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2/04 LES NOUVELLES DU GRIP Lettre d'information du Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP) Trimestriel n° 32 – 2e trimestre 2004 GRIP - Rue Van Hoorde, 33 B - 1030 Bruxelles Tél.: (32.2) 241.84.20 Fax: (32.2) 245.19.33 Courriel: [email protected] Website: www.grip.org. Ed. resp.: Bernard Adam (Dépôt 1030 Bruxelles 3) Le GRIP est une organisation d'éducation permanente, reconnue – et soutenue – par la Communauté française. Y a-t-il une vie après l'enfer ? E Sophie Nolet (suite en page 2) « Un livre-choc sort en français. Par son témoignage, bouleversant, China est devenue l'emblème des 300 000 enfants soldats utilisés dans le monde par des chefs peu scrupu- leux de gâcher tant de jeunes vies. » Le Soir lle s’approche d’une démarche souple, le corps droit, tout de blanc vêtue. Elle arbore crânement une large casquette claire qui lui cache les yeux. Elle est très belle. C’est seulement par la suite que l’on remarque la légère inclinaison de la tête, les épaules étroites, la mâchoi- re serrée. Puis, ce regard, vibrant d’une lueur de métal. Le regard est la porte, il est le passage et le barrage. Ce regard a vu tous les mondes, est parcouru par tous les climats. C’est un caléidoscope. Tour à tour mat, froid, presque éteint, puis soudain ombra- geux, terrible. Parfois il s’embrume. Les larmes. Mais quelquefois aussi, c’est la lumière de l’embellie. Oui, China est très belle. China : ils l’ont appelée ainsi à cause de ses yeux en amande; elle a décidé de garder ce nom qui fait par- tie d’elle. Elle se souvient de son vrai prénom, mais pas vraiment de son âge. Vingt-sept ans ? Est-elle un enfant qui n’a pas appris à grandir, ou un adulte privé d’enfance ? Ou, comme elle le considère elle-même, une vieille femme ? Mais une ancêtre a une vie derrière elle. China, elle, est précédée par la mort. Car l’essence de son être est carac- térisée par l’absence de tout ce qui, précisément, constitue le ciment d’une existence humaine: amour, apprentis- sage des valeurs morales, développe- ment et réalisation de soi. China n’a pas eu une enfance heureuse, non, elle n’a pas eu d’enfance. Son instinct de survie et sa peur guidaient ses ac- tes: manger, éviter les coups, se faire oublier. À neuf ans, fuyant la violence des siens, elle a trouvé un lieu où elle avait sa place et où affronter ses peurs pre- nait un sens: la NRA, l’armée des petits soldats de Museveni. Elle y a appris à tuer, à faire souf- frir et à souffrir, à mentir et à se mentir toujours. Elle y a conforté le sentiment d’in- congruité de sa pauvre vie. S’il existe des degrés d’intensité dans le chaos de l’enfer, alors la con- dition d’une fille soldat relève de l’in- dicible. Tout lui est hostile, jusqu’à son propre corps. Stade ultime de l’aliénation et du déni de soi. Il y a deux ans, lorsque j’ai rencontré China, elle avait quelque chose d’un petit animal sauvage, apeu- ré et vulnéra- ble. Quel point commun entre cet être dislo- qué et notre monde, certes cruel, mais qui con- serve des notions collectives liées aux valeurs humaines, « bien-être », « re- cherche du bonheur », « amour » ? China, comme beaucoup de ses sem- blables, est un alien dans ce monde-là. Aujourd’hui, qui se douterait en voyant cette jeune femme apparem- ment déterminée, à l’allure tranquille, qu’elle connaît tout des égarements de la nature humaine ? Car c’est bien une formidable éner- gie de vie, qui, à travers un parcours © China Keitetsi.

LES NOUVELLES DU GRIP

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2/04

LES NOUVELLES DU GRIPLettre d'informationdu Groupe de rechercheet d'information sur la paixet la sécurité (GRIP)

Trimestriel n° 32 – 2e trimestre 2004GRIP - Rue Van Hoorde, 33B - 1030 BruxellesTél.: (32.2) 241.84.20Fax: (32.2) 245.19.33Courriel: [email protected]: www.grip.org.Ed. resp.: Bernard Adam(Dépôt 1030 Bruxelles 3)

Le GRIP est une organisationd'éducation permanente,reconnue – et soutenue – parla Communauté française.

Y a-t-il une vie après l'enfer ?

E

Sophie Nolet(suite en page 2)

« Un livre-choc sort en français.Par son témoignage, bouleversant,

China est devenue l'emblème des300 000 enfants soldats utilisés dansle monde par des chefs peu scrupu-leux de gâcher tant de jeunes vies. »

Le Soir

lle s’approche d’une démarchesouple, le corps droit, tout de blanc

vêtue. Elle arbore crânement une largecasquette claire qui lui cache les yeux.Elle est très belle.

