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Les jardins d’Isis au domaine d’Échoisy à Cellettes Etymologiquement, « messicole » signifie « habitant les moissons ». Mélangées parmi les graines de blé et d’orge lors des moissons, ces fleurs ont voyagé par le biais du commerce céréalier. D’abord acclimatées au Moyen Orient, elles se sont peu à peu propagées dans toute l’Europe. Les principales fleurs des moissons sont le coquelicot, le bleuet, la nielle des blés, le miroir de Vénus, l’Adonis… Souvent considérées comme de mauvaises herbes, elles sont menacées de disparition. L’évolution des techniques agricoles entraîne leur diminution. Le triage mécanique des semences a engendré le déclin des espèces les plus fragiles (l’androsace, la roemérie). Les traitements massifs et généralisés d’herbicides appauvrissent la biodiversité et sont en cause dans l’extinction de certaines espèces. Le mythe du « champ propre » constitue un danger pour le sol qui absorbe chaque année des millions de tonnes de désherbant. Pourtant, les fleurs messicoles jouent un rôle indispensable dans le bon fonctionnement de l’écosystème. Elles protègent le sol de l’érosion grâce à leurs racines qui retiennent l’eau. Elles produisent aussi de la matière organique qui se transforme ensuite en humus et fertilise le sol. De plus, elles attirent une faune qui s’y abrite, s’y nourrit, et contrôle les éventuels parasites. Mais leur protection s’avère difficile. Des initiatives, le plus souvent menées par des associations, ont vu le jour pour tenter de les sauvegarder. Les conservatoires botaniques nationaux conservent dans leurs collections des graines des espèces les plus menacées. Des conventions sont également établies entre des Les fleurs messicoles et leur lien avec les céréales

Les jardins d’Isis au domaine d’Échoisy à Cellettes · pied de coquelicot peut produire jusqu’à 60 000 graines. La fleur de coquelicot s’élève sur une tige peu ramifiée,

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Les jardins d’Isisau domaine d’Échoisy à Cellettes

Etymologiquement, « messicole » signifie« habitant les moissons ». Mélangées parmi lesgraines de blé et d’orge lors des moissons, cesfleurs ont voyagé par le biais du commercecéréalier. D’abord acclimatées au Moyen Orient,elles se sont peu à peu propagées dans toutel’Europe. Les principales fleurs des moissonssont le coquelicot, le bleuet, la nielle des blés, lemiroir de Vénus, l’Adonis…Souvent considérées comme de mauvaisesherbes, elles sont menacées de disparition.L’évolution des techniques agricoles entraîneleur diminution. Le triage mécanique dessemences a engendré le déclin des espèces lesplus fragiles (l’androsace, la roemérie). Lestraitements massifs et généralisés d’herbicidesappauvrissent la biodiversité et sont en causedans l’extinction de certaines espèces. Le mythe

du « champ propre » constitue un danger pour lesol qui absorbe chaque année des millions detonnes de désherbant.Pourtant, les fleurs messicoles jouent un rôleindispensable dans le bon fonctionnement del’écosystème. Elles protègent le sol de l’érosiongrâce à leurs racines qui retiennent l’eau. Ellesproduisent aussi de la matière organique qui setransforme ensuite en humus et fertilise le sol.De plus, elles attirent une faune qui s’y abrite, s’ynourrit, et contrôle les éventuels parasites. Mais leur protection s’avère difficile. Desinitiatives, le plus souvent menées par desassociations, ont vu le jour pour tenter de lessauvegarder. Les conservatoires botaniquesnationaux conservent dans leurs collections desgraines des espèces les plus menacées. Desconventions sont également établies entre des

Les fleurs messicoles et leur lien avec les céréales

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conservatoires régionaux, dessites et des agriculteurs. Cesderniers s’engagent à main-tenir l’agriculture traditionnellerespectueuse des fleurs mes-sicoles. Enfin, certains conser-vatoires régionaux, réservesnaturelles ou associationspossèdent des terrainsspécialement cultivés poursauvegarder les fleurs desmoissons.

Le jardin d’Isis est un jardinnaturel favorisant et préservantla biodiversité. Il sert desupport pédagogique poursensibiliser aux bienfaits de labiodiversité et au jardinagenaturel. Remèdes ancestrauxet saveurs sauvages oubliéessont à portée de main.

