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Les Pharmaciens dans L’Industrie Pharmaceutique : affaires règlementaires, pharmacoéconomie, recherche clinique Conférence du 28 Novembre 2007 Intervenants : Madame Rhym Abdennbi : Chef de produit de la gamme antibiotiques chez Pfizer. Monsieur Nicolas Janus : Pharmacien en Néphrologie à la Pitié Salpêtrière. Madame Delphine Vandenberghe : Evaluateur publicité chez Boehringer Ingelheim. 1

Les Pharmaciens dans L’Industrie Pharmaceutique : …uvindustrie.free.fr/Fichiers/Conferences/0708/ConfIndustrie281107.pdf · Par exemple, dans le cadre du lancement d’un antibiotique,

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Les Pharmaciens dans

L’Industrie Pharmaceutique : affaires règlementaires, pharmacoéconomie, recherche clinique

Conférence du 28 Novembre 2007

Intervenants : Madame Rhym Abdennbi : Chef de produit de la gamme antibiotiques chez Pfizer. Monsieur Nicolas Janus : Pharmacien en Néphrologie à la Pitié Salpêtrière. Madame Delphine Vandenberghe : Evaluateur publicité chez Boehringer Ingelheim.

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Afin de nous présenter les métiers du pharmacien dans l’industrie pharmaceutique au travers de quatre exemples, trois conférenciers étaient présents : -Madame Rhym Abdennbi qui nous présentera le métier de deux de ses collègues : l’enregistrement et la pharmaco-economie.

Madame Rhym Abdennbi est pharmacien. Elle a fait ses études à Paris V. Elle a suivi le master de Mme Bégué (DESS à l'époque) de Droit, Marketing et Management des Industries de Santé. Puis elle a intégré Pfizer en Novembre 2005 en tant que stagiaire sur les produits matures. En 2006, elle est passée chef de produit junior sur Viagra, et elle est aujourd'hui chef de produit de la gamme antibiotiques. -Monsieur Nicolas Janus qui traitera du rôle du pharmacien en recherche clinique. -Madame Delphine Vandenberghe qui nous expliquera le rôle de l’évaluateur publicité. Le cursus de Monsieur Nicolas Janus et celui de Madame Delphine Vandenberghe seront développés dans leurs parties respectives.

Introduction

Le but de cette conférence est de nous montrer ce que font les

pharmaciens affaires réglementaires au quotidien, pour nous aider à faire nos choix, à sortir un peu du côté théorique et toucher du doigt ce qu’ils font au jour le jour. L’objectif est que nous puissions nous identifier et peut-être nous découvrir une vocation, parce qu’il est très difficile de savoir à l’avance ce qu’on fera dans 3 ou 4 ans.

Pour le pharmacien, il y a une multitude de métiers qu’on ne soupçonne pas quand on est sur les bancs de la fac et il est dommage qu’on attende d’arriver dans l’industrie pharmaceutique, donc après l’obtention de nos diplômes, pour se découvrir une vocation. 1) LE PHARMACIEN AU CŒUR DU MEDICAMENT : (diapo 2)

Le pharmacien est partout, depuis l’identification d’une molécule à intérêt thérapeutique jusqu’à la mise sur le marché. Il intervient à toutes les étapes.

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Il est présent en recherche fondamentale, un peu après au niveau

de l’optimisation de tout ce qui est galénique : études de pharmacocinétique, pharmacodynamie… On le retrouve ensuite au niveau des essais pré cliniques, in vitro, in vivo ou sur modèle animal et tout ce qui est toxicologie. Enfin, il est encore présent au niveau de la phase 3, avant la mise sur le marché, et pendant la phase 4 relative à l’étude post-mise sur le marché pour tout ce qui est suivi (pharmacovigilance, études de phase 4/ post marketing, AMM, etc).

Sur le schéma, il y a les prix : sachez que tout ceci coûte très cher et dure très longtemps (environ 10 ans entre la découverte d’une molécule et sa mise sur le marché). 2) LES METIERS DU PHARMACIENS DANS LES AFFAIRES REGLEMENTAIRES: (diapo 3)

UV Industrie - 11/07- R.A

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Le pharmacien au cœur du médicament

Pharmacien AQPharmacien AR

Pharmaco économiste

ARC

Pharmacien responsable

MarketingPharmacien contrôle pub

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• Le marketing intervient en général à partir de la phase 3 (pré-

lancement) et durant toute la vie du produit.

• En amont, les attachés de recherche clinique interviennent tout au long des études cliniques.

• Le pharmacien assurance qualité est le garant de la qualité du

produit. En effet, le médicament est le produit qui doit être le plus sûr (pas seulement les injectables, qui doivent répondre à des critères de stérilité et d’autres critères extrêmement rigoureux) : le médicament est là pour guérir, donc il n’a pas intérêt à rendre malade.

• Le pharmacien contrôle pub est un peu le binôme du marketeur :

tous deux travaillent main dans la main pour assurer la qualité de la communication médicale.

• Le pharmaco-économiste est là pour évaluer si les médicaments

chers à l’achat permettent d’éviter d’autres coûts. C’est une démarche intellectuelle qui est assez nouvelle.

• Le pharmacien affaires réglementaires va intervenir à partir de la

phase 3. C’est en grande partie grâce à lui que le produit va être mis sur le marché, puisqu’il va participer à la rédaction du dossier d’AMM, entre autres.

