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LES SPÉCIFICITÉS DU MÉTIER DE PROFESSEUR D’ÉVEIL MUSICAL Cette synthèse est un compte-rendu des témoignages des personnes présentes à la rencontre du 2 novembre 2015 à l’Ariam Ile-de-France (Paris) Intervenante : Sophie Stellakis, titulaire du DUMI et du DE de formation musicale, professeur de formation musicale au CAM 14 de la Ville de Paris et Jean-Claire Vançon, conseiller artis- tique à l’Ariam Rédacteur de la synthèse : Jean-Claire Vançon Des conservatoires municipaux aux CRR, des écoles associatives aux MJC, dans les murs ou hors les murs (atelier périscolaire, intervention en temps scolaire) : il n’est pas de structure dispensant des en- seignants musicaux qui ne propose pas de cours d’éveil musical, selon des modalités et des objectifs considérablement disparates. Ceux-ci sont assurés par des enseignants aux profils et parcours eux-mêmes très variés – professeurs d’instrument ou de formation musicale, dumistes etc. Tous n’en sont pas moins portés par une même dynamique professionnelle, des interrogations communes et des publics comparables. Cette matinée voudrait ainsi permettre à des professeurs d’éveil musical, quels que soient leurs cultures et leurs contextes professionnels, de se retrouver pour mutualiser expériences et questionne- ments, et identifier ce qui, derrière la disparité de leurs situations, fonde la spécificité et l’identité de leur métier aussi beau et essentiel que mal défini. Les participants : 7 professeurs d’éveil musical ont assisté à cette rencontre (à laquelle 17 personnes s’étaient pourtant inscrites* ). Trois d’entre elles (toutes étaient des femmes) travaillent dans les Hauts-de-Seine ; les quatre autres participantes se répartissent à Paris, dans le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis et l’Es- sonne. Cette participation réduite n’en a pas moins permis de satisfaire en partie un des objectifs de cette rencontre : réunir des professionnels exerçant le même métier, quoique relevant de cultures profession- nelles variées. Le public de cette rencontre se partageait en effet équitablement entre professeurs de structures privées (trois enseignants) et de structures publiques (école municipale, CRC ou CRI). On y comptait quatre enseignants titulaires du DUMI (à laquelle on ajoutera une professeur formée dans le cadre de la Fédération Nationale des CMR) et 1 professeur en cours de VAE pour le DE de Formation musicale (étudiante en master de psychologie). Ces professeurs, en sus d’enseigner l’éveil, interviennent en milieu scolaire et/ou en CHAM, dispensent des cours de FM, d’instrument ou de chant, dans la structure dans laquelle ils sont par ailleurs professeurs d’éveil et/ou dans une autre structure. Rencontre métier Synthèse www.ariam-idf .com * Trois personnes ont prévenu l’Ariam de leur absence. Les sept autres absents ont sans doute dû finalement renoncer à participer à cette matinée parce qu’il s’agissait du jour de la rentrée après les vacances de la Toussaint.

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LES SPÉCIFICITÉSDU MÉTIER DEPROFESSEUR D’ÉVEIL MUSICAL

Cette synthèse est un compte-rendu des témoignages des personnes présentesà la rencontre du 2 novembre 2015à l’Ariam Ile-de-France (Paris)

Intervenante : Sophie Stellakis, titulaire du DUMI et du DE de formation musicale, professeur de formation musicale au CAM 14 de la Ville de Paris et Jean-Claire Vançon, conseiller artis-tique à l’AriamRédacteur de la synthèse : Jean-Claire Vançon

Des conservatoires municipaux aux CRR, des écoles associatives aux MJC, dans les murs ou hors les

murs (atelier périscolaire, intervention en temps scolaire) : il n’est pas de structure dispensant des en-

seignants musicaux qui ne propose pas de cours d’éveil musical, selon des modalités et des objectifs

considérablement disparates.

