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No 105 Les nouvelles technologies de communication : orientations de la recherche Josiane Jouët Sylvie Coudray

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No 105 Les nouvelles technologies de communication : orientations de la recherche Josiane Jouët Sylvie Coudray

ISBN 92-3-202678-3

Publié en 1990 par l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, lascience et la culture 7, place de Fontenoy, 75700 Paris, France

Imprimé et composé dans les ateliers de l’Unesco

0 Unesco 1990 Prinied in France

Préface

La diffusion des nouvelles technologies de communication figure comme l’une des préoccupations du Plan à moyen terme de l’Unesco pour les années 1984-1989. Le présent document a précisément pour objet d’examiner les principa- les questions de recherche soulevées en réponse au paragra- phe 03105 du Programme et budget approuvés pour 1984- 1985 (document 22 C/5) qui indique en effet :

Un accent particulier sera mis, dès la première période biennale du Plan à moyen terme, sur l’étude des conséquences et de l’évolution rapide des nouvelles technologies de la communication qui engen- dre une véritable mutation des sociétés contemporaines. Il importe, en effet, de comprendre, pour mieux les maîtriser, les incidences de ces changements rapides sur la vie individuelle et collective aux plans social, économique etculturel. Les travaux entrepris au cours de cette période devraient permettre en particulier d’élaborer dans ce domaine un programme de recherches interdisciplinaires s’éten- dant sur la durée du Plan à moyen terme, de définir des modes de coopération avec les institutions de recherche intéressées et de mettre au point des méthodologies et des modèles de recherche visant à faciliter la comparaison des analyses et des résultats sans trahir la diversité des réalités culturelles.

Le présent document propose donc une synthèse des actions de recherche soutenues par l’Unesco et des recherches effec- tuées hors du programme de l’Unesco qui constituent l’es- sentiel des études sur ce thème. II tente de cemer les princi- paux résultats de ces travaux et de dégager de nouvelles pistes d’étude et d’action qui puissent aider au développe- ment de la recherche.

L’orientation générale est guidée par le souci d’aborder les principales problématiques afférentes aux nouvelles technologies de communication de manière interdiscipli- naire. Les questions traitées couvrent les champs de l’écono- mie politique, du droit, de la culture, de la sociologie, et de l’éducation. L’ampleur de l’exercice exclut donc toute pré- tention à l’exhaustivité. Le projet réside, au contraire, dans un effort de synthèse générale qui permette de saisir la dimension transversale des nouvelles technologies de com- munication et la globalité de leurs incidences sur la vie des sociétés.

La prédominance des recherches menées SUT les pays industriels avancés dans lesquels les nouvelles technologies sont beaucoup plus répandues est incontestable. Mais ce document s’est aussi inspiré d’un petit nombre d’études réalisées dans les pays en développement afin d’y cerner les modalités d’application de ces technologies. Il s’est, en effet, penché de façon délibérée sur les retombées de l’avènement des nouvelles technologies sur la communication intematio- naie.

C e document a été préparé par Josiane Jouët. chercheur au Centre national d’études des télécommunications et membre du Groupe de recherche (( Communication N com- m u n au Centrenationaldelarecherche scientifique (France), avec l’assistance de Sylvie Coudray, consultante de l’Unes- co, qui a revu le programme de l’Unesco et réalisé. la bibliographie.

Les idées et les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Unesco.

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Table des matières

INTRODUCTION .................................................................................................................................. 7

CHAPITRE 1 : Les activités de l’Unesco dans la recherche ........................................................... 9

Le symposium de R o m e ......................................................................................................................... 9 Les consultations régionales ................................................................................................................. 11 Le programme de l’Unesco .................................................................................................................. 13

CHAPITRE II : La recherche sur les nouvelles technologies de communication : état de l’art .......................................................................... 15

Les difficultés de la recherche .............................................................................................................. 15 Les problèmes d‘accès et de circulation de l’information .................................................................... 16 La diversité des problématiques de recherche ...................................................................................... 17

CHAPITRE III : L’explosion de la production de l’information .................................................. 21

Les bouleversements de la communication audiovisuelle ................................................................... 21 L’avancée télématique .......................................................................................................................... 24 L’ère des réseaux .................................................................................................................................. 26

CHAPITRE IV : Les nouvelles questions juridico-politiques ........................................................ 29

Les dimensions juridiques et institutionnelles ...................................................................................... 30 La piraterie informatique et vidéo ........................................................................................................ 32 Droit et conception de l’information .................................................................................................... 34

CHAPITRE V : Les enjeux culturels des nouvelles technologies de communication .................. 37

La thèse de 1’« impérialisme culturel >> revisitée .................................................................................. 37 L’apparition de nouvelles formes de culture ........................................................................................ 39 L’acculturation des nouvelles technologies ......................................................................................... 41

CHAPITRE VI : Les nouvelles technologies dans l’éducation ...................................................... 45

L’éducation relative aux médias .......................................................................................................... 45 Informatique et éducation ..................................................................................................................... 46 Nouvelles technologies et éducation à distance ................................................................................... 49

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CHAPITRE W : Les aspects sociaux des nouvelles technologies ................................................ 53

Un processus démocratique ou inégalitatire ? ..................................................................................... 53 Le changement social ........................................................................................................................... 56 Les usages alternatifs ............................................................................................................................ 58

CHAPITRE WII : L’interaction technologie et société .................................................................. 61

La société de l’information ................................................................................................................... 61 Le rôle de la recherche ......................................................................................................................... 62 Recommandations ................................................................................................................................ 63

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................... 65 LISTE DES CENTRES DE RECHERCHE ET DU COMNET CITÉS .............................................. 75

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Introduction

Les années 80 inaugurent l’avènement de la u société de l’information >) et figurent déjà dans l’histoire de la commu- nication comme la décennie du bouleversement technologi- que. L’explosion des technologies de l’information est, en effet, source d’un profond changement qui gagne l’ensemble de la vie sociale. Elle transforme tous les secteurs d’activité et entraîne de grandes mutations dans les domaines économi- que, social et culturel.

L’avancée technologique de ces dernières années ne s’est toutefois pas produite ex nihilo. Elle s’inscrit, d’une part, dans les progrès spectaculaires de l’informatique qui ont permis une miniaturisation des matériels et une forte réduction des coûts et, d’autre part, dans l’imbrication crois- sante de l’informatique, des télécommunications et de l’au- diovisuel.

Aussi peut-on parler d’une << révolution digitale >> qui se traduit non seulement par la venue de nouveaux matériels et systèmes de communication, mais encore par l’apparition de nouveaux modes de faire et de nouveaux contenus. L’inno- vation technologique est aujourd’hui si féconde que le recen- sement de tous les nouveaux outils de communication s’avère d’emblée comme une tâche quasi impossible. 11 n’est cependant pas vain, afin d’en mesurer la portée, de signaler brièvement les innovations majeures qui sont apparues sur le marché et qui ont conduit à une rupture avec les formes de communication traditionnelles.

Dans le secteur informatique, le micro-ordinateur a permis la décentralisation des grands systèmes et sapénétra- tion dans les entreprises et dans les foyers a favorisé l’accès de millions d’individus à cette technologie. Les logiciels de tous types (professionnels, éducatifs, ludiques) se sont déve- loppés de façon quasi exponentielle. De plus, les procédures de gestion et de traitement de données ont connu de forts progrès tandis que l’apparition des CD ROM annonce des capacités inédites d’accès et de mise en mémoire de données.

Les télécommunications ont intégré l’informatique et les innovations dans ce domaine sont innombrables : la numérisation du signal, la télématique, la radio cellulaire, la fibre optique et l’apparition des réseaux à large bande, comme le Réseau numérique à intégration de services, ne sont que des exemples parmi d’autres des progrès extraordi- naires du champ des télécommunications. L a technologie des transmissions par satellite évolue aussi fortement car le

nombre croissant de satellites point à point démultiplie les possibilités de communication à distance. tandis que le lancement de satellites de radiodiffusion directe transforme le schéma de transmission traditionnelle.

Ces progrès affectent directement la réception des pro- grammes audiovisuels et les mass media traditionnels con- naissent également d’autres formes de changement liées à la révolution technologique. Le magnétoscope et la vidéo se sont répandus à travers le monde et n’apparaissent déjà plus comme des technologies nouvelles. L a télévision par câble est en pleine expansion et s’enrichit souvent de fonctions interactives. L a télévision payante s’impose peu àpeu tandis que les terminaux font l’objet de recherches poussées (télé- vision haute définition, écran plat, etc.). Les techniques de fabrication de programmes intègrent de plus en plus l’infor- matique avec l’introduction du montage électronique et des images de synthèse par exemple. La m ê m e évolution touche les médias écrits, du travail d’écriture sur console informa- tique à la publication finale assistée par ordinateur. E n bref, le syskme des médias s’est radicalement transformé avec l’apparition de nouveaux modes de production, de transmis- sion et de réception.

La pénétration de l’informatique dans tous les secteurs de la communication conduit à une grande confusion techno- logique et les lignes de démarcation entre les systèmes techniques deviennent de plus en plus ténues. A l’aube de l’an 2000, larecherche technologiqueconnaîtune croissance fulgurante et les progrès actuels ne sont que les prémisses de bouleversements encore plus grands avec la venue, à plus ou moins brève échéance, de l’ordinateur de la cinquième génération, de l’intelligence artificielle. des systèmes ex- perts et du langage naturel.

Cet exposé rapide des principales innovations qui ont infiltré le champ de la communication permet de cerner ce qu’on entend communément par nouvelles technologies. La nouveauté de ces outils ne réside pas tant dans l’élargisse- ment de la gamme des moyens de communication que dans l’apparition d’un nouveau contenu technique (intégration de l’informatique, interactivité, etc.) qui répond à une logique différente. C e sont les principes techniques mêmes de ces outils qui leur confèrent une valeur originale et inédite.

Il ne s’agit pas dans cet ouvrage de faire un catalogue de l’ensemble des nouvelles technologies de communication;

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le propos est davantage de traiter des principales innovations qui ont déjà eu un impact dans les champs de l’informatique, des télécommunications et tout particulièrement des médias. La notion de nouvelle technologie doit cependant être em- ployée avec précaution. Son réexamen s’impose, en effet, à I’aunecette fois de critères sociologiques car, si la validité de cette notion définie en termes strictement techniques n’est pas en question, elle demeure cependant relative à bien d’autres égards. Certaines technologies nouvelles s’avèrent, en effet, n’être que le prolongement d’anciennes technolo- gies qui s’enrichissent alors de nouvelles performances. Ainsi la télématique n’est, d’une certaine façon, que l’exten- sion des capacités du téléphone tandis que la télévision inter- active introduit dans cette technologie de diffusion verticale la possibilité d’une remontée de l’information du récepteur vers l’émetteur.

Par ailleurs, la nouveauté d’un objet technique ne peut s’évaluer que dans un contexte socieéconomique donné. Or, dans un grand nombre de sociétés, les technologies traditionnelles sont encore considérées comme nouvelles, et la télévision et le téléphone par exemple apparaissent tou- jours c o m m e des innovations. Les pays en développement se trouvent donc aujourd’hui confrontés à la double nécessité de rattraper leur retard en équipement de communication traditionnel et d’entrer en m ê m e temps dans l’ère cc digitale ». La notion de nouvelle technologie paraît donc bien relative et circonstar ;iée à l’échelle mondiale.

Pour la recherche en sciences sociales, les nouvelles technologies recouvrent un champ d’investigation particu- lièrement vaste et hétérogène car elles touchent à l’ensemble des processus de communication. L’explosion technologi- que entraîne l’émergence de nouvelles questions de recher- che. Les bouleversements en cours se repèrent dans les champs économique, politique, éducatif, social et culturel. Ces évolutions qui prennent parfois la forme de réelles mutations sont par nature complexes et transversales. Les changements qui interviennent dans un secteur s’accompa- gnent de retombées quasi immédiates dans d’autres secteurs et l’interdépendance des faits observés présente un véritable défi à l’analyse.

Aussi la question de l’impact des nouvelles technolo- gies est-elle par nature fondamentale car elle aborde les transformations qui se trament aujourd’hui dans l’ensemble de nos sociétés. Ces changements sont d’autant plus diffici- les à saisir qu’en raison de la date récente de ces nouveaux outils, les effets commencent souvent juste à poindre sans que leur dynamique puisse encore être pleinement appré-

hendée. Par ailleurs, ladiffusion des nouveaux outilsdecom- munication s’inscrit dans une logique économique et com- merciale qui ignore le plus souvent les paramètres sociaux de leur adoption et leurs conséquences profondes sur le fonc- tionnement des sociétés. Aussi la recherche en sciences sociales est-elle rarement associée 2 la promotion de ces nouveaux outils et se trouve-t-elle le plus souvent cantonnée à l’observation des effets II posteriori. Cet état de fait ne saurait néanmoins réduire le rôle des études sur l’impact des nouvelles technologies qui s’avère être d’une nécessité pre- mière afin de mesurer les dimensions du changement social d’une part et d’éclairer les instances politiques et décision- nelles d’autre part. Les résultats des études représentent une source d’information unique pour la prévision afin que les nouvelles technologies puissent jouer un rôle moteur dans le développement harmonieux des nations.

L’importance de ces études a été reconnue très tôt par l’Unesco qui s’est attachée à encourager le développement des recherches sur les incidences des nouvelles technologies dès le milieu des années 70.

L’objectif du présent document consiste précisément à présenter une synthèse globale des travaux menés par l’Unesco sur ce thème. Il décrit le cadre général dans lequel s’inscrit la recherche lancée par cette organisation intematio- nale dans plusieurs régions du monde et expose les résultats qui ressortent des études engagées. Cet exercice dresse aussi les grandes lignes des nombreux travaux menés hors du programme de l’Unesco, examine les principaux courants d’étude qui se développent au niveau international et repère les points forts et les lacunes de la recherche en vue de formuler un certain nombre de recommandations pour les futurs programmes de l’Unesco.

Aussi s’agit-il d’aborder les principales questions de re- cherche et problématiques soulevées par l’impact des nou- velles technologies à partir d’une approche pluridiscipli- naire. Cette analyse permet de dégager les grandes onenta- tions des études engagées afin de cerner les carences et d’ex- plorer de nouvelles pistes de recherche. L’ampleur de ce tra- vail exclut toute prétention à I’exhaustivité du recensement. En aucun cas il n’est possible de dresser un tableau complet des recherches effectuées dans ce domaine. L’intérêt réside au contraire dans un essai de synthèse des problématiques développées afin de présenter les principaux thèmes et champs d’étude couverts par la recherche. La valeur du présent document est donc d’ordre indicatif et il s’agit moins de faire un bilan que de proposer une démarche heuristique.

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Chapitre 1

Les activités de l’Unesco dans la recherche

La communication constitue l’un des mandats de l’Unesco qui, depuis son origine, s’est efforcée de promouvoir le rôle des moyens de cornmunication dans la croissance des na- tions, le développement de l’éducation, la promotion des cultures et l’échange international aux niveaux culturel et scientifique. Les programmes d’action de l’Unesco ont lar- gement fait appel aux médias traditionnels pourremplir cette mission en parallèle avec un soutien aux activités de re- cherche.

L’arrivée récente des nouvelles technologies sur le marché de la communication a tout de suite été perçue par l’Unesco c o m m e un facteur de changement déterminant, et la nécessité de recherches dans ce domaine a été reconnue dans le premier Plan à moyen terme pour 1977-1982 (docu- ment 19 C/4 approuvé, paragraphe 9307). Mais l’accent mis sur les nouveaux outils de communication et l’urgence d’engager des études sur leur impact socioculturel occupe surtout une place considérable dans le deuxième Plan à moyen terme pour 1984-1989 (document 4 XC/4 approuvé) notamment dans les paragraphes 3007 à 301 1 et 3027 à 303 1.

Le programme III. 1 intitulé << Études sur lacommunica- tion B définit ainsi le cadre général du rôle de l’Unesco :

L’évolution rapide des technologies de la communication entraîne un renouvellement permanent de la recherche dont les données se trouvent continuellementmises en cause par les changements.voire les véritables mutations que ces technologies induisent ou peuvent induire dans les différentes sociétés. Certaines méthodes de recher- chepeuvent comporter des insuffisances ou peuvent ne pas s’adap- ter à des contex tes différents de ceux des sociétés au sein desquelles elles ont été conçues. Il importe donc de promouvoir les études sur les aspects socioculturels, économiques. juridiques et prospectifs delacommunicationet destimuler ledéveloppementd’unerecher- Che mieux adaptée aux différentes situations (par. 3027).

L’action de l’Unesco ne saurait remplacer celles des institutions de recherche, nationales ou régionales, qui, avec de larges contingents de chercheurs et d’importants moyens financiers, ont la possibilité de mener des recherches en commun sur des themes qui préoccu- pent la communauté internationale. L’Unesco, en revanche, se trouve dans une situation privilégiée pour stimuler et coordonner ces recherches et pour assurer une large diffusion de leurs résultats (par. 3028).

Le deuxième Plan à moyen terme définit donc le cadre d’action de l’Unesco qui se propose, d’une part, de stimuler et d’encourager les études et, d’autre part, de contribuer à la diffusion des travaux menés dans différentes régions du monde.

Le lancement de ce programme a été précédé par une consultation des instances de recherche concernées et l’Unesco a organisé en décembre 1983 un symposium inter- national sur l’impact culturel, social et économique des nou- velles technologies de communication qui s’est tenu àRome.

Le symposium de Rome Cette manifestation a eu pour objectif de débattre des ques- tions soulevées par les nouvelles technologies, de fixer des priorités et de préparer un plan et un cadre de recherches appropriés. Ces questions ont rejoint les préoccupations de 1’Istituto della Enciclopedia Italiana qui, par l’intermédiaire de la Commission nationale italienne pour l’Unesco, a con- jointement organisé ce colloque qui s’est tenu à son siège.

Le symposium a réuni près d’une centaine de personnes dont 31 participants à titre personnel, 19 observateurs et des représentants de quatre organisations intergouvernementa- les et de 12 organisations non gouvernementales. La partici- pation de chercheurs travaillant dans le domaine de la com- munication, de professionnels des médias, d’ingénieurs, de techniciens et de créateurs c o m m e de décideurs a permis une vaste pluralité de points de vue embrassant l’ensemble des questions soulevées par les effets des nouveaux médias.

Les discussions se sont engagées à partir d’un ordre du jour annoté et des réponses à un bref questionnaire envoyé par l’Unesco à 378 institutions réparties dans différentes parties du monde et s’intéressant à la communication à titre professionnel ou à titre de recherche. La lettre demandait des informations sur les recherches en cours et sur les projets de recherches ultérieures. Les réponses des 61 institutions qui ont pu satisfaire au court délai fixé par l’Unesco concor- daient toutes quant à la nécessité de développer la recherche dans ce domaine.

Le travail du symposium s’est réparti entre, d’une part, des séances plénières dont les débats ont été alimentés par la

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présentation de communications portant sur différents as- pects de l’impact des nouvelles technologies de communica- tion et, d’autre part, deux groupes de travail qui se sont attachés àsérierles questionsderecherchequi seposentdans différents secteurs de l’activité communicationnelle.

Les séances plénières ont été l’occasion d’explorer les discours ambiants sur le rôle des nouvelles technologies qui est apparu c o m m e largement ambivalent, les effetspositifset les effets négatifs se contrebalançant. L’accent a été mis sur la dimension fondamentalement novatrice de ces nouveaux outils qui, par leur impact transversal, soulèvent une multi- tude de problèmes et d‘interrogations qui touchent aussi bien aux dimensions philosophiques et aux systèmes de valeurs de nos sociétés qu’aux applications concrètes dans tous les secteurs d’activité. Cette portée << universelle », pourrait-on dire, de la communication moderne présente un réel défi aux chercheurs qui sont confrontés à une situation radicalement nouvelle.

Les groupes de travail ont travaillé l’un sur la recherche dans le domaine socio-économique, l’autre sur la recherche dans le domaine culturel et éducatif. Ils ont formulé une série derecommandationsportant sur un grandnombre de champs d’études. Le propos n’est pas ici d’exposer la totalité des thèmes mentionnés, mais de fournir une synthèse qui spéci- fie les grandes orientations qui devraient être retenues par la recherche.

Les questions relatives à l’intérêt général

Les thèmes abordés par les experts recouvrent divers points : la définition de l’intérêt général, la spécification du besoin social en nouvelles technologies. les questions de l’accès et de la participation aux nouveaux médias, la démocratisation des systèmes de communication, les besoins spécifiques des groupes minoritaires, les moyens de contrôle pour prévenir les effets négatifs et assurer un développement égalitaire et démocratique des nouvelles technologies.

Les questions socio-structurelles

Les interrogations soulevées portent sur l’évolution des institutions de communication existantes face à la pénétra- tion des nouvelles technologies @rocessus de démantèle- ment, dérégulation, réorganisation, etc.). L’impact sur les flux d’information entre le milieu urbain et le milieu rural ainsi qu’entre les nations post-industrielles et les nations en développement est également évoqué. La modification des structures en place perturbe en effet le statu quo et annonce des processus de rééquilibrage entre les institutions à l’échelle nationale, régionale et internationale. Elle met aussi en question le rôle futur qui sera dévolu à l’information dans sa double fonction de denrée commerciale et de service social.

Le développement Les thèmes s’articulent ici autour des problèmes liés au rôle potentiel des nouvelles technologies dans le processus de développement (alphabétisation , éducation , santé, agricul- ture, etc.). La question de l’aide à I’autosuffisance des pays

en développement est aussi cruciale que celle de la réduction de l’écart entre les pays riches et les pays pauvres. Les nouveaux outils de communication peuvent-ils être des catalyseurs de développement ?

Les questions économiques

Le rôle éventuel des nouvelles technologies p u r pallier la crise économique mondiale est reconnu comme un objet d’étude important. Les problèmes se centrent autour des répercussions de l’introduction des nouveaux outils sur les systèmes de production et montrent la nécessité d‘entrepren- dre des travaux sur l’évolution des structures économiques mondiales ainsi que des études comparées coût-avantages d’une part entre les anciennes et les nouvelles technologies et, d’autre part, entre les pays socialistes et les économies de marché et entre les pays en développement et les pays industrialisés.

La technique et les médias Les problèmes abordés par les experts concernent les spéci- ficités techniques des nouveaux outils de communication : leur multiplication, leur obsolescence et leur vulnérabilité. La complexité technologique requiert-elle l’acquisition de nouvelles compétences techniques pour les chercheurs en sciences sociales ? Les nouvelles capacités techniques impo- sent-elles l’élaboration de nouvelles législations pour proté- ger la vie privée et la sécurité des nations ? L’impact sur la circulation transfrontières des données appelle-t-il de nou- velles réglementations ?

L’identité culturelle et la politique culturelle

Les participants se sont penchés sur le rôle potentiel des nouvelles technologies pour renforcer l’identité culturelle et la compréhension interculturelle et pour préserver les cultu- res minoritaires. Le lien entre la miniaturisation et la réduc- tion du coût du matériel, d’une part, et la démocratisation culturelle, d’autre part, a été perçu c o m m e un objet d’étude. L’impact de la communication transfrontières sur l’identité culturellelocaleest une question derecherche prioritaire mut comme la menace qu’il représente pour la préservation de la culture vivante.

Les industries et métiers culturels

Les questions s’élaborent ici autour de l’évolution du marché de la communication qui se transforme à partir d’une profu- sion de l’offre et d’une demande croissante de programmes d’information et de distraction. Les industries de la commu- nication connaissent une restructuration qui influe sur l’évo- lution des métiers concernés (informatisation, apparition de nouvelles qualifications, etc.). L e secteur de l’édition et des services de bibliothèque est égaiement confronté à l’intégra- tion des nouvelles technologies. Par ailleurs, il convient de déterminer comment les institutions qui se consacrent aux arts du spectacle réagissent à l’introduction de nouveaux procédés artistiques et comment les artistes locaux s’adap- tent à la production dominante de formes de spectacles

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médiatisés. Le problème de l’impact de la communication transfrontières sur les goûts et les demandes du public est aussi jugé par les experts comme crucial.

Les traditions culturelles et linguistiques

Les capacités de mémoire et d’accès des nouvelles technolo- gies sont susceptibles d’améliorer les méthodes de conserva- tion et de transmission de documents techniques et culturels. Pour les participants, la question se pose des contraintes qui pèsent sur de telles utilisations pour la sauvegarde du patri- moine culturel mondial. Par ailleurs, la relation doit être étudiée entre l’utilisation des nouvelles technologies et le développement d’une langue maternelle et d’une politique linguistique nationale. Quel impact les nouvelles technolo- gies auront-elles sur les fonctions des traditions orales et du comportement linguistique en général ?

Les structures éducatives

L’intégration des nouvelles technologies dans les structures éducatives formelles et informelles est source de nombreu- ses interrogations. Queis seront leurs effets sur les institu- tions éducatives, sur le contenu des programmes d’enseigne- mentet surl’apprentissagedes métiers ? Les nouveaux outils de formation peuvent-ils contribuer à la généralisation de l’enseignement primaire et à l’éradication de l’anal- phabétisme? Laquestion del’adaptation desdidacticiels aux différents contextes socio-économiques et culturels est fon- damentale et exige une évaluation des transferts de techno- logie éducative.

L e développement cognitif

La relation entre les nouvelles méthodes éducatives (ensei- gnement assisté par ordinateur, par exemple) d’une part, et l’individualisation et la décentralisation de l’enseignement d’autre part, mérite d’être mieux connue. Les différences d’accès et de contact avec les nouvelles technologies sont- elles susceptibles d’accentuer les différences de connais- sance et d’aptitude entre les individus ? De plus, les experts se sont penchés sur la vaste question des effets cognitifs et des effets connexes à long terme de l’informatique sur le Comportement humain qui posent de sérieux problèmes d’évaluation.

Cette synthèse des thèmes d’étude relevés par les parti- cipants au symposium de R o m e a une valeur démonstrative. Elle démontre à la fois l’ampleur du champ de recherche soulevé par les nouvelles technologies et le souci d’établir un équilibre entre la théorie et les applications concrètes comme entre les études globales et les travaux ponctuels. Les experts réunisontreconnu quelarecherchen’estjamaisneutreetque la multiplication et la diversification des études menées par des centres de recherche variés étaient une garantie d’élar- gissement et d’approfondissement des connaissances.

Le symposium de R o m e a relevé que la recherche sur l’impact socioculturel des nouvelles technologies étaitaffec- tée par un manque de ressources financières, par une diffu- sion médiocre des résultats des travaux effectués et par des difficultés d’ordre méthodologique.

Les recommandations du symposium se sont orientées vers la nécessité de développer la recherche à partir d’une approche pluridisciplinaire qui devrait être à la fois holisti- que et contextuelle. L’accent aété mis sur lerôle que pouvait jouer l’Unesco dans la promotion de la recherche qui a été défini comme complémentaire aux activités des centres de recherche nationaux. il a été recommandé que l’Unesco, de par la spécificité de son mandat international, intervienne aux niveaux suivants : Le soutien à la réalisation d’études comparées à l’échelle

internationale. L’établissement d’un inventaire des recherches effectuées

dans les différentes régions du monde. La création de liens entre les différents programmes de

recherche et l’échange d’information entre les cher- cheurs engagés dans l’étude de l’impact socioculturel des nouvelles technologies.

La définition de cette politique de facilitation et de diffusion de la recherche au niveau international a été suivie de l’envoi d’un c o d e r à plus de 1 O00 institutions et organisations professionnelles et de recherche à travers le monde, leur demandant d’indiquer leurs activités de recherche sur l’im- pact socio-économique et culturel des nouvelles technolo- gies de communication et leur intérêt éventuel à coopérer à un programme de recherche en commun avec l’Unesco. A la fin de septembre 1984,287 organisations avaient répondu à cette lettre et 216 d’entre elles avaient manifesté l’intention de participer à une réunion préparatoire. E n conséquence, il fut décidé d’organiser des consultations au niveau régional afin d’associer les chercheurs des différentes parties du monde à la réalisation de ce programme.

Les consultations régionales Trois réunions se sont tenues afin de cerner les problèmes et les priorités de recherche spécifiques aux différentes régions du monde. Elles avaient en commun les objectifs suivants : Examiner les courants de recherche développés dans chaque

région sur l’impact socioculturel et économique des nouvelles technologies.

Établir des mécanismes de recueil et d’échange d’informa- tion sur les études engagées.

Discuter du montage d’un programme de recherche en commun à partir du lancement d’études comparées sur des thèmes précis.

Définir un cadre et une méthode de travail pour la conduite du programme de recherche.

L a consultation de Floride (décembre 1984)

Cette réunion a couvert le champ de la recherche pour les régions de l’Amérique du Nord, des Caraiks et de l’Améri- que latine. Elle s’est te.nue à l’université d’Etat de Floride à Tallahassee (États-Unis d’Amérique) et a réuni 38 universi- taires qui se sont répartis en deux groupes de travail.

Dans le groupe consacré aux M échanges sur la recherche en communication >> il est vite apparu que les préoccupations des chercheurs différaient largement selon le niveau de

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développement des sociétés qu’ils étudiaient. Les cher- cheurs latino-américains ont exprimé leur besoin d’obtenir des informations de nature statistique mais ont aussi souligné l’inadaptation pour leur région des résultats des recherches nord-américaines, trop spécialisées dans les nouvelles tech- nologies. Par ailleurs, les carences de l’échange d’informa- tion entre les chercheurs ont été relevées, le manque d’infor- mation étant particulièrement ressenti dans les pays du Sud.

Les recommandations du groupe ont porté sur la diffu- sion de l’information concernant les études achevées et les étudesencours, secteurdans lequelilfutdemandéquelerôle du réseau international des centres de documentation sur la recherche et les politiques de communication Comnet soit renforcé. Par ailleurs, il est apparu nécessaire de demander l’aide de l’Unesco pour dresser des répertoires des cher- cheurs concernés par ce type d’étude en indiquant leur domaine de spécialisation.

Le groupe de travail chargé d’examiner les possibilités de recherche en commun a insisté sur l’importance d’enga- ger des études comparatives àpartir d’une harmonisation des problématiques et des méthodologies. Les participants ont identifié un certain nombre de thèmes de recherche dont les priorités s’organisent autour des questions suivantes : les usages du micro-ordinateur et de la vidéo, les effets des nouvelles technologies sur la participation du public et sur l’identité culturelle, les problèmes liés aux transferts de technologie et aux politiques publiques, le rôle des petits médias et des rnass media traditionnels face à l’arrivée des nouvelles technologies et enfin l’utilisation des résultats de la recherche. E n résumé. trois grandes catégories d’études ont émergé comme devant faire l’objet de travaux régionaux: les politiques de communication, la question du transfert et de l’adaptation de nouvelles technologies et, enfin, celle de l’usage et de l’impact sur la société au sens large (éducation, identité culturelle, mode de vie).

La consultation d’Ahmedabad (décembre 1985)

Cette réunion a couvert une vaste aire régionale: l’Asie et le Pacifique, l’Afrique et les Etats arabes. Trente-huit partici- pants ont été accueillis par la DECU (Unité de développe- ment et de communication éducative) au Centre d’applica- tions spatiales de 1’ISRO (Organisation indienne de la re- cherche spatiale) à Ahmedabad (Inde).

Les débats ont été précédés d’un exposé sur l’état de la recherche dans différents pays qui a conduit à l’observation de fortes disparités tant au niveau de la quantité que des thèmes d’étude et à la reconnaissance d’une absence chroni- que d’information entre les chercheurs.

Les experts réunis ont élaboré un programme de recher- che en commun qui s’est articulé autour de grandes orienta- tions correspondant aux intérêts des deux groupes de travail.

Dans le domaine de la politique et de la planification de lacommunication, les recherches suggérées concernaient les questions suivantes : Lagestion delacommunication recouvrant des études sur les

structures, les mécanismes juridiques et les articulations organisationnelles.

L’impact social de technologies spécifiques comme les satellites de radioffusion directe, les ordinateurs, le

câble, la vidéo et les systèmes de communication pour la prévention des désastres naturels.

La Communication et la culture dans leurs dimensions histo- rique, idéologique et politique abordées sous l’angle de leurs inter-relations.

Le groupe de travail couvrant le secteur des applications et des conséquences sociales des nouvelles technologies a relevé les priorités de recherche suivantes : L’accès aux nouvelles technologies de cornmunication

Comprenant l’étude des facteurs de participation et des différenciations sociales pouvant être relevées entre les sexes, entre les milieux urbains et ruraux et entre les régions.

Les études conceptuelles et théoriques impliquant un réexa- men des problématiques traditionnelles de la recherche en communication et une définition de nouveaux cadres conceptuels.

Les études appliquées relatives à des technologiesparticuliè- res comme la téléconférence, l’automatisation du travail de bureau, les systèmes d’information pour la planifica- tion et, de façon plus générale, l’économie des nouvelles technologies de communication.

Par ailleurs, les participants se sont adressés à l’Unesco pour développer la documentation et l’échange d’information entre les institutions de recherche. Ils ont suggéré lacréation d’un bulletin de liaison permettant une diffusion régulière des informations relatives à la recherche et la tenue de séminaires en vue de mettre sur pied des mécanismes effec- tifs de diffusion de l’information. Ii a été également recom- mandé que le réseau Comnet soit étendu et doté de plus grands moyens pour assurer sa mission.

La consultation de Goteborg (janvier 1986)

Cette réunion a été organisée par 1’Universiié de Goteborg en Suède et a été la plus large puisqu’elle a rassemblé 77 participants originaires des pays de l’Europe de l’Est et de l’Europe de l’Ouest qui relevaient de diverses disciplines de la recherche en communication (sociologie, sciences politi- ques, économie, histoire et philosophie) et de divers secteurs professionnels (journalisme, gestion des systèmes de com- munication).

Les discussions des trois groupes de travail ont été précédées par un exposé sur l’état de l’art dans divers pays européens qui a démontré la grande variété des études menées tant au niveau des thèmes que des méthodologies.

Le groupe de travail consacré à la politique et à la planification de la technologie a exprimé le souci de dévelop- per des recherches plus orientées vers les besoins du public pour contrebalancer la prédominance des études de marché et d’évaluation technologique. Il a également souhaité l’or- ganisation d’un symposium sur la propriété des médias en Europe. Par ailleurs, quelques propositions de recherche ont été formulées sur les thèmes suivants : Le financement des médias locaux et régionaux dans divers

pays européens. Les politiques des satellites de communication en Europe

incluant la considération des facteurs économiques, légaux et de souveraineté nationale.

L’introduction en EuropeduRéseau numérique àintégration

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de services comprenan t l’étude de la planification natio- nale et internationale de ce réseau, de ses applications professionnelles et domestiques, de ses intérêts militai- res et de ses risques divers comme celui du contrôle social.

Le groupe de travail sur les applications et les effets sociocul- turels des nouvelles technologies a formulé des propositions de recherche dans les domaines suivants : Les usages des nouveaux médias par les différentes classes

Le

d’âge ; il s’agit ici de cerner les pratiques des nouvelles technologies par les jeunes (différenciation de l’usage selon les sexes, impact sur le développement de la personnalité) et par les personnes âgées (rôle potentiel des nouveaux médias pour l’aménagement de leur mode de vie et pour leur intégration sociale). secteur professionnel recouvrant des études sur les pro- fessions de la communication (iransformations des qualifications, évolution des formes du travail, etc.), les professionnels de la culture et les artistes (nouveaux marchés de la culture et leurs effets sur le travail) et, de façon plus générale. sur les autres professions touchées par l’introduction des nouvelles technologies (impact sur les conditions de travail et sur l’exercice des fonc- tions).

Le chômage appréhendé àpartir des effets négatifs et positifs des nouvelles technologies sur le chômage et du rôle po- tentiel des médias pour aider les chômeurs.

Les problèmes ruraux comprenant l’étude de l’accès aux nouvelles technologies et de ses conséquences pour les populations rurales.

C e groupe a par ailleurs suggéré la création d’un indicateur des médias européens qui comprendrait la collecte de don- nées statistiques sur les anciens et les nouveaux médias. Ces données seraient intégrées dans une banque de données informatisée pouvant donner lieu à la production d’un Atlas européen des médias qui serait périodiquement réactualisé.

Le groupe de travail sur la documentation et l’échange d’information a recommandé les initiatives suivantes : U n répertoire des chercheurs européens en communication. U n inventaire des périodiques européens sur la communica-

tion de masse et les technologies de communication, comprenant le recensement des journaux scientifiques et des bulletins de liaison et également la liste de la << littérature grise >) produite en ce domaine par les in- stances européennes par exemple.

La création d’un réseau d’information électronique pour les chercheurs en communication.

Les participants ont souligné l’importance d’engager des études sur les effets des nouvelles technologies, sur le trans- fert et l’échange d’information et sur les difficultés soule- vées par la standardisation des procédures documentaires au niveau international. Par ailleurs, le développement de la coopération entre les institutions publiques et les institutions privées est apparu souhaitable. Il aété également recomman- dé d’élargir le réseau Comnet afin de couvrir tous les pays européens et de réviser le thésaurus en communication de masse de l’Unesco de manière à mieux cerner les nouvelles technologies.

Ces trois consultations régionales organisées par l’Unesco ont permis de connaître les difficultés rencontrées

par la recherche dans les différentes parties du monde et de déterminer les priorités d’études. L’éparpillement des re- cherches, le manque d’information non seulement sur les activités menées dans d’autresrégions du monde mais égale- ment sur celles des pays voisins et la quasi-absence d’études comparées constituent un bilan unanime. Aussi les partici- pants à ces manifestations ont-ils fait appel à l’Unesco pour jouer un rôle de coordination internationale et d’information multilatérale. Ces recommandations ont servi d’orientation à la définition plus précise du programme de l’Unesco sur les nouvelies technologies qui s’est élaboré parallèlement à la tenue de ces consultations.

Le programme de l’Unesco Le soutien de l’Unesco à la promotion de la recherche sur l’impact socioculturel des nouvelles technologies s’est con- crétisé dans les programmes et budgets biennaux correspon- dant à la réalisation du Plan à moyen terme pour les années

Selon le programme et budget pour 1984-1985 (docu- 1984-1989.

ment 22 C/5 approuvé) :

U n programme de recherches sera élaboré sur les conséquences de l’évolution accélérée des technologies de la communication sur les sociétés et sur les cultures - entre autres sur les créateurs et les artistes. C e programme de recherches, qui couvrira la période du deuxième Plan h o y e n terme, devrait égaiement permettre d’éclai- rer la signification et d’étudier le fondement conceptuel de la w société d’information B qui caractérise déjàla situation actuelle de certaines sociétés (par. 03110).

L’impact de la technologie recouvre une préoccupation transversale à la mission de l’Unesco et cette question interfere avec une grande partie des programmes de l’Orga- nisation et est citée à plusieurs reprises dans le programme et budget pour 1984-1985. Elle est évoquée dans les program- mes suivants : << L’éducation pour tous », << Conception et mise en oeuvre des politiques de l’éducation », << Education, formation et société », << Les sciences et leur application au développement », << Systèmes d’information et accès à la connaissance », << Principes, méthodes et stratégies de I’ac- tion pour le développement », << Science, technologie et société >> et << L a culture et l’avenir ».

