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1 SOMMAIRE A la Une Brexit, Bechtel Bataille de l’eau Tragédie, transports Actualité Moldavie Voisins Politique Tribune Economie Social Photos d'actualité Société Evénements Vie quotidienne Santé Minorités Sports Page photos, Insolite Connaissance et découverte Culture Mémoire Francophonie Tourisme Humour Abonnement Coup de coeur Numéro 95 - mai - juin 2016 Lettre d’information bimestrielle L a récupération des décalages par rapport aux pays occidentaux est devenu un leitmotiv de l'économie roumaine, souligne le journaliste au quotidien financier Ziarul Financiar, Iulian Anghel, dans sa chronique. A ses yeux, l'attachement de la majorité des Roumains vis-à-vis de Bruxelles met en valeur le suc- cès de l'adhésion du pays à l'UE. Mais, insiste-t-il, pour beaucoup de Roumains la garantie de la réussite ne se trouve pas chez eux. Leur exode annonce un désastre de proportion. Dans dix ans maximum, les entreprises roumaines vont devoir importer massivement de la main- d'œuvre d'Inde, de Chine ou des Philippines. Dans une économie mondialisée, cela peut paraître normal : l'Occident trouve la sienne en Roumanie - deux millions de Roumains sont partis ces vingt dernières années - et, ainsi, le pays est contraint de la chercher ailleurs. Du coup, le déficit de la caisse des retraites roumaine est arrivé l'an- née dernière au chiffre étourdissant de 35%, contre 25% en 2014. Mais pourquoi les Roumains, et en particulier ceux qui ont fait des études, déci- dent-ils d'aller voir ailleurs ? Le PIB par habitant a augmenté en 2015 de 600 euros par rapport à 2014. Pourtant, la récupération des écarts vis-à-vis de l'UE reste une illu- sion. Entre 2005 et 2014, ce même indicateur a augmenté, en moyenne, de 540 euros par an, contre une moyenne de 510 euros pour le reste de l'Union européenne. Par conséquent, Bucarest n'a réussi à récupérer seulement que 30 euros par an. En 2014, le PIB moyen par habitant dans l'UE a été de 27 500 euros, contre seulement 7500 euros en Roumanie. A raison de 30 euros pas an, il va donc falloir 37 ans avant que la Roumanie rattrape son retard… si les moyennes actuelles restaient figées. Mais cel- les-ci évoluent. Or en prenant en compte toutes ces évolutions, la Roumanie mettra 666 ans pour atteindre la moyenne de l'UE ! Tout cela n'est pas une blague, mais un calcul à la portée d’un enfant. Il est vrai que l'on peut être critique vis-à-vis des statistiques... Si une personne mange deux poulets par mois et une autre aucun, statistiquement, chacune en a mangé un. Les statistiques européennes estiment que les personnes pauvres sont celles qui n'ont pas de quoi se payer au moins une semaine de congés par an. En Roumanie, et plus particulièrement dans les zones rurales, certaines personnes ne sont jamais par- ties en vacances, ou seulement quelques fois dans leur vie. Pourtant, elles ne se consi- dèrent pas comme pauvres. Mais leurs enfants quittent le pays parce qu'ils veulent pouvoir partir plus souvent en vacances. Si la ''convergence réelle'' reste un concept sans effet concret sur l'économie, la Roumanie va se confronter à un exode massif de sa population active. Or, un pays qui veut avoir un futur doit être en capacité d'absor- ber ses jeunes actifs et de leur offrir un avenir. Iulian Anghel Pourquoi aller voir ailleurs ? 2 et 3 4 et 5 6 et 7 8 à 11 12 et 13 14 et 15 16 et 17 18 et 19 20 à 22 23 24 à 29 30 à 34 35 et 36 37 à 39 40 à 44 45 et 46 47 à 51 52 à 54 55 56 et 57 58 59 60 NOUVELLEs ROUMANIE Les de

Les OUVELLEs · "Les petits malins en ont profité, il ne reste plus rien pour les plus pauvres" Comme l'a mentionné le gouvernement, la notion de "biens"prévus dans le document

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SOMMAIRE

A la Une

Brexit, Bechtel Bataille de l’eau Tragédie, transports

ActualitéMoldavieVoisinsPolitiqueTribuneEconomie SocialPhotos d'actualité

Société

EvénementsVie quotidienneSanté MinoritésSports Page photos, Insolite

Connaissance

et découverte

Culture Mémoire Francophonie Tourisme HumourAbonnementCoup de coeur

Numéro 95 - mai - juin 2016

Lettre d’information bimestrielle

La récupération des décalages par rapport aux pays occidentaux est devenuun leitmotiv de l'économie roumaine, souligne le journaliste au quotidienfinancier Ziarul Financiar, Iulian Anghel, dans sa chronique. A ses yeux,

l'attachement de la majorité des Roumains vis-à-vis de Bruxelles met en valeur le suc-cès de l'adhésion du pays à l'UE.

Mais, insiste-t-il, pour beaucoup de Roumains la garantie de la réussite ne setrouve pas chez eux. Leur exode annonce un désastre de proportion. Dans dix ansmaximum, les entreprises roumaines vont devoir importer massivement de la main-d'œuvre d'Inde, de Chine ou des Philippines. Dans une économie mondialisée, celapeut paraître normal : l'Occident trouve la sienne en Roumanie - deux millions deRoumains sont partis ces vingt dernières années - et, ainsi, le pays est contraint de lachercher ailleurs. Du coup, le déficit de la caisse des retraites roumaine est arrivé l'an-née dernière au chiffre étourdissant de 35%, contre 25% en 2014.

Mais pourquoi les Roumains, et en particulier ceux qui ont fait des études, déci-dent-ils d'aller voir ailleurs ? Le PIB par habitant a augmenté en 2015 de 600 eurospar rapport à 2014. Pourtant, la récupération des écarts vis-à-vis de l'UE reste une illu-sion. Entre 2005 et 2014, ce même indicateur a augmenté, en moyenne, de 540 eurospar an, contre une moyenne de 510 euros pour le reste de l'Union européenne. Parconséquent, Bucarest n'a réussi à récupérer seulement que 30 euros par an. En 2014,le PIB moyen par habitant dans l'UE a été de 27 500 euros, contre seulement 7500euros en Roumanie. A raison de 30 euros pas an, il va donc falloir 37 ans avant quela Roumanie rattrape son retard… si les moyennes actuelles restaient figées. Mais cel-les-ci évoluent. Or en prenant en compte toutes ces évolutions, la Roumanie mettra666 ans pour atteindre la moyenne de l'UE !

Tout cela n'est pas une blague, mais un calcul à la portée d’un enfant. Il est vraique l'on peut être critique vis-à-vis des statistiques... Si une personne mange deuxpoulets par mois et une autre aucun, statistiquement, chacune en a mangé un.

Les statistiques européennes estiment que les personnes pauvres sont celles quin'ont pas de quoi se payer au moins une semaine de congés par an. En Roumanie, etplus particulièrement dans les zones rurales, certaines personnes ne sont jamais par-ties en vacances, ou seulement quelques fois dans leur vie. Pourtant, elles ne se consi-dèrent pas comme pauvres. Mais leurs enfants quittent le pays parce qu'ils veulentpouvoir partir plus souvent en vacances. Si la ''convergence réelle'' reste un conceptsans effet concret sur l'économie, la Roumanie va se confronter à un exode massif desa population active. Or, un pays qui veut avoir un futur doit être en capacité d'absor-ber ses jeunes actifs et de leur offrir un avenir. Iulian Anghel

Pourquoi aller voir ailleurs ?2 et 3

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Crise de l’UE

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La campagne douteuse lancée en 2013 à l'approchede la levée des mesures transitoires imposées parBruxelles à la Roumanie et à la Bulgarie après leur

adhésion à l'UE, le 1er janvier 2007 est encore bien présentedans les esprits. Par le biais de ces restrictions qui limitaient ledroit au marché du travail pour les citoyens bulgares et rou-mains, le Royaume-Uni avait voulu conjurer la peur de voiraffluer des "hordes de travailleurs de l'Est". Une peur démen-tie par les statistiques, mais dont le spectre a visiblement planéau-dessus des dernières négociations entre Londres etBruxelles. L'accord arraché à l'UE par le Royaume-Uni le19 février a donc largement entamé le principe d'une "unionsans cesse plus étroite entre les peuples" et a instauré uneconditionnalité d'accès aux aides sociales et aux allocationsfamiliales - y compris pour les citoyens européens.

"Tous seraient frappés

mais tous n'en mourraient pas"

Une sortie définitive duRoyaume-Uni affecterait sansaucun doute les économiesbulgare et roumaine, commecelle de tout État membre.Mais les liens que ces deuxvoisins de l'Est entretiennentavec Londres n'ont pas lamême intensité et Bucarest ris-querait d'en pâtir plus queSofia. Ainsi, l'impact de la finde la libre-circulation des mar-chandises devrait être plus fortpour la Roumanie, pour qui leRoyaume-Uni est le sixièmepays d'exportation, alors qu'ilne figure pas parmi les princi-paux partenaires commerciauxde la Bulgarie.

Une fin hypothétique de la libre-circulation des tra-vailleurs toucherait bien plus encore la diaspora roumaine, qui,avec 160 000 représentants sur le territoire britannique, estpresque trois fois plus nombreuse que la diaspora bulgare quine compte que 65 000 membres. Comme l'indique un récentrapport de la banque Erst, la baisse attendue des transferts defonds entre Londres et Bucarest (0,3% du PIB roumain) risquede ne pas passer inaperçue.

En revanche depuis Sofia, ceci ne semble être qu'un loin-tain problème. Si les transferts de fonds constituent depuis2014 le principal apport en capitaux étrangers en Bulgarie, la

plupart proviennent de Turquie (732 millions d'euros en 2014,soit 1,4% du PIB). Le Royaume-Uni, avec 65 millions d'eurostransférés n'apparaît qu'en cinquième place derrièrel'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et les États-Unis.

Voilà pour le scénario noir d'une sortie définitive. Danstous les cas, le plus gros impact du Brexit serait à chercher ducôté du budget de l'UE, car le Royaume-Uni est le quatrièmecontributeur au budget commun tandis que les nouveaux Étatsmembres en restent les principaux bénéficiaires eu égard à leurparticipation. Or cette manne financière, via le financementdes travaux d'infrastructures, participe grandement au déve-loppement et à la croissance de la Bulgarie et de la Roumanie.

Le risque d'une Union à plusieurs vitesses

En outre, l'image de l'UE serait bien sûr négativementaffectée par la défection de l'un de ses membres. Le retour àune Union à 27 causerait une perte considérable de prestigepour la Roumanie et la Bulgarie, deux pays où, d'après le der-

nier Eurobaromètre, l'UE estpourtant encore soutenue parl'opinion (avec respectivement57% et 48% d'opinions positi-ves, contre une moyenne de37%). Les deux pays, quibénéficient de la reconnais-sance internationale de l'UE etdu train de réformes qu'elleimpose au travers du "méca-nisme de coopération et devérification" (MCV), pour-raient assurément en tirerquelque déception.

Si le maintien duRoyaume-Uni dans l'UEdevait être conditionné à lamultiplication des dérogationsau bénéfice de Londres, alors

ce serait un pas de plus en direction d'une Union à plusieursvitesses, dans laquelle la Bulgarie pourrait se trouver en queuede peloton - tout juste précédée par la Roumanie où, d'après ledernier rapport de la Commission rendu dans le cadre duMCV, les réformes commencent à porter leurs fruits.

La tentation pourrait être grande, toutefois, pour Bucarestet Sofia, d'accepter le jeu de Londres, à condition d'obtenir enretour un soutien franc en faveur de leur accession à l'espaceSchengen, sans cesse repoussée.

Julia Beurq et Béranger Dominici (Le Courrier des Balkans)

Bucarest risquerait d'en pâtir plus que Sofia

La longue et laborieuse construction de l'autoroutede Transylvanie - qui aurait du être achevée il y atrois ans - ne cesse de faire parler d'elle. Le gouver-

nement roumain vient d'annoncer une nouvelle série d'expro-priation pour des terrains et des biens situés entre Ogra etCâmpia Turzii, dans les département de Mures et de Cluj. Lesexpropriations ne posent problème aux propriétaires des ter-rains, mais bien le prix fixé pour les indemnités.

Selon la décision du 10 février dernier, l'exécutif prévoitd'allouer "des dédommagements à hauteur de 5,015 millionsde lei pour les propriétaires de 1724 terrains, soit une surfacede 2 725 506 m2".

En faisant un calcul simple, il en résulte que les proprié-taires expropriés recevront 1,85 lei/m2 (0,42 euro/m2). C'est làoù le bât blesse. En Roumanie, les prix des terres agricolessont de trois à sept fois moins chers que la moyenne européen-ne. Mais, entre 2007 et 2011, ils ont flambé entre pour attein-dre 1,972 euros/ha, selon les chiffres publiés par DTZEchinox. En revanche, le niveau des dédommagements a bais-sé. Les propriétaires se plaignent donc de recevoir des sommesinférieures aux tarifs fixés il y a neuf ans pour d'autres tron-çons de cette même autoroute. À l'époque, les dédommage-ments s'élevaient à 6 euros/m2.

"Les petits malins en ont profité,

il ne reste plus rien pour les plus pauvres"

Comme l'a mentionné le gouvernement, la notion de"biens" prévus dans le document inclutaussi les bâtiments abandonnés desanciennes coopératives agricoles de pro-duction à l'époque communiste (CAP).Or, la majorité des "biens" susceptiblesd'être expropriés sont des terrains cultiva-bles, pâturages et vergers. Les propriétai-res les plus touchés seront ceux qui viventde l'agriculture de subsistance. "Les genssont pauvres ici, ils vivent de l'agriculturede subsistance", a déclaré Laura Dordea,secrétaire de mairie à Iernut, une commu-ne située sur la future autoroute. "Comment peut-on leur offrir1,85 lei/m2 ? Il y a cinq ans, c'était 5 euros/m2 et, déjà, lesgens étaient mécontents. Alors que dire d'aujourd'hui?".

Les maires des communes concernées critiquent aussi lamanière dont les évaluations des dédommagements se sont fai-tes. "La division des terrains affectent les fermes", soutient IlieSuta, le maire de Cuci. "Les petits malins qui ont des relationsont négocié beaucoup d'argent pour les expropriations.Maintenant, il ne reste plus rien pour les plus pauvres".

Même mécontentement à Ogra: "Depuis 2004, nous avonsmis à la disposition de la Compagnie nationale des autorouteset des routes nationales (CNADN), toutes les données tech-niques concernant les propriétés", explique le maire. "Sesreprésentants devaient négocier avec les propriétaires, maispersonne n'est venu. On a eu droit à 1,85 lei/m2. Les habitantsde la commune sont révoltés et n'hésiteront pas se plaindre àla justice".

Trois centimes d'euros au m2 exproprié !

C'est déjà le cas dans deux autres villages du départementde Cluj : Gârbau et Gilau, où des habitants ont intenté un pro-cès à l'État. Les propriétaires concernés par l'expropriation sesont vu offrir un prix de 0,17 lei/m2, descendu jusqu'à0,13 lei/m2. "Ces habitants sont des artisans qui travaillent lapierre, ce sont eux qui ont construit la structure de la maisondu peuple à Bucarest", raconte Silviu David, le chef du dépar-tement du registre agricole de Gârbau. "Ils ont attaqué l'Étatmais je suis persuadé que ce n'est que par la négociationdirecte qu'ils recevront une autre offre. Ils n'attendent plusrien de cette autoroute injuste". D'autres procès sont en cours,notamment dans le département de Hunedoara, où 300 habi-tants se sont plaints des dédommagements perçus dans lecadre du tronçon entre Lugoj et Deva. Là encore, les sommesproposées par la CNADNR s'élevaient à 1,32 lei/m2.

Les paysans qui s'estiment lésés par les expropriations nefont qu'ajouter un nouvel épisode aux scandales qui entourent

la construction de cette autoroute. Ensept ans, seulement 52 kilomètres sur les415 prévus initialement ont été cons-truits. La compagnie américaine Bechtelen charge du chantier a pourtant encais-sé 42 milliards d'euros pour les premierskilomètres. En outre, l'État roumain a dûlui payer des pénalités énormes à causede la résiliation du contrat en 2013.

Mais ce dossier, qui contenait uneclause secrète, a bel et bien disparu sousle mandat de Dan Sova, l'ancien ministre

des Transports, actuellement inculpé dans une autre affaire decorruption aux côtés de Victor Ponta.

Quand à la firme américaine, elle s'est illustrée au tempsde l'administration de Bush junior par ses liens financiers pré-sumés avec la famille Ben Laden, la guerre de l'eau (Bolivie)et les circonstances de l'obtention de ses contrats de recons-truction après l'invasion américaine de l'Irak en 2003.

Manuela Golea (Romania Libera)

Traduction Julia Beurq (Le Courrier des Balkans)

L'autoroute de Transylvanie, une arnaque à la BechtelBrexit : la Bulgarie et la Roumanie ont tout à y perdre

Infrastructures

Expropriés pour des clopinettes, les agriculteurs dont les terres sont sur le tracé de la future autoroute de Transylvanieportent plainte contre l'État roumain. Les indemnités versées, quarante centimes d'euros par mètre carré, sont bien en-dessous de leurs attentes, déplorent-ils. En outre, le chantier, entrepris par l'américain Bechtel, s'éternise: tout juste 50 kilo-mètres ont été construits sur les 415 prévus entre Brasov et Oradea.

Le “Brexit” pourrait précipiter l’apparition d’une Europe à plusieurs vitesses, dans laquelle Roumanie et Bulgarie

seraient reléguées en queue de classement.

Face à la menace d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, les rumeurs courent et les esprits s'échauffent.Pour la Bulgarie et surtout la Roumanie, qui compte une forte diaspora outre Manche, les conséquences risquent d'êtrelourdes. Et si Londres restait finalement dans une Europe "à plusieurs vitesses", Bucarest et Sofia savent bien que leur placesera dans le dernier wagon. Analyse.

Seulement 50 km ont été construits sur 415.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

En septembre 2015, les procureurs roumains de lalutte anti-corruption ont ouvert une enquête sur lesintermédiaires agissant au nom de l'entreprise pri-

vée ApaNova/Veolia, chargée de la distribution de l'eau àBucarest : des conseillers municipaux auraient reçu des pots-de-vin en échange de leur appui à des hausses de tarif. Les pro-cureurs ont démontré qu'entre 2008 et 2015, les tarifs envigueur avaient plus que doublé. D'autres enquêtes ont aboutià la mise en accusation de l'entreprise pour évasion fiscale àhauteur de 5 milliards d'euros.

Bucarest a privatisé la distri-bution de l'eau en 2000. LaBanque mondiale et l'Internatio-nal Financial Corporation, mem-bre du World Bank Group, ontagi comme consultants. La déci-sion de sous-traiter les servicesd'égout et d'eau potable est inter-venue à cause de la mauvaisequalité de ces services fournispar la société publique d'alors,régie Autonome, et le réseaunécessitait des investissementsbien au-delà des moyens de laville. ApaNova Bucarest, filialede la française Veolia Généraledes Eaux, remporta l'appel d'offres: 73,7 % des actions. En2008, le contrat a failli être résilié sous la pression d'un maired'arrondissement de la ville, qui en a contesté la validité, affir-

mant qu'ApaNova n'avait pas rempli ses obligations. Après des allégations de corruption, la ville a fini par

abandonner l'idée de mettre fin au contrat, et ApaNova a puaugmenter ses tarifs et ses bénéfices. Depuis, son profit net adoublé, de 70 millions de lei en 2010 à 141 millions de lei en2014, soit plus de 180 %.

Une idéologie du profit promue par la Banque mondiale et l'UE

Ce scandale illustre l'im-pact du néo-libéralisme qui asubmergé les pays de l'ancienbloc socialiste en Europe après1990. Une idéologie promuepar des institutions telles que laBanque mondiale ou l'UE.Mais cette histoire familièredemeure incomplète si l'onignore les enjeux profonds decette affaire, à savoir les ten-sions entre acteurs publics etacteurs corporatifs.

Si la privatisation d'entre-prises publiques - réorganiséesprécisément à cette fin en enti-

tés autonomes en 1998 par le gouvernement roumain dans lecadre de son processus d'intégration européenne- était prévue,certaines choses, par contre, ne l'étaient pas.

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

En quatre ans, le Français Privatisation

Veolia avait augmenté ses bénéfices de 180 %

Remunicipalisation Depuis la privatisation de l'eau en Roumanie, son prix ne cesse d'augmenter. En septembre 2015, à Bucarest, ApaNova,

filiale roumaine du géant français Veolia Générale des Eaux, a été accusée d'évasion fiscale à hauteur de cinq milliardsd'euros, avec l'aide de politiciens corrompus. À gauche, des voix s'élèvent pour une "remunicipalisation" de la gestion del'eau, à l'exemple de la ville de Paris.

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Malgré l'adoption de lois en faveur de la transparence desadministrations publiques, d'autres lois ont transformé l'Étatroumain en "chasse gardée" de quelques partis seulement,dirigés par les mêmes politiciens d'après 1989. Ainsi, la loi de2003 sur la Formation de nouveaux partis politiques a justeservi à bloquer l'entrée de l'arène politique à tout nouvelacteur. Il fallait la signature d'au moins 25 000 citoyens dansdix-huit pays pour enregistrer un nouveau parti politique, unedes lois européennes les plus strictes jusqu'à son abrogation enmai 2015. Très coûteux, le ticket d'entrée en politique étaitréservé à ceux qui disposaient de vastes ressources.

Malgré le scandale de septembre 2015, dont le seul résul-tat a été de confirmer la hausse exhorbitantes des tarifs, lesconseillers municipaux de Bucarest n'ont pas réexaminé l'ac-cord en détail. Pourtant, de nombreuses voix exigeaient unenouvelle procédure de privatisation et un resserrement ducontrôle des autorités.

L'État semble abandonnerses services publics et sociaux

Quant à la gauche locale, elle a lancée une pétition en

faveur d'une "re-municipalisation" de la distribution de l'eauen vue des prochaines élections locales, le 5 juin 2016. Cettepétition a été lue par le maire au conseil municipal de Bucaresten novembre 2015. En retour, une lettre aux pétitionnaires,rédigée par la Direction des services de la Ville, et où l'on trou-vait des extraits de rapports internationaux et des évaluationsde la Banque mondiale, affirmait que le contrat avait été unsuccès et que l'interruption de la concession entraînerait desdépenses considérables pour le trésor public, ainsi qu'une bais-se de la qualité des services. Le 17 décembre 2015, le maire aannoncé une nouvelle hausse des tarifs de 5 % pour janvier2016 - au moment où le gouvernement, inspiré par une direc-tive européenne, prépare un projet de loi portant sur l'attribu-tion des contrats au secteur privé, incluant, en termes ambigus,une clause sur les "profits raisonnables".

Plusieurs villes dans le monde, en particulier en France etaux États-Unis, ont " re-municipalisé" leurs services de distri-bution d'eau. Mais en Roumanie, alors que l'UE n'exige mêmeplus de telles privatisations, l'État semble avoir renoncé à saraison d'être en abandonnant ses services publics et sociaux.

Florina Presada, traduit par Stéphane Surprenantpour Le Courrier des Balkans

de l'eau : la bataille de Bucarest

Le fondateur de la secte Misa,Gregorian Bivolaru, 64 ans, aété arrêté Porte de Champerret

à Paris, fin février, auterme d'une longuetraque. Il est accusé depédophilie et de traficsd'êtres humains, ce qu'ilnie. Sa cavale aura durédes années. Le Roumainétait considéré commel'un des "hommes les plusrecherchés" dans sonpays. Théoricien du complot et fondateurde la secte controversée Misa(Mouvement d'intégration spirituelledans l'absolu), il avait été condamné par

défaut, en 2013, par la Haute Cour de jus-tice et de cassation roumaine à six ansd'emprisonnement. Il est accusé de pédo-

philie et de trafics d'êtreshumains, ce qu'il nie.

Gregorian Bivolarufigurait dans le fichiercréé récemment parEuropol, donnant à cha-cun des 28 pays memb-res de l'UE le droit dediffuser largement desinformations sur les fugi-

tifs les plus dangereux. Figure par exem-ple dans ce fichier Salah Abdeslam, accu-sé d'avoir participé aux attentats parisiensde novembre. Chaque pays de l'UE peut

entrer deux noms dans ce fichier dit des"most wanted" (les plus recherchés, ndlr)visible par tous sur Internet.

Le Roumain était en fuite depuis plu-sieurs années et "a pu bénéficier" de"nombreuses ramifications" et "appuis"durant tout ce temps notamment grâceaux adeptes de Misa, selon les sourcespolicières françaises.

La présumée secte encourage notam-ment la pratique du yoga et a fait florès enEurope où ont été créés des "ashrams"(centres de recherche). Elle suscite despolémiques et certains membres ou cent-res ont fait l'objet d'enquêtes policières enEurope notamment pour des soupçons deprostitution, réfutés par Misa.

Plus de 9000 sociétés roumaines sont enregistrées dans des paradis fiscaux (USA -1000-, Seychelles, Belize, Chypre -5000-, Grande Bretagne -1000-, EmiratsArabes Unis, Hong Kong, Iles vierges britanniques) et 1200 domiciliées au

Panama ont pignon sur rue en Roumanie. La Roumanie se trouve en 36ème position sur laliste des "Panama papers". Parmi les Roumains épinglés dans cette affaire on retrouve lesnoms d'habitués à la rubrique des scandales financiers, dont Frank Timis (Rosia Montana,30 compagnies enregistrées dans des paradis fiscaux), Corneliu Iacobov (condamné à 7 ansde prison pour des faits similaires), Cristi Borcea, Sorin Ovidiu Vîntu (SOV), ainsi que lemilliardaire israelien Beni Steinmetz, impliqué dans le dossier des rétrocessions illégales aucôté du prince Paul de Roumanie. Apparaissent également, mais pas directement, les nomsde… l'ancien Premier ministre Victor Ponta, sa femme Daciana Sârbu et son père Ilie Sârbu.Et, évidemment, celui de la plus grosse fortune roumaine, Ion Tiriac.Paris: l'un des hommes "les plus recherchés" de Roumanie arrêté

Des Roumains ont pris racine au Panama

Malgré ses nets progrès, laRoumanie fait encore par-tie du trio de queue des 28

pays de l'UE les plus corrompus, en com-pagnie de la Bulgarie et de la Croatie,selon une étude émanant du Parlementeuropéen, qui révèle que tous les pays del'Europe de l'Est se situent, sans excep-tion, au-dessus de la moyenne européen-ne. Douze états membres sont montrés dudoigt, pour lesquels les auteurs du rapportdemandent l'activation du Mécanisme deCoopération et Vérification (MCV), misjustement en place pour la Roumanie et la

Bulgarie en 2007, à l'occasion de leurentrée dans l'UE: Bulgarie, Tchéquie,Croatie, Estonie, Grèce, Italie, Lituanie,Malte, Pologne, Roumanie, Slovaquie,Slovénie et Hongrie.

Ils réclament également la créationd'une juridiction européenne pouvantintervenir dans les états en cause et l'ins-tauration d'un système de licencepublique pour les appels d'offres.

Selon l'étude, la corruption coûteannuellement 6,3% du PIB à l'UE, jus-qu'à 22 % en Bulgarie (22 milliards d'eu-ros) et plus de 15 % en Croatie, Rou-

manie et Lettonie. Elle creuse égalementdavantage les inégalités sociales, affaiblitl'état de Droit et augmente la criminalitéorganisée.

Les auteurs estiment également quel'activation des trois mesures proposéespermettrait de réduire annuellement de70 milliards d'euros l'impact de la corrup-tion. Leur rapport n'insiste pas cependantsur la corruption cachée "haut de gamme"qui affecte les pays occidentaux, au pre-mier rang desquels la France, notammentpar le biais des multinationales et du lob-bying des groupes de pression.

La Dâmbovita est le premier réservoir naturel d’eau de la capitale, qu’elle traverse de part en part.

La Roumanie dans le trio de queue des pays corrompus

L’affairiste Frank Timis, déjà impliquédans les scandales de Rosia Montana.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

La Mairie du secteur 4 de Bucarest, où se trouvait leclub Colectiv qui a brûlé en octobre dernier, entraî-nant la mort d'une soixantaine jeunes, a résilié un

contrat qu'elle avait elle-même signé pour l'aménagement d'unensemble mémorial dans le parc Tineretului. C'est le manquede transparence dans l'attribution du contrat de réalisation quiest à la base de cette décision. Initialement, le projet compre-nait la plantation de 64 cerisiers japonais, un pour chaque vic-time, ainsi que la construction de bancs et l'aménagement d'al-lées. C'est d'abord le choix de l'emplacement de cet ensemblequi a dérangé. Celui-ci se trouvait juste à côté d'une zone réser-

vée aux barbecues et donc très enfumée. De mauvais goût,donc, sachant que ce sont les fumées toxiques causées par l'in-cendie qui ont été la principale cause de mortalité. Ensuite,c'est la manière dont a été attribué le contrat de réalisation destravaux, sans appel d'offre, qui a attisé les critiques de la socié-té civile et de la presse. Devant la montée de la colère, lemaire intérimaire du secteur 4, Daniel Baluta, a annoncé qu'ilavait décidé de résilier ce contrat. Il a ajouté que sa mairie sou-tiendrait les propositions de l'association Colectiv quant à laforme que prendrait ce monument du souvenir et le choix deson emplacement. Cela pour écarter tous soupçons.

Le Donbass attire les Moldaves. La justice a annoncé avoir arrêté dix hommes, soupçonnés de s'être battus aux côtés despro-russes. Les autorités de Chisinau se disent "inquiètes" de ces départs pour l'Est de l'Ukraine, qui pourraient concer-ner des dizaines de personnes. Deux d'entre elles ont déjà été condamnées à trois ans de prison, et l'enquête se poursuit

pour les huit autres accusés. Selon la justice moldave, au moment de leur arrestation, ces hommes portaient des documents prou-vant qu'ils appartenaient à des unités militaires de Donetsk et de Lougansk. Agés de 29 à 32 ans et originaires de Gagaouzie et deChisinau, ces personnes étaient sans emploi au moment de leur départ. "L'un de ces individus, jugé en janvier, a admis qu'on luiavait promis environ 2 500 euros par mois dans le Donbass", a expliqué Nicu Sendrea, le procureur adjoint de la capitale.

Les autorités moldaves ont lancé un appel aux parents et aux proches de ces jeunes en leur demandant "de ne pas les laisserpartir se battre en Ukraine comme s'ils partaient travailler, car, tôt ou tard, ils finiront derrière les barreaux". Selon la législationmoldave, servir comme mercenaire à l'étranger est passible de dix ans de prison. La justice s'inquiète de l'ampleur que pourraitprendre le phénomène. "Je regrette de devoir le dire, mais des dizaines d'autre Moldaves se battent à Donetsk et à Lougansk, adéclaré Igor Popa. Nous n'avons pas de statistiques précises, mais certains citoyens moldaves ont été blessés et nous n'excluonspas que d'autres aient pu mourir pendant le conflit." Les services de sécurité ukrainiens ont promis de transmettre à la justice mol-dave une liste de citoyens moldaves impliqués dans le conflit.

Incendie du Colectiv : Le train de mal en pisTragédie

Les trains roumains circulent deux fois moins vitequ'avant la guerre. Près de 250 millions d'eurosd'investissements nécessai-

res manquaient en 2015. Pour résoudrece problème le ministre des Transportsenvisage de fermer la moitié des lignesd'ici 2020… alors que l'UE propose aucontraire de développer le réseau, quiest de 10 789 km actuellement.

En 1940, l'autorail Malaxa mettaitsix heures pour faire Bucarest-Timisoara… aujourd'hui, il en faut 12,sinon plus. L'absence d'entretien desvoies, rend la circulation dangereuse, entraînant une limitationde la vitesse. Au mieux, les trains circulent à 80km/h quand il

est prévu 100 km/h. Leur vitesse moyenne est de 71,2 km/h aulieu des 85 km/h envisagés et ils accumulent un retard de près

de 2 mn par 100 km parcourus. Lespassagers désertent de plus en plus cesystème de transport, ce qui accentuela crise. L'UE a lancé en 2014 une pro-cédure d'infraction à l'encontre de laRoumanie, car elle met en péril la sécu-rité des passagers. La situation ne peutqu'empirer. Cette dernière décennie,près d'un accident chaque année a étéenregistré… Aucune responsabilité n'aété établie après enquête. Pour rester au

niveau actuel, le pays aurait besoin d'investir 350 millionsd'euros par an, mais il en injecte moins de 100 millions.

Trésor roumain volé:Moscou fait moins la sourde oreille

La commission roumano-russe man-datée pour retrouver le trésor roumains'est réunie fin mars à Sinaia, une premiè-re depuis dix ans. Malgré des relationsdiplomatiques difficiles entre les deuxpays, les discussions se sont dérouléesdans une ''atmosphère ouverte et cons-tructive'', a annoncé le ministère desAffaires étrangères roumain.

A l'hiver 1916, devant la montée dupéril austro-hongrois, l'or de la Banquenationale de Roumanie, mais aussi lesbijoux de la reine Marie et de nombreusesoeuvres d'art, ont été acheminés enRussie. Mais l'arrivée des communistes,en 1917, a changé la donne et seulementune partie de ce fameux trésor a été ren-due à Bucarest. Le bon déroulement de ladernière réunion, la quatrième depuis lacréation de cette commission, donne del'espoir aux autorités roumaines.

Mais la récupération de l'ensembledu trésor prendra certainement beaucoupde temps. La prochaine session de lacommission aura lieu à Moscou, en 2017.

Le saucisson de Sibiu protégé au niveau de l’UE

La Commission européenne vientd'inscrire le salami de Sibiu sur la listedes quelque 1400 produits européensbénéficiant d'une indication géogra-phique protégée (IGP). Ce saucissoninventé il y a un siècle par un immigréitalien n'est que la deuxième spécialitéroumaine à obtenir ce label. Les cinq plus

grands producteurs de salami de Sibiuavaient sollicité Bruxelles, en novembre2014, afin d'obtenir la reconnaissance deleur savoir-faire et accroître leur compéti-tivité à l'échelle européenne et mondiale.

L'IGP les protégera des mauvaisesimitations mais elle les obligera à suivreun cahier des charges très strict. La pro-duction du plus célèbre des saucissonsroumains ne pourra ainsi se faire quedans sept départements allant du centrede la Roumanie à la frontière bulgare.Elle devra aussi respecter scrupuleuse-ment la recette et les techniques d'origine.

Savant mélange de viande de porc,de lard et d'épices murissant pendant plu-sieurs mois dans du vin, le salami deSibiu fut inventé à la fin du XIXe sièclepar un immigré italien installé enTransylvanie. A l'origine, il s'appelait"salami d'hiver". Maçon de professionmais passionné de charcuterie, FilippoDozzi en fit un produit de luxe qu'il com-mença à produire à grande échelle en1910 à Sinaia, dans le département dePrahova. Il légua à son fils une affaireflorissante que le régime communistenationalisa en 1948.

Cinq ans après le “magiun de prunede Topoloveni”, une confiture de prunesproduite dans une petite ville d'Arges, lesalami de Sibiu devient la deuxième spé-cialité roumaine à obtenir une IGP. LaRoumanie reste toutefois le pays le moinsreprésenté sur la liste des produits euro-péens bénéficiant de ce label. Avec seule-ment deux spécialités protégées sur 1404,elle se situe loin du trio de tête formé parl'Italie (296 produits), la France (243) etl'Espagne (205) mais aussi derrière lesautres pays balkaniques membres de

l'UE, à savoir la Grèce (106), la Slovénie(8), la Croatie (6) et la Bulgarie (3). Untriste héritage du régime communiste quiavait détruit savoir-faire et innovation.

Possible visite du pape

Le nonce apostolique en Roumanie,Mgr Miguel Maury Buendia, a indiquéque le pape François se déclarait ouvert àune visite en Roumanie. Le présidentKlaus Iohannis lui avait adressé une invi-tation, l'an dernier. Si ce projet sesconcrétise, il s'agirait de la deuxièmevenue d'un pape dans le pays, après cellede Jean-Paul II, en 1999.

Sept euros pour visiter la résidence des Ceausescu

Le monde entier avait fugacementaperçu l'intérieur de la résidence privéedes Ceausescu, en 1989, après leur arres-tation. De l'or! Du marbre! Des dizainesde fauteuils Louis XVI! Des paons dansla cour intérieure! Puis les portes se sontrefermées pendant 25 ans, laissant laplace aux fantasmes. "Dans un souci detransparence", le gouvernement roumainvient de rouvrir ce Palais du printemps,symbole d'un passé totalitaire encore lar-gement enfoui dans la mémoire du pays.Pour 30 lei (7 e), à la seule condition deporter des surchaussures pour ne pas abî-mer les longs tapis persans, les touristespeuvent effectuer un tour guidé de cettevilla aménagée en 1965 et occupée par lecouple jusqu'à son exécution. Si les palaisde Ceausescu attirent les touristes, cer-tains plaident cependant pour l'ouvertured'un véritable lieu de mémoire.

un monument qui pose problème

Plaintes à la cour de Strasbourg: la Moldavie sur le podium

La Cour Européenne des Droits del'Homme a enregistré 1011 plaintes cont-re la Moldavie en 2015 (-8,5 % par rap-port à 2014), ce qui situe ce pays à la3ème place du nombre de dossiers dépo-sés pour les 47 états membres du Conseilde l'Europe, derrière la Russie (1ère) et laTurquie. Depuis 1998, les citoyens mol-daves ont saisi la cour de Strasbourg à11 814 reprises, 1223 cas attendent enco-re d'être examinés. L'état moldave a étécondamné à 19 reprises (maltraitance dedétenus, violences des forces de l'ordre,procès interminables…) pour un montanttotal de 15 millions d'euros.

