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AVRIL 2016 M assification des échanges de marchandises, libéralisation du cabotage et ouverture à la concurrence des lignes de bus nationales, enjeux environnementaux, opti- misation des coûts… tels sont les vecteurs de changements qui s’appliquent aux activités de transport et de logistique. Aujourd’hui, le numérique est intégré dans le secteur et chro- notachygraphe, bons de livraison numérisés, géolocalisation, tablettes tactiles… sont largement présents dans les environnements de travail. Après quelques années de recul, ces évolutions auront généré de nouvelles attentes de la part des employeurs. Et si ces technologies, la mécanisation et l’automatisation ont réduit la pénibilité physique du travail, elles en auront accru les contraintes de rendement et de respect des horaires. La relation client et la gestion du stress deviennent des aptitudes de plus en plus recherchées par les employeurs. En 2016, le secteur du transport routier et de la logistique de distribution subit une nouvelle révolution et se voit soumis à une obligation de comprimer le temps et l’espace. En effet, « livraison à domicile en moins de 48h », « garantie de la fraîcheur des produits », « adaptation instantanée des volumes aux besoins des consommateurs »… sont devenus des arguments commerciaux qui s’imposent à l’ensemble des étapes de la chaine logistique, du gestionnaire de stock au livreur en passant par le transporteur. Le client dispose des moyens pour évaluer, a priori, la qualité de service, la fiabilité du prestataire, le suivi de sa commande et il s’en sert ! Cette vague de changements poursuit le mou- vement déjà généré par la vente en ligne (e-commerce, les drive…) et l’« ubérisation » du transport viendra probablement d’ici peu encore amplifier cette dynamique. Dans le secteur du transport de voyageurs, les activités se concentrent en Poitou-Charentes et pour l’essentiel sur le transport scolaire. S’il représente un volume d’emplois conséquents, il se développe peu, repose sur des postes à temps partiel suivant le rythme des périodes scolaires. Face à ce contexte en mouvement, comment évoluent les emplois ? Comment sont impactées les pro- fessions emblématiques que sont les conducteurs et les opérateurs logistiques ? Pour répondre à ces questions, il convient d’une part, de dresser un état des lieux de l’emploi et de ses récentes évolutions quantitatives et, d’autre part, d’identifier les modifications qu’enregistrent ces métiers. Les métiers du transport et de la logistique en Poitou-Charentes

Les métiers du transport et de la logistique en … · Même s’il est de plus en plus entendu que le transport est une étape dans la chaine logistique, nous avons conservé ces

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AVRIL 2016

Massification des échanges de marchandises, libéralisation du cabotage et ouverture à la concurrence des lignes de bus nationales, enjeux environnementaux, opti-

misation des coûts… tels sont les vecteurs de changements qui s’appliquent aux activités de transport et de logistique. Aujourd’hui, le numérique est intégré dans le secteur et chro-

notachygraphe, bons de livraison numérisés, géolocalisation, tablettes tactiles… sont largement présents dans les environnements de travail. Après quelques années de recul, ces évolutions auront généré de nouvelles attentes de la part des employeurs. Et si ces technologies, la mécanisation et l’automatisation ont réduit la pénibilité physique du travail, elles en auront accru les contraintes de rendement et de respect des horaires. La relation client et la gestion du stress deviennent des aptitudes de plus en plus recherchées par les employeurs.

En 2016, le secteur du transport routier et de la logistique de distribution subit une nouvelle révolution et se voit soumis à une obligation de comprimer le temps et l’espace. En effet, « livraison à domicile en moins de 48h », « garantie de la fraîcheur des produits », « adaptation instantanée des volumes aux besoins des consommateurs »… sont devenus des arguments commerciaux qui s’imposent à l’ensemble des étapes de la chaine logistique, du gestionnaire de stock au livreur en passant par le transporteur. Le client dispose des moyens pour évaluer, a priori, la qualité de service, la fiabilité du prestataire, le suivi de sa commande et il s’en sert ! Cette vague de changements poursuit le mou-vement déjà généré par la vente en ligne (e-commerce, les drive…) et l’« ubérisation » du transport viendra probablement d’ici peu encore amplifier cette dynamique.

Dans le secteur du transport de voyageurs, les activités se concentrent en Poitou-Charentes et pour l’essentiel sur le transport scolaire. S’il représente un volume d’emplois conséquents, il se développe peu, repose sur des postes à temps partiel suivant le rythme des périodes scolaires.

