Les lumières s'éteignent à l'Acba

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  • 8/19/2019 Les lumières s'éteignent à l'Acba

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    D É C R Y P T A G E

    Avant le vote Bayonnais du jeudi 24 mars 2016 page 1

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    Avant le vote Bayonnais du jeudi 24 mars 2016 page 2

    Décision peu éclairée

    Jean-René Etchegaray, le maire de Bayonne étaitjusqu’à hier le président du Syndicat des trans-ports de l’agglomération Côte Basque Adour, leSTACBA. Et devait le rester.Après sa démission forcée il y a un mois, il a été hiersoir débarqué des bus de l’agglomération bayonnaiseet remplacé au pied levé par une candidate qui l’auraitété à l’insu de son plein gré, nous dit l'article de SudOuest.Le Stacba, compte les cinq communes de l’ACBAainsi que la commune de Saint Pierre d’Irube et lacommune landaise de Tarnos.Les Bayonnais sont de loin les principaux usagersdes bus car la configuration compacte de la ville,et son carrefour des bus, des cars et des trains,confirment son rôle de capitale du Pays basque. Àce titre, les Bayonnais en sont aussi les principauxcontributeurs.Ce baroud d’honneur des maires côtiers, révèleune difficulté à prendre en compte les logiques decoopération, de respect de la parole donnée, de larecherche de consensus, qui prévalaienthistoriquement au Pays Basque depuis le temps duBiltzar du Labourd.Ce principe de coopération et de respect mutuel estun marqueur de la société basque contemporaine,comme il l’était déjà dans les temps anciens. Il estun principe fondateur de toutes les formes deréflexion qui ont prévalu, dans le Biltzar des com-munes, dans les ateliers de prospective de PaysBasque 2010, Pays Basque 2020, au Conseil desélus, au conseil de développement…Faut-il rappeler que c’est Bayonne, par la volontéde son maire, en 1972 qui a toujours été aux avant

    postes de l’intercommunalité.Elle l’a été hier… et elle l’est encore plusaujourd’hui. C’est une ville historique, c’est uneville capitale. C'est une ville qui à le sens du tempslong de la mémoire et de l’Histoire.C’est une ville qui a donné son nom à la provincedu Labourd, qui représente aujourd’hui 90 % de lapopulation du Pays basque nord. Elle y puise sonhistoire, elle y construit son avenir.Bayonne était avant-hier à l’origine du districtBAB, lorsqu’elle a convaincu Anglet et Biarritz deforger une entité commune. À travers le district,c’est Bayonne qui a initié l’Université qu’elle a suimposer à l’État qui n’en voulait pas. La volontéd’un homme résolu qui a su l’imposer, en dépit detous les conservatismes qui n’en voulaient pas.Quand elle a confiance en elle, cette ville a du géniepour prendre ses responsabilités, et assumer sonrôle de capitale.

    C’est Bayonne et la Chambre de commerce deBayonne qui ont voulu installer à Bidart son écoled’ingénieur, sa technopole, sa pépinièred’entreprise… et depuis lors, la ville de Bidart connaitune forte croissance, et une grande prospérité. C’estaussi à Bayonne qu’elle le doit.

    C’est encore Bayonne, qui était hier à l’origine del’extension du BAB à Bidart et Boucau, faisantbeaucoup de concessions pour que ces communes y jouissent d’une représentation favorable, puisqu’undélégué communautaire représente 4 749 Bayonnais,alors contre 2 612 boucalais et 2 189 Bidartars.

    Ces deux communes ne pouvaient pas conserverdeux fois fois plus de représentants par habitant queBayonne. Introduisant une trop forte rupture d’égalitéde représentations démocratique. Ce ce qui peut êtreétait justifié et faisait sens dans un accord politiqueau moment de la fondation de l'Acba ne l’est plusavec la loi Notre et ses modes de calculs automa-tiques de la représentation proportionnelle à la plusforte moyenne.Aujourd’hui, ceux qui ont bénéficié de cette faveursont les mêmes qui protestent que les com-munes de Soule aient droit à un seul représentant.C’est un principe qui s’applique, selon un mode decalcul qui est partout le même, à toutes lesintercommunalités de France et de Navarre, Soulecomprise.Ainsi Mauléon, la capitale historique de la Soule,avec ses 3 069 habitants n’aura qu’un seulreprésentant à l’intercommunalité, quand Bidartavec 6 566 en réclame au moins trois.Ce n'est pas un privilège qui est accordé auxSouletins, c'est le principe même de la loi : dansune intercommunalité, chaque commune doit avoirau moins une voix.Sinon ce n’est plus de l’intercommunalité, mais dela supracommunalité.Tout au long de son histoire, Bayonne a su sacrifierson intérêt particulier à l’intérêt général.Et l’intérêt général aujourd’hui, c’est de travailler àl’échelle d’un territoire vécu.

