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Les nouvelles technologies du nucléaire Alors que le marché du nucléaire s’internationalise, les acteurs français du secteur sont de plus en plus contraints d’innover pour rester compétitifs. EDF et Areva s’ouvrent ainsi prudemment aux nouvelles technologies, alors que la concurrence étranJªre sintensifie. Entre besoin de sécurité et nécessité de compétitivité, le secteur du nucléaire est en pleine transformation. TEXTE : FLORENT DETROY. Réalité virtuelle dans un ERP d’ESI Group. ENQUÊTE I ÉNERGIE NUCLÉAIRE ©MITSUBISHI HITACHI POWER SYSTEMS EUROPE 1. l INNOVATION REVIEW l l INNOVATION REVIEW l HS COMPÉTITIVITÉ INDUSTRIELLE HS COMPÉTITIVITÉ INDUSTRIELLE

Les nouvelles technologies - Innovation Revie · une vague d’innovations. C’est le cas du projet Astrid, projet de construc-tion d’un réacteur à neutrons rapides refroidis

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Page 1: Les nouvelles technologies - Innovation Revie · une vague d’innovations. C’est le cas du projet Astrid, projet de construc-tion d’un réacteur à neutrons rapides refroidis

Les nouvelles technologies du nucléaire❚ Alors que le marché du nucléaire s’internationalise, les acteurs français du secteur sont de plus en plus contraints d’innover pour rester compétitifs. EDF et Areva s’ouvrent ainsi prudemment aux nouvelles technologies, alors que la concurrence étran re s intensifi e. Entre besoin de sécurité et nécessité de compétitivité, le secteur du nucléaire est en pleine transformation.TEXTE : FLORENT DETROY.

Réalité virtuelle dans un ERP d’ESI Group.

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ENQUÊTE I ÉNERGIE NUCLÉAIRE

Un des grands moteurs de l’innovation dans le sec-teur nucléaire a été d’as-surer la pérennité des ins-

tallations afin de gagner en efficacité. L’ingénieriste ESI Group a ainsi déve-loppé une offre afin d’anticiper les pannes éventuelles. « Nous avons tra-vaillé notamment sur la simulation des mécaniques de rupture. Cette simu-lation permet d’identifier les défail-lances possibles de chaque compo-sant. Il s’agit en particulier d’identifier les fissures potentielles qui naissent sur une cuve ou sur un composant pri-maire, afin d’éviter à tout prix l’arrêt de tranches de réacteur pour répara-tion », explique Eric Daubourg, direc-teur général d’ESI France. Les exi-gences de sécurité, notamment depuis l’accident de Fukushima en 2011, ont également été un puissant moteur d’innovation. Ainsi, Valinox Nucléaire, filiale de Vallourec, qui détient 50 % des parts de marché sur les tubes de générateurs de vapeur, travaille sur l’optimisation des contrôles par cou-rant de Foucault pour réduire le bruit de fond des tubes, et ainsi augmen-ter la détectabilité des défauts poten-tiels. Enfin, un important travail a été réalisé sur la cyber sécurité. C’est un

secteur sur lequel a investi le groupe Assystem. L’ingénieriste a par exemple pris l’initiative de créer un consortium européen autour du projet Scissor, destiné à créer les outils pour mieux protéger les industriels, notamment de l’énergie, des cyberattaques.Le développement de la prochaine génération de réacteurs nucléaires, de génération IV, a également entraîné une vague d’innovations. C’est le cas du projet Astrid, projet de construc-tion d’un réacteur à neutrons rapides refroidis au sodium, prévu sur le site de Marcoule. Ce type de réac-teur permet de réduire considéra-blement le volume et la toxicité des déchets produits. Il a demandé tou-tefois le développement de matériaux innovants. Valinox Nucléaire fabrique ainsi des prototypes de tubes de gai-nage en acier ODS, alliages à disper-sion d’oxydes destinés à réduire l’ef-fet des neutrons sur le vieillissement des matériaux. « Pour des raisons de sureté, Astrid sera d’abord équipé avec des matériaux hérités de Super Phénix, les nouveaux matériaux étant testés dans le cycle de fonctionne-ment », explique Marie-Agnès Gérard, en charge du développement chez Valinox Nucléaire.

❚ LE NUMÉRIQUE S’EMPARE DU NUCLÉAIRE Plus globalement, le secteur du nucléaire est en train d’utiliser de manière croissante les technologies du numérique. Ces outils, utilisés depuis plusieurs années dans l’aéronautique et l’automobile, commencent à arriver dans le nucléaire. C’est le cas du PLM (Product Lifecycle Management), par exemple. « L’utilisation d’un PLM a déjà permis de baisser les coûts de l’ingénierie et de réduire les délais de mise sur le marché des produits dans des secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile. Dans le nucléaire, le PLM va en plus permettre d’assurer la continuité de la mémoire et faci-liter les opérations de démantèle-ment », explique Stéphane Aubarbier, vice-président exécutif d’Assystem. L’utilisation d’un PLM va en revanche

demander de travailler différemment. « L’EPR NM a été conçu en utilisant un outil de PLM. Lorsqu’il va falloir inté-grer les acteurs de la supply chain, ces derniers vont devoir à leur tour utili-ser l’outil PLM », prévient Stéphane Aubarbier. Les grands groupes utilisent égale-ment le numérique pour dévelop-per leurs propres applications. Ainsi, Assystem a développé une appli-cation sur tablette qui permet de réduire les temps d’arrêt de tranches lors des opérations de maintenance en affichant notamment les retours d’expérience des précédents arrêts. Areva teste de son côté un équipe-ment de réalité virtuelle augmen-tée où l’opérateur peut par exemple s’entraîner à des opérations de main-tenance. La PME Haption a déve-loppé pour ces outils de simulation

une interface haptique (à retour d’ef-fort). L’opérateur peut ressentir les sensations lors d’une simulation d’un nouvel objet. Toutefois, les nouveaux outils numériques sont d’abord déve-loppés par des start-up. La start-up Manzalab a ainsi développé des lunettes pour la réalité virtuelle, en s’appuyant sur des serious games, des programmes de formation par le jeu. Alors qu’EDF s’intéresse à cette technologie, ces acteurs deviennent de plus en plus importants pour per-mettre aux grands acteurs de rester innovants et compétitifs.

