2
Supplément au journal Charleville-Mézières magazineN° 73 - octobre 2003 Dessin Olivier Gobé istoire H par Gérald Dardart L L e e s s p p i i o o n n n n i i e e r r s s d d e e l l a a v v i i a a t t i i o o n n à à C C h h a a r r l l e e v v i i l l l l e e - - M M é é z z i i è è r r e e s s détruits. Des cratères rendent la piste inutilisable. En 1946, l’Aéro-club des Ardennes et les Ailes Populaires fusionnent pour devenir les Ailes Ardennaises. L’aérodrome de Douzy rouvre. D’octobre 1944 à janvier 1951, les Ailes Ardennaises, prési- dées par Raymond Hanus, un as de la Grande Guerre, comp- tabilisent 8.510 heures de vol, plus de 200 Ardennaises et Ardennais brevetés (dont 46 depuis la Libération), 62.850 atterrissages sans aucun acci- dent. Henri Jeanjean, ancien monteur d’avions chez Sommer, Charles Sermonne, Borca, François Colignon, Génard, Morico, Pierre Hamou, le docteur Grandjacquot, Albert Malicet, Velter sont les pionniers de l’Aéro-club. En 1953, le commandant Trioux, créateur de la base- radar d’Acy-Romance, fonde l’aéro-club “Rethel-Aviation”. Le 13 décembre 1965, mada- me André Lebon baptise le “Ville de Charleville”, un nouvel avion, un Jodel DR 250, de l’aéro-club “Les Ailes Ardennaises”. En 1968, le préfet Pierre Brunon inaugure la piste en dur de l’aérodrome de Tournes-Belval. L’aéro-club de Douzy est fondé en 1952 à l’instigation du colo- nel Delgé et d’André Charpentier. Le comité com- prend alors : Ronnez, Mailfait, Philippoteaux, Docteur Manny, A. Charpentier, mademoiselle Charpentier, le colonel Delgé 5 . Le 11 avril 1953, Jean-Philippe Ronnet, président de l’aéro- club Roger-Sommer et Etienne Mailfait, secrétaire de l’asso- ciation, affrontent un atterris- sage violent. Ils sont légère- ment blessés. Le 5 septembre 1954, les chasseurs à réaction américains et canadiens vien- nent franchir le mur du son. Le 10 juillet 1955, les “sabres” américains se produisent lors d’un meeting à Douzy. Les 9 et 10 juin 1956, plus de 100 para- chutistes ardennais, élèves et moniteurs, sautent pour la pre- mière fois dans le ciel arden- nais. En juin 1958, un mystère II, retiré du service, vient à Douzy, remplacer le Dewoitine 520 pour servir à l’instruction des jeunes de la préparation militaire “Air” . En 1963, l’aéro- club Roger-Sommer possède déjà 5 appareils. Roger Sommer, le père fondateur de l’aérodrome de Douzy, meurt le 14 avril 1965, à Sainte- Maxime, à l’âge de 87 ans. Entre avril et septembre 1968, une piste en dur, de 800 mètres de long et de 30 mètres de largeur est aménagée par l’entreprise Rouyer. La réalisa- tion est financée à la fois par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Sedan et par François Sommer à titre per- sonnel. Le premier coup de pioche est donné par le préfet Pierre Brunon, le 6 avril 1968. Aujourd’hui encore, les mee- tings aériens attirent des milliers de spectateurs, en particulier quand la Patrouille de France nous fait l’honneur de larguer ses fumigènes bleu-blanc-rouge dans l’azur ardennais, comme en cet août 2003 caniculaire. A la mémoire du sous-lieutenant aviateur Philippe Riché, de Charleville, tué en combat aérien le 10 juin 1940. Photo-montage de 1910. Circuit de l’Est du 13 août 1910. Coll. Bibliothèque Municipale de Charleville-Mézières NOTES 1 Henri POYDENOT, Quand le ciel était français, Editions Amiot-Dumont, Paris, 229p., 1956. 2 René CHAMBE, Histoire de l’aviation, Editions Flammarion, 582p., 1972. 3 Le Petit Ardennais, 7.I.1913. 4 Emmanuel CHADEAU, Mermoz, Perrin, Paris, 365p., 2000. Gilles DEROCHE, L’aviation dans les Ardennes, hors série de Terres Ardennaises, juin 1987. 5 J. MATHOT, Quelques mots sur l’aviation dans les Ardennes, n.p. (16 feuilles), février 1968. En Bibliothèque Municipale de Charleville-Mézières, FL G-43.

