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Les rythmes de l’Ouest africain Plan Académique de Formation 2001-2002 Académie de Montpellier - Académie de Nice Dossier aide mémoire sur la culture et la technique des percussions à l’usage des cours d’Education Musicale en collège.

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Les rythmes de l’Ouest africain

Plan Académique de Formation 2001-2002 Académie de Montpellier - Académie de Nice

Dossier aide mémoire sur la culture et la technique des percussions

à l’usage des cours d’Education Musicale en collège.

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Sommaire I-Mises en gardes II Quelle musique en Afrique de l’Ouest ? -Quel style –quels instruments –Quels lieux et quelles occasions – les griots -Pourquoi le Mali III Le djembé : choix, entretien IV Déroulement d’un morceau traditionnel V Initiation à la technique du djembé - position de jeu – Les notes les plus courantes – L’apprentissage traditionnel VI Les problèmes d’écriture – les notes – les mains – la polyphonie – main droite ? main gauche ? VII Concrètement – Les rythmes proposés – le sens de la musique traditionnelle – Les appels

Echauffements Accompagnements de Malaka

Soli de Malaka Accompagnement de Diansa

Soli de Diansa Wassolon foli

Un chant : Bazoumana. Les disques, les livres, le web.

I Mises en garde Ce dossier est un aide-mémoire destiné aux enseignants suivant un stage du PAF orienté vers les percussions, et entre autre celles de l’Ouest de l’Afrique. En aucun cas, il ne peut suffire pour apprendre le djembé et tel n’est pas l’objectif fixé pour sa réalisation. Il a été élaboré pour les professeurs d’Education Musicale afin de les aider dans leur découverte et leur utilisation des musiques de l’Ouest africain dans l’enseignement secondaire. Il est évident que la musique donnée ci-après en exemple n’a pas été prévue pour être écrite et que ce dossier ne fait qu’effleurer une culture passionnante. La musique de l’Ouest africain abordée ici est traditionnelle et de transmission orale. Les sélections évoquées ont été centrées vers les percussions et le djembé. Ces musiques peuvent être rencontrées surtout au Mali, au Sénégal, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Burkina-Faso. Chaque rythme traditionnel a un contexte et une histoire : il n’est jamais joué au hasard. Il correspond à une fête, un événement précis. Les accompagnements, les improvisations, les danses sont rigoureusement codés. Mais ces traditions sont très vivantes et évoluent donc tant d’un lieu (et une ethnie) à un autre que d’un maître à un autre ; une évolution existe également dans le temps. Il est donc impératif d’apprendre ces rythmes avec un musicien vivant en Afrique ou s’y rendant très régulièrement. De plus, tout Africain n’est pas percussionniste : il doit s’initier avec un Maître. Veillons au respect de ce titre prestigieux et rare qui est reçu après de nombreuses épreuves. Les rythmes donnés ci-après sont ceux de musiciens de Bamako et Bobo-Dioulasso. Ils ont été étudiés entre 1997 et 2002 avec Moussa TRAORE, Cheick KONE, Ousmane KEITA, Boubacar KONE, Baba SANOU et Sidiki SANOU. J’ai confié la relecture de ce dossier à Baba SANOU et Alassane DIALLO. « A n’itié - merci »

II Quelle musique en Afrique de l’ouest ?

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Ethnie, caste, religion, etc, comprendre la musique de cette région, c’est découvrir une culture, une société très structurée. Tout est régi par des règles, des coutumes, des lois issues de la tradition. Mais attention, la tradition évolue vite, elle n’est pas figée.

1- Quel style ?

On trouve dans cette région des musiques très influencées par le « monde occidental » ainsi que des musiques de tradition. En simplifiant à l’extrême, on aurait 3 catégories avec lesquelles croisements et brassages sont possibles :

- la musique de variété : une multitude de chanteurs interprètent, avec des instruments africains ou occidentaux, des chansons dont la construction musicale est très proche de ce que nous connaissons en Europe. La coloration traditionnelle y a donc une place plus ou moins importante : on peut écouter Youssou N’Dour, Rokia Traoré, Salif Keïta, Lobi Traoré, Amadou et Mariam, etc.

