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O uvrier à la mine ou chef de la police: c’est le second qui est le «gendre idéal». En trois générations, les cols bleus sont devenus cols blancs. Dans les bureaux de l’Etat pour les peureux, sur le front du privé pour les guerriers. Voyons comment marche cette économie. Les emplois de l’Etat sont payés par les impôts qui sont payés par les profits qui sont payés par les clients. Avec quel argent? Avec leurs revenus chez d’autres employeurs, ou avec le sésame trouvé dans une grotte. C’est du moins ce que dit l’économie classique, qui voit dans cette chaîne en or massif de la «valeur ajoutée» à chaque pas. Ce que reflète l’émission monétaire… mais ça res- semble rudement au jeu de l’avion, non? L’or est plombé «Jusqu’ici, tout va bien», disait à chaque étage cet homme tombant d’un gratte-ciel. Il faut du temps à l’insolvabilité pour faire tomber les dominos de plomb qu’on a pris pour des chaînons d’or. Les ronds-de-cuir et cadres sups en tête de la chaîne font donc illusion. Leur vrai travail est de ne pas bouger… sauf à jeter des peaux de bananes pour un semblant de mouvement. Bref, une vie à cinq millions en salaire pour préparer une retraite… dorée. Ce qui nous amène à la deuxième source de richesse: le rende- ment de l’investissement. Qu’on soit héritier ou retraité, on vit de ses «rentes». Pour que l’avion fasse plus qu’un vol plané, point ne 5 juillet 2010 – No 460 Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève- Gland-Saint Cergue). 184 102 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Nicole Dzikowski, Daniel Hostettler, Sophie Hostettler Flashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Distribution: Epsilon SA Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] © Plurality Presse S.A., 2010 www.toutemploi.ch Les quatre sources de la richesse La plupart des gens – en ville, du moins – vivent d’un des quatre types de revenu suivants: un salaire, une affaire, une fortune ou une arnaque. Laquelle a le plus d’avenir, de mérite et d’éthique? TOUT L’EMPLOI & FORMATION • N O 460 • 5 JUILLET 2010 POUR EN SAVOIR PLUS La première source de richesse désaltère les uns et empoi- sonne les autres: selon une enquête du syndicat allemand des fonctionnaires DBB, le public trouve en majorité les employés de l’Etat «paresseux, rigides, vicieux». La deuxième source se trouve en Chine, telle est la géographie nouvelle: mais le Fleuve Jaune peut-il irriguer l’Europe (et ses peaux de bananes «équitables»)? Surtout, comment la Chine pourra- t-elle prospérer parmi quatre continents insolvables? Le vol intérieur est aussi vulnérable que le vol extérieur: Crossair n’a pu sauver Swissair. La troisième source est la plus fraîche, et on peut trouver un antidote au pessimisme aux adresses suivantes, liées à des événements récents ou des rencontres fortuites: dekeyserandfriends.com, sustainablehis- tory.com, coe.gouv.fr, innolab-swiss.org (lié à wimtek.ch et cadcamation.ch), rezonance.ch/rezo/classes/ft-first-tuesday/ geneve/20100609/one-community?page_num=0, bio.org, (et bayhdole25.org, theCIED.org), des.unive.it/summerschool/, icbi-events.com/sremergingmarkets/ et finas.info. La ligne de partage des eaux n’est pas toujours nette entre les quatre sources, et les juristes – par exemple – s’abreuvent aux quatre. Kerviel ou Tapie les destructeurs sont plus populaires que les bâtisseurs d’empire financier comme Buffett, Soros, Icahn. On reviendra dans un autre article sur nos «Plans Marshall» et les Guerres qui précèdent (à noter qu’un des auteurs du Plan – George F. Kennan – fut Genevois vers 1925). Croître (fût-ce d’un «f») demande du «proffessionnalisme».

Les quatre sources de la richesse - Journal Tout …...Les quatre sources de la richesse La plupart des gens – en ville, du moins – vivent d’un des quatre types de revenu suivants:

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Page 1: Les quatre sources de la richesse - Journal Tout …...Les quatre sources de la richesse La plupart des gens – en ville, du moins – vivent d’un des quatre types de revenu suivants:

O uvrier à la mine ou chef de la police: c’est le second qui est le «gendre idéal». En trois générations, les cols

bleus sont devenus cols blancs. Dans les bureaux de l’Etat pour les peureux, sur le front du privé pour les guerriers. Voyons comment marche cette économie. Les emplois de l’Etat sont payés par les impôts qui sont payés par les profits qui sont payés par les clients. Avec quel argent? Avec leurs revenus chez d’autres employeurs, ou avec le sésame trouvé dans une grotte. C’est du moins ce que dit l’économie classique,

qui voit dans cette chaîne en or massif de la «valeur ajoutée» à chaque pas. Ce que reflète l’émission monétaire… mais ça res-semble rudement au jeu de l’avion, non?

