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Les Rapaces Dossier pédagogique

Les Rapaces

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Les RapacesDossier pédagogique

Les rapaces font partie de la famille des oiseaux.

Comme tout les oiseaux, ils volent et possèdent des plumes mais, ce qui les caractérise plus spécifique-ment, c’est leur bec crochu. Qu’ils soient diurnes ou nocturnes, quelles que soient leurs habitudes particulières, ils partagent ce trait commun.

Les rapaces ont, depuis long-temps, exercé une fascination sur les hommes. Rapidement, ils ont été considérés comme des dieux dans les mythologies égyptiennes, grecques et romaines ; ils sont devenus l’attribut honorifique de personnages importants comme des chefs de guerres ou des leaders spirituels.

Toutefois, ils ont également eu rapide-ment des ennemis. Appellés animaux « nuisibles », ils ont été chassés. Les hommes racontaient des légendes qui diabolisaient les rapaces. Voici, par ex-emple, ce qu’on faisait lire aux écoliers au XIXe siècle :

« — […] Un autre animal des mon-tagnes, c’est l’aigle ; on peut le voir sur la cime des rochers, voler à son aire. Les aigles se jettent parfois sur les trou-peaux, saisissent dans leurs serres les jeunes agneaux qu’ils peuvent attraper, et les enlèvent en l’air ; on en a vu em-porter jusqu’à de jeunes enfants. Aussi les montagnards font une chasse con-

tinuelle à ces bêtes malfaisantes : ils les poursuivent dans le creux des rochers ; ils luttent contre elles, et, de jour en jour, aigles et ours deviennent plus rares. — Je vois à présent, monsieur

Gertal, que les montagnards sont bien braves. Aussi, j’aime les montagnards

[…]. » 1

L’aigle était donc accusé d’emporter les enfants et les

vaches. Cette accusation est ab-surde : un aigle ne peut pas sou-

lever une charge si lourde !

Ces histoires avaient des conséquence : la chouette était clouée sur les portes de granges car on disait qu’elle portait malheur ; les paysans pensaient, à tort, que les buses mangeaient leurs poules, etc.

Il a fallu attendre 1972 pour que la France réagisse et vote une loi pour protéger les rapaces. Cependant, la meilleure façon de les protéger est d’apprendre à les connaître. Ce guide permet une première ouverture sur le monde fascinant des oiseaux de proies.

Introduction

11 Tiré de: G. BRUNO, Le tour de France par deux enfants, manuel scolaire, 1877.

Caractéristiques des rapaces

Le becIl a de multiples usages ; il sert à :

Manger

Lisser les plumes

Construire le nid

Couper et déchiqueter

CroChu chez tous les rapaces, il prend pourtant des formes différ-entes en fonction du type de proies que l’oiseau chasse et du type d’habitat dans lequel il vit.

Les pattesLes pattes ont quatre doigts plus ou moins puissants et gros. Chacune des pattes comporte ;

Un tarse

Des doigts

Des serres (ongles)

Le mot rapace vient du latin rapax, du

radical de r a p e re : « sa is i r,

ravir ».

Chaque type de patte est

adapté aux habitudes et au comportement des rapaces.

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Lorum (cire)Vertex

Narines

Mandibule supérieure

Mandibule inférieure

Aigle Royal

Balbuzard pêcheur

Vautour fauve

Faucon pélerin

Les plumesLe corps des rapaces est entièrement

recouvert de plumes, hormis le bec et les pattes.

Les plumes sont de différentes tailles et de différentes formes ; elles ont égale-ment des fonctions distinctes :

Les rémiges sont situées sur les ailes et servent à voler (rémiges pri-maires et secondaires).

Les rectrices sont les plumes de la queue et sont utiles à l’oiseau pour se diriger durant le vol.

Les plumes de couverture recou-vrent le corps.

Le duvet est sous les plumes de couverture et protège l’oiseau du froid.

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Plumes de couverture

Rémiges

Rectrices

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Les sens

La vueSens extraordinairement développé, il est aussi le plus sollicité dans la vie quotidienne du rapace.

Les yeux des rapaces sont de la même taille que nos yeux alors que leur tête est bien plus petite que la nôtre. Ils sont fixes dans leur orbite ce qui n’empêche pas les rapaces d’avoir une vision par-faite de leur environnement grâce à un cou à rotation totale.

L’ouïeLe rapace a l’ouïe fine mais il ne s’en sert que s’il ne peut se fier à sa vue pour repérer une proie ou un prédateur (dans des cas de végétation dense, par exem-ple).

Vision infrarouge !Pour repérer ses proies (les souris), le fau-con crecerelle a une technique infaillible : sa vision infrarouge lui permet de détecter les crottes de l’animal dans un champ et surtout de savoir si elles sont fraîches ou non. Il peut ainsi déterminer si sa proie est encore proche ou s’il n’a plus aucune chance de l’attraper.