LES PIONNIERS DE L'AVIATION - charleville-mezieres.fr · devise “Quo Vadis” vient sur-voler Charleville, passant au-dessus de la gare et du Petit Ardennais. Roger Sommer, le père

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LES PIONNIERS DE L'AVIATION - charleville-mezieres.fr · devise “Quo Vadis” vient sur-voler Charleville, passant au-dessus de la gare et du Petit Ardennais. Roger Sommer, le père

Supplément au journal“Charleville-Mézières magazine”

N° 73 - octobre 2003

Dessin Olivier Gobé

istoireHpar Gérald

Dardart

LLLLeeeessss ppppiiiioooonnnnnnnniiiieeeerrrrssssddddeeee llll ’’’’aaaavvvviiiiaaaatttt iiiioooonnnn ààààCCCChhhhaaaarrrr lllleeeevvvviiii llll lllleeee----MMMMéééézzzziiiièèèèrrrreeeessss

détruits. Des cratères rendentla piste inutilisable.En 1946, l’Aéro-club desArdennes et les AilesPopulaires fusionnent pourdevenir les Ailes Ardennaises.L’aérodrome de Douzy rouvre.D’octobre 1944 à janvier 1951,les Ailes Ardennaises, prési-dées par Raymond Hanus, unas de la Grande Guerre, comp-tabilisent 8.510 heures de vol,plus de 200 Ardennaises etArdennais brevetés (dont 46depuis la Libération), 62.850atterrissages sans aucun acci-dent. Henri Jeanjean, ancienmonteur d’avions chezSommer, Charles Sermonne,Borca, François Colignon,Génard, Morico, PierreHamou, le docteurGrandjacquot, Albert Malicet,Velter sont les pionniers del’Aéro-club.En 1953, le commandantTrioux, créateur de la base-radar d’Acy-Romance, fondel’aéro-club “Rethel-Aviation”.Le 13 décembre 1965, mada-me André Lebon baptise le“Ville de Charleville”, un nouvelavion, un Jodel DR 250, del’aéro-club “Les AilesArdennaises”.

En 1968, le préfet PierreBrunon inaugure la piste endur de l’aérodrome deTournes-Belval.L’aéro-club de Douzy est fondéen 1952 à l’instigation du colo-nel Delgé et d’AndréCharpentier. Le comité com-prend alors : Ronnez, Mailfait,Philippoteaux, Docteur Manny,A. Charpentier, mademoiselleCharpentier, le colonel Delgé5.Le 11 avril 1953, Jean-PhilippeRonnet, président de l’aéro-club Roger-Sommer et EtienneMailfait, secrétaire de l’asso-ciation, affrontent un atterris-sage violent. Ils sont légère-ment blessés. Le 5 septembre1954, les chasseurs à réactionaméricains et canadiens vien-nent franchir le mur du son. Le10 juillet 1955, les “sabres”américains se produisent lorsd’un meeting à Douzy. Les 9 et10 juin 1956, plus de 100 para-chutistes ardennais, élèves etmoniteurs, sautent pour la pre-mière fois dans le ciel arden-nais. En juin 1958, un mystèreII, retiré du service, vient àDouzy, remplacer le Dewoitine520 pour servir à l’instructiondes jeunes de la préparationmilitaire “Air” . En 1963, l’aéro-

club Roger-Sommer possèdedéjà 5 appareils. RogerSommer, le père fondateur del’aérodrome de Douzy, meurtle 14 avril 1965, à Sainte-Maxime, à l’âge de 87 ans.Entre avril et septembre 1968,une piste en dur, de 800mètres de long et de 30 mètresde largeur est aménagée parl’entreprise Rouyer. La réalisa-tion est financée à la fois par laChambre de Commerce etd’Industrie de Sedan et parFrançois Sommer à titre per-sonnel. Le premier coup depioche est donné par le préfetPierre Brunon, le 6 avril 1968.

