5ième

secondaire, ce qui est aussi répertorié dans les

meilleures pratiques (Audet, 2012; CNPC, 2009).

5.5 Retombées prévisibles

La réalisation de cet essai synthèse permet de mettre en lumière des résultats dont

pourraient bénéficier l’établissement scolaire. Je prévois faire la présentation des

recommandations de l’essai aux intervenants qui ont participé au groupe de discussion

ainsi qu’à l’équipe de direction de l’établissement. Pour ce faire, lors de mon retour de

congé de maternité en septembre 2016, j’aimerais planifier trois séances d’information; à

l’équipe d’intervenants, lors d’un comité de direction puis à l’ensemble du personnel de

l’école. En présentant ceci en début d’année scolaire, j’optimiserais les chances de

pouvoir mettre en place les recommandations de l’essai au cours de l’année.


28

Il serait souhaitable qu’il y ait une mobilisation du personnel de l’école,

notamment la direction, afin de pouvoir mettre en place de la formation continue pour les

intervenants, mais aussi pour les autres membres du personnel intéressé à recevoir de la

formation à ce sujet. Cela pourrait engendrer une amélioration dans les pratiques en

matière de toxicomanie à l’école secondaire où je travaille et on peut penser qu’il y aurait

davantage de détection et de repérage des élèves à risque. Suite à cette mise en place, on

pourrait s’attendre à une diminution de la consommation de cannabis sur les heures de

classe.

Finalement, je souhaite partager les résultats de mon essai lors d’une rencontre de

la Table Jeunesse Samuel de Champlain incluant divers partenaires dont les Centre

Intégré de Santé et Services Sociaux -CISSS les Maisons de jeunes, différents organismes

communautaires œuvrant auprès des jeunes et leur famille, le service de police, etc. Ceci

permettra d’échanger sur les stratégies favorables et les meilleures pratiques concernant

la toxicomanie chez les adolescents en milieu scolaire. Ainsi, cela favoriseraient

possiblement une ouverture de la Commission scolaire Marie-Victorin à former les

intervenants qui travaillent auprès des adolescents en milieu scolaire.

Pour conclure, il m’apparait évident que l’école secondaire où je travaille ait

besoin d’un ajustement pour répondre adéquatement aux besoins de formation des

intervenants. La problématique de toxicomanie n’étant répondue que partiellement,

conduit certains élèves à développer une consommation de cannabis à risque et ainsi,

subir des conséquences dans plusieurs aspects de leur vie, notamment l’aspect scolaire.

Par ailleurs, l’intérêt et l’ouverture démontrés par les intervenants à recevoir de la

formation me porte à croire qu’il est possible d’offrir davantage à ces jeunes et ainsi

utiliser les meilleures pratiques de prévention et d’intervention. La toxicomanie est un

incontournable avec la clientèle adolescente et si nous souhaitons une diminution de

l’intoxication au cannabis des jeunes à l’école, nous devons mobiliser et former les

intervenants qui travaillent en première ligne avec eux.


29

Cet essai m’a permis de documenter les stratégies favorables de prévention et

d’intervention auprès des adolescents et malgré le contexte actuel d’austérité, il serait

faisable d’améliorer nos pratiques à l’école secondaire André-Laurendeau. Grâce à la

formation de certains intervenants, en mettant en commun nos connaissances, nous

pourrions certainement prévenir davantage la consommation de cannabis de nos élèves.


30

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34

ANNEXE A


35

ANNEXE B

FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT

A. INTRODUCTION Dans le cadre de notre formation de maîtrise professionnelle en intervention en toxicomanie (MIT) à l’Université de Sherbrooke, nous demandons votre collaboration pour réaliser cet essai synthèse. Titre de l’essai synthèse: Groupe focalisé avec les intervenants de l’école secondaire André-Laurendeau Objectif de l’essai synthèse : Dresser les observations des intervenants quant aux conséquences de l’intoxication au cannabis des élèves consommateurs sur les heures de classe et d’identifier des stratégies d’interventions favorables afin de diminuer l’incidence de la consommation à l’école. Cet essai synthèse sera mené par Dominique Desjardins, étudiante à la MIT de l’Université de Sherbrooke et sera encadré par Myriane Tétrault, directrice. Leurs coordonnées sont les suivantes : Dominique Desjardins Myriane Tétrault Étudiante à la Maîtrise en toxicomanie Directrice d’essai synthèse 450-678-2080 #6115 819-542-2777 #55139 [email protected] [email protected] L’essai de cette étudiante est mené dans le cadre de ses fonctions professionnelles : à titre d’éducatrice spécialisée à l’école secondaire André-Laurendeau : Marie-Dominique Taillon, directrice de l’établissement a accepté que cet essai synthèse se réalise à l’école secondaire André-Laurendeau.

B. DESCRIPTION DE VOTRE IMPLICATION

Le moyen utilisé pour récolter de l’information sera un groupe focalisé, c’est-à-dire que chaque intervenant du régulier et stagiaire est invité à partager ses observations sur la consommation de cannabis des élèves à l’école. Il s’agit d’une rencontre de 75 minutes qui aura lieu dans la semaine du 1er au 5 juin 2015. Cette rencontre sera animée par un(e) collègue de ma cohorte alors que moi, j’agirai à titre d’observatrice. Vous allez devoir répondre à quelques questions ouvertes qui auront pour thèmes : vos observations de la problématique, les interventions que vous préconisez ou celles à proscrites, les impacts de la consommation chez les élèves ainsi que les meilleures


36

pratiques selon vous. Vos impressions cliniques sont des données importantes pour ma collecte d’informations. Ceci me permettra de répondre à l’objectif de mon essai synthèse.