Le hibou grand-duc peut faire pivoter sa tête sur 270 degrés!

Vue perçante ! Un aigle peut repérer un lapin à 2 kilomètres de distance tandis que tu ne l’apercevrais qu’à 300 mètres.

L’odoratC’est le sens le plus méconnu de cette espèce. Peu développé, l’odorat n’est pas utile à la chasse. Les scientifiques

ne lui ont pas donné une fonction précise.

Le goûtLes rapaces ne possède pas le

sens du goût : ils n’ont pas de papilles gustatives.

L’alimentation

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Le rapace est exclusivement carnivore.

Pour se nourrir, il a deux possibilités : recourir à la chasse (Chasseurs) ou manger des proies déjà mortes (Char-ognards). On le classe dans la catégo-rie des prédateurs.

Quelques heures après l’ingestion, le rapace digère et rejette une boulette ap-pelée pelote de réjeCtion.

Cette pelote contient tout ce que l’animal ne peut pas digérer :

les poils de la proie à l’extérieur.

des poils et des os à l’intérieur.

Très intéressante pour les observateurs des rapaces, le contenu de la pelote permet de retrouver les squelettes des proies et d’en savoir plus sur les habi-tudes des rapaces.

Proies favorites des rapacesEspèces ProiesAigle royal Petits mammifères tels que lapins, marmottes, hermines…Buse variable Rats, souris, campagnols, lézards, batraciens…Hibou Grand Duc Alimentation très variéeVautour Fauve Cadavres d’animaux

Aigle royal (chasseur)

Vautour charognard

La reproduction

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Pour avoir des petits, il faut un mâle et une femelle matures, c’est-à-dire adultes.

Lorsqu’elle est mature, la femelle pond des œufs. Ces œufs ne contiennent pas de petits. Ce sont les même que ceux que tu manges, on les appelle œufs clairs.

Pour qu’un œuf se transforme en petit, il faut que la femelle soit fécondée par le mâle. Les œufs sont ensuite couvés pendant de nombreux jours. Cette période est celle de l’incubation ; le temps d’incubation varie selon l’espèce de rapace.

De l’accouplement à l’incubation

Le saVais-tu ? Chez les rapaces, le mâle est appelé tiercelet, car il est un tiers moins gros que la femelle, qui est appelée forme.

Espèces Période d’accouplement Nombre d’oeufs IncubationAigle royal février et mars 3 à 4 43 à 45 joursHibou Grand Duc janvier et février 2 à 4 34 à 36 joursFaucon pèlerin mars et avril 2 32 à 35 joursVautour Fauve février et mars 1 52 jours

Les différentes familles et variétés

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Les diurnesLes rapaces diurnes dorment la nuit et s’activent le jour : c’est le contraire des rapaces nocturnes ! Ce sont quasiment tous les rapaces : buses, aigles, vaut-ours… à l’exception du hibou et de la chouette.

Cette famille est composée de deux grands groupes :

Les Chasseurs : ceux qui tuent eux-mêmes leur nourriture en chassant (les aigles, buses, faucons)!

Les Charognards : ceux qui mangent les restes des autres, les car-casses, les animaux qu’ils trouvent morts (les vautours).

Les nocturnesIl s’agit de rapaces qui dorment le jour et s’activent la nuit. Il y a, chez les ra-paces nocturnes, deux espèces que tu dois connaître :

La chouette

Le hibou

ATTENTION : le hibou n’est pas le mari de la chouette ! Ils ne peu-vent pas faire de pe-tits ensembles. Ils sont aussi différents

que le sont un chien et un chat. Voici une petite astuce pour les reconnaître : les hiboux ont souvent deux touffes de plumes sur la tête (les aigrettes), tan-dis que la chouette n’en a jamais.

Les hiboux et les chouettes sont de grands chasseurs. Ils volent sans bruit et leur ouïe et leur vue très dévelop-pés leurs permettent de repérer aisé-

ment leurs proies.

Chouette barrée

Hibou grand-duc

Le saVais-tu?En allemand et en anglais, un seul terme est utilisé pour désigner les deux espèces : owl en anglais et Eulen en allemand.

Les différences physiquesLes ailes sont souvent différentes d’une espèce de rapace à une autre :

L’aigle a de grandes ailes, il plane très bien. Bon oiseau de chasse, il tue ses proies avec ses incroyables serres.

Le vautour a de plus grandes ailes encore ; elles sont longues et larges. Les rémiges sont immenses et ressem-blent à des doigts aux extrémités. Il peut planer pendant des heures. D’en haut, le vautour repère les carcasses d’animaux mort dont il va se régaler.

