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Contes de Noël
Les quatre bougies du petit berger ; Une légende du temps de l'Avent : le chant des bergers ;
le quatrième roi mage ; Les visiteurs attendus ; Le chemin des étoiles ; Noël au ciel ; Le
grinch de Noël ; Eliacim, le vieux berger ; L'étoile de Noël ; Les trois arbres.
[ Mots-clés : fête religieuse ]
[ Outil ]
Les quatre bougies du petit berger
Cette histoire s'est passée il y a près de 2000 ans, dans
un pays lointain, la Galilée. C'était un jour gris. Le
brouillard recouvrait tout, et cachait même le soleil.
Alors les deux bergers, Jean et Daniel, décidèrent
d’emmener leurs moutons dans la montagne, là où il y a
le soleil. Le petit Daniel, qui n'avait que 9 ans, ne
quittait pas Jean d’une semelle. Cet épais brouillard lui
faisait peur. Mais Jean était grand et fort, il le
protègerait ! Un agneau blanc comme neige sautillait
autour d’eux en bêlant. Alors Jean le confia à Daniel :
« Tiens, dit-il, c’est notre plus jeune agneau. Veille bien
sur lui ! ».
Daniel était fier, il ne lâchait pas des yeux son petit
agneau, et la nuit, il le réchauffait contre sa poitrine.
Au bout de six jours, il ne restait plus d’herbe dans le
pré. Il fallait rentrer pour mener les moutons ailleurs.
Daniel voulut aider Jean à rassembler le troupeau, mais
celui-ci refusa :
"Repose-toi, lui dit-il, tu as eu suffisamment à faire avec
ton agneau !".
C’était vrai : sans arrêt, le petit berger avait dû le
chercher et le rattraper. Daniel s'assit alors sous un arbre
et l'agneau se blottit contre lui et s'assoupit. Bientôt,
Daniel s’endormit. Alors, il sentit une merveilleuse
odeur de roses et de lys. Il essaya d’ouvrir les yeux,
mais ses paupières étaient trop lourdes. Il crut entendre
aussi des chants de fête. Puis plus rien. Quand il réussit
à ouvrir les yeux, Jean se tenait devant lui, l’air fâché :
« Où est l'agneau ? » lui demanda-t-il.
Daniel bondit, il appela l'agneau blanc. Il le chercha
partout. Ce fut en vain : il ne le trouva nulle part.
L’agneau avait disparu.
Jean lui dit alors : « Il faut absolument que tu le
retrouves ! »
Et comme la nuit était noire, et qu’il voyait bien que
Daniel avait un peu peur, Jean alla chercher dans sa
chambre la lanterne qu’un voyageur lui avait donnée en
disant qu’elle guiderait toute personne en détresse.
C’était une lanterne à quatre bougies et Jean
recommanda à Daniel d’en prendre soin. Muni de cette
lumière rassurante, Daniel partit à la recherche de son
agneau. Il chercha pendant toute la nuit, et pendant toute
la journée, sans trouver trace de l’agneau. Le soleil se
couchait. Fallait-il continuer ? Où ? Comment ? Daniel
était sur le point d’abandonner tout espoir, lorsqu’il
entendit un bruit derrière un rocher.
« Agneau, mon petit agneau ! » cria-t-il.
Une grosse voix répondit :
« Ho ! Qu’est-ce que tu cherches ? Un agneau ? »
Et un grand homme se dressa tout à coup devant Daniel.
Effrayé, le petit berger voulut se sauver.
« N’aie pas peur, dit l’homme, mais si tu cherches un
agneau, tu le trouveras dans le champ des oliviers, là-
bas. Je l’ai vu. Il est tout petit et blanc comme la neige.
« Oh ! Tu as trouvé mon agneau, s’écria Daniel, merci,
merci ! Est-ce que je peux t’aider moi aussi ?
- Personne ne peut m'aider, dit l’homme, je suis dans les
ténèbres.
- Non, non ! », dit Daniel, en tendant une de ses bougies
à l’homme.
- Prends-la, elle t'éclairera ! Pourquoi me faudrait-il
quatre bougies alors que tu n’en as aucune ? Trois me
suffisent.
- Tu me la donnes ? A moi ?, s’étonna l’homme qui était
un voleur, c’est la première fois dans ma vie que
quelqu’un me donne quelque chose. Merci beaucoup !
».
Le jour baissait. Daniel se dépêcha d’aller vers le champ
d'oliviers pour enfin retrouver son agneau.
Mais où était-il donc ? S’était-il caché? Là-bas, il y a
une grotte toute sombre, et dans la grotte, quelque chose
bougeait ! Daniel se précipita… Mais c’était un loup !
Effrayé, Daniel voulut faire demi-tour, mais le loup
l’attrapa par son manteau. Tremblant le petit berger
essaya de se libérer. Aussitôt, le loup lâcha prise et se
mit à gémir. Alors Daniel vit sa patte qui saignait et il
n’eut plus peur du tout. Il déchira un morceau de son
manteau et lui fit un pansement.
« Là, repose-toi, dit-il, pour que ta blessure guérisse ».
Daniel voulut repartir, mais encore une fois le loup
attrapa son manteau et le regarda :
« Tu veux que je reste près de toi ? C’est ça ? Je ne peux
pas. Je dois chercher mon agneau. Lui aussi a peut être
besoin de mon aide ».
Daniel réfléchit, puis posa une bougie à côté du loup :
« Tiens, loup, cette lumière te réconfortera et te tiendra
compagnie. Deux bougies me suffisent. Jean sera
d’accord »
Le loup la garda tout content, et Daniel s’en alla.
Daniel chercha toute la nuit sans rien trouver. Au matin,
il entra dans une petite ville. Un mendiant l’arrêta sur
son chemin :
« Un peu d’argent ! Donne-moi juste une petite pièce,
s’il te plaît ? »
Daniel s’arrêta : « Je n'ai rien non plus, je ne suis qu’un
pauvre berger à la recherche de son agneau. L'avez-vous
vu? »
- Je ne vois que la misère, dit le vieil homme, ma
maison c’est une grotte toute sombre et froide »
- Alors, prends cette bougie, c'est tout ce que j'ai ! Elle
te donnera un peu de chaleur et de lumière», dit Daniel.
Le mendiant prit la bougie en le remerciant et lui
souhaita bonne chance.