Ceux-ci sont assurés par des enseignants aux profi ls et parcours eux-mêmes très variés – professeurs

d’instrument ou de formation musicale, dumistes etc. Tous n’en sont pas moins portés par une même

dynamique professionnelle, des interrogations communes et des publics comparables.

Cette matinée voudrait ainsi permettre à des professeurs d’éveil musical, quels que soient leurs

cultures et leurs contextes professionnels, de se retrouver pour mutualiser expériences et questionne-

ments, et identifi er ce qui, derrière la disparité de leurs situations, fonde la spécifi cité et l’identité de

leur métier aussi beau et essentiel que mal défi ni.

Les participants :7 professeurs d’éveil musical ont assisté à cette rencontre (à laquelle 17 personnes s’étaient pourtant inscrites* ). Trois d’entre elles (toutes étaient des femmes) travaillent dans les Hauts-de-Seine ; les quatre autres participantes se répartissent à Paris, dans le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis et l’Es-sonne.

Cette participation réduite n’en a pas moins permis de satisfaire en partie un des objectifs de cette rencontre : réunir des professionnels exerçant le même métier, quoique relevant de cultures profession-nelles variées. Le public de cette rencontre se partageait en effet équitablement entre professeurs de structures privées (trois enseignants) et de structures publiques (école municipale, CRC ou CRI).

On y comptait quatre enseignants titulaires du DUMI (à laquelle on ajoutera une professeur formée dans le cadre de la Fédération Nationale des CMR) et 1 professeur en cours de VAE pour le DE de Formation musicale (étudiante en master de psychologie). Ces professeurs, en sus d’enseigner l’éveil, interviennent en milieu scolaire et/ou en CHAM, dispensent des cours de FM, d’instrument ou de chant, dans la structure dans laquelle ils sont par ailleurs professeurs d’éveil et/ou dans une autre structure.

Rencontre métierSynthèse

www.ariam-idf.com

* Trois personnes ont prévenu l’Ariam de leur absence. Les sept autres absents ont sans doute dû fi nalement renoncer à participer à cette matinée parce qu’il s’agissait du jour de la rentrée après les vacances de la Toussaint.

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UNE DISCIPLINEAUX ENJEUX MAL IDENTIFIÉS

Auprès des collègues et de la direction

« On est un peu seuls », déplore une participante ; « On

pourrait faire n’importe quoi, personne ne s’en soucie-

rait », complète une autre, regrettant que son action soit

si peu valorisée par sa direction et ses collègues. La plu-

part des enseignants ont ainsi témoigné souffrir d’une

hiérarchie implicite plaçant les professeurs d’éveil en

dessous des professeurs de FM, lesquels seraient eux-

mêmes inférieurs aux professeurs d’instrument – cette

dernière subordination ayant pour effet d’inciter les

professeurs de FM à constituer celle-ci en « discipline »

spécifique et autonome, et à tenir l’éveil pour inférieur1.

Or la reconnaissance du rôle du professeur d’éveil im-

porte autant pour la conception de son contenu et de sa

place au sein des cursus proposés par le conservatoire,

que pour l’allocation du budget nécessaire à l’achat du

matériel dont a besoin le professeur d’éveil.

Auprès des parents d’élèves

Certains parents comprennent mal l’enjeu spécifique du

cours d’éveil, véritable « cours de musique » où l’on ne

fait ni instrument ni solfège. La clarification des objec-

tifs poursuivis et des activités conduites en cours peut

se faire :

- en les formalisant dans un document écrit transmis

aux familles ;

- en partageant la vie du cours sur un blog accessible

aux parents d’élèves ;

- en consacrant une partie du cours (les 10 ou 15 der-

nières minutes) à une rencontre avec les parents ;

- en montant un « spectacle » de fin d’année (ou à tout

le moins, un temps de restitution permettant de présen-

ter le travail de l’année) : autour d’un conte ou autour

d’un thème (servant de fil rouge aux divers pratiques

présentées : chants, percussions corporelles, jeux vo-

caux, danses) dont l’identité, pas forcément anticipée en

début d’année, se dégage au fur et à mesure de l’année.