- la musique traditionnelle : encore très présente, elle est jouée sur les instruments traditionnels : djembé,

balafon, voix, etc. Cette musique est très structurée tant socialement que musicalement. Chaque danse a une origine ethnique, correspond à une fête, à des instruments, des chants, des pas de danse, un déroulement propre avec différentes phases, etc. On peut écouter Mamady Keïta, Adama Dramé, Néba Solo, etc. Nous reparlerons plus en détails de cette musique plus loin.

- La musique traditionnelle des concerts : la notion de concerts est parfois très récente dans certaines régions.

Pour rencontrer la musique, il fallait une fête ou une occasion précise. Pourtant, les pays de l’Ouest Africain s’ouvrant sur le monde, la notion de concert se développe, des instruments de traditions différentes peuvent être amenés à se rencontrer exceptionnellement sur scène (balafon, guitare et djembé, par exemple) et certains morceaux peuvent être arrangés par les musiciens en donnant d’autres priorités que le respect pur de la tradition : mélange de rythmes, apparition de phrases dites « modernes » au djembé et au doum-doum, introductions et breaks plus personnalisés, etc. On peut écouter les mêmes maîtres que ci-dessus pour découvrir cette musique.

Le soumou est une musique traditionnelle à part tant par sa grande importance que par son organisation. Il est réservé aux plus grands griots qui, dans une pure tradition réservent cette musique aux événements exceptionnels (visite d’un président de la république, par exemple). On y raconte les grandes épopées : Soundjata, Mali l’hippopotame, la fondation du royaume de Ségou, etc. On entend le balafon, le n’goni, la kora, le djembé, le bara, le doum-doum… et la voix (voir ci-dessous).

2- Quels instruments ?

Si les instruments cités ci-dessous sont présents dans tous les pays d’Afrique de l’ouest, nous limiterons ici nos explications d’utilisations de ceux-ci par les différentes ethnies au Mali. Le djembé correspond à une culture, une histoire, une tradition. Il est rarement joué seul. Un musicien accompagne au djembé, un autre djembéfola improvise, d’autres se chargent des accompagnements sur les kenkéni, doum-doums et cloches.

Ce serait une erreur de délaisser ces derniers instruments : ils sont la base du rythme, de sa pulsation. Leur rôle est donc fondamental tant dans l’identification d’un rythme que dans sa compréhension et son rendu sonore.

Le djembé est l’instrument soliste. Il peut également jouer des accompagnements

Il est en bois monobloc. Le cône s’appelle l’échappement, la demi-sphèree, la caisse de résonance. Les formes du djembé ne sont pas laissées au hasard : le djembéfola fabrique souvent son propre instrument, fabrication

entourée d’un rituel rigoureux. Les musiciens posent aussi souvent des sonnailles autour

du djembé.

Le doum-doum est frappé avec une mailloche, c’est un ensemble de trois tambours en bois couverts de

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peaux de bœuf. Cet instrument est donc très coûteux pour un africain. Sa taille est très variable

ainsi que leur nombre au sein d’un groupe. Les cloches sont jouées simultanément par un des

dounoumbistes (joueur de doum-doum).

Le kenkéni fait partie de la famille des doum-doums. Il a un son aigu. Pour des questions de prix, il est parfois en fer (voir ci-contre). Il peut

se substituer à tous les doum-doums dans un groupe restreint (duo, trio…).

La mailloche est très légère, en balsa.

Le balafon est aussi très important. Au Mali, il existe trois grandes ethnies qui ont une tradition du balafon : les bambara (qui ont les mêmes traditions que les malinkés), les bobo et les sénoufo. Chaque ethnie a son propre accord du balafon. Le balafon n’est pas traditionnellement joué avec les instruments précédemment cités, sauf chez les bambara et les malinkés. Ce balafon Sénoufo(ethnie du Kénédougou au sud-est du Mali) est pentatonique ; il joue des musiques d’autres traditions.

Exemple de formation à quatre à Bamako :

Deux djembés, un soliste et un accompagnateur,

Deux kenkéni, un qui joue le doum-doum solo, l’autre celui d’accompagnement.

