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DU LES NOUVEAUX GISEMENTS VILLAFRANCHIENS RAVIN DE CORNILLET (MOUSTIERS SAINTE-MARIE, ALPES DE HAUTE PROVENCE, FRANCE) ET LEUR CONTEXTE GI OLOGIQUE par MICHEL DUBAR *, CLAUDE GUERIN ** 6 EMILE HEINTZ *** RI~SI.IM~ ABSTRACT Les assises terminales du bassin de Riez-Valen- sole comprennent plusieurs unit~s superpos~es dans lesquelles trois facies peuvent ~tre distingu~s: fluvio-~olien (facies g s~quence poudingue-sables- limons), lacustre et br~choide. Le Plioc~ne supfi- rieur reprE?sent~ dans la r~gion de Puimoisson- Sfigri~s par des d~p6ts lacustres fossilif~res est recouvert par des couches de materiel d6tritique grossier. C'est /~ la base de la formation calcaire qui continue cette s6rie plio-pl~istoc~ne que se trouvent les gisements de Cornillet et S~:gri~s-le R~servoir. Six esp~ces de mammif~res y ont ~t6 recueillies : Nyctereutes megamastoides, Pachycro- cuta perrieri, Dicerorhinus etruscus, Gazella bor- bonica, Eucladoceros senezensis, Croizetoceros ramosus. Ces esp~ces permettent de dater ces gise- ments du Villafranchien moyen (zone MN 17). Les br~ches de Bal~ne qui prennent place au toit des formations constituent un puissant ~pandage de ma, t~riel d~tritique d'origine cryoclastique ; sa mise en place est post~rieure au chevauchement des mas- sirs calcaires de bordure sur le bassin tertiaire. Several mammal remains were recently disco- vered in the Cornillet gul,ly deposits: Nyctereutes megamastoides, Pach!tcrocuta perrieri, Dicerorhi- nus etruscus, Gazella borbonica. Eucladoceros senezensis, Croizetoceros ramosus. This fauna is attributed to the middle Villafranchian. The most recent beds of the Riez-Valensole basin include several superimposed units with three type of facies: fluvio-eolian (i. e, a conglomerate- sand-silt sequence), lacustrine and breccian. The Upper Pliocene represented in the Puimoisson- S~gri~s region by fossfliferous lacustrine deposits is covered with coarse detrital material. The Cor- nillet deposits can be found at the lower part of the calcareous formation continuin 9 this Plio-Pleisto- cene stratigraphy. The breccias of Bal~ne, located at the top of these formations, constitute a thick spread of the detrital material of cryoclastic origin. This spread appeared later than the tectonical thrust of the surroundin 9 calcareous mountains upon the Ter- tiary basin. MOTS-CLI~.S : VILLAFRANCI|IEN, SEDIMENTATION CONTINENTALE, FISSIPEDA (NYCTEREUTES, PACHYCROCUTA), CERA- TOMORPHA (DICERORtIINUS), RUMINANTIA (GAZELLA, EUCLADOCEROS), AI.PES DE HAUTE PROVF~NCE (MOUSTIERS SAINTE MARIE). KEY WORDS: VILLAFRANCIIIAN, CONTINENTAL SEDIMENTATION, FISSIPEDA (NYCTEREUTES, PACHYCROCUTA), CERA- TOMORPHA (DICERORHINUS), RLIMINANTIA (GAZELI,A, EUCLADOCEROS), ALPES DE I'IAUTE PROVENCE (MOUSTIERS SAINTE MARIE). * Centre National de la Recherche Scientifique, U.R.A. n ° 13, C.R.A. de Sophia-Antipolis, 06560 Valbonne. ** Laboratoire de Paleontologie stratigraphique et Paleoecologie associ6 au C.N.R.S. n ° 11, Universite Lyon I-Claude- Bernard, 69621 Villeurbanne. *** Laboratoire associe au C.N.R.S. n" 12, Institut de Pal~ontologie, Museum national d'Histoire Naturelle, 8, rue de Buffon, 75005 Paris. Geobios, n" 11, fasc. 3 p. 367-381, 2 fig. Lyon, juin 1978

Les nouveaux gisements villafranchiens du ravin de Cornillet (Moustiers Sainte-Marie, Alpes de Haute Provence, France) et leur contexte géologique

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DU LES NOUVEAUX GISEMENTS VILLAFRANCHIENS RAVIN DE CORNILLET (MOUSTIERS SAINTE-MARIE,

ALPES DE HAUTE PROVENCE, FRANCE) ET LEUR CONTEXTE GI OLOGIQUE

p a r

MICHEL DUBAR *, CLAUDE GUERIN ** 6 EMILE H E I N T Z ***

RI~SI.IM~ ABSTRACT

Les assises terminales du bassin de Riez-Valen- sole comprennent plusieurs unit~s superpos~es dans lesquelles trois facies peuvent ~tre distingu~s: fluvio-~olien (facies g s~quence poudingue-sables- limons), lacustre et br~choide. Le Plioc~ne supfi- rieur reprE?sent~ dans la r~gion de Puimoisson- Sfigri~s par des d~p6ts lacustres fossilif~res est recouvert par des couches de materiel d6tritique grossier. C'est /~ la base de la formation calcaire qui continue cette s6rie plio-pl~istoc~ne que se trouvent les gisements de Cornillet et S~:gri~s-le R~servoir. Six esp~ces de mammif~res y ont ~t6 recueillies : Nyctereutes megamastoides, Pachycro- cuta perrieri, Dicerorhinus etruscus, Gazella bor- bonica, Eucladoceros senezensis, Croizetoceros ramosus. Ces esp~ces permettent de dater ces gise- ments du Villafranchien moyen (zone MN 17). Les br~ches de Bal~ne qui prennent place au toit des formations constituent un puissant ~pandage de ma, t~riel d~tritique d'origine cryoclastique ; sa mise en place est post~rieure au chevauchement des mas- sirs calcaires de bordure sur le bassin tertiaire.

Several mammal remains were recently disco- vered in the Cornillet gul,ly deposits: Nyctereutes megamastoides, Pach!tcrocuta perrieri, Dicerorhi- nus etruscus, Gazella borbonica. Eucladoceros senezensis, Croizetoceros ramosus. This fauna is attributed to the middle Villafranchian.

The most recent beds of the Riez-Valensole basin include several superimposed units with three type of facies: fluvio-eolian (i. e, a conglomerate- sand-silt sequence), lacustrine and breccian. The Upper Pliocene represented in the Puimoisson- S~gri~s region by fossfliferous lacustrine deposits is covered with coarse detrital material. The Cor- nillet deposits can be found at the lower part of the calcareous formation continuin 9 this Plio-Pleisto- cene stratigraphy.

The breccias of Bal~ne, located at the top of these formations, constitute a thick spread of the detrital material of cryoclastic origin. This spread appeared later than the tectonical thrust of the surroundin 9 calcareous mountains upon the Ter- tiary basin.

MOTS-CLI~.S : VILLAFRANCI|IEN, SEDIMENTATION CONTINENTALE, FISSIPEDA (NYCTEREUTES, PACHYCROCUTA), CERA- TOMORPHA (DICERORtIINUS), RUMINANTIA (GAZELLA, EUCLADOCEROS), AI.PES DE HAUTE PROVF~NCE (MOUSTIERS SAINTE MARIE).