Face à ce contexte en mouvement, comment évoluent les emplois ? Comment sont impactées les pro-fessions emblématiques que sont les conducteurs et les opérateurs logistiques ? Pour répondre à ces questions, il convient d’une part, de dresser un état des lieux de l’emploi et de ses récentes évolutions quantitatives et, d’autre part, d’identifier les modifications qu’enregistrent ces métiers.

Les métiers du transport et de la logistique

en Poitou-Charentes

Même s’il est de plus en plus entendu que le transport est une étape dans la chaine logistique, nous avons conservé ces deux domaines car les métiers restent clairement identifiables comme l’indique le tableau suivant.

La filière transport-logistique compte plus de 41 750 personnes en emploi en 2012 sur le territoire de Poitou-Charentes. En légère hausse de 1,1 % par rapport à 2007 (soit environ 450 personnes de plus), ces emplois sont de plus en plus présents dans les activités liées à la logistique (+ 3,6 %) et en baisse de près de 250 actifs (- 1,1 %) dans le transport routier.

1. LE TRANSPORT ROUTIER

Les professionnels du transport routier représentent 52 % des actifs de la filière, soit environ 21 600 personnes. Ce domaine professionnel rassemble des conducteurs routiers et grands routiers au nombre de 10 650, des conducteurs-livreurs, coursiers (6 150) ou encore des conducteurs de véhicules routiers de transport en commun (2 500). Il s’agit, à 92 %, d’emplois d’ouvriers.

Plus de la moitié (55 %) des actifs exercent leur profession dans le secteur du transport – entreposage, principalement dans le transport routier de fret et dans le transport routier de voyageurs. Les conduc-teurs livreurs et coursiers sont également présents, pour 31 % d’entre eux, dans ce secteur d’activités. Des exceptions à cette règle existent : les conducteurs de véhicule de ramassage des ordures ména-gères sont davantage présents dans le secteur de la gestion des déchets et de la dépollution et 14 % des actifs dans le secteur du commerce, principalement dans le commerce de gros. En observant les offres d’emploi déposées l’année dernière auprès de Pôle emploi, on constate que les entreprises qui recrutent des professionnels du transport routier appartiennent au secteur du transport-entreposage (44,4 %) et que le deuxième secteur à proposer ces emplois est celui de l’intérim (25,6 %).

Ces métiers sont exercés en grande majorité par des hommes (88 %), ce taux atteint même 98 % pour les conducteurs routiers et grands routiers ou encore 97 % pour les professions de conducteurs de véhicule de ramassage des ordures ménagères. La profession de conducteur de véhicule routier de transport en commun est la plus féminisée avec 32 % de femmes, ce taux était de 29 % cinq ans auparavant.

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Domaine Sous domaine Nombre d’actifs occupés en 2012

Evolution 2007 - 2012

Transport routier

Conducteurs routiers de marchandises 11 790 -2,6 %

Conducteurs routiers de voyageurs 2 517 13,5 %

Conducteurs – Livreurs (messagerie) 6 151 -4,2 %

Exploitants 1 174 5,0 %

Total Transport routier 21 632 -1,1 %

Logistique

Caristes d’entrepôt 7 206 -5,9 %

Magasiniers et préparateurs de commandes 9 865 4,1 %

Responsables logistiques 3 062 32,9 %

Total Logistique 20 133 3,6 %

Ensemble de la filière 41 764 1,1 %

Source : Insee – Recensement

Des emplois accessibles à tous les niveaux de formation

Comme le montre la répartition des actifs par niveau de formation (Cf. graphique ci-dessous), les métiers peuvent se regrouper en trois ensembles assez homogènes.

La population des conducteurs et des transporteurs est en majorité constituée d’individus titulaires d’une formation de niveau V et de personnes sans certification.

A l’inverse, la population d’ingénieurs de l’exploitation est à 75 % titulaire d’une formation de niveau IV et plus.

Entre les deux, les professions de responsables d’exploitation et de transporteurs indépendants accueillent à la fois des individus peu diplômés et des titulaires d’un bac et plus. Cette répartition peut refléter la possibilité d’accéder à ces métiers par la voie de la formation et par celle de l’évolution pro-fessionnelle, certains conducteurs créant régulièrement leur propre entreprise.