En 2015, Strasbourg a enregistré ledépôt de 40 650 plaintes, soit une baisse

de 2,7 %, due surtout au fait que les avo-cats se montrent plus réticents à saisir laCEDO depuis qu'à partir de 2011,350 000 demandes ont été déclarées nonrecevables.

"J'suis pas un imbécile moi,

j'suis douanier"

Cinq douaniers du poste frontièreStoianovca ont été condamnés par la jus-tice moldave pour avoir présenté de fauxdocuments afin de se faire embaucher parla police des Frontières. Ils devaientprouver qu'ils avaient accompli des étu-des secondaires jusqu'à leur terme. Lesattestations, visées par un notaire, leuravaient coûté 300 e. Les cinq fonction-naires ont été suspendus. Précédem-ment,plusieurs autres de leurs collèguesavaient été démasqués. Ils ont été licen-

ciés, interdits d'exercer dans la fonctionpublique et condamnés à 300 e d'amen-de. Voilà ce qu'il en coûte de prendre pourargent comptant le sketch de FernandRaynaud: "J'suis pas un imbécile moi,j'suis douanier".

Circulation sans visas

Plus de 500 000 Moldaves ont profi-té de l'accès libre de leur pays à l'EspaceSchengen pour voyager en Europe sansavoir besoin de visas, depuis que cettemesure est entrée en vigueur, voici deuxans. Le taux de refus d'entrée de citoyensmoldaves aux frontières des pays memb-res ou pour avoir séjourné au-delà de ladurée légale de 3 mois autorisée a été de0,25 à 0,40 %.

La Géorgie devrait bénéficier dumême système sans visas dès cet été.

Donbass : des mercenaires se battent avec les pro-russes

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Moldavie

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Transports

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Actualité

Alex, 45 ans, travaillait depuis quinze ans dans ungrand hôtel de Moscou. Les 240 e qu'il recevait àChisinau, comme technicien dans une boulangerie

industrielle, étaient insuffisants pour nourrir sa famille.Conseillé par des amis qui avaient tenté l'aventure, il a réussià se faire embaucher dans la capitale russe, en compagnie desa femme. Voici encore un an, le couple gagnait aux environsde 2000-2200 e par mois. Comme beaucoup de compatriotes,il a décidé de revenir temporairement en Moldavie, le tempsd'obtenir un passeport roumain lui ouvrant les portes del'Europe. "Il n'est pas question pour nous de s'éterniser ici. Lepays est trop mal gouverné et sur notre dos".

Dès qu'elle a eu terminé le lycée, à Glodeni, Natalia adécidé de venir chercher du travail à Moscou. Elle avait18 ans, elle en a 24. Comme 80 % de ses amis moldaves, elleretourne au pays. "Ne restent que ceux qui ont une affaire ici,si elle tient encore debout, ou qui ont un conjoint russe" cons-tate-t-elle. Déjà, comme les autres, elle pense à faire sa placedans l'UE, attendant de régler ses problèmes de papiers.

Mihai, un retraité encore plein de vitalité, croit, lui enco-re, au rêve russe. Il a pris l'avion pour Moscou et espère pou-voir y travailler tant qu'il aura des forces. "Je suis seul, mafemme est morte voici dix ans, mes enfants sont tous partis enItalie, je tourne en rond chez moi et je meurs de faim". Il n'aobtenu qu'un visa de 90 jours, mais cela ne l'inquiète pas. Ilcompte sur l'aide d'un ami, qui a besoin d'un coup de mainpour faire marcher sa petite entreprise, et parle un peu russe.

La télévision russe présente une image bien particulière deson ancien petit satellite. Il s'attarde dans ses reportages sur unpays en pleine crise, la population protestant contre l'intentiondu gouvernement de Chisinau de rejoindre l'UE, alors qu'elleveut rester dans le giron de l'ex-URSS, et jette en prison sesopposants. Moscou a annoncé que devant l'afflux des deman-des de visas des Moldaves, elle a limité leur nombre à 214 000pour 2016, en baisse de 22 %. Les statistiques indiquent que300 000 Moldaves y travaillaient en décembre 2015, alorsqu'ils étaient au moins trois fois plus nombreux auparavant.

Lia Ciutac

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Inquiets, les travailleurs moldaves quittent la Russie

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Actualité

En Moldavie, de jeunesrappeurs engagés contre

la corruption et la misère

Au quotidien, Mani (photo) est un jeune diplômé de gestion, producteur detélévision. Mais dans sa "deuxième vie", ce rappeur se déguise en mafiosopour dénoncer dans ses textes l'état de désolation de son pays, la Moldavie,

étouffée par la pauvreté et l'instabilité politique. Dans le pays considéré comme le pluspauvre d'Europe, secoué ces derniers mois par une série de manifestations contre le pou-voir, des musiciens engagés comme Mani expriment leur révolte dans leurs chansons,face à une classe politique accusée de se soucier uniquement de ses propres intérêts.

"Je préfèrerais ne pas faire autant de chansons sociales mais je pense qu'un artistedoit réagir face à ce qui se passe dans son pays", dit Mani, 27 ans, qui gravite dans lascène prolifique du rap moldave depuis déjà 10 ans. L'état de cette ancienne républiquesoviétique s'est encore dégradé il y a un an après la révélation qu'un milliard de dollars,soit 15% du PIB local, avait mystérieu-sement disparu du système bancaire.

La goutte de trop pour de nomb-reux Moldaves, descendus par milliersdans les rues pour crier leur colère, lesderniers rassemblements remontant àmi-février. Trois gouvernements se sontsuccédé en un an, sans donner suite àleur demande d'élections anticipées.

“J'ai un milliard'”

Le scandale du milliard "disparu"figure en bonne place dans les chansonsdes rappeurs. "Si j'en prenais pas, mesamis prenaient/ Une idée que j'ai euaprès tout ce temps/ Pourquoi ne pasvoler un poids-lourd d'argent?!/ Desproches j'ai impliqué/ Ils m'ont écouté, m'ont aidé/ Ont caché ma culpabilité/ Ce n'estpas facile de voler un milliard/ Non... Mais c'est intéressant", rappe Mani dans une deses dernières chansons "J'ai un milliard". "On a découvert le vol de ce milliard-ci. Maissavons-nous combien de milliards ont été volés depuis 1991?", s'interroge Kapushon, unautre rappeur à succès rencontré par l'AFP. "Savons-nous s'il est le dernier (milliardvolé), ou pas déjà l'avant dernier?", s'inquiète ce jeune diplômé en informatique auxyeux bleus, bonnet noir vissé de travers sur ses cheveux blonds.

Chassés par la pauvreté, plus de 600 000 des 3,5 millions Moldaves vivent à l'étran-ger, un phénomène qui n'a pas épargné les musiciens. "Mon père est parti il y a douzeans, ma mère il y a neuf ans. Ils étaient professeurs, mon père était même directeur d'é-cole. C'est la tragédie de notre famille et la tragédie de tout le pays", résume Mani.

En 2012, le musicien et acteur Guz a connu le succès avec son titre "Je fais bougerla Moldavie" où il encourage chacun à faire des efforts pour changer la société. "La poli-tique n'a aucun pouvoir sans les gens. L'important est d'être fidèle à ses principes, derester fier", dit-il. "Ainsi, aucun mal ne nous vaincra", espère-t-il.

Alors qu'ils manifestaient séparément depuis un an, des dizaines de milliers de pro-testataires d'origine et d'orientations politiques diverses ont protesté pour la premièrefois côte à côte en janvier. Entre les slogans réclamant un nettoyage de la classe poli-tique, résonnaient souvent les refrains des trois rappeurs. "Ils aident les jeunes à voir etcomprendre ce qui se passe dans le pays", estime Victoria Morozinschi, une étudianteen économie rencontrée dans le centre de la Capitale moldave. "Ils sont très courageux".

La Moldavie a un revenu brut estimé à 2500 dollars par tête en 2014, soit 17 foismoins qu'en France.

Traian Basescu et sa femme,Maria, ont déposé une demandepour devenir aussi citoyens molda-ves. L'ancien président roumain quis'est toujours montré un fervent sup-porter du petit pays frère, notammentdans ses négociations avecBruxelles, avait déjà annoncé sonintention voici plusieurs mois. Il avaitaussi pris des mesures lors de sesdeux mandats, permettant à des cen-taines de milliers de Moldaves d'ac-quérir la double citoyenneté et doncd'étudier plus facilement, en obtenantdes bourses, ou travailler enRoumanie et dans l'UE.

La procédure de naturalisationpourrait prendre un an, mais un porteparole de la présidence moldave aindiqué que ce délai devrait êtreréduit. Certains commentateursvoient dans la démarche de TraianBasescu, sa détermination à retro-uver un rôle de premier plan dans lavie publique, notamment à l'occasiondes municipales de juin, où il pourraitse porter à nouveau candidat à lamairie de Bucarest (il en a été déjàle maire à deux reprises), ou auxlégislatives suivantes… et compterainsi sur le vote des 500 000Moldaves ayant aussi la nationalitéroumaine. D'autres pensent qu'il son-gerait à devenir président de laMoldavie. Pour l'instant, ce n'est paspossible, la constitution moldave exi-geant la présence effective d'un can-didat sur le territoire national pendantau moins dix ans.

Traian Basescu et safemme demandent lanationalité moldave

Moldavie

Rien ne va plus en Transnistrie,cette région séparatiste del'est de la Moldavie, dure-

ment touchée par la crise économique, etmaintenant par la dépréciation du rouble,la monnaie locale. Les autorités deTiraspol essayent de stopper la dévalua-tion, dont les conséquences pour la popu-lation sont désastreuses.

Ces quatre dernières années, lesautorités de Transnistrie se sont efforcéesde maintenir artificiellement le niveau dela monnaie locale, le rouble transnistrien,à 11,1 pour un dollar.

Et ce, malgré la dépréciation généra-le des devises des pays voisins comme leleu moldave ou la hryvnia ukrainienne.

Mais depuis quelques mois, Tiraspolest dépassée par la situation.

En six mois, les réserves en devi-ses de la Banque centrale de Tiraspol sesont réduites du tiers, passant de 34,3 à12,3 millions de dollars. Les autoritésévoquent la possibilité de renoncer àleur politique de soutien du rouble.Evgueni Chevtchouk, le président de laRépublique autoproclamée déclarait

ainsi au quotidien Novosti Pridnestrovia:"Nous ne devons pas nous mentir à nous-même, c'est une illusion de croire quenous sommes en état de compenser leseffets de l'inflation".

En effet, une dévalorisation brusqueou même progressive du rouble aurait deseffets sur l'inflation et sur le niveau de viedes habitants, déjà mis à mal par la criseéconomique. Selon Europa Libera, ledollar est introuvable dans les bureaux dechange de la région, tandis qu'au marchénoir, la monnaie américaine ne se vendpas à moins de 16 roubles. CertainsMoldaves de Transnistrie vont d'ores etdéjà en Ukraine ou bien à l'ouest duDniestr, dans les régions de Moldavie

contrôlées par le gouvernement deChisinau, pour faire leurs courses, car lesprix y sont moins élevés.

Ne pas en parler pourne pas provoquer de panique

La Banque centrale de Transnistrie arécemment annoncé qu'elle ne vendraitplus qu'une fois par semaine au lieu d'unefois par jour des devises étrangères auxagents économiques qui en ont besoin.Cela affectera directement les entreprisesqui sont importatrices de produits étran-gers et les usines qui ont besoin de matiè-res premières obtenues à l'étranger.

La Banque a précisé que "parler dece sujet dans les médias pourrait aggra-ver la déstabilisation et provoquer unétat de panique dans la société, compli-quant la sortie de crise". Selon les auto-rités, le manque de devises enTransnistrie seraient une conséquence dela rétraction des échanges et de la réces-sion écnomique qui frappe la région.

Julia Beurq (Le Courrier des Balkans)

Il faut aller jusqu'en Ukraine pour se procurer des devises

Moldavie

Depuis qu'elle s'enfonce dans la crise, la Russie est devenue nettement moins attractive pour les Moldaves. La dévalua-tion de 40 % du rouble face à l'euro et au dollar, a convaincu nombre d'émigrés de rentrer au pays ou de chercher une autredestination.

Le dollar devient rare en Transnistrie

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Actualité

Fondée en 1999, Ecovisio organise des actions de sen-sibilisation sur l'environnement et l'énergie verte dans lesécoles, et soutient des projets d'entrepreneuriat social.L'association gère aussi des éco-villages comme celui deRîscova, et a récemment lancé avec succès une campagnede crowdfunding** pour développer son activité.L'association prévoit par exemple de créer des partenariatsavec des structures similaires dans la Roumanie voisine.

Dépasser le cercle de la mouvance écologiste

Le contexte moldave a toutefois ses particularités, qui nesont pas sans conséquences sur la réussite de ces initiatives.Puisque la majorité de la population vit en milieu rural, plusque d'un retour à la terre, il s'agit plutôt de redynamiser unréseau social en voie d'affaiblissement. C'est ce que montreavec succès l'expérience de l'éco-village Rîscova, qui séduitdes personnes étrangères à la mouvance écologiste grâce aumode de développement alternatif qu'il propose. Mais entre lacourse folle à la croissance et les lourdeurs structurelles, y a t-il une place pour une "troisième voie" de développement enMoldavie ?

Francesco Brusa, (Osservatorio Balcani e Caucaso)

Traduit par Béranger Dominici (Le Courrier des Balkans)

* Le cohabitat ou habitat participatif (co-housing enanglais) est une forme de communauté intentionnelle quiréunit quelques familles, ménages, habitants ou groupes d'ha-bitants ayant décidé de mutualiser leurs ressources pourconcevoir, réaliser et financer ensemble leur logement, au seind'un bâtiment ou d'un ensemble de bâtiment géré collective-

ment par une société dont ils sont fondateurs ou sociétaires. Ilsdécident alors aussi de vivre selon des principes communsdont ils ont ensemble décidé des modalités, souvent autour devaleurs éthiques, sociales et environnementales communes.

** Le financement participatif (en anglais crowdfundingou sociofinancement au Québec) est une expression décrivanttous les outils et méthodes de transactions financières qui fontappel à un grand nombre de personnes afin de financer un pro-jet. Ce mode de financement se fait sans l'aide des acteurs tra-ditionnels du financement, il est dit désintermédié.L'émergence des plateformes de financement participatif a étépermise grâce à internet et aux réseaux sociaux, complétant ouremplaçant la traditionnelle souscription. Cette tendance s'ins-crit dans un mouvement plus global: celui de la consommationcollaborative et du crowdsourcing.

Le financement participatif comprend différents secteurstels que le don (donation crowdfunding", la récompense (oudon avec contrepartie), le prêt (aussi appelé "credit crowdfun-ding", "crowdlending", "peer-to-peer lending" ou "prêt parti-cipatif"), l'investissement en capital ("equity crowdfunding").

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Permaculture, co-housing, agriculture non-mécanisée... Les "éco-villages"

fleurissent en Moldavie. Enquête sur un phénomène qui participe au renouveaudu mouvement écologiste dans le pays.

Original ou illuminé, Vladimir Mégré a au moins le mérite d'avoir profondé-ment façonné l'espace post-soviétique par ses écrits. Cet entrepreneur d'o-rigine ukrainienne, né en 1950, est devenu, à l'aube des années 2000 et

grâce à la publication des premiers volumes de sa méthode Les cèdres qui tintent deRussie, le porte-parole d'un retour à la terre, certes non exempt d'un certain mysticis-me, mais qui a le mérite d'avoir donné une nouvelle jeunesse au mouvement écologis-te dans la région.

Ainsi, alors qu'on ne comptait aucun "éco-village" sur le territoire russe à l'époquede la parution du premier volume de la série en 1996, il y en a aujourd'hui plus de 150,dans 48 des 85 entités de la Fédération de Russie. La tendance est semble t-il encoura-gée par le gouvernement russe qui, en vertu d'une loi récemment adoptée, peut accor-der à titre gracieux un hectare de terres aux familles souhaitant assurer leur subsistan-ce par ce biais. Il existe d'ailleurs une loi similaire en Ukraine, et l'idée est égalementen débat en Biélorussie, et dans d'autres pays de l'ex-URSS.

Période d'essai pour se faire au "communautarisme familial"

L'idée de l'éco-village à la mode de Mégré fait son chemin et a même atteint laMoldavie. Elle est par exemple mise en œuvre dans le petit village de Sciastlivoe, à unesoixantaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale, Chisinau. De loin, les petitesmaisons de bois, chacune entourée d'un hectare de terres, ressemblent à s’y méprendreà des petites îles. Sur chaque île, vit une famille, unité de base de l'organisation com-munautaire. Toutes les familles ne sont toutefois pas investies au même niveau : certai-nes vivent au village en permanence et depuis des années; d'autres n'y sont présentesque de temps en temps.

Intégrer la communauté n'est pas chose facile. Il faut adhérer à ses principes fon-damentaux et le prouver, à l'occasion d'une sorte de "période d'essai". L'homogénéitédu groupe est essentielle, mais elle a pour conséquence un certain isolement de la com-munauté. Car, si à ses débuts, le projet d'éco-village de Sciastlivoe prévoyait descontacts réguliers avec les villages des alentours pour se faire connaître et partager sesprincipes, un vague sentiment d'incompréhension a finalement conduit à l'abandon decette ambition conquérante.

S'insérer dans le tissu urbain, et non s'en affranchir totalement

Sciastlivoe n'est pas la seule initiative de ce type en Moldavie. Également situé nonloin de Chisinau, le village de Rîscova accueille lui aussi un éco-village, fondé par deuxfamille, où l'on pratique le co-housing, la permaculture, et l'agriculture non-mécanisée.Afin de se perfectionner dans les techniques d'éco-construction, un couple établi dansce village a voyagé en Europe de l'Ouest et aux États-Unis. Fort de sa nouvelle exper-tise, il est revenu avec la conviction qu'un tel projet, pour être durable, devait, dans unecertaine mesure, s'insérer dans le tissu urbain, et non s'en affranchir totalement.

L'expérience de Rîscova a en effet ceci d'intéressant qu'elle donne à voir la relationparticulière établie avec la population et l'administration locales. En plus d'être un lieude vie, l'éco-village est un facteur de cohésion, et un point de rencontre. Les lieux abri-tent un éco-club qui organise des ateliers et des débats, où l'on partage nouvelles idéeset vieilles pratiques du retour à la terre.

Le discours écologiste ne séduit pas que quelques marginaux; il est entendu jus-qu'au cœur de Chisinau grâce au militantisme de quelques associations, dont la trèsactive Ecovisio.

"troisième voie" de développement ?Y a t-il une place pour une

Le député socialiste Jean-YvesLeconte, chargé des Français établishors de France a saisi le ministredes affaires étrangères sur la néces-sité de trouver des solutions urgen-tes pour répondre aux difficultés queposera la fermeture envisagée duconsulat de France à Chisinau(Moldavie).

Il souligne que si la populationfrançaise n'est pas très nombreusesur place, il importe néanmoins deprendre certaines dispositions pourrépondre aux difficultés suivantes: laproximité entre la Roumanie et laMoldavie n'est qu'apparente, la fron-tière entre ces deux États constituantune frontière extérieure de l'UE, diffi-cile à franchir - plus de quatre heu-res d'attente dans des conditions pastoujours confortables. Dans cesconditions, il lui demande commentun jeune Français né en Moldavie -et donc sans papier d'identitépuisque délivré à Bucarest - pourra-t-il sortir du pays ? Comment unFrançais perdant son passeport enMoldavie pourra-t-il rejoindre unconsulat ou une ambassade deFrance d'un État voisin? Quelle pro-cédure suivre pour l'établissement etl'acheminement d'un passeport d'ur-gence à ce compatriote ?

De même, il souhaite savoir si unbureau de vote à Chisinau sera pré-servé pour les élections présidentiel-les et législatives et comment s'effec-tuera la gestion d'une liste électoraleunique à cheval sur deux circonscrip-tions législatives différentes.

Fermeture envisagéedu consulat deFrance à Chisinau

Les "éco-villages"

Mortalité infantile

La Moldavie se situe au 5ème rangdans une étude menée par l'OMS dans47 pays, portant sur les risques de morta-lité infantile, ceux-ci se montant à40 pour cent mille dans le pays. En 2015,31 décès pour cent mille nouveaux nésont été enregistrés. Cette mortalité élevéeest due aux affections transmissibles, auxconditions sociaux-économiques, à l'ac-cès difficile aux soins de qualité et auxservices du planning familial, au faibleniveau d'éducation.

Présidentielles le 30 octobre

Les premières élections présidentiel-les moldaves au suffrage universel sedérouleront le 30 octobre prochain, lacampagne électorale s'ouvrant trois mois

auparavant, le 30 juillet. Le 4 mars, laCour constitutionnel avait validé le projetprévoyant ce mode de scrutin direct.Jusqu'ici le chef de l'Etat était élu par lesdeux chambres parlementaires, ce quiamenait de nombreux blocages et laissaitle pays ingouvernable pendant des mois.Le mandat de l'actuel président NicolaeTimofti, s'est terminé le 23 mars dernier,mais il a été prolongé jusqu'à l'élection etla prise de fonctions de son successeur.

Dissuasion américaine contre la Russie

Une brigade (environ 4 500 hommes)issue d'une division blindée de l'arméeaméricaine sera présente en permanenceen Europe de l'Est à partir de février2017, a annoncé le Pentagone. Ces effec-tifs, renouvelés tous les neuf mois, procé-

deront à des manœuvres dans les paysbaltes, en Pologne, en Roumanie, enBulgarie et en Hongrie. L'initiative, prisedans le cadre des réactions à l'annexionrusse de la Crimée en mars 2014, va por-ter à trois brigades la présence américai-ne en Europe.

Visa toujours obligatoire pour les USA

Les citoyens de cinq pays de l'UE(Roumanie, Bulgarie, Croatie, Pologne,Chypre) sont toujours obligés de sollici-ter un visa pour se rendre aux USA, mal-gré les demandes répétées de Bruxellesde supprimer cette discrimination et sesmenaces (en l'air) de prendre des mesuresde rétorsion vis-à-vis des ressortissantsaméricains poant le pied sur le continenteuropéen.

A savoir

Moldavie

fleurissent en Moldavie

Des groupes d’habitants décident de vivre selon des principes communs, dont ils ont ensemble décidé des modalités.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Arrivé du Yemen il y a vingt ans, Abdulrahman Abdulrab Mohamed (photo) aété plébiscité par les internautes hongrois dans un pays où le gouvernement ne cessede montrer son hostilité aux migrants, comme le constate Florence La Bruyère dansLibération.

Depuis le début de la crise migratoire, le gouvernement nationaliste de ViktorOrban se distingue par son hostilité décomplexée vis-à-vis des migrants. "Ilsne frappent pas à notre porte, ils l'enfoncent sur nous (…); la Hongrie et toute

l'Europe sont en danger", déclarait le Premier ministre devant le Parlement hongrois le 21septembre 2015. Son gouvernement a lancé une campagne d'affiches ciblant les arrivants- "Si vous venez en Hongrie, vous ne pouvez pas prendre le travail des Hongrois!" -, orga-nisé une consultation populaire liant immigration et terrorisme, puis fait voter une loi cri-minalisant les illégaux. Et pourtant le médecin de l'année, choisi par les Hongrois… estun immigré! Originaire du Yémen, le docteur Abdulrahman Abdulrab Mohamed, pédiat-

re de 46 ans installé en Hongrie depuis 20 ans, aété sacré "meilleur médecin de l'année", auterme d'un vote sur Internet auquel ont participédouze mille patients et une centaine de candi-dats. Fondé par la filiale magyare du groupepharmaceutique japonais Astellas Pharma, ceprix est décerné chaque année à un praticienpour sa compétence et ses qualités humaines. Ilest organisé en coopération avec l'Ordre desmédecins et de l'association des hôpitaux hon-grois, qui espèrent ainsi freiner l'exode préoccu-pant des bons médecins et les encourager à res-ter au pays. La nouvelle faisait la une le lende-main des sites et journaux télévisés hongrois.

"Tonton Abdul" spécialiste des prématurés

Petit homme rond et affable, Abdulrahman Abdulrab Mohamed - un nom pas vrai-ment magyar - est l'exemple même d'une intégration réussie. A Gyula, ville de 300 00habitants au sud-est du pays, à la frontière même avec la Roumanie (judet d'Arad), où ildirige le service de néo-natalogie de l'hôpital Kalman Pandy, parents et enfants le surnom-ment "Tonton Abdul". Ce spécialiste des prématurés, qui soigne aussi nourrissons etenfants, "est plein d'empathie, c'est un homme exceptionnel" raconte Adrienn MészarosnéSutyinszki, 31 ans, mère de Léo, 5 ans et de Patrick, 5 mois. "Il parle d'abord à l'enfant,s'agenouille pour le regarder dans les yeux, et lui donne son stéthoscope pour que le petitl'essaie. Abdul l'apprivoise et lui explique comment il va le soigner."

Né dans une famille d'agriculteurs, à 230 km de la capitale Saana, Abdulrahman A.Mohamed a douze ans lorsqu'il voit sa petite sœur de 2 ans mourir après avoir avalé unepièce de monnaie. C'est décidé, il sera pédiatre. Mais les études coûtent trop cher auYémen. Grâce à l'un de ses professeurs, le jeune homme décroche une bourse co-financéepar les gouvernements hongrois et yéménite pour étudier à l'université de médecine deSzeged (sud de la Hongrie). Il commence à exercer en 1998, lorsque le pays autorise lesmédecins étrangers à s'installer.

"Je me sens comme un poisson dans l'eau à Gyula"

On lui a proposé des postes mieux rémunérés, notamment en Angleterre, mais il n'enveut pas, a-t-il confié à Libération. "Je me sens comme un poisson dans l'eau à Gyula.C'est une ville tolérante, où Roumains, Allemands et Hongrois vivent en paix." Parlantparfaitement le hongrois, le médecin a fondé une famille et a obtenu la nationalité en 2007.

campagne d'affiches ciblant les arrivantsLe gouvernement a pourtant lancé une

Rapport de pays: la Roumanie se faitencore taper sur les doigts

Voisins

"Il est venu légalement, il a obtenu son diplôme ici. Des immigrants comme lui, il y en a toujours eu", observe Adrienn quihabite à 5 km de la frontière roumaine et n'est pas pour autant plus accueillante avec les migrants actuels: "Il y a tellement demigrants illégaux qui tentent de rejoindre l'Europe, certains ont des faux papiers, ou ont plusieurs passeports par personne.Comment faire confiance à ces gens qui masquent leur identité?". Florence La Bruyère (Libération)

de l'année est un immigré En Hongrie, le médecin

Le rapport de pays pour 2015établi par la Commission européen-ne n'est pas tendre pourla Roumanie, malgré lesprogrès enregistrés. Lesétudes pour la réalisationdes infrastructures néces-saires manquent desérieux et sont de qualitémédiocre, ne respectentpas les critères euro-péens, bien que finan-cées par l'UE.

La réalisation des tra-vaux laisse fortement àdésirer. L'absence de pla-nification est la règle, lesprojets sont bouclés à la va-vite.C'est encore plus vrai pour le sec-teur du transport, un domaine où laRoumanie est particulièrement à latraine. Les combines politiques, lacorruption sont fortement pointéesdu doigt. Les projets, les échéancesde réalisation ne sont pas clairs.Les fonds versés par l'Europe nesont utilisés qu'aux deux tiers… etencore sous la menace qu'ils soientretirés. La prise de décision estfragmentée entre le gouvernement,les différents ministères et les enti-tés locales ou régionales, au grédes intérêts de chacun et deséchéances électorales à venir.

Un exemple: 3500 projets ontété déposés dans le cadre du pro-gramme d'aide européen portantsur la période 2016-2020 pour unmontant de près de 4 milliards d'eu-ros, mais, dans la majorité des cas,leur financement intégral n'a pasété budgété à moyen terme.

Moi, j'aime pas les étrangers! Non!Parce qu'ils viennent manger le pain des Français!Oui ! J'aime pas les étrangers!C'est vrai, c'est comme ça, c'est phy-

sique! Et pourtant, c'est curieux, parceque, comme profession, je suis douanier!Alors, on devrait être aimable et gentilavec les étrangers qui arrivent!

Mais moi, j'aime pas les étrangers!Ils viennent manger le pain des

Français!Et j'suis pas un imbécile! Puisque je

suis douanier!Je peux écrire ce que je veux sur des

papiers, j'aurai jamais tort! J'ai le bou-clier de la Loi! Parce que je suis doua-nier! Je peux porter plainte contre n'importe qui, je suis sûr degagner en justice! J'suis pas un imbécile ! Je suis Français !Oui! Et je suis fier d'être Français!

Mon nom, c'est Koulakerstersky du côté de ma mère etPiazanobenditti, du côté d'un copain à mon père !

Dans le village où j'habite, on a un étranger. On l'appellepas par son nom! On dit: "Tiens v'là l'étranger qui arrive! "Sa femme: "Tiens! v'là l'étrangère!" Souvent, j'lui dis: "Fousle camp! Pourquoi qu'tu viens manger le pain des Français ?"Un étranger!...

Une fois, au café, il m'a pris à part. J'ai pas voulu trinqueravec lui, un étranger, dites donc! Je vais pas me mélanger avec

n'importe qui! Parce que moi, j'suis pasun imbécile: je suis douanier! Il m'a dit:"Et pourtant, je suis un être humain,comme tous les autres êtres humains,et..." Évidemment! Qu'est ce qu'il estbête, alors, celui ci!

" J'ai un corps, une âme, commetout le monde... " Évidemment!Comment se fait il qu'il puisse dire desbêtises pareilles! Enfin, du haut de magrandeur, je l'ai quand même écouté,cette espèce d'idiot!

"J'ai un corps, une âme... Est ce quevous connaissez une race où une mère

aime davantage, ou moins bien, son enfant, qu'une autre race?Nous sommes tous égaux".

Et là, j'ai rien compris à ce qu'il a voulu dire... Et pourtantj'suis pas un imbécile, puisque je suis douanier! "Fous lecamp! Tu viens manger le pain des Français!".

Alors, un jour, il nous a dit: "J'en ai ras le bol! Vous, vosFrançais, votre pain et pas votre pain... Je m'en vais!" Alors,il est parti, avec sa femme et ses enfants. Il est monté dans unbateau, il est allé loin au delà des mers. Et, depuis ce jour là,on ne mange plus de pain... C'était le boulanger!

Fernand Raynaud et le boulanger

"Fous le camp! Tu viens manger le pain des Français"

Les Roumains optent pour le Royaume-Uni

Un rapport de l'Observatoire britan-nique pour les migrations montre que lenombre d'immigrants en provenance deRoumanie et de Pologne a fortement aug-menté ces cinq dernières années. Sur les700 000 citoyens européens s'étant instal-lé au Royaume-Uni depuis 2011, 49%proviendraient de ces deux pays. Contre24% qui viendraient d'Espagne, d'Italieou encore du Portugal. Si en 2011 leRoyaume-Uni comptait 80 000 Rou-mains, ce chiffre dépasse aujourd'hui les220 000. On sait que la question est plusque sensible chez les Anglais, notamment

sur le dossier des aides sociales auximmigrés et alors que se profile le réfé-rendum sur l'avenir européen duRoyaume-Uni au mois de juin.

Plus au sud et dans le même temps,le marché du travail suisse va s'ouvrirdavantage aux Roumains et aux Bulgaresà compter du 1er juin prochain avec lalevée des restrictions concernant leurinstallation dans ce pays.

Jusqu'à présent, cela n'était possibleque de manière transitoire. Cette décisionsera réévaluée les 1er juin 2017 et 2018.L'année dernière, ce sont 1542 tra-vailleurs bulgares et roumains qui ont étéadmis en Suisse pour un séjour de longuedurée, soit une baisse de 22% par rapport

à 2014, le quota n'étant même pas atteint.

La Roumanie répond présente en Grèce

Fin avril, la Roumanie a envoyé 70policiers et experts, six véhicules spé-ciaux et deux embarcations de patrouilleen Grèce, dans le cadre des "efforts euro-péens pour gérer la crise migratoire".

Il s'agit de la contribution ''la plusconséquente après celles de la France etde l'Allemagne". La Roumanie participaitdéjà avec 72 policiers, dix véhicules, uneembarcation et un hélicoptère aux mis-sions de l'agence de surveillance desfrontières Frontex.

A savoir

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Pierre Tchernia et Fernand Raynaud

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Actualité

Pour échapper aux foudres de la Justice, la fibre sen-timentale peut fonctionner, comme dans le cas dudéputé PSD Cristian Rizea, 46 ans, impliqué dans

des trafics d'influence et de blanchiment d'argent, qui a implo-ré ses collègues de ne pas priver le bébé qu'il a adopté voicideux ans de l'affection paternelle: "Comme vous le savez tous,le processus d'adoption de notre enfant ne sera terminé quedans six mois. Il ne saura qu'alors s'il aura enfin une véritablefamille". La larme au coin de l'œil, il a attendri les bancs desassemblées, ce qui lui a évité la perte de son mandat et la pri-son, la DNA devant se contenter de le placer sous contrôlejudiciaire. Après vérification, il s'est avéré que les formalitésd'adoption étaient terminées depuis 2014.

Elena Udrea, "la blonde du président Basescu", accuséede mélanger bakchichs, trafics d'influence, blanchiment d'ar-gent sale, fausses déclarations, s'est essayée avec succès à unautre registre: faire partager ses craintes. Sans pudeur, elle aréclamé l'aide de ses ennemis d'hier, le PSD, qu'elle avait misplus bas que terre: "Mes chers collègues, je suis convaincueque votre tour va venir bientôt. Nous devons tous faire preuvede solidarité". Et montrant l'exemple, elle a volé au secours deson pire adversaire d’hier, menacé à son tour, l'ancien Premierministre Victor Ponta qui avait pourtant tenté à plusieurs repri-ses de destituer son amant, et la présentait quasiment commeune prostituée. "La Justice en général, la DNA en particulieret ses procureurs, se mêlent de ce qui ne les regarde pas, lecombat politique, et sacrifient ainsi l'image de la Roumanie,en la déconsidérant".

"Mon père m'a trop bien élevé

pour que je sois un voleur"

Madalin Voicu, élu de la minorité tsigane, lui, à 63 ans,s'est référé à la mémoire de son père, l'illustre violoniste IonVoicu, pour jurer, la main sur le cœur, qu'il était impossible à

ses collègues de penser un seul instant qu'il soit un corrompu."Je n'ai jamais fraudé, je n'ai pas d'entreprises, pas de permisde conduire et je n'ai jamais rien caché, même sur Internet.Mes parents m'ont toujours bien élevé". Est-ce par respectpour la mémoire de son père?… ses collègues l'ont absous.Mais pas son complice en fraudes de tous genres, le députéNicolae Paun qui ne pouvait se réclamer d'aucun glorieuxancêtre, ni surtout de l'appui de la communauté tsigane, quicompte électoralement. L'assemblée l'a livré sans état d'âmeaux juges.

Varujan Vosganian, un sénateur du Parti libéral, d'originearménienne, écrivain à ses heures, immensément cultivé etassurément bon comédien - parlant fort bien le français - a eurecours à un autre stratagème.

Pour convaincre ses collègues de son innocence dans undossier où il était accusé d'avoir bradé, contre une forte rétri-bution, les intérêts de la Roumanie dans un dossier sur la four-niture de gaz dont il avait la charge, en tant que ministre, il asorti de sa poche et déposé devant lui une fiole remplie d'unliquide. Des trémolos dans la voix, il s'est exclamé: "Je juredevant ces huiles saintes et devant Dieu n'avoir jamais com-mis aucune fraude. Lui, d'En haut, il sait la vérité". Emue, l'as-semblée l'a absout.

"Une femme cocue ne ferait pas çà !"

La sénatrice Doina Tudor n'a pas eu cette chance.Accusée, entre autre, d'avoir transporté des valises d'argentsale pour le compte de son ex-mari, président de la commis-sion de surveillance des assurances, elle s'est défendue defaçon inédite: "Qui peut croire sérieusement qu'un mari qui afait cocu son ex femme va venir lui demander un tel service?Il sait très bien qu'elle peut se venger et tout aller raconter àla police!". L'argument n'a pas convaincu et les juges ont étéautorisés à procéder à son arrestation.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

L'institut de sondage IRES a demandé à un millier de Roumains de plus de 18 ansquel était à leur avis le plus grand intellectuel roumain, le plus intelligent… et s'ilss'estimaient eux-mêmes intelligents. Les réponses - avec une marge d'erreur de 3 % -sont surprenantes.