I - ENREGISTREMENT : C’est une mission du pharmacien affaires réglementaires.

1) CONTEXTE : (diapo 16)

Dans la très grande majorité des cas, les médicaments doivent obtenir une AMM (Autorisation de Mise sur le Marche). Pour cela, le produit doit être évalué par l’EMEA (European Medical Evaluation Agency) puis par l’AFSSAPS en se basant sur 3 critères principalement:

- la qualité du produit, - sa sécurité d’emploi - son efficacité. De plus en plus, on a une centralisation des produits qui passe par

l’Agence Européenne, au travers de procédures centralisées.

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On distingue deux procédures :

• l’une européenne qui concerne les produits destinés à plusieurs états membres de la communauté européenne.

• l’autre nationale pour les produits commercialisés dans un état membre. En effet, en France par exemple, on garde la spécificité d’une procédure nationale pour les médicaments spécifiques au marché français comme les veinotoniques (très peu de pays européens utilisent des veinotoniques) ou pour certaines formes galéniques comme les suppositoires qui sont une spécificité française.

La soumission du dossier d’AMM :

Il contient l’ensemble des résultats des études cliniques effectuées au cours du développement du produit (toxicologie, pharmacologie, pharmacocinétique, études cliniques I, II, III) et tous les éléments permettant de juger la qualité du médicament (procédé de fabrication, qualité du principe actif et du produit fini …). 2) OBJECTIF : (diapo 17)

Il s’agit de s’assurer que tous les critères sont vérifiés.

• Garantir l’efficacité, la qualité et la sécurité d’une nouvelle thérapie mise sur le marché.

En fait, on essaye d’anticiper au maximum les problèmes qu’on pourrait avoir avec les nouvelles thérapies. Le but, c’est de s’approcher au maximum du risque zéro tout en sachant que celui-ci n’existe pas. Il faut être conscient qu’on part aujourd’hui sur des thérapies ultra ciblées et il sera donc de plus en plus difficile de garantir la sécurité. En effet, les études cliniques sur des populations cibles restreintes sont difficilement interprétables.

• Mettre à jour les données de l’AMM selon les informations de

pharmacovigilance et des études de phase IV. En effet, des études cliniques, il en sort tous les jours. Il faut mettre

à jour les données au travers de la littérature et aussi de la pharmacovigilance. En effet, la pharmacovigilance de plusieurs produits, suite à leurs effets secondaires, donne lieu à une modification du RCP (« Résumé des caractéristiques du produit ») et donc de l’AMM. Ce

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n’est donc absolument pas figé dans le temps et évolue tout au long de la vie du produit.

De la même façon, on réalise des études de phase 4 qui sont des

études post marketing et qui interviennent après la sortie du produit. On fait aussi des études observationnelles. Celles-ci permettent de :

- voir comment le produit est utilisé au jour le jour et ainsi savoir si

il est utilisé correctement, - vérifier que l’on avait anticipé la plupart des effets indésirables, - trouver des choses qu’on n’avait pas soupçonnées en pré clinique

parce que la population était trop restreinte ou trop particulière pour être étudiée en préclinique.

Toutes ces études peuvent à posteriori être intégrées dans l’AMM et

en modifier la teneur le cas échéant. • Gérer les dossiers cliniques afin d’assurer la sécurité.

Le pharmacien affaires réglementaires enregistrement s’occupe aussi de la conformité des données des essais cliniques mis en place par le laboratoire. En effet, les critères de mise en place d’une étude clinique sont de plus en plus rigoureux pour garantir la sécurité des patients qui entrent dans les essais cliniques ainsi que le respect de l’éthique.

• Veille réglementaire et concurrentielle.

Il est aussi chargé de la veille réglementaire et concurrentielle. En effet, il regarde ce qui se passe dans les pays voisins. Il surveille aussi les évolutions réglementaires afin de mettre en conformité les  dossiers réglementaires par rapport à la nouvelle réglementation qui change régulièrement. (Ex : on peut changer un RCP deux fois /an).

• Mise à jour des données du dictionnaire Vidal.

3) PRINCIPE : (diapo 19)

Le pharmacien affaires réglementaires met à jour les dossiers d’AMM en fonction de l’actualité scientifique du produit (qualité, sécurité et efficacité) et en conformité avec la législation française et européenne.

Par exemple, dans le cadre du lancement d’un antibiotique, il intervient très en amont, à partir de la phase 3 et il conseille sur la stratégie c'est-à-dire la place à donner au produit. Par exemple : faut-il demander une prescription initiale hospitalière ? Faut-il garder le produit

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en réserve hospitalière seulement ? Faut-il demander une rétrocession ? (Les médicaments vendus uniquement à l’hôpital peuvent être rétrocédés c'est-à-dire revendus par la pharmacie hospitalière aux gens qui rentrent chez eux, ce qui ne concerne pas les produits de la réserve hospitalière qui ne sortent jamais de l’hôpital). Tous ces statuts obéissent à une législation particulière et rigoureuse. Le Pharmacien Réglementaire est la personne qui la connait le mieux. 4) EXEMPLE : (diapo 20)

Pour la mise sur le marché d’une nouvelle thérapie, le pharmacien affaires réglementaires monte un dossier d’essai clinique, le dépose à l’AFSSAPS afin de le valider. Il travaille en étroite collaboration avec le responsable de la recherche clinique, avec les collègues de la pharmaco-économie afin de mettre le dossier en conformité et donner le plus de données à l’AFSSAPS afin qu’il soit accepté le plus tôt possible.

