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[2] Hemavathi. et al. Profile of microbial isolates in ophthalmic infections and antibiotic susceptibility of the bacterial isolates: a study in an eye care hospital, Bangalore. J Clin Diagn Res 2014;8: 235. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.06.022 22 Les levures opportunistes émergentes B. Sendid Laboratoire de parasitologie mycologie, Inserm U995-2, CHRU de Lille, Lille, France En dépit de quelques variations liées à l’origine géographique et aux populations de patients étudiées, les espèces de levures les plus fréquemment impliquées en pathologie humaine restent Candida albicans, C. tropicalis, C. glabrata, C. parapsilosis, C. krusei et Cryptococcus neoformans. Cependant, l’incidence d’infections déterminées par d’autres levures n’a cessé de progresser pendant ces dernières décennies. Il s’agit notamment de C. kefyr, C. lusitaniae, C. guilliermondii, C. norvegensis, C. zeylanoides, Pichia anomala, certaines espèces du genre Trichosporon, Malasse- zia et Rhodotorula. Les espèces auparavant considérées comme de simples saprophytes, des contaminants de l’environnement ou encore des levures d’intérêt industriel comme Candida utilis, C. lipolytica, Pichia sp. sont de plus en plus souvent isolées de fongémies, ou rapportées comme agents d’onychomycoses. Ces levures « inhabituelles » infectent principalement des patients soumis à des techniques médico-chirurgicales invasives, des patients présentant un déficit immunitaire ou encore des prématurés. Cette évolution est perceptible au travers d’études épidémiologi- ques de grande envergure [1,4,5] mais également au niveau de l’écologie locale propre à chaque établissement, toutes révèlent une progression notable des espèces non albicans. Parallèlement, l’évolution des techniques d’identification impli- quant des séquençages moléculaires ou des techniques de spectro- métrie de masse (MALDI-TOF) a permis de mieux discriminer les espèces phénotypiquement et phylogénétiquement proches [3,2]. Ces outils ont permis de facto de révéler la diversité des espèces responsables d’infections humaines. D’un point de vue thérapeu- tique, la sensibilité des levures rares est souvent mal définie par les comités d’experts alors que certaines d’entre elles sont résistantes à l’amphotéricine B ou aux antifongiques les plus récents [5]. L’identification de ces espèces et la détermination de leurs sensi- bilités aux antifongiques constituent un nouveau défi pour les labor- atoires de mycologie qui doivent s’équiper des technologies les plus récentes pour concourir à une meilleure prise en charge des patients à haut risque d’infections fongiques invasives. Re ´fe ´rences [1] Azie N, et al. The PATH (Prospective Antifungal Therapy) Alli- ance 1 registry and invasive fungal infections: update 2012. Diagn Microbiol Infect Dis 2012;73:293300. [2] Lacroix C, et al. Evaluation of two matrix-assisted laser desorp- tion ionization-time of flight mass spectrometry (MALDI-TOF MS) systems for the identification of Candida species. Clin Microbiol Infect 2014;20:1538. [3] Linton CJ, et al. Molecular identification of unusual yeast isolates by large ribosomal subunit gene sequencing: 2 years of experience at the UK mycology reference laboratory. J Clin Microbiol 2007;45:11528. [4] Miceli MH, et al. Emerging opportunistic yeast infections. Lancet Infect Dis 2011;11:14251. [5] Pfaller M. Antifungal drug resistance: mechanisms, epidemiolo- gy, and consequences for treatment. Am J Med 2012;125:S313. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.06.023 23 Actualités sur Trichosporon, un badisiomycète émergent C. Hennequin Service de parasitologie-mycologie, APHP, ho ˆpital Saint-Antoine, Paris, France Trichosporon spp sont des basidiomycètes largement répandus dans la nature. La taxonomie des Trichosporon a évolué de manière significative avec aujourd’hui au moins 50 espèces, dont une quin- zaine a été impliquée en pathologie humaine, regroupées dans 4 clades distincts. Trichosporon est reconnu comme l’agent de la piedra blanche, infection superficielle des poils, ainsi que de pneu- mopathie allergique. Plus récemment, Trichosporon a été impliqué en tant qu’agent d’infection fongique invasive chez des patients immunodéprimés, principalement atteints d’hémopathie ou plus rarement de cancer solide ou ayant bénéficié d’une greffe d’organe. Les facteurs de virulence de ces microorganismes sont encore mal connus mais pourraient comprendre leur capacité à former des biofilms et leur production de lipases et de protéases. Les infections invasives dues à Trichosporon représentent un challenge à la fois diagnostique et thérapeutique. En l’absence de test de détection de biomarqueurs spécifiques, le diagnostic repose principalement sur les approches directes d’isolement puis d’identification. Le séquençage de la région des IGS représente la méthode d’identification de référence. Plus récemment, des approches de spectrométrie de masse MALDI-TOF ont montré leur intérêt dans cette indication. Cependant, du glucorono-xylo-man- nane présent dans la paroi de Trichosporon peut être détecté en cas d’infection disséminée par les tests de sérodiagnostic de la crypto- coccose. De même, il est possible de détecter du ß-D-glucane dans le serum des patients infectés. Sur le plan thérapeutique, peu d’options sont disponibles en raison de la résistance naturelle du genre à la fois au polyènes et aux échinocandines. Les dérivés azolés, fluconazole ou voriconazole, semblent être les molécules de choix. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.06.024 24 Champignons filamenteux en emergence M. Machouart * , A. Debourgogne, J. Dorin Structure de parasitologie-mycologie, de ´partement de microbiologie, CHU Brabois, 54511 Vandœuvre-le `s-Nancy, France *Auteur correspondant. Depuis quelques décennies, le nombre de patients à risque de développer des infections fongiques invasives est en augmentation. En effet, on note globalement une meilleure survie de ces popula- tions sensibles aux champignons opportunistes, en particulier chez les personnes atteintes de pathologies hématologiques. De nouvelles procédures thérapeutiques sont en cause dans ce taux de survie plus élevé, ainsi que les antifongiques qui peuvent également être pre- scrits en prophylaxie ou en traitement préemptif. Parallèlement à ces observations, ces patients parfois atteints de maladies sous- jacentes importantes, vivent de plus en plus fréquemment à dom- icile, dans des environnements dans lesquels on retrouve en per- manence des moisissures. Certaines d’entre elles sont bien connues en pathologie comme Aspergillus sp. ou Fusarium sp. et d’autres ont émergé plus récemment en pathologie, comme les Scedosporium sp., ou les Mucorales, ou de manière plus sporadique, comme Geosmithia argillacea, récemment renommé Rasamsonia argilla- cea ou Geotrichum clavatum. Dans cette présentation, un bilan de la littérature récente fera état de la situation actuelle concernant l’émergence des champignons filamenteux en pathologie humaine, Compte rendu de congrès/Proceeding of congress 119

