Les Spirituels. Philosophie et religion chez les jeunes humanistes allemands au seizième siècleby André Séguenny

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    Les Spirituels. Philosophie et religion chez les jeunes humanistes allemands au seizime sicleby Andr SguennyReview by: Vincent DelecroixArchives de sciences sociales des religions, 48e Anne, No. 124 (Oct. - Dec., 2003), pp. 135-137Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30135555 .Accessed: 12/06/2014 12:36

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  • BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

    124.47 SEGUENNY (Andre).

    Les Spirituels. Philosophie et religion chez les jeunes humanistes allemands au seizieme siicle. Baden-Baden-Bouxwiller, Editions Valentin Koener, 2000, 287 p. (coll. >).

    Donner un aperqu d'un courant religieux tel que le spiritualisme allemand au seizibme si~cle, c'est d'abord se demander ce qu'il est. La question est m6thodologique : quel type de d6finition est-il susceptible de convenir i ce qui risque fort de ne ressortir i aucune classifica- tion av6r6e en matibre d'histoire ou de socio- logie de la religion ? De fait, A.S. s'attache d'abord i marquer la pertinence limit6e des critbres d6finitoires jusqu'alors utilis6s pour cerner le spiritualisme. Une d6finition thdolo- gique marque vite, en effet, ses limites, dans la mesure ou elle reste impr6cise sur la diff6rence specifique qui caractdrise le spiritualisme : on peut certes dire que celui-ci se caractdrise par la primaut6 professde de humaniste des spirituels s'oppose totalement aux thbses de Luther sur le serf arbitre, comme ce dernier avait rompu avec l'humanisme erasmien. Mais la difficult6 i cerner la specificit6 des spirituels se manifeste egalement dans la qualification hitive de mystiques qu'on a pu leur attribuer: le mysticisme affirme des theses contraires au spiritualisme, comme l'annihilation de l'individu

    dans son union i Dieu. (II est encore plus absurde d'en faire des >, puisque mysticisme et protestantisme s'excluent mutuellement).

    En bref, une d6finition purement thbolo- gique n6glige le fait < qu'il s'agit peut-6tre d'une doctrine oi la thdologie cede le pas i une riflexion d'un autre ordre, et dont le langage diffbre de celui de la religion. >> (p. 22) Plus ad6quats seront done les critbres philosophi- ques qui, selon Troeltsch et Dilthey, font du spiritualisme la source de la philosophie de la religion moderne. Mais dans la lign6e de Troeltsch lui-mime, c'est du c6t6 d'une d6fini- tion sociologique que A.S. se tourne pour tenter de cerner l'originalit6 de la vision spirituelle, qui doit &tre envisag6e d6sormais i partir des racines qu'elle plonge >. Pourtant, l'analyse de Troeltsch marque elle aussi ses limites, dans la mesure ou sa distinc- tion entre Eglise et secte s'av~re ici inop6rante : les spirituels ne forment ni une secte ni, a fortiori, une Eglise. Le critbre des liens institu- tionnels qui unit les membres entre eux n'est finalement pas pertinent dans ce cas.

    Pour echapper i une d6finition strictement n6gative (ni secte, ni Eglise), A.S. peut done proposer: qu'on abordera les spirituels. Ce concept, dans lequel A.S. voit la nature sociologique de sa thbse, est la clef de toute son etude et s'exprime de plusieurs manibres. D'abord, il signifie, chez ces penseurs (Denck, S. Franck, C. von Schwenc- kfeld), une communaut6 de racines intellec- tuelles, celle de l'humanisme chr6tien forte- ment marquee par la figure d'Erasme de Rotterdam, ainsi que l'influence fondamentale du contexte religieux de cette 6poque, notam- ment la diffusion du protestantisme qui va devenir leur adversaire principal. Elle signifie ensuite l'originalit6, entre ces penseurs, d'un lien irr6ductible i l'id6e de source, d'influence ou de commentaire : c'est par leur contempora- ndite et la proximit6 de leurs theses, bien plus que par une influence r6ciproque effective, que s'exprime cette communaut6 de pensee. Cette >, contestataire plus que radicale, ne s'est jamais constitu6e elle-m~me comme une dcole de pensde, encore moins comme une nouvelle religion; mais elle est form6e de destins individuels (autant que de theses philosophiques) dont la similarit6 suffit i corroborer l'id6e de gendration:

  • ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

    engagement sans compromission dont le prix fut l'exil, une vie pr~caire, la marginalisation, la haine des thdologiens mais aussi l'admiration de ceux qui, A la fid~lit6 aveugle A leur Eglise, catholique ou protestante, prdfdraient l'accom- plissement de la vocation humaine, c'est-A-dire devenir l'image de Dieu. > (p. 90)

