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F. Berger Cours spécialisé 2015-2016 LES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES AU XX e SIÈCLE. ASPECTS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET CULTURELS 3 janvier 1906 Contrat pédagogique Programme et plan général Documents Bibliographie Chronologie Le site support du cours (consultation indispensable pour chaque cours) http://francoiseberger.fr/IEP/RFA/ Identifiant : RFA code : 2015 Vous pouvez aussi y accéder via l’intranet Pour me contacter : [email protected] Bureau 116 (sur RV)

LES RELATIONS FRANCO ALLEMANDES AU XXe …...Les ambigüités de la Guerre froide Images et mythes 9. La place de la RDA dans les relations franco-allemandes Le refus de deux Allemagne

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F. Berger Cours spécialisé 2015-2016

LES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES AU XXe SIÈCLE.

ASPECTS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET CULTURELS

3 janvier 1906

Contrat pédagogique Programme et plan général

Documents Bibliographie Chronologie

Le site support du cours (consultation indispensable pour chaque cours) http://francoiseberger.fr/IEP/RFA/

Identifiant : RFA code : 2015 Vous pouvez aussi y accéder via l’intranet

Pour me contacter : [email protected] Bureau 116 (sur RV)

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 2

Sommaire

Contrat pédagogique 2 Bibliographie de base 3 Plan du cours 4 Bibliographie (dont ouvrages en allemand) 6 Sélections de documents 7

Conseils pour le commentaire de documents 54 Chronologie des relations franco-allemandes 55 Table des documents 66

Contrat pédagogique (et moral)

- Assiduité au cours.

- Travail régulier sur les manuels et vos notes, pour le cours et sur les polycopiés (documents de base) et le site (documents supplémentaires).

Évaluation finale

- Une ou deux questions courtes portant sur la compréhension des évènements dans leur contexte spécifique et de l’évolution des relations,

- un commentaire de document (choisi dans les documents du site ou du polycopié).

Voir la fiche de méthode de commentaire de document (p.54) et des exemples en ligne.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 3

Cours spécialisé

F. Berger

LES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES AU XXe SIÈCLE, ASPECTS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET CULTURELS

Description du cours

Les relations franco-allemandes ont longtemps été au cœur des équilibres géopolitiques européens et la mésentente des deux pays a contribué à l’éclatement de trois guerres en un siècle. Depuis la Seconde Guerre mondiale s’est progressivement construite entre les deux pays une relation privilégiée qui a conduit très rapidement, après la fin de la guerre, à la mise en œuvre de la construction européenne. Le «

couple franco-allemand », souvent sous le feu de l’actualité, reste aujourd’hui un moteur de l’Europe et un modèle de rapprochement politique et économique, même si l’élargissement récent de l’Union européenne en a modifié les équilibres. Ce cours propose de réfléchir à l’histoire et aux enjeux de ces relations franco-allemandes sur le « long vingtième siècle » (de 1870 à nos jours), à ses obstacles majeurs et à ses réussites, en s’appuyant sur de nombreux documents de toute nature qui en éclairent les différents aspects.

Le cours s’appuie sur un site internet, essentiel pour votre travail personnel

http://francoiseberger.fr/IEP/RFA/

Identifiant : RFA code : 2015

Vous pouvez aussi y accéder via l’intranet

L’ensemble des documents présentés lors de chaque séance s’y trouvera intégralement.

Vous y trouverez aussi des documents supplémentaires, des liens, des vidéos, etc., tout comme une bibliographie détaillée et des conseils de méthodes.

Bibliographie de base

(au choix) (livres disponibles en consultation sur place au CDI)

- Jacques Binoche, Histoire des relations franco-allemandes de 1789 à nos jours, A. Colin, 1996.

Coll. Histoire franco-allemande, PU du Septentrion, 2011/12 :

- Nicolas Beaupré, Le traumatisme de la Grande Guerre, 1918-1932/33, vol.8. - Corine Defrance et Ulrich Pfeil, Entre guerre froide et intégration européenne. Reconstruction et

rapprochement 1945 – 1963, vol.10. - Hélène Miard-Delacroix, Le défi européen de 1963 à nos jours, vol.11

- Gilbert Ziebura, Les relations franco-allemandes dans une Europe divisée. Mythes et réalités, et - Hans Stark, Martin Koopmann, Joachim Schild (dir.), Les relations franco-allemandes dans une

Europe unifiée. Réalisations et défis, PU de Bordeaux, 2012.

- Möller Horst, Morizet Jacques (dir.), Allemagne-France. Lieux et mémoire d’une histoire commune, Paris, 1995, 233 p.

- Jean-François Eck, Stefan Martens, et Sylvain Schirmann, L’économie, l’argent et les hommes : Les

relations franco-allemandes de 1871 à nos jours, La Documentation Française, 2009, 419 p. Pour les étudiants Erasmus :

Carine Germond / Henning Türk (dir.), A History of Franco-German Relations in Europe. From

Hereditary Enemies to Partners, Palgrave, 2008.

(en ligne sur le site)

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 4

Plan du cours

1ère

partie : Le poids de l’histoire (1870-1945)

1. Rancœurs et concurrence (1870-1914)

La défaite française de 1871 et ses conséquences politiques et économiques

Système d’alliances, stratégie française et crises européennes

Une normalisation progressive des relations économiques L’Allemagne des élites : entre fascination et répulsion

2. La grande déchirure (1914-1933)

Une grande déchirure et une haine tenace (1914-1924)

Détente et crise (1924-1933)

3. Les ambiguïtés et les affrontements de l’ère nazie (1933-1945)

Les relations diplomatiques des gouvernements français avec le gouvernement nazi (1933-

1939)

Les relations économiques de la France avec le régime nazi (1933-1939)

Occupation militaire et pillage économique (1939-1944)

2

ème partie : Relations et coopération après la Seconde Guerre mondiale sur fond de

Guerre froide

4. L’Occupation française et les débuts de la RFA 1945-1950

La France en ZFO : le contrôle politique

Comment reconstruire ?

- Des politiques qui semblent contradictoires - La remise en route des échanges économiques

L’enjeu de l’éducation et de la culture

5. La normalisation par l’Europe 1950-1958

De l’occupation à la normalisation par l’Europe

Un partenariat économique retrouvé

Les tentatives hésitantes de rapprochement après la Seconde Guerre mondiale

- Quelques « passeurs » - Jumelages et échanges

6. De Gaulle et l’Allemagne 1958-1969

Le retour au pouvoir du général de Gaulle et ses conséquences sur les relations franco-

allemandes

Le renforcement des liens économiques jusqu’à la crise (1955-1973)

L’enjeu de la jeunesse : convaincre la nouvelle génération 7. Le temps du franco-allemand, moteur de l’Europe 1969-1989

Le face à face Pompidou-Brandt (1969-1974)

Giscard d’Estaing, Schmidt et le « couple franco-allemand » (1974-1981)

L’ère « idyllique » Mitterrand-Kohl (1982-1989)

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 5

3ème partie : Les « autres » relations franco-allemandes

8. Quelle mémoire de la RDA en France ?

Un objet de recherche

Les ambigüités de la Guerre froide

Images et mythes

9. La place de la RDA dans les relations franco-allemandes

Le refus de deux Allemagne (1949-1973)

Une société qui évolue

La reconnaissance ne change pas véritablement la donne

4ème

partie : La France et l’Allemagne en Europe et face au monde depuis 1990

10. La France et l’Allemagne face au monde depuis 1990

Le choc de 1989-1990

Les relations franco-allemandes après la réunification

Un second choc : le retour de la guerre dans les Balkans

11. Les bonnes relations franco-allemandes : une obligation politique

La France, l’Allemagne et les États-Unis depuis 1990

Europe : les conséquences de l’ouverture à l’Est pour les relations franco-allemandes

La relance de la coopération politique franco-allemande

Les relations politiques franco-allemandes aujourd’hui

12. Bilan et perspectives

Présent et avenir des relations économiques franco-allemandes

- Un partenariat majeur, vital et sans cesse renforcé - Le développement d’espaces transfrontaliers - Les relations économiques franco-allemandes: aujourd’hui et demain

Les espoirs de la communication interculturelle

- Les barrières culturelles : comment améliorer les relations entre les deux sociétés - Le rapprochement culturel dans les régions transfrontalières

Conclusion : Quels projets communs pour l’avenir ?

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Bibliographie Vous trouverez en ligne, pour chaque chapitre, une bibliographie plus spécialisée (non indispensable, bien sûr, mais pour les amateurs…).

GÉNÉRALITÉS ET OUVRAGES DE BASE

Manuels de base

- Jacques BINOCHE, Histoire des relations franco-allemandes de 1789 à nos jours, A. Colin, 1996.

Coll. Histoire franco-allemande, PU du Septentrion, 2011/12 :

- Nicolas BEAUPRÉ, Le traumatisme de la Grande Guerre, 1918-1932/33, vol.8. - Corine DEFRANCE et Ulrich PFEIL, Entre guerre froide et intégration européenne. Reconstruction et

rapprochement 1945 – 1963, vol.10. - Hélène MIARD-DELACROIX, Le défi européen de 1963 à nos jours, vol.11

- Gilbert ZIEBURA, Les relations franco-allemandes dans une Europe divisée. Mythes et réalités, et - Hans STARK, Martin KOOPMANN, Joachim SCHILD (dir.), Les relations franco-allemandes dans une Europe

unifiée. Réalisations et défis, PU de Bordeaux, 2012.

On peut voir aussi :

- Jacques BARIÉTY, Raymond POIDEVIN, Les relations franco-allemandes : 1815-1975, A. Colin, 1977. - Laurent LEBLOND, Le couple franco-allemand depuis 1945 : chronique d’une relation exemplaire, Paris, Le

Monde-éditions, 1997.

Autres ouvrages généraux

- Horst MÖLLER, Jacques MORIZET (dir.), Allemagne-France. Lieux et mémoire d’une histoire

commune, Paris, 1995, 233 p.

- Jean-François ECK, Stefan MARTENS, et Sylvain SCHIRMANN, L’économie, l’argent et les hommes :

Les relations franco-allemandes de 1871 à nos jours, La Documentation Française, 2009, 419 p.

- Jacques LEENHARDT, Robert PICHT (dir.), Au jardin des malentendus. Le commerce franco-allemand des

idées, Actes Sud, Arles 1997.

Et aussi : - Cent ans de rapports franco-Allemand, Revue d’Allemagne, juillet-sept. 1972. - Michel GRUNEWALD, Jochen SCHLOSSBACH (dir.), Médiations. Aspects des relations franco-

allemandes du XVIIe siècle à nos jours, 2 vols, Berlin, 1992. - Gilbert KREBS (dir.), Sept décennies de relations franco-allemandes 1918-1988, Paris, 1989. - Henri MÉNUDIER (dir.), Le couple franco-allemand en Europe, Paris, 1993. - Raymond POIDEVIN, Péripéties franco-allemandes. Du milieu du XIX°S aux années 1950 (recueil

d’articles), Berne, 1995. - Alfred WAHL, Jean-Claude RICHEZ, L’Alsace entre la France et l’Allemagne (1850-1950), Hachette, 1994,.

En allemand (pour les germanistes avancés et les étudiants allemands) - COHEN Yves, MANFRASS Klaus, Frankreich und Deutschland. Forschung, Technologie und Industrielle

Entwicklung in 19. und 20. Jahrhundert, (actes du colloque de Paris, oct. 1987), München, 1990, 442 p. - Collectif, Vis à vis : Deutschland-Frankreich, Begleitbuch zur Ausstellung in Bonn/Paris, Köln, 1998. - HERRE Franz, Deutsche und Franzosen. Der lange Weg zur Freundschaft. Gustav Lübbe Verlag, Bergisch-

Gladbach 1983 - HÜTTENBERGER Peter, MOLITOR Hansgeorg (Hg.), Franzosen und Deutsche am Rhein. 1789-1918-

1945, Essen, Klartext-Verl., 1989. - KAELBLE Hartmut, Nachbarn am Rhein. Entfremdung und Annäherung der französischen und deutschen

Gesellschaft seit 1880, München, 1991. - KNIPPING Franz, WEISENFELD Ernst (Hg.), Eine ungewöhnliche Geschichte. Deutschland-Frankreich seit

1870, DFJW Taschenbuch, Europa Union Verlag, Bonn 1988. - KOLBOOM Ingo, Vom geteilten zum vereinten Deutschland. Deutschland-Bilder in Frankreich, Europa

Union Verlag, Bonn 1991 - PABST Winfried, Das Jahrhundert der deutsch-französischen Konfrontation. Ein Quellen- und Arbeitsbuch

zur deutsch-französischen Geschichte von 1866 bis heute, Hannover, 1983. - ZIEBURA Gilbert, Die deutsch-französischen Beziehungen seit 1945. Mythen und Realitäten, Stuttgart, 1997.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 7

DOCUMENTS

1ère

partie : Le poids de l’histoire (1870-1945)

1. Rancœurs et concurrence (1870-1914)

1. La " Dépêche d’Ems ", 13 juillet 1870.

Libellé authentique.

« Le comte Benedetti, qui a eu, ce matin, avec le roi, un entretien à la suite duquel un aide de camp a été envoyé au chargé d’affaires de France pour lui communiquer que le prince de Hohenzollern avait

confirmé par écrit au roi la renonciation de son fils, déclara qu’il avait reçu, après son entretien avec le roi, une nouvelle dépêche du duc de Gramont, par laquelle il était chargé de demander un nouvel entretien, afin que le roi : 1. approuvât la renonciation du prince ; 2. fournît l’assurance que cette candidature ne serait plus posée de nouveau à l’avenir. Le roi a envoyé encore une fois son aide de camp chez Benedetti, pour lui faire part de son approbation expresse de la renonciation; quant au second point, le roi s’en est référé à ce qu’il avait dit, le matin, à Benedetti. Néanmoins, Benedetti demanda un autre

entretien. Là-dessus, Sa Majesté m’envoya, pour la troisième fois, près du comte Benedetti, qui se trouvait à table, vers six heures du soir, pour lui répondre que Sa Majesté devait décidément refuser

d’entrer dans de nouvelles discussions au sujet de déclarations obligatoires pour l’avenir ; que ce

qu’il avait dit, ce matin, était son dernier mot dans cette affaire, et qu’il ne pouvait que s’y référer simplement. Là-dessus, Benedetti déclara se contenter, de son côté, de cette déclaration. »

Texte remanié par le chancelier Bismarck.

« Après que la nouvelle de la renonciation du prince de Hohenzollern a été officiellement communiquée au gouvernement français par celui de Madrid, l’ambassadeur de France a fait demander au roi de l’autoriser à télégraphier à Paris que Sa Majesté le roi s’obligeait pour toujours à ne jamais

donner de nouveau son consentement si les Hohenzollern venaient à reposer leur candidature. Après cela, Sa Majesté le roi a refusé de recevoir l’ambassadeur français et lui a fait dire par l’aide de camp de service que Sa Majesté n’avait plus rien à communiquer à l’ambassadeur. »

2. L’article 11 du traité de Francfort

Les traités de commerce avec les différents États de l’Allemagne ayant été annulés par la guerre, le gouvernement français et le gouvernement allemand prendront pour base de leurs relations commerciales le régime du traitement

réciproque sur le pied de la nation la plus favorisée. Sont compris dans cette règle les droits d’entrée et de sortie, le transit, les

formalités douanières, l’admission et le traitement des sujets des deux nations, ainsi que de leurs agents.

Toutefois, seront exceptées de la règle susdite les faveurs qu’une des Parties contractantes, par des traités de commerce, a accordées ou accordera à des États autres que ceux qui suivent: l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse,

l’Autriche, la Russie.

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3. Carte : Les conséquences territoriales du traité de Francfort

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4. Carte de l’Empire germanique en 1871

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5. Déclarations de Bismarck à l’ambassadeur de France (5 janvier 1879)

« Je ne veux plus d’annexions, je vous l’ai déjà dit : nous n’en avons fait que trop, à mon sens; je repousse donc les aventures et je tiens au calme et à la sécurité garantis par des rapports amicaux avec nos voisins, spécialement avec vous. On a beaucoup dit que j’étais favorable à la République en France parce que j’y voyais une cause de faiblesse pour votre pays (...). La vérité, c’est que la République, sage et modérée comme vous l’avez en ce moment, est, à mes yeux, une garantie de paix (...). Mais, je le répète, je crois qu’il faut au peuple

français (bien qu’il fasse preuve maintenant d’une grande sagesse) des satisfactions d’amour-propre, et je désire sincèrement lui voir obtenir celles qu’il peut rechercher dans le bassin de la Méditerranée, sa sphère d’expansion naturelle; plus il aura de succès de ce côté, moins il sera porté à faire valoir contre nous des griefs et des douleurs dont je ne discute pas la légitimité, mais qu’il n’est pas en notre pouvoir d’apaiser. »

6. L’encerclement de l’Allemagne (1906)

« En lisant les journaux français, j’ai été frappé des grands préparatifs militaires de la France depuis un an. On parle de centaines de millions dépensés dans ce but. Avec l’aide du Seigneur, j’ai réussi à tirer l’Allemagne de l’affaire du Maroc, en maintenant la paix, en sauvegardant complètement tous nos droits, nos intérêts et notre dignité. Selon toute prévision, nous allons avoir quelques années de paix et de tranquillité. Le besoin de paix est très grand dans le monde. Mais à vous, mon cher ami, je n’ai pas besoin de dire que la situation pourrait se modifier entièrement dans quelques années, et peut-être plus tôt, si les affaires prenaient une mauvaise tournure ; nous sommes entourés de beaucoup d’envie, de haine et d’animosité ; l’hostilité et la jalousie britanniques ont diminué, mais n’ont pas entièrement disparu.

En France, l’idée de revanche n’est pas éteinte, l’idée de reprendre l’Alsace-Lorraine, de se venger des défaites d’il y a cinquante ans, de reconquérir l’hégémonie en Europe, que la France a possédée de Henri IV à Napoléon III, pendant deux cent soixante-dix ans. Il est impossible de prévoir ce qui se passera en Russie. (…). Parmi nos alliés, l’Italie représente un facteur dont on n’est jamais absolument sûr ; et l’Autriche-Hongrie, en mettant les choses au mieux, sera longtemps encore aux prises avec de graves problèmes intérieurs.

Nous avons donc un devoir sacré : faire ce qu’il est humainement possible de faire, pour que

notre nation soit prête le jour où la tempête se déchaînerait. Le sort de la bataille, si elle vient, dépend de Dieu. Mais devant Dieu et devant l’histoire, nous sommes responsables de l’équipement de l’armée, afin que le jour où notre peuple s’engagerait sur le sentier de la guerre, ce soit avec un armement complet et parfait et avec toutes les chances de succès.

(…) Imitons les Français, qui s’arment dans le plus profond silence. Pas de discours provocateurs, pas d’agitations dirigées contre telle ou telle puissance, pas d’arguments de haute politique, pas de bruit inutile. Parler le moins possible de ces demandes éventuelles, soit avant, soit après le vote du budget, de façon à empêcher l’agitation créée par l’opposition. Les demandes devront être faites avec la plus grande pondération possible, avec des arguments techniques. Je vous fais observer expressément que l’Empereur ignore que je vous ai écrit. »

Source : Lettre du 1er juillet 1906, de von Bülow au ministre de la guerre von Einem, citée in Mémoires du chancelier prince de Bülow, Plon, 1930, tome II, pp. 231 -233.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 11

7. Le commerce franco-allemand (1893-1913)

Source : R. POIDEVIN, Les relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne de 1898 à 1914, A. Colin.

8. Intérêts allemands en France en 1914

Source : R. POIDEVIN, Les relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne de 1898 à 1914, A. Colin.