Le fauCon est rapide et agile. Ses ailes sont longues et pointues. Il a un vol battu, c’est-à-dire qu’il n’arrête pas de battre des ailes. C’est le rapace le plus rapide du monde : il peut atteindre les 300 km/h en piqué. Le faucon, grand chasseur, attaque ses proies en vol.

Le hibou a de larges et lourdes ailes. Il se déplace sans un seul bruit grâce à des plumes particulières. Son vol et lent mais efficace : il lui permet de sur-prendre ses proies.

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Aigle royal

Vautour fauve

Faucon pelerin

Hibou des marais

La mortalité

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Dans la nature, les rapaces peuvent mourir de plusieurs façons :

Ils peuvent mourir de vieillesse : l’âge moyen de vie d’un rapace varie en fonction de son espèce.

Ils peuvent aussi se faire attaquer par leurs prédateurs.

Depuis quelques années, les ra-paces sont confrontés à de nouveaux dangers : les lignes électrifiées, les trains, les pesticides…

Avant les lois votées pour les protéger, les hommes étaient une grande menace pour les rapaces.

Espèces Longévité dans la nature Longévité en captivitéAigle royal 15 à 20 ans + de 50 ansBuse variable 6 à 8 ans + de 20 ansHibou Grand Duc 18 à 20 ans + de 30 ansFaucon pèlerin 15 ans + de 20 ansVautour Fauve 30 ans + de 40 ans

Longévité moyenne des rapaces

La fauconnerie

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DéfinitonLa fauconnerie est l’art d’élever et de dresser des oiseaux de proies pour la chasse. Dans l’antiquité, chaque utilisa-tion d’un oiseau donnait lieu à un nom. Ainsi un « éleveur » de faucon était un fauconnier, d’aigle un aiglier, d’autour un autoursier etc. Aujourd’hui, le terme générique est celui de fauconnier.

La fauconnerie s’apparente à la vé-nerie, en ce sens qu’elle se pratique sans armes ni artifices facilitant la capture du gibier. Ce type de chasse n’est plus guère pratiqué que dans les pays nordiques. Depuis 1954, les am-ateurs peuvent la pratiquer mais leur nombre reste marginal. Il s’agit plus aujourd’hui du plaisir de participer - en tant qu’observateur - à ce qui se passe dans la nature en laissant la proie à l’oiseau, comme récompense.

HistoireLa fauconnerie semble trouver son origine sur les hauts plateaux d’asie Centrale. Les chinois pratiquaient déjà la fauconnerie quelques vingt-trois siè-cles avant son introduction en Europe. Ce n’est qu’en l’an 300 ap. J.-C. qu’elle fut pratiquée par les Romains mais il faut attendre le Moyen Âge pour voir la fauconnerie se développer véritable-ment en Europe.

Les arabes connaissent aussi une tradition de la fauconnerie. Ils la découvrent vers le VIIe siècle et la développe très rapide-ment. Pour cette civilisation, le seul oi-seau ayant de la valeur est le faucon. Ils n’accordent que bien peu d’importance à l’aigle ou au vautour.

En France, la fauconnerie connaît son apogée sous Louis XIII (XVIIe siè-cle). Elle reste longtemps une activité réservée aux puissants : chaque titre de la société donnait droit à un type d’oiseau. L’aigle était l’oiseau des rois, le faucon crécerelle était réservé aux cures et les dames de la cour utilisaient le faucon émerillon…

Aujourd’huiLa fauconnerie est aujourd’hui une ac-tivité appréciée dans le monde entier. Des mesures de protection ont du être mises en place tant pour éviter les cap-tures de rapaces sauvages que pour sur-veiller les conditions de détention et d’élevage de ces oiseaux. Plus que son attrait pour la chasse, la fauconnerie moderne utilise surtout les oiseaux de proie dans des speCtaCles de démon-stration qui, s’ils sont bien présentés, ont une valeur pédagogique.

Conclusion

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Après ce parcours de découverte des rapaces, il apparaît clairement que les rapaces ne sont pas des animaux « nuis-ibles » qu’il convient d’éliminer mais des prédateurs qui mangent d’autres animaux pour se nourrir. Il est impor-tant de les connaître et de les observer pour les protéger.

CREDITS

Bibliographiedarmangeat, Pierre, Rapaces de France, UE, Artémis, 2000.

duperat, Maurice, Les aigles, Slova-quie, Artémis, 2006.

garguil, Philippe, Les oiseaux rapac-es, Luçon, Gisserot, 1990.

niColai, Jürgen, Rapaces diurnes et nocturnes, Cahors, Nathan, 1984.

Les oiseaux de Proie, UE, Editions At-las, 2002.

Photographiesiglesias Daniel