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Le N’Goni est très utilisé par les griots. Ici, ce chasseur du Wassolon a un Douzou N’Goni, un modèle plus réduit existe : le Kamelin’ N’Goni. Et, encore plus petit, celui exclusif des griots (diéli) Cet instrument au timbre grave et chaud sert à accompagner les chansons des griots. Il est pentatonique, son nombre de cordes est très variable, de 4 à 8 en générale. Les malinkés ont créé un instrument proche mais utilisé dans d’autres traditions : la kora.

3- Quels lieux et quelles occasions ? Les griots. Les occasions d’entendre les musiques traditionnelles sont nombreuses. Pour cela, il est préférable d’aller dans les villages : les villes sont rares, la tradition y est moins intacte. Mariages, baptêmes, enterrements, récoltes, etc., sont autant d’opportunités d’entendre des musiques qui sont spécifiques à ces occasions ou des musiques qui sont jouées en toute occasion. En règle générale, la fête a lieu sur la place du village. Les femmes, les hommes, les enfants ont une place particulière. Seuls les instruments traditionnels sont utilisés. Les griots (Diéli en bambara) ont longtemps été les seuls à pouvoir pratiquer la musique. De nos jours, les choses ont évolué, ils ont « partagé » la musique, mais leur rôle est encore essentiel, leur pouvoir est resté important. Ainsi, ils sont encore des médiateurs auxquels on a systématiquement recours en cas de différent. Si on rencontre un problème avec un voisin, on demande au griot d’intervenir et d’aller parler à ce voisin pour régler le problème. De même, si une décision politique est impopulaire, le peuple averti les griots qui vont parler aux ministres, etc. Ce sont également eux qui sont demandés pour organiser un mariage, un baptême, etc. Comprendre la place des griots, c’est comprendre une partie du fonctionnement de la société africaine. Actuellement (été 2002), le chef des griots maliens est Bakari SOUMANOU . On devient griot de père en fils et de mère en fille.

4- Pourquoi le Mali ?

Ce pays est passionnant, son territoire est immense, son histoire est l’une des plus riches d’Afrique. Il commence à s’ouvrir au monde après une terrible dictature. Economiquement, c’est souvent la catastrophe et le pays bat de tristes records : mortalité infantile, P.I.B, équipement… Mais sa culture est extraordinairement riche, ses traditions sont très présentes. Les différentes ethnies y vivent fraternellement depuis longtemps. On voit encore les instruments traditionnels sans avoir à les chercher même à Bamako. Et dés que l’on sort de la capitale, ils sont les seuls utilisés. Le tourisme et l’attirance des Maliens pour l’Europe n’ont encore rien cassé

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III Le djembé : choix, entretien Les meilleurs djembés sont maliens, burkinabés ou ivoiriens, fabriqués de préférence dans le bois de linké ou de dougoula. La taille de l’instrument dépend du musicien ( enfant, adulte…) et de l’ampleur du son que l’on souhaite. Un très gros et large djembé va être difficile à bien faire sonner et va avoir un volume sonore important. Le plus important, c’est le bois. Le linké et le dougoula sont assez courants, ils sont très bons. L’échappement du djembé doit être bien ouvert : si on retourne l’instrument, on doit pouvoir faire passer sa main sans peine jusqu’à la peau et l’intérieur doit être lisse. La caisse de résonance doit être plutôt sphérique. La corde du djembé doit être épaisse ( environ 5 à 7 millimètres) et l’on peut voir les défauts de la peau de chèvre par transparence. Peu importe la couleur de cette dernière, mais il faut veiller à sa tension. La peau finit toujours par se détendre et craquer, mais elle peut être économisée. Rares sont les musiciens qui posent bien la peau car c’est très difficile et très physique. Attention à ne pas acheter un instrument dont la peau est mal posée. Pour cela, le cordage horizontal est un bon indicateur.

Un seul tour ou deux (voir ci -contre) avec la peau très tendue, ça va. Les trois tours déjà en place, ce qui est le maximum possible, avec une peau peu

tendue : la peau est mal posée ou usée.