5) CURSUS : (diapo 18) Exemple du parcours d’un pharmacien affaires réglementaires :

‐ Faculté de Pharmacie–Université Grenoble, 5ème année industrie, 6ème année,

o DESS de réglementation des biens de santé dans l’union

européenne (Lille), o DESS de négociation et évaluation des biens et services de

santé (Paris) ;

‐ Stage : IDRAC, base informatique de données réglementaires au service de l’industrie pharmaceutique.

‐ 2001-2003 : responsable des dossiers transparence/prix –

Département affaires économiques.

‐ 2004-2007 : PFIZER : pharmacien affaires réglementaires.

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II. Pharmaco-économie (=outcomes research) 1) CONTEXTE : (diapo 22)

Ce nouveau domaine de la pharmacie, appelé Pharmaco ou médico-économie, prend en compte des données économiques, médicales et épidémiologiques afin de définir si un médicament en développement aura un avantage en termes de coût.

La population vieillit de plus en plus, donc les dépenses de santé augmentent ; par conséquent il est nécessaire de trouver des stratégies thérapeutiques plus efficaces permettant de réduire les complications et les hospitalisations, et de diminuer ces dépenses. D’autre part, un nouveau médicament coûte de plus en plus cher et il sort de moins en moins de nouveaux médicaments. Si ces médicaments permettent d’améliorer la prise en charge (moins d’effets indésirables, hospitalisation plus courte), il convient de l’évaluer.

Cette discipline est apparue dans les années 1990 et a évolué dans

le contexte actuel, qui est celui du contrôle des dépenses de santé.

Cette nouvelle discipline est un véritable outil d’aide à la décision pour les professionnels de la santé: en effet, cela permet de décider si cela « vaut le coup » d’investir dans une nouvelle stratégie thérapeutique, pour pouvoir gagner beaucoup d’argent par la suite, ou alors s’il vaut mieux conserver un traitement actuel peu cher, et payer de nouveau quand la personne retombera malade.

Cela intègre la notion d’efficience c’est à dire la meilleure

efficacité au moindre coût: Il faut donc définir ce « coût acceptable ». On procède alors à une analyse pharmaco-économique pour

calculer l’efficacité du traitement et les coûts directs associés à une stratégie thérapeutique.

On prend en compte le prix d’acquisition de la molécule mais aussi

les paramètres économiques entrant dans la prise en charge d’un patient et on divise par l’efficacité.

2) OBJECTIFS : (diapo 24)

Répondre à cette question : « Vaut-il mieux affecter des ressources au programme A ou au programme B qui produisent des effets différents? »

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⇒ Problématique d’allocation optimale des ressources, par natures limitées.

L’objectif, c’est de dire :

Coûts A Conséquences A

CHOIX

Programme A

Programme B

Coûts B Conséquences B

Différentiel

coûts

Différentiel

conséquences

- « vaut-il mieux payer plus cher maintenant et au final économiser des dépenses? », (autrement dit vaut-il mieux investir ?),

ou

- « vaut-il mieux payer moins cher maintenant et en payer les conséquences plus tard, puisque le patient va, par exemple, retomber malade ? ».

C’est une vraie réflexion et on assiste à un véritable changement de

mentalité. On cherche toujours la meilleure efficacité au moindre coût, ou du moins à un coût acceptable. En France, il existe le Collège des Economistes de la Santé qui normalise les coûts, et définit ce qu’est un coût acceptable (on verra par la suite qu’un coût acceptable a une valeur).

En gros, dans une analyse de pharmaco-économie, quand on parle

de « coût/efficacité », on ne prend plus en compte uniquement le prix de la boîte ou celui du comprimé, mais on y ajoute également tous les paramètres économiques qui entrent en jeu dans la prise en charge du patient.

Typiquement, reprenons l’exemple de l’antibiothérapie : il y a des antibiotiques où l’on doit faire ce que l’on appelle des taux résiduels, c’est-à-dire qu’il faut réaliser des prélèvements sur le patient pour voir le taux d’antibiotique restant afin de lui donner une dose permettant d’atteindre une concentration plasmatique suffisante. En effet, certains antibiotiques ont un index thérapeutique assez étroit et si on en donne trop, on entre dans la zone toxique. D’un autre côté, si on n’en donne pas assez on sera

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en dessous de la dose efficace et le patient risquera de développer une résistance.

Tout cela a un coût :

- il faut que l’infirmière réalise le prélèvement, - qu’elle l’envoie au laboratoire, - que celui-ci le dose, - ensuite le médecin devra le lire.

On a un coût en temps, mais aussi un coût matériel.

⇒ Tout cela rentre dans le coût de prise en charge du patient.

Si on divise ça par l’efficacité de la stratégie (en gros la survie ou la guérison), on obtient l’analyse pharmaco-économique coût/efficacité.

On va donc prendre deux stratégies :

- l’une avec un coût A plus cher que la seconde qui aura un coût B, - le coût A est relié au programme A, - le coût B est relié au programme B, - on obtient les conséquences A et les conséquences B.

