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ROPARWA ISAR Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le développement Réseau des organisations Paysannes d u Rwanda Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda Les systèmes de production de la pomme de terre au Rwanda. Propositions d'actions de recherche et de développement dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi =============================== Série de Documents de Travail N° 122 Rwanda - 2004 ===============================

Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

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ROPARWA ISAR

Centre International pour la Recherche Agricole orientée

vers le développement

Réseau des organisations Paysannes d u Rwanda

Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda

Les systèmes de production de la pomme de terre au

Rwanda. Propositions d'actions de recherche et de

développement

dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi

=============================== Série de Documents de Travail N° 122

Rwanda - 2004

===============================

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Les systèmes de production de la pomme de terre au Rwanda.

Propositions d'actions de recherche et de développement

dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi Idrissa FANÉ Mali Agronomie Razika KRIBES Algérie Ecologie & Environnement Philippe NDIMURWANGO Rwanda Agronomie Viateur NSENGIYUMVA Rwanda Agronomie Claire NZANG OYONO Gabon Economie rurale

ICRA Agropolis International, Avenue Agropolis, 34394 Montpellier CX05 - France Tél. 33-(0)467 04 75 27 - Fax 33-(0)467 04 75 26 E-mail: [email protected] - Site internet: http://www.icra-edu.org

ROPARWA B.P. 6699, Kigali – Rwanda Tél. 250-589 573 – Fax 250-512 283 E-mail: [email protected] - Site: http://www.roparwa.org ISAR B.P. 138, Butare – Rwanda Tél. 250-530 145 – Fax 250-578 768

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AVANT PROPOS

Plusieurs évaluations des projets de développement n’ont cessé de conclure que les efforts déployés dans le cadre du développement n’ont pas eu les effets escomptés sur la croissance économique et l’environnement écologique des populations. Aujourd’hui les politiques internationales visent à réduire de moitié l’extrême pauvreté vers l’année 2015 en assurant une responsabilisation des pauvres dans les stratégies de réduction de la pauvreté. La décentralisation est devenue la voie à suivre. Les immenses richesses doivent être transformées sur place pour proposer des bons produits finis sur le marché afin de ne plus subir les effets de la détérioration des termes de l’échange dont le Rwanda a été victime et qui explique en partie son économie actuelle. Les enjeux du développement du pays sont nombreux, à savoir :

- 60 % des rwandais sont sous le seuil de pauvreté, le PIB est de 260 US$ en 2000, l’appauvrissement structurel étant dû au fait que la croissance démographique fut supérieure à la croissance économique durant les années 80-90.

- La population double et sera de 16.000.000 en 2020, si le taux de croissance se maintient proche de 3,7 ‰.

- La guerre et le Génocide ont aggravé l’appauvrissement de la population et ont creusé l’écart entre la ville et le milieu rural, entre les riches et les pauvres.

- Le Rwanda n’accepte pas cette situation de misère. Il veut transformer son économie, en vue d’atteindre d’ici l’an 2020 le PIB de 900 US$/habitat.

- Ceci suppose une croissance annuelle de 7 à 8 % et forcément des taux élevés d’épargne et d’investissement durant les prochaines années.

Le Gouvernement rwandais, en concertation avec les différentes couches de la population, ont défini une vision commune à tout le Rwanda, vision connue sous le vocable de VISION 2020. Elle est fondée sur un système d’éducation des communautés de base, un modèle de comportement pour faire face aux exigences du marché international. Ainsi, en l’an 2020, il est escompté d’avoir :

- Une Nation moderne, prospère, forte, unie, fière de ces valeurs positives, politiquement stable, dans la cohésion sociale et l’équité sans discrimination,

- Une Economie prospère fondée sur le savoir et le plein développement des Ressources humaines,

- L’entreprenariat et un secteur privé moderne et compétitif, fondé sur une culture d’initiative et de créativité.

La vision du Rwanda est aussi celle d’une société actuelle essentiellement agricole et paysanne. C’est donc pour contribuer à la mise en œuvre de cette politique que les Organisations Paysannes réunies au sein du Réseau dénommé ROPARWA en collaboration avec l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (I.S.A.R.) ont commandité une étude sur l’analyse des systèmes de production de la pomme de terre au Rwanda auprès du Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le Développement (ICRA). Cette étude vise d’une part, le renforcement des capacités des cadres rwandais sur la méthode de recherche agricole

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orientée vers le développement (R.A.D.) et d’autre part des propositions ciblées des actions de recherche et de développement pour l’amélioration de cette filière. Le présent document dégage les rôles, les intérêts et une proposition d’une meilleure coopération entre les acteurs de la filière. Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types de sols avant de proposer des actions ciblées de recherche et de développement adaptées à chaque situation. Une stratégie de recherche et de vulgarisation faisant appel à la participation des producteurs dans la planification, le suivi et évaluation pour une meilleure adoption est aussi proposée. La recherche, la vulgarisation ainsi que d’autres acteurs du développement rural concernés sont interpellés pour la mise en œuvre des conclusions et recommandations du présent travail.

Pour le Réseau des Organisations Paysannes NZABONIMPA Anselme Président

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REMERCIEMENTS La présente étude est une contribution au développement du monde rural. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail. Nous sommes très reconnaissants au Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le développement (ICRA) pour le renforcement des capacités des cadres des pays en voie de développement venant des instituts de recherche, de la vulgarisation, des bureaux d’études et des universités. Nous félicitons le Réseau des Organisations Paysannes du Rwanda (ROPARWA) et l’Institut de Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR) qui ont bien voulu commanditer cette étude pour améliorer la performance de la filière pomme de terre. Nous les remercions pour tous les efforts déployés sur le plan matériel, logistique pour la réalisation de ce travail. Nous les remercions encore pour leur franche collaboration ainsi que du suivi de l’étude. Nous exprimons notre gratitude à Monsieur Bertus Wennink, l’évaluateur de l’équipe ICRA au Rwanda, pour ses conseils , ses suggestions, sa patience et son dévouement qui ont été bénéfiques pour la réalisation de ce travail. Nous sommes redevables également à tous les acteurs de la filière pomme de terre et en particulier à la fédération des producteurs pour leur engagement personnel à la réussite de ce travail. Nous saluons les autorités administratives des provinces de Ruhengeri et de Gisenyi qui nous ont accordés une libre circulation dans la zone d’étude. Le présent travail s’est inspiré des résultats des études antérieures sur la filière pomme de terre. Il convient de rendre hommage aux différents auteurs. Nous souhaitons que ce travail puisse être d’un grand apport pour la promotion du métier d’agriculture au Rwanda.

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TABLE DES MATIERES

1 INTRODUCTION.............................................................................................................. 8 1.1 Contexte ..................................................................................................................... 8 1.2 Justification de l’étude ............................................................................................... 9 1.3 Objectifs et résultats attendus de l’étude.................................................................. 10

2 METHODE DE TRAVAIL ............................................................................................. 11 2.1 Clarification des termes de référence ....................................................................... 11 2.2 Organisation des activités sur le terrain. .................................................................. 11

2.2.1 Ateliers de suivi................................................................................................ 11 2.3 Analyse des acteurs de la filière ............................................................................... 12

2.3.1 Carte mentale des acteurs................................................................................. 12 2.3.2 Matrice des relations entre les acteurs.............................................................. 12

2.4 Typologie des producteurs ....................................................................................... 12 2.4.1 Zonage et échantillonnage................................................................................ 12 2.4.2 Administration du questionnaire ...................................................................... 14 2.4.3 Elaboration de la typologie .............................................................................. 14

2.5 Etude du fonctionnement des exploitations agricoles .............................................. 15 2.5.1 Approfondissement de l’enquête...................................................................... 15 2.5.2 Evaluation de la rentabilité de la culture de pomme de terre ........................... 15

2.6 Stratégie de recherche et de développement ............................................................ 16 2.6.1 Proposition d’une coopération entre acteurs .................................................... 16 2.6.2 Définition des actions ciblées de recherche-développement et des mesures d’accompagnement........................................................................................................... 16

3 ZONE D’ETUDE............................................................................................................. 17 3.1 Situation géographique............................................................................................. 17 3.2 Milieu physique........................................................................................................ 19

3.2.1 Climat ............................................................................................................... 19 3.2.2 Relief et sol....................................................................................................... 19 3.2.3 Hydrologie........................................................................................................ 19 3.2.4 Végétation et faune........................................................................................... 20

3.3 Activités agricoles .................................................................................................... 20 3.3.1 Agriculture ....................................................................................................... 20 3.3.2 Élevage ............................................................................................................. 21 3.3.3 Pêche ................................................................................................................ 22

3.4 Zones agro-écologiques............................................................................................ 22 3.5 Milieu humain .......................................................................................................... 27

3.5.1 Population......................................................................................................... 27 3.5.2 Administration publique................................................................................... 28 3.5.3 Services agricoles............................................................................................. 29

3.6 Autres secteurs économiques ................................................................................... 30 4 RESULTATS ................................................................................................................... 32

4.1 Analyse des acteurs de la filière pomme de terre..................................................... 32 4.1.1 Les acteurs en présence .................................................................................... 32 4.1.2 Rôle des acteurs................................................................................................ 33 4.1.3 Intérêts des acteurs ........................................................................................... 38 4.1.4 Importance et influence des acteurs ................................................................. 39 4.1.5 Problématique des relations entre les acteurs................................................... 40

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4.2 Typologie des producteurs ....................................................................................... 44 4.2.1 Approche de catégorisation des exploitations agricoles .................................. 44 4.2.2 Systèmes de cultures ........................................................................................ 44 4.2.3 Types d’exploitation agricole........................................................................... 46 4.2.4 Fonctionnement des exploitations agricoles .................................................... 50

5 PROPOSITIONS DES ACTIONS DE RECHERCHE ET DE DEVELOPPEMENT .... 79 5.1 Coopération entre les acteurs de la filière ................................................................ 79

5.1.1 Production et distribution des semences certifiées........................................... 79 5.1.2 Recherche et vulgarisation agricole ................................................................. 79 5.1.3 Fourniture des intrants...................................................................................... 79 5.1.4 Commercialisation de la pomme de terre......................................................... 80

5.2 Thèmes techniques proposés pour la recherche et la vulgarisation agricole............ 80 5.3 Approches de recherche et de vulgarisation agricole............................................... 83 5.4 Mesures d’accompagnement .................................................................................... 84 5.5 Logique et stratégie d’intervention. ......................................................................... 86

5.5.1 Stratégie de la recherche et vulgarisation......................................................... 86 5.5.2 Mesures d’accompagnement. ........................................................................... 86 5.5.3 Logique d’intervention..................................................................................... 86

6 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS.............................................................. 89

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FIGURE Figure 4-1: Importance et influence des acteurs de la filière pomme de terre au Rwanda ...... 39

TABLEAUX Tableau 2-1: Echantillonnage................................................................................................... 13 Tableau 2-2: Nombre de producteurs échantillonnés par types de sols et catégorie

d’exploitation ................................................................................................................... 15 Tableau 3-1 :Situation du cheptel par district (Province de Ruhengeri, année 2001-2002) .... 21 Tableau 3-2 : Situation de l’élevage dans la province de Gisenyi (année 2000) ..................... 22 Tableau 3-3 :Topo séquence des sols volcaniques (Photo 3-1) ............................................... 23 Tableau 3-4 :Topo séquence des sols des hautes terres de Buberuka (Photo 3-2)................... 24 Tableau 3-5:Topo séquence des sols de la crête Congo-Nil (Photo 3-3) ................................. 25 Tableau 3-6 :Population de la province de Ruhengeri : ........................................................... 27 Tableau 3-7: Population de la province de Gisenyi ................................................................. 28 Tableau 3-8: Répartition des secteurs et cellules dans Ruhengeri ........................................... 28 Tableau 3-9: Répartition des secteurs et cellules dans Gisenyi ............................................... 29 Tableau 4-1: Acteurs et leurs intérêts....................................................................................... 38 Tableau 4-2: Matrice des problèmes de relations entre acteurs ............................................... 41 Tableau 4-3: Types de sols selon l’échantillonnage................................................................. 44 Tableau 4-4: Occupation des cultures (en %) par type de sol .................................................. 45 Tableau 4-5:Indice de rotation en culture de pomme de terre par type de sol ......................... 45 Tableau 4-6: Répartition (%) des exploitations agricoles sur les différents types de sols ....... 47 Tableau 4-7: Rendement (kg/are) par type de sol et par type d’exploitation agricole ............. 48 Tableau 4-8: Destination de la production (%) par type d’EA (Saison 2004 A) ..................... 48 Tableau 4-9: Destination de la production de pomme de terre par sol (saison 2004 A) ......... 49 Tableau 4-10:Calendrier agricole des sols de la crête Congo-Nil............................................ 50 Tableau 4-11: Effectif du cheptel par types de sols et par types d’exploitations..................... 53 Tableau 4-12: Calendrier agricole des hautes terres de Buberuka. .......................................... 54 Tableau 4-13: Calendrier agricole des sols volcaniques. ......................................................... 57 Tableau 4-14:Récapitulatif du fonctionnement des exploitations............................................ 59 Tableau 4-15:Récapitulatif de la gestion des exploitations agricoles ...................................... 63 Tableau 4-16:Evaluation financière de la culture de la pomme de terre des Petites

Exploitations Agricoles .................................................................................................... 68 Tableau 4-17:Evaluation financière de la culture de la pomme de terre des Moyennes

Exploitations Agricoles .................................................................................................... 69 Tableau 4-18:Evaluation financière de la culture de la pomme de terre des Grandes

Exploitations Agricoles .................................................................................................... 71 Tableau 4-19:Problèmes de conduite de la culture de la pomme de terre recensés auprès des

producteurs ....................................................................................................................... 73 Tableau 4-20 : Contraintes d’accès aux moyens de production recensées auprès des

producteurs agricoles........................................................................................................ 76 Tableau 4-21 Les problèmes et contraintes recensés par zone de production et type

d’exploitation agricole...................................................................................................... 77 Tableau 5-1:Propositions pour les thèmes techniques proposés pour la recherche (RA) et la

vulgarisation agricole (VA) et les groupes bénéficiaires ................................................. 81 Tableau 5-2: Propositions pour les mesures d’accompagnement ............................................ 85 Tableau 5-3: Tableau des objectifs, résultats et activités. ........................................................ 86

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PHOTOS

Photo 3-1:Sols volcaniques ...................................................................................................... 26 Photo 3-2:Sols des Hautes terres de Buberuka......................................................................... 26 Photo 3-3: Sols acides de la Crête Congo Nil .......................................................................... 26 Photo 4-1:Erosion des sols ....................................................................................................... 73

CARTES Carte 3-1: Situation géographique du Rwanda ........................................................................ 17 Carte 3-2:Les différentes provinces du Rwanda ...................................................................... 18

ANNEXES

Annexe 1:Termes de Référence de l’étude conjointe ICRA-ROPARWA-ISAR ...................... 2 Annexe 2 :Guide d’entretien .................................................................................................... 11 Annexe 3 :Questionnaire.......................................................................................................... 14 Annexe 4 :Caractéristiques des exploitations agricoles ........................................................... 21 Annexe 5 :Modèle de calcul de rentabilité............................................................................... 24 Annexe 6 : Planning des activités ............................................................................................ 25 Annexe 7 : Système pertinent................................................................................................... 29 Annexe 8: Carte mentale .......................................................................................................... 30

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GLOSSAIRES / ABREVIATIONS

AMSS : Association des Multiplicateurs des Semences Sélectionnées APELAC : Association de Pêche dans le Lac Kivu ASSR : Projet d’Appui au Secteur Semencier du Rwanda BAIR : Bureau d’Appui aux Initiatives Rurales CECMA : Coopérative d’Exploitation et de Création de Marchés Agricoles CIP : Centre International de la Pomme de terre CLECAM : Caisse Locale d’Epargne et de Crédits Agricole et Mutuelle CLECAM : Caisse Locale d’Epargne et de Crédits Agricole et Mutuelle COIMU : Coopérative Ibukwa Muhinzi COODAF : Coopérative de Développement Agriculture, Elevage et Forêt DAEF : Direction de l’Agriculture, Elevage et Forêts EA : Exploitation Agricole FOR : Forum des Organisations Rurales GEA : Grande Exploitation Agricole Hab : habitant ICRA : Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le développement IMBARAGA : Syndicat des agriculteurs et Eleveurs ru Rwanda ISAR : Institut des Sciences agronomiques du Rwanda MEA : Moyenne Exploitation Agricole MINAGRI : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et des Forêts MINECOFIN : Ministère de l’Economie et Finances ONG : Organisation Non Gouvernementale OP : Organisation Paysanne PEA : Petite Exploitation Agricole PGERB : Projet de Gestion des Espaces Ruraux du Buberuka PID : Plan Intérimaire de Développement PNAP : Programme National d’Amélioration de la Pomme de Terre PNV: Parc national des Volcans PPCT : Projet Pouzzolane Chaux et Tourbe PRAPACE : Programme Régional d’Amélioration de la Pomme de terre en Afrique Centrale

et de l’Est PRSR : Poverty Reduction Strategy Paper RAD : Recherche Agricole Orientée vers le Développement RDC : République Démocratique du Congo RSAD : Responsable des Services Agricoles de District SNS : Service National de Semences SOPYRWA : Société du Pyrèthre au Rwanda SOTIRU : Société de Transformation Industrielle de Ruhengeri SSS : Services des Semences Sélectionnées

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LES SYSTEMES DE PRODUCTION DE LA POMME DE TERRE AU RWANDA ;

Propositions d’actions de recherche et de développement dans les

provinces de Ruhengeri et Gisenyi

RESUME EXECUTIF La pomme de terre a été introduite au Rwanda au début du 19eme siècle par les missionnaires allemands. Avec le temps, elle fait son extension dans le pays. Actuellement, elle est cultivée dans dix des douze provinces que compte le Rwanda. Les conditions climatiques et le milieu physique sont favorables au développement de la culture. La pomme de terre qui était cultivée pour l’autoconsommation est depuis 1975 commercialisée vers les centres ruraux et urbains grâce au développement du transport. Vu son importance, le gouvernement rwandais en 1979 a accordé au Programme National d’Amélioration de la Pomme de terre (PNAP) des moyens pour la sélection et création de variétés plus performantes, pour l’assainissement et la multiplication des variétés ainsi que le maintien du germoplasme. Pendant la guerre de 1994, les structures d’encadrement et les infrastructures agricoles ont été détruites. De même, le génocide a provoqué la mort du personnel scientifique. Les activités de production de pomme de terre ont repris après la guerre en 1999. Les Organisations Paysannes (OP), les Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont soutenu la création d’une filière pomme de terre. Pour accompagner ces initiatives, l’Etat a restauré le laboratoire de Culture In Vitro (CIV) et les serres de l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR). Malgré l’existence de la filière et les efforts de plusieurs intervenants dans ce domaine la filière pomme de terre connaît encore beaucoup de difficultés, entre autres : • La production de semences (souche et de base) insuffisantes en quantité et en qualité. • La faible maîtrise de techniques de production par les agriculteurs. • L’insuffisance dans l’organisation du commerce de la production . • L’insuffisance dans la conservation et la transformation de la pomme de terre. A cause de ces difficultés le Réseau des Organisations Paysannes du Rwanda (ROPARWA) en collaboration avec l’ISAR ont commandité une étude auprès du Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le développement (ICRA). L’objectif de l’étude est d’affiner l’analyse de la filière et mieux cibler les actions de recherche et de développement. Cette étude a été réalisée dans les provinces de Ruhengeri et Gisenyi par une équipe interdisciplinaire de 5 participants au programme francophone 2004 de l’ICRA du 10 avril au 10 juillet. Le document comprend quatre grandes parties. La première partie concerne les acteurs de la filière. La typologie des producteurs est traitée dans la deuxième partie. La troisième propose des actions ciblées de recherche et de développement pour les principaux intervenants. La

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dernière formule des conclusions et des recommandations pour l’amélioration de la performance de la filière.

1. Les acteurs de la filière La filière pomme de terre regroupe dix acteurs essentiels : La Recherche : Elle est représentée par l’ISAR qui assure la création, la sélection et l’assainissement pour la production de semences de souche. Les producteurs de semences de base : représenté par le SNS produit et vend les semences de base à partir de semences de souche provenant de l’ISAR, forme et encadre les producteurs de semences au niveau national. Il inspecte les champs des multiplicateurs et certifie leurs semences. Les multiplicateurs de semences : A partir des semences de base, ils produisent et vendent aux producteurs les semences certifiées. Ils sont constitués d’associations de producteurs et de privés. Les commerçants d’intrants agricoles : Ce sont des commerçants qui vendent aux paysans les engrais, les produits de traitement phytosanitaires et le petit matériel agricole. La vulgarisation agricole : Elle est assurée par les agents du service public, des organisations paysannes et des ONG. Ils forment et informent les producteurs, octroient des crédits agricoles et leur construisent des infrastructures rurales. Les producteurs de pomme de terre : produisent et vendent la pomme de terre de consommation. Ils sont organisés au sein d’une fédération pour mieux défendre les intérêts des producteurs. Les collecteurs : Ce sont des commerçants qui achètent la pomme de terre auprès des producteurs sur les sites de collectes pour les vendre aux commerçants transporteurs qui les acheminent vers les centres urbains. Les commerçants et transporteurs : Tandis que les commerçants transportent la pomme de terre de consommation des lieux de collecte aux marchés de Kigali, d’autres commerçants ou détaillants la rachètent pour aller la revendre dans les marchés environnant la capitale et dans les autres villes régionales du pays. Les consommateurs : Il s’agit des ménages, des hôtels et autres établissements qui achètent la pomme de terre avec les commerçants en détail. Ils ne sont pas organisés en association ou en coopérative pour le moment. L’Etat : A travers sa politique de développement agricole, il a favorisé l’organisation de la filière pomme de terre, l’encadrement des paysans par les vulgarisateurs, l’organisation du circuit de production et de distribution de semences, ainsi que la commercialisation de la pomme de terre avec un prix rémunérateur pour les producteurs. Les bailleurs de fonds : L’essentiel du financement de la filière provient des bailleurs de fonds à travers la coopération internationale. Dans les interactions entres les acteurs, il existe les problèmes suivants : • Au niveau de la production et la distribution de semences : Les commandes des uns ne

sont pas honorées par les autres. • Au niveau de la fourniture d’intrants : les producteurs utilisent des engrais et pesticides de

mauvaise qualité due à une faible organisation de ce circuit. • Au niveau de la production et diffusion des technologies : La recherche et la vulgarisation

ne travaillent pas de concert avec les producteurs en vu de prendre en compte toutes leurs préoccupations.

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• Au niveau de la commercialisation de pomme de terre de consommation : Le contrat liant la fédération des producteurs aux commerçants est imprécis dans les quantités à fournir et les périodes de livraison.

2. La typologie des producteurs

La typologie a permis de distinguer des différences entre les producteurs de pomme de terre. Le premier critère qui différencie les producteurs est la zone agro - écologique. Dans les deux provinces, la culture est pratiquée sur trois types de sols : les sols volcaniques (très aptes), les sols de la Crête Congo-Nil (aptes) et ceux des Hautes terres du Buberuka (moins aptes). Le système de culture est déterminé par le type de sol. Toutefois, la pomme de terre reste la culture dominante. La taille des exploitations est le deuxième critère de distinction des producteurs. Il se dégage trois types d’exploitations : les petites, les moyennes et les grandes exploitations. D’autres critères ont permis de caractériser chaque type d’exploitation. Il s’agit du nombre, du nombre de personnes à charge, de la main d’œuvre salariée, du cheptel et du matériel agricole. • Les petites exploitations agricoles sont celles dont la superficie se situe entre 1 à 100 ares

et constituent 50% des cas. Leur cheptel est dominé par les caprins avec 3 têtes en moyenne. Elles ont un ménage composé de 5 personnes et utilisent peu de main d’œuvre salariée.

• Les moyennes exploitations agricoles ont une superficie comprise entre 101-300 ares et représente 37% des cas. Elles ont en moyenne 7 personnes à charge, 2 à 3 animaux de plus que les petites et utilisent peu de main d’œuvre salariée.

• Les superficies des grandes exploitations sont supérieures ou égales à 300 ares et représente 13% des cas. Le cheptel est diversifié avec en moyenne 3 bovins. Elles ont 2 ménages en général pour 8 à 10 personnes à charge et utilisent beaucoup de mains d’œuvre salariée.

Le matériel agricole utilisé (houe, machette, panier) est identique dans toutes les exploitations à l’exception du pulvérisateur qui est loué par les petites et moyennes. Ces moyens de production débouchent sur des stratégies différentes. Les petites et les moyennes exploitations sont obligés de louer des terres, font beaucoup de cultures associées. Leur production ne couvre pas leurs besoins. Pour survivre, les exploitants se constituent en main d’œuvre salariée chez les autres. Les grandes exploitations ont beaucoup de champs qui leur permettent de pratiquer la jachère et des cultures pures. Leur production satisfait à leurs besoins et le surplus favorise l’investissement. En fonction des différences liées à la zone, à la taille de l’exploitation et aux autres moyens de production, les problèmes et les contraintes des producteurs recensés ne sont pas identiques. Ces problèmes ont trait aux techniques culturales, aux variétés non adaptées, à la fertilisation qui n’est pas faite convenablement, aux traitements phytosanitaires inappropriés, à la lutte anti-érosive inappliquée par tous et à l’insuffisance de techniques de conservation de la pomme de terre. Ces contraintes concernent l’accès aux moyens, notamment le foncier, les semences certifiées, les engrais et les pesticides, le pulvérisateur, et l’accès aux marché.