Le niveau d’accès à l’emploi semble aujourd’hui légèrement progresser. En effet, les jeunes de moins de 30 ans du transport routier sont seulement 14 % à n’avoir aucun diplôme. 29 % détiennent un bac et 11 % un diplôme de niveau bac + 2 ou plus. Cette élévation est plus marquée sur le métier de conducteur routier et grand routier pour lequel seulement 12 % des moins de 30 ans n’ont pas de certification et 29 % déclarent posséder un diplôme de niveau équivalent au bac. Le développement du transport de moins de 3,5 T, qui ne nécessite pas la détention d’un permis poids lourd, explique en partie l’emploi de personnel peu voire pas certifié.

Niveau de formation des actifs en emploi dans le transport routier en 2012

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Des professions de la conduite vieillissantes en mal de recrutement de jeunes

On note un vieillissement des actifs dans le domaine du transport routier. Les effectifs sont en dimi-nution sur l’ensemble des classes d’âge, seuls les plus de 50 ans sont plus nombreux en 2012 qu’en 2007, représentant ainsi 30 % des effectifs en 2012 contre 24 % cinq ans plus tôt. La part des seniors est très élevée chez les conducteurs routiers de transport en commun (44 %). De nombreux départs en retraite sont donc à prévoir dans cette profession. La part des jeunes actifs de moins de 30 ans étant très faible dans cette profession (8 %), elle ne pourra pas, à elle seule, compenser ces départs. On compte en effet 12 % de moins de 30 ans dans le transport routier, cette part est légèrement plus élevée chez les conducteurs-livreurs (16 %).

Plus de temps partiels et de CDD dans les professions de conducteur de transport en commun et de livreur que dans celles de la conduite routière de marchandises

Si en 2012, 92 % des personnes sont en CDI -ce taux reste identique à celui de 2007, la part de contrats à durée limitée est un peu plus importante sur les postes de conducteur de véhicule routier de transport en commun et de conducteur livreur, coursier. Parmi les 2 144 offres déposées à Pôle emploi dans les métiers du transport, 46,5 % concernaient des postes en CDD de un à six mois et 38,1 % étaient des offres en CDI. Les métiers les plus recherchés sont ceux de conducteur routier de marchandises.

Les emplois sont majoritairement exercés à temps complet (87 %). Le temps partiel est toutefois forte-ment présent dans la profession de conducteur routier de transport en commun (41 %) ou encore sur les postes de conducteurs – livreurs où un actif sur cinq exerce son activité à temps partiel. Il convient de noter qu’en Poitou-Charentes les emplois dans les activités de transport de voyageurs reposent à plus de 80 % sur le transport scolaire (quotidiennement, près de 77 000 élèves empruntent une ligne non urbaine – sources : Conseils généraux). Il s’agit donc d’emploi avec des temps de travail concen-

Pyramide des âges des actifs en emploi dans le transport routier en 2012

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trés le matin et le soir, en semaine et durant les périodes scolaires. Toutefois, le développement rapide des liaisons interurbaines pourrait modifier cette situation, sans pour autant générer des flux impor-tants d’embauches au niveau des quatre départements du Poitou-Charentes.

37 % des actifs en emploi dans l’une de ces sept professions exercent dans la même entreprise de-puis plus de dix ans. Ce taux atteint même plus de 70 % pour les ingénieurs et cadres techniques de l’exploitation des transports.

Les salaires varient fortement d’une profession à l’autre dans le transport routier. Les ingénieurs et cadres techniques de l’exploitation des transports affichent un salaire net moyen de 3 400 , les conducteurs livreurs, coursiers, quant à eux, sont rémunérés à hauteur de 1 550 en moyenne par mois. Les écarts entre les salaires des moins de 30 ans et la moyenne des salaires étant relativement proche l’un de l’autre, on peut penser que les possibilités d’évolution salariale sont assez réduites dans les professions de la conduite.

Salaire net moyen (pour un emploi à temps complet) Ensemble Moins de 30 ans

Conducteurs routiers de marchandises

Transporteurs indépendants routiers, de 0 à 9 salariés NR NR

Conducteurs routiers et grands routiers (salariés) 1 891 1 873

Conducteurs de véhicule de ramassage des ordures ménagères 1 720 1 551

Conducteurs routiers de voyageurs

Conducteurs de véhicule routier de transport en commun (salariés) 1 768 1 612

Conducteurs - Livreurs Conducteurs livreurs, coursiers (salariés) 1 547 1 339

Exploitants

Ingénieurs et cadres techniques de l’exploitation des transports 3 408 2 065

Responsables d’exploitation des transports de voyageurs et de marchandises (non cadres) 2 210 1 746

Source : Insee – Enquête emploi 2012 SMIC net mensuel en 2012 : 1 116

En termes de mobilité professionnelle, parmi les 19 000 salariés exerçant l’une de ces sept professions en 2012, 19 % occupaient une profession différente l’année précédente. Près de la moitié des conduc-teurs livreurs, coursiers, soit environ 2 500 personnes, n’exerçaient pas ce métier un an auparavant. On compte également un peu plus de 6 % d’actifs qui ont changé de secteur d’activité entre 2011 et 2012 (source : Insee DADS).