❚ LES START-UP DU NUCLÉAIRE MISENT SUR LE DÉMANTÈLEMENTLeur maîtrise des nouvelles techno-logies ou leur connaissance d’autres secteurs leur permettent de déve-lopper plus rapidement des applica-tions innovantes. « Elles peuvent de la sorte apporter des solutions à des problèmes à plus petite échelle mais qui sont très importants », confirme Stéphane Aubarbier. Ainsi, les start-up sont de plus en plus nombreuses dans le secteur nucléaire, malgré les barrières à l’entrée des marchés qui demeurent. « On a du travail pour quarante ans lorsqu’on arrive à tra-vailler sur un chantier de démantèle-ment, reconnaît Stephane Galinier, de la start-up Eléments. Mais le processus prend beaucoup de temps. » Les grands opérateurs ont toutefois commencé à structurer leur lien avec ces acteurs. Areva et EDF ont par exemple tous les deux mis au point leur Fablab. Leur présence est notamment croissante dans le secteur du démantèlement. Si aucun réacteur n’est prolongé en Europe, 90 % des réacteurs européens auront fermé d’ici à 2030, selon une récente étude de l’Union européenne. En comptant les besoins à l’interna-tional, le marché du démantèlement

représenterait près de 220 milliards d’euros. Les start-up rivalisent donc de solutions pour faciliter ces opérations. La start-up Oreka Solutions a déve-loppé le logiciel DEMplus for nuclear, qui permet, à partir de la maquette 3D d’une installation nucléaire, de simu-ler des opérations d’interventions. L’opérateur dispose en temps réel des résultats, notamment des taux de radiation, du coût de l’opération, de sa durée et de la quantité de déchets produits. « L’intérêt, c’est d’avoir un

Stéphane Aubarbier, vice-président exécutif d’Assystem.

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Logiciel DEMplus for nuclear d’Oreka Solutions.

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« DANS LE NUCLÉAIRE, LE PRODUCT LIFECYCLE MANAGEMENT VA PERMETTRE D’ASSURER LA CONTINUITÉ DE LA MÉMOIRE ET FACILITER LES OPÉRATIONS DE DÉMANTÈLEMENT. »

Structures internes supérieures. Etude de cas pour Areva d’ESI Group.

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REVA

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outil unique qui permet de vir-tualiser un chantier en y ajoutant des informations sur le métier », explique le fondateur d’Oreka, Luc Ardellier. L’outil de simulation pourrait même faciliter les opérations de montage et de démontage des installations. « Pour l’EPR, notre technologie pourrait aider à réduire les délais de construction. » Les start-up développent égale-ment de nombreux outils de mesure. Nuclear Adapt adapte pour sa part les instruments de mesure au sec-teur nucléaire. « Les appareils classiques de mesure ne sont pas adaptés aux interventions en milieu confi né, nécessaire au nucléaire. Nous utilisons des sortes de cou-veuses faites de matériaux résistant à la corrosion pour confi ner ces ins-truments. » La start-up a récemment acquis une imprimante 3D pour pro-poser la construction d’outils spécia-lement conçus pour le nucléaire. Les start-up ont aussi accompa-gné l’essor de la robotique dans

le nucléaire. Innoveox s’est servie d’une technologie héritée du spa-tial pour développer un robot des-tiné à mesurer la radioactivité sur les sites nucléaires et protégé des rayons gamma. La start-up Eléments pro-pose, elle, d’ajouter aux robots inter-venant dans ces milieux irradiants des modules de communication sans fi l. « Cela permet au robot de s’auto-diag-nostiquer et de prévenir des pannes à venir. Le technicien peut rame-ner le robot avant qu’il ne tombe en panne au milieu d’une opération », souligne Stéphane Galinier. Doté lui aussi d’une longue expérience dans le spatial, le fondateur d’Eléments constate que l’arrivée de robots dans le nucléaire n’en est qu’à ses débuts. « Aucun standard n’a été créé pour les robots du nucléaire. Chaque robot intervient dans un contexte différent (taux de radiation, par exemple), et peut utiliser des chenilles, des roues ou des pattes. » Le CEA a ainsi pro-posé à la start-up de travailler sur la

qualifi cation de la robotique afi n de créer un tronc commun au secteur et d’économiser du temps de développe-ment pour chaque opération.L’internationalisation du marché a

également offert aux acteurs fran-çais la possibilité de développer des innovations pour les marchés étran-gers. « Nous avons par exemple déve-loppé un bras télémanipulateur à

usage unique pour le marché anglais. Il permet de récupérer des déchets nucléaires à un coût moindre qu’avec les équipements utilisés aupara-vant, explique-t-on chez Assystem. C’est de l’innovation par les coût. » L’ingénieriste Assystem tire désor-mais un quart de son activité à l’in-ternational, contre zéro il y a cinq ans. Toutefois, cette internationalisation a surtout rendu la compétition pour l’in-novation plus rude. Si Westinghouse propose depuis les années 2000 un réacteur de troisième génération concurrent de l’EPR, l’AP1000, de plus en plus de constructeurs proposent ce type de réacteurs. La Chine propose depuis 2014 à export le CAP1400, réac-teur de troisième génération dérivé de la technologie de Westinghouse. Le pays développe également ses propres réacteurs de troisième génération, l’ACP1000 et l’ACPF1000. Mitsubishi, avec l’APWR, ou encore GE et Hitachi, avec l’ABWR, ont également développé leur réacteur.

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Large modèle de réacteur. Etude de cas pour Areva d’ESI Group.

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Modélisation de la vapeur dégagée par une centrale (dynamique des fl uides).

Traitement de surface mécanique. Etude de cas pour AREVA d’ESI Group.

…LA CENTRALE MODULAIRE, L’AVENIR DU NUCLÉAIRE ?

Depuis quelques années, des acteurs du nucléaire, historiques et récents, développent de nouveaux types de centrales : des centrales modulaires. Elles affi chent une puissance de l’ordre de quelques centaines de MW, mais se révèlent surtout plus faciles à construire. « L’objectif de ces mini-centrales, c’est de concentrer la création des modules dans les usines, afi n qu’il n’y ait que les liaisons à réaliser sur site, explique Philippe Colombel de Boccard, directeur de Boccard Plant Solutions. Cette méthode permet

de gagner en rapidité et en sureté. » La France a été un temps un acteur important des mini-centrales, avec le projet FlexBlue, mené par DCNS en partenariat avec Areva, le CEA et EDF. « La complexité de ce projet ne réside pas dans la qualité des tubes, mais dans les mises en formes particulières qu’il fallait réaliser pour prendre en compte la taille réduite du réacteur », explique Marie-Agnès Gérard. DCNS a fi nalement mis le projet en stand by afi n de se recentrer sur ses activités historiques. Aujourd’hui, l’innovation sur ce secteur est portée par le concept de SMR, les Small and Medium Reactor, développés majoritairement aux

Etats-Unis. Plusieurs projets de SMR coexistent dans le pays, portés par des petites sociétés comme NuScale ou Holmec. Le premier a même déposé cette année une demande de licence auprès de la National Regulatory Commission (NRC). Holmec de son côté insiste sur la compétitivité de son réacteur REP de 160 MW, le SMR 160, en affi rmant qu’il sera moitié moins cher que les réacteurs REP installés actuellement dans le monde. « Les gros réacteurs coexisteront avec les SMR », précise toutefois Pierre Oneid, senior vice-président d’Holtec.