Même s'il a copié-collé sa thèse de doctorat, Victor Ponta est considéré par sescompatriotes comme le plus grand intellectuel du pays, devant l'ultra-natio-naliste Vadim Tudor, le président Klaus Iohannis, l'écrivain Andrei Plesu,

l'ancien président Basescu. Il distance très largement le poète national Eminescu, les écri-vains Gabriel Liiceanu, Horia-Roman Patapievici ou Mircea Cartarescu (qui postule au

prix Nobel de littérature) figurant en queue de classement. De quoi faire rager Ion Iliescu, qui n'est pratiquement pas

cité, et avait qualifié de "prostanac" ("petit couillon") ce jeu-not qui lui avait fait mordre la poussière lorsqu'il avait voulureprendre les rênes du PSD. Toutefois, ce sondage doit êtrepris avec précaution pour le sociologue Mircea Kivu qui esti-me que les Roumains ont confondu les notions d'intellectuelet de notoriété. Toutefois, les réponses sont autant étonnantesà la question "Quel est le Roumain, le plus intelligent ?".

Là, le crime de lèse-majesté à l'égard d'Eminescu estréparé, puisqu'il est classé en tête. Le poète est suivi logique-ment par Henri Coanda (franco-roumain - cocorico !- inven-

teur du moteur à réaction). La suite est plus "olé-olé". L'ancien tennisman et l'homme leplus riche du pays, Ion Tiriac - un véritable génie pour s'en mettre plein les poches - esttroisième, devant Corneliu Vadim Tudor, le sculpteur Constantin Brancusi, l'historienNicoale Iorga, Victor Ponta (décidément… on va finir par croire qu'il a écrit lui-même sathèse !), le roi Michel, l'inventeur Aurel Vlaicu (pionnier de l'aviation mondiale).

Suivent Nicolae Ceausescu et, encore loin derrière - il doit être vexé - Iliescu, en com-pagnie de l'indéboulonnable gouverneur de la banque centrale, Mugur Isarescu.

"Les Roumains sont le peuple le plus intelligent de la terre"

Les réponses aux dernières questions remettent totalement en cause l'idée toute fait queles Roumains sont fatalistes et ont une image dévalorisante d'eux-mêmes. 41 % de la popu-lation urbaine se considère intellectuelle, ce pourcentage étant d'un tiers à la campagne (ilest vrai qu'un petit verre de tsuica prédispose à la philosophie). Deux tiers des citadins s'es-timent intelligents, dont 8 % très intelligents. Si on dépasse le cadre personnel, trois quartsdes personnes interrogées déclarent que leurs compatriotes sont, dans une grande ou trèsgrande mesure, intelligents. Et deux tiers que les Roumains sont le peuple les plus intelli-gent de la terre. Au moins, peut-on affirmer qu'ils sont les plus patriotes. Les enquêteursont oublié de poser une question subsidiaire : est-ce que les Hongrois sont pris en compte?

Pour Mircea Kivu, il s'agit de questions idiotes: les peuples ne sont pas intelligents parnature, seuls les hommes, considérés individuellement, le sont.

Un sondage plus vrai que nature !

Environ 18 720 000 Roumainspourront voter le 5 juin prochain,lors des élections locales, afin d'éli-re 41 présidents de conseil dépar-temental, 3180 maires (dont 7 mai-res de secteur à Bucarest), et plusde 40 000 conseillers municipaux.Les maires seront élus à un seultour de scrutin, ce qui, théorique-ment, favorise les élus déjà enplace. Les principaux partis en licesont le PSD et le PNL, anciensalliés au sein de l'Union sociale-libérale, ainsi que l'UDMR, le partide la majorité hongroise qui obtienttraditionnellement des scores éle-vés dans les localités où résideune communauté magyare impor-tante. Parmi les nouvelles forma-tions en campagne, les plus visi-bles sont le Parti du mouvementpopulaire (PMP) de l'ancien prési-dent Traian Basescu, et M 10, leparti de Monica Macovei, ancienneministre de la Justice. Pour la mai-rie de Bucarest, à noter la présen-ce du parti Uniunea SalvatiBucurestiul (USB), dont le leaderNicusor Dan avait créé la surpriseen 2012, en obtenant près de 10 %des suffrages.

3180 maires à élire le 5 juin

Politique Toutes les ficelles sont bonnes pour échapper aux juges

"Victor Ponta est le plus grand

intellectuel du pays"

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" Allo, maman bobo ! Y’a la DNA qui veut ma peau"

Marius Oprea, l'ancien directeur de l'Institut d'enquêtes sur les crimes du com-munisme a réclamé que les pensions des anciens membres de la nomenkla-tura communistes soient réduites de 50 à 75 %, comme cela a été le cas pour

le tortionnaire Alexandru Visinescu. Il a fait cette déclaration à l'occasion du 26ème anni-versaire de la Proclamation de Timisoara qui exigeait l'établissement d'une vraie démocra-tie. Parmi les personnes concernées… un certain Ion Iliescu, 86 ans.

Sanction réclamée contre Iliescu

Deux mois avant les électionslocales, le PSD semble avoir uneadopté une tactique de la chaisevide dans certains judets, dontcelui de Dâmbovita (près deBucarest) visant à paralyser lesmaires des partis adverses. Ilsboycottent les votes d'adoption desbudgets pour leur en faire porter laresponsabilité devant la population.

Politique de la chaise vide

Politique

Lorsqu'ils sont mis en cause par la DNA pour des faits de corruption, les sénateurs et députés ne manquent pas d'ima-gination afin de conserver leur immunité parlementaire et échapper ainsi aux poursuites judiciaires… rappelant à leurscollègues qu'ils ont aussi de bonnes chances de se retrouver dans le même pétrin, s'ils ne lui viennent pas en aide.

Un ancien eurodéputé roumain, Adrian Severin, 61 ans, a été condamné à troisans et trois mois de prison ferme pour corruption, après avoir accepté d'in-fluencer des lois européennes contre rémunération. Il s'était fait piéger en

2010-2011 ainsi que deux autres élus européens par des journalistes du quotidien britan-nique Sunday Times se faisant passer pour des lobbyistes.

Selon le Parquet anticorruption (DNA), Adrian Severin avait accepté de présenterdes amendements ciblés favorables à un lobby, contre des rémunérations allant jusqu'à100 000 euros par an. Filmé en caméra cachée, il avait également accepté de recevoir4000 euros par jour pour son travail en faveur de ce lobby, ont précisé les procureurs.Il avait envoyé entre autres aux faux lobbyistes un courriel disant: "Juste pour fairesavoir que l'amendement que vous souhaitiez a été déposé à temps", ainsi qu'une factu-re de 12 000 euros pour "services de conseil".

Trois ans de prison pour l’ex-eurodéputé corrompu

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

les nostalgiques et atout touristique…

L'ex-roi Michel de Roumanie, âgé de 94ans, est gravement malade et a chargé safille aînée de le représenter dans la viepublique. "Ces dernières semaines j'ai étéinformé d'un diagnostic médical sérieux", aannoncé l'ex-roi dans un communiqué. "Jesuis sûr que ma fille Margareta aura lasagesse et la force de me représenter etde poursuivre toutes mes actionspubliques", a-t-il ajouté.

Selon la maison royale, l'ex-roi Michel,qui se trouve actuellement en Suisse, souf-fre d'un cancer à métastases et d'une leu-cémie chronique. Il a récemment subi uneintervention chirurgicale. L'ex-roi suit untraitement lourd "qui l'empêche de faire desapparitions en public", a précisé le Conseilroyal dans un communiqué, précisant queMichel a besoin "d'une période de récupé-ration".

Fin 2007, 60 ans après son abdicationsous la contrainte des communistes, l'ex-roi Michel avait officiellement désignéMargareta, âgée de 66 ans, comme "suc-cesseur", en cas de rétablissement de lamonarchie. Né le 25 octobre 1921 àSinaia, Michel a régné à deux reprises: entant que régent entre 1927 et 1930, puisentre 1940 et 1947, après l’abdication deson père, avant d'être contraint à l'abdica-tion par les communistes.

Budapest et Prague ont déjà leur maison de la Terreur

A écouter les interventions fusant depuis la partie"scène" et la partie "salle", un spectateur complètementignorant de l'histoire des pays de l'Europe Centrale et del'Est au siècle dernier aurait pu supposer que le communis-me est une particularité roumaine. A l'exception du repré-sentant de la Fondation Konrad Adenauer, co-organisatricede la rencontre, qui a tenté sans succès d'intégrer le projet rou-main du Musée du communisme dans une perspective régio-nale des pays de l'Est, ni intervenants, ni public ne se sont pen-chés sur ce type d'expériences des autres pays de la région,préférant se rapporter au Mémorial de la Shoah de Washingtonou au musée… de la NASA. Or, la Maison de la Terreur deBudapest et le Musée du communisme de Prague sont aumoins deux exemples qui pourraient servir d'appui à une véri-table réflexion sur l'endroit, la forme et surtout le contenu d'untel établissement qui lutte contre l'oubli. Il n'est jamais super-flu d'apprendre aussi bien des réussites que des échecs de ceuxs'étant trouvés dans une situation similaire par le passé, juste-ment pour ne pas répéter les faux pas et les pièges en toutgenre, inhérents pour un projet d'une telle importance.

Voilà pourquoi, dans la lumière des cas existants, lesconclusions des deux heures du débat auraient dû être, en fait,les prémices de ce dernier. Toutefois plusieurs idées sont àretenir et à développer par les spécialistes. Experts et publicont convenu que le meilleur endroit qui puisse accueillir lemusée reste le Palais du Parlement. L'établissement, étayé parun centre puissant de recherches, devrait présenter "une histoi-re équilibrée du communisme" suivant trois parcours - les

rouages et les agissements du système, la répression organiséepar le régime et le quotidien des Roumains.

Pour 34% des jeunes et 45 % des Roumainsle communisme a été une bonne chose

Ce musée, que tout le monde souhaite "vivant" et "produitde l'époque présente", servira, certes, d'appât touristique, maissurtout d'aide-mémoire, expliquant aux adultes nostalgiquespourquoi ce qu'ils perçoivent aujourd'hui comme des avan-tages du régime communiste n'étaient qu'un leurre bien mis enscène. Dans le même temps - et c'est là le travail le plus diffi-cile - il devra recomposer le grand puzzle de la vie communis-te devant les jeunes générations. Un phénomène qu'elles n'ontjamais connu mais qui les fait fantasmer. Selon un sondage de2013 (dernier en date sur ce sujet), un peu plus de 34% desjeunes âgés de 18 à 34 ans estimaient que le communisme aété une bonne chose pour leur pays et qu'on vivait mieux àcette époque. Et ils ne faisaient que penser comme près de45% d'autres Roumains…

Andrei Popov (Radio Roumanie internationale)(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Entre aide-mémoire pour

Le Centre d'études d'histoire contemporaine a organisé, fin mars, undébat public sur la création d'un musée du régime communiste à Bucarest.Si, de manière déclarative, tout le monde semble être d'accord sur sa néces-sité, le projet traîne sur l'agenda public depuis de longues années, véritablepatate chaude à la fois pour les décideurs politiques et la société civile.

Pourquoi investir dans un nouveau musée du communisme àBucarest, quand on a déjà un Mémorial des Victimes de cerégime à Sighetu Marmatiei, dans le nord du pays? Les répon-

ses à cette question sont multiples, mais au-delà d'éléments tels lesdimensions, l'accessibilité, le potentiel touristique (eh oui, c'est un élé-ment incontournable même pour un tel établissement !), c'est la missionqui fait la différence fondamentale entre les deux types d'établissement.

De manière très simplifiée, un mémorial est un monument commé-moratif ou un endroit qui présente en détails les conditions de la répres-sion, par exemple, dans des camps de concentration, des prisons de hautesécurité et autres hauts-lieux clos de terreur, à l'emplacement même ou cesont déroulés les faits.

De même, un musée est censé mettre ce genre d'abominations dansun contexte général, sous forme d'une synthèse globale, dresser le répertoire -aussi exhaustif que possible - de causes leur ayant servi de lit, faire des compa-raisons, regarder, étudier, encadrer dans la durée un phénomène - social, poli-tique, culturel - sous toutes ses coutures. Toutefois, si l'effet - à savoir la répres-sion - semble faire l'objet d'un consensus au sein de la société roumaine en matiè-re de communisme, l'approche de la cause - la philosophie, le fonctionnement,les agissements quotidiens, le mode de vie imposé par le régime communiste -divise encore les Roumains.

Dans le palais même de Ceausescu ?

C'est en 1997, après quatre ans de travaux, que la Fondation AcademiaCivica ouvrait au public le Musée mémorial aménagé dans la prison de Sighet,lieu d'extermination d'une bonne partie de l'élite intellectuelle roumaine, durantles premières décennies du régime communiste. Ce projet, mené par deux figu-res de la dissidence roumaine, Ana Blandiana et son mari Romulus Rusan, allaitrester singulier jusqu'à aujourd'hui, les autres pénitenciers du système rouge derépression étant détruits ou abandonnés. Dans certains cas, ils sont des prisonsrégulières, de droit commun.

En 2013, les députés de l'Union sociale-libérale, au pouvoir à l'époque, ontrejeté un projet de loi des formations d'opposition, visant la création d'un Muséedu communisme. En 2015, 92 parlementaires du Parti national libéral reviennentà la charge et avancent une nouvelle initiative qui vise à transformer une partiede l'actuel Palais du Parlement (l'ancienne Maison du Peuple, érigée par NicolaeCeausescu en tant que centre de son pouvoir) en un "Musée des horreurs du com-munisme". La loi est avalisée par le Sénat, mais reste depuis en suspens, à laChambre des Députés, celle qui aura le dernier mot.

On peut se demander, à juste titre, pourquoi toute cette tergiversation. Ledébat organisé fin mars par le Centre d'études d'histoire contemporaine peut endonner une idée. Tout en soulignant que toute rencontre autour de ce sujet estsalutaire, car il alimente l'intérêt du public et surtout celui de la jeune génération(comme on a pu leconstater en regardant la composition de l'assistance), forceest de constater que les experts qui seront vraisemblablement appelés à mettre enplace ce musée n'ont pas encore une image claire quant au contenu de cette futu-re institution. Le public non plus, d'ailleurs.

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Malade, le roi Michel seretire de la vie publique

83,5 % des Roumains voient l'Italie d'un bon œil, 83 % l'Espagne, 82,3 % la Grande Bretagne. Suivent les Pays Bas et laFrance (78,7 %), les USA (77,8 %), le Japon (77,3 %), la Grèce (76,4 %), La Pologne (74,5%), l'Allemagne (73,7%),l'Autriche (72,6%), la Belgique (72,1%), la Moldavie (71,7 %). Israël (53,5%), la Chine (53,2%), la Bulgarie (51,1%),

la Turquie (51%), la Serbie (50,6%), l'Ukraine (39,3 %,), la Hongrie (38,5 %). La Russie est en queue de classement avec 27,9 %.

Le communisme doit-il entrer au musée ?

On les met dans le même sacmême si ce n'est qu'au grédes hasards de l'actualité

judiciaire que les deux derniers prési-dents roumains font parler d'eux en mêmetemps ces jours-ci. L'ancien présidentTraian Basescu, vient d'être mis en exa-men pour blanchiment d'argent par leParquet général de Bucarest. Le dossierest lié à une série de transactions immo-bilières douteuses dans le nord deBucarest et impliquant l'ancien chef d'étatsur la période 2000-2002. Celui-ci était

alors maire de la capitale. Les dossiersavaient été classés durant les deux man-dats présidentiels de Traian Basescu etont été réouverts l'an passé.

Du côté de la présidence actuelle,Klaus Iohannis essuie lui aussi quelquesdéboires, d'ordre financiers, au sujetd'une maison du centre ville de Sibiu dontil vient de perdre la propriété suite à unedécision de justice de novembre dernier.L'ancien maire de la ville vient de décla-rer qu'il allait restituer les loyers perçusces quatre derniers mois (soit 20 000

euros, le loyer étant de 5000 euros parmois). La justice a établi que la propriétéavait été acquise de manière illégale parla personne l'ayant vendue au président ily a dix ans. L'État vient tout juste de récu-pérer le bien immobilier. Certains juristesestiment en outre que Klaus Iohannisdevrait de même restituer les 600 000euros de loyers qu'il a perçus sur la pério-de. La Cour d'appel de Bra?ov a en effetjustifié sa décision en expliquant qu'il"n'était pas forcément de bonne foi danscette affaire".

Les présidents, eux aussi, ont des casseroles

L'Italie a la cote

Les Roumains ont été mobilisés en masse par l’ancien régime.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Actualité

Le directeur deTarom révoqué

En Roumanie, la BRD est passée par des hauts et des bas

Eldorado pour les banques européennes avant lacrise financière, l'Europe de l'Est se révèle pluscompliquée que prévu. La filiale roumaine de la

Société Générale, BRD, qui se revendique le premier réseaubancaire privé du pays, en est l'un des exemples. Acquise parla banque de parisienne à la fin des années 1990, elle a subi deplein fouet la crise économique. Après des résultats éclatantsen 2006 - son retour sur fonds propres (ROE) atteignait alors34 % -, la crise de 2008 a fait exploser son coût du risque. Etla situation commence seulement à se stabiliser: en 2015, cettefiliale a même généré 18 millions d'euros de résultats netspositifs pour Société Générale.

Au-delà des turbulences économiques dans ces pays del'ex-bloc soviétique, les banques françaises ont aussi dûaffronter les conséquences des troubles politiques. EnUkraine, par exemple, le Crédit Agricole et BNP Paribas onttoutes deux été touchées par la guerre en 2014. Pour réduire lavoilure, leurs restructurations se sont multipliées: en 2014,BNP Paribas a notamment engagé la suppression de 1600 pos-tes et le Crédit Agricole a fermé plusieurs points de vente.

Choisir les bons pays

Aujourd'hui, la stratégie de l'Etat polonais pourrait aussileur coûter cher. "Si d'autres mesures nous attendent, celapourrait devenir très lourd à porter pour le système bancairepolonais", estime un responsable de banque étrangère à

Varsovie. Son inquiétude se nourrit de précédents: "En Croatie, les banques ont déjà été contraintes d'assu-

mer le coûtde la conver-sion de certains sprêtsen francss u i s s e s ,devant sone n v o l é einsoutena-ble pour lesclients, soitdeux ans der é s u l t a t seffacés".

Le tableau est néanmoins contrasté. Derrière ces lanternesrouges, se distinguent en effet des filiales profitables pour lesgroupes bancaires. Première source de revenus de la SociétéGénérale en Europe de l'Est, sa filiale en République tchèquecontinue ainsi de monter en puissance.

A fin 2014, son ROE atteignait ainsi 24%. "Au global, ons'aperçoit que certains marchés sont bien rentables et attrac-tifs: ils offrent encore des marges de crédits qui sont sans com-mune mesure avec ce qu'on observe dans la zone euro", rap-pelle Jérôme Legras, directeur de la recherche d'Axiom. Acondition d'avoir eu l'heur de choisir les bons pays.

On le sentait venir mais les cho-ses se sont accélérées en début desemaine après la sortie d'un rapportdu ministère des Transports:Christian Heinzmann(photo) a ainsi été évincéde la direction de la sociétéTarom par le comité direc-teur de la société aériennede l'état roumain. Le Belge,en poste depuis 2012 etsous contrat jusqu'à la finde l'année, était le premiermanager étranger d'unesociété publique roumaine.Le directeur administratif, le roumainTiberiu Ticlea, fait lui aussi ses vali-ses. Heinzmann est temporairementremplacé par le directeur financierde la société, Gabriel Stroe.

On reprocherait au Belge de nepas avoir réussi à augmenter lenombre de passagers ainsi que leprofit de la compagnie aérienne.Tarom a en effet enregistré des per-tes de plus de 25 millions d'eurosen 2014 et de 9.3 millions d'eurosen 2015. Mais, c'est surtout l'annu-lation et le report de nombreux volsqui ont eu raison de la tête du direc-teur, d'après le rapport dévoilé parle ministère des Transports. Ceux-ciauraient causé à la société despénalités à hauteur de un million dedollars en dédommagements auprèsdes usagers. Autre mal plus profondet point noir de l'ère Heinzmann,toujours selon le rapport: les rela-tions tendues entre le patronat etles salariés ainsi que, notamment, lemanque de respect du code du tra-vail et les nombreuses heures sup-plémentaires effectuées par lesemployés.

Economie

En marge de l'annonce de mesures visant à inciter les petites fermes roumainesà accéder aux fonds européens, c'est toute une nouvelle dynamique autour de lacampagne que le gouvernement tente d'insuffler. Un projet ambitieux.

Le gouvernement, emmené par l'ancien Commissaire européen à l'agriculture,Dacian Ciolos, tente de bouger les lignes en matière d'accession aux fondseuropéens par les petits fermiers. Le postulat de départ serait que les grandes

fermes ne répondraient pas aux besoins des populations, les régions dans lesquelles setrouvant de grandes exploitations étant les plus pauvres du pays. Première mesure envi-sagée: la diminution du seuil de productivité pour les petites fermes.

D'après les études du gouvernement, 97% des fermes des villages roumains ne pour-raient toucher de fonds européens à cause de ce seuil fixé à 8000 e, qui devrait ainsi êtrebaissé à 4000 e. Autre mesure que le gouvernement va mettre en place pour favoriser

l'accession aux fonds: ne pas exclure les fermiers ne possédant pasdes surfaces agricoles d'un même tenant. D'une manière plus généra-le, c'est l'ensemble du processus d'obtention des papiers requis pouraccéder aux fonds qui devrait être allégé, avec, en sus, la redéfinitiondu concept de ferme de famille pour faciliter les démarches.

Fromage de chèvre, ruches, noix, petits pois…

L'exécutif a réaffirmé sa volonté de "favoriser la création d'uneclasse moyenne dans les villages roumains". Et par là même, sortirdu modèle où seuls de gros projets européens verraient le jour, au

détriment de petits projets à taille humaine. Ainsi, Dacian Ciolos a pour ambition de voirapparaître une plus grande diversité de starts-up en milieu rural, toujours sur la base d'unsoutien européen.

Il a ainsi évoqué des dispositifs pour des fermes comptant 50 chèvres et des produc-tions sur des surface de 5 hectares, sous, là encore, les 8000 e de production. Pareil pourles fermes apicoles, envisagées à petite échelle: 80 ruches et 4000 e de production, ainsique, là aussi, les fermes maraîchères d'une surface de 1 hectare et moins de 8000 e deproduction. Des seuils, là encore bas en vue de soutiens européens, ont également étéévoqués pour la culture de la noix, des haricots et des petits pois.

Ces seuils d'éligibilité devraient être modifiés dans les prochains mois et être opéra-tionnels cet automne. Plus globalement, le gouvernement veut par là faire face aux nom-breux départs à l'étranger ainsi qu'à la vente des terres agricoles. Le ministre del'Agriculture, Achim Irimescu, a en outre annoncé que la Roumanie allait avoir la plusimportante subvention par tête de bétail de toute l'UE, plus de 300 e par animal. Le payscompte actuellement trois millions d'agriculteurs, dont la moitié environ pratique uneagriculture de subsistance. Seule une partie d'entre eux sont rassemblés en associations.Ils vont être avantagés fiscalement, a annoncé le gouvernement.

(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

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Faire naître une classemoyenne à la campagne

Economie

Coup de pouce aux petits agriculteurs

Un nouveau directeur pour Dacia Roumanie

Depuis début avril, NicolasMaure n'est plus à la tête deDacia et du groupe Renault

Roumanie. Il s'est envolé pour la Russieet Avtovaz, le plus gros producteur auto-mobile du pays. En poste en Roumaniedepuis 2014. Il remplace un suédois, BoInge Andersson, nommé fin 2013 et parailleurs premier non-russe à occuper latête d'Avtovaz. Le bilan de ce dernier neserait pas des plus excellents, enregistrantd'importantes pertes et des ventes enbaisse. "Nous sommes optimistes avecNicolas Maure quant à l'avenir à longterme du marché russe ainsi qu'à la capa-

cité d'Avtovaz à conserver sa place deleader du secteur automobile dans lepays", a précisé Carlos Ghosn, le prési-dent-directeur général du groupe Renault.

Fondé en 1966, Avtovaz produit prèsde un million de voitures par an et appar-tient, pour ses deux tiers, au groupeRenault-Nissan. La société est particuliè-rement connue pour une de ses marques,en l'occurrence Lada. L'usine VAZ qu'el-le possède est la plus vaste de Russie etl'une des plus importantes au monde avecplus de 140 kilomètres de lignes de pro-duction. Pour ce qui est de la Roumanie,c'est Yves Caracatzanis -51 ans, directeur

industriel de la Région Eurasie duGroupe Renault, qui va remplacerNicolas Maure. La marque Dacia a plutôtobtenu de bons résultats ces dernièresannées, puisque, dix ans après ses débutsen Europe, elle a affiché en 2015 unecroissance de ses immatriculations de3,6%, établissant un record de ventesavec 374 458 immatriculations.

Yves Caracatzanis sera subordonné àDenis Le Vot, vice-president de Renaultet son directeur pour la région Eurasie,dont fait partie la Roumanie. Né en 1964à Marseille, il est ingénieur sorti desrangs de l'Ecole Centrale de Paris.

Banques : l'Europe de l'Est, eldorado compliqué

Ford Motor va investir jusqu'à200 millions d'euros dans safiliale roumaine Automobile

Craiova pour la fabrication de son petitSUV EcoSport, a annoncé le directeurgénéral de Ford Europe. Le constructeurautomobile américain a pris en 2008 lecontrôle du groupe roumain en difficulté,

qui produit déjà ses B-Max. La production de l'EcoSport sera lan-

cée à partir de l'automne 2017. A compterde cette date, Craiova sera l'unique produc-teur pour ce modèle vendu en Europe (horsRussie). Ford prévoit d'accroître ses ventesde SUV en Europe de plus de 30% cetteannée, au-dessus de 200.000 unités.

Ford investi 200 millions d'euros à Craiova

Plusieurs états européens, dont la Roumanie, souhaiteraient mettre en place un axe routier reliant la Lituanie à la Bulgarie.Sept pays sont impliqués dans ce projet nommé ''Via Carpatia'', en référence à la chaîne de montagnes qui devrait êtreau cœur de ce tracé. La Lituanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne, la Roumanie, l'Ukraine et la Turquie ont signé

une déclaration commune d'intention à Varsovie, début mars. Pour le ministre polonais des Infrastructures, Andrzej Adamczyk,''Via Carpatia est un axe vital pour le développement de la région. C'est un projet qui, une fois n'est pas coutume, envisage un axede communication entre le nord et le sud, contrairement aux artères de type est-ouest réalisées jusqu'à présent'', a déclaré celui-ci. On ne connaît pas encore le coût ainsi que la date à laquelle les travaux pourraient démarrés.

La Roumanie en plein cœur du projet "Via Carpatia"

Dans certaines banques, il existe des “intérêts négatifs”: on en ressort avec moins d’argent.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Social La vallée minière de Jiu :

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En 1931, la crise économique del'entre-deux-guerres conduit à la fer-meture des mines Vulcan Est etVulcan Ouest. Elles seront ouvertes ànouveau au lendemain de la SecondeGuerre mondiale. L'arrivée des com-munistes au pouvoir entraîne un intérêtcroissant pour le charbon de la valléede Jiu. Le moment fort a été atteint àla fin des années 1970, en pleine crisedu pétrole, lorsque l'Iran a cessé lalivraison de pétrole à la Roumanie.Dès lors, Nicolae Ceausescu a décidéque l'industrie de l'or noir devait êtrel'une des principales composantes dusystème énergétique national.

Aussi, en 1989, dans la vallée deJiu travaillaient plus de 60 000 mineursdans quinze mines, la productionapprochant les 11 millions de tonnesde charbon. Après 1990, la productionva baisser, de même que l'intérêt pourle charbon de la vallée.

En 1996, commencent dans la val-lée de Jiu des restructurations massi-ves, les mines ferment, tandis que lesvilles construites par les communistesse dégradent sensiblement. Actuelle-ment, seules sept mines sont en fonc-tion et 6 000 mineurs y travaillent.

Le boom du charbonjusqu'à Khomeiny

"Germinal"Dans la vallée de Jiu, dans le Sud-Ouest de la Roumanie, les mines de char-

bon sont en train de s'éteindre. Leur fermeture définitive est prévue en 2018.Chronique de deux siècles d'activité, marqués par des révoltes contre le pouvoircentral, mais aussi un lourd passé communiste.

Les premiers travaux de prospection et d'extraction du charbon de la valléede Jiu ont démarré en 1840 avec les zones de Petrosani, Vulcan et Petrila.À partir de ce moment, la vallée sera considérée comme un pôle écono-

mique potentiel et, au cours des vingt années suivantes, des petits entrepreneurs vontse montrer intéressés par les gisements de cette région. Plusieurs exploitations miniè-res ont été ouvertes jusqu'en 1900 à la suite de l'association de certains d'entre eux,mais ces gisements ont vite attiré l'attention de plusieurs grandes compagniesd'Allemagne, d'Autriche et de Hongrie. Parallèlement, plusieurs lignes de funiculaireont été mises en route, et la puissance des chemins de fer a commencé se faire ressen-tir dans la vallée, de sorte que le nombre d'exploitations s'est accru et l'infrastructures'est rapidement développée.

Les pionniers de l'exploitation minière soumis à la loi autrichienne

Les débuts de l'exploitation minière sont liés au nom de la famille Hoffmann, quidétenait le capital des sociétés des mines de fer Rusca-Montana, et de CarolMadespach, surveillant et chef de mine à Oravita. Avec l'ancien capitaine d'arméeFrancisc Maderspach, ils achètent pour 14 300 florins diverses propriétés sur le terri-toire de quatorze communes et organisent les premières exploitations en surface dansles zones de Petrosani, Vulcan, Petrila.

En 1854, les petits entrepreneursde la vallée, région sous dominationaustro-hongroise, sont obligé de sesoumettre à la loi autrichienne desmines et de s'associer, et finiront parfusionner dans l'Union minière del'Ardeal de l'Ouest. En 1867, unenouvelle compagnie concurrente, laSociété minière Arpad-Terezia, faitson apparition dans la zone deVulcan. Commencent ainsi lesexploitations souterraines. On creusedes fossés, des puits, des galeries. Laproduction de charbon augmente et la

question du transport vers les clients potentiels se pose de plus en plus. La ligne de chemin de fer Petroani-Simeria devient opérationnelle en 1870. Le

principal pôle d'intérêt se déplace alors vers Petrosani, au détriment de Vulcan.Pendant la période qui suit, de nombreux changements auront lieu, des mines ouvrent,d'autres ferment, de nouveaux circuits pour les funiculaires sont construits, de même,qu'après 1900, des usines électriques pour les faire marcher.

28 morts lors de la grève de 1929

Dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale débutent les sonda-ges dans la zone de Livezeni, où les extractions n'auront lieu que bien plus tard, dansles années 1950. Après la guerre, l'exploitation se diversifie et les effets de la crise éco-nomique apparaissent dès 1929. Cette année-là, 6 000 ouvriers de Lupeni se mettenten grève pour protester contre la misère et pour l'augmentation des salaires.

chronique d'une mort annoncée

en Roumanie Cette exploitation se trouvait sous le contrôle d'un direc-

torat formé par des membres influents du Parti libéral, tandisque le gouvernement était dirigé par les agrariens du Partinational-paysan. Ce dernier fait appel à l'armée dont l'inter-vention se soldera par la mort de 28 personnes.

L'armée s'installe dans toute la région dès le 9 août, l'étatde siège est déclaré, les hôtels et les cafés sont fermés et lavente d'alcool interdite. Ce fut le premier grand mouvement deprotestation dans la vallée de Jiu. Presque cinquante ans plustard, un autre mouvement commencera, en 1977, à Lupeni,puis se propagera rapidement dans les autres mines de la val-lée. La direction communiste a tenté de cacher le nombre desparticipants à la grève. Selon les sources, on parle de 10 000,40 000 et même 90 000 grévistes.

Convoqué par les mineurs, Ceausescu en fait interner 50 en hôpital psychiatrique

Les conditions pénibles de travail ainsi que les accidentsde travail de plus en plus fréquents ont été à l'origine du mou-vement. Par exemple, suite à une explosion, à Uricani, en1972, quarante-trois mineurs sont morts.

Pour calmer les esprits, deux membres de premier plan dupouvoir communiste furent envoyés: Ilie Verdet et GheorghePana. Mais les grévistes ont exigé la présence de NicolaeCeausescu lui-même. En vacances à Neptun, au bord de la merNoire, celui-ci est venu à Craiova, puis à Târgu-Jiu et à Devapour organiser l'appareil de parti et les troupes de sécurité afinde mettre fin au conflit.

Finalement, il s'est rendu aussi à Lupeni, où les représen-tants des mineurs ont présenté leurs revendications en vingt-six points concernant le programme de travail, les retraites,l'approvisionnement, les logements, les investissements.Ceausescu a accepté de donner cours à certaines demandesconcernant l'approvisionnement des magasins et même accep-té la réduction de la journée de travail de 8 à 6 heures. Sur lecoup, il n'y a pas eu de représailles. Mais, peu après, 600 per-sonnes ont été interrogées par la Securitate, quinze grévistesont été condamnés à des peines allant de deux à cinq ans etcinquante personnes ont été internées en hôpital psychiatrique.

Les "minériades" marquent l'agonie de l'âge d'or

À la fin des années 1970, l'extraction de charbon a prisune importance toute particulière, le programme nationalayant prévu un accroissement considérable de la quantité decharbon destinée aux centrales thermiques. La part du pétroleet des gaz naturels destinés à la production de l'électricité quiétait de 50 % en 1981 devait être réduite à 5 % en 1991. Onzemillions de tonnes furent extraites en 1989, le secteur comp-tant 60 000 salariés. Le passage de l'économie centralisée àcelle de marché entraîne alors le déclin des activités minières,la vallée de Jiu n'étant pas épargnée par les restructurations et

la fermeture de plusieurs entreprises. Les représentants dessyndicats libres formés en 1990 vont venir à Bucarest pour for-muler des revendications portant sur les salaires et la réductionde la durée du travail.

Le Premier ministre de l'époque, Petre Roman, les aacceptées mais à condition que la production soit maintenueau même niveau. Or celle-ci allait baisser de onze à sixmillions de tonnes. C'est en ce temps là que les mineurs ontpris l'habitude de venir dans la capitale pour chercher unesolution à leurs problèmes. De son côté, le pouvoir a saisi lepotentiel qu'ils représentaient comme masse de manœuvre etles a utilisés pour la répression des protestations de la place del'Université les 11-13 juin 1990.

L'entrée dans l'UE signe l'arrêt de mort

Après les "minériades", la vallée de Jiu connaît des res-tructurations de grande ampleur tout en bénéficiant de subven-tions massives : 230 millions pour les seules années 1992 et1993. Avec l'arrivée du gouvernement Ciorbea, la Roumaniecherche à mettre fin aux pertes dans l'industrie. Les minesconstituant un secteur déficitaire, plus de 20 000 personnes ontété licenciées en 1997. Le coût de l'opération est considérable:ceux qui acceptaient de partir recevaient entre douze et vingtsalaires en guise de compensation.

En janvier 1999, le gouvernement Radu Vasile estconfronté à une énorme crise sociale. 10 000 mineurs se diri-gent vers Bucarest pour exiger, " jusqu'à la retraite", un salai-re mensuel de 500 dollars. Après plusieurs altercations avecles forces de l'ordre, leur dirigeant, Miron Cozma, a un entre-tien avec le Premier ministre qui accepte les revendications deses compagnons. Les promesses du gouvernement n'étant pasrespectées, Miron Cozma se dirige à nouveau vers Bucarestaccompagné de 2500 mineurs. Ils seront bloqués par les forcesde l'ordre à Costesti. Miron Cozma est arrêté, puis, plus tard,condamné à deux reprises à 18 et 10 ans de prison. Il sera libé-ré sept ans plus tard.

Pendant les années qui ont suivi, les activités de la valléeont été maintenues grâce à des subventions à hauteur de70 millions de dollars. En 2004, la Roumanie sera tenue derespecter les nouvelles conditions exigées pour l'adhésion àl'Union européenne. La hausse de la rentabilité des mines etl'élimination des subventions pour le charbon en faisaient par-tie. Une mise à mort programmée.

Florel Manu (Adevarul), traduit par Nicolas Trifon pour le Courrier des Balkans

Depuis la “Révolution”, les marches de mineurs sur Bucarest se sont succédées, menaçant même les premiers pas démocratiques de la Roumanie.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Le Parlement a décidé d'intro-duire de nouvelles règles en matiè-re de congé maternité. Celles-ci ontété validées sans trop de problè-mes par l'ensemble des partis etsont plutôt favorables aux mères.

Premier changement avec la findu plafond de 3400 lei (800 euros)pour l'indemnisation mensuelle. Lesmères de famille recevront en outreune rémunération mensuelle à hau-teur de 85% de la moyenne deleurs revenus nets sur les deuxdernières années.

Cette somme ne pourra pas êtreinférieure à 85% du salaire brutminimal -actuellement celui-ci estde 1050 lei mais il va grimper jus-qu'à 1250 lei (300 euros) à compterdu 1er mai. Autre aspect important:l'indemnisation se verra accordéejusqu'aux deux ans de l'enfant.