L’objectif sera de voir s’il y a un différentiel au niveau des conséquences : si les coûts B sont nettement moins élevés que les coûts A, mais que les conséquences A sont carrément meilleures que les conséquences B, on va se demander s’il vaut mieux investir pour l’avenir ou préférer le produit moins cher. 3) EXEMPLE : (diapos 25, 26 et 27)

L’exemple concerne la comparaison de deux antibiotiques :

Donc, prenons deux antibiotiques utilisés dans les infections compliquées de la peau, c’est-à-dire les infections qui touchent les tissus profonds comme un abcès.

Le traitement par l’antibiotique A est disponible en injection et se prend deux fois par jour. Il coûte 30 euros.

Le traitement B par l’antibiotique se prend trois fois par jour et coûte lui 3 euros.

Ainsi on peut se demander laquelle de ces deux stratégies est la plus efficace? Quelle stratégie est il préférable de privilégier ?

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Pour évaluer l’efficacité, on prendra toutes les études d’efficacité que nous avons sur ces deux produits.

Les biostatisticiens, à partir de ces études, vont créer des modèles

sur la base d’une cohorte fictive (c'est-à-dire un groupe de patients fictifs). En effet, pour ces études on ne prendra pas de vrais patients.

Ces modèles seront ensuite extrapolés sur les données biologiques

et on obtiendra des résultats sur informatique. Ces résultats nous permettront de déterminer si la stratégie de

coûts menée est efficace. Dans le cas présent, le traitement A donne 90% de guérison contre

85% pour le traitement B. Ces modèles nous permettent également de savoir si la durée

d’hospitalisation augmente ou diminue. En effet, si les patients guérissent plus vite avec un produit, cela se traduira par un gain en terme de journées d’hospitalisation.

Sachant que le coût moyen d’une journée d’hospitalisation est de

5000 euros, il est donc important de voir s’il n’est pas possible de faire un effort au départ pour acquérir des molécules permettant une guérison plus rapide par exemple.

Auparavant, ces données n’étaient pas prises en comptes. Ces

dernières se trouvaient dans un magma de données et personne ne leur prêtait attention. On commence seulement aujourd’hui à réfléchir à ces problèmes.

Pour obtenir les coûts d’un médicament, il est nécessaire de savoir le temps que met une infirmière pour faire un prélèvement ou bien le prix du dosage, on réalise donc des enquêtes ad hoc.

En effet, dans l’hôpital, le chargé d’enquête va interviewer des

pharmaciens et des biologistes afin de connaître les différents coûts tel que le coût des perfusions, le temps de remise des résultats d’un dosage par le biologiste, le matériel utilisé pour le dosage et son coût.

Pour avoir ces données, il est nécessaire d’aller très loin dans les détails et de mettre en place des études spécifiques. Quand il n’est pas possible de faire ces enquêtes, par exemple dans le cas d’une pathologie rare, il faut se pencher sur les données de la littérature en utilisant pubmed, les différents articles publiés… Il est aussi possible de demander à des experts spécialisés dans la pathologie en question d’apporter des réponses, et des référentiels de l’HAS.

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Dès lors, le résultat découlera de la compilation et de l’analyse de ces données.

4) PRINCIPE : (diapo 28)

« L’évaluation économique des programmes de santé est une analyse comparative des coûts et des conséquences de stratégies thérapeutiques alternatives »

⇒ Ce qu’il faut retenir, c’est cette nouvelle approche qui consiste à dire qu’un produit peut être cher, mais qu’il peut être plus efficace et donc qu’il peut, au final, faire économiser des coûts supplémentaires. Donc il ne faut pas prendre en compte uniquement le prix d’achat du médicament, mais il faut aussi tenir compte de toutes les conséquences de son utilisation, à la fois en terme d’efficacité, de tolérance mais aussi de coûts pour l’hôpital (journées d’hospitalisation, etc).

Deux notions sont à distinguer :

- quand on parle d’évaluation pharmaco-économique, on

compare des stratégies médicamenteuses, - quand on compare des stratégies de prise en charge, on parle de

médico-économie : (ex : on peut comparer le coût d’une stratégie de vaccination par rapport à une stratégie de traitement de la grippe).

⇒ La différence est subtile !

Quand la pharmaco-économie est-elle utilisée ?

Elle est utilisée partout :

- au niveau recherche et développement, dès que l’on a trouvé la molécule,

- on l’utilise dans la phase de détermination du prix et du

remboursement, pour avoir des critères supplémentaires à présenter aux agences afin de leur montrer qu’on va peut être investir davantage au début mais qu’on gagnera sur la durée,

- et au niveau de la communication et du marketing à

posteriori, puisque cela nous permet d’avoir des arguments qui montrent que même si on paye plus cher sur le moment, au final cela coûtera moins cher à la communauté.

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5) CURSUS : (diapo 23)

- Pharmacie MSBM : Méthodologie d’évaluation médico-économique des

systèmes de santé, DESS : Pharmaco-Economie / EM Lyon.

- 2003 : Stage PSF-CI - Janvier-Septembre 2004 : Pfizer, Stage, service Outcomes

Research, Epidémiologie et Médico-Economie (Janv-Sept 2004), - Novembre 2004-Mars 2005 : Ministère de la Santé, Mali, - Depuis Avril 2005 : Pfizer, service « OR », - DIU de pharmaco-épidémiologie (Bordeaux, 2006).