Le coquelicot est une fleur messicole, originairedu bassin méditerranéen, de la famille despapavéracées ou pavots. Au XVIe siècle, sonnom s’écrit coquelicoq, puis coquericoévoquant le cri du coq, tout comme la couleuret la forme des pétales évoquent sa crête.Le coquelicot fleurit dans les champs, au borddes chemins et dans les terrains vagues. Cetteplante affectionne particulièrement les solscalcaires. Les coquelicots forment souvent degrands tapis colorés, visibles de très loin, quiont inspiré les peintres impressionnistes :Monet, Van Gogh, Renoir, Odilon Redon, etc. Le coquelicot pousse en Europe à partir d’avril.Sa graine, minuscule, peut rester en dormancedans le sol jusqu’à 100 ans. Ce sont lestravaux agricoles qui la mettent au jour. Un seulpied de coquelicot peut produire jusqu’à60 000 graines. La fleur de coquelicot s’élèvesur une tige peu ramifiée, très fine et velue. Lecycle de vie de la fleur est éphémère : lorsquela tige s’allonge, le poids du bouton floral le faitretomber en un col de cygne. C’est à la veillede s’épanouir que le bouton se redresse,l’éclosion a lieu au petit matin. Une heure estnécessaire pour que les pétales se défroissententièrement. Les pétales se fanent le soir

même puis la fleur meurt. Un seul pied decoquelicot peut fleurir jusqu’à 30 fois.Dans le langage floral, le coquelicot évoque« l’ardeur fragile », la fugacité et la liberté. Dansla mythologie, il est associé à Cérès, déesseromaine de l’agriculture. Après l’enlèvement desa fille Proserpine par Pluton, Cérès boit desdécoctions de coquelicots ou pavots (opium)pour oublier son chagrin. Retenue dans lemonde souterrain, Proserpine remonte surterre chaque année au printemps et réapparaîtsous la formed’un coque-licot. Le co-quelicot estaussi associéau souvenirdes soldatst o m b é spendant laP r e m i è r eG u e r r emondiale.

Portait : le coquelicot

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Le jardin des sens de Montjean

L’idée de créer un jardin à Montjean est née en1997, à l’occasion de la restauration d’un logis duXVIe siècle situé dans le bourg. Le bâtimentdisposant d’un terrain, la municipalité décida d’yplanter un jardin dédié aux cinq sens. C’estRonan Le Naour, étudiant en BTS Aména-gements paysagers, qui en a imaginé le plan en1999. La réalisation a été confiée à Didier René,encadrant technique du chantier d’insertion. Dès sa conception, le jardin de Montjean a étépensé pour faire rimer jardinage avec bon sens :présence de haies et d’une grande diversité devégétaux hôtes pour une faune bénéfique aujardin (oiseaux, insectes pollinisateurs et auxiliairesqui détruisent les ravageurs). La commune s’estaussi dotée de plusieurs équipements permettantune gestion plus environnementale du jardin.Concernant l’eau, un bac tampon de 5 m3

récupère les eaux pluviales et fonctionne en

circuit fermé pour animer un mur d’eau, piècemaîtresse du jardin, et une fontaine, tout enpermettant l’arrosage complet du jardin. Uneciterne établie dans la cour de la boulangerievoisine constitue une réserve complémentaire.Une arrivée d’eau discrète, implantée danschaque espace, simplifie le travail du jardinier etparticipe à l’esthétisme du jardin en évitant laprésence de tuyaux dans les massifs et les alléesau moment de l’arrosage. Le choix d’un arrosagemanuel contribue à adapter l’apport en eau aubesoin de chacune des plantes. Le désherbeurthermique permet de proscrire tous produitsphytosanitaires chimiques toxiques pourl’environnement. Cet appareil crée un chocthermique qui détruit « la mauvaise herbe », touten préservant la structure du sol et les microorganismes. La commune de Montjean utiliseaussi une tondeuse mulching qui broie l’herbe et

Quand jardinage rime avec bon sens

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dépose les déchets de tonte sur le gazon tondu.Ainsi, les déchets ne sont plus jetés ou stockésmais directement recyclés. Ce système enrichit lesol en lui apportant de la matière organique(humus) et limite l’évaporation. Un broyeur devégétaux permet aussi de réduire les déchetsverts résultant de la taille des arbres et desarbustes, tout en réutilisant le broyage pourréaliser un paillage sur les plates-bandes, ce qui

limite l’arrosage, apporte de l’humus, évite lapousse de « mauvaises herbes » et joue un rôled’isolant thermique. Tous ces équipements sont d’un coût abordable,même pour les particuliers, et contribue à limiterl’utilisation de produits dangereux pourl’environnement (désherbant, pesticide...). Cetype de jardinage permet de concilier esthétismeet respect de l’environnement.

L’abeille vivait déjà il y a plus de 60 millionsd’années, bien avant l’apparition de l’homme.Elle a su traverser les bouleversementsclimatiques et s’y adapter. Grâce à son rôle pollinisateur, elle contribue à lareproduction des plantes à fleurs de la planète(à hauteur de 80 %) et 35 % à 40 % de laréserve mondiale en fruits et légumes dépendd’elle. Formidable vecteur de biodiversité,l’abeille est indispensable à l’équilibre et aufonctionnement des écosystèmes. Elle estaussi très sensible à la qualité de notreenvironnement dont elle est considéréecomme la sentinelle. Selon une citationattribuée à Einstein « Si l’abeille disparaissait dela surface du globe, l’homme n’aurait plus quequatre années à vivre ».Or depuis la Seconde Guerre mondiale, elle estmenacée par les pesticides et insecticides. Deplus, la culture des OrganismesGénétiquement Modifiés, capables de