3. Propositions des actions de recherche et de développement Pour une meilleure collaboration entre les acteurs de la filière pomme de terre, des cadres de concertation permanents s’avèrent nécessaires afin de résoudre les problèmes relationnels

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entre les acteurs. Le but de ce cadre de concertation est d’améliorer l’efficacité et l’efficience de la filière. La recherche et la vulgarisation sont invitées à collaborer avec les producteurs pour résoudre des problèmes spécifiques à chaque zone et à chaque type d’exploitants. Les technologies développées et diffusées doivent être appropriables par les paysans. La formation en cascade est une alternative pour toucher le maximum de paysans. Le succès de cette approche repose sur la maîtrise des thèmes et la motivation des paysans formateurs. Elles doit être soutenue par plus de champs de démonstration et d’échanges d’expériences car les paysans adoptent plus facilement ce qu’ils voient que ce qu’ils entendent. La mise au point des technologies appropriées n’est pas suffisante pour améliorer la productivité de la pomme de terre. Les paysans ont aussi besoin de moyens pour valoriser les résultats de la recherche et de la vulgarisation. Mais les solutions ne sont pas à leur portée et demandent l’implication de l’Etat, des organisations paysannes et du secteur privé. Le rôle de tout un chacun est déterminant dans ce processus :

4. Conclusions et recommandations A la lumière des insuffisances qui minent la filière pomme de terre, les recommandations proposées se situent à plusieurs niveaux : Pour maîtriser la diversité agro-écologique et socio-économique il est important que les principaux intervenants de la filière comprennent le fonctionnement des différentes zones de production en identifiant les contraintes de chacun. Pour parvenir à un taux d’adoption élevé des résultats de la recherche et de la vulgarisation, il faut instaurer un dialogue entre chercheurs et producteurs, dans le but d’avoir un échange d’idées et d’expériences. De même la cohabitation entre la recherche et la vulgarisation est nécessaire pour une analyse de la situation et point de vue des paysans. Les contraintes qui limitent l’adoption peuvent relever aussi du marché qui n’est pas favorable, du crédit qui non accessible, du coût élevé des intrants, de la mauvaise information reçue, etc. Pour qu’il y ait adoption des technologies il faut que le chercheur connaisse les limites et les possibilités de chaque exploitation agricole. Pour que les paysans puissent surmonter les contraintes, l’Etat doit assurer un environnement favorable aux investissements, renforcer les contrôles de qualité, et soutenir l’initiative privée. Il est aujourd’hui urgent d’accélérer le transfert de production de semences de base aux privés dans le but d’assurer une meilleure production et distribution de semences certifiées aux producteurs. En attendant la libéralisation progressive du prix en fonction de la qualité, il est souhaitable que les producteurs des zones enclavées puissent bénéficier des services de la commission de fixation des prix.

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Résumé Il s’agit du rapport final d’une étude de terrain sur la production et la distribution des semences de pomme de terre dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi au Rwanda. L’étude a été commanditée par le Réseau des Organisations Paysannes (ROPARWA) et l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR). L’objectif principal est de proposer un Canevas d’organisation du système de production en mettant un accent sur la production et la distribution des semences certifiées. Il fallait aussi définir les activités de recherche sur les systèmes de production de cette culture. L’équipe de recherche de l’ICRA a fait une analyse des acteurs à travers des entretiens semi-structurés et a mené une enquête auprès des producteurs dans toutes les zones de production de la pomme de terre. Comme résultat il a été défini les principaux problèmes entre les acteurs, trois zones différentes de productions comprenant chacune trois catégories d’exploitations. Les principaux problèmes de la culture ont été identifiés dans les différentes zones et dans les différentes catégories d’exploitations. L’analyse des acteurs a confirmé les problèmes existants dans la production et la distribution des semences certifiées. Les entretiens avec les acteurs importants ont permis à l’équipe de recherche de faire une proposition sur les mécanismes d’une meilleure coopération entre les intervenants dans la fourniture des semences. Les mécanismes proposés n’auront des effets escomptés que si la production des semences de base et certifiées est privatisée et si les prix de la pomme de terre de consommation sont fonctions de la qualité. L’équipe de recherche a fait une analyse profonde des problèmes rencontrés par les producteurs, des technologies développées par la recherche agricole et celles promues par les services de vulgarisation ainsi que les initiatives paysannes. Il en a résulté des propositions ciblées des thèmes de recherche adaptées aux différents types de sols et différentes catégories d’exploitations. Actuellement la politique sur le mode de tenure des terres, les facilités d’accès aux crédits ainsi que la fourniture des intrants agricoles sont des facteurs déterminants de l’adoption des technologies. Toutes les propositions de l’équipe de recherche ont été compilées dans une logique d’intervention qui va guider leur mise en œuvre par le ROPARWA et l’ISAR.

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Summary This is the final report of a field study of the production and marketing chain of consumption potatoes in the provinces of Ruhengeri and Gisyeni in Rwanda. The Network of Farmer Organisations in Rwanda (ROPARWA) and the Rwandan Institute of Agricultural Sciences (ISAR) both have commissioned this study. The aim of the study was to propose improvements for the organisation of the production chain, especially the production and distribution of certified seed material, and to define research activities for potato production systems. The ICRA research team made an actor analysis of the potato chain and, through interviews with farmers made a survey of farmer households in the main potato production zones. As a result the major problems between stakeholders within the potato chain were defined, three potato production zones were distinguished as well as three faming systems. Production zones were defined on the basis of the major cropping systems encountered. Farming systems have been distinguished according to cultivated area by households, land tenure, work force and livestock keeping. The major problems in potato farming have been identified and targeted with regards to the different zones and farming systems. The actor analysis confirmed the existing problems in production and distribution of certified seeds. But interviews with the main stakeholders allowed the research team to come up with proposals for mechanisms that should enhance a more efficient collaboration between stakeholders in seed supply. Still the proposed mechanisms will only have a lasting effect if production of certified seeds will be privatised and prices for consumption potatoes will be paid according to the quality of the potatoes. This will be an incentive to pay for quality potatoes and thus stimulate the use of quality certified seeds. Till now prices for consumption potatoes are being fixed at the national level regardless of their quality. The research team made an in-depth analysis of the problems encountered by potato farmers at the household level, of technologies developed by agricultural research and promoted by extension services and of farm management practices. This resulted in proposals for new research themes that should allow the development of appropriate potato-cropping technologies. Still land tenure policy, saving and loan facilities as well as supply of agricultural inputs will be determining factors for technology adoption. All proposals for improvements that have been made by the research team have been put in a logical framework that can guide their implementation by ROPARWA and ISAR.

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Incamake Iyi raporo ivuga ibyagezweho mu inyigo yakozwe ku mihingire y’ibirayi no gukwirakwiza imbuto nziza mu Ntara za Ruhengeri na Gisenyi. Yakozwe ku bufatanye hagati y’Ihuriro ry’imiryango y’abahinzi mu Rwanda (ROPARWA), Ikigo cy’ubushakashatsi (ISAR) n’Ikigo mpuzamahanga mu bushakashatsi bugamije iterambere mu buhinzi (ICRA). Intego rusange yari igamijwe kwari gutanga icyerekezo cy’ubwo buhinzi no gukwirakwiza imbuto nziza . Intego yihariye yari kwerekana icyakorwa mu rwego rw’ubushakashatsi ku mihingire y’ibirayi. Ikipe y’ubushakashatsi yakoze isesengura ihereye ku byavuye mu mibonano yagiranye n’abafite uruhare mu ishami ry’ ikirayi no ku iperereza yakoze ku bahinzi b’ibirayi mu duce byeramo. Hagati yabo habonetsemo ibibazo, hagaragajwe kandi uduce dutatu duhinga ibirayi n’ingeri eshatu zitandukanye z’abahinzi b’ibirayi. Ibibazo mu buhinzi bw’ibirayi biboneka mu duce twose no mu bahinzi b’ingeri zose byaragaragajwe. Ikipe y’ubushakashatsi yemeje ibibazo bisanzwe bigaragara hagati y’abantu, imiryango n’ibigo by’imena bifite uruhare mu gutubura no gukwirakwiza imbuto, itanga ibyifuzo ku buryo bwaranga imikoranire myiza hagati y’abahuriye kuri icyo gikorwa. Ibisabwa mu myanzuro byagerwaho ari uko ubutubuzi bw’imbuto y’ibanze n’imbuto nziza byeguriwe abikorera ku giti cyabo kandi bikajyana n’izamuka ry’ibiciro cy’ibirayi byza ku masoko. Isesengura ry’ibibazo by’abahinzi b’ibirayi,.iry’ikoranabuhanga riva mu bigo by’ubushakashatsi n’iry’iyamamaza buhinzi ritangwa n’inzego za Leta n’imiryango y’abahinzi ryerekanye ibyo ubushakashatsi bwakwibandaho hakurikijwe ubwoko bw’ubutaka n’ingeri zitandukanye z’abahinzi. Muri iki gihe, imyakiririre n’ishyirwamubikorwa ry’ikoranabuhanga mu buhinzi ku isi riterwa n’ubushobozi abahinzi bafite mu kubona amasambu, uburyo boroherezwa mu kubona inguzanyo n’uburyo bagezwaho inyongeramusaruro. Imyanzuro y’ubushakashatsi ikubiye mu ngamba izagenderwaho mu gushyira mu bikorwa byavuye muri iyi nyigo n’Ihuriro ry’imiryango y’abahinzi (ROPARWA), Ikigo cy’ubushakashatsi (ISAR) n’izindi nzego z’iyamamaza buhinzi.

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1 INTRODUCTION

1.1 Contexte

La pomme de terre, de son nom scientifique Solanum tuberosum, est une plante amylacée de la famille des solanaceae. Elle est cultivée pour ses tubercules qui sont riches en amidon. Ces dernières sont consommées de différentes manières et subissent parfois des transformations artisanales ou industrielles. Ses différents sous-produits (peau, pulpe, etc.) peuvent être aussi utilisés. Originaire d’Amérique du Sud (Pérou), elle a été introduite en Europe au 16ème siècle, puis en Asie et en Afrique. Actuellement, elle est cultivée partout dans le monde, en particulier dans les zones tempérées. Sous les tropiques elle est cultivée en altitude car elle demande des températures inférieures à 24°C le jour et 16°C la nuit pour tubériser. La pomme de terre occupe actuellement la 4ème place au niveau mondial, après le blé, le riz et le maïs pour ce qui est de l’alimentation humaine. Cette culture a été introduite au Rwanda au début du 19ème siècle par les missionnaires allemands. Au fur et à mesure que ces derniers faisaient leur extension dans le pays, la pomme de terre a fini aussi par gagner tout le territoire national. Actuellement, elle est cultivée dans dix des douze provinces que compte le Rwanda avec une concentration nette dans les deux provinces du nord ouest à savoir Ruhengeri et Gisenyi. Ce qui a le plus favorisé cette culture, ce sont non seulement les conditions climatiques favorables (avec les précipitations variant entre 1200 et 1600mm) mais aussi le milieu physique à travers les sols volcaniques (de Ruhengeri et Gisenyi) qui constituent une niche écologique favorable au développement de la pomme de terre. Avant 1975, la pomme de terre était cultivée pour l’autoconsommation dans les différentes zones de production, avec une consommation de 35kg/hab/an. Ces chiffres pouvaient atteindre 175kg/hab/an dans la province de Ruhengeri (World Potatoe Atlas, 2002). Grâce au développement du transport, à partir de 1975, les échanges interrégionaux de la pomme de terre ont été rendus possibles. Ainsi, la pomme de terre est devenue un des produits les plus préférés dans les milieux urbains, scolaires et universitaires. A partir de là, la demande en pomme de terre s’est accrue et l’offre a failli être insuffisante, surtout qu’il n’y avait pas de recherche, ni de centre local de production de semences. En 1979, pour parer aux importations de semences, le gouvernement rwandais a encouragé sa production en créant le Programme National d’Amélioration de la Pomme de Terre (dénommé PNAP). Tous les moyens ont été accordés au PNAP pour la réalisation de plusieurs objectifs : • sélection et création de variétés plus performantes résistantes aux maladies et adaptées aux

conditions éco-climatiques du Rwanda ; • assainissement et multiplication des variétés ayant fait leurs preuves dans le milieu

paysan ; • maintien du germoplasme. A l’époque le PNAP a mis au point et a sélectionné un certain nombre de variétés de pomme de terre qui ont permis dans les années 1980 de quintupler la production et d’améliorer les

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rendements par l’extension et l’intensification de la culture. Le PNAP avait des partenaires comme le Programme Régional d’Amélioration de la Pomme de terre en Afrique Centrale et de l’Est (PRAPACE), le Centre International de la Pomme de Terre (CIP) de Lima (au Pérou) et l’université de Gembloux (en Belgique). La période de guerre et le génocide de 1994, ont occasionné des pertes en vies humaines, des destructions des structures d’encadrement, le pillage et la détérioration des infrastructures agricoles. Les rendements ont donc chuté avec la fermeture du PNAP. Après la guerre en 1999, les activités de production de pomme de terre ont redémarré grâce à l’appui des Organisations Paysannes (OP), des Organisations Non Gouvernementales (ONG), sous la tutelle de l’Etat rwandais. C’est ce qui a aussi permis d’appuyer la réhabilitation de la filière. Pour accompagner ces initiatives, le gouvernement rwandais a réhabilité le Laboratoire de Culture in Vitro (CIV) et les serres du PNAP.

1.2 Justification de l’étude

Bien que la filière pomme de terre connaisse un certain essor et que plusieurs intervenants commencent à s’y intéresser, son niveau de développement connaît encore des problèmes qui relèvent de divers ordres et à plus d’un niveau de son circuit. Parmi ces problèmes, nous pouvons citer : • La production de semences (de souche et de base) de qualité est insuffisante en quantité.

En effet, les faibles capacités de la recherche en termes de ressources humaines et du laboratoire de culture in vitro ne permettent pas de couvrir les besoins. De même, les zones de production de ces semences sont éloignées de grandes zones de culture de la pomme de terre. Ne trouvant donc pas de semences de qualité, au moment souhaité et dans des endroits les plus proches, les agriculteurs utilisent souvent des semences auto produites.

• La faible maîtrise des techniques de production par les agriculteurs. Avec une densité de

population comprise entre 300 et 600hab/km2, la superficie arable par ménage est réduite à une moyenne de 0,10ha (selon les statistiques nationales de 2001). Les producteurs exploitent donc des terres sans jachère et pratiquent souvent la monoculture. Cette pratique favorise par conséquent la dégradation de la fertilité, l’expansion des maladies et parasites de la pomme de terre. L’érosion aussi entraîne des pertes en éléments fertilisants. Pour corriger la baisse de fertilité, les producteurs ne trouvent pas les quantités escomptées de fumure organique et les doses d’engrais utilisées ne sont pas actualisées.

• La faible organisation de la commercialisation de la pomme de terre à l’intérieur et à

l’extérieur du pays. Les acteurs organisant ce circuit de commercialisation de la pomme de terre existent certes, mais ils n’arrivent pas à couvrir toutes les zones de production à cause de l’état des routes. Le contrat entre les producteurs et les commerçants n’est respecté par aucune des parties prenantes. Il existe un autre problème relatif à l’exportation. Jusqu’à présent l’on ne connaît pas d’exportation formelle de la pomme de terre du Rwanda vers les pays limitrophes. Néanmoins, la pomme de terre rwandaise traverse les frontières de la République Démocratique du Congo (RDC) et de l’Ouganda lorsque les prix sont intéressants et vice versa.

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• La conservation et la transformation de la pomme de terre sont encore précaires. Les producteurs n’ayant pas assez de moyens financiers ne peuvent conserver la pomme de terre. Ils sont obligés de vite écouler leur production, car les infrastructures de stockage font défaut. Les techniques de conservation de la pomme de terre ne sont pas développées.

1.3 Objectifs et résultats attendus de l’étude

C’est suite à cet éventail de problèmes et dans le cadre du renforcement de leur capacité que le Réseau des Organisations Paysannes du Rwanda (ROPARWA) en partenariat avec l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR) ont commandité auprès du Centre International pour la Recherche Agricole orientée vers le développement (ICRA) une étude sur les systèmes de production de la pomme de terre avec un accent particulier sur la production de semences. La dite étude a pour objectif d’aider le ROPARWA à affiner l’analyse de la filière et mieux cibler les activités de recherche et de développement. Les résultats attendus de l’étude sont : • L’élaboration d’une typologie de producteurs de pomme de terre dans la zone d’étude. • L’analyse de la filière de production et de distribution de la semence souche jusqu’à la

commercialisation • L’identification des contraintes • Les propositions ciblées des activités de recherche et de développement La recherche dont les résultats sont ci-après présentés a été réalisée du 12 avril au 10 juillet 2004 par une équipe de l’ICRA.

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2 METHODE DE TRAVAIL

2.1 Clarification des termes de référence

A travers les termes de références de l’étude (Annexe 1), sur les systèmes de productions de la pomme de terre dans les provinces de Ruhengeri et Gisenyi élaborés par le ROPARWA et l’ISAR, il se dégage que l’objectif visé est le suivant : Etudier les systèmes de production de la pomme de terre en mettant un accent particulier sur la production et la distribution des semences. Les résultats attendus par les commanditaires de l’étude et leurs partenaires sont les suivants : • Une typologie des producteurs de pomme de terre qui précisera les aspects suivants :

La place de la pomme de terre dans le système de production. Le mode de conduite de la culture, les maladies et parasites dominants. La source et l’utilisation des intrants. La gestion de la fertilité des sols. La stratégie de commercialisation.

• Une analyse de la filière de production et de distribution de semences. • L’identification des contraintes liées à la production de la pomme de terre. • Des propositions de recherche et/ou de développement. C’est à la lumière des résultats attendus et en fonction des disciplines disponibles à l’ICRA 2004 qu’une équipe multidisciplinaire fut constituée. Elle comprend une économiste, une phyto-écologue et trois agronomes. Pour bien comprendre la situation sur le terrain, l’équipe a dû se pencher sur la documentation disponible à l’ICRA. L’intervention des homologues a apporté de plus amples éclaircissements pour permettre aux autres membres de l’équipe d’avoir une compréhension commune du problème. C’est ainsi que l’équipe a élaboré une carte mentale et un système pertinent pour bien cerner le problème ainsi que les différentes structures de la filière. Il s’en est suivi l’élaboration d’un cadre logique ad-hoc et une planification des activités. La rencontre avec l’évaluateur a permis d’affiner le sujet d’étude avant la présentation plénière devant les autres équipe de l’ICRA. Compte tenu du temps d’intervention de l’équipe au Rwanda (du 12 avril au 10 juillet 2004), les membres de l’équipe ont adopté une méthodologie axée sur les points suivants :

2.2 Organisation des activités sur le terrain.

2.2.1 Ateliers de suivi

Le lundi 12 avril 2004, l’équipe a présenté aux commanditaires son plan de travail pour s’assurer que le sujet a été compris dans le sens des commanditaires. A l’issu de l’atelier, un calendrier de mini-ateliers a été institué pour le suivi et l’état d’avancement de l’étude. Chaque mini-atelier correspondait à une phase importante de l’étude (Annexe 7: Calendrier des mini-ateliers avec les commanditaires et les techniciens des OP.)

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L’objectif principal des mini-ateliers est de permettre aux techniciens des organisations paysannes de s’imprégner de la méthodologie et des outils de la RAD dans le cadre du renforcement de leurs capacités. Lors de cette réunion, les membres du ROPARWA ont souhaité une participation des agents de l’ISAR à l’étude et ceci a été concrétisé par le Directeur de l’ISAR qui a nommé un chercheur socio-économiste pour participer à temps partiel.

2.3 Analyse des acteurs de la filière

2.3.1 Carte mentale des acteurs

Pour faciliter la compréhension et les contacts ultérieurs auprès des acteurs, un atelier regroupant tous les acteurs a été organisé au chef lieu de la Province de Gisenyi. L’atelier avait pour objectif d’affiner la carte mentale (Annexe 8) qui est un moyen d’explorer les idées que l’on peut associer à un thème central ou à une situation donnée du contexte de l’étude. Ces acteurs concernés étaient : les Organisations Paysannes membres du ROPARWA, l’ISAR, la Direction de l’Agriculture de l’Elevage et des Forêts (DAEF), les commerçants, les collecteurs, les ONG, le Service National Semencier (SNS), les multiplicateurs, les coopératives et les représentants des producteurs.

2.3.2 Matrice des relations entre les acteurs

L’analyse des acteurs sert à connaître le rôle, l’intérêt et les conflits éventuels des acteurs dans leurs relations afin de trouver des voies et moyens pour améliorer l’efficacité et l’efficience dans le fonctionnement de la filière. L’équipe a commencé par l’élaboration d’un guide d’entretien (Annexe 2) à utiliser lors des séances de travail avec les différents acteurs. Elle a ensuite travaillé individuellement avec les acteurs pour la collecte des informations détaillées. La deuxième source d’information a été la consultation de la documentation existante auprès des organisations membres du ROPARWA, au niveau des DAEF dans les deux provinces et à la Station de l’ISAR à Ruhengeri. Ces informations ont servi à analyser les relations et les problèmes à travers une matrice des relations entre les acteurs. Ensuite, cette matrice des relations a été soumise à l’appréciation des différents acteurs qui ont validé les résultats.

2.4 Typologie des producteurs

2.4.1 Zonage et échantillonnage

Faute de cartes topographiques et agro-écologiques, pour se situer, l’équipe n’a pu disposer que des cartes de découpage administratif du Rwanda des provinces de Ruhengeri et Gisenyi. Elle s’est ensuite servie des connaissances des homologues, des informations recueillies auprès des directions de l’agriculture, de l’élevage et des forêts de Ruhengeri et Gisenyi. Ainsi, trois zones distinctes ont été retenues: • La zone des hautes terres du Buberuka constituée par les districts de Cyeru, Nyamugali et

Butaro. • La zone volcanique qui est la plus grande constituée par les districts de Bukamba, Kinigi,

Mutobo, Buhoma, Mutura et Cyanzarwe.

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• La zone des sols de la Crête Congo Nil à contamination volcanique constituée par les districts de Kanama, Gasiza, Kayove et Gaseke.

Etant donné le fait que l’équipe ne pouvait pas sillonner tous les districts, elle a adopté la voie de l’échantillonnage raisonné. Au cours d’une réunion avec les techniciens des OP, il a été décidé que l’échantillon serait équitablement réparti entre les deux provinces parce que les productions (361.200 tonnes à Ruhengeri et 321.454 tonnes à Gisenyi) et les superficies emblavées (30.100 ha à Ruhengeri et 27.952 ha à Gisenyi) sont presque les mêmes (R.Jumapili,2002) Chaque fois, on a pris soin de travailler dans la moitié des districts par zone. Excepté la zone des hautes terres de Buberuka où on a travaillé dans le seul district de Butaro parce qu’il s’agit du district qui reflète toutes les caractéristiques de production de la pomme de terre (production de la pomme de terre dans les bas fonds et sur collines, production de la pomme de terre sur des sols post forestiers à dominance de bambous). Ces critères ont été retenus sur base des informations fournies par les DAEF et des techniciens des OP des deux provinces. Le choix des secteurs à l’intérieur des districts retenus a suivi un tirage aléatoire sur les listes des secteurs faisant la culture de la pomme de terre. Chaque fois, il fallait tirer un nombre équivalent à 50% des secteurs listés. C’est ainsi que l’équipe a travaillé dans 28 secteurs des six districts comptant 55 secteurs qui font la pomme de terre. Tableau 2-1: Echantillonnage

Provinces Districts Nombre de secteurs producteurs de pomme de terre

Nombre de

secteurs à enquêter

Nombre de paysans enquêtés

Mutura 14 7 42

Kanama 5 3 15

Gisenyi

Gasiza 8 4 23

Mutobo 8 4 23

Kinigi 12 6 34

Ruhengeri

Butaro 8 4 23

Total - 55 28 160

Les listes existantes des membres de la fédération des producteurs de la pomme de terre ont servi de base de sondage. Le nombre d’individus à tirer par district a été déterminé proportionnellement aux nombres de secteurs produisant la pomme de terre. A l’intérieur des secteurs, les individus étaient échantillonnés d’une façon complètement aléatoire. Les présidents des fédérations des producteurs de pomme de terre au niveau des districts et provinces ont participé au tirage (au hasard) des producteurs à enquêter. Compte tenu du temps et des moyens humains disponibles, le nombre total des individus à enquêter a été fixé à 160 producteurs répartis équitablement entre les deux provinces.