C. RISQUES ET BÉNÉFICES Il n’y a aucun risque à votre participation à ce groupe focalisé. L’opportunité de faire un bilan, de faire le point par rapport à une problématique commune: « En ce qui concerne les bénéfices de votre participation, cette rencontre pourrait vous permettre : 1) de faire le point sur votre expérience au niveau des toxicomanies; 2) de réfléchir à la consommation de drogue des élèves; 3) de bénéficier de l’expérience de vos collègues quant à la problématique de toxicomanie pour vous enrichir cliniquement. »

D. CONFIDENTIALITÉ Tous les renseignements colligés dans le cadre de votre implication dans cet essai synthèse seront traités de façon strictement confidentielle. Votre nom et tout renseignement permettant de vous identifier ne seront mentionnés dans aucun document. Les renseignements recueillis lors de l’enregistrement du groupe focalisé ne pourront être utilisés et entendus que par la directrice d’essai et l’étudiante et ils seront détruits dans les six mois suivant le dépôt de l’essai synthèse ou encore au maximum, trois ans suivant cette rencontre. À noter que la confidentialité sera assurée conformément aux lois et règlements en vigueur. Advenant que la vie ou la sécurité d’une personne soit en danger de façon imminente ou encore que la sécurité d’un enfant soit compromise, un bris de confidentialité pourrait s’avérer nécessaire. « Chacun des participants à la rencontre de groupe sera sensibilisé à l'importance de préserver la confidentialité des échanges. Tout de même, il demeure possible que certains participants ne respectent pas cette règle. »

E. COMPENSATION

Un léger goûter vous sera offert afin de vous remercier de vouloir partager vos observations durant le groupe focalisé.

F. PERSONNES-RESSOURCES Pour toute question, commentaire ou préoccupation concernant votre participation à cet essai synthèse, vous pouvez contacter l’étudiante ou la directrice d’essai (voir coordonnées ci-dessus). Si, pour une quelconque raison, vous ne désirez pas en discuter avec ces personnes ou si vous désirez porter plainte quant à vos droits à titre de participant(e) à cet essai synthèse, vous pouvez contacter : Lise Roy, directrice des Programmes d’études en toxicomanie Tél. : 450 463-1835, poste 61795 ou 1 888 463-1835 [email protected]


mailto:[email protected]

37

G. CONSENTEMENT Par la présente, je reconnais : - avoir lu le présent formulaire d’information et de consentement. Je reconnais qu’on a

répondu à toutes mes questions, qu’on m’a laissé le temps voulu pour prendre une décision et qu’on m’a offert une copie du présent formulaire.

- avoir compris que ma participation à cet essai synthèse est volontaire et que je peux me

retirer de l’essai à tout moment sans aucune conséquence; - accepter que les résultats obtenus dans le cadre de cet essai synthèse soient rendus

publics, conformément aux exigences du programme de maîtrise de l’Université de Sherbrooke. [il est possible de prévoir d’autres moyens de diffusion, à préciser, par exemple si des communications écrites ou orales sont prévues, comme dans un C.A. d’établissement ou une revue professionnelle, ou un article scientifique]

- consentir à participer à cet essai synthèse, tel que décrit dans le présent formulaire de

consentement et d’information. (Nom du participant(e)) (signature du participant(e)) (date)

(Nom de la personne obtenant le consentement) (signature de la personne obtenant le consentement) (date)


38

ANNEXE C

QUESTIONNAIRE

Sexe : Féminin Masculin

Âge :

20 à 29 ans

30 à 39 ans

40 à 49 ans

50 ans et plus

Niveau de scolarité complété :

Secondaire

Collégial

Universitaire

Nombre d'années d'expérience auprès des jeunes du secondaire

1 à 5 ans

6 à 10 ans

11 ans et plus

Nombre d'années d'expérience à l’école secondaire André-Laurendeau

Moins d’un an

1 à 2 ans

3 à 4 ans

5 ans et plus

Formation en toxicomanie

Oui Laquelle/ Lesquels : _____________________________________ Non


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ANNEXE D

Objectif de l’essai : Dresser les observations des intervenants de l’école quant aux

conséquences de l’intoxication au cannabis des élèves consommateurs sur les heures

de classe et d’identifier les stratégies d’interventions favorables afin de diminuer

l’incidence de la consommation à l’école.

Consignes pour le groupe focalisé

1. Présentation brève de l’animatrice

2. Tous les intervenants se présentent (nom, niveau scolaire où ils travaillent et le

nombre d’année travaillé à André-Laurendeau)

3. Avez-vous une formation en toxicomanie, si oui, quelle est-elle?

Questions à aborder

1. Comment arrivez-vous à détecter des jeunes à risque de consommer?

1.1 Utilisez-vous des outils de détection? Si oui, lesquels?

2. Qu’observez-vous comme conséquences chez les jeunes qui consomment du

cannabis à l’école?

2.1 aspect scolaire;

2.2 aspect social;

2.3 aspect affectif;

2.4 aspect familial;

3. Selon vous, quels types d’interventions ont fonctionné dans votre pratique auprès

des élèves?

4. Quels types d’interventions, selon vous, ont moins d’impacts sur la consommation

des adolescents en milieu scolaire?

5. Selon vous, existe-t-il des pistes d’interventions favorables ou des programmes

qui pourraient favoriser la diminution de la consommation des élèves en milieu

scolaire?

Merci d’avoir participé à ce focus groupe!