90 % DES RÉACTEURS

EUROPÉENS AURONT

FERMÉ D’ICI À 2030. EN

COMPTANT LES BESOINS

À L’INTERNATIONAL,

LE MARCHÉ DU

DÉMANTÈLEMENT

REPRÉSENTERAIT

PRÈS DE 220 MD €.

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ENQUÊTE I ÉNERGIE NUCLÉAIRE

l I N NOVAT ION RE V I E W l l I N NOVAT ION RE V I E W ll I N NOVAT ION RE V I E W l HS COMPÉ T I T I V I T É INDUS TR I E L L E HS COMPÉ T I T I V I T É INDUS TR I E L L E l I N NOVAT ION RE V I E W l

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L’énergie nucléaire ne fera pas partie du label fi nancier « Transition énergétique et climat » que le ministère

de l’Ecologie a créé fi n 2015 dans le sil-lage de la loi de transition énergétique. Convaincu que le nucléaire est pour-tant une énergie indispensable dans la lutte contre le réchauffement cli-matique, la SFEN a récemment rap-pelé que cette énergie restait indis-pensable à la transition énergétique. L’association scientifi que a d’ailleurs souligné que l’énergie nucléaire avait reçu le soutien de quatre grands cli-matologues dans une conférence de presse tenue lors de la COP21. Car, paradoxalement, l’énergie nucléaire

bénéfi cie d’un regard plus favorable hors de France. La SFEN rappelle que le GIEC lui-même a établi que l’indus-trie nucléaire était une énergie bas-carbone. « En prenant en compte l’ensemble du cycle nucléaire, de l’ex-traction de l’uranium au retraitement, l’énergie nucléaire ne produit que 15 grammes par kWh selon le GIEC, explique Isabelle Jouette, porte-parole de la SFEN. C’est cinquante fois moins que le charbon. » Le nucléaire tient même la compa-raison avec les énergies renouve-lables en matière de bilan carbone. Toujours selon le GIEC, l’éolien pro-duirait 11 g par kWh, mais le photo-voltaïque 45 g kwh. « Les panneaux

photovoltaïques ont besoin de silice, ajoute Isabelle Jouette, dont la pro-duction produit du carbone. Et la silice n’est pas une ressource renou-velable. Seule l’énergie hydraulique affi che un bilan carbone proche de l’énergie nucléaire. Elle pose en revanche des problèmes de biodiver-sité importants. » Résultat : la France émet près de six fois moins de gaz à effet de serre que la moyenne des pays européens. Dans le monde, l’énergie nucléaire aurait même permis d’éco-nomiser deux années d’émissions de gaz à effet de serre depuis 1971.Mais les avantages du nucléaire ne s’arrêtent pas à son bilan carbone. La SFEN rappelle que les centrales

nucléaires sont plus compétitives que les EnR en termes d’espace. « Par exemple, la centrale de Flamanville, dans la Manche, qui regroupe deux réacteurs et l’EPR actuellement en construction, occupent seulement 120 hectares pour une puissance à terme de 4,2 GW. A titre de compa-raison, la centrale photovoltaïque de Cestas, en Gironde, affi che une puis-sance de 300 MW sur 250 hectares », souligne Isabelle Jouette. La SFEN rap-pelle également que les exploitants ont fait d’importants efforts pour améliorer les dialogues avec les habi-tants voisins des centrales. Comme l’explique Claude Nahon, directrice du développement durable chez EDF,

« nous avons innové en termes de management. Par exemple, à travers la mise en place de directeurs terri-toriaux pour chaque centrale, nous avons multiplié les collaborations au niveau local ». EDF participe éga-lement depuis 2008 à la Fête de la nature en partenariat avec l’UICN, l’Union internationale pour la conser-vation de la nature, ce qui lui per-met de mener des projets en faveur de la biodiversité, notamment avec les associations locales. L’énergéticien français s’est également efforcé de transformer sa présence en oppor-tunité économique pour les com-munes voisines. « Lorsqu’il a fallu par exemple préparer le Grand carénage

  e nucléaire et le développement durable   ❚ Pour lutter contre le réchauffement climatique, les éner ies dites renouvelables paraissent  tre la solution idéale. Mais leur faible puissance et leur intermittence risquent de ne pas suffi re pour répondre à l’augmentation de la demande énergétique. Le nucléaire reste dans ce contexte une énergie indispensable pour concilier sécurité d’approvisionnement et environnement. Point de vue de la SFEN, Société française d’énergie nucléaire, sur la place du nucléaire dans la transition éner étique.TEXTE : FLORENT DETROY.

Centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly, dans le Loiret.

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PERSPECTIVES POUR LE MARCHÉ DU NUCLÉAIRE

Il n’y a qu’en France que l’on pense que l’industrie nucléaire est en déclin. Après une période de ralentissement des constructions, l’énergie nucléaire serait en train de repartir. Il existe 72 réacteurs en construction (chiffres 2013), et 155 dans les cartons. Le nombre de pays nucléarisés s’accroît également : actuellement, 30 pays disposent d’énergie nucléaire, et une trentaine d’autres examinent la possibilité de construire leur réacteur. C’est en Asie que l’évolution est la plus forte, alors que 68 des 72 réacteurs en construction sont situés sur ce continent. L’atome attire même des pays plus inattendus, comme la Malaisie ou le Bengladesh. Mais l’atome regagne également du terrain dans les pays développés. « La décision de l’Angleterre d’installer deux EPR à Hinkley Point a donné des idées à d’autres pays européens, comme la Pologne et la République tchèque », avertit Gerard Kottmann, président du World Nuclear Exhibition (WNE). Aux Etats-Unis, en dépit de la révolution des gaz de schiste, le ministère de l’Energie compte bien sur le nucléaire pour lutter contre le changement climatique. Cinq réacteurs y sont actuellement en construction. Résultat, le marché du nucléaire d’ici à 2030 pourrait demander des investissements de 1 200 milliards de dollars.