Daniel passa toute la journée à demander aux gens s’ils
n’avaient pas aperçu son agneau, mais personne ne
l'avait vu. Découragé, il repartit dans les champs et
s'installa au bord de la route pour passer la nuit. C'est
alors qu'il sentit à nouveau le merveilleux parfum de
roses et de lys. D’où venait-il donc ? Et voilà qu’il
entendit aussi les chants de joie ! Sa dernière bougie
n’éclairait presque pas dans le noir, mais Daniel suivit le
bruit des chants. Bientôt il distingua une étable, il
s’approcha et entra. Dans l’étable, il faisait presque
aussi sombre que dehors. Daniel restait timidement près
de la porte, il ne vit rien. Mais ensuite, il aperçut une
tâche blanche. C’était son agneau !
« Approche-toi », dit gentiment une voix.
Muet de bonheur, Daniel obéit et vit, auprès de son
agneau, un petit enfant couché sur la paille. Daniel se
mit à genoux et posa sa dernière bougie à côté du bébé.
Ce n’était qu‘une toute petite flamme, mais maintenant,
elle se mit à briller comme un soleil. La pauvre étable
fut éclairée comme une salle de fête ! Dans le ciel, les
étoiles brillaient de plus en plus fort et les chants de joie
retentissaient jusqu'aux bergers dans les champs !
De Marie Scheidl - Marcus Pfister, éditions Nord Sud
Une légende du temps de l'Avent : le chant des
bergers
Il était une fois un vieux berger qui aimait la nuit. Il
connaissait bien les étoiles et savait leur nom.
Appuyé sur son bâton, le regard levé vers le ciel, le
vieux berger se tenait en haut de la colline.
« Il va venir, disait-il.
- Quand viendra-t-il ? demandait son petit-fils.
- Bientôt ! »
Les autres bergers riaient.
« Bientôt ! … C'est ce que tu répètes depuis des années !
»
Mais le vieux berger ne les écoutait pas. Une seule
chose le troublait : le doute qu'il voyait poindre dans les
yeux de son petit-fils.
Et quand lui mourrait, qui donc redirait aux plus jeunes
ce que les prophètes avaient annoncé depuis toujours ?
Ah ! s'il pouvait venir bientôt !
Son cœur était tout rempli de cette attente.
« Portera-t-il une couronne en or ? demanda soudain le
petit-fils, interrompant le vieux berger dans ses pensées.
- Oui !
- Et une épée d'argent ?
- Oui !
- Et un manteau de pourpre ?
- Oui, oui ! »
Et le petit-fils semblait heureux.
Le jeune garçon était assis sur un rocher et jouait de la
flûte. Le vieux écoutait attentivement. La mélodie
s'élevait simple et pure ; l'enfant s'exerçait jour après
jour matin et soir. Il voulait être prêt lorsque le roi
viendrait.
« Voudrais-tu aussi jouer pour un roi sans couronne,
sans épée et sans manteau de pourpre ? demanda le
berger.
- Non ! » répondit son petit-fils.
Comment un roi sans couronne pourrait-il le
récompenser pour son chant ? Il voulait de l'or et de
l'argent ! Il voulait que les autres ouvrent de grands
yeux et le regardent avec envie.
Le vieux berger était triste. Pourquoi donc promettait-il
à son petit-fils ce que lui-même ne croyait pas ?
Sur les nuages, venant du ciel ? Depuis l'éternité ?
Comme un enfant ? Pauvre ou riche ? Certainement
sans couronne, sans épée, sans manteau de pourpre !
Et pourtant plus puissant que tous les autres rois.
Comment ferait-il comprendre cela à son petit-fils ?
Une nuit apparurent dans le ciel les signes que le vieux
berger attendait. Le ciel était plus lumineux que
d'habitude et au-dessus de Bethléem brillait une grosse
étoile. Les bergers virent alors des anges tout vêtus de
lumière qui disaient : " N'ayez pas peur ! Aujourd'hui
vous est né le Sauveur ! "
Le jeune berger se mit à courir au-devant de la lumière.
Sous son manteau, tout contre sa poitrine, il sentait sa
flûte.
Il arriva le premier et regarda l'enfant nouveau-né. Il
reposait, enveloppé de langes, dans une crèche, une
mangeoire pour les animaux. Un homme et une femme
le contemplaient, tout heureux. Le grand-père et les
autres bergers arrivèrent bientôt et tombèrent à genoux
devant l'enfant.
Etait-ce là le roi qu'on lui avait promis ? Non ! Ce n'était
pas possible, ils se trompaient. Jamais il ne jouerait son
chant ici ! Et déçu, tout rempli d'amertume, il s'en
retourna et plongea dans la nuit. Il ne vit même pas les
anges qui volaient au-dessus de l'étable.
Mais bientôt, il entendit l'enfant pleurer. Il ne voulait
pas l'entendre, il se bouchait les oreilles et continuait sa
route. Pourtant, les pleurs le poursuivaient et lui
perçaient le cœur. N'y tenant plus, il rebroussa chemin.
Il vit alors Marie, Joseph et les bergers qui s'efforçaient
de consoler l'enfant qui pleurait. Il ne pouvait plus
résister ! Tout doucement, il tira sa flûte de dessous son
manteau et se mit à jouer pour l'enfant. Et tandis que la
mélodie s'élevait toute pure, l'enfant se calma et le
dernier sanglot s'arrêta dans sa gorge. Il regarda le jeune
berger et se mit à sourire. Et au même instant, celui-ci
comprit dans son cœur que ce sourire valait tout l'or et
tout l'argent du monde.
Texte de Max Bolliger
Le quatrième Roi Mage
Les sages de l'Orient apportèrent l'or, l'encens et la
myrrhe pure. Une vieille légende raconte que lorsqu'ils
déposèrent leurs trésors, l'enfant ne voulut pas sourire.
Marie était très honorée par l'encens, qui brûlait comme
elle l'avait vu brûler dans le temple de Jérusalem, et, les
yeux pleins de larmes, elle cacha la myrrhe dans son
sein. Mais l'enfant ne tendit pas ses petites mains vers
l'or éclatant ; la fumée fit tousser ses petits poumons ; il
se détourna de la myrrhe et embrassa les larmes dans les
yeux de sa mère.