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9. Le jugement de l’ambassadeur de France (mai 1914)

« Les dernières lois militaires de l’Allemagne ont été la conséquence de deux faits que l’opinion en France n’a pas jugés comme on les jugeait ici. En premier lieu, l’Allemagne, qui aspirait à obtenir une part du Maroc et un port sur l’Atlantique, n’a rien obtenu sur l’Océan et elle a considéré comme un

échec grave l’issue des négociations de 1911, qu’elle a appelées un Olmutz. En second lieu, la guerre des Balkans lui a ouvert les yeux sur la faiblesse de l’Autriche dont elle est

arrivée à escompter la disparition comme le vrai moyen de se raccommoder avec la Russie. Elle ne s’est plus sentie assez forte; elle a donc voulu reconquérir la situation militaire éminente qu’elle considère comme obligée d’avoir pour se maintenir et pour s’imposer. Voilà pourquoi elle a augmenté son armée (...) sans qu’elle ait le dessein prémédité d’agression que notre opinion lui prête. (...) »

Dépêche de Jules Cambon, de Berlin, le 3 mai 1914, in Documents diplomatiques français, 3ème série, t.X.

10. Schéma : Les camps en présence en 1914

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 13

2. La grande déchirure (1914-1933)

11. La Première Guerre mondiale (carte)

12. Les débuts du « bourrage de crânes » (été 1914)

L’expression sera souvent utilisée par les soldats du front pour désigner les débordements nationalistes et les

fausses nouvelles publiées dans les journaux par les stratèges en chambre et les combattants des salles de

rédaction. Nous citerons ici des articles parus dans le Réveil de l’Auxois, qui fait partie d’un groupe de trois

hebdomadaires locaux très proches de L’Action française.

Le Réveil de l’Auxois, « Le billet de Junius », 4 septembre 1914

« Les Allemands, partout où ils passent, ravagent, détruisent, pillent, brûlent. Ils obéissent ainsi à la

vraie loi historique de leur race. Leurs armées seront toujours des hordes. Ces anthropoïdes sortis des forêts de la Germanie font en 1914 ce qu’ils ont fait en 18701, ce qu’ils faisaient au Moyen Age dans les villes italiennes, dont ils exigeaient rançon ; ce qu’ils faisaient dès les premiers siècles quand, faméliques, allumés de convoitise, ils se ruaient sur la civilisation, sur tout ce qui était homme, avait figure et culture humaine, avec des instincts de brute et des dents de loup. La seule différence entre

ceux d’aujourd’hui et leurs ancêtres primitifs, c’est que leur barbarie a mis des lunettes ; ils l’ont systématisée et, si je puis forger le mot, pédantisée. Leur Wolff est devenu Vulpius. Il est docteur, professeur d’université, et enseigne, dans on ne sait quelle aula1 déserte, à Goettingue ou à Tubingue, on

1 En fait durant la guerre de 1870-1871 on a relevé peu d’exactions graves, sauf des exécutions de francs-tireurs ; on observe davantage de brutalités durant l’été 1914 pendant l’avance allemande en Belgique et dans le nord de notre pays. 1 Dans certaines universités grande salles des actes et des fêtes.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 14

ne sait quelle science inutile. Mais c’est toujours le même animal, sans délicatesse d’âme et sans finesse d’esprit… » 2. Le Réveil de l’Auxois, « La Victoire ! », Maurice Barrès, de l’Académie française, 18 septembre 1914

« Joffre a lâché le mot. Le mot que nous attendions depuis quarante-quatre ans… Ils s’en retournent,

les Barbares, comme s’en retournèrent jadis le duc de Brunswick et Attila. Et nous, d’avoir par nous-mêmes, une fois de plus, assuré le salut du monde, quelle grandeur !… Ah ! que tous les langages les plus hauts et les plus vrais chez nous négligent leurs divergences, qu’ils s’unissent et composent une harmonie à mille voix pour exprimer le grand amour qui soulève nos cœurs, pour célébrer la défaite du

Mal, de la Barbarie, de la Bête qui s’affirme si odieuse au sein des hordes germaniques… » 3.

13. L’image du « Boche » dans les livres d’enfants

2 Les succès des universités allemandes dans les domaines scientifiques expliquent le reproche de pédantisme. Il est vrai aussi que certains universitaires allemands ont publié au même moment des textes nationalistes aussi agressifs que ceux-ci pour justifier les méthodes et les buts de leur gouvernement. 3 Le dernier texte salue l’annonce par Joffre de la victoire de la Marne, qui clôt la première phase de la guerre. Articles du

Réveil de l’Auxois, ADCO, PER 101 / 12.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 15

14. Carte des modifications des frontières de l’Allemagne après le traité de Versailles

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 16

15. Le point de vue de Georges Clemenceau

« Tous ces ratés de la politique et du journalisme sont là à dire : “Vous auriez dû faire ci, vous auriez dû

faire çà…”. J’aurais voulu les voir devant 1’Allemagne, devant l’Angleterre, devant les États-Unis, devant le monde, enfin !… Alors maintenant, on me dit : “Vous n’avez pas obtenu assez.” Et je prétends

que si, moi ! Que j’ai obtenu tout ce que logiquement je devais obtenir. (…) Le traité n’est pas fameux ; je suis tout prêt à le reconnaître. Mais, et la guerre ? A-t-elle été fameuse ? II a fallu quatre ans et je ne sais combien de nations pour venir à bout de l’Allemagne. Il a fallu chercher des alliés sur toute la surface du globe. On a touché le fond de l’abîme. Or la France

sort de là vivante, son territoire reconstitué, son empire colonial agrandi, l’Allemagne brisée, désarmée, sous la menace de nos canons. »

cité par J. MARTET, Le Silence de Clemenceau, 1929.

16. Les articles sensibles du traité de Versailles

Art. 42. II est interdit à l’Allemagne de maintenir ou de construire des fortifications soit sur la rive gauche du Rhin, soit sur la rive droite, à l’ouest d’une ligne tracée à 50 kilomètres de ce fleuve. Art. 43. Sont également interdits, dans la zone définie à l’article 42, l’entretien ou le rassemblement de forces armées, (…), aussi bien que toutes manœuvres militaires de quelque nature qu’elles soient et le maintien de toutes facilités matérielles de mobilisation. Art. 44. Au cas où l’Allemagne contreviendrait, de quelque manière que ce soit, aux dispositions des articles 42 et 43, elle serait considérée comme commettant un acte hostile vis-à-vis des Puissances signataires du présent Traité et comme cherchant à troubler la paix du monde.

Art. 227. Les puissances alliées et associées mettent en accusation publique Guillaume II de Hohenzollern, ex-empereur d’Allemagne, pour offense suprême contre la morale internationale et l’autorité sacrée des traités (…). Art. 228. Le gouvernement allemand reconnaît aux Puissances alliées et associées la liberté de traduire devant leurs tribunaux militaires les personnes accusées d’avoir commis des actes contraires aux lois et coutumes de la guerre (…).

Art. 231. Les Gouvernements alliés et associés déclarent, et l’Allemagne reconnaît, que l’Allemagne et

ses alliés sont responsables pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages subis par les Gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés.

17. Le ressentiment du vaincu

« Jamais n’a été infligée à un peuple, avec plus de brutalité, une paix aussi accablante et aussi

ignominieuse qu’au peuple allemand la paix honteuse de Versailles. Dans toutes les guerres des derniers siècles, des négociations entre vainqueur et vaincu avaient précédé la conclusion de la paix. (…)

Mais une paix sans négociations préalables, une paix dictée comme celle de Versailles, est aussi peu une vraie paix qu’il n’y a transfert de propriété quand un brigand renverse à terre un malheureux et le contraint ensuite à remettre son porte-monnaie. (…)

Pour garder le géant enchaîné, on a mis deux sbires à ses flancs, la Pologne et la Tchécoslovaquie, qui ont reçu le droit, conservé aussi par les États vainqueurs, d’augmenter librement leurs forces militaires, tandis que notre armée, autrefois la plus forte et la plus brave du monde, était réduite à n’être qu’une force de police à peine suffisante pour maintenir l’ordre intérieur. »

VON BÜLOW, Mémoires, t. 3, Plon, 1931.

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18. Les zones d’occupation alliées en Rhénanie en 1923 après l’occupation de la Ruhr (carte)

Repères : afin de contraindre l’Allemagne à payer ses "réparations", l’occupation de la Ruhr (vaste région

minière et sidérurgique du sud-ouest de l’Allemagne) fut décidée par R. Poincaré, ancien président français

(1913-1920) puis ministre des Affaires étrangères (1922-1924) et président de la Commission des Réparations.

Trois divisions franco-belges furent envoyées dans les principaux centres miniers de la Ruhr dès le 11 janvier

1923 afin de réquisitionner les productions minières et manufacturières. Les libertés de la population allemande

furent largement restreintes. Suite à l’élaboration du Plan Dawes (16.7-16.8.1924) - qui préconisait le versement

des réparations allemandes en fonction de la bonne santé de l’économie allemande à reconstruire - les troupes

franco-belges évacuèrent la Ruhr dès la fin de 1924.

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19. Extrait d’un ouvrage de géographie allemand (1923)

[...] Un peuple qui des siècles durant avait été l’objet d’imitations et de flatteries de l’étranger, devait se sentir vexé par tout ébranlement de sa position politique et culturelle. Ainsi s’expliquent sans doute, en partie du moins, la coquetterie démesurée et la vanité insensée des Français qui ont pris l’habitude de considérer chaque autre peuple cultivé comme étant de valeur inférieure ; de la coquetterie collective découle aussi le chauvinisme, la manie de la gloire. Après une guerre perdue, nous autres Allemands avons du mal à rendre justice au caractère français, [référence à l’ouvrage d’un Anglais]. En France, l’intelligence individuelle, comme le démontre la

grande habileté des Français, s’avère supérieure à celle de beaucoup d’autres peuples,

l’intelligence de la masse en revanche inférieure à celles d’autres nations. C’est par là qu’il faut expliquer l’oubli de faits politiques, qui ouvre la voie à la calomnie politique. [...] [...] malgré toute l’organisation démocratique, on montre un grand respect pour l’autorité que représentent les fonctionnaires. Le préfet, le sénateur et le député sont de petits dieux ; ce respect se combine pourtant avec un sens curieusement peu développé de la communauté. Le Français témoigne

d’une véritable prédilection pour la transgression des lois en toute impunité.

Une autre caractéristique du Français est sa grande patience, avec laquelle il supporte toutes les lourdeurs et chicanes de l’administration. Tout le monde a conscience de ce mal, mais personne ne songe à y remédier, de sorte qu’on ne peut pas procéder à des réformes, jusqu’à ce que cela devienne insupportable et soit changé au moyen d’une révolution. Mais si la France tâche d’asseoir son pouvoir exclusivement sur les baïonnettes des noirs qui, à l’avenir, par le biais d’un contingent armé de 200.000 hommes, feront partie, en permanence, de la population française de la métropole, cette arme peut facilement se retourner. Compte tenu du manque

de conscience raciale des Français, il existe également le risque d’un mélange, qui plus sûrement que toute autre chose saperait la " Grande Nation " et détruirait son importance culturelle. [fin du chapitre]

Extrait de: Erwin SCHEU, Frankreich. Breslau, Ferdinand Hirt (Jedermanns Bücherei), 1923, p. 120/1, 123, 127.

20. Stresemann dévoile au Kronprinz les buts de sa politique

(lettre du 7 septembre 1925)

«... Voici posée la question de notre entrée dans la Société des Nations. À mon avis, la politique de l’Allemagne a, pour le prochain avenir, trois grands buts. D’abord la solution de la question rhénane dans un sens tolérable pour l’Allemagne et l’assurance de vivre en paix, sans quoi l’Allemagne ne pourra pas recouvrer ses forces. En second lieu, la protection des dix à douze millions d’Allemands

qui vivent maintenant sous le joug étranger. Troisièmement, la rectification de nos frontières

orientales, reprise de Dantzig, du corridor polonais et modification du tracé de la frontière de Haute-Silésie. À plus longue échéance, rattachement de l’Autriche à l’Allemagne, bien que je me rende compte que ce rattachement ne soit pas de nature à n’apporter à l’Allemagne que des avantages, car il compliquera beaucoup le problème de notre organisation. Si nous voulons atteindre ces buts, il faut faire converger vers eux nos efforts. De là le pacte de

sécurité qui doit nous assurer la paix, notre frontière ouest étant dorénavant garantie par l’Angleterre et même, si Mussolini se met de la partie, par l’Italie. Ce pacte comporte de notre part un abandon, en ce sens que nous renonçons à un conflit armé avec la France pour reconquérir l’Alsace-Lorraine; mais cet abandon n’a qu’un intérêt théorique puisqu’en fait nous n’avons aucune possibilité de faire la guerre à la France. (…) Entrer dans la SDN ne signifie pas que nous options pour l’Ouest en tournant le dos à l’Est. On ne peut opter que quand on a derrière soi une force militaire. Malheureusement nous ne l’avons pas. Nous ne pouvons, ni être le mercenaire au service de l’Angleterre sur le continent, comme le croient certains, ni nous prêter à une alliance avec la Russie. Chercher les bonnes grâces du bolchevisme me paraît une utopie dangereuse. Si les Russes s’installent à Berlin, ils commenceront par arborer sur le château le drapeau rouge; puisque la Russie souhaite la révolution universelle, elle sera très heureuse

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d’avoir bolchevisé l’Europe jusqu’à l’Elbe et donnera le reste de l’Allemagne en pâture à la France. Nous sommes d’ailleurs parfaitement prêts à nous entendre sur une autre base avec l’État russe, qui, je crois, n’est pas au bout de son évolution, et nous n’avons pas du tout l’intention de nous vendre à l’Europe occidentale en entrant dans la SDN; c’est un fait au sujet duquel je serais heureux de m’entretenir un jour verbalement avec Votre Altesse impériale. Mais l’essentiel est le premier des points que j’énumérais tout à l’heure, la libération de notre sol, la disparition des troupes d’occupation; il faut tout d’abord que nos étrangleurs lâchent prise. C’est pourquoi la politique allemande devra pour commencer suivre la formule que Metternich, je crois, adoptait en Autriche après 1809: finasser et se dérober aux grandes décisions... »

Les papiers de Stresemann, Paris, Plon 1932, T. Il

21. Briand, pèlerin de la paix (1926)

« Ah ! Messieurs les ironistes, les détracteurs de la Société des nations, ceux qui se plaisent journellement à mettre en doute sa solidité et qui périodiquement annoncent sa disparition, que pensent-ils, s’ils assistent à cette séance? N’est-ce pas un spectacle émouvant, particulièrement édifiant et réconfortant, que, quelques années à peine après la plus effroyable guerre qui ait jamais bouleversé le monde, après que les champs de bataille sont encore presque humides de sang, les peuples, les mêmes

peuples qui se sont heurtés si rudement se rencontrent dans cette assemblée pacifique et

s’affirment mutuellement leur volonté commune de collaborer à l’œuvre de la paix universelle ?

Quelle espérance pour les peuples ! Et comme je connais des mères qui, après cette journée, reposeront leurs yeux sur leurs enfants sans sentir leur cœur se serrer d’angoisse. Messieurs, la paix, pour l’Allemagne et pour la France, cela veut dire : c’en est fini de la série des rencontres douloureuses et sanglantes dont toutes les pages de l’Histoire sont tachées; c’en est fini des longs voiles de deuil sur des souffrances qui ne s’apaiseront jamais; plus de guerres, plus de solutions brutales et sanglantes à nos différends! Certes, ils n’ont pas disparu, mais désormais, c’est le juge qui dira le droit. Comme les individus qui s’en vont régler leurs difficultés devant le magistrat, nous aussi, nous réglerons les nôtres par des procédures pacifiques. Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l’arbitrage et à la paix. »

Aristide Briand, Discours pour la réception de l’Allemagne à la SDN, le 10 septembre 1926.

22. L’Allemagne et le projet Briand d’Union européenne

Instructions adressées, le 10 juin 1930, aux ambassades allemandes par Curtius, ministre des Affaires

Étrangères.

Dans le Mémorandum [de Briand sur 1’Union européenne] la France se déclare en faveur de l’entente

européenne, mais fait dépendre cette entente de la satisfaction de ses buts nationaux à un point tel que son comportement, en vérité, conduit à contrecarrer plutôt qu’à faciliter le mouvement [européen]. Pour ce but, la France met à nouveau en avant l’idée de la sécurité, certainement dans l’espoir de continuer ainsi à trouver un écho au-delà même du cercle de ses alliés. La « sécurité » à la française - où il s’agit en fait de la stabilisation de l’ordre actuel, et avant tout des frontières des alliés de la France - est présentée, de même que dans l’affaire du désarmement, comme une condition préalable à une entente économique entre pays européens. Une Union européenne dans le cadre politique esquissé par Briand est pour nous inacceptable. Pour contrecarrer les projets français, nous devrons autant que possible montrer par notre comportement que le rôle essentiellement négatif est tenu par la France; nous le ferons sans nous laisser aller à un affrontement ouvert avec la France et sans laisser la discussion se transformer en une querelle franco-allemande...

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3. Les ambiguïtés et les affrontements de l’ère nazie (1933-1945)

23. Extrait d’un manuel de géographie français (20e édition 1935)

Le pays et la population

[...] Un peu lourd, moins vif que l’habitant des contrées méridionales, dont il n’a ni les élans d’enthousiasme ni la mobilité d’impressions, l’Allemand est laborieux et opiniâtre, sobre et

économe. Les conditions du sol et du climat n’ont pas peu contribué à lui imprimer ces qualités d’endurance et d’énergie, si bien que la volonté, tenace, patiente, habile à s’insinuer, est devenue un

des traits marquants du caractère national. C’est encore l’inclémence des saisons qui a développé l’amour de la famille, et de cette concentration au foyer domestique est venue la profondeur du

sentiment, le goût de l’étude, de la lecture et même de la pensée contemplative. D’autre part l’éducation par l’école et par le régiment, les traditions d’une bureaucratie soigneusement recrutée et l’ingérence gouvernementale agissent fortement sur la vie physique, intellectuelle et morale ; elles contribuent à inculquer à l’individu des habitudes d’exactitude et d’ordre, de méthode et de

discipline ; elles développent l’initiative, qui n’est pas une des qualités maîtresses, et, à un très haut degré, l’esprit d’association. Toutes les forces ainsi organisées et réglées sont mises en mouvement vers un but précis, à la fois noble et pratique : depuis le chef de l’État jusqu’au dernier des citoyens, chacun

se regarde comme l’ouvrier d’une œuvre commune, la grandeur de la Patrie allemande.

Extrait de: GIBERT (A.), TURLOT (G.), Les principales puissances économiques du monde (moins la France). Paris, Delagrave, 20ème édition 1935, 554 p. [p. 173]

24. Henri Lichtenberger (germaniste, professeur à la Sorbonne), L’Allemagne Nouvelle, 1936

« L’Allemagne qui, depuis tant d’années, montrait à l’étranger un visage de détresse et d’angoisse, a subi une métamorphose totale. Tous ceux qui ont visité le pays à ce moment ou écouté les récits des touristes, qui ont parcouru les journaux et les illustrés, qui ont écouté dans la T.S.F. l’écho des grandes manifestations, tous ont reçu l’impression qu’une grande partie des Allemands, en tous cas ceux qu’on voit et qu’on entend, ont retrouvé un courage et des espoirs nouveaux (...) ».

« Ceux qui, en France, considèrent à ce moment l’Allemagne avec leurs yeux de Français, et sous l’impression des récits des émigrés qui affluent chez nous, ont l’impression que le pays est soumis à

un régime de dictature, de contrainte, de terreur. Mais si l’on regarde ce qui se passe dans la rue, si l’on s’imprègne du sentiment de la foule, l’impression dominante sera toute différente ».