L’or est plombé

«Jusqu’ici, tout va bien», disait à chaque étage cet homme tombant d’un gratte-ciel. Il faut du temps à l’insolvabilité pour faire tomber les dominos de plomb qu’on a pris

pour des chaînons d’or. Les ronds-de-cuir et cadres sups en tête de la chaîne font donc illusion. Leur vrai travail est de ne pas bouger… sauf à jeter des peaux de bananes pour un semblant de mouvement. Bref, une vie à cinq millions en salaire pour préparer une retraite… dorée. Ce qui nous amène à la deuxième source de richesse: le rende-ment de l’investissement. Qu’on soit héritier ou retraité, on vit de ses «rentes». Pour que l’avion fasse plus qu’un vol plané, point ne

5 juillet 2010 – No 460

Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève-Gland-Saint Cergue). 184 102 exemplaires certifiés REMP/FRP.

Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick GravanteMaquette: Imagic Sàrl Carouge, Nicole Dzikowski, Daniel Hostettler, Sophie HostettlerFlashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SADistribution: Epsilon SA

Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected]

© Plurality Presse S.A., 2010

w w w . t o u t e m p l o i . c h

Les quatre sources de la richesseLa plupart des gens – en ville, du moins – vivent d’un des quatre types de revenu suivants: un salaire, une affaire, une fortune ou une arnaque. Laquelle a le plus d’avenir, de mérite et d’éthique?

t o u t L ’ e m p L o i & f o r m a t i o N • N o 4 6 0 • 5 j u i L L e t 2 0 1 0

pour eN savoir pLus

La première source de richesse désaltère les uns et empoi-sonne les autres: selon une enquête du syndicat allemand des fonctionnaires DBB, le public trouve en majorité les employés de l’Etat «paresseux, rigides, vicieux». La deuxième source se trouve en Chine, telle est la géographie nouvelle: mais le Fleuve Jaune peut-il irriguer l’Europe (et ses peaux de bananes «équitables»)? Surtout, comment la Chine pourra-t-elle prospérer parmi quatre continents insolvables? Le vol intérieur est aussi vulnérable que le vol extérieur: Crossair n’a pu sauver Swissair. La troisième source est la plus fraîche, et on peut trouver un antidote au pessimisme aux adresses suivantes, liées à des événements récents ou des rencontres fortuites: dekeyserandfriends.com, sustainablehis-tory.com, coe.gouv.fr, innolab-swiss.org (lié à wimtek.ch et cadcamation.ch), rezonance.ch/rezo/classes/ft-first-tuesday/geneve/20100609/one-community?page_num=0, bio.org, (et bayhdole25.org, theCIED.org), des.unive.it/summerschool/, icbi-events.com/sremergingmarkets/ et finas.info. La ligne de partage des eaux n’est pas toujours nette entre les quatre sources, et les juristes – par exemple – s’abreuvent aux quatre. Kerviel ou Tapie les destructeurs sont plus populaires que les bâtisseurs d’empire financier comme Buffett, Soros, Icahn. On reviendra dans un autre article sur nos «Plans Marshall» et les Guerres qui précèdent (à noter qu’un des auteurs du Plan – George F. Kennan – fut Genevois vers 1925).

Croître (fût-ce d’un «f») demande du «proffessionnalisme».

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suffit du capital, il faut du rendement. Facile, dans la théorie de la chaîne d’or; plus dur dans la vision des dominos noirs. Gagner contre les idées fausses s’appelle spéculer: les libres penseurs ne sont pas aimés, et on préfère encore un «trader» voleur à un «hedge fund» sauveur (voir annexe).

Breveter le profit

Le conformisme majoritaire explique pour-quoi la troisième source se tarit: monter une «affaire» sérieuse sur la base d’une idée utile. C’est ainsi que sont nées les grandes firmes… de Roche à Renault, de Siemens à Nestlé. Mais ces géants ont un ou deux pieds dans la tombe, même ceux de l’auto, du pétrole ou de la banque. Alors, les petits génies de notre temps n’ont qu’à se remuer

pour prendre leur place… et c’est ce que firent Apple ou Easyjet. Pas si simple, on l’a encore vu ces jours lors d’une journée bio-tech (voir annexe): dans une société saturée de «recherche», le biologiste solitaire fait mieux dans le sillage des grandes pharmas que dans le miroir de son génie. Et quand nos autorités parlent de leur «Plan Marshall» pour la création d’entreprise, elles oublient la «Débâcle» (voir annexe).