Il convient de relever quelques aspects de ces program- mes. Ainsi, dans le Secteur de l’éducation : << U n bilan des tendances et des perspectives des applications de l’informa- tique et de l’utilisation des ordinateurs dans l’éducation sera préparé en liaison avec les activités des autres programmes et sous-programmes concernés ... >> (par. 04245). Dans le Secteur de la culture : << U n soutien sera apporté à la mise au point et à la coordination d’un programme d’études interdis- ciplinaires et prospectives sur l’impact des nouvelles techno- logies sur la culture et les identités culturelles des pays industnalisés ... >> (par. 11262). Dans le Secteur des activités générales : << Développement des études sur les normes propres à régir les modalités d’application du droit d’auteur faceà l’évolutiondes techniquesdediffusion desoeuvres ... >> (par. 15136).

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Le Programme et budget pour 1986-1987 (document 23 C/5 approuvé) insiste sur la stimulation de la recherche par les actions de programme suivantes :

Contributionintellectuelleet financière àlaréalisationde30études comparatives sur l’impact socioculturel des nouvelles technologies de la communication, compte tenu de la problématique liée au droit d’auteur et d’autres questions de nature économique ou juridique qui peuvent intéresser l’Unesco dans ses domaines de compétence, en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Europe, en Afrique, dans les États arabes, en Asie et dans le Pacifique ... Collecte, synthèse et diffusion semestrielle d’une documentation de base ainsi que des conclusions des recherches menées dans toutes les régions du monde SUT l’impact socioculturel des nouvelles techno- logies de la communication (par. 03105).

Augmentation et systématisation des échanges entre institutions de recherche et de documentation dans le domaine de la communica- tioa y compris l’automatisation et le développement du réseau Comnet, qui devrait comprendre, à la Fin de l’exercice biennal, au moins un centre régional et deux centres nationaux supplémen- taires; révision des normes utilisées en matière de documentation, de façon à inclure dans le Thésaurus de la communication de masse des descripteurs correspondant aux nouvelles formes et technolo- gies de la communication (par. 03104).

Inventaire et évaluation, aux niveaux national, régional et interna- tional, des besoins et ressources en matière de développement de la communication, notamment par la constitution d’une base de données etlapublicationd’unrapportpériodique sur lasituationde la communication dans le monde (par. 03304).

Le Programme et budget pour 1988- 1989 (document 24 C/5 approuvé) prévoit la poursuite et l’achèvement des travaux définis pour le Plan à moyen terme (par. 03104 et 03106).

E n raison des réductions budgétaires liées au retrait des États-Unis d’Amérique et du Royaume-Uni de l’organisa- tion, la totalité du programme prévu n’a pu être réalisée. Néanmoins, l’Unesco a engagé une série d’actions de sou tien à la recherche.

L’aide à la recherche

Quelques études ont été réalisées dans différentes régions du monde sur les applications des nouvelles technologies et sur les problèmes juridiques, économiques et socioculturels soulevés par ces dernières (voir la liste de ces études en annexe).

Ces études réalisées par des structures de recherche nationales ou régionales se démarquent des recherches comparéesengagées antérieurementpar1’Unescoquiétaient effectuées à partir d’une problématique et d’une méthodolo- gie communes. L’Unesco n’a pas eu ici le m ê m e rôle d’orga- nisation et d’encadrement des études et a privilégié une action d’encouragement et de catalyseur de Uavaux suscep- tibles de fournir des données comparées.

Par ailleurs, un recensement des travaux existants a été effectué à partir de l’établissement de plusieurs inventaires des recherches engagées sur divers continents. Ces répertoi- res régionaux comprennent la liste des études achevées ou en cours présentées avec un résumé qui précise les thèmes des recherches, la méthodoloEie employée et les grands résul- tats. Ces synthèses annotées ont été effectuées pour I’Amé-

rique latine, les États arabes, l’Asie et le Pacifique, l’Afrique et les pays de l’Europe occidentale et orientale.

Deux conférences se sont aussi tenues en Europe qui ont permis de faire le point, l’une sur l’état duRéseau numérique à intégration de services, l’autre sur les possibilités du lance- ment d’études comparées entre différents pays européens.

L’échange d’information

L’Unesco a participé à la création d’un réseau d’information pour la région de l’Amérique latine, à la suite de la recom- mandation de la consultation de Floride qui avait souligné le manque chronique d’information des chercheurs latino- américains sur les études ayant trait aux nouvelles technolo- gies et les difficultés de communication enne les divers centres de recherche réparus dans la région. C e réseau s’est concrétisé par la publication d’un bulletin de liaison NTCI NCT fournissant des informations sur les recherches en cours, les politiques et les projeis de communication, les événements scientifiques et des références bibliographi- ques. C e bulletin, financé avec l’aide de l’Unesco et réalisé par le Cenire d’étude sur la culture transnationale de 1’IPAL (Institut pour l’Amérique latine) à Lima, a été régulièrement produit et diffusé de 1986 à 1988, puis n’aplus été publié en raison de difficultés financières. Sa reparution prochaine est prévue.

Par ailleurs, un répertoire sur la recherche en communi- cation dans les pays d’Europe occidentale a été réalisé par 1’Idate (l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications enEurope), avec le soutien de l’Unesco et de la Communauté européenne. Il recense 200 organismes publics et privés participant à la recherche en communication et comprend une liste de 400 chercheurs et consultants qui spécifie leurs domaines de recherche. Deux mille publications parues depuis 1980 font aussi partie de cette base de données informatique << h o m e >> qui est accessible en ligne sur le serveur Echo de la Communauté européenne. C e catalogue est également disponible sous une forme imprimée en deux volumes (Organismes et chercheurs). Cette base de données apour objectif de faciliter l’échange d’informations entre les chercheurs européens.

La documentation

Le Réseau international des centres de documentation sur la recherche et les politiques de communication (Comnet) a été amélioré conformément au programme et budget approuvés pour l’exercice biennal 1986-1987 (par. 03104).

Une réunion des membres de Comnet s’est tenue en juin 1987 à Singapour qui a permis d’effectuer une évaluation critique de ce réseau et d’en tirer des résolutions concrètes pour faciliter l’extension et la bonne marche du réseau.

La révision du Thésaurus a permis une meilleure norma- lisation intcmationale des procédures bibliographiques et l’inclusion de nouveaux descripteurs adaptés aux nouvelles technologies de lacommunication. C e travail sera achevé en 1990.

Parailleurs.1eprojetd’automatisation normaliséeduré- seau est toujours encours etdevrait êtreconcrétisé àla lumière des résultais del’étudede faisabilité engagée àcet effet.

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Chapitre II

La recherche sur les nouvelles technologies de communication : état de l’art

L’arrivée des nouvelles technologies a fait évoluer la recher- che en communication de diverses manières. Certes, elle a d’abord été l’occasion de développer de nouveaux thèmes et terrains d’étude, mais elle a également contribué à une mise en question des problématiques tant au niveau théorique que méthodologique. Le champ de la recherche sur les nouvelles technologies n’apparaît aujourd’hui en rien structuré et il rassemble des travaux hétérogènes qui s’inscrivent dans des problématiques de divers types.

Les chercheurs en ce domaine font face à des problèmes spécifiques qui iimitent leur champ d’action et ne permettent pas à la recherche de répondre encore pleinement aux ques- tions urgentes suscitées par la diffusion des nouvelles tech- nologies de communication.

Les difficultés de la recherche Les chercheurs qui étudient les nouvelles technologies de communication sont confrontés à des problèmes de divers ordres : scientifiques, politiques et matériels.

Sur le plan scientifique, les nouvelles technologies conduisent à une remise en question des disciplines de recherche traditionnelles. E n effet, la complexité croissante des systèmes de communication et l’impact multisectoriel des nouvelles technologiesbouleversent les champs d’étude. L’interfaçage croissant entre l’audiovisuel, l’informatique et les télécommunications conduit à une grande confusion technologique et rend ardues la définition des objets d’étude et la délimitation des terrains empiriques. A u niveau intema- tional, le développement des flux de l’information immaté- rielle, qui dépassent les frontières des États, se prête de plus en plus difficilement à une évaluation statistique qui se heurte à des ensembles flous d’informations volatiles. En outre, lesretombées socioculturelles des nouvelles technolo- gies qui touchent de façon égale les secteurs de la culture, des loisirs, de l’éducation et du travail brouillent les limites traditionnelles des sphères d’activité et soulèvent de sérieu- ses questions théoriques et rnéthodologigues pour les cher- cheurs.

La nouvelle donne qui s’opère dans le champ de la communication accroît également les difficultés des études

comparées. Les situations d’équipement en nouvelles tech- nologies varient fortement d’un pays à l’autre et leur impact difRre selon le milieu culturel de leur insertion. Aussi la définition de projets communs, à partir d’une homogénéité de thèmes et de méthodologies pour des études qui puissent être menées parallèlement dans divers pays, devient-elle un exercice très complexe.

La question se pose aussi du rôle des chercheurs dans l’éiaboration des politiques de communication. La prévision dans le domaine des nouvelles technologies est une tâche extrêmement difficile qui requiert la prise en compte d’une multitude de paramètres dont certains se prêtent difficile- ment à une quantification. Or la demande des décideurs politiques qui désirent obtenir rapidement des données pré- visionnelles fiables est souvent irréaliste. Le dialogue entre la communauté scientifique et les décideurs politiques demeure donc souvent embryonnaire, les chercheurs opérant le plus souvent dans la tour d’ivoire de leurs laboratoires, tandis que les politiques agissent sans grande interrogation sur la portée et les effets de la diffusion des nouvelles technologies. Les résultats des études scientifiques souffrent d’ailleurs le plus souvent d’une maigre diffusion qui atteint rarement les sphères du pouvoir.

Face à la profusion des nouvelles technologies qui appelle à un grand développement des études, la communau- té des chercheurs en sciences de la communication paraît bien démunie. D’une part, les chercheurs ne sont pas nom- breux, m ê m e dans les pays industrialisés, et sont souvent disséminés et isolés dans des universités ou des centres de recherche à vocation multiple. D’autre part, les décideurs et promoteurs de ces technologies privilégient les études de marché et d’évaluation effectués par des bureaux de conseil privés, études qui sont destinées à fournir des résultats opérationnels pour leur politique commerciale. L’intérêt pour les besoins réels du public et les effets socioculturels dcs nouvelles technologies n’est pas prioritaire, et la recherche de type académique qui soulève des questions plus générales et fondamentaies, vit le plus souvent des maigres crédits alloués par des organismes publics.

Le manque de moyens caractérise donc la recherche sur l’impact socioculturel des nouveaux médias, la dimension économique et commerciale bénéficiant davantage de res- murces financières que les questions de nature sociale. A

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l’insuffisance des crédits de recherche s’ajoutent d’autres difficultés matérielles parmi lesquelles la documentation figure en bonne place.

Les problèmes d’accès et de circulation de l’information Les chercheurs en communication sont confrontés à des difficultés de documentation de divers ordres qui vont de la carence à la pléthore. L a situation dans les pays en dévelop- pement se caractérise soit par le manque de structures docu- mentaires nationales, soit par l’insuffisance de matériels disponibles sur la communication dans les centres de docu- mentation nationaux. Dans les pays industriels, les sources documentaires sont en générai abondantes, mais le plus souvent dispersées. Une partie seulement des centres de documentation est automatisée, souvent au moyen de systè- mes informatiques non normalisés, ce qui pose aux cher- cheurs des problèmes d’accès et de gestion de la documen- tation. De plus, l’information sur les références bibliographi- ques des pays étrangers est en général insatisfaisante, ren- dant difficile la connaissance des recherches menées dans la région ou dans d’autres parties du monde.

Les besoins des chercheurs dans le domaine de la documentaion sont multiples et portent sur les références bibliographiques, les thèmes et les méthodes des recherches en cours ou prévues, les séminaires et les conférences scien- tifiques, les centres documentaires. les banques de données et les logiciels de traitement automatique des données.

E n l’état actuel de la situation, seul le réseau Comnet se propose de rémédier aux carences de l’échange d’informa- tion documentaire aux niveaux régional et intemational. C e réseau, créé en 1969, est une structure informelle d’échange d’information à vocation supranationale qui repose sur l’adhésion volontaire de centres de documentation. La plupart des centres sont régionaux c o m m e Nordicom (pays scandinaves), Arabcom (certains États arabes), Carimac (pays des Caraibes), Cecom (pays de l’Europe de l’Est), Ciespal (Amérique latine), Amic (Asie), Cesti (Afrique fran- cophone), ACCE (Afrique anglophone). Mais certains centres nationaux sont également membres de Comnet c o m m e Admac (Autriche), Bibliocom/Badicom (Canada), CMCR (Royaume-Uni), Ibercom (Espagne), IFP (France), Isiss (Union soviétique). L e centre de documentation en communication de l’Unesco (CDC) fait également partie du réseau, l’Organisation jouant un rôle moteur de soutien à Comnet. D’autres centres documentaires se sont déclarés intéressés à joindre le réseau. Néanmoins, de vastes zones géographiques ne sont toujours pas couvertes par Comnet, parmi lesquelles on compte les États-Unis d’Amérique, la République fédérale d’Allemagne, le Japon, la Chine et l’Australie.

Comnet fournit une infrastructure souple et décentrali- sée qui est loin d’être pleinement opérationnelle. Le bon fonctionnement du réseau est obéré par un manque récurrent de ressources financières et par d’autres contraintes liées à des facteurs structurels et culturels. Les centres membres de Comnet sont d’importance fort inégale, certains étant dotés

d’un vaste fonds documentaire en communication géré par des spécialistes tandis que d’autres ne disposent encore que de peu de documents et d’un personnel fort réduit. Par ailleurs, la diversité des procédures d’indexation et des analyses bibliographiques conduit àune grande disparité des références. Les problèmes linguistiques et les divergences entre les intérêts des utilisateurs de chaque centre rendent difficile une harmonisation des structures et des formes documentaires. L e manque de moyens limite aussi l’échange d’information et de documents entre les centres qui ne peut s’effectuer de façon systématique.

Tous ces problèmes expliquent les obstacles soulevés par la coordination du réseau qui exigerait la création d’un bulletin de liaison entre les centres et la mise en place d’une coordination plus formelle, sinon m ê m e d’un secrétariat permanent, afin de veiller au respect des principes de Com- net et à la standardisation des normes documentaires.

L’Unesco a financé, sur son programme ordinaire ainsi qu’au moyen de ressources extrabudgétaires. la révision du Thésaurus de Comnet qui se fonde sur le Thésaurus en com- munication de masse de l’Unesco devenu obsolète. A u début de l’année 1987, un questionnaire a été envoyé à tous les membres de Comnet afin de recueillir leurs suggestions sur la standardisation des références et des procédures d’indexa- tion c o m m e sur l’addition de descripteurs spécifiques aux nouvelles technologies. C e travail a été réalisé avec le concours de la Fédération internationale des documenta- listes et, c o m m e il l’a été précédemment mentionné, est en cours d’achèvement. L’adoption de ce nouveau Thésaurus devrait permettre de créer une langue commune entre les centres de documentation et de faciliter l’utilisation de l’information échangée.

L’automatisation de Cornnet est une autre priorité destinée à permettre un accès direct aux banques de données de chaque centre. L’informatisation de certains centres est déjàavancée, mais l’accroissement des inégalités de moyens entre les divers centres et l’harmonisation ultérieure des systèmes informatiques (compatibilité des matériels et des logiciels de gestion documentaire, standardisation des pro- cédures d’accès. etc.) soulèvent des problèmes. Les résultats de l’étude de faisabilité réalisée par Services Documentaires Multimedia Inc. devraient déboucher sur la mise en place de l’informatisation du réseau qui apparaît c o m m e la solution la plus adéquate pour remédier aux carences de l’échange d’information et pour rendre le réseau opérationnel.

Par ailleurs, la parution, en 1989, du Rapport sur lu communication dans le monde s’avère aussi être un apport précieux pour les chercheurs. C e volumineux document, qui repose sur une initiative du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) de l’Unesco, est d’abord destiné à fournir un outil de références globales à l’usage des décideurs, des planificateurs, des gestionnaires et des praticiens de la cornmunication.

Cet ouvrage, auquel ont conmbué 44 collaborateurs spécialisés, 20 Commissions nationales poiu l’Unesco et 119 organisations internationales et régionales, est en effet une entreprise unique d’information sur le champ de la com- munication. Il présente un vaste panorama de la situation de la communication à travers le monde et rassemble des don- nées inédites, en particulier sur les pays en développement.

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Les données descriptives et statistiques rassemblées dans ce rapport constituent un guide précieux pour les chercheurs en communication. Les deux derniers chapitres du Ruppori répondent en effet directement aux préoccupa- tions des chercheurs.

Le chapitre consacré aux références d’information, à la recherche et à la documentation fournit un inventaire des principales institutions et organisations de recherche aux niveaux régional et international et une liste sélective de périodiques scientifiques et d’ouvrages de référence ainsi qu’une bibliographie thématique.

Le chapitre sur les statistiques de la communication rassemble des données précises, pour chaque pays, dans les secteurs suivants : les médias écrits (quotidiens, périodiques, livres), les bibliothèques, le cinéma (production de films, importation et exportation de films, audience), la radio et la télévision (production par genres de programmes, équipe- ments de transmission et nombre d’appareils de réception, données sur les institutions de radio-télévision : modes de propriété et de financement, catégories de personnel em- ployé), les services postaux et télégraphiques (nombre de bureaux de poste, services de télégrammes) et les télécom- munications (équipement et trafic téléphonique, services du télex, transmission de données, satellites de communication, revenus et dépenses des services de télécommunications). Par ailleurs, des données intersectorielles sontprésentks sur la balance commerciale, les revenus de la publicité et l’im- portation et l’exportation d’équipement et de programmes dans le domaine de la communication. Certaines statistiques ne sont pas disponibles pour quelques pays en développe- ment. Toutes les statistiques ont été vérifiées, ce qui n’exclut pas bien sûr une marge d’erreur due aux modes de collecte locaux. Maisdans l’ensemblela quantitédesdonnées fournit une bonne grille d’analyse sur la situation de la communica- tion et les équilibres et déséquilibres interrégionaux. L’effort accompli dans le regroupement de ces statistiques internatio- nales détaillées fait du Rapport un guide de consultation indispensable aux chercheurs.

Les sept autres chapitres offrent également des sources importantes d’information pour la recherche. Les secteurs abordés sont les suivants : << L a coopération en matière de communication aux fins du développement H (coopération internationale, régionale et bilatérale) ; <<Les technologies de la communication B retraçant l’évolution des nouveaux mo- yens de cornmunication et leurs applications dans divers pays, << Les tendances économiques et industrielles », qui recouvrent les questions de propriété et de financement des médias, des économies de marché et des initiatives de coo- pération régionale ; << L’emploi et la formation >> ; c La circulation de 1’ information », traitant de la diffusion et de la circulation des nouvelles, des programmes télévisuels, des films et cassettes vidéo, des disques et cassettes musicales et des flux de données ; << L’évolution de la réglementation », chapitre qui aborde les différents instruments de régulation dans les secteurs de la liberté de l’information, de la protec- tion de la propriété intellectuelle, des télécommunications, de l’informatique et de la sécurité individuelle ; << Les nou- velles approches de la communication et les nouveaux pu- blics », sur les expériences d’alternative au modèle dominant de la communication (médias communautaires, etc.), sur les

femmes dans la communication (images de la femme dans le contenu des médias, emploi des femmes dans les médias, médias alternatifs de femmes), ainsi que sur l’enseignement des médias et la jeunesse.

Les initiatives fondées sur le partenariat international sont certesencourageantes, maisleseffortsdemeurent insuf- fisants pour obvier aux carences en documentation, dans les pays en développement en particulier. Or ces derniers sont aujourd’hui confrontés aux problèmes des transferts de tech- nologie et ils ont un besoin prioritaire d’informations de nature technique mais aussi de nature plus générale sur les modalités des applications et de l’impact des nouvelles technologies.

La diversité des problématiques de recherche La recherche en communication a toujours été, par nature, pluridisciplinaire. Les études s’inscrivent en général dans une discipline principale : économie. politique, droit, socio- logie, éducation, psychologie, etc. Les recherches sur les nouvelles technologiesn’échappentpas 2 cette distinctionde champ. Elles s’inspirent aussi des grands cadres théoriques développés par la recherche en communication de masse, et les travaux menés aujourd’hui présentent ainsi souvent une filiation, m ê m e lâche, soit avec le courant empirique soit avec le courant critique.

Sur le plan théorique, la recherche sur les nouvelles technologies ne se borne toutefois pas à une simplereproduc- tion des modèles antérieurs. L a situation actuelle se caracté- rise en fait par un éclectisme des orientations théoriques qui traduit une effervescence intellectuelle et la recherche de nouveaux cadres conceptuels pour penser et inkrpréter les processus de communication. L’introduction de l’interacti- vité dans les systèmes de communication bouleverse en effet le schéma linéaire allant de la production à la réception. Les nouvelles technologies gomment les frontières entre la communication de masse et la communication interperson- nelle. La nouvelle offre de communication modifie les ter- mes du marché aux niveaux national et intemationai. Les cadres institutionnels et juridiques éclatent au profit de nouvelles formes de réglementation des systèmes de com- munication. Cette évolution contraint les chercheurs à un réexamen des anciens paradigmes.

Sur le plan méthodologique, la distinction usuelle entre les travaux quantitatifs et les travaux qualitatifs vaut pour la recherche sur les nouvelles technologies. A côté des enquê- tes quantitatives qui tentent de mesurer les retombées écono- miques ou sociales des nouvelles technologies, un regain d’intérêt peut être observé pour les études qui font appel aux méthodes qualitatives. C o m m e les pratiques des nouveaux médias ne sont pas encore bien définies et demeurent en cours d’élaboration, les approches qualitatives permettent une observation plus fine des mécanismes d’adoption, des modalités d’usage et des incidences de ces nouveaux outils. L’emploi des techniques quantitatives et qualitatives se conjugue donc parfois dans les projets de recherche sur les nouvelles technologies.

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L’examen de la situation de la recherche dans les diffé- rentes régions du monde montre de grandes disparités. L a recherche sur les nouvelles technologies paraît bien amorcée dans les pays industrialisés qui bénéficient de plus grands moyens en personnel et crédits de recherche, tandis que les pays en développement sont affectés par la faiblesse des structures de recherche et, de plus, sont moins concernés par les nouvelles technologies qui y sont moinsrépandues.

Les inventaires régionaux établis à la demande de l’Unesco sur les études achevées ou en cours permettent de dresser un tableau global de l’état de la recherche dans le monde. Ces répertoires, qui comprennent une liste d’études Commentées, ne peuvent certes pas être exhaustifs, mais malgré les limites inhérentes à ce type d’exercice, ils fournis- sent quelques indications sur les grandes tendances et sur la nature des travaux menés dans les différentes régions du monde.

E n Amérique latine, la recherche souffre d’un manque de financement qui a conduit à l’intenuption de nombreux projets d’étude. Sur les quarante études recensées, plus de la moitié sont effectuées par le Brésil, suivi par l’Argentine, le Venezuela, le Chili et le Mexique. Les problématiques développées portent essentiellement sur l’impact des nou- velles technologies dans l’industrie et sur les effets de l’informatisation sur les conditions de travail. Il existe peu d’études sur les problèmes sociaux et culturels soulevés par les nouvelles technologies. Dans les Caraïbes, les rares études relevées portent surtout sur la situation des médias et les politiques de communication.

L’Asie paraît mieux couverte par la recherche. Les thèmes sont variés et concernent aussi bien les mass media queles nouvelles technologies : satellites de communication, informatisation, impact sur l’emploi, en particulier. Toute- fois, un grand nombre d’études sont sectorielles, couvrent des terrains très limités et sont souvent des travaux de maîtrise ou de doctorat. La région fait également face au manque de crédits et le rapport pour l’Unesco mentionne que seules deux études ont pu bénéficier de crédits suffisants pour effectuer une recherche d’envergure. Ces travaux por- tent sur l’introduction de la télévision nationale par le biais du satellite Paiapa en Indonésie et sur l’impact socio-écono- mique du téléphone rural en Thailande.

Dans les États arabes, l’intérêt se porte de façon priori- taire sur les retombées culturelles des nouvelles technolo- gies. L’impact de la réception de programmes de fiction étrangers -transmis par les satellites ou par la vidéo- sur le mode de vie et les valeurs traditionnelles constitue la préoc- cupation essentielle des chercheurs.

Dans les pays de l’Europe de l’Est, la recherche est inégalement développée. L’introduction des nouvelles tech- nologies dans les organismes de communication et leur impact sur le travail des professionnels est un thème d’étude. Des travaux empiriques sont aussi conduits sur le développe- ment de la vidéo, de la télévision par câble et par satellite c o m m e sur les usages de la micro-informatique. La recher- che sur les nouvelles technologies reçoit une attention crois- sante en Hongrie, en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie, en particulier.

Les pays de l’Europe de l’Ouest présentent la plus grande quantité d’études qui répondent à des problématiques

et à des thèmes divers. L a situation de la recherche varie d’un pays à l’autre, mais, dans l’ensemble, l’accent mis sur les dimensions techniques et sur l’impact économique et juridi- que des nouvelles technologies semble l’emporter sur la recherche consacrée à leurs effets sociaux et culturels, thème qui se révèle moins porteur, en particulier auprès des orga- nismes de financement privés. L’importance des études d’évaluation et de marché n’exclut toutefois pas un question- nement scientifique plus large sur les modalités et les réper- cussions de la propagation rapide des nouvelles technologies dans ces pays.

Par ailleurs, les nouvelles technologies ont été l’occa- sion pour plusieurs pays européens de lancer des program- mes nationaux d’études sur ce thème qui rassemblent les chercheurs disséminés dans des centres de recherche ou des universités. Parmi ces initiatives, il convient de relever le programme PICT (Programme sur les technologies de l’in- formation et de la communication) au Royaume-Uni, les programmes de recherche néerlandais et finlandais consa- crés aux implications sociales de la technologie de l’infor- mation, le programme de la République fédérale d’ Allema- gne sur l’acceptation sociale des développements technolo- giques, le groupe de recherche N Communication B en France et la Fondation pour le développement de la fonction sociale des communications - Fundesco - en Espagne. E n outre, l’Institut européen de la communication, à Manchester, et l’Idate, à Montpellier, effectuent de nombreuses recherches sur les nouvelles technologies de communication en Europe.

La coopération entre chercheurs européens aégaiement été amorcée par l’intermédiaire de publications communes, comme celles réalisées sur les médias électroniques et les politiques de communication en Europe occidentale, par I’Eurornedia Research Group. Des groupes de travail euro- péens se sont aussi organisés, sur le Réseau numérique à intégration de services, aidé par l’Unesco, par exemple. Quelques études comparées sont également engagées à l’ini- tiative de centres de recherche de divers pays européens, comme l’équipe Eurocommunication Recherches qui se penche sur l’évolution des systèmes de communication. Par ailleurs, le soutien de la Communauté européenne se mani- feste avec sonprogrammeFast (Forecasting and Assessrnent of Science and Technology), qui finance des recherches sur divers aspects des nouvelles technologies, dont un grand projet traitant de leur impact futur sur l’industrie des médias dans dix pays de la Communauté.

E n raison de la transnationalisation croissante des sys- tèmes de communication, les recherches comparées s’impo- sent de plus en plus aujourd’hui c o m m e une des principales sources d’enseignement sur leurs retombées économiques, sociales et culturelles. Les efforts de coopération entre cher- cheurs appartenant à la m ê m e région et à diverses régions du monde doivent être encouragés afin de contribuer à une capitalisation des études menées.

C e bref exposé souligne bien les déséquilibres de la si- tuation delarechercheentre lesdifférentesrégionsdumonde et l’urgence d’y remédier. L’essentiel des études sur les nouvelles technologies provient des pays industriels avan- cés. Les pays du Sud sont affectés par un manque d’infra- structure de recherche et de financement et sont certes moins concernés aujourd’hui par les nouvelles technologies que les

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pays du Nord. Néanmoins, le soutien a la recherche dans les pays en développement paraît particulièrement nécessaire car les chercheurs de ces pays ne doivent pas être mar- ginalisés dans la communauté scientifique, mais pleinement intégrés afin d’avoir accès à des données pertinentes sur les nouvelles technologies qui se propagent peu à peu dans leur région et qui suscitent des besoins de recherche particuliers.

Les problématiques des recherches menées dans diffé- rentes régions du monde permettent de dresser une hste de questions qui touchent à l’économie des systèmes de com- munication, aux aspects institutionnels et juridiques, aux enjeux culturels, aux dimensions sociales et aux implications Cducatives. L’articulation de cette synthèse se greffe sur ces différentes thématiques.

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Chapitre III

L’explosion de la production de l’information

La décennie des années 80 est marquée par une croissance spectaculaire de la production de l’information qui s’est accompagnée de changements profonds d’ordre technologi- que, institutionnel et économique.

Les nouvelles technologies conduisent en effet à une multiplication et à une diversification des infrastructures de transmission et de réception comme à une prolifération de l’information sous toutes ses formes : programmes audiovi- suels, logiciels, bases de données, etc.

L’ << ère de l’information M entraîne un réexamen m ê m e de la notion d’information qui devient assimilée à une donnée produite, stockée, traitée et transmise. Les systèmes de communication occupent une place de plus en plus grande dans les appareils économiques. Cette << révolution B est source de changements structurels qui conduisent à un redé- ploiement de l’appareil économique des sociétés. Dans les pays industrialisés, définis de plus en plus comme post- industriels, le secteur de l’information, qui comprend la production, le traitement et la distribution de l’infomation, rassemble, selon les travaux de l’Organisation de coopéra- tion et de développement économiques (OCDE). entre le tiers et la moitié ou plus de la population active, situation qui gagne également certains pays de l’Europe de l’Est, comme la Hongrie, et certains nouveauxpays industriels de 1’Asiedu Sud-Est, par exemple.

Cette nouvelle donne de la production s’accompagne d’évolutions institutionnelles car les nouvelles technologies ébranlent l’ordre établi. L e mouvement de déréglementation des syslèmes de communication amorcé dans les pays capi- talistes avancés contribue à l’élaboration de nouveaux édifi- ces juridico-politiques et économiques qui ne sont pas sans conséquence sur la communication internationale.

LES bouleversements du champ de l’information sont multiples et la complexité de ces phénomènes interpelle la communauté des chercheurs. Les problématiques dévelop- pées sont diverses et couvrent, entre autres, les secteurs de la communication audiovisuelle, de l’informatisation des so- ciétés et de la transnationalisation des systèmes de commu- nication.

Les bouleversements de la communication audiovisuelle

L’émergence d’une nouvelle donne dans le domaine de la communication audiovisuelle se traduit par plusieurs fac- teurs : un accroissement substantiel de l’offre de program- mes, un effritement du monopole des radios et des télévi- sions publiques, l’apparition de nouvelles stratégies média- tiques et d’une nouvelle économie de la communication.

L’extension de l’offre de programmes est en partie liée aux innovations technologiques du hardware qui se mani- festent par une démultiplication des canaux de diffusion. Le câble, le satellite et la vidéo modifient profondément le paysage audiovisuel mondial, et l’invasion des progmnmes se répand à travers toutes les régions du monde.

Le nombrecroissant de satellitesoffreàlaproduction de programmes la possibilité d’étendre son aire de diffusion et de rentabilisation aux niveaux régional et international. Près de cent satellites de communication véhiculant des images vidéo ont été lancés depuis le début des années 80. Par ailleurs, l’arrivée récente des satellites de radiodiffusion directe, au Japon et en Europe en particulier (satellites français TDF 1, luxembourgeois Astra et britannique BSB), annonce une nouvelle modalité de transmission et la pro- messe de la réception d’une multitude de programmes.

Le câble connaît aussi des progrès spectaculaires. Les réseaux de câblo-distribution quintuplent leurs capacités et peuvent désormais diffuser plus de 35 programmes tandis que l’aménagement de voies de retour enrichit cette techno- logie de fonctions interactives qui permettent l’apparition de la télévision multiservices. comme le téléachat. Par ailleurs, des expérimentations de télévision interactive par câblage en fibre optique se développent en divers lieux. A la fin des années 80. l’équipement en télévision par câble demeure le plus répandu en Amérique du Nord (les taux de pénétration dans les foyers équipés de téléviseurs sont d’environ 65 % pour le Canada et de 50 % pour les États-Unis) et dans les petits pays européens (Belgique 86 %, Pays-Bas 67 %, Luxembourg 66 %, Norvège 25 %) alors que les autres pays de cette région commencent à s’équiper. L e câble est aussi présent dans certaines agglomérations des pays de l’Europe de l’Est (Yougoslavie, Hongrie) et dans certaines métropoles

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des pays en développement (Mexique et Argentine, par exemple).

Cette nouvelle offre technique de réception télévisuelle se double d’une nouvelle offre de programmes qui se traduit, entre autres, par l’apparition de grandes chaînes thémati- ques, consacrées notamment à des programmes de variétes ou de films (comme H o m e Box Office, Sky Channel, The Movie Channel, Première, etc.), de musique (Music Box, etc.), d’information (Cable News Network), de programmes pour les enfants (Disney Channel, Children’s Channel, etc.). Ces nouvelles chaînes sont transmises par le relais des satellites, à destination des abonnés du câble en Amérique du Nord et en Europe mais quelques programmes sont aussi reçus par la voie hertzienne.

Toutefois, la révolution la pius significative, à l’échelle mondiale, dans le domaine de la communication audiovi- suelle réside aujourd’hui dans l’explosion de la vidéo, tech- nologie qui pénètre dans toutes les cultures. Le magnétos- cope est désormais un bien d’équipement ordinaire. Les taux de pénétration de la vidéo dans les ménages équipés en télévision sont les plus Clevés dans les États arabes du Golfe où ils atteignent environ les trois quarts des foyers disposant d’un téléviseur. Dans les pays industrialisés, les taux de pénétration se situent entre le tiers et plus de la moitié des foyers, les proportions étant sensiblement les mêmes dans les nouveaux pays industriels, tandis que certains pays en déve- loppement mt aussi des taux d’équipement relativement élevés, la vidéo devenant un bien courant pour la petite fraction des ménages qui disposent de la télévision.

Ainsi, l’explosion du hardware et du sofhvare dans le secteur audiovisuel conduit-elle à un effritement des modè- les de la télévision monolithique et de la diffusion de masse qui remet en cause les schémas de la communication tradi- tionnelle et offre des temains d’investigation privilégiés pour la recherche.

Les bouleversements du secteur audiovisuel sont parti- culièrement sensibles dans les pays capitalistes avancés (Japon, Amérique du Nord et surtout Europe de l’Ouest) où la déréglementation des systèmes de communication na tio- naux conduit à de véritables mutations.

E n Europe occidentale, en particulier, l’audiovisuel subit de profonds changements liés à la fin des monopoles audiovisuels publics. Dans le domaine de la radiodiffusion, cette mesure avait déjà conduit dans les années 70 à une profusion de stations de radio commerciales sur la bande FM. C’est le secteur télévisuel qui s’ouvre désormais aux intérêts privés conduisant à une nouvelle abondance de canaux. Avec l’arrivée de la télévision commerciale, de nombreux pays européens qui n’avaient connu pendant plusieurs décennies que le système de télévisions publiques voient désormais le nombre de leur chaînes doubler, voire tripler. O n observeainsi lacréation de chaînes commerciales comme Italia 1, Rete 4 et Canale 5 en Italie, Channel 4 au Royaume-Uni, la Cinq et M6 en France, deux chaînes privées en Espagne, ou de chaînes à péage comme Canal Plus en France et en Espagne, et Kanal 2 et Week-End TV au Danemark.

La déréglementation est un phénomène dont la mise en oeuvre s’opère selon des modalités institutionnelles et juri- diques spécifiques à chaque pays et qui donne lieu à des

études de cas et àquelques travaux comparés. Les recherches montrent que la privatisation et la commercialisation de l’audiovisuel s’accompagnent de l’élaboration de nouveaux cadres réglementaires destinés à préserver les intérêts des chaînes publiques, à réguler la concurrence et les marchés publicitaires, ainsi qu’à fixer aux chaînes des quotas pour la diffusion de programmes nationaux. Les nouveaux disposi- tifs juridiques nationaux s’accompagnent également de mesures régionales c o m m e celles édictées par la C o m m u - naud européenne pour la transmission des programmes culturels de la région. Les règles de la concurrence se plient néanmoins difficilement à ces dispositifs réglementaires qui subissent de nombreuses entorses.

La déréglementation conduit en fait à une modification profonde du paysage audiovisuel qui af€ecte directement les télévisions publiques. Les études d’audience montrent, comme en France, une régression significative de ces derniè- res au profit des télévisions privées, m ê m e si, à plus long terme, la politique de qualité de l’audiovisuel public peut conduire à une remontée de l’écoute, comme le prouve 1 ’expérience i taiien ne.

L’évolution des systèmes de communication nationaux ne paraît pas seulement liée à un changement des cadres institutionnels et juridiques. Les pays qui n’ont pas modifié leurs structures audiovisuelles connaissent eux aussi les retombées de l’innovation technologique. La diffusion de programmes par satellite accroît l’offre de programmes dans les pays de l’Europe de l’Est. par exemple, qui reçoivent les émissions de la première chaîne de la télévision soviétique et m ê m e de la télévision allemande ou autrichienne dans les zones limitrophes.

Par ailleurs, la captation individuelle de progammes étrangers au moyen d’antennes paraboliques se développe dans certains pays c o m m e dans les Carailes et en Algérie. C e phénomène demeure toutefois marginal par rapport à la propagation de la vidéo qui, selon les études, réduit les audiences des télévisions nationales des pays du Sud qui se trouvent confrontées à une situation de concurrence inédite. Ainsi, on assiste à l’apparition d’une sorte de (< déréglemen- tation spontanée B qui ne touche pas à la législation, mais qui, en fait, produit des brêches dans les systèmes de communi- cation nationaux.

Le nouvel espace audiovisuel au niveau international est source de marchés hctueux qui s’accompagnent de l’émer- gente de nouvelles logiques industrielles et commerciales et d’un renforcement de la transnationalisation. D e nouvelles stratégies médiatiques se dessinent autour d’une restructura- tion des groupes de communication et d’une accentuation de la concentration, comme le montrent les recherches.

L’extension du marché télévisuel attire ainsi de grands groupesdepresse qui diversifient leurs activités. Lesconglo- mérats multimedias sont surtout développés aux États-Unis d’Amérique (cas du groupe Time Life, par exemple, qui possède HBO, Tristar Pictures, etc.) et au Japon, mais ils apparaissent aussi en Europe avec la diversification des groupes Bertelsmann, Maxwell et Hachette, et en Australie avec le Groupe Murdoch, qui s’est déjà implanté sur plu- sieurs continents.

Les nouveaux marchés suscitent aussi l’intérêt de grou- pes privés extérieurs au champ de la communication, mais

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qui s’implantent désormais dans ce secteur, c o m m e le groupe Berlusconi qui possède plusieurs réseaux de télévi- sion dans divers pays européens et le groupe Bouygues en France, qui, appartenant initialement au secteur du bâtiment, a racheté la première chaîne du secteur public.

Les formes de concentration dans le secteur de la com- munication recouvrent des modalités diverses. Les stratégies d’intégration horizontale tendent soit à regrouper des entre- prises de m ê m e nature afin de bénéficier d’économies d’échelle (concentration des sociétés de production, par exemple), soit à diversifier les activités des entreprises (groupes multimédias). Les intégrations verticales, qui per- mettent de contrôler l’ensemble des fonctions de production, de programmation et de distribution, constituent l’une des tendances actuelles qui se manifestent en particulier dans le secteur de la télévision par câble.