fabriquer eux-mêmes une substanceinsecticide pour se protéger, s’avèredangereuse pour les abeilles. Le nombre deruches diminue d’année en année : depuis1995, près de 30 % des colonies d’abeillesdisparaissent chaque année et, en 10 ans,15 000 apiculteurs ont dû cesser leur activité.En 2005, l’Union Nationale de l’ApicultureFrançaise a lancé une campagne desensibilisation des collectivités territoriales, desentreprises et des particuliers. Des coloniesd’abeilles ont ainsi été introduites en milieuurbain, sur les bâtiments publics ou privés,dans les parcs et jardins publics. L’idée peutparaître surprenante mais l’environnementurbain semble constituer, aujourd’hui, le milieule plus favorable pour ces insectes. En effet, enville, elles bénéficient d’une température plusélevée, d’un cycle de floraison régulier(parterres de fleurs régulièrement entretenuspar la ville), et de l’absence de traitementsphytosanitaires agricoles. En septembre 2007, la Ville d’Angoulêmesignait la charte « Abeille, sentinelle del’environnement » se positionnant ainsi en tantque premier partenaire d’un programmenational en région Poitou-Charentes. Au coursde l’été 2008, une trentaine d’hectares auxalentours de Saint-Fraigne sera mise enjachère apicole.

Portrait : l’abeille

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Les jardins de l’Argentor,arboretum et jardins aquatiquesde Nanteuil-en-Vallée

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle,l’art des jardins en France fut marqué par uneeffervescence de formes inédites, sousl’impulsion d’architectes paysagistesprestigieux.Les courbes sinueuses de l’art paysager, très à lamode au XIXe siècle, furent peu à peuabandonnées au profit de formes plusordonnées créant le style mixte. Les jardinsmixtes combinèrent les principes des jardinsgéométriques à ceux des compositionspaysagères. Ce style fut instauré par l’architectepaysagiste Edouard André qui participa à laréalisation du parc des Buttes Chaumont à Paris,créé par Jean-Pierre Barillet-Deschamps, etréalisa le jardin public de Cognac en 1870. Cegoût pour la régularité connut son apogée avecla restauration du parc de Le Nôtre à Vaux-le-

Vicomte réalisée par Achille Duchêne en 1923.Parallèlement, les créations paysagères du débutdu XXe siècle étaient empruntes des courantsartistiques de l’époque, tel que le Cubisme, leSymbolisme et le style Art Déco, où la simplicitéet la pureté des lignes primaient. Les guerresmirent un terme à ces commandes originales.C’est dans ce contexte bouillonnant que futcommandé à Eugène Buraud dans les années1920 un vaste jardin privé conçu sur troisniveaux, situé sur la commune de Nanteuil-en-Vallée. Les deux niveaux supérieurs sont privés et ne sevisitent pas. La partie basse de ce jardin a quantà elle été cédée à la commune de Nanteuil-en-Vallée dans les années 1990 et est aujourd’huiouverte au grand public sous le nomd’arboretum.

La création d’un parc paysager au début du XXe sièclepar le paysagiste Eugène Buraud

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Ecrin de verdure logé dans la vallée del’Argentor, le jardin conjugue ce goût pour lagéométrie des parterres floraux etl’ornementation riche des parcs du XIXe siècle.La promenade dont l’eau est l’élémentconducteur est traversée par la rivière Argentor.Elle se dévoile sous toutes ses formes : mare,fontaine, canal, ruisselet et cascade, à l’air libreou dissimulée derrière buissons et rochers. Lepromeneur suit son cours conduit par de petitssentiers, enjambant les gués, l’ouïe constam-ment éveillée par les différents sons aquatiques.Ponts en bois ou emmarchements guident lavisite ponctuée d’alignements de buis taillés. Malgré l’influence de Jean-Claude Nicolas-Forestier et des frères Véra, l’art d’EugèneBuraud se démarque par la pureté de sesformes et le caractère intimiste de sescompositions. Le génie de l’architecte résidedans la maîtrise de la nature dans des espacesrestreints tout en se pliant aux contraintes des

sites et aux exigences des commanditaires.Cette réalisation rejoint de près celle du jardin duMoulin de Nanteuillet à Voulgézac où l’onretrouve la même mise en scène de l’eau ainsique ce goût prononcé pour le décor.La partie basse de l’arboretum est délimitée parun canal qui le sépare du jardin de plantesaquatiques créé en 1997.Cette partie, beaucoup plus épurée que lepremier jardin se compose de grands espacesmoins foisonnants de décoration. Quelquesplans d’eau, vivier, rivière sinueuse et jet, ainsiqu’une aire de jeux structurent cette extension.Liquidambar, Magnolia Grandi Flora, Catalpa,Tulipier de Virginie, Tilleul Argenté… demagnifiques espèces d’arbres composent le siteet varient, par un jeu subtil de couleurs, les vuesencadrées du jardin. Une pancarte nominativeaccompagne chaque arbre conférant au site ungrand intérêt pédagogique.