25. André Gide, préface à l’Avertissement à l’Europe (de Thomas Mann), 1936

« Sans doute le régime hitlérien actuel met en grand péril la culture; mais le pire danger, Thomas Mann le voit en ceci que, de nos jours, la raison est communément bafouée et que tend à paraître plus intelligent que l’être raisonnable celui qui, au nom de la Vie, nie la raison. »

26. Brasillach écrit: (Notre Avant-garde, 1937, p. 273)

« Devant ces décors graves et délicieux du romantisme ancien, devant cette floraison immense des drapeaux, devant ces croix venues d’Orient, je me demandais, le dernier jour, si tout était possible. On peut donner à un peuple plus de vigueur. Mais peut-on vouloir tout transformer jusqu’à inventer des

rites nouveaux, qui pénètrent à ce point la vie et le cœur des citoyens ? Je ne sais pas ce qu’était l’Allemagne de naguère. C’est aujourd’hui un mystérieux pays, plus loin de

nous que l’Inde et que la Chine. Le drapeau lui-même accentue cette étonnante impression orientale, et il faut faire effort pour s’apercevoir que quelques-unes des vertus remises en honneur - le travail, le sacrifice, l’amour de la patrie - font partie du patrimoine commun de tous les peuples tant on est surpris par les impressions de dépaysement et d’exotisme ».

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27. L’ambassadeur de France à Berlin François-Poncet s’interroge, après le coup de force hitlérien en

Rhénanie (mars 1936), sur l’évolution de l’attitude britannique.

« Quels sont donc les moyens que l’Europe pourrait employer pour contenir et réprimer les

appétits de M. Hitler et faire obstacle à sa volonté d’établir l’hégémonie allemande dans l’Europe centrale. Les chefs du national-socialisme, ou, du moins, les plus réfléchis d’entre eux, redoutent la

guerre car ils savent que leur pays n’est pas encore en mesure de résister victorieusement à la pression simultanée qu’auraient à subir divers secteurs de ses frontières. Mais ils sont persuadés, en même temps, que la SDN ne saurait prendre une initiative belliqueuse et que le peuple français, le seul qui pourrait en avoir l’idée, ne se battrait volontiers que pour défendre son propre sol. (…) Que la Société des Nations, et particulièrement la France et l’Angleterre, se montrent faibles comme elles l’ont été après le 14 octobre 1933 et le 16 mars 1935, elles accroîtront non seulement le prestige intérieur et extérieur d’Adolf Hitler, mais son ambition et sa hardiesse. Qu’elles soient énergiques et réagissent fortement, la guerre risque d’en résulter. De quelque côté qu’on s’efforce de les prévoir, les événements du proche avenir ne nous découvrent ainsi que des perspectives de la plus

grande gravité. (…) En contrepartie de la violation flagrante de l’accord de Locarno, le Chancelier a offert un ensemble de sept garanties. Pour un adversaire déterminé des pactes, qui venait de railler la pactomanie en face de ses fidèles députés, peut-être trouvera-t-on que M. Hitler est resté un peu prisonnier de cette forme d’organisation de la sécurité. En réalité, les garanties qu’il a imaginées sont, avant tout, destinées à séduire la Grande-Bretagne. Il n’a pas renoncé à gagner les sympathies du Royaume-Uni. Le 7 mars, au Reichstag, il a prodigué à celui-ci les politesses et les avances. Il a voté l’accord naval conclu l’été dernier; il a félicité de son sens réaliste et de son intelligence le seul peuple qui ait, jusqu’à présent, donné suite à ses propositions. (…) M. Hitler n’ignore pas l’idéalisme qui anime les clergymen, les vieilles dames, les ligues pacifistes, les intellectuels, les électeurs travaillistes d’outre-Manche. C’est en pensant à eux, à leur germanophilie

latente, à leur désir de récupérer la brebis perdue, qu’il a parlé de l’Europe comme d’une famille, des peuples occidentaux comme des enfants d’une même civilisation, et attesté son souci vivace des intérêts communs de leur culture. Il sait aussi que, dans ces milieux, la démilitarisation de la zone rhénane est

regardée comme contraire à la véritable égalité, à la justice absolue qui doit régner entre les nations, et qu’on en ferait son deuil volontiers, tandis qu’une extension et une généralisation des pactes englobant la Hollande, la Lituanie, la Tchécoslovaquie, éveilleraient des sentiments d’approbation et de gratitude. Mais plus encore, il compte que l’éventualité du retour de l’Allemagne à Genève les comblera d’aise, car c’est le but suprême qu’ils poursuivent. La parole du Führer, par l’évocation qu’elle permet d’une ère de réconciliation et de paix, devrait rendre, à leurs oreilles, le son le plus agréable. Elle devrait leur aller d’autant plus droit au cœur qu’elle a d’autre part, relégué dans le vague et le lointain les

revendications coloniales du Reich, si bien que cet embrassement final ne coûterait rien à l’Angleterre. C’est la France seule qui en paierait les frais. M. Hitler s’est-il trompé ? Les bien-pensants britanniques seront-ils plus choqués par la dénonciation brutale d’un accord librement accepté, par le coup de force qui a placé les signataires de Locarno devant un fait accompli, ou plus tentés par la perspective de nouveaux accords, plus beau que les anciens, conclus avec un partenaire qui vient de montrer l’importance qu’il attribuait à sa propre signature ? Si l’Angleterre mollit, si elle cède, M. Hitler aura gagné. Si elle défend le droit et la morale, le cas de M. Hitler deviendra mauvais. »

André François-Poncet, ambassadeur de France à Berlin, à Flandin, ministre des Affaires étrangères. Dépêche no 428 du 9 mars 1936. Documents diplomatiques français, IIe Série (1936-1939), Tome 1, pp 461.

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28. Évolution du commerce franco-allemand 1930-1938

(en millions de francs courants)

29. Une capitulation totale des démocraties (1938)

« Le partage de la Tchécoslovaquie, sous la pression de l’Angleterre et de la France, équivaut à une capitulation totale des démocraties occidentales devant la menace des nazis d’employer la force. Un tel écroulement n’apportera ni la paix ni la sécurité à l’Angleterre et à la France. Au contraire, il place ces deux nations dans une situation encore plus faible et plus dangereuse. Le simple fait que la Tchécoslovaquie soit neutralisée entraîne la libération de 25 divisions allemandes qui pèseront sur le front occidental en outre, elle ouvre aux nazis triomphants la route de la mer Noire. Ce n’est pas la Tchécoslovaquie seule qui se trouve menacée, mais également la liberté et la démocratie dans toutes les nations. Croire que l’on peut obtenir la sécurité en jetant un petit État en pâture aux loups est une

illusion fatale. Bientôt, en effet, l’Allemagne développera son potentiel de guerre plus rapidement qu’il ne sera possible à la Grande-Bretagne et à la France de compléter leurs préparatifs de défense. »

Discours aux Communes de Winston Churchill, le 21 septembre 1938.

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Importations françaises

Importations allemandes

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30. Le Reich nazi de 1937 à son apogée en 1942

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31. La recomposition territoriale de la France occupée (1940-1944)

Source : Bariéty (thèse)

32. « J’entre, aujourd’hui, dans la voie de la collaboration. » Discours de Pétain radiodiffusé le 30

octobre 1940.

Français, J’ai rencontré jeudi dernier, le chancelier du Reich(1).

Cette rencontre a suscité des espérances et

provoqué des inquiétudes. Je vous dois à ce sujet quelques explications. Une telle entrevue n’a été possible, quatre mois après la défaite de nos armes, que grâce à la dignité des Français devant l’épreuve. (...) La France s’est ressaisie. Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu marque le premier redressement de notre pays. C’est librement que je me suis rendu à l’invitation du Führer. Je n’ai subi de sa part, aucun diktat, aucune pression. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J’en ai accepté le principe. Les modalités en seront discutées ultérieurement. À tous ceux qui attendent aujourd’hui le salut de la France, je tiens à dire que ce salut est d’abord entre nos mains. À tous ceux que de nobles scrupules tiendraient éloignés de notre pensée, je tiens à dire que le premier devoir de tous les Français est d’avoir confiance. (...) C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française - une unité de dix siècles - dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen que j’entre,

aujourd’hui, dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d’occupation. Ainsi pourraient être assouplie la ligne de démarcation et facilités l’administration et le ravitaillement du territoire. Cette collaboration doit être sincère. Elle doit être exclusive de toute pensée d’agression. Elle doit comporter un effort patient et confiant. L’armistice, au demeurant, n’est pas la paix. La France est tenue par des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur. Du moins reste-t-elle souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d’éteindre les divergences de l’opinion, de réduire les dissidences de ses colonies. Cette

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politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C’est moi seul que l’Histoire jugera. Je vous ai tenu jusqu’ici le langage d’un père. Je vous tiens aujourd’hui le langage du chef. Suivez-moi. Gardez confiance en la France éternelle.

Pierre Milza, Sources de la France du XXème

siècle, textes essentiels, Larousse, 1997. (1) A Montoire.

33. Laval : Discours du 22 juin 1942

Nous avons eu tort, en 1939, de faire la guerre. Nous avons eu tort, en 1918, au lendemain de la victoire, de ne pas organiser une paix d’entente avec l’Allemagne. Aujourd’hui, nous devons essayer de le

faire. Nous devons épuiser tous les moyens pour trouver la base d’une réconciliation définitive. Je ne me résous pas, pour ma part, à voir tous les vingt-cinq ou trente ans la jeunesse de nos pays fauchée sur les champs de bataille. Pour qui et pourquoi ? Ma présence au gouvernement a une signification qui n’échappe à personne, ni en France, ni à l’étranger. J’ai la volonté de rétablir avec l’Allemagne et avec l’Italie des relations normales et

confiantes. De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe. On parle souvent d’Europe, c’est un mot auquel, en France, on n’est pas encore très habitué. On aime son pays parce qu’on aime son village. Pour moi, Français, je voudrais que demain nous puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera digne d’elle. Pour construire cette Europe, l’Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. Elle doit, avec d’autres, consentir d’immenses sacrifices. Et elle ne ménage pas le sang de sa jeunesse. Pour la jeter dans la bataille, elle va la chercher dans les usines et aux champs. Je souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain,

s’installerait partout. Ainsi donc, comme je vous le disais le 20 avril dernier, nous voilà placés devant cette alternative : ou bien nous intégrer, notre honneur et nos intérêts vitaux étant respectés, dans une Europe nouvelle et pacifiée, ou bien nous résigner à voir disparaître notre civilisation. Je veux être toujours vrai. Je ne peux rien faire pour vous sans vous. Nul ne saurait sauver une nation inerte ou rétive. Seule, l’adhésion du pays peut faire d’une politique sensée une politique féconde. Je sais l’effort que certains d’entre vous doivent faire pour admettre cette politique. L’éducation que nous avons généralement reçue dans le passé ne nous préparait guère à cette entente indispensable. J’ai toujours trop aimé mon pays pour me soucier d’être populaire. J’ai à remplir mon rôle de chef. Quand je vous dis que cette politique est la seule qui puisse assurer le salut de la France et garantir

son développement dans la paix future, vous devez me croire et me suivre (...)."

Pierre Laval, discours du 22 juin 1942, cité in "Les Nouveaux Temps", 24 juin 1942.

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34. Les quatre „actions de Sauckel“ en France (1942-1944)

Exigences allemandes Mesures françaises Résultats 1ère action de Sauckel

(Juin-Déc. 1942)

250 000 hommes (dont 150 000 ouvriers spécialisés)

La « Relève » (22 juin 1942)

1ère mesure de force (4 sept. 1942)

240 000 (dont 135 000 ouvriers spécialisés)

2ème action de Sauckel

(Janvier - Avril 1943)

250 000 hommes (dont 150 000 ouvriers spécialisés)

Loi sur le STO (16 Février 1943) 250 259 (dont 135 000 ouvriers spécialisés)

3ème action de Sauckel (mai-octobre

1943) 240 000 (dont 135 000 ouvriers spécialisés)

Application plus sévère et renforcement du STO

105 610

Septembre 1943: accords entre Speer et Bichelonne (interruption du recrutement)

4. Sauckel-Aktion

(Janvier-Juin 1944) 1 million de femmes et hommes

Loi du 1er février 1944: extension de la loi du 4 sept. 1942, actions de "passage au peigne"

entre 36 000 et 50 000

au total 1 625 000 env. 650 000

2ème

partie : Relations et coopération après la Seconde Guerre mondiale sur fond de Guerre froide

4. L’Occupation française et les débuts de la RFA 1945-1950

35. Les commentaires français officieux sur le communiqué de Potsdam, Combat, 4 août 1945

Le communiqué de Potsdam a fait hier l’objet d’un échange de vues au Conseil des Ministres. Voici comment on peut résumer le point de vue français officiel : les solutions apportées par les Trois sur

la plupart des questions semblent incomplètes et provisoires.

En ce qui concerne l’Autriche, notamment, l’opposition entre les Américains et les Russes sur le régime à lui appliquer n’a pas été surmontée. Les Russes entendent considérer l’Autriche de la même façon que l’Allemagne, c’est-à-dire comme un pays vaincu, et lui faire supporter le poids des réparations, alors que les Américains voudraient lui octroyer un traitement privilégié. En outre, les Trois ont laissé en suspens l’affaire des Détroits et, s’ils ont beaucoup parlé des réparations, il est évident que leurs suggestions ne brillent pas par la clarté. Après cette impression générale, entrons dans le détail.

Le Gouvernement français se déclare satisfait de la constitution d’un conseil permanent des cinq

ministres des Affaires étrangères, qui n’aura pas seulement à s’occuper de l’élaboration des traités de paix, mais encore de toutes les suggestions ou observations qui lui seront présentées. Et il voit dans la présence de la Chine à ce Conseil, prévu pour la mise au point des affaires européennes, la garantie de sa participation ultérieure au règlement des problèmes du Pacifique. Ce n’est pas tout : le Gouvernement français approuve les décisions prises à Potsdam au sujet du désarmement de l’Allemagne, de l’épuration, menée jusqu’à son terme, des éléments nazis, de la politique de décentralisation administrative et, plus particulièrement, de l’aide qu’on se propose de fournir à des gouvernements de caractère local. Voilà pour l’actif.

Mais, par-dessus tout, les milieux officiels estiment que, malgré les avantages qui lui sont concédés pour l’avenir et qui ne sont que trop naturels, la France subit encore l’hypothèque de Yalta. Car le système de Yalta se survit. En effet, si les cinq ministres des Affaires étrangères sont en difficultés, les

Trois se réservent la possibilité de tenir des réunions particulières. D’autre part, le Gouvernement français proteste contre son exclusion du règlement des questions

balkaniques et de l’Europe orientale sous prétexte que la France n’a pas été partie aux armistices conclus avec les pays intéressés. Et si on l’a invitée à dire son avis lors de la discussion du traité de paix

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avec l’Italie, l’invitation qu’on lui a adressée lui paraît quelque peu cavalière.

Inquiétudes à propos de l’Allemagne

Mais, par-dessus tout, les milieux officiels s’inquiètent de certaines tendances qui se font jour dans la

politique des Alliés à l’égard de l’Allemagne : 1°) La reconstitution des partis politiques dans l’ancien Reich leur semble de nature à favoriser le

maintien de l’unité allemande; 2°) De même, le rétablissement d’une administration centrale en Allemagne. Ne va-t-on pas

jusqu’à proposer le terme de « Secrétaire d’État », pour désigner les hauts fonctionnaires de cette administration ?

3°) Enfin, on parle d’un gouvernement central allemand comme s’il s’agissait d’une décision à prendre demain;

4°) En ce qui concerne les réparations, la France siégera dès la semaine prochaine à la Commission de Moscou. Elle s’en félicite, mais devant les résultats obtenus en cette matière, elle regrette qu’on ne l’ait pas consultée plus tôt. Toutefois mieux vaut tard que jamais !

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36. Discours de Charles de Gaulle (Bar-le-Duc, 28 juillet 1946)

« (…) Le drame de la guerre de trente ans, que nous venons de gagner, a comporté maintes péripéties et vu entrer et sortir maints acteurs. Nous autres, Français, sommes de ceux qui restèrent toujours sur la

scène et ne changèrent jamais de camp. Les circonstances ont pu nous contraindre à varier notre tactique, tantôt au grand jour des champs de bataille, tantôt dans la nuit de la clandestinité. Mais nous ne

comptons finalement qu’une seule sorte d’anciens combattants. Ceux des nôtres qui, naguère, attaquèrent sur la Marne, sur l’Yser ou sur le Vardar, ne différaient en rien de ceux qui, hier, s’accrochaient à la Somme, s’acharnaient à Bir-Hakeim, prenaient Rome, défendaient le Vercors ou libéraient l’Alsace. Les douloureuses victimes des villages martyrs de la vallée de la Saulx sont tombées pour la même cause que les glorieux soldats ensevelis à Douaumont. Qu’eussent été le caractère et

l’issue de cette guerre si, du premier au dernier jour, elle n’avait été française en même temps que

mondiale ? Que serait demain la paix si elle ne devait être la paix de la France aussi bien que celle des autres ?

La paix de la France c’est, tout d’abord, le règlement du sort de l’Allemagne. En l’espace d’une vie d’homme nous avons été trois fois envahis par nos voisins d’outre-Rhin. Ils n’y ont, en définitive, certes pas gagné grand-chose. Mais nous y avons beaucoup perdu, au point qu’aujourd’hui, du fait de nos blessures, l’équilibre du monde se trouve compromis.

Il est vrai que l’Allemagne, décimée à son tour dans sa population, ravagée dans ses villes, ses mines, ses usines, moralement chancelante sous le poids de ses crimes et de ses malheurs, occupée par de puissantes armées, n’est plus un sujet d’alarme immédiate pour les nations qui doivent bâtir la paix. Mais, après une guerre de trente ans, on ne fait pas la paix pour l’immédiat. Quelles que soient ses épreuves, l’Allemagne demeure l’Allemagne, c’est-à-dire un grand peuple, massivement installé au

cœur de l’Europe, qui dans l’abîme se souvient des sommets et que le démon de la guerre pourrait

encore tenter un jour si la chance lui était offerte de retrouver sa grandeur en conjuguant son ambition avec celle de quelqu’un d’autre. Pour mettre l’Allemagne, comme on dit « hors d’état de nuire », il ne suffit pas d’empêcher qu’elle soit directement menaçante, il faut encore faire en sorte qu’elle ne puisse être ni tentatrice, ni tentée. Sinon, malheur, une fois de plus, aux fils et aux filles des hommes !

C’est pourquoi la France a, vis-à-vis d’elle-même et vis-à-vis des autres, le devoir de s’opposer à ce

que l’Allemagne redevienne l’État unifié et centralisé, bref le Reich, dont l’armature et l’impulsion furent toujours les conditions de ses belliqueuses entreprises. Alors que l’esprit de la paix ne souffle encore que bien timidement, alors que la coopération internationale n’est même pas sortie des querelles de procédure et qu’il n’est que trop évident qu’il lui faudra beaucoup de temps pour s’établir et pour régner, alors surtout qu’il existe entre les Puissances victorieuses des divisions dont nul ne peut dire à quoi elles aboutiront, comment pourrions-nous admettre que l’on rebâtisse maintenant, soit

politiquement, soit économiquement, - ce qui reviendrait vite au même, - l’instrument qui fut celui

de Bismarck, de Guillaume Il et d’Hitler ?