Libérer l’imaginaire

Reste la quatrième source: l’arnaque. Elle a longtemps passé pour la plus réaliste: pillage, conquêtes… et elle stimule les talents. De nos jours, les voleurs deviennent experts… jadis ceux de chevaux osaient par-fois s’en prendre aux tableaux… désormais,

il y a les spécialistes du marbre de chemi-née, ceux de la rampe d’acajou et ceux du fil de cuivre. Et il faut voir un escroc à l’œuvre: il met plus de lui-même sur un seul «coup» qu’un honnête homme en toute une vie. C’est sans doute le modèle de l’économie nouvelle; on a d’ailleurs accusé la «nouvelle économie» des années 90 d’avoir vendu du vent. Faire de la marge: on ne sait plus créer d’autre «richesse». Un maladroit vient de recevoir de sa Commune une facture de vingt mille francs: prix du nettoyage de l’es-calator public sur lequel il avait laissé tomber un seau de peinture. Au prix du nettoyeur, ça fait six mois de travail… ou alors, il était payé mille francs l’heure. Eurêka… on a résolu la question de la pauvreté. n

Boris Engelson

économie 45

t o u t L ’ e m p L o i & f o r m a t i o n • n o 4 6 0 • 5 j u i L L e t 2 0 1 0

L’ assurance accident professionnel est obligatoire pour tous les travailleurs. Les travailleurs occupés plus de huit heures par semaine chez le même employeur sont également assu-

rés contre les accidents non professionnels. En principe, les accidents dits «de trajet» sont considérés comme accidents non professionnels. La loi prévoit néanmoins une excep-tion pour les travailleurs occupés à temps partiel, dont la durée de travail n’atteint pas le minimum requis de huit heures par semaine. Ainsi, les accidents qui se produisent sur le trajet que l’assuré doit emprunter pour se rendre au travail ou pour en revenir sont alors réputés accidents professionnels. Pour les employés occupés moins de huit heures par semaine, la notion d’accident professionnel est donc plus étendue que pour les autres travailleurs.

Quel trajet est couvert par l’assurance?

En l’espèce, la question de fond est de savoir quel trajet est couvert, notamment s’il s’agit seulement du trajet le plus court pour se rendre de son domicile à son travail, ou si un éventuel détour est également pris en compte. Selon la jurisprudence, pour qu’il y ait accident de trajet, il doit exister un lien juridiquement suffisant entre l’accident incriminé et le travail. Le motif du trajet doit avoir été celui de se rendre au travail ou de rentrer chez soi une fois le travail terminé. Le chemin est en principe, pour l’aller comme pour le retour, le trajet le plus court, effectué sans interruption et accompli aux heures normales. Il faut toutefois tenir compte des nombreuses circonstances de la vie quotidienne

qui ont pour effet qu’un assuré, pour des motifs personnels, peut être amené à interrompre le trajet direct entre sa demeure et le lieu de travail, par exemple pour faire des commissions, assister à une réunion, ou encore aller chez le médecin. Autrement dit, il s’agira de prendre en compte la nature du trajet, la longueurdu détour, la durée de l’interruption et les motifs ayant occasionné celle-ci.

un long détour n’est pas couvert par l’assurance

Le lieu de l’accident de Lucie était très éloigné, tant de son lieu d’ac-tivité que de celui de sa résidence. Par ailleurs, le chemin emprunté ne constituait pas un détour, mais se trouvait dans une tout autre direction que celle de son domicile. Enfin, la distance parcourue était 8,5 kilomètres plus longue que le trajet habituellement emprunté. Le tribunal a par conséquent retenu qu’il n’existait plus de lien matériel et temporel suffisant entre l’accident et l’activité professionnelle exercée par Lucie. Il ne s’agissait ni d’une halte sur le trajet, ni d’un simple détour sur le chemin du retour du travail, mais d’un trajet dis-tinct de l’itinéraire normal. L’assurance accident professionnel n’était dès lors pas tenue de couvrir ce cas. n

Nicole de Cerjat, juriste, responsable du service juridique au secrétariat romand de la SEC Suisse, Neuchâtel.

Société Suisse des Employés de Commerce - (SEC Suisse) Case postale 3072 – 2001 Neuchâtel Tél. 0848 810 910 (membres) – Tél. 0901 555 717 (non-membres: Fr. 2.50/min.)

Le trajet professionnel et ses mystèresLucie ne travaille qu’à raison d’une heure et demie par semaine. Un soir, après avoir terminé son travail, elle a voulu aller rendre visite à un parent. Durant le trajet, elle a glissé en descendant du bus et s’est cassé la jambe. Elle a alors déclaré ce cas à son assurance accident professionnel obligatoire. Toutefois, la compagnie d’assurance a refusé d’entrer en matière, en argumentant qu’il s’agissait d’un accident non professionnel, donc non couvert.

cas pratique