La loi va entrer en vigueur le1er juillet. Elle s'inscrit, enRoumanie, dans une optique desoutien à la natalité, qui est enchute libre. À préciser que cecongé maternité et l'indemnisationen question peuvent bénéficier soità la mère soit au père de l'enfant.Celui des deux qui décide de conti-nuer à travailler peut, quant à lui,bénéficier d'un congé parental deun mois.

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Un congé maternitéroumain généreux

Un message du candidat démocrate américain Bernie Sanders, sur son compteTwitter, a produit des commentaires ironiques en Roumanie. Selon lui, les habitantsde Bucarest bénéficient aujourd'hui d'une vitesse de connexion à Internet bien plusrapide qu'aux Etats-Unis, ''ce qui est inacceptable et doit changer''.

Au-delà des réactions suscitées par ce ''tweet'', il faut reconnaitre que BernieSanders a raison. Selon le dernier rapport de la Commission européenne surla Roumanie, le secteur des technologies de l'information et de la communi-

cation (NTIC) est particulièrement dynamique et compétitif. Il génère 6% du PIB. LaRoumanie se situe, par ailleurs, à la première place du classement sur l'utilisation des ser-vices large-bande, avec un accès ultrarapide - la moitié des abonnement Internet fixe enlarge-bande ont une vitesses d'au moins 100 Mbps.

Le secteur des NTIC s'est développé de manière spectaculaire ces dernières annéesen Roumanie. Il embauche entre 230 000 et 240 000 personnes et a apporté 39 milliardsde lei (environ 8,6 milliards d'euros) au PIB en 2014. En comparaison, l'agriculture agénéré pour cette même année 31 milliards de lei (environ 6,9 milliards d'euros), alors

qu'elle fait travailler un tiers dela population active du pays.

Cette situation peut êtrefacilement expliquée. L'histoirerécente de la Roumanie a faitque de nombreuses infrastructu-res ont été construites à partir dezéro. Et il sera toujours plusfacile de construire un réseau àpartir de rien, qu'il s'agissed'Internet ou d'autres choses,que d'en remplacer un ancien.Du coup, beaucoup de

Roumains sont entrés dans l'ère de la technologie directement avec les réseaux 3G.Mais ce qui est le cas pour de la technologie, ne l'est pas pour une société. Le même

rapport de la Commission européenne rapporte, en effet, que le pourcentage des person-nes qui ont utilisé régulièrement Internet en 2015 a été le plus faible de l'UE (52% parrapport à une moyenne de 76%). Par ailleurs, le nombre d'abonnements à des services enlarge-bande est l'un des plus petits de l'UE.

L'inégalité à l'accès à Internet est un bon indicateur des inégalités qui dominent dansce pays. La Roumanie se développe, mais seulement dans certains domaines, et à certainsendroits. Il y a Bucarest et quelques autres villes importantes qui polarisent le pouvoiréconomique, commercial et technologique. Ailleurs, c'est le vide.

Or un pays ne peut pas avancer de la sorte. Il aurait été mille fois plus préférable quela vitesse de connexion à Internet soit la même en Roumanie qu'aux États-Unis, mais queson accès soit universel. Plutôt que d'avoir un accès ultrarapide, mais pour une petitefrange de la population seulement.

Iulian Anghel, Ziarul Financiar, (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Internet : l'arbre qui cache la forêtSocial

Un pays d'inégalités

Internet marche mieux en Roumanie qu’aux USA selon lecandidat aux présidentielles américaines, Bernie Sanders.

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Plusieurs milliers d'ouvriers de l'usine Dacia-Renault de Mioveni (Pitesti) ont manifesté le 7 mars à l'appel des syndicats.Leur principale revendication était le démarrage en urgence des travaux pour la construction de l'autoroute qui doit relierPitesti à Sibiu. Les syndicalistes demandaient aussi la continuation du programme gouvernemental de prime à la casse

ou Rabla, pour encourager l'achat de voitures neuves. Avec cette nouvelle manifestation, les syndicalistes comme les ouvriers del'usine Dacia ont réitéré leur soutien à la direction, qui a menacé à plusieurs reprises de délocaliser la production de voiture enRoumanie si le fameux tronçon d'autoroute du corridor 4, reliant Pitesti à Sibiu, n'était pas terminé d'ici à 2020. Une éventuelle fer-meture de l'usine de Dacia serait un désastre social pour Mioveni et ses environs.

Dacia : ouvriers et patrons main dans la main

Images d’actualité

Les Roumains sont devenus la deuxième communauté d’immigrants originaires de l’UE en Grande Bretagne.

Des Oltènes mécontents des tarifs de l’électricité”: leur région produit des KW heures à 18 centimes...

qu’ils retrouvent à un tarif quatre fois plus élevés sur leur facture.

Des vaccins seraient à l’origine du syndrome hémolitique urémiqueayant entrainé la mort de plusieurs nourissons, à la suite de dialyses.

Après rénovation, le plus grand strand (piscine-aire de loisirs)d’eau salée de Roumanie, vient de réouvrir ses portes à Praid.

Niveau de vie et échelle des valeurs: pope, maneliste (chanteur tsigane)... et un réputé neurochirurgien à la retraite. “Denier du pauvre” et urne pour voter: un mélange des genres

courant pour les popes, pourtant dénoncé par leur hiérarchie.

Un enfant roumainsur deux vivrait dansla pauvreté, certainsne mangeant même

pas à leur faim.C’est dans l’est dupays, en Moldavie,qu’on enregistre la

détresse la plusgrande, mais aussi

dans la capitale,avec les enfants des

rues, toujours présents.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Ministres, parlementaires, maires, pdg d'entreprises publiques, etc., impliquésdans des affaires de corruption, ont appris à connaître le chemin de la prison… dumoins à Bucarest ou dans les grandes villes. Mais il en va autrement en province,dans les petites bourgades, où la "nomenklatura" locale se sert les coudes pouréchapper aux enquêtes la concernant. Baptêmes, noces, enterrements sont autantd'occasions de se retrouver et de faire jouer les relations et influences. Si on n'a pasla chance d'appartenir à ce cercle, les conséquences peuvent être terribles.

Depuis les années 90, la façon de rendre la justice à Tecuci, une ville de37 000 habitants, dans le judet de Galati, n'a pas changé. En 2010, un acci-dent de la route a coûté la vie à deux personnes. Bogdan Banu a été immé-

diatement identifié comme en étant le responsable par la police locale. La machine judi-ciaire s'est enclenché et le conducteur a été condamné à 18 ans de prison et incarcéré.Tout au long du procès, de nombreuses expertises avaient pourtant montré que sa voi-ture ne pouvait pas être en cause. Un chauffeur de TIR, principal témoin, affirma même

que les policiers avaient fait pression sur lui pourqu'il change sa déclaration. La raison en était toutesimple: le véritable responsable, Sandu Fertu, n'étaitautre que le père d'un de leurs collègues.

Du fond de sa cellule, Bogdan Banu s'est adres-sé au Parquet général de Bucarest, accusant cinqpoliciers et le commissaire principal de Tecuci,Florin Balcan, qui a été finalement destitué et doitêtre jugé pour corruption. La peine du conducteurinnocent n'a pas pour autant été abrogée, mais rédui-te à trois ans avec sursis et suspension de l'incarcéra-tion. Pour en arriver là, Bogdan Banu avait dû livrerun vrai parcours du combattant. Son dossier a migré

du tribunal qui avait validé l'enquête de la police au parquet de la juridiction de Tecuci,puis du parquet général, il est revenu devant la cour d'appel de Galati, d'où la chef pro-cureur, Didina Danaila, l'a transmis à la DNA de Galati, relevant des faits de corruption.Mais, contre toute attente, la procureur de cette instance, Cristina Dorus, a classé laplainte et renvoyé l'affaire devant le tribunal qui avait prononcé la peine initiale.

Parrains, oncles, témoins de mariage… une véritable mafia

Les cinq policiers étaient ainsi blanchis, le véritable responsable étant désignécomme une sixième personne que "l'enquête n'avait pu identifier". Seul le chef de lapolice était renvoyé devant la cour d'appel de Tecuci. Mais il s'est révélé que FanelOprea, l'inspecteur qui avait diligenté l'enquête, exonérant ses subordonnés, avait été letémoin de mariage de la procureur de la DNA, et aussi le parrain du fils du procureurchef du tribunal de Galati, Florin Oancea, qui avait été baptisé quelques semaines avant.Les policiers avaient aussi caché la présence sur les lieux de l'accident de Sandru Fertu,son véritable auteur. Il était le père de leur collègue Ionel Fertu, et l'oncle de la femmedu procureur Florin Oancea. Quant à la femme de Sandru Fertu… elle était la cousinede Daniel Tudorache, ancien chef de la redoutée (et très corrompue) Garde Financière,également ancien sous-préfet de Galati. C'est ainsi que le pauvre Bogdan Banu s'estretrouvé avec 18 ans de prison à effectuer, perdant sa famille, ses économies, sa mai-son, son travail, est toujours sous le coup d'une peine avec sursis, et doit repasser devantle tribunal qui l'a condamné en première instance. D'après son avocat, ce genre de situa-tion est plus fréquent qu'on ne le pense dans les judets sous-développés de Roumanie.

Ils sont au moins cent mille et posent problème pour le tourismeAccusé à tort d'un accident et condamné à 18 ans de prison

Evénements

Florin Balcan, policier véreux.

Des judets sous le joug des nomenklaturas locales

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L'interdiction de fumer dans lesespaces publics et sur les lieux detravail fermés est entrée en vigueurle 16 mars 2016. La majorité des éta-blissements concernés avait déjàcommencé à se conformer auxdispositions de la Loi. En effet, beau-coup de cafés ou restaurants ontaménagé à l'extérieur des espacesdestinés aux fumeurs et ont affichéun panneau "défense de fumer" dansdes lieux visibles. Les fumeurs - per-sonnes physiques qui transgressentcette interdiction de fumer sont passi-bles d'une amende allant de 100 lei à500 lei (25 à 125 e), tandis que lespersonnes morales peuvent encourirune amende allant de 5000 jusqu’à10 000 lei (1250 à 2500 e). Si le délitest commis une seconde fois par lapersonne morale, l'amende serad'emblée de 10000 lei suivie par lasuspension de son activité, alors quela récidive (considérée au troisièmeabattement) entrainera une amendede 15 000 lei (3750 e) et la cessa-tion de son activité.

Fumeurs: jusqu'à2500 euros d'amende

Après l'entrée en vigueur récentede la loi interdisant de fumer dansles lieux publics, le Premier ministre,Dacian Ciolos, a invité ses collèguesdu gouvernement et les membres deleurs cabinets, à aller griller leurscigarettes à l'extérieur du PalaisVictoria, où ils ont leurs bureaux,dans l'attente qu'un lieu spécial soitaménagé, afin de fumer en respec-tant la législation qu'ils ont adoptée.Il a également fait préparer un guided'information sur l'application de laloi anti-tabac.

Loi anti-tabac mêmepour les ministres

Marcel Lehel Lazar (photo),un Roumain de 43 ansinculpé aux États-Unis

pour avoir piraté les messageries électro-niques de plusieurs hauts responsablesaméricains, dont des membres de lafamille Bush, sera extradé, a décidé laHaute Cour de Justice de Roumanie.

La Cour "admet la demande d'extra-dition formulée par les autorités améri-caines et ordonne le transfert temporairede pour la période requise par les procé-

dures judiciaires, mais pas plus de 18mois", selon cette décision.

Marcel Lazar, qui utilisait lespseudonymes de "Guccifer" et"Micul Fum" ("la petite fumée"),avait été condamné en 2014 enRoumanie à sept ans de prison, dontquatre pour le piratage de la message-

rie privée du directeur du Service rou-main de renseignement intérieur (SRI),George Maior (actuellement ambassa-deur aux États-Unis), et de l'eurodéputéeCorina Cretu (aujourd'hui commissaireeuropéenne à la Politique régionale). Ilavait été arrêté en janvier 2014 enRoumanie, avec l'aide des États-Unis.

En juin 2014, le pirate avait été incul-pé aux États-Unis par un grand jury fédé-ral pour avoir "accédé à des comptes demessagerie appartenant à des personna-

lités, dont des membres de l'entourage dedeux anciens présidents américains, unancien membre du gouvernement, unancien membre de l'état-major interar-mées et un ancien conseiller présiden-tiel". Selon le FBI, "Lazar a publié lacorrespondance privée, des informationsmédicales et financières ainsi que desphotos" des personnes dont il avait piratéles messageries.

Il avait entre autres rendu publics deséchanges entre Corina Cretu et l'anciensecrétaire d'État américain Colin Powell,qui a par la suite reconnu avoir mené unecorrespondance "très personnelle" avecl'eurodéputée roumaine mais démentiavoir eu une aventure avec elle… tout enétant obligé de s'expliquer avec safemme. Le pirate était emprisonné jus-qu'ici à Arad.

Chassés des grandes villes, ils seraient quasiment100 000 à vivre en milieu sauvage, où leur présen-ce pourrait menacer l'équilibre de l'écosystème. La

découverte de quatre bisons morts dans une zone montagneu-se de l'ouest du pays, début janvier, a mis la puce à l'oreille. Ilsfaisaient partie d'un troupeau de quatorze bêtes réintroduitesun an plus tôt par le WWF, l'organisation internationale dedéfense de la vie sauvage. Après l'analyse des cadavres, la tue-rie a été attribuée… à une meute de chiens.

Ours, loups, lynx… Les forêts de Roumanie renfermentl'une des faunes les plus variées d'Europe. Celle-ci s'est enri-chie d'une nouvelle espèce: le chien.Ils seraient quelque 100 000 à vivreen milieu sauvage. Organisés enhordes, ils chassent, mais surtouteffraient. "Il n'existe pas de compéti-tion directe avec les loups qui res-tent plus forts qu'eux, explique ledirecteur de WWF Roumanie,Magor Csibi. Mais le problème sepose sur la nourriture disponible. Siles chiens chassent et dérangent lafaune de la forêt, les loups aurontdes difficultés à trouver leurs proies".

Des mesures radicales dans les villes

La présence de chiens en milieu sauvage ne dérange pasque l'écosystème. Le tourisme de nature, en plein développe-ment en Roumanie, est aussi touché. Les paysages deTransylvanie attirent chaque année des milliers d'étrangers.

Pour les agences de tourisme, pas question de les laisser partirsans guides. "Il y a trois ans, un couple suisse écrivant pour unmagazine de cyclotourisme venait découvrir une nouvelle des-tination, raconte Cristian Cismaru, directeur d'une agence detourisme à Sibiu. Ils ne voulaient pas de guides. Après avoirété attaqués trois jours de suite par des chiens, ils ont aban-donné leur périple". C'est la mort d'un enfant de quatre ans en2013, tué par des chiens errants en plein Bucarest, qui a pous-sé les autorités à prendre des mesures radicales pour chasserces animaux des villes. Le parlement a voté une loi autorisantl'euthanasie des chiens capturés sur la voie publique s'ils n'é-

taient pas adoptés ou réclamés soustrois semaines. Grâce à un effort bud-gétaire, Bucarest les a fait disparaîtrede ses rues. Mais toutes les munici-palités n'ont pas les moyens de lacapitale. Faute d'espace dans les che-nils ou d'argent, les villes moyennesles ont relâchés en rase campagne.

Aujourd'hui, en dehors de leurreproduction incontrôlable, les aban-dons continuent de faire gonfler lapopulation canine en milieu sauvage.

La loi oblige en effet les propriétaires à enregistrer leur animalet à le castrer s'il n'a pas de pedigree.

"Les gens en milieu rural sont pauvres et s'ils doiventinvestir dans leur chien ou payer une amende, ils préfèrents'en débarrasser, explique Anca Tomescu de l'association VierPfoten. En 2014, on estimait à 300 000 le nombre d'abandons,nous savons qu'ils ont augmenté de façon alarmante".

Jonas Mercier (La Croix)

Evénements

En Roumanie, les chiens errants se prennent pour des loups

Un pirate trop curieux

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

La Roumanie est en tête, aux côtés de l'Estonie, d'un bien triste classement enEurope: celui du nombre de piétons qui meurent chaque année dans des acci-dents de la route, avec 90 personnes pour un million d'habitants. Cela repré-

sente 2000 personnes environ, d'après les statistiques de la Police routière roumaine. Parailleurs, 39% des personnes trouvant la mort dans des accidents routiers en Roumanieseraient des piétons, la moyenne européenne s'élevant ici à 22%. La perception des pié-tons, elle aussi, tarde à évoluer. Il est notamment difficile pour eux d'obtenir des dédom-magements devant les tribunaux, tant bien même que, souvent, la situation semble plai-der en leur faveur. Une modification du Code de la route a été évoquée à plusieurs repri-ses par le passé. Le sujet semble revenir actuellement sur le devant de la scène avec plu-sieurs sénateurs qui envisageraient de doubler les peines pour les automobilistes mettanten danger la vie des piétons. Certains élus seraient également favorables au retrait de per-mis pour les personnes agressives au volant. On inclurait là-dedans les coups de klaxon.

Six personnes fauchées à un arrêt de bus, cinq morts

Un chauffeur a perdu le contrôle de son véhicule, lundi matin 4 avril, dans un quar-tier périphérique de la ville de Braila, avant de faucher un groupe de personnes qui atten-daient leur bus. Cinq d'entre elles sont mortes et une autre a été blessée. Le chauffeur, unjeune homme de 27 ans qui avait consommé de la drogue, a été légèrement blessé. Destémoins ont affirmé que la voiture roulait à une vitesse excessive. La Roumanie est lepays de l'Union Européenne qui enregistre le plus grand nombre d'accidents routiers.L'année dernière, on en a dénombré 95 pour un million d'habitants, contre une moyenneeuropéenne de 51,5.

30 km de course-poursuite pour stopper le voleur de Dacia 1300

Un voleur récidiviste, passionné de Dacia 1300, a été arrêté par les forces de l'ord-re, mi-mars, dans une commune de la région de Râmnicu Vâlcea après une course pour-suite de plus de trente kilomètres. Des coups de feu d'avertissement, suivis d'autres àl'endroit des pneus de la Dacia dérobée, ont dû être tirés afin d'immobiliser le véhicule.

L'auteur du méfait: un homme de 63 ans, connu de la police de Râmnicu Vâlcea pourêtre spécialisé dans le vol de Dacia 1300. Celui-ci, d'après le rapport, ne posséderaitmême pas de permis de conduire. Il se trouve actuellement en arrêt préventif. Produite àplus de deux millions d'exemplaires entre 1969 et 2006, la Dacia 1300 est l'équivalentroumain de la Renault 12. Modèle mythique, elle représente pas moins de plus de 90%des Dacia produites avant la Logan.

Premier giratoire suspendu

La Roumanie vient de mettre en service son premier giratoire suspendu à la sortiede Ploiesti, ce qui devrait faciliter grandement le contournement de cette ville par laNationale 1 et la circulation, en direction de Brasov et Bucarest. Les travaux avaientdébuté en 2013 et devaient être achevés en août dernier.

Il avait oublié de conduire à gauche

Un chauffeur de car roumain de 53 ans a été condamné à 17 ans de prison enAngleterre pour le transport à de multiples reprises d'héroïne, d'une valeur totale de23 millions d'euros, cachée dans le compartiment bagages. Ioan Buciuta avait été arrêtéavec son co-conducteur par la police britannique en juin 2015 au cours d'un voyage sco-laire, alors qu'il avait emprunté un rond-point à contresens, oubliant qu'on roulait à gau-che. Il a reconnu qu'il participait à un vaste réseau de trafiquants dont il était leconvoyeur, que l'enquête a permis de démanteler.

Piétons tués: la Roumanie en tête en Europe

Les visiteurs de Disneyland détroussés à hauteur de un million d'euros

Des vols à la tire, le commissariat de police deChessy, en Seine-et-Marne, en avait déjà vus.Mais de cette envergure, jamais. Le commissaire,

Jérôme Georges, se souvient des premières plaintes déposéespar des touristes étrangers au début de l'année 2015, prémicesde la mise au jour d'un véritable "groupe criminel organisé"sévissant principalement aux abords du parc d'attractions deDisneyland et qui viennent de déboucher, un an plus tard, surune vague d'interpellations.

Le 9 février, onze personnes ont été arrêtées en régionparisienne et six autres dans la ville de Craiova, en Roumanie,dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour vols enbande organisée, recel de vols en bande organisée, traite desêtres humains et blanchiment d'argent. Sur un millier de vols,le préjudice financier est esti-mé à environ un million d'eurospar l'Office central de luttecontre la délinquance itinérante(OCLDI), co-saisi à l'été 2015de l'enquête, dans laquelle secroisent "des gamins de douzeans qui savent faire des contre-filatures" pour échapper auxpoliciers, une adolescenteinterpellée une quarantaine defois, des sacs à main du stylisteaméricain Michael Kors et desnuits passées dans les hôtels du Samu social ou les bidonvillesde la ceinture périphérique.

"Brigades" de jeunes issus d'un clan

Au départ, donc, le commissaire de Chessy s'étonne de larecrudescence subite des vols à la tire sur les clients du parcDisney début 2015: "En janvier, c'était une fois par semaine.Et en mars, c'était devenu quotidien ". Sur place, les policiersrepèrent rapidement une vingtaine de jeunes originaires deRoumanie, souvent mineurs, répartis en petites "brigades" quiopèrent aux abords ou dans l'enceinte du parc, dans le RER, lagare routière ou à bord des bus qui font la navette vers leshôtels alentour. "On les interpellait mais ils n'avaient pas decarte d'identité et ils disaient avoir moins de 13 ans. Cela seterminait presque tout le temps par des placements en foyerpar le parquet mais ils pouvaient s'enfuir avant même d'arri-ver à la voiture de l'éducateur".

La patronne des policiers de Seine-et-Marne, ChantalBaccanini, poursuit: "Des surveillances nous ont conduits surdes points de chute en Seine-Saint-Denis. On a constaté desliens directs avec l'étranger, des changements de main-d'œuv-re avec la même origine géographique. Cela s'échelonne surplusieurs mois et c'est sur cette base qu'on se rapproche del'OCLDI".

L'équipe de l'OCLDI va notamment permettre de "fixerl'identité des mineurs grâce aux échanges d'information avec

la Roumanie. On détermine rapidement qu'ils sont issus d'unclan", explique son chef adjoint, le lieutenant-colonel FrançoisDespres. "C'est un dossier complexe où la police, la gendar-merie et la police roumaine ont assemblé les pièces du puzzlepour avoir tout le réseau", confirme Alexandre Ionescu, atta-ché de sécurité à l'ambassade de Roumanie en France.

"C'est tentaculaire et l'argent

dans le clan se dilapide aussitôt"

Une véritable cartographie est reconstituée, qui remontejusqu'au sommet dudit clan, à Craiova, en Roumanie. Là-bas,à 250 kilomètres à l'est de Bucarest, apparaissent "un patriar-che et une matriarche d'une soixantaine d'années, qui sont

divorcés mais ont eu septenfants ensemble", détaille ledirecteur d'enquête, le majorPhilippe Stevenard. Et aussi,"d'autres familles alliées". Lesrôles sont répartis au sein de lafratrie principale, entre pick-pockets, donneurs d'ordre, rece-leurs. Sont aussi mis au jour,entre la France et la Roumanie,des voyages de minibus quitransportent de l'argent, des per-sonnes et des biens moyennant

une commission. L'argent transite aussi plus classiquement parWestern Union ou mandat cash. Et certains voyages se perdenten Italie ou en Espagne.

"La réalité c'est que ces gamins, leur vie quotidienne, c'estvoler, observe le lieutenant-colonel François Despres. Ilsétaient logés dans le 93, ils sévissaient le matin sur les lignes1 ou 2 du métro, dans les grands magasins, sur la ligne A duRER, et ils arrivaient à Disney en fin d'après-midi. Ils atten-daient la fin de la parade et tapaient du portefeuille à tout va.Et s'ils ne ramenaient pas assez d'argent, ils subissaient despressions".

Au final, pourtant, pas d'enrichissement spectaculaire:"On n'est pas sur des Tony Montana, commente le lieutenant-colonel Despres. Certains se font construire des maisons enRoumanie, beaucoup d'hommes jouent, les femmes s'offrent detemps en temps un sac de luxe… Mais ils ne roulent pas enFerrari. Il y a des centaines de personnes dans le clan, c'esttentaculaire et l'argent se dilapide".

L'enquête n'est pas terminée. Les interpellations enRoumanie ont notamment amené à la saisie de 23 000 euros,des bijoux, des pièces d'or et des montres, précise AlexandreIonescu. "On est en train de vérifier si cela n'est pas issu devols de bijouteries en France". Parmi les mineurs interpellésjusqu'à présent, un adolescent de 17 ans et une adolescente de15 ans sont actuellement écroués. Quatre autres, placés enfoyer, ont de nouveau disparu des radars.

Julia Pascual (Le Monde)

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Un routier roumain a été condam-né à Perpignan à un an de prisonavec sursis et 3 ans d'interdiction deterritoire français pour avoir fraudé lepéage autoroutier de l'A9 à environ267 reprises en moins de trois ans,.L'homme de 46 ans devra aussi ver-ser 5000 euros de frais de péage etautant de dommages et intérêts. Ilavait été arrêté alors qu'il forçait unebarrière de péage à Perpignan, auvolant d'une camionnette transpor-tant des matériaux de constructionentre la Roumanie et l'Espagne. Ilaurait expliqué aux enquêteurs avoiragi ainsi par manque d'argent.

Un péage qui coûte cher

Julia T., une adolescente roumai-ne de 14 ans dont les parents ontémigré aux USA, élève d'un lycée duConnecticut, se montre indignée parles propos de Donald Trump à l'é-gard des immigrés. Elle lui a envoyéune lettre ouverte le sommant d'arrê-ter sa campagne de dénigrement,prenant en exemple la réussite deses compatriotes dans de nombreuxsecteurs de la vie américaine. Lajeune fille lui écrit: "Les Roumains nesont pas des monstres. Nous som-mes des infirmières qui prennentsoin des malades, des médecins quisauvent des vies, des dentistes quisoignent, des avocats qui défendentles droits de l'Homme, des agents desécurité qui protègent la population,des artistes qui apportent à la cultureaméricaine, des ingénieurs qui cons-truisent des avions, des étudiants quifont la fierté des meilleures universi-tés du pays. Ils bâtissent l'Amérique!”

Une ado roumaine"remonte les bretelles"

à Donald Trump

Les pickpockets venaient d'un gang familial de Craiova

"La réalité de la vie quotidienne pour ces gamins... c'est voler”.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

La compagnie de consultants Knight Frank a identifié, en 2015,10 800 Roumains disposant d'une fortune de plus d'un million de dollars, soit500 de plus que l'année précédente, et trois fois leur nombre en 2005. Elle

prévoit que, dans 20 ans, ils seront 18 400. 4,3 % d'entre eux sont multi-millionnaires(plus de 10 millions de dollars), le pays en comptant une vingtaine de plus chaque année.169 ont amassé une fortune supérieure à 30 millions de dollars. En 2005, 7 dépassaientles 100 millions, ils sont 20 actuellement et devraient être 34 en 2025. La Roumaniedevrait aussi compter un troisième milliardaire à cette époque (2 actuellement).

Il existe environ 4 millions de millionnaires en dollars en Europe - 500 000 enAmérique du Nord - et 448 milliardaires, ces derniers étant plus nombreux aux USA,Canada et au Moyen-Orient.

Les dix Roumains les plus riches 1. Ion Tiriac: 1,5 milliard d'euros 2. Dragos et Adrian Paval: 850-900 millions d'euros (650 millions en 2014) 3. Ioan Niculae: 750-800 millions d'euros (1-1,1 milliard d'euros en 2015, patron d'InterAgro).4. Zoltan Teszari: 480-500 millions d'euros (patron de RCS&RDS) 5. Iulian Dascalu: 430-450 millions d'euros (patron de Iulius Group) 6. Gabriel Comanescu: 350-380 millions d'euros 7. Marius et Emil Cristescu: 330-350 millions d'euros8. Gabriel Popoviciu: 330-350 millions d'euros 9. Liviu Tudor: 300-310 millions d'euros10. George Becali: 270-300 millions d'euros (frère de Gigi Becali).

C'est une annonce qui devrait intéresser les amateursd'histoire ainsi queles curieux: la villa

du couple Ceausescu peut êtrevisitée par le public depuis finavril (voir aussi page 6).

La maison, située au numé-ro 50 du boulevard Primaverii,a été occupée par les Ceausescuentre 1965 - date de leur acces-sion au pouvoir, jusqu'à leurexécution, en décembre 1989.Celle-ci avait été construite à lademande du couple. Elle comp-rend pas moins de 80 pièces,dont une salle de cinéma ainsi qu'une piscine, entre autres.Depuis la chute du régime communiste, la maison est utilisée

comme lieu de réception de délégations officielles roumaineset de l'étranger. Elle devrait tou-jours servir à cet effet à l'avenir,en plus des visites pour le grandpublic.

L'endroit -qui compte éga-lement un grand terrain de plusde 14 000 m2, avait été occu-pé au moment de la Révolution.Symbole du pouvoir et de l'op-pression, à l'instar de la maisondu Peuple, la villa de Primaveriiconstituait pour les roumains unlieu inaccessible et fantasmé.De nombreuses images avaient

été diffusées à la télévision fin 89 afin de présenter le faste dela villa, provoquant l’ indignation .

Evénements

Des saucissons expirés, nettoyésavec du vinaigre, ou des fromagesreconditionnés avant d'être remis envente: voilà comment le ministre del'Agriculture, Achim Irimescu, adécrit le marché agroalimentaire deRoumanie, le qualifiant de ''dixièmemain'', dans une interview publiéedans le journal Ziarul Financier, à lasuite d'un scandale survenu dansune grande surface d'Arad, sur de laviande rafraîchie à l'aide de déter-gents.

''La Roumanie est un marché dedixième main où l'on importe desproduits de l'étranger aux dates depéremption déjà dépassées'', aajouté le ministre. Selon lui, lesinstitutions roumaines ne vérifientpas suffisamment la qualité des pro-duits agroalimentaires qui sontimportés. Le lendemain de cetteinterview, le président de l'associa-tion des producteurs agricoles deRoumanie, Laurentiu Baciu, aconfirmé les dires du ministre.''Comment croyez-vous que desproduits qui viennent de l'étrangerpuissent être vendus moins chersen Roumanie ? Un kilo de viande deporc coûte entre 8 et 10 euros enBelgique. La même viande importéeen Roumanie est à 3-4 euros lekilo'', a-t-il déclaré.

En réaction, les représentantsdes groupes de grande distributionprésents en Roumanie ont affirméque les accusations portées par leministre n'avaient aucune base.''Personne ne pourrait se permettrede perdre des clients en vendant cegenre de produits'', a estimé le vice-président de l'association desgrands réseaux commerciaux deRoumanie, Florin Capatana.

Produits périmésremis à neuf

10 800 Roumains à plus d'un million de dollars

La villa des Ceausescu ouverte au public

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Avec 80 fonctionnaires pour 1000 habitants, la France se situe au mêmeniveau que la Belgique, loin derrière le Danemark, qui domine le classementavec plus de 145 agents pour 1000 habitants. On constate d'ailleurs la surre-

présentation des fonctionnaires dans la population des pays nordiques, la Finlande(129,40 agents) et la Suède (123,60) complétant le trio de tête. La part des fonctionnai-res français dans la population reste toutefois nettement supérieure à la médiane euro-péenne (61). Les pays de l'Est (Slovaquie, Roumanie, République tchèque) constituentles "bons élèves" de l'Europe, avec moins de 10 fonctionnaires pour 1000 habitants. Laplupart des voisins de l'Hexagone (Allemagne, Italie, Espagne et Luxembourg) se situentsous la médiane européenne, avec moins de 60 fonctionnaires pour 1000 habitants.

Le paysage du SMIC diffèrebeaucoup d'un pays à l'autre.Dans l'Union européenne, 22

des 28 Etats membres ont ainsi instauré unsalaire minimum national - ailleurs, il estdéfini au niveau des branches. Les plusbas sont en vigueur en Bulgarie (214 eurosmensuels brut) et en Roumanie (233euros, soit 160 euros net), tandis que lerecord est détenu par le Luxembourg(1922 euros).

Le Royaume-Uni (1529 euros),l'Allemagne (1473 euros) et la France(1466 euros) ne sont pas très loin derrière,

dans la fourchette haute. Si nombre d'Etatsdonnent aujourd'hui un coup de pouce au"smic", c'est avant tout parce que les salai-res ont trop peu augmenté, pendant troplongtemps.

Mais ces chiffres ne permettent pas decomparaison valable, car ils ne prennentpas en compte les différences de niveau devie. Pour gommer ces écarts, Eurostatrecalcule les salaires minimums en "stan-dard de pouvoir d'achat". Résultat: laFrance (1361 euros) et l'Allemagne (1451euros) passent nettement cette fois devantle Royaume-Uni (1133 euros).

SMIC à 233 euros brut

Evénements

Dix fois moins de fonctionnaires en Roumanie qu'en France

Sav et son maitre ont sauvéla septuagénaire égarée

Sav, un berger allemand qui a sauvéune femme de 74 ans, égarée dans uneforêt, a étérécompenséainsi que sonmaitre, IulianDavid, poli-cier municipalde Pascani,par la policede Iasi. A l'au-tomne der-nier, pendanttrois jours, lechien et sonaccompagnateur avaient fouillé sans relâ-che toute la région, retrouvant la septua-génaire, frigorifiée, à 20 km de sondomicile, la localité de Siretel, dans unezone où le signal des téléphones mobilesne passait pas. Le policier l'avait portéedans ses bras sur des kilomètres, la rame-nant saine et sauve. Sav, un an et demi,avait été dressé à Sibiu.

Une jeunesse optimiste

Seulement 16% des jeunes Roumainsde 14-18 ans envisagent de quitter leurpays pour aller étudier ou trouver unemploi, d'après une étude d'Open-IResearch. Mieux même: 73% sont opti-mistes quand à leur avenir et à l'évolutionde la société roumaine. 84% pensent queleurs efforts peuvent être récompensés et

54 % qu'ils n'auront pas besoin de pistonpour y parvenir. 85% estiment que lesétudes sont l'élément le plus déterminantpour construire leur réussite profession-nelle. 39% des adolescents s'impliquent

dans des activités scolaires. 27%,surtout des garçons, choisissent lesport, 25% des activités artistiques(les filles en général), 23% des cau-ses sociales ou la préservation del'environnement, 23 % participantaux olympiades scolaires. Lesréponses les plus positives provien-nent d'adolescents vivant dans desfamilles épargnées par les trauma-tismes (divorces, violences, alcoo-lisme) et où le père assume aussisont rôle d'éducateur. A noter que

13 % des ados ont un blog personnel surInternet ou un vlog (équivalent vidéo).

Des parkings surélevés à larescousse dans le secteur 6

Face aux nombreuses difficultés querencontrent les riverains pour se garer, lamairie du secteur 6 e Bucarest - à l'ouestde la capitale - mise sur les parkings sur-élevés. Elle vient en effet de lancer unappel d'offres afin d'acquérir une centainede parkings surélevés de type smart-par-king. Le contrat devrait avoir une valeurde 28 millions d'euros. Ces parkings sur-élevés, soi-disant silencieux, fonction-nent sur un modèle de capacité de seule-ment 12 véhicules. Ceux-ci sont parailleurs complètement automatisés. Ilsdéplacent les voitures par le biais d'un

ascenseur électrique actionné sur la based'une carte personnalisée. Le tout en deuxminutes, apparemment. La mairie du sec-teur 6 estime qu'un tel emplacementdevrait coûter 115 lei par mois, soit envi-ron 26 euros.

Bon Dieu sans confession

Maica Mina, mère supérieure dumonastère de la Sainte Croix d'Oradea aété mise en examen pour fraude en bandeorganisée et blanchiment d'argent sale.23 perquisitions menées depuis 3 ansdans 7 judets ont permis de mettre à jourun réseau d'évasion fiscale qui transitaitpar son établissement. La religieuseempochait 14% des transactions effec-tuées qui étaient comptabilisées dans lesregistres du monastère comme des dons.Les malversations ont porté sur plus de200 000 euros .

Il fait bon vivre à Timisoara

D'après le site numbeo.com,Timisoara serait la ville la plus agréable àvivre en Roumanie, se classant 20ème enEurope et 44ème au niveau mondial,obtenant 164 points, Bucarest étantrespectivement 91ème et 121ème avecun score de 120 points. Canberra, la capi-tale australienne obtient la première placeavec 234 points. Dans son classement, lesite prend en compte le niveau des reve-nus des habitants et leur pouvoir d'achat,le système de santé, la sécurité, le degréde pollution, le temps passé dans le trafic.

A savoir

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Au début du mois de février 2016, le Président roumain prend publiquementla défense d'un trust médiatique en délicatesse avec l'administration fiscale etmenacé d'être expulsé de ses locaux. En quelques heures, il perd des milliers d'a-mis sur Facebook.