La solution de la France, pour un accord sincère, pratique, humain, au sujet de l’Allemagne, est une solution simple et chacun la connaît. Laisser les diverses et traditionnelles entités germaniques: la Prusse, la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg, le Pays de Bade, les Hesse, le Palatinat, la Province Rhénane, les Provinces Nord-Occidentales, se ressaisir, s’administrer, s’orienter chacune pour son compte et à sa manière. Placer sous autorité internationale l’immense arsenal de la Ruhr, non point pour priver les populations allemandes de ce dont elles ont besoin, mais pour répartir entre elles et entre les nations voisines le charbon nécessaire à la vie économique de tous. Faire entrer dans l’économie

française le bassin de la Sarre, dont une grande partie nous fut jadis arrachée, dont le traité de Versailles nous donnait les charbonnages et dont le développement se conjugue naturellement avec celui de nos mines de fer. (…)

Faute de pouvoir faire adopter une solution de cette sorte, nous ne saurions évidemment nous

dispenser d’agir dans notre zone d’occupation suivant nos droits et nos intérêts, comme, d’ailleurs, parait-il, nos alliés, de leur côté, ont décidé de le faire. Mais le peuple français doit mesurer ce qu’a de trouble la discordance des vainqueurs à propos de l’Allemagne vaincue dans la situation où se trouve aujourd’hui l’univers. (…)

Charles de GAULLE, Discours et messages, T.II : Dans l’attente 1946-1958, Plon, 1970, p. 12-17.

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5. La normalisation par l’Europe 1950-1958

37. La proposition Adenauer (7 mars 1950)

Pour dépasser ce stade où prévalaient immobilisme et méfiance, pour faire un pas décisif en avant, j’exposai le 7 mars [1950] mon projet d’union européenne au journaliste Kingsbury-Smith, tout en me rendant parfaitement compte que l’idée était osée et sa mise en œuvre difficile. Mais cela ne devait pas empêcher d’y travailler résolument. (…) Au cours de l’entretien je proposai donc une union

complète de la France et de l’Allemagne, la présentant comme le moyen d’éliminer toutes les

divergences non seulement au sujet de la Sarre, mais aussi d’autres problèmes, et comme la pierre

angulaire des États-Unis d’Europe. (…) Une union entre la France et l’Allemagne donnerait une vie nouvelle et une puissante impulsion à l’Europe qui est gravement malade. Son influence psychologique et matérielle serait considérable et elle libérerait des forces qui sauveraient assurément l’Europe. Je crois que c’est la seule possibilité d’arriver à unifier celle-ci. Par un tel moyen, les rivalités entre les deux pays s’effaceraient.

Konrad Adenauer, Mémoires 1945-1953, Paris, Hachette, 1965, pages 312 et 313.

38. La proposition Schuman (9 mai 1950)

Déclaration de M. Robert Schuman, Ministre des Affaires Étrangères, Paris, le 9 mai 1950, in Notes et Études

Documentaires, 13 juin 1950 (voir le texte intégral sur le site)

« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des

dangers qui la menacent. La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d’une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L’Europe

n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de

fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de

l’Allemagne soit éliminée : l’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne. Dans ce but, le gouvernement français propose de porter immédiatement l’action sur un point limité mais décisif :

Le gouvernement français propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de

charbon et d’acier, sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la

participation des autres pays d’Europe. (…) La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et

l’Allemagne devient non seulement impensable mais matériellement impossible. (…) Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir

des négociations sur les bases suivantes : la mission impartie à la Haute Autorité commune sera d’assurer dans les délais les plus rapides :

- la modernisation de la production et l’amélioration de sa qualité ; - la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l’acier sur le marché français et sur le

marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents; - le développement de l’exportation commune vers les autres pays; - l’égalisation dans le progrès des conditions de vie de la main d’œuvre de ces industries. (…)

Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l’objet d’un traité signé entre les

États et soumis à la ratification des Parlements. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d’application seront poursuivies avec l’assistance d’un arbitre désigné d’un commun accord. Celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d’opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée.

(…) L’institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l’exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l’autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l’Allemagne, tant que celles-ci subsisteront. »

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39. Nature du commerce bilatéral

40. Les accords de Paris (octobre 1954)

L’article premier abroge le statut d’occupation et affirme que

« La République fédérale exercera la pleine autorité d’un État souverain sur ses affaires intérieures et extérieures ».

Mais l’article 2 apporte aussitôt de sérieuses restrictions :

« En raison de la situation internationale qui a, jusqu’à ce jour, empêché la réunification de l’Allemagne et la conclusion d’un règlement de paix, les trois Puissances se réservent les droits et les

responsabilités antérieurement exercés ou détenus par elles en ce qui concerne Berlin et

l’Allemagne dans son ensemble, y compris la réunification de l’Allemagne et un règlement de paix. Les droits et les responsabilités que se réservent les trois Puissances en ce qui concerne le stationnement des forces armées en Allemagne et la protection de leur sécurité font l’objet des articles 4 et 5 de la présente Convention. »

La souveraineté est donc complète – sauf pour le problème national.

De plus, l’article 5 précise que les Trois peuvent prendre toutes sortes de mesures pour « faire face à une atteinte grave portée à la sécurité et à l’ordre public », du moins jusqu’à l’entrée en vigueur d’une

législation allemande sur l’état d’urgence (Notstandgesetzgebung), adoptée après de longues querelles

par le gouvernement de grande coalition.

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41. Balance commerciale 1949-1955

6. De Gaulle et l’Allemagne 1958-1969

42. De Gaulle : Allocution à la jeunesse (1962)

Le 9 septembre 1962, dans la cour du château de Ludwigsburg, le général de Gaulle prononce une

allocution qui s’adresse à la jeunesse allemande.

Quant à vous, je vous félicite ! Je vous félicite, d’abord, d’être jeunes. Il n’est que de voir cette flamme dans vos yeux, d’entendre la vigueur de vos témoignages, de discerner ce que chacun de vous recèle d’ardeur personnelle et ce que votre ensemble représente d’essor collectif, pour savoir que, devant votre élan, la vie n’a qu’à bien se tenir et que l’avenir est à vous.

Je vous félicite, ensuite, d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple. Oui ! d’un grand peuple ! qui parfois, au cours de son Histoire, a commis de grandes fautes et causé

de grands malheurs condamnables et condamnés. Mais qui, d’autre part, répandit de par le monde

des vagues fécondes de pensée, de science, d’art, de philosophie, enrichit l’univers des produits innombrables de son invention, de sa technique et de son travail, déploya dans les œuvres de la paix et

dans les épreuves de la guerre des trésors de courage, de discipline, d’organisation. Sachez que le peuple français n’hésite pas à le reconnaître, lui qui sait ce que c’est qu’entreprendre, faire effort, donner et souffrir.

Je vous félicite enfin d’être des jeunes de ce temps. Au moment même où débute votre activité, notre espèce commence une vie nouvelle. Sous l’impulsion d’une force obscure, en vertu d’on ne sait quelle loi, tout ce qui la concerne dans le domaine matériel se transforme suivant un rythme constamment accéléré. Votre génération voit et, sans doute, continuera de voir se multiplier les résultats combinés des découvertes des savants et de l’agencement des machines qui modifient profondément la condition physique des hommes. Mais le champ nouveau et prodigieux qui s’ouvre ainsi devant vos existences, c’est à ceux qui ont aujourd’hui votre âge qu’il appartient de faire en sorte qu’il devienne la conquête, non de quelques privilégiés, mais de tous nos frères les hommes. Ayez l’ambition que le

progrès soit le bien commun, que chacun en ait sa part, qu’il permette d’accroître le beau, le juste et le bon, partout et notamment dans les pays qui, comme les nôtres, font la civilisation, qu’il procure aux milliards d’habitants des régions sous-développées de quoi vaincre à leur tour la faim, la misère, l’ignorance et accéder à une pleine dignité.

Mais la vie du monde est dangereuse. Elle l’est d’autant plus que, comme toujours, l’enjeu est moral

et social. Il s’agit de savoir si, à mesure de la transformation du siècle, l’homme deviendra, ou non,

un esclave de la collectivité, s’il sera réduit, ou non, à l’état de rouage engrené à tout instant par une

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immense termitière ou si, au contraire, il voudra et saura maîtriser et utiliser les progrès de l’ordre matériel pour devenir plus libre, plus digne et meilleur.

Charles de Gaulle, 9 septembre 1962, in Discours et Messages, vol.4, Plon.

43. Déclaration de Charles de Gaulle au Conseil des ministres du 12 septembre 1962

Il n’y aucune raison de penser que les Allemands soient disponibles pour l’aventure et le malheur. Ils sont disposés à nous entendre, sinon à nous suivre. Leur politique est incertaine. Les seules certitudes : ils ne veulent pas être envahis ; ils veulent l’Europe ; mais qu’au sein de l’Europe, entre

eux et nous, il y ait quelque chose de singulier. Il y a donc eu un gentlemen’s agreement entre le Chancelier et le général de Gaulle. Schroeder et Strauss y ont adhéré avec plus ou moins de bonne grâce.

La coopération pratique est à développer entre nous sans aucun doute. Un concert beaucoup plus étroit des diplomaties, pour les rapports Est-Ouest, pour Berlin, pour le Marché commun, pour les relations avec la Grande-Bretagne et autres …, pour les relations avec les pays sous-développés - Afrique et Amérique du Sud.

Pour l’éducation, les Allemands voudraient qu’on favorise, de part et d’autre, l’enseignement des

deux langues, ce qui serait bien profitable pour la défense du français comme de l’allemand ; et surtout, ils ont un immense désir de rapprochement des jeunes, de jumelages, d’échanges de mouvements de jeunesse. On va leur faire des propositions.

Cité par Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Fayard, 1994, p. 163.

44. Déclaration commune du 22 janvier 1963

Voir le texte complet du Traité sur le site

Le Général de Gaulle, Président de la République française, et le Dr. Konrad Adenauer, Chancelier de

la République fédérale d’Allemagne,

À l’issue de la Conférence qui s’est tenue à Paris les 21 et 22 janvier 1963 et à laquelle ont assisté, du

côté français, le Premier Ministre, le Ministre des Affaires étrangères, le Ministre des Armées et le

Ministre de l’Éducation nationale; du côté allemand, le Ministre des Affaires étrangères, le Ministre de

la Défense et le Ministre de la Famille et de la Jeunesse.

Convaincus que la réconciliation du peuple allemand et du peuple français, mettant fin à une rivalité séculaire, constitue un événement historique qui transforme profondément les relations entre les deux peuples, Conscients de la solidarité qui unit les deux peuples tant du point de vue de leur sécurité que du point de vue de leur développement économique et culturel, Constatant en particulier que la jeunesse a pris conscience de cette solidarité et se trouve appelée à jouer un rôle déterminant dans la consolidation de l’amitié franco-allemande, Reconnaissant qu’un renforcement de la coopération entre les deux pays constitue une étape

indispensable sur la voie de l’Europe unie, qui est le but des deux peuples, Ont donné leur accord à l’organisation et aux principes de la coopération entre les deux États tels qu’ils sont repris dans le Traité signé en date de ce jour.

FAIT à Paris, le 22 janvier 1963, en double exemplaire en langue allemande et en langue française.

Le Chancelier fédéral de la République fédérale d’Allemagne: ADENAUER

Le Président de la République française : DE GAULLE

45. Préambule à la loi de ratification adopté par le Bundestag 16 mai 1963

Convaincu que le traité du 22 janvier 1963 entre la République fédérale d’Allemagne et la République française approfondira et concrétisera la réconciliation et l’amitié entre le peuple allemand et le peuple français; constatant que ce traité n’affecte pas les droits et obligations découlant des traités multilatéraux conclus

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 33

par la République fédérale d’Allemagne;

décidé à servir par l’application de ce traité les grandes tâches qui dirigent la politique de la

République fédérale d’Allemagne et qu’elle préconise depuis des années en commun avec les autres pays alliés avec elle, à savoir:

- le maintien et la consolidation de l’entente entre les peuples libres, avec une coopération

particulièrement étroite entre l’Europe et les États-Unis d’Amérique, l’application du droit d’autodétermination au peuple allemand et le rétablissement de l’unité allemande, la défense

commune dans le cadre de l’Alliance de l’Atlantique nord et l’intégration des forces des pays

appartenant à cette Alliance, - l’unification de l’Europe en suivant la voie amorcée par la création des Communautés européennes et en incluant la Grande-Bretagne ainsi que les autres pays disposés à une adhésion, et la consolidation de ces Communautés, - la suppression des barrières douanières par des négociations menées entre la Communauté économique européenne, la Grande-Bretagne, les États-Unis d’Amérique, ainsi que d’autres pays, dans le cadre de « l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce »;

Conscient qu’une coopération germano-française axée sur ces buts profitera à tous les peuples, servira la paix dans le monde et, par-là, servira en même temps les intérêts des peuples allemand et français;

Le Bundestag a adopté la loi suivante: Article premier

La déclaration commune signée à Paris le 22 janvier 1963 entre le chancelier de la République fédérale d’Allemagne d’une part, et le président de la République française d’autre part, de même que

le traité entre la République fédérale d’Allemagne et la République française concernant les relations

franco-allemandes sont approuvés. La déclaration commune et le traité seront publiés. (...)

46. Solde de la balance commerciale (1946-1970)

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47. Nature du commerce bilatéral (1955-1964)

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7. Le temps du franco-allemand, moteur de l’Europe 1969-1989

48. Conférence de presse du Président de la République Georges Pompidou, 21 janvier 1971.

Question : Monsieur le Président, estimez-vous que la politique du chancelier Brandt peut faciliter la

construction d’une Europe telle que vous la définissiez à Strasbourg ?

Réponse : Si je croyais le contraire, Madame, les entretiens que j’aurai demain avec le chancelier Brandt risqueraient d’être difficiles. Mais je crois profondément que la politique de rapprochement avec l’Est qu’a entreprise le chancelier Brandt est dans l’intérêt général de l’Europe, de l’Europe de l’Ouest, de l’Europe de l’Est et de l’Europe toute entière. Je le crois. Il va de soi que je lis partout que la France redoute la puissance économique allemande. Bien entendu, les nations sont comme tout le monde, et

l’on préfère avoir des voisins moins grands que des voisins trop grands. Mais nous ne nous inquiétons nullement de la puissance économique allemande, et je dirai même que nous préférons

que ce soit la forme moderne de la puissance allemande. Ce qui est important pour nous, c’est de faire que notre puissance économique nous permette de faire face à cette concurrence, et la puissance allemande doit être pour nous un aiguillon et non pas une terreur.

49. Déclaration franco-allemande, 5 février 1980

Le président de la République française et le chancelier de la République fédérale d’Allemagne ont procédé à un examen approfondi de la situation internationale à la lumière des événements

d’Afghanistan. Ils sont parvenus aux conclusions suivantes qui définissent la politique de ces deux pays dans les circonstances actuelles:

1 - Ils jugent que l’intervention militaire soviétique en Afghanistan est inacceptable et crée de

graves dangers pour la stabilité de la région et pour la paix. Ils estiment indispensable qu’il y soit mis fin sans délai, comme l’a demandé à une large majorité l’assemblée générale des Nations unies. C’est le seul moyen de restaurer une situation conforme au droit du peuple afghan et aux exigences de la paix internationales.

2 - Ils considèrent que la crise actuelle est de nature à déclencher un processus qui, de proche en proche, et quelles que soient ses intentions, pourrait avoir pour le monde les plus graves

conséquences. Ils tiennent à réaffirmer dans ces circonstances la fidélité de leurs deux pays à

l’Alliance atlantique, et leur détermination d’en honorer les engagements. 3 - Ils prennent acte du fait qu’en raison des événements d’Afghanistan, la détente est devenue plus difficile et plus incertaine et qu’en conséquence le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan est nécessaire. Ils déclarent que la détente ne résisterait pas à un nouveau choc du même ordre. Dans

ce cas la France et la République fédérale d’Allemagne prendraient en liaison avec leurs alliés les

mesures qui s’imposeraient dans cette circonstance pour garantir leur sécurité et défendre la

stabilité internationale. (…)

5 - (…) Ils estiment que dans les circonstances actuelles les puissances européennes ont des responsabilités

particulières. Ils soulignent leur volonté de les exercer en s’assurant, de concert avec leurs alliés, que seront garantis les équilibres fondamentaux qui conditionnent la sécurité de leurs deux pays et celle de l’Europe. 6 - Leurs efforts pour surmonter la crise n’auront de sens que si l’Union soviétique démontre sa volonté d’y répondre. Ils ont pris note des déclarations selon lesquelles l’Union soviétique a l’intention de retirer ses forces d’Afghanistan. Il est nécessaire que ces déclarations se traduisent dans les faits. Ceci est nécessaire au succès des discussions dont dépendent la sécurité et l’avenir de la paix.

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50. Claire Trean, « Helmut Schmidt, un réalisme sans concessions », Le Monde, 7 oct. 1980

« Qui eût pensé en mai 1974, après la démission à la fois digne et décevante de Willy Brandt, que

celui qui lui succéderait allait devenir le chancelier le plus " durable " et aussi le plus populaire de

l’Allemagne fédérale depuis Adenauer? L’arrivée de Helmut Schmidt à la chancellerie fut ressentie d’abord comme une rupture de ton. Les priorités politiques étaient déplacées, se portant sur les questions économiques, tandis que l’Ostpolitik était reléguée à l’arrière-plan. Le style aussi changeait radicalement : loin du sentimentalisme, Helmut Schmidt n’était pas homme à s’agenouiller devant le mémorial du ghetto de Varsovie. Willy Brandt avait levé les tabous de la guerre froide; lui se montrait d’emblée plus partisan du " donnant-donnant " que des beaux gestes

symboliques. Foin du laisser-aller et des hésitations sur le plan intérieur, car le temps lui était compté. Il avait deux ans pour convaincre avant les élections de 1976. Le discours de la chancellerie changeait

ainsi de registre : on passait de l’histoire au " management ".

Un langage technocratique

(…) L’arrivée au pouvoir de Helmut Schmidt (…) coïncidait en outre avec les premières répercussions

en République fédérale de la crise économique mondiale. Le programme " réaliste et prudent " du nouveau chancelier désamorçait les critiques de l’opposition conservatrice, et son langage

technocratique n’aurait été que celui de la désillusion pour la partie de l’opinion ouest-allemande tournée vers le changement s’il n’avait eu aussi un tour énergique et tranchant dont beaucoup lui savaient gré. Six ans après, Helmut Schmidt reste cet homme direct et froid qui ne craint pas de recourir au

sarcasme et s’emporte volontiers, mais sans passion, en mesurant toujours les effets de ses éclats. Sourd aux prophétismes en tout genre, s’irritant de toutes les contestations, il reste plus sensible au

réalisme qu’aux grandes idées et préfère l’efficacité au prestige personnel. Rançon de cette attitude, il force parfois l’admiration, mais rarement la sympathie. (…) Tandis que le terrorisme défrayait la chronique, Helmut Schmidt chancelier gérait vigoureusement,

et en bonne entente avec les milieux patronaux, la crise économique. Son succès sur ce plan fut le principal atout du SPD aux élections de 1976. Il lui permit aussi de parler haut et fort en Europe. La

France et la République fédérale étaient, au moment de son arrivée à la chancellerie, au pis de

leurs relations. Helmut Schmidt, qui, quelques mois plus tôt, avait fustigé publiquement la politique française pour son " indépendantisme ", lors de la conférence de Washington sur l’énergie, était perçu

de côté-ci du Rhin comme l’homme des Américains. (…) Helmut Schmidt est-il l’homme des situations de crise? Il faut convenir que lorsqu’elles sont d’ordre international, il les traite avec une placidité qui confine au cynisme. Le chancelier fédéral est sans conteste la plus froide de ces " têtes froides " auxquelles Valéry Giscard d’Estaing faisait appel dans son message du Nouvel An, après le coup de Kaboul. Le rapprochement des diplomaties des deux pays,

amorcé depuis 1978, s’est transformé au cours des derniers mois en une espèce de compétition

entre les deux chefs d’État pour le titre de champion de la détente en Europe. (…) »

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51. 51e Sommet franco-allemand - Protocole portant création d’un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (Paris le 22 janvier 1988)

La République française et la République fédérale d’Allemagne, - Convaincues que la construction européenne restera incomplète tant qu’elle ne s’étendra pas à la

sécurité et à la défense,

- Déterminées, dans ce but, à étendre et à renforcer leur coopération sur la base du Traité sur la

coopération franco-allemande en date du 22 janvier 1963, dont la mise en œuvre a été notamment

marquée par les déclarations du 22 octobre 1982 et du 28 février 1986, - Convaincues de la nécessité, conformément à la déclaration des ministres des États de l’Union de l’Europe Occidentale à La Haye, le 27 octobre 1987, de promouvoir une identité européenne en

matière de défense et de sécurité qui, conformément aux engagements de solidarité auxquels elles ont souscrit tant par le Traité de Bruxelles modifié que par le Traité de l’Atlantique Nord, traduise effectivement la communauté de destin qui lie les deux pays, (…) - Déterminées à maintenir, en association avec leurs autres partenaires et compte tenu de leurs options propres au sein de l’Alliance de l’Atlantique Nord, une contribution militaire adéquate, de nature à prévenir toute agression ou tentative d’intimidation en Europe, (…) - Conscientes de leurs intérêts communs de sécurité et déterminées à rapprocher leurs positions

sur toutes les questions concernant la défense et la sécurité de l’Europe,

Sont convenues, à cette fin, des dispositions qui suivent :

Article 1

En vue de donner effet à la communauté de destin qui lie les deux pays et de développer leur coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité, il est créé, conformément aux objectifs et aux dispositions du Traité entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération franco-allemande en date du 22 janvier 1963, un Conseil franco-allemand de défense et

de sécurité.