KEY WORDS: VILLAFRANCIIIAN, CONTINENTAL SEDIMENTATION, FISSIPEDA (NYCTEREUTES, PACHYCROCUTA), CERA- TOMORPHA (DICERORHINUS), RLIMINANTIA (GAZELI,A, EUCLADOCEROS), ALPES DE I'IAUTE PROVENCE (MOUSTIERS SAINTE MARIE).

* Centre National de la Recherche Scientifique, U.R.A. n ° 13, C.R.A. de Sophia-Antipolis, 06560 Valbonne. ** Laboratoire de Paleontologie stratigraphique et Paleoecologie associ6 au C.N.R.S. n ° 11, Universite Lyon I-Claude-

Bernard, 69621 Villeurbanne. *** Laboratoire associe au C.N.R.S. n" 12, Institut de Pal~ontologie, Museum national d'Histoire Naturelle, 8, rue de

Buffon, 75005 Paris.

Geobios, n" 11, fasc. 3 p. 367-381, 2 fig. Lyon, juin 1978

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S O M M A I R E

I . - G6n6ralit6s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368

A - Cadre g6ographique . . . . . . . . . . . 368

B - G6ologie du bassin n6oo~ne de de Digne-Riez-Valensole . . . . . . . 368 - Zone septentrionale . . . . . . . . . . 368 - Zone m6ridionale . . . . . . . . . . . . 370

I I . - G6ologie des assises terroinales du bassin de Riez-Valensole . . . . . . . . . . 370

A - Les facies terminaux . . . . . . . . . . 370 1. - Facies lacustre de Puimoisson 370 2. - Facies ~ s6quence poudingue-

sables-limon . . . . . . . . . . . . . . 370 3. - Facies d6tritique 9rossier . . . 371

B - Stratigraphie des assises terminales 371

C - Tectonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371

III . - Les gisemen,ts villafranchiens du Ravin de Cornillet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371 Situation stratigraphique . . . . . . . . . . . . 372 Ensemble L . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 Ensemble S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 Ensemble des br~ches de Bal~ne . . . . 374

I V . - Pal6ontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37't

A - Famille C a n i d a e . . . . . . . . . . . . . . 3 7 4

. N y c t e r e u t e s m e g a m a s t o i d e s . . . . 3 7 " t

B - Famille H y a e n i d a e . . . . . . . . . . . . . 375 - P a c h y c r o c u t a p e r r i e r i . . . . . . . . 375

C - Famille R h i n o c e r o t i d a e . . . . . . . . 376 - D i c e r o r h i n u s e t r u s c u s . . . . . . . . 376

D - Famille B o v i d a e . . . . . . . . . . . . . . 3 7 7

- G a z e l l a b o r b o n i c a . . . . . . . . . . . . 3 7 7

E - Famille C e r v i d a e . . . . . . . . . . . . . . 3 7 7

. E u c l a d o c e r o s s e n e z e n s i s . . . . . . 3 7 7

- C r o i z e t o c e r o s r a m o s u s . . . . . . . . 378

F - Conclusion h l'6tude pal6ontolo- gique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378

V. - Conclusion g6n6rale: chronostratigra- phie des assises ,terminales du bassin de Riez-Valensole dans la r6gion de Puimoisson-Saint ]urs-S6gri~s . . . . . . . 379

R~f6rences bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . 380

I. - - G E N E R A L I T E S

A. CADRE GEOGRAPHIQUE

Le plateau de Valensole constitue l'unit6 mor- phologique m6ridionale du bassin tertiaire de Digne. Les massifs calcaires de bordure se rattachent l'arc subalpin de Castellane et aux unit6s chevau- chantes de la r6gion de Digne. Le r6seau hydro- graphique actuel, profond6ment encaiss6 et bien organis6, isole en pi6mont du massif de Serre de Montdenier (1740 m) un vaste ensemble de glacis orient6 N 225 ° qui se raccorde en av~l, dans la r69ion de Puimoisson, gt la surface principale du plateau de Valensole.

Le ravin de Cornillet, globalement orient6 N-S, entaille longitudinalement le grand glacis de Plaine de Bal~ne sur son rebord oriental {fig. 1).

B. GEOLOGIE DU BASSIN NEOGENE DE DIGNE-RIEZ-VALENSOLE

- - Zone septentrionale :

Elle correspond /l ,la partie tectonis6e du bassin. La stratigraphie montre de la base vers le sommet :

M I O C E N E MARIN :

II comprend /~ la base des marnes bleues et des sables jaunes ~ intercalations gypseuses ; au-dessus se d6veloppe la molasse "a O s t r e a c r a s s i s s i m a . Vers le sommet apparaissen,t des pass6es de poudingues alternant avec des sables /t faunules de 9ast6ro- podes terrestres.

- 369 -

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M o u $ t l e r s

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S u r f l l c e s o m m i t a l e C h l l v l l u c h e m e n t d e C a s t i l l o n

Fig. 1 - Position morphologique des gisements de mammif~res du ravin de Cornillet (Moustiers Sainte-Marie, Alpes de Haute-Provence);

Grands mammif~res : Cornillet 1, Cornillet 2, Cornillet 3, S6gri~s-kc R6servoir. Micromammif~res : S6gri6s G.M.T. (d'apr~s C. Gu6rin, P. Mein et G. Truc).

Geographical and morphological situation from the fossil mammals sites in the Cornillet gully (Moustiers Sainte- Marie, Alpes de Haute-Provence).

370

CONTINENTAL 1 :

II est reprfisent~ par une alternance de marnes, sables parfois ligniteux, calcaires noduleux et sols gris ou noirs hydromorphes. Des lentilles de lignite ont livr~ des restes de vert(~br~s (Chfiteauredon, Alpes de Haute-Provence).

CONTINENTAL 2 :

C'est la grande masse des poudingues de Valen- sole (au moins 300 m d'~paisseur) dont le faci('-'s est caraet(~ristique : ~h~ments bien rouh~s, relativement petits ; matrice jaunfitre abondante et indur~e : nom- breux galets impressionn(~s.

CONTINENTAL 3 :

Plusieurs facies y sont reconnaissables; c'est essentiellement une s6rie A sods rouges et limons jaunes. A proximit6 de l'axe durancien, la formation des poudingues de Valensole se poursuff tandis qu'h la p~riph6rie du bassin on assiste au grand d6veloppement des sols fortement rub6fi6s ~ crofite calcaire; localement des cailloutis anguleux sont intestratifi~s (r69ion de Toard-Pic d'Oise).

- - Zone m6ridionale :

Elle correspond aux plateaux de Valensole et

d'Entrevennes, de part et d'autre de ]a vall~e de l'Asse.

Le Miocene marin a pparait h la base de la s~rie sous forme de marnes (Gigot et al., 1976) grace aux en:tailles profondes des grandes vall~es (Verdon, Durance).

Le Continental I et le Continental 2 sont confon- dus et repr~sent~s uniquement par le facies des poudingues de Valensole. La s~rie d'Aiguines de P. Gigot et al. (1976) correspond au Miocene marin, au moins en partie, et au Continental I (F~doroff, 1968).