Un vrai spectacle est toutefois assez lourd à monter, tant

pour l’enseignant que pour l’enfant (2 heures de répéti-

tion, c’est long) ;

- en proposant une ou deux fois par an un cours « portes

ouvertes » à destination des parents. Cela n’est possible

qu’à la condition que la salle de cours soit suffisamment

grande pour pouvoir les accueillir. Assez simple à orga-

niser, c’est un moment qui se veut convivial, pouvant

commencer par 15 minutes d’échauffement partagé pa-

rents/enfants, suivies de 10 minutes de restitution et

d’un goûter (durant lequel l’échange se noue).

Auprès des enfants

Et les enfants ? Comment vivent-ils ce cours et quel

intérêt y trouvent-ils ? Comme on le fait à leur âge : la

relation affective avec l’enseignante prime sur le sens

donné aux pratiques (« Ils ne viennent pas au Conser-

vatoire, ils viennent voir Catherine »). Certains partici-

pants relèvent que les enfants ont très envie de jouer

d’un instrument (et comprennent le conservatoire

comme le lieu par excellence où on apprend à le faire) ;

il est difficile de les faire tenir jusqu’en CE1 ou CE2 sans

pratique instrumentale.

QU’EST-CE QU’UN COURSD’ÉVEIL MUSICAL ?

L’organisation des cours d’éveil

Le cours d’éveil dure, selon les situations, 45, 50 ou

60 minutes. Mais tous les participants s’accordent sur

la conviction qu’une heure, c’est trop long, surtout pour

des petits groupes2. Les exemples d’un cours d’éveil

pour des 5-6 ans jusqu’à 19h15, ou d’un cours de jardin

musical le matin à 9h15, ont été cités pour illustrer de ce

qu’il faudrait ne pas faire. Certains cas particuliers ont

également été évoqués :

- celui d’un éveil partagé à la musique et à la danse : 30

minutes d’éveil musical suivi de 45 minutes de danse.

- celui d’un cours d’initiation (45 minutes) couplé à un

atelier de découverte instrumentale.

La taille des groupes oscille entre 9 (taille jugée idéale)

et 15 élèves (« c’est trop »).

Objectifs

Que les participants aient commencé à enseigner l’éveil

avec ou sans formation (au DE ou au DUMI), aucun ne

l’a fait sans se poser beaucoup de questions : « c’était un

grand flou », se souvient l’une d’elle ; « Il n’y a pas de ca-

drage, il n’y a rien », affirme une autre, à qui le directeur

a donné toute latitude pour concevoir objectifs et conte-

nus de son cours. Cette absence de cadre est toutefois

exagérée ; le Schéma national d’orientation pédagogique

« Musique » (SNOP) d’avril 2008 assigne en effet aux

cours d’éveil et d’initiation un certain nombre d’objectifs

identifiés (cf. Annexe).

Le SNOP prévoit notamment que l’éveil musical puisse

être proposé « dans le cadre scolaire ». Or les parti-

cipants, forts de leur expérience en milieu scolaire,

tiennent à souligner qu’objectifs et contenus diffèrent

selon que le cours d’éveil est dispensé à l’école ma-

ternelle ou dans une école de musique (privée ou pu-

blique) : le nombre d’élèves et le matériel ne sont pas les

mêmes, sans compter la question du partenariat avec le

professeur des écoles. La séance n’est non plus vécue de

2

1 : Pour preuve, cette enseignante non diplômée du DE, à qui l’on refuse pour cette raison d’enseigner la FM, et que l’on « relègue » en « éveil ».2 : Une participante, qui doit normalement donner 1 heure de cours, n’en donne que 50 minutes. Cela lui permet de rencontrer les parents durant les 10 dernières minutes et de leur expliquer ce qu’ont fait leurs enfants. Pour une autre enseignante (qui ne consacre que 45 minutes de son créneau d’1 heure au cours propre-ment dit), ces 15 minutes lui permettent en sus de rédiger son propre bilan de la séance, de ranger la salle, etc.