Article 2

Le Conseil est composé des chefs d’État et de gouvernement et des ministres des Affaires

étrangères et de la Défense. Le chef d’état-major des armées et l’inspecteur général de la

Bundeswehr, y siègent ès qualité. (…)

Article 3

Le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité se réunit au moins deux fois par an, alternativement en France et en République fédérale d’Allemagne. (…)

Article 4

Le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité a pour objet : - d’élaborer des conceptions communes dans le domaine de la défense et de la sécurité, - d’assurer le développement de la concertation des deux États sur toutes les questions intéressant la sécurité de l’Europe, y compris dans le domaine de la maîtrise des armements et du désarmement, - d’adopter les décisions appropriées concernant les unités militaires mixtes qui sont constituées d’un

commun accord, - d’adopter des décisions relatives aux manœuvres communes, à la formation des personnels militaires ainsi qu’aux accords de soutien permettant de renforcer la capacité des forces armées des deux pays à coopérer en temps de paix, comme en temps de crise ou de guerre, - d’améliorer l’interopérabilité des matériels des deux armées, - de développer et d’approfondir la coopération en matière d’armements en prenant en considération la nécessité, pour assurer la défense commune, en Europe, d’un potentiel industriel et technologique adéquat.

Article 6

Le présent protocole est annexé au Traité entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération franco-allemande en date du 22 janvier 1963, dont il constitue une partie intégrante.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 38

3ème partie : Les « autres » relations franco-allemandes

8 et 9. Quelle mémoire de la RDA en France ? La place de la RDA dans les relations franco-allemandes

52. Télégramme du Haut-commissaire de la République française (André François-Poncet) au

Commissariat général aux Affaires allemandes et autrichiennes, 6 octobre 1949

« Le nouveau Gouvernement est établi sur le modèle bien connu du Gouvernement fantoche créé par les Soviets en Europe orientale : demande populaire suscité avec soin par les Soviets, approbation d’une Assemblée populaire placée sous la domination d’agents soviétiques, enfin établissement d’un Gouvernement comprenant des individus qui se prétendent les représentants de partis politiques indépendants des communistes (…).

Les Hauts Commissaires et leurs Gouvernements s’acquitteront des engagements qu’ils ont

souscrits, à savoir, favoriser la reconstruction politique et économique de l’Allemagne et son relèvement, son unification ultérieure sur une base véritablement démocratique et l’intégration des nations démocratiques et libres, sur un pied d’égalité. Les mesures en vue de sauvegarder les libertés politiques et de rétablir la vie économique de Berlin font partie intégrante de ces engagements. »

MAE, EU 44-60, ALL 679, doc. 6-7.

53. En 1965, de Gaulle s’exprime sur la non reconnaissance de la RDA par la France

« Mais non, je ne reconnaîtrai pas Pankow. Nous avons reconnu le gouvernement soviétique à Moscou, parce que la révolution de 17 a été faite par les Russes. Je reconnais le gouvernement de la Chine, parce qu’il a été fait par les Chinois et personne d’autre. Le gouvernement de Pankow a été fait

par l’étranger. Il ne tiendrait pas une seconde si les Soviets s’en allaient ; c’est d’ailleurs comme ça que ça finira. C’est un gouvernement absolument artificiel. C’est une zone d’occupation russe. Les Russes ont délégué des communistes pour administrer sous leur contrôle, c’est tout. »

54. Novembre 1959 : le Président Châtelet (EFA) lance un appel aux Français

« Comme la France entretient des relations diplomatiques avec la République fédérale allemande, les échanges culturels et économiques avec cet État s’effectuent sans difficulté. Par contre, ses rapports avec la République démocratique allemande ne sont que sporadiques, voire quasi inexistants. De ce fait, la plupart de nos compatriotes sont peu ou mal informés sur les différents aspects de l’activité dans cet autre État allemand où vivent près de 20 millions d’habitants.

Cette situation ne crée pas seulement une gêne pour tous ceux qui s’intéressent à l’Allemagne, elle rend difficile l’établissement de relations sans lesquelles ne saurait se développer entre Français et

Allemands l’entente souhaitable. C’est pour cette raison que l’Association juge utile de consacrer

plus spécialement ses efforts au développement des échanges avec la République démocratique

allemande : échanges et relations entre professeurs, étudiants, architectes, artistes, hommes d’affaires, etc., et à l’organisation de manifestations artistiques et culturelles de toutes sortes, susceptibles d’amener une meilleure connaissance réciproque des deux peuples.

En outre, elle est toute disposée à encourager l’activité de cercles plus spécialisés dont les

préoccupations rejoignent les siennes, et qui s’adressent aux milieux universitaires, du théâtre, des arts plastiques, de la musique, du cinéma, etc., tout en laissant, cela va de soi, à chacun de ces organismes, la plus entière liberté dans le choix de ses manifestations.

L’adhésion à l’Association, ou la participation aux manifestations qu’elle organise, n’implique

aucune prise de position particulière. Elle est pleinement compatible avec l’adhésion et la participation aux initiatives d’autres groupements.

L’Association s’adresse à tous les Français que cette initiative intéresse et sollicite leur concours. Elle

saura gré, à tous, de l’aider soit par un appui financier, soit par leurs suggestions ou leurs propositions. »

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 39

55. Événement historique : première visite d’un chef de gouvernement français en RDA (1985)

56. … Cette visite aura des conséquences économiques (1985)

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57. « Fin de la visite de M. Honecker à Paris. La France et la RDA souhaitent intensifier leur

dialogue ».

Henri de Bresson, Le Monde, 11 janvier 1988, page 3

Le numéro un est-allemand, M. Erich Honecker, devait regagner Berlin samedi après-midi 9 janvier, à l’issue de sa première visite officielle en France. Il devait avant de repartir recevoir M. Lionel Jospin et M. Georges Marchais, puis se rendre pour déjeuner à la tour Eiffel et aller visiter le château de Versailles. En dehors de ses entretiens avec le président Mitterrand et M. Chirac, il avait également reçu la veille M. Raymond Barre.

Malgré l’étalage, dans les discours officiels, des divergences sur les priorités en matière de

désarmement et les droits de l’homme, la visite officielle de M. Erich Honecker à Paris a permis

de tracer les grandes lignes d’une coopération bien comprise entre les deux pays. D’un côté comme de l’autre, on soulignait, vendredi 8 janvier, à l’issue des entretiens que le numéro un est-allemand a eus avec le président Mitterrand et le premier ministre, M. Jacques Chirac, la volonté commune

d’intensifier un dialogue qui, selon la formule du porte-parole est-allemand, M. Mayer, représente " un facteur de stabilité en Europe ".

Il aurait été présomptueux d’attendre de cette visite qu’elle modifie sur des questions

essentielles, comme les négociations en cours sur le désarmement, des positions bien connues depuis longtemps. En faisant savoir, à la veille de sa venue à Paris, son penchant pour une troisième " option zéro ", c’est-à-dire une élimination des missiles à courte portée, M. Honecker ne pouvait pas ne pas savoir qu’il se heurterait à une fin de non-recevoir. Une fois la question posée, la délégation est-allemande a cependant évité, du moins publiquement, d’envenimer le sujet, se contentant de réaffirmer d’une façon générale son souhait de voir les conversations sur le désarmement aborder tous les domaines possibles.

On pourrait peut-être relever, dans la déclaration-bilan de Honecker, publiée vendredi soir par la délégation est-allemande, un avertissement déguisé aux projets de rapprochement entre la France

et la RFA en matière de défense. Cette déclaration affirme en effet que les tentatives « de saper le traité sur les missiles intermédiaires par des structures militaires nouvelles ne sauront mener à rien de bon ». Invité à préciser la pensée du chef de l’État est-allemand, son porte-parole s’est cependant borné à des propos évasifs, estimant qu’à son avis ce point concernait essentiellement le déploiement de nouveaux systèmes d’armes.

À l’Élysée même, on préférait insister sur les points de rapprochement et on indiquait que M. Honecker avait reconnu que la priorité dans le domaine nucléaire devait aller maintenant aux négociations sur la réduction de 50 % des armements stratégiques des deux superpuissances.

" L’Europe, notre patrie commune "

Les questions de désarmement avaient également été évoquées vendredi matin à l’Hôtel de Ville entre M. Honecker et M. Chirac; au cours du déjeuner qui a suivi, ce dernier a rappelé dans des termes semblables les propos tenus la veille par le président de la République. Traitant des droits de

l’homme, le premier ministre a souligné que « la destruction du mur qui sépare de façon

inhumaine Berlin doit constituer une étape essentielle dans le rétablissement de cette confiance.

(...) Nous ne voulons pas d’une Europe hérissée de barbelés, nous ne voulons pas d’une Europe cloisonnée. L’Europe est notre patrie commune ».

Il reste maintenant à voir comment se concrétisera le souhait émis de part et d’autre

d’exploiter cette première visite en France d’un chef de l’État est-allemand pour développer les

relations entre les deux pays. Dans sa déclaration, M. Honecker a estimé que cette visite constituait « une contribution à un climat de détente, de confiance et de bon voisinage qui va en augmentant ces derniers temps en Europe ». « Nous sommes convenus, a-t-il souligné, de continuer le dialogue politique à différents niveaux, d’élargir les bases contractuelles de nos relations et d’intensifier la coopération culturelle, technique et scientifique. »

À l’Élysée, on indiquait vendredi soir que le président avait souhaité un accroissement du nombre

des rencontres entre responsables gouvernementaux et politiques des deux pays. On insistait, en

premier lieu, sur les relations économiques et culturelles, estimant que, si on veut maintenir une réalité européenne, c’est d’abord sur ces deux plans qu’il faut agir « avant qu’on puisse le faire sur le

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 41

plan politique ». Les relations économiques bilatérales ont fait de leur côté l’objet d’entretiens particuliers entre le responsable est-allemand pour les questions économiques, M. Mittag, membre du bureau politique, le ministre est-allemand du commerce extérieur, M. Beil, et M. Édouard Balladur et des représentants du patronat français.

58. François Mitterrand se rendra en RDA le 20 décembre 1989

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 42

4

ème partie : La France et l’Allemagne en Europe et face au monde depuis 1990

10. La France et l’Allemagne face au monde depuis 1990

59. Traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne (1990)

signé le 12 septembre 1990 à Moscou (extraits)

Art. premier : L’Allemagne unie comprendra le territoire de la République fédérale d’Allemagne,

de la République démocratique allemande et de l’ensemble de Berlin. Ses frontières extérieures seront les frontières de la République fédérale d’Allemagne et de la République démocratique allemande et seront définitives à partir de la date d’entrée en vigueur du présent traité [...]. L’Allemagne unie et la République de Pologne confirmeront la frontière

existante entre elles par un traité ayant force obligatoire [...]. L’Allemagne unie n’a aucune revendication territoriale quelle qu’elle soit envers d’autres États et

n’en formulera pas à l’avenir [...]. Art. 5 : [...] Après l’achèvement du retrait des forces armées soviétiques, des unités des forces armées

allemandes affectées aux structures d’alliances [...] pourront également stationner sur le territoire

de l’actuelle RDA, bien que sans vecteurs d’armes nucléaires. [...] Des forces armées et des armes

nucléaires ou des vecteurs d’armes nucléaires étrangers ne seront pas stationnés dans cette partie

de l’Allemagne et n’y seront pas déployés. Art 6 : Le droit de l’Allemagne unie d’appartenir à des alliances, avec tous les droits et obligations qui en découlent, n’est pas affecté par le présent traité. Art 7 : Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’URSS mettent fin par le présent traité à

leurs droits et responsabilités relatifs à Berlin et à l’Allemagne dans son ensemble. L’Allemagne unie jouira, en conséquence, de la pleine souveraineté sur ses affaires intérieures et extérieures.

60. Traité portant création de la Chaîne culturelle européenne (Arte) - Berlin, 2 octobre 1990

Traité entre les Länder de Bade-Wurtemberg, de l’État Libre de Bavière, de Berlin, de la Ville Libre

Hanséatique de Brême, de la Ville Libre et Hanséatique de Hambourg, de Hesse, de Basse-Saxe, de

Rhénanie du Nord-Westphalie, de Rhénanie-Palatinat, de Sarre, du Schleswig-Holstein

et la République Française

sur la chaîne Culturelle Européenne.

Le Land de Bade-Wurtemberg, l’État Libre de Bavière, le Land de Berlin, la ville Libre Hanséatique de

Brême, la Ville Libre et Hanséatique de Hambourg, le Land de Hesse, le Land de Basse-Saxe, le Land

de Rhénanie du Nord-Westphalie, le Land de Rhénanie-Palatinat, la Sarre, le Land de Schleswig-

Holstein,

représentés par les Ministres-Présidents,

et la République Française,

représentée par M. Jack Lang, Ministre de la Culture, de la Communication, des Grands Travaux et du

Bicentenaire et Mme Catherine Tasca, Ministre délégué auprès du Ministre de la Culture, de la

Communication, des Grands Travaux et du Bicentenaire, chargé de la Communication

se félicitant du projet de la société française de télévision La Sept, ainsi que de la société de participation créée par les offices allemands de radiodiffusion de droit public régionaux de l’ARD et par la ZDF, de créer, une société de télévision commune et indépendante à vocation culturelle et européenne ayant son siège à Strasbourg, ci-après dénommée "chaîne Culture Européenne" (CCE), désireux de consolider la compréhension et le rapprochement entre les peuples en Europe, souhaitant offrir aux citoyens de l’Europe une chaîne de télévision commune qui soit un instrument de présentation du patrimoine culturel et de la vie artistique des États, des régions et des peuples de

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 43

l’Europe et du monde, dans le but de garantir la diffusion d’un tel programme de télévision européen conformément aux principes de la libre circulation des informations et des idées ainsi que de l’indépendance des organismes radiodiffuseurs, sont convenus de ce qui suit (...)

61. 59ème Sommet franco-allemand - Déclaration sur la création d’un corps d’armée franco-

allemand à vocation européenne (La Rochelle, 22 mai 1992)

« Le renforcement et l’extension de la coopération militaire franco-allemande dans une

perspective européenne, dans le prolongement de l’initiative commune du Président de la République et du Chancelier du 14 octobre 1991, ont été au cœur des travaux de la 7ème réunion du

Conseil franco-allemand de défense et de sécurité qui s’est tenue aujourd’hui 22 mai 1992 à La Rochelle. Sur la base des propositions détaillées, formulées par les deux ministres de la défense, le Conseil a

décidé de créer une grande unité à vocation européenne et d’engager la phase de montée en

puissance. La mise sur pied de ce Corps contribuera à doter l’union européenne d’une capacité

militaire propre, et manifeste la volonté des États participant au Corps d’assumer, dans le cadre

d’une union européenne comprenant à terme une politique de défense commune, leurs responsabilités en matière de sécurité et de maintien de la paix. Compte tenu de cette perspective européenne, la France et l’Allemagne invitent le plus grand nombre d’États membres de l’UEO à participer au Corps européen. Les contributions nationales à cette unité n’affectent pas les obligations existantes vis-à-vis

d’autres organisations. Le Corps européen contribuera au renforcement de l’Alliance atlantique.

Les missions du Corps européen s’inscrivent dans le cadre de l’union européenne, dans le respect des limites constitutionnelles nationales et des dispositions de la Charte des Nations Unies. Le Corps pourra être employé pour la défense commune des alliés, en application de l’article 5 du traité de Washington ou du traité de Bruxelles. Il pourra également se voir confier des missions de

maintien ou de rétablissement de la paix, et être engagé dans le cadre d’actions humanitaires. Un état-major de montée en puissance sera mis sur pied à partir du 1er juillet 1992. La disponibilité opérationnelle du Corps, au moins pour les unités françaises et allemandes, est prévue pour le 1er octobre 1995. (…) »

62. Évolution de la balance commerciale bilatérale (1970-1996)

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63. Les investissements directs et indirects France-Allemagne (1980-2000)

64. 69e Sommet franco-allemand - Déclaration des Ministres des Affaires étrangères sur le

renforcement de la coopération franco-allemande en matière de politique étrangère (Bonn, 3

juillet 1997)

Les consultations du 3 juillet 1997 à Bonn ont été l’occasion de réaffirmer notre détermination

commune à approfondir la coopération franco-allemande, à renforcer les multiples liens entre nos

deux pays, dans une période où l’Europe est confrontée à un certain nombre de défis majeurs. Dans cet esprit, et partant d’une analyse commune, nous avons décidé de prendre dès à présent plusieurs décisions qui visent à renforcer le "réflexe franco-allemand" dans l’activité quotidienne de nos

ministères. À cette fin, nous sommes convenus :

I - De promouvoir des initiatives ministérielles communes

1. Nous envisageons d’entreprendre des visites communes dans certains pays. Nous veillerons également à nous concerter sur nos calendriers de déplacements. 2. Les conférences franco-allemandes d’ambassadeurs constituent un instrument important de notre concertation. Elles se poursuivront régulièrement. (…) II - De resserrer les liens entre les services allemands et français

1. Les services concernés des deux ministères se concerteront encore plus intensément dans tous les domaines d’intérêt commun. Pour toutes les échéances bilatérales et multilatérales importantes, l’objectif doit être d’élaborer en amont des positions communes. (…) 2. Nous avons besoin de diplomates qui se connaissent et soient familiarisés avec les structures et les méthodes de travail du partenaire. (…) III - De faire évoluer les méthodes de travail

1. Nous voulons explorer de nouvelles voies pour l’évolution des structures et méthodes de travail de nos ambassades bilatérales. C’est ainsi que, sur la base de l’expérience acquise depuis dix ans en matière d’échange de fonctionnaires, un premier pas sera accompli par l’affectation prochaine d’un

diplomate allemand à l’ambassade de France à Bonn et d’un diplomate français à l’ambassade

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d’Allemagne à Paris.

2. Afin d’intensifier les échanges d’informations entre les deux ministères des Affaires étrangères, les ambassadeurs à Bonn et à Paris seront autorisés à transmettre, suivant leur appréciation, des documents réservés à l’information interne du ministère du pays de résidence (notes, télégrammes diplomatiques). (…)

4. La coopération administrative déjà bien établie entre les représentations de la France et de

l’Allemagne en pays tiers sera poursuivie et étendue.

Un bilan de la mise en œuvre de ces actions sera dressé dans un an.