IV Déroulement d’un morceau traditionnel

- l’appel : cette phrase jouée par les solistes sert d’introduction. Chaque morceau débute par un court appel. Cependant, dans un groupe de musiciens habitués à travailler et jouer ensemble, cet appel peut être plus long : on va librement y ajouter des formules plus ou moins compliquées mettant en valeur un doum-doum ou un djembéfola, on s’amuse, on dialogue avec des formules techniques et jouées par tous les musiciens pour attirer l’attention sur leur parfaite synchronisation, etc. L’appel traditionnel peut aussi servir à indiquer les changements de parties : nouveau soliste, début de la danse, etc.

- la danse proprement dite : elle a plusieurs phases, des musiciens accompagnent, d’autres sont solistes, tous étant au service des danseurs. Certaines phrases sont jouées pour le chant, d’autres pour la danse ; souvent, le tempo accélère au fur et à mesure de la danse. Une fête dure souvent toute une nuit ; une danse telle que Diansa peut durer plusieurs heures et atteindre des vitesses prodigieuses pour valoriser chaque danseuse l’une après l’autre et lui rendre hommage.

- Les breaks : comme dans certaines formes modernes de jazz, des musiciens travaillant ensemble peuvent glisser des breaks dans leurs morceaux. Ceux-ci ont comme objectif de surprendre par des formules faisant perdre le tempo, et signalent un changement de partie, la fin d’un solo, etc. On ne joue pas de break lors d’une fête traditionnelle.

- Le blocage : il sert de conclusion. Traditionnellement, on rejoue la même courte phrase qui a servi d’appel. On peut aussi créer librement des blocages quand on joue avec des musiciens avec lesquels on travaille régulièrement.

V Initiation à la technique du djembé 1- Position de jeu : Il en existe trois. La plus courante est debout. L’instrument est suspendu devant le musicien avec des cordes qu’il passe autour des épaules. Cela permet au djembéfola de se déplacer pour encourager les autres musiciens ou défier un soliste ou plus souvent une danseuse.

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Jouer assis est nettement plus confortable. Le musicien croise les pieds et place la caisse de résonance entre ses genoux, l’échappement est alors incliné vers l’arrière, sous la chaise du musicien. Faute de chaise, on peut coucher le djembé et s’asseoir dessus. Cette situation est douloureuse pour les poignets qui seront plutôt en mauvaise position pour frapper. 2- Les notes les plus courantes :

Elles sont trois : la tonique, le claqué (ou clapé) et la basse. Chacune a un son très précis, un travail rigoureux s’impose pour les obtenir. La tonique se joue en frappant les trois phalanges des doigts à plat sur le bord de la peau de l’instrument. La main rebondit. Le son est assez grave, mat. Le claqué demande de la patience. La main s’avance à peine plus sur la peau que pour la tonique et fouette l’instrument. On utilise toutes les phalanges et la base des doigts qui sont souples et un peu écartés. La basse s’obtient en frappant toute la paume de la main vers le centre du djembé. Pour ces trois notes, le geste est dynamique sans brutalité, la main est souple. Au début, exagérer l’ampleur du geste peut aider. L’endurance et la résistance des mains à la douleur viennent assez vite, ce qui est aussi le cas avec nos instruments occidentaux. Il est bon de ne pas perdre de vue que le côté très physique de cette musique est très compatible avec la grâce et la subtilité…

Proposition d’onomatopées (non traditionnelles)pour mémoriser les phrases de djembé : Tonique : « tou » pour retrouver le son mate

Claqué : « tak » pour imiter la claque Basse : « boum » car de toute évidence… ce son fait « boum » !!!

3- l’apprentissage traditionnel :

Les Africains ont une façon d’apprendre qui ne laisse rien au hasard et qui est adaptée à leur culture orale.

Tout d’abord on écoute et on mémorise la phrase avec des onomatopées puis on la frappe et on la répète de nombreuses fois.

Mais en Afrique de l’ouest, on ne débute pas sur un djembé…

La musique est généralement commencée vers huit ans. Les enfants plus jeunes s’exercent sur des boites de conserve.

