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75 B. El Fellah - Les risques naturels au Maroc : Connaissances et perspectives Les risques naturels au Maroc : Connaissances et perspectives Bouchta El Fellah (*) Résumé Les risques naturels sont caractérisés par leur force de frappe brutale, touchant les populations et les biens matériels. C’est pourquoi ils suscitent l’intérêt de tous, car leur avènement intervient sans avertir. Les connaissances sur les risques naturels au Maroc sont sporadiques et éparpillées entre écrits historiques et événements naturels se succédant dans le temps et dans l’espace. Elles nécessitent inventaires et classifications en vue de mieux saisir la répartition des phénomènes. L’Etat, la Protection Civile, les Collectivités locales, les compagnies d’assurances, les particuliers ont tous besoin d’une évaluation du risque en vue de prendre les décisions adéquates (autorisation et réglementation, prévention des populations et des installations classées, planification, mise au point de plans de secours ou d’évacuation, indemnisation des victimes ou des ayants droit…). De nombreux Départements sont impliqués dans la gestion des risques, les uns y sont concernés parce que désignés par les textes; les autres le sont car directement impliqués ou touchés dans leur fonctionnement; parmi les outils mis à leur disposition on distingue: 1- l’organisation des secours (arsenal de textes connu par plan ORSEC); trace la manière d’intervention; 2- Santé, Forces publiques, Hydraulique, Environnement, Météorologie Nationale…, agissent en prodiguant secours, sécurité et prévention; 3- La recherche scientifique contribue par des études qui ciblent tel ou tel aspect des risques. Toutefois, les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) constituent un outil efficace dans l’approche des risques et présentent le meilleur moyen pour agir efficacement. Introduction L’équilibre de l’environnement est devenu plus que jamais vulnérable. Il a été à l’origine de la survie ou de l’effondrement des civilisations (sécheresses, épidémies, criquets pèlerins…). Pour faire face aux risques induits par les changements environnementaux, un ajustement urgent de notre société s’impose. La décennie internationale de lutte contre les méfaits des risques et catastrophes naturelles (IDNDR, 1990-2000) étant écoulée, il est temps de tirer les enseignements et les conclusions d’une période où la communauté scientifique internationale s’est donnée beaucoup d’effort en proposant les remèdes pour mitiger l’effet des risques naturels. ___________________________________ (*) Institut Scientifique, Université Mohammed V-Agdal, Rabat.

Les risques naturels au Maroc : Connaissances et perspectives

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75B. El Fellah - Les risques naturels au Maroc : Connaissances et perspectives

Les risques naturels au Maroc :Connaissances et perspectives

Bouchta El Fellah (*)

RésuméLes risques naturels sont caractérisés par leur force de frappe brutale, touchant lespopulations et les biens matériels. C’est pourquoi ils suscitent l’intérêt de tous, car leuravènement intervient sans avertir. Les connaissances sur les risques naturels au Marocsont sporadiques et éparpillées entre écrits historiques et événements naturels sesuccédant dans le temps et dans l’espace. Elles nécessitent inventaires et classificationsen vue de mieux saisir la répartition des phénomènes.

L’Etat, la Protection Civile, les Collectivités locales, les compagnies d’assurances, lesparticuliers ont tous besoin d’une évaluation du risque en vue de prendre les décisionsadéquates (autorisation et réglementation, prévention des populations et des installationsclassées, planification, mise au point de plans de secours ou d’évacuation, indemnisationdes victimes ou des ayants droit…).

De nombreux Départements sont impliqués dans la gestion des risques, les uns y sontconcernés parce que désignés par les textes; les autres le sont car directement impliqués outouchés dans leur fonctionnement; parmi les outils mis à leur disposition on distingue:1- l’organisation des secours (arsenal de textes connu par plan ORSEC); trace la manièred’intervention;2- Santé, Forces publiques, Hydraulique, Environnement, Météorologie Nationale…,agissent en prodiguant secours, sécurité et prévention;3- La recherche scientifique contribue par des études qui ciblent tel ou tel aspect des risques.Toutefois, les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) constituent un outil efficacedans l’approche des risques et présentent le meilleur moyen pour agir efficacement.

IntroductionL’équilibre de l’environnement est devenu plus que jamais vulnérable. Il a été à l’originede la survie ou de l’effondrement des civilisations (sécheresses, épidémies, criquetspèlerins…). Pour faire face aux risques induits par les changements environnementaux,un ajustement urgent de notre société s’impose.La décennie internationale de lutte contre les méfaits des risques et catastrophesnaturelles (IDNDR, 1990-2000) étant écoulée, il est temps de tirer les enseignements etles conclusions d’une période où la communauté scientifique internationale s’est donnéebeaucoup d’effort en proposant les remèdes pour mitiger l’effet des risques naturels.