65. "Pour chacun des projets suivants, pouvez-vous me dire si vous y seriez plutôt favorable »

Pour les

Français

Pour les

Allemands

Une harmonisation de la réglementation du travail 83 % 72 %

L’instauration d’une année scolaire en Allemagne (France) pour les lycéens français (allemands) 76 % 67 %

La fusion de Volkswagen et de Renault 56 % 37 %

L’enseignement généralisé de l’allemand (du français) dans toutes les écoles françaises (allemandes) 54 % 45 %

La création d’une équipe de football commune franco-allemande 51 % 33 %

La création d’une armée commune franco-allemande 50 % 35 %

Les Français disent oui à tout, les Allemands, plutôt non sur les sujets sensibles. Mais les sociaux-démocrates

accepteraient une armée commune - et même la fusion VW-Renault. Sondage IFOP - L’Expansion, octobre 1997

66. Appel conjoint du Président J. Chirac et du Chancelier G. Schröder (Paris, 12 décembre 2002)

Les 22 et 23 janvier 2003, nous célébrerons à Paris et à Berlin le 40e anniversaire du Traité de

l’Élysée. En signant ce traité, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont scellé la réconciliation entre la France et l’Allemagne et engagé une ère nouvelle de coopération sans précédent entre nos deux pays. Depuis la signature du Traité de l’Élysée, la relation franco-allemande s’est nourrie du dialogue

entre les collectivités territoriales des deux pays. À côté des institutions et des associations franco-allemandes, les villes, les Länder en Allemagne, les départements et les régions en France, ont été nombreux à conclure des partenariats qui, pour beaucoup, prospèrent depuis des années, voire des dizaines d’années. Ce réseau de contacts a inscrit la coopération entre nos deux pays au cœur même de la société et favorisé un dialogue de plus en plus étroit entre les citoyens des deux côtés du Rhin. Les partenariats locaux ont favorisé des rapprochements dans les domaines les plus divers, tels la jeunesse, la culture, le sport, en multipliant les occasions de rencontres. Aussi le Chancelier et moi-même souhaitons vivement remercier tous ceux qui, dans ce domaine, ont inlassablement œuvré en faveur du resserrement des liens entre nos deux pays. Ils sont les acteurs

irremplaçables de la coopération franco-allemande. Nous souhaitons tous les inviter à célébrer, les 22 et 23 janvier prochains, ce moment historique de la relation franco-allemande afin de donner à cet anniversaire, qu’il convient de placer sous le signe de l’amitié, tout l’éclat qu’il mérite.

J. Chirac - G. Schröder

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67. Discours prononcé le 6 juin 2004 par le chancelier Schröder à Caen lors des cérémonies du 60e

anniversaire du Débarquement

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre, Mesdames, Messieurs, Chers concitoyens européens,

(…) Le souvenir que la France garde du 6

juin 1944 est différent de celui de l’Allemagne

et pourtant, ce souvenir a fait naître chez les

uns et les autres le même sentiment: nous

sommes convaincus que nous voulons la paix. Nous, Allemands, savons qui sont les auteurs criminels de la guerre. Nous sommes conscients de notre responsabilité face à l’Histoire et nous l’assumons. Des milliers de soldats alliés sont morts en un seul jour, un jour d’horreur. Ils ont payé de leur vie pour la liberté. Des soldats allemands sont morts parce qu’ils avaient été entraînés dans une campagne

meurtrière pour asservir l’Europe. Mais, dans leur mort, tous ces soldats étaient réunis par-delà

les camps auxquels ils appartenaient, réunis dans le deuil de leurs parents et de leurs épouses, de leurs frères et sœurs et de leurs amis. Nous nous inclinons devant la douleur qui les oppresse tous.

(…) Le souvenir que gardent de ce 6 juin 1944 la France et ses alliés, mais aussi les habitants de cette

ville de Caen, qui a tellement souffert, est différent de celui que gardent la plupart des Allemands. Pour

la France, ce jour historique marquait la fin de l’occupation qu’elle attendait depuis si longtemps.

Pour de nombreux Allemands, le 6 juin symbolisait l’échec militaire définitif.

(…) Les cimetières militaires et les cicatrices des deux guerres mondiales imposent un devoir de chaque instant à tous les peuples européens et en particulier au peuple allemand, le devoir de

s’opposer au racisme, à l’antisémitisme et aux idéologies totalitaires. Les objectifs démocratiques

auxquels nous aspirons sont la liberté, la justice et une vie digne pour tous, dans la paix, sans haine religieuse, sans arrogance nationale ni aveuglement politique. Dans la réalisation de ces objectifs, nous avons pour atouts l’héritage des Lumières, la tolérance et la beauté consolatrice de la culture européenne. Préserver ces objectifs a été et reste la mission que nous dicte le 6 juin 1944. L’Europe a tiré les leçons du passé et je tiens à dire que nous, Allemands, nous les acceptons dans

toute leur réalité. Une responsabilité incombe aux citoyens européens et à leurs dirigeants politiques, celle de tout faire pour empêcher que les conflits guerriers, les crimes de guerre et le terrorisme ne s’enflamment autre part. (…) L’amitié franco-allemande est née elle aussi sous le signe de l’espoir. Aujourd’hui, elle est caractérisée par la confiance et la fiabilité. Ce qui semblait impossible le 6 juin 1944 s’est réalisé parce que les hommes et les femmes de nos pays l’ont voulu ainsi. (…)

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 47

11. Les bonnes relations franco-allemandes : une obligation politique

68. Comment les Français percevaient-ils leurs voisins en 1965 ?

(gauche : les plus sympathiques; droite: les moins sympathiques)

69. "Pour lequel des peuples suivants éprouvez-vous le plus de sympathie ?" (1997)

En France, les Allemands sont appréciés des hommes (plus que des femmes), ainsi que des cadres et des professions libérales. Dans les deux pays, les réponses les plus positives sur le voisin d’outre-Rhin sont celles des agriculteurs.

Sondage IFOP - L’Expansion, octobre 1997

13 % 6 % NSP

8 % 6 % (Aucun de ceux-là)

12 % - Les Français

13 % 4 % Les Autrichiens

9 % 5 % Les Néerlandais

6 % 10 % Les Anglais

- 11 % Les Allemands

1 % 13 % Les Belges

14 % 13 % Les Américains

11 % 14 % Les Espagnols

13 % 18 % Les Italiens

Selon les Allemands Selon les Français

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 48

70. Jumelages de régions et de Länder

Aquitaine Hesse Bretagne Saxe Bourgogne Rhénanie-Palatinat Grand Sud Bavière Haute-Normandie Basse-Saxe Loire Atlantique Sarre Lorraine Sarre Marseille Hambourg Paris / Ile de France Berlin Pays de la Loire Schleswig-Holstein Picardie Thuringe Rhône-Alpes Bade-Wurtemberg

71. Jumelages communaux franco-allemands (2013)

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 49

12. Bilan et perspectives

72. La culture d’entreprise: la compréhension encore difficile

73. L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), créé en 1963

Article 2 (1) de l’Accord : « L’Office a pour objet de resserrer les liens qui

unissent les jeunes des deux pays, de renforcer leur compréhension mutuelle et,

à cet effet, de provoquer, d’encourager et, le cas échéant, de réaliser des

rencontres et des échanges de jeunes. »

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 50

74. L’Allemagne et la France restent l’un pour l’autre les partenaires économiques les plus

importants en 2014

« Selon les derniers chiffres publiés par DESTATIS (l’institut de statistiques allemand), le commerce

franco-allemand s’élevait à 169,6 milliards d’euros en 2014 (+ 3,2% par rapport à l’année

précédente). La France est ainsi, à nouveau en 2014, le premier partenaire commercial de

l’Allemagne. Les exportations de biens allemands vers la France s’élevaient en 2014 à 102 milliards d’euros, soit

2,1% de plus qu’en 2013. Les importations provenant de la France s’élevaient à 67,6 milliards d’euros

en 2014, soit une augmentation de 5,5% par rapport à l’année précédente. En 2014, l’Allemagne a vu son excédent de la balance commerciale à l’égard de la France diminuer de

6,1%, mais celui-ci se situe toujours sur un niveau très élevé de 34 milliards d’euros. Par ailleurs, l’Allemagne est à nouveau avec 141 projets le deuxième investisseur direct créateur

d’emplois en France en 2014. Les investissements allemands représentent 14 % de l’ensemble des projets d’investissements étrangers en France. Selon Business France les entreprises allemandes ont créé

l’année dernière 3 087 emplois en France.

(source : site internet de la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie, Communiqué de presse, 17 octobre 2014)

75. Portrait d’une entreprise franco-allemande pharmaceutique : Panpharma

Panpharma est un laboratoire spécialisé dans les produits pharmaceutiques pour hôpitaux. En 1999,

l’entreprise choisit de s’agrandir vers l’Allemagne. Marie-Hélène Dick, présidente de Panpharma,

raconte l’aventure outre-Rhin.

Son frère, Jean-Pierre Dick, vient de boucler le Vendée Globe, la course de voile en solitaire autour du monde, (…) pendant qu’elle continue de gérer les affaires familiales. Marie-Helène Dick n’a pourtant jamais envié son benjamin. "Moi, mon virus, c’est celui de l’entreprise, avoue cette mère de famille de quatre enfants. J’ai cru un moment, après mes études vétérinaires à Nantes, que j’étais destinée à la

recherche, mais j’ai ensuite vite réalisé que je voulais en fait être entrepreneur, voyager et faire des

choses intéressantes comme mon papa." Suite au décès brutal de son père, Pierre- Richard Dick, en 1992, c’est donc naturellement que la jeune femme alors âgée de 27 ans, décide de reprendre les rênes de Panpharma, un laboratoire de produits pharmaceutiques destinés aux hôpitaux. "À l’époque, cette société était encore toute petite, ce qui a

facilité mon arrivée aux commandes", se souvient-elle. Très vite, la jeune femme a commencé à

s’intéresser au marché allemand. En 1999, son laboratoire décide de racheter une société basée à Trittau, près de Hambourg, spécialisée dans la fabrication de solutions stériles injectables. Rotexmedica était "en difficulté, mais elle représentait une belle opportunité pour notre société car ses

activités étaient très complémentaires aux nôtres, souligne Mme Dick. Nous l’avons donc redressée et

cette filiale, qui emploie 150 personnes, enregistre aujourd’hui un chiffre d’affaires de 30 millions

d’euros." Pour doubler ses revenus en treize ans à peine, le groupe familial a dû se frotter aux

« spécificités » locales. Car au risque d’énoncer une lapalissade, l’Allemagne n’est pas la France...

Une feuille de route bien précise

Pour diriger son usine en Schleswig-Holstein, Panpharma a choisi d’expatrier un employé-maison. "Cette unité de production devait être restructurée et nous avions dans notre personnel un homme qui

savait faire cela et en qui j’avais entière confiance, Patrick Lever. », résume sa « patronne ». L’heureux élu a toutefois mis quelque temps à s’adapter au management à l’allemande... « Les

employés sur place attendent beaucoup de leur chef. Ce sont d’excellents exécutants, mais ils ont besoin

d’une feuille de route très précise pour travailler. Ils sont bien mieux organisés que nous, mais quand il

s’agit d’inventer ou de trouver de nouvelles idées, les Français sont meilleurs », tranche Marie-Hélène Dick, qui apprécie toutefois la complémentarité de ces deux voisins. Les forces de l’un complètent les faiblesses de l’autre. La rigidité du code de travail outre-Rhin n’a

toutefois pas grand-chose à envier au modèle hexagonal. « Le système allemand est assez lourd, juge

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 51

la sœur du navigateur au long cours. Les salariés doivent souvent poser des préavis de trois mois, voire

plus, chez leur ancien employeur avant de pouvoir aller travailler ailleurs. Licencier un employé n’est

pas simple non plus. Beaucoup de gens hésitent aussi à nous rejoindre car ils jugent que notre

compagnie est trop petite. Pour résumer, on ne peut pas dire que la France est nulle et que l’Allemagne

représente la panacée. Chaque nation a ses spécificités. » Impossible pourtant de bouder un tel pays. La

République fédérale « reste un marché intéressant du simple fait de sa taille », ajoute Mme Dick dont la société a pratiquement multiplié par neuf ses revenus depuis 1999 pour atteindre 130 millions d’euros l’an dernier. « Et puis nos clients, les hôpitaux, nous paient à 45 jours en Allemagne et en France alors

qu’en Espagne ou en Italie, on peut attendre le règlement d’une facture jusqu’à... dix-huit mois. » Difficile de résister à de tels arguments.

Frederic Therin, magazine Paris-Berlin

76. L’Allemagne et nous. Quelques résultats de la grande enquête proposée par Radio France, ARTE,

ARD et Deutschlandradio pour le cinquantième anniversaire du Traité de l’Élysée.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 52

Rigoureux – travailleur – Discipliné – ambitieux – rêveur – ouvert d’esprit

– cultivé – séducteur – créatif – individualiste – jouisseur.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 53

Éducation – Énergie – International – culture – politique – Sport - économie

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 54

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 55

Conseils pour le commentaire de documents

(texte, photographie, carte, tableau de statistiques, caricature)

Introduction

Présenter le document, en indiquant sa nature et en présentant son sujet, sa date, son auteur et son (ses) destinataire(s) (le cas échéant).

Indiquer le sujet abordé par le document et la problématique.

Expliquer le contexte historique au moment des faits dont il est question (ou de la rédaction du document).

Définir la structure du document, le décrire (carte, dessin, photo) et en résumer son contenu.

Développement

Choisir un plan de commentaire en fonction de la problématique retenue, du thème ou même du plan du document (variable selon le document)

Examiner le document en suivant ce plan, en extrayant toutes les informations utilisables du document (et en hiérarchisant ces informations).

Ceci doit être fait toujours du général au particulier. Pour un graphique, par exemple, mettre en évidence les grandes tendances, puis relever les “ anomalies” éventuelles.

Analyser précisément (au fur et à mesure) toutes ces informations en ajoutant des éclairages (vocabulaire, contexte spécifique, allusion à des évènements, etc.) et des commentaires explicatifs.

Même si les explications sont simples, elles doivent être données, rien n’est supposé évident.

Si on n’est pas sûr des explications, avancer des hypothèses (en le précisant).

Conclusion

Conclure sur l’intérêt du document, en le replaçant dans l’ensemble du thème auquel il se rattache dans le cadre du cours d’histoire des relations franco-allemandes (mise en perspective historique). Vos conclusions sont-elles généralisables ? Dire si le document représente un cas particulier ou au contraire s’il est assez typique pour le sujet traité, et donc s’il peut permettre d’étendre les constatations et les explications données à toute une époque ou à un thème transversal. Évaluation La durée étant de 1 h environ (épreuve de deux heures au total), on attend un commentaire d’environ deux-trois pages. Le plan du commentaire doit être clairement mis en évidence par des sauts de lignes et des transitions. Votre texte doit mettre avant tout en évidence les grandes idées, les grandes évolutions. Le style doit être simple et clair … et l’orthographe si possible rigoureuse.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 56

Chronologie des relations franco-allemandes

1862-1914

1862 mars Traité de commerce franco-prussien : abaissement des tarifs douaniers. 1866 3 juil. Victoire prussienne de Sadowa sur l’Autriche; Bismarck refuse une compensation à la France. 1870

2 juillet Candidature du prince Léopold de Hohenzollern pour le trône de l’Espagne.

7 juillet La France menace de guerre si cette candidature n’est pas retirée. 12 juillet Retrait de la candidature de Léopold. 13 juillet Dépêche d’Ems 15 juillet Mobilisation française. 19 juillet Déclaration de guerre de la France à la Prusse.

2 septembre Capture de Napoléon III.

1871

18 janvier L’Empire allemand est proclamé à Versailles ; Guillaume I, empereur. 10 mai Traité franco-allemand de Francfort.

1872

Entente des Trois Empereurs : Guillaume Ier (Allemagne), François-Joseph (Autriche-Hongrie) et

Alexandre II (Russie) signent des conventions défensives.

29 juin Convention franco-allemande anticipant le paiement des réparations. 1873 L’Italie adhère à son tour à l’Entente.

1875 mars Alerte franco-allemande lors de la reconstitution de l’armée française : interventions diplomatiques de la Grande-Bretagne et de la Russie en faveur de la France.

1878 juin-juil. Congrès de Berlin dominé par le chancelier Bismarck ; Alexandre II accuse l’Allemagne de

favoriser l’Autriche-Hongrie et considère comme nulle l’Entente des Trois Empereurs.

1879 octobre L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie signent le traité instaurant la Duplice. Il prévoit une

alliance militaire si l’une des deux puissances était attaquée par la Russie et une stricte neutralité

en cas d’une agression par une autre puissance.

1881 juin Un nouveau traité des Trois Empereurs (Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie) est signé ; sans

supprimer la Duplice, ce traité stipule que dans le cas où une des trois puissances serait attaquée

par une quatrième, les deux autres n’interviendraient pas.

1882 20 mai La Triple Alliance (ou Triplice) : accord secret entre l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.

Dirigée contre la France, elle complète l’isolement de celle-ci. 1887

20 février Deuxième traité de la Triple Alliance (extension aux territoires nord-africains). 20 avril Affaire Schnæbelé, point culminant de la tension franco-allemande.

18 juin Traité secret de réassurance germano-russe (neutralité en cas de guerre défensive). 1889

janv. et mars Première et deuxième offre secrète d’une alliance germano-anglaise (la Grande-Bretagne décline).

1890 18 mars Renvoi de Bismarck par Guillaume II qui choisit la Weltpolitik ; son successeur est Caprivi ; l’Allemagne abandonne le traité de réassurance, la Russie sort de l’orbite allemande. 1891 6 mai Renouvellement anticipé du traité de la Triple Alliance. 27 août Traité général franco-russe (la France sort de son isolement). 1892 août Alliance défensive franco-russe (mobilisation automatique lors d’une mobilisation d’un pays de la

Triple Alliance et aide militaire mutuelle, entrée en vigueur en janvier 1894) ; amorce du

renversement des alliances. 1898 25 sept. Crise (franco-britannique) de Fachoda (Soudan). 1899 9 août Modification de l’alliance russo-française (vers « l’équilibre entre les forces européennes »).

1901

Offre anglaise officielle d’une alliance défensive germano-anglaise. L’Allemagne n’accepte pas. mars Approfondissement de l’alliance franco-russe (assistance en guerre non seulement pour une attaque

allemande, mais aussi anglaise).

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 57

1902 juillet Accord secret franco-italien (neutralité italienne en cas d’agression de la France par l’Allemagne).

Renouvellement de la Triple Alliance.

1904 8 avril « Entente Cordiale » entre la France et l’Angleterre permettant de régler les différents coloniaux

entre ces deux États.

1905

mars Visite de Guillaume II à Tanger (Maroc).

6 juin Delcassé démissionne sous la pression allemande. 24 juillet Traité secret russo-allemand à Björkö (jusqu’en octobre). 1906 janv. Conférence internationale d’Algésiras (le Maroc entre dans la sphère d’influence française). 1907 août Formation de la Triple Entente (France, Russie, Grande-Bretagne) après le rapprochement

anglo-russe (qui règlent leurs litiges territoriaux)

1911 1er

juil. Navire de guerre allemand devant Agadir. Crise franco-allemande au Maroc après une

intervention militaire française. Un compromis est trouvé : protectorat français en échange de

territoires allemands en Afrique équatoriale.

1912

22 mars Négociation anglo-allemande échoue concernant la course d’armement naval et la non-intervention anglaise en cas de guerre continentale.

13 juillet Protocole militaire franco-russe. 22 nov. Arrangement politique franco-russe. 8 déc. Guillaume II admet l’idée d’une guerre « nécessaire » contre la Russie et la France 1913

Loi des 3 ans en France (allongement du service militaire). 3 janv. Convention navale franco-anglaise. 14 janv. Augmentation importante des effectifs de l’armée active allemande.