Ce sont les promesses de ce marché à l’exportation qui ont poussé la France à vouloir créer son propre salon du nucléaire. « La première édition du WNE, qui s’est tenue en octobre 2014, a été un succès. Destiné à concurrencer les autres salons qui se tiennent en Chine et en Russie, le WNE a profi té de la bonne image de la France à l’international, explique Gerard Kottmann. L’atout de la fi lière française, c’est également de couvrir en prime toute la chaîne de valeur. » Lors de la première édition, le nombre de visiteurs a quasiment doublé les attentes. La France va toutefois devoir faire évoluer son offre si elle veut profi ter de l’essor du marché du nucléaire. « Le nucléaire est confronté au challenge de la réduction des coûts face à des énergies renouvelables dont le coût baisse tout en maintenant ses exigences de sécurité », résume Gerard Kottman. EDF a récemment dévoilé son projet EPR « nouveau modèle », qui pourrait réduire le coût de l’EPR. Le numérique devrait également faire une entrée en force dans le nucléaire. « C’est un facteur de compétitivité et de sécurité, assure Gerard Kottman. Le secteur sera d’ailleurs très présent à la prochaine édition du WNE, en juin 2016. » Mais les concurrents de la France ne sont pas en reste. Cette année, le ministère de l’Energie a annoncé un fi nancement de 40 millions de dollars pour concevoir de nouveaux réacteurs nucléaires. Les Etats-Unis fi nancent entre autres des start-up dans le nucléaire qui proposent des modèles de réacteurs plus innovants.

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Claude Nahon, directrice du développement durable chez EDF.

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(programme visant à prolonger la durée de vie des réacteurs) sur la cen-trale de Paluel (Seine-Maritime), nous avons préféré encourager la création de gîtes pour les ouvriers plutôt que de simples logements, afi n qu’ils puissent accueillir des touristes après la fi n du chantier », explique Claude Nahon. EDF a également participé à des initiatives économiques autour des centrales, comme le développement de l’élevage de moutons aux environs de la cen-trale de Gravelines, ou l’installation d’une ferme aux crocodiles à Civaux

grâce aux eaux chaudes rejetées par la centrale.Reste un point noir de l’industrie nucléaire en termes d’environne-ment: la gestion des déchets. Près des trois quarts des émissions carbone de l’industrie nucléaire proviennent du cycle du combustible nucléaire. Toutefois, l’industrie met en avant son savoir-faire en matière de gestion des déchets. EDF souligne que le groupe recycle 98 % de son combustible, entreposés notamment à La Hague et bientôt sur le site de Bure pour les plus

radioactifs. La société rappelle éga-lement que l’arrivée des réacteurs de quatrième génération pourrait consi-dérablement réduire le volume des déchets produits. Pour la SFEN, cette gestion distingue le nucléaire des autres énergies. « L’industrie nucléaire est la seule industrie énergétique où les déchets sont entièrement gérés, grâce au cycle fermé du combustible. A titre de comparaison, il n’existe pas ou peu de recyclage des déchets de panneaux solaires ni des métaux que ces technologies utilisent. »

❚ Le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) doit permettre à partir de 2025 de stocker en profondeur les déchets les plus radioactifs. Le passage de l’entreposage provisoire en surface au stoc a e sous terrain qui plus est réversible pose des défi s tec nolo iques importants à l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. TEXTE : DETROY FLORENT. ILLUSTRATIONS : CIGEO.

Les défi s de la recherche dans le stockage des déchets

Le projet Cigéo

Le projet Cigéo doit permettre de stocker les 3 % des déchets nucléaires dits de « haute acti-vité », les plus radioactifs, provenant des centrales

nucléaires françaises, de la recherche et de la défense. Le choix du site de Bure, dans la Meuse, s’explique par la

géologie du terrain. Alors que l’entreposage en surface posait des problèmes de sécurité à long terme, la couche d’argile choisie permet de confi ner la radioactivité sur de très longues échelles de temps. Mais ce site, conçu pour stocker 100 000 m3 de déchets et qui sera construit à 500 mètres de profondeur, a demandé d’innover pour répondre aux contraintes techniques et aux objectifs de sécurité. « Le premier défi a été de concevoir un centre conçu pour fonc-tionner sur une durée qui échappe à des approches scienti-fi ques et techniques classiques », souligne Patrick Landais, directeur délégué à l’innovation et au développement de l’Andra. Le projet prévoit une période d’exploitation de l’ordre de cent ans. Il a fallu ainsi concevoir des matériaux spéciaux, capables à la fois de s’adapter aux mouvements géologiques et de résister dans un environnement chaud, irradiant et chimiquement agressif. Un important travail de conditionnement des déchets a éga-lement été réalisé. « En partenariat avec Areva et le CEA,

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nous avons par exemple développé un procédé pour traiter les matières organiques et métal-liques des déchets contaminés en plutonium », explique Patrick Landais. Parce que son exploi-tation s’étend sur une centaine d’années, l’Andra a également mis en place un programme de sur-veillance, avec une large gamme de capteurs des-tinés à mesurer les contraintes, la température, la teneur en hydrogène ou la qualité des eaux. Les éventuels impacts des déchets sur l’environne-ment pourront être mesurés grâce à la création d’une écothèque. Cette « banque d’échantillons environnementaux », conservés pour certains dans l’azote liquide, permettra de surveiller ces impacts. L’innovation a ici consisté à adapter ces capteurs à la spécifi cité de l’environnement, en les miniatu-risant et en les rendant plus robustes. L’autre défi auquel a dû répondre l’Andra a été la nécessité de rendre réversible le stockage des déchets. « A mon avis, dans plusieurs années, les méthodes de stoc-kage auront évolué, par exemple l’introduction de matériaux intelligents avec des nanocapteurs. Il sera important de savoir modifi er les méthodes », conclut Patrick Landais.

Fonctionnement du centre Cigéo.