Les processus de concentration en cours sont éminem- ment complexes et sont l’occasion de l’enchevêtrement de stratégies diverses qui se développent sur les grands marchés nationaux mais aussi sur les marchés internationaux.

Dans le secteur des médias, les études menées montrent que les entreprises transnationales appartiennent à trois différents types qui recouvrent soit la propriété ou le contrôle d’industries culturelles étrangères, soit le contrôle de ré- seaux de distribution dans des pays étrangers, soit la con- quête de positions dominantes sur les marchés internatio- naux de la vente de produits médiatiques. Ces formes d’in- ternationalisa tion des groupes de communication tendent aujourd’hui à se combiner et donnent lieu, sous la pression des intégrations verticales, à l’apparition de nouveaux con- glomérats aux frontières fluctuantes et encore mal définies qui requièrent des études spécifiques.

L e phénomène de transnationalisation, qui avait d’abord touché les agences de presse, s’est ensuite étendu aux compagnies de production et de distribution de films et intéresse aujourd’hui, avec l’expansion des satellites, le secteur de la production et de la distribution télévisuelle.

Les firmes transnationales de communication qui con- trôlent les marchés internationaux du film et de la télévision sont majoritairement américaines ou britanniques, mais d’autres pays percent également sur ces créneaux, c o m m e la France. Cependant, on assiste aussi à la montée des indus- tries de production cinématographique et vidéo de l’Inde, de l’Egypte, de Hong Kong, du Mexique et du Brésil, firmes dont le fonctionnement s’apparente de plus en plus à celui des transnationales et qui s’implantent dans des zones cultu- relles régionales et pénètrent m ê m e sur le marché internatio- nal.

Les travauxde techerche sur les flux internationaux des matériels, dont la plupart ont été commandités par l’Unesco, sont aujourd’hui bien connus. Les résultats montrent le déséquilibre des flux d’échange de matériels (informations, livres, disques, films, séries télévisuelles) qui s’effectuent essentiellement du Nord vers le Sud. Aujourd’hui, la crois- sance de l’offre de programmes conduit à une forte demande et accentue encore la prépondérance de l’importation de programmes, essentiellement nord-américains, dans les pays en développement, mais aussi dans d’autres régions du monde, c o m m e l’Europe, qui ne disposent pas des mêmes capacités de production.

Quelques recherches ont été menées sur la transnationa- lisation dans les secteurs du film, de la télévision et de la publicité. Des études de cas ont également démontré son impact sur les systèmes de communication de différents pays, dont l’Argentine et la Thailande.

Mais l’apparition récente de nouvelles formes de con- centration des groupes transnationaux appelle de plus am- ples recherches afin de discerner plus finement leurs modes d’opération et les stratégies qui se mettent en place, c o m m e leurs retombées sur l’organisation de la communication internationale.

Une autre évolution du secteur de l’audiovisuel réside dans une diversification des formes de financernent. L a publicité demeure une source de revenus importante et la multiplication des chaînes de télévision commerciale lui ouvre de nouveaux marchés qui affectent souvent la part des recettes publicitaires des chaînes publiques. La recherche montre que le secteur publicitaire est lui-même gagné par un processus accéléré de concentration et que les groupes trans- nationaux renforcent leur position et diversifient leurs modes d’intervention. Les nouvelles stratégies publicitaires s’orientent vers des formules de sponsoring de programmes ou m ê m e de «bartering », l’annonceurproduisant et fournis- sant un programme intégral à une chaîne. D e plus, les firmes de publicité cherchent dans les marchés d’autres régions un moyen de regagner des audiences perdues dans les pays industrialisés par la diffusion du magnétoscope et par I’in- tense pratique du zupping qui permet aux téléspectateurs d’utiliser leur télécommande pour éviter les spots publicitai- res.

Le développement des coproductions inaugure égaie- ment un autre mode de financement qui permet de faire face aux coûts élevés de la fabrication de films de grande enver- gure. Ces opérations rassemblent des producteurs de divers pays et se développent en particulier entre organismes pu- blics, c o m m e le montrent certains projets culturels réalisés par les télévisions publiques européennes ou africaines.

Par ailleurs, en Amérique du Nord, les donations de fondations privées à des chaînes thématiques du câble ser- vant des intérêts particuliers (religieux, culturels, etc.) de- viennent courantes.

Une des innovations les plus marquantes réside toute- fois dans le financement par le consommateur lui-même. C’est le cas bien sûr de la location ou de l’achat de films vidéo, mais aussi de la télévision qui développe diverses formules d’abonnement. La télévision payante se répand sur le câble, avec le paiement d’un péage poix l’accès à des chaînes spécifiques (puy rv) ou à des émissions (puy per view). Lesréseaux dediffusion hertzienne adoptentaussi peu à peu cette méthode avec l’apparition de chaînes cryptées à péage qui requièrent pour leur réception l’acquisition d’un décodeur et le paiement d’un abonnement.

Ainsi, le financement de la production audiovisuelle repose de plus en plus sur la mixité des ressources et débouche sub des scénarios divers qui se prêtent à des études économiques.

Cette brève synthèse des implications des nouvelles technologies dans le secteur de la production audiovisuelle indique combien celui-ci subit de profondes mutations à l’khelle mondiale. La croissance considérable de l’offre se

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fonde sur des facteurs d’ordre technologique, institutionnel et économique qui soulèvent une série de questions auxquelles la recherche commence juste à répondre.

L‘avancée télématique Dans la prolifération de l’information au niveau mondial, les produits médiatiques n’occupent plus la place prioritaire face à la montée de l’information spécialisée. Les nouvelles technologies, par leurs capacités de saisie, de traitement et de transmission de données, contribuent à la production et à l’échange d’informations de diverse nature (commerciale. financière, scientifique, etc.) qui deviennent un facteur important de l’économie mondiale. Ainsi, on assiste à un élargissement de la définition de l’information qui traverse tous les secteurs d’activité. Cette nouvelle production de l’information repose largement sur le développement de l’interconnexion des technologies de l’informatique et des télécommunications, communément appelée télématique.

La recherche dans ce secteur est encore récente et nettement moins développée que sur la communication des médias, discipline qui bénéficie d’une tradition bien ancrée. Mais elle commence néanmoins à défricher quelques aspects de ce vaste ensemble qui soulève des problèmes d’ordre conceptuel et surtout méthodologique de grande ampleur.

La croissance fulgurante de l’informatique au cours des années 80 produit une situation nouvelle qui présente deux caractéristiques majeures : la domination des f i e s transna- tionales dans ce secteur et un fort déséquilibre de la réparu- tion de cette technologie au niveau international.

L’industrie de l’informatique s’est en effet imposée d’emblée c o m m e une industrie mondiale qui repose sur une grande homogénéité des produits. La construction de maté- riels est majoritairement assurée par des firmes multinatio- nales qui possèdent des filiales en dehors de leur pays d’origine et capturent l’essentiel des marchés internatio- naux. Parmi elles, IBM occupe la première place et impose de faitdes standards internationauxdecompatibilitéavec ses produits. Les principaux groupes informatiques sont améri- cains (IBM, DEC, Unisys, CDC, NCR, Hewlett Packard) ou japonais (NEC, Hitachi, Fujitsu), m ê m e si certains pays européens sont parvenus à se tailler une part du marché, comme les firmes allemande Siemens et française Bull, ou d’autres compagnies plus petites, dans la micro-informa- tique en particulier.

Parailleurs, l’informatisation accélérée des pays capita- listes avancés contraste avec le retard des autres régions du monde et surtout des pays en développement qui, en 1984, selon des statistiques de l’International Data Corporation (IDC), ne représentaient que 6 % du marché mondial de l’informatique, cette part se répartissant inégalement entre les régions suivantes : Amérique latine 58 %, Asie 28 %, États arabes 8 %, Afrique 5,3 9%.

L’équipement en informatique au niveau mondial demeure aujourd’hui mal connu. L a collecte de statistiques se heurte en effet à des problèmes d’ordre méthodologique (définition harmonisée des types de matériels) et à i’impor- tation anarchique et souvent illégale (de micrc-ordinateurs surtout) dans certaines régions qui échappe à tout recense-

ment systématique. Les modèles d’équipement en informatique présentent

des caractéristiques différentes selon les régions du monde. Dans les pays capitalistes avancés, on peut aujourd’hui parler d’une véritable informatisation des sociétés. L’ordi- nateur se répand dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, la fabrication indusmeiie, avec la conception assistée par ordi- nateur et la robotique, s’automatise de plus en plus ; la presse et l’édition évoluent fortement avec l’introduction de la publication assistée par ordinateur (PAO) tandis que le secteur des services est de plus en plus gagné par la bureau- tique. La croissance fulgurante de la micro-informatique permet l’équipement des petites entreprises et cette techno- logie se diffuse aussi auprès des particuliers. Des enquêtes montrent que le taux de pénétration des micro-ordinateurs aüeint plus du tiers des foyers aux États-Unis d’Amériqueet au Royaume-Uni, par exemple.

Dans les pays de l’Europe de l’Est i’informatique est moins répandue, mais on assiste aussi, après un premier équipement de gros centres informatiques dans les institu- tions et administrations publiques, à une production encore limitée et à une importation relativement récente de micro- ordinateurs qui commencent, selon les études, à s’implanter non seulement dans divers secteurs d’activité, mais aussi dans les foyers, c o m m e en Hongrie, par exemple.

Les pays en développement ne forment pas non plus un bloc monolithique et les études menées permettent de distin- guer trois cas principaux.

Les pays à grdnd marché intérieur (comme l’Inde et le Brésil) encouragent la création d’une indusirie de l’infoma- tique endogène. Leurs politiques visent à construire un pôle de production de nouvelles techonologies et à assurer I’indé- pendance nationale dans ce secteur. Néanmoins, les politi- quesprotectionnistes adoptéesaudébutdes années80ontdû être assouplies, les matériels locaux ne répondant pas tou- jours aux critères de lacompétitivité internationale. Les pays en question tendent aujourd’hui à une politique d’équilibre entre le soutien à leur industrie nationale et l’importation de certains matériels et composants.

Les pays en voie d’industrialisation rapide mais à faible marché intérieur, c o m m e les pays de l’Asie du Sud-Est (Taïwan, Hong Kong, Singapour), produisent un volume important de matériels informatiques destinés à I’exporia- tion. Ils benéficient de leur position de zones franches comme d’une main-d’oeuvre qualifiée à bon marché et deviennent le lieu d’implantation privilégié des filiales des firmes transnationales, d’origine étrangère.

Enfin, les pays les moins avancés sont entièrement tributairesde l’importation du hardware et dusofmare. Leur informatisation demeure pour le moment essentiellement concentrée dans les administrations qui s’équipent en ordi- nateurs à grande capacité. Mais cette option centralisatrice parait temporaire car l’arrivée massive et souvent incontrô- lée des micro-ordinateurs dans certains pays, comme le Nigéria, bouleverse ce schéma et crée une situation nouvelle dont les conséquences demeurent encore difficiles à cerner.

Dans le domaine du sofmare, le phénomène de concen- tration de l’industrie est nettement moins prononcé et une multitude d’entreprises se sont lancées dans la production de logiciels. O n observe toutefois aujourd’hui l’apparition de

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grosses compagnies, c o m m e les sociétés de service et de conseil en informatique qui tentent de s’imposer sur le marché international. Les principaux foumisseurs demeu- rent localisés dans les pays industriels avancés, européens en particulier, mais certains pays du Sud développent aussi une industrie du logiciel, c o m m e c’est le cas en Inde, en Asie du Sud-Est et au Mexique.

Ainsi, la situation mondiale de l’informatique présente de fortes disparités tant au niveau des équipements que des stratégies d’implantation. Le phénomène de transnationaii- sation est l’élément dominant surtout dans le hardware. Les grands groupes informatiques bénéficient de rentes de situa- tion qui leur permettent d’édicter des règles de productivité et de concurrence qui désavantagent les petits producteurs.

Les recherches dans ce champ portent majoritairement sur les pays capitalistes avancés les plus touchés par l’infor- matisation. Elles s’orientent autour de problématiques diver- ses c o m m e l’acceptabilité et les modes de diffusion de l’informatique, l’évolution des modes d’organisation des entreprises, les incidences économiques de l’informatique. Certains travaux ont aussi été réalisés en Amérique latine et en Asie sur les retombées de l’informatisation dans I’indus- trie et le secteur des services. Néanmoins, ces études demeu- rent ponctuelles et l’urgence se fait sentir de recherches plus larges et approfondies sur l’impact économique et social de l’informatique dans les pays de l’Europe de l’Est, dans les nouveaux pays industriels et aussi dans les pays les moins avancés, gagnés égalemen1 par cette technologie.

A la croissance de l’informatique, répond celle des télécommunications, infrastructure de transmission qui a connu aussi de grands progrès au cours des dernières années. Cette industrie qui, en volume représente trois fois le secteur informatique, est en plein essor. C e secteur est dominé par les firmes japonaises, européennes et américaines qui sont les principales exportatrices d’équipement à travers le monde. La multiplication des canaux par la voie du cgble terrestre ou sous-marin ou par celle des satellites augmente considéra- blement les possibilités de transmission tandis que l’interfa- çage des télécommunications avec l’informatique donne naissance aux flux transfrontières des données qui sont devenus un pôle dominant des échanges internationaux.

Les activités de saisie, traitement, classement, mise en mémoire, stockage et diffusion de données constituent un grand secteur de production d’information spécialisée. L e contenu de cette dernière recouvre des domaines variés : données administratives, commerciales, financières, à ca- ractère scientifique, technique ou éducatif, fichiers. C e sec- teur de l’information est particulièrement développé dans les pays capitalistes avancés et est devenu un élément clé de leur économie.

L’information spécialisée connaît de nombreux clients parmi lesquels figurent les institutions gouvernementales et internationales, les centres de recherche et de documenta- tion, les industries et le secteur des services. L’équipement en terminaux de données est donc primordial pour avoir accèsàcetteinformation.Lesannées 80ontétémarquéespar une augmentation rapide du parc mondial de terminaux de données, mais les statistiques collectées dans le Rapport sur [a communication dans le monde montrent que si les pays industrialisés sont chacun équipés de plusieurs dizaines de

milliers d’unités, les pays en développement n’en comptent chacun, dans le meilleur des cas, que quelques centaines et le plus souvent beaucoup moins.

Au niveau mondial, l’échange d’information spéciali- Sée représente une part subsiantielle de l’économie interna- tionale, dont le chiffre d’affaires, en l’absence de statistiques précises, est globalement évalué à plusieurs milliards de dollars des États-Unis. Les activités de service et les in- dustries à forte consommation d’information (institutions fi- nancières, compagnies aériennes, assurances, entreprises multinationales) sont les principaux acteurs des flux transfrontières de données.

La recherche dans ce domaine se heurte toutefois à de graves difficultés car les statistiques sur le volume de ces khanges sont quasi inexistantes. C o m m e le souligne le Rapport sur la communication dans le monde, la quantifica- tion de ces transferts n’est pas disponible auprès des instan- ces internationales des télécommunications chargées d’éva- luer le trafk mondial car les activités de transporteur des organismes de télécommunications ne leur permettent pas d’entrer dans le contenu des transmissions et donc de distin- guer les divers types d’échanges qui s’opèrent sur les cir- cuits. Par ailleurs, ces informations font rarement l’objet d’inscriptions dans la comptabilité des entrepnses utiiisatri- ces et sont le plus souvent considérées par ces dernières c o m m e confidentielles.

Malgré ces contraintes, quelques recherches ont été menées sur ce secteur qui soulèvent des questions économi- ques, institutionnelles et juridiques.

Certains travaux concernent l’interdépendance qui s’établit entre l’économie mondiale et les flux transfrontiè- res et soulignent la contribution de ces derniers au renforce- ment de la position dominante des entreprises transnationa- les (informations sur les marchés, sur la concurrence, sur les prix, etc.).

D’autres recherches s’interrogent sur le rôle et la place des pays en développement dans ces circuits d’information. La participation des pays défavorisés à ces échanges peut leur ouvrir l’accès à une série de données, en particulier à caractère scientifiqueet technique, qui sont concentréesdans les pays industrialisés et qui s’avèrent d’une grande utilité pour le développement. Mais les études montrent aussi la situation de dépendance favorisée par ces flux, ces pays étant de grands fournisseurs d’informations, de nature économi- que et commerciale surtout (sur les ressources naturelles, les marchés, la concurrence, etc.), qui sont transmises et traitées dans les pays industrialisés, souvent au profit des trans~tio- nales. Les flux transfrontières de données sont ainsi l’occa- sion d’une reproduction de la division internationale du travail, les pays en développement étant producteurs de matières premières (les données) qui sont ensuite manufac- turées dans les pays du Nord.

Les travaux de recherche ne sont encore guère nom- breux dans ce secteur qui demande un intérêt accru et exige des travaux empiriques importants pour mesurer concrète- ment les retombées des flux transfrontières de données sur les systèmes économiques des diverses régions du monde.

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L‘ère des réseaux L‘interconnexion croissante des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel accroît considérablement le nombre des circuits de tiansmission de l’information qui s’organisent de plus en plus en réseaux.

Les réseaux de communication modernes connaissent aujourd’hui une profonde mutation. Les nouvelles technolo- gies sont d’abord source d’une amélioration des réseaux traditionnels, c o m m e l’automatisation du réseau téléphoni- que et l’augmentation considérable des capacités de trans- port de l’information. Par ailleurs, les nouvelles technolo- gies sont à l’origine de la création de nouveaux réseaux d’ordre technique c o m m e les réseaux de télématique ou de radiodiffusion directe, ou d’ordre économique avec l’émer- gence de nouvelles structures d’exploitation et de gestion.

Les incidences de cette nouvelle (( ère des réseaux H sur les diverses régions du monde commencent à se manifester et ne sont probablement que les signes annonciateurs de bouleversements plus importants à venir.

Les nouveaux réseaux de communication ouvrent un large champ à la recherche qui se heurte à la complexité des systèmes qui se mettent en place tant au niveau des infra- structures que des contenus et des modes d’opération. Les études en ce domaine ne sont pas encore très nombreuses et les problématiques concernent la prolifération actuelle des réseaux, II diversité de leurs configurations techniques, économiques et institutionnelles et leur retombées sur le système de la communication internationale. 11 s’agit d’évo- quer ici les principales innovations, liées au développement des réseaux, qui ont été recensées par la recherche.

A la notion de réseau est aujourd’hui associée celle de nouveaux services, communément définis comme services à valeur ajoutée, qui représentent une forte valeur marchande.

Les utilisateurs professionnels sont les principaux clients des nouveaux services de communication, parmi lesquels on recense : la télécopie, la visioconférence. l’accès aux banques de données, le traitement de données à distance et le courrier électronique. Tous ces services sont offerts à travers une grande quantité de réseaux, mais l’apparition des réseaux à large bande passante, qui permettent de véhiculer une grande quantité d’information sous forme numérique, conduit à un regroupement de ces circuits.

Parmi les nouveaux réseaux, ceux du vidéotex occupent une place importante. Cette nouvelle technologie permet, par la voie du réseau téléphonique et de son interfaçage a v K un ordinateur équipé d’un modem ou avec un terminal spécifique, l’accès à une quantité de banques de données, l’accomplissement de transactions commerciales et I’ache- minement du courrier électronique. L e vidéotex a donné lieu à une série d’applications professionnelles.

Les réseaux professionnels (internes et externes aux entreprises) se développent rapidement et font l’objet d’étu- des économiques qui mesurent leurs effets sur la vie des entreprises (productivité, performance, organisation in- terne) et sur les mutations qu’ils entraînent au niveau de l’emploi (évolution des postes de travail, réduction de per- sonnel, etc.). Les enquêtes menées montrent des résultats variés, mais s’accordent pour reconnaître que les réseaux conduisent à de nouvelles méthodes de gestion et de diffu-

sion de l’information professionnelle. Les foyers se branchent aussi de plus en plus sur des

réseaux. Ainsi, le récepteur de télévision devient un terminal de banques de données avec l’apparition du télétexte, diffusé par voie hertzienne et qui assure, avec l’aide d’un décodeur, l’accès à des informations générales c o m m e les nouvelles, la météorologie et les spectacles. C e nouveau service n’est pas interactif et demeure limité à certains pays Capitalistes avan- cés et à certains pays socialistes c o m m e la Hongrie. Les réseaux du câble inaugurent, en revanche, la télévision inter- active multiservices qui offre, grâce à des voies de retour, de nouveaux services de téléachat et d’éducation à distance qui sont s m u t développés en Amérique du Nord.

Les particuliers accèdent aussi au réseau télématique et le vidéotex leur fournit une multitude de services d’informa- tion et de transaction (opérations bancaires, téléachat) comme de loisirs (jeux, messagerie électronique). La télé- matique grand public est, pour le moment, surtout dévelop- pée en France où elle touche environ 15 % des foyers en 1989.

Les consommateurs privés représentent un vaste mar- ché potentiel pour les réseaux et, déjà, des recherches sont entreprises sur le développement prochain de la G d o m e tique B qui fournira, entre autres, des services de télégestion et de télésécurité.

Dans la floraison actuelle des réseaux, la forme techno- logique la plus avancée est préfigurée par le Réseau numéri- que à intégration de services (RNIS) destiné à des usages professionnels et résidentiels.

Ainsi, l’Europe a adopté en 1986 une recommandation pour l’introduction coordonnée du RNIS dans la C o m m u - nauté, portant sur les normes, les tarifs, les services et le calendrier. Le RNIS en est encore à ses débuts mais il permettra, dès le début des années 90, une amélioration des communications téléphoniques et le transport d’une multi- tude de téléservices allant de la téléphonie à la télécopie et au transfert de données. L e Réseau numérique à intégration de services est également en voie de développement aux États- Unis d’Amérique et au Japon. Des chercheurs s’intéressent aux stratégies développées par les opérateurs et les fournis- seurs de services, à la prévision économique sur la rentabilité du système et aux types de services susceptibles d’être offerts.

Les nouveaux services interactifs, à destination des consommateurs privés et professionnels, sont en voie d’ex- pansion et concentrés dans les pays capitalistes avancés où ils donnent lieu à une série d’études sur leur diffusion et sur leurs usages. Ils préfigurent une nouvelle forme de commu- nication et commencent déjà à s’implanter dans d’autres régions du monde (cas du vidéotex au Brésil par exemple).

Les réseaux à haute technologie se développent selon une logique essentiellement commerciale et les nouveaux services qu’ils offrent font l’objet de tanfications en général élevées. Cette nouvelle marchandisation de l’information s’oppose au modèle de l’information du service public et modifie le rôle de l’usager qui devient de plus en plus un client.

L’extension de la commercialisation de l’information est aujourd’hui un courant dominant. Elle est, en partie, liée au mouvement de déréglementation en cours qui entraîne

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une vasterestructuration du champ des télécommunications. L’effritement du monopole dans ce secteur s’est déjà produit aux États-Unis d’Amérique et au Japon, et se manifeste partiellement en Europe occidentale. L’évolution présente concourt à une intégration des services de communication traditionnels avec les nouveaux services de transmission et de télétraitement de données. Les opérateurs traditionnels des télécommunications diversifient de plus en plus leurs activités (cas des Bell Operating Companies aux États- Unis), tandis que sur le marché apparaissent de nouveaux opérateurs privés. L e secteur lucratif des télécommunica- tions est en pleine mutation et fait l’objet de nombreuses recherches qui analysent les stratégies à l’oeuvre, les nou- veaux acteurs et l’émergence de nouvelles concentrations.

Les réseaux sont de nouveaux marchés irès fructueux qui attirent les convoitises des grandes firmes et donnent lieu à l’apparition de nouvelles logiques industrielles et commer- ciales. Ils sont l’occasion du développement d’une concen- tration verticale qui voit de nouvelles alliances se former entre les secteurs de la production, du traitement. de la transmission et de la distribution de l’information. Ces nouvelles stratégies d’intégration sont particulièrement sensibles dans le secteur de la télévision par câble où les études montrent l’apparition de conglomérats regroupant des câbio-opérateurs et des câblo-producteurs associés à des compagnies vidéo et à des studios de cinéma.

La recherche montre que la déréglementation des systè- mes de télécommunications n’a pas seulement des inciden- ces dans les pays où elle est appliquée. Elle affecte aussi les échanges internationaux en introduisant peu à peu d’autres règles de gestion et des systèmes de prix qui perturbent la concurrence internationale.

Ainsi, les réseaux de communication spatiale intercon- tinentale sont affectés par l’entrée de nouveaux opérateurs privés, comme le satellite américain Pan Am Sat ou luxem- bourgeois Astra. L’extension du marché des télécommuni- cations spatiales et la place prise par la transmission des données et les services professionnels sont source d’une forte concurrence entre les opérateurs, en particulier sur l’axe de l’Atlantique Nord où l’on enregistre le plus fort volume de trafic, concurrence qui modifie les bases de la tan fication.

Le marché des satellites est en pleine expansion et évolue avec les programmes spatiaux des pays en dévelop- pement. Les satellites de ces pays sont d’ailleurs également touchés par la croissance des flux commerciaux de l’infor- mation, et des études ont montré l’évolution des objectifs d’éducation et de développement des satellites promus par ces pays vers la primauté accordée aux applications lucrati- ves des transferts de données pour les grandes firmes privées et transnationales. Cette déviation du projet initial a été particulibement étudiée dans le cas du satellite Brasilsat.

L’amorce d’une déréglementation dans le domaine des communications spatiales remet en cause le système intema- tiond des satellites Intelsat qui est fondé sur des principes coopératifs et fonctionne sous un régime de péréquation des coûts favorable aux pays les plus démunis ne disposant pas de satellite. Ainsi, la privatisation des communications spa- tiales conduit à l’apparition de différents systèmes de satel- lites (à vocation nationale, régionale, internationale) et à des

transmissions de plus en plus diversifiées tant au niveau des contenus que des tarifs. Cette évolution ouvre un vaste champ à la recherche.

Par ailleurs, à plus long terme, le développement des réseaux numériques à fibre optique, privilégiés par les opé- rateurs des pays industrialisés, ne sera pas sans répercussion sur le marché des satellites.

U n autre axe de la recherche porte sur le processus de transnationalisation enclenché par les réseaux. Ces derniers contribuent au renforcement des firmes transnationales qui dominentle marchéaussi bien de l’échange international des produits médiatiques que des flux transfrontières de don- nées. Ces firmes interviennent au niveau du hardware comme du sofhvare et fondent leur puissance sur une forte concentration du capital et sur des stratégies agressives d’implantation sur le marché mondial.

A côté de la domination exercée par les firmes américai- nes. japonaises et européennes. on observe la montée de nouveaux acteurs appartenant aux pays en voie d’industria- lisation qui interviennent dans l’échange international des produits audiovisuels en créant de nouveaux réseaux de distribution régionaux et dans la fourniture d’infrastructures de télécommunications dans leurs zones d’influence.

L’importance de la conquête des marchés contribue à un fort investissement dans la recherche technologique. Les pays riches accordent de gros crédits à la recherche-dévelop- pement. La concurrence des firmes américaines et japonai- ses en ce domaine a conduit la Communauté européenne à mettre en place un grand nombre de programmes de coopé- ration dans le secteur de la recherche scientifique et techni- que. Après le succès remporté par le programme Esprit (Eu- ropean Strategic Programme for Research in Information Technologies) lancé en 1984 et ayant conduit au finance- ment de plusieurs centaines de recherches conjointes entre industriels de la Communauté, le Conseil a adopté en sep- tembre 1987 un programme cadre pour la recherche et le développement pour la période 1987-1991, dont 40% des projets sont consacrés aux technologies de l’information et de la communication. Ainsi le programme Race (Research in Advanced Communication in Europe) comprend une cin- quantaine de projets concernant tant les technologies large bande que le développement des réseaux et leurs stratégies de mise en oeuvre. Par ailleurs, le projet Eureka, dont les frontières débordent celles de la Communauté européenne, encourage la recherche dans divers domaines des hautes technologies comme la télévision haute définition. Dans la course technologique, certains pays du Sud s’efforcent aussi de développer des pôles de recherche-développement, comme l’Inde en particulier.

Les nouvelles technologies de l’information conduisent à une accentuation de l’écart entre les pays industrialisés où elles sont largement concentrées et le reste du monde. L’es- sentiel des échanges d’information s’effectue dans le trian- gle composé par l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe occidentale. Les pays de ces zones sont les plus forts expor- tateurs et importateurs de hardware c o m m e de software. Les multinationales effectuent d’ailleurs 80 % de leur chiffre d’affaires dans ces régions. Les autres régions s’ouvrent de façon diverse aux nouvelles technologies qui se développent dans certains pays d’Europe de l’Est et dans quelques pays en

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voie d’industrialisation, tandis que se produit une marginali- sation accrue des pays les moins avancés.

La situation mondiale évolue vers une intrication de réseaux de nature diverse dont les configurations sont de plus en plus difficiles à saisir. Ces réseaux font l’objet d’une âpre concurrence entre les grands groupes de communication. L’enjeu est la conquête de vastes aires des marchés natio- naux et internationaux qui deviennent de plus en plus oligo- polistiques.

Les nouveaux réseaux créés par les technologies avan-

cées s’entrecroisent et deviennent de plus en plus complexes. Ils contribuent à accroître l’interdépendance des systèmes de communication mondiaux et soulèvent la question de l’inter- pénétration des économies de marché et des économies socialistes et de ses incidences à long terme.

L’ampleur prise par les réseaux à l’échelle mondiale paraît être une des caractéristiques majeures de l’évolution présente et future du domaine de la communication et con- duit à une nouvelle u géocommunication >> qui mérite un grand effort de recherche.

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Chapitre IV

Les nouvelles questions juridico-politiques

La prolifération de l’information s’accompagne de profonds changements qui touchent à la nature m ê m e de cette der- nière, et par voie de conséquence, à son statut. La dématé- rialisation de l’information va de pair avec la croissance des échanges invisibles qui traversent les frontières en toute hansparence et échappent de plus en plus au contrôle des États. L’arrivée de la télévision transfr0ntière.s bouleverse aussi les principes de souveraineté nationale. La complexité des réseaux de communication aux niveaux national, régio- nal et international s’intensifie et pose de réels défis au contrôle des instances réglementaires. L a progression quasi exponentielle de l’information s’inscrit aujourd’hui dans un vaste processus de commercialisation qui se greffe sur une tendance à la réduction des services publics et impose de nouvelles formes de concurrence qui affectent les équilibres de la coopération intemationale.

Dans les principaux pays occidentaux. les systèmes de communication (qu’il s’agisse des télécommunications ou de la radio-télévision) connaissent aujourd’hui une dérégle- mentation. Sa logique semble être celle d’une diminution de l’intervention de l’État dans le secteur de la communication, le marché devenant le principal lieu de sa régulation. Les systèmes de communication des pays industrialisés se sont construits sur des monopoles ou des oligopoles de droit ou de fait. Or, l’évolution économique et l’émergence des nouvel- les technologes ont provoqué un déséquilibre des systèmes existants et remis en cause les anciennes réglementations ; ainsi, l’imbrication croissante des techniques informatiques et des télécornmunications met en contact des secteurs tradi- tionnellement régis par des règles différentes.

La déréglementation des systèmes de communication est un processus complexe qui recouvre des formes juridi- ques et des modalités d’application variées selon les pays. Elle s’est traduite par un démembrement des monopoles de télécommunications - AïT en 1984 et la remise en cause d’htelsat aux États-Unis d’Amérique par exemple, NTT (Nippon Telegraph and Telephone Public Corporation) au Japon -et la privatisation d’organismes publics de télécom- munications comme British Telecom au Royaume-Uni. Dans le secteur audiovisuel, l’abrogation des monopoles publics sur lesquels se fondaient la plupart des systèmes de communication des pays de l’Europe occidentale a entraîné la création de chaînes de télévision commerciales, de chaînes

à péage, de radios et de télévisions locales, et la création d’organismes de contrôle indépendants comme la Cable Auîhority au Royaume-Uni et le Conseil supérieur de l’au- diovisuel en France.

Par ailleurs, la sphère des communications s’intematio- nalise de plus en plus, tant du fait de l’essor des nouvelles technologies qui font éclater les frontières que de celui des grands groupes industriels, et elle suscite de nouvelles règles tant au niveau intemational et régional que national. En outre, l’avènement prochain des réseaux à large bande et de la tklévision à haute définition pose de nouveaux défis qui amènent à repenser les cadres juridiques existants et dépas- sent les simples choix techniques pour apparaître comme des choix de société.

L’explosion de l’information crée donc de facto une situation nouvelle qui interpelle les États et la communauté internationale. Les problèmes soulevés sont multiples et posent, entre autres, les questions fondamentales suivantes :

La question de la maîtrise Avec l’invasion souvent anarchique de hardware et de software dans les champs de l’informatique, des télécommu- nications et de l’audiovisuel, dans la grande majorité des pays du monde, l’avancée technologique devient de plus en plus difficile à maîtriser, et les tentatives de planification d’un développement harmonisé de ces moyens se révèlen t de plus en plus inadaptées, voire inefficaces.

La question de la sécurité La complexité et l’extension des grands réseaux de commu- nication, en particulier des réseaux à large bande qui véhicu- lent différents types de signaux, les rendent de plus en plus vulnérables. L’interdépendance des systèmes accroît leur fragilitk, et une perturbation en un point donné présente de forts risques de répercussions en chaîne. Aux déficiences d’ordre technique se joignent des menaces d’ordre délic- tueux avec, d’une part, le développement des fraudes infor- matiques et, d’autre part, les possibilités de destruction intentionnelle, opérée à distance, des gros systèmes de don- nées et de transmission informatiques.

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La question de la protection

Les nouvelles technologies appellent à la mise en place de mesures de protection dans divers domaines. La défense de la propriété industrielle et de la propriété intellectuelle sou- lève le problème des droits d’auteur (protection des créateurs et des producteurs de produits audiovisuels ou informati- ques), menacés par l’ampleur internationale de la piraterie en ce domaine. L’importance prise aujourd’hui par les bases de données rend néeessaire la protection des libertés individuel- les. Enfin, la nouvelle économie des télécommunications terrestres et spatiales et les flux transfrontières de données requièrent l’élaboration de nouveaux cadres réglementaires qui garantissent les principes de la coopération intematio- nale.

La question de la souveraineté nationale

Les nouveaux réseaux de cornmunication internationale sont de plus en plus interdépendants et ne coïncident plus avec les frontières géographiques. Ils s’entrecroisent à l’inverse des temtoires nationaux et inaugurent une nouvelle spatialisa- tion de la communication. Les flux transfrontières de don- nées, la télévision sans frontière impliquent un réexamen du contenu de la souveraineté nationale qui devient largement entamée par l’internationalisation des circuits de I’informa- tion. Cettc question confronte les instances nationales et appelle à un renforcement de la concertation internationale.

Telles sont les grandes questions qui parcourent aujour- d’hui les problématiques des travaux juridiques menés sur les nouvelles technologies de communication. LesÉtats et la communauté internationale sont en effet confrontés à des situations inédites et d’une grande complexité. Le propos ne consiste pas ici à entrer dans le détail des débats et des textes juridiques qui mériteraient à eux seuls un travail spécifique. Il s’agit simplement de relever d’abord les principales impli- cations juridico-politiques soulevées par la diffusion des nouvelles technologies , puis de traiter de la piraterie infor- matique et audiovisuelle dans sadimension intemationaleet, enfin, d’aborder les fondements philosophico-politiques des enjeux juridiques.

Les dimensions juridiques et institutionnelles L‘internationalisation croissante des systèmes de communi- cation s’est développée de façon quasi spontanée et a révélé l’inadaptation des dispositifs juridiques existants pour con- trôler cette activité. Les nouveaux matériels et produits de communication échappent, de par leur spécificité, aux ca- dres réglementaires traditionnels qui ont régi jusqu’alors les systèmes de communication. Aussi le développement initial des nouvelles technologies s’est-il accompli dans une situa- tion de quasi-vacuité juridique qui s’est ensuite amendée par l’adoption a posteriori et progressive de textes réglementai- res aux niveaux international, régional et national. Ces nouveaux dispositifs ne couvrent pas encore l’ensemble des problèmes soulevés, mais apparaissent comme les premiers

éléments d’une nouvelle régulation internationale de l’infor- mation.

La protection des logiciels pose de sérieux problèmes juridiquesliésàlanaturedeceproduit qui peut seranger dans diverses catégories : droits d’auteur, brevets, marques dépo- sées ou secrets commerciaux. Les grands pays industriels ont appliqué au logiciel le régime des droits d’auteur et des lois ont été votées àcet effet aux États-Unis d’Amérique en 1980, au Japon, au Royaume-Uni, en France et en République fédérale d‘Allemagne en 1985. D’autres pays ont également établi des législations en ce sens, p m i lesquels l’Inde, les Philippines, Hong Kong, le Mexique et la Hongne. Certains pays ont appliqué au logiciel le régime des marques déposées (Norvège, Suisse, République de Corée) ou du secret com- mercial (Finlande) tandis que quelques autres ont adopté les deux systèmes, c o m m e la Belgique.

L’assimilation du logiciel au droit d’auteur soulève, selon le Rapport sur la communication dans le monde, certaines controverses au regard de la Convention de Berne et de la Convention universelle sur le droit d’auteur pour lesquelles la protection des droits d’auteur ne s’applique que dans la mesure où le logiciel est lisible par tous, ce qui s’avère rarement être le cas. Par ailleurs, la question se pose de l’identification de la part revenant à la création individuelle dans la production d’un logiciel. De plus, le problème demeure de l’abus éventuel du droit d’auteur pour protéger des systèmes de logiciels pouvant conduire à des situations de monopole sur le matériel contraires aux lois antitrust. C e bref aperçu des controverses en cours montre que la protec- tion des logiciels appelle de nouveaux travaux de recherche afin de mieux définir son statut.

Le grave problème de la piraterie audiovisuelle, c’est-à- dire de la copie illégale de bandes audio, de films ou de vidéogrammes, a été abordé dans un certain nombre de pays qui ont mis sur pied des textes juridiques pour interdire cette pratique et condamner les contrevenants. Par ailleurs, une réunion conjointe de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et de l’Unesco, qui s’est tenue en 1986 à Paris, a adopté une résolution pour encourager les États membres à introduire dans leurs législations nationales des textes propres à assurer le respect des droits de propriété des auteurs et créateurs audiovisuels, tels qu’ils sont garantis par les conventions internationales. E n 1988, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a émis des recommanda- tions relatives à la copie privée sonore et audiovisuelle et aux mesures visant à combattre la piraterie dans le domaine du droit d’auteur et des droits voisins. U n grand nombre de pays ont édifié des législations en ce sens, mais la pratique de la copie illégale prend néanmoins des proportions considéra- bles dans le monde entier.

La prolifération des bases de données dont certaines portent sur des données individuelles - dans les secteurs professionnel, médical et personnel, par exemple - a aussi donné lieu, dans certains pays, à l’adoption de législations spécifiques pour préserver les libertés individuelles et préve- nir un usage détourné de ces données. D e s dispositifs simi- laires sont à l’étude dans de nombreux pays. Par ailleurs, en 1980 et en 1985, l’OCDE a adopté des directives portant sur les flux transfrontières des données personnelles tandis que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté

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en 1986 une recommandation relative à la protection des données et à la liberté d’information.