7 août Vote français pour l’augmentation des effectifs de l’armée active française. 1914

1er

juin Tentative anglaise pour un accord germano-anglais contre la course d’armement naval allemande. 28 juin L’archiduché héritier d’A.-H., François-Ferdinand, est assassiné à Sarajevo (Bosnie). 28 juillet L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. 29 juillet Annonce de la mobilisation de l’armée allemande. 30 juillet Mobilisation générale des forces armées russes. 1

er août Déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie.

3 août Déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.

1914-1945 1915

avril L’Italie dénonce la Triple Alliance existant depuis 1882 septembre Conférence de Zimmerwald 1916 28 août Déclaration de guerre de l’Italie à l’Allemagne 1917 2 avril Déclaration de guerre par les États-Unis

1918

3 mars Traité de Brest-Litovsk, armistice russo-allemand (victoire allemande) 11 nov. Armistice en Europe, la France récupère l’Alsace-Lorraine

1919

18 janv. Début de la Conférence de Paris 28 juin Traité de Versailles concernant l’Allemagne

1920 10 janv. Naissance de la Société des Nations

1921

19 fév. Accord politique franco-polonais (dirigé contre l’Allemagne)

24 août Signature d’un traité de paix séparée entre les USA et l’Allemagne 1922

7-14 août Conférence de Londres sur les réparations allemandes (échec) 9 déc. 2e conférence de Londres sur les réparations allemandes (échec) 1923

11 janv. Des troupes franco-belges pénétrèrent dans le bassin de la Ruhr, résistance passive allemande

12 août Le gouvernement allemand de Cuno démissionne, arrivée de Stresemann

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26 sept. Fin de la résistance passive allemande

janv.-avril Travaux du comité Dawes à Paris sur les réparations allemandes juil.-août Conférence de Londres : adoption de plan Dawes et de l’évacuation de la Ruhr 1925

mars Échec du projet de protocole de Genève sur la sécurité collective par la S.D.N. 16 oct. Traité de Locarno (garantie mutuelle des frontières et de la sécurité) 1926

24 avril Accord russo-germanique concernant la neutralité mutuelle dans un cas d’agression 17 sept. Entrevue de Thoiry entre Briand et Stresemann 1928 27 août Signature du Pacte Briand-Kellogg

1929

31 août Accords de La Haye prévoyant l’adoption du plan Young

3 oct. Mort de Stresemann 1930 1

er mai Mémorandum de Briand sur la « fédération européenne »

1931

7 mai Début de la crise économique en Autriche et en Allemagne

juin-juil. Conférence de Lausanne sur les réparations allemandes 10 déc. Le congrès américain rejette toute réduction de la dette interalliée 1932

2 fév. Conférence internationale sur le désarmement 30 mai Von Papen, chancelier 9 juil. La France ratifie les accords de Lausanne, mettant fin aux réparations allemandes déc. Le parlement français décide de cesser le paiement des dettes auprès des États-Unis 11 déc. L’Allemagne reçoit l’égalité des droits souverains 1933

30 janv. Hitler accède au pouvoir

23 mars Le Reichstag accorde à Hitler les pleins pouvoirs 19 oct. L’Allemagne quitte la S.D.N.

1934 26 janv. Signature du traité de non-agression germano-polonais 1935

13 janv. Plébiscite dans la Sarre en faveur d’un rattachement à l’Allemagne 10 mars Goering déclare la construction d’une aviation de guerre 16 mars Hitler annonce le rétablissement du service militaire obligatoire

14 avril Signature de l’accord franco-anglo-italien de Stresa 2 mai Pacte franco-soviétique d’assistance mutuelle en cas d’agression

1936

7 mars Dénonciation allemande du traité de Locarno 24 août Décret d’Hitler portant à deux ans la durée du service militaire 25 nov. Signature du pacte Anti-Komintern (Allemagne, Japon) dirigé contre l’Internationale

communiste 1937 6 nov. Adhésion italienne au pacte Anti-Komintern 1938

13 mars Anschluss de l’Autriche

29 sept. Conférence de Munich

30 sept. Traité de non-agression anglo-allemand 6 déc. Traité de non-agression franco-allemand 1939

15 mars Occupation allemande de la Tchécoslovaquie

31 mars L’Angleterre déclare son soutien à la Pologne 13 avril La France confirme l’alliance franco-polonaise, et déclare une garantie de sécurité à la

Roumanie et la Grèce 22 mai Pacte d’acier » allemand-italien, traité d’agression et d’assistance automatique

21 août Sans l’avoir proclamé, l’Allemagne est en état de mobilisation générale 23 août Signature du Pacte de non-agression germano-soviétique et du protocole secret

31 août Mobilisation générale polonaise 1

er sept. L’Allemagne attaque la Pologne ; mobilisation générale en France

2 sept. Déclaration de guerre par la Grande-Bretagne et la France, suivie de la « Drôle de guerre »

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 59

1940

10 mai Offensive allemande en Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, puis en France 14 mai Rupture du Front français à Sedan 16 juin Formation du gouvernement Pétain. 18 juin Appel de De Gaulle à Londres. mai-juin Exode de la population française fuyant devant l’avancée allemande 10 juin L’Italie déclare la guerre à la France et à la Grande Bretagne 22 juin Signature de l’armistice franco-allemand à Rethondes.

10 juillet Constitution de l’État français. Fin de la IIIe République. Pétain devient chef de l’État. 12 juillet Pierre Laval, vice-président du Conseil, initiateur de la politique de collaboration. 3 octobre Promulgation d’un statut des juifs. 24 octobre Entrevue de Montoire, entre Hitler et Pétain. 13 décembre Arrestation de Laval, remplacé par Pierre-Antoine Flandin. 1941

11-12 mai Entrevue de Berchtesgaden, entre Hitler et Darlan. 1

er déc. Entrevue de Saint-Florentin, entre Göring et Pétain.

1942

18 avril Laval, chef du gouvernement 11 nov. Occupation de la zone sud par les Allemands. 1944

6 juin Débarquement allié en Normandie. 12 juillet Dernier Conseil des ministres à Vichy. 15 août. Débarquement allié en Provence.

1945-1989 1945

8 mai Capitulation sans conditions de la Wehrmacht. 5 juin Déclaration des quatre puissances victorieuses sur la défaite de l’Allemagne et la prise de

l’autorité suprême en Allemagne. 17 juil.-2 août La conférence de Potsdam (Etats-Unis, URSS, Royaume-Uni) définit les mesures d’application

du statut d’occupation. Elle délimite notamment la zone française d’occupation.

1947 15 déc. La Sarre devient un territoire autonome, rattaché économiquement à la France. 1948

18-21 juin Réforme monétaire dans les zones occidentales. 24-26 juin Le 24, les alliés occidentaux étendent la validité du deutschemark à leurs secteurs de Berlin. En

représailles, l’URSS bloque les voies d’accès terrestres et fluviales à Berlin-Ouest. Les alliés occidentaux mettent en place un pont aérien pour ravitailler la ville.

2 juil. Fondation de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg. 1949

8 avril Statut unique d’occupation pour les zones occidentales. Création d’un Haut-Commissariat allié, organe suprême de contrôle dans la zone occidentale et à Berlin-Ouest.

22 avril Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et les trois pays du Benelux créent un statut de la

Ruhr, qui la place sous une autorité internationale. 23 avril Rectifications de la frontière occidentale de l’Allemagne au profit des Pays-Bas, de la Belgique,

de la France et de la Sarre. 8 mai le Bundesrat adopte le projet de Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne

(RFA) (entre en vigueur le 24) 12 mai Levée du blocus de Berlin. 15 sept. Konrad Adenauer est élu premier Chancelier fédéral de la RFA 7 oct. Proclamation dans la zone d’occupation soviétique de la République démocratique

allemande (RDA), que les alliés occidentaux refusent de reconnaître. 22 nov. Les accords de Petersberg entre la RFA et les puissances occupantes occidentales permettent

notamment la reprise des relations consulaires et commerciales, ainsi que l’entrée de la RFA dans l’autorité internationale de la Ruhr.

1950 9 mai Proposition Schuman. 1951

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 60

6 mars Révision du statut d’occupation de la RFA. 18 avril Signature à Paris entre la Belgique, la RFA, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas du

traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). 13 juillet La France déclare la fin de l’état de guerre avec l’Allemagne. 1952

10 mars Note de Staline proposant la réunification de l’Allemagne sur la base d’une neutralité armée. Le 25, réponse des alliés occidentaux, qui subordonnent la réunification de l’Allemagne à l’organisation d’élections libres dans toute l’Allemagne, sous contrôle de l’ONU.

26 mai Traité sur l’Allemagne entre la RFA et les trois alliés occidentaux : il prévoit de donner à la RFA une souveraineté limitée.

27 mai Les pays de la CECA signent le traité instituant entre eux une Communauté européenne de défense (CED), qui n’entrera jamais en vigueur.

1954

23 oct. Les accords de Paris, version modifiée du traité sur l’Allemagne de 1952, prévoient la restauration de la souveraineté de la RFA, y compris le droit de disposer d’une armée. Le Chancelier Adenauer et le Président du Conseil, Pierre Mendès France, signent à Paris un

accord sur le statut de la Sarre, qui prévoit un référendum local. 1955

1er

mai La représentation permanente de RFA en France obtient le statut d’ambassade. 5 mai Entrée en vigueur des accords de Paris : fin du statut d’occupation de la RFA (Berlin garde son

statut). 6 mai La RFA entre dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). 23 octobre Référendum en Sarre : rejet du statut « européen » souhaité par la France. 1956

2 janvier Les premières unités de la Bundeswehr entrent en activité. 7 juillet Le Bundestag vote l’instauration du service militaire obligatoire en RFA. 27 octobre Traité franco-allemand sur la Sarre (qui devient, le 1er janv. un Land de la RFA). 1957 25 mars Traités de Rome (CEE et Euratom). 1958

14 sept.-26 nov. Rencontres entre le Chancelier Konrad Adenauer et le général de Gaulle, Président du Conseil, à Colombey-les-Deux-Eglises et à Bad Kreuznach.

10 nov. Nikita Khrouchtchev exige le départ des troupes des trois alliés occidentaux. Début de la (seconde) crise de Berlin.

1959

11 mai-20 juin et 13 juillet-5 août.

A la suite de l’ultimatum de Khrouchtchev, une conférence réunit à Genève les ministres des Affaires étrangères des trois puissances occidentales et de l’URSS, avec la participation des deux États allemands, sans résultat.

1960 29-30 juil. Rencontre Adenauer/de Gaulle à Rambouillet. 1961 13 août Début de la construction du Mur. 1962

5-8 juillet Visite officielle du Chancelier Adenauer en France. 4-9 sept. Visite officielle du général de Gaulle en Allemagne. 1963

22 janv. Signature, à Paris, d’une déclaration commune et du traité entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération franco-allemande (Traité de l’Élysée).

16 mai Le Bundestag ratifie le traité en assortissant la loi de ratification d’un préambule réaffirmant les principes de la construction européenne et de la solidarité atlantique.

4-5 juil. A Bonn, premier sommet franco-allemand. Accord portant création de l’Office franco-allemand

pour la jeunesse (OFAJ) prévu par le traité. 16 oct. Ludwig Erhard est élu chancelier fédéral. 1965 25 mars Signature à Bonn d’un accord concernant l’échange d’unités entre les Forces françaises en

Allemagne (FFA) et la Bundeswehr. 1966

30 juin Les troupes françaises ne dépendent plus de l’OTAN. 28 oct. Lors d’une conférence de presse, le général de Gaulle reproche à la RFA d’avoir « vidé le traité

franco-allemand de son esprit et de sa substance » en lui préférant l’alliance avec les États-Unis.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 61

1er déc. Kurt Georg Kiesinger est élu chancelier fédéral. 21 déc. Échange de lettres entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, qui règle le statut des

Forces françaises en Allemagne (clarification rendue nécessaire par le retrait de la France de l’organisation militaire intégrée de l’OTAN.

1967

13-14 janv. Lors du 9e sommet franco-allemand, à Paris, entre le Chancelier Kiesinger et le général de Gaulle, s’opère un rapprochement sur la politique envers l’Europe de l’Est.

12-13 juil. Consultations franco-allemandes de Bonn. Mise en place, auprès de chaque gouvernement, d’un coordinateur des relations franco-allemandes.

1969

29 mai Accord entre les gouvernements allemand et français sur la construction de l’Airbus A 300-B. 20 juin Georges Pompidou est élu président de la République. Création des premières sections bilingues franco-allemandes dans les écoles du Bade-

Wurtemberg, de Bavière et de Rhénanie du Nord-Westphalie. 21 oct. Willy Brandt est élu Chancelier fédéral. 1970 26 mars Entretiens entre les quatre puissances victorieuses sur Berlin au siège de l’ancien Conseil de

contrôle allié. 1971 3 sept. Signature de l’accord quadripartite sur Berlin. Les secteurs occidentaux « continuent de ne

pas être un élément constitutif de la République fédérale et de n’être pas gouvernés par elle » ; le gouvernement soviétique s’engage à ne pas entraver la circulation entre la RFA et Berlin.

1972

10 fév. Signature à Paris de la convention concernant l’établissement de lycées franco- allemands et portant création du baccalauréat franco-allemand. 21 déc. Signature, à Berlin, du traité fondamental régissant les rapports entre les deux États allemands. 1973

9 fév. Établissement de relations diplomatiques entre la France et la RDA. 18 sept. Les deux États allemands sont admis à l’ONU. 21-22 juin Déclaration commune relative à la politique sociale européenne. 1974 16 mai Helmut Schmidt est élu Chancelier fédéral. 19 mai Valéry Giscard d’Estaing est élu Président de la République. 1975 25-26 juil. Le Chancelier Helmut Schmidt et le Président Valéry Giscard d’Estaing décident de

l’harmonisation des politiques économiques. 1976 22-23 oct. Entretiens entre les ministres de la Défense des deux pays sur le retrait partiel de troupes

françaises de RFA (environ 10 000 hommes). 1979 29 oct. Visite à Berlin-Ouest du Président Giscard d’Estaing, qui réaffirme la volonté de la France de

s’opposer à toute modification unilatérale du statut de la ville. 1980 7-11 juil. Visite officielle du Président Giscard d’Estaing en RFA.

1981 5 fév. Accord relatif à l’encouragement aux projets de coproduction cinématographique. 10 mai François Mitterrand est élu Président de la République. 1982

24-25 fév. Les deux gouvernements se déclarent favorables à l’application de la « double décision » de l’OTAN : menace d’installer dans les quatre ans de nouveaux missiles américains si l’URSS ne retirait pas ses missiles SS-20 (crise des Euromissiles).

1er oct. Helmut Kohl est élu chancelier fédéral. 21-22 oct. Le 40

e sommet franco-allemand, à Bonn, institutionnalise la coopération sur les questions

militaires prévue par le traité de 1963. 1983

20 janv. A l’occasion de la célébration du 20e anniversaire du traité de l’Élysée, le Président Mitterrand souligne devant le Bundestag l’importance de l’arme nucléaire comme facteur de dissuasion, approuvant ainsi la décision de l’Allemagne de déployer sur son sol des missiles américains de moyenne portée.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 62

1984 22 sept. A Verdun, le Chancelier Kohl et le Président Mitterrand rendent hommage aux soldats français et allemands tombés lors des deux Guerres mondiales. 1985

10-11 juin. Visite d’État du Premier ministre français, Laurent Fabius, en RDA.

10 oct. Le Président de la République et le Chancelier fédéral visitent ensemble Berlin (Ouest). 1986

28 fév. Accord relatif au programme de coopération et d’échanges scientifiques Procope. 27-28 oct. Consultations de Francfort-sur-le-Main consacrées à la coopération culturelle. Adoption de

déclarations relatives au diplôme du baccalauréat, à l’acquisition précoce de la langue du partenaire et à l’élargissement des programmes de rencontres et d’échanges.

1987

21-22 mai. Le 49e sommet (Paris) est essentiellement consacré au désarmement, après les propositions soviétiques dites d’ « option double zéro ». Premier séminaire franco-allemand d’officiers à l’École militaire de Paris.

17-24 sept. Premières grandes manœuvres communes « Moineau hardi » en Allemagne (75 000 hommes).

19-22 oct. Visite officielle du Président Mitterrand en RFA. 12-13 nov. A Karlsruhe, les ministres de la Défense signent un accord sur le développement et la production

d’un hélicoptère antichar commun. Les contours de la future brigade franco-allemande sont précisés. Échange de lettres portant création du Collège franco-allemand pour l’enseignement supérieur.

1988

7-8 janv. Visite officielle à Paris du chef d’État de la RDA, Erich Honecker.

22 janv. Protocole au traité de 1963 créant le Conseil de défense et de sécurité et du Conseil franco-

allemand économique et financier. Échange de lettres portant création d’un Haut-conseil

culturel franco-allemand et du Prix de Gaulle-Adenauer. 1989

6 juin Déclaration commune sur la coopération dans le domaine de l’exploitation pacifique de l’énergie nucléaire.

2 oct. Création de la brigade franco-allemande (en activité a/c 17 oct. 1990 ; actuellement : 5 000 soldats)

9 nov. La RDA ouvre ses frontières à ses ressortissants. Chute du Mur de Berlin 11 déc. A l’initiative de l’URSS, les ambassadeurs des quatre puissances garantes du statut de Berlin s’y

réunissent, pour la première fois depuis 1971. 20-22 déc. La visite officielle du Président Mitterrand à Berlin-Est, la première d’un chef d’Etat

occidental, provoque une vive irritation à Bonn.

1990-2015 1990

5 mai. Ouverture à Bonn de la conférence "2 + 4" (puis à Berlin, le 22 juin) 31 août. A Berlin-Est, signature du Traité d’union entre les deux États allemands 12 sept. A Moscou, signature du traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 63

17-18 sept. Sommet franco-allemand de Munich : Annonce du retrait progressif des 46 000 soldats français

stationnés en Allemagne (sauf troupes de Berlin et brigade franco-allemande). 2 oct. - Dernière réunion du commandement allié de Berlin, qui cesse son activité.

- Signature, à Berlin, du traité entre 11 Länder et la République française sur la chaîne culturelle européenne (ARTE).

3 oct. Réunification de l’Allemagne. 1991

18-20 sept. Visite du Président Mitterrand à Berlin et dans les "nouveaux Länder" (ex-RDA). 29 sept. Réunion à Weimar des ministres des Affaires étrangères polonais, allemand et français (Triangle

de Weimar). 14 oct. Dans une lettre commune, Kohl et Mitterrand annoncent la création d’un corps d’armée franco-

allemand, formant le noyau d’un corps européen, l’Eurocorps. 1992

7 fév. Signature du traité sur l’Union européenne (dit traité de Maastricht). 21-22 mai. 59e sommet (La Rochelle) : décision de créer l’Eurocorps. 1993

5 janv. L’Eurocorps est officiellement installé à Strasbourg, avec 40 000 soldats originaires de France et d’Allemagne (s’y ajoutent ensuite 10 000 soldats des forces armées belges, luxembourgeoises et espagnoles).

21 janv. Accord sur les conditions d’emploi de l’Eurocorps dans le cadre de l’OTAN. 5 mars Formation d’un groupe de travail permanent franco-allemand pour renforcer la coopération

politique. Relance de la Conférence des ambassadeurs allemands et français en Europe orientale afin de mieux coordonner la politique à l’Est.

24 août Plan d’une initiative de paix commune en Bosnie-Herzégovine qui est intégré aux négociations de Dayton et au Traité de paix de Paris (15.12.1995).

25 nov. A la suite d’une manœuvre commune, les marines française et allemande décident d’échanger tous les ans des aspirants officiers.