Dans 1'axe durancien la formation massive des poudingues se poursuit pendant l'6pisode du Conti- nental 3 mais Jes carac t~ristiques p~trographiques et granulom~triques varient consid6ra'blement de la base au sommet. Des venues grossi6res, dues h des affluents, sont parfois tr~s sensibles et diff6renci~es en fonction des bassins versants originels (Asse, Bl~one, Verdon).

Dans le bassin de Riez-Valensole, entre Asse et Verdon, apparaissent plusieurs facies: fluviatile, torrentiel, loessique, lacustre, br~chique. Ces varia- tions lat6rales dans les assises terminMes sont en relations avec une pal~og~ographie complexe, un calme orog6nique et le maximum de subsidence du bassin.

II. GEOLOGIE DES ASSISES TERMINALES

D U BASSIN DE RIEZ-VALENSOLE

A. LES FACIES TERMINAUX

Ils correspondent ~un syst~me complexe de s~di- mentation continentale en contrebas des massifs calcaires de bordure de l'arc subalpin de Castellane: ~pandages torrentiels et fluviatiles, ~boulis de gra- vit~ ou de solifluxion, d6p6ts ~oliens, s~diments lacustres, forma.tions de sources, etc... La grande diversit6 de ces d~p6ts ne permet pas d'~tablir des limites nettes ; dans la r6gion de Puimoisson-Saint- ]urs-S6gri~s il est possible de retenir trois facies principaux :

1 - Faci;~s lacustre de Puimoisson

Ces s~diments sont caract(~ris~s par leur couleur grisgttre ou blanchStre: marnes, argiles, calcaires

crayeux, calcaires noduleux pisolithiques ou onco- lithiques. L'alt4ration des couches l'emporte sou- vent sur les caract4res du s4diment lui-m4me : sols

pseudog,ley de couleur brun~tre, pal4osols verti- ques, sols gris humiques, sols tourbeux. Les cou- ches lacustres passent lat4ralement, au-delh des anciennes lignes de rivage, ~ des colluvions ou des pal4osols rouges ,h crofite.

2 - Facies ~ s6quence poudingue-sables- limon

C'est le facies << fluvio-~ohen >> d~fini en 1969 par Fun de nous (Dubar, p. 270). Son extension est consid(~rable ~ quelque distance des reliefs caleaires. I1 correspond fi ,la persistance d'une s(~dimentation qui a d~but~ localement d~s la fin du Mioc6ne

- - 371 - -

marin. Le cycle s4dimentaire type est form4 par la r4p4tition rythmique de la s6quence poudingue- sable-limon-sol. Les termes sup4rieurs peuvent ~tre remani4s ou 4rod4s et les contacts se font parfois par des surfaces de grands ravinements. Les limons de cette s4rie sont azo'iques; leur raise en place semble correspondre a des conditions de vie diffi- ciles; les sols, souvent de type rub4fi4 /~ crofite calcaire (sols isohumiques de steppe chaude) , confirment cette id4e.

3 - Facies d4tritique grossier

Line s~rie sommitale (br~ches cryoclastiques) repose sur une s4rie inf6rieure n4og~ne.

B. STRATIGRAPHIE DES ASSISES TERMINALES

C'est au moins sur une hauteur de 50 m que se d4veloppent ces s4ries dans lesquelles plusieurs facies ont 4t~ distingu4s.

Le facies fluvio-4olien est le plus ancien, il commence dans les couches inf4rieures du Mioc4ne continental du bassin de Digne-Valensole.

La s6rie lacustre est en position variable par rap- port au l~luvio-4olien puisqu'elle peut soit le recou- vrir et ~tre plus r4cente, soit ~tre en prolongement lateral et donc contemporaine (plaine de CIastre), soit encore sous-jacente et ant4rieure aux couches fluvio-4oliennes les plus r6centes (Mauroue) . Dans la r~gion de S49ri~s des travertins et des tufs exis- tent au toit des formations lacustres.

Les cailloutis de pi4mont correspondent ~ des 4pandages continus depuis la base du remplissage du bassin; tout d 'abord irr69uliers et mal reprO-

sent4s, ils envahissent les s4ries ~ partir d'un cer- tain niveau. Leur mise en place initialement li4e des mouvements tectoniques des bordures du bassin chanfe radicalement vers le haut et leur facies de- vient nettement cryoclastique. Ces 6pandages ter- minaux d'origine climatique perturbent vers l'aval l 'ensemble de la s~dimentation et ce sont g4n~rale- ment des br~ches qui se me,ttent en place; cepen- dant. g une certaine distance des reliefs de bordure (en aval de Puimoisson) on trouve des poudingues bien roul4s, fluviatiles. Dans l 'axe des vall4es prin- cipa, les les nappes alluviales de cette 4poque sont caract4ris~es par des galets g~ants.

C. TECTONIQUE

Le chevauchement de l'extr6mit4 occidentale de l'arc de Castellane sur le bassin de Riez-Valensole est le trait essentiel (fig. 1) de la structure de la r~gion de Saint-Jurs (Guillemot ~ Llnalan, 1970). Ce ph6nom~ne a affect4 les s4ries du bassin depuis le Miocene marin h la base jusqu'aux couches conti- nentales du sommet. On peut dui faire correspondre la formation des 4paisses couches conglom4ratiques de la s4rie d6tritique grossi~re inf4rieure (s6rie n~o- g~ne) qui, sur le front du chevauchement, sont redress4es /~ la verticale. Par contre cette tecto- gen~se n'int4resse pas la s4rie des br~ches sup6- rieures (br~ches de Bal~ne) hi, par cons4quent, la partie la plus r4cente des couches du facies fluvio- 4olien.

A quelque distance des massifs calcaires les mouvements tectoniques n 'ont laiss4 que de faibles t races ; tout au plus peut-on voir des plissements locaux et un gauchissement de l 'ensemble des cou- ches vers le S W .

I I I . - - L E S G I S E M E N T S V I L L A F R A N C H I E N S D U R A V I N D E C O R N I L L E T

C'est h la suite de la d4couverte, en 1966, sur lesparois calcaires proches de la ferme du R~servoir, d 'un bison grav4 magdal4nien, qu'une 4quipe du Laboratoire de Pr4histoire de Marseille (H. de Lumley, A. Tavoso, A. Fournier et M. Dubar) remarqua la presence de fragments d'ossements fos- siles dans la r~gion de S~gri~s : c'est le gisement de S~gri~s-le R4servoir (fig. 1 ; coordonn4es Lambert x = 909,525, y = 180,825 kin, altitude 775 m). Les autres gisements 4tudi4s ont ~t4 d4couverts par l'un de nous (M. D.) et sont situ4s un peu au N W de

la ferme du R4servoir, sur les berqes du ravin de Cornillet ; leurs coordonn4es Lambert sont les sui- vantes :

Cornillet 1 : x=909.625, y---181,350 km, al t i tude: 805 m

Cornillet 2 : x=909,525 , y =1 8 1 ,3 2 5 kin, al t i tude: 803 m

Cornillet 3 : x=909,400, y- -181,000 km ; altitude : 780 m

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Le 9isement de Cornillet 3 a fait robje t de trois campaones de fouilles en 1975, 1976 et 1 9 7 7 1

(autorisations de fouilles du Secr6tariat d'E, tat g la Culture, Direction des Antiquit6s pr6historiques de Provence-C6te d 'Azur ) . Sur les sites de Cornillet 1 et 2 seuls des ramassages de surface et des d6ca- pages localis~s ont permis de r6colter un materiel souvent real conserv6 ou tr~s incomplet.