Dans le secteur des télécommunications, les boulever- sements occasionnés par la prolifération des réseaux, la numérisation des circuits, la déréglementation des systèmes américain et japonais et la montée des nouveaux services à valeur ajoutée ont conduit l’Union intemationale des télé- communications àrevoir les cadres réglementaires existants. La Conférence mondiale de l’administration du télégraphe et du téléphone a conclu en décembre 1988, à Melbourne, le premier traité international portant sur des réseaux et servi- ces globaux intégrés de télécommunication. Les nouvelles réglementations internationales dans ce secteur devraient permettre de prendre des mesures pour assurer l’intercon- nexion des réseaux offerts au public, mettre sur pied des réseaux et services spécialisés et développer la comptabilité des transferts derevenus. Le nouveau traité doitprendreeffet en juillet 1990.

Par ailleurs, la question demeure du statut des échanges télématiques internationaux qui a donné lieu à la première négociation globale au sein du GATï (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) qui s’est tenue en Uruguay en 1986. Le commerce des services (télécommunications, information, films, publicité, flux monétaires, assurances, éducation, transports, données scientifiques, services juridi- ques) y a été abordé, L e contentieux demeure entre les pays, dont les États-Unis d’Amérique, qui prônent le libre échange et visent àun accord multilatéral sur la libéralisation totale de ces services et d’autres pays qui y voient une menace à lapré- servation de leur souveraineté et de leur culture nationales.

Il existe également une série d’instruments internatio- naux régissant, entre autres, les échanges de données, la radiodiffusion directe par satellite et lacirculation de l’infor- mation qui ont été adoptés dans le système des Nations Unies par les institutions spécialisées c o m m e l’Unesco, l’organi- sation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Ces problèmes de nature juridique ne se traitent pas seulement au niveau international. mais font également l’objet de recommandations ouderéglementations au niveau régional.

Les pays latino-américains ont ainsi entamé un proces- sus de concertation régionale engagée par le Club de Cali, en 1984, tandis que le projet Planeta sur les nouvelles stratégies des technologies avancées contribue à envisager une aire communautaire à la région.

Les pays africains tentent de réagir à l’équipement hétérogène et non coordonné en nouvelles technologies par l’élaboration d’une politique de coopération régionale. L e souci d’élaborer un N Projet africain de codéveloppement technologique >> a été exprimé dans la déclaration du Groupe de Yamoussoukro de mars 1985.

Mais aujourd’hui les initiatives régionales en vue d’har- moniser les politiques de communication se manifestent de façon toute particulière au sein de l’Europe.

Le Conseil de l’Europe avait ainsi adopté en 1976 un programme générai en matière de médias et d’activités relatives à l’information et à la communication. Plus récem- ment, le développement technologique a amené cette ins- tance à prendre de nouvelles mesures. E n 1981, l’Assemblée

parlementaire a adopté une recommandation relative aux questions soulevées par la télévision par câble et par la radiodiffusion directe par satellite. E n 1983. un plan d’action a été défini pour la télévision par satellite qui comporte, entre autres, des recommandations ayant hait à la réglementation de la publicité. E n 1984, le Comité des Ministres a émis une recommandation sur l’utilisation des capacités des satellites pour la télévision et la radiodiffusion sonore. Une recom- mandation a été formulée en 1986 sur le droit d’auteur dans le domaine de la télévision par satellite et par câble et sur l’adoption d’une politique culturelle pour protéger les créa- teurs européens et améliorer les possibilités de création et de diffusion. Par ailleurs, le Conseil de l’Europe a organisé plusieurs conférences ministérielles sur la télévision trans- frontières en vue de l’élaboration d’un projet de convention européenne sur la télévision transfrontières qui vise à établir des règles minima communes pour la circulation transfron- tières des programmes de télévision, à garantir la liberté de réception et à déterminer des normes de base concernant la programmation, la protection de la jeunesse, le droit de réponse transfrontières, l’indépendance éditoriale, le con- tenu européen des programmes et les règles relatives au parrainage et à la publicité. Cette Convention a été adoptée le 15 mars 1989 et avait été ratifiée par dix États en mai 1989.

La venue prochaine, à la fin de 1992, de l’union doua- nière européenne a conduit la Communauté européenne à prendre, pour sa part, une série de mesures en vue de la création d’un marché européen unifié de l’information, des télécommunications et de l’audiovisuel.

Le développement de l’espace audiovisuel européen est abordé par la Commission dans une perspective visant à autoriser la libre réception et retransmission dans tous les États membres d’émissions répondant à des dispositions spécifiques. E n 1985, la Communauté européenne a publié un livre vert sur l’établissement d’un marché commun de la télévision. La télévision transfrontières européenne fait l’ob- jet de nombreux débats portant sur la diffusion de program- mes européens et les quotas susceptibles de leur être fixés. Desdispositifs européenssontaussiàl’étudepourréglemen- ter la publicité (limitation du temps d’antenne, interdiction de la publicité pour le tabac, etc.), pour protéger la jeunesse (mesures ayant trait à la pornographie, à la violence, au racisme) et pour défendre les droits d’auteur. Ces dispositifs sont contenus dans la position commune arrêtée par le Conseil, le 13 avril 1989, visant à coordonner les activités de radiodiffusion télévisuelle, et sont à l’origine de la directive << Télévisions sans frontières >) adoptée le 3 octobre 1989. Par ailleurs, le programme Média vise à encourager le dévelop- pement de l’indusnie européenne des programmes télévisés au niveau de la production, de la distribution et du finance- ment, par une série de mécanismes d’aide à la promotion de programmes à dimension cornmunautaire. D e plus, les pays de la Communauté européenne, du Conseil de l’Europe et quatre pays de l’Europe de l’Est ont adopté en octobre 1989 un plan << Eurêka audiovisuel >> pour renforcer leur capacité de production télévisuelle.

Une activité importante de la Communauté européenne est aussi consacrée au développement harmonisé des équipe- ments et des réseaux ; le Réseau numérique à intégration de

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services (RNIS), dont le projet a été arrêté en 1986, préfigure la forme la plus avancée de cette coopération. U n ensemble de directives a été pris concernant la normalisation, pierre angulaire de l’ouverture des réseaux et de leur intercon- nexion, et des actions sont engagées dans le domaine de l’accès aux bases de données. La Communauté européenne a publié, en 1987, un livre vert sur le développement du marché commun des services et des équipements des télé- communications. Elle s’est attachée aussi à lever les ob- stacles juridiques concernant la fraude électronique, l’au- thentification des transactions électroniques, la responsa- bilité des services d’information et la propriété intellectuelle avec la publication, en 1988, d’un livre vert sur le droit d’auteur .

Le foisonnement actuel de l’information s’accompagne donc de tentatives de régulation du nouveau marché de la communication. Néanmoins, l’élaboration d’un nouveau cadre juridique international pour contrôler le développe- ment des secteurs de l’information soulève des questions très complexes, parmi lesquelles celle de la piraterie occasionnée par la diffusion des nouvelles technologies montre les limi- tes inhérentes à la sphère du droit.

La piraterie informatique et vidéo Les produits des industries de la communication font l’objet de nombreuses violations des conventions internationales en matière de propriété intellectuelle et les pertes financières subies dans le domaine de la musique, du livre, du film et du logiciel sont évaluées à plusieurs centaines de millions de dollars des États-Unis.

C e phénomène endémique est répandu dans toutes les régions du monde car la copie illégale de ces matériels est une opération simple et rapide que les progrès technologi- ques mettent à la portée des particuliers. La cc criminalité N en cedomaine revêt néanmoins diverses formeset il convienbde distinguer la copie effectuée à des fins privées qui est devenue une pratique courante, voire banalisée, de la pro- duction sous forme quasi industrielle de contrefaçons ou copies à des fins de commercialisation.

Dans le secteur informatique. le logiciel fait l’objet de contrefaçons systématiques, pratiquées à une échelle indus- trielle dans un petit nombre de pays, asiatiques ou latino- américains. Cette pratique s’accompagne d’un pillage des manuels de programmation et des ouvrages d’informatique. Les circuits de diffusion de ces produits ont des ramifications intemationales et portent un lourd préjudice aux créateurs et fabricants des logiciels originaux qui sont ainsi spoliés de leurs droits.

Mais la piraterie informatique est également très déve- loppée dans les pays industrialisés et est une activité fort prisée par les jeunes enthousiastes de l’informatique qui s’évertuent à déjouer les systèmes de protection des logi- ciels. Par ailleurs, les copies illégales de logiciels sont effectuées dans un grand nombre d’organisations et elles représentent fréquemment la majorité des programmes pos- sédés par les particuliers équipés d’un micro-ordinateur.

L’ampleur mondiale prise par ce phénomène n’a pas seulement des conséquences commerciales et financières, mais égaiement des incidences sur la sécurité des systèmes informatiques menacés par les virus de programmes qui se propagent par la voie des copies et des contrefaçons de logiciels.

Les protections juridiques prises pour éradiquer la pira- terie informatique s’avèrent aujourd’hui d’une efficacité relative. De nombreux pays ont adopté des réglementations visant à protéger la propriété intellectuelle du logiciel, c o m m e la mention en a été faite au paragraphe précédent. Mais des recherches ont aussi analysé les difficultés engen- drées par l’application des textes.

Dans les pays capitalistes avancés, la piraterie indivi- duelle, effectuée le plus souvent à domicile, est quasiment impossible à contrôler, tout c o m m e la circulation de copies illégales entre particuliers.

Dans les pays en développement, la situation est encore plus complexe. Des études, faites avec l’assistance de 1’Unescodans cinq pays de larégion del’ AsieetduPacifique (Australie, Inde, Malaisie, Philippines, Sri Lanka) ont montré que, malgré l’adoption de textes juridiques proté- geant la propriétk intellectuelle du logiciel et comportant des mesures sévères à l’endroit des contrevenants, l‘application de ces dispositifs était très difficile à réaliser. Les rouages administratifs à mettre en place pour faire respecter la Iégis- lation s’avèrent en effet d’une telle lourdeur et d’un tel coût qu’ilsdépassentlesmoyens despaysconcernés, d‘autantque ces mesures sont essentiellement destinées à satisfaire les intérêts d’ayants droit éuangers, la majorité des logiciels concernés étant importée. Aussi la pratique de la piraterie reste-t-elle courante en l’absence de moyens de contrôle effectifs.

La situation du logiciel présente des caractéristiques particulières dans les pays en développement. Parmi ces derniers. certains n’ont érigé aucune barrière douanière à l’importation, comme la Malaisie, tandis que d’autres ont fixé des taxes d’importation élevées pouvant aller jusqu’à 60 % du prix du produit, comme c’est le cas en Inde, qui cherche à protéger sa propre industrie en ce domaine.

La recherche montre que le commerce mondial du logiciel s’effectue essentiellement à sens unique, les pays industrialisés exportant leurs produits dans les pays en déve- loppement. Or le coût souvent prohibitif que revêt l’achat de logiciels pour ces pays auxquels ne sont pas concédés des tarifs préférentiels, favorise le développement d’un marché parallèle de produiis illégaux, disponibles à des prix très inférieurs. L’inégalité des termes de l’échange dans ce sec- teur conduit donc à des intérêts divergents et souligne que le problème des droits sur le logiciel dépasse largement le simple cadre juridique et comporte des dimensions plus saillantes de nature économique et structurelle.

La piraterie vidéo est une autre incidence du progrès technologique et constitue également un phénomène de vaste ampleur au niveau in ternational. La prolifération anar- chique et largement incontrôlée de copies illégales de films est liée à l’ampleur du marché de la vidéo qui a connu un développement fulgurant au cours de la dernière décennie. Les mesures juridiques prises pour endiguer cette situation ont cependant permis une réduction de cette pratique dans

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certains pays, mais se sont révélées nettement moins effica- ces dans certaines régions du monde où la piraterie demeure encore très répandue. Les copies illégales de films vidéo représentent encore une forte majorité du marché dans de nombreux pays d’Amérique latine, des Caraïbes, d’Asie, de la région des États arabes et de l’Europe de l’Est.

La piraterieen ce domaine comportediverses modalités. La forme la plus répandue est celle de la copie, faite par des particuliers, de films vidéo et des copies de copies qui circulent ainsi dans des réseaux privés. L a réglementation en ce domaine est limitée par le respect des libertés individuel- les et, de fait, certains pays ont résolu partiellement ce problème en introduisant la perception d’une taxe sur les cassettes vierges, taxe dont le produit est restitué aux orga- nisations des ayants droit. Mais d’autres pays, c o m m e en Asie, se heurtent aux groupes d’intérêts des consommateurs pour adopter cette mesure.

Cependant, il existe aussi une piraterie organisée, de grande envergure, qui a créé un marché international de copies illégales. L’importation de copies de films vidéo sans acquittement des droits d’auteur est une pratique courante. Des copies de films sont également faites sans autorisation dès leur sortie et sont envoyées dans diverses régions du monde avant l’importation officielle du film. D e s contrefa- çons de matériels sont aussi réalisées pour contourner les dispositifs de censure et des copies de films X circulent ainsi sous l’emballage d’un film d’aventure qui ne constitue que l’amorce du produit réel de nature pornographique.

La protection des droits d’auteur des films reproduits sur cassette est inégalement assurée au niveau intemational. Dans certaines régions, la législation demeure absente ou très laxiste. Néanmoins, un grand nombre de pays ont aujour- d’hui une législation qui vise à faire respecter les droits de propriété des créateurs et des producteurs et qui comprend des mesures de rétorsion à l’endroit des contrevenants. Ces mesures juridiques ne sont toutefois paq harmonisées et elles ont été prises tardivement à une période où le marché de la piraterie était déjà bien installé.

Ces dispositifs qui se sont souvent accompagnés de raids dans les commerces de vidéothèque et de confiscations des copies illégales ont permis une forte réduction de la piraterie dans certaines régions. Ainsi, au Royaume-Uni, le taux de copies vidéo illégales est passé de 50 % du marché en 1982 à 20 % en 1988. L a Communauté européenne a aussi adopté une résolution pour combattre la piraterie vidéo en 1984. Des baissessignificativesdecetteformedecriminalité sont aussi enregistrées en Australie et au Venezuela où la qualité très défectueuse des matériels piratés, dans ce dernier pays, a favorisé l’adoption et l’application de la législation.

Mais la question de la mise en vigueur des textes juridiques se pose dans de nombreux pays, c o m m e 1’ Inde, qui ne possèdent pas les importants moyens requis pour contrôler une activité de piraterie devenue dominante. L’adoption, en 1984, d’une double législation, sous forme d’amendements aux textes relatifs aux droits d’auteur et au cinéma, vise, d’une part, à soumettre les films vidéo à un certificat decensureobligatoire, à faire respecter les droitsde propriété et à combattre la piraterie et, d’autre part, à vendre conjointement les droits d’auteur des films aux circuits de la distribution cinématographique et de la reproduction vidéo.

Mais ces textes, pourtant stricts dans leur contenu, ne sont guère suivis d’effets.

L’explosion de la vidéo en Inde se mesure à la prolifé- ration des lieux de diffusion. Les études, réalisées à la demande de l’Unesco, indiquent qu’il existe environ 100 O00 vide0 rheatres et que des films vidéo sont aussi montrés dans 5 O00 bus, 10 O00 chambres d’hôtels et 1O00 clubs. Cette situation a conduit plusieurs États de l’Union indienne à imposer une licence aux centres de diffusion publique de films vidéo, aux fins de collecter une taxe sur les projections. Les vide0 theatres sont ainsi devenus en quelque sorte légalisés tandis que les films vidéo qu’ils présentent demeu- rent en grande partie piratés.

Cet exemple montre la grande difficulté rencontrée pour combattre la criminalité vidéo. C e cas se présente dans de nombreux autres pays en développement, les législations se heurtant à un état de fait qui limite sérieusement leur appli- cation.

La question de la déontologie est un autre aspect juridi- que soulevé par le développement de la vidéo. L’importance du marché de films vidéo de type pornographique a conduit de nombreux pays àprendre des dispositions spécifiques. A u Royaume-Uni, par exemple, les Video Recordings Acts de 1984 ont imposé aux films vidéo un certificat d’enregistre- ment répondant aux normes de classification du British Board of Film Classification. Mais la censure érigée dans certains pays à l’encontre des films vidéo obscènes a parfois eu des effets pervers car il s’est alors développé un marché parallèle et souterrain de ces produits, c o m m e en Australie et dans certains pays de l’Europe de l’Est. Par ailleurs, l’inter- diction de l’importation et de la diffusion de ce type de films se révèle aussi inefficace dans les États arabes, en raison de nombreux circuits de détournement de la législation.

Les études relèvent toutefois un net déclin des films vidéo X dans plusieurs pays - entre autres, le Japon, la Pologne et les États-Unis d’Amérique - car l’engouement initial pour ce type de matériel commence à retomber et le déclin d’intérêt joue a priori un rôle aussi, sinon plus, important que les dispositifs juridiques en ce domaine.

Les incidences de la piraterie vidéo sont considérables à plusieurs niveaux. Elles se traduisent d’abord par de lourdes pertes financières qui touchent directement les pays producteurs des films, parmi lesquels les États-Unis figurent en bonne place, mais aussi d’autres pays, c o m m e l’Inde et l’Egypte, qui occupent une place privilégiée dans laproduc- tion cinématographique mondiale. L e cinéma égytien est ainsi gravement affecté par l’importance des copies illégales faites dès l’achèvement de ses films, copies qui parviennent immédiatement dans les pays du Golfe et sont m ê m e ensuite réintroduites en Egypte, toutes ces opérations s’effectuant sans acquittement des droits d’auteur. Il en résulte une perte dedevises àl’exportationpour le payset uneperte de revenus pour les réalisateurs, les producteurs et les distributeurs de films. La m ê m e situation prévaut pour le cinéma indien qui, avec près de mille films par an, es1 le premier producteur cinématographique mondial, mais qui connaît aujourd’hui une sérieuse crise.

La distribution et l’exploitation de films sont aussi largement affectées par l’explosion de la vidéo. La distribu- tion officielle des films est contournée par la diffusion

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antérieure et illégale de ces derniers sur support vidéo, et les pertes d’audience enregistrées dans les salles de cinéma sont importantes. Certains pays, c o m m e la Jordanie, ont dû fcr- mer de nombreuses salles. Les pays riches résistent mieux à la percée de la vidéo par la création de salles de cinéma offrant des conditions de réception de haute qualité (écran panoramique. son Dolbj stéréo) et les États-Unis d’Améri- que c o m m e la France Connaissent m ê m e un regain d’au- dience dans ces salles. Cette politique d’équipement luxueux s’avère toutefois hors de la portée financière de nombreux pays qui assistent à l’effritement de leurs circuits de disiribu- tion et d’exploitation cinématographiques.

Les télévisions nationales des pays en développement connaissent aussi des difficultés accrues. Leurs audiences s’évadent au profit de la vidéo et leurs efforts pour les regagner par l’achat, par exemple, de séries télévisuelles étrangères sontcontrecarrés parladiffusionprélalable de ces produits en vidéo. L e marché publicitaire de la télévision est aussi affecté par la défection du public. Néanmoins, certains pays ont mis sur pied des politiques vigoureuses pour endi- guer cette situation et la Malaisie a ainsi autorisé la création d’une troisième chaîne de télévision, privée, dans le but d’offrir des programmes de divertissement de qualité afin d’attirer les téléspectateurs, de la communauté chinoise en particulier, et de les soustraire à l’emprise de la vidéo qui entraîne une fragmentation des audiences. Cette initiative tend à redonner à la télévision sa fonction d’intégration nationale.

Les implications du développement de la vidéo sont innombrables et cette technologie entretient des liens com- plexes avec les différents secteurs de l’économie des médias (cinéma, télévision, publicité). E n l’état actuel, les difficul- tés du contrôle sur ce média ont entraîné des effets pervers et les dispositifs juridiques n’ont encore pu parvenir à juguler la piraterie. La vidéo offre pourtant un potentiel de ressour- ces inestimables pour le développement du film car la collecte des droits d’auteur est un moyen pour relancer l’industrie du cinéma et favoriser la création audiovisuelle. La concurrence peut ainsi donner lieu à des jeux de complé- mentarité au bénéfice des divers médias.

La question juridique recouvre donc des enjeux d’ordre économique, mais aussi de nature culturelle, qui sont déter- minants pour l’avenir de la civilisation de l’image à l’échelle internationale.

Droit et conception de l’information L‘étendue des questions soulevées par l’élaboration de ca- dres juridiques appropriés au développement des nouvelles technologies ouvre un large champ à la recherche.

Les nouveaux dispositifs juridiques sous forme de conventions, traités. accords, réglementations, recominan- dations ou directives mis en place ou à l’étude aux niveaux international, régional ou national interviennent pour tenter d’ouvrir et de réguler un marcné de l’information en pleine évolution. L a multiplication des équipements, des infra- structures de transmission et de réception, comme des pro- duits, dans le champ des télécommunications et dans celui de

l’audiovisuel, donne lieu à une forte croissance des flux d’information qui soulève une série de nouvelles questions juridiques.

La tendance actuelle se caractérise par une prolifération de réseaux de plus en plus complexes et par un processus global de commercialisation de l’information qui gagne de nombreux secteurs. Face à l’évolution des systèmes de communication, différentes conceptions juridiques de l’in- formation prévalent.

La définition juridique de l’information est au centre du problème. L’information tend parfois à être assimilée à une simple marchandise. Pour sa part, un arrêt de la Cour euro- péenne des droits de l’homme stipule que l’information et les échanges télévisés relèveni d’une prestation de services.

Parailleurs, la question de la libre circulation de l’infor- mation est à l’ordre du jour et diverses organisations intema- tionales étudient aujourd’hui le problème de savoir si, par exemple, la radiodiffusion doit être considérée comme étant un service qui doit circuler librement.

La controverse demeure entre les tenants du laisser-faire pour lesquels le libre échange est assimilé aux notions de liberté économique et de démocratie et les partisans d’une régulation de la libre circulation de l’information en vue d’assurer le respect du pluralisme et un échange plus équili- bré de l’information entre les diverses régions du monde.

Ces doctrines ne sont toutefois pas monolithiques et font l’objet, au sein de la communauté internationale, de posi- tions plus ou moins affirmées et variées selon les secteurs en discussion. Les débats autour d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de lacommunication ont aujourd’hui évolué vers des positions plus pragmatiques en vue de promouvoir, d’une part, la circulation internationale de l’information et, d’autre part, les capacités de communication des pays en développement.

La question des tarifs applicables aux échanges interna- tionaux d’information demeure également cruciale. L’évo- lution commerciale des télécommunications terrestres et spatiales et l’arrivée de nouveaux acteurs privés intensifient la concurrence. Dans ce contexte, la question se repose des principes de la tarification du système intemational de télécommunications par satellites. L’adoption d’une moda- lité de calcul liée à l’importance des flux enregistrés risque de modifier le système de péréquation entre les usagers, fa- vorable jusqu’alors aux pays les plus pauvres. Le respect des principes de coopération internationale appelle donc aujourd’hui des études spécifiques.

La réglementation des activités de la communication internationale soulève aussi le problème des conflits de juridiction entre les instances internationales, régionales et nationales. Les dispositions prises au niveau supranational peuvent se révéler en contradiction avec des mesures natio- nales dans des domaines variés allant des politiques com- merciales aux questions d’éthique. L’opposition entre des philosophies différentes de l’information se manifeste dans de nombreuses régions, y compris dans la Communauté européenne, les principes adoptés de la libre circulation de l’information contrevenant à des dispositifs de régulation administrativedestinés à garantir lepluralisme,existantdans certains États membres, ce qui soulève des problèmes d’har- monisation juridique.

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La question demeure également en suspens de l’applica- tion des réglementations adoptées. Les nouvelles technolo- giesdecommunication seprêtent,plusque toutesautres. à un détournement des dispositifs juridiques. Le développement de la piraterie informatique et vidéo en est la meilleure illusuation. Par ailleurs, l’extension à venir de la réception directe de programmes diffusés par les satellites de radiodif- fusion directe ouvrira des brêches dans le contrôle des juridictions nationales. Déjà, 1e.s cas sont nombreux de non respect, par les télévisions commerciales, des cadres juridi- ques nationaux qui régissent, dans les pays de l’Europe de l’Ouest par exemple, la diffusion télévisuelle et qui ont trait àla publicité et aux quotas d’oeuvres nationales, ces entorses étant en partie liées à la pression de la concurrence et à la demande accrue de programmes. Ë n f K l F G E l o p p e m e n t des réseaux de communi’cafion accroît l’interdépendance des nations et pose, à terme, la question fondamentale de la détemmrialisation de la com- munication. Les enjeux des nouvelles technologies sont

donc considérables et touchent aux questions de souveraine- té nationale, de sécurité, de préservation des intérêts écono- miques et de protection des libertés individuelles. A cet effet, des dispositifs juridiques internationaux se mettent peu àpeu en place et commencent à combler les lacunes des textes en vigueur lors du lancement des nouvelles technologies, sans pour autant avoir encore abordé l’ensemble des problèmes qui se posent et qui demeurent des thèmes d’étude.

J-a communication internationale vit aujourd’hui une situation d’effervescence sans pareille qui se caractérise par la prééminence d’une nouvelle logique industrielle et com- merciale des circuits de l’information. Cette situation ap- pelle une large concertation internationale pour maintenir les équilibres entre les régions, préserver les droits des pays les plus pauvres à l’information et assurer le respect des princi- pes fondamentaux de la coopé!tion internationale. LcÏÏéTe: loppement des études juridiques sur ce thème s’impose donc pour aider à la définition et à la résolution des questions.

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Chapitre V

Les enjeux culturels des nouvelles technologies de communication

Les incidences culturelles des moyens de diffusion de masse sont multiples et constituent un corps important de la recher- che sur la communication internationale. Aujourd’hui, la prolifération de l’offredeprogrammeset l’élargissementdes moyens de réception lié au développement des nouvelles technologies (satellites, vidéo, etc.) entraînent une crois- sance accélérée des flux internationaux des produits auàio- visuels et créent une situation nouvelle qui demande à être examinée.

La circulation des matériels de communication a susci- té, depuis les années 70, l’intérêt des chercheurs. L’échange déséquilibré des marchandises culturelles du Nord vers le Sud a été mis en relief par des études empiriques dont les ré- sultats ont notamment alimenté le débat autour d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication.

La large prédominance des matériels d’origine occiden- taie dans l’échange intemational soulève des questions fon- damentalesquantàleurimpactsurlescultures nationales. La diffusion de ces produits, dans la plupart des régions du monde, a été perçue c o m m e un facteur de nivellement des cultures et de menace pour la préservation des cultures endogènes. Mais les technologies de cornmunication don- nent également lieu à l’émergence de nouvelles formes de culture, encore mal connues, qui naissent de l’interaction de la traditionetdelamodernitéet qui interpellent larecherche.

Par ailleurs, le thème des transferts de technologie se prête à des recherches qui recouvrent diverses problémati- ques d’ordre technique, économique, culturel ou socio- politique. La perspective culturelle est ici privilégiée car elle permet d’étudier les transferts de technologie à partir du contexte de leur implantation locale et de prendre en compte les paramètres socioculturels dont dépend le succès de leur application.

La thèse de l’a impérialisme culturel D rev i si tée Les enjeux culturels de la communication internationale ont été analysés à partir de l’étude des flux de circulation des produits de communication de masse entre les diverses régions du monde. Deux vastes enquêtes quantitatives, réa-

lisées avec l’aide de l’Unesco, l’une en 1972-1973 et la seconde en 1983, ont permis de dresser un bilan global de la circulation internationale des programmes d’information et des émissions de télévision. Les résultats de ces travaux sont aujourd’hui bien connus, mais il importe cependant d’en rappeler brièvement les principaux éléments.

L’enquête de 1983 confirme les principaux résultats des données collectées dix ans plus tôt. L’échange international dans le secteur télévisuel continue à s’effectuer suivant un courant prédominant des grands pays exportateurs vers le reste du monde. La majorité des programmes importés proviennent des États-Unis d’Amérique et, dans une moin- dre proportion, de l’Europe occidentale et du Japon (dans le cas de ce dernier pays, il s’agit surtout de dessins animés).

La primauté des programmes fabriqués aux États-Unis dans les flux transnationaux est incontestable. Ces program- mes représentaient ainsi en 1983 plus de 40 % des program- mes importés en Europe occidentale et les trois quarts des programmes importés dans les pays couverts par l’étude sur l’Amérique latine. Dans les six pays africains étudiés, la majorité des programmes importés provenaient du Nord et principalement des États-Unis et du Royaume-Uni.

L’enquête de 1983 révèle toutefois une évolution sensi- ble liée au développement des échanges régionaux par la voie des satellites. Ces échanges bénéficient d’une tradition bien ancrée dans les pays de l’Europe occidentale et de l’Europe de l’Est où plus de40 % des programmes étrangers diffusés sont originaires de ces régions. Par ailleurs, le tiers des programmes importés par les États arabes proviennent de leurrégion, tandis que 10 % des programmes importés parles pays d’Amérique latine sont produits dans cette zone.

Malgré la croissance des échanges régionaux, la situa- tion présente se caractérise par le maintien des principales disparités dans la quantité et l’origine des flux entre nations et régions. Ainsi le déséquilibre Nord-Sud se double d’un fossé Est-Ouest car si les pays de l’Europe de l’Est importent plus des deux tiers de leurs programmes étrangers des pays non socialistes, les pays de l’Europe de l’Ouest ne se procu- rent, quant à eux, qu’environ 3 % des leurs dans les pays socialistes.

Les flux cinématographiques n’échappent pas au cou- rant dominant. Sur le marché international, malgré la forte production de films asiatiques (l’Inde et le Japon sont les

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principaux producteurs mondiaux pour le nombre des films), les films américains, suivis par les films de l’Europe occi- dentaie, représentent plus de 80 % des films achetés par les pays non socialistes. Les films asiatiques débordent rare- ment une audience nationale ou régionale.

Les grandes tendances mentionnées ci-dessus se retrou- vent dans l’échange des nouvelles qui demeure majoritaire- ment assuré par les agences internationales qui fournissent, entre autres, l’essentiel des informations sur les pays en développement. Des progrès sont cependant relevés dans la circulation des nouvelles au niveau régional, et en particulier dans les Caraïbes, dans les États arabes et en Asie, où l’Union asiatique de radiodiffusion (ABU) a favorisé les échanges télévisés. Mais, dans l’ensemble, les flux internationaux d’actualités reproduisent largement le modèle des pro- grammes audiovisuels.

Une autre étude faite avec l’aide de l’Unesco s’est penchée sur la couverture de l’actualité internationale, par la presse quotidienne et les bulletins d’information à la radio et à la télévision, dans 29 pays répartis dans diverses régions du monde. Les résultats révèlent, d’une part, une homogénéité dans la couverture des nouvelles internationales et, d’autre part, l’importance du facteur régional qui est un critère de sélection décisif dans le choix des nouvelles étrangères traitées dans tous les médias nationaux. L e second constat a trait à l’importance des informations relatives aux États- Unis d’Amérique et à l’Europe de l’Ouest. Les << points chauds >> ae l’actualité internationale interviennent en troisième position. Les régions du tiers monde qui ne sont pas le lieu d’événements importants et les pays de l’Europe de l’Est reçoivent peu d’attention. Les agences de presse natio- nales et les correspondants particuliers sont la principale source des nouvelles sur l’étranger et sont suivis par les grandes agences de presse internationales. C e résultat démontre la fonction de sélection, d’interprétation et de traitement des actualités étrangères, exercée par les agences de presse nationales, à partir leplus souvent des dépêches des grandes agences internationales. Les informations en prove- nance du pool des agences de presse des pays non alignés et des agences régionales occupent une place secondaire dans la couverture des actualités internationales des pays étudiés, y compris dans les pays en développement. C e résultat con- firme la primauté des grandes agences de presse intematio- nales, dont l’étendue et la qualité du réseau de correspon- dants c o m m e la tradition de professionnalisme leur assurent pour le moment la première place dans l’information sur l’actualité internationale.

Les programmes de divertissement occupent toujours une place prioritaire dans la circulation des matériels audto- visuels. L’Unesco a lancé en 1984 une étude spécifique sur les flux internationaux des programmes de fiction qui repose sur une enquête menée dans 13 pays répartis en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Europeet en Asie. Les résultats montrent que si les États-Unis sont le plus gros importateur de programmes en volume global, leurs importations ne représententque 13 % desfictionsdiffuséessurleursréseaux de télévision. Dans tous les autres pays couverts par l’étude, la diffusion de dramatiques d’origine étrangère est supé- rieure à celle des fictions télévisuelles nationales et la pro- portion atteint m ê m e plus de 80 % dans les pays en dévelop-

pement étudiés et dans un petit pays d’Europe (le Dane- mark).

Dans le marché international des programmes de télé- vision se repère aussi la venue de quelques grands groupes de communication latino-américains. Ainsi, les deux tiers de la production du groupe Televisa au Mexique sont destinés à l’exportation régionale et mondiale tandis que le conglomé- rat Globo au Brésil est parvenu à pénétrer non seulement le marché de l’Amérique du Sud mais aussi celui de l’Europe occidentale. C e groupe exporte dans 128 pays, principale- ment des teelenovelus mais aussi des programmes musicaux et sportifs.

Aujourd’hui, la croissance de l’offre télévisuelle pro- duite par l’augmenîation du nombre des réseaux, liée au mouvement de déréglementation, n’est pas sans conséquen- ces sur les flux internationaux. E n Europe, en particulier. la compétition entre les chaînes pour attirer les audiences et la nécessité de disposer d’un grand volume de programmes favorisent l’importation de séries américaines qui, ayant déjà amorti leurs coûts de production sur le vaste marché améri- cain, sont accessibles à l’étranger àdes prix sans concurrence par rapport aux budgets requis pour la réalisation de pro- grammes nationaux. Mais, dans d’autres régions du monde, la concurrence entre les stations de télévision contribue aussi à l’importation d’émissions américaines qui remportent un grand succès auprès du public et sont vendues dans les pays en développement à des conditions fort avantageuses, comme des chercheurs l’ont montré au Nigéria.

Par ailleurs, les satellites de diffusion directe ne seront pas sans affecter les flux télévisuels et déjà les programmes occidentaux captés par la voie de petites antennes paraboli- ques sont reçus dans certaines régions, dont les Caraïbes et le Maghreb.

La vidéo ouvre un autre circuit de distribution intema- tionale de matériels audiovisuels dont l’évaluation chiffrée s’avère plus difficile à réaliser en raison du grand nombre de produits illégaux qui circulent à travers le monde. Une étude réalisée par l’Unesco sur la situation de la vidéo dans 26 pays fournit cependant quelques indications qui permettent de cerner les caractéristiques globales des flux.

Le marché mondial des vidéogrammes est largement dominé par les firmes de production des pays industrialisés et surtout par les États-Unis d’Amérique. Dans la majorité des pays, les films vidéo sont essentiellement importés. Ainsi. 75 % des titres sont étrangers en Espagne, 96 % en Australie (plus de 60 % sont américains) tandis qu’au Brésil les films vidéo sont pour 80 % américains ou européens. Les films reproduits sur cassette en provenance de I’Egypte, de l’Inde ou des pays asiatiques se taillent, pour leur part, une bonne diffusion dans leurs aires culturelles respectives.

Le contenu des Vidéogrammes vise essentiellement au divertissement et recouvre quelques genres dominants : films d’aventure ou d’action, films de violence, dessins animés, pornographie. La production et la consommation de vidéogrammes consacrés à des intérêts spécifiques (hobbies, sports, etc.) paraissent tout à fait marginales. La vidéo contribue donc, selon les résultats des études menées, au renforcement des flux de communication transnationaux et au développement de la consommation de matériels de divertissement.

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Ainsi les nouvelles formes de l’offre audiovisuelle et la demande croissante d’images qui se manifeste dans la plu- part des régions du monde questionnent la recherche et appellent à une actualisation des données sur les flux inter- nationaux.

Une autre dimension de l’évolution de la production audiovisuelle transnationale réside dans la tendance à la Standardisation et à l’homogénéisation des matériels cultu- rels à l’échelle intemationale. De fait, la prépondérance des séries et des films nord-américains dans une grande partie des régions du monde conduit à une universalisation des normes de cette production.

Le succès intemational remporté par les matériels de fiction des États-Unis d’Amérique a été l’occasion de plu- sieurs études dont quelques-unes on1 été commanditées par 1 U ~ ~ ~ ~ h e r d i e n ~ h ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ cette vaste popularité. L e mode de commercialisation de ces produits, accessibles à bas prix, est certes un élément déter- minant dans la diffusion internationale des fictions américai- nes. Les études montrent que, contrairement aux idées re- çues, ces programmes ne sont pas vendus à des taux de dumping puisqu’ils ont déjà été rentabilisés sur le vaste marché américain ; les conditions de vente sont modulées selon les pays acquéreurs et fixées en fonction d’économies d’échelle. Les résultats des recherches s’intéressent aussi à d’autres caractéristiques des programmes américains sus- ceptibles d’expliquer leur attrait. La perfection technique et le professionalisme, liés à la tradition hollywoodienne, repo- sent certes sur un équipement très perfectionné et des moyens financiers très importants. Mais la sophistication de ce système de production se combine avec une création de type artisanal ; les fictions américaines sont en effet conçues (< en chambre >> par de petites équipes de producteurs qui inventent le déroulement des séries au fur et à mesure, c o m m e l’ont montré les travaux menés sur la fameuse série N Dallas ».

La recherche a également analysé le contenu des pro- grammes américains qui s’articule autour de valeurs univer- selles propres à susciter l’intérêt de publics appartenant à divers milieux culturels. La dimension pluri-ethnique et multiraciale de la société américaine sous-tend un mode de traitement très général de thèmes c o m m e l’aventure, le conflit, l’ascension sociale, l’affrontement du << bien >> et du G mal B et, en ce sens, le marché américain constitue une sorte de (< laboratoire in vivo B de l’audience internationale et un test à l’exportation des fictions. Les recherches établissent donc un lien entre le contenu à caractère universel des programmes américains et leur popularité à travers le monde.

D e par leur succès, les fictions américaines et particuliè- rement les séries et les soup operus influent directement sur les normes de production des autres télévisions nationales.

La forte production actuelle de relenovelus latino-amé- ricaines s’inspire ainsi en partie de l’exemple des États-Unis d’Amérique. L a recherche y repère la m ê m e qualité techni- que et artistique, mais les ielenovelus se démarquent néan- moins des fictions américaines par un autre traitement du temps et une autre structure narrative. Si le format est identique, on y lit la représentation de formes culturelles endogènes.

Le format de la production américaine tend à s’imposer

à travers le monde. Les télévisions européennes en particu- lier, soucieuses d’augmenter leurs audiences et d’exporter leurs programmes, calquent de plus en plus l’exemple d’ou- tre-Atlantique. Ainsi, la télévision française qui a une tradi- tion de dramatiques à haute valeur esthétique et de séries historiques culturelles, a produit une saga familiale large- ment imitée de la série Dallas. C e courant ne gagne d’ailleurs pas seulement les programmes de fiction; les émissions de variétés deviennent de plus en plus des répliques des grands music shows américains.

O n assiste à une sorte d’universalisation de fait de la norme de production américaine qui traduit une tendance à une homogénéisation et à une standardisation accrues des programmes à travers le monde. L’abondance de l’offre se double donc d’un processus d’uniformisation qui risque, ~ l m - k s - & ~ >- ee&pitrtesRtoüÿetne de concentration des groupes de communication.

L‘apparition de nouvelles formes de culture L‘impact des produits audiovisuels transnationaux sur les cultures des autres régions du monde a suscité une vaste littérature qui a dénoncé les risques de désintégration des identités culturelles et de nivellement de la diversité des traditions culturelles mondiales.