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2.4.2 Administration du questionnaire

L’enquête a été réalisée avec un échantillon représentatif de la population ciblée dans tous les districts des deux provinces. Cette enquête avait pour but de rassembler toutes les informations nécessaires à l’élaboration d’une typologie et permettre de comprendre le fonctionnement des différents types d’exploitations ainsi que les problèmes et les contraintes rencontrés. Eu égard aux objectifs et résultats attendus de l’étude, nous avons élaboré un questionnaire contenant tous les éléments susceptibles de répondre aux questions de recherche formulées dans les termes de références : • Identification et niveau d’instruction de l’exploitant. • Accès aux moyens de production • Techniques de production et systèmes de cultures. • Problèmes et contraintes liés à la production de la pomme de terre. • Destination de la production. • Affectation des revenus de la production. Ce questionnaire a été soumis à l’appréciation du comité technique de suivi de l’étude constitué par les coordinateurs et les techniciens des organisations membres du ROPARWA. Après un consensus sur le questionnaire, celui-ci a été soumis au test de compréhension, aussi bien par les enquêteurs que par les enquêtés, pour voir s’il n’y a pas d’omission de certains éléments importants. Le test du questionnaire a été effectué auprès de quatre et trois producteurs respectivement des districts de Mutobo et Mutura. A l’issu de ce test, un réajustement s’est avéré nécessaire suite aux difficultés rencontrées par les enquêteurs et les enquêtés (Annexe 3) La période d’administration du questionnaire s’est étalée du 03 au 14/5/2004. Le travail était rendu facile par les présidents de la fédération au niveau des districts qui ont aidé dans la prise de rendez–vous et orientation des membres de l’équipe. L’équipe de recherche a administré elle-même le questionnaire, chaque fois accompagnée de deux interprètes pris en cas de besoin.

2.4.3 Elaboration de la typologie

La matrice de saisie des informations recueillies sur le terrain, a été faite par l’équipe à l’aide des logiciels de traitement des données (SPSS 10 et Excel). La typologie en tant qu’outil d’analyse, permettant de saisir les diversités et orienter les différents intervenants dans la filière, a été élaborée avec comme porte d’entrée les types de sols. A l’intérieur des types de sols, on est passé au triage des exploitations agricoles selon leurs tailles. Chaque type de sols et catégorie d’exploitation ont été caractérisés selon ses moyens de production (terre, cheptel, matériel agricole, nombre d’actifs travaillant dans les champs, etc.). Les résultats de cette typologie ont été aussi présentés lors d’un atelier de validation rassemblant tous les acteurs dans le but de les confirmer ou de les infirmer.

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2.5 Etude du fonctionnement des exploitations agricoles

2.5.1 Approfondissement de l’enquête

Pour comprendre d’avantage le fonctionnement des différents types d’exploitations agricoles on a élaboré un questionnaire d’approfondissement des aspects fonctionnels des exploitations. Les éléments sur lesquels il fallait insister sont : • Moyens de productions comme la terre, nombre de champs, cheptel, etc. • Techniques de productions et l’organisation des travaux agricoles. • Source et utilisations des intrants. • Sources de revenus, les grandes dépenses, les investissements... • Gestion de la production. Ainsi, un échantillon de seize exploitations a été choisi à l’intérieur des différentes zones et types d’exploitations. L’équipe a choisi de travailler avec chaque fois deux exploitations de chaque catégorie et ce à l’intérieur de chaque type de sols retenu pour avoir un aperçu global sur le fonctionnement des exploitations. Seuls les sols de la crête Congo-Nil n’avaient pas de grandes exploitations. L’échantillon utilisé se retrouve dans le tableau ci-après : Tableau 2-2: Nombre de producteurs échantillonnés par types de sols et catégorie d’exploitation Sols de la crête

Congo-Nil Sols des hautes terres

de Buberuka Sols volcaniques

Petites exploitations agricoles

2 2 2

Moyennes exploitations

2 2 2

Grandes exploitations agricoles

- 2 2

Total 4 6 6 Ensuite, on est passé à l’analyse et à l’élaboration de la typologie fonctionnelle consistant à connaître comment les producteurs s’organisent pour avoir la production, subvenir à leurs besoins alimentaires et monétaires ; les stratégies qu’ils adoptent en cas de déficit ou de surplus. Ceci a été fait pour connaître les problèmes et contraintes liés au fonctionnement des exploitations en vue de proposer des options de recherche et de développement adapté.

2.5.2 Evaluation de la rentabilité de la culture de pomme de terre

L’évaluation de la rentabilité sur la pomme de terre a été réalisée afin de voir si la cette culture est rentable. Il s’agit d’une estimation car l’échantillon choisi de 16 exploitations n’était pas important. Le même échantillon qui a servi pour le fonctionnement a été aussi utilisé dans cette évaluation. Les questions et les données collectées concernaient les aspects suivants : - La quantité et prix des semences. - Les quantités des intrants utilisés et leurs prix. - Les coûts de la location des champs et pulvérisateurs.

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- Les travaux ayant servi à la réalisation de la culture (main d’œuvre familiale, salariée, labours, etc.)

- Les quantités de récolte (vendue, consommée, semences ) ainsi que les prix. Toutes ces données ont été compilées dans des tableaux d’évaluation financière par type de sols et par catégorie d’exploitation. Les critères d’évaluation retenus sont : les rendements, prix aux champs, revenus bruts, charge monétaire et les moyens de production (terre, travail et argent.)

2.6 Stratégie de recherche et de développement

2.6.1 Proposition d’une coopération entre acteurs

Pour arriver à une meilleure coopération entre les acteurs, on a d’abord recensé les problèmes existants entre les différents acteurs lors d’une séance de travail. Puis, individuellement il leur a été soumis un guide d’entretien ad-hoc. Les résultats de cet entretien ont été portés à la connaissance de tous les acteurs lors d’un atelier organisé à cet effet. Un deuxième guide d’entretien a été administré à chaque acteur pour proposer une meilleure coopération avec ses partenaires directs. Il en est sorti une nouvelle matrice de meilleure coopération.

2.6.2 Définition des actions ciblées de recherche-développement et des mesures d’accompagnement

Du fait que le Rwanda dispose des documents de politique(Vision 2020 et PRSP) qui déterminent l’avenir de l’agriculture rwandaise dans un horizon de 20 ans, nous n’avons pas emprunté la voie des scénarios de la méthode RAD. D’après l’enquête d’approfondissement des exploitations agricoles, les producteurs ont exprimé les problèmes liés à la conduite de la culture de la pomme de terre ainsi que les contraintes liées à l’accès aux moyens de production. Ces problèmes et contraintes ont été groupés dans une matrice selon les types de sols et des catégories d’exploitations qui les ont exprimés. La matrice des problèmes techniques a été présentée à la recherche, pour ce qui a trait à la recherche, et aux vulgarisateurs pour ce qui a trait à la vulgarisation. Ensemble avec ces acteurs, l’équipe a identifié les solutions actuellement appliquées, les causes d’adoption et de non-adoption des technologies proposées. C’est à partir de ces causes d’adoption et de non-adoption que l’équipe de recherche a fait des propositions de recherche et de vulgarisations ciblant les différentes catégories d’exploitations et les différents types de sols dans lesquelles les problèmes ont été exprimés. Les contraintes liées aux politiques nationales et à l’accès aux moyens de production ont été présentées et discutées avec les acteurs concernés pour dégager des propositions des mesures d’accompagnement. Ces moyens de production concernent en général le foncier, le crédit agricole, le secteur semencier, les intrants et matériel agricole dont les pulvérisateurs. Les propositions ou options de recherche et de développement ont amené l’équipe à la définition d’une logique d’intervention. Dans cette logique on a défini les objectifs global et spécifique, les résultats ainsi que les activités à entreprendre.

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3 ZONE D’ETUDE

3.1 Situation géographique

La République Rwandaise est un pays situé sur la limite entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’est (voir carte 3-1). Ces pays limitrophes sont : l’Uganda (au Nord), la Tanzanie (à l’Est), le Burundi (au sud) et la République Démocratique du Congo (RDC) à l’ouest. Sa superficie totale est de 26.338 km2. Le découpage administratif est le suivant : d’abord les provinces, qui sont elles-mêmes découpées en districts, puis en secteurs et enfin en cellules. Il y a 11 provinces (carte 3-2) Carte 3-1: Situation géographique du Rwanda

Les coordonnées géographiques du Rwanda sont : • Latitude Nord : 1°30’ • Latitude Sud : 2°30’ • Longitude Est : 28°53’ • Longitude Ouest : 30°30’ La zone d’étude englobe deux provinces : Ruhengeri et Gisenyi qui sont limitrophes et situées au Nord-Ouest du Rwanda et font frontière avec l’Uganda et la RDC. La zone d’étude couvre une superficie de 3.181,86 km2 dont la province de Ruhengeri avec 1.665,06 km2 de superficie et Gisenyi avec 1516,80 km2.

Rwanda

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Carte 3-2:Les différentes provinces du Rwanda

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3.2 Milieu physique

3.2.1 Climat

Le climat varie sensiblement avec l’altitude, plus l’altitude augmente plus les précipitations augmentent et les températures s’abaissent. Pour les deux provinces, le climat est un peu plus chaud dans les régions de basses altitudes (Sud-Est) avec une température moyenne de 20°C. Le climat devient plus ou moins froid et pluvieux dans les hautes montagnes dominées par la crête Congo-Nil et la région des volcans avec le volcan Karisimbi qui est souvent couvert de neige. La température moyenne oscille entre 12°C et 20°C. Le climat est froid et humide et les précipitations peuvent atteindre 1200 mm/an. Le rythme climatique du Rwanda est caractérisé par quatre saisons bien reparties sur toute l’année. En dehors de quelques exceptions dues aux aléas climatiques éventuels, les quatre saisons se succèdent de la façon suivante : • Petite saison sèche : fin Décembre à mi-Février; • Grande saison de pluies : mi-Février à mi-juin; • Grande saison sèche : mi-Juin à fin Août; • Petite saison de pluies : début septembre à fin Décembre.

3.2.2 Relief et sol

Le relief de Ruhengeri est caractérisé par les hautes montagnes (Hautes terres de Buberuka) et la chaîne des volcans. Ses monts font de cette région la plus attrayante pour les touristes. Les différents types de sols rencontrés sont : • Les sols volcaniques. Ce sont des sols dérivés de matériaux volcaniques, développés dans

des éjectas volcaniques. Leur caractéristique est qu’ils sont bien drainés. • Les sols des hautes terres de Buberuka. On y rencontre deux types de sols : des dérivés de

matériaux sédimentaires ou faiblement métamorphiques (schiste, micaschiste, quartzite) dont les plus dominant sont les sols jaunes ou rouges, de texture argileuse lourds ; et des sols jaunes ou rouges de texture argilo-sableuse ou limono-argileuse, bien drainés et profonds (district de Butaro).

Pour la province de Gisenyi, le relief est caractérisé par de hautes montagnes allongées ou en pentes raides suivant les endroits. C’est un relief en continuité avec celui de Ruhengeri. L’altitude varie entre 1600 et 4500 m. Les points les plus culminant sont les volcans Karisimbi (4.500 m), Mont Rushe (2.992 m), Mutahe (2.086 m) et Kirimbogo (2650 m). La chaîne des volcans qui se trouve à la frontière commune avec la RDC ainsi que les montagnes contribuent à la beauté et à l’attrait touristique de la région, mais aussi à sa sensibilité aux effets de l’érosion hydrique. Les différents types de sols rencontrés sont les sols volcaniques et les sols des hautes terres de Buberuka. Ajouté à cela les sols de la crête Congo-Nil qu’on retrouve dans le district de Gasiza. Ce sont des sols de la crête Congo-Nil issus des dérivés de matériaux volcaniques, bien drainés, limités entre 50 et 100 cm par une dalle d’origine volcanique ; et de sols dérivés de matériaux volcaniques contaminés.

3.2.3 Hydrologie

La région des laves est caractérisée par la rareté des sources et des cours d’eau. Les autres parties sont cependant mieux fournies en eau, surtout dans la province de Ruhengeri avec la

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source Mukungwa qui abrite les lacs Bulera (47 km2) et Ruhondo (25 km2). Ces lacs constituent un potentiel touristique important et un lieu de pêche. Dans la province de Gisenyi, les sources d’eaux sont très faibles et leurs répartitions sont localisées. Les principaux cours d’eaux sont : Mukungwa (qui longe Ruhengeri et Gisenyi), Satinsyi, Sebeya, Kabilira, Koko, Nkora, et Karambo. Les lacs Kivu et Karago représentent un potentiel touristique, et de pêche. Le lac Kivu facilite le transport lacustre entre les provinces de Kibuye, Cyangugu et la RDC. Il contient également le gaz méthane dont l’exploitation constituerait une potentielle source d’énergie pour la province. Concernant les barrages hydro-agricoles, la province de Ruhengeri en compte deux. Celui de Ntarauka et Mukungwa alimentés tous par les eaux d’infiltration, de ruissellement ainsi que celles issues des marais de Rugezi et Kamiranzonu des hautes terres de Buberuka.

3.2.4 Végétation et faune

Le paysage naturel a été détruit par l’action dévastatrice de l’homme à la recherche des terres pour l’agriculture. La végétation primitive se composait d’une forêt dense où alternaient les caducifoliées et des sempervirentes et autres essences ombrophiles des montagnes. Aujourd’hui, cette famille de végétation a été remplacée par des associations secondaires composées de fougères et de savanes arbustives et herbeuses. Entre 1800 m et 2200 m d’altitude, le paysage porte un aspect artificiel. Au-delà de 2200 m, se trouve l’aire protégée du Parc National des volcans où la végétation est caractérisée par l’association monophyte dense et les premiers bambous d’une hauteur de 20 m, ainsi que des bruyères de type arcas où l’essence prévalant est la ligneuse artificielle. A coté de la forêt naturelle des volcans, les collines sont couvertes d’une végétation constituée de boisements artificiels dont la principale essence est l’eucalyptus. La faune sauvage a disparu dans les différents boisements. La forêt naturelle des volcans abrite de nombreuses espèces animales. Les plus fréquents sont les gorilles de montagnes, les buffles, les antilopes, les léopards, les chimpanzés et autres singes.

3.3 Activités agricoles

3.3.1 Agriculture

Le secteur agricole occupe 90 % de la population des provinces de Ruhengeri et Gisenyi. Cependant 5,3 % des ménages de Ruhengeri sont « sans terre » tandis que 35,9 % détiennent des terres inférieures à 0,2 ha, superficie insuffisante pour faire vivre un ménage de cinq personnes (PID, 2003). Les principales cultures vivrières dans les deux provinces sont : le haricot volubile, la pomme de terre, le maïs, le sorgho, la patate douce et le bananier. La région produit également le caféier, le théier et le pyrèthre comme cultures industrielles destinées à l’exportation. L’agriculture se heurte à deux contraintes : l’exiguïté des terres arables et une forte pression démographique. L’exploitation agricole familiale moyenne a une superficie comprise entre 0,5 et 1,5 ha (morcelée et dispersée) La taille moyenne des exploitations continue à diminuer suite à la pression démographique, 60 % des paysans possèdent des exploitations de moins de 1 ha.(Plan Intérimaire de Développement, 2003 )

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Par conséquent, la pratique de la jachère a été abandonnée laissant la place à une surexploitation des terres entraînant une diminution des rendements. La lutte anti-érosive est appliquée par certains producteurs dont les champs sont sujette à l’érosion. Parmi les techniques de lutte contre l’érosion appliquées sur les types de sols sont : les herbes fixatrices (le Setaria sp, le Pennissetum sp), le labour perpendiculaire à la pente, la terrasse radicale et les fossés anti-érosif. Aussi, l’insécurité qui a caractérisé la province en 1997 et 1998 a entraîné une baisse importante de la production agricole.

3.3.2 Élevage L’élevage constitue la deuxième activité après l’agriculture. Riches ou pauvres pratiquent l’élevage composé essentiellement de caprins, d’ovins et bovins. Cependant, les effectifs du cheptel ont sérieusement chuté et les infrastructures détruites pendant la guerre (1990- 1994) et la période d’insécurité (1997-1998). La situation du cheptel par district est présentée dans le tableau de la page suivante. Tableau 3-1 :Situation du cheptel par district (Province de Ruhengeri, année 2001-2002) Ovins Caprins Porcins Lapins Poulets Canards Dindons

2001 2002 2001 2002 2001 2002 2001 2002 2001 2002 2001 2002 2001 2002

Ville de Ruhengeri

912 3014 2560 7115 423 2430 1214 1840 6162 10440 662 115

Bukonya 4286 1966 851 754 857 735 5872 1769 2035 1964 280 280 0

Nyamigali 5295 5638 3633 3789 361 402 2661 5211 1919 3009 680 754 13

Kinigi 879 3226 1504 2038 6 12 1579 1815 1180 3075 89 139 29

Bukamba 2902 7475 6739 14849 521 1235 542 1231 4924 16914 929 32

Bugarura 3684 9967 1802 3968 3021 11230 5052 9867 3203 12804 945 15

Buhoma 1942 1805 2574 3112 493 293 1746 975 5496 2313 2001 29

Mutobo 1400 6450 3260 6759 1050 2458 1700 2975 3300 8003 203 301

Butaro 8243 8431 8846 8742 841 673 5741 4637 7101 6313 483 4

Cyeru 6798 14574 3824 5567 921 3479 7432 3227 6427 6522 373 229 24

Nyarutovu 5283 9989 6230 3976 982 1785 5062 9579 4982 9356 376 48

Total 41624 72535 41823 60669 9476 24732 38601 43126 46729 80713 1422 7001 0 610 Source : Plan Intérimaire de Développement de la Province de Ruhengeri, 2003 La composition du cheptel est dominée par les caprins puis les ovins, ceci est dû au fait que les caprins ne demandent pas beaucoup d’entretien et ne sont pas trop chères. L’élevage de volaille est pratiqué principalement par les femmes. L’élevage de caprins, d’ovins et de bovins est assuré par les chefs de ménage. D’après le tableau ci-dessus, le nombre du cheptel a augmenté vu l’amélioration de la situation sécuritaire du pays.

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Tableau 3-2 : Situation de l’élevage dans la province de Gisenyi (année 2000) Cheptel Avant 1994 Situation actuelle Déficit à combler %par rapport à 1994

Bovins 60054 27280 32774 54,5

Caprins 170066 18279 151787 89,2

Ovins 99877 12431 87446 87,5

Porcins 4582 6010 +1428* +31,1*

Lapins 24182 23031 1151 4,7

Volailles 80222 25954 54268 67,6 Source : DAEF Gisenyi, le développement du secteur agricole dans la région de Gisenyi 2000. inédit Pour la province de Gisenyi, l’élevage est dominé par les bovins puis les caprins et ovins. Mais on constate que l’effectif a diminué lors de la situation actuelle par rapport à la période avant 1994.

3.3.3 Pêche

Dans la province de Ruhengeri, la pêche est traditionnelle au niveau du lac. Dans la province de Gisenyi, la pêche n’est pas très développée, quoique deux de ses districts, Kayove et Nyamyumba, ainsi que la ville de Gisenyi soient côtière au lac Kivu. La pêche pratiquée est essentiellement artisanale, signalons toutefois l’existence de quelques coopératives qui font la pêche sur le lac Kivu : COOPILAC, APELAC et INGWIZABAHIZI.

3.4 Zones agro-écologiques

En fonction du climat, du relief, des sols et des activités agropastorales, on rencontre quatre zones agro-écologiques : • Zone des volcans : c’est la zone qui fait frontière au parc national des volcans, en haute

altitude. On rencontre des cultures pures (c’est à dire une seule espèce) puis plus on descend, plus on trouve la pomme de terre mélangée au maïs et un peu plus bas c’est le haricot et la patate douce qui prennent le relais.

• Zone montagneuse des hautes terres de Buberuka: l’agriculture pratiquée est diversifiée, la pomme de terre est une culture dominante suivie du haricot.

• Zone marécageuse : c’est la zone des bas fonds, gorgée d’eau par endroit. Les cultures dominantes sont : haricot, patate douce et pomme de terre.

• Zone des sols acides de la crête Congo-Nil : avec les cultures de pomme de terre, maïs, haricot et thé.

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Tableau 3-3 :Topo séquence des sols volcaniques (Photo 3-1) Sommet Sur flans de collines Bas fond

Type de pente Moyenne forte faible

Sols Sols développés dans les éjectas volcaniques, bien drainés et peu profond.

Sols développés dans les éjectas volcaniques, bien drainés ,moyennement profond

Sols développés dans les éjectas volcaniques, bien drainés, profondeur limité à 100cm

Végétation naturelle Au nord, à la lisière du parc national, il y a une végétation naturelle composée de bambous.

Végétation artificielle à dominance d’Eucalyptus

Pas de végétation naturelle

Cultures Pomme de terre, maïs, blé, pyrèthre et quelquefois de la patate douce

Sorgho, haricot, pomme de terre.

Pomme de terre, haricot, maïs et légumes (choux)

Habitation Eparse 1 Village au niveau du district de Kinigi

Pas d’habitation

Autres caractéristiques importantes

La zone est limitée au nord par le parc national des volcans suivi en bas par les pâturages de certaines grandes exploitations agricoles, Pas de source de cours d’eau.

Elevage composé de caprins et ovins essentiellement. Pas de source de cours d’eau, les eaux de pluies provenant des sommets creusent des ravins (forte érosion)

Pas de source, ni de cours d’eau, accumulation des eaux de ruissellement chargées de débris végétaux et de cailloux

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Tableau 3-4 :Topo séquence des sols des hautes terres de Buberuka (Photo 3-2) Sommet Flans des collines Bas fond

Type de pente Trop forte Forte Moyenne

Sols Sols jaunes ou rouges, bien drainés Sols rouges, bien drainés, argileux, moyennement altérés, limité entre 50 et 100cm.

Sols organiques non à partiellement décomposées, gorgés d’eau

Végétation naturelle Végétation herbacées « kikuyu grass »,boisement artificiel d’eucalyptus alternant avec des sommet érodés

Artificielle, représentée par des plantations d’eucalyptus

Urufunzo( Papyrus).

Cultures Pomme de terre, blé, maïs, petit pois (sous forme de jachère)

Pomme de terre, sorgho, maïs, haricot, bananier, patate douce .

Pomme de terre de contre saison (saison sèche), sorgho, patate douce, haricot et légumes.

Habitation Pas d’habitation Eparse Éparse

Autres caractéristiques importantes

Affleurement rocheux par endroit alternant avec des boisements à base d’Eucalyptus et des sols nus.

Bovins et ovins en divagation

Peu de dispositifs de lutte anti-érosif, par endroit existence de sources d’eau

Culture de pomme de terre dans la partie nord et zone sud protégée servant de source pour les deux centrales électriques.

Divagation et pâturages aménagés

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Tableau 3-5:Topo séquence des sols de la crête Congo-Nil (Photo 3-3) Sommet Sur les flans Bas fond

Type de pente Forte Forte à moyenne Faible

Sols Sols jaunes bien drainés argilo-sableux ou limono-argileux , très profonds

Sols bien drainés, argileux à limoneux ,assez profond.

Sols bien drainés, argileux à limoneux fins, moyennement profond

Végétation naturelle Végétation naturelle est située au sud composée de bambous

Sur sols non cultivés il y a un développement d’une végétation composé d’éragrostis sp et fougères.

Végétation caractéristique des sols toujours humides

Cultures Pomme de terre, maïs, théier. Pomme de terre, maïs, théier, sorgho, patate douce, petits pois

Pomme de terre, théier, légumes

Habitation Eparse Eparse Pas d’habitations

Autres caractéristiques importantes

Formation naturelle de Gishwati suivi par un boisement tampon(Acacia sp, Pinus sp,..)

Ilot de bambous éparpillés par endroit, pâturages artificiels composé de kikuyu grass

Végétation caractéristique des sols toujours humides, caractérisés par plusieurs cours d’eau qui prennent naissance sur les flans des collines..

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Photo 3-1:Sols volcaniques

Photo 3-2:Sols des Hautes terres de Buberuka

Photo 3-3: Sols acides de la Crête Congo Nil

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3.5 Milieu humain

3.5.1 Population

D’après le tableau ci-dessous, la population de la province de Ruhengeri est constituée majoritairement de femmes et de jeunes dans la même proportion de 53 %. Avec un taux de 56 % de la population jeune, les femmes de plus de 17ans représentent une bonne partie des habitants de la province. C’est dire que toute initiative ou tout programme de développement devrait tenir compte de la présence majoritaire des femmes et des jeunes. La densité de la population de la province de Ruhengeri est de 537 hab/Km2. Tableau 3-6 :Population de la province de Ruhengeri : Localisation Résidents Résidents âgés 17ans ou plus %

Masculin Féminin Total M F Masculin Féminin Total M F

Ville de Ruhengeri

33 548 36 977 70 525 48% 52% 16 548 18 232 34 780 48% 52%

Bugarura 47 414 52 106 99 520 48% 52% 22 860 27 201 50 061 46% 54%

Nyarotovu 31 146 36 102 67 248 46% 54% 14 382 18 789 33 171 43% 57%

Bukonya 39 360 44 998 84 358 47% 53% 18 575 23 069 41 644 45% 55%

Buhoma 41 347 47 744 89 091 46% 54% 17 898 22 976 40 874 44% 56%

Mutobo 46 585 51 770 98 355 47% 53% 20 106 24 757 44 863 45% 55%

Kinigi 28 265 34 379 62 644 45% 55% 11 313 16 300 27 613 41% 59%

Bukamba 56 597 63 338 119935 47% 53% 25 049 30 484 55 533 45% 55%

Butaro 29 277 33 381 62 658 47% 53% 12 532 15 335 27 867 45% 55%

Cyeru 39 584 45 518 85 102 47% 53% 16 588 21 708 38 296 43% 57%

Nyamugali 24 654 30 089 54 743 45% 55% 10 729 15 000 25 729 42% 58%

Province 417 777 476 402 894179 47% 53% 186 580 233 851 420431 44% 56%

Source : Ministère des Finances et de la Planification Economique, Recensement 2002 (données provisoires) D’après le tableau suivant, au sein de la population de Gisenyi, les plus de 17 ans sont les moins nombreux ( 46,8%), signe que la population active est moins nombreuse. De même, les femmes sont plus nombreuses que les hommes ( 53,4% contre 46,6%). La densité de la population est de 571hab/Km2

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Tableau 3-7: Population de la province de Gisenyi

Localisation Résidents Résidents âgés 17ans ou plus %

District ou ville Masculin Féminin Total M

%

F

%

Masculin Féminin Total M

F

Gisenyi(ville) 35 552 31 640 67 192 53 47 20 449 15 704 36 153 57 43

Cyanzarwe 31 833 39 309 71 142 45 55 12 638 18 151 30 789 42 58

Mutura 57 022 65 303 122 325 47 53 23 828 30 187 54 015 44 56

Gasiza 55 906 66 776 122 681 46 54 23 339 32 212 55 551 42 58

Kageto 38 177 46 168 84 345 45 55 17 589 23 615 41 204 43 57

Nyagisagara 37 247 44 480 81 727 46 54 16 530 22 735 39 265 42 58

Gaseke 35 855 42 603 78 458 46 54 15 118 20 876 35 994 42 58

Kayove 45 665 50 425 96 090 48 52 21 127 25 389 46 516 45 55

Kanama 35 627 42 082 77 709 46 54 15 645 20 204 35 594 43 57

Nyamyumba 30 731 34 825 65 556 47 53 14 036 16 558 30 594 46 54

Total 403 614 463 611 867 225 47 53 180 299 225 631 405 930 44 56 Source : MINECOFIN, Recensement 2002 (données provisoires) Sur un total de population de 867225, il y a aussi plus de Femmes (avec 463611) que d’Hommes (403614).