SITUATION STRATIGRAPHIQUE

Les 9isemen.ts de Cornillet sont situ~s au-dessus .de la s6rie lacustre de Puimoisson. Ils prennent place dans une formation qui n 'appara i t complete qu'au droit du 9isement de Cornillet 3, sur la rive droite du ravin ; les autres sites fossilif~res (Cornil- let I e t 2 et S6gri~s-le R~servoir) peuvent cepen- dant ~tre assez sftrement replaces dans cette suc- cession s6dimen,taire. On note la superposition de trois ensembles (fig. 2) :

1. Nous adressons nos remerciements ~ M. P. Clappier, propri~taire des terres de S6gri6s, qui nous a encourag~ par son amabilit~, sa compr6hension et le grand int~r6t qu'il porte

l'histoire g6ologique de son terroir.

Fig. 2 - Stratigraphie des assises terminales du ravin de Cornillet sur le site de Cornillet 3 ; seule la base des br6ches de Bal6ne (couche $8) a 6t6 figur6e. La fl6che not6e F (couche $5) indique le niveau fossilif6re ~i grands mammif6res (Cornillet 3) ; la fl6che not6e f, le niveau

micromammif6res (S6gri6s G.M.T.). Graphique s6dimentologique des teneurs en

sables fins (0,5 mm ~ 0,05 mm), limons plus argile (frac- tion inf6rieure ~ 0,05 mm) et carbonate de calcium des s6diments (analyses effectu6es au Laboratoire de S6dimentologie du Centre de Recherches arch6ologiques de Sophia-Antipolis, 06560 Valbonne).

Stratigraphy of the most recent beds from the Cornillet gully in the Cornillet 3 site ; only the basis of the Bal6ne breccias - layer $8 - is represented. F shows the localization of the large mammals level at Cornillet 3 and f the localization of the micromammals' level at S6gri6s G.M.T..

Sedimentological evolution of the percentage of fine sand, silt, clay and calcium carbonate in the sedi- ments.

373 - -

- - Ensemble I. (couches L1 ~ L4 et S-L) :

D~p6ts fins argileux ou calcaires lacustres ou p~ri-lacustres. Ces niveaux ont fourni un nombre important de restes ~pars de mammif~res (voir ci- apr~s).

COUCHE L 1 :

Limon graveleux /~ nombreux nodules calcaires roul~s et real classes, granules noirfitres, d~bris de coquilles et de dents ; couleur claire (Miinsell 2,5 Y 6 /4 ) avec quelques pass~es ou zones oxyd/:es jaung~tres.

Interpretation : d~p6t alluvial littoral lacustre.

COUCItE L 2 :

Argile gris~,tre sombre (10 YR 5/4) ~ structure prismatique et sous-structure poly~drique ; concre- tions calcaires assez nombreuses ; taches rouilles; quelques faces de glissements (slickensides). Cou- che assez riche en d~bris de coquilles de mollusques terrestres et dulgaquicoles et dents de micromam- mif~res (gisement de S(~gri~s G M T , Gu(~rin. Mein 6 Truc. 1970, fig. 2).

In terpreta t ion: dt~p6t palustre ayant subi une p~dogen~se donnant un sol ~ caract~res vertiques faibles.

COUCHE L 3 :

Limon blanchgtre (10 YR 6 /3) avec quelques taches rouilles ; fort pourcentage de nodules lacus- tres non rou, l~s.

Interpretation : d6p6t lacustre.

COUCHE L 4 :

Trois bancs de calcaire compact s~par~s par des lits moins durcis ; nombreux nodules ; couleur blanch~.tre (10 YR 81/4).

Interpr(~tation: d~p6t lacustre ciment~ par des carbonates probablement ruissel~s fi partir de sour- ces issues des massifs de bordure.

COUCHE L 4 sue. :

Banc de calcaire pulv4rulent jaunatre. Interpr(}tation : d4p6t p4ri-lacustre de zone en-

noy4e temporairement (traces d 'oxydat ion conside- r4es en g4n4ral par les p4dologues comme des marques de la zone de battement de la nappe).

L'ensemble des couches L 4 et L 4 Sup. constitue une barre calcaire remarquable darts la topographie du ravin de Corni l le t ; il couronne les derni~res couches blanchatres lacustres. Son induration est un phenom('.'ne caract4ristique des strates 4pi-lacustres

de S69ri(~s; elle semble due ~ la precipitation intense du carbonate de calcium dans les eaux de source issues des massifs de bordure proches.

Au-dessus de la couche L 4 Sup. les 6boulis r6- cents masquent la formation ; la couche S-L visible un peu en amont parait ~tre stratigraphiquement au-dessus de la barre calcaire L 4 ; une partie des terrains reste inconnue; il est logique d'admettre qu'il existe, sur les deux m~tres cach6s, un nouveau petit complexe de sols lacustres car la couche S-L qui r~apparMt g la base de la coupe amont est une argile noirfitre du type L 2.

COUCHE S-L :

Argile limoneuse brun-fonc~ (10 YR 5/6) structure feuillet6e g l~g~rement prismatique; nom- breux granules et pisolithes calcaires; debris de coquilles et d'ossements de micromammif~res.

Interpretat ion: sol a]luvial p6ri-]acustre g ten- dance colluviale.

- - Ensemble S (couches $1 /I $ 7 ) :

DepSts alternes de s~diments fins et grossiers.

C O U C H E S 1 :

Conglom~rat br~choide non consolide/ , ~l~ments sub-anguleux g~n~ralement calcaires ; matrice jau- n8tre (10 YR 6 /6) assez abondante.

Interpretation : d~p6t sub-torrentiel.

C O U C H E S 2 :

Limon h}g(~rement sableux jaune clair (2,5 Y 8 /4 ) .

Interpretation : limon de d~cantation torrentielle.

C O U C H E S 3 :

Alternance de pass(}es conglom~ratiques et de petits bancs de ]imons durcis ; le sommet devient nettement br~chique,

Interpr6tation : comme S I e t S 2.

COUCHES 4 :

Br~che rub(}fi(~e (5 YR 6/6) /, (}l~ments calcaires peu nombreux et matrice argilo-sableuse abondante. On peu.t distinguer un horizon superieur argileux et un horizon d'accumutation calcaire (banc indur(~).

Interpretation : paleosol remani~ de type rub~fi~ /~ croOte calcaire.

C O U C H E S 5 :

Ensemble limoneux ca, lcaire de couleur claire (10 Y R 7/4) comprenant vers son milieu un banc irr~-

37't

9uli~rement durci, petits nodules mal individualis6s assez nombreux ; gisements de Cornillet 1 et Cor- nillet 3.

Le gisement pal6ontologique de Cornillet 3 est consti.tu4 par le remplissage d'une petite d6pression du limon durci de la partie moyenne de la touche S 5 (fi 9. 2). Les restes osseux rassemhl6s sur une petite surface de largeur inf4rieure h 1 m~tre sont assez nombreux et vari4s. L'orientation pr~f4ren- tielle des os longs r~v~le que leur mise en place s'est faite sur un plan 14g~rement inclin~ vers le SE. Cette disposition pourrait ~tre caract6ristique d'un terrier ou d'une tanni~re.