Aujourd’hui encore, les mee-tings aériens attirent desmilliers de spectateurs, enparticulier quand laPatrouille de France nousfait l’honneur de larguer sesfumigènes bleu-blanc-rougedans l’azur ardennais,comme en cet août 2003caniculaire.

A la mémoire du sous-lieutenant aviateurPhilippe Riché, de Charleville,

tué en combat aérien le 10 juin 1940.

Photo-montage de 1910. Circuit de l’Est du 13 août 1910.Coll. Bibliothèque Municipale de Charleville-Mézières

NOTES1 Henri POYDENOT, Quandle ciel était français,Editions Amiot-Dumont,Paris, 229p., 1956.2 René CHAMBE, Histoirede l’aviation, EditionsFlammarion, 582p., 1972.3 Le Petit Ardennais,7.I.1913.4 Emmanuel CHADEAU,Mermoz, Perrin, Paris,365p., 2000.Gilles DEROCHE, L’aviationdans les Ardennes, horssérie de Terres Ardennaises,juin 1987.5 J. MATHOT, Quelquesmots sur l’aviation dansles Ardennes, n.p. (16feuilles), février 1968. EnBibliothèque Municipale deCharleville-Mézières,FL G-43.

Page 2: LES PIONNIERS DE L'AVIATION - charleville-mezieres.fr · devise “Quo Vadis” vient sur-voler Charleville, passant au-dessus de la gare et du Petit Ardennais. Roger Sommer, le père

Les Ardennescontribuentà la genèse del’aéronautique1

Le 15 avril 1883, un cordonnierde Tourteron, Elisée Jullien(1836-1886) fait un bond detrente mètres avec sa machinevolante. Sept années plus tard,le 9 octobre 1890, ClémentAder (1841-1925) s’envoledans une sorte de chauve-sou-ris géante nommée Eole, dontles ailes se déploient sur 14mètres d’envergure, le poidsatteint les 295 kilos. La machi-ne fonctionne grâce à unmoteur à vapeur. Le pionnierréussit à décoller de quelquescentimètres sur 50 mètres dela pelouse du parc du châteaud’Armainvillers, près de Gretz,en Seine-et-Marne. Pour cetappareil, Ader forge, vers1875, un mot : “avion” - duterme latin “avis”, oiseau -.Certains doutent de la véracitéde son envol. Toujours est-il,que la conquête de l’air devientun impératif pour des nationseuropéennes, sous tension, sepréparant à un conflit armé.Les frères Wilbur et OrvilleWright sont les premiers àaccomplir un vol au moyend’un appareil léger, mu par lemoteur à explosion (1903).L’aérostation, depuis lesessais des frères Montgolfieren 1783, connaît encore debelles heures. Le 8 octobre1906, un ballon gonflé, s’envo-le de la Place du Saint-Sépulcre (Place del’Agriculture) avec à son bord

un groupe d’aéronautes. Leballon atterrit deux heures plustard à Ham-sur-Meuse. Unautre ballon, baptisé “Aéro-Club des Ardennes n°11”,décolle de la place d’Alsace-Lorraine, à Sedan, le 14 juillet1910. Le 22 avril 1913, un diri-geable militaire de la marqueClément-Bayard, baptisé “ LeLepuy-de-Dôme ” et portant ladevise “Quo Vadis” vient sur-voler Charleville, passant au-dessus de la gare et du PetitArdennais.