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[2] Hemavathi. et al. Profile of microbial isolates in ophthalmicinfections and antibiotic susceptibility of the bacterial isolates: astudy in an eye care hospital, Bangalore. J Clin Diagn Res 2014;8:23—5.

http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.06.022

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Les levures opportunistes émergentesB. SendidLaboratoire de parasitologie mycologie, Inserm U995-2, CHRU deLille, Lille, France

En dépit de quelques variations liées à l’origine géographique et auxpopulations de patients étudiées, les espèces de levures les plusfréquemment impliquées en pathologie humaine restent Candidaalbicans, C. tropicalis, C. glabrata, C. parapsilosis, C. krusei etCryptococcus neoformans. Cependant, l’incidence d’infectionsdéterminées par d’autres levures n’a cessé de progresser pendantces dernières décennies. Il s’agit notamment de C. kefyr,C. lusitaniae, C. guilliermondii, C. norvegensis, C. zeylanoides,Pichia anomala, certaines espèces du genre Trichosporon, Malasse-zia et Rhodotorula. Les espèces auparavant considérées comme desimples saprophytes, des contaminants de l’environnement ouencore des levures d’intérêt industriel comme Candida utilis,C. lipolytica, Pichia sp. sont de plus en plus souvent isolées defongémies, ou rapportées comme agents d’onychomycoses. Ceslevures « inhabituelles » infectent principalement des patientssoumis à des techniques médico-chirurgicales invasives, des patientsprésentant un déficit immunitaire ou encore des prématurés.Cette évolution est perceptible au travers d’études épidémiologi-ques de grande envergure [1,4,5] mais également au niveau del’écologie locale propre à chaque établissement, toutes révèlentune progression notable des espèces non albicans.Parallèlement, l’évolution des techniques d’identification impli-quant des séquençages moléculaires ou des techniques de spectro-métrie de masse (MALDI-TOF) a permis de mieux discriminer lesespèces phénotypiquement et phylogénétiquement proches [3,2].Ces outils ont permis de facto de révéler la diversité des espècesresponsables d’infections humaines. D’un point de vue thérapeu-tique, la sensibilité des levures rares est souvent mal définie par lescomités d’experts alors que certaines d’entre elles sont résistantes àl’amphotéricine B ou aux antifongiques les plus récents [5].L’identification de ces espèces et la détermination de leurs sensi-bilités aux antifongiques constituent un nouveau défi pour les labor-atoires de mycologie qui doivent s’équiper des technologies les plusrécentes pour concourir à une meilleure prise en charge des patientsà haut risque d’infections fongiques invasives.References[1] Azie N, et al. The PATH (Prospective Antifungal Therapy) Alli-ance1 registry and invasive fungal infections: update 2012. DiagnMicrobiol Infect Dis 2012;73:293—300.[2] Lacroix C, et al. Evaluation of two matrix-assisted laser desorp-tion ionization-time of flight mass spectrometry (MALDI-TOF MS)systems for the identification of Candida species. Clin MicrobiolInfect 2014;20:153—8.[3] Linton CJ, et al. Molecular identification of unusual yeast isolatesby large ribosomal subunit gene sequencing: 2 years of experience atthe UK mycology reference laboratory. J Clin Microbiol2007;45:1152—8.[4] Miceli MH, et al. Emerging opportunistic yeast infections. LancetInfect Dis 2011;11:142—51.[5] Pfaller M. Antifungal drug resistance: mechanisms, epidemiolo-gy, and consequences for treatment. Am J Med 2012;125:S3—13.