Interpr4tation : d6p6t p4ri-lacustre h ~olien ?

COUCHZ S 6 :

Banc calcaire travertineux fortement indur~: couleur blanch~tre h petites taches rouil,les (10 YR 8 / 4 ) ; 9isements de Cornillet 2 et S49ri~s-le R4servoir.

Interpr6tation : d4p6t 6pi-lacustre.

COHCHE S 7 :

Pass6e mince limoneuse faiblement indur4e de couleur jaungttre (10 YR 7/6).

Ensemble des br6ches de Bal/me :

COHCHE 8 (fi0. 2) :

La stratigraphie de d~tail de ces 6paisses assises (plus de 10 m ~ Cornillet, 40 m dans 1'axe du ravin de Bal6ne) de conglom(~rats br~chiques d6passe le cadre du .pr(~sent travail. I1 convient de noter l'h(~- t4ro94n6it6 9ranu,lom4trique du materiel constitutif et son caract(~re clastique : on y trouve des 9alets fractur4s emprunt4s au n(~og~ne continental, des plaquettes calcaires 94lives et quelques 9ros blocs sub-arrondis. Des faci6s lit4s ~ petits 41~ments anguleux sont connus localemen,t: ces formations s'apparentent aux 9r(~zes de pi4mont ou de bas de falaise ; ici leur 6pandage a ~t(~ rendu possible par la morphologie tr(~s plane de l'avant-pays.

I V . - - P A L E O N T O L O G I E

Depuis la fin du si6cle dernier, les r6coltes de materiel fossile sont nombreuses dans les environs de Puimoisson (Maurel, Marion, Repelin, Dep4ret, Chantre, Lapp'arent, voir Bourdier, 1958). La r~vi- sion r4cente de ces faunes de 9rands mammif~res ainsi que la d4couverte de nouveaux fossiles (grands mammif~res, micromammif~res, 9ast6ropodes) ont permis de proposer une biochronologie pour les couches lacustres de Puimoisson et de S49ri~s (Guillemot ~ Unalan, 1970 ; Gu6rin, Mein ~ Truc, 1970).

Les fossiles 6tudi6s dans la pr4sente note (Carni- vores et Rhinoc4rotid6s par C. Gu4rin, Cervid4s et Bovid4s par E. Heintz), peu nombreux et incom- plets, ont 4t~ r4cemment trouv~s en plusieurs points 94ofraphiques: dans le ravin de Cornillet (9ise- ments de Cornfllet 1, 2 et 3) et un peu au-dessus de la ferme du R~servoir, quelques 200 m~tres au SE du ravin (S49ri~s-le R4servoir). Stratigraphi- quement, ces 9isemen,ts sont peu diff~rents les uns des autres et appartiennent aux couches ~pi-lacus- tres de la s4rie carbonat4e (voir ci-dessus, § I I I ) . La distinction de plusieurs sites traduit avant tout les conditions de r4colte et non des di'ff4rences stratigraphiques r4el, les. Cornille,t 3 correspond /~ la couche limoneuse (S 5) sous-jacente au 9rand

banc travertineux (S 6) auquel appartient le 9ise- ment de Cornillet 2. La position stratigraphique de Cornillet 1 s'apparente tr~s ~troitement g celle de Cornillet 3 ; le s4diment es,t ici un limon noduleux. Les pi~ces trouv4es en surface du site S69ri~s-le R4servoir correspondent .qlobalement /l la partie sommitale des travertins et tufs (pattie sup6rieure de S 6). Le mat4riel pal6ontologique provient donc parall~lement de ramassages de surface (Cornillet 1, S49ri~s-le R~servoir) et de r6coltes in situ Cornillet 1, 2 et 3 ) ; les pi~ces r4colt6es sur le site de Cornillet 2, incompl~tement d49a94es de leur 9angue, n'ont pu ~tre encore 4tudi6es.

Les fossiles d6couverts sont entrepos4s au Centre de Recherches Arch~ologiques de Valbonne et dans les locaux du Laboratoire de Pal4ontologie humaine et de Pr~histoire, ~ la Facult4 des Sciences Saint- Charles ~t Marseille.

A. - - Famil le : CANIDAE

Genre : Nyctereutes

Esp/~ce : Nyctereutes megamasto'ides (POMEL, 1842)

- - 375 - -

M A T E R I E L :

Branche horizontale d 'une demi-mandibule gau- che, portant Me non us6e, en place, et les alv6oles des autres dents jugales. Cornillet 3.

MENSURATIONS :

Me: L : 7,5 mm; I: 5,7 ram; h : 4,1 mm.

Branche horizontale :

- - hauteur sous l 'avant de MI 12,3 turn - - entre M, - : 14 mm - - entre M._,-a 18 mm - - D T sous P4-M1 6,4 mm - - sous M~-a 5 mm

DESCRIPTION ET DISCUSSION:

La branche horizontale frappe imm4diatement par son lobe sous angulaire tr~s marqu6, qui constitue un trait caract6ristique du genre (Viret, 1954: Martin, 1971). L'allure divergente du bord alv6o- laire et du bord ventral rectiligne de la branche horizontale lui donnent donc une silhouette tr~s diff6rente de ce que l'on peut observer chez l 'autre petit canid6 villaffanchien, Vulpes alopecoides (Villalta, 1952. pl. III, fig. I e t 2) mais correspon- dant tr~s bien ,a celle des mandibules de N. mega- mastoides de Villaroya (Villalta, 1952, pl. IV et 32") et de Saint-Vallier (Viret, 1954, pl. I, fig. 2 ; Martin, 1971, fi 9. 1 et 3). La mandibule de Cor- nillet 3 ne se distingue de ces derni~res que par sa taille sensiblement plus petite (voir aussi le tabl. p. 42 in Villalta).

La Me avec ses quatre cuspides bien 6videntes est typique d'une tuberct~leuse de Canid6. Elle est 61argie en avant e t porte un fort cingulum lingual muni d'une pointe dans sa partie ant6rieure. Le protoconide bien d6tach6 du m6taconide est la plus puissante des quatre cuspides de la den t ; l 'hypo- conide, plus haut que l 'entoconide, est bien distinct de celui-ci. R. Martin {1971, p. 47-48 et fi 9. 5-6) a montr4 que la M._> de N. megam.astoides 4tar tr4s variable et qu'il existe deux types morpholo- 9iques extr6mes ; la dent de Cornillet 3 correspond au type le plus simple, sans denticules marginaux.

La pointe ant6rieure du cinfulum lingual peut 6tre assimil6e h un paraconide vestigial ; cette pointe est absen,te sur les figurations des Me de Saint- Vallier (Viret, 1954, pl. 1, fig. 2 ; Martin, 1971, [i 9. 5) et de Villaroya (Martin, 1971, fi 9. 6). R. Martin note, ~ p r o p o s de N. donnezani plioc(~ne, que << c'est l~a un trait archa'ique qui ne se retrouve plus dans le fossile de Saint-Vallier >>.

Quant aux dimensions de ,la Me de Cornillet, elles sont plus faibles qu'a Saint-Vallier ; une seule

des Me de Villaroya est aussi petite {Villalta, 1952, tabl. p. 42).