Roger Sommer,le père de l’aviationardennaisEn 1906, pionnier du vélocipè-de et de l’automobile - il avaitconstruit son automobile dès1898 -, Roger Sommer, né àPierrepont, en Meurthe-et-Moselle, le 4 août 1877, selance dans l’aviation etconstruit son premier aéropla-ne, en cachette, dans un bâti-ment de l’usine familiale deMouzon. Son père y avait créé,en 1880, une manufacture defeutre. Il sera élève de l’Ecoledes Arts et Métiers deChâlons-sur-Marne. En 1895,à l’âge de 18 ans, il remportela course cycliste de 200 kmdu Petit Ardennais. Il construitune voiturette, puis un tricycleà pétrole. En 1908, RogerSommer crée l’aérodrome deDouzy. Très vite, vers 1909-1910, un autre terrain d’avia-tion voit le jour dans la plai-ne de Villers-Semeuse. En1909, les ateliers de fabrica-tion des aéroplanes Sommerentretiennent une activité foi-sonnante près de la gare deMouzon. Les avions produitssont transportés par route jus-qu’au terrain de Douzy pourles essayer, les tester. Entre1908 et 1912 sortiront 182avions : biplans, monoplans,hydravions. Douzy est consi-déré comme étant la premièreécole de pilotage au monde.Sommer appartient à la presti-gieuse famille des pionniers del’aviation : Wilbur Wright,Orville Wright, Curtiss, lecomte de Lambert, GabrielVoisin, Santos-Dumont, HenriFarman, Paulhan, Hubert

Latham, Rougier, Blériot,Delagrange2...

L’industrieaéronautique à MézièresEn 1908, Gustave AdolpheClément, fondateur de la firmeClément-Bayard, créateur en1894 de l’usine de “LaMacérienne” à Mézières, selance dans la fabrication dedirigeables, puis celles d’aéro-planes. Les premiers diri-geables Clément-Bayard sontconstruits à Mézières. Il s’agitalors pour la France de ne passe laisser distancer par lesrecherches du comte Zeppelin.Les productions Clément-Bayard, pour l’armée, cessentaprès la Grande Guerre.

Le temps des recordset des accidentsLe 7 août 1909, à Châlons-sur-Marne, aux commandes d’un“Farman”, Roger Sommer batle record de durée en vol en2h27’15’’. Il invente le premierhydravion. Les protagonistesardennais de l’aviation s’appel-lent : Jean Gobron, maire deBuzancy (brevet de pilote,n°7), Henri Brégi né à Torcy-Sedan en 1888 (brevet n°25),Roger Sommer (n°29), lerusse Michel Efimoff (n°31),Georges Legagneux (n°55),Léon Bathiat, chef pilote chezSommer (n°110), Jules Noëlde Carignan (n°332), ErnestFroussard de Charleville(n°350)... Jean Gobron s’écra-se dans son appareil enflammes au meetingd’Héliopolis en Egypte, le 6février 1910. Il en sort sain etsauf !Une Grande Semained’Aviation est organisée àReims, sur l’aérodrome deBétheny, du 22 au 29 août1909. Sommer s’est engagésur les épreuves.Le 9 février 1910, deux avia-teurs, Jules Noël de Carignanet G. Della Torre (ou de LaTorre), ressortissant italien, setuent sur le terrain de Douzy-Aviation. Raoul Werner ouvreainsi son article dans Le PetitArdennais : “(...) L’ère des vols