    Un exemple de plus en plus préoccupant. C'est laquestion des inondations qui doit devenir demainune compétence intercommunale.En dehors du chamboulement climatique, lesinondations et les problèmes de pollutions des fleuvesde la côte sont étroitement liées aux bassinsversants, situées dans les montagnes du Labourd,de Basse Navarre et de Soule, mais aussi àl’artificalisation des sols provoqués par l’étalementurbain de l’entrecôte, ou à l’agriculture producti-vistes des plaines ou la déforestation du Piémont etdes zones de montagne.C’est à cette échelle que les problèmes doiventêtre résolus. Par l’action concertée de la source àl’embouchure, de l’amont à l’aval de nos fleuves etde leurs affluents.Un territoire qui a aussi conscience de lui même, deses singularités, de ses langues et de ses cultures,mais aussi un territoire qui veut construire sespropres solutions pour résoudre les problèmes de savie quotidienne.

    La question des transports est l’un des problèmesles plus immédiatement palpables, pour les 55 000habitants du Pays Basque, qui tous les jours rentrent

    et sortent de l’agglomération bayonnaise,notamment pour des raisons professionnelles, ceuxqu’on appellent les “commuters”.Il faut entre trente et soixante minutes aux heuresde pointes pour entrer et sortir de l’agglomération.Alors qu’il n’en fallait que dix à vingt minutes, il y aquinze ans pour faire le même trajet.L’agglomération n’est plus la bonne échelle. 75 %des commuters (ceux qui viennent et repartentdans l’agglomération pour leur travail, pour leursétudes, pour se soigner, se divertir, ou des achats)viennent du Pays basque. Et 90 % d’entre eux yviennent en voiture.Inondations, urbanisation à outrance, traitementdes inondations, mobilités et transports… :Bayonne et ceux de ses élus qui militent pour unevision stratégique de long terme à l’échelle duterritoire tout entier, sont désormais l’objet d’unostracisme envers ceux qui veulent au fond querien de bouge.

    Le maire d'Anglet a été choisi pour être dans neuf mois “celui qui aura la charge d’éteindre les lumièreselon le mot cruel mais lucide d’un de ses homologue de la côte. Il révèle à quel point les décisions qui

    prennent aujourd’hui basculent dans une forme d’irrationalité.Cet homme qui disait dans son discours inaugural il y a une semaine qu’il ne serait pas l’homme d’un clanc’est ce qu’on dit souvent dans ce cas là ~ commence son mandat par une chasse aux sorcières parmi lepartisans du oui à la Communauté Pays Basque unifiée.

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    C L U B S É Q U O I A

    Avant le vote Bayonnais du jeudi 24 mars 2016 page 3

    La volonté des citoyens duPays Basque, comme partoutailleurs, c'est de maintenirun bon niveau de services

    aux habitants, tout ensimplifiant la carteinstitutionnelle, avoir la taillecritique pour mener lespolitiques publiques, encontenant les coûts.Ces maires des citéstouristiques et prospères dela Côte ont proposé de netoucher à rien de maintenirles 95 syndicats, huitintercommunalités sur dix, etde rajouter une nouvelle

    couche, un pôlemétropolitain assoupli, qui aété rejeté à l’unanimité duConseil des élus lorsqu’ilétait encore présidé parJean-Jacques Lasserre.Une proposition qu’ils n’ontfait que pour la formepuisqu’ils ne l’ont même pasdéfendue devant lacommission départementalede coopérationintercommunale qui devaitarbitrer en février sur leschéma proposé par lepréfet, après consultationsdes 158 communes du Paysbasque. Ils l’ont proposécontre la volonté de l’État,mais aussi contre la sociétévalidée par les élus au moisd’octobre et novembredernier, par 113 communes(72 % de des communes, et75 % des élus de toutessensibilités, représentant66 % de la population).

    Le seuil de 50 % de lapopulation représentée par50 % des communes àatteindre au printemps étantdéjà inscrit dans les esprits.

    Plutôt que de prendre acte decet élan, les élus côtiersaccroissent une ultimepression visant àmarginaliser Bayonne dansl’actuelle Acba, brisant desdécennies de coopération etde respect mutuel.

    Ils rompent avec les usagesdémocratiques de ceterritoire, où depuis desmois, plus de 2 272 élus, etdes milliers de citoyensparticipent partout à desdébats sur la CommunautéPays Basque, souvent avecintérêt et bienveillance.