Né à Angoulême en 1872, Eugène Buraud futl’auteur de douze parcs entre 1900 et 1940.Peu connus, ces jardins témoi-gnent pourtantd’un immense savoir-faire. Révélé par le«bouche à oreille» auprès des notablescharentais, Buraud répondit presqueuniquement à des commandes privées. Toutesses réalisations se situent au Sudd’Angoulême, proche de son domicile situé àLa Couronne. Actuellement, le jardin public dela Couronne se développe sur l’anciennepropriété du paysagiste. Eugène Buraud seforma tout d’abord dans l’entreprise paternelle,puis collabora avec son frère, avant d’entamer,seul, sa carrière. Longtemps influencé parEdouard André mais aussi Jean-ClaudeNicolas-Forestier et les frères Véra, il réponditen 1922 et en 1927 à deux importantescommandes : le jardin du logis du Chenard à

Chavenat et le jardin du moulin de Nanteuillet àVoulgézac. En 1930, la commande publiquedes parterres du jardin de l’Hôtel de Villed’Angoulême couronna sa carrière.L’art d’Eugène Buraud offre à la Charente desformes paysagères inédites et un savoir-faireunique le plaçant dans la lignée des grandsarchitectes paysagistes de l’époque.

Portrait d’Eugène Buraud (Angoulême 1872 - La Couronne 1955)

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Signature extraite du plan des jardins du logis de Chenardà Chavenat. Collection : A. de Lavallade et J-C. Clerc

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Le potager du domaine d’Echoisyà Cellettes

C’est au XVIe siècle, sous l’influence de laRenaissance italienne, qu’apparaît le potagerdécoratif. Un siècle plus tard, Jean-Baptiste deLa Quintinie élève au rang d’art le « jardinnourricier ». Concepteur du potager du roiLouis XIV à Versailles, il réussit à allier dans unmême lieu productivité et esthétisme. Le plan dujardin potager et fruitier de Versailles s’inscritdans la lignée des jardins botaniques de LaRenaissance qui, privilégiant les objectifsscientifiques, ont recours à un agencementrigoureux simplifié : un plan carré, divisé enquatre parterres découpés en plates-bandesrégulières. Le potager du roi reprend ce plan debase mais le magnifie. Ainsi il se compose d’ungrand carré central divisé en seize carrés où sontcultivés les légumes. Sur le pourtour, vingt-neufjardins entourés de hauts murs accueillent desarbres fruitiers. Au centre, un grand bassin

permet l’arrosage des cultures et embellit lejardin. Chaque parterre est entouré de buistaillés qui confèrent une impression d’ordre et desymétrie, et participent à l’esthétisme du jardinpotager. Au XIXe siècle la transformation des modes devie, qui conduit à une production de masse etune consommation standardisée, relègue audernier plan la fonction décorative du potager.Dans les années 1920, le potager décoratif duchâteau de Villandry est recréé : les légumessont régulièrement plantés pour créer unensemble homogène, leurs couleurs forment untableau végétal coloré et certains légumes sontutilisés davantage pour leur aspect esthétiqueque pour leur fonction culinaire. Mais il faudraattendre les années 1980 pour voir à nouveaus’affirmer plus généralement la valeur esthétiquedu potager. C’est dans ce contexte que la

Le potager utilitaire et décoratif

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Société Nationale d’Horticulture de Franceorganise le concours national des jardinspotagers. En 1999, le festival du Conservatoirenational des parcs et jardins et paysage deChaumont-sur-Loire consacre sa huitièmeédition aux potagers, donnant ainsi naissance àdes réalisations exemplaires : potagermosaïque, potager fleuri etc. Situé au cœur d’un vaste domaine d’unequarantaine d’hectares, le jardin potagerd’Echoisy est implanté en contrebas d’un logisdu XVIIe siècle et forme une terrasse quidescend jusqu’au fleuve Charente. Il occupel’emplacement de l’ancien château et des jardinsà la Française disparus.

Le saviez-vous ?La présence de fleurs dans les potagers n’a pasqu’une valeur décorative. En effet l’associationde fleurs et de plantespotagères « amies »permet de créer entreelles une situationsymbiotique (chacuneprofite à l’autre sans senuire). Le plaisir des yeuxdemeure au second planmais n’est pas ignorépour autant.