C’est seulement par la suite quel’on remarque la légère inclinaison dela tête, les épaules étroites, la mâchoi-re serrée. Puis, ce regard, vibrantd’une lueur de métal. Le regard est laporte, il est le passage et le barrage.

Ce regard a vu tous les mondes,est parcouru par tous les climats. C’estun caléidoscope. Tour à tour mat, froid,presque éteint, puis soudain ombra-geux, terrible. Parfois il s’embrume.Les larmes. Mais quelquefois aussi, c’estla lumière de l’embellie. Oui, Chinaest très belle.

China: ils l’ont appelée ainsi àcause de ses yeux en amande; elle adécidé de garder ce nom qui fait par-tie d’elle. Elle se souvient de son vraiprénom, mais pas vraiment de sonâge. Vingt-sept ans? Est-elle un enfantqui n’a pas appris à grandir, ou unadulte privé d’enfance? Ou, commeelle le considère elle-même, une vieillefemme? Mais une ancêtre a une viederrière elle. China, elle, est précédéepar la mort.

Car l’essence de son être est carac-térisée par l’absence de tout ce qui,précisément, constitue le ciment d’uneexistence humaine: amour, apprentis-sage des valeurs morales, développe-ment et réalisation de soi. China n’apas eu une enfance heureuse, non,elle n’a pas eu d’enfance. Son instinctde survie et sa peur guidaient ses ac-tes : manger, éviter les coups, se faireoublier.

À neuf ans, fuyant la violence dessiens, elle a trouvé un lieu où elle avaitsa place et où affronter ses peurs pre-

nait un sens: la NRA, l’armée des petitssoldats de Museveni.

Elle y a appris à tuer, à faire souf-frir et à souffrir, à mentir et à se mentirtoujours.

Elle y a conforté le sentiment d’in-congruité de sa pauvre vie.

S’il existe des degrés d’intensitédans le chaos de l’enfer, alors la con-dition d’une fille soldat relève de l’in-dicible. Toutlui est hostile,jusqu’à sonpropre corps.Stade ultimede l’aliénationet du déni desoi.

Il y a deuxans, lorsquej’ai rencontréChina, elleavait quelquechose d’unpetit animalsauvage, apeu-ré et vulnéra-ble. Quel pointcommun entrecet être dislo-qué et notremonde, certes cruel, mais qui con-serve des notions collectives liées auxvaleurs humaines, «bien-être», « re-cherche du bonheur», «amour»?China, comme beaucoup de ses sem-blables, est un alien dans ce monde-là.

Aujourd’hui, qui se douterait envoyant cette jeune femme apparem-ment déterminée, à l’allure tranquille,qu’elle connaît tout des égarementsde la nature humaine?

Car c’est bien une formidable éner-gie de vie, qui, à travers un parcours

© C

hina Keitetsi.

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L'Union européenneet le commerce des armes

L

(suite de la page 1)

Y a-t-il une vieaprès l'enfer ?chaotique, a amené jusqu’ànous les mots de China. Sa vietout entière est désormais dé-diée aux enfants soldats; elleparcourt le monde pour se faireleur porte-parole, raconter sonhistoire, la répéter (!) encore ettoujours…

Elle m’a confié l’ambiguïtéqui fait de son passé sa vie d’au-jourd’hui. Elle ne peut pas seprojeter dans l’avenir.

Elle trimballe un petit carnetqui ne la quitte pas, dans lequel

elle note à la volée ses émotionset sentiments. En voiture, aurestaurant.

À l’heure où le terme de«résilience » est très hype etemployé à tort et à travers, sou-venons-nous des mots de BorisCyrulnik : « Dans notre culture,on encourage l’enfant blessé –et je ne sous-estime pas la gra-vité des traumatismes – à faireune carrière de victime. AnnaFreud disait qu’il faut deux coupspour faire un traumatisme: lepremier, dans le réel, c’est lablessure ; le second, dans la re-présentation du réel, c’est l’idéeque l’on s’en fait sous le regardde l’autre. »

China, merci d’être là pourles enfants soldats.

Conserve toujours sur toi tonpetit carnet et la médaille que tuportes autour du cou, un coeuren argent offert par un cinéastedésireux d’adapter ton livre, surlequel on peut lire « Smile whenyou can », et au verso «Crywhen you must ».

Sophie Nolet

a fin de la Guerre froide a eu unimpact profond sur le commerce

mes de l’UE (23% du total mondial)sont le fait des six pays européens(Allemagne, Espagne, France, Italie,Royaume-Uni et Suède) signataires dela « lettre d’intention» signée à Farn-borough le 27 juillet 2000, un accorddestiné à rendre l’industrie européenneplus compétitive. Il est indiscutable quel’Union européenne renforce sa posi-tion à mesure que les États-Unis voients’affaiblir la leur.