Pour se diriger vers ces métiers, deux diplômes sont accessibles par la voie de la formation initiale. On compte environ 85 élèves et apprentis qui sortent de CAP Conducteur routier de marchandises chaque année et une cinquantaine sortant de Bac pro Conducteur transport routier de marchandises.

De nombreux demandeurs d’emploi bénéficient de formation continue dans le domaine des transports : près de 1 000 demandeurs sont entrés en formation en 2015. 400 ont ainsi pu obtenir la formation initiale minimale obligatoire (FIMO) ou une formation continue obligatoire (FCO – qui doit être actua-lisée tous les cinq ans). Plus de 200 personnes se sont formées à la conduite de transport en commun.

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2. LA LOGISTIQUE

Les 20 150 personnes en emploi en 2012 dans le domaine de la logistique occupent les professions de magasiniers et préparateurs de commandes (environ 9 875 actifs), de caristes d’entrepôt (7 200), ou encore de responsables logistiques (3 075). Ces professionnels sont de plus en plus nombreux (+ 3,6 % soit environ 700 personnes de plus en cinq ans). 85 % de ces emplois sont classés dans la catégorie des ouvriers.

Des métiers présents dans de nombreux secteurs d’activités et notamment dans l’intérim

Le tiers des actifs de la logistique exerce dans une entreprise du commerce, principalement dans le commerce de gros de bois et de matériaux de construction. Les activités de services administratifs et de soutien, dans lesquelles sont comptabilisés les intérimaires, constituent le deuxième secteur employeur (13 % des emplois de la logistique). Cette place peut s’expliquer par la forte présence de manutentionnaires non qualifiés, qui sont, pour 27 % d’entre eux, comptabilisés dans ce secteur. Enfin 12 % des actifs travaillent dans le secteur du transport-entreposage dont la moitié dans l’entreposage et le stockage. On trouve principalement dans ce dernier secteur d’activités les agents non qualifiés des services d’exploitation des transports et les responsables du tri, de l’emballage, de l’expédition et autres responsables de la manutention. En observant les offres d’emploi enregistrées par Pôle emploi, on constate que ce sont principalement les agences de travail temporaire qui recherchent des pro-fessionnels de la logistique (46 % des offres), les entreprises du commerce constituent le deuxième secteur recruteur (26 %).

Les métiers du transport routier porteurs d’embauches par bassin d’emploi

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Le taux de féminisation des emplois est de 23 % dans les métiers de la logistique. Elles sont 350 de plus à exercer ces métiers qu’en 2007. Leur présence est plus importante dans les métiers d’ouvriers non qualifiés du tri, de l’emballage, de l’expédition ou encore de manutentionnaires non qualifiés (36 %). Leur nombre augmente fortement sur les postes de responsables logistiques (+ 250).

Le niveau de qualification des actifs est en hausse dans ce domaine d’activités. En 2007, 23 % des professionnels possédaient un diplôme de niveau supérieur ou égal au Bac (niveau IV), en 2012 ce taux grimpe à 29 %. Dans le même temps, la part des sans qualification diminue, ils étaient un actif sur trois en 2007 à ne pas posséder de diplôme, ce taux diminue à 28,5 % cinq ans plus tard.

Avec 34 % de personnes possédant un diplôme de niveau supérieur ou égal au Bac + 2 (niveau III), les responsables logistiques sont les plus qualifiés du domaine et voient leur niveau s’accroitre rapidement (+ 9 points en cinq ans). Ce taux atteint 63 % sur les postes d’ingénieurs et cadres de la logistique, du planning et de l’ordonnancement contre 49 % en 2007.

Le niveau d’accès à l’emploi s’élève. En effet, parmi les jeunes actifs de moins de 30 ans de la logis-tique, 44 % détiennent un diplôme de niveau bac ou plus, contre 29 % sur l’ensemble des actifs.