N. megamastoides est connu dans plusieurs 9ise- ments des zones des Etouaires, de Saint-Vallier et de Sen~ze, donc pendant presque tout le Vil lafran- chien (Heintz et al., 1974). Par sa petite tai,lle et la morphologie archaique de la Me. la demi-mandibule de Cornillet pourrait 6tre un peu plus ancienne que les sp6cimens de Saint-Vallier.

13. - - Fami l le : H Y A E N I D A E

Genre : Pachycrocuta

Esp~ce : Pachycrocuta perr ier i (CRoIZET 0 JOBERT, 1828)

MATF.RIEL :

Fragment de demi-mandibule droite portant P._,, Pa et P4 non us6es. Cornillet 3.

Canine in'f6rieure gauche. Cornillet 3. pa G. S69ri(~s-le R6servoir. P* G. S69ri~s-le R6servoir. p,2 G. S69ri~s-le R6servoir. P'-' D. S6gri~s-le R6servoir. I'-" G. S60ri~s-le R6servoir. M 1 G. S69ri~s-le R6servoir.

MENSURATIONS :

Demi-mandibule :

hauteur au niveau de P.,-:, 37,5 mm hauteur au niveau de Pa-4 34 mm diam~tre transversal au niveau de P2-a 18,1 mm diam~tre transversal au niveau de Pa-4 19,5 mm

P2: L : 15; 1: 9,5; H : 10,5 ram. Pa: L : 19,5; ,1: 13,2; H : 18,3 ram. P , : L : 23,5; 1: 14; H : 20 ram.

Canine inf6rieure :

D.A.P. base couronne 17 mm D.T. base couronne 12,3 mm H 31 mm

pa: L : 24,5; 1 : 1 9 mm. p4: L : 38 ; 1: 24,2: H : 24 mm. pz D : L : 1 9 ; 1 : 1 4 , 1 ram. p2 G : L : 19,2; 1 : 1 4 mm. I2: D.A.P. : 10; D.T. : 7,8 mm. M ' : L : 6 ; 1 : 1 6 ram.

376 - -

DESCRIPTION ET DISCUSSION:

La canine est conique, pointue, relativement peu puissante avec une ar~te post6rieure franchement situ6e sur le bord interne. Les P,2 et P:~ ont un petit denticule ant~rieur plus net que chez Crocuta spelaea ; leur denticule post~rieur est relativement plus important que dans cette esp~ce. La P:, est un peu moins large que la P4.

La carnassi~re sup~rieure est puissante, avec un parastyle volumineux ; le tubereu,le interne (~pic6ne ou p6ric6ne) est bien d~velopp6, son axe est per- pendiculaire h l 'axe longitudinal de la dent et son bord ant6rieur est en retrait par rapport au bord ant6rieur du parastyle. La ps est aussi volumineuse mais moins haute que celle de C. spelaea. Les p2 ont un dessin bien diff6rent, avec un bord ant~rieur beaucoup plus vertical, sans denticule ant6rieur, et avec un m~tastyle plus r~duit.

Ce sont lh des caract~res morphodogiques bien typiques de P. perrieri (Viret, 1954: Bonifay. 1971 ).

Le fragment de mandibule et les dents inf~rieures sont tr~s voisins par leurs dimensions de la demi- mandibule de Perrier qui fait patt ie du syntype de l'esp~ce. On notera la grande similitude avec deux mandibules de Saint-Vallier figur~es par J. Viret (1954, pl. 7, fig. 3 et pl. 8. fig. 2).

La m~me ressemblance se retrouve pour la canine inf~rieure (pl. 6, fig. 2) et pour les p_o, pz et P* (pl. 6, fig. 't, 5 et 6). | . Viret donne peu de dimen- sions ; parmi cel,les-ci, des Pa de Sen~ze se montrent sensiblement plus fortes que celles de Cornillet.

G. Ficcarelli ~ D. Tor t e (1970) ont ~tabli une s~rie de diagrammes sur la dentition des Hyaeni- d,Ss; ceux qui correspondent it P. perrieri sont fondus sur un ~chantillon provenant du Val d 'Arno. Par rapport h cet 6chantillon on note que les dents de Cornillet entrent dans la ,limite de variation de celles du Val d 'Arno pour les rapports

1. P4 1. P:~ I. P* L. ps

L. P~ L. P:~ L. P~ L. P~

Par contre trois rapports donnent des chiffres tout fait diff~rents :

L. P~ 100 X

L. P~

proche de 83, est tr~s inf~rieur au minimum observ~

1. P~ 100 ×

L. P~

avec 77.6 est tr~s sup~rieur au maximum observ~

Longueur du 3" lobe de p4 100 × - -

Longueur des 1 "~ et 2" lobes de P~

avec 76,4 est un peu sup~rieur aux plus fortes valeurs observ~es au Val d 'Arno. Dans les trois cas la difference est statistiquement significative (Ficcarelli ~ Tor te , p,l. IV, V et V I ) .

Pachycrocuta perrieri est rfipandue dans tout le Villafranchien d 'Europe occidentale (Heinz et al., 1974). Les individus de S~gri~s et Cornillet 3 pr~- sentant certains caract~res archaiques tels que le d~veloppement du denticule ant~rieur de la P2 pourraient ~tre assez anciens.

C . - Fami l le : R H I N O C E R O T I D A E

Genre : D icerorh inus

Esl~ce : Dicerorhinus etruscus (FALCONER, 1859)

MATI~RIEL :

Moiti~ proximale d'un m~tacarpien II oauche. Cornillet 3.

Deux tiers proximaux d'un m~tacarpien III gau- che. Cornildet 3.

MENSURATIONS :

Mc II : D T proximal articul. 35 ram, sus-articul. 40 mm D A P proximal 38,5 mm D T diaphyse 32,5 mm D A P diaphyse 22 mm

Mc HI : D T proximal 49 mm D A P proximal 41,5 mm D T diaphyse 46,5 mm D A P diaphyse (16,5)

DESCRIPTION ET DISCUSSION:

Mc II : par son allongement et sa sveltesse, par la section r~niforme de sa diaphyse et par la dispo- sition de ses [acettes articulaires proximales, cet os est caract~ristique de la forme type de Dicero- rhinus etruscus (Gu~rin, 1973). Les dimensions sont extr~mement voisines de la moyenne des dimensions relev~es sur 25 m~tacarpiens II de D. etruscus etruscus du Villafranchien d 'Europe occidentale.

Mc 'HI : ce m~tapode se caract~rise par son ~pi- physe proxima, le munie d 'une articulation sup~rieure peu ~largie mais bien d~velopp~e d 'avant en arri~re, avec un bord ant~rieur irr~gulier mais convexe dans l'ensemble. La face lat~rale de r~piphyse porte une

- - 377 - -

facette articutaire ant~rieure elliptique dont la partie distale est tr~s r~duite, et une facette post4rieure sub-circulaire un peu plus haute que large; la facette ant~rieure n'est pas plus haute que la post4- rieure mais elle est plus ~tendue d 'avant en arri~re. Ce sont 1,/~ des caract~res ty.piques de D. etruscus. La diaphyse parait un peu d4form~e par aplatisse- ment ant~ropost4rieur, c'est pourquoi le diam~tre correspondant est indiqu4 entre parentheses. Les dimensions du Mc HI sont relativement faibles, elles sont proches des minima observ4s sur un 6chantillon de 27 Mc III de D. etruscus etruscus. Les deux m~tacarpiens de Cornillet n'appartie~,nent done probablement pas au m~me individu.