___________________________________(*) Institut Scientifique, Université Mohammed V-Agdal, Rabat.

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Le Maroc a subi le tribut de plusieurs événements naturels dramatiques (tabl. 1). Ce quia été à l’origine de nombreuses études qui ont focalisé sur l’une ou l’autre des multiplesfaçades du risque, selon des échelles d’investigation variables.

Par définition, le risque est un danger éventuel, plus ou moins prévisible dans une airenon délimitée, d’une durée indéterminée, touchant les humains et leurs biens. Il esttoujours lié à la présence de l’homme, pas à la nature elle même. Avec ce terme sontsouvent utilisés d’autres concepts: l’occurrence, qui signifie une simple conjoncture ouun simple hasard; la Vulnérabilité, synonyme de fragilité et de faiblesse; l’aléa,désignant la probabilité de l’avènement d’un phénomène naturel. La catastrophe, motréservé à des événements destructeurs de grande ampleur, notamment en termes deconséquences. H. Tazieff définit ce dernier concept comme “Phénomène naturel d’uneintensité exceptionnelle entraînant de multiples effets dévastateurs sur les milieuxnaturels et sur les êtres vivants”.

Si ces principes épistémologiques sont admis à des degrés variables par les organismesinternationaux, le risque peut être redéfini en fonction de l’échelle d’intensité (zonage,répartition qualitative, régionalisation); les séismes illustrent bien cette notion.

Une grande catastrophe dépasse généralement les capacités d’une région de faire facepar elle-même aux dégâts; l’aide interrégionale devient nécessaire. C’est en quelquesorte, les situations qui ont fait suite aux séismes d’Agadir en 1960 et d’Al Hoceima en2004 et aux inondations du Gharb en 1963 et en 1996, lorsque les aides ont convergé detout le Maroc pour venir au secours des sinistrés.

La fiabilité de l’étude des risques se mesure par leur classement et leur comparaison; onétablit les cartes de zones sismiques, celles des zones inondables, des zones exposées auxglissements de terrain, de zones menacées par la sécheresse... Ces documents permettentpar la suite de définir le degré de vulnérabilité auquel la région est soumise (Figure 1).

Figure1: Risques naturels : approche globale; situation avant et après la catastrophe.

Conférences données dans le cadre des journées «les jeunes et la science» (2006)

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1. LE RISQUE EST UN DOMAINE D’INTERDISCIPLINARITE

1-Suivi des événements à travers le vécuLa compréhension des forces physiques et dynamiques a beaucoup éclairé l’analyse desrisques, d’autant plus que ceux-ci se trouvent à la vergence de connaissances et dedisciplines variées (Fig.2). Chercheurs, ingénieurs, gestionnaires, techniciens...contribuent à l’analyse spatialisée et territorialisée du phénomène. La tendance récentedans certains pays est d’intégrer le risque dans la gestion globale et raisonnée du territoire.

Figure 2 : Forme en pyramide schématisant le passage de la situation habituelle à la base, à unniveau supérieur de vulnérabilité, puis au risque proprement dit, au sommet.

Les études de risque gagneraient beaucoup si elles sont basées sur une banque dedonnées. Conscient du besoin de constituer un inventaire exhaustif des risques, l’InstitutScientifique a conçu, pendant les années 90, deux questionnaires relatifs aux événementssismiques et aux mouvements de terrain. Outre ce questionnaire, l’exploitation destravaux des naturalistes sur la dynamique et les processus en géodynamique interne etexterne contribuera amplement à la compréhension des risques.Tableau 1 : Quelques événements catastrophiques survenus au Maroc les 50 dérnières années

B. El Fellah - Les risques naturels au Maroc : Connaissances et perspectives

___________________________________1- Le flush flood de l’Ourika (17-8-1995) a fait 150 morts, 80 disparus; la vallée est connue parses crues, 1964-1965, 1968-1969 et 1988; une autre a eu lieu en 1999 et la dernière en 2006.2- Les intempéries de 1996 ont occasionné la coupure de routes, restées impraticables durant 45jours (Rapport national sur la prévention des désastres - MATEE 2005 - p.15).