C'est lors d'une brève interview télévisée que Klaus Iohannis se prononcepour un assouplissement des mesures prises par l'Agence nationale de l'ad-ministration fiscale à l'encontre du groupe Intact Media. Une déclaration

qui surprend les partisans du chef de l'État. Intact Média est la propriété du sulfureuxDan Voiculescu, hommes d'affaires et politicien qui purge aujourd'hui une peine de dixans de prison pour blanchiment d'argent. Intact possède les chaînes de télévisionAntena 1 et 3, spécialistes de l'information spectaculaire et notoirement favorables auPSD (nomenklatura ex communiste), les "antennes" sont très décriées par l'électoratde Iohannis.

Pour mesurer l'impact de cette prise de position, nul besoin de se plonger dans lessondages d'opinion, un coup d'œil à la page Facebook du Président y suffit alors. Denombreux journaux titrèrent: "Le président Klaus Iohannis a perdu en quelques heu-res des milliers d'amis sur Facebook". Dans d'autres pays, une telle annonce aurait puparaître anecdotique ou légèrement surréaliste. En Roumanie, elle a été est reçue etanalysée avec le plus grand sérieux.

Un débit plus rapide mais un taux d'accès plus faible

L'usage qui est fait d'Internet dans le pays offre un tableau paradoxal. Le débit yest le plus rapide d'Europe mais le taux d'accès à Internet y est un des plus bas, avecseulement 52% de la population connectée. La Roumanie connaît toutefois depuisquelques années une croissance accélérée du nombre d'utilisateurs d'Internet, et cetteprogression bénéficie largement au réseau social Facebook. 8 millions de comptessont enregistrés, sur une population d'un peu moins de 20 millions d'habitants. Les uti-lisateurs les plus nombreux se trouvent parmi les jeunes de 18 à 35 ans, les diplômésde l'enseignement supérieur et les urbains.

Échanges de messages, de photographies ou de vidéos, commentaires de statuts,jeux, créations de groupes, partages d'informations, créations d'événements ou échan-ges commerciaux ponctuels, l'utilisation du réseau social américain ne diffère pas, àpremière vue, de ce qu'elle peut être partout ailleurs. On peut néanmoins noter unimpact particulier sur le débat public. Plus que dans d'autres pays, Facebook dépassele seul cadre privé.

L'influence des réseaux sociaux a été déterminante dans le développement desmouvements citoyens qui ont secoué la Roumanie ces dernières années. L'oppositionau projet d'exploitation minière à Rosia Montana a débuté dès 1997, avant l'usagemassif d'Internet, mais elle a atteint son acmé en 2013. Certes, ce sont les gigantesquesmanifestations de rue qui ont obligé les décideurs à renoncer à ce projet pharaoniquemais l'organisation de ces rassemblements et leur ampleur doivent beaucoup au déve-loppement des réseaux sociaux, qui ont permis de sensibiliser un public beaucoup pluslarge que le noyau initial de militants par la large diffusion d'informations non forma-tées par les grands médias.

Une réponse à la défiance vis-à-vis des médias traditionnels

Internet et Facebook occupent une place toute particulière dans le débat publicroumain car ils tendent à occuper la place laissée vacante par les médias traditionnels.La presse écrite se marginalise, la télévision publique est au bord de la faillite et lestélévisions privées sont soupçonnées, souvent à juste titre, d'être aux ordres de partisou de groupes d'intérêts.

Les médias sont donc de plus en plus largement boudés,notamment par les jeunes urbains. Dans une course désespéréeà l'audience, les journalistes tombent souvent dans un traite-ment spectaculaire, démagogique et finalement insignifiant del'information. A contrario, les réseaux sociaux donnent l'im-pression de pouvoir créer et partager une information libre etd'en être partie prenante.

Au-delà d'un lieu de prise de parole, Facebook est souventutilisé en Roumanie pour s'organiser en dehors d'un systèmeofficiel considéré comme défaillant, inutile voire hostile. Il estainsi fréquent de voir des groupes d'"amis" élargis organiserdes collectes de fonds pour un de leurs membres confrontés àun problème médical grave que le système de santé n'est pas àmême de prendre correctement en charge. Les défaillances etles erreurs, réelles ou supposées, des hôpitaux et des médecinssont par ailleurs souvent dénoncées sur le réseau social.

Dans de nombreux autres domaines, Facebook permet auxcitoyens d'exprimer leur indignation face aux dysfonctionne-ments du "système". On ne compte plus les lettres critiques, lesappels et les dénonciationsadressées à l'école ou aux admi-nistrations. De très nombreuxgroupes sont créés pour s'insur-ger, pêle-mêle et entre autreschoses, contre les atteintes àl'environnement, le non-respectdu code de la route, l'état desinfrastructures, le délabrementdes monuments historiques oumême les goûts musicaux deleurs compatriotes… Les contri-buteurs y voient, à tort ou à rai-son, une possibilité de révélerles manquements ou la compli-cité de l'État et des autorités.Pour les structures politiques traditionnelles, ce que l'on appel-le le "parti Facebook" est devenu un concurrent redouté etimprévisible.

Même Iliescu tient son blog quotidien

Les hommes politiques sont aujourd'hui débordés par cetteutilisation citoyenne des réseaux sociaux. Directement mis encause sur ces nouveaux médias, ils sont nombreux à en criti-quer amèrement les utilisateurs. Il est symptomatique de voirles élus locaux, ministres ou parlementaires chercher à savoirqui organise les attaques dont ils se disent victimes. Pour unegrande partie de la classe politique, l'idée qu'un citoyen puisseprendre position ou avoir une initiative par lui-même et sanscontrepartie est encore loin d'être évidente.

Pour reprendre contact avec la partie la plus connectée dela population, en premier lieu avec les jeunes urbains devenusimperméables aux moyens de communications traditionnels,certains leaders politiques se sont lancés à leur tour sur les

réseaux sociaux. Des personnalités majeures tiennent desblogs depuis quelques années, comme l'ancien Président IonIliescu ou l'ancien Premier ministre Adrian Nastase, mais c'estaujourd'hui sur Facebook que les politiques roumains veulenttrouver leur place.

Lors de l'élection présidentielle de 2014, les campagnesmenées sur le réseau social ont eu l'effet escompté sur le publicurbain. Une des candidates, Monica Macovei [1], a obtenu unrésultat honorable à la tête d'un parti nouvellement créé [2] etdépourvu de moyens financiers, en faisant l'essentiel de sacampagne en ligne. Le résultat le plus spectaculaire reste sansdoute celui du vainqueur de ce scrutin, Klaus Iohannis. Peuloquace et peu à l'aise sur les tribunes ou dans les débats télé-visés contrairement à son rival Victor Ponta, le candidatIohannis et ses conseillers ont su faire de son compteFacebook un véritable instrument de sa victoire.

La perte de milliers d'"amis"

sur le réseau social est une catastrophe

Conscients de la portée decet outil, les plus hauts respon-sables politiques annoncentaujourd'hui fréquemment desdécisions ou des prises de posi-tion importantes sur leur comp-te Facebook, parfois avantmême que la presse en soitinformée. Les journalistes sontalors réduits à commenter lapage des élus.

On comprend alors pour-quoi la perte de milliersd'"amis" sur le réseau socialconstitue le signe tangible

d'une perte de popularité. Facebook est par ailleurs un terraind'affrontements entre adversaires politiques qui peuvent sedéchirer par "statuts" et "commentaires" interposés. Il est éga-lement un lieu de manipulations pour certains qui n'hésitentpas à acheter les services de zélateurs récompensés au nombrede commentaires laudateurs rédigés sur la page de telle ou tellepersonnalité [3]. À l'instar des citoyens, les hommes politiquesles plus en vue semblent utiliser Internet pour remédier auxdéfaillances de leur propre système de communication officielou à celles des médias et toucher directement le public le plussocialement actif. (Suite page 32)

Notes:[1] Ancienne ministre de la Justice de 2004 à 2007, dépu-

tée européenne, elle est une des figures de la lutte contre lacorruption.

[2] Le M10 a obtenu environ 5% des suffrages.[3] Cette pratique a notamment été dénoncée au cours de

l'été 2015 pour le parti UNPR et son leader, l'ancien ministrede l'Intérieur Gabriel Oprea.

Vie quotidienne Huit millions de comptes sont enregistrés pour 20 millions d'habitants

Le "parti Facebook", concurrent

L’utilisation de Facebook a été un des moteurs de la victoire de Klaus Iohannis, lors de la récente présidentielle.

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Mobilisation contreles tripatouillagesélectoraux de Ponta

Pendant la campagne présidentiellede 2014, les manifestations en faveurdu respect du droit de vote desRoumains établis à l'étranger qui sesont transformées in fine en manifesta-tions contre la candidature du Premierministre Victor Ponta doivent égale-ment beaucoup aux réseaux sociauxqui ont permis aux Roumains expatriésde faire connaître en temps réel lesobstacles auxquels ils étaient confron-tés pour exprimer leur droit de citoyen.

En novembre 2015, l'indignationprovoquée par le laxisme et les insuffi-sances des autorités lors du drama-tique incendie du club Colectiv a étérelayée ad nauseam sur ces mêmesréseaux. Ce bouillonnement en ligne a,là encore, débouché sur des manifes-tations massives qui ont entraîné lachute du gouvernement.

Au-delà de ces événements specta-culaires, il est intéressant de noter àquel point Internet - et Facebook enparticulier - sont aujourd'hui devenusles principaux lieux de débats citoyens.Dans un pays où les partis politiquessont bloqués et discrédités, où laméfiance à l'égard des médias tradi-tionnels est forte et où le monde asso-ciatif est encore passablement désor-ganisé, les confrontations d'idées sefont en ligne.

Pour le meilleur mais aussi pour lepire. Forums, sites ou discussions surFacebook laissent entrevoir une vraierenaissance d'une conscience citoyen-ne longtemps assoupie mais ils per-mettent aussi, sans guère de contrôle,la propagation massive d'un mélangedangereux d'idées extrémistes, dethéories du complot et d'interprétationsdouteuses des faits.

redouté et imprévisible de la classe politique

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Vie quotidienne

Plus de 5,1 millions de bébés sont nés en 2014 au sein de l'UE, selon des donnéespubliées par l'office européen de la statistique, Eurostat. Et parmi ces nouveauxeuropéens, les petits Français sont les plus nombreux avec 819 300 naissances.

La France reste en effet la championne d'Europe de la fécondité, avec 2,01 enfants parfemme en âge de procréer, loin devant les pays méditerranéens (1,23 au Portugal, 1,32 enEspagne) ou de l'Europe de l'Est (1,32 en Pologne, 1,37 en Slovaquie, 1,52 en Roumanie).Des différences qui s'expliquent par des politiques familiales et sociales traditionnellementplus généreuses" dans les pays du nord et du nord-ouest de l'Europe, analyse Gilles Pison,chercheur associé à l'Institut national d'études démographiques.

Toutefois, même la France n'a pas de raison particulière de pavoiser, car son indice defécondité est inférieur à celui du niveau de renouvellement de la population dans les paysdéveloppés (2,1), c'est-à-dire le nom-bre moyen de naissances vivantes parfemme nécessaire pour maintenirconstante la taille de la population enl'absence de toute migration.

Mère à 27,5 ans en Roumanie

Les Européennes deviennentmères assez tard, à plus de 30 ans enmoyenne, avec une forte disparitéentre les pays de l'Est (27,3 ans enBulgarie, 27,5 ans en Roumanie) etles pays méditerranéens (31,8 ans enEspagne). La France se situe plutôt dans la moyenne, à 30,3 ans. Mais la plus grande dispa-rité au sein des pays d'Europe concerne les naissances hors mariage. Alors qu'en Grèce,seuls 7,6 % des enfants sont issus d'un couple non marié, sans passer devant le pope ou lemaire, ils sont plus des deux tiers (66,9 %) en Islande, 31 % dans la Roumanie orthodoxe(mais 57,4 % en Bulgarie) et seulement 22,3 % dans la Pologne de Jean-Paul II. A noterque les utilisateurs de capotes anglaises français (56,7 % de naissances hors mariages)…sont plus nombreux que nos amis d'Outre-Manche, qui les ont baptisées French letters(47,6 %), à ignorer les sermons de l'Eglise ! Messieurs les Français... Tirez les premiers !

Chaque année, plusieurs milliers de Roumains choi-sissent de partir vers l'Europe occidentale pour ten-ter de gagner leur vie. Dans le même temps, cer-

tains s'installent au contraire de l'autre côté du Prut, enMoldavie, pour payer moins d'impôts... Ainsi, selon les don-nées publiées par le Service des passeports de Galati, au coursde l'année 2015, 4040 citoyens de la ville se sont installés à l'é-tranger, tandis que 1058 personnes y sont arrivées. La plupartdes gens ayant émigré ont choisi de s'installer en Moldavie(3272 personnes), les 768 autres préférant l'Italie, l'Espagne,l'Allemagne ou l'Angleterre. En 2014 déjà, plus de 2500 habi-tants ont déménagé en Moldavie, alors qu'ils étaient moins de1000 en 2013.

Ces départs en Moldavie concernent essentiellement despersonnes bénéficiant de la double citoyenneté, roumaine etmoldave. Ces dernières années, nombreux sont les Moldaves àen effet avoir obtenu la citoyenneté roumaine.

Depuis 2014, le nouveaucode fiscal stipule que tous lescitoyens roumains dont le domi-cile principal se trouve sur le ter-ritoire roumain, même les bina-tionaux, ont l'obligation de payerleurs impôts en Roumanie. Orces derniers sont plus élevés quedans les pays voisins. Une raisonqui pousse de nombreuses per-sonnes à changer l'adresse deleur résidence principale.

C'est par exemple le cas deMaria Donose, originaire d'unvillage moldave. Cette femmede soixante-dix ans vend desfruits et des légumes sur les mar-chés de Galati depuis plus de dix ans. Maria possède la doublenationalité et, il y a quelques années, afin de passer plus faci-lement la frontière, elle a décidé de déclarer sa résidence prin-cipale en Roumanie. Tout allait bien jusqu'à ce qu'il y a deuxans, le fisc roumain lui demande de s'acquitter d'impôts pourson activité commerciale.

C'est si simple de s'exempter des taxes

Mihai Sârbu, un autre Roumain de Galati, a lui aussi déci-der de déclarer son domicile de l'autre côté du Prut, bien qu'iln'ait pas la nationalité moldave, afin de ne pas s'acquitter d'unetaxe de 2 500 euros pour faire immatriculer son véhicule ache-té en Allemagne. "J'ai compris qu'en déménageant enMoldavie, je pouvais l'immatriculer pour une centaine d'euros,en comptant les bakchichs", explique-t-il. En Moldavie, l'im-pôt sur le revenu est seulement de 7% des revenus déclarés,contre 16% en Roumanie. Et il en va de même pour les cotisa-tions retraite (6% contre 10%) et santé (4,5% contre 5,5%).

Ainsi, un travailleur roumain qui déclare son domicile en

Moldavie et qui travaille au terminal pétrolier de Giurgiulesti,où les salaires sont équivalents à la Roumanie, est au finalmieux rémunéré, puisqu'il paye moins d'impôts.

De nombreux Roumains choisissent également d'immatri-culer leurs véhicules en Bulgarie, où l'assurance de responsa-bilité civile est deux fois moins chère. Selon la loi bulgare,seule une personne physique ou une société bulgare peut enre-gistrer un véhicule en Bulgarie. La compagnie bulgareDallbogg propose donc des assurances sur le marché roumainet se charge des démarches à effectuer.

Roumains taxés à 42 %, Bulgares à 27 %

Certains Roumains préfèrent également se faire construiredes propriétés dans les pays voisins, où les taxes sont moinsélevées. Les permis de construire s'y obtiennent aussi plusfacilement, tout comme le raccordement au réseau électrique.

Selon le rapport DoingBusiness 2016 publié par laBanque mondiale, les taxes enRoumanie s'élèvent à 42%,tandis qu'elles sont de 27% enBulgarie, de 39% en Serbie etde 40,2% en Moldavie. Ellesmontent jusqu'à 50% enHongrie et en Ukraine.

De toute la région, laRoumanie est également lepays où les démarches pourl'enregistrement d'une proprié-té demandent le plus de temps- 19 jours en moyenne - et oùelles sont les plus coûteuses -1,4% de sa valeur. Les autorisa-

tions de construire s'obtiennent plus facilement en Hongrie eten Bulgarie - en 110 jours - qu'en Roumanie - en 275 jours,mais l'attente est plus longue en Serbie et en Ukraine. L'idéalpour un Roumain serait donc de faire construite sa maison enMoldavie… et de s'y rendre avec sa voiture immatriculée enBulgarie, et de déposer ses économies dans une banque enSuisse!

Costel Crangan (Adevarul)

Traduit par Anna Marquer-Passicot(Le Courrier des Balkans)

Natalité en berne dans l'Union Européenne Déménagements en série des Roumainsen Moldavie pour échapper aux impôts

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On peut se réjouir de voir desoutils de communication effica-ces accompagner le réveilcivique de toute une société quitourne aujourd'hui le dos à l'ano-mie politique des années detransition. L'utilisation massive deFacebook dans le champ poli-tique pose néanmoins un certainnombre de questions.

Les prises de position descitoyens relèvent le plus souventde l'indignation ou de la dénon-ciation. La solution des problè-mes soulevés est le plus souventlaissée au bon vouloir et à lacapacité de l'état et des autorités,en bref du "système" dénoncépar ailleurs. Les confrontationsd'idées qui ont lieu sur lesréseaux sociaux ne déteignentque rarement sur les pratiquesréelles du politique, elles ne per-mettent le plus souvent que dedétecter des tendances plus oumoins durables.

L'élément le plus contestableest sans doute l'illusion créée parFacebook de construire unecommunauté de destin distincteet choisie qui mène le plus sou-vent à un entre-soi numérique.Au-delà de l'enthousiasmeconvenu pour l'invention d'unedémocratie 2.0, la limite entremoyen d'agir sur le réel, dictaturede l'immédiateté et fantasme del'action est aujourd'hui difficile àfixer.

Vincent Henry (Regard sur l'Est), Doctorant à l'université Paris-Est

Illusion entre dictaturede l'immédiateté et fantasme de l'action

Vie quotidienne

En Moldavie, l'impôt sur le revenu est seulement de 7%.

(Suite de la page 31)

Faites l'amour… mais aussi des enfants !

France : 819 300 naissances en 2014,taux de fécondité des femmes : 2,01, âgemoyen d'une mère à la première naissance :30,3 ans, taux des naissances hors mariage :56,7 %

Royaume Uni : 775 908 naissances,taux de fécondité: 1,81, première naissance:30,2 ans, naissances hors mariage : 47,6 %

Allemagne : 714 927 naissances, tauxde fécondité: 1,47, première naissance : 30,9ans, naissances hors mariage : 34,5 %

Belgique : 125 014 naissances, taux defécondité: 1,74, première naissance : 30,3ans, naissances hors mariage : 52,3 %

Luxembourg : 6070 naissances, tauxde fécondité: 1,50, première naissance : 31,4ans, naissances hors mariage : 37,1 %

Suisse : 85 287 naissances, taux defécondité: 1,54, première naissance : 31,8ans, naissances hors mariage : 20,2 %

Italie : 502 596 naissances, taux defécondité: 1,37, première naissance : 31,5ans, naissances hors mariage : 24,5 %

Espagne : 426 076 naissances, taux defécondité:1,32, première naissance: 31,8ans, naissances hors mariage : 39 % (les jeu-nes sont plus dévergondés qu'en Italie !)

Pologne : 375 160 naissances, taux defécondité: 1,32, première naissance : 29,1ans, naissances hors mariage : 22,3 %

Hongrie : 93 281 naissances, taux defécondité: 1,44, première naissance : 29,5ans, naissances hors mariage : 44,5 %

Bulgarie : 67 585 naissances, taux defécondité: 1,53, première naissance : 27,3ans, naissances hors mariage : 57,4 %

Roumanie : 191 103 naissances, tauxde fécondité: 1,52, première naissance : 27,5ans, naissances hors mariage : 31 %.

Anne-Aël Durand (Le Monde)

Le tribunal de Galati a placé sous contrôle judiciaireun professeur-ingénieur universitaire d'électro-nique qui demandait 25 euros à ses élèves voulant

s'assurer d'obtenir la moyenne de cinq aux examens pour pas-ser en année supérieure. Il a été dénoncé par deux étudiants,l'enquête révélant à son égard au moins 27 autres cas de cor-ruption.

La moyenne à bon compte

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Société

Voici exactement 130 ans que des ambulances par-courent les rues de Timisoara. Les habitants lesvirent déambuler en 1886, un an avant Budapest

et seulement deux ans après Vienne. La capitale de l'empireaustro-hongrois s'en était dotée en 1884, à la suite d'un terribleincendie qui avait ravagéle théâtre du Ring, cau-sant la mort de plus de1000 spectateurs.

Un an plus tard, unaccident fit prendre cons-cience de ce besoin auxhabitants de Timisoara:un consommateur sortantdu vieux café "Chezl'Empereur turc" avaitglissé sur le verglasrecouvrant un pontenjambant un bras de laBega et s'était noyé dansla rivière, sans que lespassants puissent le réani-mer. Dès l'année suivante,le 2 décembre 1886, une société de secouristes volontaires etbénévoles voyait le jour, et les premières ambulances, tractéespar des chevaux firent leur apparition dans la foulée, ainsi quetrois barques sur la Bega.

De nombreuses perches et des bouées furent installées surles rives. On dénombra de 120 à 150 interventions annuellesau début, mais ce nombre était déjà passé à 5000 au momentde la Première Guerre mondiale.

Enjamber les trous avec les patients sur la civière

Président de l'association entre 1914 et 1942, EduardProchaska, un riche homme d'affaires, propriétaire de nom-breuses minoteries du Banat, fit l'acquisition d'une ambulanceCitroën, puis de deux Fiat et d'une Ford. Mais l'époque quiallait suivre se traduisit par une véritable régression, pratique-ment jusqu'à la "Révolution" de décembre 1989.

Les véhicules ne disposaient pas, pour ainsi dire, d'assis-tance médicale d'urgence. Elles étaient équipées d'une simplecivière, leur équipage se limitant au chauffeur et à un brancar-dier, médiocrement formé.

Un ambulancier de l'époque se souvient: "On n'avait pasd'oxygène, rien pour accrocher les perfusions, aucun appareil- électrocardiographe, défibrillateur -… on était juste bon àtransporter des sacs de carottes. Le pire, c'est qu'à l'hôpital,

ils n'étaient pas mieux lotis".En 1972, les Dacia 1300 break firent leur apparition. Un

peu mieux pourvues, elles disposaient au moins du chauffage,mais toujours pas de sirène. Les ambulanciers durent affronterun autre problème : faute d'entretien, de nombreuses routes

étaient devenues imprati-cables. Ils étaient sou-vent obligés de laisserleur véhicule à un croise-ment ou au coin d'unerue et d'enjamber lestrous pour ramener leurpatient sur le brancard.Même dans les quartiersde Timisoara!

Dans les premiersmois suivant la "Révo -lution", devant le désast-re qu’elles découvraient,les organisations huma-nitaires européennes ré-agirent en en- voyant devéritables ambulances,

équipées professionnellement, mais jusqu'en 1995, les pou-voirs publics se désintéressèrent de la situation. Le judetdisposait alors de 142 chauffeurs-ambulanciers, 56 assistantset 10 chirurgiens d'urgence.

C'est seulement à cette date que furent mis en place leséquipages types, formés d'un chauffeur, un médecin et, égale-ment, un assistant médical, ayant tous bénéficié d'une forma-tion spécifique.

La Suisse à la rescousse

Le véritable changement s'opéra entre 1996 et 2000, aprèsle basculement du pays dans une ère démocratique plus ouver-te, avec la défaite électorale d'Iliescu et des anciens commu-nistes. Le gouvernement suisse apporta toute son aide, offrithuit ambulances Fiat Ducato toute équipées, système de com-munication double - radio et téléphonie, informatisées.

Un personnel qualifié fut formé, et un centre de formationcréé sur place, par lequel sont passés depuis des centaines demédecins et assistants. Les mentalités en furent toute chan-gées. En 2005, le judet comptait 56 médecins ambulanciers,146 assistants, 28 chirurgiens d'urgence, 211 chauffeurs.

Des chiffres comparables à la situation actuelle et qui,apparemment, suffisent aux besoins. Surtout, entre 2007 et2010, le reste du pays prit exemple sur Timisoara qui, une nou-velle fois, avait montré l'exemple.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Lever à 6 heures, extinction des lumières à 22 heures Voici 130 ans, Timisoara était équipée de sa première ambulanceVie quotidienne

Dans la prison de haute sécurité de Iasi, les 1500détenus hommes se lèvent à 6 heures du matin. Ilsdisposent d'une heure pour leur toilette et d'une

demi-heure pour le petit déjeuner, constitué de biscuits, confi-ture, margarine et café. Après l'appel, commence un program-me de cinq heures pendant lequel ils peuvent travailler (à l'ex-térieur, suivant leur régime éventuelle-ment), suivre des cours, des activitésculturelles ou religieuses, consulter lemédecin de la prison, recevoir aussides visites, mais pas plus de quatre parmois.

Le déjeuner est servi à 13 heures,comprend toujours une ciorba et,comme deuxième plat, du riz, des hari-cots, des pommes de terre, parfois dela viande. Deux fois par semaine, unepause goûter est prévue. L'emploi dutemps de l'après-midi est le même qu'en matinée, avec des pro-menades dans l'enceinte de la prison, du sport, mais aussi lapossibilité de faire des achats au magasin-cantine. Outre leurs

gains, les détenus peuvent recevoir des virements de leurfamille ou proches sur leur cartes d'achat, mais ne peuvent pasdépenser plus de trois quarts du montant du salaire brut men-suel (850 lei, soit 190 euros).

Visite conjugale tous les quatre mois

Les détenus mariés ont égalementla possibilité de recevoir dans l'intimi-té leur femme pendant deux heures,une fois tous les quatre mois, dansune chambre aménagée, avec lit dou-ble et poste de télévision. 35 prisonsroumaines en sont équipées. Il fautrépondre à de nombreux critères pouren bénéficier. Dans ce cas, le pro-gramme de l'après-midi est aménagé.

Le repas du soir, à 19h, est aussià base de riz, pâtes et pommes de terre. Il est suivi d'un appel,après lequel, les détenus disposent de deux heures de tempslibre, jusqu'à l'extension des lumières à 22 heures.

Celà fait sourire... mais Timisoara a été une des toutes premières villes d’Europe à disposer d’une ambulance.

Santé

D'après l'enquête du Conseilde l'Europe, les prisonsd'Europe ont réalisé certains

progrès en termes de réduction du sur-peuplement. La proportion de reclus pour100 places est passée de 99 détenus en2011 à 96 détenus en 2013, et à94 détenus en 2014. Le taux d´incar-cération a également diminué de 7 %en 2014 par rapport à l'année précé-dente, passant de 134 à 124 détenuspour 100 000 habitants. Les prisonsd'Europe restent cependant proches dela saturation de leur capacité d'accueil,avec 1 600 324 personnes détenues.

Le nombre d'administrationspénitentiaires souffrant de surpeuple-ment a nettement diminué (passant de21 en 2013 à 13 en 2014). Les paysdont les établissements pénitentiairesaffichent le taux de surpeuplement le plusgrave sont la Hongrie, la Belgique, "l'ex-République yougoslave de Macédoine",la Grèce, l'Albanie, l'Italie, l'Espagne(administration nationale), la Slovénie, laFrance, le Portugal, la Serbie, la

Roumanie et l'Autriche. En 2014, 1 212 479 personnes étaient

placées sous la surveillance des servicesen charge des peines alternatives à l'em-prisonnement, telles que la probation, lestravaux d'intérêt général, les assignations

à résidence ou la surveillance électro-nique, dans les 45 pays ayant fourni cetteinformation. Seuls 6,7 % d'entre ellesétaient dans l'attente d'un procès, ce quisignifie que les mesures non privatives deliberté sont encore rarement utilisées enlieu et place de la détention provisoire.

Selon l´enquête, en 2014 les ressortis-sants étrangers représentaient 21,7 % dutotal de la population carcérale, 34,6 %étant des citoyens de pays de l'Unioneuropéenne. Dans la plupart des paysd'Europe centrale et orientale, la propor-

tion de détenus étrangers n'excédaitpas 10 %, alors qu'ils étaient surrepré-sentés en Europe méridionale et occi-dentale, leur proportion allant de 25 à96 % de la population carcérale tota-le. Les infractions liées aux stupé-fiants arrivaient une fois de plus entête des causes d'incarcération lesplus courantes (16,5 %), suivies par levol (14 %), le vol avec violence(13,1 %) et l'homicide (12,3 %).

La somme moyenne dépenséepar jour et par détenu en 2013 était de

99 euros, et était donc supérieure à cellede 2012 (97 euros), avec toutefois de for-tes disparités d'un pays à l'autre d'Europe.En 2013, les 45 administrations péniten-tiaires ayant communiqué ces donnéesdans le cadre de l'enquête avaient dépen-sé plus de 27 milliards d'euros.

Surpeuplement des prisons : Belgique, France et Roumanie visées

La capitale du Banat a toujours montré l'exempleCapitale du Banat, longtemps administrée par l'Empire austro-hongrois, Timisoara a toujours été considérée comme

la ville la plus évoluée de Roumanie. Ainsi était-elle devenue le 12 novembre 1884 la première ville d'Europe dont les ruesfurent éclairées à l'électricité, par 731 lampadaires, et l'une des premières villes du monde dotées d'un tramway électrique,en 1899. Mais c'est aussi dans cette cité, qu'est apparue la première ambulance du pays, 20 ans avant Bucarest.

L'ordinaire des détenus dans les prisons roumainesLa journée d'un détenu est relativement similaire dans les différentes prisons de Roumanie, dépendant du régime péni-

tentiaire auquel il est soumis, mais les conditions de "confort" y sont sensiblement différentes suivant leur vétusté et la sur-population carcérale.

Dans cette chambre nuptiale, les détenus peuvent recevoir leur femme pendant deux heures.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Santé On en dénombre 26 000 en Roumanie et 10 000 hors des frontières

Depuis 20 ans, Costel Vanatoru, un spécialiste de la station de recherche agri-cole de Buzau, travaille à la mise au point d'un ardei iute (piment deCayenne roumain) aux vertus thérapeutiques encore plus développées. Ce

petit légume, long de un à dix centimètres, multicolores - rouge, vert, orange, jaune,brun - a déjà la vertu de mettre en feu la bouche et de purifier l'haleine. Mais il dispo-serait d'autres qualités beaucoup plus importantes pour la médecine grâce à ses vitami-nes, ses fonctions anti-oxydantes, la présence massive de beta-carotène et surtout decapsaïcine. Il se présente sous la forme d'une gousse plus ou moins charnue qui contientde nombreuses graines dans sa cavité intérieure, piquantes ou non, qui promettraientl'enfer aux microbes et bactéries.

Cancers, maladies du poumon, ulcères, transit intestinal, stimulation des pancréasdéfaillants, infarctus… rien ne résisterait à son passage. Il déboucherait le nez quand onest enrhumé et serait indiqué dans les régimes amaigrissants en réduisant l'appétit. Ilpourrait même être utilisé sous forme de spray comme arme dissuasive contre les agres-seurs.

Alors que les espèces les plus douces ont une concentration de capsaïcine de zéroà cent unités Scoville (pharmacologue américain), celle poussant dans les serres de

Costel Vanatoru aurait une puissance 200 foissupérieures à celui du piment de Cayenne usuel,frôlant les 2 millions d'unités. "C'est uneMercedes comparée à une Trabant", commente-t-il. Autant dire qu'il est inconsommable, provo-quant des éternuements à n'en plus finir, des lar-mes intarissables et surtout des brûlures ausecond degré. Le chercheur s'est donc tourné versdes laboratoires pharmaceutiques pour envisagerde le commercialiser sous forme de teinture, àutiliser goutte à goutte avec précaution.

De doux à explosif

Il existe une classification des piments à travers le monde, du plus anodin au plusdévastateur :

0-neutre (0 à 100 unités sur l'échelle de Scoville) : poivron.1-doux (100 à 500) : paprika doux.2-chaleureux (500 à 1000) : piment d'Anaheim.3-relevé (1000 à 1500) : piment Ancho4-chaud (1500 à 2500 : piment d'Espelette.5-fort (2500-5000) : piment Chimayo.6-ardent (5000-15000) : paprika fort.7-brûlant (15 000-30 000) : piment Casacabel.8-torride (30 000-50 000) : piment de Cayenne.9-volcanique (50 000-100 000) : piment tabasco10-explosif (plus de 100 000) : piment habanero.

Un feu qui ne s'éteint pas avec de l'eau...

La consommation de piments forts peut entraîner une vive sensation de chaleur etde brûlure à la bouche, surtout chez les personnes non initiées. Le premier réflexe estsouvent d'avaler une bonne gorgée d'eau fraîche, mais il s'avère que cette mesure est peuefficace. En effet, la capsaïcine, composé responsable de la saveur piquante du piment,n'est pas soluble dans l'eau, mais dans les matières grasses. Il est donc plus judicieuxd'avaler une gorgée de lait, un morceau de fromage ou tout autre aliment qui contientde l'huile ou des matières grasses!

L'ardei iute nettoie tout… du sol au plafond !

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Le ministre délégué aux Relations avec lesRoumains de l'étranger, Dan Stoenescu, a effectuéles 23 et 24 décembre une visite en Albanie. Il a

notamment rencontré Halil Hyseni, ministre-adjoint desAffaires étrangères, et Valter Ibrahimi, conseiller diplomatiquedu président. L'occasion de réitérer "le soutien ferme" deBucarest au processus d'intégrationà l'Union Européenne de l'Albanie.

Cette visite s'inscrit dans unetentative, qui n'est pas nouvelle,d'obtenir la reconnaissance parl'Albanie des Aroumains commeminorité nationale roumaine. Pourle moment, ceux-ci sont considéréscomme "groupe ethnique". Unedémarche similaire a été entrepriseen République de Macédoine, sanssuccès, malgré les promesses desoutien de la Roumanie au proces-sus d'intégration de ce pays dans l'UE, parce que lesAroumains y sont déjà reconnus comme minorité nationale,mais sous le nom de "Vlasi" (Valaques) et non de Roumains.

Pour Athènes, il s'agit de "Grecs vlahophones"

L'argument invoqué est l'existence, depuis la chute ducommunisme, d'un statut de minorité nationale accordé par laConstitution roumaine aux Macédoniens et aux Albanais. Aurecensement de 2002, 731 personnes se sont déclarées"Macédoniens" et 520 "Albanais" en Roumanie.

La même année, on dénombrait 9695 Valaques(Aroumains) en Macédoine. Il n'existe pas de chiffres officielsen Albanie, mais leur nombre serait plus élevé selon la plupartdes estimations.

La démarche de Bucarest à Skopje et Tirana risque d'êtrecontrariée par la demande de statut de minorité nationale enRoumanie même, déposée en 2005 par les Aroumains deRoumanie. Toujours selon le recensement de 2002, 26 387personnes se déclaraient appartenir à cette population. LesAroumains sont eux-mêmes divisés sur cette question de lareconnaissance du statut de minorité, qui permettrait notam-ment l'accès à un enseignement en aroumain à l'école: certains,

tout en se disant "Aroumains", refusent en effet l'étiquette deminorité. Une question reste aussi ouverte: dans les autrespays balkaniques, les Aroumains sont-ils roumains ? Le prin-cipal argument du discours national roumain forgé il y a plusd'un siècle et de retour après une longue éclipse sous le régi-me communiste, est d'ordre linguistique : l'aroumain est un

dialecte historique extra-territorialdu roumain, donc les Aroumainsd'Albanie et de Macédoine sontRoumains. Idem pour ceux deGrèce, pays où se trouve la plusimportante communauté aroumai-ne. En théorie tout au moins, puis-qu'il n'y a pas eu encore de démar-che de la Roumanie par rapport àl'État grec. Il faut en effet remar-quer qu'Athènes revendiquecomme "Grecs vlahophones" lesAroumains d'Albanie.

Une langue en perte de vitesse

Sans doute, l'aroumain et le roumain appartiennent à lamême romanité orientale ou balkanique, mais les deux ontévolué séparément en sorte que les différences ne manquentpas et empêchent l'intercompréhension courante entre leurslocuteurs. Bien moins répandu que le roumain et depuis long-temps en perte de vitesse, l'aroumain est aujourd'hui considé-ré comme une langue à part par la plupart des linguistes étran-gers. En Roumanie, en revanche, la question demeure taboue,y compris parmi les linguistes.

Aussi, avant son voyage en Albanie le ministre DanStoenescu s'était-il rendu le 22 décembre à l'Institut de linguis-tique auprès de l'Académie roumaine. Avec les responsablesde cette institution, il s'est entretenu sur "la promotion desvaleurs roumaines, de la conscience nationale et de l'identitédes Roumains des pays balkaniques et de la République deMoldavie", tout en invitant "le milieu académique à adopterune position ferme au sujet de l'appartenance des dialectessud-danubiens à la langue roumaine", rapporte le communi-qué émis par le ministère des Affaires étrangères.

Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans)

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La coopération franco-roumaineen matière de traitement des grandsbrûlés se poursuit, plusieurs moisaprès la tragédie de la discothèqueColectiv (62 morts, le 30 octobre) deBucarest, avec l'arrivée des pre-miers médecins rou-mains en France.