D. etruscus apparait au Villafranchien inf~rieur et dure sous sa forme type j usqu'/~ la fin du Villa- franchien (Heintz et al., 197'] ; Gu4rin. 1976).

D. - - Fami le : B O V I D A E

Genre : Gazel la

Esp~ce : Gazel la borbon ica DEPI~RET, 1884

MATI~RIEL :

lane M:~ gauche non us4e, Cornil, let 3.

MENSURATIONS :

Longueur : 19,3 ram. Largeur 1 ~ lobe: 7,7 mm. Largeur 2" lobe: 7,3 ram. Largeur 3" lobe: 5,2 mm. Hauteur : 23,7 ram. H X 1 0 0

- 122 Longueur

DESCRIPTION ET DISCUSSION:

Divers caract~res montrent que cette dent isol~e appartient ,~ un repr4sentant de la famille des Bovidae. Ce sont : la soudure des conides jusqu'au sommet de la couronne, la forme prismatique du ffit, la forte hauteur de la couronfie relativement

ses longueur et largeur. D'autres caract~res tels que la morphologie de la muraille interne, la forme du pli ant4rieur, la forme du troisi~me lobe, les proportions et les dimensions, permettent d'attribuer cette Ma au genre Gazella.

En Europe occidentale le genre Gazella est repr~- sent4 par plusieurs esp~ces successives dans le temps. Parmi ces derni~res, la gazelle de Cornil,let

s'identifie "~ G. borbonica, esp~ce assez fr4quente dans les gisements plio-pl4istoc~nes d 'Espagne, d'Italie et de Grande-Bretagne. En France, l'esp~ce est connue fi partir du Ruscinien (gisement de Serra t -d 'en-Vacquer et du C.S.U. de Perpignan, voir Leinders ~ Michaux, 1969) jusque dans le Pleistocene inf~rieur (gisement de Saint-Vallier) . Dans cet intervalle de temps, G. borbonica subit des transformations sur lesquelles on ne sera renseign4 avec precision qu'apr~s une ~tude d~taill~e de tous les mat~riaux actuellement disponibles. Toutefois, l 'augmentation de la taille et du degr4 d 'hypso- dontie des dents en fonction du temps, appara'it d'ores et d4jga comme une observation bien fond4e. D'apr~s ces crit~res, la M:~ de Cornillet est beau- coup plus proche de celles de Saint-Vallier que de celle des Etouaires et du Serrat -d 'en-Vacquer . La gazelle de Cornillet est done ~ peu pros au m~me stade 4volutif que la gazelle de Saint-Vallier, et par cons4quent ,~ peu pros synchrone de cette derni~re.

E . - - Fami l le : C E R V I D A E

Genre : Eucladoceros

Esp~ce : Eucladoceros senezensis (DEP~RET, 1910)

MATERIEL :

Line M a gauche, complete, non us4e. Cornillet 1. Line M t gauche, incomplete, un peu us4e. Cor-

nillet 1. Line P" droite, incomplete, non us~e. Cornillet 1. Ces trois restes dentaires peuvent provenir d'un

m~me individu. Lin astragale gauche, complet. Cornillet 3.

MENSURATIONS :

M" I p '

27,3 25,0 17,____88

:::: (::01 2--S .7 t 2-5S-.2

Longueur

Largeur 1 er lobe

Largeur 2" lobe

Hauteur

Astragale

Longueur 66,0 mm D T distal 39,0 mm

- - 378 - -

DESCRIPTION ET DISCUSSION:

Plusieurs caract~res permettent de rapporter ;les deux molaires a un Cervid~; ce sont :

- - l ' ind~pendance ou la soudure tardive des qu'a.tre c6nes ;

- - la presence d'un pli protoconal ; - - la [orme trap~zoidale de la section transversale; - - la hauteur relativement faible de la couronne.

Ce dernier caract~re vaut aussi pour le frag- ment de P". L'astragale pr~sente une articulation distale de type cervid~.

Par leurs dimensions et ,leur morphologie les specimens de Cornillet. se rapportent ~ Euclado- ceros senezensis, Cervid~ de 9rande taille, qui ap- parait en France avec le d6but du Vill.afranchien moyen et persiste au moins jusqu'a ]a fin du Pleis- tocene in.f~rieur (Heintz, 1970). Les Cervid~s ant~- pl~istoc~nes de France n'atteignent pas la taille des specimens de Cornillet. Au cours du Pleisto- cene inf~rieur Eucladoceros senezensis ~volue sur place de sorte que plusieurs stades ~volutifs peu- vent ~tre distingu~!s. Le materiel de Cornillet est cependant trop pauvre pour permettre de d~termi- net le stade ~volutif et de pr~ciser ainsi l'glge l'int~rieur du Pl~istoc~'ne inf~rieur. Tout ce que l'on peut dire c'est que les dimensions des specimens de Cornillet se rapprochent dava'~tage de celies de Saint-Vallier que de celles de Sen6ze.

Genre : Croizetoceros

Esp~ce : Croizetoceros ramosus ( C R o I Z E T ~.~ JOBERT, 1828)

MATF.RIEL :

Line Ms gauche, d~t~rior~e h l 'avant et sur la face linguale, us~e. Cornillet 1.

Line Me gauche, d~t~rior~e a l'avant, us~e. Cor- nillet 1.

D'apr~s le degr~ d'usure, ces deux specimens peuvent appartenir au m~me individu.

MENSURATIONS :

M~ M2

Longueur (22,0) (16,0)

Largeur 2" lobe 10,9 11,0

Largeur 3" lobe 7,0 I ' I I

Hauteur ' (13,0) (12,3)

DESCRIPTION :

Plusieurs caract~res permettent de rapporter ces deux molaires inf~rieures ~ un cervid~ ; ce sont : - - l ' ind~pendance ou la soudure tardive des

conides ; - - la morphologie de la muraille interne de la Me ; - - l 'aspect brachyodonte et la faible hauteur de la

couronne.

La couronne est us~e d'environ un tiers, c'est pourquoi les mesures de hauteur sont plac~es entre parentheses, comme les longueurs : dans ces deux cas les valeurs mesur~es sont inf~rieures aux va- leurs r~elles.

DISCUSSION :

D'apr~s leur morphologie et leurs dimensions les deux molaires se rapportent ~ Croizetoceros ramo- sus, cervid~ de petite ta~lle assez commun dans les faunes villafranchiennes d 'Europe (Heintz, 1970). En France l'esp~ce apparait au Vil,lafranchien inf~- rieur (Etouaires, gisement t ype ; zone M N 16 de Mein) et disparait peu avant la fin du Pleistocene inf~rieur (Sen~ze est le dernier 9isement off on la t rouve). Durant ce laps de temps l'esp~ce ~volue surtout par diminution de taille ce qui permet de distinguer trois sous-esp~ces successives clans le temps. Dans ce chronocline les deux specimens de Cornillet se placent un peu en amont de ceux de Saint-Vallier et indiquent ainsi un ~ge voisin de celui de Saint-Va.llier et peut-~tre l~g~rement plus ancien.