Des objectifs de court termeCe constat appelle un double com-

mentaire. Primo, les dépenses militai-res de l’ensemble des pays membresde l’UE représentent à peine 45% decelles des États-Unis, tandis que lesgroupes européens de productiond’armement sont de taille bien plusmodeste que leurs homologues d'outre-Atlantique. Ce premier constat sou-lève un premier problème : alors quela taille du marché américain assurele plus souvent aux producteurs amé-ricains des débouchés suffisants, lesentreprises européennes ne peuventsurvivre qu’en exportant l’essentiel deleur production aux quatre coins dumonde. Secundo, cette situation révèleaussi la marge considérable qui sub-siste entre, d’une part, l’ambition desinitiatives européennes pour maîtriserla prolifération des armements et,d’autre part, la pratique des industrieset des États nationaux qui reste domi-née par des objectifs commerciaux etfinanciers de court terme.

Une étude des licences d’exporta-tions récemment octroyées par les gou-vernements de l’UE montre clairementque les décisions prises en contradic-tion des critères du Code de conduiteadopté en 1998 sont loin d’être descas isolés.

La Belgique ne déroge pas à ceconstat : pour la période 1996-2002,l‘Arabie saoudite a représenté à elleseule près de 27% des exportationsd’armes de notre pays. Les membresde l’UE restent tiraillés entre une vo-lonté politique de limiter les menacesà la paix et à la stabilité mondiale etleurs impératifs économiques.

Luc Mampaey

des armements conventionnels. Expri-mées en dollars et aux prix de 2002,les livraisons internationales d’arme-ments étaient évaluées à 25,4 milliardsen 2002, soit une diminution de plusde 60% par rapport à leur niveau en1987 (70 milliards). Malgré cettechute spectaculaire, ces transferts res-tent principalement destinés aux paysen développement : 66,7% du totalpour l’année 2002.

Tant du côté de l’offre que de lademande, le marché mondial desarmements est extrêmement concentréautour d’un nombre restreint d’acteurs.Pour le total des livraisons de la pé-riode 1998-2002, six pays totalisentplus du tiers de la demande mondiale(36,2%) : la Chine domine avec 9,5%des importations, suivie par Taiwan,l’Inde, la Turquie, l’Arabie saoudite etla Grèce.

Cette concentration est encore plusmarquée du côté de l’offre : six expor-tateurs se partagent 85,6% du marché.Pour cette même période, les États-Unis dominaient en moyenne 40,8%du marché mondial ; ils sont suivis parla Russie (22,4%), la France (9%),l’Allemagne (5,4%), le Royaume-Uni(5,2%) et l’Ukraine (2,9%).

L’Union européenne,une ambition de leader ?

Cependant, les évolutions récentesindiquent clairement que la positiondominante des États-Unis est en voiede s’éroder, au profit de la Russie, maiségalement de l’Union européenne. Lestransferts américains vers leurs nou-veaux alliés – le Pakistan et l’Inde no-tamment – sont certes en hausse, maisla tendance est à une politique nette-ment plus restrictive pour les transfertsd’équipements et de technologies mili-taires.

En 2002, les États-Unis ne repré-sentent plus que 24% du total des livrai-sons d’armements conventionnels. Ilssont désormais dépassés par la Russie(36%), et au coude à coude avec lesexportations d’armes extra-communau-taires de l’UE (21%). Pour la période1998-2002, 91% des transferts d’ar-

© M

arc

Schm

itz.

Ce que les médiasen ont dit...

« OlivierLanotte,

spécialistede l'Afrique

centrale,essaie de

comprendre.Dans la

premièrepartie

de sonouvrage,il décrit les conflits

armés puis, dans une secondepartie, il s'interroge sur les enjeux

géostratégiques. L'auteur a surendre intelligible une question assezcomplexe. Il analyse avec pertinence

la déliquescence du Congo. Il ana-lyse le pourquoi, le comment, jauge

les conséquences. (...)O. Lanotte reprend avec clarté les

événements, les déclarations, les pri-ses de position. Il débusque les allu-

sions et les non-dits. Il nous donnebeaucoup d'informations, s'appuie

sur une documentation fournie, dis-sèque les événements, approfondit

les analyses et offre au lecteur untravail d'investigation conséquent.

(...) Ouvrage essentiel pour le publicconcerné. »

Bulletin critique du livre en français

« Une synthèse précise, factuelle,qui offre un utile aperçu de ces

années de guerre, qui prennentracine dans l'échec de la transition

démocratique.�»Le Soir

3

« Bruno Barrillotprésente dans cetouvrage destémoignagesbouleversants– et inéditspour laplupart –d'anciensconscritsayantparticipé

aux expériencesnucléaires françaises au

Sahara, puis en Polynésie. Près dequarante ans après les faits, ceshommes se sont constitués enAssociation des vétérans des essaisnucléaires pour faire entendre leurvoix et demander réparation, eux quisont aujourd'hui victimes dedifférentes maladies – le cancer entête, bien entendu – ainsi que,parfois, leurs enfants...�»

Bibliothèque européenne

L'élargissement de l'Union : une menacepour la « prévention des conflits » ?