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secteur sur lequel a investi le groupe Assystem. L’ingénieriste a par exemple pris l’initiative de créer un consortium européen autour du projet Scissor, destiné à créer les outils pour mieux protéger les industriels, notamment de l’énergie, des cyberattaques.Le développement de la prochaine génération de réacteurs nucléaires, de génération IV, a également entraîné une vague d’innovations. C’est le cas du projet Astrid, projet de construc-tion d’un réacteur à neutrons rapides refroidis au sodium, prévu sur le site de Marcoule. Ce type de réac-teur permet de réduire considéra-blement le volume et la toxicité des déchets produits. Il a demandé tou-tefois le développement de matériaux innovants. Valinox Nucléaire fabrique ainsi des prototypes de tubes de gai-nage en acier ODS, alliages à disper-sion d’oxydes destinés à réduire l’ef-fet des neutrons sur le vieillissement des matériaux. « Pour des raisons de sureté, Astrid sera d’abord équipé avec des matériaux hérités de Super Phénix, les nouveaux matériaux étant testés dans le cycle de fonctionne-ment », explique Marie-Agnès Gérard, en charge du développement chez Valinox Nucléaire.

❚ LE NUMÉRIQUE S’EMPARE DU NUCLÉAIRE Plus globalement, le secteur du nucléaire est en train d’utiliser de manière croissante les technologies du numérique. Ces outils, utilisés depuis plusieurs années dans l’aéronautique et l’automobile, commencent à arriver dans le nucléaire. C’est le cas du PLM (Product Lifecycle Management), par exemple. « L’utilisation d’un PLM a déjà permis de baisser les coûts de l’ingénierie et de réduire les délais de mise sur le marché des produits dans des secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile. Dans le nucléaire, le PLM va en plus permettre d’assurer la continuité de la mémoire et faci-liter les opérations de démantèle-ment », explique Stéphane Aubarbier, vice-président exécutif d’Assystem. L’utilisation d’un PLM va en revanche

demander de travailler différemment. « L’EPR NM a été conçu en utilisant un outil de PLM. Lorsqu’il va falloir inté-grer les acteurs de la supply chain, ces derniers vont devoir à leur tour utili-ser l’outil PLM », prévient Stéphane Aubarbier. Les grands groupes utilisent égale-ment le numérique pour dévelop-per leurs propres applications. Ainsi, Assystem a développé une appli-cation sur tablette qui permet de réduire les temps d’arrêt de tranches lors des opérations de maintenance en affichant notamment les retours d’expérience des précédents arrêts. Areva teste de son côté un équipe-ment de réalité virtuelle augmen-tée où l’opérateur peut par exemple s’entraîner à des opérations de main-tenance. La PME Haption a déve-loppé pour ces outils de simulation

une interface haptique (à retour d’ef-fort). L’opérateur peut ressentir les sensations lors d’une simulation d’un nouvel objet. Toutefois, les nouveaux outils numériques sont d’abord déve-loppés par des start-up. La start-up Manzalab a ainsi développé des lunettes pour la réalité virtuelle, en s’appuyant sur des serious games, des programmes de formation par le jeu. Alors qu’EDF s’intéresse à cette technologie, ces acteurs deviennent de plus en plus importants pour per-mettre aux grands acteurs de rester innovants et compétitifs.

❚ LES START-UP DU NUCLÉAIRE MISENT SUR LE DÉMANTÈLEMENTLeur maîtrise des nouvelles techno-logies ou leur connaissance d’autres secteurs leur permettent de déve-lopper plus rapidement des applica-tions innovantes. « Elles peuvent de la sorte apporter des solutions à des problèmes à plus petite échelle mais qui sont très importants », confirme Stéphane Aubarbier. Ainsi, les start-up sont de plus en plus nombreuses dans le secteur nucléaire, malgré les barrières à l’entrée des marchés qui demeurent. « On a du travail pour quarante ans lorsqu’on arrive à tra-vailler sur un chantier de démantèle-ment, reconnaît Stephane Galinier, de la start-up Eléments. Mais le processus prend beaucoup de temps. » Les grands opérateurs ont toutefois commencé à structurer leur lien avec ces acteurs. Areva et EDF ont par exemple tous les deux mis au point leur Fablab. Leur présence est notamment croissante dans le secteur du démantèlement. Si aucun réacteur n’est prolongé en Europe, 90 % des réacteurs européens auront fermé d’ici à 2030, selon une récente étude de l’Union européenne. En comptant les besoins à l’interna-tional, le marché du démantèlement

représenterait près de 220 milliards d’euros. Les start-up rivalisent donc de solutions pour faciliter ces opérations. La start-up Oreka Solutions a déve-loppé le logiciel DEMplus for nuclear, qui permet, à partir de la maquette 3D d’une installation nucléaire, de simu-ler des opérations d’interventions. L’opérateur dispose en temps réel des résultats, notamment des taux de radiation, du coût de l’opération, de sa durée et de la quantité de déchets produits. « L’intérêt, c’est d’avoir un

Stéphane Aubarbier, vice-président exécutif d’Assystem.

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Logiciel DEMplus for nuclear d’Oreka Solutions.

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« DANS LE NUCLÉAIRE, LE PRODUCT LIFECYCLE MANAGEMENT VA PERMETTRE D’ASSURER LA CONTINUITÉ DE LA MÉMOIRE ET FACILITER LES OPÉRATIONS DE DÉMANTÈLEMENT. »

Structures internes supérieures. Etude de cas pour Areva d’ESI Group.

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nno at ons et sol t ons dans le dé ant le ent

des centralesLe dissolveur et le bras télé-opéré.

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ENQUÊTE I ÉNERGIE NUCLÉAIRE

❚ En 2014, une trentaine d’installations nucléaires étaient arr tées ou en cours de démant lement en rance. L’occasion pour les acteurs du nucléaire hexagonal de tester leurs technologies avant que ce marché ne prenne son essor. D’ici à 2030, 300 réacteurs devraient

tre arr tés puis démantelés soit un marc é de plus de milliards d euros. opération reste toutefois un défi

technique. TEXTE : DETROY FLORENT.