L’accent a été mis sur la diffusion d’un modèle de société fondé sur les valeurs du matérialisme et du consumé- risme en contradiction avec les valeurs morales et spirituel- les de nombreuses sociétés. Les programmes exportés sont susceptibles d’entraîner des effets pervers, c o m m e l’aspira- tion à l’acquisition de biens de consommation et à la réussite individuelle qui affecte les normes du bien collectif sur lesquelles se fondent certaines sociétés traditionnelles. Par ailleurs, la forte proportion de films de violence conduit àune propagation d’exemples négatifs pour la jeunesse en particu- lier.

La consommation de ces produits agit également sur la formation du goût de l’audience aux canons de la production occidentale ; les produits télévisuels locaux, fabriqués avec les faibles moyens des pays en développement, paraissent en comparaison médiocres et sont négligés au profit des films et des vidéogrammes étrangers.

Ces constatations générales ont souvent été établies à partir d’études portant sur le contenu des programmes et sur l’enregistrement des flux internationaux des produits cultu- rels. Ces types de recherche sont fort utiles, mais ils ne permettent toutefois pas de cerner les effets réels des pro- grammes occidentaux sur d’autres cultures dont la connais- sance requiert un travail à caractère ethnographique.

Les études empiriques auprès des récepteurs de diverses régions du monde ont commencé à se développer au cours de la dernière décennie tout en restant encore peu nombreuses. Les recherches menées sur la série Dallas dans plusieurs pays du monde sont les plus connues et les plus riches d’enseigne- ments. Malgréla diversité des cadres théoriques et méthodo- logiques, les résultats des études montrent que cette saga familiale qui a connu un grand succès international - sauf

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au Japon et dans certains pays d’Amérique latine c o m m e le Brésil - a été perçue de façon différente selon les milieux ethniques et culturels.

Les thèmesqui suscitentl’intérêtpourcette sériedrama- tique varient d’une culture à l’autre. Les problèmes de la famille sont interprétés à partir des normes de la culture d’origine c o m m e le signale une enquête menée auprès de 55 groupes de discussion composés, d’une part, d’Américains de Los Angeles et, d’autre part, de quatre groupes ethniques de l’agglomération de Jérusalem. Par ailleurs, les facteurs psychologiquesquiprédisposent àl’attraitpourcettesérie se révèlent différents dans des pays qui, a priori, partagent des similarités culturelles c o m m e les Pays-Bas et la République fédérale d’Allemagne. L’étude de la réception de Dallas en Algérie indique que, loin d’y voir une apologie du capita- lisme moderne, les interviewés retiennent plutôt le message de la dégradation des fondements de la famille étendue qui interpelle directement leurs propres traditions culturelles.

C e résumé très succinct de quelques recherches souli- gne le rôle actif du récepteur dans la consommation média- tique. La série Dallas donne lieu à des processus de décodage différents selon les cultures qui remettent en cause l’idée d’une perception uniforme. L e message supposé hégémoni- que fait donc l’objet de M lectures critiques N car les différents groupes ethniques commentent le contenu du programme à partir d’une grille d’analyse fournie parleurs propresrepères culturels dont ils défendent le bien-fondé par rapport aux valeurs de la société américaine.

Ces recherches remettent en cause nombre d’assertions quant à l’impact uniforme, voire au caractère K manipu- lateur», des programmes occidentaux sur les cultures lo- cales. Elles Comportent néanmoins des limites inhérentes à leurs approches. L’étude de la réception et de la perception d’un seul programme fait l’économie de l’analyse d’un impact plus diffus lié à la consommation d’une grande quantité de produits culturels exogènes. Certes la diffusion des valeurs occidentales liée à une exposition multimédias continue ne répond sans doute pas au schéma déterministe et réducteur stimulus-réponse. Mais cet impact ne saurait non plus être sous-estimé. Il est multiforme et fort complexe. La pluralité des effets (mimétisme, résistance, rejet, aliénation, adhésion partielle, etc.) met en jeu des processus d’interac- tion entre les valeurs de tradition et de modernité qui conduit à des références culturelles hybrides et évolutives.

La recherche sur l’impact de la diffusion d’une culture mondiale requiert donc des études qualitatives à long terme qui tentent de saisir finement la nature de ses incidences sur les valeurs, les normes et l’éthique des différentes sociétés. Cette démarche implique des études ethnographiques en profondeur et des protocoles d’observation fondés sur une bonne connaissance des cultures locales.

Les travaux surl’a impérialisme culturel »,aussi valides soient-ils, ont jlisqu’à une période récente sousestimé voire négligé le caractère dynamique des systèmes sociaux et des cultures locales. La transnationalisation de la culture paraît certes une réalité, mais elle s’accompagne également de la permanence de certaines cultures traditionnelles. Ainsi, le succès des films égyptiens et des films indiens dans leurs zones culturelles respectives témoigne de l’intérêt soutenu des publics pour des produits qui s’inspirent de leurs tradi-

tions. Les dramatiques nationales remportent en Europe de forts taux d‘audience. E n Inde, les m i s quarts des films vidéo sont des produits endogènes en hindi. De même, dans cer- tains pays, c o m m e le Japon, les vidéogrammes de culture et de musique populaires sont bien répandus sur le marché. Selon une enquête, la musique arabe est préférée par l’au- dience du Maghreb à la musique occidentale. De même, la musique africaine demeure bien vivace. Dans les Caraïbes, malgré l’importation massive de produits occidentaux, les programmes régionaux, diffusés par l’Union de radiodiffu- sion des Caraïbes (CBU), sont appréciés par les téléspecta- teurs.

De fait, les émissions culturelles régionales de bonne qualité rencontrent l’adhésion des audiences dans toutes les parties du monde. L e succès des programmes importés semble davantage lié aux insuffisances des systèmes de production nationaux qui ne parviennent pas à remplir les grilles de diffusion des chaînes de télévision avec des pro- duits attrayants (coûts trop élevés de réalisation pour les budgets alloués, marchés d’amortissement m p étroits, défi- ciences des rouages industriels de production). L’intérêt pour les programmes étrangers paraît donc corrélé aux faiblesses de la production endogène et à l’absence de priorité accordée à la politique culturelle dans de nombreux pays confrontés aux multiples problèmes structurels du développement.

Par ailleurs, les barrières linguistiques opposent encore une résistance à la pénétration des produits transnationaux, y compris en Europe, où des études ont montré la très faible audience des émissions en langue anglaise sur les chaînes du câble des régions francophones. L e panorama hégémonique est donc contrebalancé par la prise en compte de données sociologiques qui permettent de nuancer cette situation.

Les ressources culturelles des diverses régions du monde sont néanmoins peu à peu gagnées par le phénomène d’industrialisation de la culture qui se développe également dans les pays du Sud et risque de nuire à la survivance du spectacle vivant. Les techniques de reproduction sur support technique (vidéo, disques, etc.) se répandent et la commer- cialisation des expressions culturelles endogènes s’impose peu à peu. Certaines d’entre elles connaissent d’ailleurs aujourd’hui une diffusion mondiale. La musiquede la région des Caraïbes et de l’Afrique a ainsi acquis une renommée internationale grâce aux enregistrements de quelques or- chestres ou chanteurs, effectués par des groupes multinatio- naux. Ces produits combinent donc des talents qui ont leur racine dans des cultures traditionnelles avec un mode de fabrication technique industriel et de marktting transnatio- nal. Leur succès et leur influence sur la culture des jeunes dans les pays industrialisés questionne aussi la recherche.

La culture des différentes régions du monde connaît aujourd’hui de profonds changements, y compris dans les pays industrialisés, qui sont encore difficiles à repérer et à analyser.

Ces transformations s’opèrent sur la toile de fond de mutations d’ordre économique et technique qui affectent la circulation internationale des produits culturels. A l’échelle mondiale, la prolifération de l’offre de programmes âudiovi- suels répond à une demande croissante et s’accompagne de tendances à une production industrielle accélérée, à l’unifor-

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misation des contenus et à un appauvrissement de la diversité des produits. De plus, les nouvelles technologies démulti- plient les moyens de diffusion de ces matériels standardisés à travers le monde tandis queles satellites de télédiffusion di- recte annoncent une pénétration plus grande de ces produits par-delà les frontières des États. Ces données alimentent les débats sur les risques d’universalisation de la culture.

L’analyse des phénomènes culturels implique égale- ment des problématiques nouvelles car les incidences des nouvelles technologies sontparnaturecomplexes et multidi- mensionnelles. D’une part, les études se sont souvent con- tentées d’évaluer les effets àpartir d’analyses greffées sur le courant à sens unique des produits médiatiques, les cultures endogènes étant u priori considérées c o m m e un simple réceptacle malléable et sans défense. D’autre part, le souci de pr-t?serweriestradi t i o d o c a I e m ~ l & h n ~ q m - de sociétés dont la culture n’est pas figée mais demeure par essence vivanteetévolutive. Lacréativitéet l’autonomiedes cultures endogènes demeurent quasiment inexplorées. Leur reconnaissance et leur étude s’avèrent aujourd’hui néces- saires pour mieux saisir les effets de la diffusion d’une culture médiatique mondiale et les réponses qui y sont apportées dans différentes sociétés.

De plus, la recherche en communication ne s’est encore guère penchée sur l’apparition de nouvelles formes de cul- ture qui naissent de l’interpénétration de la tradition et de la modernité et qui mettent en jeu des phénomènes d’opposi- tion, de négociation, de coexistence et de mixité fort élabo- rés. Cette interaction produit des attitudes, des valeurs et des comportements inédits et agit sur les identités culturelles.

La transnationalisation de la culture est traversée de contradictions. D e grands courants s’y repèrent, mais les modes de perception et les formes d’évolution culturelle auxquelles elle donne iieu demeurent une terre indéfrichée.

L‘acculturation des nouvelles technologies Les nouvelles technologies de communication ouvrent un nouveau champ aux transferts de technologie. Ces outils demeurent certes largement concentrés dans les pays indus- triels avancés qui constituent l’essentiel du marché mondial, mais ils pénètrent aussi peu à peu dans d’autres régions du monde qui commencent à s’équiper en technologie de pointe dans les secteurs des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel.

Laprise deconsciencede l’élargissementdel’écartavec les pays du Nord sous-tend l’aspiration des pays en dévelop- pement à l’acquisition des nouvelles technologies qui appa- raissent c o m m e un moyen de rattrapage et un symbole de modernité. Les nouvelles technologies sont l’occasion d’une révision des modèles de développement et sont perçues comme un potentiel de saut technologique et d’accès direct àla e sociétédel’information M dontlarhétoriqueagagnéles diverses régions du monde. Les spéci€icités de ces outils (miniaturisation du matériel, en informatique surtout, et réduction des coûts d’achat) paraissent d’ailleurs des atouts importants qui justifient d’autant plus leur adoption par les pays pauvres.

Les nouvelles technologies sont l’occasion de raviver le modèle déterministe causal selon lequel la technologie est en soi source de croissance économique, modèle qui fut pour- tant largement remis en cause par nombre d’études portant sur les technologies plus traditionnelles.

Les recherches sur les transferts des technologies nou- velles confirment également l’échec des approches techni- cistes qui font l’économie de l’analyse des problèmes spéci- fiques des pays en développement et de l’adaptation du matériel aux contextes locaux. L e succès des transferts repose sur une démarche fondée sur l’appréhension concrète des questions à résoudre formulées à partir des ressources locales existantes et des situations culturelles spécifiques.

Le développement technologique actuel produit une interdépendance accrue à l’échelle intemationale. L’indé- -pertciamemi&&ent*kh-ie Éiat.;;i- compris dans ceux du Nord, les nouvelles technologies intégrant souvent des éléments fabriqués dans d’autres pays. Cette évolution demande cependant à être distinguée de !a question des transferts, qui concerne des régions dépourvues de la maîtrise de la technologie. Les recherches menées sur les transferts soulèvent de nombreux problèmes parmi lesquels les phénomènes de dépendance s’avèrent cruciaux. Les politiques de production endogène de matériel. adoptées par quelques pays en voie d’industrialisation c o m m e l’Inde et le Brésil, illustrent justement le souci de rompre avec ce modèle en s’appropriant pleinement leprocessus de fabrica- tion et de mise en oeuvre de la technologie. L’affirmation de telles politiques n’est cependant pas àlaportéede nombreux pays qui se trouvent dans des situations d’importation glo- bale d’ensembles technologiques exogènes (équipement, mode d’emploi, exploitation, usages).

Les modalités du transfert varient selon les projets et les pays. A u niveau de la fabrication du matériel, le transfert se borne leplus souvent à la délégation des tâches d’assemblage et de montage, communément qualifiées de c< technologie du tournevis », les multinationales bénéficiant de la main- d’oeuvre à bon marché des pays en développement. Toute- fois, les progrès réalisés dans l’automatisation de la produc- tion dans les pays du Nord remettent aujourd’hui en cause cette division internationale du travail.

Dans les secteurs des télécommunications et de l’audio- visuel, les transferts de technologie s’effectuent fréquem- ment selon le modèle classique du système u clés en mains >> qui a fait l’objet de nombreuses études. Les stations de radio et de télévision, les réseaux de télécommunication et de transmission terrestre et par satellite fournissent plusieurs exemples types. L’implantation du matériel s’effectue sou- vent sous la forme de contrats globaux avec les multinatio- nales de la communication qui assurent l’importation et l’installation de l’équipement et fournissent les pièces de rechange. Les transferts sont limités à la formation de per- sonnel local, aux spécifications du mode d’emploi et de la maintenance de l’équipement choisi. Les formes du transfert produisent des marchés réservés et il s’ensuit la création de liens de dépendance. D e plus, les technologies importées s’avèrent parfois inadaptées en raison de l’absence d’études préalables sur les besoins de communication des pays acqué- reurs et sur les utilisations futures. L’infrastructure techni- que une fois installée devient alors sous-utilisée, le contenant

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ayant prévalu sur le contenu, la technologie sur le produit. L e cas du satellite Arabsat est ainsi évocateur, parmi d‘autres, d’une simple importation de technologie exogène qui a ignoré ses modalités d’exploitation locale et les besoins de ce projet de coopération régionale.

La recherche s’est aussi penchée sur les conditions de négociation des transferts de technologie et sur les processus de décision mis en oeuvre. Les acteurs en présence. à savoir les décideurs locaux d’une part et les multinationales d’autre part,ontdesintérêtsdivergentset lesobjectifs dedéveloppe- ment des uns ne s’accordent pas toujours avec les objectifs d’expansion de marché des autres. Les négociations sont souvent complexes et font l’objet de surenchères entre les différents fournisseurs potentiels qui présentent des «pocko- ges >> comprenant des facilités de paiement, des dons, des programmes d’aide à la formation. Dans ces négociations, les facteurs d’ordre économique et politique l’emportent souvent sur la prise en compte des besoins réels. Les termes des tractations sont défavorables aux acteurs locaux dont la capacité de négociation est obérée par les carences en exper- tise locale et en stratégie de décision, c o m m e une recherche l’a notamment montré pour le programme d’équipement en télévision couleur des pays andins. L’insuffisance de Ia définition préalable du problème à résoudre et l’absence de politiques de développement technologique cohérentes conduisent à une simple importation d’équipement sans transfert de connaissances et sans applications endogènes.

Les transferts de technologie en informatique s’inscri- vent aussi le plus souvent dans le m ê m e schéma de dépen- dance. L a transplantation des systèmes informatiques con- çus pour les besoins des pays du Nord dans les pays du Sud démontre l’inadéquation de l’offre aux problèmes du déve- loppement. Les contraintes structurelles limitent en effet l’efficacité du transfert, qui se heurte à la faiblesse des marchés nationaux et de la densité industrielle, aux insuffi- sances des infrastructures de télécommunications et d’ali- mentation électrique, aux conditions géophysiques (climat, poussière, etc.), qui exigent une adaptation spécifique du matériel et une maintenance suivie qui entraînent des sur- coûts. Le manque de personnel qualifié en informatique (ingénieurs, techniciens, programmeurs) et d’utilisateurs formés réduit égaiement le potentiel d’exploitation des sys- tèmes informatiques et contribue à maintenir la dépendance envers les pays fournisseurs. Les logiciels importés s’avè- rent souvent inadaptés aux besoins nationaux et à la résolu- tion des problèmes particuliers des divers pays en dévelop- pement. Par ailleurs, ces derniers ne posaent pas la capa- cité de créer leurs propres banques de données et sont donc cantonnés au rôle d’utilisateur final de ces services qui sont concentrés dans le Nord. La technologie informatique de- meure de fait, dans la majorité des cas, un produit exogène à l’exception des pays qui s’approprient cette technologie par une politique d’encouragement à la création d’une industrie nationale de matériel ou de logiciel et à la formation d’une capacité nationale d’ingénierie et de services en informati- que.

L’arrivée de la micro-informatique se traduit parfois par une importation anarchique de matériels dans certains pays du Sud, le coût relativement modique de l’équipement, la petitesse des configurations et la facilité d’emploi présentant

des avantages indéniables qui concourent à l’acquisition de ces matériels. Les micro-ordinateurs ne se révèlent cepen- dant pas être non plus une solution technologique aux ques- tions du développement et leurs applications sont égaiement freinées par le manque de logiciels appropriés et d’utilisa- teurs formés. L’importation massive de ces appareils en Chine n’a ainsi pas eu les effets positifs escomptés et de nombreux appareils sont demeurés inemployés faute de personnel qualifié et de programmes adaptés. Les applica- tions de la micro-informatique démentent en effet le mythe de la facilité de manipulation de l’outil car eues requièrent une acculturation technologique souvent absente dans les pays du Sud.

Par ailleurs, les expérimentations de téléports, ces zones de télécommunications avancées à forte concentration de haute technologie, se sont répandues dans les pays indus- triels et apparaissent aujourd’hui dans les pays en dévelop- pement. Les téléports reposent sur le pari d’un tremplin pour l’industrialisation dont les effets multiplicateurs dans le Sud demeurent aléatoires et demandent à être étudiés.

Les recherches menées sur les transferts des nouvelles technologies soulignent les problèmes soulevés par I’adop- tion de démarches purement technologiques. L e coût élevé des technologies de pointe contribue à l’aggravation de l’en- dettement des pays du Sud et est souvent supérieur aux pré- visions initiales en raison de la sous-estimation des budgets de production de programmes et de formation du personnel. La priorité est souvent accordée à l’équipement - le hard- wore - au démmen t du contenu -le sofrwore - (logiciels, produits audiovisuels, flux de télécommunications, etc.) qui s’avère après coup être un élément déterminant pour l’ex- ploitation de la technologie. Selon les études, le développe- ment des ressources humaines paraît être le facteur majeur de la réussite des transferts de technologie et la condition d’une maîtrise des outils et d’une production endogène.

Les résultats des recherches démontrent l’importance d’une approche articulée autour de la résolution de problè- mes et non autour de la technologie. Cette dernière s’avère impuissante en elle-même à répondre aux questions du développement. L’analyse première des faits sociaux et humains conditionne l’adaptation de l’équipement au con- texte local et l’appropriation de la technologie par les popu- lations, c’est-à-dire son insertion dans le tissu culturel. Les problèmes du développement sont d’ordre économique, social, politique et culturel, la technologie n’étant qu’un moyen parmi d’autres pour y remédier et non une panacée.

Les nouvelles technologies ne sauraient être réduites à un équipement ; ce sont des ensembles complexes qui met- tent en jeu une multiplicité de facteurs sociaux, culturels et économiques. Aussi les transferts de technologierelèvent-ils d’un processus d’appropriation culturelle spécifique qui conditionne leur succès.

Lesétudes montrent la pertinence de politiques pragma- tiques qui se fondent sur le souci d’adapter la technologie aux besoins locaux. L’utopie techniciste fait place à des appro- ches moins ambitieuses mais plus réalistes. Les projets menés en ce sens partent de la définition des problèmes à la base et cherchent à y trouver des solutions technologiques appropriées ; ils inversent le schéma de la transplantation et de l’adaptation oposteriori, qui se révèle souvent inefficace.

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Les exemples de technologie appropriée (utilisation de l’énergie solaire, transmetteurs de faible puissance, etc.) s’avèrent, selon les études, comme des modalités de transfert qui se greffent sur les besoins et les moyens des pays du Sud. Mais les technologies avancées se prêtent aussi à des formes d’acculturation spkifiques.

Ainsi le projet de l’Unesco de publication assistée par ordinateur (PAO) pour la fabrication des journaux ruraux en Afrique se fonde sur la conception d’un logiciel spécifique qui a adapté l’alphabet africain de référence, dénommé Afralpha, élaboré avec l’aide de l’Organisation. La réalisa- tion d’une police de caractères utilisable dans toutes les langues africaines permet le développement de la micro-édi- tion dont l’efficacitéet le prix s’avèrent rentables pourlapu- blication de matériels de lecture destinés à l’alphabétisation ou a la p o s t - a l p h ~ u ~ ~ ~ ~ ~ ~ t ~ e ~ ~ ~ ~ une formation spécialisée à la micro-édition. Le logiciel de l’alphabet africain est mis à la disposition des États membres à l’intention des écrivains, éducateurs et journalistes et il est compatible avec diverses configurations informatiques de PAO. Six langues sont actuellement adaptées à l’usage du logiciel. La micro-édition est mise ainsi au service de la promotion des langues africaines, la technologie répondant à des objectifs de développement et d’intégration culturelle.

Le rôle des organisations internationales pour la promo- tion de technologies adaptées est important. La complexité des transferts appelle une coordination entre ces différentes instances. De plus. le caractère intersectoriel de nombreux projets demande l’intervention cohérente de plusieurs pro- grammes internes, à I’Unesco par exemple, les nouvelles

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technologies de communication touchant, outre les activités de communication proprement dites, les domaines de l’in- formation, des sciences, de l’informatique, de l’éducation et de la culture. L’élaboration des processus de transfert appelle une capitalisation des expériences menées grâce à un travail d’archivage d’études, d’analyse des résultats et de diffusion de l’information aupks des États membres.

Les études montrent aussi l’émergence, encore timide, de nouvelles formes de négociation entre les acteurs duNord et du Sud. L’encouragement au développement par le canal de dons et d’aides diverses à l’équipement technologique s’est avéré produire des situations de dépendance. La recon- naissance de ces limites incite les acteurs des pays pauvres à la prudence et A la construction de leur propre capacité de négociation. Cette évolution encore modeste se traduit en q ü ~ q ü ~ s ~ ~ ~ u i ~ ~ ~ ~ o ~ ~ ~ ~ ~ depîiirqmescotréren- tes au niveau national ou régional. Les efforts accomplis en ce sens appellent des études qui puissent mesurer leur impact concret sur les conditions et la mise en oeuvre des transferts de technologie.

L’appropriation des nouvelles technologies met en jeu une acquisition de connaissances et de savoir-faire multiples qui vont de la conception à l’utilisation finale. Ledéveloppe- ment des ressources humaines apparaît, selon les études, comme le préalable à l’adaptation des outils aux besoins locaux. Parailleurs, la promotionde larecherche-action dans les différentes étapes du processus de transfert (définition des problèmes, conception des projets, production, exploita- tion, évaluation) semble cruciale pour assurer une accultura- tion effective.

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Chapitre VI

Les nouvelles technologies dans l’éducation

Le champ de l’éducation est traversé depuis quelques années par une série d’innovations qui se greffent sur l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communica- tion. Ces dernières cristallisent, en effet, de nombreuses attentes et sont souvent perçues c o m m e un moyen de réforme des systèmes éducatifs traditionnels et c o m m e l’instrument d’une adaptation à la croissance de la demande de formation et à l’évolution du monde du travail.

L’informatique, la télématique, la téléconférence, l’au- dioconférence, la messagerie électronique, les banques de doMees, le magnétoscope. le vidéodisque sont, parmi d’au- tres, autant de technologies qui, à côté des mass media traditionnels (radio, télévision), ouvrent la voie à de nouvel- les applications éducatives. La diversification des outils interactifs développe les possibilités d’auto-apprentissage tandis que les nouveaux réseaux de transmission de l’infor- mation bouleversent les modalités de l’éducation à distance.

Ces innovations sont aujourd’hui surtout répandues dans les pays du Nord, mais elles commencent aussi à se manifester dans d’autres régions du monde. L’enseignement de l’informatique et par l’informatique, en particulier, de- vient la préoccupation de nombreux pays.

Par ailleurs, l’importance prise par les médias et par les nouvelles technologies dans les sociétés soulève la question de la maîtrise technique et sociale de ces outils par les individus. La connaissance des principes de fonctionnement des technologies de l’information et la formation de l’esprit critique à leur usage s’installent peu à peu c o m m e un thème d’étude et de pratique dans l’éducation formelle ou infor- melle.

L‘éducation relative aux médias L’éducation relative aux médias se fonde sur la reconnais- sance de la part grandissante prise par les technologies de l’information dans la vie des jeunes. Selon une estimation du Rapport sur la communication dans le monde, les enfants d’âge scolaire dans les pays industrialisés seraient exposés environ 30 heures par semaine aux m a s media- l’essentiel étant rempli par la consommation de la télévision - soit un temps hebdomadaire supérieur à celui passé à l’école. L’hy-

pothèse peut être émise qu’une situation relativement simi- laire prévaut auprès des jeunes populations urbaines des classes sociales moyennes et supérieures dans les pays en développement. L e rôle cenual joué par les médias (télévi- sion, vidéo, radio, enregistrements sonores, magazines) auprès des enfants et des jeunes a conduit un certain nombre de pays à mettre sur pied des programmes spécifiques d’éducation relative aux médias. Par ailleurs, le micro- ordinateur est aussi devenu un objet d’engouement pour les jeunes dans les familles équipées.

U n symposium international sur ce sujet s’est tenu à Grünwaid en République fédérale d’Allemagne en 1982 et a défini les objectifs de l’éducation relative aux médias. Cette dernière devrait comprendre l’acquisition de connaissances, de savoir-faire et d’attitudes susceptibles d’encourager le développement de l’esprit critique dans l’usage des médias. La formation devrait inclure, d’une part, l’analyse des médias et de leurs produits et, d’autre part, la pratique des médias en tant qu’expression créatrice et que participation aux moyens de communication. L’éducation relative aux médias comporte donc à la fois une dimension réflexive et théorique et une dimension concrète de manipulation des outils de communication.

A u niveau international, selon une étude de l’Unesco, l’éducation relative aux médias se caractérise par une grande hétérogénéité des programmes et par des mises en oeuvre variées. Le premier constat est celui d’une grande disparité entre les régions ; ce type de programme a été élaboré dans divers pays industrialisés et dans certaines régions en déve- loppement c o m m e en Asie et en Amérique latine, alors qu’il n’a pas encore vraiment fait son apparition cians les États arabes et en Afrique.

L’éducation relative aux médias fait en général l’objet d’initiatives variées. En plus du rôle joué par les institutions de l’éducation formelle, de nombreuses actions sont aussi engagées avec le concours de différents acteurs : associa- tions, organismes non gouvernementaux, organisations in- ternationales c o m m e l’Unesco ou organes de presse et de l’audiovisuel. Les parents sont aussi parfois associés à I’exé- cution de ces projets.

Néanmoins, ces programmes répondent rarement à des politiques de formation définies au niveau national, à l’ex- ception deceriains pays c o m m e l’Autriche, leRoyaume-Uni

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et la Norvège. Selon les cas, l’éducation relative aux médias est intégrée soit à l’enseignement formel. soit à l’éducation informelle dans le cadre d’ateliers et de stages pour les jeunes. Ces deux types de formation peuvent aussi coexister. L’évolution des dernières années va plutôt dans le sens de son insertion au sein du cursus scolaire. Les modalités varient cependant selon les pays. Ainsi, au Royaume-Uni et aux États-Unis d’Amérique par exemple, l’éducation rela- tive aux médias est une discipline qui est enseignée dans certaines écoles primaires et qui se poursuit dans le secon- daire. E n Australie, certains États ont développé d’impor- tants programmes de formation aux médias dans tout I’ap- pareil scolaire, alors que de telles initiatives ne sont pas reprises dans d’autres États du m ê m e pays.

De façon générde, l’éducation relative aux médias est surtout présente dans les établissements de l’enseignement secondaire c o m m e une matière liée aux filières littéraires et de sciences humaines. L’accent de la formation peut être mis, c o m m e en République fédérale d’Allemagne, sur l’analyse sociologique des systèmes de cornmunication et sur l’exa- men critique des messages dans la tradition des enseigne- ments littéraires. L’analyse des médias peut aussi comporter une dimension esthétique c o m m e cela se fait en France, où on a surtout encouragé la création d’ateliers pratiques pour apprendre aux jeunes à réaliser des films, des vidéos et des journaux. Cette initiation aux techniques des médias existe également dans les établissements scolaires d’autres pays, le projet étant d’aborder par la pratique l’analyse de la produc- tion de messages.

E n Amérique latine, l’éducation relative aux médias est issue de la tradition de la cornmunication participative fai- sant usage des petits médias pour favoriser la conscientisa- tion. L e secrétariat latino-américain de l’Office catholique international du cinéma et de l’audiovisuel (OCIC) a ainsi coordonné un programme d’éducation télévisuelle et ciné- matographique pour les enfants des écoles dans sept pays : Bolivie, Brésil, Colombie, Paraguay, Pérou, République dominicaine et Uruguay. C e programme forme des ensei- gnants qui sont ensuite chargés d’initier les enfants à une lecture critique des médias et à la réalisation de produits audiovisuels. Divers projets ont ainsi pu être réalisés avec les enfants des zones urbaines pauvres dans les pays concernés par ce programme.

E n Inde, des programmes d’éducation relative aux médias ont été developpés c o m m e activités extrascolaires pour les élèves du secondaire, mais le projet a aussi été formulé d’offrir cet enseignement sous forme d’option dans le système d’éducation formelle.

D e fait, l’éducation relative aux médias ne semble pas encore avoir acquis un statutprécis dans la majoritédes pays. Quand elle existe, elle paraît concentrée dans les sections littéraires du secondaire, et encore le plus souvent comme une matière à option. Par ailleurs, cette formation se heurte souvent au manque de matériels didactiques et d’équipement pour les cours pratiques c o m m e à un encadrement insuffi- sant, les enseignants étant en général peu formés aux techno- logies de communication.

E n outre, l’éducation relative aux médias semble dans la plupart descas distinctedel’initiationàl’informatique. Dans de nombreux pays industrialisés, hormis l’enseignement

formel de l’informatique, on assiste à la création de clubs ou d’ateliers informatiques dans les établissements scolaires où les jeunes se livrent à des jeux ou à la programmation. Mais ces activités comprennent rarement une formation à une analyse critique des nouvelles technologies.

La complémentarité des technologies de l’information est rarement abordée ; l’éducation relative aux médias de- meure considérée c o m m e une matière appartenant aux disci- plines littéraires tandis que les nouvelles technologies figu- rent dans les disciplines scientifiques. Cette distinction s’ex- plique sans doute par le poids des traditions, les mass media étant assimilés à la culture et aux sciences humaines, l’infor- matique à la technique et aux sciences exactes.

Le développement des capacités analytiques et logiques mises en oeuvre par la pratique de l’informatique et celui des facultés réflexives et imaginatives suscitées par l’image et le son paraissent toutefois complémentaires pour l’épanouisse- ment de l’être humain.

Le rapprochement entre ces deux univers se dessine d’ailleurs et les nouveaux métiers de !’audiovisuel, par exemple, empruntent de plus en plus aux technologies infor- matiques : écriture sur console, publication assistée par ordi- nateur, montage électronique, graphisme optique, images et sons de synthèse.

L’éducation relative aux médias est confrontée aujour- d’hui au défi des technologies nouvelles. L a formation de l’esprit critiqueet d’uneouverture généraleaux processus de communication doit englober l’analyse des nouveaux systè- mes de communication. L e décloisonnement de l’initiation aux technologies de l’information semble donc s’imposer pour que les jeunes, qu’ils aient choisi une formation litté- raire ou scientifique, puissent bénéficier des connaissances etdesoutilsd’analyserequis pour comprendrel’évolutionde leur environnement et pouvoir y jouer un rôle actif.

Le développement de l’enseignement des technologies de l’information exige la création de moyens. Différents projets de coopération internationale, encouragés par l’Unesco, se sont engagés dans la voie de la production et de l’échange de matériels didactiques adaptés aux différents contextes culturels. Les projets de formation de formateurs restent une priorité absolue.

Très peu d’études existent dans ce domaine. La recher- chepadt toutefois nécessaire àl’élaboration de stratégies de développement de projets dans le cadre de l’éducation for- melle ou informelle, à la conception et à la définition du contenu des programmes et à l’élaboration de méthodes de formation appropriées aux divers milieux culturels. Enfin, des études d’évaluation s’imposentpour mesurer l’efficacité de ces programmes quant au développement des capacités analytiques des jeunes et à leur compréhension des systèmes de communication.

Informatique et éducation L‘introduction de l’informatique dans le processus éducatif est une question qui soulève depuis quelques années l’intérêt de la communauté internationale. Il s’agit d’un vaste sujet qui fait l’objet de nombreuses études, de rencontres entre spécialistes, de débats scientifiques et politiques.

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L’ordinateur et plus spécifiquement le micro-ordinateur sont devenus, dans de nombreuses sociétés, le symbole de la modernisation de l’éducation et de la préparation des futures générations à leur entrée dans la <( société de l’information ». L’argumentation qui préside à la pénétration de l’informati- que dans les systèmes d’enseignement se fonde en générai sur les prévisions à terme de la modification de la structure de l’emploi qui comportera une forte augmentation du sec- teur tertiaire, composé de métiers liés à la production, au traitement et à l’utilisation de l’inïormation exigeant la maîtrise des nouvelles technologies.

Aux considérations d’ordre économique se joignent des thèses ayant plus directement trait aux processus d’enseigne- ment. Une littérdture abondante a en effet vu dans la «révo- lution informatique B un moyen de réforme radicale des systèmes éducatifs et a exprimé de fortes attentes quant aux retombées positives de l’ordinateur sur les processus cogni- tifs et le développement de la personne. Les expériences menées en ce domaine permettent d’avoir aujourd’hui une vue plus nuancée, m ê m e si l’on ne dispose encore ni de données suffisantes, ni du recul nécessaire, pour bien connaî- tre les incidences de l’introduction de l’informatique dans 1 ’enseignement.

L’ordinateur à l’école a déjh une histoire. L’informati- que en tant que discipline a fait son apparition il y a deux ou trois décennies dans les universités et les instituts de techno- logie. Elle n’a été introduite que plus tard dans les classes supérieures de l’enseignement généml ou spécialisé du se- cond degré. C e n’est qu’au cours des années 80 qu’elle est également apparue dans les premiers cycles du secondaire et m ê m e dans le primaire. Encore cette option n’est-elle adop- tée que dans certains pays.

A u niveau mondial, une publication de l’Unesco de 1986 montre, à partir des résultats d’une enquête, que 43 pays avaientlancédesprojets, i vasteou à petite échelle, fon- dés sur des applications de l’ordinateur dans les établisse- ments d’enseignement secondaire ou primaire.

La situation mondiale se caractérise par de grandes disparités entre les pays. E n 1988, le nombre de micro- ordinateurs dans les écoles de la Communauté européenne était globalement évalué à un million et était supérieur à ce chiffre dans les écoles des États-Unis d’Amérique. Une enquête récente de l’Unesco, dont les résultats ne sont pas encore pleinement exploités, confirme la diversité des situa- tions nationales, l’équipement des établissements scolaires en ordinateurs allant de quelques dizaines à une centaine de milliers selon les chifIres fournis par un échantillon restreint de 37 pays, ne prenant pas en compte les pays les plus équipés.

L’introduction de l’informatique dans l’enseignement donne lieu à des politiques diverses selon les objectifs poursuivis et les moyens disponibles. La quatrième Confé- rence des Ministres de l’éducation des États membres de la région Europe (Minedeurope IV), qui s’est tenue en 1988 au siège de l’Unesco, a ainsi relevé des stratégies différentes selon les pays, certains privilégiant l’enseignement de l’in- formatique au niveau de la formation technique et profes- sionnelle, d’autres adoptant des politiques d’initiation à cet outil dans l’enseignement général et m ê m e parfois dès le primaire.

Si les modes d’implantation de l’ordinateur diffèrent, dans tous les pays européens on relève des initiatives desti- nées à former les jeunes à l’informatique. Quelques pays ont choisi de développer un équipement massif des écoles et ont adopté des projets nationaux dans ce sens, c o m m e le plan INSP (Informatica Stimulerings Pian) aux Pays-Bas et le Microelectronics Programme au Royaume-Uni. E n France, le Plan a Informatique pour tous B de 1985 a équipé quasi- ment tous les établissements scolaires allant du niveau pri- maire au supérieur et s’est accompagné d’un programme de formation des enseignants et de création de didacticiels. Le plan s’est fixé trois objectifs : l’initiation à l’informatique, l’utilisation de l’ordinateur c o m m e outil pédagogique et l’informatique c o m m e discipline.

Les pays de l’Europe de l’Est ont aussi adopté des programmes pour développer l’enseignement de l’informa- tique à l’école. E n Union soviétique, l’introduction de l’in- formatique constitue l’une des grandes orientations de la réforme du système éducatif. La priorité est donnée, dans un premier temps. à l’enseignement de l’informatique dans les trois dernières années du secondaire. Mais les bases de la programmation sont abordées dans les classes antérieures. Parailleurs, un effort particulier est fait pour l’enseignement secondaire spécialisé destiné à former des programmeurs et des techniciens de l’informatique. L’objectif est d’équiper le secteur de l’éducation d’un parc de plus d’un million d’ordi- nateurs individuels. En Hongrie, un plan a été arrêté qui a permis à bout établissement secondaire de disposer, depuis 1983, d’un ou de plusieurs micro-ordinateurs fabriqués loca- lement. L’informatique a, entre autres, été appliquée à l’en- seignement des mathématiques, des sciences et des langues

En Asie, le Japon n’a introduit l’ordinateur dans les écoles que tardivement après avoir résolu les problèmes liés à l’adaptation des programmes informatiques à la langue japonaise. En 1985. l’ordinateur avait fait son apparition dans la plupart des établissements secondaires du second cycle et commençait à pénétrer dans ceux du premier cycle et dans les écoles primaires. L a formation de techniciens et d’informaticiens dans l’enseignement professionnel du se- condaire est assurée depuis longtemps au Japon, mais l’in- formatique est maintenant aussi introduite dans I’enseigne- ment général. Ce projet s’articule d’ailleurs avec l’étude d’une réforme plus vaste du système éducatif japonais.

Plusieurs pays en développement ont égaiement adopté des plans d’informatique à l’école. E n Inde, par exemple, le projet Class (Computer Literacy and Studies in Schools) prévoit d’initier les élèves du secondaire à l’informatique. E n 1987, on comptait environ 1 250 établissements secondaires équipés de micro-ordinateurs, l’objectif étant de couvrir plus de 10 O00 écoles en 1990. Une formation des enseignants a été assurée et le projet comporte la création de centres de production de logiciels.

En Amérique latine, des politiques nationales d’infor- matisation des écoles ont été formulées dans plusieurs pays, dont le Mexique, le Brésil, l’Argentine et Cuba. Ainsi, le Mexique s’est proposé d’implanter le micro-ordinateur avec l’utilisation de logiciels mexicains dans l’enseignement primaire et secondaire du premier cycle. L’objectif a aussi été formulé d’équiper les bibliothèques publiques en ordina-

étrangères.