3.5.2 Administration publique

La province de Ruhengeri est divisée en douze districts, secteurs et cellules (Tableau 3-8). Le nombre total de districts est de 177 et de 943 cellules. Tableau 3-8: Répartition des secteurs et cellules dans Ruhengeri District et ville Superficie km2 Nombre de secteurs Nombre de cellules

Ville de Ruhengeri 77,3 09 35

Bugarura 151,5 25 142

Nyarutovu 134,6 12 77

Bukonya 176,3 20 121

Buhoma 168,8 18 108

Mutobo 200,4 21 116

Kinigi 154 12 78

Bukamba 200,9 23 123

Butaro 165,5 10 53

Cyeru 206,9 15 47

Nyamugali 119,6 12 48

Total /Province 1755,8 177 943 Source : Province de Ruhengeri

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La province de Gisenyi est subdivisée en 9 districts et 1 ville, chef lieu de la province. Les 9 districts et la ville sont subdivisés en 135 secteurs qui à leur tour sont subdivisés en 909 cellules (Tableau 3-9). Tableau 3-9: Répartition des secteurs et cellules dans Gisenyi District et ville Superficie km2 Nombre de secteurs Nombre de cellules

Cyanzarwe 113,6 17 99

Gaseke 197,5 12 70

Gasiza 259,0 20 116

Gisenyi ville 24,37 3 31

Kageyo 167,8 17 113

Kanama 186,2 10 84

Kayove 184,4 15 112

Mutura 196,7 14 113

Nyagisagara 200,6 15 104

Nyamyumba 63,63 12 67

Total 1516,80 135 909 Source : Province de Gisenyi, rapport annuel 2002, inédit Chaque district a en moyenne 10 secteurs et 10 cellules. Au niveau de la province, la structure administrative est gouvernée par le préfet qui travaille avec différentes directions techniques. Au niveau des secteurs, on rencontre le chef du district qui travaille en collaboration avec les présidents de la filière pomme de terre et les présidents d’inter groupements.

3.5.3 Services agricoles

La principale institution de recherche agricole au Rwanda est l’Institut des Sciences Agronomique du Rwanda (ISAR). Elle s’occupe d’expérimentations et du maintien de collections variétales de pomme de terre. Il a un programme pomme de terre portant sur des thèmes variés (la production de semences souches par micro-propagation, la sélection et l’amélioration variétale, la lutte contre les maladies et parasites et la fertilisation) et dans lequel il collabore avec les organisations paysannes comme IMBARAGA, FOR et BAIR. Parmi les directions provinciales il y a la direction des services agricoles de l’élevage et des forêts (DAEF). Au niveau des districts, nous avons les RSAD (Responsable des Services Agricoles de District). Ces derniers s’occupent de la vulgarisation des techniques culturales, de l’adoption de celles-ci et du suivi sur le terrain. Dans les deux provinces, on a différentes organisations paysannes qui s’activent au sein des provinces et districts. URAGAGA IMBARAGA, syndicat national des agriculteurs et éleveurs du Rwanda, a été créé en 1992, et a connu un redémarrage en 1996, avec l’appui d’Agriterra, une fondation néerlandaise. Il regroupe 60.000 membres dans tout le pays. Ce syndicat s’occupe de la représentation des paysans, de la structuration du milieu paysan et de

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la recherche-développement. BAIR et FOR sont deux organisations paysannes qui soutiennent les efforts des agriculteurs et éleveurs, respectivement à Gisenyi et Ruhengeri, en leur apportant des services d’information et de formation. IMBARAGA, FOR et BAIR collaborent aussi dans un programme plus large de « renforcement des capacités de négociation et d’intervention des organisations paysannes au Rwanda » . Avec INGABO, un syndicat des agri-éleveurs de Gitarama, ces trois organisations ont formé un Réseau des Organisations Paysannes du Rwanda (ROPARWA). Ce réseau est le partenaire de l’ICRA et de l’ISAR dans cette étude. La fédération des producteurs de pomme de terre est composée des producteurs de pomme de terre des zones de grande production. La fédération est active au niveau provincial (les deux provinces : Ruhengeri et Gisenyi), et dans les districts et secteurs. Les présidents de la fédération sont élus par les producteurs lors d’assemblé générale à chaque niveau : Secteur, District et Province.

3.6 Autres secteurs économiques

En plus de l’agriculture qui est le secteur le plus dominant, les unités de fabrication et de transformations existent malgré leur faible nombre au niveau des deux provinces. La région de Ruhengeri possède quatre usines qui sont : • L’unité de fabrication de la chaux (PPCT); • La maïserie de Mukamira (qui vient d’être privatisée); • La Société de Transformation Industrielle de Ruhengeri (SOTIRU); • La SOPYIRWA qui produit de la pyréthrine et projette de faire le raffinage en vue de la

production des pesticides. La menuiserie, la fabrication des briques, la tuilerie, la couture, la broderie, la maçonnerie sont les principales activités des artisans. Il existe une fédération des association des artisans de Ruhengeri (FECAR). La région de Gisenyi compte quelques unités de transformations à savoir : • Brasserie et Limonaderie du Rwanda (BRALIRWA); • Trois usines à thé. Les activités commerciales tournent autour des produits agricoles et manufacturés et s’exercent dans les centres commerciaux, dans les centres de négoce et sur les marchés. La province de Ruhengeri est desservie par 36 marchés dont 29 centres de négoces, 7 centres commerciaux que sont : Ruhengeri-ville, Mukamira, Base, Gakenke, Busogo, Rugarama et Kivuruga. La plupart de ces marchés nécessitent d’être reconstruits et modernisés. Pour la province de Gisenyi, on compte 24 marchés ruraux périodiques répartis dans les 9 districts et la ville de Gisenyi. La position géographique de la province favorise le commerce frontalier avec la RDC. Elle reçoit généralement des planches de bois, du haricot, des bananes, de la pomme de terre, etc. Avant la guerre (1990-1994), l’artisanat était très développé dans la province de Gisenyi. Actuellement, il est affaibli. La coopérative KIAKA a repris néanmoins ses activités. Le plus

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grand nombre d’artisans vient du domaine de la broderie, de la poterie, de la tuilerie et de la couture. La province de Ruhengeri est classée parmi les cinq régions touristiques importantes du pays. le PID (Programme Institutionnelle de Développement) a opté pour la promotion du tourisme dans quatre zones à savoir : Kinigi pour le parc national des volcans, les gorilles de montagnes et les volcans ; la ville de Ruhengeri pour ses grottes et les infrastructures nécessaires à l’accueil des touristes ; Nyamugali pour le mont Kabuye ; et enfin la région des lacs d’altitude Bulera et Ruhondo (Bukamba, Bugarura, Cyeru).

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4 RESULTATS

4.1 Analyse des acteurs de la filière pomme de terre

4.1.1 Les acteurs en présence

Une filière peut être assimilée à une chaîne, c’est-à-dire un ensemble d’éléments en interaction dynamique. Ces différents éléments concernent une seule matière première. Cette dernière commence par la recherche initiale, passe par la production, la transformation, jusqu’au produit fini pour la consommation. Il s’agit d’une séquence d’activités linéaires interdépendantes les unes des autres. En plus de cela, la filière tout en mobilisant des ressources crée des transactions institutionnelles et contractuelles entre différents acteurs. La filière est aussi et surtout un ensemble d’acteurs qui contribuent à la production, puis à la transformation et l’acheminement jusqu’au marché de réalisation d’un même produit (Duteurte et al., 2000) L’idée d’organisation de « la filière pomme de terre » au Rwanda remonte des années 1989. En effet, c’est au cours d’un séminaire organisé, à Ruhengeri en juin 1989 qui regroupait des chercheurs et techniciens des programmes nationaux de recherche du Rwanda, du Burundi et du Congo, que cette notion de filière a été mise en route. Malheureusement, les mauvais souvenirs qui ont caractérisé la région des grands lacs à partir de 1990 n’ont pas permis la mise sur pied de cette filière. Après la guerre de 1994 et une fois le calme revenu au niveau national, les producteurs de pomme de terre de Ruhengeri et Gisenyi ont été confrontés à un certain nombre de problèmes. Ces deniers n’avaient pas suffisamment accès à l’information dans le cadre de la formation, du suivi et autres intrants qui leurs faisaient défauts. De même, ils n’avaient pas une grande connaissance du marché de leur produit. Suite à cela, le Ministère de l’Agriculture (MINAGRI), la DAEF, les ONG, et les OP se sont organisés pour relancer la filière pomme de terre. Plusieurs réunions ont eu lieu sous la responsabilité du syndicat IMBARAGA et de la DAEF. Ainsi, les structures organisationnelles de Gisenyi ont été mises en place en 1999 et celles de Ruhengeri en 2002 sur initiative des OP. A cela, il faut ajouter que la filière est représentée à chaque échelon administratif (province, district, secteur) et est reconnue comme telle. Au niveau des secteurs, les membres de la fédération sont représentés par un comité de Fédération composé d’un président, d’un vice président, d’un trésorier et d’un secrétaire. Au niveau des districts les membres des comités sont regroupés au sein des commissions (technique, crédit, agricole, etc.). L’ensemble de ces commissions forme le Conseil d’Administration du district. Dans la province un bureau regroupant quelques membres de la fédération est dirigé par un président. Ce bureau n’est là que pour représenter les intérêts des membres car l’essentiel des activités se déroule dans les districts et les secteurs. L’objectif visé par l’organisation de la filière pomme de terre est de résoudre les problèmes qu’un seul acteur (notamment les paysans) ne peut résoudre. C’est-à-dire, que tous les intervenants de la filière entretiennent des relations étroites avec les autres intervenants en vue d’assurer des services en amont et en aval de la production. Services qui permettraient une organisation et valorisation des rendements de la culture de la pomme de terre dans le pays. Par la suite, les structures et activités suivantes ont été mises en place au sein de la fédération :

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• Comités provinciaux qui représentent les intérêts des membres de la fédération des producteurs ;

• La multiplication des semences de pomme de terre assurée par les organismes publics ; • L’Association des Multiplicateurs de Semences Sélectionnées (AMSS) qui regroupe des

producteurs ou paysans individuels ; • En collaboration avec l’ISAR, installation des essais comparatifs des variétés dans 11

districts de Ruhengeri et Gisenyi et d’un essai de fertilisation organo-minérale (dosage) ; • Signature d’un contrat entre les producteurs de pomme de terre et la coopérative pour

fixer un prix qui soit rémunérateur pour le producteur, répondant au pouvoir d’achat du consommateur, sans oublier les frais de transport et de bénéfice pour la coopérative.

Malgré cette organisation, la filière pomme de terre au Rwanda connaît néanmoins quelques problèmes dont le principal est celui de la faible production et distribution des semences certifiées pour les producteurs. En ce qui concerne la filière de pomme de terre étudiée, les acteurs suivants ont été identifiés : • Les acteurs « en amont » de la production que sont l’ISAR, le SNS, les multiplicateurs de

semences, les vulgarisateurs, l’Etat et les bailleurs de fonds ; • Les producteurs de pomme de terre dans les deux provinces • Les acteurs « en aval » de la production que sont les commerçants d’intrants, les

collecteurs, les commerçants de pomme de terre et les consommateurs.

4.1.2 Rôle des acteurs

• Les chercheurs Ils sont représentés par l’ISAR. Traditionnellement, il s’est toujours occupé de la sélection variétale. Il est chargé de la production de semences de souche de pomme de terre résistantes aux maladies, plus tolérantes à la bactériose et plus productives que les variétés disponibles en milieu rural. Aussi, avant 1994 l’ISAR en collaboration avec le MINAGRI gérait-il le PNAP. Ses fonds provenaient du gouvernement rwandais et du Centre International de la Pomme de terre (CIP) pour la recherche sélective, la promotion et la vulgarisation des semences de pomme de terre. Après 1994, l’institut de recherche a connu un plan de relance à travers un autre projet de développement et de transfert de technologies, avec l’aide d’organisations régionales et internationales. Mais l’ISAR du fait de ses moyens financiers réduits, de la destruction de ses infrastructures de base (laboratoire, serre, champs) faibles et de l’insuffisance en ressources humaines n’arrive pas à couvrir la demande en semences de souche. • Les producteurs de semences de base C’est le SNS qui s’occupe officiellement de la gestion de semences de base. Avant 1994, le SNS s’appelait le Service de Semences Sélectionnées (SSS) et recevait toute la quantité de semences de souche provenant des plançons du PNAP. En 1999, le SSS a été remplacé par le Projet d’Appui au Secteur Semencier du Rwanda (ASSR) et en août 2002 l’ASSR fut clôturé pour faire place au SNS. Le SNS joue le même rôle que le SSS et l’ASSR, c’est-à-dire la production et la vente de semences de base à partir des semences de souche provenant de l’ISAR, la formation et

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l’encadrement des producteurs de semences au niveau national. Il contrôle aux champs et certifie par analyse au laboratoire la production des multiplicateurs de semences. Dépendant du MINAGRI il fonctionne actuellement sous le financement du gouvernement rwandais. Il dispose d’une station et d’une ferme à Ruhengeri pour la production de semences de base. Une fois produites ces semences de base sont délivrées sur commande aux multiplicateurs. De même, le SNS dans sa mission de certification de semences s’occupe de la sélection et du suivi des multiplicateurs. Le SNS n’arrive pas non plus à couvrir les besoins saisonniers en semence de souche à cause de l’insuffisance des semences de souche à multiplier, de l’insuffisance de ses infrastructures de base (champs) et du nombre limité de personnel. • Les multiplicateurs de semences Ils sont chargés de la production et de la vente de semences certifiées aux producteurs. Deux catégories de multiplicateurs se distinguent :

La première catégorie est une structure privée nommée Coopérative de Développement Agriculture, Elevage et Foresterie (COODAF) qui regroupe une centaine d’associations d’une capacité de 60 ha, elle existe depuis 5 ans. La COODAF dispose de terres qu’elle fait cultiver pour la production de semences certifiées. Elle signe des contrats avec les particuliers en leur attribuant une portion de sa terre et ces derniers travaillent pour son compte. La COODAF leur fournit encore des crédits (semences, intrants et formation) nécessaires pour une production de qualité. A la récolte, elle rachète toute la production du particulier après avoir retiré le montant du crédit qui lui a été accordé au début.

La deuxième catégorie de multiplicateurs est l’Association des Multiplicateurs de Semences Sélectionnées (AMSS). Ce sont des paysans semenciers qui exploitent leurs propres champs. Ils sont encadrés par les OP ( IMBARAGA , BAIR, FOR, ONG, etc.) qui leur fournissent des crédits d’intrants et une formation adéquate sous forme de démonstrations sur les techniques culturales. Ces crédits sont remboursables en nature à la récolte.

On note aussi des faiblesses au niveau des multiplicateurs de semences. Les raisons de ces faiblesses sont multiples : insuffisance des semences de base à multiplier, absence des champs sains, faibles connaissances des techniques de multiplication des semences, insuffisance des moyens financiers des associations, etc. • Les vulgarisateurs Ce sont des agents de l’Etat, relevant du service agricole de la province, appartenant à la Direction de l’Agriculture, Elevage et Forêts (DAEF), et des agents des services para étatiques et privés relevant des projets, ONG et des OP. Après la guerre de 1994, la majorité des projets qui encadraient et appuyaient les producteurs de pomme de terre ont fermé les portes. Le niveau de production qui était alors élevé a fortement chuté. Devant cette situation les OP (FOR, BAIR, syndicat IMBARAGA), quelques projets comme celui du Développement Rural du Nord du Buberuka (PGERB) et ONG (World Vision), etc. n’ont pas croisé les bras. Ils sont intervenus pour sauver cette filière en danger. Leurs efforts se sont orientés dans l’encadrement des multiplicateurs des semences, la formation des producteurs de pomme de terre, dans l’octroi des crédits rotatifs et autres

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intrants agricoles, dans diverses autres études qui visent la promotion de la pomme de terre et dans la construction des infrastructures de base. Les vulgarisateurs appuient la fédération de producteurs pour faire évoluer la prise de décision en faveur du monde rural et pour le développement de son économie en particulier. Au niveau de la province, la Direction de l’Agriculture et des Forêts (DAEF) est chargée de mettre en pratique les orientations du MINAGRI (Ministère de l’Agriculture). Dans chaque district il est assisté par un RSAD (Responsable du Service Agricole du District) qui est un technicien spécialisé de la DAEF. Ce dernier assure l’encadrement, l’animation, la formation, le suivi des activités des agriculteurs, ainsi que l’appui aux groupements. C’est dans ce cadre qu’il contribue à la promotion des groupements paysans. Les vulgarisateurs relevant des O.P ne peuvent pas répondre à tous les besoins des producteurs en ce domaine car les compétences de ses cadres ne sont pas suffisantes et leur nombre est limité. Les services agricoles publics disposent de techniciens de plusieurs niveaux de formation, mais ils manquent de moyens financiers suffisants (surtout un budget de fonctionnement) pour satisfaire les besoins d’accompagnement et de suivi des producteurs. • Les commerçants d’intrants agricoles Ce sont des commerçants qui vendent aux paysans les engrais, les produits de traitement phytosanitaires et le petit matériel agricole. Dans les milieux ruraux de Ruhengeri et Gisenyi où sont produites les pomme de terre, il existe peu de magasins de commercialisation des intrants pour satisfaire les besoins des producteurs. Toutefois, deux circuits de commercialisation d’intrants existent :

Le premier circuit est géré par les OP, le PGERB dans Ruhengeri et BAIR à Gisenyi. Leurs vulgarisateurs ont construit quelques magasins à proximité des lieux de production de pomme de terre. Ces magasins sont gérés par les inter groupements et les achats se font en général de façon groupée. Les producteurs se procurent ses intrants sous forme de crédits payables à la récolte.

Le deuxième circuit est contrôlé par des privés. Dans la ville de Ruhengeri trois détaillants privés font le commerce des intrants agricoles : Alcomec, l’Association Abugurama II et Uzabakiriho John. A Gisenyi ce sont Alcomec et l’Association Twizerane qui sont chargés de cette activité. Certains de ces détaillants, plus nombreux, fournissent parfois des intrants de qualité douteuse.

Actuellement, l’approvisionnement de ces intrants ne satisfait pas les besoins en quantité et qualité des producteurs. Le commerce des intrants est un maillon faible de la filière parce qu’il n’est pas autant structuré que les autres. • Les producteurs de pomme de terre La production et la vente de pomme de terre de consommation relèvent des producteurs individuels. Pour mieux s’organiser et faire face aux différents problèmes qui minent leur production ils se sont organisés sous forme de fédération des producteurs. Les objectifs poursuivis pour la mise en place des fédérations sont multiples : - Défense des intérêts des producteurs ; - Organisation du marché de la pomme de terre en collaboration avec les opérateurs

économiques ;

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- Achat collectif de tous les intrants nécessaires à la production de la culture de la pomme de terre ;

- Production et distribution de semences de qualité ; - Gestion des magasins de stockage appropriés ; - Vulgarisation de technologies performantes, ainsi que la formation des producteurs de

pomme de terre ; - Initiation d’une caisse d’épargne crédit ; - Promotion de la recherche paysanne. Actuellement, la fédération s’assure de la disponibilité des intrants auprès de ses membres (en quantité et qualité), de la négociation d’un prix rémunérateur au producteur, de la promotion du métier d’agriculteur à travers les foires, de la formation des membres dans la gestion des inter groupements. Pour atteindre ces objectifs, ne disposant pas de moyens financiers et matériels suffisants, les fédérations sont aidées par l’Etat, les OP, les ONG, les collecteurs et les commerçants. Cependant, malgré la conjugaison des efforts, à cause de son état juvénile (manque d’expérience), les fédérations n’arrivent pas à autofinancer les activités de leurs membres. Non seulement les producteurs manquent de moyens financiers pour investir dans la culture mais aussi ils disposent de peu d’infrastructures de stockage. • Les collecteurs Ce sont des commerçants qui achètent la pomme de terre avec les producteurs sur les sites de collectes pour les vendre aux commerçants transporteurs qui les acheminent vers les centres urbains. Généralement, une fois les pommes de terre destinées à la consommation arrivent à maturité, les producteurs, dans des sacs, les emmènent aux points de collecte (soit sur la tête, soit à vélo). Ces points de collecte sont de petits bâtiments qui appartiennent aux groupements ou aux privés. C’est à partir de ces points de collecte que s’organise le transport de la pomme de terre vers d’autres villes. Dans les deux provinces le transport se fait de la façon suivante : - A Ruhengeri, ce sont les groupements de producteurs et les producteurs individuels qui

collectent et vendent la pomme de terre à la Coopérative d’Exploitation et de Création de Marchés Agricoles (CECMA), à l’association TURWANYIZARA et autres, assisté par la fédération de pomme de terre comme intermédiaire.

- A Gisenyi c’est la Coopérative Ibukwa Muhinzi (COIMU) qui coordonne la collecte des pommes de terre. Chaque jour elle coordonne et dirige les camionnettes arrivant de Kigali, vers les localités des points de collecte.

La récolte de pomme de terre est échelonnée pour éviter des fluctuations qui pourraient avoir une influence négative sur le prix du marché. La collecte est organisée de cette manière pour éviter que les localités, plus éloignées ou isolées, ne soient défavorisées. Il faut aussi signaler que la COIMU comme la CECMA ne disposent pas de camionnettes en propre. Les coopératives fonctionnent comme coordinateurs de leurs membres qui disposent ou louent des camionnettes pour chercher les pommes de terre dans les provinces. Certaines de ces coopératives ne respectent pas les conventions de partenariat qui ont été signées non seulement avec les producteurs mais aussi entre eux. De même, ils leur manquent des moyens logistiques humains et financiers.

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• Les commerçants et transporteurs Tandis que les collecteurs transportent la pomme de terre de consommation des lieux de collecte aux marchés de Kigali, d’autres commerçants ou détaillants la rachètent pour aller la revendre dans les marchés environnant la capitale et dans les autres villes régionales du pays. La plupart des pommes de terre produites à Ruhengeri et Gisenyi sont commercialisés sur le marché intérieur à travers les voies de commercialisation locale. Une bonne partie de ces pommes de terre sont aussi vendue à la frontière ougandaise, burundaise et tanzanienne. Par manque de hangars de stockage et de comptoirs de vente le système de commande de la pomme de terre n’est pas organisé. Le peu de concertation entre commerçants entraîne le non-respect du circuit de commercialisation dans la mesure où il arrive qu’un des commerçants outre passe sa zone d’intervention. • Les consommateurs Il s’agit des ménages, des hôtels et autres établissements qui achètent la pomme de terre avec les commerçants en détail. Ils ne sont pas organisés en association ou coopérative pour le moment. Les grands centres urbains de consommation de la pomme de terre sont les villes de Ruhengeri, Gisenyi, Kigali et d’autres centres ruraux commerciaux. Toutes les couches sociales du Rwanda consomment de la pomme de terre. Les mois de l’année où la pomme de terre est le plus consommée sont décembre, janvier et mars. • L’Etat Depuis 2000 le gouvernement rwandais s’est engagé dans un processus d’élaboration d’une Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté. L’agriculture étant une importante source d’alimentation et de revenu pour la grande majorité de la population, l’Etat en a fait son cheval de bataille. Il a mis en place une politique de développement agricole, au nom de l’intérêt général. L’organisation de la filière pomme de terre, à travers l’encadrement des paysans par les vulgarisateurs, l’organisation du circuit de production et de distribution de semences, ainsi que la commercialisation de la pomme de terre avec un prix rémunérateur pour les producteurs, montrent sa volonté de développement en faveur du paysannat et de la filière en particulier. L’Etat a soutenu la mise sur pied de la Commission de fixation du prix de la pomme de terre. Il a pour objectif de mettre en place un prix rémunérateur au producteur, avantageux pour le consommateur et pouvant couvrir les frais de transport du collecteur et commerçant. A cette commission siègent : les représentants des producteurs, de la DAEF, des O.P (qui font la plaidoirie pour les producteurs), des collecteurs et des commerçants. A cela, il faut ajouter que le prix de la pomme de terre n’est pas fixé en fonction de la qualité et du calibre et il varie d’une localité à une autre (ce qui n’arrange pas les producteurs). • Les bailleurs de fonds L’Etat est appuyé dans sa volonté politique par les bailleurs de fonds de différents pays dans le développement de la filière. Pour ne citer que l’aide apporté par le financement du Ministère néerlandais de la Coopération au Développement, Projet de réhabilitation de la pomme de terre, 2001 – 2002, (Etude de filière pomme de terre et légumes au Rwanda, mars 2003) par son ambassade, a renforcé la filière dans les domaines de la production de semences, l’approvisionnement en intrants, la vulgarisation des techniques agricoles et l’amélioration des moyens de stockage. Aussi, beaucoup d’acteurs bénéficient des projets

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et/ou des programmes d’activités diverses sur la culture pomme de terre grâce à l’appui financier de la coopération internationale.