Le premier contin-gent, composé de sixmédecins et infirmiersroumains destinés àêtre formés est partidébut mars, suite à unaccord entre le minis-tère de la Santé rou-main et l'AssistancePublique - Hôpitaux deParis. Au total, ce sont21 professionnels roumains qui vontêtre reçus dans trois centres de trai-tement des grands brûlés: l'hôpitalSaint-Louis de Paris, le CHU deBordeaux et le CHRU de Lille. Lesmédecins anesthésistes, chirurgiensplasticiens et infirmiers roumainsvont effectuer des stages de un moispour peaufiner leur apprentissagedes techniques et autres méthodespropres à cette spécialisation.

Les coûts en lien avec letransport et le logement sont cou-verts par le ministère de la Santéroumain, tandis que les coûts de for-mation sont pris en charge par leshôpitaux français. Rappelons que lepremier centre de Roumanie dédiéau traitement des grands brûlésdevrait ouvrir ses portes à l'Hôpitald'urgence de Floreasca à Bucarest.Des centres régionaux devraientaussi voir le jour à Iasi, Târgu Mureset Timisoara.

Soins aux grands brûlés: coopérationfranco-roumaine

Les Aroumains sont-ils des Roumains ?Fin décembre, le ministre délégué aux Relations avec les Roumains de l'étranger s'est rendu en Albanie pour discuter

de la reconnaissance des Aroumains comme minorité nationale roumaine. Une démarche déjà entamée avec la Macédoine.Mais qui sont les Aroumains et pourquoi Bucarest s'attache tant à les considérer comme Roumains ?

Pour la première fois depuis dix ans, le nombre de Roumains s'installant officiellement en Belgique en 2014 - 15 037 -soit dix fois plus qu'en 2004, a dépassé celui de ceux qui avaient choisi la France - 14 556. Il est vrai que cette année là,les travailleurs émigrés Depardieu et Bernard Arnault (plus grosse fortune de France et PDG du groupe de luxe LVMH)

avaient finalement renoncé à devenir citoyens belges. Les Néerlandais forment la 3ème communauté du crû 2014 d'immigrés enBelgique, suivis des Polonais et des Italiens, alors que l'entrée annuelle des Bulgares a été multiplié par huit en dix ans.

La Belgique plébiscitéeEmigration

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Minorités Les Croates de Roumanie

Ils se disent Croates, d'autres les considèrent comme Serbes. On dit qu'ils sontvenus de Bosnie-Herzégovine au XIVe siècle, sans que personne n'en soit pourtant sûr.Qui sont les Carashovènes du Banat ? Une minorité qui a conscience de son identité etqui tente de défendre sa culture, ainsi que les présente le quotidien Romania Libera.

Située dans le Banat, aux abords du parc naturel des Cheile Carasului, l'agglomé-ration de Carasova, près de Resitsa (Caras-Severin), peut être considérée commela capitale des Croates de Roumanie. Composée de sept communes, elle est un

centre spirituel et culturel pour ces quelques milliers de personnes qui font partie de l'un desgroupes ethniques les plus intéressants du pays. Les Carashovènes revendiquent depuislongtemps leur identité croate, même s'il existe un débat très sérieux sur leurs origines. Lenom de Carasova est mentionné pour la première fois dans des documents datant de 1333.Mais les sources sur l'origine et l'histoire des Carashovènes sont assez pauvres. EmilPetrovici, un érudit originaire de Cluj, l'un des rares communistes à pouvoir justifier d'étu-des universitaires solides, estimait que leur dialecte provenait du serbe. "C'est comme si lalangue serbe était parlée par des Roumains", affirmait-il.

Appelés dans le Banat par le roi de Hongrie Louis Ier d'Anjou

La thèse d'Emil Petrovici a toutefois été contestée par plusieurs linguistes qui considè-rent que le dialecte carashovène est au croisement des dialectes parlés dans le sud-est de la

Serbie, de ceux del'ouest de la Bulgarie etdu nord-ouest de laMacédoine. D'autreslinguistes encore fontdes Carashovènes lesdescendants de Croatesqui vivaient au XIVesiècle sur le territoireactuel de la Bosnie-Herzégovine. Ces der-niers auraient été appe-lés dans le Banat par leroi de Hongrie LouisIer d'Anjou afin deprotéger la région desincursions bulgares

puis ottomanes. Avec l'aide de nobles roumains, les Carashovènes ont ainsi édifié une cita-delle sur une colline qui domine Carasova, à l'emplacement d'un ancien camp romain.

Cette citadelle a été assiégée puis reconstruite à de nombreuses reprises. Ce fut le casquand le Banat était un district militaire destiné à défendre la Transylvanie mais aussi à l'é-poque où la région constituait le pachalik de Timisoara. Aujourd'hui, c'est une ruine. Maisune ruine qui prouve, à travers les siècles, que les Carashovènes étaient des hommes libresà la vocation militaire certaine. Au fil du temps, les Carashovènes se sont mêlés à desBulgares, des Hongrois mais aussi à des Aroumains de confession catholique, réfugiés aunord du Danube après la destruction des tsarats de Târnovo et de Vidin par les Ottomans.Cela explique, selon certains historiens, la présence de mots bulgares et d'influences arou-maines dans le dialecte carashovène.

Quand le Banat fut libéré du joug ottoman par les troupes autrichiennes en 1718,Carasova était la troisième plus grande localité du Banat derrière Timisoara et Caransebes.Elle comptait 400 maisons à l'époque. Les autorités autrichiennes ont un temps envisagéd'en faire une capitale de comté, avant d'y renoncer car les Carashovènes formaient unecommunauté plutôt difficile d'accès.

sont 6000 à 7000 tout au plus

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Si la dimension et le formatdes passeports sont réglementéspar l'ICAO (OrganisationInternatio-nale de l'AviationCivile), sa couleur est décidée parles gouvernements qui ont lechoix entre quatre teintes : rouge,vert, bleu et noir… celles-ciseraient assez significatives del'origine des voyageurs.

Ainsi les passeports avec unecouverture verte, symbolique dela religion musulmane et couleurpréférée de Mahomet dit-on, seretrouvent principalement dansles pays arabes (Maroc, Pakistan,Arabie saoudite, Iran, PakistanAfghanistan), et d'Afrique del'Ouest, où cette religion est forte-ment présente (Mauritanie,Burkina Faso, Côte d'Ivoire,Niger, Nigeria, Sénégal, etc.).

Le rouge ferait allusion aupassé communiste de certainsétats (Slovénie, Chine, Serbie,Lettonie, Roumanie, Pologne,Géorgie)… mais aussi à l'origineviking de l'Europe du Nord, cou-leur favorite des redoutables navi-gateurs (pays scandinaves).

Les passeports de plusieurspays de l'UE arborent une couleurfoncée "cerise" - c'est le cas de laFrance - sans qu'on en sachel'exact sens, à moins qu'elle n'ex-prime une démarche d'unifica-tion… mais cette teinte a étéaussi adoptée comme un mar-queur de leur demande d'adhé-sion à l'Europe par des pays can-didats qui ont changé la couleurde ce document : Turquie,Macédoine, Albanie.

“Dis-moi la couleur

de ton passeport… je

te dirai d'où tu viens”

L'histoire mystérieuse des Carashovènes du Banat C'est ainsi que la ville de Lugoj fut choisie pour devenir le

centre administratif et politique de cette partie du Banat, ce quia favorisé son développement.

Echange de bons procédés avec Zagreb pour les Istro-Roumains

Malgré tout, Carasova a continué d'être considérée commela capitale des Croates du Banat. En 1726, une belle églisebaroque a été érigée au cœur de la ville. On y célèbre toujoursla messe en croate aujourd'hui. De même, l'enseignement enlangue croate s'est rapidementdéveloppé, sous l'impulsion desAutrichiens qui souhaitaient queles Carashovènes entretiennent desliens avec la Croatie. Des livres ontété envoyés de Zagreb à Carasova,ce qui a permis aux habitants deprendre conscience de leur identiténationale. Bien que certains lesconsidéraient comme serbes, leshabitants de Carasova sont catho-liques, ce qui a influencé de façondécisive leur choix identitaire à uneépoque où la Croatie n'était pasencore un État. C'est après la chutedu communisme et le démantèlement de la Yougoslavie queles Carashovènes ont vraiment consolidé et revendiqué leuridentité croate.

Carasova abrite aujourd'hui le siège de l'Union desCroates de Roumanie, qui est représentée au Parlement deBucarest. Elle compte aussi un lycée bilingue roumano-croatequi a ouvert ses portes en 1990. Il accueille des élèves des sept

communes de l'agglomération notamment Carasova et Lupac,où les Croates sont majoritaires.

La plupart des Carashovènes ont aussi obtenu la citoyen-neté croate, les autorités de Zagreb ayant décidé d'accorder despasseports à tous les Croates vivant en dehors de leurs frontiè-res. Cette mesure visait initialement à protéger les Croatesvivant en Serbie, en Bosnie-Herzégovine et dans d'autres Étatsnés du démantèlement de la Yougoslavie. Mais lesCarashovènes en ont aussi profité. Après avoir obtenu leurpasseport, beaucoup d'entre eux sont partis travailler enCroatie, un pays où le niveau de vie était plus élevé qu'en

Roumanie à la fin des années 1990.Depuis l'indépendance de la

Croatie, les relations entre Zagrebet Bucarest sont au beau fixe. Lesautorités croates ont commencé àse préoccuper de plus en plus dumaintien de l'identité desCarashovènes, avec l'appui de leurshomologues roumains. En échan-ge, elles ont encouragé la préserva-tion de l'identité nationale desIstro-roumains qui vivent dansquelques villages de montagned'Istrie. Les deux communautéssont très petites. On compte entre

6 000 et 7 000 Carashovènes et quelques centaines d'Istro-rou-mains. Elles sont toutefois très importantes pour l'histoire desdeux peuples. Les Carashovènes parlent un dialecte isolé héri-té du Moyen-Age, les Istro-roumains l'un des quatre dialectesde la langue roumaine avec l'aroumain et le mégléno-roumain.

Claudiu Padurean (Romania Libera) Traduit parMehdi Chebana pour Le Courrier des Balkans

Le gouvernement indien aurait pour projet d'accorder la nationalité indienne aux Romsvivant hors d'Inde. C'est Sushma Swaraj (photo), la ministre des Affaires étrangèresdu gouvernement indien de Narendra Modi qui a fait cette annonce, début mars, dans

le cadre d'une rencontre avec les délégations Roms du monde entier. La diaspora Rom représen-te 20 millions de personnes réparties dans une trentaine de pays.

'Vous êtes les fils de l'Inde. Malgré les nombreuses difficultés, vous avez conservé votre iden-tité indienne'', a notamment déclaré Sushma Swaraj. La nouvelle trouverait un écho plutôt favo-rable au sein des communautés Roms, même si Sushma Swaraj n'a pas donné plus de détails pra-tiques. Pour le président de la World Roma Organisation-Rromanipen, Jovan Damjanovic, "lesRoms sont originaires d'Inde comme l'attestent les travaux de chercheurs ainsi que nos tradi-tions. On veut que l'Inde reconnaisse les Roms comme des éléments de la diaspora indienne et

nous offre la citoyenneté''. Du côté de la Roumanie, Dorin Cioaba, l'autoproclamé roi des Roms, a lui aussi réagi en déclarant queles roms ''voulaient devenir indiens''. C'est au 10ème siècle que le peuple Rom a émigré du nord-ouest de l'Inde vers l'Europe.

Les différentes langues des Roms proviennent du sanskrit. Les premiers documents mentionnant les Roms en Roumanie datentde 1385 avec la présence de 40 familles au monastère Tismana dans le sud du pays. Esclaves durant de longs siècles, c'est en 1856que le prince Alexandru Ioan Cuza abolit l'esclavage mais ce n'est véritablement qu'en 1923 que des lois leur accordent des droitségaux aux roumains et les protègent contre les discriminations. Officiellement plus de 600 000 en Roumanie, d'autres sources évo-quent un nombre davantage situé autour des deux millions.

La nationalité indienne pour les Tsiganes ?

Carasova, capitale des Croates du Banat.

Les Carashovènes ont formé, de tous temps, une communauté plutôt difficile d'accès.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

L'athlète Iolanda Balas, double championne olympique du saut en hauteur,est morte vendredi 11 mars à l'âge de 79 ans. "Iolanda Balas a été la plus gran-

de athlète roumaine et l'une des 20 plus grands sportifs mondiaux de tous les

temps", a déclaré le président de la Fédération roumaine d'athlétisme, IonSandu. La Roumaine, d'origine hongroise, avait régné sans partage sur le sauten hauteur féminin entre 1957 et 1967, remportant deux médailles d'or olym-piques et des titres européens. Elle allait remporter pas moins de 140 victoiresconsécutives et améliorer à 14 reprises le record du monde, demeurant invain-cue pendant dix ans avec la marque qu'elle avait établie en 1961, à 1,91 m.

A68 ans, Iolanda Balas avait regardé avec émotion les participantes à lafinale du saut en hauteur des JO d'Athènes prendre leur course d'élan.Une poussée d'adrénaline l'avait fait revenir quarante ans en arrière, lors-

qu'elle régnait sur cette discipline. Dans le public du stade olympique, peu de genssavaient qu'une des plus grandes dames de l'athlétisme mon-dial, devenue en 1991, présidente de la FédérationRoumaine d'Athlétisme, était assise parmi eux. IolandaBalas était un mythe, mais pour en arriver là, le saut en hau-teur s'était révélé plus qu'une épreuve sportive pour celledont le speaker annonçait au micro la présence sur les stadesen disant "Silence, s'il vous plait! Madame Iolanda Balas vasauter!".

Petite fille frêle au yeux bleus, Iolanda, ou Iolly, sondiminutif, vendait des journaux aux coins des rues deTimisoara, sa ville natale, pour rapporter un peu d'argent àsa famille. Son père, un homme sévère, l'avait inscrite à l'é-cole Notre Dame, tenue par des religieuses, dont elle seraune des dernières élèves.

Fillette, elle sautait par dessus les cordes à linge de sa mère

Dans la cour de son immeuble, la fillette s'amusait à sauter par dessus les cordesà linge de sa mère, franchissant déjà 1,20 m alors qu'elle n'avait que 12 ans. Repéréepar le plus célèbre club d'athlétisme du pays, celui de l'usine Electrica, elle s'entraî-nera avec une telle ardeur, que son professeur sera obligé de la réfréner.

Quand, deux ans plus tard, en 1950, elle réussit 1,40 m, les choses sérieusescommencèrent. On l'envoya à Bucarest où elle s'initiera à la compétition dans ungroupe d'athlètes adultes. Lors de son premier concours à Budapest, l'adolescente àpeine sortie de l'enfance paraissait si effacée qu'on l'a prise pour la fille d'un memb-re de la délégation roumaine. Mais lorsqu'elle eut franchi 1,40 m dès son premiersaut, puis améliora le record de son pays, les regards changèrent.

Iolanda Balas entamait une carrière sportive de 20 ans où elle allait dominer lascène roumaine et mondiale, avec un palmarès inégalé au niveau de l'athlétisme dansson pays: deux titres olympiques (Rome, 1960, Tokyo, 1964), trois titres européens(les championnats du monde n'existaient pas alors), trois titres mondiaux universitai-res, neuf médailles d'or aux Jeux Balkaniques, dix neuf titres nationaux. Les perfor-mances s'accumulaient les unes après les autres: 63 records nationaux, 14 recordsmondiaux, dont le dernier, 1,91 m, durera dix ans, de 1961 à 1971. La longue sil-houette fine de Iolanda Balas, 1 m 85, de très longues jambes, ses sauts élégants enciseaux, dans un style bien particulier, étaient alors connus dans le monde entier.

La jeune femme, devenue dès l'âge de 15 ans, "maître des sports" dans son pays,établit ainsi 100 records de stade à travers tous les continents et entra dans le GuinessBook, avec 142 victoires consécutives, un record qui, aujourd'hui encore n'est paségalé.

Accusée de sabotage, sa photo déchirée, piétinée, après son échec aux J.O de Melbourne

Pourtant cette réussite ne constituait que l'envers de lamédaille. Devenue symbole, Iolanda Balas, qui parlait fran-çais, anglais, hongrois, allemand et russe, apprit vite qu'elle nes'appartenait plus et découvrit la nature du régime communis-te. Favorite des Jeux Olympiques de Melbourne, en 1956, ellefut privée de la compagnie de son entraîneur, devenu aussi sonami de cœur, Ioan Hansi Soter, qui avait été empêché de quit-ter le pays, car son frère s'était établi en Australie. A sa place,on lui avait dépêché un agent de la Securitate qui la suivaitcomme son ombre.

Profondément perturbée, la toute jeune femme de vingtans ne prit que la cinquième place. Cette contre-performancelui valut les reproches violents des chefs de sa délégation quil'accusèrent de "sabotage" et "d'avoir vendu le titre olym-pique". Au village olympique, on déchira sa photo, cracha des-sus, la piétina…

Iolly dépassa cette période difficile grâce à l'aide de Hansi,qui prendra toujours soin d'elle et de sa carrière, s'efforçant delui assurer une vie calme. Le couple vivait dans une chambred'étudiants, Iolanda suivant les cours de la Faculté d'EducationPhysique et de Sports de Bucarest.

Se payant le culot d'aller voirle dictateur Gheorghiu-Dej

Reprenant avec assiduité les entraînements, la champion-ne retrouvera vite performances et confiance. Mais déjà 1960et les Jeux Olympiques de Rome se profilaient. De nouveau,Hansi se vit interdire la sortie du territoire par les autorités.

I o l l yr e f u s aalors dep a r t i r .Prenantson cou-rage àd e u xm a i n s ,d a n sune démarche audacieuse et risquée, aussi bien pour sa carriè-re sportive que pour son avenir personnel,

elle se rendit elle-même au siège du Comité central duParti Communiste pour parler à son Secrétaire général,Gheorghiu-Dej. Elle obtint gain de cause et Hansi put l'accom-pagner. Le dictateur n'eut pas à regretter son geste, l'athlèteramenant la médaille d'or à la Roumanie, renouvelant cetexploit quatre ans plus tard à Tokyo, avec un saut à 1m 90, àun centimètre de son record mondial.

Pendant toutes ces compétitions, le couple se promenaitavec un cerbère de la Securitate sur les talons et, chaque soir,devait faire vérifier le contenu de ses maigres achats… effec-tués avec les trois dollars quotidiens qui lui étaient attribués. Al'époque, être champion ne permettait pas de rouler sur l'or."Pour un record national, on nous promettait 750 lei (un salai-re moyen), pour un record mondial, 6000 lei" se souvient l'an-cienne championne olympique, rajoutant "C'était de l'argent,mais on ne recevait jamais tout… On nous disait qu'il fallaitque le pays fasse des économies", avant de constater: "Mais çàne comptait pas, on mettait beaucoup de passion dans ce qu'onfaisait. Ce n'est pas comme aujourd'hui, où les sportifs se pré-occupent avant tout de ce qu'ils vont gagner".

Disparition d'une des plus

Considérée comme l'une desplus difficiles courses aumonde, le 6633 Arctic

Ultra, a été remportée par un roumain,Tiberiu Useriu. L'épreuve, longue de565 kms, a lieu mi-mars au cerclePolaire Arctique dans des conditionsextrêmes à cause du froid et de ventsviolents. Seuls quinze participantsavaient pris le départ de la course cha-cun devant tirer un traîneau avec sesprovisions et autres équipements pourdormir.

Douze sont allés jusqu'au boutdont les 3 Roumains engagés. TiberiuUseriu a passé la ligne en tête aprèsune semaine de course, après avoiraccusé des températures de - 62 degrésCelsius. Il a devancé de près d'une

heure un concurrent Thaïlandais et sesdeux autres compatriotes, Vlad Tanaseet Andrei Rosu.

Originaire de Bistrita et âgé de 41ans, Useriu n'est pas le plus rapide àavoir fini cette course qui existe depuis2007 et a réuni jusqu'ici 200 partici-pants. Par le passé, un athlète était par-venu à boucler le parcours menant à unhameau au bord de l'océan Arctique encinq jours. Les trois Roumains ont faitla course en tête depuis le début.

Tiberiu Useriu s'était entraînétorse nu en Roumanie tout l'hiver pré-cédent, sur les hauteurs du col Tihutadans les monts Calimanii, dormant à labelle étoile par des nuits de gel, pre-nant des bains dans des rivières gla-cées.

Tiberiu Useriu remporte le marathon polaire par - 62 °

Sports

"Silence, s'il vous plaît !

grandes athlètes de tous les temps

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

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IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILA

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BOTOSANI

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PITESTI

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RM. SARAT l

FOCSANI

BISTRITA

CRAIOVA

TULCEA

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GIURGIU l

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Iolanda Balas a arrêté sa carrière en1967, au faîte de sa gloire, à la suite dedouleurs tenaces au tendon d'Achille. Lachampionne, âgée de 31 ans, ne suppor-

tait pas l'idée d'être battue. La mêmeannée, devenue professeur d'éducationphysique, elle se maria avec Hansi. Lecouple, qui a eu un garçon, a vécumodestement jusqu'à la mort prématuréed'Hansi en 1987, que Iolly mettra sur lecompte de ce que leur avait fait endurerle régime et des privations de l'époque.

Portée à la présidence de laFédération Roumaine d'Athlétisme aprèsla "Révolution", Iolly, devenue légendedan son pays, vécut avec sa retraite de3,1 millions de lei (76 €, 500 F), pour41 ans de travail et sa carrière sportive,somme confortée par une rente viagèrepour ses deux titres olympiques, ce quilui permit de mener une existencedécente dans son appartement de troispièces du quartier Floreasca deBucarest.

Toujours souriante, espiègle, la gran-de championne a gardé dans le regard lamême flamme qui l'animait lorsque lespeaker annonçait "Mesdames,Messieurs, Madame Iolanda Balas vatenter de battre son record du monde".

Devenue une légendede son vivant

Madame Iolanda Balas va sauter"

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Ils ont quitté leur pays d'origine, la Roumanie, pourcaresser leur rêve d'enfant: devenir joueurs de rugbyprofessionnels en France. Andreï et Alex Gorcioaia

sont deux colosses au cœur tendre, le premier évolue àValence, le second à Castelsarrasin (Tarn et Garonne).

On a coutume de dire que le rugby est une secondefamille. Des copains de l'enfance rencontrés sur le pré lors desentraînements du mercrediaprès-midi, et dont les liensse tissent au fur et à mesu-re des années pour devenirde véritables frères. Onconnaît aussi quelquesfamilles qui ont réussi dansl'Ovalie. Les exemples sontlégions: Spanghero, Her-rero, Lièvremont, ou plusprès de nous, Florent etAmédée Domenech. Maisl'histoire d'Andreï et AlexGorcioaia est encore plussingulière. Ils ont quittéleur pays, la Roumanie, pour tenter de réaliser leur rêve: deve-nir joueur professionnel de rugby.

Les deux frères sont originaires de Lespezi, un village de5000 âmes du nord-est de la Roumanie, près de Iasi. Après êtrepassés par Lespezi, ils partent pour Cluj-Napoca, où ils ontétudié. Avant de voler de leurs propres ailes en troisième ligne.

Andreï (1m92, 116 kg), l'aîné aujourd'hui âgé de 28 ans,est arrivé le premier dans l'Hexagone, en provenance deRoumanie. "J'avais envie de goûter à autre chose. J'avais finimes études, et je voulais tenter ma chance en France pourdevenir professionnel", explique le troisième ligne centre del'Avenir valencien.

"À l'époque, c'est Petre Mitu qui était entraîneur deCastelsarrasin. Je l'avais côtoyé en équipe nationale deRoumanie. C'est lui qui m'a fait venir au CAC".

Andreï atterrit en France le 26 juillet 2010. Mais ne par-lant que très peu français, ses premiers pas dans la sous-pré-fecture sont compliqués. "En dehors des entraînements, je nerencontrais personne. Les premiers temps ont vraiment été dif-ficiles", explique le puissant numéro 8, qui souligne l'impor-tance de la présence de Petre Mitu.

Puis quelque mois après son arrivée et une victoire cont-re Gourdon, ses coéquipiers de l'époque l'emmènent fêter leursuccès dans un bar. "C'est là que j'ai rencontré Christelle, mapetite amie, avec qui je suis aujourd'hui. Cette rencontre a for-cément facilité mon intégration".

"Je voulais tenter ma chance au plus haut niveau"

Alex, le "petit" frère (1m94, 105 kg), arrive un an plustard, lui aussi au CAC. "J'avais des offres en Roumanie, maisje voulais tenter ma chance à haut niveau. Venir en France

était donc une première étape." Pendant un an, Andreï et Alexhabitent ensemble à Montauban. Et alors qu'Andreï connaît lesbases de la langue, Alex n'en parle pas un mot. "Au début, c'estmon frère qui parlait pour moi, se rappelle ce dernier. Au boutde quelque temps, j'ai appris le français. Puis il a fallu trouverun travail à côté du rugby. À cause de mes blessures, je n'aijamais eu ma chance dans une équipe pro. J'ai donc dû m'a-

dapter pour concilier mavie professionnelle et lerugby. Aujourd'hui, macopine m'a rejoint, noussommes maintenant mar-iés, et nous sommes trèsheureux". Le gaillard avaitdemandé la main d'Iris, sacompagne, sur le terrain, àl'issue d'un match contreAvignon.

À l'inverse, deux ansaprès son arrivée sur le solfrançais, Andreï s'est vuproposer un contrat avec

Valence d'Agen. "C'était un nouveau challenge à l'échelonsupérieur, une étape dans ma carrière. Cela fait maintenantquatre ans que j'y suis. J'ai eu des contacts aussi avec desclubs de Pro D2 par la suite, mais vu que je ne suis pas unjoueur issu de la formation française (JIFF), c'était beaucoupplus compliqué pour moi de les intégrer. Je ne me plains pas,j'ai la chance de vivre de ma passion", nuance celui qui ademandé la nationalité française. S'il est pleinement engagédans sa carrière de joueur, Andreï n'en oublie pas pour autantl'après. "J'ai fait valider mes diplômes roumains en France.Comme cela, une fois les crampons raccrochés, j'espère deve-nir professeur d'EPS." Mais avant leur retraite, les deux fran-gins espèrent une dernière fois pouvoir jouer ensemble…

Le maillot roumain dans le cœur

S'ils sont maintenant bien installés en France, les deux frè-res n'en oublient pas pour autant leurs origines. Andreï revientmême tout juste du Tournoi des Six Nations B avec la sélec-tion roumaine. Avant d'affronter la Géorgie d'un certainMamuka Gorgodze lors du dernier match, les Roumains res-taient invaincus contre l'Espagne. Le grand chelem s'est doncjoué à Tbilissi, la capitale géorgienne, à la mi-mars dans unstade plein comme un œuf.

"Ils étaient meilleurs que nous, ont su mieux gérer et ontprofité de leur 16e homme: 50 000 personnes, et une ambian-ce des grands matchs", se souvient Andreï. Lui qui avait reçuun carton rouge contre la Russie pour un coup de tête("J'aurais dû réussir à maîtriser mes nerfs" avoue-t-il), lesélectionneur l'a aligné d'entrée face à l'armada géorgienne."C'est une grande preuve de confiance que l'entraîneur m'adonnée. C'était l'un des meilleurs matchs de ma carrière".

Un village moldave fournit leSports

Les frères Gorcioaia,

Sud-ouest en joueurs de premier plan

Les deux frères sont originaires de Lespezi, un village de 5000 âmes du nord-est de la Roumanie, près de Iasi.

le rugby dans le sangAlex a lui aussi eu l'occasion de porter le maillot de son équipe natio-

nale. Mais c'était lors d'un tournoi de rugby à VII. S'il continue d'espérerpouvoir jouer un jour au sein du XV roumain, il sait qu'il lui reste du che-min à parcourir. "On ne peut pas être dans une équipe de Fédérale 2 enFrance et pouvoir prétendre à une sélection. Il faut être au minimum enFédérale 1 comme Andreï. Surtout au niveau de la mêlée, les contacts sontdifférents, plus durs". "S'il est entraîné, qu'il passe une année en Fédérale1 ou en pro, je pense qu'il pourrait y accéder", coupe son aîné.

Marian, le benjamin resté au pays

Si Alex et Andreï sont tous les deux aujourd'hui installés en France, il reste un troisième et dernier Gorcioaia, qui est pour l'ins-tant resté fidèle à ses terres d'origine. Marian (23 ans, talonneur ou N.8) évolue dans l'équipe des Timisoara Saracens, une sorte desatellite roumain d'une grande équipe anglaise. Et malgré son jeune âge, le garçon est déjà international roumain. A la question desavoir s'il serait prêt à rejoindre la confrérie en France, Alex et Andreï sont plutôt sceptiques. "Marian a déjà eu des contacts avecdes équipes de Fédérale 2 françaises. Mais comme il joue déjà dans le championnat de première division roumain, qu'il est pro, ilpense que ce serait une régression de signer en Fédérale 2", explique Alex. "Alors que nous, nous l'avions vu comme une ported'entrée à un plus haut niveau", complète Andreï. Florent Duprat

Le tournoi de tennis de Bucarest, le BRD Nastase-Tiriac Trophy, a encaissé un coup dur. Organisé du 18 au 24 avril, lesmatchs n'ont pas pu avoir lieu dans les Arènes BNR.. Comme dans le cas du stade National Arena, fermé depuis desmois, les Arènes BNR, d'une capacité de 5000 places, ne disposaient pas du fameux avis ISU (sécurité) et ne peuvent

donc plus accueillir de matchs officiels. Ceux-ci ont donc eu lieu sur des terrains secondaires. Un camouflet dont se seraient bienpassés les organisateurs du tournoi, les deux légendes du tennis roumain, Ilie Nastase et son ancien compère de Coupe Davis, l'af-fairiste Ion Tiriac. Ce dernier a annoncé qu'il "comptait désormais vendre le tournoi et que cette édition serait la dernière à laquel-le son nom est associé''. L'ancien Open BCR, rebaptisé en 2011, existe depuis 1993. Intégré au circuit ATP, il se déroule sur terrebattue et est doté de plus de 400 000 euros de gains. Le français Gilles Simon l'a notamment remporté à trois reprises.

Du rififi du côté du tournoi BRD Nastase-Tiriac

Défense toujours solideLa Roumanie, adversaire de la

France lors du match d'ouverture del'Euro-2016 le 10 juin, a tenu en échec(0-0) l'Espagne, double championned'Europe en titre, lors d'un match amicalde préparation, à Cluj. Plus tôt dans lasemaine, la Roumanie s'était imposéeface à la Lituanie (1-0).

La sélection d'Anghel Iordanescu,meilleure défense des éliminatoires avecseulement deux buts encaissés, a démon-tré sa solidité lors de cette rencontre. LesRoumains sont invaincus depuis septem-bre 2014 et se sont qualifiés pour l'Euro2016 en terminant deuxièmes de leurgroupe, derrière l'Irlande du Nord.

Bien classée

La Roumanie occupe la 16ème placeau classement mondial de la FIFA defévrier avec 987 points, devant la France

(24ème, 867 points) et l'Albanie (36ème,746 points), les deux équipes qu'elle doitrencontrer à l'occasion du tour prélimi-naire de l'Euro 2016, le groupe étantcomplété par la Suisse (12ème,1050 points). La Belgique occupe la pre-mière place (1494 pts), devantl'Argentine (1455), l'Espagne (1370),l'Allemagne (1347) et le Chili (1293).

Pour pouvoir participer à la phasefinale du mondial 2018 qui se tiendra enRussie, la Roumanie devra affronter: laPologne (34ème, 787 pts), le Danemark(40ème, 692), le Monténégro (84ème,403), l'Arménie (123ème, 285), leKazakhstan (131ème, 266).

Un entraîneur trop malin

Si les joueurs de football sont sou-vent pointés du doigt pour leurs simula-tions parfois trop théâtrales sur les ter-rains, les entraîneurs savent aussi faire

leur cinéma sur les bancs de touche.Marius Sumudica, entraîneur de l'AstraGiurgiu, actuellement en tête du champ-ionnat roumain, a osé simuler une blessu-re à la tête alors qu'il avait simplementreçu un petit projectile sur son bras.Mauvais acteur, Sumudica a demandél'intervention des médecins et provoquél'interruption de la rencontre tout en seplaignant de l'agression des supporteursadverses. Le coach de l'Astra Giurgius'est aussi fait remarquer pour des faitsencore moins glorieux.

La Fédération roumaine de footballl'a en effet banni du championnat pour lessix prochains mois pour avoir participé àdes paris sportifs alors qu'il n'en avait pasl'autorisation.

Le technicien avait misé entre 500 et900 euros sur des matches de Ligue deschampions, de Ligue Europa, du champ-ionnat roumain mais aussi sur l'équipejuniors de Roumanie.

A savoir

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Le président de la Fédération roumaine de football atapé du poing sur la table. Il n'exclut pas quel'UEFA refuse l'organisation des matchs de l'Euro

2020 à Bucarest. L'Euro 2020 de football a lieu cette fois-ci,non pas dans un voire deux pays, maisdans treize villes différentes sur le conti-nent européen. Une nouveauté afin decélébrer les soixante ans de la premièreédition. Bucarest et son Arena nationalade plus 55 000 places font partie du lot etdevraient donc accueillir trois matchs depoule ainsi qu'un huitième de finale. Lesdemi-finales et la finale auront lieu, àWembley en Angleterre, stade de 90 000places. Le problème pour la Roumanie -qui a reçu un feu vert de principe en 2014- est que le pays ne semble pas respecterses engagements auprès de l'UEFA enmatière de préparation. C'est ce qu'adéclaré, Razvan Burleanu, le présidentde la Fédération roumaine de football, la FRF. Celui-ci déplo-re que, contrairement à ce qui était prévu, Metrorex ait annon-cé que la ligne de métro vers l'aéroport Otopeni ne serait pasterminée avant 2021. Autre condition imposée par l'UEFA auxorganisateurs: l'existence d'une autoroute Bucarest-Budapest,la capitale hongroise accueillant également des matchs de lacompétition. Là encore, il manquerait environ 200 kilomètresd'autoroute afin de relier Bucarest à la frontière ouest du pays.

Vingt critères à respecter sur la feuille de route

La capitale roumaine avait accueilli en 2012 la finale del'UEFA Europa League ce qui avait, selon les estimations, rap-

porté 30 millions d'euros à l'économielocale avec la venue pour l'occasion depas moins de 30 000 touristes. Il y auraitvingt critères sur la feuille de routeimposée par l'UEFA en vue de l'organi-sation de la compétition d'ici quatre ans.

Pour ce qui est du métro vers l'aéro-port, Bucarest dispose en outre d'un cré-dit de la part du gouvernement japonais.Seul hic, et de taille, n'ayant pas encorecommencé à utiliser celui-ci, laRoumanie paierait 300 000 euros par ande pénalités. Dan Costescu, le ministredes Transports, a déclaré qu'il ne restaitdéjà plus que 72% de la somme accor-dée il y a cinq ans.

Apparemment, les travaux devraient pouvoir débuter cetteannée. Pour clore ce chapitre football et infrastructures, le pré-sident de la FRF se démènerait actuellement afin de moderni-ser quatre stades dans la capitale roumaine: le stade de l'Arc detriomphe, Giulesti, Ghencea et Stefan cel Mare. Là encore, peude garanties. Il s'agirait de stades d'une moyenne de 20 000places et d'un investissement de 80 à 100 millions d'euros.

(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Pas de métro direct, ni d'autoroute Budapest-Bucarest terminée

La Roumanie mal embarquée dans l'organisation de l'Euro 2020

Sports

Les autorisations de sécuriténécessaires à la réouverture del'Arène nationale de Bucarest

ont été données mi-mars par le ministèredu Développement régional. Des analy-ses faites par un laboratoire italien indi-quent que la toile qui compose le toit dela construction répond à toutes les nor-mes européennes.

C'est la résistance aux flammes de ce

matériau qui avait étémise en doute parl'Inspectorat roumain dessituations d'urgence(ISU), début novembre,après à la tragédie de ladiscothèque Colectiv, oùplus de soixante person-nes sont mortes suite à unincendie. En effet, desanalyses faites dans le

laboratoire de l'ISU avaient indiqué,début novembre, que la membrane enquestion ne résistait pas au feu.

La National Arena, le plus grand et leplus moderne des stades de la Roumanie,avait donc été fermée. De nouvelles ana-lyses du matériau en cause viennent demontrer que son toit répond bien à tousles standards européens. Ce sont donc lescapacités techniques du laboratoire de

roumain qui semblent avoir été à la basede ce malentendu.

La National Arena, un stade de55 000 places, avec une expansion poten-tielle à 63 000 personnes, a été inauguréeen septembre 2011 et a accueilli la finalede la Ligue Europa, en mai 2012. Elle acoûté 234 millions d'euros. Le stade avaitété inauguré le 6 septembre 2011, à l'oc-casion d'un match Roumanie-France(0-0), comptant pour les préliminaires del'Euro 2012. Une rencontre renduemémorable à cause de l'état de la pelouse,comparée à un champ de pommes deterre, refaite à six occasions depuis.