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teurs afin de développer la familiarisation des enfants avec l’informatique et m ê m e d’aider à l’alphabétisation. A côté de ces initiatives publiques, on relève dans ce pays un foisonne- ment de groupes privés qui ont constitué des ateliers d’infor- matique expérimentaux pour l’apprentissage des enfants et qui conçoivent des programmes éducatifs. La production de didacticiels semble d’ailleurs constituer une activité impor- tante dans plusieurs pays de cette région.

A défaut de plans nationaux, de nombreux projets d’in- formatique scolaire existent aussi dans les autres pays latino- américains. Il s’agit souvent d’expériences limitées qui concernent surtout les établissements privés, fréquentés par des élèves issus de milieux favorisés.

Une situation similaire prévaut en Afrique, où certains pays, c o m m e la Côte d’Ivoire, ont adopté des politiques spécifiques tandis que d’autres s’en remettent aux initiatives privées. L’informatique paraît néanmoins privilégiée au niveau de l’enseignement supérieur dans cette région.

C e résumé très succinct de quelques projets d’introduc- tion de l’informatique dans l’enseignement permet de con- stater, d’une par& les écarts qui existent entre les diverses régions du monde et. d’autre part, la diversité des modes d’implantation de l’ordinateur.

L’informatique répond en effet à différentes réalités selon les objectifs à atteindre et il convient de spécifier ses divers <c modes d’emploi >> dans le milieu scolaire.

L’initiation à l’informatique constitue un premier ni- veau de formation qui recouvre l’apprentissage de la mani- pulation de l’ordinateur, la connaissance sommaire de son fonctionnement et, de façon plus générale, la familiarisation avec l’outil. Elle peut comporter une formation de base à la programmation. Communément qualifiée d’alphabétisation informatique, elle vise à démystifier la technique et à en faire un objet ordinaire.

L’informatique appliquée à la pédagogie utilise l’ordi- nateur c o m m e outil d’enseignement. L’accent peut être mis sur le développement des processus cognitifs et mentaux (cas du fameux logiciel Logo utilisé dans les écoles primai- res et des logiciels de simulation pour les élèves plus âgés) ou sur l’enseignement de diverses matières (mathématiques, grammaire, langues vivantes, informatique, etc.) avec l’en- seignement assisté par ordinateur (EAO). L’ordinateur c o m m e instrument pédagogique permet une individualisa- tion de l’apprentissage.

Enfin, l’informatique enseignée c o m m e discipline re- couvre des cursus et des niveaux divers : formation générale aux sciences de l’information, apprentissage de la prograrn- mation, enseignement scientifique de haut niveau, etc. Cette formation est en générai dispensée dans les établissements secondaires d’enseignement général ou technique et dans les établissements universitaires.

Ces différents cas d’application de l’informatique dans les appareils scolaires ont déjà fait l’objet de quelques évaluations. Une recherche, publiée par l’Unesco en 1987, rend compte des résultats d’études menées surtout aux États- Unis d’Amérique et portant en particulier sur l’enseigne- ment assisté par ordinateur (EAO), secteur qui paraît le mieux couvert par la recherche. Selon ce document, I’EAO permet d’améliorer les performances des élèves, mais au- cune différence significative n’est relevée par rapport à

d’autres méthodes novatrices. Les principaux bénéficiaires sont les élèves les plus faibles. L’ordinateur est un élément de motivation pour l’apprentissage par son côté ludique et par son aspect de nouveauté, dimension qui est toutefois appelée à décliner dans le temps. Les enfants du primaire apprennent mieux avec I’EAO s’ils sont encadrés par un enseignant alors que la situation se révèle inverse pour les élèves du secondaire. L’efficacité de I’EAO paraît liée aux facilités et au temps d’accès à l’ordinateur. Par ailleurs, les progrès enregistrés s’amenuisent avec la prolongation de l’instruction. Les bénéfices de I’EAO sont plus importants au niveau de l’enseignement primaire alors que, dans le secon- daire, les exercices de simulation sur ordinateur paraissent plus efficaces.

Les résultats des expériences fondées sur l’utilisation du logiciel Logo pour le développement des capacités cogniti- ves s’avèrent contradictoires : positifs ou négatifs selon les cas et les protocoles d’évaluation.

La m ê m e étude de synthèse examine également la relation entre l’enseignement de l’informatique et le marché du travail. Elle remarque que le développement des nouvel- les technologiesrequiertla formation d’un groupeconsistant de professionnels de l’informatique (programmeurs, techni- ciens, ingénieurs et scientifiques de haut niveau). A l’in- verse, la plupart des emplois du tertiaire qui utilisent les nouvelles technologies n’exigent pas une formation infor- matique spécifique ni un apprentissage de la programmation. Les compétences requises pour la manipulation des outils informatiques s’acquièrent aisément par des stages de for- mation spécifiques et par des formations sur le tas, c o m m e cela se fait actuellement dans les pays industriels avancés. Pour ces métiers, l’acquisition de bonnes compétences de base (gestion, comptabilité, dessin, dactylographie) semble toujours l’essentiel de la formation.

Ces arguments militent en faveur de l’introduction de l’informatique dans l’enseignement technique, profession- nel et universitaire dont les retombées au niveau de l’emploi s’avèrent plus directes. Ils conduisent également à mettre en question la validité économique de l’alphabétisation infor- matique à l’école et son efficacité à terme dans la préparation à l’emploi. Ces considérations sont destinées à éclairer particulièrement les décideurs des pays en développement quisontconfrontés àdegravesproblèmesdechoixquantaux modalités de l’introduction de l’informatique dans l’ensei- gnement.

Des arguments sont avancés en sens contraire par d’au- tres spécialistes selon lesquels l’initiation générale à l’infor- matique entraîne une familiarisation avec cette technique, qui constitue le préalable à la préparation aux emplois de demain et au développement de la vocation des jeunes qui se destineront aux carrières d’informaticiens.

Les résultats des études disponibles aujourd’hui demeu- rent encore trop fragmentaires et les expériences d’informa- tique à l’école n’ont pas atteint le seuil de la masse critique (en quantité d’appareils, en didacticiels de qualité et en nombre d’enseignants formés) pour aboutir à des conclu- sions susceptibles d’être généralisées. Par ailleurs, les don- nées manquent pour fournir des résultats comparés sur l’introduction de l’informatique dans des établissements scolaires appartenant à des contextes culturels différents.

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L’entrée de l’informatique dans le processus d’ensei- gnement général relève encore d’expériences et de tâtonne- ments, y compris dans les pays industriels avancés, qui incitent à la prudence. Les résultats des études permettent d’ores et déjà de relever un certain nombre de problèmes qui demandent à être pris en compte.

La disposition de didacticiels de qualité adaptés aux cursus d’enseignementparaît être un élément essentiel d’une politiqued’informatisation del’école. Or, dans la plupart des pays, les projets souffrent d’une pénurie de logiciels et les didacticiels existants sont souvent médiocres. D e fait, selon les études, une bonne conception de didacticiels passe par un travail d’équipe réunissant un informaticien, un enseignant de la discipline, un spécialiste de l’apprentissage et, si possible, un expert de la communication, le tout exigeant ensuite un travail d’édition. Le prix d’un didacticiel de qualité est donc très élevé.

Hormis le facteur coût, le problème se pose, dans les pays en développement qui ne disposent pas d’une produc- tion endogène de logiciels, de l’adaptation des didacticiels imporlés à leurs programmes scolaires et à des environne- ments linguistiques et culturels différents.

La formation des maîtres constitue également un élé- ment clé pour la réussite de l’introduction de l’informatique à l’école. Dans les projets nationaux mentionnés plus haut, cet aspect a été pris en compte mais, malgré les efforts fournis, l’initiation des enseignants à l’informatique de- meure souvent trop courte et insuffisante pour qu’il soient aptes et motivés à utiliser pleinement l’ordinateur comme outil pédagogique d’autant que les didacticiels s’avèrent fréquemment inadaptés à leurs besoins. Cette situation con- duit & une réticence des enseignants et à une sous-utilisation des appareils dans certaines écoles. Les études démontrent en effet que le bon usage de l’ordinateur repose sur le soutien des enseignants, la relation humaine maître-élève demeurant primordiale.

L’informatique à l’école représente un surcoi% impor- tant dans lequel la part relative à l’achat de l’équipement est loin d’être la plus élevée. La production de didacticiels adaptés et la formation des enseignants se révèlent après coup comme les postes de dépense les plus importants, auxquels il faut ajouter les frais de maintenance et les budgets de recherche-développement.

Tous ces éléments militent en faveur de l’adoption de politiques cohérentes qui reposent sur des objectifs précis et sur des modalités d’application de l’informatique qui pren- nent en considération les différents paramètres qui concou- rent à son efficacité. A tous ces niveaux, le r6le de la recherche s’avère crucial pour la définition des projets, l’analyse coût-efficacité, les applications pédagogiques et l’évaluation.

A u niveau international, l’échanged’information sur les expériences dans ce domaine et la coopération entre les pays sont déjà amorcés. A u sein de l’OCDE, le Ceri (Centre for Educationai Research and Innovation) a revu les politiques d’introduction des nouvelles technologies dans les systèmes éducatifs de certains pays et lancé des études de projets pilotes dans les classes maternelles, les classes supérieures et dans l’éducation non formelle. Le Conseil des Ministres nordiques de l’éducation et de la culture a engagé des projets

de coopération dans ce domaine. En Europe de l’Est, le Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) a adop- té en 1986 un programme régional pour l’amélioration du système éducatif par l’usage de la technologie informatique. Il existe aussi un programme de coopération en matière de recherche et de développement de l’innovation éducative en Europe du Sud-Est (Codiesee). Le Conseil de l’Europe a, entre autres, encouragé la recherche sur l’introduction de l’informatique dans les écoles primaires et a organisé des conférences sur divers aspects des technologies nouvelles appliquées à l’éducation. La Communauté européenne a lancé le programme Delta (Developing European Learning through Technologicai Advance) qui prévoit le développe- ment des technologies d’apprentissage avancées et la con- certation interdisciplinaire sur les besoins actuels et futurs en matière de support didactique.

L’Unesco a organisé en avril 1989 le premier c o n e s international u Education et informatique », qui a permis de dresser un inventaire global des projets en ce domaine et de dégager des lignes de coopération internationale dans les secteurs suivants : échange d’informations et de données d’expériences entre les pays, formation de spécialistes et de formateurs, échange et coproduction de logiciels, soutien matériel et financier et développement de la recherche. De grands espoirs ont été mis dans le Programme intergouver- nemental d’informatique (PII), créé par l’Unesco, pour la réalisation de ces projets. C e programme, où l’éducation constitue une priorité, a déjà mis en oeuvre des actions en ce sens.

Par ailleurs, afin d’aider à maîtriser l’ensemble des questions soulevées dans ce domaine, l’Unesco se propose de constituer une banque de données sur la pénétration de l’informatique dans les systèmes d’éducation, sur la forma- tion à ou par l’informatique et sur la gestion informatisée des systèmes scolaires.

Toutes les rencontres internationales insistent sur l’im- portance du développement de la recherche. L’informatique apparaît souvent en effet comme un instrument de réforme des programmes scolaires et des méthodes pédagogiques et comme une exigence pour la préparation au monde de l’emploi. L’évaluation de ses applications et de ses retom- bées économiques, sociales et culturelles est donc fonda- mentale. Enfin, l’engagement d’études comparées intercul- turelles sur le rôle de l’informatique dans l’éducation appa- raît comme une nécessité première.

Nouvelles technologies et éducation à distance Les nouvelles technologies de communication ont été source de nombreuses innovations dans le secteur de l’éducation à distance. O n assiste aujourd’hui à un foisonnement de pro- jets qui demeurent pour le moment majoritairement canton- nés dans les pays industrialisés. Certains sont des expérien- ces et des projets pilotes dont l’efficacité et la viabilité n’ont pas encore éIé pleinement démontrées, mais d’autres sem- blent d’ores et déjà avoir fait leurs preuves et être bien installés.

L’emploi des nouvelles technologies de communica-

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tion dans l’éducation à disiance recouvre diverses applica- tions : enseignement, gestion des systèmes éducatifs, accès à l’information et communication interpersonnelle ou de groupe.

L’enseignement à distance est tradi tionnellement assuré par le courrier. De nombreux projets à iravers le monde, et en particulier dans les pays en développement, font aussi appel aux mass media (radio et télévision). La technologie des satellites a permis la réalisation de vastes programmes édu- catifs, dont celui du satellite Insat en Inde. Dans plusieurs pays d’Asie (Chine, Inde, Indonésie, Thaïlande), des ceniai- nes de milliers de personnes suivent des cours à distance par le canal de la télévision et souvent avec l’appui d’autres supports didactiques. L a majorité de ces projets s’adresse à des populations qui n’ont pu entrer dans le système d’ensei- gnement formel et qui suivent à distance des cours de l’enseignement secondaire général et technique ou de niveau universitaire. Une abondante littérature a déjà été publiée sur l’éducation à distance par les médias de diffusion tradition- nels.

Les projets qui recourent spécifiquement aux nouvelles technologies pour l’enseignement à distance sont récents et encore dans une phase quasi expérimentale ; ils n’ont que rarement fait l’objet d’études spécifiques et d’évaluations globales.

La télématique, c’est-à-dire l’interconnexion de l’infor- matique et des télécommunications, est source de diverses innovations dans ce secteur.

L’interface entre terminaux et centres serveurs aperrnis de développer l’enseignement assisté par ordinateur (EAO) à distance sous forme de cours, d’exercices et de tests dans diverses disciplines. D e s applications de ce type existent dans différents pays. A u Royaume-Uni, par exemple, les ordinateurs centraux de l’Open University sont reliés par son propre réseau télématique à environ 300 terminaux installés dans ses centres d’étude locaux où les étudiants viennent suivre des cours d’EAO dans diverses matières, dont l’infor- matique. Il est également possible d’avoir accès au réseau à partir de son domicile en utilisant un ordinateur personnel équipé d’un modem.

Le vidéotex peut aussi être utilisé à cette fin et il existe ainsi, en France, quelques services télématiques qui fournis- sent descom d’EAO,portantparexemplesurlagrammaire, le Basic, les mathématiques et la logique, qui sont accessi- bles à partir d’un simple Minitel (le petit terminal du réseau télématique français). E n plus des cours, le vidéotex procure aussi une assistance scolaire à domicile, et les élèves posent des questions à des enseignants qui les aident pour leurs devoirs. Ces services de soutien pédagogique individualisé à distance sont payants pour l’usager, qui doit acquitter les frais de connexion au réseau et parfois aussi s’abonner.

Les systèmes d’éducation à distance qui se fondent sur la télématique paraissent aujourd’hui utilisés surtout pour la formation et le recyclage professionnels. D e s compagnies aériennes européennes ont ainsi monté une opération de cours de langues vivantes en EAO pour leurs agents débu- tants. C e dispositif utilise les parcs de terminaux de ces compagnies qui sont connectés en permanence ; les cours peuvent ainsi être suivis à partir de nombreux pays répartis sur tousles continents, les communications avec l’ordinateur

centrai étant assurées par les liaisons téléphoniques, les satellites et les réseaux professionnels de ces compagnies. C e programme de formation se double d’une messagerie en duect qui permet aux utilisateurs de communiquer avec une équipe d‘instructeurs. Des systèmes d’EAO similaires exis- tent également dans le secteur des services (banques, compa- gnies d’assurances) et dans l’industrie. Pour les grandes entreprises, la formation à distance par le canal de la téléma- tique s’avère rentable car elle exploite souvent les réseaux professionnels existants et permet des économies d’échelle (conciliation des cours avec la poursuite de l’activité profes- sionnelle, suppression des frais de stage et de déplacement, intégration de la formation au lieu de travail, etc.).

L’enseignement assisté par ordinateur (EAO) àdistance s’avère cependant c o m m e une formule souvent onéreuse pour les institutions chargées de l’enseignement au niveau national. E n revanche, la télématique employée pour le télé- chargement de didacticiels est une solution plus rentable et plus répandue dans les systèmes éducatifs. C e procédé re- pose sur la transmission de logiciels à des micro-ordinateurs par un centre serveur, via le réseau des télécommunications. Les utilisateurs peuvent commander M à la carte n des didacticiels ou des fichiers spécifiques. De nombreux projets de ce type existent à ce jour. L'Autriche a ainsi développé un système national pour l’enseignement supérieur fondé sur le téléchargement de cours pour les ordinateurs personnels des étudiants. C e principe a aussi été adopté par le Centre national d’études pédagogiques en France qui joue un rôle de distribution et d‘échange de didacticiels avec ses différents centres régionaux et les établissements scolaires.

E n outre, le vidéotex peut également être utilisé pour le téléchargementdelogiciels en adjoignantun périphériqueau terminal vidéotex, c o m m e cela est expérimenté en France pour la formation professionnelle des adultes, le service de messagerie maintenant un lien de communication entre les étudiants et les enseignants. Le couplage de I’EAO à domi- cile et de la messagerie électronique permet de combiner des modules de travail individuel et un suivi direct et personna- lisé de l’apprenant par les instructeurs. Le rôle de la téléma- tique dans l’éducation à distance figure aussi parmi les services potentiels du Réseau numérique à intégration de services (RNIS).

Par ailleurs, les nouvelles technologies peuvent être couplées avec des technologies plus traditionnelles pour l’éducation à distance. Le programme d’alphabétisation informatique lancé au Royaume-Uni par la BBC a connu un grand succès. E n Bulgarie et en Hongrie, des cours d’initia- tion à l’informatique sont également diffusés à la télévision. Dans les pays de l’Europe de l’Est, plusieurs projets éduca- tifs intègrent la dimension communicante de l’informatique (réseaux locaux d’ordinateurs en République démocratique allemande, en Bulgarie et en Hongrie) ou la Combinaison de diverses technologies (la vidéo et l’informatique en Tchéco- slovaquie et en Bulgarie). Ces approches multimédias ex- ploitent la dimension pédagogique propre à chaque tech- nique.

La téléconférence assistée par ordinateur (TAO) est une autre technique qui est surtout utilisée dans les domaines institutionnel et scientifique. Son application dans les pro- grammes de formation a commencé à faire son apparition

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dans certaines universités américaines pour des cours et pour des tutorats d’étudiants effectués par messagerie électroni- que.

Les nouvelles technologies servent aussi à des applica- tions qui débordent le champ de la pédagogie. Dans les universités en particulier, la télématique est devenue un insiniment de gestion et d’information des institutions édu- catives, au service du personnel administratif, du corps en- seîgnant et des étudiants. Les informations universitaires sont alors consultées à partir de terminaux : renseignements sur les cours, les formalités d’inscription, les résultats d’exa- mens, les activités des laboratoires de recherche, les pro- grammes de formation continue, les conférences, les petites annonces; il existe aussi parfois des messageries internes aux universités qui permettent aux étudiants de communiquer avec les enseignants. Plusieurs universités françaises ont par exemple développé leurs propres services télématiques qui sont accessibles au grand public dans tout le pays. L a méthode a aussi été expérimentée pour l’inscription des étudiants par la voie télématique afin de mieux gérer les demandes d’entrée à i’université.

L’information à distance est sans doute l’application la plus répandue de la télématique dans le monde de l’enseigne- ment et de la recherche. Les universités et les centres de recherche ont déjà accès à toutes sortes de données scienti- fiques, techniques et sociales par l’intermédiaire de nom- breux réseaux. Les banques de données sont consultées à partir de centres d’interrogation situés dans les institutions et mêrne parfois à partir de simples micro-ordinateurs ou de terminaux vidéotex. L’accès en direct permet d’effectuerdes recherches bibliographiques et des interrogations ponctuel- les sur certains sujets. Les nouvelles technologies ont d’ailleurs entraîné une profonde transformation des profes- sions de documentalistes et de bibliothécaires, qui suivent des formations spécifiques à l’informatisation des données et aux procédures de téléconsultation.

Il existe un grand nombre de réseaux d’accès aux banques de données au niveau national dans les pays indus- trialisés, et certains d’entre eux sont connectés à des réseaux régionaux ou internationaux. En Europe, les universités et les centres de recherche spécialisés ont accès a quantité de données scientifiques ou techniques par l’intermédiaire de réseaux c o m m e Euronet. L e réseau Euryclee, lancé en 1986 par la Communauté européenne, fournit pour sa part des in- formations sur les récents développements des nouvelles technologies de l’information appliquées à l’éducation dans les pays membres et est accessible aux directeurs d’établis- sements, aux enseignants, aux formateurs et aux étudiants. Les réseaux d’information et de données sont très nombreux en Amérique du Nord et sont parfois reliés à des réseaux d’autres pays ou régions du monde. Parailleurs, il existe des réseaux internationaux d’accès à l’information scientifique, comme 1’Iniste qui couvre l’enseignement des sciences et de la technique.

Certains de ces réseaux sont enrichis d’une application de courrier électronique qui permet aux usagers de commu- niquer par l’intermédiaire de boîtes aux lettres individuali- sées. Les services de messagerie électronique assurent ainsi la communication interpersonnelle entre les membres de la communauté scientifique internationale. C e système estplus

rentable que le téléphone et plus pratique car il soustrait la communication aux contraintes des décalages horaires.

Le rôle de l’image, si important pour la formation, réapparaît avec d’autres techniques c o m m e le vidéodisque interactif qui peut être piloté à distance, et le vidéotex graphique à partir d’images de synthèse. La visioconférence est aussi parfois utilisée pour des conférences à distance entre pays et continents.

La Communauté européenne a lancé, dans le cadre de son programme Comett couvrant le domaine de la formation aux hautes technologies, le projet Euro-Pace, qui couple la transmission par satellite avec la messagetie électronique. C e système de formation spécialisée, qui s’adresse à des ingénieurs et à des étudiants avancés, combine donc l’image télévisuelle pour les cours reçus dans des lieux spécifiques et l’interactivité de la télématique pour la communication en direct entre les enseignés et les experts.

La télévision par câble interactive ouvre aussi la voie au développement de l’éducation à distance à la demande. E n Amérique du Nord, par exemple, certaines chaînes payantes à l’émission (payper view) offrent des programmes éduca- tifs à la carte. Des services de télévidéothèque éducative se montent aussi dans d’autre pays, dont la France, qui utilise les réseaux du câble à destination des écoles qui peuvent choisir dans les catalogues les films qu’elles souhaitent recevoir à des heures particulières. Ces appiica tions présen- tent une souplesse que ne possède pas la télévision scolaire et un mode de distribution plus aisé que l’envoi de cassettes. Par ailleurs, les satellites de radiodiffusion directe sont aussi susceptibles d’offrir des programmes éducatifs et de forma- tion.

L’explosion de projets dans le secteur de l’éducation à distance se traduit aujourd’hui par de nombreuses expé- riences, et certains projets trop ambitieux s’avèrent éphé- mères tandis que d’autres plus réalistes perdurent. Il existe encore très peu d’évaluations systématiques sur ces diffé- rentes applications, sur leur efficacité réelle, sur leur viabilité économique.

Le rôle de la recherche semble avoir été souvent sous- estimé et pourtant il paraît devoir s’imposer dans les domai- nes suivants : définition des projets, faisabilité, examen des contraintes techniques, contenu éducatif, exploitation des systèmes, modalités d’utilisation, évaluation de l’efficacité et de la rentabilité des projets.

Les études coût-efficacité sont primordiales pour mesu- rer la viabilité de ces applications. De plus, l’éducation à distance par la voie des nouvelles technologies est souvent payante et parfois onéreuse pour l’usager. Cette dimension doit être prise en compte au niveau du marché.

La comparaison entre les avantages des nouveaux ré- seaux d’éducation à distance et ceux des réseaux tradition- nels est nécessaire tant au niveau pédagogique qu’économi- que.

U n intérêt particulier doit aussi être accordé à la dimen- sion humaine de ces applications : difficultés techniques et psychologiques rencontrées par les apprenants, problèmes d’apprentissage, avantages et inconvénients retirés d’une formation sur écran à distance.

Les différentes modalités d’utilisation de la messagerie électronique dans le monde de l’éducation constituent égale-

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ment un terrain d’étude particulièrement riche qui englobe des aspects pédagogiques. scientifiques, mais aussi sociaux et psychologiques.

Nombre des applications évoquées ci-dessus requièrent des infrastructures de communication qui sont onéreuses et concentrées pour le moment dans les pays industrialisés. Certaines d’entre elies ont prouvé leur pertinence et leur efficacité. D’autres en sont encore à leurs balbutiements. Par ailleurs, une évolution se dégage à long terme vers un enseignement individualisé à domicile, qui exige la posses- sion d’un micro-ordinateur ou d’un terminal vidéotex, tech- nologies qui ne sont pas encore accessibles à d’importantes fractions de la population des pays du Nordet qui sontencore moins répandues dans les pays du Sud.

La connaissance et l’évaluation de ces projets s’avèrent d’autant plus importantes pour éclairer les choix ultérieurs des décideurs des pays en développement.

Les nouvelles technologies ouvrent de nouveaux modes d’accès au savoir, à la confrontation des expériences et à la communication horizontale dans le monde de l’enseigne- ment Leurs applications sont multiples et témoignent de la recherche de nouvelles méthodes et modalités d’action pour

répondre aux nouveaux besoins de l’éducation et de la formation. L’écran devient la médiation d’une pédagogie novatrice.

La technologie n’est cependant pas une panacée, elle n’est qu’un moyen pour résoudre certains problèmes éduca- tifs qui demandent à être clairement définis et étudiés. Les grands programmes de hautes technologies ne sont pas adaptés à toutes les situations, et les nouvelles technologies peuvent aussi faire l’objet de projets efficaces à petite échelle. Par ailleurs, elles peuvent se combiner avec des techniques plus traditionnelles, et la complémentarité entre l’informatique et les moyens audiovisuels n’apas encore été pleinement exploitée. La logique de l’informatique couplée avec l’imaginaire visuel ouvre en effet la voie à un renouvel- lement de la pédagogie et les approches multimédias vont sans doute connaître de grandes évolutions à l’avenir. Toutes ces dimensions offrent de vastes terrains à la recherche.

Une priorité des études doit enfin se porter sur la dimension interculturelle des applications éducatives des nouvelles technologies afh d’élaborer des systèmes adaptés aux besoins et aux moyens réels des pays en développement.

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Chapitre VI1

Les aspects sociaux des nouvelles technologies

Les incidences sociales sont sans doute l’un des thèmes de recherche les moins couverts dans l’ensemble des travaux menés sur les nouvelles technologies. Cet état de fait s’expli- que aisément. D’une part, l’impact social ne peut se mesurer qu’avec le temps et, en raison de la nouveauté de ces outils, leurs retombées dans le corps social commencent juste à poindre. D’autre part, le développement des nouveaux médias s’effectue selon une logique indusmelle et commer- ciale et ne s’accompagne que rarement d’études des besoins réels de la population. L a technologie précède la demande sociale.

Les restructurations entraînées par la nouvelle offre de communication ont retenu en priorité l’attention des déci- deurs publics et privés, davantage intéressés par la faisabilité technique et par la rentabilité des projets que par les aspects sociaux. Aussi les organismes de financement de la recher- che ont-ils souvent privilégié les aspects économiques et institutionnels des nouvelles technologies.

Malgré cette conjoncture défavorable aux recherches sociologiques sur l’impact des nouvelles technologies dans la société, un certain nombre de travaux, de nature plutôt académique, ont été entrepris sur ce thème. Ils soulèvent des questions fondamentales sur le sens social des nouvelles technologies. Les problématiques poursuivies portent, enrre autres, sur les thèmes de la démocratie. des modes de vie et des usages alternatifs de ces objets.

Un processus démocratique ou inégalitaire ? Les nouveaux médias ont cristallisé nombre d’attentes. Symboles du progrès technologique et de la relance écono- mique, ils ont également été perçus c o m m e un moyen de renouveau du processus de la communication sociale. Les spécificités techniques de ces outils offrent en effet le poten- tiel d’une démocratisation de la communication et certains usages militent bien en faveur d’une plus large ouverture à la communication. Mais le développemeni des nouvelles tech- nologies comporte aussi des effets pervers qui, a confrario, témoignent aujourd’hui d’une inégalité sociale.

Les aspects positifs des nouvelles technologies se mesu-

rent à l’aune de plusieurs dimensions : élargissement de l’accès aux médias, développement de la communication interactive et apparition de la communication horizontale.

L’explosion audiovisuelle se traduit par une abondance de programmes qui augmente considérablement le choix du téléspectateur. La création de nouvelles chaînes privées en Europe occidentale, mais aussi dans d’autres régions du monde, l’apparition des chaînes à péage, les chaînes théma- tiques sur les réseaux câblés, la mise en service de satellites de radiodiffusion directe entraînent une forte diversification de l’offre. C e mouvement abolit le modèle de la télévision monolithique dans les régions touchées par cette évolution. De récepteur captif, le téléspectateur se voit doté d’un libre arbitre qui lui permet de sélectionner les programmes corres- pondant à ses goûts, qu’il s’agisse de programmes nationaux ou m ê m e de programmes étrangers, dans le cas des réseaux câblés européens par exemple ou de la réception directe par satellite. Cette profusion quantitative ne S’accompagne tou- tefois pas d’une extension comparable de la variété des produits, mais plutôt d’un risque d’uniformisation de l’offre et de redondance autour de produits de divertissement stan- dardisés - films surtout - pour des raisons liées à l’écono- mie des médias et aux conditions de production analysées antérieurement. Néanmoins, la nouvelle télévision, en ac- croissant les sources d’émission a contribué, après I’expan- sion des stations de radio sur la bande FM, à un plus grand accès à la communication audiovisuelle. E n outre, la multi- plication des sources d’information et de divertissement contribue de facto à un contournement, voire à une limita- tion, des formes de censure, formelle et informelle, et à une plus grande ouverture sur le monde.

La technologie vidéo constitue, quant à elle, une rupture avec le modèle vertical d’émission-réception des médias. L e magnétoscope, c o m m e on l’a vu, touche une fraction sub- stantielle des ménages dans les pays industrialisés, mais aussi des foyers équipés en téléviseur dans les pays en développement. II représente une décentralisation de l’accès à la cornmunication au niveau du foyer et un moyen d’échap- per à la programmation des stations de télévision. L’usagede la vidéo se fonde sur la liberté individuelle du choix des produits audiovisuels. De plus, cet outil présente un fort potentiel de participation à la communication. Avec I’ad- jonction d’une caméra, le magnétoscope devient un outil de

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production à usage individuel ou communautaire, m ê m e si aujourd’hui, c o m m e le montrent les études, l’équipement en camescope reste faible et souvent limité à l’enregistrement d’événements familiaux. L e simple enregistrement et le visionnement de films dans des créneaux horaires librement choisis demeurent partout une utilisation largement majori- taire.

La vidéo supplée aussi parfois aux carences de la dishi- bution cinématographique, c o m m e en Inde où on recense environ 50 O00 vide0 parlours qui rassemblent jusqu’à plusieurs centaines de personnes par projection. Cette tech- nologie est devenue le cinéma des pauvres qui peuvent voir des films endogènes dans plus de quatorze langues. L a production bon marché pour les réseaux vidéo a certes contribué à la crise de l’industrie cinématographique dans ce pays, mais elle a, en retour, ouvert l’accès des populations défavorisées au monde des images.

La micro-iniormalique a, pour sa part, mis l’ordinateur à la portée des petites entreprises et des individus. Elle peimet une autonomie d’usage qui se traduit par un gain d’indépendance envers les gros centres informatiques. L e micro-ordinateur contribue aussi à la démystification de l’informatique auprès du public et à l’accès à une culture technique réservée jusqu’alors aux spécialistes. Cette di- mension démocratique n’est sans doute pas étrangère au qualificatif d’outil convivial attribué au micro-ordinateur.

La communication interactive constitue un autre atout des nouvelles technologies. Son développement demeure certes encore limité, mais les nouveaux réseaux, dont le Réseau numérique à intégration de services (RNIS), sont appelés à amplifier cette fonction.

La fourniture de voies de retour du récepteur à l’émet- teur permet ainsi sur certains réseaux câblés de formuler des demandes de programmes spécifiques dans le cas du paie- ment à l’émission (payper view ï“). La télévision interac- tive sur les réseaux à câble coaxial présente toutefois des possibilités de participation encore réduites tandis que les réseaux à fibres optiques, quoique toujours expérimentaux, annoncent un plus large éventail de services fournis à la demande de l’usager. Ils offrent en effet de multiples appli- cations de divertissement, de services de nature pratique ou commerciale et de projets communautaires, c o m m e l’ont démontré, entre autres, les expériences japonaises bien connues de Tama CCIS (Community Cable Interactive System) et d’Hi-OVIS (Highiy interactive Visual Informa- tion Service). La télévision interactive se démarque du système unidirectionnel et vertical de la télévision classique et annonce l’entrée du récepteur c o m m e membre actif dans le processus de communication.

La télématique est sans doute la technologie qui intro- duit le plus d’interactivité dans les réseaux de communica- tion à ce jour. Le vidéotex, en particulier, donne aux usagers des institutions, des entreprises et des ménages l’accès à une multitude d’informations et de services. Il permet de répon- dre à des besoins ponctuels de renseignements d’ordres divers (administratifs, professionnels, pratiques, etc.) et d’opérer des transactions (réservations, opérations bancai- res, achat à distance, etc.). Cette technologie peut aussi susciter des approches participatives à la communication. E n France, par exemple, les chaînes de télévision font fréquem-

ment appel aux personnes équipées d’un Minitel (terminal vidéotex) pour exprimer leur opinion sur des sujets d’intérêt public au cours d’émissions d’information et de débats politiques. Ces sondages électroniques, auxquels les indivi- dusrépondent directement sur leur écran vidéotex et dont les résultats sont affichés immédiatement à l’écran, sont desti- nés à soutenir l’attention de l’audience et à entraîner une mobilisation des téléspectateurs autour des thèmes abordés.

Par ailleurs, l’élargissement de la communication hori- zontale interpersonnelle constitue aussi une voie de démo- cratisation des systèmes de communication. Les réseaux télématiques, en développant le courrier électronique, ou- vrent de nouveaux circuits de communication qui permettent une plus grande souplesse dans l’échange de messages à distance, y compris au niveau international. Les services de messagerie professionnelle peuvent, quant à eux, parfois modifier les schémas hiérarchiques tradi tionnels de diffu- sion et d’échange de l’information au sein des entreprises en conduisant à une communication plus ouverte et plus directe entre les différentes catégories de personnel.

Les systèmes de messagerie électronique offerts au grand public sont variés. Dans un grand nombre de cas, ils s’adressent à des possesseurs de micro-ordinateurs qui, au moyen d’un équipement périphérique, se branchent sur le réseau de télécommunications. Ces systèmes de communi- cation rassemblent souvent des passionnés de l’informati- que, mais ils s’ouvrent aujourd’hui à des usagers plus diver- sifiés. Les grands services de communication télématique «Cornpuserve H et N The Source >) en Amérique du Nord assurent ainsi, parmi d’autres services, une communication horizontale entre de nombreux possesseurs de micreordina- teurs. Ces réseaux sont, en effet, parfois couplés avec des services de base de données c o m m e dans le cas des réseaux Micronet et Microlink, au Royaume-Uni, liés respective- ment au service vidéotex Preste1 et au service de Telecom Gold Electronic Mail de British Telecom, qui sont utilisés par plusieurs dizaines de milliers de personnes. O n assiste aussi dans les pays industrialisés à une profusion de petites messageries, les Bulletin Boards, qui, outre les discussions sur l’informatique ou d’autres thèmes, comme l’environne- ment, sont l’occasion de petites annonces commerciales, mais aussi de l’amorce de nouveaux liens sociaux entre les participants. Les messageries du réseau vidéotex français, surtout pratiquées par un public jeune et urbain, se sont d’ailleurs créées autour de la recherche de contacts sociaux. L’accroche amoureuse en est le thème dominant, mais les recherches menées ont aussi démontré que cet échange de messages était l’occasion de l’émergence de nouvelles for- mes de sociabilité qui remédient à l’isolement et aux caren- ces de l’intégration sociale dans les grandes agglomérations. Aussi la télématique débouche-t-elle sur une autre forme d’échange social médiatisé par la technique qui élargit les réseaux de communication interpersonnelle.

E n résumé, les nouvelles technologies reposent sur un dispositif de fonctionnement qui, grâce à l’augmentation du nombre des canaux, à l’interactivité et aux liaisons interper- sonnelles, concourt à une démocratisation de lacommunica- tion.

Néanmoins, le processus de diffusion des nouvelles technologies s’accompagne de retombées négatives qui

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obligent à nuancer le bilan car il recouwe de fortes dispantés entre les divers groupes sociaux, d’une part, et entre les différentes régions du monde, d’autre part.

Dans les pays industrialisés, l’accès aux technologies audiovisuelles demeure aujourd’hui nettement plus ouvert que l’accès aux technologies informatiques. L e magnétos- cope atteint un taux de pénétration supérieur à la moitié des ménages dans de nombreux pays, mais il demeure toutefois un équipement trop onéreux pour une partie substantielle des foyers. L a télévision par câble est très développée en Amé- rique du Nord et dans les petits pays européens. mais elle reste encore marginale dans les autres pays du monde. Quand elle est disponible, l’abonnement aux services du câble représente souvent une somme trop importante pour être accessible aux familles les plus modestes.

La micro-informatique demeureencore une technologie réservée aux groupes sociaux aisés. Certes, l’équipement en micro-ordinateurs atteint des taux relativement élevés dans certains pays c o m m e le Royaume-Uni (environ le tiers des ménages), mais il comprend un grand nombre d’appareils bas de gamme qui ne permettent guère d’autres usages que les jeux. Les micro-ordinateurs de niveau semi-profession- ne1 ou professionnel sont surtout possédés par les classes sociales supérieures qui non seulement disposent du capital financier nécessaire pour les acquérir, mais aussi du capital culturel qui leur permet de développer des usages diversifiés. Par ailleurs, l’alphabétisation informatique, qui se déve- loppe avec l’emploi deces outils, est un nouveau savoir dont sont exclus les individus qui ne possèdent pas les moyens d’y accéder (personnes de faible niveau socioculturel ou du troisième âge).

Les services interactifs ne sont eux aussi pleinement utilisés que par une fraction de la population qui, d’une pari, possède les ressources financières nécessaires pour faire face à ces dépenses et, d’autre part, jouit d’un mode de vie qui justifie l’appel à des banques de données et à des services de transaction. Les enquêtes quantitatives réalisées en France auprès des possesseurs du Minitel sont significatives à cet égard. Malgré la fourniture gratuite du terminai à domicile par l’administration des Télécoms, les ouvriers et les inactifs n’utilisent que très peu les services payants du vidéotex qui sont surtout fréquentés par les catégories socio-profession- nelles supérieures ou moyennes.

Les résultats des études conduites dans plusieurs pays industrialisés montrent une tendance à un accroissement de l’inégalité d’accès aux technologies de communication. Les groupes sociaux les mieux équipés en technologies tradition- nelles (multi-équipement en postes téléphoniques et en télé- viseurs, par exemple) sont également ceux qui disposent le plus des technologies nouvelles. Les abonnés à la télévision par câble sont souvent les mieux équipés en magnétoscopes. Par ailleurs, l’équipement en nouvelles technologies audio- visuelles, mais aussi informatiques, n’est le fait que d’une petite fraction de la société. Les études identifient ainsi un groupe de précurseurs qui disposent d’une panoplie d’outils de communication. C e groupe suréquipé est majoritairement composé d’individus plutôt jeunes habitant les grandes agglomérations qui appartiennent aux catégories sociales supérieures et, dans une moindre mesure, aux classes moyennes. C e sont ces personnes qui utilisent le plus les

produits informatiques et les nouveaux services de commu- nication interactive.