1994

14 juillet. A Paris, 200 soldats allemands de l’Eurocorps participent au défilé sur les Champs-Elysées. 8 sept. A Berlin, défilé des troupes des trois alliés occidentaux quittant définitivement la ville. 1995

7 mai Jacques Chirac est élu Président de la République. 5 sept. Reprise des essais nucléaires français à Mururoa. Campagnes de boycott des produits français

en Allemagne. Kohl déclare que la reprise des essais « ne [lui] plaît pas ». 7 déc. 66e sommet à Baden-Baden. Kohl et Chirac adressent à la présidence de l’Union européenne des

propositions communes pour l’élargissement de l’UE. 1996 13 fév. Réunion de travail commune des commissions des Affaires étrangères du Bundestag et de

l’Assemblée Nationale. 16-19 oct. Visite d’État en France du Président de la RFA, Roman Herzog. Le Président Chirac réitère le

soutien de la France à la demande allemande d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

9 déc. 68e sommet à Nuremberg : adoption d’un concept commun franco-allemand en matière de

sécurité et de défense.

23 déc. Les premiers soldats de la Brigade franco-allemande arrivent en Bosnie-Herzégovine, dans le cadre de la force de stabilisation de la paix (SFOR).

1997 3 juil Rencontre, à Bonn, des ministres des Affaires étrangères, Klaus Kinkel et Hubert Védrine.

Déclaration sur le renforcement de la coopération franco-allemande en matière de politique

étrangère (entre autres, élargir l’échange de fonctionnaires au niveau des Ambassades à Paris et à Bonn).

18-19 sept. 70e sommet à Weimar : déclaration commune relative à la coopération culturelle et signature d’un accord relatif à la création de l’Université franco-allemande (créée en mai 1999), réseau d’établissements d’enseignement supérieur des deux pays. Réaffirmation de la volonté d’introduire l’euro à la date prévue malgré une opinion publique allemande hostile.

2 oct. Traité d’Amsterdam modifiant le traité sur l’Union européenne. 4-6 déc. Visite conjointe des ministres français et allemand des Affaires étrangères à Sarajevo (Ils se

rendent également les 18 et 19 mars 1998 à Zagreb et Belgrade).

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 64

1998 22 fév. Chirac s’oppose à Kohl sur la nomination du président de la Banque centrale européenne (Jean-

Claude Trichet contre Wim Duisenberg). Ce dernier est nommé par un compromis prévoyant qu’il pourrait démissionner à mi-mandat.

5-6 mai 71e consultations franco-allemandes (Avignon) et séminaire des Ambassadeurs français et allemand consacré aux relations transatlantiques. Les deux gouvernements proposent au Président du Conseil de l’UE une initiative en faveur d’une Europe proche des citoyens.

30 sept. Trois jours après les élections législatives en Allemagne, le nouveau chancelier Gerhard Schröder se rend à Paris.

11 nov. Le Chancelier Schröder ne participe pas à la commémoration de l’armistice de 1918, à laquelle il avait été invité.

1er

déc. 72e sommet à Potsdam. La déclaration finale affirme que « le rôle moteur de la relation franco-

allemande dans la construction européenne est plus important que jamais », dans la perspective de l’élargissement de l’Union européenne. Réaffirmation de la priorité des échanges

culturels, notamment de l’apprentissage des deux langues. 1999 20 janv. Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, expose devant la

commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée nationale à Paris sa conception des relations bilatérales et son engagement européen.

24-25 mars. Sommet européen à Berlin. Le Chancelier Schröder réclame une baisse de sa contribution au budget communautaire. Sont particulièrement en cause les montants des subventions que touche la France au titre de la politique agricole commune.

28-29 mai. 73e sommet à Toulouse. Affirmation d’une position commune sur l’Eurocorps, qui devrait devenir une force d’intervention rapide, et du principe d’une Identité européenne de sécurité et de défense.

2000 12 mai. Discours du ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer (Université Humboldt

de Berlin), sur l’avenir de l’Union européenne dans la perspective de l’élargissement. Le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine, lui répond dans un article publié dans Le Monde des 11 et 12 juin.

26-27 juin. Visite d’État du Président Chirac en RFA. Il s’exprime devant le Bundestag sur l’avenir de la construction européenne.

2001 31 janv. Lancement du Processus de Blaesheim. Ce programme de travail commun doit permettre de

parvenir à des positions convergentes sur les questions européennes ou internationales. 26 fév. Traité de Nice. 8 mars Déclaration franco-allemande sur la Macédoine 23 nov. 78e consultations franco-allemandes (Nantes) : déclaration sur les grandes priorités européennes

2002 30 juil. 79e sommet à Schwerin. Déclaration sur le rôle des médias pour la constitution d’une opinion

publique européenne et sur la politique de sécurité et de défense. 24-25 oct. Sommet européen à Bruxelles : accord des Quinze sur la proposition financière de l’UE aux pays

candidats. Cette réussite repose essentiellement sur l’accord conclu la veille entre Schröder et Chirac sur l’avenir de la PAC.

12-13 déc. Sommet européen de Copenhague, qui décide de l’adhésion de dix nouveaux États. 2003 14 janv. Schröder et Chirac annoncent qu’ils vont proposer à leurs partenaires européens une réforme des

institutions européennes, avec une double présidence pour l’UE élargie. 22-23 janv. 40

e anniversaire du Traité de l’Élysée: 80e sommet franco-allemand, le 22 en France (Conseil

des ministres commun à Paris, session commune du Bundestag et de l’Assemblée nationale à Versailles), le 23 à Berlin. Les sommets seront désormais remplacés par des Conseils des

ministres communs. Le 22 janvier devient dans les deux pays la journée de l’amitié franco-

allemande. 10 fév. Inauguration des nouveaux locaux du Centre de coopération policière et douanière franco-

allemand, à Kehl. 31 mars. Entretiens entre les ministres des Affaires étrangères, MM. Fischer et Villepin, sur le dossier

irakien (plein accord), ainsi que sur la politique européenne. 12 avril. A Saint-Pétersbourg, le Chancelier Schröder et les Présidents Poutine et Chirac font savoir

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 65

aux États-Unis et au Royaume-Uni qu’ils sont disposés à trouver un terrain d’entente concernant la reconstruction de l’Irak d’après-guerre, mais en réaffirmant le rôle décisif que l’ONU devrait y jouer.

29 avril. Sommet entre l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la France, à Bruxelles qui rendent publiques des propositions communes pour développer un pilier de défense européen au sein de l’OTAN et donner une nouvelle impulsion à la politique étrangère et de sécurité européenne.

31 mars. Lancement d’une mission de maintien de la paix de l’UE en Macédoine, sous mandat de l’ONU. Le commandant de l’opération est un officier allemand.

9 mai. Cinquième sommet du Triangle de Weimar (Gerhard Schröder/Aleksander Kwasniewski/Jacques Chirac), à Wroclaw, sur l’élargissement de l’UE, la politique extérieure commune, notamment vis-à-vis de la Russie.

10 juin. Nomination des deux nouveaux secrétaires généraux à la coopération franco-allemande, qui sont les deux ministres des Affaires européennes, Hans Martin Bury et Noëlle Lenoir.

18 juin. Le Bundestag approuve la participation allemande à la mission de maintien de la paix de l’Union européenne (ARTEMIS) en République démocratique du Congo, organisée sous mandat de l’ONU et placée sous commandement français.

26 juin Jean-Pierre Raffarin, en visite à Berlin, rencontre Gerhard Schröder et assiste, en compagnie de cinq présidents de régions françaises, à la conférence des chefs de gouvernement des Länder allemands.

5-6 juillet. L’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) fête ses 40 ans. 4 sept. 10e anniversaire de l’Eurocorps : son commandement passe de l’Allemagne à la France. 17 oct. Le Chancelier Gerhard Schröder, absent du Conseil européen de Bruxelles, se fait représenter

par le Président Chirac. 18 sept. Second Conseil des ministres franco-allemand à Berlin. Annonce d’un plan commun de relance

de la croissance et de l’emploi en Europe. 27-28 oct. Sommet commun des régions françaises et des Länder allemands à Poitiers portant sur la

coopération décentralisée. 2004

22 janv. Première journée franco-allemande. 9 fév. Le Chancelier Gerhard Schröder se rend à Dublin, où il s’entretient avec le Premier ministre

irlandais, Bertie Ahern, qui préside l’Union européenne ; il s’exprime au nom de la France et de

l’Allemagne. 16 mars Rencontre Schröder-Fischer/Chirac-de Villepin à Paris (processus de Blaesheim) qui évoquent

leur volonté de renforcer la lutte coordonnée contre le terrorisme (après les attentats en Espagne).

13 mai 3e Conseil des ministres franco-allemand, à Paris. Le Conseil de défense et de sécurité décide d’envoyer en juillet un millier de soldats de la Brigade franco-allemande renforcer la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan.

6 juin 60e anniversaire du débarquement allié en Normandie. Pour la première fois, un Chancelier

allemand (Gerhard Schröder) est présent aux cérémonies. 2005 23 novembre Premier déplacement à l’étranger (Paris) de la Chancelière allemande Angela Merkel (élue la

veille) 2006 24 janvier Remise du Prix de Gaulle-Adenauer 2006 à MM. Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, à

Berlin 2007 15 février Merkel présente au sommet France-Afrique 18 avril Accord entre la France et l’Allemagne relatif aux implantations communes de missions

diplomatiques et de postes consulaires 10 juin Raccordement et entrée en service des Lignes à Grande Vitesse Françaises et Allemandes

/ LGV Est (TGV est-européen) 2008 28-29 février Déplacement conjoint de Jean-Pierre Jouyet et Günter Gloser (tous deux chargés de la

coopération franco-allemande) au Japon 11 octobre Rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Colombey-les-Deux-Églises

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2009 3 février Brigade franco-allemande : accord de principe sur l’installation d’un bataillon allemand en

France 3-4 avril La France et l’Allemagne organisent conjointement le sommet du 60ème anniversaire de

l’OTAN à Strasbourg, Kehl et Baden-Baden 20-27 juin 20ème anniversaire de la Brigade franco-allemande 22 septembre 25ème anniversaire de la rencontre Mitterrand-Kohl à Verdun 11 novembre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel célèbrent à Paris le 91ème anniversaire de l’Armistice de

1918 (après la disparition du dernier poilu français) 2010

4 février 12ème Conseil des ministres franco-allemand. Il permet l’adoption d’un « Agenda franco-allemand » pour 2020. Il est principalement consacré à la poursuite de l’action commune pour assurer la stabilité et la force de la zone euro, ainsi qu’à la coopération franco-allemande dans le cadre de la double présidence française des G8/G20.

18 octobre Déclaration franco-allemande à l’occasion de la rencontre tripartite Allemagne-France-Russie Deauville : "Renforçons le gouvernement économique européen."

2011

Août Dans une lettre commune adressée à Van Rompuy, président du Conseil européen, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy exposent leurs propositions pour renforcer la

gouvernance de la zone euro. Ils annoncent aussi leur intention d’« engager une

nouvelle étape de convergence économique » entre l’Allemagne et la France. 8 décembre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont les leaders du sommet de l’UE, imposant l’idée

d’un traité pour les 17 pays de la zone euro, pour mieux faire face à la crise.

2012

10 janvier Lors d’une conférence de presse, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy réaffirment leur volonté de sortir l’euro de la crise, tout en annonçant des propositions en faveur de la croissance, de l’emploi et du renforcement de la compétitivité en Europe. Ils approuvent également le principe de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières en Europe.

15 mai Premier déplacement de François Hollande, président de la République, à Berlin.

2013

21 janvier 50e anniversaire du Traité de l’Élysée.

2014

19 février Déclaration du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (sur engagements extérieurs)

3 août François Hollande et Joachim Gauck se retrouvent pour les commémorations de la Grande guerre (3 août 2014)

15 oct. Pour la première fois s’agissant d’un ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius

participe au conseil des ministres allemand.

27 oct. Déplacement conjoint de Laurent Fabius et Frank-Walter Steinmeier au Nigéria

2015

11 janvier La chancelière allemande Angela Merkel participe aux côtés de François Hollande et de 42 autres chefs d’Etat à la Marche républicaine du 11 janvier 2015.

5-12 février Initiative franco-allemande en Ukraine : François Hollande et Angela Merkel s’entretiennent avec

Petro Porochenko le 5 février 2015 avant de rencontrer Vladimir Poutine le 6 février à Moscou. Le 12 février, les négociations aboutissent à un accord de cessez-le-feu

7 avril Triangle de Weimar - Rencontre de Laurent Fabius avec ses homologues allemand et polonais.

24 août François Hollande a rencontré la chancelière Angela Merkel à Berlin le lundi 24 août 2015 pour aborder la situation des migrants et la crise ukrainienne.

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 67

Table des documents

Contrat pédagogique (et moral) 2 Bibliographie de base 3 Plan du cours 4

GÉNÉRALITÉS ET OUVRAGES DE BASE 6 Manuels de base 6 Autres ouvrages généraux 6

DOCUMENTS 7 1. Rancœurs et concurrence (1870-1914) 7

1. La " Dépêche d’Ems ", 13 juillet 1870. 7 2. L’article 11 du traité de Francfort 7 3. Carte : Les conséquences territoriales du traité de Francfort 8 4. Carte de l’Empire germanique en 1871 9 5. Déclarations de Bismarck à l’ambassadeur de France (5 janvier 1879) 10 6. L’encerclement de l’Allemagne (1906) 10 7. Le commerce franco-allemand (1893-1913) 11 8. Intérêts allemands en France en 1914 11 9. Le jugement de l’ambassadeur de France (mai 1914) 12 10. Schéma : Les camps en présence en 1914 12

2. La grande déchirure (1914-1933) 13

11. La Première Guerre mondiale (carte) 13 12. Les débuts du « bourrage de crânes » (été 1914) 13 13. L’image du « Boche » dans les livres d’enfants 14 14. Carte des modifications des frontières de l’Allemagne après le traité de Versailles 15 15. Le point de vue de Georges Clemenceau 16 16. Les articles sensibles du traité de Versailles 16 17. Le ressentiment du vaincu 16 18. Les zones d’occupation alliées en Rhénanie en 1923 après l’occupation de la Ruhr (carte) 17 19. Extrait d’un ouvrage de géographie allemand (1923) 18 20. Stresemann dévoile au Kronprinz les buts de sa politique 18 21. Briand, pèlerin de la paix (1926) 19 22. L’Allemagne et le projet Briand d’Union européenne 19

3. Les ambiguïtés et les affrontements de l’ère nazie (1933-1945) 20

23. Extrait d’un manuel de géographie français (20e édition 1935) 20 24. Henri Lichtenberger (germaniste, professeur à la Sorbonne), L’Allemagne Nouvelle, 1936 20 25. André Gide, préface à l’Avertissement à l’Europe (de Thomas Mann), 1936 20 26. Brasillach écrit: (Notre Avant-garde, 1937, p. 273) 20 27. L’ambassadeur de France à Berlin François-Poncet s’interroge, après le coup de force hitlérien en Rhénanie (mars 1936),

sur l’évolution de l’attitude britannique. 21 28. Évolution du commerce franco-allemand 1930-1938 22 29. Une capitulation totale des démocraties (1938) 22 30. Le Reich nazi de 1937 à son apogée en 1942 23 31. La recomposition territoriale de la France occupée (1940-1944) 24 32. « J’entre, aujourd’hui, dans la voie de la collaboration. » Discours de Pétain radiodiffusé le 30 octobre 1940. 24 33. Laval : Discours du 22 juin 1942 25 34. Les quatre „actions de Sauckel“ en France (1942-1944) 26

4. L’Occupation française et les débuts de la RFA 1945-1950 26

35. Les commentaires français officieux sur le communiqué de Potsdam, Combat, 4 août 1945 26 36. Discours de Charles de Gaulle (Bar-le-Duc, 28 juillet 1946) 28

5. La normalisation par l’Europe 1950-1958 29

37. La proposition Adenauer (7 mars 1950) 29 38. La proposition Schuman (9 mai 1950) 29 39. Nature du commerce bilatéral 30 40. Les accords de Paris (octobre 1954) 30 41. Balance commerciale 1949-1955 31

6. De Gaulle et l’Allemagne 1958-1969 31

42. De Gaulle : Allocution à la jeunesse (1962) 31 43. Déclaration de Charles de Gaulle au Conseil des ministres du 12 septembre 1962 32 44. Déclaration commune du 22 janvier 1963 32

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F. Berger – CS - Les relations franco-allemandes au XXe siècle 68

45. Préambule à la loi de ratification adopté par le Bundestag 16 mai 1963 32 46. Solde de la balance commerciale (1946-1970) 33 47. Nature du commerce bilatéral (1955-1964) 34

7. Le temps du franco-allemand, moteur de l’Europe 1969-1989 35

48. Conférence de presse du Président de la République Georges Pompidou, 21 janvier 1971. 35 49. Déclaration franco-allemande, 5 février 1980 35 50. Claire Trean, « Helmut Schmidt, un réalisme sans concessions », Le Monde, 7 oct. 1980 36 51. 51e Sommet franco-allemand - Protocole portant création d’un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (Paris le

22 janvier 1988) 37 8 et 9. Quelle mémoire de la RDA en France ? La place de la RDA dans les relations franco-allemandes 38

52. Télégramme du Haut-commissaire de la République française (André François-Poncet) au Commissariat général aux

Affaires allemandes et autrichiennes, 6 octobre 1949 38 53. En 1965, de Gaulle s’exprime sur la non reconnaissance de la RDA par la France 38 54. Novembre 1959 : le Président Châtelet (EFA) lance un appel aux Français 38 55. Événement historique : première visite d’un chef de gouvernement français en RDA (1985) 39 56. … Cette visite aura des conséquences économiques (1985) 39 57. « Fin de la visite de M. Honecker à Paris. La France et la RDA souhaitent intensifier leur dialogue ». 40 58. François Mitterrand se rendra en RDA le 20 décembre 1989 41

10. La France et l’Allemagne face au monde depuis 1990 42

59. Traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne (1990) 42 60. Traité portant création de la Chaîne culturelle européenne (Arte) - Berlin, 2 octobre 1990 42 61. 59ème Sommet franco-allemand - Déclaration sur la création d’un corps d’armée franco-allemand à vocation européenne

(La Rochelle, 22 mai 1992) 43 62. Évolution de la balance commerciale bilatérale (1970-1996) 43 63. Les investissements directs et indirects France-Allemagne (1980-2000) 44 64. 69e Sommet franco-allemand - Déclaration des Ministres des Affaires étrangères sur le renforcement de la coopération

franco-allemande en matière de politique étrangère (Bonn, 3 juillet 1997) 44 65. "Pour chacun des projets suivants, pouvez-vous me dire si vous y seriez plutôt favorable » 45 66. Appel conjoint du Président J. Chirac et du Chancelier G. Schröder (Paris, 12 décembre 2002) 45 67. Discours prononcé le 6 juin 2004 par le chancelier Schröder à Caen lors des cérémonies du 60e anniversaire du

Débarquement 46 11. Les bonnes relations franco-allemandes : une obligation politique 47

68. Comment les Français percevaient-ils leurs voisins en 1965 ? 47 69. "Pour lequel des peuples suivants éprouvez-vous le plus de sympathie ?" (1997) 47 70. Jumelages de régions et de Länder 48 71. Jumelages communaux franco-allemands (2013) 48

12. Bilan et perspectives 49

72. La culture d’entreprise: la compréhension encore difficile 49 73. L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), créé en 1963 49 74. L’Allemagne et la France restent l’un pour l’autre les partenaires économiques les plus importants en 2014 50 75. Portrait d’une entreprise franco-allemande pharmaceutique : Panpharma 50 76. L’Allemagne et nous. Quelques résultats de la grande enquête proposée par Radio France, ARTE, ARD et

Deutschlandradio pour le cinquantième anniversaire du Traité de l’Élysée. 51 Conseils pour le commentaire de documents 55 Chronologie des relations franco-allemandes 56

1862-1914 56 1914-1945 57 1945-1989 59 1990-2015 62