III. LA RECHERCHE CLINIQUE :

1) C’EST QUOI ? (diapo 37)

Elle ne concerne pas que les essais thérapeutiques. Il y a également une multitude d’autres activités que regroupe la recherche clinique.

• L’observatoire (études en général rétrospectives qui consistent à

observer et évaluer les pratiques courantes en santé, par exemple), • Questionnaire patient, • Enquête (cas-témoins, de cohorte et facteurs de risque de

développer d’autres maladies…), • Epidémiologie (fréquence d’une maladie, d’une complication…), • Pharmacocinétique (privilégiée pour les pharmaciens), • Qualité de vie (comment le patient va supporter le traitement

notamment dans les maladies qu’on ne guérit pas encore toujours comme les cancers),

• Pharmaco-économie (c’est une partie qui commence à être reconnue. Beaucoup de journaux et de publications portent des données sur la pharmaco-économie et on en parle beaucoup dans les congrès),

• Biologie (critères biologiques de diagnostic, techniques de dosage…),

• Essai thérapeutique (Phases 0 à IV : la phase 0 qui a été récemment introduite dans certains pays, consiste à administrer le médicament de façon micro-dosée chez le volontaire sain).

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Les essais cliniques ont donc pour but l’obtention d’une AMM.

On retrouve des pharmaciens à plusieurs niveaux en recherche

clinique dans l’industrie pharmaceutique. Ils représentent la force vive de la recherche clinique. Leur rôle est de faire le lien entre les investigateurs (les médecins) et l’industrie pharmaceutique (Attaché de Recherche Clinique ou ARC). Les responsables d’étude clinique dirigent l’équipe par secteur et en haut de la pyramide, on retrouve le chef de projet qui décide de toute la stratégie pour développer un produit et obtenir son AMM. Cependant ce poste est plutôt réservé aux médecins.

Mais il y a aussi d’autres recherches.

2) POURQUOI A T-ON BESOIN DE LA RECHERCHE CLINIQUE? (diapo 39)

Pour répondre à des questions plus quotidiennes dans la pratique

clinique. En effet, les patients des essais thérapeutiques ont toujours la particularité de ne présenter aucune autre maladie (diabète, insuffisance rénale…) que celle pour laquelle le médicament est testé, et ils ne reçoivent aucune autre thérapie. Mais dans la vraie vie, il en est tout autrement, les vrais patients du quotidien sont polymédiqués et peuvent présenter plusieurs maladies en même temps. Les médecins sont donc confrontés à des interactions médicamenteuses, à des modifications de la pharmacocinétique des médicaments…

Ainsi des études cliniques sont conduites pour répondre à ces questions et pour améliorer la prise en charge des patients.

• À qui sont destinées les informations issues de ces études ?

Au plus grand nombre de praticiens, ceci toujours dans le but d’améliorer la prise en charge des patients.

• Comment ?

Lors de congrès médicaux, Symposium de laboratoires ou

grâce aux publications scientifiques référencées dans le Medline (www.pubmed.com).

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3) RECHERCHE CLINIQUE … COMMENT CELA SE PASSE ? (diapo 40)

• Tout commence par un contexte, une idée liée à une observation (Tel médicament serait-il responsable de tel effet indésirable ? par exemple).

• On fait ensuite un état des lieux. On recherche dans la bibliographie si personne ne s’est déjà posé la question et s’il n’y a pas de données sur le sujet. Souvent la question a déjà été soulevée.

• On pose donc l’hypothèse (tel médicament entraîne tel effet indésirable), ensuite on construit un protocole d’étude clinique ; véritable mode d’emploi de l’étude, il décrit tous ces aspects : l’hypothèse, la méthode d’investigation, comment les données seront recueillies puis analysées…

• Ce protocole doit avoir des objectifs précis (établir un lien entre le médicament et l’effet indésirable).

• Une fois que tous les acteurs sont en place et que les diverses autorisations sont obtenues, l’étude peut commencer. (cette étape est de loin la plus longue)

• Une fois que toutes les données sont recueillies, l’analyse commence.

• Pour terminer, les résultats et les conclusions sont communiqués au plus grand nombre, et cela même si l’hypothèse de départ est fausse (Non le médicament ne donne pas l’effet indésirable, par exemple).

5) COMMENT EST LE QUOTIDIEN ? (diapos 45 et 46) Quotidiennement, dans le domaine de la pharmacie clinique, le service où exerce Nicolas Janus aide les médecins à adapter la posologie des médicaments chez les patients insuffisants rénaux (IR). A chaque demande de conseil sur l’adaptation de la posologie d’un médicament donné pour un patient IR, une analyse bibliographique est réalisée, un conseil est rédigé et envoyé au médecin pour l’aider dans sa pratique quotidienne. C’est cette pratique qui peut par exemple fournir le fameux contexte vu précédemment. En recherche clinique, Nicolas est responsable d’étude clinique. En pratique, il participe à l’élaboration de l’étude, la conduit et exploite les résultats afin d’en tirer les enseignements et les communiquer à l’ensemble de la communauté scientifique concernée. Il a voulu nous faire passer plusieurs messages :

• La recherche clinique est vaste (il n’y a pas que des essais thérapeutiques),

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• Il y a une étroite collaboration avec les cliniciens et les pharmaciens dans ce domaine,

• Il faut être pharmacien en industrie et avoir passé sa thèse d’exercice, l’internat n’est pas nécessaire,