    Cette < these sociologique >> (Ibid.) commande la structure de l'6tude, que l'on pourrait s~parer en deux grandes parties. Une premiere partie est constitude par l'examen du contexte intel- lectuel et religieux dans lequel et, A partir duquel, emerge la jeune g~n~ration des spiri- tuels. Cette analyse synth tique des principaux traits de doctrines ou d'attitude religieuse examine trois grands paradigmes: la vision m~di~vale (scolastique, mystique, nominaliste), puis, avec la Renaissance, I'Humanisme et la R~forme luth~rienne. Mais on aurait tort de n'y voir qu'un examen doxographique. Compte tenu de l'originalitA de la pens e spiritualiste, l'auteur s'intdresse 6galement aux formes de pi~td qui s'expriment alors (en particulier le problame de l'imitatio Christi) et qui consti- tuent des clefs importantes de comprehension, au mime titre que l'examen des textes ou des doctrines: la religion populaire n'a pas seule- ment inspire Luther. La deuxibme partie r~unit trois monographies sur les trois spirituels prin- cipaux: Hans Denck, Sebastian Franck et Caspar von Schwenckfeld (6galement une analyse de J. Haugk, leur prid6cesseur imm&- diat). Dans ce choix monographique s'exprime une fois encore la th~se selon laquelle cette g~n~ration est avant tout constitute d'individus singuliers, dont aucun ne peut &tre simplement consid~r6 comme un spectateur ou un commen- tateur de l'autre. S'y dessine leur racine commune, celle d'une commune interrogation, voire d'une commune inquietude : < la g~n~ra- tion des spirituels fut surtout frapp~e par l'incertitude et la relativit6 du savoir tire des donn~es du monde actuel, et cela dans tous les domaines de l'existence humaine, ce qui l'a conduit A poser la question de la l1gitimit6 de I'8tre de l'homme. >> (p. 30)

    L'analyse du contexte et des sources du spiritualisme est particulibrement 6clairante non seulement sur l'atmosphbre religieuse et thdologique qui baigne ce debut de XVIe sibcle en Europe du Nord, mais 6galement sur la manibre dont peut naitre un courant de pensde et de pidt6 tel que le spiritualisme. De fait, ce que montrent par la suite les monographies des auteurs, et particulibrement la premiere consacrde A H. Denck, c'est la manibre dont les traits emprunt~s A tel ou tel paradigme s'agglo- mbrent dans une pens~e originale et en m~me temps parfaitement coh~rente avec ce qui la

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    pr6c~de : une g6ndration intellectuelle se forme par reprise et diff6rence. De la scolastique, elle retient l'id~e d'une intelligence de la foi, I'importance et la possibilit6 de la connaissance de Dieu, mais 6galement la limite irr6ductible de la raison naturelle ; du mysticisme, la n6ces- sit6 d'une communion avec Dieu pour atteindre la blatitude t du luth6ranisme, non seulement la violente critique de l'Eglise et la n~cessit6 de r6former la pi6td, mais 6galement I'individuali- sation, la personnalisation (voire la solitude) de la foi; enfin, elle retient tant de l'Humanisme (libre-arbitre, horizon n6cessairement chr~tien de la recherche de la b6atitude, int&rat pour l'homme dans la totalit6 de sa nature, esprit et chair, etc.) que l'A. peut la consid6rer comme sa veritable continuation et radicalisation - c'est-i-dire 6galement sa sortie de l'orbe catho- lique. Les points de d6saccord sont aussi nombreux, mais concernent plus particulibre- ment la confrontation avec la vision luth6- rienne, et l'on peut voir l'une des racines du spiritualisme dans la rupture op6r6e en 1524 entre Luther et Erasme : le spiritualiste s'oppose ainsi radicalement A l'id~e d'un abime infranchissable entre Dieu et sa creature (qu'il considbre au contraire comme reflet, et non simplement cr6ature, de Dieu), d'une impuis- sance de la volont6 de l'homme, d'un Christ simplement R6dempteur, d'un Dieu seulement Juge, et de la n6gation des oeuvres (promouvant au contraire, dans l'esprit humaniste, une pratique active). Une autre d6ception explique aussi la virulence de la jeune g6ndration: la volont6 de la R6forme de se transformer en nouvelle Eglise, ce qui ne pouvait manquer de h6risser des penseurs qui niaient au contraire I'importance spirituelle de l'institution et qui reprochaient d6jA A Erasme son attitude conci- liatrice A l'6gard de l'Eglise catholique.

    Au centre de ces reprises et diff6rences se joue la question de fond du spiritualisme: la possibilit6 pour l'homme de devenir un Homme Nouveau, la possibilit6 d'une r6g6n6ration qui r6ponde A la d6ception devant l'inanit6 et l'absurdit6 de l'existence ici-bas. La r6ponse spiritualiste a cette question existentielle se fait bien dans la continuit6 de l'humanisme: > (p. 50), par l'imitatio Christi, elle-mime conque A l'image de la paideia grecque (l'61kve transform6 A l'image de son maitre). Dans l'esprit de l'humanisme (en cela contraire A la mystique) cette transformation en etre spirituel ne produit pas une ndgation de l'homme en tant que personne, pas plus d'ailleurs qu'elle n'exclut la chair de ce processus de spiritualisation. Mais cette transformation n6cessite un bouleversement 6pist6mologique, la simple connaissance

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  • BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

    naturelle s'av~rant incapable de trouver Dieu. Cependant, 1l encore, la racine humaniste se laisse voir: c'est en lui, et non par une aide extdrieure, que l'homme trouve la possibilite de cette foi. En lui se trouve la Parole. Cet acces n'est pas l'an~antissement du mystique, mais un savoir qui, s'il exc~de les forces de la seule raison naturelle et dont A.S. reconnait que les spirituels ne donnent jamais une description claire, est le fruit d'une longue et difficile

    preparation dont le but principal est le detache- ment par rapport au monde; ce savoir lui- mfme est > (p. 228).