4.1.3 Intérêts des acteurs

Dans la filière pomme de terre les acteurs ont des intérêts divergents. Ces intérêts peuvent être financiers, de prestige, d’équité sociale, de réduction de la pauvreté et de coopération. A travers ces intérêts voyons la motivation des acteurs dans le tableau 4-1 . Tableau 4-1: Acteurs et leurs intérêts

Acteurs

Intérêts

Chercheurs (ISAR) • Adoption des innovations

• Maintien de la qualité des semences de souche

• Générer des revenus de la vente des semences

Producteurs des semences de base (SNS) • Maintien de la qualité des semences de base

• Revenus de la vente des semences

Multiplicateurs des semences

(COODAF, AMSS, Association, Privés)

• Revenus de la vente de semences certifiées

• Augmenter la capacité de production des semences

Vulgarisateurs (Services d’encadrement : O.P, ONG/Projet, DAEF)

• Renforcer le pouvoir des producteurs

• Adoption des conseils agricole

Commerçants d’intrants • Générer des bénéfices tout en minimisant les coûts de transaction

Producteurs de pomme de terre de consommation (privés, individuels)

• Production en quantité et qualité de la pomme de terre à un prix rémunérateur

Collecteurs (COIMU, groupements, associations)

• Générer des bénéfices

Transporteurs et commerçants (CECMA, TURWANYINZARA)

• Générer des bénéfices

Consommateurs • Avoir des pommes de terre de qualité à un prix abordable

Bailleurs de fonds • Renforcer les capacités des pays en développement pour une bonne coopération internationale

Etat • Soutenir la valorisation de la production agricole Source : Equipe ICRA Rwanda Les intérêts des acteurs dans la filière sont certes différents, car chacun a sa source de motivation. Mais toutes les actions qu’ils entreprennent convergent vers la satisfaction non seulement des besoins mais aussi la fourniture de services. Toutefois, dans leurs interactions, les acteurs doivent comprendre qu’ils n’ont pas tous la même importance et la même influence dans la filière.

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4.1.4 Importance et influence des acteurs

Les acteurs importants sont ceux qui sont les principaux bénéficiaires de la filière et les acteurs influents sont ceux qui ont un pouvoir de contrôle des décisions dans une activité ou encore qui peuvent avoir une influence sur le processus de décision. Le même phénomène s’observe dans la filière pomme de terre du Rwanda (figure 4-1). Figure 4-1: Importance et influence des acteurs de la filière pomme de terre au Rwanda Source : Equipe ICRA Rwanda

Producteurs de pomme de terre

ISAR

SNS

Multiplicateurs

Vulgarisateurs

Etat Bailleurs de fondsConsommateurs

Commerçants/ Collecteurs

Commerçants d’intrants

IMPORTANCE

INFLUENCE

Parmi les acteurs importants il y a la fédération des producteurs de pomme de terre. Ils sont les plus touchés par les effets positifs ou négatifs qui peuvent survenir dans la filière. En cela, ils peuvent être considérés comme les principaux bénéficiaires ou perdants dans le cas où les mesures sont prises en leur défaveur. Les acteurs moins importants sont les collecteurs, les commerçants d’intrants et pomme de terre de consommation. Ce sont des acteurs secondaires qui agissent comme intermédiaires dans la filière. Les acteurs encore moins importants sont les consommateurs qui sont eux plutôt passifs et ne sont pas organisés en associations pour pouvoir agir ou intervenir dans la filière.

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Les lois et les politiques émises en faveur de la filière font de l’Etat un acteur actif et influent. De même les bailleurs de fonds sont aussi considérés comme acteur influent à travers le financement des projets. Les vulgarisateurs sont à la fois importants et influents parce qu’ils constituent, à travers les actions qu’ils entreprennent dans la filière, un groupe de pression capable de faire fléchir les lois en faveur du monde paysan. Ils sont des interlocuteurs auprès de l’Etat et des bailleurs de fonds et ils facilitent la mise en œuvre des décisions prises. Les multiplicateurs de semences sont moins importants et moins influents. Ils travaillent certes pour le bénéfice de la filière, mais ce sont des intermédiaires. L’analyse des acteurs a permis de mieux comprendre les relations qui existent entre acteurs, les compromis qu’ils se font et aussi les différends qui les opposent. Ces points sont explicités dans la problématique.

4.1.5 Problématique des relations entre les acteurs

A plusieurs niveaux de la filière existent des problèmes, inter relationnels entre acteurs, qui entravent son fonctionnement (Tableau 4-2) .

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Tableau 4-2: Matrice des problèmes de relations entre acteurs Producteur & Distributeur

SB (SNS) Multiplicateurs SC Fournisseurs d’intrants Vulgarisateurs (OP et

DAEF) Producteurs agricoles (OP) Commerçants

Chercheurs & Producteurs SS

(ISAR)

Faible capacité d’absorption des SB

Absence de stratégie de communication

Faible application des techniques recommandées

Manque de communication

Technologies non actualisées

Absence cadre institutionnel de concertation

Recherche non actualisée, variétés conservables

Non-respect des techniques de culture

Absence cadre institutionnel de concertation

Emballage inapproprié

Variété conservables

Producteur & Distributeur SB

(SNS)

Commandes non-respectées

Absence de stratégie de communication

Exigences peu réalistes de SNS

Auto-certification par SNS

Mauvaise gestion des SB

Passation tardive des commandes

Manque de communication

Faible suivi multiplicateurs SC

Multiplicateurs SC Faible application des

techniques recommandées

Insuffisance points de vente SC

Faible couverture des besoins en SC

Fournisseurs d’intrants Intrants de mauvaise qualité Absence de

communication Intrants de mauvaise qualité

Vulgarisateurs (DAEF et OP) Insuffisance des

vulgarisateurs

Insuffisance des vulgarisateurs

Faible application des techniques recommandées

Producteurs agricoles (OP) Insuffisance des

vulgarisateurs

Commerçants

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• La production et distribution des semences Dans la matrice les premiers problèmes signalés se trouvent en amont de la filière : - L’ISAR a aujourd’hui une capacité de production de semences de souche qui peut satisfaire les besoins des producteurs de pomme de terre. Mais le SNS ayant le monopole de production de semences de base ne peut pas consommer toutes les semences de l’ISAR. Cela pose donc à l’ISAR des difficultés de gestion de ses semences restantes. D’où son reproche fait au SNS d’avoir une capacité d’absorption de semences de base réduite. L’ISAR interpelle aussi les multiplicateurs en ce qui concerne la faible application des techniques recommandées pour une production de semences certifiées. Le SNS se prépare (pas dans l’immédiat) au transfert de production de semences de base aux privés. Mais cette approche est pour le moment ignorée de l’ISAR et méconnue des privés. C’est une alternative dont le processus mérite d’être accéléré au bénéfice de la filière en général et des producteurs en particulier. - Les multiplicateurs reprochent aux SNS de ne pas respecter leurs commandes en semences de base, de ne pas communiquer leurs stratégies en ce qui concerne le transfert de production de semences et d’exiger d’eux d’avoir 20ha( 5ha/saison pendant 4 saisons avant de revenir à la même parcelle) pour être multiplicateur. Cette dernière exigence n’est pas trop réaliste lorsque l’on sait que plus de la moitié des paysans rwandais ont moins d’un hectare de superficie. Pour le SNS si les commandes des multiplicateurs ne sont pas respectées c’est parce que ces derniers ne les font pas à temps. De même, pour le SNS il y a insuffisance de semences certifiées parce que les multiplicateurs gèrent mal les semences de base qui leur sont vendues et ils ne sont pas bien suivi par les services de vulgarisation qui en réalité devrait les encadrer. - Les vulgarisateurs ne considèrent pas que le manque de semences certifiées soit de leur faute car beaucoup de multiplicateurs ne respectent pas les techniques de production de semences qui leurs sont recommandées. Et ils attribuent le faible rendement des multiplicateurs au manque de moyens de production des paysans semenciers. - Pour les producteurs, le fait que les multiplicateurs ne produisent pas assez de semences certifiées entraîne une faible couverture des besoins. L’insuffisance des points de vente de semences des multiplicateurs ne favorise pas non plus l’achat de semences certifiées, plutôt l’auto production. • La fourniture des intrants L’approvisionnement des intrants assuré par certains commerçants de la place ne satisfait pas la demande des multiplicateurs et des producteurs de pomme de terre de consommation. Ces intrants sont parfois jugés de mauvaise qualité et les points de vente sont souvent éloignés des lieux de production. L’observation est aussi que les fournisseurs d’intrants n’ont pas de communication direct ni avec les vulgarisateurs, ni avec les chercheurs, encore moins entre eux. Cette communication serait souhaitable à tous les niveaux. Elle permettrait aux vulgarisateurs de mieux orienter les commerçants dans des endroits où il y a plus de demandes, de débusquer grâce à un service de contrôle les commerçants qui ne vendent pas des semences de bonne qualité et aux producteurs de mieux orienter leurs commandes. • La mise au point et la diffusion des technologies

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Les producteurs demandent à l’ISAR d’actualiser les résultats de la fertilisation, de mettre au point des variétés résistantes aux maladies et des technologies adaptées de conservation et de transformation de pomme de terre. S’il y a des résultats en ce moment dans ces domaines la recherche ne les a pas encore actualisés. La présence de beaucoup d’intervenants devrait permettre une large diffusion des innovations techniques. Cependant, nous notons un faible encadrement signalé par la fédération des producteurs. Les actions des différents services d’appui à la vulgarisation, tant publics que privés, ne sont pas concertées et évaluées et certains districts sont plus appuyés que d’autres. • La commercialisation de la pomme de terre de consommation Le commerce de la pomme de terre de consommation est relativement organisé. Une commission de fixation de prix fixe un prix rémunérateur au producteur et avantageux pour les commerçants et collecteurs. Les collecteurs achètent donc la marchandise à ce prix pour la revendre aux commerçant et aux transporteurs qui ravitaillent les centres urbains. Cette démarche est consignée dans un contrat qui lie les producteurs aux commerçants. Mais, ce contrat selon les vulgarisateurs est imprécis dans les quantités à fournir et les périodes de livraison aux commerçants. Ce qui n’avantagent pas surtout les producteurs. Les producteurs ainsi que les commerçants souhaitent une différenciation du prix en fonction du calibrage et de la qualité de pomme de terre. Ce qui permettrait une valorisation de la qualité en terme de production de pomme de terre. Les commerçants reprochent aux producteurs de récolter la pomme de terre avant maturité. Ils préfèrent que la récolte soit réalisée au moment opportun pour faciliter sa conservation en cas de problème d’écoulement. Toujours dans la commercialisation, les commerçants voudraient que la recherche trouve des variétés de pomme de terre conservables longtemps qui permettrait de ravitailler le marché en cas de pénurie. A son tour, la recherche conseille aux commerçants l’utilisation d’emballage approprié pour le transport de la pomme de terre afin d’éviter pertes importantes. • Cadre de concertation La matrice d’analyse des relations souligne le problème crucial du manque de cadre de concertation entre les acteurs de la filière. Ce cadre de concertation est absent entre fournisseurs d’intrants et chercheurs, entre fournisseurs d’intrants et le SNS, entre les producteurs et les chercheurs, entre vulgarisateurs et fournisseurs d’intrants. De la concertation pourra naître une communication franche et un partage de problèmes et de responsabilités de chacun. Les solutions envisagées par les uns permettraient de résoudre bon nombre de problèmes relationnels.

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4.2 Typologie des producteurs

4.2.1 Approche de catégorisation des exploitations agricoles

La typologie des producteurs est un outil d’analyse diagnostic qui permet de saisir les diversités entre producteurs. En effet, il convient de ne pas considérer les producteurs comme un ensemble homogène à qui l’on pourrait proposer des solutions passe partout. La réalité est souvent autre, car les producteurs d’une même région ne disposent pas souvent des mêmes moyens et ne produisent pas nécessairement dans les mêmes conditions économiques et sociales. Il importe donc de mettre en œuvre des interventions appropriées en fonction des moyens, des conditions et des intérêts de chaque catégorie d’exploitant identifié. En cela, la typologie aide à mettre en évidence les différentes catégories d’exploitation impliquées dans le développement agricole, les moyens de production et d’échange dont elles disposent et les conditions socio-économiques dans lesquelles elles travaillent. Tout en sachant qu’il n’y a pas de façon standard de faire une typologie, cette étude fait ressortir deux types de catégorisation des exploitations agricoles : • Une catégorisation basée sur les systèmes de culture selon les sols dominants des zones de

production ; • Une catégorisation des exploitations basée sur des critères structurels.

4.2.2 Systèmes de cultures

4.2.2.1 Zonage Pour distinguer les systèmes de culture, un zonage a été fait ; partant d’un niveau plus large de l’espace géographique en ne prenant que les provinces de Ruhengeri et Gisenyi, province concernées par notre étude. Puis six districts (Butaro, Kinigi, et Mutobo pour Ruhengeri ; Gasiza, Kanama et Mutura pour Gisenyi) sont retenus dans l’échantillonnage (voir critères dans la méthode). L’analyse des données issues de l’enquête a permis de distinguer des systèmes de culture basés sur un critère naturel, c’est-à-dire le type de sol. Quatre types de sols ont été distingués : sols de la crête Congo-Nil, sols des hautes terres de Buberuka, sols volcaniques et sols marécageux (Tableau 4-3) Tableau 4-3: Types de sols selon l’échantillonnage

Provinces et Districts

Ruhengeri Gisenyi Type de sol

Mutobo Kinigi Butaro Mutura Kanama Gasiza

Sol volcanique

Sol de la crête Congo-Nil

Sol des hautes terres du Buberuka

Sol marécageux Source : Equipe ICRA Rwanda d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004. Les sols volcaniques sont rencontrés dans les provinces de Ruhengeri (Mutobo et Kinigi) et Gisenyi (Mutura et Kanama). Butaro et Gasiza sont les deux districts qui n’ont pas de sols volcaniques. Les sols des hautes terres de Buberuka se trouvent plus à Gisenyi (Kanama et

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Gasiza) qu’à Ruhengeri (Butaro). Par contre les sols de la crête Congo-Nil et marécageux sont peu rencontrés (cas de Butaro).

4.2.2.2 Systèmes de culture L’importance de la culture de la pomme de terre a permis de confirmer la pertinence de ce zonage et de considérer des systèmes de culture (Tableau 4-4). Tableau 4-4: Occupation des cultures (en %) par type de sol Sols de la crête

Congo-Nil Sols des hautes

terres de Buberuka Sols volcaniques

Sols marécageux

Pomme de terre 37% 32% 44% 16%

Maïs 35% 4% 17% 14%

Sorgho 1% 4% 8% 30%

Blé 1% 4% 4% 3%

Haricot 10% 5% 10% 22%

Pyrèthre 0% 0% 6% 0% Source : Equipe ICRA Rwanda d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004. Ce tableau fait ressortir l’importance de chaque culture : • Selon les quatre types de sol la pomme de terre occupe une place importante par rapport

aux autres cultures. Cette importance est plus marquée sur les sols volcaniques et sur les sols de la crête Congo-Nil ;

• Le maïs par contre prédomine sur les sols de la crête Congo-Nil ; • Le sorgho et le haricot sont des cultures des sols marécageux ; • Le blé est cultivé dans des proportions faibles et ceci dans les quatre types de sol. • Le pyrèthre n’est cultivé que sur les sols volcaniques. Le plus souvent sur une même terre les paysans font la rotation avec la pomme de terre, le maïs, le haricot et le sorgho (Tableau 4-5). Tableau 4-5:Indice de rotation en culture de pomme de terre par type de sol

Sols de la crête Congo-Nil

Sols des hautes terres de Buberuka

Sols volcaniques Sols marécageux

Indice de rotation 1,2 1,3 1,4 1,8

Source : Equipe ICRA Rwanda d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004. Dans ce tableau est présenté l’indice de la rotation des cultures, c’est-à-dire le nombre de cultures intercalaires entre deux cultures de pomme de terre. D’après les résultats : • Sur les sols volcaniques, de la crête Congo-Nil et les hautes terres de Buberuka, il n’y a

qu’une culture intercalaire entre deux cultures de pomme de terre. Cela signifie que les producteurs font la rotation : pomme de terre-maïs-pomme de terre ou encore pomme de terre-haricot-pomme de terre. Il y a une seule culture à cause du morcellement des terres. La forte démographie fait en sorte que peu de producteur aient une grande superficie.

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• Sur les sols marécageux, la rotation est de deux cultures après la pomme de terre, c’est-à-dire : pomme de terre-maïs-haricot-pomme de terre. Deux cultures de pomme de terre dans les marais parce que le sol ne peut recevoir toute l’année la pomme de terre. Ce n’est que pendant la saison sèche que la pomme de terre est cultivée, lorsque la saison de pluie (qui dure) arrive les sols sont gorgés d’eau, alors les paysans font d’autres cultures qui supportent l’humidité.

4.2.3 Types d’exploitation agricole 4.2.3.1 Critères structurels

L’analyse des données a encore permis de faire ressortir une typologie structurelle s’appuyant sur les ressources de l’exploitation. Dans les types de sol trois types d’exploitation sont distingués : les « petites », les « moyennes » et « grandes exploitations ». Les critères généraux qui les distinguent sont la superficie emblavée, le mode de tenure des terres, le cheptel, le nombre de personnes en charge et la main d’œuvre.

4.2.3.2 Les petites exploitations agricoles Leurs caractéristiques premières résident dans la petitesse. En effet, il s’agit des exploitations qui ont une superficie inférieure ou égale à 100 ares. Sur chaque type de sols elles sont les plus nombreuses avec 50% de l’effectif moyenne, notamment sur les sols de la crête Congo-Nil (58%). Concernant le mode de tenure, les paysans ont plus de terre en location qu’en propre, ils n’ont pas de cheptel en raison de leurs moyens qui sont limités. Le bétail est souvent constitué de caprins (un en moyenne) et d’ovins (trois en moyenne) et ils utilisent peu de main d’œuvre salariée. En général le nombre de personnes en charge est petit (en moyenne 5) car les familles sont monogames. La tendance agricole est plutôt l’intensification, c’est-à-dire la production d’un maximum de rendement sur une petite surface. Ainsi, sur une même surface peut être cultivé plusieurs spéculations, ce qui ne favorise pas un rendement élevé par culture. La majorité de leur production n'est pas vendue pour avoir plus de moyens financiers, mais pour satisfaire l’autoconsommation familiale d’un certain nombre de produits alimentaires de première nécessité.

4.2.3.3 Les exploitations agricoles de taille moyenne Ce sont celles que nous avons reconnues comme ayant une superficie plus importante par rapport à la première catégorie identifiée (superficie comprise entre 101 et 300 ares). Leur pourcentage est de 35% avec une importance plus marquée sur les sols de la crête Congo-Nil et montagneux (42% et 40%). Les exploitants n’ont pas en général un cheptel important (en moyenne 2 ovins, 1 bovin et 3 caprins). Le mode de tenure est plus de terre en propre qu’en location et l’utilisation de la main d’œuvre salariée est fréquente. Même si la majorité des ménages est monogame (un ménage), le nombre de personnes en charge (en moyenne 6) est relativement élevé par rapport à celui des petits exploitants. Ils exercent d’autres activités (comme maçon, tisseur de panier, tailleur, etc.) en dehors de l’agriculture.

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4.2.3.4 Les grandes exploitations agricoles Avec des superficies supérieures à 300 ares elles occupent moins du tiers de l’ensemble des exploitations totalisant un pourcentage de 13%. Elles sont plus nombreuses sur les sols des hautes terres de Buberuka (39%) et sur les sols marécageux (20%). Les grands exploitants ont généralement plus de terre en propre qu’en location. L’effectif du cheptel est élevé et on y trouve surtout les ovins en grand nombre en moyenne 9). Les terres sont donc fertilisées avec de la fumure organique. Le nombre de personnes en charge est plus élevé par rapport aux deux autres catégories (en moyenne 12 personnes) car plus de la majorité des ménages est polygame. Le taux d’occupation de la pomme de terre par rapport à la superficie des exploitations est faible et ils cultivent plus du maïs, du sorgho, du haricot et du pyrèthre. La tendance de ces exploitants est l’agriculture extensive, c’est-à-dire une agriculture dont la productivité est faible malgré la grande production.

4.2.3.5 La répartition des types d’exploitation agricole Les trois types d’exploitation agricole sont différemment reparties selon le type de sol (Tableau 4-6) Tableau 4-6: Répartition (%) des exploitations agricoles sur les différents types de sols Sols de la crête

Congo-Nil Sols des hautes

terres de Buberuka

Sols volcaniques

Sols marécageux

Moyenne

Petites

< ou = 1 ha 58 35 53 40 50%

Moyennes

1-3 ha 42 27 38 40 37%

Grandes

> 3 ha 0 39 9 20 13%

Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % Source : Equipe ICRA Rwanda d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004.

4.2.3.6 Les rendements de la pomme de terre

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Le classement de rendement par type de sols (Tableau 4-7) montre que: • Les sols volcaniques viennent en première position avec un rendement de 112 kg/are de

pomme de terre ; • Le rendement des sols des hautes terres de Buberuka suit (62 kg/are), ainsi que celui des

sols de la crête Congo-Nil (48 kg/are) Sur les sols marécageux l’échantillonnage des personnes ayant répondu aux questionnaires étant faible et puisque les marais se trouvaient à la fois sur les sols de la crête Congo-Nil, montagneux et volcaniques, nous avons réparti cet échantillon entre les autres types de sol (Tableau 4-7). Tableau 4-7: Rendement (kg/are) par type de sol et par type d’exploitation agricole Sols de la crête

Congo-Nil

Sols des hautes terres de Buberuka

Sols volcaniques

Rendement moyen

Petites

< 1 ha 48 62 112 74

Moyennes

1 – 2 ha 58 57

80

65

Grandes

> 3 ha - 59 70 65

Source : Equipe ICRA d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004 En comparant la taille des exploitations, les petites ont un rendement supérieur (74 kg/are), les moyennes et grandes exploitations ont un rendement identique (65kg/are). Les petits exploitants produisent donc plus de pomme de terre que les grands et moyens exploitants car ils veulent maximiser les rendements sur leur petite superficie.

4.2.3.7 La destination de la production La pomme de terre une fois produite a trois destinations : la vente pour les gros calibres, l’auto consommation pour les petits et gros calibres blessés et la semence pour les petits calibres. Tableau 4-8: Destination de la production (%) par type d’EA (Saison 2004 A) Sols de la crête

Congo-Nil

Sols des hautes terres de Buberuka

Sols volcaniques Moyenne

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Destination

PEA MEA PEA MEA GEA PEA MEA GEA

Vente

43 43 50 60 59 53 57 54 52,4

Autoconsommation

27 30 22 20 21 20 18 22 22,5

Semence

19 26 16 17 18 22 19 24 20,1

Total 89 99 88 97 98 95 94 100 95 Source : Equipe ICRA d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004 Sur tous les types de sols la vente est supérieure à l’autoconsommation et à la semence. Les exploitations moyennes vendent le plus de pomme de terre. L’autoconsommation vient en seconde position, mais ceux qui auto consomment se trouvent dans la crête Congo-Nil. La quantité réservée aux semences est moins importante par rapport à celles réservées à la vente et à l’auto consommation. Selon le type de sols les données relatives à l’enquête révèlent que la production de la pomme de terre sur les sols volcaniques a été plus élevée pendant la saison passée avec 473.490 kg. Sur les sols des hautes terres de Buberuka elle a totalisé 159.020 kg. La production faible a été enregistrée sur les sols marécageux (Tableau 4-9). Tableau 4-9: Destination de la production de pomme de terre par sol (saison 2004 A) Sols

volcaniques Sols de la crête

Congo-Nil Sols des hautes

terres de Buberuka

Sols marécageux

Moyenne

Production totale 473.490 kg 39.864 kg 150.020 kg 15.300 kg

Consommation 14 % 15 % 12 % 26 % 17 %

Vente 66 % 66 % 77 % 50 % 65 %

Semence 18 % 16 % 11 % 15 % 15 % Source : Equipe ICRA d’après les données de l’enquête réalisée en mai 2004 Parmi toutes ces productions les ventes ont totalisé une moyenne de 65% de la production avec une importance marquée sur les sols des hautes terres de Buberuka (77%), volcaniques (60%) et Crête Congo-Nil (60%). La partie réservée à la consommation est de 17% en moyenne; le plafond est de 26% sur les sols marécageux. Les semences représentent une moyenne de 15% de la production totale.