Jean-Baptiste de La Quintinie fut, dans unpremier temps, avocat à Paris. Il eut la chanced’y rencontrer le président de la Cour desComptes, Jean-Michel Tambonneau, quil’engagea comme précepteur de son fils etl’envoya faire le traditionnel « voyaged’humanités » en Italie. De La Quintinie y découvrit, avecémerveillement, de somptueux jardins ; savocation ainsi révélée lui fit changer le cours desa vie. Il abandonna son métier de juriste pourse consacrer à l’agronomie et à l’horticulture.Le président Tambonneau lui confia ensuiteson jardin, sa renommée ne fit que croître etd’importantes personnalités firent appel à lui :Colbert à Sceaux, Condé à Chantilly,Mademoiselle de Montpensier à Choisy,Fouquet à Vaux-le-Vicomte.…Vers 1667 le roi Louis XIV le chargeait del’ancien potager de Louis XIII à Versailles pouralimenter la table du roi en fruits et légumes. En1670, il fut nommé « directeur des jardinsfruitiers et potagers de toutes les maisonsroyales ». Il créa en 1678 le nouveau potager

du roi ; il y introduisit et acclimata des espècesnouvelles en réussissant même à produire desfruits et légumes hors saison. Il fut anobli en1687 avant de mourir en 1688. Son traitéagronomique : Instruction pour les jardinsfruitiers et potagers fut édité à titre posthumeen 1690. Avec Le Nôtre (1613-1700), ildemeure l’une des figures emblématiques del’art des jardins au XVIIe siècle.

Portrait : Jean-Baptiste de La Quintinie(Chabanais 1626 – Versailles 1688)

Portrait de Jean-Baptistede la Quintinye.« Collection Bibliothèquede la SNHF »F. de la Mare Richartet C. Vermeulen

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Le parc floral Jean-Pierre Lansonde Mansle

L’apparition du fuchsia remonte à la premièrepartie de l’ère tertiaire, entre 65 et 25 millionsd’années. Les premiers fuchsias se sontimplantés dans les forêts tempérées d’Amériquedu Nord puis ont migré vers l’Amérique Centraleet jusqu’en Amérique du Sud. La premièreespèce de fuchsia, dont le nom indigène « MollaEcantu » signifie buisson de beauté, futdécouverte en 1695 à Saint-Domingue(Amérique du sud) par Charles Plumier (1646-1704), religieux et savant botaniste français. Il ladécrivit pour la première fois en 1703 et lanomma « Fuchsia triphylla, flore coccinea »(classé respectivement selon le genre, l’espèceet la variété). Transportée par bateau, sonintroduction en Europe date de 1788. C’est enAngleterre que les premiers fuchsias furentcultivés et commercialisés. La création

d’hybrides permit d’augmenter la diversité desfuchsias et favorisa leur propagation en Europe.En France, les premiers fuchsias furentacclimatés en serres chaudes, à Hyères en1846, puis à l’air libre à Cherbourg en 1847. Lesuccès du fuchsia perdura jusqu’à la PremièreGuerre mondiale. A cette époque, les serresflorales furent réquisitionnées pour la culture deslégumes, ce qui entraîna le déclin du fuchsia.Après la Première Guerre mondiale deuxassociations, dont une anglaise, relancèrent enEurope l’enthousiasme des amateurs pour cettefleur en créant de nouveaux spécimens,commercialisés dans les années 1950 par lespépiniéristes. En 1975, fut créé le conservatoirede fuchsias à Chèvreloup. Des contacts avecd’autres sociétés et instituts de fuchsiaeuropéens permirent la création en 1984

Le fuchsia : de sa découverte en Amérique du Sudà son introduction en Europe

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d’Eurofuchsia qui organise chaque année uncongrès dans l’un des pays associés. En 1996,la ville de Cognac a accueilli le premier SalonInternational du fuchsia. C’est dans un lieu insolite, une ancienne carrièrede sable transformée en décharge après laSeconde Guerre mondiale, que fut implanté en1990 l’arboretum de Mansle. Après nettoyagedu site, 120 essences d’arbres et arbustesfurent plantées. Quelques années après, en1995-1996, l’arboretum accueillit la collection deJean-Pierre Lanson alors président de la SFEF(Société Franco Européenne de Fuchsiaphilie).

Le fuchsia nécessitant un environnement frais ethumide, une cascade d’eau, une rivièreartificielle, alimentées en circuit fermé, ainsiqu’un système d’arrosage intégré furentaménagés. Néanmoins, l’introduction desfuchsias s’est opérée au fur et à mesure.Aujourd’hui, la collection de fuchsias secompose de plus de 600 variétés, à la foishybrides et botaniques, la collection d’arbresreprésente actuellement 80 genres d’arbres etd’arbustes, et le jardin possède de nombreusesvariétés de vivaces.