Les matchs amicaux que devaient ydisputer la Roumanie avec la Lituanie (23mars) et l'Espagne (27 mars) ont été pro-grammés à Giurgiu et à Cluj. L'équipenationale retrouvera l'Arena à l'occasiondu prochain Roumanie-Hongrie.

La National Arena bientôt rouverte

En mars 2015,35 000 pèlerins s’étaient rendus sur la tombe du Père Arsenie Boca à Vatade Sus, dans le judet d’Hunedoara (photos ci-dessus et ci-contre), décédé en 1989, unmois avant la “Révolution”. Ce prêtre de l'Église orthodoxe roumaine, considéré commele plus grand maître spirituel qu'ait connu la Roumanie au XXe siècle, a été emprisonné

à sept reprises par les Soviétiques et les communistes, et torturé. Constamment surveillé par la Securitate, il s’était retiré au monastère de Sinaia, où iltravaillait à l'embellissement de l'église de Draganescu, dédiée à saint Nicolas. Il est

enterré, selon son désir, au monastère Prislop. En passe d’être canonisé, le Père ArsenieBoca est aujourd’hui considéré comme un saint, le Saint de laTransylvanie.

La construction de la gigantesque cathédrale de Bucarest suscite toujours autant de commentaires, de nombreuses voix s’élevant devant sa démesure, tout comme contre le

train de vie de l’Eglise orthodoxe et de son patriarche, Daniel. Parmi elles, on compte despersonnalités de premier plan de la vie intellectuelle et artistique (photo ci-dessous).

Le groupe de chanteursTaxi en a même fait un clip: “Dieu préfère le bois et la simplicité”.

Paste fericit !Hristos a înviat !

Père Arsenie Boca, le Saint de l’Ardeal.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Selfie déplacé Troupes hongroises et roumaines se partagent le théâtre de Târgu Mures

Le Dr Sergiu Sochirca, ancien directeur de l'hôpitalde Floresti (nord-est de la Moldavie), a été suspen-du de ses fonctions après un dérapage sur les

réseaux sociaux. Alors qu'il se trouvait en salle d'accouche-ment, le médecin a soudainement eu l'idée saugrenue dedélaisser quelques instants sa patiente et de réaliser un petitselfie. Devant une patiente nue et sous narcose partielle, ledocteur a pris la pose, le regard rieur. Plus tard, une fois l'ac-

couchement terminé, le Dr Sochirca a photographié le nou-veau-né dans les bras d'une sage femme.

Le Moldave a ensuite eu l'initiative de publier ces clichésd'un goût douteux sur Facebook. Leur publication est devenuevirale en Moldavie. Les médias locaux se sont emparés dubuzz, suscitant la polémique dans tout le pays. Le Ministère dela Santé a évidemment eu vent de cette histoire et demandé lasuspension du médecin indélicat

Insolite

Le Théâtre national de Târgu Mures vient de fêterses "premiers 70 ans". Une institution unique dansle pays, producteur de spectacles mais surtout

instrument de cohésion sociale... Ce moment où l'on plongedans l'histoire qui vous est racontée, sans aucune pensée super-flue. Ce moment où on se lais-se emporter par la musicalité dela langue qu'on entend, surtoutquand on ne la comprend pasou très peu. Certes, il y a la tra-duction, les sous-titres, qui sontlà, devant vous. Mais on comp-rend tout, la moindre idée, sanseffort; la chaise sur laquelle onest assis disparaît. On est dansl'histoire, avec les comédiens,ceux qui opèrent ce petitmoment de grâce. Et c'est cequi se passe, par exemple, lorsd'une représentation de Lamouette d'A.P. Tchékov de lacompagnie Tompa Miklos, delangue hongroise, du Théâtre National de Târgu Mures.

La performance est une mission implicite de toute institu-tion, quel que soit le secteur d'activité. Au théâtre de cette villefortement bi-culturelle (52% population roumaine, 45% popu-lation magyare), la performance artistique est aussi un moteurdu dialogue interethnique. C'est en 1946 qu'est créé le ThéâtreSicule, uniquement de langue hongroise, premier théâtre insti-tutionnel de Târgu Mures, ville se trouvant au beau milieu dela Roumanie, dans une région à forte population magyare. Sonnom et sa structure changeront par la suite, une compagnie delangue roumaine - Liviu Rebreanu, de son nom actuel - venants'ajouter en 1962. Un parcours nullement simple, avec de nom-breux hauts et bas, allait s'ensuivre. Un travail en filigrane surla coexistence des deux communautés, qui allait apporter àl'institution le titre "National" en 1978, la seule de ce genre àaccueillir deux compagnies de langues différentes.

Le terrain des sensibilités reste plutôt accidenté

Toutefois, un théâtre ne suffit pas pour régler des problè-mes structurels qui dépassent le cadre culturel. L'échec dunivèlement et des politiques ethniques désastreuses pratiquéspar le régime communiste a montré son visage le 15 mars1990. Le pays découvrait alors, sous le choc, les heurts inter-

communautaires les plus violents de son histoire récente, évi-tant de justesse une guerre civile. Le terrain des sensibilitésculturelles reste, depuis, plutôt accidenté dans la quinzièmeville roumaine.

A travers le temps, le Théâtre National a subi lui aussi lesconséquences de ces turbulen-ces. Toutefois, l'équipe direc-trice en place (le comédienAttila Gasparik, directeurgénéral, l'auteur dramatiqueAlina Nelega et le metteur enscène Attila Keresztes, direc-teurs artistiques des compa-gnies roumaine et respective-ment hongroise) a radicale-ment changé, depuis cinq ans,la place de cette institutiondans le tissu urbain de TârguMures. Le théâtre joue vérita-blement le rôle de pont entreles deux cultures, sans occulterles nombreux problèmes épi-

neux restés en suspens.Au-delà des sous-titres en roumain et en hongrois devenus

incontournables, des textes qui parlent des réalités concrètesde cette ville, des acteurs qui passent d'une compagnie à l'aut-re - dans les deux sens, dans une ambiance réellement ouverteet amicale - le théâtre s'oblige à une qualité irréprochable afind'attirer de plus en plus de public mixte, quelle que soit la lan-gue de la représentation. La sensation que peut vous procurerLa Mouette sera tout aussi valable dans le cas, par exemple, deTrafic routier d'Alina Nelega, pour la compagnie LiviuRebreanu. Et la relève est assurée par les deux troupes d'en-fants et adolescents, avec également une dimension mixte, quifonctionnent auprès du Théâtre National, un autre élément spé-cifique et unique en Roumanie.

Le Théâtre national de Târgu Mures est tel un funambulesur la corde interculturelle, reconnaît son directeur, AttilaGasparik. Selon lui, c'est "dialogue" qui doit rester le maîtremot de la prochaine période, afin de renforcer et de pérenniserles avancées des dernières années. "Nous provoquons les gens,les faisons penser; nous sommes un théâtre d'aujourd'hui,dans un milieu à part - nous n'avons pas de réponses, juste desquestions", conclut-il.

Andrei Popov, Radio Roumanie Internationale (RRI)

(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Un funambule sur un pont jeté entre les deux communautés

le théâtre s'oblige à une qualité irréprochable afin d'attirer de plus enplus de public mixte, quelle que soit la langue de la représentation.

Des maillots pour faire du calcul mental

On rappelle assez souvent auxfootballeurs qu'ils sont desexemples pour les enfants.

La Fédération roumaine l'a bien compriset a décidé de créer un maillot d'entraîne-

ment qui a fait réviser les mathéma-tiques aux jeunes supporters regar-dant l'échauffement de la sélectionface à l'Espagne, en match de prépa-ration à l'Euro 2016. Les joueursont porté en effet des maillots d'en-traînement floqués avec des exerci-ces de calcul mental. Après avoirrésolu les opérations, il était possi-ble de déterminer le numéro de

chaque joueur. Le tout pendant qu'ilsétaient en mouvement. Une tâche pasaisée mais très pédagogique.

"Le football et les mathématiques nes'opposent pas. Nous devons regarder le

sport et l'éducation comme des élémentscomplémentaires et fondamentaux dansla formation et le perfectionnement desenfants, a expliqué le président de laFédération roumaine, Razvan Burleanu.Nous voulons une génération en bonnesanté et des étudiants intelligents quipeuvent atteindre la performance grâce àdes outils adaptés à leur passion. Grâceà cette initiative, qui sera poursuivie, lesenfants apprendront les rudiments dufootball et auront l'occasion, pour la pre-mière fois dans notre pays, de découvrirles mathématiques à travers une appro-che attrayante".

Deux communes et leurs villages du judet de Olt(Slatina), terre natale de Ionesco, dans le sud de laRoumanie, vont être équipées d'Internet à grande

vitesse… avant de bénéficier de l'eau courante et du tout à l'é-gout pour certaines d'entre elles. Le judet bénéficie en effet duprogramme de fonds structurels européens non remboursabled'une valeur de 57 millions d'euros sur les 67 millions du coûtglobal du projet, le reste étant à la charge des autorités locales.

La famille royale britannique roule sur l'or, à moinsque ses dépenses n'entament pas les joyaux de lacouronne mais le porte-monnaie des contribua-

bles… En 2001, le Prince Philip effectua une visite officielle enRoumanie. L'ambassade fit venir à grands frais à Bucarest uneDaimler DS 420, édition limitée à 4000 exemplaires entre 1968et 2002, la limousine favorite des "grands" de ce monde(1 m 94 dans le cas du duc d'Edimbourg). Malheureusement, lavoiture tomba en panne et fut péniblement garée dans un sous-sol de l'Hôtel Continental. C'est là qu'elle vient d'être retrouvée,recouverte de poussière et de toiles d'araignées, par des journa-listes du Daily Mail qui enquêtaient sur sa disparition.

Les services de l'ambassade ne s'étaient plus préoccupés deson sort, malgré les relances de la direction de l'hôtel. Quand auPrince Philip, grand seigneur, il n'était pas à çà prêt : il disposede trois autres modèles équivalents.

Les policiers d'une petite commune près de Vasluisont perplexes. Alertés par l'épicier, victime d'uncambriolage, ils ont mené leur enquête. Finalement,

ils ont constaté que rien n'avait été volé: pas une seule denréealimentaire, pas de légumes ou de fruits, pas de conserves, pasde boissons, pas de produits de beauté ou d'hygiène: rien derien à noter, hormis la disparition du carnet où le commerçantconsignait les dettes de ses clients. Le coupable semblait s'êtredésigné lui-même et la police n'avait plus qu'à trouver celui "àqui profitait le crime"… Sauf que toute la population du villa-ge utilisait ce système de crédit et figurait dans le document !

La folie des grandeurs

A qui profite le crime ?

Pas d'eau… mais Internet

Culture

Aferim, l'histoire d'un esclave rom dans la Roumanie profonde, au XIXe siècle, a été primé à la Berlinale (Ours d'argentdu meilleur réalisateur). Ce long-métrage réalisé par Radu Jude, 37 ans, aborde un thème tabou en Roumanie. La sor-tie en salles de ce film, mi-février, a fait débat dans un pays où la minorité rom reste discriminée. "Cette œuvre évoque

un passé problématique que nous n'avons pas assumé, résume Radu Jude. L'histoire des Roms nous poursuit, elle fait partie denotre karma. J'ai réalisé ce film pour provoquer la réflexion sur ce sujet".

“Aferim” primé à Berlin

La section pour les malades tuberculeux de l’hôpital d’Arad encourage,à sa manière, convivialité et fraternisation entre ses patients.

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Connaissance et découverte

Chaque salle qui suit m'offre son lot de surprises, soitparce que je ne connais pas l'auteur présenté (commeGheorghe Asachi, un précurseur du "pasoptisme", le mouve-ment progressiste de 1848); soit parce que je découvre les ori-ginaux de matériaux connus en reproduction (comme dans lasalle autour de Mihai Eminescu, où se trouve un joli portrait àl'huile de sa bien-aimée Veronica Micle, elle-même poète), soitque les écrivains autour des revues Convorbiri literare et Viataromâneasca prennent vie, non seulement à travers des lettres etdes portraits, mais aussi par un fume-cigarette ou une tabatiè-re, par exemple.

Eminescu inspectait, Creanga écrivait des ouvrages scolaires

Je suis particulièrement impressionné par le "SalonulJunimii" et la "Masa Umbrelor". C'est dans le salon spacieux,avec ses superbes poêles du XIXe siècle en terre cuite, quePogor, Maiorescu et Negruzzi ont fondé le cercle Junimea (LaJeunesse) en 1863, entourés de Petre Carp, Ion LucaCaragiale, Mihai Eminescu, Ion Creanga et Ioan Slavici, pourne rappeler que quelques noms. C'est ici que se réunissaient lesintellectuels - pas seule-ment des écrivains, d'ail-leurs - qui ont formé la lan-gue roumaine, donné unebase à la littérature moder-ne et ont rompu avec succèsune lance pour l'enseigne-ment.

Ainsi, Maiorescu a étéministre de l'Éducation,Eminescu a travaillécomme inspecteur dansl'enseignement et Creanga aécrit un certain nombre demanuels scolaires qui ontété utilisés pendant plu-sieurs décennies. Initiale-ment un cercle d'intellec-tuels qui se réunissent pourse raconter des histoires, Junimea est également entrée en poli-tique comme parti des libéraux. Le musée expose une page desPortraits et types parlementaires de 1892, dans laquelle GeorgePanu brosse une image de Vasile Pogor en tant que figure poli-tique pas exactement flatteuse pour l'aristocrate.

À l'entrée du "Salonul Junimii" (Salon de Junimea) setrouve à gauche un "vase décoratif pour cartes de visite". Lasomptueuse salle expose des objets ayant appartenu aux jumi-nistes: la table de salon basse avec chaises de Titu Maiorescu,le piano Steinway & Sons de 1859 de Duiliu Zamfirescu, latable avec couverts et le secrétaire de Iacob Negruzzi, le miroirde Ion Luca Caragiale.

Dans la salle autour de la revue du cercle, Convorbiri lite-rare (Conversations littéraires), on trouve également un colla-ge de tous les membres de Junimea, avec au-dessus leur devi-

se française: "Entre qui veut, reste qui peut". On y découvreaussi la célèbre peinture à l'huile immortalisant leurs réunions.

La vieille Dodge Aspen d'Ursachi ou le dépérissement de la gloire des poètes

Dans une deuxième grande salle se trouve la "MasaUmbrelor" (La table des Ombres), ainsi nommé d'après le titredes mémoires de Ionel Teodoreanu de 1946. Les ombres sousla très longue table-vitrine sont présentes avec des portraits,des manuscrits et des éditions originales des générations quiont suivi Junimea. La génération des symbolistes à l'instar duParnasse français avec George Bacovia et Garabet Ibraileanucomme figures de proue, et celle des auteurs qui ont connu leurheure de gloire pendant l'entre-deux-guerres, tels OtiliaCazimir (la "poète de l'âme simple"), Mihai Codreanu (le"maître roumain du sonnet") et Mihail Sadoveanu (qui, aprèsun scandale de corruption, a reçu le sobriquet de "comte deCiorogârla").

Encore une fois, nous pouvons admirer des objets qui ontappartenu à des écrivains, tel que le gramophone "His MastersVoice" d'Ibraileanu, et des répliques de l'époque, tels qu'un

ancien téléphone bougieou une vieille machine àécrire en fonte qui a l'aird'un blindé en miniature.

Cerise sur le gâteau, levisiteur est amené à la"Sala Raritatii" (Salle desCuriosités). Mon guide,l'écrivain roumaine Car-melia Leonte, qui vient derecevoir le prix de l'Uniondes Écrivains de Iasi pourson Vazatorul (Le voyant),me montre fièrement lesdeux pièces maitresses dumusée: la chevalière en oravec monogramme et lamontre de gousset enargent ayant appartenu à

Mihai Eminescu, le poète lauréat de la Roumanie. Celam'inspire plus de respect que la Dodge Aspen d'Ursachi, dontles pneus sont déjà crevés et quelques phares fracassés, dont lapeinture s'écaille, la carrosserie commence à rouiller et le pare-brise est fendu. Peut-être devons-nous l'interpréter comme unemétaphore muséale pour l'implacable dépérissement de laGloire des Poètes ?

Jan H. Mysjkin

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

L'histoire deCasa VasilePogor est toute

différente, pour commen-cer parce que celui qui adonné son nom au muséeavait vendu en 1901, cinqans avant sa mort, couvertde dettes, son domicile

spacieux à la princesse Maria Moruzzi, dont le fils GheorgheBratianu, pilier du Partidul National Liberal (Parti NationalLibéral) de l'époque, l'avait ensuite loué à la famille royaleroumaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est devenule siège de l'armée soviétique. Sous le communisme, il a éténationalisé, abritant d'abord les Chemins de Fer roumains, puisl'Inspection d'État pour la Sécurité du Travail et pourl'Hygiène, jusqu'à ce qu'il soit restauré en 1968 pour y héber-ger un musée de littérature à part entière à Iasi. Jusque-là, il n'yavait eu qu'un vague département littéraire au MuséeHistorique Provincial.

La bâtisse a été érigée en 1850 par les époux Vasile et ZoePogor. Elle avait reçu le surnom de "maison aux fenêtres éclai-rées" quand Vasile Pogor, en tant que maire de Iasi, avait pour-vu la ville d'éclairage, à commencer par son propre domicile.

Ici, Mihai Eminescu et Ion Creanga ont lu leurs Oeuvres

Le promeneur qui entre dans le parc librement accessibledevant le musée est accueilli par une rangée de bustes d'écri-vains classiques du XIXe siècle. Une plaque nous apprend quec'est "dans cet immeubleque les réunions de'Junimea' avaient lieu sousla direction de TituMaiorescu et IacobNegruzzi. Ici, MihaiEminescu et Ion Creangaont lu leurs œuvres". Parconséquent, le propriétaire,les deux présidents, évi-demment Eminescu etCreanga, et bien d'autresjunimistes ont ici leurbuste.

Il y dans l'ensemble duparc une seule "sculpture"qui remet en mémoire un

écrivain moderne, une Dodge Aspen immatriculée enCalifornie, dont l'itinéraire aussi a été jugé digne d'une plaque:"La voiture a appartenu au poète Mihai Ursachi (1941-2004).En 1990, elle est venue à Iasi par San Diego (USA) - OcéanAtlantique - Mer du Nord - Bremerhaven (Allemagne) -Autriche - Hongrie - Roumanie".

C'est moins fanfrelucheux qu'il ne paraît à première vue.Au début des années soixante, Ursachi avait fait connaissanceavec la prison après avoir été arrêté alors qu'il tentait de traver-ser à la nage le Danube à la hauteur de la Porte de Fer, fuyantla République Socialiste de Roumanie. En 1981, il réussit às'exiler vers les États-Unis. Peu de temps après la chute deCeausescu, il retourna avec sa Dodge Aspen à son anciennerésidence, où la ville ouvrit de grands yeux devant la majes-tueuse bagnole du héros. Je m'imagine que la Casa MirceaCartarescu à venir ne montrera pas une rangée de bustes du"Cercle de Lundi", mais une installation de voitures d'écrivain,à condition qu'ils ne les aient pas bousillées avant.

Le vin et l'amour célébrés à la manière de la poésie galante en France

En avant vers le musée. Une fois qu'on a mis un plastiquede protection autour de ses chaussures, on est prêt pour unevisite des neuf salles de la Casa Vasile Pogor. D'une salle àl'autre, on traverse un siècle et demi d'histoire littéraire de laRoumanie, avec l'accent sur la Moldavie, de 1800 à 1950. Lapremière salle est consacrée à Costache Conachi (1778-1849),un homme d'État considéré comme le premier "véritable"poète de la Roumanie. L'homme ne savait pas seulement lelatin et le grec classique, mais aussi le grec moderne, le turc et

le français. Ces vastesconnaissances l'ont amenéà écrire une poésie quicélèbre le vin et l'amour àla manière de la poésiegalante en France. On nelit plus sa poésie, commeon ne se coiffe plus de sonremarquable couvre-chef,un "islic", sorte d'alliagede turban turc et de toquede fourrure roumaine. Ony voit aussi sa canne,aiguisée à la base pourpouvoir servir d'arme etévidée à la pomme pouren faire un gobelet.

D'une salle à l'autre, on traverse un siècle et demi d'histoire littéraire de la Roumanie, avec l'accent mis sur la Moldavie, de 1800 à 1950.

A Casa Vasile Pogor, toute la

La majestueuse Casa Vasile Pogor, à Iasi, devenue musée.

Culture génération prestigieuse de Junimea revitLes écrivains Ion Creanga et Mihai Codreanu doivent tous les deux leur musée à Iasi

à la prévoyance de leur famille. Dans le premier cas, le fils de Creanga a su trouver lesmoyens pour acheter la demeure paternelle à sa compagne et y abriter, après restaura-tion, un musée. Dans le second cas, la veuve de Codreanu a fait don de la maison à la ville,à condition que l'intérieur soit laissé comme il était au cours de la vie de son mari. Cesdeux maisons-mémorial contiennent uniquement des meubles, portraits, manuscrits etautres objets ayant appartenu aux deux auteurs.

Jan H. Mysjkin est né en 1955 à Bruxelles. Depuis 1991, l'annéeoù il reçoit le Prix National de la Traduction Littéraire en Belgique,il mène une vie de semi-nomade entre Amsterdam, Bucarest et Paris.Il a signé une dizaine de recueils de poésie, en néerlandais, en fran-çais. Il a traduit poésie et prose, aussi bien des classiques que desauteurs d’'avant-garde et une soixantaine d'auteurs roumains.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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La Roumanie a fait appel à la géné-rosité de ses citoyens pour acquérir"La Sagesse de la Terre", chef

d'œuvre à l'histoire tourmentée du sculpteurd'origine roumaine Constantin Brancusi, aannoncé le ministre de la Culture. "Nousavons décidé de faire appel aux citoyens de laRoumanie, aux compagnies privées et à ladiaspora", a déclaré Vlad Alexandrescu lorsd'une conférence de presse, ajoutant avoir déjà"le soutien de personnalités culturelles dupays et de l'étranger".

Après de longues négociations, le gouver-nement a convenu de payer 11 millions d'eu-ros pour acquérir la sculpture auprès de sespropriétaires privés. Sur cette somme, 5millions proviendront des caisses publiques.Pour le reste, le gouvernement a décidé de lancer une souscrip-tion publique. "C'est la première fois qu'une souscriptionpublique nationale est organisée depuis 128 ans, quand a étéérigé l'Athénée roumain", salle de concert de style néoclas-sique au cœur de la capitale roumaine, a souligné le ministre.

"Nous sommes pauvres mais avec unetelle œuvre d'art (...) c'est maintenant oujamais", a déclaré de son côté le Premierministre Dacian Ciolos. L'Etat, qui a un droitde préemption sur l'oeuvre exposée actuelle-ment au Palais Cotroceni de Bucarest, serait,selon lui, encore "plus pauvre" s'il laissait pas-ser sa chance d'en devenir propriétaire.

Taillée dans la pierre en 1907, trois ansaprès que Constantin Brancusi, né en 1876, sefut installé à Paris, la sculpture avait été ven-due par ce dernier en 1911 à un ami roumain,grand amateur d'art, Gheorghe Romascu. En1957, prétextant du souhait de l'inclure dansune exposition à l'étranger, les autorités com-munistes s'en sont emparées pour ne plusjamais la rendre à son propriétaire.

Au terme d'une saga judiciaire de plusieurs décennies, lesdescendants de Romascu avaient fini par recouvrer la sculptu-re en 2010. Quatre ans plus tard, ils avaient annoncé leur inten-tion de la vendre. Mais le prix demandé de 20 millions d'eu-ros, jugé trop élevé, avait déclenché une polémique.

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

M. Vasile Pogor est le type du junimist sceptique,leste et moqueur. Pour lui, la politique est l'amu-sement d'un enfant gâté qui ne l'agace à aucun

moment. En fait, dès que le tissu politique s'embrouille ou quela tâche devient trop difficile et désagréable, M. Pogor dispa-raît de la scène politique et ne réapparaît à l'horizon que quandle temps s'éclaircit à nouveau. Ce genre de politique, M. Pogorl'a pratiqué toute sa vie et cela lui a réussi à merveille.

Il y a trois ans, quand les junimistes se sont divisés, M.Pogor fut le premier à prendre congé de Petre Carp. Il lui vintà l'esprit qu'il était conservateur et il a rejoint les rangs de l'op-position où se trouvaient les conservateurs. Mais dès que lesjunimistes furent au pouvoir, M. Pogor a quitté l'opposition etil est redevenu junimist.

Cette oscillation entre conservateurs et junimistes, voirejunimistes et collectivistes, n'a aucunement entaché la réputa-tion de M. Pogor. Il reste une figure politique honorable, quel-le que soit sa fonction: vice-président de la Chambre, maired'Iasi, président du Crédit municipal de Iasi, préfet en sontemps, bref, tout.

Comment est-ce possible? C'est possible parce que M.

Pogor effectue toutes ces cabrioles avec une grâce extraordi-naire, une boutade sur les lèvres et le scepticisme dans le cœur.Tout le monde sait que M. Pogor est un blasé, un railleur et unpersifleur invétéré. Comme il ne se prend pas au sérieux, cespitreries politiques ne le dérangent pas, et par conséquent iltraite les gens comme un grand enfant qui finit par considérertout comme un jeu. Le député d'Iasi est par ailleurs l'un desesprits les plus pointus de Junimea. Très intelligent, très culti-vé, mais d'une culture qui se compose d'un pot-pourri d'idées,un esprit acerbe et un air ironique. Il est le type du bonhommesatisfait qui se paie le luxe de rire avec tout et n'importe quoi,même avec le malheur le plus misérable.

J'ai dit que M. Pogor est avant tout un railleur… En fait,toute son activité parlementaire se limite à débiter des bonsmots, à raconter des blagues et à ridiculiser les situations. C'esttellement enraciné dans M. Pogor qu'il s'égaie aussi bien desbêtises de son propre parti que de celles de ses adversaires.Tous sont égaux devant la moquerie de M. Pogor".

Dans: George Panu, Portrete si tipuri parlamentare,Tipografia "Lupta" Pasajul Banci Nationale, Bucuresti, 1892. Traduitdu roumain par Jan H. Mysjkin.

Dans les années 80, alors quela Roumanie est isolée cultu-rellement, un homme d'affai-

res lance un vaste réseau de vidéos occi-dentales. Arte a consacré une émission àces années où les Roumains devaient secontenter de deux heures de propagandequotidienne sur leur écran.

Regarder entre amis un film enregis-tré sur une simple cassette VHS s'appa-rente-t-il à un acte de résistance? Cela yressemblait dans la Roumanie des années1980, celle de Ceausescu, des frontièreshermétiques et de la Securitate omnipré-sente. Cet étrange documentaire mêlescènes reconstituées, archives filmées ettémoignages de citoyens qui ont vécu cesfolles "soirées vidéo" dans Bucarest. Ilretrace l'histoire de Teodore Zamfir, unhomme d'affaires qui avait monté un

immense réseau de cassettesvidéo importées illégalement, etd'Irina Nistor (photo), uneemployée de la télévision qui,embauchée par Zamfir, passaitses nuits à doubler en roumain

près d'une dizaine de films à la suite?! Lavoix d’Irina Nistor, qui doublait aussibien Stallone que Chuck Norris, TomCruise ou Jack Nicholson, était devenueun mythe, comme le rappelle l'intéressée,à la fin du film:

"Des années plus tard, des gensm'ont avoué que ma voix leur avait donnéun peu de courage. Parce qu'il l'avaitassociée à la liberté et à l'espoir. J'avaisle sentiment d'avoir été utile à uneépoque où cela était… compliqué".

"Fade comme dans nos assiettes"

Au milieu des années 1980, la situa-tion économique se détériore encore unpeu plus dans un pays coupé du reste dumonde. Un magnétoscope vaut aussi cherqu'une voiture neuve. De deux chaînes de

télévision qui diffusaient vingt heures parjour, on passe à une chaîne unique quidélivre deux heures de propagande. "Cequ'on voyait à la télé était aussi fade quece que nous avions dans nos assiettes",résume un témoin.

Mais, grâce au bouche-à-oreille, lesdiscrètes soirées vidéo de Zamfir permet-tent, moyennant finances, à des jeunesRoumains de découvrir un autre monde,de Paris à New York. Chefs-d'œuvre ounanars, tout est bon à regarder, dumoment qu'il s'agit d'une productionvenue de l'Ouest.

Jusqu'en 1989, Irina Nistor aura dou-blé quelque 3000 films. "Pour moi, c'étaitdevenu une drogue. Un moyen de m'éva-der". Au fil du temps, des gens de toutesles grandes villes roumaines venaient sefournir à Bucarest en cassettes et enmagnétoscopes auprès de l'étrange M.Zamfir. Certains hauts responsables poli-tiques étaient-ils au courant de ce trafic?Sans doute. En attendant, la voix deNistor fait partie de l'Histoire.

Alain Constant (Le Monde)

Un homme d'affaires avait monté un immense réseau de cassettes importées illégalement

Documentaire

Culture La Roumanie demande l'aide de ses citoyenspour acheter une sculpture de Brancusi

Malaise du côté de l'Opéranational de Bucarest avecle départ du Danois Johan

Kobborg à la tête de la compagnie deBallet. En bisbille avec la direction,celui-ci a préféré jeter l'éponge tant bienmême qu'il est soutenu par ses danseurs.

L'Opéra national de Bucarest, l'ONB,avait su faire peau neuve ces dernièresannées avec des spectacles moins pous-siéreux. La nomination à la tête de lacompagnie de Ballet du danseur danoisJohan Kobborg en 2013 - danseurPrincipal, entre autres, du Royal Ballet deLondres - avait là aussi annoncé un

renouveau incontestable. Véritable starde la danse mondiale, celui-ci vient pour-tant d'annoncer sa démission à la direc-tion de l'ONB.

"En tant qu'individu et artiste, je nepeux pas continuer ici sans compromettremon travail, mon sens éthique et messtandards moraux", a déclaré JohanKobborg, visiblement très déçu par lescontraintes managériales imposées parl'institution. La direction venait, il y a unesemaine et après des histoires de corrup-tion, de nommer un nouveau directeurgénéral intérimaire, en la personne duchef d'orchestre Tiberiu Soare. Ce dernieraurait décidé à son arrivée de retirer letitre de directeur de la compagnie deBallet à Kobborg, au motif que "cettefonction ne figurait pas, en réalité, dansl'organigramme de l'institution".

Le ministre de la Culture est interve-nu en catastrophe et a nommé un nouveaudirecteur général intérimaire. Mais, pourJohan Kobborg la mal est plus profond:"la direction est hautaine et ne cesse dementir, les danseurs ont même été intimi-dés et menacés", a notamment expliqué ledanseur. Une trentaine de danseurs rou-mains mais aussi étrangers travaillant

pour l'Opéra de Bucarest ont manifestéleur soutien au Danois sur les marches del'Opéra. La fiancée de Johan Kobborg,Alina Cojocaru, ballerine référence enRoumanie, avait de plus refusé, en guisede solidarité, de tenir son rôle dans lespectacle Manon. Visiblement, leur sou-tien à l'égard du Danois n'est pas du goûtde tout le monde puisque les danseurs ontété hués par des employés de l'institutionà coups de "Rentrez dans votre pays !"Certaines personnes au sein de l'institu-tion auraient en effet du mal à digérer queles danseurs étrangers soient mieux payésque les roumains.

Du rififi à l'Opéra national

"M. Pogor est un blasé, un railleur et un

persifleur invétéré qui ne se prend pas au sérieux"Culture

Dans la Roumanie de Ceausescu, la liberté en cassette VHS

Très apprécié du public rou-main, le musicien Jean-MichelJarre sera de retour en Rouma-

nie, le 11 novembre prochain, après sixans d'absence. Il donnera son spectacle demusique électroacoustique dans la sallepolyvalente de Cluj, qui sera une des pre-mières étapes de sa tournée mondiale.Les effets spectaculaires sont garantis. Leprix des places aussi... de 23 à 115 e

Jean-Michel Jarre de retour à Bucarest

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Connaissance et découverte

Mais non seulement Rauta ne fut pas liquidé mais il pour-suivit ses attaques contre le régime. Après la Révolution, ilentama une procédure de réhabilitation et de révision de sonjugement de condamnation à mort. Son dossier fit quelquesallers-retours entre la Haute Cour de Cassation et de Justice etle Tribunal militaire territorial de Bucarest qui, finalementannula le mandat d'exécution. En même temps, Rauta deman-da la restitution de sa nationalité roumaine.

Au cours de ses recherches, Liviu Taranu découvrit que sile mandat d'exécution avait été annulé le 6 mars 2012, lesmagistrats du Tribunal militairede Bucarest avaient déclaré irre-cevable, la demande de révisionformulée par Constantin Rautaconcernant la sentence pénale de1974 du Tribunal militaire terri-torial. Celui-ci déposa alors uneplainte au Parquet militaire danslaquelle il faisait valoir que "lesecret de l'instruction et de l'au-dience, le manque de consistancedes allégations, l'impossibilitéd'exercer les droits de la défenseainsi que l'obstruction des voiesde recours" piétinaient de touteévidence les dispositions du code de procédure pénale toutcomme les droits de l'homme.

Infiltré en RFA en passant par la RDA

Mandache D. Gheorghe, ex-capitaine de la Securitate etagent actif de la Direction des affaires allemandes, déserta en1959 en R.F.A. alors qu'il s'y trouvait en mission. Tourneur deprofession, marié et père d'un enfant, il est affecté en 1951 auministère de l'intérieur avec le grade d'adjudant. Deux ans plustard, il est muté à la DGIE et est envoyé en URSS pour uncours de spécialisation. Il revient en Roumanie avec unerecommandation du conseiller soviétique jugeant qu'il est"capable et qu'il présente toutes les aptitudes nécessaires à lafonction". Il est proposé pour faire une formation de quelquesmois pour apprendre la langue et le mode de vie allemand. Ildoit être envoyé dans un premier temps en RDA sous une nou-velle identité, pour être ensuite infiltré en RFA, là encore sousune autre identité. L'intégralité du plan et de la procédure ontété mises au point en collaboration avec la Sécurité est-alle-mande. Sauf que rien ne se passe comme prévu…

Arrivé en RFA sous le nom de Rudolf Baulan en 1959 encompagnie de sa fiancée Kathe Bruntsch, il se rend aussitôt auservice de contre-espionnage ouest-allemand et dévoile le pot-aux-roses. En 1973, une source extérieure découvre queMandache D. Gheorghe vit dans la ville de Neuss sous le nomde Rudolf Bruchner.

Son domicile, son lieu de travail et les endroits qu'il fré-quente sont identifiés. Mais, finalement, la Securitate classa

l'affaire en concluant que Mandache avait été mandaté par lesSoviétiques pour effectuer une mission secrète.

Reçu en France, les bras ouverts

Un autre espion, Mihai Atanasie, déserta quant à lui enFrance en 1969. Né à Buzau en 1932, il est envoyé à Paris,après une préparation d'adaptation et d'assimilation, avec legrade de lieutenant-major. Arrêté par les autorités françaisesen 1969, il révèle sa véritable identité. Il est alors placé sous

protection, reçoit un logement, unemploi et la nationalité française.Il est condamné à mort par laRoumanie.

Partie sur ses traces, laSecuritate découvre que le traîtres'est marié avec une Françaiseavec laquelle il a eu un enfant etqu'ils résident à 30 km de Paris.On connaissait même le numérod'immatriculation de sa voiture.On décida d'exécuter la sentence.Sans suite.

En 1969, c'est au tour d'IacobGh. Iaon de trahir. Préparateur

acier de profession, recruté par la DGIE en 1960 et en 1961, ilest envoyé en mission de lectorat à Paris où il travaille souscouverture diplomatique à l'ambassade et plus tard, commefonctionnaire international à l'UNESCO. Selon la Securitate,c'est à cette occasion "qu'il fut débauché par les services sec-rets ennemis et notamment par l'entremise d'un de ses collè-gues de nationalité américaine". Ultérieurement, Iacob arrivaaux Etats-Unis où il obtint la nationalité américaine. LaSecuritate réussit à découvrir sa nouvelle identité, son adresseen Californie et son numéro de téléphone.

L'ex-lieutenant de la Securitate fut à son tour condamné àmort, en 1970. Pour mémoire, le rapport d'identification duréfugié, signé de Mihai Pacepa, requérait en conclusion l'envoid'une équipe d'officiers chargée d'exécuter la sentence. Lesautorités américaines eurent vent du plan des services rou-mains pour retrouver le fugitif. La Securitate ne sut jamais quil'avait retourné.

Ioan Marcu, ex-lieutenant-colonel de la Securitate, fitdéfection en 1976 au moment où il reprenait son poste en Iran.Il y exerçait les fonctions de responsable de l'agence écono-mique. Il s'établit ultérieurement au Canada. Un tribunal mili-taire le condamna à 6 ans de prison.

Ion Vulpe, capitaine de la Securitate, passa à l'ennemi avectoute sa famille en 1971 à Londres où il travaillait commesecrétaire à l'Agence économique roumaine au Royaume-Uni.Il fut condamné à 15 ans de prison, ce qui ne l'empêcha pas dese construire une nouvelle vie en Angleterre en collaborantnotamment à "la feuille de chou réactionnaire du fugitif IonRatiu (3)", dixit la Securitate. (Suite page 54)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Liviu Taranu, chercheur au CNSAS (Conseil natio-nal pour l'étude des archives de la Securitate) s'estintéressé de près aux espions traîtres à Ceausescu.