Par ailleurs, les réseaux interactifs, c o m m e le Réseau numérique à intégration de services, représentent des inves- tissements énormes qui conduisent certains pays à en limiter le développement aux zones urbaines et industrielles présen- tant un certain seuil de rentabilité.

Le problème du coût de l’accès devient en effet une nouvelle réalité économique qui distingue les nouveaux seMces de communication des anciens systèmes de diffu- sion. L’accès à ces services requiert en générai l’achat ou la location d’un équipement supplémentaire (décodeur pour le téléviseur, périphérique de communication pour l’ordina- teur, par exemple) auquel viennent s’adjoindre les dépenses afférentes à la fourniture des prestations. Ainsi, les systèmes de télévision interactive expérimentés au Japon représentent un coût d’abonnement aux services offerts environ dix fois plus élevé que le coût de la redevance télévisuelle.

L’évolution présente des systèmes de communication se fonde sur le principe de la différenciation des prestations. A côté des services habituels de base faisant l’objet d’une tarification modérée, les nouveaux services, communément qualifiés de services à valeur ajoutée, inaugurent une autre conception de l’infonnation qui devient de plus en plus assi- milée à une commodité. L a rentabilité économique constitue le mode d’opération de ces services, y compris de ceux qui sont gérés par le secteur pubIic. Ainsi, les services téléma- tiques dans les domaines des renseignements administratifs, du social. de la santC. par exemple, sont facturés aux deman- deurs. Les nouveaux services inaugurent donc l’abandon du principe de gratuité de l’information de nature publique, qui devient payante. Par ailleurs, les services commerciaux, comme le télé-achat, susceptibles d’inréresser les personnes du troisième âge et les handicapés s’avèrent le plus souvent inaccessibles à ces derniers en raison de leurs tarifs élevés. Le coût des nouveaux réseaux de communication en prohibe donc l’accès aux personnes à revenu modeste.

Larecherchecemelesgroupes sociauxquisonten partie exclus des marchés où sont offerts les services de communi- cation et d’information les plus avancés, soit en raison de la modicité de leurs revenus, soit en raison de leur âge, de leur faible niveau d’éducation ou de leur acculturation sociale. Les nouvelles technologies créeraient ainsi de nouvelles segmentations sociales entre les information rich et les information poor.

Ces inégalités d’accès sont encore plus prégnantes dans les pays en développement où l’acquisition des nouveaux biens technologiques renforce la grande disparité entre la petite partie de la population qui dispose déjà des médias traditionnels et la majorité des habitants qui en sont dépour- vus. La micro-informatique domestique reste certes encore marginale dans ces régions, mais les études montrent que le magnétoscope est devenu une technologie courante, voire un instrument de distinction sociale pour les familles aisées.

Enfin, au niveau international, les nouveaux services de communication demeurent largement concentrés dans les pays industriels avancés, c o m m e on l’a souligné au cours des chapitres précédents, et l’accentuation des déséquilibres entre ces pays et le reste du monde devient une question cruciale.

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Le changement social Les bouleversements du champ de la communication. appa- rus au cours de la dernière décennie, ont entraîné des évolu- tions sensibles dans les pratiques des individus. Le public des technologies de communication se fragmente sous l’effet d’une individualisation accrue des usages et de conduites de plus en plus autonomes. A travers ces Changements qui affectent le mode de vie, se repèren t les signes précurseurs de l’avènement du u foyer électronique ».

Les études sur les usages des médias et des nouvelles technologies sont à ce jour essentiellement cantonnées dans les pays industrialisés. Elles observent la part croissante prise par les activités de communication dans la vie quoti- dienne et l’emploi du temps des individus.

La consommation audiovisuelle demeure l’activité dominante d’autant que la nouvelle offre télévisuelle et le magnétoscope contribuent à faire entrer dans les foyers un flot d’images permanent. L’écran de télévision est devenu le moyen de divertissement principal dans de nombreuses régions du monde. Certes l’Amérique du Nord reste la région où la durée moyenne d’écoute de la télévision par foyer, d’environ sep1 heures par jour, est la plus forte, mais, dans plusieurs pays européens, une tendance à l’élévation globale de l’exposition au petit écran se dessine sans atteindre encore toutefois le m ê m e niveau .

Cette koute intensive est particulièrement sensible chez les enfants puisqu’elle est souvent supérieure, dans les pays industrialisés, au temps scolaire. Le récepteur de télé- vision remplit souvent une fonction de (< garde d’enfants >> qui soulève à nouveau la discussion relative à l’influence de la télévision sur les valeurs, les attitudes et les comporte- ments des jeunes récepteurs. Les séquences de violence ca- ractérisent en effet une grande quantité de programmes pour enfants et de clips vidéo destinés aux jeunes, comme l’a remarqué une étude de synthèse, faite avec l’aide de l’Unes- co et portant sur l’analyse d’un grand nombre de recherches consacrées à la violence et à la terreur dans les mass media. U n consensus se dégage de ces travaux qui souligne l’in- fluence négative des produits de violence sur le psychisme et le comportement des jeunes téléspectateurs.

Hormis la violence, la question se pose aussi des inci- dences de l’augmentation substantielle de la publicité sur la diffusion des valeurs de consumérisme dans la société.

La croissance de la consommation audiovisuelle varie toutefois selon les milieux socioculturels. Ainsi, des études menées au Royaume-Uni et en Suède ont montré que le magnétoscope joue un rôle spécifique dans les différentes classes sociales. Les catégories sociales supérieures utilisent de façon prioritaire cet outil pour enregistrer des program- mes de leur choix et s’affranchir des contraintes horaires de la programmation tout en ne regardant pas plus le petit écran. A l’inverse, le magnétoscope produit une augmentation substantielle de la consommation audiovisuelle dans les catégories sociales inférieures qui non seulement regardent autant la télévision et enregistrent en sus d’autres program- mes, mais louent aussi davantage de films.

Une autre dimension de l’évolution des comportements audiovisuels réside dans l’émergence d’une plus grande autonomie des récepteurs. Face à la profusion de l’offre, les

audiences évoluent et se morcellent de plus en plus. L’image de vastes publics passifs, rivés aux mêmes programmes, qui a contribué à forger la représentation traditionnelle des médias de masse se transforme. Les masses n’existent plus en tant que blocs monolithiques, elles s’émiettent entre les diverses technologies (télévision hertzienne ou par câble, magnétoscope, réception directe par satellite dans certaines régions) et les divers programmes qui leur sont proposés.

Le consommateur de la nouvelle télévision s’érige au- jourd’hui en usager actif qui emploie pleinement son libre arbitre de sélection. Grâce à la télécommande, il pratique le zapping qui le fait passer instantanément d’une chaîne à l’autre à la quête de nouvelles images. Cette mobilité des téléspectateurs ravive la course à l’audience entre les chaînes etfnistrelespublicitaires qui redoutent ce moyen d’échapper à leurs messages. La nouvelle liberté des récepteurs a conduit à la mise sur pied de méthodes de mesure d’audience de plus en plus fineset très sophistiquées qui permettent deconnaître le public rassemblé autour de chaque écran à une seconde près.

Une autre caractéristique des changements de pratique est la tendance à l’individualisation de l’écoute. Le multi- équipement en téléviseurs qui se répand dans les pays indus- trialisés, où il atteint souvent près du tiers ou plus des ménages, réduit les discordes familiales accentuées par l’abondance du choix des programmes et favorise la diffé- rence de goût et la sélection personnelle.

La privatisation de l’usage s’est instaurée d’emblée dans le cas des technologies informatiques. Des études conduites sur le processus d’adoption de ces technologies ont relevé que si plusieurs membres du foyer peuvent s’en servir à tour de rôle, l’emploi par chaque individu répond à une démarche personnelle.

A u sein de la cellule familiale, de fortes différenciations ont été observées dans les modes d’appropriation des techno- logies informatiques. La classe d’âge opère un clivage entre les enfants, qui d’emblée s’en emparent, et les adultes, qui doivent faire un effort d’apprentissage. Le sexe introduit aussi une différence significative car les hommes se servent davantage de ces outils que les femmes, et m ê m e les petits garçons s’approprient plus l’ordinateur que les petites filles. La machine demeure un attribut du sexe masculin, cette acculturation jouant un effet dissuasif auprès de l’autre sexe. Par ailleurs, les usages féminins s’avèrent en général plutôt fonctionnels alors que les usages masculins comprennent davantage une dimension ludique et technique.

Les recherches sur la télématique et l’informatique à domicile ont également montré l’autonomie des usagers qui emploient ces technologies de façon très diversifiée et à des fins pratiques ou ludiques. Les services télématiques d’infor- mation et de transaction à distance répondent à des besoins ponctuels et font l’objet de connexions plutôt brèves. Au contraire, les services de loisir occupent une place nettement plus importante dans le budget-temps des individus. Les services ludiques du vidéotex français, par exemple, bien queconsuitéspar une petite fraction seulement de lapopula- tion équipée, représentent une part importante du trafk télématique grand public.

Le phénomène ludique est aussi significatif des compor- tements des informaticiens amateurs qui s’adonnent au plai-

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sir de la programmation. Ces individus, jeunes et très majo- ritairement de sexe masculin, sont pleinement investis dans ce hobby qu’ils pratiquent au détriment d’autres activités comme la télévision. Des recherches conduites en Amérique du Nord et dans plusieurs pays d‘Europe montrent d’ailleurs des résultats concordants quant aux profils des utilisateurs de la micro-informatique et aux modes d’usage. Les jeux cons- tituent un fraction très importante des utilisations surtout chez les enfants, qui ne se servent que plus rarement de leur micro à des fins éducatives et créatrices. Par ailleurs, les usages professionnels à domicile des ordinateurs de haut niveau technique sont bien installés auprès des catégories socio-professionnelles supérieures. Mais l’engouement ini- tiai pour la découverte de l’informatique et pour la gestion domestique semble être quelque peu retombé. Certaines personnes ont en effet abandonné leur micro, ayant été déroutées soit par la complexité de l’informatique, soit par les insuffisances techniques de leur machine ou tout simple- ment par l’absence de besoins réels correspondant à l’utili- sation d’un ordinateur.

Cette désaffection se remarque aussi dans le cas d’autres technologies. L’enthousiasme initial s’affaiblit avec le temps et, peu à peu, ces objets deviennent ordinaires et sont utilisés de façon ponctuelle. L’usage des nouvelles techno- logies se fonde sur leur insertion progressive dans la vie quotidienne.

La panoplie de produits de communication offerts au public appelle en effet des arbitrages individuels, car si le temps libre a légèrement augmenté au cours des dernières années, il n’est pas indéfiniment extensible. Les nouvelles technologies permettent certes de se dégager de certaines contraintes domestiques grâce au téléachat et à d’autres services de transaction à distance qui sont en particulier appréciés pour l’aménagement de l’emploi du temps. Mais la variété des services audiovisuels et de télécommunications exige des choix d’usages et de dépenses qui sont corrélés au niveau de vie et au style de vie.

L’acquisition des biens de communication se fait pro- gressivement et la situation actuelle des ménages se caracté- rise donc par un équipement hétérogène, les foyers privilé- giant soit l’audiovisuel, soit l’informatique, soit les télécom- munications, en fonction de leurs revenus et de leurs priori- tés. Seul un petit groupe de précurseurs correspondant à une élite socio-économique dispose de tout.

Néanmoins, le domicile devient peu à peu une cellule technologique. Nombre de ménages ont déjà un équipement multiple en récepteurs radio, en postes téléphoniques, en appareils d’enregistrement sonore ou en téléviseurs. Mais de nouvelles générations de terminaux et d’équipement entrent aussi dans les foyers, parmi lesquels on recense : le micro- ordinateur, le décodeur télévisuel, le magnétoscope, le poste téléphonique à touche et à fonctions spéciales, le répondeur téléphonique, le lecteur de disques compacts, la console de jeux vidéo, etc. Avec la télématique, la résidence se branche de plus en plus sur l’extérieur et l’unité domestique s’intègre dans une variété de réseaux de communication. Déjà, la domotique, qui permet entre autres le contrôle à distance des installations domestiques (électricité, etc.) et divers services de télésécurité, est expérimentée en divers endroits. Par ailleurs, le Réseau numérique à intégration de services an-

nonce de nouvelles possibilités de communication aux ménages.

La recherche soulève maintes interrogations quant à l’avènement du u foyer électronique >> et à ses incidences sur les loisirs, les services, le travail et la vie sociale.

Le foyer s’érige en effet de plus en plus en centre de loisirs. Ce mouvement, déjà amorcé avec les mass media traditionnels, n’est pas récent, mais la question se pose de l’influenceà termedes nouvelles technologies surl’industrie du spectacle, dont le théâtre et le cinéma qui ont déjà subi de fortes pertes de publics. La croissance des possibilités de divertissement à domicile est aussi susceptible d‘entraîner un repli accru sur la cellule familiale et un désengagement plus grand de la collectivité sociale.

L’entrée des services de renseignements et de transac- tions dans les foyers permet d’accomplir de chez soi une quantité d’activités et d’opérations qui exigeaient aupara- vant un déplacement physique. Le gain de temps est pré- cieux. mais ces services signifient aussi une perte du contact humain avec l’extérieur.

Les nouvelles technologies inaugurent égaiement la réapparition du travail à domicile. Le travail à distance pour les emplois d’exécution dans les entreprises n’est encore guère développé, mais ses avantages pratiques (abolition des temps de transport, flexibilité temporelle) sont contrebalan- cés pax l’isolement social des femmes, en particulier, qui le pratiquent. Par ailleurs, les personnes des catégories socio- professionnelles supérieures qui se servent de l’ordinateur à la maison constatent qu’elles travaillent davantage et que la distinction entre la vie personnelle et la vie professionnelle devient pour elles de plus en plus ténue.

La communication interpersonnelle par le canal de la télématique permet, quant à elle, d’accéder à partir du domicile à la discussion, par écrit, avec des personnes proches ou m ê m e inconnues. Les messageries conviviales instaurent m ê m e une nouvelle forme d’échange social qui se greffe sur le jeu de l’anonymat, par l’emprunt de pseudony- mes, et sur des messages en partie fantasmatiques. Cette sociabilité imaginaire entre inconnus débouche parfois sur des rencontres réelles et sur des formes de sociabilité plus extensives. Mais le recours à la technologie pour établir des relations interpersonnelles témoigne également de la soli- tude et des difficultés d’insertion sociale dans les sociétés post-industrielles.

Toutes ces évolutions montrent la place centrale occu- pée par la médiation technique dans l’accomplissement des activités ordinaires car l’interaction avec la machine rem- place. dans divers cas, l’interaction humaine. Elles montrent aussi la tendance à l’abolition des frontières entre l’espace public et l’espace privé, qui bouscule les cloisonnements traditionnels et modifie l’organisation de la vie sociale.

Ainsi, une série de questions demeurent en suspens et interpellent la recherche sur le modèle de société en cours d’élaboration. Le cc foyer électronique », branché sur un grand nombre de réseaux de communication, serait4 para- doxalement source d’un isolement accru et d’une perte de liens sociaux ? Le gain de liberté individuelle acquis grâce aux nouvelles technologies se doublerait-il d’une autre forme d’aliénation ? Quelle est la part qui revient dans les transformations en cours à l’évolution technologique d’une

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part et au changement social d’autrepart? Comment s’effec- tue la relation entre ces deux pôles ?

Les recherches quantitatives sur les usages et les bud- gets-temps permettent de repérer des évolutions globales. Mais ces travaux effectués à l’échelle nationale restent fragmentaires et appellent des analyses comparées portant sur plusieurs pays pour mieux discerner les incidences des nouvelles technologies sur les sociétés. Par ailleurs, les études qualitatives à caractère ethnologique permettent de mieux discerner le sens social des pratiques, les caractéris- tiques de l’usage respectif des différentes technologies et les changements afférents au mode de vie. Quelques recherches de cette nature ont déjà été entreprises, mais elles méritent d’être conduites dans différentes cultures afin de pouvoir analyser, au niveau international, la complexité et les moda- lités du processus de changement social.

Les usages alternatifs Les logiques industrielles et commerciales qui président à la diffusion des nouvelles technologies favorisent un accrois- sement considérable des outils et des produits qui stimulent l’accès à la communication. Mais la disposition d’une vaste gamme de choix ne signifie pas pour autant une participation active aux processus communicationnels. Le modèle domi- nant reste, malgré le potentiel de démocratisation offert par les nouvelles technologies, celui de la consommation, m ê m e si celle-ci repose sur une relation à la communication plus active et plus libre. Cette situation paraît d’ailleurs en os- mose avec l’évolution du corps social qui se caractérise, dans les sociétés indusûielles avancées, par un retour à l’indivi- dualisme et à un repli sur le foyer, peu favorables aux usages collectifs. Les courants idéologiques des années 60 et 70 qui avaient soutenu les projets communautaires se sont en effet quelque peu éteints. L’épanouissement et la réalisation per- sonnels sont devenus les thèmes mobilisateurs des années 80 qui accompagnent l’éclosion des nouvelles technologies.

Malgré ce contexte global qui définit la tendance majo- ritaire des usages, les nouvelles technologies donnent lieu à des pratiques alternatives aux modèles de communication classiques. L’espace de la communication s’ouvre d’abord à l’expression des minorités ethniques et culturelles qui em- pruntent des supports divers. Les projets communautaires, pour leurpart, m ê m e s’ils sont moins nombreux et reçoivent aujourd’hui moins d’attention, existent toujours dans diver- ses régions du monde.

La vidéo estuninstrumentdecommunicationautonome et particulièrement souple qui lui permet de jouer un grand rôle dans les sociétés mululingues. E n Inde, le magnétoscope est devenu une alternative au cinéma dans les zones urbaines, mais aussi dans les campagnes les plus reculées, et permet, c o m m e on l’a vu, de diffuser des vidéogrammes dans un grand nombre de langues. Les films indiens sur support vidéo sont aussi diffusés à l’étranger et reqoivent une large audience auprès des communautés ethniques immigrées. A u Royaume-Uni, les études ont montré le succès du magné- toscope auprès des familles indiennes et pakistanaises qui peuvent ainsi regarder de nombreux films qui les rattachent

à leur culture. C e lien avec la communauté d’origine, entre- tenu par le canal de la vidéo, s’observe dans de nombreuses populations d’expatriés. Ainsi, des circuits de distribution parallèles se sont créés à destination des travailleurs yougo- slaves immigrés dans les pays d’Europe de l’Ouest qui reçoivent des copies vidéo de programmes diffusés par les stations de télévision de leur pays. L’importance de la demande des Yougoslaves résidant à l’étranger a m ê m e encouragé les organisations de télévision à enregistrer sur cassette vidéo les spectacles des artistes locaux les plus populaires. L a caméra vidéo sert aussi à filmer les événe- ments familiaux et à maintenir à distance les relations pri- maires.

De plus, la technologie vidéo a été à l’origine de la création d’un secteur de production et de distribution vidéo indépendant qui réalise des documents sur des sujets d’inté- rêt politique, social ou culturel. Ces vidéogrammes sont en général produits par des associations ou des groupes et diffusés dans un circuit parallèle (communautés locales, réseau associatif, etc.). Dans les pays industrialisés, on recense de nombreux groupes vidéo indépendants. L a vidéo sert souvent à l’expression de groupes défavorisés qui ne parviennent pas ou peu àaccéder aux circuits des institutions médiatiques. La grève des mineurs britanniques a ainsi donné lieu à une série de vidéogrammes qui ont permis de faire connaître les problèmes et les opinions de cettepopula- Uon. Ces cassettes, vendues à environ 8 O00 exemplaires et montrées au cours de réunions, ont reçu une large audience.

E n Amérique latine, des groupes vidéo utilisent cette technologie c o m m e instrument de conscientisation et de développement communautaire dans plusieurs pays. A u Brésil en particulier, de nombreux groupes vidéo se sont créés qui travaillent en relation avec les mouvements popu- laires, les syndicats. les associations locales, les églises, les écoles, etc. Les productions vidéo réalisées visentà entraîner la participation des populations démunies à des projets communantaires et servent de catalyseur à la prise de cons- cience des problèmes du développement. Elles sont aussi parfois diffusées à l’extérieur des communautés comme témoignage de l’expression des mouvements populaires. La fonction de mobilisation politique de la vidéo a suscité l’intérêt des syndicats dont un certain nombre se sont équipés en matériel de production. La croissance de ces groupes a abouti à la création d’une association brésilienne du mouve- ment populaire vidéo qui publie un catalogue des vidéo- grammes disponibles et qui cherche à établir des circuits de distribution à travers le pays.

En Inde, la vidéo est un outil de développement pour les femmes de l’association SEWA (Self-Employed W o m e n Association), à Ahmedabad, qui regroupe 22 O00 femmes ayant de petits emplois indépendants dans le secteur infor- mel. Certaines adhérentes de cette association, y compris des femmes illetkées, ont été formées aux techniques de la production vidéoetréalisentdesfilms surleursconditionsde travail et de vie. La vidéo donne une chance à ces femmes pauvres de s’exprimer librement et d’exposer leurs difficul- tés. Les productions réalisées sont ensuite montrées au cours de réunions et sont l’occasion pour les femmes d’échanger leurs expériences et d’examiner les possibilités de change- ment. L’association SEWA fait aussi parvenir certains

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vidéogrammes aux décideurs politiques pour attirer leur attention sur les problèmes de ses membres.

Dans les pays en développement, la vidéo sert égaie- ment à des institutions gouvernementales pour des projets d’éducation et de formation. A u Pérou par exemple, le Ministère de l’agriculture a réalisé plus de 1 O00 vidéogram- mes pour laformationruraie. U n projet d’alphabétisationpar la vidéo a aussi été entrepris par le Ministère de i’éducation. mais il s’est heurté à des difficultés financières. Ces initiati- ves demeurent néanmoins ponctuelles et encore peu répan- dues dans les régions du tiers monde.

La vidéo est par ailleurs un instrument de formation utilisé par de nombreuses organisations publiques et entre- prises privées à travers le monde. Elle a favorisé la création de systèmes de télévision fermés, mais aussi de circuits de distribution de cassettes dans les réseaux professionnels et institutionnels.

La croissance des médias locaux est un autre aspect de l’évolution des systèmes de communication. Les télévisions locales présentent des programmes sur des thèmes d’intérêt communautaire. L a profusion des radios indépendantes dans les années 70. qui avait, quant à elle, donné lieu à la libre expression des groupes locaux. a souvent évolué vers des formes purement commerciales, mais, en Scandinavie, les nombreuses radios de voisinage sont en plein essor et stimu- lent la démocratie locale.

Le câble communautaire s’est instauré de façon auto- nome, au début des années 80, en Espagne, à l’initiative d’associationsdevoisinsetdepetitesentreprisesquiontrelié par câbles aériens les immeubles de différents quartiers afin de pouvoir recevoir les images de films vidéo. L e succès de cette initiative N sauvage », qui s’est rapidement développée en Andalousie et a gagné d’autres régions, a témoigné de l’aspiration de la population à ne pas être limitée aux deux chaînes de la télévision nationale et à avoir un plus grand choix d’émissions. Bien que les programmes diffusés sur ces petits réseaux soient essentiellement des films de divertisse- ment, cette expérience montre les possibilités d’auto-organi- sation des habitants pour construire de nouveaux réseaux de communication et avoir accès aux images. L’autorisation de la création de trois chaînes de télévision privées, en août 1989 dans ce pays, risque néanmoins de modifier la situation de ces réseaux communautaires.

Malgré la forte prédominance de programmes de diver- tissement standardisés sur les réseaux du câble, les chaînes d’accès public (Public Access) demeurent des moyens d’ex- pression offerts à la communauté. Aux États-Unis d’ Améri- que, le câble couvre également les différences linguistiques des minorités hispaniques ou asiatiques, et certaines chaînes s’adressent au public de ces communautés dans leur propre langue. Des chaînes spécialisées satisfont aussi des intérêts particuliers comme le montrent notamment les exemples suivants : pour le sport (Entertainement and Sports F’rogram- ming Network), les nouvelles (Cable News Network), la culture (Arts and Entertainment Channel), les sciences (The Discovery Channel), la religion (Christian Broadcasting Network), les programmes pour enfants (Nickelodeon, Disney Channel), etc. Tous ces réseaux commerciaux satis- font une demande socioculturelle spécifique. Bar ailleurs, plusieurs chaînes thématiques de ce type diffusent, par

satellite, à destination des réseaux câblés d’autres régions du monde.

Les nouvelles technologies informatiques, pour leur part, débouchent aussi sur des projets adaptés aux besoins de communautés et de populations particulières.

L’ordinateur est utilisé dans des programmes d‘éduca- tion spéciale à l’intention d’enfants handicapés. Des applica- tions de l’informatique à l’usage des non-voyants ont été effectuées avec des machines spécifiquement équip6es pour le traitement informatique du braille. D e s clubs de micro- informatique ont égaiement été montés, avec le soutien d’organimes publics, dans les quartiers pauvres des agglo- mérations de différents pays afin de faciliter l’accès de cette technologie aux jeunes des classes sociales défavorisées.

Les nouveaux réseaux de télécommunications ont per- mis d’installer en certains endroits des systèmes de télé- alarme au domicile des personnes âgées et malades qui les relient en permanence aux services médicaux d’urgence.

La télématique comprend aussi quelques projets de nature communautaire ou sociale. Ces services interactifs s’adressent aux groupes ayant des besoins d’information particuliers et existent dans divers pays. Ils paraissent toute- fois marginaux dans l’ensemble des services offerts et souf- frent le plus souvent d’une carence de moyens qui en limitent la portée.

A u Royaume-Uni, par exemple, des banques de don- nées ont été créées, sur le réseau Microlink, par des groupes de pression et des associations volontaires qui fournissent des informations dans les domaines du droit, de la santé, de l’éducation et du social. Des services d’information commu- nautaire gratuits existent aussi sur les petits réseaux des Bulletin Boards. En France, de nombreuses municipalités ont développé des services vidéotex d’information sur les activités de leur commune et les services publics locaux. Ces services sont payants, mais accessibles sur le réseau à tarif réduit du vidéotex. Les partis politiques disposent aussi de leurs propres services d’information télématique. Par ailleurs. quelques associations ont réalisé des applications communautaires qui recouvrent des renseignements prati- ques (activités sportives et culturelles locales, ateliers d’art, garded’enfants,etc.)et desmessageriesdestinéesàfavoriser les contacts sociaux au niveau de la collectivité et à susciter des débats sur des thèmes d’intérêt public. Ces expériences de démocratie locale demeurent toutefois très limitées et la participation du public s’avère réduite, d’autant qu’en raison de contraintes économiques l’accès à ces services n’estpas toujours bon marché. Pour les femmes, le service télémati- que << Elletel n procure une série d‘infonnatiuns relatives au droit, à l’emploi, à la formation, à la sécurité sociale, à la santé et à la garde d’enfants, etc. La banque de données vise à aiguiller les femmes vers les centres spécialisés en leur fouhissant des adresses. D e s renseignements sont aussi fournis sur les derniers livres de femmes pan~s, les manifes- tations de femmes, nationales et internationales, les comités de défense de femmes battues ou violées, par exemple. De plus, u Elletel >) dispose d’un service de courrier éleckonique et de messagerie en direct qui permet aux femmes de discuter entre elles, m ê m e si ce réseau attire aussi des hommes. L e coût du service demeure cependant un facteur de limitation à la consultation.

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Par ailleurs, les nombreuses messageries conviviales du réseau vidéotex français répondent à une demande sponta- née du public. Le développement de ce type de service n’avait en effet pas été initialement prévu par l’administra- tion des Télécoms et s’est opéré à l’initiative des usagers qui ont investi le potentiel de communication interactive du vidéotex. Ce détournement d’usagemonm ledynamismedu corps social, capable d’élaborer de nouveaux réseaux de communication sociale. Certes, de nombreux services com- merciaux ont depuis profité de ce créneau pour offrir des messageries à tarif élevé. C e phénomène souligne cepen- dant, tout c o m m e les vidéos communautaires espagnoles, le rôle que peut jouer l’autonomie sociale dans la configuration des systèmes de communication.

Les usages alternatifs des nouvelles technologies, et en particulier les applications communautaires, demeurent aujourd’hui mal connus. La marginalité de ces pratiques au

regard du courant dominant n’en réduit pas pour autant l’importance, et larecherche peut êîreriched’enseignements quant aux modalités concrètes d’opération de ces projets et à leurs incidences dans le corps social.

De façon générale, les études sur l’impact social des nouvelles technologies demandent à être développées. Elles sont en effet indispensables pour saisir les transformations présentes et à venir de nos sociétés. Peu de connaissances ont encore été accumulées sur les usages de ces outils et sur leurs incidences auprès des individus, des groupes, des institu- tions et des nations. Le champ à couvrir est vaste et de nombreuses questions seposent àla recherche, qui appellent des travaux quantitatifs mais aussi qualitatifs. De plus, l’analyse comparée des retombées sociales des nouveaux médias à l’échelle internationale devient urgente afin de mieux cerner les modèles de société qui sont en voie de gestation et d’éclairer les orientations futures.

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Chapitre VI11

L’interaction technologie et société

La révolution technologique, qui se fonde aujourd’hui sur l’imbrication croissante de l’audiovisuel, de l’informatique et des télécommunications, transforme les systèmes de com- munication, et la M société de l’information >> naissante est source de nombreux débats.

L’examen des principales incidences des nouvelles technologies de communication a montré l’ampleur des bouleversements produits dans les champs de l’économie, du droit, de la culture, de l’éducation et du social. Face à ces mutations accélérées, le rôle de la recherche paraît essentiel tant pour cerner les modalités d’application des nouvelles technologies que pour en évaluer les effets. La connaissance scientifique s’avère, en effet, d’une nécessité première pour aider la décision et l’action.

Aussi les nombreuses questions de recherche, soulevées tout au cours de cette synthèse, conduisent-elles à la formu- lation de recommandations propres à éclairer le programme de l’Unesco.

La société de l’information Les manifestations des nouvelles technologies s’obsement de façon concrète dans divers domaines de l’action sociale, mais elles alimentent aussi une nouvelle idéologie. L’«information >> est en effet devenue le leitmotiv de la mo- derniré et les nouvelles technologies revêtent une valeur symbolique. L’avènement de la société de l’information ne fait toutefois pas l’objet d’un consensus et les nombreux dis- cours qui la concernent expriment soit de fortes attentes soit de graves inquiétudes quant à l’évolution qu’elle est censée produire.

Les discours démiurgiques assimilent les nouvelles technologies au progrès socio-économique et à une libéra- tion de l’êtrehurnain. Selon ces discours, elles sont un moyen de sortir de la crise et de relancer la croissance économique. Elles annoncent, grâce à l’automatisation, la fin des travaux pénibles et une extension du temps libre qui sera consacré aux loisirs. Les nouvelles technologies promettent aussi un regain de démocratie et de liberté individuelle grâce à la participation active des citoyens dans les systèmes de com- munication. L’épanouissement de l’individu est assuré par

l’élargissement des possibilités de choix en matière de diver- tissement et de formation tandis que les nouveaux services facilitent la vie quotidienne. De plus, la communication horizontale enrichit l’échange social ou déboucherait m ê m e à terme sur le village planétaire.

A l’opposé, les discours apocalyptiques voient les nou- velles technologies comme un danger. Elles sont considérées comme une source de nouveaux déséquilibres et d’une accentuation des inégalités intranationaies et internationa- les. Loin d’être un progrès, elles augmentent le chômage et créent une dépendance accrue de l’être humain vis-à-vis de la machine. Les banques de données représentent une me- nace pour les libertés individuelles, la sécurité et la souverai- neté nationale. Les nouvelles technologies renforcent aussi l’individualisme et concourent à l’effritement de la cohésion sociale comme à la dissolution des valeurs de solidarité et de bien collectif. Elles diffusent une culture universelle standar- disée qui se fonde sur le matérialisme et qui altère les cultures endogènes. Par ailleurs, elles conduisent au primat de la froide rationalité et de l’efficacité technique sur la pensée intuitive et sur l’humanisme.

De nombreux exemples peuvent alimenter ces deux rhétoriques, Mais ces discours, contradictoires dans leurs argumentations, se rejoignent en fait dans leurs prémisses. Ils se fondent l’un et l’autre sur l’omnipotence des nouvelles technologies et négligentpareillement le rôle du corps social.

Or, le développement des nouvelles technologies est en fait un phénomène très complexe qui ne repose pas sur un modèle causal déterministe. Les individus, les groupes, les entreprises, les institutions et les organisations ne se conten- tent pas de répondre à l’offre technique, ils jouent aussi un rôle dans leurs configurations et leurs modalités d’applica- tion. Il se produit une série d’ajustements et de négociations entre l’offre technique et la demande sociale. L a société n’est en effet pas un simple réceptacle, elle est traversée par ses propres changements et elle est source d’action. La diffusion des nouvelles technologies est un processus qui met en jeu une série de relations encore mal connues entre l’innovation technologique et l’innovation sociale.

La société de l’information semble aujourd’hui se décli- ner sur un double mode : celui de la globalisation et de la différenciation.

Elle est globalisante par son caractère intersectoriel et

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universel. Les nouvelles technologies s’infiltrent en effet dans tous les domaines de la société. Elles resmcturent les appareils économiques des systèmes de communication, modifient les cadres institutionnels et juridiques, entraînent des réformes éducatives. créent de nouvelles formes cultu- relles et influent sur les modes de vie. L’ensemble des activités sociales est touché.Le maillage de la société s’étend du niveau national aux niveaux régional et international. L a transnationalisation de l’information s‘accentue et une inm- cation complexe des systèmes de communication s’opère qui repose à la fois sur une dépendance accrue des pays en développement et une interdépendance entre les diverses régions du monde.

Le développement des nouvelles technologies ne s’ins- crit cependant pas dans un modèle uniforme. Les taux d’équipement, les rythmes de diffusion et les modalités d’application varient fortement d’un pays à l’autre, y com- pris dans les pays industriels avancés. Les stratégies écono- miques et les logiques institutionnelles sont fortement an- crées dans les traditions nationales et par là m ê m e diversi- fiées. Les différences de cultures et de modes de vie influent aussi sur les formes d’adoption et sur les pratiques. La nature dynamique des systèmes sociaux s’exprime à travers des mécanismes de rétroaction qui agissent sur les configura- tions technologiques. Dans les pays en développement, de fortes disparités s’observent de m ê m e dans les niveaux d’équipement et les stratégies d’implantation des nouvelles technologies. Les nations du tiers monde ont d’ailleurs des systèmes sociaux complexes et dynamiques qui influent également sur les modalités d’adaptation des nouvelles tech- nologies.

Ainsi, l’état des nouvelles technologies de communica- tion dans le monde se présente, à la fin des années 80, comme une vaste mosaïque. L a question se pose néanmoins de l’impact à long terme de leur développement. La recherche identifie, comme on L’a vu, des tendances lourdes qui mili- tent en faveur d’une homogénéisation des incidences, parmi lesquelles on recense le mouvement de déréglementation et de privatisation des organismes de communication, la con- centration des médias, la standardisation de l’offre des servi- ces et des images, la croissance du travail et du divertisse- ment par l’entremise des technologies, etc. A l’heure où les nouvelles technologies sont devenues un enjeu pour un grand nombre de pays, ces derniers sont confrontés au défi d’un modèle de société.

Le rôle de la recherche L’intégration de la recherche au processus de diffusion des nouvelles technologies est fondamentale àplus d’un titre. La technologie n’est certes pas une panacée à la résolution des problèmes auxquels sont confrontées les différentes sociétés et, en aucun cas, elle ne peut suppléer au développement des ressources humaines qui demeure prioritaire. Mais, si elle n’est qu’un instrument, la technologie n’en est pas pour autant neutre et les différents équipements adoptés jouent un rôle organisateur sur leurs modalités d‘application et enuaî- nent des effets spécifiques.

Il appartient justement à la recherche d’identifier les besoins et de mieux connaître la complexité des processus qui président au changement social et à l’évolution des systèmes de communication.

Le rôle que peut jouer la recherche passe par sa recon- naissance et par sa légitimité. Trop souvent, elle est jugée comme une activité purement intellectuelle, voire spécula- tive. Or la recherche est elle-même productrice car elle éiabore un savoir dont de nombreux enseignements peuvent être tirés pour guider le développement des nouvelles tech- nologies.

Les questions qui s’adressent aux chercheurs sont vastes et multiples. Les paradigmes classiques éclatent car les nouveaux réseaux de communication deviennent le véhicule d’une information extensive qui comprend aussi bien les images que les données tandis que les secteurs de l’audiovi- suel et des télécommunications se rapprochent de plus en plus. Par ailleurs, l’interactivité bouscule les schémas classi- ques de communication verticale, et la venue de nouveaux services d’information, de transaction et de communication horizontale estompe les frontières entre la communication de masse et la communication interpersonnelle.

Face à ces évolutions, la recherche doit, elle aussi, innover dans ses modèles théoriques et ses problématiques. Les études empiriques doivent ainsi définir de nouvelles méthodologies pour appréhender des circuits de communi- cation de plus en plus complexes, une immatérialité crois- sante de l’information et des applications multiformes.

Les difficultés de la recherche sont innombrables. La nouveauté des équipements et des produits ne lui permet d’abord pas d’avoir le recul nécessaire pour bien en mesurer la portée. De plus, les mutations qui s’opèrent dans le champ de la communication sont constantes et cette turbulence rend les données collectées rapidement obsolètes et prohibe toute tentative de bilan.

Par ailleurs, une partie de la recherche demeure trop fragmentée sur des technologies particulières ou SUT des thèmes ponctuels pour pouvoir mettre au jour la complexité des évolutions. Une autre partie aborde le thème des nouvel- les technologies de façon trop générale pour pouvoir identi- fier de façon fine les processus en cours.

Les implications des nouvelles technologies sont inter- sectorielles, mais les recherches pluridisciplinaires sont encore peu nombreuses. De même, la transnationalisation croissante de l’information appelle davantage de recherches comparées. Les études sur les régions en développement demeurent rares alors que la poussée des nouvelles techno- logies s’y fait de plus en plus vive.

Malgré ces insuffisances, les acquis de larecherche sont cependant loin d’être négligeables et nombre de données ont été collectées. d’observations effectuées, d’analyses élabo- rées.

Mais la valorisation de l’investissement dans la recher- che est limitée par les carences des circuits de diffusion des résultats des études.

Ces derniers atteignent d’abordrarement les sphères du pouvoir alors qu’ils peuvent servir de références utiles à la décision et à l’action. La capitalisation des études et des évaluations est en effet indispensable pour éviter la répéti- tion des erreurs commises et profiter des enseignements

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positifs des projets de communication élaborés dans diffé- rentes régions du monde. La constitution d’une << mémoire B qui consigne les résultats de la recherche et qui puisse être aisément accessible est une tâche prioritaire. Ces données peuvent fournir la base d‘un système de documentation automatique qui permette àlarecherche de jouer pleinement son rôle d’accumulation et de diffusion des connaissances.

Les résultats de larecherche et, en particulier, des études menées dans les régions en développement sont également mal diffusés au sein de la communauié scientifique. L’élabo- ration de circuits d‘échange d’information et de collabora- tion entre chercheurs paraît pourtant une nécessité première pour engager des travaux sur l’évolution de la communica- tion internationale.