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Apartir de ces plate-formes, les instances responsables pourront procéder à des analyses globalesdébouchant sur l’atténuation et la prévention; voire à une bonne planification de l’aménagementdu territoire. L’histoire aide à saisir le temps de retour de chaque phénomène (Fig.3)

Figure 3: Le risque se manifeste en cinq étapes : de la situation normale (0) à la situationcatastrophique (5), avec évolution de forme spirale.

1.2. Les risques dans le monde, bilan des dommages matériels (Tableau 2)En général, les inondations viennent en premier lieu en termes de pertes humaines; ceuxdes Typhons de l’Asie des Moussons sont suivis des cyclones des Caraïbes et du Golf duMexique (Tableau 3). La tendance actuelle est de les expliquer par les changements duclimat de la Terre, notamment l’alternance El Nino/ El Ninia.

Tableau 2: Quelques exemples de risques survenus dans le mondependant les 15 dernières années

Conférences données dans le cadre des journées «les jeunes et la science» (2006)

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Tableau 3: Répartition des catastrophes dans le monde entre 2000 et 2005(d’après La München Ré) 3

2. CARTOGRAPHIE DES RISQUES : UN MOYEN DE PRÉVENTION

2.1. Spatialisation et zonage du risque (Figure 4)

Certains risques et accidents individuels surviennent au foyer, dans la rue ou ailleurs, enplein air. Ils peuvent ne pas avoir d’implications graves sur la société. D’autresrenferment le stress et agissent sur le milieu naturel, créant par là une situationd’incertitude (manque d’eau, insuffisance de denrées…). C’est pourquoi, au carrefour despécialités variées, la typologie des risques naturels est considérée comme une ébauchede la recherche débouchant sur un renouveau interdisciplinaire (Tableau 4). L’objectifétant d´expliquer les événements, leurs origines et leurs dynamiques (Tableau 5).

Tableau 4 : Typologie des risques naturels

La carte est censée montrer des données qui ne sont généralement pas directementvisibles dans le paysage. Elle constitue un document témoin, voire une image de lasituation de la crise.Il serait intéressant, à ce propos, de voir et de savoir comment le chercheur procède danssa démarche ? Pourquoi est-il amené à réaliser une carte des risques ? La carte lui tient-elle seulement de support de communication, de repérage de phénomènes exceptionnels,de fonction de recherche où de document d’aide à la décision?

Tableau 5 : Les risques technologiques

___________________________________3 - Première société de réassurance au monde

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Figure 4 : Répartition des risques naturels au Maroc.

Conférences données dans le cadre des journées «les jeunes et la science» (2006)

2.2. Représentation des risques

La spatialisation cartographique des risques aide beaucoup à construire une image desespaces vulnérables ou déjà ravagés qu’on met à la disposition des décideurs. De ce fait,elle soutient la réflexion et permet de pouvoir agir sur l´espace. Deux questions peuventémerger à ce propos:

1- Quelle est la définition de la carte des risques ?2- Comment et pourquoi utilise-t-on la carte des risques ?

La représentation cartographique des risques naturels ne peut jamais illustrer des réalitéscomposées pour la plupart, non pas de trois simples dimensions spatiales que nous avonsl’habitude de côtoyer, mais d’au moins deux autres dimensions supplémentaires : pertesen vies, coûts (dimension matérielle) et dégâts psychologiques (dimension morale). Faceà une situation de risque technologique, l’approche devient davantage plus compliquéecar strictement liée et amplifiée par les activités humaines.

L’expression cartographique vise à attirer l’attention sur les dangers qui existent dans unsecteur donné afin d’orienter les aménagements vers les solutions les plus sû

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3. ATOUTS D’INTERVENTION

3.1. Description des phénomènes naturels, (probabilité, occurrence, zonage…)

Les cartes des risques (ex: figure 4) se résument dans l’alerte, l’information et la localisationdes zones exposées, elles facilitent de nombreuses interprétations, notamment :

- la détermination des phénomènes induisant le risque;- l’estimation du volume mis en jeu;- l’appréciation de la dynamique (rapide ou lente);- la délimitation des zones soumises au risque;- l’estimation du degré de risque par comparaison et classement.

A titre d’exemple, la cartographie des mouvements de terrain repose essentiellement surl’approche géotechnique simplifiée et l’appréciation de la stabilité des terrains. Lescartes prévisionnelles deviennent ainsi une nécessité avant tout investissement et touteréalisation de grande envergure.

La désertification est un deuxième exemple qui traduit un cumul de situations de crise(carence climatique) dans un environnement aride et semi-aride. Entre 1940 et 2000, leMaroc a enregistré 3 périodes de sécheresse bien individualisées: 1940-1953, 1975-1992 et 1998-20004. Il en résulte une érosion généralisée, devenue un fléau réel àcombattre, notamment en montagne où la situation est parfois irréversible.