• Il faut avoir validé un Master Pro adéquate, • L’anglais est indispensable, • Une bonne connaissance des logiciels bureautiques de bases est

nécessaire (Word, Excel, Power Point…)

6) CURSUS : (diapo 32) Pharmacien en Néphrologie ICAR – Service de Néphrologie GH Pitié Salpêtrière

• Pharmacien : – ParisV – 2005

• DESS d’Assurance Qualité – (ParisV) – 2005

• Master Pro de Méthodologie et de Statistiques en Recherche clinique – Paris XI – 2006

• Stage au service de recherche biomédicale du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) :

– Service Hospitalier Joliot – Orsay

• Stage de recherche clinique à ICAR : – Service de Néphrologie, GH Pitié-Salpêtrière,

Voici l’adresse e-mail de Nicolas : [email protected]

IV.Evaluateur publicité 1) CONTEXTE: (diapo 50)

Madame Delphine Vandenberghe travaille chez Boehringer Ingelheim

France.

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Son travail est en lien avec les Chefs de produits marketing. Elle contrôle les documents que le laboratoire présente ensuite aux médecins par l’intermédiaire des délégués médicaux.

L’évaluateur publicité est un métier qui prend beaucoup d’ampleur en raison des coûts de santé. En effet, la Sécurité Sociale diminue au maximum les demandes de remboursements. Les demandes de prix sont très rigoureuses en France et donc les laboratoires ont beaucoup de mal à commercialiser des médicaments à un prix qui leur paraît honnête pour rentabiliser toute la recherche clinique qui est très onéreuse et continuer à trouver d’autres médicaments.

En France la publicité est réglementée par le Code de la Santé

Publique et cette réglementation est vérifiée par l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé).

L’AFSSAPS vérifie la véracité, l’exactitude des allégations des

publicités présentées aux professionnels de santé afin qu’ils puissent, par la suite, prescrire ces médicaments. L’AFSSAPS a mis en place en France un système de contrôle à posteriori. Le Chef de produit marketing élabore la publicité, elle est contrôlée en interne au sein du labo, et quand elle est libérée (déposée à l’AFSSAPS), elle est vérifiée à posteriori par l’agence.

Ce contrôle permet de garantir l’équité sur la communication entre les laboratoires.

Pour les médicaments grand public, c’est-à-dire les médicaments qui

ne nécessitent pas de prescription obligatoire, et non remboursés par la Sécurité Sociale, on peut avoir des publicités destinées au grand public. Il y a un contrôle à priori de l’AFSSAPS : c’est ce que l’on appelle un visa GP (grand public). Ce contrôle à priori est fait par l’Agence car le grand public n’est pas apte à juger de l’objectivité des publicités. Il faut donc un contrôle avant la diffusion de la publicité.

En revanche, pour les produits de prescription obligatoire,

remboursés ou non par la Sécurité Sociale, ce sont des produits éthiques; il y a un contrôle à posteriori de la publicité. L’agence juge que le professionnel de santé « a fait suffisamment d’études » pour juger la publicité. Il y a donc diffusion de la publicité avant contrôle. L’agence qui contrôle à posteriori pourra sanctionner lourdement les laboratoires. 2) OBJECTIFS : (diapo 51)

L’AFSSAPS vérifie les publicités déposées (ou dénoncées) selon le

Code de la Santé Publique. Dans ce code se trouvent plusieurs exigences réglementaires

primordiales :

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• les messages produits ne doivent pas être trompeurs ou

mensongers ; par exemple, dire qu’un antiretroviral va soigner une angine bactérienne,

• les messages ne doivent pas porter atteinte à la santé

publique. Par exemple, si on cache les morts des études, les médecins ne pourront pas savoir qu’ils prescrivent un médicament qui peut être dangereux,

• les médicaments doivent être présentés de manière

objective (par exemple quand on parle d’efficacité dans des résultats d’études, on doit toujours présenter la tolérance),

• la publicité doit favoriser le bon usage du médicament. Il

faut se conformer aux différents référentiels :

- l’AMM (= dossier de demande d’Autorisation de Mise sur le Marché élaboré par le laboratoire pour les autorités),

- l’AT (avis de transparence) : on présente une partie des dossiers des études de l’AMM à la transparence pour avoir l’analyse de la transparence et une proposition de remboursement,

- les recommandations élaborées par l’AFSSAPS, mises à jour régulièrement, présentes sur le site internet.

3) PRINCIPE: (diapo 53) L’évaluateur publicité est à l’interface entre les chefs de produit marketing, les Affaires Médicales, les biostatisticiens et le Pharmacien Responsable du laboratoire. Il a un rôle très important notamment dans la stratégie mise en oeuvre lors du lancement d’un produit.

Circuit type :

• dans un premier temps, le chef de produit marketing présente un projet publicitaire aux évaluateurs publicité,

• l’évaluateur publicité va alors évaluer le document par

rapport aux :

- exigences du code de la Santé Publique, - référentiels : l’Autorisation de Mise sur le Marché, l’avis

de Transparence, et les publications, - recommandations de la publicité de l’AFSSAPS,

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- et, surtout, par rapport aux données de la veille réglementaire. En effet, l’évaluateur publicité va rechercher toutes les publicités qui pourraient y ressembler, et en particulier les publicités qui auraient été interdites par l’AFSSAPS.