pratiqués à deux a commencécelle des doubles deuils (...)”.C’est le premier grave accidentde l’aérodrome de Douzy.L’appareil Sommer n’est pasen cause, mais la témérité dujeune et intrépide pilote JulesNoël, breveté depuis à peine 2mois. A Messincourt, en paysd’Yvois, les EtablissementsRussel et Biazot construisentdes ailes d’avions pourSommer.Du 3 au 10 juillet 1910, uneGrande Semaine d’Aviation sedéroule à Reims. Neuf biplans“Sommer”, dont un est pilotépar Roger Sommer, sur 75aéroplanes, participent àtoutes les compétitions. Les11, 12 et 13 août 1910, desFêtes d’Aviation sont organi-sées à Charleville etMézières. Un aérodromeimmense est installé à Villers-Semeuse.Les trois premiers mois del’année 1911 furent marquéspar une sorte de fièvre : c’étaità celui qui transporterait le plusde passagers. Il faut recon-naitre qu’il y eut à l’époquequelque confusion dans lesesprits entre “personnes àbord”, “passagers” et “voya-geurs”. Les journalistes comp-taient souvent le pilote parmiles passagers.En mars 1911, Roger Sommerréussit à placer 7 écoliers deDouzy sur son appareil necomportant pourtant que 2places. Les mamans n’étaientpas rassurées ! Il put ainsi faire800 m en direction de Remillyet battre le précédent recordde Louis Bréguet à Douai. En1912, Roger Sommer cesseses activités aéronautiques. Illes reprendra en 1916, près deParis cette fois, en produisantdes pièces pour l’Armée.A la veille de la GrandeGuerre, en janvier 1913, leministère de la Guerre deman-de au capitaine Clavenad depréparer l’installation d’unimportant Centre d’AviationMilitaire à Mézières3.

1918 : Roland Garrosest tué dans lesArdennesA la fin de la Grande Guerre,

Le héros del’AéropostaleJean Mermoz, après avoir pré-paré le concours de l’Ecolecentrale, s’engage en 1920dans l’armée de l’air. A sadémobilisation, survenue le 25juin 1924, il est recruté dans lacompagnie Latécoère. Il estalors affecté au parcoursBarcelone-Malaga, sur la ligneToulouse-Casablanca. En1926, Mermoz assume la ligneCasablanca-Dakar. Le 10octobre 1927, il accomplit l’ex-ploit de joindre la France auSénégal sans escale. En 1928,il endosse la responsabilitédes lignes à destination del’Amérique du Sud. Le 2 février1928, il réussit la première tra-versée nocturne de laCordillère des Andes à bordd’un vieux Laté-25. Les 12 et13 mai 1930, il réalise à bordde l’hydravion “Le Comte deLa Vaulx”, la première liaisonaérienne directe France-Amérique du Sud. Son butextraordinaire : porter en 4jours et demi une lettre de laPlace de la Concorde jusqu’àSantiago-du-Chili, via Buenos-Aires. Le 6 décembre 1936, ildisparaît, avec son équipage,dans l’Atlantique Sud à bordde l’hydravion “Croix du Sud”de la compagnie Air-France.

1923 : des notablesfondent l’Aéro-ClubArdennaisL’Aéro-Club Ardennais, fondéle 3 juin 1923, installé sur le

terrain militaire de Belval, estprésidé par le docteur Abd-el-Nour de Bazeilles. Il est unesimple émanation del’Automobile-Club Ardennais,créé en 1901-1902. LeDocteur Abd-el-Nour est né àDamas le 31 octobre 1869,ancien externe de la faculté deMédecine de Constantinople, ilest diplômé de la Faculté deParis, le 26 juillet 1895. Lespostes de secrétaires géné-raux sont successivementoccupés par G. Paillette, rési-dant au 35, avenue Nationaleà Charleville, vers 1926-1932,puis Paul Lepage, 1, boule-vard Gambetta. En 1922, lebureau de l’association est,par ailleurs, composé de mes-sieurs Dauxin, Georges Auger,Raoul Werner, RaymondBunoust, Raymond Hanus,Gaston Froussart, RenéClouet, Maurice Nicaise etSommelette. Parmi lesmembres, on remarqueGeorges Corneau, RaymondDeville, Roger Sommer, RenéJeanteur, Xavier Thirriot... Lejournal de l’Aéro-Club est celuide l’Automobile-ClubArdennais, de 1922 jusqu’enjuin 1936. Le premier avion del’Aéro-Club de Charleville estbaptisé “Bayart”. En 1924, leclub compte déjà 226membres.