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4.2.4 Fonctionnement des exploitations agricoles

4.2.4.1 Principales cultures Sur les sols de la crête Congo-Nil, les cultures principalement rencontrées sont : • La pomme de terre avec 41 % dans les petites exploitations et 34 % dans les moyennes. • Le maïs avec 51 % dans les petites exploitations et 23 % dans les moyennes exploitations

agricoles. Sur les sols des hautes terres de Buberuka, les cultures rencontrées sont réparties comme suit : • La pomme de terre est à 44 % dans les petites exploitations agricoles, 30 % sur les

moyennes exploitations agricoles et 24 % sur les grandes exploitations agricoles. • Le maïs est à 18 % sur les petites exploitations, 13 % sur les moyennes et 11 % sur les

grandes exploitations agricoles. • Le haricot est représenté à 8 % pour les petites exploitations agricoles, 23 % sur les

moyennes et 10 % sur les grandes exploitations agricoles . • Le bananier y est représenté à partir des basses altitudes vers les moyennes et jamais dans

les hauteurs. Sur les sols volcaniques, on retrouve les cultures suivantes : • La pomme de terre est de 54 % dans les petites exploitations agricoles, 37 % dans les

moyennes et 23 % dans les grandes exploitations agricoles. • Le maïs est à 24 % dans les petites exploitations agricoles, 13 % dans les moyennes

exploitations et 19 % dans les grandes exploitations agricoles. • Le haricot est à 14 % dans les petites exploitations agricoles, 2 % dans les moyennes et 8

% dans les grandes exploitations agricoles. • Le sorgho, on a 5 % sur les petites exploitations, 5 % sur les moyennes et 15 % sur les

grandes exploitations agricoles. • Le blé est représenté à 3 % sur les petites exploitations, 1 % sur les moyennes et 10 % sur

les grandes exploitations agricoles. • Le pyrèthre est à 3 % dans les petites exploitations, 10 % sur les moyennes et 1 % sur les

grandes exploitations agricoles.

4.2.4.2 Systèmes de culture sur les sols de la crête Congo-Nil Rotation et association des cultures La pomme de terre, le maïs et le haricot sont souvent cultivés en pure dans les grandes exploitations et les moyennes tandis chez les petites exploitations les trois cultures sont souvent en association. Pour les grandes et les moyennes exploitations qui font la pomme de terre en pure, une culture intercalaire est quelques fois pratiquée entre deux cultures de pomme de terre au cas ou l’exploitant ne fait pas la pomme de terre après la pomme de terre. La patate douce constituant un aliment de base est en réserve dans les sols pendant une période allant jusqu’à quatre mois. Opérations culturales Les opérations culturales des sols de la Crête Congo-Nil (CCN) sont représentées dans le tableau suivant. Tableau 4-10:Calendrier agricole des sols de la crête Congo-Nil

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Activités Sept oct. Nov Dec Jan Fev Mars Avr Mai Juin Jt AoûtLabour 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Semis 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Sarcl-buttage 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Fertilisation 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Traitphyt-san 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Gardien 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Récolte 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Sorgho 5-P.douce Le labour de la majorité des cultures (pomme de terre, haricot et patate douce) commence au début du mois de septembre jusqu'à mi-septembre mais ceci en fonction du retour des pluies

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après la saison sèche (juin – août). C’est pendant ce même mois (septembre) que commence la première saison de pomme de terre. La deuxième saison de la pomme de terre commence vers la mi-mars avec des labours qui durent deux semaines. Le labour est fait à plat avec peu ou sans dispositif de lutte anti-érosif et on constate que souvent le buttage est fait parallèlement à la pente. La pomme de terre, le haricot et la patate douce sont semés durant tout le mois de septembre, juste après les labours. Les producteurs sans distinction font les semis immédiatement. La pomme de terre de la saison est semée au début du mois d’avril et cette activité se termine vers mi-avril. Le sorgho est semé dès début juin jusqu’à mi-juillet après la récolte de pomme de terre de la deuxième saison (saison de mars). Le sarclage de la pomme de terre commence de mi-octobre à mi-décembre. Celui de la saison de mars s’effectue de mi-mai à mi-juin. La fertilisation de la pomme de terre et du haricot s’effectuent au mois de septembre. Le maïs est fertilisé du début à mi-Juin. Les autres cultures ne sont pas fertilisées (sorgho, patate douce). Les petites exploitations agricoles ne fertilisent qu’avec de la fumure organique et les ordures ménagères faute de moyens financiers alors que certaines moyennes exploitations, utilisent la combinaison de la fumure minérale et la fumure organique. Pour la deuxième saison, la fertilisation de la pomme de terre et du haricot est faite du début mars jusqu'à mi- avril. Le traitement phytosanitaire ne concerne que la pomme de terre et commence un mois après le semis, c’est-à-dire début octobre. Le traitement est fait une fois par semaine pendant 8 semaines mais c’est fait uniquement par certains producteurs de la catégorie moyenne. Presque toutes les petites exploitations agricoles ne font pas de traitements phytosanitaires. Le traitement phytosanitaire n’est effectué que par très peu de paysans parce qu’ils n’ont pas de pulvérisateur. Ils font recours à l’usage du sceau et des herbes. Pour la deuxième saison, le traitement de la pomme de terre commence avec le mois de mai et se termine vers la fin du mois de juin. Le gardiennage de la pomme de terre commence au début du mois de décembre jusqu'à la fin du mois de janvier. Pour le maïs, le gardiennage s’étale de la mi-novembre à fin janvier. Il s’agit d’un gardiennage spécifique organisé au niveau des cellules (les plus petites entités administratives) suivant un calendrier répartis hebdomadairement entre les membres (hommes) de ces entités. Les autres cultures ne sont pas gardées. Le gardiennage de la pomme de terre du mois de mars se fait du mois de juillet jusqu’au mois d’août. La récolte de la pomme de terre (saison septembre) commence vers fin décembre pour se terminer à la fin janvier. Celle de la saison mars est faite de mi-juillet jusqu'à la fin du mois d’août. Elevage des ruminants La pratique de l’élevage a plusieurs objectifs dont les principaux sont :

La production de la matière organique Le dépôt de capital en reproduction L’épargne facilement utilisable surtout le petit bétail

La situation du cheptel par type de sols et par type d’exploitation est représentée dans le tableau 4-11.

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Tableau 4-11: Effectif du cheptel par types de sols et par types d’exploitations

Sols de la crête Congo-Nil

Sols des hautes terres de Buberuka Sols volcaniques

Petites exploitation agricoles

1bovin 1ovin

4 caprins

0 bovin 1 ovin

1 caprin

1 bovin 1 ovin

3 caprins Moyennes exploitations agricoles

1 bovin 1 ovin

4 caprins

1 bovin 2 ovins

2 caprins

1 bovin 1 ovin

3 caprins Grandes exploitations agricoles

3 bovins 3 ovins

5 caprins

3 bovins 3 ovins 1 caprin

En ce qui concerne la conduite du cheptel, le petit bétail est en stabulation semi-permanente chez les petites et moyennes exploitations agricoles pour la production de la fumure organique. On retrouve le même cas chez les grandes exploitations agricoles qui ont moins de deux bovins. L’alimentation des animaux en stabulation provient des cultures fourragères, des déchets de cultures et des herbes fixatrices des talus ou pennisetum sur les dispositifs de lutte anti-érosif. A partir de trois bovins accompagnés par quelques petits ruminants, c’est la divagation sans pâturage privé ni commun.

4.2.4.3 Systèmes de culture sur les sols des hautes terres de Buberuka Rotation et association des cultures Les grandes exploitations sont caractérisées par une multitude de champs éparpillés aussi bien en moyenne altitude qu’en haute altitude. Souvent ces grandes exploitations disposent de beaucoup de champs non proches de leur ménages. Dans ces exploitations, la pomme de terre est souvent en pure et entre en rotation avec le blé dans les hautes altitudes (>2300 m). Tandis qu’en moyennes altitude, c’est souvent le sorgho qui est cultivé en rotation avec le haricot volubile mais souvent les deux cultures sont en association avec la pomme de terre. C’est dans cette zone aussi qu’on trouve des champs de bananier sur colline. Quelques fois, on constate que certains champs sont laissés en jachère pour servir de pâturage aux exploitations disposant de gros bétail. La catégorie des exploitations moyennes n’a pas assez de revenu pour s’acheter des champs. Elle fait recours à la location. Ces exploitations se trouvent en général en moyenne altitude (< 2300 m) et pratiquent souvent le haricot volubile en rotation avec le sorgho. Lorsqu’ils font la pomme de terre, ils l’associent au haricot et/ou au maïs. Les petites exploitations n’ont pas assez de terre et le mode de tenure de leurs champs est plus en location qu’en propre et faute de mieux elles constituent une source de main d’œuvre pour les autres exploitations. Opérations culturales Les opérations culturales dans les sols des hautes terres de Buberuka sont représentées dans le Tableau 4-12.

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Tableau 4-12: Calendrier agricole des hautes terres de Buberuka. Activités Sept Oct Nov Déc Jan Fev Mars Avr Mai Juin Jt Août Labour 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho Semis 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho Sarcl-buttag 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho Fertilisation 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho Tuteur Haricot Traitphy-san 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho Gardien 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho Récolte 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho

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Les labours de la pomme de terre durent trois mois pour la saison de septembre. Ils commencent du début septembre jusqu’à la fin de novembre. Pour la deuxième saison, le labour se fait du mois d’avril jusqu’au mois de juin. Le labour pour la pomme de terre est souvent fait à plat dans la moyenne altitude et dans les bas fonds. Les billons sont rencontrés dans les hautes altitudes avec quelques fois des billons perpendiculaires à la pente. Mais généralement l’orientation des billons n’a pas de règles ; c’est chaque producteur qui oriente ses billons selon son propre grés. Dans les marais des hautes terres de Buberuka, les labours et semis de la pomme de terre se font au mois de juin. Les semis de la pomme de terre s’effectuent du début du mois d’octobre à la mi-novembre et du mois d’avril au mois de juin pour la deuxième saison. Quant à l’usage des semences certifiées, les petites exploitations agricoles en utilisent à 22 %, les moyennes exploitations à 14% et les grandes exploitations agricoles à 9 %. Les semences non certifiées auto-produites sont utilisées par à peu prés 45 % des ménages et le reste est acheté au marché. S’agissant des variétés en usage, le Nyirakabondo, le Cruza et le Bineza sont utilisées dans toutes les exploitations agricoles avec une apparition timide de Kirundo dans les petites exploitations agricoles. Le sarclage-buttage de la pomme de terre se fait de mi-novembre à mi-janvier tandis que celui de la deuxième saison est fait à partir du mois de mai jusqu’en juillet . Le tuteurage ne se fait que sur le haricot volubile de fin septembre à fin octobre (saison de septembre) et de mi à fin avril (saison de mars). La fumure organique est généralisée dans tous les types d’exploitations agricoles. La combinaison (fumure organique et fumure minérale) n’est faite que par les grandes exploitations agricoles des sols des hautes terres de Buberuka. Les petites et les moyennes exploitations ne font que de la fumure organique parce qu’elles n’ont pas assez de moyens financiers pour se procurer de la fumure minérale qui par ailleurs n’est pas disponible sur les marchés locaux. Les grandes exploitations agricoles qui combinent la fumure organique et la fumure minérale vont acheter la fumure organique dans les autres zones surtout dans les villes de Ruhengeri et Kigali. Les petites exploitations agricoles ont des rendements plus élevé (62 kg/are) que les moyennes et grandes exploitations agricoles respectivement 57 kg/are et 59 kg/are. La raison en est que dans les petites exploitations, la gestion des déchets ménagers est plus rigoureuse que dans les moyennes et grandes exploitations. Aussi les déchets ménagers et la fumure organique sont-ils insuffisants par rapport au nombre de champs dans les moyennes et grandes exploitations agricoles. Le traitement phytosanitaire ne concerne que la pomme de terre et se fait dès la deuxième semaine de novembre jusqu’à la troisième semaine de janvier. L’opération pour la deuxième saison va du mois de mai jusqu’à la fin du mois d’août. Le traitement phytosanitaire n’est réalisé que dans certaines moyennes et grandes exploitations agricoles. Mais elles non plus ne disposent pas de pulvérisateurs. Ils recourent à la location au niveau des inter groupements et associations qui en disposent. Le gardiennage de la pomme de terre va du début décembre jusqu’au début du mois d’avril (saison septembre) tandis que pour la deuxième saison, le gardiennage se fait à partir de mi-juillet jusqu’à la fin du mois d’Août .

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La récolte de la pomme de terre est faite de mi-février à mi-avril (saison septembre) tandis que celle de la saison mars, va de la mi-août à la fin du mois de septembre. Elevage des ruminants Le nombre d’ovins et de bovins augmente avec la taille de l’exploitation. Les objectifs, la conduite ainsi que l’alimentation du bétail sont les mêmes que ceux décrits dans les sols de la crête Congo-Nil.

4.2.4.4 Systèmes de culture sur les sols volcaniques Rotation et association des cultures Dans les petites exploitations les cultures principales sont le haricot, le maïs et la pomme de terre. C’est dans les petites exploitations qu’on observe des associations allant jusqu’à trois cultures dans un seul et même champ, si non une culture intercalaire entre deux cultures de pomme de terre est généralisée. Mais souvent sur les parcelles proches du parc national des volcans (PNV), les producteurs pratiquent la pomme de terre après pomme de terre. Les moyennes exploitations ont aussi la pomme de terre et le maïs comme cultures principales. Le blé, le haricot et le pyrèthre constituants des cultures secondaires. Une partie des champs est réservée pour la jachère servant de pâturages pour les animaux. C’est souvent dans les grandes exploitations où on peut trouver des cultures en pure impliquant une culture intercalaire entre deux cultures de pomme de terre.

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Opérations culturales Dans les sols volcaniques, les opérations culturales sont réparties sur toute l’année (tableau 4-13) Tableau 4-13: Calendrier agricole des sols volcaniques. Activités Sept Oct Nov Déc Jan Fev Mars Avr Mai Juin Jt Août Labour 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho 6-Pyrèthre Semis 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho 6-Pyrèthre Sarcl-buttag 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho 6-Pyrèthre Tuteur Haricot Traitphyt-san 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho 6-Pyrèthre Gardien 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho 6-Pyrèthre Récolte 1-P.terre 2-maïs 3-Haricot 4-Blé 5-Sorgho 6-Pyrèthre

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Les labours de la pomme de terre se font de fin septembre à fin février (saison de septembre) et de janvier à fin avril (saison de mars). Dans ces types de sols, le labour est généralement sur billons orientés dans diverses directions. Quelquefois, l’orientation est parallèle à la pente sur les flancs des collines et ceci favorise l’érosion et la perte de la fumure minérale. Les semis de pomme de terre sont fait du début septembre à fin février (saison de septembre) et de janvier à avril (saison de mars). Les semences certifiées sont plus utilisées par les moyennes exploitations agricoles (53 %), les petites et grandes exploitations en utilisent à 33 %. Le taux élevé d’usage est dû à la présence de beaucoup de producteurs de ces semences dont notamment la COODAF, l’AMSS, le SNS, l’ISAR et les privés. Ajouter à cela l’auto production des semences qui est généralisée jusqu’à concurrence de 60% dans les petites et les moyennes exploitations. Les grandes exploitations font (à 44 %) de l’auto production. L’utilisation des semences certifiées de pomme de terre ne se fait remarquer que dans les sols volcaniques (53%) suite à la présence dans cette zone des fermes semencières du SNS, de l’ISAR et des autres multiplicateurs te (COODAF, AMSS, etc.).Quant aux variétés présentes, on constate qu’en plus de Nyirakabondo et Bineza qui se retrouvent dans toutes les exploitations agricoles, il y a aussi la variété Kirundo qui apparaît partout et la Mabondo dans les moyennes exploitations. Le sarclage de la pomme de terre commence dès la fin d’octobre jusqu’à fin décembre (saison septembre) et du début du mois de mars à la fin du mois de mai. Le tuteurage ne s’effectue que sur le haricot, durant les mois d’octobre et novembre (saison de septembre) et d'avril à mi-mai (saison de mars). En général, les cultures qui reçoivent de la fumure sont la pomme de terre, le maïs et le haricot. En effet, la combinaison de la fumure organique et de la fumure minérale est bien pratiquée par toutes les catégories d’exploitations agricoles bien qu’à des proportions différentes selon les moyens financiers des exploitants et à des doses non optimales. Bien que la fertilisation semble être généralisée, la protection et la restauration des sols sont des techniques connues par plus de 75 % des paysans. La lutte anti-érosive n’est pratiquée que par très peu d’exploitations agricoles. C’est en général les petites exploitations qui faute de fumier font beaucoup plus usage aux engrais comme le NPK, le DAP et l’urée. Elles sont suivies des moyennes exploitations qui combinent beaucoup la fumure organique et la fumure minérale. Les sources d’approvisionnement sont les inter-groupements et les marchés locaux. Les grandes exploitations agricoles utilisent beaucoup plus de la fumure minérale. Les rendements y sont élevés mais diminuent avec la taille croissante des exploitations agricoles. Ils sont de 112 kg/are chez les petites exploitations agricoles, de 80 kg/are chez les moyennes exploitations et de 70 kg/are dans les grandes exploitations agricoles. Ce phénomène s’explique par le fait que les petites exploitations entretiennent régulièrement leurs plantations et tous les déchets de ménages sont amenés dans les champs alors que plus le nombre de champs augmente plus la distance et la quantité des déchets sur le ménage constituent un handicap pour une valorisation optimale de tous les champs. Le traitement phytosanitaire de la pomme de terre commence de mi-octobre à mi-juin pour les deux saisons. Quelquefois, il y a un traitement contre les insectes pour les cultures du haricot en cas de soleil. Les traitements phytosanitaires de la pomme de terre sont très pratiqués et le matériel de pulvérisation y est présent ; et même si on n’est pas propriétaire, il y a lieu de faire des locations.

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Le gardiennage ne se fait que sur la pomme de terre et va de décembre jusqu’en juillet. La pomme de terre est récoltée dès le mois de décembre et continue jusqu’en juillet. Elevage des ruminants On constate que les petites exploitations agricoles s’intéressent aux caprins qui n’exigent pas de quantité considérable de fourrage. Mais ici aussi le nombre de bovins et de caprins croit avec la taille de l’exploitation (Tableau 4-14). Tableau 4-14:Récapitulatif du fonctionnement des exploitations Sols de la crête Congo-

Nil Sols des hautes terres de Buberuka

Sols volcaniques

Principales cultures Pomme de terre, maïs, haricot

Pomme de terre, haricot, sorgho, blé, bananier(basses altitudes)

Pomme de terre, maïs, haricot, sorgho, blé, pyrèthre

Rotation et Association Pomme de terre, haricot, maïs souvent en association sauf sur les bords de la formation naturelle de Gishwati.

Basses altitudes :Pomme de terre pure( bas fonds)

Hautes altitudes : pomme de terre en rotation avec le blé

Moyennes altitudes : sorgho en rotation avec le haricot mais les deux sont souvent associés à la pomme de terre

Jachère(grande exploitation)avec

Culture pure de pomme de terre

Pomme de terre en rotation avec maïs(moyennes exploitations)

Haricot, maïs et pomme de terre en association (petites exploitations)

Opérations culturales Labours à plat, semis, sarclage et buttage, Fertilisation avec peu de matière organique(pomme de terre et haricot), Traitement phytosanitaire, gardiennage (pomme de terre) et récolte.

Les mêmes opérations que dans les sols de la crête Congo-Nil avec en plus tuteurage pour le haricot volubile.

Les mêmes opérations culturales que dans les sols des hautes terres de Buberuka sauf que les labours se font sur billons.

4.2.4.5 Gestion au sein des petites exploitations agricoles Gestion des moyens de production Comme ils sont presque sans bétail, ils ont recours à la location des champs pour y faire des cultures. On constate que le mode de tenure des champs pour cette catégorie d’exploitation agricole est à la fois en propre et en location dans plus de 60 % des cas. Comme, elles n’ont pas assez de terre et de moyens financiers, ils privilégient des associations culturales allant jusqu’à trois cultures sur les champs qui parviennent à être fumés. Rares sont les champs des petites exploitations qui sont en culture pure ; au moins deux cultures sur un

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champ et le phénomène est beaucoup plus accentué dans les sols de la crête Congo-Nil et volcaniques que dans les sols des hautes terres de Buberuka. Il n’y a que les petites exploitations agricoles, des sols volcaniques qui combinent la fumure organique et la fumure minérale parce qu’elles sont proches des voies d’accès et leur production peut être vendue à un prix rémunérateur. Par exemple, lors de l’étude le prix de 1 kg de pomme de terre de consommation était à 25 Frw à Rutovu (Butaro) tandis qu’il était de 35 Frw à Mutobo. Les chefs des petites exploitations agricoles, en majorité des hommes sont moins encadrés dans les sols de la crête Congo-Nil (46 %) et volcaniques (43 %). Pour mettre leurs champs en valeur, ils utilisent généralement la main d’œuvre familiale. Satisfaction des besoins Le régime alimentaire des zones détermine aussi souvent les associations et les cultures à mettre en place. Dans les sols de la crête Congo-Nil, la population vit des haricots et de la pomme de terre ou haricot plus patate douce. C’est le même cas dans les hautes terres de Buberuka et quelquefois ils mangent le maïs grain seul. Ceci entraîne qu’à côté de la culture locomotrice rentable qu’est la pomme de terre, ils associent le haricot. Le même type de haricot est aussi associé au maïs pour la même raison. Dans ces deux catégories de sols (acides et montagneux) chaque exploitation agricole dispose d’un champ de patate douce servant de réserve. Comme complément alimentaire il y a soit du haricot ou du maïs. Pour avoir de l’argent le chef de ménage procède, dès la récolte, à la vente d’une partie de la pomme de terre. Cet argent sert à couvrir généralement les grands besoins comme les frais de scolarisation des enfants, l’habillement de la famille, les soins de santé et les frais de location des champs. Les autres petits besoins familiaux concernent surtout les femmes (pétrole, savon, sels, boites d’allumettes, etc.) Pour y parvenir, la femme procède soit à la vente de quelques paniers de patate douce le jour du marché soit par la vente d’une petite quantité des récoltes des cultures secondaires (haricot, maïs, etc.). Souvent, les petites exploitations agricoles sont en déficit monétaire quasi-permanent de façon que leurs membres sont obligés d’aller prester des services chez les moyennes et grandes exploitations agricoles. Elles ont aussi développé un mouvement tontinier important qui leur prête de l’argent en cas d’extrême urgence, sinon elles ont recours au crédit chez les voisins. Si le déficit reste difficile à combler, le chef d’exploitation agricole peut faire recours à son petit bétail qui sert comme un dépôt de capital et de source de fumure organique et c’est le cas quel que soit le type de sol.

4.2.4.6 Gestion au sein des moyennes exploitations agricoles Gestion des moyens de production Ne disposant que d’un seul ménage, la taille de leur famille est importante (6 et 7 dans les sols de la crête Congo-Nil, des hautes terre du Bureruka et volcaniques). Mais la main d’œuvre familiale travaillant dans les champs est réduite (1 et 3 dans les sols de la crête Congo-Nil, des hautes terres du Buberuka et volcaniques). Ces types d’exploitations agricoles font recours à l’utilisation de la main d’œuvre salariée pour mettre en valeur leurs exploitations ,dont 89 %

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des exploitations agricoles des sols de la crête Congo-Nil, 85 % des sols des hautes terres de Buberuka et 85 % des exploitations des sols volcaniques. S’agissant du cheptel et quelque soit le type de sol, il y a un bovin par exploitation agricole, les ovins sont en général au nombre de deux, tandis que les caprins sont plus nombreux dans les sols de la crête Congo-Nil (4 par exploitation agricole). Spécialement pour la pomme de terre, le matériel agricole important est le pulvérisateur et on constate que les moyennes exploitations agricoles qui en disposent sont rares. Ils louent les pulvérisateurs entre 200 Frw et 300 Frw par jour. En plus de quelques champs qu’ils ont en location, principalement pour y faire de la pomme de terre. L’ensemble de ces charges conduit à une réduction de la marge brute de leur capital foncier surtout dans les sols des hautes terres de Buberuka. (Annexe 4). La fertilisation de la pomme de terre dans ces types d’exploitations agricoles est la fumure organique et la fumure minérale dans les sols de la crête Congo-Nil et volcaniques. Tandis que dans les sols des hautes terres de Buberuka, on n’applique que de la fumure organique en faible quantité, ce qui entraîne des rendements faibles comparativement aux sols de la crête Congo-Nil et volcaniques. Satisfaction des besoins Les rendements sont en général, plus élevés que dans les grandes exploitations agricoles mais moins que dans les petites exploitations sauf dans les sols de la crête Congo-Nil où les rendements des petites et moyennes exploitations agricoles ne sont pas significativement différentes. Environ 60 % de leur production sont destinés à la vente, 17 et 26 % sont destinés à la semence auto-produite, le reste à l’autoconsommation et les pertes sont diverses. Pour satisfaire leurs besoins familiaux, les moyennes exploitations agricoles se servent des recettes de vente de la pomme de terre, du maïs, du haricot dans les différents types de sols et du pyrèthre des sols volcaniques. Ces recettes servent à payer les semences, l’habillement de la famille, les frais de scolarisation des enfants, les soins médicaux, les animaux à titre d’épargne, la location et ou l’achat d’autres champs. Il arrive qu’ils investissent aussi ces recettes dans d’autres activités extra-agricoles tel que le petit commerce. D’après les données d’enquêtes, rares sont les moyennes exploitations agricoles qui accusent un déficit monétaire quel que soit le type de sol. Ceci est prouvé par le calcul de la rentabilité qui fait ressortir que presque toutes les moyennes exploitations agricoles s’en sortent très bien. Pour diversifier les sources de revenus, ils entreprennent des activités extra-agricoles surtout le petit commerce 44 %, 57 %, 38 % respectivement dans les sols de la crête Congo-Nil, montagneux et volcanique.