laser, permettant par une vaporisation de gaz d’analyser la composition de la surface. Le Commissariat s’est égale-ment associé à Veolia Environnement afin de développer des technologies de cartographie radiologique des ins-tallations nucléaires. « Il est essentiel de connaître les points chauds, les fluides, ou encore où sont situées les gaines de ventilation d’une installa-

tion afin d’assurer la sécurisation du démantèlement », explique Christophe Béhar. Lorsque les radiations sont trop fortes, les industriels sont contraints d’utiliser des systèmes télé-opé-rés. Le CEA a développé avec Onet Technologie et Cybernetix une tech-nologie de découpe laser portée par un robot à bras à retour d’effort capable d’intervenir dans des ambiances for-tement irradiantes. Cette technolo-gie pourrait d’ailleurs être retenue par Tepco afin de récupérer le corium, le combustible fondu de réacteurs de la centrale de Fukushima. Enfin, la dernière piste de recherche concerne l’enlèvement du combustible radioactif et son conditionnement. Le CEA a développé par exemple la tech-nologie Aspilaser, un système de déca-page de murs par laser. Cette tech-nologie, développée avec la société SDMS, s’avère plus efficace que les

technologies traditionnelles en permet-tant de réduire le volume des effluents et des déchets produits. Selon l’Andra, le démantèlement français produira 2 300 000 m3 de déchets radioactifs en 2030. Déjà, le programme Passage a produit près du double des déchets pré-vus. « C’est un enjeu qui nous pousse à innover. Nous avons par exemple aban-donné la décontamination à l’eau, qui produisait des déchets trop impor-tants, pour la remplacer par des gels et des mousses de décontamination», explique-t-on au CEA. Ces méthodes sont toutefois contraintes par les déci-sions de l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire. « Récemment, l’ASN a demandé de modifier notre méthode d’écroûtement des murs en béton par crainte d’un effondrement des struc-tures, ce qui nous a amenés à utiliser d’autres technologies. »Cette politique de recherche ne répond toutefois qu’à une partie des attentes du marché. « Les installa-tions démantelées par le CEA sont de natures très variées, il s’agit de labo-ratoires, de réacteurs de recherche », précise Christophe Béhar. Or, le mar-ché à venir, estimé à une trentaine de milliards, c’est le démantèlement du parc de 58 réacteurs à eau pressurisée (REP) d’EDF. « Le démantèlement de ces réacteurs similaires va permettre des effets de série. La difficulté ne portera pas uniquement sur la tech-nologie, donc, mais sur la producti-vité », analyse Maxime Miche-Noël. Alors que le démantèlement de la pre-mière centrale REP, celle de Chooz, ne devrait pas intervenir avant 2020, les Etats-Unis affichent déjà le démantè-lement d’une douzaine de leurs cen-trales. La compétition ne fait que commencer…

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Outil de découpe télé-opéré utilisé dans le cadre du projet MAR 200 – démantèlement des dissolveurs, CEA Marcoule.

Le 14 décembre 2015, le Pôle de valorisation des sites indus-triels a organisé les 3es Assises

du démantèlement. L’occasion pour la France de présenter son « équipe de France du démantèlement ». Forte de 58 réacteurs sur son territoire, il est logique que notre pays veuille être leader sur ce marché. Toutefois, les premiers déman-tèlements menés dans l’Hexagone ont montré que les défis restaient nom-breux, par exemple dans les domaines de la mesure de la radioactivité, de l’in-tervention en milieu hostile ou dans le conditionnement des déchets. Un des premiers défis qui se pose aux industriels est d’obtenir une bonne connaissance des installations. L’ancienneté de celles à démanteler peut faire perdre la mémoire de leur concep-tion et de leur exploitation. Et, parfois, les infrastructures sont différentes des plans. Lors du programme de déman-tèlement CEA à Grenoble, impliquant le démantèlement de cinq installations nucléaires, les employés ont retrouvé par exemple des poutres qui n’étaient pas indiquées sur le plan. De même, la complexité de certaines installations rend dangereux leur démantèlement sans une connaissance exacte. « Sur l’une des installations de Marcoule, par exemple, nous avons rencontré

une véritable forêt de tuyaux, explique Christophe Béhar, responsable des acti-vités nucléaires au CEA. Cette géométrie rend plus difficile la prise en compte de la contamination radiologique. » Le CEA a donc commencé à déve-lopper des méthodes pour mieux connaître l’état initial de ces ins-tallations. « Cela passe par de nou-velle technologies de capteurs ou des échanges avec les anciens exploitants, résume Christophe Béhar. Mais c’est un domaine où il est toujours diffi-cile d’éviter les surprises. » Le groupe Onet Technologie va plus loin dans la connaissance des installations, en pro-posant de créer une maquette numé-rique de ces dernières grâce à l’utili-sation d’une technologie de scanning 3D. « Cette maquette est le point de départ à partir duquel nous pouvons mettre en œuvre des techniques de simulation telles que la réalité virtuelle immersive, explique Maxime Miche-Noël, directeur commercial d’Onet Technologies. En utilisant des lunettes 3D, il sera alors possible de tester dif-férents scénarios de démantèlement. » Le démantèlement demande éga-lement de développer des outils de mesures de l’état radiologique. Le CEA a ainsi mis au point un système LIBS, Spectroscopie de plasma induit par

l I N NOVAT ION RE V I E W l l I N NOVAT ION RE V I E W ll I N NOVAT ION RE V I E W l HS COMPÉ T I T I V I T É INDUS TR I E L L E HS COMPÉ T I T I V I T É INDUS TR I E L L E l I N NOVAT ION RE V I E W l

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D’ici à 2030, un nou-veau réacteur nucléaire sur cinq construit dans le monde sera de technolo-

gie russe – c’est l’objectif annoncé en septembre par Kirill Komarov, Premier Directeur général adjoint de Rosatom en charge du développement inter-national, lors de la dernière réunion de l’Association nucléaire mondiale (WNA). Avec trente-quatre unités en construction simultanée dans 13 pays et un carnet de commandes à l’étran-ger de plus de 100 milliards de dol-lars, la société publique, qui a une histoire longue de soixante-dix ans, s’affi rme aujourd’hui comme un acteur clé global. En effet, Rosatom, outre

la construction de ces réacteurs à l’étranger, accompagne les projets et forme les ingénieurs. Le nucléaire est assurément une énergie fi able et de long terme. La Conférence de Paris sur le climat (COP21), qui a pour objectif d’engen-drer un accord multilatéral sur le climat afi n de limiter à 2°C le réchauffement climatique d’ici à 2100, a également pour enjeux d’assurer le développe-ment des énergies bas-carbone tout en restant compétitif. Pour limiter la hausse de température et éviter des scénarios potentiellement catastro-phiques, l’Onu préconise une réduc-tion de 50 % des émissions de CO

2

d’ici à 2050 par rapport à 1990, tandis

que les énergies fossiles représentent encore 70 % de la production d’élec-tricité mondiale. Energie bas-carbone fi able, le nucléaire est non seulement une réponse au défi climatique actuel, mais reste dans un même temps com-plémentaire des autres sources ENR. Selon l’AIE (Agence internationale de l’énergie) et l’AEN (Agence pour l’énergie nucléaire), il faudra construire pas loin de 1 000 GW de nucléaire si l’on veut atteindre les objectifs des 2°C. Ce qui signifi e qu’il faudra mettre en service 35 nouveaux réacteurs chaque année, et que d’ici à 2030, la fi lière nucléaire devrait tripler sa croissance pour atteindre un taux de croissance de 8-9 %.