En effet, quand l’AFSSAPS reçoit une publicité, elle va vérifier que le message publicitaire est conforme aux exigences du code de la Santé Publique. Si elle juge que le message n’est pas conforme, elle va envoyer alors des sanctions administratives, qui peuvent être de plusieurs ordres (détaillées ultérieurement).

• Le marketing va alors corriger, modifier son dossier si nécessaire,

• L’arbitrage final est effectué par le Pharmacien Responsable.

Ce dernier sera donc passible de sanctions pénales ou ordinales si la publicité fait l’objet de sanctions.

4) SANCTIONS PREVUES PAR LA LOI : (diapo 54) Quand l’AFSSAPS reçoit une publicité (8 jours après la date de sa 1ère diffusion), elle va regarder si les messages publicitaires sont conformes au Code de la Santé Publique. Si elles ne sont pas conformes, elle envoie au laboratoire des sanctions administratives. Il y a plusieurs niveaux :

• LES AVERTISSEMENTS OU REMARQUES NON SUSPENSIVES L’erreur est jugée minime par l’AFSSAPS et l’on prendra en compte cette erreur lors de l’élaboration des futurs documents.

• LA MISE EN DEMEURE On est obligé de stopper la diffusion sur le terrain, et de rapatrier les documents distribués auprès des médecins. L’inspection de l’AFSSAPS peut venir vérifier que tout est rapatrié correctement. On peut proposer une nouvelle publicité modifiée dans un délai d’un mois. Les gros laboratoires (type Pfizer) en reçoivent une petite dizaine par an à tout casser, sachant qu’ils sortent une centaine de publicités « produit » par an.

• L’ INTERDICTION DE PUBLICITE

Elle paraît au Journal Officiel, donc est visible par tous les laboratoires concurrents, et s’accompagne souvent d’une pénalité financière qui peut aller jusqu’à 10% du chiffre d’affaire net de la spécialité ce qui est énorme (se chiffre en millions ou milliards d’euros selon les laboratoires !!!). D’où la grande importance des

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évaluateurs publicitaires. En cas d’interdiction, on rapatrie évidemment tous les documents circulants.

• LA SUSPENSION EN CAS D’ URGENCE Elle est décidée directement par le directeur de l’AFSSAPS sans consultation de la commission de publicité. On aura alors affaire à une atteinte grave du code de la Santé publique. En plus des pénalités financières, on aura dans ce cas là d’autres pénalités possibles comme des sanctions pénales pour l’entreprise et en particulier pour le pharmacien responsable (amendes et procès sont possibles) et des sanctions ordinales de type arrêt temporaire de droit d’exercice pour le pharmacien responsable voire une radiation définitive de l’ordre des pharmaciens. On voit donc que l’évaluateur a des responsabilités, si les non-conformités des publicités qu’il sort se répètent, les sanctions peuvent aller loin. Il faut quand même savoir que selon le produit dont vous sortez la publicité, celle-ci sera plus ou moins bien passée au crible. Par exemple pour un médicament comme Tahor®, qui est le plus vendu au monde, vous pouvez être sûr que la publicité va être passée beaucoup de fois en revue en comparaison avec des petits médicaments qui ne rapportent pas grand-chose comme la phytothérapie. Tout ceci est encore une fois dans un souci d’économie de la santé. Passons maintenant à un exemple concret :

Voici une publicité américaine pour le Cialis® (analogue du Viagra® plus connu!). Cette publicité ne pourrait typiquement pas sortir en France pour plusieurs raisons :

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- c’est écrit en anglais (il faudrait au moins une traduction en

dessous), - on a ni la DCI, ni l’indication, ni toutes les mentions légales (Résumé

des Caractéristiques du Produit). Tout ça dans un souci d’objectivité et pour que le médecin se fasse une idée juste du produit et soit un maximum informé du nouveau produit.

On a là un exemple de presse, mais on a aussi des aides de visites (mini-dossier de 5-6 pages sur le produit utilisé par le visiteur médical).

5) CURSUS : (diapo 52)

- Diplôme de docteur en pharmacie (orientation Industrie), - Obtention du Master « Droit, économie, marketing dans les

industries de santé » (Paris V, Pr. Bégué), - Stage chez Boehringer Ingelheim France de 6 mois en

enregistrement (cf. première intervenante), puis de 5 mois en contrôle de la publicité,

- Stage chez Pfizer pendant 6 mois à l’AQCM (service du contrôle

de la publicité chez Pfizer), - En CDI chez Boehringer Ingelheim France depuis mai 2006

Thèse d’exercice passée en cours de CDI (sujet = synergie d’action du pharmacien et de l’infirmière pour les patients infectés par le VIH). L’intervenante a précisé qu’il était important de passer sa thèse avant de commencer à travailler.

QUESTIONS ET REPONSES :

Est-ce que vous travaillez seule ou en groupe ? Delphine Vandenberghe (D.V) : Dans des petits laboratoires, on peut être amené à être seul à évaluer les publicités mais chez Boehringer (= labo moyen), nous sommes 2 (2,5 avec une stagiaire). Chez Pfizer, ils étaient 10 au départ, ils ne sont plus que 5.