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4.2.4.7 Gestion au sein des grandes exploitations agricoles

Gestion des moyens de production Les grandes exploitations agricoles sont structurellement caractérisées par la présence d’au moins deux ménages (sols des hautes terres de Buberuka et volcaniques), par un nombre élevé de personnes à charge et par une main d’œuvre familiale élevée. Les chefs d’exploitations agricoles sont généralement propriétaires de leur terres acquises soit par achat soit par héritage. C’est également dans cette catégorie d’exploitation que la présence de pulvérisateurs commence à se faire remarquer. L’étendue de leur superficie les oblige à recourir à la main d’œuvre salariée pour la production de la pomme de terre. La valorisation du capital terre n’est pas aussi efficiente que sur les sols volcaniques et les hautes terres du Buberuka. Le pourcentage d’occupation des sols par la pomme de terre y est le plus bas comparé aux petites et moyennes exploitations agricoles des différents types de sols (24 % dans les sols des hautes terres de Buberuka et 23 % dans les sols volcaniques). Les grandes exploitations agricoles se distinguent des petites et moyennes exploitations par leur manière de fertiliser les champs. Elles combinent la fumure organique à la fumure minérale mais le fumier ne se met que dans les champs proches des ménages et l’engrais dans les champs lointains. Le nombre de cheptel prend de l’ampleur surtout les bovins (3 par exploitation agricole) et les ovins (au moins 3 par exploitation agricole). Plus le nombre de bovins augmente, plus leur gestion devient difficile et dans toutes les zones, on laisse les vaches divaguer d’ici et là. Cette façon de faire ne permet pas une gestion efficace de la production du fumier car même les grandes exploitations agricoles continuent à être déficitaire. Satisfaction des besoins La rémunération en terme d’argent investi dégage une marge positive de plus de deux unités mais cela est dû à l’étendu de l’exploitation et non à la valorisation optimale de leurs superficies. Il y a donc lieu de faire mieux surtout en améliorant l’usage fait des terres et en s’assurant d’une meilleure gestion de la main d’œuvre salariée. Ajouté à cela ces exploitations agricoles éprouvent des difficultés pour mettre en valeur toutes leurs superficies car elles n’ont pas facilement accès aux crédits agricoles. Les grandes exploitations agricoles vendent souvent une partie des récoltes de toutes les spéculations faites chez eux de façon qu’ils arrivent à couvrir tous leurs besoins monétaires. Le reste de la production arrive à couvrir tous les besoins alimentaires. Ils parviennent à payer les frais de scolarisation de leurs enfants, les soins médicaux de toutes les familles. Le surplus est utilisé dans la construction des habitations modernes, achat des champs et du bétail et épargne d’argent. Pour diversifier leurs revenus, ils construisent des maisons qu’ils font louer dans les centres ruraux des environs.

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Tableau 4-15:Récapitulatif de la gestion des exploitations agricoles Petites exploitations

agricoles Moyennes exploitations agricoles

Grandes exploitations agricoles

Terre Peu en propre et plus en location

Propre et en location en équilibre

Majoritairement en propre.

Main d’œuvre Main d’œuvre familiale Main d’œuvre salariale(de 1à 3 selon le type de sol)

Beaucoup de mains d’œuvres salariales

Argent Location de champs Investissement dans les travaux artisanaux(tissage des paniers à base de bambous)

Location et achat animaux, champs et activité agricoles et extra-agricole

Achat de champs, construction d’habitat Investissement dans le petit commerce.

Satisfaction besoins Vente d’une partie de la récolte pomme de terre pour les grands besoins familiaux Prestation de service chez les autres exploitations agricoles pour combler le déficit.

Vente de la pomme de terre, maïs, haricot et pyrèthre(sols volcaniques) Scolarisation et soins médicaux.

Vente d’une partie de la récolte toute spéculation confondue. Scolarisation et soins médicaux.

Matériel agricole Non-utilisation des pesticides

Location de pulvérisateurs

Pulvérisateurs propre

4.2.4.8 Rentabilité de la production de pomme de terre

Dans le cadre du fonctionnement des exploitations agricoles, il était important de voir la rentabilité liée à la production de pomme de terre. L’échantillonnage ayant servi pour le fonctionnement technique et socio-économique des exploitations agricoles, nous a aussi permis de faire cette évaluation. Sans être prétentieux, et comme l’échantillonnage est faible (16 exploitations),nous n’avons fait qu’un calcul estimatif. Les résultats obtenus, à titre indicatif, permettent néanmoins d’avoir un aperçu de ce que les paysans peuvent gagner grâce à la production de pomme de terre dans la zone d’étude. Critères d’évaluation de la rentabilité Cinq éléments ont été retenus comme base des calculs de l’évaluation financière : • Le rendement agricole exprimé en kilogramme par are qui exprime la productivité des

différentes parcelles. • Le prix au champ (F/kg) de la pomme de terre est le prix estimé par kg bord champ de

toute la production. Il permet de voir la quantité d’argent que le producteur a réellement eu dans sa main par kilogramme vendu.

• Le revenu brut (F/are) est la valeur de la production du paysan (vente, auto consommation et semence), selon le cours et le prix du jour, et ramené à l’are.

• Les charges monétaires (F/are) représentent l’ensemble des coûts pour lesquels le producteur a dépensé de l’argent pendant tout le long de la saison de production. Il s’agit en fait de ses charges variables que nous avons évaluées par rapport à l’are. Ce sont les coûts des intrants agricoles, de la main d’œuvre salariée, de la location des champs du pulvérisateur, etc.

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• L’utilisation de la main d’œuvre familiale (HJ/are) dont la valeur monétaire correspond au salaire que les membres de la famille auraient gagné s’ils étaient allés travailler comme main d’œuvre salariée. Le calcul est celui du coût d’opportunité. Le travail de la main d’œuvre familiale a été estimé en homme jour et non en actif agricole.

Quatre critères ont été utilisés pour avoir une indication de la rentabilité de la production de la pomme de terre : • La répartition des charges, autres que celles relatives aux charges monétaires, indique

l’importance des dépenses effectuées. Elle est exprimée en terme de pourcentage pour voir le poids de chacune des charges dans la production.

• La marge brute (F/are), c’est la valeur de la production déduite des charges opérationnelles par are. Il permet de voir si le facteur terre du paysan est rentable ou pas. C’est un indicateur de rémunération de la terre.

• La rémunération du travail (F/HJ) s’obtient par la marge brute divisée par le nombre d’actifs. C’est un indicateur qui permet de voir si l’agriculture est un métier générateur de revenus. C’est donc le « salaire » des membres du ménage (ou de la famille) qui ont participé aux différents itinéraires techniques de la production et ceci pendant toute la saison.

• La rémunération argent (F/F) qui évalue et estime de combien le franc investi a rapporté. Il est égal à la marge brute sur les charges monétaires. Il est en effet le rapport entre bénéfices et coûts.

Indications sur la rentabilité financière de la production de la pomme de terre

Limites d’investigation Ce calcul a été réalisé à partir de données collectées sur 16 exploitations. Il a permis d’évaluer les performances économiques des exploitations, d’en éclairer le fonctionnement en identifiant les goulots d’étranglements et de tracer des perspectives d’évolution pour des actions de recherche et développement. Toutefois, les deux difficultés éprouvées sur le terrain, pour ce calcul, était la difficulté des producteurs à estimer leur superficie ainsi que les quantités produites, vendues et consommées. Nous rappelons donc à juste titre que ces calculs ne sont que des indications. Selon les types d’exploitations identifiées dans la typologie des producteurs (les petites, les moyennes et les grandes) il a été établi trois tableaux récapitulant l’analyse financière avec les critères retenus. Le même modèle de calcul a été utilisé pour toutes les exploitations concernées (annexe 5) Les résultats varient d’une exploitation à une autre, de sorte que l’on retrouve ceux qui ont des gains importants et ceux qui ne gagnent pas grand chose malgré l’investissement fait. L’analyse des trois tableaux permet de tirer aussi d’autres conclusions (Tableaux : 16, 17, 18).

Revenus bruts En comparant les exploitations d’après les types de sol, il ressort que les petites ont un rendement élevé par rapport aux moyennes et grandes surtout sur les sols volcaniques et acides. Sur les sols des hautes terres de Buberuka les rendements sont bas. Plus le rendement est élevé, plus le revenu brut est conséquent. Parmi les grandes exploitations seules les rendements des sols des hautes terres de Buberuka sont à la hausse.

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Prix bord champs

Quant au prix bord champ moyen, il est calculé par type d’exploitation. Sur les sols de la crête Congo-Nil il oscille entre 25 et 36 francs le kilogramme, sur les sols des hautes terres de Buberuka entre 22 et 38 francs le kilogramme et sur les sols volcaniques entre 31 et 37 francs le kilogramme. Eu égard à ces prix, nous constatons que celui des sols volcaniques est en moyenne très élevée suivi de celui des sols de la crête Congo-Nil. Le prix moyen de la pomme de terre le plus bas se trouve sur les sols des hautes terres de Buberuka. L’explication se trouve d’une part dans le manque d’infrastructures routières. En effet, les routes sont impraticables et la distance qui sépare la route principale à celle des exploitations est longue. La vente n’étant pas facile dans ces zones, les producteurs vendent aux commerçants les plus proches à un prix qui n’est pas souvent rémunérateur. D’autre part, sur les sols des hautes terres de Buberuka les variétés de pomme de terre cultivées ne sont pas celles préférées dans les centres urbains. La Cruza par exemple n’est pas très appréciée par les consommateurs, mais c’est la variété la plus répandue. D’après les producteurs c’est la seule variété disponible et auto produite.

Répartition des charges Parmi toutes les charges qui entrent dans la production de la pomme de terre : • La part consacrée aux semences est de l’ordre de 31 et 24 % dans les petites exploitations

des sols volcaniques (Tableau 4-16). En raison de leur proximité par rapport au lieu vente, les petites exploitations utilisent les semences certifiées. Ces semences certifiées sont achetées soient chez les multiplicateurs, soient au SNS. Seuls ceux qui achètent des semences certifiées aussi ont un rendement élevé. Sur les autres types de sols la part consacrée aux semences certifiées n’est pas importante.

• Les engrais sont plus utilisés sur les sols volcaniques, surtout dans les grandes

exploitations où la part des charges est assez importante 59 et 61% (Tableaux 4-16, 4-17, 4-18). Les producteurs des sols des hautes terres de Buberuka n’utilisent pas trop d’engrais parce qu’il n’y a pas assez de points de vente et les producteurs qui en trouvent se plaignent de la cherté des coûts.

• L’utilisation de pesticides est très fréquente sur les sols de la crête Congo-Nil et ceci dans

tous les types d’exploitation. En comparaison avec les autres types de sol, les exploitations moyennes en utilisent plus.

• La main d’œuvre salariée par contre représente une part importante des charges sur les

sols des hautes terres de Buberuka et ce sont les petites qui en utilisent plus avec 90 et 96 % (Tableaux 4-16, 4-17, 4-18). Cette charge est élevée sur ce type de sols en raison de l’éloignement des champs. Les chefs d’exploitation sont en effet obligés d’embaucher de la main d’œuvre salariée pour cultiver les champs lointains. Ce qui leur revient cher.

• Les pulvérisateurs sont beaucoup loués sur les sols de la crête Congo-Nil, notamment chez

les petites exploitations. Les grandes et les moyennes n’en louent pas trop car certains d’entre eux ont assez de moyens financiers pour s’en procurer. Sur les sols des hautes terres de Buberuka les locations sont rares parce qu’il n’y a quasiment pas de pulvérisateurs dans ces zones.

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• Les parcelles sont fréquemment louées sur les sols volcaniques en particulier chez les

petites qui n’ont pas de grandes superficies. Et c’est là aussi que les rendements sont très élevés. Sur les sols des hautes terres de Buberuka et acides cette pratique n’est pas courante.

Sur les sols volcaniques d’énormes moyens sont investis dans la production de la pomme de terre parce que les producteurs savent que de toutes les zones seules les sols volcaniques sont apte à cette culture. Rémunération des facteurs de production (Tableaux 4-16, 4-17, 4-18) - La marge brute qui est la rémunération du capital que constitue la terre est relativement faible sur les sols des hautes terres de Buberuka, dans la mesure où elle ne rapporte pas grand chose. Les pentes sur les collines et les problèmes d’érosion très marqués sur cette zone sont autant de facteur qui réduisent la part de la marge brute. Sur les sols de la crête Congo-Nil et volcaniques la terre est valorisée notamment chez les exploitations moyennes. Les grandes exploitations des sols volcaniques malgré leur taille ne valorisent pas assez leur terre. Le coût des semences étant d’une part élevé ils ne peuvent en acheter en quantité suffisante car ils ont souvent de grandes superficies de terre. D’autre part, le coût élevé des intrants limite la quantité achetée. Enfin, le coût élevé de la main d’œuvre constitue une grande charge pour eux. Bien qu’ils aient plus de moyens financiers que les petites et moyennes exploitations, la combinaison de ces trois facteurs fait en sorte que la terre ne leur rapporte pas. - Le travail rapporte moins sur les sols des hautes terres de Buberuka, notamment dans les petites et moyennes exploitations parce que les prix de vente de pomme de terre sont bas, les terres sont moins fertiles et connaissent des problèmes d’érosion. Le travail est bien rémunéré sur les sols de la crête Congo-Nil dans les petites et moyennes exploitations et sur les sols volcaniques dans les moyennes et les grandes. Ils utilisent moins de main d’œuvre salariée, le coût de cette main d’œuvre est bas et leur calendrier agricole n’est pas très chargé. - En terme d’argent les sols des hautes terres de Buberuka sont aussi défavorisés à cause de leur prix de vente qui sont les plus bas. Sur les sols de la crête Congo-Nil les petites exploitations sont plus rentables. Les petites exploitations des sols volcaniques ont des difficultés de rentabilité. Il est vrai qu’en raison de leur petitesse ils n’ont pas non plus de grands moyens financiers et donc vendent moins. Ils cultivent plutôt la pomme de terre pour survivre. Mais les grandes exploitations gagnent assez d’argent en terme de capital investi. Ces derniers en faisant de la pomme de terre sur des champs monocultures (car ils ont plus de terre) ont une grande production et vendent souvent presque toute la production. Ce qui constitue un gain important. En définitive, les calculs nous indiquent que : • Les sols des hautes terres de Buberuka valorisent peu la terre, le travail et

l’investissement. La culture de la pomme de terre est moins intéressante sur ce type de sol car elle est entravée par des facteurs limitatifs (prix bas, terre pas apte à la production de pomme de terre, les intrants difficiles à trouver, manque de pulvérisateurs, etc.). Sur les sols volcaniques la pomme de terre est plus rentable que sur les sols de la crête Congo-Nil.

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• De manière générale, les petites et moyennes exploitations arrivent quand même à valoriser la terre et la main d’œuvre, même si c’est une rémunération faible. Les moyennes et grandes exploitations valorisent surtout l’argent investis sur les sols volcaniques.

Dans les moyennes calculées chez les petites exploitations (Tableau 4-16), il est constaté que

les rendements moyens sont égales aux rendements nationaux (82,3kg/are). Mais en générale le rendement des petites exploitations est supérieur à celui des grandes exploitations. La moyenne du revenu brut (2019,5F/are) est presque égale à la moyenne des charges monétaires (2015,3F/are), cela démontre que les petites exploitations investissent beaucoup dans les charges, mais n’ont pas de gains importants. La moyenne de la main d’œuvre salariée occupe la plus grandes partie des charges. La moyenne de la rémunération argent (1,58F) fait ressortir qu’en générale les petites exploitation sont rentables peu importe le type de sols.

Dans les exploitations moyennes (Tableau 4-17) les rendements moyens sont faibles

(37,8kg/are) sans doute à cause de l’échantillon qui est faible. Le revenus brut moyen (1242F/are) est le double des charges monétaires moyennes (606,2F/are) ce qui est tout à fait encourageant. la moyenne des charges salariées est aussi importante ici. La moyenne de la rémunération (1,16) argent laisse présager que les exploitations moyennes peuvent aussi être rentables.

Dans les grandes exploitations (Tableau 4-18) les rendements moyens avoisinent les

rendements moyens nationaux (8t/are). Le revenu brut moyen (2416,25) est supérieur à celui des charges moyennes (2362,75), mais de peu. Les grandes exploitations investissent de beaucoup dans les engrais (38,75% en moyenne). En terme d’argent les grandes exploitations peuvent aussi être rentable (1,025F).

Selon donc les moyennes calculées toutes les exploitations (petite, moyenne, grande) peuvent

être rentables. Mais les charges restent d’autant plus élevées par rapport aux revenus bruts perçus.

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Tableau 4-16:Evaluation financière de la culture de la pomme de terre des Petites Exploitations Agricoles Sols de la crête Congo-Nil Sols des hautes terres de Buberuka Sols volcaniques

Exploitation PEA-1-SA PEA-2-SA PEA-1-SM PEA-2-SM PEA-1-SV PEA-2-SV

Moyenne

Rendement (kg/are) 43 165 14 50 100 122 82,3

Prix bord champ (F/kg) * 31 32 22 28 37 33 30,5

Revenu brut (F/are) 1.337 5.317 313 1.417 3.712 4.060 2019,5

Charges monétaires (F/are) 440 4.557 143 330 3.400 3.222 2015,3

Répartition des charges (%) :

- Semences 0 17 0 0 31 24 12

- Engrais 26 3 10 4 24 24 15,2

- Pesticides 58 6 0 0 8 19 15,2

- Main d’œuvre salariée 3 71 90 96 26 23 51,5

- Location pulvérisateur 13 3 0 0 3 1 3,3

- Location parcelle 0 0 0 0 8 9 2,8

Main d’œuvre familiale (HJ/are) 0,48 2,2 0,43 0,13 3,0 2,0 1,4

Marge brute (F/are) 897 760 170 1.087 312 838 677,3

Rémunération travail (F/HJ) 1.869 355 395 8.162 104 419 1901,3

Rémunération argent (F/F) 2,0 < 1 1,2 3,3 < 1 < 1 1,58 * Prix moyen (consommation, vente et semences)

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Tableau 4-17:Evaluation financière de la culture de la pomme de terre des Moyennes Exploitations Agricoles Sols de la crête Congo-Nil Sols des hautes terres de Buberuka Sols volcaniques

Exploitation MEA-1-SA MEA-2-SA MEA-1-SM MEA-2-SM MEA-1-SV

Moyenne

Rendement (kg/are) 67 12 17 51 80 37,8

Prix bord champ (F/kg) * 26 35 33 38 35 27,8

Revenu brut (F/are) 1.744 426 550 1.945 2.790 1242,5

Charges monétaires (F/are) 850 189 558 1.269 771 606,2

Répartition des charges (%) :

- Semences 0 0 0 0 0 0

- Engrais 0 15 0 0 66 13,5

- Pesticides 26 31 58 16 12 23,8

- Main d’œuvre salariée 61 43 42 74 16 39,3

- Location pulvérisateur 13 0 0 0 6 3,2

- Location parcelle 0 11 0 10 0 3,5

Main d’œuvre familiale (HJ/are) 0,33 0,05 0,03 0,47 1,2 0,35

Marge brute (F/are) 894 237 - 8 676 2.019 636,3

Rémunération travail (F/HJ) 2.709 4.740 - 267 1.438 1.683 1717,2

Rémunération argent (F/F) 1,1 1 < 0 < 1 2,62 1,16 * Prix moyen (consommation, vente et semences)

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Tableau 4-18:Evaluation financière de la culture de la pomme de terre des Grandes Exploitations Agricoles Sols des hautes terres de

Buberuka Sols volcaniques

Exploitation GEA-1-SM GEA-2-SM GEA-1-SV GEA-2-SV

Moyenne

Rendement (kg/are) 281 34 25 16 89

Prix bord champ (F/kg) * 25 36 31 34 31,5

Revenu brut (F/are) 7.135 1.229 755 546 2416,25

Charges monétaires (F/are) 8.266 643 353 189 2362,75

Répartition des charges (%) :

- Semences 30 13 0 0 10,75

- Engrais 35 0 59 61 38,75

- Pesticides 16 0 6 24 11,5

- Main d’œuvre salariée 19 87 9 5 30

- Location pulvérisateur 0 0 1 10 2,75

- Location parcelle 0 0 25 0 6,25

Main d’œuvre familiale (HJ/are)

6,2 0,46 0,03 0,30 1,75

Marge brute (F/are) - 1.131 586 402 357 52,5

Rémunération travail (F/HJ) - 182 1.274 13.400 1.190 3920,5

Rémunération argent (F/F) < 0 1 1,2 1,9 1,025 * Prix moyen (consommation, vente et semences)

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4.2.4.9 Les problèmes des exploitations agricoles Nature de la problématique Le fonctionnement des exploitations agricoles a permis de poser un diagnostic des problèmes des producteurs de la pomme de terre. Les producteurs sont confrontés à des problèmes techniques de la culture et à des contraintes d’accès aux moyens de production. Les problèmes techniques dont les solutions émanent de la recherche ou la vulgarisation touchent les domaines suivants : l’érosion des sols, les techniques culturales, les variétés de pomme de terre, les maladies des plantes, la fertilisation des sols et la conservation de la pomme de terre de consommation. Les contraintes d’accès aux moyens de production sont d’ordre institutionnel et politique. Elles sont caractérisées par une insuffisance de mesures d’accompagnement et concernent les domaines suivants : le foncier, le crédit agricole, les semences certifiées, les intrants (engrais et pesticides), le matériel agricole (pulvérisateur), la main d’œuvre et l’accès au marché. Les problèmes et les contraintes ont été identifiés à la suite des enquêtes auprès de différents types de producteurs (petits, moyens, grands) de zones diverses (sols acides de la Crête Congo Nil, sols des hautes terres du Buberuka, sols de la région volcanique). Problèmes techniques de la conduite de la culture Les producteurs de la pomme de terre des provinces de Ruhengeri et Gisenyi sont confrontés à de nombreux problèmes techniques qui limitent l’augmentation des rendements et le développement de la culture dans la région. En effet ces problèmes sont complexes et interpellent la recherche et la vulgarisation (Tableau 4-19 ). Les principaux problèmes signalés par les producteurs sont les suivants : • Perte par l’érosion des couches arables du sol ; • Faible maîtrise des techniques culturales ; • Techniques culturales peu adaptées ; • Variétés de pomme de terre peu adaptées ; • Faible maîtrise des techniques de fertilisation ; • Quantité de fumier produit ne couvre pas les besoins ; • Recommandations de fertilisation organo-minérale peu adaptées au milieu ; • Peu de connaissances sur certaines maladies de la pomme de terre ; • Mauvaise qualité de certains pesticides ; • Insuffisance des techniques de conservation de la pomme de terre de consommation.

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Tableau 4-19:Problèmes de conduite de la culture de la pomme de terre recensés auprès des producteurs Domaines Problèmes Code

Lutte anti-érosive Perte de la couche arable par l’érosion P1

Faible maîtrise des techniques culturales P2 Techniques culturales

Techniques culturales peu adaptées aux différents milieux P3

Variétés de pomme de terre Variétés de pomme de terre peu adaptées aux différents milieux P4

Faible maîtrise des techniques de fertilisation P5

Quantité de fumier produit ne couvre pas les besoins P6 Fertilisation des sols

Recommandations de fertilisation organo-minérale peu adaptées au milieu P7

Mauvaise qualité de certains produits phytosanitaires P8 Traitement phytosanitaire Méconnaissance de certaines maladies et leur traitement P9

Conservation de la pomme de terre Insuffisance des techniques de conservation de la pomme de terre P10

• La perte des couches arables par l’érosion (Photo 4-1). Différentes techniques de lutte

anti-érosive sont mises en œuvre par la recherche pour pallier les dégâts de l’érosion et sont vulgarisées à travers les formations et à travers des champs de démonstration. Les techniques vulgarisées sont les tracées des courbes de niveau, les fossés anti-érosives, la plantation d’herbe de talus, le labour perpendiculaire à la pente, les billons perpendiculaires à la pente, le terrassement radical, etc. Cependant, l’application de ces techniques reste un problème préoccupant car la lutte anti-érosive se fait individuellement et isolément alors que la bonne réussite nécessite la conjugaison des efforts de tous pour une lutte systématique et généralisée.

Photo 4-1:Erosion des sols

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• La faible maîtrise des techniques culturales. Les techniques de conduite de la culture de la

pomme de terre ont été développées par la recherche depuis plusieurs années. Ces techniques qui vont de la préparation de la semence, la préparation du champ, la plantation, la fertilisation de la pomme de terre, les soins d’entretien à la culture à savoir le sarclo-binage, le buttage, du traitement phytosanitaire jusqu’à la récolte. A l’heure actuelle, les paysans accusent encore une faible maîtrise des techniques pour une meilleure conduite de la culture de pomme de terre. Cette faible maîtrise est attribuable d’une part aux vulgarisateurs à la base. En effet, les leaders de la fédération pomme de terre formés en cascade, pour former aussi les producteurs, n’ont pas les compétences requise pour bien véhiculer le message ; en plus ils sont appelés à réaliser un travail bénévole ce qui affecte la qualité dans le suivi de transfert de technologies. D’autre part, cette insuffisance est due aux techniques elles –mêmes car elles sont appliquées à tout le monde sans tenir compte des diversités existantes au niveau des exploitations et zones agro-écologiques.