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la même manière par les enfants selon qu’ils se savent à

l’école ou au conservatoire.

L’objectif principal du cours d’éveil est de « développer

la curiosité, l’expression et l’imaginaire de l’enfant » en

développant plus précisément :

- Ses compétences d’écoute : découvrir des œuvres va-

riées, discerner et nommer des éléments constitutifs du

discours ;

- Ses compétences créatives : inventer de la musique et

des codages, fabriquer des instruments ;

- Ses compétences d’interprète : pratiques vocales, ins-

trumentales (corps sonores, percussions, etc.), chorégra-

phiques ;

- Sa confiance en soi, sa relation avec le groupe, sa légi-

timité à s’exprimer devant et avec les autres.

On note que les enfants peuvent apprendre le solfège à

4 ans, « mais ça les coupe du son et de la créativité ».

En revanche, les enfants de CP « adorent écrire » (qu’il

s’agisse d’un code inventé ou des premiers rudiments du

code traditionnel).

Moyens

Les spécificités du cours d’éveil ne portent pas que

sur les objectifs qu’il veut satisfaire, mais aussi sur les

moyens qui y sont mis en œuvre. Les professeurs pré-

sents ont ainsi insisté sur certaines ressources pédago-

giques (dont certaines sont d’ailleurs identifiées dans le

SNOP), qui leur semblent inhérentes à l’enseignement

de l’éveil :

- l’approche ludique : le jeu (exemple du « memory so-

nore ») doit occuper une place aussi centrale que l’atten-

tion au plaisir de l’enfant ;

- l’utilisation du conte

- la place du corps en mouvement : que ce soit dans une

situation d’écoute, de création, d’imitation ou d’exécu-

tion (notamment rythmique). Les percussions corpo-

relles sont un outil précieux ;

- la valorisation positive des propositions des enfants ;

- la pratique de groupe : je grandis à mon rythme dans le

groupe, et je l’améliore par ma contribution.

- l’improvisation

Plusieurs modèles de pratiques, formalisés dans des

méthodes (Mélopie, Dalcroze, Willems, Orff, Martenot),

ont été évoqués – en même temps que le regret de n’y

être pas mieux formé au CFMI.

L’ÉVEIL MUSICAL DANSLE PARCOURS DE L’ENFANT

La place de l’éveil musical dans la structuration

des cursus

Quel cursus l’élève inscrit en éveil est-il appelé à suivre ?

La question reçut presque autant de réponses que de

participants :

- Cas d’une école associative du 92 : 3 ans d’éveil (MS3,

GS, CP) suivis d’un an d’ « initiation solfège » (CE1).

- Cas d’une école associative du 75 : « Jardin 2 » en MS,

« Initiation » en GS, « Transition » en CP/CE1 mélangés

(les enfants commençant l’instrument en CE1, cela crée

un groupe hétérogène sur ce plan).

- Cas d’un CRC du 92 : éveil en MS (45 minutes) et GS

(1h), initiation en CP

- Cas d’un autre CRC du 92 : 1 an d’éveil musique/danse

(GS, 3 à minutes + 45 minutes de danse) suivi d’1 an

d’initiation (45 minutes, CP) couplée à un atelier de dé-

couverte instrumentale.

- Cas d’un CRC du 93 : 1 an de jardin musical (PS), 2 ans

d’éveil (MS et GS) avec possibilité d’intégrer les ateliers

d’éveil instrumental (20 minutes) en 2e année, suivi d’1

à 2 ans d’initiation (1h30 de cours collectif).