Il est l'auteur d'une étude sur l'évolution de la Direction du ren-seignement extérieur et sur lesdéfections au sein de l'espionnageroumain de 1958 à 1978.

Après la fuite de Mihai Pacepaau cours de l'été 1978 aux Etats-Unis (1), la Securitate a ouvert uneenquête sans précédent, révélant ledegré de décrépitude d'une arméesecrète censée être à la botte deCeausescu. Au point que le chef-adjoint de la Direction générale durenseignement extérieur et brasdroit du dictateur, Mihai Pacepalui-même, protégeait tous ceux quiavaient réussi à s'enfuir avant lui.

Une note retrouvée dans lesarchives du CNSAS, publiée en1979 par le Ministère de l'intérieur,estampillée "Top secret", décrivaitla situation des ex-officiers de l'UM 0920 (2) qui avaient trahile pays alors qu'ils se trouvaient en mission à l'étranger."L'enquête, explique le chercheur, s'est brusquement arrêtéedeux années plus tard, sans qu'un quelconque dignitaire durégime s'en explique de quelque manière que ce soit".

"La liquidation du traître est organisée.

Il faudra faire croire à un vol avec effraction"

Parmi tous ces cas, le plus marquant est celui deConstantin Rauta, condamné à mort par le régime communis-te pour trahison en 1974. Lieutenant-major de la Securitate, ilavait exercé les fonctions d'ingénieur principal à l'UM0920/M-500.

Electronicien de profession, il est nommé en 1971 chef deprojet à IPROCHIM - un institut de recherche chimique deBucarest. Il est muté ensuite dans un poste d'encadrement à laDirection de l'organisation et du contrôle du Ministère de l'in-dustrie chimique. Un an plus tard, il est envoyé à Rome poureffectuer une spécialisation en entreprise.

Arrivé dans la capitale italienne, il invoque, dès le premierjour, un problème de santé pour ne pas se présenter à sonposte. En outre, la Securitate apprend que Rauta a rencontréune Roumaine se trouvant aussi en cours de spécialisation enItalie qu'il l'amène avec lui au siège de l'Agence économiqueroumaine, sans en avoir l'autorisation. Il est rappelé à Bucarestoù il fait l'objet d'une enquête pour infraction.

Fait surprenant, non seulement il n'est pas exclu des effec-tifs de la Securitate mais il repart pour une nouvelle mission,en 1973, en compagnie d'une équipe chargée d'effectuer lecontrôle et la révision technique des appareils utilisés par les

Roumains en poste de lectorat dansles universités de Washington et deNew York.

Une fois arrivé en TerrePromise, Constantin Rauta déserteà l'aéroport en s'emparant de la ser-viette contenant les appareils etl'enveloppe de la correspondancediplomatique.

Quelques jours plus tard, lesservices américains informentl'Etat roumain de la décision dufugitif de rester aux Etats-Unis. Ilsrestituent le pli diplomatique, por-tant la mention "inviolé". UnTribunal militaire condamne lefugitif à mort. Sa femme, sonenfant et son frère sont restés aupays.

La Securitate lance des informateurs à sa poursuite. Sondomicile, son lieu de travail et l'itinéraire qu'il emprunte pours'y rendre sont identifiés. Ils parviennent aussi à se procurer leplan de l'immeuble dans lequel il habite et le code de la porteentrée. "La liquidation du traître est organisée. Il faudra fairecroire à un vol avec effraction", indique un rapport. Mais aumoment même où l'action est en cours de déploiement, ordreest donné de stopper l'opération. On n'a jamais su qui l'avaitdonné.

"Comment les USA réagiraient

à la trahison d'un officier américain ?"

Pour faire venir sa famille aux USA, Rauta utilisa tous lesmoyens et n'hésita pas à manifester en public y compris pen-dant la visite de Ceausescu aux Etats-Unis en 1978. Interrogéà son sujet, le dictateur répondit: "Comment le gouvernementdes Etats-Unis résoudrait-il le problème de la trahison d'unofficier américain? Ceux qui posent cette question ne le saventprobablement pas. Je ne veux donc pas parler de ceux qui onttrahi leur serment militaire". Les agents de la Securitate soup-çonnaient le fugitif d'avoir été recruté par les services de ren-seignements occidentaux alors qu'il se trouvait en Italie. LaSecuritate le voulait mort. Bien que le traître se trouvât sur unterritoire étranger, rien ne devait empêcher l'exécution de lasentence. On envoya donc une équipe composée d'officiersentraînés.

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Des équipes de la Securitate

Neuf espions roumains

étaient lancées à leurs trousses pour les éliminer

sont passés à l'ennemi en trente ansMémoire

Les anciens officiers de la Securitate qui fuyaient la Roumanie et son régime communiste payaient, pour certains, leurtraîtrise par une condamnation à mort. La Securitate les poursuivait de son bras vengeur. Après avoir été identifiés sousleur nouvelle identité et leur domicile retrouvé, une équipe partait pour les éliminer.

Ion Pacepa, chef des services secrets roumains,est passé à l’Ouest au cours de l’été 1978.

Les espions roumains pullulaient sur le territoire américain à l’époque de la visite de Ceausescu à Nixon.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Le dossier enterré par Pacepa

Trois plus tard, c'est au tour de Virgil Tipanus de s'enfuirdu pays. Il déserta pendant qu'il se trouvait en mission à l'agen-ce économique d'Oslo, en Norvège. Ancien capitaine de laSecuritate, il était, paraît-il, protégé par Mihai Pacepa qui affir-ma que sa fuite n'était pas un problème et ne faisait pas partiedes priorités à traiter.

"J'en ai tiré la conclusion que Mihai Pacepa, ancien chefde notre équipe, a délibérément gardé dans son bureau l'inté-gralité du dossier constitué sur le "traître". Il le remit deux ansaprès la fuite de Tipanus, sur insistance, peut-on lire dans lerapport. Un ex-adjudant Dumitru Sarbu trahit à son tour endemanda l'asile aux Etats-Unis en 1976 pendant qu'il se trou-vait en mission à l'Ambassade de Roumanie à Washington. Ilfut condamné à 7 ans de prisonpar contumace.

"Les chercheurs françaisGeoffrey d'Aumale et Jean-Pierre Fourré ont fourni uneétude sur la défection desespions roumains, écrit LiviuTaranu. Certains trahissaientpour des raisons idéologiques,économiques ou professionnel-les. Mais une autre catégorieétait composée de "traîtres" auservice d'agences étrangèresde renseignement".

Beaucoup d'espionsétaient de simples travailleursrecrutés dans les fabriques oules usines. Une fois intégrés dans l'appareil de la Securitate, ilsarrivaient rapidement au grade de lieutenant-colonel.

L'armée invisible de Nicolae Ceausescu, ainsi qu'on nom-mait le département du renseignement extérieur, se trouvaconfronté dans la seconde partie du XXème siècle, à un défi-cit de personnel qualifié. Pour résoudre la crise, le Ministèrede l'intérieur ouvrit en 1955-1956 dix bureaux régionaux poursélectionner les personnes présentant les aptitudes requises.Les nouvelles recrues avaient l'obligation de terminer le lycée,de s'inscrire dans l'enseignement supérieur et d'apprendre une

langue étrangère. En 1968, on créa à Bran, dans le judet deBrasov, une école de préparation et de perfectionnement desofficiers.

Mihai Pacepa a révélé dans une interview accordée aujournal "Ziua" que la plupart de ces officiers en exerciceavaient une double identité. "La Direction du renseignementextérieur contrevenait aux lois en vigueur en confectionnantde "vrais-faux" documents car, normalement, les pièces d'i-dentité étaient délivrées par la police, les cartes de travail parle Ministère du Travail et les cartes du Parti par le PCR". En1974, elle employait 580 officiers dissimulés dans les structu-res du commerce extérieur.

Synthèse réalisée par Yves Lelong

(1) Le colonel Ion Mihai Pacepa a été désigné "transfugele plus important de la guerrefroide". Le gouvernementroumain de NicolaeCeausescu promit même 2millions de dollars à qui letuerait. Pendant les 10années passées à la CIA, IonMihai Pacepa a fourni les"meilleurs renseignements ja-mais obtenus". Il est l'auteurdu livre Horizons rougesparu en 1990.

(2) UM 0920 (Unité mili-taire 920): désignait la direc-tion du renseignement exté-rieur de 1972 à 1978.

(3) Ion Ratiu était undiplomate roumain qui avait choisi l'exil en Grande-Bretagnedès 1940 contre l'instauration du régime du général Antonescu.Il devint aussi par la suite un fervent opposant au régime com-muniste. Journaliste, il intervenait sur les ondes de la BBC etde Free Europe. Président de l'Union Mondiale des Roumainslibres, il éditait un journal "Le Roumain Libre". Devenumilliardaire, il revint en Roumanie après la Révolution, se pré-senta à l'élection présidentielle de mai 1990, contrôlée par lanomenkatura communiste et Ion Iliescu, et fut très largementbattu. Il fonda, par la suite, le journal "Cotidianul".

Il n'y a d'enseignement bilingue en français dans lemonde qu'au niveau du lycée. Une quarantaine d'éta-blissements roumains offrent des sections bilingues,

25 d'entre eux faisant partie du programme conjoint franco-roumain mis en place en 2006. Huit disciplines peuvent êtreenseignées en français dans ces lycées (mathématiques, histoi-re, géographie, physique, chimie, biologie, sciences écono-miques, informatique).

25 lycées participent à ce programme, à savoir: Collège National (CN) Horea, Closca si Crisan, Alba

Iulia, CN Mihai Eminescu Baia Mare, CN August TreboniuLaurian Botosani, CN Unirea Brasov, CN Andrei SagunaBrasov, CN Dr. Ioan Mesota Brasov, École Centrale Bucarest,CN Mihai Eminescu Buzau, CN Avram Iancu Câmpeni, Lycéethéorique Mihai Eminescu Cluj-Napoca, Lycée théoriqueGeorge Calinescu Constanta, CN Mircea cel BatrânConstanta, CN Elena Cuza Craiova, CN Carol I Craiova,Lycée théorique Al. Papiu Ilarian Dej, CN Decebal Deva, CNAlexandru Ioan Cuza Galati, Collège Économique VirgilMadgearu Galati, CN Mihai Eminescu Iasi, Lycée théoriqueVasile Alecsandri Iasi, CN Mihai Viteazul Ploiesti, CNDoamna Stanca Satu Mare, CN Petru Rares Suceava, LycéeJean-Louis Calderon Timisoara, Lycée théorique GrigoreMoisil Urziceni.

90% des élèves reçus au bac

Le réseau des établisse-ments bilingues à bac mentionfrancophone en chiffres, enRoumanie, c'est en 2015-2016:2 581 élèves sur 100 classesenviron, encadrés par 100 profsde FR et 80 enseignants de DNL(2 916 en 2013, 2 646 en 2014),65,6% en filière littéraire, 30,3% en filière scientifique, 4,04%en filière technologique, un bonmaillage géographique: 4 dansla région de Timisoara, 6 dans larégion de Cluj, 6 dans la régionde Bucarest, 5 dans la région sud-est, 4 dans la région de Iasi.

Plus de 90% des élèves des sections bilingues sont reçusau bac roumain (la moyenne nationale est de 56,4%). Mais

tous les élèves ne passent pas le bac à mention bilingue fran-cophone: 2 860 élèves ont obtenu ce bac depuis 2008.

Pour leur études supérieures, 20% des élèves choisissentlangues étrangères et lettres, 11% droit, 11% médecine, 8%économie, 8% mathématique, 6% sciences politiques, 6%ingénierie, 4% psychologie, 4% communication et journalis-me… 22% choisissent les filières francophones universitaires(1/ licence de géographie à Iasi, 2/ Collège juridique franco-roumain de Bucarest, 3/licence d'économie de Cluj), 4% s'ins-crivent dès la première année à l'étranger (France, Belgique,Royaume Uni, Danemark et Pays Bas) .

Le réseau des lycées labellisés FrancEducation

Parmi ces 25 sections bilingues, 7 sont labellisésFrancEducation depuis 2015 (2 seront présentés en 2016) etscolarisent 876 élèves: Ecole Centrale de Bucarest, CN MihaiEminescu Iasi, CN Unirea Brasov, CN Andrei Saguna Brasov,CE Virgil Madgearu Galati, CN Alexandru Ioan Cuza Galati,CN Mircea Cel Batran Constanta. Soit 6 lycées à enseigne-ment général, 1 à enseignement professionnel. Sur les 6 àenseignement général : 50% offrent une section scientifique,50% une section littéraire.

Lancé en 2012, le Label FrancÉducation est accordé par leMinistre français des Affaires étrangères et du Développementinternational, après avis d'une commission consultative, aux

établissements scolaires étran-gers qui participent, dans lecadre de leur enseignementnational, au rayonnement de lalangue et de la culture françai-ses. Il reconnait et valorise lesétablissements, publics ou pri-vés, qui offrent à leurs élèvesun enseignement renforcé de lalangue française et leur per-mettent de découvrir d'autresdisciplines dans cette langue. Ila également pour vocation depromouvoir un enseignementbilingue francophone d'excel-

lence à l'étranger auprès des élèves et de leurs parents. Depuisfévrier 2012, 91 établissements, répartis dans le monde entier,se sont vus décerner le "LabelFrancÉducation".

La section bilingue franco-roumaine du lycée Jean-Louis Calderon de Timisoara.

25 établissements roumains pratiquent l'enseignement bilingue franco-roumain

L'armée invisible de Nicolae Ceausescu se trouva confronté dans laseconde partie du XXème siècle, à un déficit de personnel qualifié.

(Suite de la page 53)

En quelques années, les ventesdes quotidiens nationauxgénéralistes se sont considéra-

blement réduites. Le plus vendu estEvenimentul Zilei, mais il ne totalise que12 000 ventes quotidiennes en moyenne.Il est suivi de près par Romania Libera

(10 500) et Adevarul (9000). A notercependant que certains quotidiens régio-naux s'en sortent mieux, notamment enTransylvanie, proportionnellement à leur

zone de diffusion. Jurnal Aradean

(Arad) enregistre 13 000 ventes, le jour-nal de langue hongroise Bihari Naplo, 10000, et Tribuna, de Sibiu, 9500.

Les deux principaux tabloïds du mar-ché maintiennent également des venteshonorables. Click! le leader de ce secteur,écoule ainsi près de 90 000 journaux parjour, et Libertatea environ 60 000.Quand au seul quotidien sportif qui aconservé une édition papier, Gazeta

Sporturilor, il fait état de 23 000 ventesmoyennes par jour. Il dépasse tout juste lejournal de l'Eglise orthodoxe Ziarul

Lumina, avec 22 000 ventes moyennespar jour.

De son côté, le quotidien écono-mique Ziarul Financiar, considérécomme un des journaux les plus sérieuxdu marché séduit de moins en moins danssa version papier (6500 journaux venduspar jour).

L'effondrement des ventes papier des quotidiens

Francophonie

Au moins 2297 journalistes et professionnels des médias ont été tués en 25 ans, depuis 1990, dont 112 l'an passé, révè-le la Fédération Internationale des Journalistes, basée à Bruxelles. A la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo, laFrance occupe le premier rang en 2015, avec l'Irak et le Yémen (10 journalistes assassinés). Assassinats ciblés, atten-

tats à la bombe, tirs croisés, enlèvements sont les violences les plus fréquentes auxquelles sont soumis les journalistes. Avec156 victimes, 2006 est l'année la plus dévastatrice pour la profession. La FIJ a établi le classement des pays les plus dangereuxdepuis 1990 : Irak (309 tués), Philippines (146), Pakistan (115), Russie (109), Algérie (106), Inde (95), Somalie (75), Syrie (67),Brésil (62). Seulement un assassinat sur dix a fait l'objet d'une enquête judiciaire.

Le terrible prix du témoignage

Médias

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Les plages sauvages de Vadu etde Corbu, au nord deConstantsa, ont longtemps fait

le bonheur des campeurs en quête d'unbrin de tranquillité sur le littoral roumain.Cette année, et depuis janvier, vingt hec-tares de plages du côté de Sulina, SfântuGheorghe, Midia, Portitsa, Corbu et Vaduont été cédés aux autorités locales parl'Administration de la Réserve de laBiosphère du delta du Danube - ARBDD.But de la manœuvre constituer de nou-velles plages sur des lieux où n'existe-raient pas, d'après l'ARBDD, de flore"particulière".

Problème depuis cette annonce : les

maires des communes en question n'ontpas eu le temps d'aménager les lieuxvisés. Sachant que le 1er mai représentele lancement officieux de la saison, onrisquait d'assister cette année encore ducôté de Vadu et de Corbu à une pluie d'a-mendes s'abattant sur les campeurs.

Chaque année, en effet, des tensionsexistent systématiquement entre lesagents de l'ARBB et les touristes - envi-ron 2000 personnes le 1er mai dans cesdeux communes. Le flou persiste égale-ment car l'ARBDD possède toujours undroit de regard sur le développement desplages en question et donc sur les projetsd'aménagement. Leur évaluation au sujet

des plages de Vadu et de Corbu n'estd'ailleurs pas terminée. C'est en outre tou-jours l'ARBDD et ses inspecteurs qui dis-tribuent les amendes aux campeurs.

De leur côté, les mairies, soutenuespar les locaux, envisageraient d'aménagerdes petites cabanes pour dormir, des toi-lettes écologiques, des parkings ainsi quedes poubelles.

Reste à voir comment va cohabiter cepetit monde et si tout cela ne va pas pren-dre le chemin du modèle -bruyant- desplages plus au sud. Cette année encore,les choses ne seront pas simples sur lesrives de la mer Noire. Réserve "protégée"ou pas.

Connaissance et découverte

Bucarest, capitale bon marché

Selon le magasine Fortune, Bucarest est la destina-tion la moins chère pour des "vacances city-break".Un séjour pour deux personnes incluant une nuit

dans un hôtel trois étoiles, un dîner dans un bon restaurant, lalocation d'une voiture et la visite de sites touristiques revient à230 euros en moyenne. Ce même séjour coûte 270 euros àSofia, 380 à Budapest, 470 à Athènes et 670 à Londres. Malgrécet atout, Bucarest reste l'une des grandes villes d'Europe lesmoins visitées. En 2015, à peine 1,02 millions de visiteurs ontété enregistrés dans la capitale roumaine quand Prague en

accueillait 2,5 et Budapest 3,2.La rubrique "routard" du site Priceoftravel place Bucarest

à la deuxième place du classement des 56 villes les moins chè-res d'Europe. Il est possible d'y passer un jour et une nuit pour20 euros. Dans les villes européennes proches de la Roumanie,un séjour d'une journée pour les routards coûte 22 euros àSofia, 23 à Belgrade, 27 à Budapest, 29 à Varsovie et Zagreb,30 à Istanbul, 37 à Prague et 40 à Moscou. Les villes les pluschères sont Paris, Amsterdam, Oslo, Londres, Venise etZurich, où le prix d'une nuitée coûte entre 69 et 105 euros.

Tourisme

Dans l'extrême est de laRoumanie, à la frontière del'Ukraine, le Danube se divi-

se en trois bras principaux avant de sejeter dans la mer Noire. Ce delta forme unpaysage sauvage unique en son genre.C'est là que vit la famille Burduja

(photo), dans le petit village de Letea,souvent coupé du monde et accessibleuniquement par bateau. Le poisson, quireprésente la première source de revenuet se décline à l'infini dans les assiettes, yest roi. Mitica Burduja est pêcheur, et sonépouse Rodica travaille dans leur petiteferme. Ils y élèvent trente-cinq vaches etleur viande se vend bien. Grâce à cela, ilsont pu envoyer leur fille étudier à l'école,en ville. Les produits de la mer sont tous

les jours au menu: aujourd'hui, un pain debrochet relevé d'oignons et d'aneth et despoivrons farcis au hachis de poisson,accompagnés de légumes du jardin.

Les roseaux, omniprésents dans larégion, servent à quantité de choses : l'i-solation, le chauffage, la construction... etbien sûr la cuisine. On découvre enfin leplat emblématique de la région : lafameuse ciorba de peschte, une généreu-se soupe de poissons.

Cuisine du terroir dans le Delta du Danube

C'est officiel: le telemea de Ibanesti est devenu uneappellation protégée au niveau européen.L'indication géographique protégée, appelée éga-

lement IGP, a été confirmée au ministre de l'Agriculture rou-main, Achim Irimescu, par l'intermédiaire du Commissaireeuropéen à l'agriculture, Phil Hogan. L'IGP est une marque d'i-dentification au niveau européen et plus précisément un gaged'origine et de qualité qui permet de préserver les dénomina-tions géographiques. Elle offre, en outre, la possibilité de

déterminer l'origi-ne d'un produit

agricole alimentaire lorsque celui-ci tire une partie de sa spé-cificité de cette origine. Il y a un peu plus d'un mois, le sala-mi de Sibiu a lui aussi obtenu cette distinction. La Roumaniecompte désormais trois produits bénéficiant de ce label: lemagiun de prunes de Topoloveni - depuis 2010, le salam deSibiu et, donc, le telemea de Ibanesti. Pour ce dernier, lesdébats ont porté au sujet de sa dénomination. La Grèce avaiten effet bloqué un temps la demande de la Roumanie auprès dela Commission européenne au motif que le mot "telemea"serait d'origine grecque ("telemes"). Visiblement, les roumainsseraient parvenus à faire entendre leur voix.

Attirer davantage les touristes russes enRoumanie ? C'est l'objectif que s'est fixéela Fédération pour la promotion touris-

tique de la Roumanie (FAPT). Lancé début février àMoscou, le programme "Découvrez la Roumanie!" estdestiné aux Russes qui ont renoncé à leurs destinationsfavorites, telles que la Turquie ou l'Egypte, pour desraisons de sécurité. "Le premier volet de cette initiati-ve, dénommée 'Le littoral pour les Russes' propose desséjours à la Mer Noire et dans le Delta du Danube. Laconcurrence bulgare a du souci à se faire : nous pro-posons 10 euros la nuit d'hébergement quatre étoiles,en dehors de la saison estivale" affirme avec enthou-siasme la présidente de FAPT, Corina Martin, bien quela plupart des hôtels aient rejeté la proposition à causedes tarifs jugés trop bas. "Ce programme sera un testpour développer d'autres destinations" soutient-elle.

FAPT anticipe que le nouveau programme devraitséduire environ 80 000 Russes, cette année. Même siles premiers, qui ont déjà acheté des séjours àTechirghiol (bains de boue) ou Eforie Nord pour destraitements balnéaires, débarqueront à Varna enBulgarie, l'aéroport de Constantsa n'opérant pas devols depuis la Russie.

La citadelle de Deva rouverteaprès des années d'abandon

Tourisme

Le fromage Telemea protégé par l'Europe

Bras de fer autour des plages sauvages de Vadu et de Corbu

La citadelle qui domine la ville de Deva (ouest), l'un des objec-tifs touristiques majeurs de cette partie de la Transylvanie, aété rouverte au public début avril, après huit ans de travaux.

Environ 3000 touristes ont fait le déplacement pour assister aux festivi-tés marquant l'évène-ment. Des spectaclesreproduisant les modesde vie de l'époquemédiévale, ainsi que descombats menés entrecavaliers ont ponctuécette journée. La citadel-le de Deva a été cons-truite au 13e siècle, alorsque la Transylvanie étaitsous la domination du Royaume de Hongrie. Elle n'avait pas connu detravaux de rénovation depuis 1849, quand les dépôts de poudre à canonqu'elle abritait ont explosé, brisant plusieurs murs d'enceinte. Des tra-vaux de réhabilitation avaient commencé en 2007 avant d'être stoppés.La citadelle avait alors été fermée jusqu'en 2013, quand le chantier avaitrepris grâce à des fonds européens. La citadelle de Deva est ouverte tousles jours au public, à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit.L'accès se fait à pied ou grâce à une télécabine, ouverte entre 10h et 21h.

Mer... noire de Russes ?

Près de Sighetu-Marmatiei, dans le Maramures, levillage de Sapinta abrite un joyau d'art populaire, le"Cimetière joyeux", né en 1929 de l'imagination

d'un sculpteur local, Stan Ion Patras. Véritable mémoire deslieux, il rassemble aujourd'hui plus de 600 tombes, retrace lavie quotidienne du village: le berger, leforestier, l'agriculteur, le vétérinaire,côtoient pour l'éternité la fileuse, l'éco-lier, la ménagère, le musicien ou l'ivro-gne, chacun narrant son existence faite dejoies et de souffrances. Dans un endroitoù s'expriment d'habitude le chagrin et lemalheur, cet ensemble polychrome, pro-che de l'art brut, est comme un défi à lamort, voire un véritable hymne à la vie.L'ensemble de ces sculptures constitueune œuvre d'art protégée par l'UNESCO.

A l'initiative de la France, une exposition a vu le jour aprèsla "Révolution" permettant à ses visiteurs de plonger dans l'at-mosphère de ce lieu chargé d'émotions et emprunt des valeurs

de la Roumanie rurale. Elle propose des répliques de sculptu-res du cimetière avec leur épitaphe, dont une stèle complète,29 panneaux de chêne sculptés polychromes, 5 panneaux deprésentation, 11 sous-verre et un diaporama. Oubliée depuisdes années dans une cave du côté du Creusot, elle a été redé-

couverte par l'association GrenobleIsère Roumanie (GIR) en 2009, qui l'afait circuler avec un grand succèsdepuis en France, Belgique et Suisse oùelle est devenue une attraction attirantun public dépassant largement les amisde la Roumanie et sert souvent de pointd'appui aux associations franco-roumai-nes ou comités de jumelage, pour faireconnaître ce pays. L'exposition (qui setransporte dans un grand coffre de voi-ture) est toujours disponible.

Se renseigner auprès de: Grenoble Isère Roumanie(GIR), 2 rue du Pont Saint Jaime, 38 000 Grenoble, [email protected] ou [email protected]; site: www. gir.asso.fr.

Le passeport allemand est le document le mieux accepté dans le monde, offrant le droit d'entrée sans visa dans 177 payssur un peu plus de 200. Il est suivi par le passeport suédois (176 pays) et 5 pays de l'UE (France, Finlande, Espagne,Grande Bretagne, 175 pays), puis cinq autres pays (Belgique, Danemark, Pays Bas, Suisse, USA, 174 pays). La

Roumanie se classe au 21ème rang (153 pays). La Moldavie occuperait le 52ème rang (101 pays), avant l'Ukraine, le Belarus,l'Arménie, la Géorgie et le Kazakhstan, mais cette donnée est infirmée par les autorités de Chisinau qui avancent le chiffre de seu-lement 73 pays n'exigeant pas de visas pour leurs ressortissants.

Le hit parade des visas

L'exposition sur le "Cimetière joyeux" de Sapinta circule toujours

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BlaguesHumourCHANGE*

(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,47 RON

(1 RON = 0,22 euro)

Franc suisse = 4,06 RON

Dollar = 3,97 RON

Forint hongrois = 0,01 RON

(1 euro = 310 forints)

*Au 25/04/2016 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIE

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel.: 02 40 49 79 94E-mail: [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro:

Yves Lelong, Jan H. Mysjkin,Laurent Couderc,Manuela Golea, Julia Beurq, Jonas Mercier,Béranger Dominici, Florina Presada,Stéphane Surprenant, Florent DupratFrancesco Brusa, Andrei Popov,Florence La Bruyère, Florel Manu,Sharon Wajsbrot, Nicolas Trifon,Iulian Anghel, Julia Pascual,Vincent Henry, Anne-Aël Durand,Costel Crangan, Claudiu Padurean,Anna Marquer-Passicot , Lia Ciutac,Mehdi Chebana, Alain Constant.Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex

Numéro de Commission paritaire:1117 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parutionwww//lesnouvellesderoumanie.eu

Prochain numéro: juillet 2016

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,

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Vengeance

Une conductrice est convoquée aucommissariat pour avoir brûlé un feurouge.

-Votre nom ?-Maria Ionescu-Age ?-35 ans-Profession ?-Institutrice.Le visage du policier s'éclaire d'un

large sourire vengeur:-Toute ma vie j'ai attendu ce

moment! Vous me copierez 5000 fois:"Quand le feu est rouge, je n'ai pas ledroit de passer"!

Partage

Après la consultation, un Oltène(connu pour leur pingrerie) met une piècede 2 bani comme pourboire sur la tabledu médecin. Celui-ci, offensé, demande :

-C'est pour moi ou pour la femme deménage ?

-Quelle question ! Pour les deux, évi-demment…

Coup de main

Le tribunal de Craiova juge un cas deviolence conjugale :

-Qu'est-ce qui vous a permis de mal-traiter votre femme ? demande le juge. Sielle se comporte mal, vous devez vousadresser à moi. Je suis le seul à avoir ledroit de la punir !

-Oh ben, Monsieur le Juge, je nesavais pas que vous pouviez me donnerun coup de main…

Déduction

Bula est appelé comme témoin dansun procès.

Le juge :-Qu'est-ce qui vous fait dire que l'ac-

cusé avait bu ?-Bah, c'est simple… il n'arrêtait pas

de crier qu'il n'avait peur ni de sa femme,ni de sa belle mère !

Chien méchant

Tache se décide à faire une visite àson ami Mache. Il voit un grand panneauquand il arrive devant sa porte:"Attention, chien méchant. Vous entrezsous votre propre responsabilité. Il estencore temps de vous raviser!". Il faitprudemment quelques pas, tombant surun autre écriteau: "Chien méchant! Sivous tenez à la vie, faites immédiatementdemi-tour!". Effrayé, il se glisse dans lecouloir et appelle Mache d'une voixéteinte, buttant sur un chien endormi quine grogne même pas.

-Salut Mache… Pourquoi tu fais toutce cirque avec ton chien. Il est douxcomme un agneau ?

-Détrompe-toi. C'est l'apparence… Ilne s’extériorise pas... mais, à l'intérieur, ilse consume, il est très méchant !

Psychologue

Gheorghe va avec son cheval à lafoire. Il rencontre Tudor :

-Il tire bien ta charrette ?-Oh non, pas trop !-Mais ta charrue ?-Pas trop non plus !-Mais alors… il te sert de monture ?-Pas du tout !-Comment tu vas faire pour le vend-

re?-Je ne veux pas le vendre…-Mais qu'est-ce tu vas faire avec

lui… je ne te comprends pas ?-Je veux lui faire honte !

Noces de fer

Un couple fête ses noces de fer.Le journaliste demande:-Comment avez-vous pu résister pen-

dant 65 ans ?

-Oh c'est très simple… C'est moi quidécide et mon mari a intérêt à faire ce queje lui dis, sinon je l'envoie se coucher.

-Et vous, Monsieur quels sont vosmeilleurs souvenirs de couple ?

-Quand j'ai été prisonnier dix ans enSibérie !

***-Maman, tu es blanche, Papa est

blanc… Pourquoi je suis noire ?-Oh bien ma chérie, on avait telle-

ment fait la fête cette nuit là… que tedevrait être heureuse de ne pas aboyer !

***Pourquoi les Moldaves se sont mis à

boire deux fois plus ?-Parce que on vient de doubler les

allocations familiales.***Un Bucarestois très fier: Bucarest est

le cœur de la Patrie !Réplique du Timisorean : Bien enten-

du… le cerveau est ailleurs.

***Dans le port de Constantsa, un bateau

porte une énorme tâche rouge sur sacoque.

-Pourquoi çà s'inquiète un curieux?-C'est notre nouveau navire hôpital.

Basescu l'a inauguré avec une bouteillede mercurochrome.

***-Maman, tu es blanche, Papa est

blanc… Pourquoi je suis noire ?-Oh bien ma chérie, on avait telle-

ment fait la fête cette nuit là… que tudevrait être heureuse de ne pas aboyer !

***Annonce à l’entrée de la maternelle:

“Ne faites pas attention à ce que racon-tent les enfants sur ce qui se passe ici...nous ne tenons pas compte de ce qu’ilsdisent sur ce que vous faites chez vous”.

“Je veux dire à mes concitoyens que je suisun homme ordinaire. Je fais ma peine et je

me représente pour devenir maire”.

“Je dis que chez nous l’agneau de Pâquesest traditionnel... mais peut-être qu’on peut

l’appeler ... agneau de crise.

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A Gottlob, le "cinéma de papa"

refuse de mourir

Alors que la salle de cinéma traditionnelle n'est même plus muséifiée enRoumanie, mais tout simplement en train de rendre l'âme et sans espoir d'ê-tre ressuscitée, le maire d'une petite commune de l'ouest du pays rouvre

courageusement les portes du seul cinéma du milieu rural roumain…''The movie in my mind'' (le film dans ma tête, ndlr) est une des chansons-phare de la comédie musicale culte ''Miss Saigon''

du duo français Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg. Son contenu n'a littéralement rien à voir avec le film ou le cinéma. Ilraconte une histoire mitigée d'illusions perdues et d'espoir obstiné pour un avenir chimérique. Et pourtant, dernièrement, le titre decette chanson -totalement délié de son contexte d'origine - s'alluma spontanément dans mon esprit, à deux reprises, telles ces ensei-gnes de jadis, faites d'ampoules à incandescence, jaunâtres, accrocheuses.

78% des villes roumaines n'ont plus de salles de cinéma

En juillet dernier, après une quarantaine d'années, le seul cinémavillageois du pays a de nouveau accueilli le public de la petite commu-ne de Gottlob (département de Timis). Revitaliser la vie de cet endroit,délaissé en partie par les jeunes générations, voilà l'enjeu du maireGheorghe Nastor. Un investissement cumulé d'environ 250 000 eurosde fonds européens plus tard, le cinéma érigé dans les années 1950 estdevenu à nouveau opérationnel, certes ayant vocation à accueillir éga-lement des spectacles en tout genre et des conférences.

Des bénévoles, un distributeur, de même que les instituts culturelsfrançais et allemand de Timisoara promettent d'épauler l'activité. Tous

reconnaissent que le pari est risqué, mais que cette chance doit être tentée, coûte que coûte. Si 78% des villes roumaines n'ont plusde salle de cinéma à part les multiplexes, remettre à flot un cinéma en milieu rural pourrait sembler insensé. De ce fait, probable-ment, cette seule véritable information culturelle de l'été a été presque entièrement ignorée par la presse roumaine.

22 salles classiques en activité, 600 en 1989

A l'époque des multiplexes numériques, en haute définition, en 3D, dotés de tous les gadgets imaginables, l'illusion du perdu-rer apparaît comme loufoque, si elle n'est pas carrément interdite à la vielle salle mono-écran et à ses films sur pellicule argentique,immanquablement égratignée. La Roumanie ne compte plus actuellement que 22 salles de cinéma à l'ancienne, toujours en activi-té. Elles étaient quelque 600 en 1989. Si elles n'ont pas été tout simplement abandonnées, elles accueillent, de nos jours, des bars,des salles de jeu - de hasard, de billard, de quilles -, des boutiques en tout genre, des restaurants ou servent d'entrepôts.

Le bouc émissaire facile est, bien sûr, le désamour des Roumains pour le cinéma et l'arrivée sur le marché des complexes ciné-matographiques. Ce serait perdre de vue - pour ce qui est de la compagnie d'Etat qui continue à gérer une partie de ce patrimoinerestant - les longues années d'immobilisme, de manque d'investissements, d'affaires douteuses de location à des prix ridicules, sous-évalués. S'y sont ajoutés le flou législatif et le désintéressement des autorités locales qui, par décision du législateur, se sont retro-uvées sur les bras, un jour de 2008, avec des salles de cinéma déjà en détresse, qu'elles n'avaient souhaité ni ne savaient exploiter.

Un cinéma qui a parfois trouvé refuge chez des particuliers

Une campagne "Sauvez le grand écran" a été démarrée en 2014 par le réalisateur Tudor Giurgiu (notre photo)et son équipe del'Association pour la promotion du film roumain. Elle vise à moderniser et à rouvrir les portes de cinq à six salles en mort clinique,à travers le pays. Sourire narquois au coin des lèvres, cette action est souvent taxée de donquichottisme… Si le cinéma a quitté lessalles, il a parfois trouvé refuge chez des particuliers. A Sibiu, divers petits appareils de projection et de prise de vue s'ordonnentdisciplinés dans l'appartement de Sergiu (le nom a été changé par souci de discrétion). Tous en état de marche, chouchoutés par ceféru du cinéma, qu'il s'agisse de la création ou de la technique. Certes, au quotidien, Sergiu regarde ses films sur un écran vidéohi-tech, choisi avec le soin du passionné. Néanmoins, c'est toujours le film argentique, cet enchaînement de photogrammes, demême que les boîtes en métal et leur odeur particulière qui l'enchantent et le font le plus rêver.

Même avec cette touche de nostalgie, Sergiu ne vit pas dans une bulle de passéisme. Au contraire, il est quelqu'un qui, dansson coin, lutte tacitement pour la survie de tout un savoir-faire de sorte qu'il ne devienne une pièce de musée. Et c'est grâce aussià lui et à de nombreux autres particuliers silencieux que le cinéma ne risque pas de devenir, bientôt, juste ''a movie in our minds''…

Andrei Popov, journaliste culturel à la rédaction francophone deRadio roumaine internationale (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

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