Les Notes v PA 02 10 15-1

7/23/2019 Les Notes v PA 02 10 15-1

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Les notes à l'école.À la Sorbonne, en octobre 2012, François Hollande a plaidé pour la mise en placed'un systme de notation !ui "indi!ue un ni#eau plut$t !ue de sanctionner%.

&ette prise de position, au plus aut ni#eau de l'État, (ait éco à des criti!ues deplus en plus nourries, depuis !uel!ues années, de la part de spécialistes de toutesdisciplines.

Pourquoi est-il nocif de noter les élèves ?

)armi tous les ar*uments, trois me semblent essentiels+

-oter, c'est andicaper les en(ants. n sait maintenant !ue deu/ a/es d'éducationet d'apprentissa*e sont primordiau/ pour réussir sa #ie au me sicle +

– apprendre à penser et à tra#ailler a#ec les autres + sa#oir coopérer. – tre responsable, e/ercer son libre arbitre et tre créati(.

Le systme des notes anéantit psycolo*i!uement ces aspirations, et paralyse oudétourne ce3 les notés tout désir de *randir, en (ormatant les écoliers ds le plus 4eune 5*e au contraire + à la soumission a#eu*le à l'autorité, au désintért et à ladis4onction totale de l6él#e #isà#is du sens des matires et des acti#ités scolaires7pareille attitude se ré#le en e((et, élas, salutaire, #oire indispensable, commedé(ense psycolo*i!ue, à la sur#ie dans un milieu scolaire de#enu plus unecompétition !u6autre cose8, à l'indi#idualisation (orcené de son destin scolaire.

-oter, c'est e/ercer un pou#oir arbitraire et sans parta*e.

" &ette (açon d6é#aluer les connaissances des él#es est aléatoire et biaisée demultiples (açons. Les spécialistes le sa#ent depuis lon*temps, mais pas le *randpublic. &ela reste tabou. %, déclarait 9runo Sucaut, directeur de l6nstitut derecerce sur l6éducation1.La note correspond à tout sau( à un ré(érentiel stable et ob4ecti(. :rop de (acteursinter#iennent dans la notation pour la considérer comme un systme 4uste.&ette in4ustice est particulirement illustrée dans la notion de constante macabre +" par constante macabre, 4'entends le pénomne inconscient par le!uel lesensei*nants s'obli*ent, pour tre crédibles, à mettre un certain pourcenta*e demau#aises notes. &'est une tradition absurde, mais trs ancrée dans notre culturescolaire2. %

-oter, c'est maintenir l'él#e dans une insécurité permanente +)ilippe ;eirieu compare la #ie scolaire d'un él#e à la tra#ersée d'untunnel noir, a#ec une lampe électri!ue !ui n'éclaire !ue l'endroit o< il setrou#e. l souli*ne l'importance " d'éclairer le tunnel de tout son lon* pour !uel'en(ant puisse à tout moment se situer dans son itinéraire. =tre au clair sur ce!ui a précédé et sa#oir nettement ce !ui l'attend à la (in de l'année ou àl'écéance institutionnelle %>.

1 Le Nouvel observateur, 25-31 mars 2010.2 André Antibi, La letttre de l'éducation, 13 octobre 2014

3 M!"!# $%ili&&e, Le tem&s d'a&&rendre,dans le a%ier &éda(o(i)ue n*4+0, &.34.

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Pourquoi l'école publique continue-t' elle à employer ce moyen injuste ?

Re crois !ue la raison principale est idéolo*i!ue, et a trait à l'impossibilité !u'ont,aussi bien les ensei*nants, !ue les acteurs de l'éducation, et les (amilles, deremettre en !uestion la (orme scolaire en France.La plupart des débats et des polémi!ues suscités par la déclaration du ce( del'état sont teintées d'idéolo*ie, de nostal*ie, ou de comparaison 4alouse a#ec lemodle suédois ou (inlandais. Les seules pau#res alternati#es au/ notesproposées, mis à part l'épou#antail de l'autoé#aluation des él#es, é#o!uent lesnotations par lettres 7en #o*ue dans les années M0, et !ui ne can*ent strictementrien à la problémati!ue8, et une " notation par couleurs % 7 l s'a*it en (ait d'une(açon asse3 simpliste, en donnant un (eu rou*e, oran*e ou #ert, de constater