Charles Plumier entra dans l’ordre des Minimes(Frères Mineurs) à l’âge de 16 ans. Envoyé àRome pour parfaire ses études théologiques, ilfit la connaissance de Paolo Boccone (1633 -1704) qui l’initia à la botanique.De retour en France le jeune naturaliste futchargé par Michel Bégon (1638-1710), futurIntendant de la marine de Rochefort, d’explorerles Antilles françaises pour découvrir, étudier etcroiser de nouvelles espèces botaniques. Lebateau qui transportait son herbier fit naufrageet seules les planches et dessins embarqués àbord d’un second navire parvinrent àdestination. A son arrivée, Plumier reçut leshonneurs de Louis XIV et fut nommé Botanistedu roi. En 1693 fut publié son ouvrageDescription des Plantes de l’Amérique.Il découvrit le bégonia (1688) puis le fuchsia(1695), qu’il baptisa en l’honneur de Bégon etdu botaniste allemand Leonhard Fuchs (1504-1566), inventant à l’occasion la « dédicacebotanique ». Il fut l’auteur d’une classificationoriginale de la flore par espèces et variétésreprise par le célèbre botaniste suédois Linné(1707-1778). Il mourut du paludisme, laissantderrière lui une œuvre immense de 22 volumes

in-folio de dessins et de manuscrits. Grâce àses recherches, Plumier est considéré commel’un des précurseurs de la notion de« paysages botaniques ». Il fut l’un des plusgrands explorateurs naturalistes de son temps.En hommage à Plumier, le botaniste Tournefort(1656-1708) donna son nom au frangipanierdont le nom scientifique est « Plumeria Rubra ».

Portrait : Charles Plumier (Marseille 1646 - Santa-Maria, Espagne 1704)

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Portrait de Charles Plumier« Collection Bibliothèque de la SNHF ».D.R.

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Les jardins Ephémèresde Saint-Fraigne

Après un long temps d’oubli et de négligencequi correspond approximativement aux « Trenteglorieuses », le jardin a connu un profondrenouveau depuis les années 1970 et plustardivement en France dans les années 1980.Ce retour répond à une demande socialestimulée à la fois par l’évolution des modes devie (avènement des loisirs, échanges facilitésentre ville et campagne et recherche d’un cadrede vie de qualité) et par le développement despréoccupations environnementales. Les jardins contemporains se caractérisent ainsipar la volonté de répondre aux enjeux suivants :continuer l’histoire sur des sites hérités dupassé, réinventer la cohérence des espacespublics, imaginer de nouvelles manièresd’habiter le monde selon des nouvelles attitudessociales et écologiques responsables.

Ces parcs constituent de nouveaux modesd’expression où le traitement du jardin estétroitement lié à l’architecture et à l’urbanisme.Ils se développent dans des lieux inédits,comme les aires d’autoroutes, les abords dessièges de grandes sociétés ou les banlieues ;voire dans des lieux inhospitaliers comme desfriches industrielles, des décharges dont ilspermettent la réappropriation.Issus d’une nouvelle génération de concepteurs,les jardins contemporains sont des lieuxd’expérimentations végétales et architecturales.Botanistes, urbanistes, jardiniers, architectes,peintres plaident en faveur d’une visionrenouvelée du jardin. Ils innovent dans le choixdes plantes mais aussi dans celui des matériauxutilisés pour la réalisation du mobilier et de ladécoration. Le plastique, le métal, le verre, lesfibres synthétiques et les technologies modernes

Les jardins contemporains

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ou alternatives, comme le recyclage, côtoient deprès les graminées, mises à l’honneur cesdernières années. C’est dans ce contexte que s’inscrivent lesjardins Ephémères de Saint-Fraigne conçus surune ancienne tourbière en cœur de bourg.Cet espace inondable et instable, impropre à laconstruction, constituait une rupture au sein dela commune. Une réflexion globale concernant

l’aménagement du bourg a été entreprise et estapparue l’idée d’y créer des jardins éphémères,trait d’union entre les deux parties du bourg.Inondés l’hiver, ils renaissent au printemps pourune nouvelle aventure culturelle. Espaced’expérimentation, le jardin est composé deparcelles confiées à des artistes, paysagistes etplasticiens qui y créent des jardins artistiques oùse mêlent avec originalité l’art à la nature.

P a y s a g i s t e ,e n s e i g n a n t espécialiste del’histoire desjardins, écrivain,traductrice à sesheures, cettefemme enjouéeet altruiste a plusd’une corde àson arc…Après des étu-des d’histoire del’art et de littéra-

ture, Isabelle Auricoste s’oriente vers l’étude dupaysage et de l’urbanisme. Elle est diplômée del’Ecole nationale supérieure d’horticulture et dupaysage de Versailles, de l’Institut d’urbanismeet de l’Ecole des Hautes Etudes en SciencesSociales. Son insertion dans la vie professionnelle audébut des années 1960 est fulgurante en raisonde la nécessité de recourir à des paysagistespour accompagner la réalisation des grandsensembles urbains. En 1965, âgée seulementd’une vingtaine d’années, elle crée sa propreagence de paysagiste à Paris. Isabelle Auricosteconçoit son travail de paysagiste comme uneréponse à un problème naturel et formel du lieu,mais il est tout aussi important pour elle que son