L’impact de la sécheresse se reconnaît par le produit (population x consommation del’énergie x technologie); la lutte contre ses méfaits est confiée au Haut Commissariatchargé des Eaux et Forêts et de lutte contre la désertification.

Le troisième exemple est d’ordre biologique et concerne les criquets pèlerins. Cinqgrandes catastrophes d’invasions acridiennes ont été enregistrées au Maroc pendant le20ème siècle, la durée de chacune variait entre 2 et 10 ans. Ce risque menace aussi bienle couvert végétal naturel que les récoltes annuelles. Ses conséquences sont lourdementressenties par les populations et se manifestent au niveau du cheptel.

3.2. La collecte de l’information qui aide à la prise de décision La collecte de l’information (physique, chimique, géologique, géomorphologique, humaine,économique…) se fait selon un inventaire prédéfini. Les mêmes données sont spatialementrépertoriées et référencées dans un Système d’Information Géographique (SIG). Ce systèmedoit fournir les étapes pour analyser aussi bien les sources que les récepteurs potentiels dansun cadre spatial, il doit aussi évaluer les moyens d’exposition avec des modèles à l’appui.Cela se réalise avec les deux composantes suivantes: (1) une base de données spatiales desdispositifs régionaux et (2) une base de données relationnelle tabulaire des mesures dumilieu. Ces deux bases de données sont dynamiquement liées via des moyens d’évaluationdes rapports spatiaux et temporels. La description numérique de service est appelée àsoutenir des activités d’évaluation des risques naturels, telles que la modélisation, l’analysede l’exposition et l’enchaînement des événements (Figure 5).

3.3. Au niveau institutionnelLe besoin d’évaluation du risque est une tâche fondamentale et même vitale pour denombreux secteurs d’activité socio-éconoimique. Cette évaluation s’effectue pourrépondre à certaines exigences dont principalement :

• la prise de mesures de prévention vis-à-vis des populations et des installations classées;___________________________________4 Deuxième rapport national 2005 sur les risques et catastrophes naturelles.

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• la mise en place de plans de secours ou d’évacuation (incendie, plans ORSEC...);• les décisions d’aménagement nécessaires (autorisation et réglementation des constructions);• la tarification ou l’indemnisation des victimes ou des ayants droit (assurances, aides de l’Etat...).

Pour cela, différents départements ministériels, publics, semi-publics et privés(environnement, collectivités locales, communes, protection civile, assureurs, banques…) sevoient impliqués dans la gestion des risques, que ce soit à titre de prévention où de simplesuivi. Les uns sont concernés parce que désignés par les textes; les autres le sont carimpliqués dans la gestion des affaires publiques.Les travaux de recherche effectués par lesinstitutions universitaires5 (sismologie, climatologie, érosion, sécheresse, désertification …)sont menés avec des moyens, faibles et intermittents (équipes, groupes de recherche,laboratoires…). Ils sont pour la plupart appuyés par des réseaux de mesures, notamment :

• Deux réseaux sismiques gérés par l’Institut Scientifique (Univ. Med V-Agdal) et le Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique (CNRST);

• Réseau météorologique de la Direction de la Météorologie Nationale (DMN);• Réseaux d’annonce des crues de la Direction de l’Hydraulique (DH) et des Agences de Bassins versants;

• Réseau d’observation des ressources en eau;• Réseau d’annonce de l’invasion acridienne (Gendarmerie Royale);• Surveillance épidémiologique (Institut d’Hygiène, Institut Pasteur…).

Figugre 5 : Enchaînement des événements lors d’un grand séisme.

___________________________________5 - L’Institut Scientifique de Rabat était chargé depuis 1934 de la surveillance magnétique etgéophysique au Maroc. Il dispose d’un fichier sismique réunissant tous les événements sismiquesenregistrés, tout au long du 20ème siècle.

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C’est ainsi que le premier rapport national sur les risques naturels a été remis à laconférence de Yokohama (1994) par le CNRST. Le deuxième rapport a été supervisé parle Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement (MATEE) puis présenté à la conférence de Kobé (janvier 2005) à l’occasion du dixièmeanniversaire du séisme de Kobé (cf. quelques exemples de références).

3.4. Prévision et prévention des risques (réduction, mitigation, et parade)Malgré les efforts consentis en matière de reconnaissance des risques, des plans deprévision sont en cours d’élaboration. Ils concernent également les aspects de préventionsous forme de plans de secours dans les cas suivants:

• tremblement de terre (SEISME);• inondations (SINON);• incendies de forêts et de récoltes (FOREC);• rupture de barrage (SEBAR).