Les trois saints rois se relevèrent et prirent congé, avec
le sentiment de gens qui n'ont pas été appréciés selon
leur mérite. Mais quand la tête et le cou de leurs
dromadaires eurent disparu derrière les montagnes,
quand le dernier tintement de leur harnais eut expiré sur
la route de Jérusalem, alors parut le quatrième roi. Il
apportait de Perse trois perles précieuses. Mais il
arrivait trop tard, les autres rois étaient partis. Il arrivait
trop tard… et les mains vides… il n'avait plus de perles
!
Il ouvrit lentement les portes de l'étable sainte où se
trouvaient le Fils de Dieu, la Mère de Dieu et le père
nourricier de Dieu. Le jour tombait, l'étable devenait
sombre ; une légère odeur d'encens flottait encore…
Joseph retournait la paille de la crèche pour la nuit,
l'Enfant Jésus était sur les genoux de sa mère. Elle le
berçait doucement.
Lentement, en hésitant, le roi de Perse s'avança puis il se
jeta aux pieds de l'Enfant et de sa mère. Lentement, en
hésitant, il commença à parler.
" Seigneur, dit-il, j'avais une offrande pour toi, trois
perles précieuses, grosses comme un œuf de pigeon,
trois vraies perles de la Mer Persique. Je ne les ai plus.
Je suis venu à part des trois autres rois. Ils marchaient
devant moi sur leurs dromadaires ; je suis resté en
arrière dans une hôtellerie sur le bord du chemin. J'eus
tort... Quand j'entrais dans la salle des voyageurs,
j'aperçus un vieillard tremblant de fièvre, étendu sur le
banc du poêle. Nul ne savait qui il était. Sa bourse était
vide ; il n'avait pas d'argent pour payer le médecin et les
soins qui lui étaient nécessaires. Seigneur, pardonne-
moi, j'ai pris une perle de ma ceinture et l'ai donnée à
l'aubergiste, pour qu'il lui procurât un médecin et lui
assurât les soins et, s'il mourait, une tombe en terre
bénie.
Le lendemain je repartis. Je poussais mon âne autant
que possible pour rejoindre les trois autres rois. Soudain
j'entendis des cris venant d'un fourré. Je sautai de ma
monture et trouvai des soldats qui s'étaient emparés
d'une jeune femme et s'apprêtaient à lui faire violence.
Ils étaient trop nombreux, je ne pouvais songer à me
battre avec eux. Oh ! Seigneur pardonne-moi encore une
fois, je mis la main à la ceinture, pris ma seconde perle
et achetai sa délivrance. A présent il ne me restait plus
qu'une perle, mais au moins je voulais te l'apporter,
Seigneur !
Il était plus de midi. Avant le soir je pouvais être à
Bethléem à tes pieds. Alors je vis une petite ville à
laquelle les soldats d'Hérode avaient mis le feu. Je
m'approchai et trouvai les soldats d'Hérode tuant tous
les garçons de deux ans et au-dessous. Près d'une
maison en feu, un grand soldat balançait un petit enfant
nu qu'il tenait par une jambe. L'enfant criait et se
débattait. Le soldat disait : " Maintenant, je le lâche et il
va tomber dans le feu. Il fera un bon rôti de cochon. "
La mère poussa un cri perçant. Seigneur, pardonne-moi
! Je pris ma dernière perle et la donnai au soldat pour
qu'il rendît l'enfant à sa mère. Seigneur, c'est pourquoi
me voilà les mains vides. Pardonne-moi, pardonne. "
Le silence régna dans l'étable quand le roi eut achevé sa
confession. Pendant un instant il resta le front appuyé
contre le sol ; enfin il osa lever les yeux. Joseph avait
fini de retourner la paille et s'était approché. Marie
regardait son fils qui était contre son sein. Dormait-il ?
Non. L'Enfant-Jésus ne dormait pas. Lentement, il se
tourna vers le roi de Perse. Son visage rayonnait ; il
étendit ses deux petites mains vers les mains vides. Et
l'Enfant-Jésus sourit.
D'après « Le quatrième Roi Mage » de Joannes
Joergensen - Edition du Seuil, 1961, p. 63-67
Les visiteurs inattendus
Dans un songe, le vieux Siméon apprend qu’il va
recevoir la visite de Jésus, le soir de Noël. Il prépare
tout pour bien accueillir cet hôte peu ordinaire. Mais
voilà qu’il reçoit la visite de plusieurs visiteurs
inattendus…
Siméon, le vieux cordonnier, vivait seul dans un petit
village. Sa franche et cordiale hospitalité lui avait mérite
l’estime de tout le monde.
Or voici que la nuit précédant Noël, le Christ Jésus lui
apparaît en songe : "Siméon ! Siméon ! Ce soir, c’est
Noël. Je viens chez toi."
Le cœur plein de joie, le sympathique cordonnier nettoie
la boutique, prépare le repas, déblaie la dernière neige,
décore l’humble cabane. Tout est prêt pour accueillir
dignement le divin Visiteur.
Voilà qu’aux neuf coups de l’horloge, Siméon entend
frapper. Il accourt, ouvre la porte : c’est un enfant tout
en pleurs qui cherche sa mère.
Vivement, le vieux Simon rassure l’enfant et se hâte de
le reconduire à ses parents.
Le vieux cordonnier attend toujours avec hâte l’invité de
marque, lorsqu’on frappe de nouveau à la porte. Entre
alors une vieille grand-mère, toute courbée sous les ans
et grelottante. "L’hospitalité, Monsieur, pour l’amour de
Dieu !" La chambre d’hôte est bien prête mais ce sera
pour le célèbre visiteur. Pris de pitié, Siméon lui offre
un bon thé bien chaud et quelques galettes.
L’horloge égrène encore les heures, lorsqu’une
troisième fois, le vieux Siméon devine le pas d’un
visiteur. "C’est Lui !" Vite, il ouvre toute grande la
porte. C’est un passant, affamé, vieilles bottines aux
pieds, manteau troué sur le dos. …Emu, le vieux Simon
lui donne ses propres chaussures et quelques vêtements
plus chauds.
Les douze coups de minuit se sont depuis longtemps
éteints dans la nuit.
Déçu, épuisé, le vieux cordonnier tombe dans un
profond sommeil.
Soudain, il sursaute ; ses yeux ont peine à soutenir la
lumière éclatante qui baigne sa maison. Une voix très
douce l’appelle. Il la reconnaît : c’est le divin Visiteur !
"Siméon !Siméon !"
