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5 OptionBio | vendredi 29 novembre 2013 | n° 499 professionnel | actualités médicament Les médicaments génériques : des médicaments comme les autres Le sénateur Yves Daudigny a présenté au Sénat un rapport d’information, au nom de la Mission d’évaluation et de contrôle de la Sécurité sociale (MECSS) et de la Commission des affaires sociales du Sénat. Les médicaments génériques font encore l’objet, en France, de polémiques et de débats qui sont inconnus à l’étranger. Qu’est-ce qu’un générique, pourquoi cette méfiance des Français, comment expliquer un développement qui piétine nettement en France ? Ainsi la MECSS du Sénat a orga- nisé cet été deux tables rondes, la première pour répondre à la question lancinante de l’équi- valence entre la molécule ori- ginelle (princeps) et ses géné- riques, la seconde pour évaluer la politique publique poursuivie depuis quelques années. Le rapport retrace ces débats et présente des propositions à même de restaurer la confiance des Fran- çais dans les médicaments géné- riques qui constituent bien, comme l’ont montré les interventions de la première table ronde, des médica- ments comme les autres [certains en doutent encore-NDLR]. La MECSS du Sénat a donc souhaité aborder la question particulière des médicaments génériques, qui sus- citent encore régulièrement des doutes dans les médias et chez les consommateurs. Afin de permettre l’exposition de différents points de vue et contradictoire, les deux tables ont abordé deux thèmes-clés. La première privilégiait l’approche scientifique, sur le thème Princeps/ Génériques : quelle équivalence ? avec des représentants de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), de l’Académie de médecine et de l’Aca- démie de pharmacie. La seconde, plutôt axée sur les problèmes économiques et socio- logiques, proposait Évaluation de la politique française du médicament générique avec des représentants des laboratoires pharmaceutiques, du Comité économique des produits de santé (CEPS), de l’Assurance Maladie et de l’Inspection générale des affaires sociales. Le rapport rend compte des tables rondes et présente, de manière synthétique, la problématique du médicament générique 1 .| Y.-M. D. note 1. http://www.senat.fr/rap/r12-864/r12-864_ mono.html épidémiologie MCV : le fardeau s’alourdit, il est temps d’anticiper Gouverner c’est prévoir en santé publique. Les pays occidentaux affrontent un problème croissant : les maladies cardiovasculaires (MCV). Certains prennent de l’avance sur la progression épidé- miologique, tels les USA, où des équipes tentent de projeter la prévalence et le coût de l’HTA, de la maladie coronarienne, de l’insuffisance cardiaque, de l’AVC et autres d’ici 2030. Selon ces projections, 40,5 % de la population seront touchés par une MCV, leur coût passera de 272,5 mil- liards de dollars à 818,1 milliards. Si la létalité des MCV a diminué ces dernières décennies, les por- teurs d’une MCV augmentent et ses facteurs de risque aussi : obésité, HTA, diabète, hypercholestérolémie. Aggravés par le vieillissement de la population et l’extension de l’espé- rance de vie, que les MCV entament peu du fait des progrès médicaux. C’est ce qu’explique une équipe du Weill Cornell Medical College (Ankur Pandya et coll., New York) 1 . Avec le vieillissement de la popu- lation, l’épidémie de l’obésité, la régression de la mortalité par MCV, les USA attendent une crois- sance exponentielle des coûts de la santé, des handicaps et de la baisse de la qualité de vie associés à une prévalence croissante. Situation que pourrait aggraver la pénurie de médecins généralistes (primary care physicians), disent les auteurs. La bonne nouvelle est la régression du tabagisme, une meilleure maî- trise de l’HTA et de l’hypercholes- térolémie. Si la mortalité par MCV entre 1981 et 2008 a chuté de 517 pour 100 000 à 244 pour 100 000, il reste que la population a continué d’augmenter et de vieillir… avec le BMI moyen, le diabète. Les MCV sont la première cause de mortalité et de dépenses de santé aux USA. Avec comme facteurs de risque majeurs toujours obésité, HTA et hypercholestérolémie. En combinant les données d’études prospectives : enquête permanente de Framingham (débutée en 1948), cohorte NHANES (National health and nutrition examination survey de 1973 à 2010), on prédit une baisse de la mortalité d’ici 2030 mais… une augmentation de la prévalence des MCV. Paradoxe qui devrait inquiéter la santé publique d’autres pays occi- dentaux pour préparer l’avenir. | Y.-M. D. note 1. Pandya A, et al. More Americans living longer with cardiovascular disease will increase costs while lowering quality of life. Health Aff 2013 ; doi: 10.1377/hlthaff.2013.0449, via MedPageToday. © JUANRVELASCO © F.SCHMIDT

Les médicaments génériques : des médicaments comme les autres

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5OptionBio | vendredi 29 novembre 2013 | n° 499

professionnel | actualités

médicament

Les médicaments génériques : des médicaments comme les autres

Le sénateur Yves Daudigny a

présenté au Sénat un rapport

d’information, au nom de la

Mission d’évaluation et de

contrôle de la Sécurité sociale

(MECSS) et de la Commission des

affaires sociales du Sénat.

