1

Click here to load reader

Les Liaisons dangereuses (1782) - memopage.com · Les Liaisons dangereuses (1782) I. Pierre Ambroise Choderlos de Laclos (1741-1803) ! L énigme de sa vie et de son uvre " Marcel

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les Liaisons dangereuses (1782) - memopage.com · Les Liaisons dangereuses (1782) I. Pierre Ambroise Choderlos de Laclos (1741-1803) ! L énigme de sa vie et de son uvre " Marcel

Les Liaisons dangereuses (1782)

I. Pierre Ambroise Choderlos de Laclos (1741-1803)

! L�énigme de sa vie et de son �uvre " Marcel Proust écrit de Laclos : «l�honnête homme par excellence,

le meilleur des maris [...] qui a écrit le plus effroyablement pervers des livres».

" A 18 ans, Laclos entre à l�école royale d'artillerie de La Fère. Echouant dans son projet d�embarquer pour l�Amérique avec la Brigade des colonies, il reste frustré dans ses ambitions militaires et s�investit alors dans la littérature.

" En 1779, il rédige à l�île d�Aix Les Liaisons dangereuses, publiées en 1782.

" En 1786, il épouse Marie-Solange Duperré après la naissance de leur premier enfant. Ils en auront deux autres.

" Pendant la révolution, il soutient le Duc d�Orléans puis se rallie aux idées républicaines. Enfin, il rejoint Napoléon Bonaparte et réintègre le commandement militaire.

" En 1803, il meurt de fièvre à Tarente.

II. Les Liaisons dangereuses : sens et enjeu du thème du libertinage

! Structure de l��uvre • Ce roman épistolaire est composé de 175 lettres datées

échangées entre les différents personnages. • Au début du roman, un «Avertissement» déclare : «Ce n�est

qu�un roman». Cependant, la préface qui suit laisse sous-entendre une véritable authenticité : «Ce recueil, que le public trouvera peut-être encore trop volumineux, ne contient pourtant que le plus petit nombre des lettres qui composaient la totalité de

la correspondance dont il est extrait». L�ambiguïté de l��uvre de Laclos est posée avant même le début de la lecture de la correspondance.

! Les personnages principaux • Les instigateurs -Vicomte de Valmont : il incarne le libertin calculateur par excellence. Toujours uni à Mme de Merteuil dans ses manigances, il apparaît pourtant plus sensible qu�elle dans certaines lettres. -Mme de Merteuil : grand maître du libertinage, elle donne le ton au roman en servant sa cause coûte que coûte. Despote froid et cruel, elle cherche à tout diriger. • Les victimes -Cécile de Volanges : jeune ingénue spontanée et puérile, elle représente la victime idéale pour la réalisation de l�éducation libertine rêvée par les deux complices Valmont et Merteuil. -Mme de Tourvel : vertueuse et dévote, elle est la voix de la morale injonctive du roman. Cependant, elle est divisée à l�intérieur : la séduction de Valmont semble faire fondre ses résistances moralisatrices. ! L�amour vs. le désir Les personnages évoluent et changent sous l�influence de l�amour et du désir. Le roman semble affirmer que le plaisir n�est qu�éphémère parce qu�il obéit à une injonction naturelle ; mécanique, il n�offre qu�un faible moment de félicité. Cependant, l�amour quant à lui se veut au-dessus des contingences matérielles pour atteindre le bonheur. Les personnages naviguent entre les deux, allant du désir à l�amour comme Valmont ou en les séparant comme Cécile. ! Le libertinage • Le libertinage n�est pas seulement un phénomène littéraire. Il

s�agit avant tout d�une pratique sociale de l'aristocratie que la littérature, en se parant d'une dimension réaliste très neuve, va ensuite refléter. Laclos s'inscrit et se démarque d'un genre, celui du récit libertin. La polyphonie de son roman est la clé de l'originalité.

• Au XVIIIe siècle, le libertinage désigne dans la littérature une

quête égoïste du plaisir accompagnée d�une débauche morale au sein de la société.

• Etymologiquement, le «libertin» vient du latin libertinus qui est «l�esclave venant d�être affranchi». Dans le roman de Laclos, la même notion de libération par rapport à des codes sociaux rigides se retrouve : face à l�honneur et à la réputation, le libertin mène son jeu de perversion tout en s�assurant l�estime de la société. Considéré comme un modèle de vertu, le libertin triomphe en masquant sa véritable nature.

" La séduction dans le roman est transformée en art : c�est un défi dans lequel la femme est la proie du chasseur libertin. Cependant, il ne s�agit pas d�une littérature licencieuse dans les échanges de lettres mais plutôt d�un raffinement intellectuel pervers.

" Le cynisme du libertin se retrouve dans ses fausses apparences : Valmont se déclare ainsi «amoureux et timide» (lettre LVII) puis charitable (lettre XXI), mais il manigance sans cesse avec Mme de Merteuil.

" L�orgueil et le mépris placent le libertin au-dessus des membres de la société soucieux de respecter les codes moraux établis. Les victimes de Valmont et de Mme de Merteuil ne sont pour eux que sottes (Mme de Tourvel et sa vertu) ou ingénues (Cécile de Volanges et son jeune âge). Les deux complices partagent la même intelligence et la même jouissance dans la rédaction mutuelle de leurs exploits.

" Au-delà du défi libertin, les deux instigateurs entretiennent dans leurs échanges épistolaires une tension et une rivalité : Mme de Merteuil veut dominer Valmont et affiche une sorte de féminisme avant l�heure. Valmont répond à ces déclarations de guerre par des stratégies qu�il considère parfaitement élaborées.

" Dans le roman, le libertinage apparaît au centre de toute l��uvre, mais il n�est pas la fin de l�analyse : pourquoi Laclos va-t-il aussi loin dans la fascination pour ses personnages ?

" Par delà même le libertinage, on constate que l�énigme sous-jacente ne vient pas de l�anecdote, mais d�un travail au regard exacerbé sur une époque de grandes révolutions.

MemoPage.com SA © / 2008 / Auteur : Charlotte Rault / Expert : Joséphine Malara