intervention s’adapte aux besoins sociaux etparticipe à l’amélioration de la qualité du cadrede vie. Au début des années 1980, son goût pour l’artet l’histoire la conduit à étudier de près lesjardins historiques. En 1981 elle crée, à l’Ecolenationale supérieure d’horticulture et dupaysage de Versailles, un cours consacré àl’étude des jardins. Ce cours qui n’existait pasjusqu’alors, délivre une approche métho-dologique de la restauration des jardinshistoriques en s’appuyant sur des étudespréalables mêlant géographie, géologie,climatologie, botanique, etc. Car pour elle, lepaysage se conçoit comme un tout. C’est ainsi que débute sa carrière d’enseignanteparallèlement à son activité de paysagiste. Dixans plus tard, en 1991, elle participe à lacréation de l’Ecole de paysage de Bordeaux etouvre son agence à Theil-Rabier (en Charente) :la Mandragore. En 2000, un an après Gilles Clément, elle est lalauréate du Grand prix du paysage décerné parle Ministère de l’écologie et du développementdurable qui récompense l’ensemble de sonœuvre (espaces extérieurs de grandsensembles, parcs, espaces publics,restaurations de jardins historiques,enseignement).

Portrait : Isabelle Auricoste

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Les jardins européensde Salles-de-Villefagnan

En 1995, le club Marpen se porte acquéreurd’un logis du XVIe siècle ayant appartenu à lafamille des Prévost de Sansac de Touchimbert,situé à Salles-de-Villefagnan, et d’un terrain d’unhectare pour y implanter les jardins européensdédiés à l’eau et à son utilisation dans lesdifférents pays d’Europe. Le choix de ce thèmepermettait de faire écho aux chantiersinternationaux de jeunes organisés par le clubMarpen et d’aborder concrètement le problèmede la gestion de l’eau.La conception des jardins a été confiée à lasection BTS Aménagements Paysagers du lycéede Saintes, dirigée par Paul-Louis Royer,Ingénieur, Architecte Paysagiste et professeur aulycée. Le dossier préparatoire décrit lesaménagements paysagers à entreprendre pourles différents jardins.

Le club Marpen a débuté les travaux en 1997, ilassure le suivi du chantier et l’entretien desjardins européens. L’ouverture au public estprévue pour juin 2009. Malgré la volonté dedemeurer fidèle au projet initial, les jardins n’ontpas pu être totalement réalisés à l’identique. Lechantier est en effet en constante évolution carl’aménagement des jardins est soumis àdiverses contraintes, aux nouvelles idées ou auxobservations que l’équipe réalise au jour le jour(inadaptation de certaines espèces au site etremplacement par d’autres par exemple).Finalement, c’est la nature qui dicte ses règles etface à elle le jardinier ne peut qu’être humble etpatient...La composition des jardins de Salles-de-Villefagnan s’appuie sur les caractéristiquesgéologiques et typologiques du terrain.

Des jardins imaginés aux jardins réalisés

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Paradoxalement, au nord se trouve un terrainplutôt sec de plan incliné qui accueille les jardinsdu sud. Tandis qu’au sud, la partie basse ethumide, située au-dessus d’une nappephréatique, est consacrée aux jardins nordiques.Les jardins du sud et du nord sont égalementdivisés en plusieurs espaces dédiés chacun à unpays européen. Utilisée en circuit fermé, l’eaualimente les fontaines et bassins. Un secondcircuit utilise les réserves des bassins et desfontaines pour l’irrigation des cultures.

Du jardin scandinave au jardin aride, en passantpar le jardin méditerranéen, les jardinseuropéens de Salles-de-Villefagnan sont uneinvitation au voyage. Ils incitent également levisiteur à se questionner sur un problèmeenvironnemental majeur : l’eau, ressource vitalequi tend à se raréfier, et sa gestion au quotidien.

André Le Nôtre est issu d’une famille dejardiniers : son père était jardinier de Louis XIIIet son grand-père, responsable du jardin desTuileries. Le Nôtre, d’abord attiré par les disci-plines artistiques, rejoint l’atelier du peintreSimon Vouet, où il fit la connaissance dupeintre Le Brun. Il décida tardivement, alorsâgé d’une quarantaine d’années, de seconsacrer à l’art du jardinage. Fouquet,surintendant des Finances, lui confia la créationdes jardins de Vaux-le-Vicomte. Ce premierprojet dont la réussite était complète, forçal’admiration de ses contemporains. Louis XIV, envieux de cette réalisation, nommaLe Nôtre premier jardinier du roi et le chargeade la réhabilitation des jardins de Versailles,après avoir fait arrêter Fouquet pourdétournement de fonds.Le Nôtre fut le concepteur du jardin « à lafrançaise », dont le principe repose sur l’ordre,la symétrie et la perspective. Outre l’aspectesthétique, le jardin « à la française » a unefonction politique. Il traduit en effet la grandeuret la domination du Roi Soleil en exprimant letriomphe de l’ordre sur le désordre. Lagéométrie et la symétrie du plan doiventpermettre au visiteur d’appréhender d’un seul

regard la totalité du jardin. Le jardin « à lafrançaise » s’articule autour d’une grande alléecentrale qui détermine l’axe de perspective. Depart et d’autre s’organisent des allées, desparterres géométriques, des alignementsd’arbres, des bassins et des fontainesspectaculaires. Le Nôtre a dessiné et réalisé une multitude dejardins en France et en Europe. Son œuvre arévolutionné l’art du jardin en France.