La choix, généralisé, de faire commencer l’éveil en MS

est plus ambitieux que le SNOP (qui destine à l’éveil les

enfants « aux alentours de 5 ans »). Mais certains par-

ticipants trouvent plus pertinent de commencer l’éveil

avec des enfants scolarisés en GS.

De l’éveil au cours d’instrument

Le SNOP fait de l’éveil un cours favorisant « les condi-

tions qui permettent d’aborder par la suite des activités

musicales plus spécialisées, vocales ou instrumentales ».

Pour autant, l’éveil n’est pas un cours de pratique instru-

mentale en tant que tel (ce que regrettent certains pa-

rents) – sauf cursus spécifique prévoyant l’articulation

du cours d’éveil ou d’initiation à un atelier de décou-

verte et de pratique instrumentale.

Quand ce type de dispositif n’est pas proposé, il peut

être utile d’insérer la restitution de la classe d’éveil dans

les auditions des classes de Ier cycle 1ère année : cela

permet aux enfants de découvrir les instruments ensei-

gnés dans la structure.

De l’éveil à la FM

La question du lien entre l’éveil et les cours de FM a

été plus discutée. Ce lien est d’évidence plus facile à

construire si le professeur d’éveil est aussi professeur

de FM.

On indique que les professeurs de FM voient la dif-

férence entre les enfants qui ont fait de l’éveil et les

autres : ils savent écouter, se repérer sur une pulsation

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3 : Pour rappel : PS = petite section de maternelle ; MS = moyenne section ; GS = grande section ; CP = cours préparatoire ; CE1 = cours élémentaire 1re année.

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etc. Pourtant, les enfants iraient parfois à reculons

en FM – notamment parce qu’ils n’y retrouvent pas

ce qu’ils ont fait en éveil. Deux différences majeures

entre cours d’éveil et de FM ont été soulignées :

- la présence importante du solfège (lecture et écri-

ture) en FM : « En France, on est très centrés sur l’écri-

ture », constate une participante ayant suivi sa forma-

tion initiale au Québec.

- l’absence, en FM, d’un réel investissement corpo-

rel : le corps serait souvent suspecté de s’opposer

au sérieux du travail, en vertu de représentations

inconscientes voulant que l’on apprenne bien qu’en

souffrant. Il y a pourtant lieu de différencier « effort »

et « souffrance », de même qu’il convient de ne pas

confondre objectifs et moyens : un objectif ambitieux

peut être atteint par des voies ludiques et créatives,

opposer le « théorique » au « ludique » est un non-

sens.

CONCLUSIONS / PERSPECTIVES

Un professeur d’éveil est un professeur heureux

(« J’adore l’éveil »)… sauf quand il n’est pas reconnu

dans son travail (« La seule souffrance, c’est quand

le directeur dit que c’est du baby sitting »). Il est à ce

titre essentiel que les professeurs d’éveil :

- formalisent les objectifs et les contenus de leur en-

seignement pour mieux les partager avec leur direc-

tion, leurs collègues et les parents d’élèves ;

- échangent entre eux pour constituer une culture pro-

fessionnelle commune. L’Ariam peut aider à répondre

à la nécessité exprimée de structurer la profession en

réseau.

Alors, le cours d’éveil pourrait quitter sa périphérie

pour venir au centre : « empreinte de bonheur pour

la suite », le cours d’éveil est le lieu qui défend des

approches et des valeurs à la lumière desquelles re-

penser le projet pédagogique du conservatoire. Le

développement actuel des dispositifs de pédagogie

globale, où le solfège se fait de plus en plus à l’ins-

trument, libère un espace à la FM (qui, débarrassée

du code, pourrait se concentrer sur les compétences

d’écoute, de création, de chant etc.) – en somme, un

cours de FM qui apparaîtrait, dans son entier, comme

un « post-éveil L’Ariam pourrait par ailleurs contri-

buer à combler certaines lacunes de formation res-

senties par les participants – notamment relativement

à la connaissance des méthodes actives.