    On peut douter que leshabitants des communes dela côte, partagent l’hostilitéde leurs maires à l’idée quele Pays basque prenne corps.

    Comme partout ailleurs, tousles sondages, toutes lesenquêtes, toutes lesconsultations qui ont étéfaites sur ce sujet témoignentd’une adhésion compriseentre 70 et 80 % deshabitants de ces communes.

    Dans leur fort intérieur, uncertain nombre d’élus, enconscience, trouveront sansdoute que cet ostracisme vatrop loin, que tourner le dos àBayonne et au Pays Basqueintérieur, c’est au fond setourner le dos à soi même, àl’histoire personnelle dechacun d’entre nous, pourceux qui sommes nés ici,comme pour ceux qui sontvenu parfois en voisins,

    parfois de loin, parce qu’ilsont aimé ce pays, sasingularité, son identité, sonart de vivre.

    Dans une démocratieauthentique, les minorités

    fussent-elles issues descommunes les plusprospères, ne gouvernent pasles majorités.1 575 citoyens de ce paysayant été élu dans leursvillages et leurs villes, soitles trois quart des élus de cepays ont adopté à l'automnel'idée d’une seuleCommunauté pour le PaysBasque tout entier.524 ont voté contre.Ce n'est pas un vote qui estsoumis à interprétation, c'estun vote qui engage.Ce n’est pas une penséeunique, mais le fruit d’unedélibération collective.On peut imaginer se rangerdu côté de l’État contre lasociété, c’est beaucoup plusfréquent que ça ne devrait.On peut imaginer se rangerdu côté des élus, contre

    l’État. Ça c’est déjà vu.Mais on peut difficilementêtre à la fois contre lasociété, contre les élus qui lareprésentent aussimassivement, et contrel’État, dans un Pays Basquequi fait depuis la nuit destemps de la recherche duconsensus, le socle d’uneidentité qui a survécue àtoutes les épreuves du tempset aux vicissitudes de

    l’histoire.

    Cette volonté d’évincer de sesresponsabilités le maire de laplus ancienne, la pluspeuplée mais aussi laprincipale contributrice del’agglomération est contre

    tous les usages, contretoutes les règles defonctionnement qui ontprévalu jusqu’alors par lavolonté de résolution desproblèmes en commun.Mieux que quiconque, Bayonesait que la problématique destransports n’est plus celle del’Acba mais du Pays Basquetout entier.Au delà de cet ultime sursautd’immobilisme, cette évictionrévèle aussi la volonté defaire pression sur les élusbayonnais à la veille d’un votedécisif.Pas une amicale citoyennepression, qui est normale etsaine dans le jeudémocratique. Surtout quandles habitants ont été tenus àl’écart soigneusement par lesinstances municipales. Maisd’une hostilité de plus en plusirraisonnée des maires des

    villes voisines, défendant leurspré-carré, contre la visionstratégique des élusBayonnais consacrant touteleur énergie à resynchroniserl’agglomération capitale avecson hinterland.Ce harcèlement contre lesélus de la ville capitale,contre le vent porté par touteune société est contre-productif.Les Bayonnais sauront semontrer solidaires face àl’ostracisation dont leur villeest l’objet. Ils vont envoyerdès ce soir un signaldéterminant à leurshomologues de la côte.

    Ce soir à Bayonne, ceux quicroient au Pays Basque et àses capacités à trouver dessolutions locales à unproblème global ~ en cespériodes troublées d’autant

    plus ~ continueront à jouercollectif et confirmeront leurvote de l’automne.Ceux qui y croient moins, sesoumettront-ils au diktat deleur conduite par les édilesdes communes auxquellesBayonne a tendu la main aufil des quarante dernièresannées ?Et puis il y a celles et ceuxqui résisteront à la tentationpermanente de refaire lematch, qui révèleront leurcapacité à transcender leursintérêts particuliers, pourdéfendre l’intérêt général.Qui exprimeront leur volontéd’en finir avec ce climatdélétère et d’hypothéquerdurablement leur avenir, ense mettant à dos l’opinionpublique, très sensibiliséesur ce sujet.Quand à ceux qui onttoujours freiné des quatrefers, toujours agi pour que lePays Basque ne soit jamaisreconnu en tant qu’entité,plutôt que de l’assumer,mettront sur la table tous lesprétextes techniquespossibles et imaginables,pour voter non.Même si ces prétextes onttrouvé, les uns après lesautres, des réponses, desservices de l’État voire dugouvernement lui même.

    L’important pour eux n’estpas la question, et encoremoins la réponse. L’importantc’est de tenter de donner unbrin de légitimité à leurhostilité indicible.