Depuis le 1er mai 2004, l’Unioneuropéenne s’est élargie à dix

nouveaux membres qui, tous, appar-tenaient à l’ancien bloc communiste.Ces pays ont également en communde n’avoir jamais été des puissancescoloniales. Ils n’ont, enfin, entretenuque peu de rapports de développementavec le tiers-monde. Les liens avec,par exemple, l’Afrique subsaharienne,s’inscrivaient dans le cadre des enjeuxgéopolitiques de l’époque: ce qui in-duisait, entre autres, une forte coopé-ration sur le plan militaire.

Un nouveau rôlepour la coopération

La fin de la Guerre froide et le ventde liberté ayant soufflé sur le mondetouchèrent ces zones où régnaient desrégimes de parti unique, souvent dic-tatoriaux. La coopération au dévelop-pement de l’UE s’adaptant aux tempsqui changent, à l’instar d’autresbailleurs de fonds internationaux, elleimposa à ses partenaires du Sud, dèsle début des années 1990, une nou-velle condition à son aide: des réfor-mes politiques démocratiques.

À mi-parcours, après l’échec dela transition au Burundi et surtout legénocide rwandais, l’Europe envisageade coupler les préoccupations de sé-curité et de paix à celles du dévelop-pement. C’est ainsi que naquit, dansle cadre de sa coopération au dévelop-pement, une politique de préventiondes conflits. Sa vocation : s’adresseraux causes profondes des crises et lesanticiper en orientant la coopérationvers ces secteurs, ces zones ou cesgroupes sociaux fragiles pouvant êtreà l’origine des conflits. Cette approchesemble répondre aux observationsempiriques récentes qui expliquentque la majorité des guerres majeuresactuelles ont pour source une revendi-cation égalitaire des groupes les pluslésés qui, en l’absence de tout méca-nisme pacifique de régulation descrises, recourent à la violence pourfaire valoir leurs doléances sociales.

Dix fois moins…Le budget prévu pour la prévention

des conflits fait partie de l’enveloppe

globale prévue pour la coopération audéveloppement de l’Union européenne.Pour la seule zone d’Afrique, Caraïbeset Pacifique (ACP), l’UE dépensera 25milliards d’euros sur la période 2000-2007. Bien que cette manne soit gé-rée par la Commission, elle a la parti-cularité de provenir de contributionsdirectes des États membres et donc dene pas relever du budget communau-taire. Cela veut dire, pour les ACPpar exemple, qu’à chaque révision dupartenariat qui les lie à l’UE, les Étatsmembres peuvent moduler l’ampleurde leur aide respective.

Dans ce cadre, on devine aisémentl’enjeu politique et financier que re-présente l’élargissement de l'Union.L’étude des structures et des orienta-tions de la coopération au développe-ment des nouveaux venus montre,qu’en général, ils privilégient les paysde l’ancien bloc communiste et l’Asiecentrale ainsi que l’aide humanitaireplutôt que la coopération de longterme. Enfin, il faut ajouter que cesnouveaux membres dépensent enmoyenne 10 fois moins que les Quinzeà la coopération au développement :on estime que leurs dépenses sur ceplan avoisinent 0,03 % de leur PIB alorsque la moyenne européenne, par Étatmembre, se situe actuellement à 0,3 %1.

Sans vouloir tomber dans un pro-cès d’intention, il faut tout de mêmeposer la question de l’impact quanti-tatif et qualitatif que cette intégrationaura sur la coopération au dévelop-pement, et subsidiairement sur la poli-tique de prévention des conflits qui endépend. Il ne faudrait pas oublier quelors de la dernière intégration, l’enve-loppe de la coopération, en directiondes zones les plus meurtries par laguerre, avait subi une dépréciationnon négligeable au profit des Balkanset des Nouveaux États indépendants:si durant les années 70, les ACP repré-sentaient 70% de l’aide européenne,en 2004, ils ne sont plus qu’à 29 %.

Félix Nkundabagenzi

1. Development cooperation of the Euro-pean Union and the Process of Enlargement,Bruxelles, juillet 2003.

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China Keitetsi :quelques repères

1976. Naissance dans l’ouest del’Ouganda. Sans sa mère, elle vit sespremières années tantôt avec son père

et sa nouvellecompagne,tantôt chez sagrand-mère.Victime de mau-vais traitementsperpétuels,notamment dela part d’unpère trèsbrutal.

1984. à larecherche desa mère, China

tombe entre les mains de la NationalResistance Army. à neuf ans à peine,elle rejoint les rebelles de YoweriMuseveni. Premiers entraînementsmilitaires. Participe à ses premierscombats.

26 janvier 1986. Chute de Kampala.Museveni est proclamé président. Loind’être pacifié, l’Ouganda reste hantépar la guerre. Plusieurs mouvementsarmés combattent le nouveau régime.

1986-1995. Quelques brefs retoursdans la vie civile mais China passe leplus clair de son temps au sein de lanouvelle armée gouvernementale,notamment comme garde du corps auservice de différents officiers haut gra-dés dont le général Kashillingi dont elledeviendra chef d’escorte. Elle subit vio-lence sexuelle et humiliations diversespendant toutes ces années.