Niveau de formation des actifs en emploi dans la logistique en 2012

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Des métiers vieillissants du fait d’une amélioration des conditions de travail

La part des seniors atteint 24 % en 2012 contre 18 % cinq ans plus tôt. Le nombre d’actifs de plus de 40 ans est également en augmentation sur l’ensemble des professions (+ 19 % en cinq ans soit 1 700 personnes de plus), en revanche celui des moins de 40 ans diminue (- 10 % soit 1 000 personnes de moins), principalement sur les postes d’ouvriers (manutentionnaires, magasiniers, ouvriers du tri). Les ouvriers non qualifiés du tri, de l’emballage, de l’expédition et les manutentionnaires non qualifiés sont globalement un peu plus jeunes que la moyenne des professionnels de la logistique. Cela peut s’expliquer en partie par la pénibilité des tâches à effectuer, nécessitant une bonne condition physique ou encore par le fait que ces métiers sont accessibles aux personnes sans qualification. Selon l’enquête sur l’exposition aux risques professionnels de la DARES, l’indice de fréquence des accidents du travail est élevé dans ce domaine (79,5 accidents pour 1 000 salariés en 2014). Le nombre d’accidents du travail a tout de même diminué de 10 % entre 2010 et 2014. La manutention manuelle et les chutes de hauteur sont les principales causes d’accidents. Les lésions touchent principalement le dos et les membres inférieurs.Face à ce constat, de nombreuses entreprises ont investi dans l’automatisation ou la robotisation tel que des convoyeurs automatiques ou des transstockeurs. L’objectif est de limiter les déplacements des opérateurs logistiques ou d’optimiser la préparation de commandes et la palettisation.

La qualité des emplois varie fortement selon le niveau de qualification

En 2012, 82 % des personnes sont en CDI. Ce taux reste stable par rapport à 2007. Sur les postes de techniciens ou d’ingénieurs, la part des CDI est beaucoup plus élevée (94 %), en revanche elle est beaucoup plus faible chez les ouvriers (79 %), elle descend même à 64 % pour les manutentionnaires non qualifiés qui comptent 16 % de CDD et 16 % d’intérimaires. Dans un secteur de plus en plus automatisé et mécanisé, le manutentionnaire semble être aujourd’hui pour les employeurs un moyen pour gérer les pics d’activités. Selon les données de Pôle emploi, parmi les 2 569 offres déposées par les entreprises en 2015 sur les métiers de la logistique, seules 13,7 % concernaient des postes en CDI. La majorité des employeurs proposait des contrats de un à six mois (53,2 %) et 23,2 % des postes de moins d’un mois. Les postes de magasinage et préparation de commande représentent plus de la moitié des offres collectées dans le domaine de la logistique. L’emploi lié au commerce est aussi soumis à la saisonnalité touristique.

Pyramide des âges des actifs en emploi dans la logistique en 2012

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Manutentionnaire : un métier en forte décroissance

Les emplois de la logistique sont à 91 % exercés à temps complet. En revanche, on compte 20 % d’emplois à temps partiel sur les postes de manutentionnaires non qualifiés. Il s’agit de la seule pro-fession à enregistrer une baisse de ses effectifs entre 2007 et 2012 (-14 % soit environ 550 personnes de moins), supportant ainsi à elle seule la quasi-totalité de la baisse de -6 % des caristes d’entrepôt. La mécanisation des appareils de manutention permettant de déplacer des charges semble contribuer à la fidélisation des actifs. En effet, 42 % des actifs travaillant dans la logistique exercent depuis plus de 10 ans dans la même entreprise. Ce taux est encore plus élevé sur les postes de responsables logistiques (ingénieurs et techniciens). Un ouvrier non qualifié sur quatre compte plus de dix ans d’ancienneté dans la même entreprise. En termes de salaires, les ingénieurs et cadres de la logistique, du planning et de l’ordonnancement se démarquent avec un salaire net moyen de 3 159 par mois. Les autres postes de responsables logistiques sont rémunérés entre 1 950 et 2 010 mensuels. Les salaires sont plus bas sur les postes d’ouvriers, notamment pour les ouvriers non qualifiés, et les marges de progression sont faibles.