- C’est toi, Jésus ?"
- Oui, Siméon !"
- Seigneur, pourquoi n’es-tu pas venu ? J’ai attendu en
vain toute la nuit. Pour toi, j’avais tout préparé, nettoyé,
décoré. Je désirais tant te voir."
- Mais, Siméon, relève la tête. J’ai tenu parole ! A trois
reprises, ce soir, j’ai franchi le seuil de ta porte. A trois
reprises tu m’as accueilli : l’enfant tout en pleurs, la
grand-mère transie, le mendiant affamé, c’était MOI !
D’après un poème de Hélen Steiner
Le chemin des étoiles
Il était une fois une petite fille qui s’appelait Elsa et qui
vivait avec sa mère dans un village nommé Bethléem.
Elles étaient si pauvres qu’elles habitaient une vieille
cabane dans un champ d’oliviers laissés à l’abandon.
Elles n’avaient pas de lit pour dormir, si peu d’habits
pour se vêtir et à peine un peu de pain pour se nourrir.
Elsa et sa mère songeaient que le monde entier les avait
abandonnées.
Personne ne venait jusque là, mais elles survivaient
grâce à la débrouillardise de la fillette qui trouvait
toujours quelques figues, quelques champignons,
quelques épis de blé glanés çà et là. Parfois, elle trouvait
des olives sur les vieux arbres rabougris et courait alors
les vendre au marché du village.
Depuis quelques jours, Bethléem était en effervescence:
César Auguste avait ordonné « un recensement du
monde habité » et la ville ne désemplissait pas. Mais
loin de cette agitation, Elsa s’affairait à la recherche
d’un peu de nourriture pour le repas.
Tout à coup, au détour du chemin, elle rencontra une
vieille femme qui lui dit :
- S’il te plaît petite fille, donne-moi quelque chose à
manger, j’ai si faim.
Elsa qui avait un cœur d’or lui donna aussitôt le petit
morceau de pain qu’elle avait eu en échange des
quelques olives cueillies la veille.
- Mille mercis, petite fille, lui dit la vieille femme. Sans
toi, je serais morte de faim.
Elsa poursuivit son chemin et arriva près d’une source
cachée par des figuiers sauvages et de grosses pierres.
L’endroit était calme et tranquille… Elsa remplit son
panier avec les figues bien dorées puis se désaltéra avec
l’eau fraîche de la source. C’est alors, qu’elle entendit
des petits gémissements… Elle écarta les feuilles du
figuier et découvrit deux enfants qui pleurnichaient.
Apeurés, ils reculèrent et se tassèrent sous les buissons.
"N’ayez pas peur petits! Je ne vous ferai pas de mal.
Mais pourquoi pleurez-vous ainsi ?
"Nous…nous…nous sommes perdus", bégayèrent les
enfants entre deux sanglots.
"Mais où habitez-vous?"
"Oh, très loin d’ici, répondirent les enfants, mais nos
parents sont à Bethléem pour le recensement. Ils logent
chez Sarah, la couturière."
"Calmez-vous petits, je vais vous indiquer le chemin.
Mais prenez ces figues, elles vous réconforteront."
Et Elsa indiqua la route aux enfants puis reprit son
chemin dans les collines de Bethléem.
Déjà, le pâle soleil d’hiver se couchait. Elle se mit alors
à ramasser des brindilles pour le feu, car les nuits sont
parfois très froides sous le ciel de Palestine et on avait
du mal à colmater les trous dans les murs de la pauvre
cabane !
Alors qu’elle s’apprêtait à rentrer, Elsa entendit une
faible voix qui appelait. Elle vit alors un vieillard tout
grelottant, étendu sur le chemin. Aussitôt, Elsa le
couvrit avec son châle et s'inquiéta:
"Mais que faites-vous là, par terre, à cette heure?"
"Ah petite! Il y a longtemps que je suis étendu ici…
J’étais venu chercher du bois pour allumer le feu alors
que le soleil était encore haut. Mais voilà, je suis tombé
et je n’arrive pas à me relever tant ma jambe me fait
mal."
"Attendez, je vais vous soigner!"
Elsa avait justement un peu de plantain avec elle. Elle
couvrit la plaie du vieillard et lui fit un solide bandage
avec le morceau de drap qui traînait dans sa poche. Elle
aida alors l’homme à se relever et l’aida à rejoindre sa
petite maison, dans le bois, derrière la colline. Là, elle
fit un bon feu avec les brindilles qu’elle avait ramassées
afin de réchauffer le vieil homme.
"Oh, merci, chère petite!" s’exclama le vieillard. "Tu as
vraiment un cœur d’or! Dieu te le revaudra, j’en suis
sûr!"
Maintenant, il faisait nuit. Elsa se hâta de rejoindre sa
mère qui devait s’inquiéter. Certes, elle n’avait plus de
fruits à manger, ni de châle pour se réchauffer, mais elle
se sentait si heureuse d’avoir rendu service. Malgré le
froid de la nuit, régnait une douce chaleur au fond de
son cœur. Mais bientôt Elsa se retrouva seule, perdue
dans ce bois qu’elle ne connaissait pas… Elle tâtonnait
dans le noir, essayant de repérer les collines qu’elle
parcourait chaque jour, lorsqu’elle entendit une voix qui
murmurait:
- Toi qui n’avais rien, tu as tout partagé. Toi qui te
sentais abandonnée, tu as soulagé les autres… Suis
maintenant le chemin des étoiles et garde confiance!
C’est alors qu’une multitude d’étoiles éclairèrent la
route d’Elsa. Elles formaient un chemin et brillaient de
plus en plus pour guider les pas de l’enfant. Elsa croyait
rêver tant le chemin était illuminé. C’est alors qu’elle
aperçut un être tout auréolé de lumière qui s’approcha et
lui dit :
"N’aie pas peur, petite fille! Dieu a vu ton cœur d’or et
c’est toi qu’il a choisie pour m’accompagner et
annoncer la joyeuse nouvelle du Sauveur à tous ceux
qui sont pauvres et rejetés…"
Un Sauveur… Elsa ne comprenait pas, mais elle suivit
l’ange, pressentant que quelque chose d’extraordinaire
allait se passer. Ils arrivèrent bientôt près d’un grand
champ où des bergers passaient la nuit avec leurs
troupeaux. Une lumière éblouissante les enveloppa
soudain. Réveillés en sursaut et effrayés, ils voulaient
s'enfuir. Le messager leur dit alors :
"N’ayez pas peur! C’est une bonne nouvelle que je
viens vous annoncer, une grande joie pour tout le peuple
: aujourd’hui, un Sauveur est né pour vous, c’est lui le
Messie que vous attendez. Allez le voir! Vous le
reconnaîtrez à ce signe : le nouveau-né est couché dans
une mangeoire".