Portrait : André Le Nôtre (Paris 1613 - 1700)

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Portrait de André Le Nôtre« Collection Bibliothèque de la SNHF »Rulmann

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Le jardin monastique de Tusson

Le mot « jardin » vient d’un mot germanique« gart » signifiant « clôture ».Au Moyen Age, tout monastère possède sonpropre jardin clos divisé en parties biendistinctes remplissant chacune une fonctionprécise. Le potager est destiné à nourrir lacommunauté religieuse. Le jardin des « simples »ou des « herbes aux vertus », délivre les plantesmédicinales et condimentaires qui entrent dansla composition des remèdes. Le verger fournitles moines en fruits et en raisin pour le vin. Ilremplit également la fonction de cimetière pourles moines. Enfin, les fleurs du jardin sontdestinées à décorer les autels. La fontaine,située au centre du jardin monastique, estessentielle au fonctionnement du jardin ; ellesymbolise également le point de rencontre desquatre fleuves qui arrosent le jardin d’Eden.

La clôture des jardins monastiques prend toutson sens lorsque que l’on évoque la Genèse. Eneffet le jardin d’Eden est clôturé lorsqu’Adam enest expulsé. Le jardin monastique médiéval estdonc un rappel de la quête du paradis perdu.L’origine du mot paradis, « paradaiza » enpersan, signifie « enclos ».Le jardin monastique médiéval peut être clôturéd’une enceinte minérale (mur de pierre) ouvégétale (haies). On utilise également les clôturesvégétales sèches : la palissade (pieux disposéscôte à côte), la fascine (assemblage debranchages), le plessis (branchages, souvent enosier, tressés autour d’un pieu), le treillis (tigesd’osier ou bois léger tressés à la manière desmailles d’un filet) et la claie (tressage quadrillé defaçon perpendiculaire). Aujourd’hui, sous l’impulsion du festival desjardins contemporains de Chaumont-sur-Loire,

Le jardin clos : la symbolique et les différentes clôtures

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l’art de la clôture est revisité grâce à l’utilisationde matériaux divers, anciens ou contemporains(métal notamment), ou de techniquesréinventées (tressage de saules vivants parexemple). Ainsi, la clôture qui limite et protège lejardin s’est enrichie d’une fonction décorative quifait la part belle à la créativité.

Le jardin monastique de Tusson, reconstitué àpartir de documents témoins de l’époquemédiévale, abrite des végétaux cultivés du XIIe

au XVe siècle. Clos de murs en pierre et protégépar les claies de châtaigner, le jardin est unespace de quiétude où l’âme et le corps peuventse ressourcer au contact de la nature.

Saint Fiacre, patron des jardiniers,horticulteurs, fleuristes et maraîchers, a pourattributs la bêche et l’arrosoir. Fèbre, dont le prénom par déformation futtransformé en Fiacre, naquit vers 610.Originaire d’Irlande, il partit évangéliser la Gauleet s’installa à Meaux dans la Brie. Il demandaalors à l’évêque Faron l’autorisation de s’établirdans la forêt de Breuil. Celui-ci lui concéda unlopin de terre que Fiacre défricha pour y bâtirun petit ermitage en l’honneur de la Vierge. Il yaccomplit de multiples miracles et sarenommée fut telle que les fidèles accoururenten grand nombre de toute la Gaule. L’ermitagedevenant vite exigu, Fiacre sollicita à nouveaul’évêque Faron pour obtenir un terrain plusvaste afin d’agrandir le monastère. Fiacre créaun immense jardin où il travailla avec ardeur àl’aide, dit-on, d’une simple bêche. Les légumesétaient destinés à nourrir les pauvres, lesplantes médicinales à soigner les malades etles fleurs à orner l’oratoire dédié à Marie. Fiacreédifia également un hospice pour accueillir tousles malades qui désiraient se rapprocher de luiet bénéficier de ses miracles. Il consacra sa vieà la prière, au travail manuel et aux soins despauvres avant de mourir en 670. Autour dumonastère s’établit un village qui porte sonnom. Son tombeau devint l’objet d’unpèlerinage important. Les fidèles y accouraientdans l’espoir de guérir leurs maux.

Le saviez-vous ?A une date indéterminée, Fiacre dont l’effigieornait l’enseigne d’un bureau parisien devoitures de louage (ou bien d’une hôtelleriedevant laquelle stationnaient ces véhicules),donna son nom à une voiture hippomobileconsidérée comme l’ancêtre des taxis. Il devintainsi également le saint patron des chauffeursde taxi.

Portrait : saint Fiacre (610 - 670)

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Vitrail de l’église de Navenne (Haute-Saône)