Salaire net moyen (pour un emploi à temps complet) Ensemble Moins de 30 ans

Magasiniers et préparateurs de commandes

Magasiniers qualifiés 1 551 1 342

Ouvriers du tri, de l’emballage, de l’expédition, non qualifiés 1 345 1 240

Caristes d’entrepôt

Ouvriers qualifiés de la manutention, conducteurs de chariots élévateurs, caristes 1 512 1 364

Manutentionnaires non qualifiés 1 296 1 232

Agents non qualifiés des services d’exploitation des transports 1 770 1 832

Responsables logistiques

Ingénieurs et cadres de la logistique, du planning et de l’ordonnancement 3 159 2 013

Techniciens de la logistique, du planning et de l’ordonnancement 2 011 1 630

Responsables d’entrepôt, de magasinage 1 951 1 633

Responsables du tri, de l’emballage, de l’expédition et autres responsables de la manutention 1 973 1 504

Source : Insee – Enquête emploi 2012 SMIC net mensuel en 2012 : 1 116

En 2012, parmi les 16 500 salariés exerçant dans la logistique, 26 % exerçaient une profession diffé-rente l’année précédente et 7 % travaillaient dans un autre secteur d’activités (NA38) (source : Insee DADS). La mobilité semble fréquente dans ce domaine. Les professionnels du tri, de l’emballage et de l’expédition sont plus de 1 200 à avoir changé de métiers entre 2011 et 2012, quant aux magasiniers qualifiés, 22 % (soit 950 personnes) exerçaient une profession différente un an auparavant.

Six diplômes de la logistique, allant du CAP à la licence professionnelle, sont accessibles par la for-mation initiale en Poitou-Charentes. Cela représente environ 250 élèves et apprentis qui sortent de formation chaque année. Comme pour les activités de transport routier, on note un fort recours à la formation continue au bénéfice des demandeurs d’emploi dans les activités de la logistique (environ 750 formés en 2015), notamment sur les formations de conduite d’engins de manutention et de magasinage.

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Les métiers porteurs d’embauches de la logistique par bassin d’emploi

3. DES CRÉATIONS À PRÉVOIR SUR LES POSTES LES PLUS QUALIFIÉS

Le transport routier apparait comme restant globalement porteur d’emploi malgré la concurrence in-ternationale qui conduit à réduire fortement les activités liées au transport de fret à longue distance. Les facteurs favorables résident dans la diversification des prestations, notamment en matière de liaison urbain et de transport par autocar, et leur extension à des activités logistiques.

France stratégie, dans son rapport sur les métiers en 2022, indique qu’au sein du domaine professionnel du transport et de la logistique, la croissance du nombre de postes à pourvoir devrait être plus élevée pour les métiers les plus qualifiés, on noterait une stabilisation des effectifs d’ouvriers peu qualifiés de la manutention et une croissance dynamique des emplois de cadres, de techniciens et d’agents de maîtrise et d’exploitation.

La féminisation des métiers du transport et de la logistique résulterait essentiellement de la hausse des effectifs féminins dans les métiers de cadres et de techniciens, alors même que la part des femmes re-culerait parmi les ouvriers peu qualifiés de la manutention et les agents administratifs. Toujours selon ce rapport, des possibilités de croissance importante sont à prévoir dans des métiers encore peu concernés par l’apprentissage tels que les ouvriers de la manutention, les conducteurs de véhicules ou encore les agents d’exploitation des transports.

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La formation dans les métiers sur transport et de la logistique

65 % des jeunes ayant suivi une formation dans le domaine du transport ou de la logistique sont en emploi sept mois après l’obtention de leur diplôme. Ce taux atteint 76 % pour les titulaires du bac pro Logistique. Les jeunes détenant un diplôme de niveau III tels que le BTS Transport ou le TP Technicien supérieur en méthodes et exploitation logistique affichent des taux d’insertion de 63 %.

Les métiers porteurs d’embauches du transport-logistique par bassin d’emploi

L’environnement, un facteur de changement dans le Transport/logistique

Aux exigences de coût, rapidité, flexibilité et fiabilité s’ajoutent pour les activités de transport et de logistique celles de la gestion de l’impact environnemental et le respect des obligations réglementaires associées.

Par la mise en place de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, le secteur est surtout affecté par un processus de « verdissement » de la plupart de ses métiers. Les conducteurs doivent no-tamment acquérir de nouvelles compétences afin de générer des économies en carburant (éco conduite, optimisation des trajets, rationalisation des taux de chargement...). Les professionnels de la logistique et du transport de marchandises sont également amenés à mettre en œuvre des processus plus res-pectueux de l’environnement (traçabilité des marchandises, calcul des émissions de gaz à effet de serre générés par les trajets, diminution et recyclage des emballages...).

Ces nouvelles compétences sont désormais intégrées dans les référentiels de formation menant aux différents métiers du secteur. A titre d’exemple, les formations FIMO-FCO (formations initiales et conti-nues obligatoires des conducteurs routiers) dispensent désormais des connaissances et savoir-faire sur la conduite rationnelle.