« Sans les projets de Rosatom et ses technologies, de nombreux pays ne seront tout simplement pas en mesure d’atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, estime Kirill Komarov. Tous ne bénéfi cient pas des conditions économiques ni climatiques pour le développement des énergies renouvelables. » Or, le kWh produit par la nouvelle génération de réacteurs à eau VVER coûte beaucoup moins cher que celui des énergies renouvelables, amortissement de l’investissement inclus. Particulièrement compétitif, le nucléaire devient une source d’énergie accessible aux pays en développement, et, surtout, il assure

un approvisionnement stable en électricité. « Le soleil ne brille pas 24 heures par jour, et le vent ne souffl e pas sept jours par semaine, mais nous avons besoin d’électricité en permanence, 365 jours par an », rappelle également le Premier DG adjoint. Plus la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique s’accroît, plus l’électricité nucléaire constitue une base de production d’énergie bas-carbone indispensable, capable de fournir en continu une énergie à bas coût. Selon les calculs de Rosatom, l’ex-ploitation des VVER a permis « d’éco-nomiser » le rejet de 15 000 000 000 de tonnes de CO2, soit les émissions

de quarante centrales à charbon de 1 000 MW exploitées pendant soixante ans. La mise en œuvre des projets en cours par le groupe russe permettrait d’éviter encore 8 000 000 000 tonnes de rejets de CO2 d’ici 2030. Pour saisir l’opportunité de cette prise de conscience et assurer son leadership technologique, l’entreprise réinvestit jusqu’à 5 % de son chiffre d’affaires dans la R&D. Selon les experts, Rosatom sera la première au monde à commercialiser des réacteurs à neutrons rapides, des centrales nucléaires fl ottantes, ainsi que certaines technologies nucléaires de pointe dans les domaines de la médecine, de l’agriculture, des transports, entre autres. Chargée de l’innovation, sa fi liale Science et innovation (Nauka i innovatsii) gère directement quatorze centres et instituts de recherche. Parmi les principaux objectifs : réduire l’impact environnemental du nucléaire. Dans la course à la fermeture du cycle du combustible, Rosatom sera la première à commercialiser des réacteurs de quatrième génération à neutrons rapides, développés depuis 2011 dans le cadre du projet Proryv (« Rupture »). Son BN-800 entre dans la toute dernière phase de test : la mise en route du réacteur à la centrale de Beloïarsk a été annoncée fi n août. Il permet de réutiliser à plusieurs reprises l’uranium 235, minimisant les déchets nucléaires et les futurs problèmes d’approvisionnement.Sa version plus élaborée, le BN-1200, a reçu cet été le feu vert du Conseil scientifi que et technique de Rosatom pour la poursuite des travaux. L’étude des matériaux et de la conception, 87 000 pages de documentation, a demandé plusieurs mois. « Nourri » au MOX (mélange d’oxyde d’uranium appauvri et d’oxyde de plutonium, obtenu grâce au recyclage), le réacteur refroidi au sodium produira plus de matière fi ssile qu’il n’en consomme. C’est l’une des fi liales de Rosatom, OKBM Afrikantov, qui est en charge de ce projet de 120

Rosatom innove  pour lutter contre le réchauffement climatique

❚ Dans un monde qui connaît une forte croissance démographique et des besoins en électricité accrus, il apparaît que même s’ils sont très importants, l’éolien, le solaire ou tout autre source renouvelable ne suffi ront pas à lutter contre le réchauffement climatique ni permettre un approvisionnement stable en électricité. Source d’expertise et d’innovation, Rosatom prépare la transition énergétique dans ses instituts de recherche pour que le monde puisse disposer d’autant plus de solutions fi ables face au défi climatique.TEXTE : NADÈGE PARON.

5 % du chiffre d’affaires réinvesti en R&D en 2014 Effectif R&D de la fi liale Science et innovation (nucléaire civil)12 000, sur un total de 258 000 salariés Production 2014 180,5 Mds kWh, soit 17,2 % de l’électricité totale en Russie Unités en construction 9 en Russie, 34 à l’étranger (premier rang mondial) Recettes 2014 618,3 Mds de roubles, soit une augmentation de presque 17 % par rapport à l’année précédente EBITDA 2014 200,5 Mds de roubles, soit une augmentation de presque 30 % par rapport à l’année précédente

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Tranches N°1 et 2 de la centrale nucléaire de Tianwan, en Chine.

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ENQUÊTES I ROSATOM

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milliards de roubles (environ 1,7 milliard d’euros), en partenariat avec plusieurs structures, dont l’Académie des sciences de Russie. Après validation de la plupart des solutions techniques, les ingénieurs suivent désormais un nouveau plan d’action étalé sur deux ans. Ils doivent entre autres consignes prendre en compte les aspects économiques et corriger le cœur pour permettre l’utilisation d’un combustible dense dès la première charge. L’objectif : présenter une version commercialisable fi n 2017. Egalement dans le cadre du projet Proryv, Rosatom a terminé le développement d’un réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb baptisé BREST-300. C’est ce qu’a annoncé en septembre l’institut NIKIET à Moscou, chargé de cette partie du projet qui mobilise une trentaine d’organisations et 1 500 scientifi ques. Le cœur du réacteur est entouré d’une couverture fertile pour récupérer les neutrons sortants afi n de produire de

la matière fi ssile. Il offre en outre un niveau de sécurité sans précédent : même un accident grave n’entraînera pas de fuites radioactives nécessitant l’évacuation de la population. Le pilote

sera installé à Seversk, dans la région sibérienne de Tomsk, et exploité à partir de 2020. Le seul retraitement des déchets nucléaires stockés en Russie depuis soixante ans devrait fournir du combustible pour plusieurs centaines d’années. Dans le cadre des recherches sur la fermeture du cycle nucléaire, « nous avons aussi développé un combustible expérimental à base de nitrure », précise le Directeur général de Rosatom, Sergueï Kirienko, dans le rapport d’activité 2014.