A nouveau les étoiles semblaient former un chemin
comme pour indiquer la route… Les bergers suivirent
alors l’enfant qui déjà avait pris le chemin des étoiles.
Et quand celles-ci s’arrêtèrent au-dessus d’une vieille
cabane, Elsa n’en crut pas ses yeux… C’était dans sa
pauvre masure que Jésus, le Sauveur, le Messie, avait
trouvé un abri. Une étoile scintillante enveloppait
maintenant toute la petite cabane d’une immense clarté.
Un enfant y était couché dans la paille d’une mangeoire,
comme l’ange l’avait dit. Elsa sentit un immense
bonheur l’envahir et une grande paix emplir son cœur.
Alors, tombant à genoux, elle se mit à prier. Et l’enfant
lui sourit. Alors, tous ceux qui étaient là avec elle, les
bergers et tous ceux qui s’étaient approchés, tous
sentirent aussi ce grand bonheur dans leur cœur et une
lumière nouvelle se répandit tout autour d’eux. Et la
terre entière sut que cette nuit-là un Sauveur était venu
ouvrir aux hommes le chemin de la paix et du bonheur.
D’après une histoire-parabole publiée dans "A travers
chants", n°47, nov. 98.
Noël au ciel
II était une fois deux enfants, une sœur et un frère.
C'était des enfants très sages et obéissants. Ils en étaient
presque un peu fiers. Ils aimaient bien jouer avec leurs
camarades, mais encore plus entre eux deux.
Un jour, - c'était la veille de Noël -, ils décidèrent de
partir tout seuls fêter Noël au ciel, avec les anges et avec
Jésus.
Ils se mirent en route de bon matin, car ils pensaient
bien que le chemin serait assez long. Ainsi ils
marchèrent et marchèrent à travers les paysages, en
direction du soleil levant.
Soudain ils entendirent au loin le grondement d'un
torrent et se trouvèrent bientôt au bord d'un profond
ravin longé de vertigineuses falaises. Prudemment ils
s'approchèrent du bord. Comment faire pour traverser ?
Alors ils aperçurent un pont, rectiligne comme une règle
et tout aussi étroit, qui réunissait les deux bords.
Oseraient-ils la traversée ? Cela parut de la folie.
Mais voilà : ce pont s'appelait "le pont du mensonge".
Celui qui n'avait jamais menti de sa vie pouvait
l'emprunter sans danger. Les deux enfants se regardèrent
et dirent d'un commun accord : « Nous n'avons jamais
menti de notre vie, allons-y». Un peu tremblants ils s'y
engagèrent, un pied devant l'autre, et encore un pied
devant l'autre, et ainsi de suite, et ils gagnèrent le bord
opposé.
Un peu fatigués, ils continuèrent leur route. Au bout
d'un certain temps ils entendirent de lointains
rugissements. Malgré leur frayeur ils avancèrent. Les
rugissements enflèrent, cela ressemblait bien à des
rugissements de lions, mais ils ne purent rien voir, car le
paysage était sauvage : des fourrés et des buissons
épineux s'étendaient à perte de vue. Brusquement ils
virent quelque chose de jaune doré bouger à travers les
branches. Ils s'arrêtèrent net : c’était bien deux lions, un
à droite et l'autre à gauche du sentier. Que faire ?
Rebrousser chemin ?
Mais voilà : c’étaient « les lions bagarreurs, les lions de
la colère ». Celui qui ne s'était jamais bagarré ni mis en
colère contre quiconque pouvait passer sans être
attaqué. Les deux enfants se regardèrent et dirent d'un
commun accord : « Nous ne nous battons jamais et ne
faisons jamais de colère, Allons-y». Le cœur battant, ils
avancèrent et, lentement, passèrent indemnes entre les
deux lions qui ne bougèrent pas.
Encore un peu plus fatigués ils continuèrent leur route.
L'après-midi avançait. Le soleil avait passé le zénith
depuis longtemps, Combien de temps encore jusqu'au
ciel ? En sortant enfin des fourrés, le sentier semblait
s'orienter vers un replat parsemé de bouleaux,
reconnaissables à leurs troncs blancs. Les enfants
espérèrent pouvoir se reposer un peu sous leurs fins
branchages. Mais en s'approchant, que découvrirent-ils ?
Un marécage, des trous gluants d'eau noire entre des
îlots de boue flottante, plus trace de sentier. Impossible
de s'y hasarder.
Mais voilà : ce marécage s'appelait « le passage de
l'obéissance ». Celui qui n'avait jamais désobéi à ses
parents ni à quiconque, pouvait s'y risquer. Les deux
enfants se regardèrent et dirent d'un commun accord : «
Nous n'avons jamais désobéi, nous pouvons poser nos
pieds sur le marécage, allons-y». Et ils passèrent sains et
saufs.
Arrivés de l'autre côté ils regardèrent : le soleil baissait,
l'horizon commençait à se mettre au rose, mais le sentier
continuait et semblait enfin monter. « Dépêchons-nous
de grimper » se dirent-ils, « il ne s'agit pas d'arriver en
retard ». Ils s'engagèrent en hâtant le pas et, à la tombée
de la nuit, un peu essoufflés, ils se trouvèrent devant
l'immense portail du ciel. Un silence absolu régnait. Les
enfants s'étaient attendus à entendre de la musique, des
répétitions de chants de Noël, certes atténuées par
l'épaisseur de la porte, mais quand même.
Alors timidement, ils frappèrent au portail. Rien ne
bougeait. Ils frappèrent plus fort et encore plus décidés
et encore plus fort. Enfin ils entendirent de lourds pas,
un peu traînants, s'approcher de l'intérieur. Et le portail
s'ouvrit un peu grinçant, l'espace d'une fente. La tête
barbue de Saint Pierre apparut et il dévisagea les enfants
d'un air étonné : « Que voulez-vous, les petits ? », « On
est venu pour fêter Noël au ciel ce soir » dirent-ils avec
une certaine assurance. « Ah ! » dit-il, en se lissant la
barbe, « Mais voyons, le soir de Noël tout le ciel, Jésus
et tous les anges descendent sur la terre. II n'y a
personne ici. Ils sont tous descendus pour fêter Noël
avec les hommes, avec tous les hommes, toutes les
femmes, tous les enfants, filles et garçons, sages ou
méchants. Ici le ciel est vide ».