F. CONCLUSION A L'ETUDE PALEONTOLOGIQUE

Les sites de Cornillet 3 et de S69ri~s-le R~servoir ont donc livr~ les restes de six esp~ces de mammi- f~res, un Canid6, Nyctereutes megamastoides, un Hy6ntd6, Pachycrocuta perrieri, un Rhinoc6rotid~, Dicerorhinus etruscus etruscus, un petit Bovid~, Gazella borbonica, et deux Cervid6s, Eucladoceros senezerasis et Croizetoceros ramosus. Ces six esp~- ces constituent en Europe occidentale une partie du cortege faunique villefranchien, dont ~lles sont des repr~sentants classiques (Heintz et al., 1974). Leur coexistence et leur degr6 d'6volution, surtout celui de Gazella borbonica et aussi celui de Nyctereutes megamastoides, permettent de dater le limon de Cornillet du Villafranchien moyen (Zone de Saint- Vallier ; zone M N 16 de Mein) et de lui assigner un ~ge proche de celui du 9isement type de la zone ; ]e limon de Cornillet pourrait m~me ~tre un peu plus ancien que le loess de Saint-Vallier.

- - 379 - -

V. - - CONCLUSION GENERALE:

CHRONOSTRATIGRAPHIE DES ASSISES TERMINALES

DU BASSIN DE RIEZ-VALENSOLE

DANS LA REGION DE P U I M O I S S O N - ST JURS- SEGRIES

Grg~ce au jeu de la forte 6rosion de ses berges le ravin de Cornillet montre la stratigraphie des quarante derniers m~tres du remplissage du bassin s~dimentaire. II existe dans ce secteur plusieurs sites fossilif~res qui se placent selon deux niveaux prin- cipaux :

- - lAn niveau est represent6 par des marnes et pal~osols lacustres. Divers restes fossiles y ont 6t~ d~couverts et ont ~t~ ~tudi6s r~cemment (Gu~rin, Mein G Truc, 1970). Ce sont/~ la lois des marnmi- f~res de grande taille (documents isol6s de la r6gion de Puimoisson et chapelle de Not re -Dame-de- Puimoisson) parmi lesquels l 'association de Para- bos boodon et d'Hipparion cf. crassum qui est caract~ristique de la zone de Perpignan (zone MN 15), des micromammif~res (Chapelle de Notre- Dame-de-Puimoisson et S~gri~s G.M.T. , fig. 1 et 2) qui sont typiques de la sous-zone de Seynes (zone M N 16a) et des mollusques continentaux, essentiellement des formes tertiaires (N.-D.-de- Puimoisson et S6gri~s G .M.T . ) . L'ensemble de cette association faunique permet d'attribuer un hge Plioc~ne superieur (zones M N 15 et M N 16a) aux formations lacustres de Puimoisson.

- - Un niveau nettement plus r6cent. En effet, dans le ravin de Cornillet, les couches lacustres (L I , L 2, L3 , L4 , L 4 sup. et S-L) sont tronqu6es par des conglom~rats br~choides (S 1 /~ S 4). Plus /~ l 'Ouest, dans la r6gion de Puimoi'sson, les cou- ches fini-lacustres n'ont pas ~t~ 6rod~es et l'on note la presence d'~l~ments br6chiques calcaires au sein des derniers sediments lacustres ; il semble que ces br~ches d~pos~es en milieu lacustre soient 6quiva- lentes aux conglom~rats S 1 du ravin de Cornillet. Dans un cas (Puimoisson) l'arriv6e d'616ments grossiers est un ph~nom~ne diffus en surface d'un grand glacis de pi6mont ; dans l 'autre, il s'agit de d~p6ts d'un r~seau l~g~rement inscrit dans la topo- graphie.

Ces cailloutis post~lacustres sont recouverts par une s6rie h dominante calcaire (couches S 5 h S 6) repr6sent~e par des limons h bancs durcis, des calcaires travertineux ; h S6gri~s, h l 'Est du ravin de Cornillet, se d6veloppent des travertins et des

tufs vrais h emprein,tes de v~g~taux. A cette s~rie correspondent ~galement d' importants encrofite- ments calcaires p6docj~n~tiques, des sols de talus bien drain,s. L'hge de cette s~rie calcaire peut ~tre d~duit de l'~tude pal6ontologique des restes osseux des gisements de Cornillet ; nous avons vu que les six esp~ces de mammif~res sont, par leur degr6 d'~volution et par leur coexistence, caract~ristiques du Villafranchien moyen (Zone de Saint-Vallier, zone M N 17, Heintz et al., 1974).

I1 existe donc h Cornillet, entre les derni~res couches lacustres plioc~nes et la s6rie h dominante calcaire, environ 4,50 m de d6p6ts d6tritiques gros- siers qui doivent correspondre h une partie du Villafranchien inf6rieur (zone M N 16, correspon- dant h la zone des Etouaires pour les mammif~res de grande taille et h la nouvelle zone de Seynes, ou zone de Riebelice, pour les micromammif~res).

En se r~f6rant h l 'observation de plusieurs dizai- nes de coupes des assises terminales du bassin, le passage de la s~rie lacustre h la s6rie des couches carbonat6es est marqu6 pa r :

- - le nombre 61ev~ de strates donc de hiatus s6di- mentaires entre les couches;

- - l'6rosion et l 'enl~vement d'une partie des cou- ches les plus r~centes des d6p6ts lacustres (la s~rie lacustre est com pl~te d'ans la r6gion de N.-D.-de-Puimoisson) ;

- - l ' a l t ~ r a t i o n et la non-s~dimen.tation pendant une p~riode assez longue correspondant h la couche S 4 (pal~osol) ;

- - 'le faible taux de s~dimentation durant l'6pisode des formations /~ dominante calcaire (calcaire travertineux de la couche S 6).

Compte tenu de ces observations, la stratigraphie du ravin de Cornillet peut s'int~grer dans la s~- quence s6dimentaire du Plio-Pl~istoc~ne. Elle mon- tre dan.s l 'ensemble le remplacement d 'une s~di- mentation lacustre calme par la raise en place de s~diments d6tritiques h forte granulom6trie. La premiere s~rie grossi~re, reconnue en de nombreux points du bassin (Ensemb'le A, couche Br 1 ; Dubar, 1972), semble, h Cornitlet, ~tre h d'origine torren.

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tielle, alors que dans l'axe du grand g,lacis de Plaine de Bal~ne elle apparait sous forme d'un vaste 6pan- dage de solifluxion. La signification de la presence brutale de ces cailloutis au-dessus des marnes lacustres reste incertaine.

L'extension vers l'ava'l d'un tel materiel est sans doute g mettre en relation avec des conditions cli- matiques nouvelles caract6ris6es par une plus forte humiditY.

Les br~ches cryoclastiques de Bal~ne, immediate-

ment sus-jacentes/l la couche S 5 de Cornillet, sont tr~s probablement contemporaines d'une glaciation alpine du Pleistocene inf~rieur. Pendant cette p6- riode l'6talement de mat6riel cryoolastique est un ph6nom~ne g~n6ral dans l 'axe des grands glacis de pi6mont du bassin de Riez-Valensole ; dans le .ravin de Bal~ne, ces br6ches atteignent '10 m d'6paisseur. Etant donn~ leur position morphologique, ces cail- loutis terminaux sont ant6rieurs au creusement des grandes vall6es.

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Manuscrit re(~u le 30-01-78

Manuscrit d(~finitif re(;u le 01-03-78