Ils n’ont pas la force nécessaire pour pratiquer d’un instrument. Le jeune musicien doit trouver un maître qui accepte de le prendre comme apprenti. Ce jeune ne bénéficiera pas de cours particuliers réguliers. Il va suivre le maître, écouter et apprendre le « montage » des instruments : entretien, retente et remplacement d’une peau.

Ensuite, après plusieurs mois durant lesquels il suit son maître à toutes les fêtes et cérémonies des villages de la

région, on lui confie la partie de doum-doum d’accompagnement sur un seul fût, puis le doum-doum solo sur trois fûts. Enfin, il pourra accéder au djembé d’accompagnement mais il ne pourra jamais jouer le moindre solo en présence de son maître.

La partie pédagogique sera abordée après la fête : pendant le thé, on parle, on explique, le maître fait parfois une courte démonstration.

Un doum-doum pour soliste… Un kenkéni métallique pour apprendre le doum-doum d’accompagnement…

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VI Les problèmes d’écriture ! Attention, on quitte la tradition africaine !!!

1- les notes Pour le djembé, trois lignes sont utilisées. Sur celle du bas, on trouve les basses, sur celle du milieu les toniques, sur celle du haut les claqués. Pour le doum-doum, la ligne du bas est pour le dounoumba (le gros fût), celle du haut est pour le sangban, le petit fût n’est jamais écrit ci-après puisqu’il n’est utilisé qu’en improvisation. S’il n’y a qu’un fût, la ligne du bas sert pour les notes graves obtenues en frappant la mailloche à plat, celle du haut est réservée pour les notes aiguës obtenues en inclinant la mailloche en biais. 2- les mains Au début de l’apprentissage, on ne sait quelle main utiliser pour frapper un rythme. Il existe une règle que l’on peut « aménager » pour les phrases d’accompagnement mais qu’il faut rigoureusement respecter dans les phrases de solo et d’improvisation. L’objectif de cette règle est de faciliter l’exécution d’une phrase, de la rendre claire à l’audition quel que soit le tempo. Voir page « main droite ? Main gauche ? Ci- après.

3- La polyphonie Dans les exemples musicaux donnés ci-dessous, les accompagnements de djembé, le kenkéni et le doum-doum doivent être joués en même temps. Pour obtenir la bonne superposition de notes, la première note de chaque première mesure doit être jouée en même temps.

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VII Concrètement

1- Les rythmes proposés 1- Malaka : accompagnements et soli traditionnels. 2- Diansa : accompagnements et soli traditionnels.. 3- Wassolon : deux accompagnements et un solo sur un doum-doum difficile.

2- Le sens de la musique traditionnelle

Malaka : rythme originaire de la région de Kayes, ethnie des Soninkés. Rythme de fête courante, ce rythme est surtout joué pour être dansé par les filles et les femmes. Malaka sert traditionnellement à l’apprentissage. Diansa : rythme originaire de la région de Kayes et de Kita, ethnie Kasonké. Danse très populaire jouée à toute occasion. Jouée d’abord très lentement, l’accélération peut être importante. Diansa permet aux djembéfolas de se mesurer les uns aux autres. D’après eux, il est donc essentiel de bien maîtriser ce rythme… Wassolon : nom d’une région au sud du Mali.

3- Les appels Chaque rythme a son appel (voir chapitre IV). Voici l’appel de Malaka (musique ternaire) et de diansa (musique binaire).

Exemple appels

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« Bazoumana yo »

Chant traditionnel en Bambara, très populaire au Mali. Bazoumana était un griot aveugle au prestige tel que la légende veut qu’il aurait pu rivaliser avec le diable.

« -Bazoumana yo, fourou fourou bé Féré yoro dioumé ?

-Yoro dian té Bakarim dian kasso

Ko dingué da la Nim’ ma daraka doun

Ko diougouté „

„ – Père Zoumana, les galettes, les galettes, Où est-ce qu’on les vend ?

-Ca n’est pas trop loin A la porte de chez Bakarim*le grand

Au bord d’une mare Mais si tu ne manges pas

Ca n’est pas grave »

La morale de cette histoire est que dans la vie, ça n’est pas se nourrir qui est le plus important : il y a d’autres choses.

Pour le deuxième couplet, remplacer « fourou » ( les galettes) par « malo kini » ( le riz au gras).