Et il referma la porte.
D. Casalis
Le grinch de Noël Les habitants de Chouville aiment tous fêter Noël !
Mais Grinch, le Grincheux, qui habite quelque part au
nord de Chouville, a pris en horreur cette fête.
Maintenant, ne me demandez pas pourquoi, personne
n’en connaît la raison. Peut-être que sa tête n’est pas
bien vissée sur ses épaules… Peut-être que ses
chaussures sont trop petites et lui compressent les
orteils… Mais si vous voulez mon avis, la vraie raison
de tout ceci, c’est que son cœur est deux fois trop petit.
Bon, qu’elle qu’en soit la cause, son cœur ou ses
chaussures, en cette veille de Noël, Grinch sent sa haine
des habitants de Chouville l’envahir. Depuis sa caverne,
en haut de la colline, il contemple avec amertume les
fenêtres éclairées qui donnent à la petite ville un air de
fête. D’horribles grimaces transforment son visage. Il
sait qu’en bas, les habitants décorent les maisons en
chantonnant.
Alors il grommelle : « Demain, c’est Noël ! On y est
presque ! Il faut que je trouve un truc pour arrêter tout
ça ! »
Il sait bien que ce jour est le Jour tant attendu.
Toutes les filles et tous les garçons vont se réveiller très
tôt et seront surexcités, ils se précipiteront sur leurs
cadeaux en poussant des cris de joie. Après ça, tous les
habitants, les jeunes et les vieux vont s’installer
ensemble autour d’un grand festin : ils vont engloutir
des tonnes de nourriture ; ils vont se goinfrer de dindes
farcies aux marrons et aux lardons, de bûches de Noël à
la crème, de chocolats, de cardons en gratin.
Et tout cela …Il ne le supporte plus.
Et ce n’est pas tout, le pire arrive encore.
Les petits et les grands, les maigres et les gros, tous vont
se lever de table pour faire une chose plus abominable
encore. Ils vont se rassembler sur la place du village au
son des cloches du temple qui sonneront à toute volée,
et là, main dans la main, ils vont se mettre à chanter le
même refrain en entrant dans le temple éclairé par des
centaines de bougies. A l’intérieur du temple, ils vont
encore chanter à cœur joie.
Plus le Grinch y pense, moins il supporte cette
perspective.
« Cela fait 53 ans que ça dure. C’est chaque année la
même chose. Maintenant, assez ! Je dois trouver le
moyen d’empêcher tout ça. Mais comment ? »
Et puis, l’idée est venue… une idée diabolique ! Une
super idée diabolique !
Le Grinch se déguise en père Noël et appelle son chien
Max, une brave bête. Il attelle l’animal à un vieux
traîneau tout cabossé, prend quelques sacs vides et se
met en route vers Chouville au moment où les habitants
ronflent paisiblement.
Arrivant à la première maison sur la place, le Grinch
installe sans bruit son échelle, se hisse sur le toit, avance
jusqu’à la cheminée. Il se laisse ensuite glisser le long
du conduit puis pointe son nez hors de la cheminée juste
à la hauteur où les petites chaussettes des Choux sont
suspendues.
« Ces chaussettes à cadeaux seront les premières choses
à disparaître ! » dit-il en les mettant dans son sac avec
un plaisir non dissimulé. Le Grinch fait ensuite le tour
du salon ; il jette dans son sac pêle-mêle tout ce qu’il
trouve : une paire de rollers, un ordinateur, une poupée,
un tambour, une trottinette, un train électrique, des pop-
corn, des petites souris en chocolat.
Quand tous les sacs sont pleins, il les remonte un à un
par la cheminée.
Puis, il se dirige vers le frigo et le vide à son tour de tout
ce qu’il contenait pour la fête : la dinde avec ses
marrons et ses lardons, les cardons et le fromage, la
bûche, la mousse au chocolat, tout y passe.
Il monte ce sac par la cheminée, ravi de ce qu’il vient
faire.
Et maintenant … le sapin ! « Celui-là aussi va passer
par la cheminée ! » Le Grinch hisse alors le sapin dans
la cheminée. Puis, pour finir en beauté, il emporte aussi
la bûche posée sur les chenets.
« Quel besoin ont-ils d’allumer un feu ? De toute
manière il ne fait que vingt degrés au-dessous de zéro !
» se moque-t-il en s’en allant.
Il répète le même scénario dans toutes les maisons de
Chouville. Il ne laisse rien derrière lui, à peine une
miette de biscuit pour les souris.
Sa mission accomplie, il embarque tous les cadeaux,
toutes les décorations, tout ce qui pouvait rappeler Noël
de près ou de loin et repart sur son traîneau tiré par son
chien jusqu’au sommet du Mont Crumpit, pour jeter en
bas du précipice tout son butin.
Son énergie pour le soulever est décuplée par la
perspective de voir bientôt le désespoir des gens de
Chouville, privés de Noël.
« Ils vont se réveiller et je sais exactement ce qui va se
passer dès qu'ils connaîtront la terrible nouvelle : cette
année, il n'y a pas de Noël !… » grogne de plaisir le
Grinch. « Ils vont rester bouche bée une minute ou
deux, et puis ce sera une grande clameur de tristesse : «
Bouh… ouh…. » voilà ce que je me réjouis d’entendre !
Ce bruit-là, il me le faut ! »
Il s’arrête un instant et tend l’oreille pour écouter.
Il entend un son monter, étouffé par la neige qui
continue de tomber. Faible au début, le bruit s’amplifie.
Mais le bruit n’est pas une lamentation… Pourquoi ?
Que se passe-t-il ? On dirait que le son est joyeux… Ce
n’est pas possible !
« Mais ils sont joyeux, vraiment joyeux ! »
Le Grinch se penche pour voir ce qui se passe à
Chouville. Il se frotte les yeux car il ne croit pas ses
oreilles. Et ce qu’il voit le fait trembler d'effroi… Quelle
surprise ! Le choc est énorme ! Les habitants de
Chouville, petits et grands, maigres et gros, jeunes et
vieux, tous sont là et ils chantent, sans aucun cadeau !