Découverte de l’amour avec le lieute-nant-colonel Moses Drago qui lui don-nera un fils (en1991). Est inté-grée dans lapolice militairependant la der-nière partie de savie militaire, cequi l’amène à selancer dans desactivités commer-ciales quelquepeu douteuses.

1995. Après dix années passées ausein de l’armée de Museveni, elle fuitson pays pour le Kenya avant de re-joindre Johannesburg.

Le baptême« Le temps passa, mes chevrettes eurent elles-mêmes des petits et je possédai bien-

tôt douze bêtes en tout. À l’occasion de mon baptême, toute la famille s’était réuniedans la cour. Enfin, le grand jour était arrivé. Je me levai tôt et entendis mon pèreordonner à Byoma, l’un des garçons de ferme, d’abattre deux chèvres. Mes chèvres!Mon père en amena deux près de l’arbre sous lequel on procédait à l’abattage.Impuissante, je fus contrainte d’y assister. Rien de ce que j’aurais pu dire ou faire nel’aurait arrêté. Lorsque Byoma leur attacha les jambes, j’éclatai en sanglots. Je nem’étais pas encore calmée lorsque ma grand-mère m’emmena à l’église, où ma mar-raine et mon parrain m’attendaient déjà. Alors que nous attendions le père Robert, labelle musique un peu mélancolique de l’église me rendit encore plus triste. La seulechose dont je me souvienne, c’est d’avoir été appelée par mon nouveau nom. Magrand-mère me poussa légèrement et je me dirigeai à contrecoeur vers l’autel.

Lorsque je revins, ma marraine m’embrassa et me demanda pourquoi j’étais sitriste. Si mes souvenirs sont exacts, je ne prononçai pas un mot de toute la cérémonie.À la première opportunité, je m’éclipsai de l’église avant la fin de la messe. J’étaisfermement décidée à ne plus jamais rentrer à la maison. (...) Sous aucun prétexte jene voulais rentrer et être forcée de manger l’une de mes petites amies. (...)

Hélas, je ne pouvais m’évaporer dans les airs, aussi finis-je par rentrer à la maison.Il fallait à présent que j’invente un mensonge pour éviter les coups. Non, c’était absurde,je décidai plutôt de prendre un air furieux et d’aller directement dans l’antre du lion. »

Soldat China« Lorsque je descendis du train, il ne faisait pas encore

jour.Il y avait des gens qui dormaient partout. L’endroit était

très isolé, on ne voyait aucune maison à l’horizon. Je meremis à marcher d’un pas machinal. Arrivée au bout de larue, je vis soudain briller une lumière. Si je n’avais pas étéaussi fatiguée, j’aurais fait demi-tour. Au lieu de cela, jecontinuai de marcher jusqu’à ce qu’une voix rude m’arrête :

“Halte, qui va là?““C’est moi!“, répondis-je naïvement.“Approche“, commanda la voix. J’avançai de quelques

pas. L’homme avait l’air vraiment surpris de devoir baisserla tête pour me regarder.

“Que fais-tu donc ici au milieu de la nuit ?““Je cherche ma mère.““Et ton père, où est-il ?“, demanda-t-il en m’éclairant de

sa lampe de poche.“Il est mort“, mentis-je.Je répondais à ses questions, lorsqu’un groupe d’hommes, arme à l’épaule,

sortit de la brousse. Leurs vêtements étaient tout déchirés et très sales. Ils se groupè-rent autour de moi et m’examinèrent. Mes genoux tremblaient. Qu’allaient-ils fairede moi? L’un des hommes commença à me parler dans ma langue. Je me détendisun peu, d’autant plus que mes réponses semblaient le satisfaire. Il me dit d’allerdormir. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire, car je ne voyais ni maison, ni lits.Il rit, étendit sur le sol deux couvertures déchirées et me répéta d’aller dormir. Lacouverture sentait mauvais mais il y avait tellement de moustiques que je m’enfouisquand même la tête dessous.

“Gauche, droite, gauche, droite, gauche...“ Qu’est-ce que ce refrain étrange etassourdissant qui vous réveille si tôt le matin? Je regardai autour de moi et vis desenfants, petits et grands, marchant aux côtés d’un homme en uniforme militaire. »

« La petite fille à la Ka

© C

hina Keitetsi.

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1995-1999. Vit enAfrique du Sud oùelle exerce diffé-rents métiers. Metau monde undeuxième enfant,une fille. Fréquentedes mouvementsd’opposition aurégime de Kam-pala. Enlevée parles services secretsougandais, Chinasubit six mois de claustration et de tor-ture avant de parvenir à s’échapper.Prise en charge par le bureau sud-afri-cain du HCR (Haut Commissariat pourles réfugiés des Nations unies). Débutdu travail psychothérapeutique.

Juin 1999. Envol pour son nouveaupays d’accueil : le Danemark.