*Bakarim est un personnage important de la fondation de la ville de Ségou

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Bibliographie – discographie succinctes et subjectives…

Les disques :

-Mamady KEÏTA et Sewa Kan : Wassolon , Fonti Musicali Traditions du monde, fmd159. Ce guinéen est actuellement considéré comme le plus grand. Ses disques sont tous respectueux des traditions. Il joue dans une formation très classique. Tous ses albums sont très bien. -Néba Solo : Kéné Balafon, Label Cobalt, la pure tradition du balafon par un groupe exceptionnel. Le livret est assez complet, la musique y est bien expliquée. -Les djembés de Bobo : Fà kiyen yiriwa, Playa Sound Afrique, ps65195. Très traditionnel. Les Bobo (ou Bwaba) sont une ethnie du Burkina et du Mali. Le livret présente leurs instruments. -Jo KAÏAT: Departures, Warner Detour 3984-29054-2. Un double album de World Music: Inde et piano jazz, Mali et piano jazz. C’est très très fort : les percussions restent assez traditionnelles et se marient très bien au piano-jazz. -Beù-Beù , Bleu Regard, CT1958 ([email protected]) Rencontres entre la guitare accommodée, la batterie, le balafon, le djembé, le chant, le bara… Avec Baba et Sidiki SANOU. - pour d’autres noms, voir le chapitre II.

Les livres : - Monique BRANDILY: Introduction aux musiques africaines, Cité de la musique – Actes sud. La collection est très bien. Ce volume est accompagné d’un CD. -Alexandre Cellier : Percussions du Burkina-Faso, éditions Nouvelle Planète, CH-1042 Assens (Suisse), via le catalogue Fuzeau. Un livre avec 200 photos et un disque, on comprend très bien la place de la musique et de la danse dans le quotidien des Burkinabais, on découvre les modes de fabrication des instruments, ouvrage particulièrement agréable à parcourir. -Djibril Tamsir NIANE : Soundjata ou l’épopée Mandingue , édition « présence africaine ». Une épopée qui est un pilier de la culture Mandingue. -Patrick KERSALE et Amadou COULIBALY, Mali, Parole d’ancêtre Songhay - Mirage à Tombouctou, collection « Parole d’ancêtre », édition ANAKO. Des récits traditionnels Songhay avec un disque comprenant des récits en langue vernaculaire, des ambiances, de la musique, etc. -du côté de la littérature, Ahmadou Kourouma et Hampaté Bâ sont des monuments !

La « Bible » des percussionnistes :

-Mamady KEITA, une vie pour le djembé, éditions ARUN : oublions les emphases, mais c’est le maître de référence qui publie l’ouvrage référence qui a certes, de nombreuses qualités, mais aussi les défauts de toute tentative pour mettre par écrit une tradition orale. Découverte de nombreuses danses et rythmes, rôle social des musiciens, etc. Cet ouvrage très complet en anglais – français et allemand propose des transcriptions nombreuses de phrases écrites dans une écriture particulièrement complète et intelligente. Avec un disque- ( on le trouve moins cher sur l’Internet :-)

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Une vidéo : -Méthode d’Initiation – Le Djembé- Percussions Mandingues, réalisée par Girardin et Nasse, avec Inza Diabaté, coproduction Le Salon de Musique ([email protected]) et Planète Son ! ([email protected]): vingt excellentes minutes sur les fêtes, les instruments, la fabrication d’un djembé, le rôle des forgerons, des griots. Puis toutes les qualités et les défauts d’une méthode de djembé par vidéo.

Le web : -www.djembe.com C’est le site référence des amateurs de djembé et percussions africaines. Biographies des artistes, explications succinctes de la musique, dates de stages, concerts, forums… On peut même acheter des peaux de chèvres, c’est dire !!! -www.percussion.org Un autre site dynamique et complet. - www.pragmasoft.be/djembe/ Le site de Mamady KEÏTA et de ses musiciens. Des explications sur leur vision de la tradition et l’évolution de leur musique… -www.maliba.8m.com/Musique/ Pour tout comprendre sur les ethnies, les instruments, le Mali, etc. Un site très complet.