Ces plans se référent à un arsenal législatif (lois et décrets) dont notamment:- Loi sur l’Eau 10-95, adoptée en 1995;- Loi n°11-03 relative à la Protection et la Mise en Valeur de l’Environnement adoptée en 2003;- Loi n°12-03 relative aux études d’impact sur l’environnement;- Loi n°13-03 relative à la lutte contre la pollution atmosphérique.- Dec 2-02-177 (22-2-02) concernant l’application du règlement de construction

parasismique RPS 2000 (en cours de révision à cause des difficultés d’application)

La protection contre les inondations se fait par de nombreuses actions, particulièrement:- la construction de barrages, de digues, de canaux (Mohammadia, Ben Ahmed,

El Hajeb, Berrechid, Sefrou, Ourika, Berkane, El Jadida, Tantan.. );- la mise en place de système d’alerte: Ourika, Martil, Mellah;- le suivi d’environ 400 sites reconnus (présentant un danger potentiel) dont 50 prioritaires.

La prévention des risques d’intempéries revient à la Direction de la Météorologie Nationalequi dispose d’un système d’alerte national aux phénomènes météorologiques dangereux :

- vents forts : alerte transmise 12 à 24 heures à l’avance;- fortes précipitations hivernales: bulletin pré alerte diffusé 24 h à l’avance;- orages d’été ou d’automne: pré alerte ou alerte diffusée 6 à 12 h à l’avance;- vague de chaleur ou de froid: communiqué élaboré 24h à l’avance.

D’autres projets de loi pourront toucher indirectement un certain nombre d’aspects desrisques; ils concernent notamment :

• le littoral;• le développement de la montagne au Maroc;• la gestion des déchets et leur élimination.

4. CONCLUSION

En dépit de toutes les précautions évoquées auparavant ; les citoyens sont appelés à secomporter d’une manière correcte et responsable (toute personne témoin d’un sinistre ale devoir de prévenir l’autorité locale, les services de secours, la Police, la GendarmerieRoyale...). An niveau administratif, l’alerte est donnée par le Gouverneur qui déclenchele plan ORSEC. Il en informe notamment le Ministre de l’Intérieur et la ProtectionCivile. Cette dernière agit selon un plan d’intervention d’urgence qui assure l’unité decommandement, la répartition des missions et la coordination de l’emploi des moyensd’action. C’est aussi un inventaire complet du personnel et du matériel à mobiliser en casde besoin. Au cas où les moyens de secours s’avèrent insuffisants localement, le planORSEC fait recours aux moyens des provinces voisines, voire même mobiliserobligatoirement le matériel là où il se trouve.

B. El Fellah - Les risques naturels au Maroc : Connaissances et perspectives

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Cependant, des plans spécifiques d’intervention sont établis avec les Départementsconcernés en vu d’appliquer les principes de base de l’organisation des secours à unsinistre présentant une dominante particulière. Mais, lutter contre les risques c’estégalement la maîtrise des moyens de communications: - en fournissant des témoignages et des informations pratiques;- en utilisant les techniques de localisation, de suivi et de l’évolution des phénomènes;- en assurant le transfert de l’information en temps réel (satellites de communication;

GPS, DGPS…);- en transmettant les consignes à la population via les opérateurs des télécommunications.

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l’AIGI, Lisboa Portugal pp:3927-3931.EL FELLAH B.1994; Guelta Tamda (Moyen Atlas plissé, Maroc); un exemple de lac de barrage

naturel. RGM numéro spécial à la mémoire de Gaston BEAUDET, vol. XVI, n°1&2, pp: 115-126EL FELLAH B.1995; Sikha Asfalou; exemple de glissement littoral sur la côte méditerranéenne de

Bokoya entre Torrès et Badis, Rif, Maroc. ORSTOM, Réseau Erosion, Bull. n°16, pp: 222-230EL FELLAH B.1996 ; Outline of natural disaster in Morocco Final report of group training course

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EL FELLAH B.1997; L’orage du 17 août 1995: une catastrophe majeure dans les vallées du HautAtlas de Marrakech. Espace géographique et Société Marocaine n°2, pp: 149-159

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MATEE (Direction de la surveillance et de la Protection des risques), 2005 ; Rapport national surles risques naturels. Conférence de Kobé-Hygo

Conférences données dans le cadre des journées «les jeunes et la science» (2006)