Enfin, la diffusion des connaissances doit atteindre le grand public, sous forme de publications ou de programmes de vulgarisation, afin de susciter sa prise de conscience et sa participation à l’élaboration des nouveaux systèmes de communication.

Recommandations

Au cours des chapitres précédents, l’examen des incidences des nouvelles technologies dans différents domaines a déjà permis de dégager des pistcs de recherche. Il s’agit ici de proposer, en conclusion, quelques thèmes d’étude qui pa- raissent prioritaires au niveau international.

Les nouveaux réseaux modifient l’offre d’information et entraînent une refonte des systèines de communication traditionnels. D e s études sont nécessaires pour identifier leurs stratégies, démêler leur complexité, mettre à jour leur intrication. D e s questions se posent sur la concurrence et la complémentarité entre les différents réseaux de communica- tion, leurs interconnexions et leurs incidences sur I’interpé- nétration des économies au niveau international. Des recher- ches sont aussi à entreprendre sur la détemtorialisation de l’infomation et son impact sur la souveraineté nationale. Par ailleurs, les satellites de radiodi€fusion directe se dévelop pent et méritent une attention particulière.

Les nouvelles technologies entraînent une recomposi- tion des cadres institutionnels et juridiques qui régissent le secteur de la communication. Quelles sont les retombées de l’évolution des organisations de télécommunications et d’audiovisuel dans les pays occidentaux sur les systèmes de communication des autres régions du monde ? Quels sont leurs effets sur les principes de coopération et les tarifs applicables aux échanges internationaux de l’information ? Des problèmes à résoudre demeurent également quant à la définition et à l’application des cadres juridiques pour la protection des produits audiovisuels et informatiques. Des études juridiques s’imposent de m ê m e sur la réglementation intemationale des flux transfrontières.

Les concentrations des groupes de communication et de publicité, leurs stratégies nationales, régionales et intematio- nales offrent un vastechamp d’étude tout comme l’évolution des modalites de financement de la production audiovi- suelle. L’économie de la communication connait de pro- fonds bouleversements et appelle de nouvelles analyses, en

particulier sur la valeur marchande de l’information. Les transferts des nouvelles technologies demandent

des travaux de recherche-développement qui portent sur la définition des besoins, les modalités d’application, I’évalua- tion coût-avantage et les retombées économiques et sociales des projets. Le secteur informatique est prioritaire, et des recherches doivent n o m m e n t être conduites surlaconstitu- tion et les composantes de l’industrie du logiciel existant dans différentes régions en développement. Une attention particulière doit aussi être accordée à la nature de la partici- pation des pays pauvres aux flux transfrontières de données et à l’impact de ces derniers sur le processus de développe- ment

Les applications pédagogiques de l’informatique soulè- vent une série de questions sur les méthodes, les moyens, les coûts et l’efficacité de cette technologie. Les recherches comparées sont indispensables pour m e s m l’influence de l’informatique sur les processus cognitifs dans différents environnements socioculturels et linguistiques. D e s études prospectives sont également requises sur la complémentanté de l’informatique et de l’audiovisuel dans les méthodes d’enseignement.

Les dimensions culturelles des nouvelles technologies nécessitent une actualisation des données sur les flux audio- visuels régionaux et internationaux qui prenne en compte la réception directe par satellite et la vidéo. L’exposition aux nouveaux médias dans les régions en développement de- meure @ès malconnue et des études d’audiencequantitatives et qualitatives doivent y être menées pour déterminer les modalités de la consommation et les incidences de celle-ci sur les valeurs, les normes et les modes de vie. L a rcxherche doit aussi se pencher sur l’adaptation des cultures endogènes aux nouveaux médias et sur les formes de créativité et de pérennité culturelles de ces sociétés. Par ailleurs, l’évolution des cultures endogènes produite par l’interaction entre les valeurs de la tradition et celles de la modernité appelle des études ethnographiques comparées.

Les processus de diffusion des nouvelles technologies de communication doit susciter des études sur les modalités d’accès et les pratiques auprès des individus et des groupes dans différentes sociétés. L’entrée des nouveaux services interactifs d’information, de transaction et de cornmunica- tion interpersonnelle dans les ménages ouvre la voie à des recherches ethnographiques sur l’évolution des comporte- ments, des modes de vie et des relations sociales. La banali- sation de l’usage des technologies informatiques soulève également la question de l’impact de la rationalité technique sur les manières de faire et les structures cognitives comme celle de ses incidences sur les valeurs et les représentations sociales. Par ailleurs, la dimension locale et les projets communautaires et participatifs des nouvelles technologies doivent faire l’objet d’études de cas.

Cette série de thèmes d’études constitue un canevas qui a une simple valeur indicative face à l’ampleur des questions à résoudre. En raison du caractère intersectoriel des inciden- ces des nouvelles technologies, les recherches pluridiscipli- naires doivent être encouragées. E n outre, dans plusieurs cas, la complémentarité des méthodologies quantitatives et qua- litatives peut permettre de mieux saisir les diverses dimen- sions et la complexité des processus de changement

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Les instituts de recherche en communication aux ni- veaux national et régional sont aujourd’hui confrontés à la redéfinition de leurs politiques de recherche, et les études sur les nouvelles technologies deviennent souvent une priorité. Les organisations régionales et internationales ont égale- ment un grand rôle à jouer dans la stimulation, le finance- ment, voire la coordination de la recherche. L’Unesco, pour sapart,enraisondelaspécificitédesamission,peut apporter un soutien privilégié à la recherche dans les domaines d’action suivants : L’échange et la circulation de l’information par la création

d’une base de données intersectorielles sur les appiica- tions des nouvelles technologies dans diverses régions du monde, en particulier dans les domaines de l’éduca- tion, de la science et de la culture ; l’automatisation de l’information peut en effet permettre une bonne capita- lisation des résultats des recherches afin d’aider à la décision, à la planification et à la réalisation des projets de communication.

La documentation par le renforcement et l’extension du Réseau international de centres de documentation sur

les recherches et les politiques en matière de communi- cation (Comnet).

L’engagement de recherches comparées sur les applications, les usages et les incidences des nouvelles technologies dans divers secteurs de la communication en mettant l’accent sur la dimension interculturelle.

L’organisation de réseaux coopératifs entre chercheurs appartenant à la m ê m e région ou à plusieurs régions.

L’encouragement à la recherche dans les régions en déyelop- pement par le soutien aux centres de recherche locaux afin de mieux saisir la dynamique sociale et les retom- bées des nouvelles technologies sur les systhnes de communication et les cultures endogènes. Le champ de la communication est entré aujourd’hui

dans une ère nouvelle. L’explosion technologique se traduit par des incidences multiformes dans toutes les régions du monde. Face à ces bouleversements, la recherche est un insûument unique dontlapleine exploitation peutcontribuer à favoriser la maîtrise des pays et de la communauté intema- tionale sur les défis de société soulevés par le nouvel espace corn municationnel .

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Bibliographie

Cette bibliographie sur les nouvelles technologies de com- munication comprend deux parties : les études menées par l’Unesco sur ce thème et une bibliographie généraie.

La bibliographie générale a été élaborée en tenant compte de trois principaux crieres : la mention des princi- pales nouvelles technologies, la couverture géographique la plus large possible à l’échelle mondiale, enfin, une entrée thématique sur les incidences des nouvelles technologies dans les champs économique. juridique, éducatif, social et culturel.

Par ailleurs, un effort particulier a été réalisé pour couvrir des ouvragesrécents, publiés depuis 1980. qui ont été puisésdans laiittératuredeplusieurspayset,parconséquent. accessibles en différentes langues.

Cette bibliographie ne saurait néanmoins, en aucun cas, être exhaustive. Elle ne mentionne ni la volumineuse <<littérature grise >> ni les très nombreux articles parus sur ce sujet dans la presse spécialisée et les revues scientifiques. Une exception a cependant été faite pour quelques docu- ments de référence couvrant surtout les pays en développe- ment auxquels peu d’ouvrages sont consacrés.

U n grand nombre de rapports de conférences, sémi- naires et colloques organisés sous les auspices d’institutions régionales et internationales a été consult6, mais, eu égard à des limitations d’espace, cette abondante documentation n’a pu ici être citée.

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74

Liste des centres de recherche et du Comnet cités

Centres du Comnet Afrique

Conseil africain d’enseignement de la communication

Université de Nairobi BP 47495 Nairobi Kenya

(CAW

Centre d’études des sciences et techniques

Université de Dakar Dakar

de I’infomdon (Cest)

Sénégal

Asie

Asian Mass Communication Research

39 Newton Road Singapour 1130 Singapour

and Information Centre (Amic)

États arabes (Arabcomnet)

Centre de recherche et de documentation

Zamalek P.O. Le Caire J%YW

en sciences sociales dans la région arabe

Centres sous régionaux

Faculté de la communication de masse Université du Caire Le Caire EgYPte

Centre de documentation et d’information

BP 5063 Bagdad Irak

des États du Golfe arabe (GIDAC)

Faculté de communication et de documentation Université libanaise Rue de Damas Beyrouth Liban

Institut de presse et des sciences de l’information Université de Tunis 7, Impasse Mohamed Bachrouch Monüleury Tunis Tunisie

Europe

AusUian Documentation Centre for Media and Communication Research (ADMAC)

Universitat S alzburg Institut für Publizistik u. Kommunikationswissenschaft Sigmund Haffner Gasse A-5020 Salzbourg Autriche

Centre for Mass Communication Research University of Leicester 104 Regent Road Leicester LE 1 7LT Royaume-Uni

Centre de documentation de la recherche sur

Rynek Glowny 23 3 1-008 Cracovie Pologne

la communication de masse en Europe centrale

75

Ibercomnet Facultad de Ciencias de la Informacih Universidad de Madrid E-28040 Madrid Espagne

Institut français de presse et des sciences de l’information 83bis, rue Noire-Dame des Champs

France F-75006 Paris

Institut de l’information scientifique sur les sciences

Académie des Sciences de l’URSS Krasikova 28/45 Moscou B-418 Union soviétique

sociales

Nordic Documentation Centre for Mass Communication

State and University Library Universitetsparken

Danemark

Research (Nordicom)

DK-8000 Aarhus C

Centres sous-régionaux

Nordicom-Danemark State and University Library Universitetsparken

Danemark DK-8000 Aarhus C

Nordicom-Finlande Department of Journalism and Mass Communication P.O. Box 607 SF-33101 Tampere 10 Finlande

Nordicom-Islande Faculty of Social Science University of Iceland 101 Reykjavik Islande

Nordicom-Norvège Department of Mass Communication University of Bergen Christiesgt. 19 N-5000 Bergen Norvège

Nordicom- S uède Department of Political Science University of Goteborg S-402 21 Goteborg Suède

Amérique duNord

Centrale des bibliothèques 1685 rue Fleury Est Montréal Q U h Canada

Amérique latine et Caraibes

Centro Intemacional de Estudios Superiores

Casilia 6064 CCI Quito Equateur

de Comunicaci6n para América Latina (Ciespal)

Caribbean Institute of Mass Communication (Carimac) University of the West Indies Mona Kingston 7 Jamaïque

Au niveau international

Unesco Secteur de la culture et de la cornmunicalion 7, place de Fontenoy

France F-75700 Paris

Autres centres Aspen Institute for Humanistic Studies Programme on Communication and Society 7 17 Fifth Avenue N e w York, N e w York 10022 États-Unis d’Amérique

Association internationale d’études et recherches

Secrétariat : Centre for Mass Communication Research University of Leicester 104 Regent Road Leicester LE1 7LT Royaume-Uni

sur l’information (AIERI)

British Film Institute 21 Stephen Street Londres WlP 1PL Royaume-Uni

Centre for the Study of Communication and Culture 221 Goldhurst Terrace Londres NW6 3EP Royaume-Uni

76

Centre d‘études des problèmes de la communication

BP 3675 K i n s h d G o m b e aire

(Ceprecom)

East-West Culture and Communication Institute East-West Center 1777 East-West Road Honolulu HI 96848 États-Unis d’Amérique

École supérieure des sciences et techniques

BP 1328 Yaoundé Cameroun

de l’information (ESSTI)

Fundesco Serrano 187 Madrid 6 Espagne

GDR Groupe de recherche cc communication >>

38-40, avenue du Général Leclerc F-9213 1 Issy-les-Moulineaux France

(CNRS/CNET)

Hans-Bredow-Institut für Rundfunk und Fernsehen

Heinhuderstrasse 21 D-2 Hambourg 13 République fédérale d’Allemagne

an der Universiiiit Hamburg

Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate)

Bureau du polygone F-34000 Montpellier France

Institut für Zeitungsforschung der Stadt Dortmund Hansaplatz D-46 Dorunund 1 République fédérale d’Allemagne

Institut hongrois de recherche SUT l’opinion publique Akademiau. 17 BP 587

Hongrie H-1054 Budapest

Indian Institute of Mass Communication (IIMC) Sector XII1 Shaheed lit Singh Marg N e w Delhi 110067 Inde

Institut européen de la communication The University Manchester M 1 3 9PL Royaume-Uni

Institut d‘études sociales BP 90733 NL-2059 LS La Haye Pays-Bas

Institut de recherche sur les communications Université Keio Mita, Minato-Ku Tokyo 108 Japon

Organisation catholique internationale du cinéma

8, rue de l’Orme B-1040 Bruxelles Belgique

et de l’audiovisuel

International Communication Association (ICA) P.O. Box 9589 Austin, TX 78766 États-Unis d’Amérique

Institut international de journalisme c< Werner Lamberz »/ Internationales Institut für Journalisti << Werner Lamberz >> BP 20 ou 36 DDR-1162 Berlin-Est République démocratique allemande

Institut international de journalisme Rusova 7 1 1 O Prague Tchécoslovaquie

Mediacult. Internationaies Institut für Audiovisuelle

Metternichgasse 12 A-1030 Vienne Autriche

Kommunikation und Kulturelle Entwicklung

Institut0 para Amenca Latina (IPAL) Lamar 170 Lima 18 Pérou

77

Organisations intergouvernementales Agence spatiale européenne (ASE) 8- 10, rue Mario Mikis F-75738 Paris Cedex 15 France

Communautés européennes Commission des Communautés européennes 200, rue de la Loi

Belgique B-1049 Bruxelles

Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) Kalinin Prospect 56

Union soviétique 121205 MOSCOU G-205

Conseil de l’Europe BP 431 R6 F-67006 Strasbourg Cedex France

Organisation de coopération et de développement

2, rue André-Pascal F-75775 Paris Cedex France

économique (OCDE)

Organisation mondiale de la propriété intellectuelle

34, chemin des Colombettes CH-1211 Genève 20 Suisse

(OMPI)

Union européenne de radiodiffusion (UER) Ancienne route 17A Case postale 193 CH- 121 1 Genève 20 Suisse

Union internationale des télécommunications (UIT) Place des Nations CH-121 1 Genève 20 Suisse

78

Publications de l'Unesco: agents de vente

ALBANIE: cNdcrmarrja c pcrhapjcs K Iibrit,, TIRANA. ALGÉRIE: lnsrirut pidagogique national. 11. nie Ali Haddad. ALGER, Offcc dcs publications univcrsitaires (OPU), 29, me Abou-Nouu. Hydra. ALGER. Pour les pubizcutrons seulement: ENAL. 3. bd Zirour Youcef. ALGER Pourlerpénodiyuer seule- ment: ENAMEP, 20. nie dc la Libcrri. ALGER.

ALLEMAGNE (REP. FÉD.): S. Karger GmbH. Kugcr Buchhand- lung. Angcrhofscruse 9, Posrfach 2. D-8034 GERMERINGIMON- CHEN iLc Coumeri (édtionr dlemnde. angloire, espugnoic et fiangaise): M. H. Baum. Dcutschcr Uncsco-Kuricr Vcrrrieb. Bcsairruvsc 57. 1300 BONN 3. Pour lcscancs scicntifiqucs xulc- mcnr: G E 0 CENTER. Postfach 800830. 7000 STUTTGART 80.

ANGOLA: Disrribuidora Livros c Publicaqacs.~ Caixa portal 2848. LUANDA

ANTILLES FRANÇAISES: Librairie .Au Boul'Mich.. 1, NUC Pcrri- non ct 66. avcnuc des Caraïbes, 97200 FORT-DE.FRANCE (Marrini- 9°C). Librairie Carnot, 19, NC Barbès. 97100 POINTE.À.PITW (Guadeloupe).

ANTiLLES NÉERIANDAISES: Van Dorp-Eddinr N.V., P.O. Box 200. WILLEMSTAD (Cuiqzo. N.A.).

ARABIE SAOUDITE: Dar AI-Waran for Publishing and Informa- tion. Olaya Main Street. Ibrahim Bin Sulaym Building, P.O. Box 3310. RIYADH

ARGENTINE: Librcria El Corrco dc 11 Unesco. EDILYR S.R.L.. Tucumin 1681. IO10 BUENOS AIRES

AUSTRALIE: Publications: Educational Supplics Pcy. Lrd. P.O. Box 33. BRKIKVAIE 2100. N.S.W. Huntcr Publications, 5BA Gipps Srrcct. COLLINGWOOD VICTORIA 3066. Pénbdiques; Dominic Pty. Lrd. P.O. Box 33. BROOKVALE 2111. N.S.W. Sous-aggent: U N A A , P.O. Box 171, 5th floor. AnaHouse. 28Elizîbcrhsrreer. MELBOURNE 3000.

AUTRICHE: Buchhandlung Gcrold & Co. Graben 31. A-IO11 WlEN

BAHAMAS: Nvrzu Srxioncn Lcd. P.O. Box Na 3138. NASSAU. BANGLADESH: Karim Inrcrnational. G.P.O.. Box 2141. 64/l Manipuri Para, Tcjgzon. Famgarc. DHAKA

BARBADOS: Univcrsiry of thc West Indics Bookrhop. Cavc Hill C ~ D U S . P.O. Box 64. BRIDGETOWN.

BtLGlQUE Jean Dc Lannoy 202 wcnuc du Roi IO60 BRLXELLFS

BÉNIN Librairic naiiomlc B P 294 PvRTONOVO Ers Koud D ti CCP Oûû 0070823 13

Joseph. B.P. 1130. COTONOU. BIRMANIE: Tradc Corpararion no. (9). 110-112 Mcrchant Strccr. R A N M O N

dc llr Hcroinlr 3712, cuilla 410. COCHABAMBA BOUVIE: Los AfnigosdclLibro. rasillapostal4411. LAPAZ.ivcnida

BOTSWANA. Botswana Book Ccntrc. P O. Box 91. GABORONE BRÉSIL: FundaSio GccGlio Vargas, Scrvip dc Publicgacs. caixa pos-

BULGARIE: Hcmus. Kantora Lircraiura. bd. Rousky 6. SOFIJA BURKINA FASO: Librairie Artic. B.P. 64, OUAGACXXCOU. Librai- rie carholiquc .Jcuncüc d'Afrique.. OUAGAWUCOU.

CANADA: Rcnonf Publishing Company LtdlÉdirions Rcnonf Ltéc, 1294 Algorna Road, OTTAWA. Ont. KIB 3W8. Bureau dcs vcn. tcs: 7171 Trans Canada Hwy. Str. 301, St. kurcnr. QUEBECH~T IV6.

CHILI: Edirorial Universitaria S.A., Dcpartamcnro dc Imporrzcio- ncs. M. Luira Santzndcr 0441. rlrilla 10220. SANTIAGO Edirorial Andrér Bcllo. Av. R. Lyon 346, casilla 4216, SANnAGO; Dipu- blic. Anronio Var- 611, 2'piso. casilla 14364. Corrco 21. SAN- TIAGO

CHINE: China Narional Publications lmport and Export Corpora- tion. P.0. Box 88, BEIJING,

CHYPRE: aMAM.. Archbishop Makarios 3rd Avcnuc. P.O. Box 1722. NICOSIA.

COLOMBIE: lnscituto Colornbimo dc Culrun. cirrcrz 3A.

tal 9.012-ZC-01, Praia dc Borafogo 188. RIO DEJANEIRO (GB).

no 18/24. BOGOTA. El Ancora Editorcr. carrera 6A. nm 14-18 (101). aparrado 031832. BOGOTA.

COMORES (RED. fCd. irlamiquc). Librairic MASIWA. 4. mc Ahmcd Djoumoi. B.P. 124. MORONI

CONGO: Librairic ppulairc. B P. 177. BRAZZAVILLE Librairie populairc à: Pointe-Noirc. Loubomo. Nkayi. Makabama. Owcndo. Oucsso ct lrnpfondo Commission narionalc congolaisc pour IïJncua. B P. 493. B R A ~ V I L L E .

COSTA RICA: Cwpcrarivi dcl libro. Univcnidad dc Corra Rica. Ciudad Univcnirzriz Rodrigo Facio. San Pcdro Monres dc Oca. SANJOSB.

CÔTE-D'IVOIRE: Librairic dcs Prcrxs dc I'Uncsco. Commission nationak ivoiricnnc pour i'üncuo. OlBPV 297. ABIDJAN O1

CUBA: Edicioncs cubanu. O'Rcilly no 407. LA HABANA Pour *Lc Coumer. seulcmcnt: Ernprcsa COPREFIL. Dragancr no 416 c/ Lcalrad y Campanario, LA HABANA 2.

DANEMARK: Munkseaïrd Exwn and SubxriDrion Service. 35 . . . - Nprrc Sogadc. DK-1370 K G E N H A W K

ÉGYPTE Uncsco Publicaiions Ccnirc, I Talaai Harb Sirrcr. CAlRO EL S.iLVAWR Lbrrrii Cultural Salradorcna S A , iallr Dcleado no 117. apanado portal 2296, SAN SALVADOR.

ÉQUATEUR: DINACUR Cia. Lrda. Santa Prisca no 296 y Pasajc San Luis. Oficina 101-102. casilla il2-B. QUITD.Pourlcrpubiicolionr seulcmcnt: Nucva Imagcn. 12 dc Octubrc 919 y Roca, cdificio Mariano dc JÇsus. QUITO. Periodrquer rrpublicationr: Casa dc 12 Culcura kuatoriana. NGclco dcl Guayu. Pcdro Moncayo y 9 de Ocrubrc. cuilla dc corrios 3142, GUAYAQUIL Cui dc la Culcura Ecuatoriana. avcnida 6 dc Dicicmbrc no 794, casilla 74, Quiro

ESPAGNE: Mundi-Prcnra Libros S.A., apartzdo 1223. Cutcll6 37, MADRID-1. Edicioncs Libcr. aparndo 17. Magdalena 8. ONDAR. ROA (Vizcaya). DONAIRE. Ronda dc Ourcrio. 20, apmado dc corrcos 341. hC0RUA~:Librcria Cutclls. RondzUnivcrsidzd 13. BARCELONA 7.

ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE: Bcrnzn-Unipub. 461 1-F Arxmbly Drive. LANHAM. MD 20706.4391

ÉTHIOPIE: Echiopian Narional Agcncy for Uncwo, P.O. Box 2996, ADDIS ABABA

FINLANDE: Akatccmincn Kirjakaùppa. Kcskuskatu. 1.00100 HEL- SINKI 10. Suomalaincn Kirjakauppa Oy. Koiwvauankuja 2, O1640 VANTAA 64.

FRANCE: Grandes librairies univcrsinircs cc Librairie dc I'Uncsco. 7, place dc Fontcnoy. 71700 Paris.

GABON- Librairic Sogalivrc à LIBREVILLE. PORT-GENTIL. FRANCE- VILLE. Librairic Hachcttc, B.P. 3923. LIBREVILLE.

G H A N A : PrcsbytcrianBwkshopDcpotLrd. P.O. Box 191, ACU(A. Ghana Book Suppliers Lrd. P.O. Box 7869. ACCRA. The Univer- sity Bookrhop of Ghana. ACCRA. The Univcrriry Bookshop of Cape Coast. Thc University Bookrhop of Lcgon. P.O. Box 1. LEGON. PZnbdiqucr: Fides Enrcrpriscs. P.O. Box 14129. ACCRA

GRÈCE: Grzndcs librairies d'Athènes (Elcfthcroudakis. Kauff. mann, etc.). John MikaIopoulos & Son S.A., International Bwk- scllcrs, 71 Hermou Street. P.O. B. 73, THESSALONIKI

GUATEMALA: Cornision Guaremalreca dc Coopcnci6n con la Uncsco. 3.' Pvcnida 13-30. zona 1 , aparcado postal 244, GUA- "€MALA

GUINÉE. Commission narionale guinécnnc pur l'Unesco. B.P. 964, CONAKRY

HAÏTI: Librairie C A la Caravcllc.. 26, me Roux, B.P. 111. PORT- AU-PRINCE

HONDURAS: Librrria Navarro, 2,'avcnida no 201, Cornayagücla, TEGUCIGALPA

HONG K O N G : Federal Publications (HK) Ltd. 2D Fredcr Ccnrre. 68 Sung Wong Toi Road, TOKWAWAN KOWLOON. Swindon Book Co. 13-15 Lock Road. KOWLOON. Govcrnmcnr Information Services, Publications Secrion. Pénodiquer : Beaconsfield HOusc. 6th Floor. Queens koad Cenrral. VICTORIA.

HONGRIE: Kultura-Buchimp.Abr.. P.O.B. 149, H-1389 BUDA PEST 62.

INDE: Orient Langman Ltd: Kamani Marg. Ballard Esrare. BOMBAY 400038: 17 Chittaranjzn Avenue, CALCUTTA 13; 36 A Anna Salai. Mount Road, MADRAS 2; B-3/7 Asaf Ali Road. NEW DELHI 1; 80/1 MahatmaGandhiRaad. BANGALORE 160001; 3-1- 820 Hydcrguda. HYDERABAD 10000i. Sour-dépots: Oxford Book and Starionery Ca: 17 Park Srrcct. CALCUïTA 700016; Scindia House. NEW DELHI 110001: Publications Scction. Ministm of Education and Social Wclfuc, 111, C-Wing, Shastri Bha&. NEW DELHI Il0001

INDONÉSIE: Bhrarara Publishcrs and Bookscllcrs. 29 II. Oro Irkan- dardinara 111, JAKARTA Indira. P.T., JI. Dr. Sam Ratulangi 37, JAKARTA PUSAT

IRAN: Commission narionilc iranienne pour I'Unexo. Il88 Enghc- Iah Avcnuc. RostuiiGivc Building, P.O. Box 11361-4498. 13118 TËHBRAN.

IRLANDE: Thc Educarional Company of lreland Lcd. P.O. bax 43a. Walkinstawvn. DUBLIN 12. Tycooly International Publ. Lcd. 6 Crofton Terracc. Dun Laoghaire Co. DUBLIN

ISLANDE: Snacbjorn Jonrson & Co, H. F.. Hafnarstrzcci 9. REYKlAVlK

ISRAEL Stcimztzky Lrd.. CitmsHousc, 22 Harakwct Sr., P.O. Box 628. TEL AVlV 61006.

ITALIE: LICOSA (Libreria Commirsioniria Sinsani S.p.A.). Via harmora 41. clrella posralc 112. 10121 FIRENZE

JAMAHIRIYA ARABE LIBYENNE: Gencral Esrablishment for Publishing, Discriburion and Advcrtising. Souf AI Mahmovdi Srrcct. P.O. Box 959, TRIPOLI.

JAMAIQUE: Sangsrcr's Pook Stores Lcd. P.O. Box 366, 101 Witcr Lanc, KINGSTON. Univrisity of thc Wcsr Indics Bookshop. Mona. KINGSTON 7.

JAPON: Eastern B w k Scrvicc Inc., 37-3 Honga 3-chome Bunkyo- ku, TOKYO 113.

JORDANIE: Jordan Disrriburion Agcncy. P.O.B. 371, AMMAN. Pénodquer: Jordan Book Ccntrc. P.O. Box 301, AI Jubcihz, AMMAN.

KENYA Eut Africm Publishing Hausc, P O Box 30171, NAIROBI KOWEYT Thc Kuwait Bwkrbop Co Lrd. P O Box 2942, KUWAIT LESOTHO: Mvcnad Book Ccn-trc, P.O. MAZENOD, M ~ n i LIBAN: Libniricr Antoine, A. Naufal ci Frères, B.P. 616,

LIBERIA: Colc & Yancy Bookrhops Lrd, P.O. Box 286. MONROVIA. LIECHTENSTEIN: Eurocin Tnirt Reg., P.O. Box 1. SCHAAN. LUXEMBOURG: Librairic Paul Bnick. 22, Grand-Rue. LUXEM- BOURG. Pénodiquer : Mcssagerics Paul Kraus. B.P. 1022 LUXEMBOURG.

MADAGASCAR: Commission nationalc dc la Repu bliquc dtmocra- tique dc Madagascar pour I'Uncsco, B.P. 331. ANTANANARIVO

MALAISIE Fcdcral Publications Sdn. Bhd.. Lot 8238 lalan 222.

BEYROUTH

Pctaiing Jaya. SELANGOR. Univcnity of Malaya Co-opcracive Bookshop. KUALA LUMPUR 22-11.

MALAWI: Malawi Book Scrvicc. Head offcc. P.O. Box 30044. Chi- chiri. BLANTYRE 3.

MALI: Librairie populairc du Mali. B.P. 28. BAMAKO MALTE: Szpicnzas, 26 Rcpublic Streer, VAUETTA. MAROC: TOUI~J le+pubiications; Librairic .Aux bclles imîgcs..

281. avenue Mohammed-V, RABAT (CCP 68-74). Librairie dcs tcolcs. 12. avcnuc Hassan II. CASABLANCA *Le Coumer. seule- ment (pour /es enreignunts): Commission narionalc marocaine pour l'éducation. la rçicncc ct la culturc. 19. mc Oqba. B.P. 420. AGDAL-RABAT (CCP 324-41).

MAURICE: Nalanda Co Ltd. 30 Bourbon Strccr. PORT-LOUIS. MAURITANIE GRA LI CO M A 1. NC du Souk X. Avcnuc Kcn-

MEXIOUE SABSA. InsuremiCs Sur. no 1032-401. MEXICO 12. ncdy. NO1 1A.KCHOTl

D.FTLibrcria .El Corrco& la Unc&.. Actipin 6i. Colonia dcl Vallc, MÉXico 12 D F. Apanado postal 61-164. 06600. MBxico D.F.

MONACO: British Librar,, 30. boulrvard dcs Moulins, MONTE

MOZAMBIQUE: lnscituto Nacional do Livro c do Disco (INU)). ave-

NÉPAL: Sajha Prakashan. Polchowk, KATHMANDU NICARAGUA: Librcria dc la Univcrsidad Ccntroamcrirana, apar-

NIGER: Librairie Mauclcrr. B.P. 868, NIAMEY NIGÉRIA: ThcUniversiry Bwkshop oflfc. The Univcniry Bookshop of Ibadan, P.O. Box 286, IBADAN. The Univcniry Bwkshop of Nsukka. The Univcrsiry Bookshop of Lagos. Thc Ahmad" Bcllo Univcrsiry Bwkshop of Zaria.

NORVÈGE. TOUI~S ler publicationr: Johin Gnindr Tznum. Kui Johans Gate 41/43. OSLO 1. Univcnitcrs Bokhandclcn. Univcni- tctIscncrct. P.0. Box 307. BLlNDEnN OSLO 3. Pénodiquer: Nat- vcxns AlS. P.O. Box 6125. Erccntzd. OSLO.

CARLO.

nida 24 dc Julho, 1921 r/c c 1.O m d m , MAPUTO.

tado 69, MANAGUA

NOUVELLE-CALÉDONIE: Rcprcx SARL. B.P. 1172, NOUMÉA. NOUVELLE-ZÉLANDE: Govcrnmcnr Publishing. P.O. Box 14277, Ki1 birnic , WELLINGTON.

O U G A N D A : Uganda Bookshop. P.O. Box 7141. KAMPALA PAKISTAN. Miria Book Agency. 61 Shahrah Quaid.i.Azam. P.O.

PANAMA. Distribuidora Culcura Inrctnacional, aparrlda 7171, Zona 1, PANAMA

PARAGUAY: Agcncia dc Divios y Rcvistas. Sra. Nelly dc Garcia Astillcro. Pte. Franco no 580, ASUNCION

PAYS-BAS: Keesing Boeken B.V.. Posrbus 1118, 1000 BCAMSER- DAM Pourierpénodqucsseulement: D & N FAXON BV. P.O. Box 197. 1000 AD AMSTERDAM

PÉROU: Libreria Studium. Plaza Francia 1164. apanado 2139. LIMA

PHILIPPINES: Narional Book Store Inc.. 701 Rizal a"., MANILA. POLOGNE: Ars Polona - Ruch, Krakowskic Przcdmicrcic 7,OO-O68 WARSZAWA. 0RPAN.lmport. Palac Kulrury. .00-901 WARS-

BOX 729. LAHORE 3.

U W A

PUERTO RICO 00921.

70.74. 1117 LISBOA.

Diab. NC du Parlcmcnt. B.P. 704. DAMAS

Uncsco, P.0 Bo-. Gnrral 64, SEOUL.

Lcninstrasse 16. 700 LEIPZIG.

no 402 csq. Hcrmanor Dclignc SANTO DOMINGO

PORTO RICO. Librcria 'Alma Matcr.. Cabrera 867. Rio Piedrlr.

PORTUGAL: Diu & Andrade Lrda, Livraria Portugal. nia do Carmo

&PUBLIQUE ARABE SYRIENNE: Librairie Saycgh. lmmeublc

RÉPUBUQUE DE CORÉE: Korcin National Commission .for

RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE ALLEMANDE: Buchcxporr.

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE: Librcria Blasco. avcnida Bolivar

RÉPUBLiQUE-UNIE D E TANZANIE: Du CS Salam. Bookshop.

RÉPUBUQUE D U CAMEROUN: Lc sccrtrairc généd dc la Cam- mission nationale de la Rtpubliquc-Unie du Cameroun pour I'Uncxo, B.P. 1600. YAOUNDE. Librairie .Aux Mcssagcricsi. av. de ia Libcrtt. B P. 1921. DOUALA Librairie .Aux Fr2rcs réunis..

P.O. BOX 9030, DARES SALAAM.

, B P. 1346. DOUALA Librairie dcs Edirions CIC. B.P. 1101. YAOUNDÉ. Librairie Saint-Faul. B.P. 763, YAOUNDE.

ROUMANIE: ARTEXIM, lmporr Exporc, Piata Scicntcii no 1. P.O. Box 33-16. 7 W 1 BUCURESk.

ROYAUME-UNI: H. M. Stationcri Officcr. P.O. Box 276, II Ninc Elms Lane. LONDON, S W 8 IDT. Govcrnmcnt baokshops: Lon. don, BcIfast. Birmingham, Brisrol. Cudiff. Edinburgh. Man- chcstcr.

SÉNÉGAL: Librairie Clainfriquc. B.P. 2001. DAKAR. Librairie dcs Quarrc vcnts. 91 NC Blanchot. B.P. 1820. DAKAR

SEYCHELLES: N w Scrvice Ltd. Kingstarc Housc. P.O. Box 131. MAHE Narional b b h o p , P.O. Box 48. MAHE

SIERRALEONE: Fourah Bay, NjalilaUnivcrsity and SicrrzLconc Dio- m a n Bookshops. P.O. Box 104. FREETOWN

SINGAPOUR: Aropmcn Publishcrs. 861. Mounibatun Road 01-28/29. Katong Shopping Ccnrrc. Singaporc 1143; Pénodi quer: Rigbccous Entcrpriscs, P.O. Box 162, Kallang Buin Posc Offcc. SINGAPORE 9133.

SOMALIE: Modern Book Shop and Gcneral. P.0 Box 951, MOGA- DISCIO.

SOUDAN: AI Bvhir Baokshop. P.O. Box 1118. KHARTOUM. SRI LANKA: L k c Houx Bookshop. Sir Chitrampalam Gardincr Mawata. P.O. Box 244. COLOMBO 2.

SUÈDE: Touter1espubl;cationr: A/B C.E. Fritzcs Kungl. Hovbak- handcl. Rcgcringsgatan 12, Box 16316. S-10327 STOCKHOLM. <Le Coumeri ieulement: Svcnska FN-Forbundct. Skoigrïnd 2, Box 110 IO. S-10461 STOCKHOLMLPortgiro 18 46 92). Pourhpirio- dquer reulement: Wcnncrgrcn-Williams AB, Nordcnflychtsva- gcn 70, S.104 21 STOCKHOLM.

SUISSE: Europi Vcriag. Rÿnistruse I, 8024 Z6RICH. Librairie Payot. à Gcnèvc. Iausannc. Bâlc, Bcrnc, Vcvcy, Montreux. Ncu- chircl cc Zurich.

SURINAME: Suriname National Commission for Unesco. P.O. Box 2943. PARAMARIBO

TCHAD: Librairic Abssounour. 24. av. Chzrlcs-dcGaullc. B.P. 388. N'DJAMENA

TCHÉCOSLOVAQUIE: SNTL. Spalcna II. PRAHA 1 (fiposinon bernonente). Zahranicni lircraturz. 11 Soukcnicka. PRAHA 1. Pourla Siouayure Ieulemrnt Alfa Vcrlq. Publishcrs Hurbanuvo nam 6. 893.31 BRAnsiAvA

THAILANDE Nimndh and (n Lrd 40 42 Charorn Krune Road Siyacg Phaya Sri, P.0. Box 402, BANGKOK. Svksipan Panit. Mansion 9. Rajdunncrn Avcnuc. BANGKOK. Suksii Siam Com- pany, 1715 Rama IV Road, BANGKOK

TOGO: Librairie tvangtliquc. B P. 378, LOMB, Librairie du Bon Purcur. B P. 1164. LoMB; Librairie univcnitairc, B.P. 3481, LOMB.

TRINITÉ-ET-TOBAGO: National Commission for Unesco, 18 Alexandra Strcct. Sr. Clair, TRINIDAD W.I.

TUNISIE: Sociéti runisicnnc dc diffusion, I, wcnuc dc Czrrhagc. TUNIS

TURQUIE: Huct Kicapcvi A.S.. Irriklil Caddcsi. n" 469. Posta Kucusu 219, Bcyoglu, ISTANBUL.

URSS: Mcihdunîrodnaja Kniga. ul, Dimicrova 39. MOSKVA 113091.

URUGUAY: Edicioncs Trccho. S.A., Maldonado 1090. MON- ï€VIDEO.

VENEZUELA: Libreria dcl Esrc. avcnida Franckm dc Miranda. 52, Edificio Gzlipin, aparrado 60337, CARACAS 1060-A. DILAE C.A., callc San Anronio cnrrc av. Lincoln y av. Casanova. cdificio Horcl Royal, local 2, aparrado 10304. Sabana Grande, CARACAS

YOUGOSLAVIE: Nolit. Tcrazijc 13/VIII. Il000 BEOGRAD; Cui. crrjcva Zahobzbi. Zopitarjcva na. 2, 61001 Ljubljana; Mladost, Iiica 30/ 11, UGREB

ZAY=: SOCEDI. B.P. 161-69. KINSHASA; Commision narionalc zaïroise pourl'Uncxo, Commissariat d'Érzr charge dc I'tducarion narionalc. B.P. 32, KINSHASA.

ZAMBIE. Nariond Educational Distribution Co of Zambia Lrd, P.O. Bor 2664, LUSAKA

ZIMBABWE: Tcxtbk Sdcs (PVT) Ltd, 67 Union Avcnuc. HARARE.

[BI CC-90/XVII/105 F

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