Pour être raté, c'est vraiment raté ! Le Grinch n’a pas
réussi à arrêter Noël. Noël est bel et bien là. D’une
manière ou d’une autre, Noël est arrivé, toujours le
même.
Et le Grinch, les pieds à moitié gelés dans la neige, est
complètement perturbé. Il reste là sans bouger.
« Comment est-ce possible ? Noël est là, comment a-t-il
pu arriver sans sapins, sans rubans, sans guirlandes, sans
boules, sans cadeaux, sans chaussettes, sans bons
repas…? »
Et le Grinch retourne et retourne cette question dans sa
tête pendant trois heures sans trouver de réponse.
« A moins que…
Peut-être, après tout, que Noël ne vient pas des
magasins ?
Peut-être, oui, peut-être que Noël, c'est autre chose,
quelque chose qui vient de plus loin ?
Peut-être que Noël est plus que tout ce commerce ?
Et alors… »
Aujourd’hui, les habitants de Chouville racontent que ce
jour-là, le cœur du Grinch a grandi de trois tailles au
moins.
Et ils racontent que dès que son cœur eut assez de place
pour battre au rythme de Noël, il redescendit du Mont
Crumpit avec son traîneau et tout son chargement, les
cadeaux, les décorations et la nourriture pour la fête.
Il fit même une chose que personne n'avait jamais vu…
C’est lui-même, le Grinch, qui découpa la dinde aux
marrons et aux lardons.
D’après un conte de Jill Böhning et Line van Baalen: «
Why the Grinch stole Christmas… »
Eliacim, le vieux berger
Dans le silence d’une nuit claire sur les collines de
Bethléem, Eliacim, le vieux berger, debout, appuyé sur
son bâton, veille sur son troupeau.
Avec son père, il a appris à se protéger des animaux
sauvages ou des voleurs. Il est là, comme le guetteur
veille l’aurore !
Il porte bien son nom Eliacim. Il est celui que Dieu tient
debout. La nuit est fraîche, alors d’un geste large, il
s’enveloppe dans son manteau de laine.
Eliacim aime la nuit, elle ne lui fait plus peur, depuis le
temps qu’il l’apprivoise. Les étoiles sont ses
compagnes, leur lumière est comme un signe de vie, une
espérance dans la nuit.
Alors, dans un soupir, il dit : « il va venir ! »
- « Qui va venir ? Grand-père » dit Jonathan, le petit-fils
du berger.
- L’Homme de Dieu, celui que notre peuple attend »
- « Quand ? »
- « Bientôt » Les autres bergers, assis autour du feu qui
crépite, se moquent de lui. « Bientôt !… c’est ce que tu
répètes depuis des années ! »
Eliacim ne les écoute pas.
- « Ah ! Soupira-t-il encore, s’il pouvait venir ! »
Son coeur est tout rempli de cette attente. Il espère des
jours meilleurs car il entend bien les rumeurs qui
grondent dans le pays, la peur et la violence qui se sont
installées avec la présence des soldats Romains. Durant
tout le jour, une grande effervescence est montée
jusqu’au campement des bergers. Du creux du rocher où
ils avaient trouvé refuge pour se protéger du vent,
Eliacim et Jonathan avaient observé la foule qui se
bousculait dans les alentours de la cité de David.
Se rapprochant de Jonathan, il s’assoit et le serre tout
contre lui. Jonathan lui dit :
- « Grand-père, celui qui doit venir, sera-t-il roi comme
David, notre roi bien-aimé ? Portera-t-il une couronne
en or, une épée d’argent, et un grand manteau de
pourpre ? »
- « Je ne sais pas ! »
Jonathan saute de joie et se met à jouer une jolie
mélodie sur sa flûte.
Eliacim écoute attentivement et doucement se surprend
à dire :
- « Et si le roi n’avait ni couronne, ni épée, ni manteau
de pourpre… Voudrais-tu jouer pour lui ? » Comment
lui faire comprendre que ce roi promis, le Messie,
dépasserait tout ce qu’il espère ! Le prophète Isaïe ne
l’avait-il pas annoncé ?
Soudain, le ciel devient plus lumineux. Là-bas au dessus
de Bethléem, les étoiles scintillent comme le diamant.
De joie Jonathan se met à courir au devant de la
lumière. Elles annoncent peut-être la venue du roi?
Jonathan, celui à qui le Seigneur a donné, est tout rempli
d’une grande joie et se dit : « Même s’il n’a ni
couronne, ni épée, ni manteau, si ce roi me donne la joie
alors il sera mon roi ! »
Un conte de Élisabeth Serpolay et Myriam Bécourt
L'étoile de Noël
Il y a très longtemps, dans un village perdu au creux
d’une vallée, vivait un homme si méchant et si dur que
les enfants du village l’avaient surnommé "Cœur de
pierre". Sa maison était la dernière du village et ses
volets étaient toujours clos. Quand l’hiver arrivait, il
passait ses journées à compter l’argent que ses récoltes
lui avaient rapporté. Seule une bougie éclairait ses
pièces d’or ; le reste de la maison était plongé dans
l’obscurité. Tout le monde fuyait "Cœur de pierre". Les
oiseaux ne chantaient jamais au-dessus de sa maison.
Même la neige semblait hésiter à déposer ses blancs
flocons.
La veille de Noël arriva. Au village, toutes les rues
étaient illuminées. Le soir, malgré la neige et le froid,
les enfants voulurent aider leurs parents à décorer le
grand sapin qui trônait sur la place. Ils attendaient avec
impatience le moment où ils verraient l’étoile scintiller
au sommet de l’arbre. Soudain, l’étoile fut là, belle et
lumineuse. « Oh ! dirent les enfants, que c’est beau ! »
Les façades des maisons se mirent à briller. Les cinq
branches de l’étoile s’étiraient pour rayonner davantage
encore, tant et tant que leurs rayons se faufilèrent entre
les volets de la maison de "Cœur de pierre". Ebloui, il
hurla : "Mais que se passe-t-il donc ?" La lumière
éclairait ses murs gris. "Mon Dieu, que ma maison est
triste ! ", se dit-il.