Fin 1999. China commence à couchersur papier les pages les plus noires desa vie. Peu à peu naît l’idée d’en faireun livre qui sera publié en danois en2002.

2002. Le régime Museveni, largementégratiné dans cet ouvrage, lance unecampagne pour discréditer China. Unreprésentant du gouvernement ougan-dais est même envoyé au Danemark.En attendant, China dispose de nom-breux soutiens et voyage à travers lemonde pour raconter son histoire.

Aux Nations unies, elle a reçu lestémoignages de sympathie de nom-breuses personnalités, dont Kofi Annan,Olara Otunnu, Nelson Mandela etGraça Machel. Amnesty Internationalet l’Unicef font appel à elle pour sensi-biliser l’opinion publique au dramedes enfants soldats.

2004. Son livre, déjà disponible danssept langues (allemand, anglais, da-nois, espagnol, français, néerlandais,tchèque) sera bientôt adapté au ciné-ma (Miramax Pictures).

Marc Schmitz

Chair à canon« Le fleuve, difficilement navigable, et le pont constituaient une barrière infran-

chissable qui nous séparait de l’ennemi. Il fallait être fou pour essayer de la franchirsous des tirs nourris. Pourtant, c’était exactement ce qui était prévu. Nous devionsnous emparer du pont, nous, les enfants en première ligne. Derrière le pont étaitdisposée une artillerie lourde, prête à nous abattre. Les échanges de tirs commencè-rent pendant la journée. Les deux côtés se canardaient, mais personne n’osait traverserle pont étroit, ce qui aurait été purement suicidaire. Pendant quatre mois, il n’y eut niavancée ni recul. Ensuite Kashillingi reçut l’ordre de prendre le pont dans les plusbrefs délais.

D’abord, je refusai de croire que cet ordre eût réellement été donné. Mais j’avaisbien entendu. Seuls Museveni ou son frère étaient capables de faire ça. Et tous lesdeux savaient très bien dans quel enfer ils nousjetaient. Manifestement, c’était nous qui allions ser-vir de chair à canon. Je me demandais si Musevenitiendrait ses promesses au sujet des perspectivesd’avenir qu’il nous avait fait miroiter, en beauparleur idéaliste.

La bataille du pont avait commencé. Nous es-sayâmes de briser les lignes ennemies. Les genstombaient comme des mouches autour de moi.Pourtant notre commandant n’arrêtait pas de crier :”En avant!” Et nous avancions dans la mitraille etles explosions de grenades de mortier. Soudain jevis tomber l’un de mes amis ; nous l’appelions”Strike Commando”. Il criait et implorait de l’aide,

mais aucun d’entre nous ne pouvaits’arrêter. »

Abus sexuels« Après quelques jours, j’eus des douleurs au ventre [après l'implantation

d'un stérilet, ndlr], mais il continua d’abuser de moi. À chaque fois que je pleu-rais ou que je lui disais que cela me faisait mal, il se contentait de répondre:”Je le ferai doucement.” Il venait chaque nuit et frappait à ma porte. Une fois,je fis semblant de dormir profondément, mais le lendemain, il me demanda:”Pourquoi ne m’as-tu pas ouvert?” Il ne tarda pas à lire dans mes pensées et

m’ordonna alors de toujours laisser ma porte entrouverte! J’étais complètement livréeà lui et n’avais personne à qui me confier. Il fallait que je me débrouille toute seule.

Je n’arrivais pas à comprendre Kashillingi. La nuit, il abusait de moi et lelendemain, il m’envoyait chercher ses amies. Et, d’autres jours encore, il m’expé-diait tout bonnement en prison.

Un jour que j’étais particulièrement agitée et nerveuse, je me fis porter ma-lade et restai au lit. Quelque chose devait arriver. Mais quoi? En allant me cher-cher une bière dans la cuisine, je vis Regina assise devant la télévision. Ensuite,je me souviens encore être retournée dans ma chambre. Puis, plus rien. Tout cedont je me souviens ensuite, c’est de m’être retrouvée dehors, devant les toilettes,en train de tirer comme une enragée avec mon AK-47... J’étais totalement horsde moi. Les cris de Regina me ramenèrent à la réalité. »

alachnikov » : extraits

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arc Schmitz.

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hina Keitetsi.

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hina Keitetsi.

© China Keitetsi.

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La guerre n'est pasun jeu d'enfant Du retraitement des « déchets du désarme-

ment » aux dangers de la prolifération

Depuis la fin de la Guerre froide,Russes et Américains ont signé

plusieurs traités de réduction de leursarsenaux nucléaires : les traités START Iet II (1991 et 1993), et SORT (2002).La mise en oeuvre de ces accords dedésarmement a entraîné une diminu-tion considérable du nombre de têtesnucléaires. Leur démantèlement aconduit à la constitution d’importantsstocks de matières fissibles militairesexcédentaires, essentiellement de l’ura-nium hautement enrichi et du pluto-nium de qualité militaire.