    Cet accbs direct A Dieu, par les seules forces de l'homme, invalide, on le comprend, toute m~diation institutionnelle : l'Eglise exterieure et visible est proscrite, le spiritualisme, comme le dit Franck avec virulence, > (p. 134) Seule est valable > (p. 230) Et

    I'A. de pr~ciser que ce Dieu humaniste radicale, d'une religion sans religion qui allait connaitre une fantastique posterit&.

    Vincent Delecroix.

    124.48 SHAROT (Stephen). A Comparative Sociology of the World's Religions: Virtuosi, Priests and Popular Religion. New York-London, New York University Press, 2001, 343 p. (bibliogr., index).

    I am delighted to review this impressive and wide-ranging book. Clearly it is the product of many years' work, of encyclopaedic reading and much reflection. The Author teaches in the Department of Behavioural Sciences in Ben- Gurion University of the Negev. He tells us that many of the ideas within this book were initially worked through with different classes of his undoubtedly fortunate students (the size of S.S.'s classes grew as the focus on a compa- rison of the world's religions developed); happily a much wider range of students and scholars are now able to access this important body of material.

    The book is divided into two parts. The first is concerned with Concepts and Theories, the second with Religious Action in the World Religions - more precisely with a set of case studies drawn from each of the world's reli- gions, which elaborate the innovative themes set out in the theoretical chapters. The Author articulates his goal as follows: a comparative analysis of 'what are variously called the popular, common, folk, unofficial religious forms, or little traditions, and their relations- hips with the elite, official forms, or great tradi- tions, of the world religions' (p. 3). In order to do this, he draws on an extensive body of inter- disciplinary literature concerned with popular religion and organizes this 'within an analytic scheme of religious action that builds princi- pally on the writings of Max Weber' (p. 4). The brilliance of this book lies in linking Weberian

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    Article Contentsp. 135p. 136p. 137

    Issue Table of ContentsArchives de sciences sociales des religions, 48e Anne, No. 124 (Oct. - Dec., 2003), pp. 1-172Front MatterFerdinand Buisson et l'individualisme [pp. 5-18]Les Conversions au catholicisme en France: Un religieux en mutation? [pp. 19-38]Notes Critiques/Book Reviews/ Notas criticasReview: Histoires d'hritages... [pp. 39-48]Review: L'Invention chrtienne de l'identit Yoruba. Les racines missionnaires d'une nation africaine [pp. 49-61]

    Bulletin BibliographiqueComptes rendus d'ouvragesReview: untitled [pp. 63-64]Review: untitled [pp. 64-66]Review: untitled [pp. 66-68]Review: untitled [pp. 68-71]Review: untitled [pp. 71-74]Review: untitled [pp. 74-75]Review: untitled [pp. 75-76]Review: untitled [pp. 76-78]Review: untitled [pp. 78-80]Review: untitled [pp. 80-81]Review: untitled [pp. 81-82]Review: untitled [pp. 82-83]Review: untitled [pp. 83-84]Review: untitled [pp. 84-85]Review: untitled [pp. 85-87]Review: untitled [pp. 87-89]Review: untitled [pp. 89-91]Review: untitled [pp. 91-93]Review: untitled [pp. 93-95]Review: untitled [pp. 95-96]Review: untitled [pp. 96-98]Review: untitled [pp. 98-99]Review: untitled [pp. 99-100]Review: untitled [pp. 100-102]Review: untitled [pp. 102-103]Review: untitled [pp. 103-105]Review: untitled [pp. 106-107]Review: untitled [pp. 107-108]Review: untitled [pp. 108-109]Review: untitled [pp. 109-111]Review: untitled [pp. 111-112]Review: untitled [pp. 112-114]Review: untitled [p. 114-114]Review: untitled [p. 115-115]Review: untitled [pp. 116-117]Review: untitled [pp. 117-118]Review: untitled [pp. 118-120]Review: untitled [pp. 120-123]Review: untitled [pp. 123-124]Review: untitled [pp. 124-125]Review: untitled [pp. 125-127]Review: untitled [pp. 127-129]Review: untitled [pp. 129-130]Review: untitled [pp. 130-132]Review: untitled [pp. 132-133]Review: untitled [pp. 133-134]Review: untitled [pp. 135-137]Review: untitled [pp. 137-138]Review: untitled [pp. 138-141]Review: untitled [pp. 141-143]Review: untitled [pp. 143-145]

    Informations Bibliographiques [pp. 147-170]Livres Reus [pp. 171-172]

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