Les médicaments génériques font encore l’objet, en France, de polémiques et de débats qui sont inconnus à l’étranger. Qu’est-ce qu’un générique, pourquoi cette méfiance des Français, comment expliquer un développement qui piétine nettement en France ?Ainsi la MECSS du Sénat a orga-nisé cet été deux tables rondes, la première pour répondre à la question lancinante de l’équi-valence entre la molécule ori-ginelle (princeps) et ses géné-riques, la seconde pour évaluer

la politique publique poursuivie depuis quelques années.Le rapport retrace ces débats et présente des propositions à même de restaurer la confiance des Fran-çais dans les médicaments géné-riques qui constituent bien, comme l’ont montré les interventions de la première table ronde, des médica-ments comme les autres [certains en doutent encore-NDLR].La MECSS du Sénat a donc souhaité aborder la question particulière des médicaments génériques, qui sus-citent encore régulièrement des doutes dans les médias et chez les consommateurs. Afin de permettre l’exposition de différents points de vue et contradictoire, les deux tables ont abordé deux thèmes-clés.La première privilégiait l’approche scientifique, sur le thème Princeps/Génériques : quelle équivalence ?

avec des représentants de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), de l’Académie de médecine et de l’Aca-démie de pharmacie.La seconde, plutôt axée sur les problèmes économiques et socio-logiques, proposait Évaluation de la politique française du médicament générique avec des représentants des laboratoires pharmaceutiques, du Comité économique des produits

de santé (CEPS), de l’Assurance Maladie et de l’Inspection générale des affaires sociales.Le rapport rend compte des tables rondes et présente, de manière synthétique, la problématique du médicament générique1.|

Y.-M. D.

note1. http://www.senat.fr/rap/r12-864/r12-864_

mono.html

épidémiologie

MCV : le fardeau s’alourdit, il est temps d’anticiper

Gouverner c’est prévoir en santé

publique. Les pays occidentaux

affrontent un problème croissant :

les maladies cardiovasculaires

(MCV). Certains prennent de

l’avance sur la progression épidé-

miologique, tels les USA, où des

équipes tentent de projeter la

prévalence et le coût de l’HTA,

de la maladie coronarienne, de

l’insuffisance cardiaque, de l’AVC

et autres d’ici 2030.

Selon ces projections, 40,5 % de la population seront touchés par une MCV, leur coût passera de 272,5 mil-liards de dollars à 818,1 milliards. Si la létalité des MCV a diminué ces dernières décennies, les por-teurs d’une MCV augmentent et ses

facteurs de risque aussi : obésité, HTA, diabète, hypercholestérolémie. Aggravés par le vieillissement de la population et l’extension de l’espé-rance de vie, que les MCV entament peu du fait des progrès médicaux.C’est ce qu’explique une équipe du Weill Cornell Medical College (Ankur Pandya et coll., New York)1. Avec le vieillissement de la popu-lation, l’épidémie de l’obésité,

la régression de la mortalité par MCV, les USA attendent une crois-sance exponentielle des coûts de la santé, des handicaps et de la baisse de la qualité de vie associés à une prévalence croissante. Situation que pourrait aggraver la pénurie de médecins généralistes (primary care physicians), disent les auteurs.La bonne nouvelle est la régression du tabagisme, une meilleure maî-trise de l’HTA et de l’hypercholes-térolémie. Si la mortalité par MCV entre 1981 et 2008 a chuté de 517 pour 100 000 à 244 pour 100 000, il reste que la population a continué d’augmenter et de vieillir… avec le BMI moyen, le diabète. Les MCV sont la première cause de mortalité et de dépenses de santé aux USA.

Avec comme facteurs de risque majeurs toujours obésité, HTA et hypercholestérolémie.En combinant les données d’études prospectives : enquête permanente de Framingham (débutée en 1948), cohorte NHANES (National health and nutrition examination survey de 1973 à 2010), on prédit une baisse de la mortalité d’ici 2030 mais… une augmentation de la prévalence des MCV. Paradoxe qui devrait inquiéter la santé publique d’autres pays occi-dentaux pour préparer l’avenir. |

Y.-M. D.

note1. Pandya A, et al. More Americans living longer

with cardiovascular disease will increase costs

while lowering quality of life. Health Aff 2013 ; doi:

10.1377/hlthaff.2013.0449, via MedPageToday.

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