Des deux matériaux clefs utiliséspour la fabrication des armes nucléai-res, c’est l’uranium qui pose le moinsde problèmes puisqu’il peut être trans-formé par dilution en uranium faible-ment enrichi, communément utilisédans les réacteurs nucléaires.

Quant à la quantité totale de plu-tonium de qualité militaire dans lemonde, un rapport du renseignementaméricain de 1999 l’estimait entre235 et 265 tonnes. 107 tonnes sontconsidérées comme excédentaires :52,5 tonnes aux États-Unis, 50 tonnesen Russie, 4,4 tonnes au Royaume-Uni.Ce plutonium en excès pose problème.Ne disposant pas de plutonium natu-rel fissile pour dénaturer le plutonium239, les deux techniques envisagéessont la transformation du plutoniummilitaire en MOX, pouvant être utilisécomme combustible dans des réacteurscivils, ou son immobilisation.

Selon certaines estimations, lesquantités excédentaires de plutoniummilitaire, transformées en combustible,permettraient l’équivalent de deuxannées de production nucléaire fran-çaise. Cette perspective est fort allé-chante, mais en réalité, l’utilisation duplutonium, et en particulier celui d'ori-gine militaire, implique tout au longde la filière beaucoup plus de risquesen termes de santé, d’environnementet de sécurité.

Un recyclage à risqueLa « filière MOX» nécessite plus

de transports et de sites d’entrepo-sage de matières hautement radioac-tives et stratégiques que la filière devitrification et d’enfouissement, ce qui

non seulement augmente considéra-blement les coûts mais multiplie d’autantles risques d’accidents, de vols oud’actes terroristes.

Par ailleurs, on estime que cettefilière prendra au moins 30 ans pourla Russie et probablement autant pourles États-Unis. Entre-temps, ce pluto-nium sera entreposé sous une formedirectement utilisable, ce qui représen-te un risque important pour la sécuritéinternationale.

Alors que la reconnaissance desréalités écologiques et économiques etde sécurité vont plutôt dans le sens del’immobilisation du plutonium, la voiedu MOX est privilégiée non seulementpar la plupart des compagnies commeCogema et British Nuclear Fuels maiségalement par des ministères des affai-res nucléaires et des gouvernements.

Créer un marché pour un déchetLa grande majorité des réacteurs

civils ont été conçus pour n’utiliser quede l’uranium. Il existe cependant uneexpérience européenne d’utilisationdu MOX dans des réacteurs à eauordinaire et une expérience russe dudéveloppement du MOX pour lessurgénérateurs. Les plutonium civil etmilitaire diffèrent, mais les entreprisesaptes à effectuer cette transformationverraient leur maintien et leur déve-loppement assuré par le traitement duplutonium russe et américain. Recyclerle plutonium militaire revient à encou-rager une économie du plutonium, àfavoriser sa mobilité et donc à démul-tiplier les risques de prolifération.

Le 23 janvier 2002, l’administra-tion Bush confirmait le choix du MOXpour recycler son plutonium militaireexcédentaire. Les États-Unis envisa-gent maintenant d’installer des infra-structures particulières et sont par ail-leurs de plus en plus réticents à fermerleurs usines de retraitement militairevieilles de plusieurs décennies.

De son côté, l’UE tend malheureu-sement aussi à favoriser la filière MOX:il existe entre autres plusieurs activitésfranco-russes dans ce domaine quibénéficient de l’aide financière del’Union.

Valérie Peclow

Le phénomène des enfants-soldatsest dramatique.

Ils seraient au moins 300 000,combattant, armes au poing,

dans plus de trente pays.Trop jeunes pour voter,

mais assez âgéspour tuer ... ou être tués.

Les armes légères fontannuellement quelque

500 000 victimesde par le monde.

En Afrique centrale, les guerresont été possibles grâce

à la prolifération d'armes légères,compliquant l'arrêt des combats

et la résolution pacifiquedes conflits.

Tout ceci n'est pas une fatalité.D'où l'importance de sensibiliserles décideurs politiques, l'opinion

publique et en particulier les jeunesde la nécessité de passer d'une

« culture de guerre »à une « culture de paix ».

Oui, les conflits d'intérêtexisteront toujours.

Mais ils peuvent et doivent êtrerésolus de manière pacifique,par la voie de la négociation

et de la médiation.

Aidez-nous à menerla sensibilisation

sur ces questions cruciales.

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VIENNENT DE PARAÎTRE

Un an après l’offensive militaire américainecontre l’Irak, un premier bilan s’impose. Ce rapport

examine les quatre éléments soutenus par lesEtats-Unis et le Royaume-Uni pour entrer en

guerre. Sont analysés�: la menace des armes dedestruction massive irakiennes, l’argument de lalutte contre le terrorisme, celui du renversement

d’un régime autocratique devant mener à ladémocratisation du pays et, enfin, le remodelage

du Moyen-Orient sur base de l’exemple irakien.Une étude menée par Caroline Pailhe (en collaboration

avec Valérie Peclow et Federico Santopinto),Rapport du GRIP 2004/2, 52 pages, 9 €.