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Annexe :L’éveil et l’initiation

dans le Schéma national d’orientation pédagogique « Musique »(avril 2008)

ÉveilL’éveil, aux alentours de 5 ans, est destiné à développer leur sensibilité. Privilégiant l’activité sensorielle, corporelle et vocale, il est souhaitable que, sous forme d’ateliers interdisciplinaires, l’éveil associe d’autres formes d’expression artistique : musique, danse, théâtre, arts plastiques...

Aux alentours de cinq ans, l’enfant peut aborder des pratiques plus élaborées que dans les périodes précédentes. Elles sont valorisées conjointement à l’école maternelle puis élémentaire. Lui est ainsi offerte l’opportunité d’entrer dans la globalité du phénomène artistique. Cette démarche peut donc être proposée dans le cadre scolaire, sous la responsabilité des professeurs des écoles et avec l’aide de musiciens intervenants qualifiés.

L’objectif principal de la phase d’éveil est d’affiner les perceptions et de développer des aptitudes, par des démarches où le corps en mouvement est mis en relation avec le monde sonore et avec l’espace.

Tout au long de cette période d’éveil, la pratique de groupe sera largement privilégiée, et la notion de jeu omniprésente.

L’éveil permet de :- développer la curiosité, l’expression et le domaine de l’imaginaire de l’enfant,- former l’oreille le plus tôt possible,- mettre en place des repères (par la perception, le vocabulaire…) sur les phénomènes acoustiques et dans le monde des sons,

- favoriser les conditions qui permettent d’aborder par la suite des activités musicales plus spécialisées, vocales ou instrumentales.

InitiationVers sept ans, la phase dite d’initiation facilite notamment un choix de pratique instrumentale ou vocale.

Environ 2h hebdomadaires et, si possible, en deux moments distincts, pendant un an (intégration possible en 1° cycle, dans une classe instrumentale ou une filière voix, au cours de l’année, suivant l’évolution de l’enfant et les possibilités du conservatoire).

Objectifs de cette période :- faire connaissance avec les différentes esthétiques musicales (écouter, aller au concert, aux auditions) ;- faire connaissance avec l’établissement et l’ensemble de son offre ;- se situer dans un contexte collectif ;- s’approprier des approches globales et inventives (la voix, le corps, les instruments) sans obligation de résultat technique immédiat, se présenter en public, commencer à construire ses perceptions, un vocabulaire musical...

Ce moment peut être pris en charge, mais pas obligatoirement, dans un dispositif de « classe unique » : plusieurs enseignants se réunissent dans un temps et un lieu unique pour aborder ensemble, dans un projet pédagogique global, les domaines de la pratique et des connaissances qui y sont associées. Ainsi, les enfants découvrent de manière concrète les pratiques qui leur sont accessibles, notamment le chant et les instruments, et sont préparés à aborder le 1er cycle. » (p. 4-5)

Jardin, éveil, initiation et deux premiers cycles (p. 9) :

Cycles Objectifs principaux

contenu de l’enseigne-ment

organisation du cursus ÉVALUATION

JardinÉveilInitiation

> Ouvrir et affiner les perceptions

> Éducation à l’écoute, mise en place d’un vocabulaire sur les sons et la musique> Pratique collective du chant, activités corporelles, expression artistique

> Possibilité d’activité avant 5 ans avec les structures en charge de la petiote enfance (crèches et les écoles mater-nelles)> Possibilité d’éveil (5 à 7 ans) ou d’initiation (à partir de 7 ans) conjoint musique, danse et théâtre> Durée hebdomadaire des cours : entre une heure et trois heures> Durée de l’éveil ou de l’initiation : entre un et trois ans suivant l’âge> Possibilité de partenariat avec le milieu scolaire.

> Évaluation non formalisée

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