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Mais dans tous les cas, l’évaluation ne se fait jamais seul, il y a avis/conseil des consultants externes, des Affaires Médicales, de la Pharmacovigilance, des biostat… et il faut une signature du Pharmacien Responsable au final. C’est ce dernier qui donne les modifications à apporter et qui donne l’autorisation finale au lancement de la diffusion de la publicité. Et c’est un travail de collaboration avec les chefs de produit markerting.

En tant que cadre chez Pfizer, y a-t-il une pression exercée par l’entreprise dans la quête du chiffre d’affaire ? Rhym Abdennbi (R.A) : Pas spécialement, le rythme de travail est le même qu’ailleurs, dans le privé comme dans le public. Nicolas Janus (J.N): Nous sommes tous les 3 jeunes et sans grande expérience. Nous avons tous des patrons qui attendent de nous que nous fassions nos preuves. Avec l’expérience, la pression on s’y fait, elle est même nécessaire à l’obtention de résultats, et à la réalisation de nos objectifs. R.A : Aux USA, le magazine Ford a établi un classement des plus grandes entreprises. Pfizer est classé dans les 100 premiers. Il y a donc une obligation de faire du chiffre, la pression est donc omniprésente, il suffit de bosser, mais c’est partout pareil…d’autant plus qu’on aime ce qu’on fait. Avec de l’ambition on atteint tous les objectifs qu’on s’est fixé. Dans le cadre de l’Outcome Research, est-ce qu’il arrive de prévoir à l’avance le retrait d’un médicament avant même de le commercialiser bien qu’il ait eu une AMM ? R.A : On n’anticipe pas le retrait d’un médicament. Merck avait commencé à l’anticiper cela dit et avait provisionné les pertes associées dans sa comptabilité. Ceci dit, l’Outcome Research n’y était pour rien, il s’agissait d’un problème clinique. Votre travail a un aspect très réglementaire, cela vous arrive t-il de vous amuser par moments ? D.V : Il y a un cadre de travail qui impose le sérieux, c’est certain, mais c’est comme tout métier. Cela dit mon travail est source d’épanouissement. L’avantage dans l’industrie, c’est qu’on peut changer de métier à tout moment, on peut toucher à tout.

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Est-il difficile de trouver du travail après nos études, y a t-il une sélection à l’embauche ? R.A : Il faut être le meilleur, il faut savoir se vendre, ce que le pharmacien ne sait pas toujours faire. Il faut être convaincu d’être le meilleur, les stages permettent d’acquérir de l’expérience et de la confiance en soi. Mon stage m’a permis de faire mes preuves chez Pfizer et depuis j’y suis engagée en CDI. Il faut être convaincu de ce que l’on vaut. D.V : Il faut se bouger au sein des stages, au sein de l’entreprise, s’intéresser, être curieux. On doit être convaincu de sa valeur. Le stage nous fait découvrir notre potentiel, et nous permet de montrer au patron qu’il a tout intérêt à nous garder… N.J : Il faut savoir se vendre et jouer le jeu. J’ai eu 2 stages avant d’avoir un CDD, puis un CDI, en se donnant les moyens, on y arrive… Est-ce que le fait d’avoir fait une école de commerce en plus, facilite le recrutement ? R.A : Certains laboratoires y sont très attachés, d’autres moins. Le vrai avantage des écoles de commerces, c’est le carnet d’adresse qu’on peut obtenir à son issu. Quels sont les salaires ? N.J : Par exemple les amis embauchés en assurance qualité récemment gagnent environ 38000 euros brut/an (20% entre brut et net), sans compter les éventuels primes. R.A : Chez Pfizer le junior (le nouveau) rentre à 35000 euros /an, les primes pouvant atteindre 10000 euros/an. Les délégués médicaux gagnent 35000 euros/an, sans compter les primes allant jusqu'à 6000 euros/3mois. D.V : Entre 35000 et 40000 euro/ an pour un junior mais avec moins de primes. L’anglais est-il vraiment indispensable ? R.A : Ca dépend des labos, mais d’une façon générale, il faut savoir s’exprimer en anglais, il faut posséder le vocabulaire scientifique, c’est le minimum requis. Toutes les publications sont en anglais, il faut au moins

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pouvoir s’exprimer convenablement en public, peu importe l’accent. Jamais mettre sur son CV qu’on est bilingue si on ne l’est pas vraiment ! Voyagez-vous beaucoup ? D.V : Le site de production est à Reims, mais on ne voyage pas beaucoup, sauf pour les séminaires des délégués médicaux dans des endroits toujours sympa aussi mais plutôt situés en France (2 fois /an). N.J : Nous sommes effectivement amenés à voyager en France et à l’étranger. R.A : On voyage beaucoup au marketing : un congrès européen et un congrès américain par an, et des déplacements en France pour rencontrer les praticiens. Combien êtes-vous dans votre équipe ? N.J : On est quatre et demi: 2 pharmaciens, 2 médecins, plus un externe en pharmacie. Liste des étudiants qui ont travaillé sur le compte-rendu : Groupe 1 :Antoine LEMOINE, Thomas LEOPOLD, Emilie LEROUX, Nadia LOUDA, Noémie LUTHRINGER, Alexandre MACONE, Caroline MADAOUI, Arnaud MANUELLI, Antoine MARTENOT, Anne MEAUXSOONE, Safia MECHEREI, Ana MENDES MOREIRA, Vincent MURAT, Xavier NAUDOT, Lyseang NGO, Gwendoline NOUY, Sophie PEIGNE, Mathilde PERRAUDIN.