"Cœur de pierre" s’aperçut alors que personne n’y
venait jamais et que son argent ne lui servait à rien. Il se
mit à pleurer. Cela ne lui était jamais arrivé. A ce
moment-là, il entendit des pas dehors. Guidés par
l’étoile, les enfants venaient le voir, un peu inquiets.
Lorsqu’ils poussèrent la porte de sa maison, ils
découvrirent des larmes dans les yeux de celui qu’ils
appelaient "Cœur de pierre".
L’homme avait levé la tête. Il lui semblait que c’était la
première fois qu’il voyait ces enfants. Il les invita à
entrer. Alors, l’étoile se retira doucement pour aller
éclairer d’autres maisons tristes.
Mais l’homme garda en lui cette lumière. Le lendemain
matin, tous les gens du village trouvèrent une pièce d’or
devant leur porte. Et quand l’homme revint chez lui, il
entendit les oiseaux qui chantaient pour lui au-dessus de
sa maison.
Anonyme
Les trois arbres
Il était une fois, en haut d’une montagne, trois petits
arbres qui rêvaient à ce qu’ils voudraient devenir quand
ils seraient plus grands.
Le premier regarda les étoiles qui brillaient comme des
diamants au-dessus de lui. "Je veux abriter un trésor,
dit-il. Je veux être recouvert d’or et rempli de pierres
précieuses. Je serai le plus beau coffre à trésor du
monde".
Le deuxième arbre regarda le petit ruisseau qui suivait
sa route vers l’océan. "Je veux être un grand voilier, dit-
il. Je veux naviguer sur de vastes océans et transporter
des rois puissants. Je serai le bateau le plus fort du
monde".
Le troisième petit arbre regarda dans la vallée au-
dessous de lui et il vit la ville où des hommes et des
femmes s’affairaient. "Je ne veux jamais quitter cette
montagne, dit-il. Je veux pousser si haut que lorsque les
gens s’arrêteront pour me regarder, ils lèveront les yeux
au ciel et penseront à Dieu. Je serai le plus grand arbre
du monde".
Les années passèrent. Les pluies tombèrent, le soleil
brilla et les petits arbres devinrent grands. Un jour, trois
bûcherons montèrent dans la montagne.
Le premier bûcheron regarda le premier arbre et dit :
"C’est un bel arbre. Il est parfait". En un éclair, abattu
d’un coup de hache, le premier arbre tomba.
"Maintenant, je vais être un coffre magnifique, pensa le
premier arbre. J’abriterai un merveilleux trésor".
Le deuxième bûcheron regarda le deuxième arbre et dit :
"Cet arbre est vigoureux. Voilà ce qu’il me faut". En un
éclair, abattu d’un coup de hache, le deuxième arbre
tomba. "Désormais, je vais naviguer sur de vastes
océans, pensa le deuxième arbre. Je serai un grand
navire digne des rois".
Le troisième arbre sentit son cœur flancher quand le
bûcheron le regarda. "N’importe quel arbre me
conviendra", pensa-t-il. En un éclair, abattu d’un coup
de hache, le troisième arbre tomba.
Le premier arbre se réjouit lorsque le bûcheron l’apporta
chez le charpentier, mais le charpentier était bien trop
occupé pour penser à fabriquer des coffres. De ses
mains calleuses, il transforma l’arbre en mangeoire pour
animaux. L’arbre qui avait été autrefois très beau n’était
pas recouvert d’or ni rempli de trésors. Il était couvert
de sciure et rempli de foin pour nourrir les animaux
affamés de la ferme.
Le deuxième arbre sourit quand le bûcheron le
transporta vers le chantier naval, mais ce jour-là, nul ne
songeait à construire un voilier. A grands coups de
marteau et de scie, l’arbre fut transformé en simple
bateau de pêche. Trop petit, trop fragile pour naviguer
sur un océan ou même sur une rivière, il fut emmené sur
un petit lac. Tous les jours, il transportait des cargaisons
de poissons morts qui sentaient affreusement fort.
Le troisième arbre devint très triste quand le bûcheron le
coupa pour le transformer en grosses poutres qu’il
empila dans la cour. "Que s’est-il passé ? se demanda
l’arbre qui avait été autrefois très grand. Tout ce que je
désirais, c’était rester sur la montagne en pensant à
Dieu".
Beaucoup de jours et de nuits passèrent. Les trois arbres
oublièrent presque leurs rêves. Mais une nuit, la lumière
d’une étoile dorée éclaira le premier arbre au moment
où une jeune femme plaçait son nouveau-né dans la
mangeoire. "J’aurais aimé pouvoir lui faire un berceau",
murmura son mari. La mère serra sa main dans la sienne
et sourit tandis que la lumière de l’étoile brillait sur le
bois poli. "Cette mangeoire est magnifique", dit-elle. Et
soudain, le premier arbre sut qu’il renfermait le trésor le
plus précieux du monde.
D’autres jours et d’autres nuits passèrent, mais un soir,
un voyageur fatigué et ses amis s’entassèrent dans la
vieille barque du pêcheur. Tandis que le deuxième arbre
voguait tranquillement sur le lac, le voyageur
s’endormit. Soudain, l’orage éclata et la tempête se leva.
Le petit arbre trembla. Il savait qu’il n’avait pas la force
de transporter tant de monde en sécurité dans le vent et
la pluie. Le voyageur s’éveilla. Il se leva, écarta les bras
et dit : "Paix". La tempête se calma aussi vite qu’elle
était apparue. Et soudain, le deuxième arbre sut qu’il
transportait le roi des cieux et de la terre.
A quelque temps de là, un vendredi matin, le troisième
arbre fut fort surpris lorsque ses poutres furent arrachées
à la pile de bois oubliée. Transporté au milieu des cris
d’une foule en colère et railleuse, il frissonna quand les
soldats clouèrent sur lui les mains d’un homme. Il se
sentit horrible et cruel. Mais le dimanche matin, quand
le soleil se leva et que la terre toute entière vibra d’une
joie immense, le troisième arbre sut que l’amour de
Dieu avait tout transformé. Il avait rendu le premier
arbre beau. Il avait rendu le second arbre fort. Et à
chaque fois que les gens pensaient au troisième arbre ils
penseraient à Dieu. Cela était beaucoup mieux que
d’être le plus grand arbre du monde.
Conte tiré des "Trois arbres" d’Angela Elwelle Hunt –
Ed. Centurion, 1995
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premier degré dans l'Enseignement catholique