http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.06.023

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Actualités sur Trichosporon, unbadisiomycète émergentC. HennequinService de parasitologie-mycologie, AP—HP, hopital Saint-Antoine,Paris, France

Trichosporon spp sont des basidiomycètes largement répandus dansla nature. La taxonomie des Trichosporon a évolué de manièresignificative avec aujourd’hui au moins 50 espèces, dont une quin-zaine a été impliquée en pathologie humaine, regroupées dans4 clades distincts. Trichosporon est reconnu comme l’agent de lapiedra blanche, infection superficielle des poils, ainsi que de pneu-mopathie allergique. Plus récemment, Trichosporon a été impliquéen tant qu’agent d’infection fongique invasive chez des patientsimmunodéprimés, principalement atteints d’hémopathie ou plusrarement de cancer solide ou ayant bénéficié d’une greffe d’organe.Les facteurs de virulence de ces microorganismes sont encore malconnus mais pourraient comprendre leur capacité à former desbiofilms et leur production de lipases et de protéases.Les infections invasives dues à Trichosporon représentent unchallenge à la fois diagnostique et thérapeutique. En l’absence detest de détection de biomarqueurs spécifiques, le diagnosticrepose principalement sur les approches directes d’isolement puisd’identification. Le séquençage de la région des IGS représente laméthode d’identification de référence. Plus récemment, desapproches de spectrométrie de masse MALDI-TOF ont montré leurintérêt dans cette indication. Cependant, du glucorono-xylo-man-nane présent dans la paroi de Trichosporon peut être détecté en casd’infection disséminée par les tests de sérodiagnostic de la crypto-coccose. De même, il est possible de détecter du ß-D-glucane dans leserum des patients infectés. Sur le plan thérapeutique, peud’options sont disponibles en raison de la résistance naturelle dugenre à la fois au polyènes et aux échinocandines. Les dérivés azolés,fluconazole ou voriconazole, semblent être les molécules de choix.

http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.06.024

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Champignons filamenteux enemergenceM. Machouart *, A. Debourgogne, J. DorinStructure de parasitologie-mycologie, departement demicrobiologie, CHU Brabois, 54511 Vandœuvre-les-Nancy, France*Auteur correspondant.

Depuis quelques décennies, le nombre de patients à risque dedévelopper des infections fongiques invasives est en augmentation.En effet, on note globalement une meilleure survie de ces popula-tions sensibles aux champignons opportunistes, en particulier chezles personnes atteintes de pathologies hématologiques. De nouvellesprocédures thérapeutiques sont en cause dans ce taux de survie plusélevé, ainsi que les antifongiques qui peuvent également être pre-scrits en prophylaxie ou en traitement préemptif. Parallèlement àces observations, ces patients parfois atteints de maladies sous-jacentes importantes, vivent de plus en plus fréquemment à dom-icile, dans des environnements dans lesquels on retrouve en per-manence des moisissures. Certaines d’entre elles sont bien connuesen pathologie commeAspergillus sp. ou Fusarium sp. et d’autres ontémergé plus récemment en pathologie, comme les Scedosporiumsp., ou les Mucorales, ou de manière plus sporadique, commeGeosmithia argillacea, récemment renommé Rasamsonia argilla-cea ou Geotrichum clavatum. Dans cette présentation, un bilan dela littérature récente fera état de la situation actuelle concernantl’émergence des champignons filamenteux en pathologie humaine,

Compte rendu de congrès/Proceeding of congress 119