❚ RÉACTEUR DE RECHERCHE LE PLUS PUISSANT AU MONDEL’entreprise cherche par ailleurs des partenaires étrangers pour fonder un centre international de recherche autour de son réacteur à neutrons rapides polyvalent à haut fl ux refroidi au sodium, le MBIR. Avec une puissance thermique de 150 MW, conçu pour fonctionner cinquante ans, il sera le plus puissant réacteur de recherche au

monde. Sa construction a débuté en septembre dernier, à Dimitrovgrad, au sein du plus grand centre de recherche de la fi liale Science et innovation de Rosatom, le NIIAR (Institut de recherche sur les réacteurs atomiques). Son exploitation doit démarrer en 2020 : elle permettra de couvrir un large éventail d’expérimentations, dans la sécurité et l’effi cacité de la production d’énergie en cycle fermé (nouveaux types de combustible, matériaux de construction, caloporteurs), ainsi que dans la médecine nucléaire. D’après Viacheslav Pershukov, DG adjoint en charge de Science et innovation, le MBIR accélèrera « de plusieurs fois » la recherche scientifi que par rapport aux réacteurs existants : « Selon nos estimations, nous devrions consacrer 40 % du temps, de la puissance du fl ux de neutrons, à la réalisation de nos programmes, en particulier ceux de Rosenergoatom et TVEL, ce qui laisserait 60 % à nos collègues étrangers pour effectuer leurs propres recherches. » En 2013, Russie, Etats-Unis et France ont signé un Memorandum of Understanding (MoU) sur l’utilisation conjointe du MBIR. « Nous étendons désormais cet accord avec les Français, a déclaré Viacheslav Pershukov. Quant aux collègues américains, ils montrent un grand intérêt pour le projet. » D’autres pays, comme la Corée du Sud, le Japon, la Chine, ont exprimé à plusieurs reprises leur intérêt.Quatrième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde, la Russie compte bien montrer l’exemple et profi ter du nucléaire comme d’une source d’énergie bas-carbone développée par son fl euron nucléaire. Le pays envisage de migrer vers ces nouveaux types de réacteurs à neutrons rapides avec un combustible en cycle fermé (recyclé) d’ici à 2050. Le nucléaire atteindra au minimum 20 % du mix énergétique russe d’ici à 2030.

Créer des technologies de pointe, pas seulement pour l’industrie nucléaire tradition-

nelle : Rosatom a programmé dans son plan Innovation 2020 le transfert de ses savoirs vers d’autres secteurs. Ceux-ci présentent un intérêt social fort, dans le domaine de la santé par exemple. « Nous contribuons à la production d’isotopes pour le diagnostic, des sys-tèmes de gammathérapie pour le traite-ment du cancer, des scanners pour étu-dier les organes avec des radionucléides émetteurs gamma », a énuméré le PDG de Rosatom, Sergueï Kirienko, lors d’une conférence à Vienne, en septembre der-nier. L’institut de recherche VNIITF, qui dépend de Rosatom, a lancé par exemple début novembre à Snejinsk la recons-truction d’une usine de produits radio-pharmaceutiques, avec un centre de diagnostic du cancer par tomographie d’émission de positons, une méthode d’imagerie médicale. Le projet devrait être terminé à l’été 2016. Les rayonne-ments permettent aussi de combattre les microbes, en tuant des germes patho-gènes et autres organismes nuisibles, et

trouvent des applications dans la stérili-sation du matériel ou la désinfection des déchets médicaux.L’entreprise mène des recherches dans l’alimentaire pour améliorer la conserva-tion. Dans la construction mécanique, le nucléaire peut être utilisé pour des équi-pements d’essais non destructifs, la soli-difi cation des aubes de turbine, les tubes thermorétractables… Sergueï Kirienko a évoqué en outre des pistes de solu-tion dans le traitement des eaux usées, ainsi que la lutte contre la pollution aux hydrocarbures. L’Institut de recherche de Troïtsk (TRINITI) de la fi liale Science et innovation a par exemple développé un instrument laser portable multifonction, le MLTK : il permet d’éliminer des émis-sions et feux incontrôlés dans les puits de gaz ou de pétrole, et de combattre des fuites dans les eaux.Rosatom a par ailleurs fondé un Centre de nanotechnologie des matériaux composites, via la Composite Holding Company, en association avec le fonds d’investissement public Rosnano et la coentreprise créée par Dow Chemical Company et le spécialiste de la fi bre

acrylique Aksa, DowAksa. Ce centre soutient les start-up produisant des composites polymères pour les indus-tries de la construction, de l’éner-gie et de l’automobile. Le laboratoire de recherche est doté d’un équipe-ment multiaxial et de pultrusion (pro-cédé de fabrication de tubes et profi -lés en matériaux composites) de pointe avec des formes de coupes transversales constantes. Réduire le poids d’une voi-ture de 30 % grâce aux composites à base de carbone, plus résistants et plus légers que l’acier, permet par exemple de diminuer ses émissions de CO

2 jusqu’à 16 %.Rosatom possède la seule fl otte de brise-glaces à propulsion nucléaire au monde. La recherche pour les trois navires nouvelle génération a per-mis d’accroître les performances, en termes de puissance et de déplacement, par rapport aux six que compte déjà la fl otte. Le « Leader », par exemple, fen-dra la glace jusqu’à quatre mètres d’épaisseur. Sa conception, opérée par l’institut de recherche Krylov, devrait être terminée avant fi n 2015.

Rosatom à la pointe dans d’autres secteurs

ITER, PROJET À LONG TERME POUR UNE ÉNERGIE « PROPRE »

Rosatom participe aux recherches collaboratives internationales sur la fusion nucléaire : une source d’énergie quasi illimitée, sûre et sans déchets. Plus de 2 000 scientifi ques, ingénieurs et techniciens de l’entreprise sont impliqués dans le projet ITER, comme l’Institut d’électro-physique Efremov à Saint-Pétersbourg, sans compter l’Institut Kourtchatov, essentiellement consacré à la recherche fondamentale, ou encore l’Académie des sciences de Russie, qui produit des systèmes de diagnostic d’une importance critique. La Russie fi nance le projet à hauteur de 10 %. Elle fournira 25 éléments innovants : le gyrotron, source de génération de courant ou de chauffage d’un plasma, la première paroi du mur qui protègera le tokamak (chambre torique de confi nement du plasma) de la chaleur du plasma… En 2015, Rosatom achève par exemple la livraison des câbles supraconducteurs refroidis à l’hélium liquide, nécessaires au système magnétique. Parmi les sept pays participants au projet ITER, seules la Russie et la Chine réussissent à respecter le calendrier fi xé.

Tranches N°1 et 2 de la centrale nucléaire de Kudankulam, en Inde.

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ENQUÊTES I ROSATOM

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