l'ac!uisition ou non de compétences isolées8.Re n'ai trou#é personne pour se ris!uer à remettre en !uestion la (orme scolaire,c'est à dire la dynami!ue à l'oeu#re à l'école, le rapport entre él#es et matres, etce !ui se 4oue !uant au sa#oir et au désir d'apprendre, mis a part peuttre )ilippe;eirieu !ui parle de " laisser les personnels utiliser leur créati#ité collecti#e %, et!ue " les ensei*nants puissent rendre compte sans rendre des comptes enpermanence %K

r, il se trou#e !ue depuis >0 ans, les écoles &alandretas scolarisent des en(antsde l'5*e de 2 ans et demi à 11 ans, et ceci sans notes. ls sont >I00 cette année, et

comme leurs prédécesseurs, ils ne s'en portent pas plus mal, bien au contraire.Évaluer, c'est donner de la valeur :

Le systme des " ceintures de couleurs %, in#enté par Fernand ury et utilisé parles praticiens de la )éda*o*ie nstitutionnelle, sur le modle des couleurs de 4udo,est beaucoup plus comple/e, *lobal, et dynami!ue !ue la " notation par couleurs %!u'on nous présente encore comme une solution miracle.&'est celui !ui est mis en oeu#re dans les &alandretas.Son principal a#anta*e est de se ré(érer à des critres préétablis et non de

dépendre du seul 4u*ement du matre.l met l'en(ant de (açon beaucoup plus saine en responsabilité de sesapprentissa*es + les compétences à ac!uérir dans ca!ue matire sont classéesdans un ré(érentiel, à la disposition de tous, ca!ue en(ant peut s'entraner au/e/ercices de la ceinture supérieure, aidé par les autres en(ants et par l'ensei*nant.

" &acun tra#aille à son ni#eau et à sa #itesse à propos d'une acti#ité commune7compte rendu d'une sortieen!ute, rédaction d'une lettre collecti#e, problme#écu, etc.8I %

4 $%ili&&e Meirieu, La letttre de l'éducation, 1+ anvier 2015

5 "ené Laitte, Mémento de $éda(o(ie !nstitutionnelle, Matrice, 1+++, & 203



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Aans une classe coopérati#e, !ui produit et écan*e, et o< des lieu/ symboli!uesde *estion de la parole e/istent et sont !uestionnés et ré*ulés par le responsablede la classe, ce systme encoura*e l'émulation et désamorce la compétition.

l impli!ue !ue le matre occupe une autre place !ue celle !ui lui est assi*née dansl'école classi!ue.L'ensei*nant se considre et est considéré, non comme l'e/écutant ser#ile deconsi*nes et de pro*rammes !ui #iennent d'en aut, mais comme un praticiencerceur, responsable de ce !u'il met en place dans sa classe et du contenu deses ensei*nements.

Les ceintures, surtout, dési*nent des compétences !ui permettent à cacun d6a#oirdes responsabilités, et donc des statuts. &eu/ci sont reconnus par tous et in#estisdans des t5ces, des " métiers % et des acti#ités !ui (orment la #ie de la classe.

La (inalité de la classe coopérati#e de &élestin Freinet n6est pas d6é#aluer, mais deproposer des outils au *roupeclasse pour s6or*aniser, tra#ailler, et donc *randirdans tous les domaines + disciplinaires, mais aussi, et surtout, psycoa((ecti(s etcomportementau/%.

Les ceintures de couleurs ne sont donc pas réductibles à ce !ue, ces tempsci, onentend par un recours à des " couleurs % 7ou des (eu/ tricolores8.Aans une classe " (rontale %, o< le matre r*ne et dispense sa#oir etrécompenses, elles seraient inopérantes, #oire dan*ereuses.&'est un outil non seulement didacti!ue et é#aluati(, mais é*alement et surtoutpéda*o*i!ue.

?lles n'ont de sens !u'inté*rées dans ce !ue nous appelons " l'atomium % + uneconception de la classe, de l6éducation et des apprentissa*es o< "l6e/i*ence est unonneur %.

uel!ues *énérations d6ensei*nants et d6en(ants ne cessent de le prou#er, dansune indi((érence étonnante.

)atrice 9accou et les )aissls a4udairesacompanaires

octobre 201I



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