L’aérodrome deBelval créé en 1924Fin juin 1924, se produit lemeeting d’inauguration du ter-rain de Belval.Etienne Riché (1883-1940),

conseiller général et députédes Ardennes (1932), ancienministre, sous-secrétaired’Etat de l’Air (1928-1932), estalors président de l’Aéro-Clubde France. Son fils, Philippe,né le 9 novembre 1918, meurtcomme sous-lieutenant avia-teur, dans le groupe I/12, lorsd’un combat aérien le 10 juin1940.L’Aéro-club Ardennais est néen 1923. Treize ans plus tard,en 1936, sous l’influence duFront Populaire et de PierreCot, ministre de l’aviation, lesAiles Populaires Ardennaisesvoient le jour grâce à l’actionde Raymond Hanus, d’AbdonBorca et de Gabriel Delattre,député de Sedan. AbdonBorca a formé de très nom-breux élèves sur l’aérodromede Tournes-Belval.Le 6 mars 1932, EmileMunch, né à Lumes le 7 mai1895, réalise, avec ses coéqui-piers Devé et Verneuilh, la pre-mière liaison aérienne Paris-Nouméa, à bord d’un trimoteurCouzinet, couvrant d’un seulcoup d’aile plus de 24.000 kmet arrivant le 5 avril.Le 26 juillet 1936, Pierre Cot,ministre de l’Air du FrontPopulaire, vient rendre visiteaux Sedanais... mais il vientpar le train ! Lors du Blitzkrieg,les 10 et 11 mai 1940, lesaérodromes de Douzy etBelval sont bombardés par laLuftwaffe. Les dégats sontimportants sur le terrain dereconnaissance de Belval.Une grande quantité d’avionsde guerre français sont

un aviateur de renom disparaîtdans les Ardennes. En effet, le5 octobre 1918, le lieutenantaviateur Roland Garros estabattu par trois “Fokker” alle-mands, dans le ciel de Saint-Morel, au-dessus duVouzinois. Roland Garros, néen 1888 à La Réunion, avaitétabli un record d’altitude de3.910 mètres, le 4 septembre1911, et réussi la première tra-versée aérienne de laMéditerranée, en volant d’untrait de Saint-Raphaël àBizerte, le 23 septembre 1913.Deux stèles, l’une à Saint-Morel, l’autre au cimetière deVouziers, nous rappellent lecourage de cet As des As,grand sportif reconnu.

Les originesardennaisesde Jean MermozJean Mermoz est né dans lanuit du 8 au 9 décembre 1901,à Aubenton, dans l’Aisne4. En1903, ses parents se querel-lent. Madame Mermoz vientvivre chez son père àMainbressy, près deRocquigny dans les Ardennes,avec son petit Jean. Puis, lais-sant son fils à ses grands-parents, Gabrielle Mermozserait partie travailler à Paris,puis à Lille en tant qu’infirmiè-re ; enfin, en 1913-14, on lavoit ouvrir un atelier de coutureet travailler pour les grandsmagasins Arthur Jeanteur,place Ducale, à Charleville.Elle fut aussi infirmière à Lille.Jean Mermoz est scolarisé àl’école communale deMainbressy. Jean Mermoz estélevé par son grand-père et sadeuxième épouse ArsèneCotte-Gillet. Jean Mermozvient de temps en temps auchef-lieu ardennais, Mézières.Il rend visite à sa mère et à unoncle, frère de son père Jules,qui est simple garde-frein à laCompagnie des Chemins deFer de l’Est. Sa mère achèterale “château” de Rocquigny en1933. L’enfant Jean Mermozest le témoin émerveillé degrands meetings aériens dansles Ardennes dans les années1909-1911.

Roger Sommer(Ph. G.D.P.)

Lors de l’invasion, le mercredi 26août 1914, un Zeppelin allemand

survole Aiglemont et Saint-Laurent(Coll. Bibliothèque Municipale

de Charleville-Mézières)