2004/2

BILAN D'UN ANDE GUERRE

EN IRAKANALYSE DES COÛTS

ET DES ÉLÉMENTS DÉCLENCHANTS

Caroline Pailhe

Les courtiers en armes sont les intermédiairesentre les vendeurs et les acheteurs, ou intervien-nent pour faciliter des transferts. Ces activités sontlégales. Cependant, des courtiers peu scrupuleuxjouent un rôle central dans les transferts d’armesillicites au bénéfice de pays sous embargo oud’acheteurs peu recommandables. Le laxismeou le manque de contrôles facilitent leur tâche.Ce rapport analyse les éléments clés de cetteproblématique et formule des recommandationsà destination des Etats membres de l’Union pouraméliorer leur législation.Un rapport réalisé par Holger Anders,Rapport du GRIP 2004/1, 36 pages, 8 €.

2004/1

LE CONTRÔLE DU COURTAGEEN ARMEMENTSLES PROCHAINES ÉTAPES

POUR LES PAYS MEMBRES DE L'UE

Holger Anders

Le premier chapitre du présent rapport nousrappelle un certain nombre de définitions et deconcepts nécessaires à la bonne compréhensionde la problématique du renseignement. Laseconde partie établit un état des lieux de la coopé-ration européenne en matière de renseignement.L'auteur s'intéresse ensuite aux conditions préa-lables à un approfondissement de la coopérationentre services de renseignement, sous formed'une quintuple nécessité : le besoin d'une volontépolitique forte ; d'établir des structures de coopé-ration réalistes et efficaces ; de définir les besoinsde l'UE en matière de renseignement ; d'assurer

un contrôle démocratique au niveau européen et d'adopter une approchedifférenciée en fonction des différents moyens de collecte du renseignement.Enfin, les conclusions s'efforcent de replacer l'approfondissement de la coo-pération entre services de renseignement de l'UE dans la perspective plusvaste du défi d'un nouvel environnement et d'une nouvelle finalité.Un rapport de Thierry Coosemans (dont les réflexions s'appuient sur son expériencepersonnelle d'analyste, sept années durant, au sein d'un service de renseignementde l'Union européenne),Rapport du GRIP 2004/3, 56 pages, 9 €.

2004/3

L'UNION EUROPÉENNEET LE

RENSEIGNEMENTPERSPECTIVES DE COOPÉRATION

ENTRE LES ÉTATS MEMBRES

Thierry Coosemans

Le récit bouleversantd'une vie sacrifiéeLorsque les soldats de la National ResistanceArmy l’enlèvent à proximité de son village enOuganda, China n’est encore qu’une enfant.À neuf ans, elle participe à son premier combatet affronte l’horreur sans aucune préparation.Mais elle apprend vite�: pour survivre, il fautrefouler ses sentiments.

La jeune fille s’enfoncera de plus en plusprofondément dans une spirale de violence

qui semble n’offrir aucune issue. Après dix années passéesau sein de l’armée de Museveni, elle fuit la guerre atroce, ainsi que les

traitements infligés plus particulièrement aux filles : sadisme, violence sexuelleet humiliations quotidiennes. Mais sa fuite ne sera pas synonyme de liberté : elle seraau contraire une longue suite d’épreuves pour survivre. À 23 ans, après avoir subisix mois de claustration et de torture de la part des services secrets ougandais, ellequittera enfin le continent africain avec l’aide du Haut Commissariat pour les réfugiés.

Aujourd’hui, China vit au Danemark. Elle voyage à travers le monde pour raconterson histoire. Aux Nations unies, elle a reçu les témoignages de sympathie de nom-breuses personnalités, dont Nelson Mandela et Graça Machel.

Son livre, déjà disponible dans six langues (allemand, anglais, danois, espagnol,néerlandais, tchèque), sera bientôt adapté au cinéma (Miramax Pictures).

Le récit de China Keitetsi – que le GRIP publie en partenariat avec l’Unicef-France – n’estpas un cas isolé. Dans le monde entier, au moins 300 000 enfants prennent activementpart à des actions militaires. Pour la première fois, une jeune femme brise le silence.

Un ouvrage de 272 pages – 17,90 euros.(ISBN 2-8048-0009-1)

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Conception & réalisation: Marc Schmitz.

À l'heure où les États-Unis sont dirigés par ce quele professeur de Harvard, Stanley Hoffmann,

qualifie de « hordes de néoconservateursaux idées radicales et farfelues », cet ouvrage

offre une tribune aux voix critiquesd'outre-Atlantique. Enjeu pour ces adversairesidéologiques et pragmatiques de la nouvellecroisade conservatrice : remettre en question

l’unilatéralisme de l’administration Bush etles objectifs de sa politique étrangère.

Un ouvrage de 176 p., 12,90 euros.(ISBN 2-87027-974-4)

Plus que jamais d'actualité !