• Les techniques culturales sont peu adaptées au milieu. Depuis son introduction au

Rwanda, la pomme de terre a été appréciée par la population et a gagné de l’importance dans son alimentation quotidienne ; cela a fait que la pomme de terre soit répandue dans des zones agro-écologiques différentes. Elle est pratiquée dans la région des sols volcaniques où les techniques culturales sont de plus en plus appliquées par ce que la recherche et d’autres intervenants y ont beaucoup travaillé (recherche sur l’adaptabilité variétale, la fertilisation, recherche sur les maladies et transfert d’autres technologies) alors que de telles interventions restent encore souhaitées dans d’autres zones.

• Les variétés de pomme de terre sont peu adaptées au milieu. Actuellement certaines

variétés recommandées sont issues d’une ancienne sélection (avant les années 1994). Parmi ces variétés on signale la Sangema, la Mabondo et la Cruza. Par ailleurs les paysans utilisent des variétés autres que celles proposées par la recherche exemple de la Nyirakabondo, la Macrone et Bako. Pour maintenir les variétés préférées, la recherche se propose de collecter le matériel végétal disponible en milieu réel pour en faire une purification variétale.

• La faible maîtrise de fertilisation. La fertilisation de la pomme de terre est nécessaire pour

tenter d’améliorer le rendement qui ne cesse de diminuer du jour au lendemain. La formule de fertilisation organo-minérale vulgarisée depuis une vingtaine d’années correspond à la dose de 3 kg de NPK 17.17.17 et de 100 à 200 kg de fumier par are. Malgré beaucoup de formations dispensées dans ce domaine cette technique est de loin respectée. Ce phénomène s’explique par le fait que la technique ne tient pas compte des variations entre les types de sols et la taille des exploitations. En effet les producteurs n’ont pas les mêmes moyens pour se procurer des fertilisants nécessaires et certains d’entre eux appliquent la dose qui correspond juste à leur faible moyen. L’indisponibilité des fertilisants est également un handicap majeur pour le respect de la technique.

• La quantité de fumier produit ne couvre pas les besoins. La quasi-totalité des producteurs

de la pomme de terre fait un élevage extensif ; les animaux passent le temps dehors où ils laissent les déchets qui devaient normalement constituer le fumier s’ils étaient gardés à l’étable. La solution proposée par la recherche et la vulgarisation est d’élever les animaux en stabulation pour pouvoir collecter le maximum de fumier. Mais cette pratique rencontre des difficultés d’application parce que les paysans n’arrivent pas à nourrir les animaux en stabulation. La technique de compostage des végétaux non ligneux et des

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ordures ménagères, pour augmenter la quantité de la fumure organique, est peu utilisée en milieu rural.

• La mauvaise qualité des pesticides. Le traitement phytosanitaire aux pesticides devient un

impératif pour mieux lutter contre certaines maladies et ravageurs. Les produits à usage courant sont le DithaneM45 et RidomilMZ contre le mildiou Phytophtora infestens. La présence sur les marchés nationaux de quelques produits falsifiés affecte la qualité du traitement. Une réaction des organisations paysannes en la matière est de tenter d’initier des commandes groupées des pesticides auprès des fabricants.

• La méconnaissance de certaines maladies. Beaucoup de maladies et parasites s’attaquent à

la pomme de terre et elles peuvent occasionner des chutes de rendement. Certaines attaques peuvent se présenter en champs ou après récolte tandis que les symptômes peuvent être localisés ou généralisés sur toutes les parties de la plante. Des recherches sur les maladies et les parasites principaux de la pomme de terre ont recommandé des moyens de lutte qui sont vulgarisés auprès des producteurs. Les maladies et parasites sur lesquels la recherche et la vulgarisation ont travaillé et proposé des moyens de lutte sont : le mildiou Phytophtora infestens, le flétrissement bactérien Pseudomonas solanacearum L, la gale poudreuse Spongospora subterranea, les viroses diverses et les vers gris Agrotis sagetum. D’autres maladies et parasites restent encore méconnues par la recherche et par la vulgarisation, ce qui continue de détériorer la situation pathologique de la pomme de terre au Rwanda. A ce niveau, l’ISAR vient de mobiliser une équipe des chercheurs pour faire une investigation sur la pathologie de la pomme de terre.

• L’insuffisance des techniques de conservation de la pomme de terre de consommation. Il

est conseillé de conserver la pomme de terre de consommation dans un magasin à l’abri de la lumière pour éviter le verdissement de la peau ; le magasin doit être frais pour éviter la germination rapide ; sec et aéré pour éviter les risques de pourriture des tubercules. En réalité les paysans ne disposant pas de tels types de magasins vendent directement la production pour ne rester qu’avec la partie réservée à l’autoconsommation et à la semence. En effet, ces infrastructures de stockage exigent des investissements importants non disponibles chez les paysans. Pour adapter cette technique à la réalité les paysans l’ISAR se propose d’améliorer les types de magasins traditionnels existants en milieu rural.

4.2.4.10 Contraintes d’accès aux moyens de production

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Les difficultés d’accès aux moyens de production constituent des contraintes pour les producteurs de pomme de terre. Ces contraintes ont trait au foncier, à la semence certifiée, aux engrais et pesticides, au pulvérisateur, à la main d’œuvre et à l’accès au marché de la production (Tableau 4-20). Tableau 4-20 : Contraintes d’accès aux moyens de production recensées auprès des producteurs agricoles Domaines Contraintes Code

Petitesse des champs C1 Foncier

Morcellement des champs C2

Peu disponible dans certaines zones C3 Semences certifiées

Coût élevé des semences C4

Peu disponible dans certaines zones C5 Engrais minéral

Coût élevé des engrais C6

Peu disponible dans certaines zones C7 Pesticides

Coût élevé des pesticides C8

Peu disponibles dans certaines zones C9 Pulvérisateur

Coût élevé des pulvérisateurs C10

Main d’œuvre Coût élevé pour les PEA et MEA C11

Accès au marché Difficultés d’écoulement des produits C12

• Le foncier. Le Rwanda a une superficie de 26338 km2 avec 30 % de terre arable pour une

population de 8.128.553, dont 90 % sont agriculteurs (Source : MINECFIN, Recensement général 2002). La province de Ruhengeri compte 894.179 habitants avec une densité de 537 habitants/km² La province de Gisenyi totalise 867.225 habitants pour une densité de 571 habitants/km². Plus de 50% ont moins d’1 ha de terre cultivable. Les autres occupent des superficies relativement importantes avec la location ou l’achat de plusieurs champs dispersés. L’exiguïté et le morcellement des exploitations par héritage ou vente sont devenus une contrainte pour le respect de certaines recommandations techniques (rotation, transport du fumier, etc.) voir le développement de la filière.

• Le crédit agricole. Le pouvoir d’achat de certains paysans ne leur permet pas d’utiliser la

quantité d’intrants souhaitée (engrais, pesticides) pour améliorer leur productivité. A l’exception de la COODAF qui octroie du crédit intrants, il n’existe pas d’institutions financières décentralisées pour accorder des crédits agricoles. Les organisations paysannes réunies au sein du ROPARWA sont en train de mettre en place un réseau des caisses locales d’épargne et de crédit agricoles mutuelles (CLECAM)

• Les semences certifiées. La production de semences de base est confiée à un seul service

public qui n’arrive pas à couvrir les besoins des multiplicateurs de semences certifiées. Les points de vente ne sont pas proches des producteurs. Ils utilisent des semences auto-produites qui entraînent une baisse de rendement et le développement des maladies de la pomme de terre.

• Les engrais et pesticides. Le commerce des engrais et pesticides n’est pas autant organisé que celui de la pomme de terre. Les producteurs sont obligés d’acheter au marché les intrants qu’ils trouvent même s’ils sont souvent de mauvaise qualité.

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• Les pulvérisateurs. Seuls les grands producteurs disposent de leurs propres pulvérisateurs.

Les autres louent avec les voisins. Le traitement phytosanitaire se fait rapidement pour économiser le temps, ce qui met en cause la qualité des traitements. Souvent l’intervalle de traitement n’est pas respecté par manque de frais de location du pulvérisateur.

• La main d’œuvre. Avec 2 actifs en moyenne par ménage, les moyennes et grandes

exploitations font recours à une main d’œuvre salariale. En payant cash la main d’œuvre, il ne leur reste pas beaucoup d’argent pour acheter les intrants nécessaires à la production.

• L’accès au marché. Les difficultés d’écoulement des produits conduisent certains

producteurs à vendre à un prix non rémunérateur. Le contrat de vente de pomme de terre qui lie la fédération aux commerçants manque de précisions sur les périodes et les quantités de livraison.

4.2.4.11 Ciblage des problèmes et contraintes

Les problèmes et contraintes évoqués ne sont pas toujours communs à tous les paysans ou toutes les zones (Tableau 4-21). Ils ne devraient donc pas être traités de la même façon. Tableau 4-21 Les problèmes et contraintes recensés par zone de production et type d’exploitation agricole

Sols acides Sols montagneux Sols volcaniques

P1 P2 P3 P4 P5 P1 P2 P3 P4 P5 P1 P5

P6 P7 P8 P9 P10 P6 P7 P8 P9 P10 P6 P7 P8 P9 P10

C1 C3 C4 C5 C1 C3 C4 C5 C1 C4

C6 C7 C8 C9 C10 C6 C7 C8 C9 C10 C6 C8

Petit

es E

A

C12

P1 P2 P3 P4 P5 P1 P2 P3 P4 P5 P1 P5

P6 P7 P8 P9 P10 P6 P7 P8 P9 P10 P6 P7 P8 P9 P10

C2 C3 C5 C2 C3 C5 C2

C7 C9 C10 C7 C9 C10 Moy

enne

s EA

C11 C12 C11

P1 P2 P3 P5 P1

P6 P7 P8 P9 P10 P6 P7 P8 P9 P10

C2 C2

C9 C10 Gra

ndes

EA

C12 C11

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La lecture de ce tableau montre que les exploitations (toutes catégories confondues ) des sols des régions de la Crête Congo Nil et celles des hautes Terres du Buberuka sont beaucoup plus confrontées aux problèmes techniques comparativement aux exploitations de la zone volcanique qui se heurtent uniquement aux problèmes de fertilisation des sols, aux problèmes liés au traitement phytosanitaire et à la conservation de la pomme de terre de consommation. Les mêmes exploitations montrent une sensibilité accrue aux contraintes d’accès aux moyens de production. Toutefois, la région des hautes terres du Buberuka a une spécificité dans les contraintes d’accès au marché de la production de pomme de terre. Par contre ces contraintes sont moins nombreuses dans la région des sols volcaniques. Les petits paysans signalent la petitesse des champs, le coût élevé des semences certifiées des engrais et des pesticides. Au niveau des moyennes et grandes exploitations les deux contraintes recensées sont le morcellement des terres et le coût élevé de la main d’œuvre.

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5 PROPOSITIONS DES ACTIONS DE RECHERCHE ET DE DEVELOPPEMENT

5.1 Coopération entre les acteurs de la filière

L’analyse des acteurs a révélé qu’il y a quelques difficultés dans les relations entre certains acteurs. Les domaines concernés sont la production et la distribution des semences, la recherche et la vulgarisation agricole, la fourniture des intrants et la commercialisation de la pomme de terre. Pour une amélioration de la performance de la filière, l’équipe en concertation avec les acteurs concernés a proposé des solutions en vue d’une meilleure collaboration entre partenaires.

5.1.1 Production et distribution des semences certifiées

Une planification concertée est nécessaire entre ISAR et SNS pour la production de leurs semences. Elle peut avoir la forme de réunion ou de comité technique. C’est l’occasion de s’informer sur les conditions ou stratégies de travail, les modalités de commandes des uns et des autres. Cela pourrait éviter à ISAR un surplus de production de semences de souches et permettre à SNS de fournir aux multiplicateurs les semences de base qu’ils demandent en attendant l’adoption d’une autre stratégie. En effet le SNS veut privatiser la production de semences de base pour ne rester qu’avec le service de contrôle de semence. Il doit communiquer son approche à ses partenaires à fin d’accélérer ce processus de transfert de compétence. Car l’insuffisance de semences certifiées demeure une préoccupation de la fédération des producteurs.

5.1.2 Recherche et vulgarisation agricole

Un cadre de concertation a été institué au niveau des provinces pour le suivi des activités agricoles. Il est coordonné par le DAEF. Mais il demande à être opérationnel pour l’harmonisation des interventions dans le monde rural. Chaque intervenant doit savoir qui fait quoi, où et quand ? Les activités de recherche et de développement doivent être orientées sur la demande paysanne et se conforment au plan de développement local, provincial et national.

5.1.3 Fourniture des intrants

Les organisations paysannes doivent collaborer avec les commerçants d’intrants pour organiser les commandes. Les responsables devraient recenser les besoins en engrais et pesticides avant la campagne afin de les communiquer aux commerçants. Ils feraient par des appels d’offre. Le marché revient aux commerçants qui remplissent les conditions requises. Un contrat élaboré par les deux parties préciserait les prix, les quantités et les délais de livraison des engrais et des pesticides. La démarche serait suivie par une commission composée de responsables paysans, des techniciens des OP, des commerçants et la structure de tutelle de la filière. En cas de non-respect des engagements pris par un ou des commerçants, le marché est attribué au (x) suivant(s) sur la liste. En cas de doute sur les produits livrés, les producteurs auraient la latitude de saisir les services de contrôle pour la vérification de la qualité. Les paysans auront ainsi des produits qui correspondent à leurs besoins en quantité, en qualité et à temps un prix relativement pour moins cher. Il est à signaler qu’un commerce de ce genre revient au secteur privé sur base d’une négociation des conditions de facilitation par les organisations paysannes.

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5.1.4 Commercialisation de la pomme de terre

La collaboration entre la fédération de producteurs et les commençants de pomme de terre est fonctionnelle. Avec l’expérience, le contrat liant les producteurs aux commerçants a signalé quelques imperfections. Il s’agit de convenir dans le contrat la quantité et les délai de livraison du produit. La pomme de terre vendue au prix fixée par la commission de prix couvre les coûts de production contrairement au passé. Mais, les producteurs des zones enclavées n’ont pas toujours cette chance de vendre leur pomme de terre à un prix rémunérateur. Dans les districts de Butaro et Gasiza des producteurs n’ont pas plus de 25 FRW/kg tandis que les coûts moyens de production par kilogramme est estimé à 27 FRW (source BAIR). Il est à envisager dans l’avenir la libéralisation du marché pour différencier les prix en fonction de la qualité de pomme de terre comme le souhaite aujourd’hui les deux parties. Les chercheurs conseillent aux concernés de revoir à court termes les clauses du contrat et évoluer vers la fixation des prix en fonction de la qualité et en fonction de l’éloignement des points de vente.

5.2 Thèmes techniques proposés pour la recherche et la vulgarisation agricole

A l’issue des problèmes relevés dans les différents types d’exploitations et zones de production, les actions ciblées de recherche et de vulgarisation sont formulées pour améliorer la production de la pomme de terre. En effet tous les problèmes posés sont d’ordre technique et nécessitent également des solutions techniques spécifiques et applicables aux zones et aux exploitations qui en ont exprimé le besoin. Par ailleurs d’autres problèmes sont généralisés sur toutes les zones et sur l’ensemble des exploitations ce qui veut dire que les propositions de recherche ou de développement sont extrapolables à tous les producteurs de la pomme de terre. Les thèmes proposés pour la recherche et la vulgarisation agricole et les groupes cibles sont compilés dans le tableau suivant (Tableau 5-1 )..

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Tableau 5-1:Propositions pour les thèmes techniques proposés pour la recherche (RA) et la vulgarisation agricole (VA) et les groupes bénéficiaires

Sols acides Sols montagneux Sols volcaniques Thèmes techniques RA VA

PEA MEA PEA MEA GEA PEA MEA GEA

Etude du niveau et des facteurs d’adoption des techniques LAE

Techniques LAE adaptées aux différentes situations

LAE

Organisation communautaire de la LAE Techniques culturales adaptées aux différentes situations : association et rotation des cultures, billonnage et buttage

Tech

niqu

es

lt

Labour à plat

Var

iété

s Variétés de pomme de terre adaptées au milieu et sélectionnées suivant les critères paysans et les souhaits des consommateurs : rendement, résistance aux maladies, marché, …

Combinaisons des techniques (« paquets ») de fertilisation adaptées à différents types d’exploitations agricoles

Techniques de production du compost : débris végétaux et ordures ménagères

Techniques de production et d’enfouissement des engrais verts

Cultures des plantes améliorantes

Doses de fertilisation organo-minérale adaptées à différents types de sols

Techniques d’amendement calcaire Ferti

lisat

ion

des s

ols

Techniques de production du fumier par la stabulation (semi-permanente) des animaux

Techniques de production du fourrage : résidus de récolte, herbes de talus LAE et arbustes fourragers

Alim

enta

.ani

mau

xani

Techniques de production du fourrage : cultures fourragères

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Sols acides Sols montagneux Sols volcaniques Thèmes techniques RA VA

PEA MEA PEA MEA GEA PEA MEA GEA M

alad

ies

Inventaire et caractérisation des maladies de pomme de terre

Con

serv

atio

n

Technologies adaptées de conservation de pomme de terre

.

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Les techniques de lutte anti-érosives développées et diffusées par la recherche et la vulgarisation ne sont pas appliquées par la majorité des paysans. Il est alors nécessaire pour la recherche d’étudier les facteurs d’adoption sur toutes les zones. Aussi, revient-il à la vulgarisation d’engager une lutte avec toute la communauté qu’avec les exploitations prises individuellement. L’application des techniques de conduite constitue une garantie de production de la pomme de terre. De nombreux travaux de recherche ont été réalisés dans la zone des terres volcaniques. Ces techniques et les variétés existantes sur ces sols sont à adapter aux conditions des zones d’extension des hautes terres du Buberuka et de la Crête Congo Nil. Les recommandations actuelles sur la fertilisation ne sont pas applicables par tous les paysans. Pour que ces derniers puissent choisir une technique de fertilisation qui leur convient, la recherche et la vulgarisation doivent proposer plusieurs combinaisons possibles adaptées aux zones. Il est possible de développer des technologies de production de la fumure organique fondées sur le compostage des débris végétaux pour les petits paysans qui n’ont pas d’animaux. Les grands exploitants qui disposent des animaux (ovins , caprins et bovins) sont conseillées à faire un élevage en stabulation pour la production du fumier. Ils ont des superficies relativement importantes et pourraient produire de l’engrais vert, cultiver des plantes améliorantes et des fourrages. De plus ils sont capables d’user de leur pouvoir d’investissement pour utiliser des fertilisants organo-minérales. En définitive, il revient à la recherche d’entamer des études sur des technologies de conservation de la pomme de terre de consommation et sur les maladies, ces derniers sujet revêt une préoccupation de tous les producteurs de la pomme de terre dans différentes zones. La prise en compte des nouvelles maladies de pomme de terre et des technologies de conservation moins chères dans les travaux de recherche. La recherche doit prendre en compte les nouvelles maladies qui se développent chez tous les producteurs et proposer des moyens de conservation de pomme de terre de consommation dont les frais sont proportionnels au pourvoir d’achat des paysans.

5.3 Approches de recherche et de vulgarisation agricole

La recherche sur la pomme de terre est pilotée par l’ISAR qui dispose d’un centre à Ruhengeri pour couvrir les provinces de Ruhengeri et Gisenyi. La recherche se fait dans deux stations travaillant sur la pomme de terre(Kinigi et Rwerere dans la province de Ruhengeri) Actuellement, l’ISAR vient de renforcer l’équipe des chercheurs du centre par un socio-économiste, un pédologue, un phytopathologue et un généticien. Par ailleurs on a remarqué une insuffisance de participation paysanne dans la planification des activités de recherche alors que le succès des travaux de recherche est déterminé par la participation des utilisateurs des résultats de la recherche. Cela fait que les recommandations de la recherche trouvent des difficultés d’adoption car ne correspondent pas réellement aux besoins et la réalité des paysans. Il revient alors à la recherche de valoriser les savoirs locaux des producteurs et de faire participer dans la planification de recherche. Elle doit aussi étendre ces travaux de recherche dans toutes les zones de production et sélectionner des variétés qui sont préférées en milieu paysan. Les technologies développées par la recherche doivent tenir compte de la rentabilité économique, de l’équité sociale et de la durabilité environnementale. La vulgarisation est assurée par la DAEF, les OP, les ONG intervenants dans la filière pomme de terre. Au niveau du district, le service agricole composé de quatre agents dont un responsable (RSAD) représente la DAEF et collabore avec les membres des comités de

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développement communautaires des secteurs, les présidents de la fédération pour le transfert des technologies auprès des producteurs. Il existe deux OP par province et chaque OP compte deux agronomes qui contribuent à la formation des présidents de fédération qui à leur tour dispensent la formation aux autres producteurs. La vulgarisation en cascade des producteurs doit être soutenue par la mise en place de plus de champs de démonstration et des échanges d’expériences car les paysans adoptent facilement ce qu’ils voient que ceux qu’ils entendent. La méthode de vulgarisation en cascade et bénévole faite par les personnes qui ne disposent pas nécessairement de compétences requises devrait être substituée à une vulgarisation thématique indemnisée par les OP. La formation des paysans sur des thèmes techniques pourrait être renforcée par des aspects économiques qui aident l’exploitant à la prise de décision en permettant au paysan d’analyser lui-même ses coûts de production pour négocier le prix de vente de sa pomme de terre en connaissance de cause.

5.4 Mesures d’accompagnement

Les facteurs limitant la culture de la pomme de terre sont complexes, ils sont répartis en problèmes techniques et en contraintes d’accès aux moyens de production. La mise au point des technologies appropriées n’est pas suffisante pour améliorer la productivité de la pomme de terre. Les paysans ont aussi besoin de moyens pour valoriser les résultats de la recherche et de la vulgarisation. Mais les solutions ne sont pas à leur portée et demandent l’implication de l’Etat, des organisations paysannes et du secteur privé. Le rôle de tout un chacun est déterminant dans ce processus :

Le foncier. L’exiguïté des parcelles accompagnée du manque d’autres moyens ne permet pas à tous les producteurs de vivre du fruit de leur travail. Le secteur privé peut créer des emplois pour des producteurs qui veulent se convertir dans des activités extra agricoles suite à la pression foncière. Les organisations paysannes pourraient continuer de faire la plaidoirie et le lobbying en faveur d’une transformation rurale qui fait de l’agriculture un métier. Le développement de la filière demanderait l’accélération de la mise en place d’une législation foncière qui favorise l’investissement et sécurise le producteur. Une politique de développement du secteur privé par l’Etat permet la création de beaucoup d’emplois pour désengorger l’agriculture et diminuer la pauvreté de la population. La collaboration des organisations paysannes et la fédération du secteur privé est à renforcer.

• Le crédit agricole. D’autres opérateurs privés à l’image de COODAF pourraient

contractualiser avec les groupements ou associations de producteurs pour la fourniture d’intrants remboursables à la récolte. L’Etat et les organisations paysannes continueraient le renforcement des institutions de crédits agricoles de proximité telles les CLECAM pour l’octroi de crédit d’intrants et matériel agricole. Pour que tous les types de producteurs puissent bénéficier des services de ces institutions les paysans doivent y être des actionnaires principaux.

• Les semences certifiées. La privation de la production de semences de base à des

opérateurs spécialisés pourrait augmenter la quantité de semences certifiées et permettre la multiplication des points de ventes. La production et la distribution de semences aux producteurs demandent une organisation des commandes de la part des organisations paysannes. L’expression des besoins en variétés et en quantité de semences à temps est très importante pour la planification de la production de semences. Les organisations paysannes doivent veiller à une bonne gestion des semences de base par les multiplicateurs.

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• Les engrais et pesticides. Des commerçants peuvent se spécialiser dans la fourniture des intrants agricoles quand les commandes sont bien exprimées par les organisations paysannes. Il est aussi possible pour les OP de négocier des contrats de fourniture avec les fabricants pour la diminution des coûts et des modalités d’acquisition convenables. Pour éviter l’importation des engrais et des pesticides de mauvaise qualité il faut un dispositif de contrôle rigoureux de l’Etat. Les organisations pourraient aussi quelques fois demander une analyse au laboratoire de quelques produits douteux.

• Le pulvérisateur. La présence de beaucoup de maladies est une préoccupation pour tous les types de producteurs. Mais les petits n’ont pas les moyens de s’acheter individuellement un pulvérisateur. Les inter groupements pourraient assurer la vente à crédit ou la location de pulvérisateur pour réduire ce fléau.

• L’accès au marché. Le développement des infrastructures routières par l’Etat et les districts permettrait de faciliter l’écoulement des produits agricoles et influencer le prix au producteur. Mais la fédération des producteurs devrait faire la promotion de la pomme de terre de qualité pour intéresser les commerçants.

Tableau 5-2: Propositions pour les mesures d’accompagnement

Moyens de production

Secteur privé Organisations Paysannes Etat

Foncier Création d’emplois extra agricoles

Plaidoirie et lobbying en faveur de la transformation rurale

Accélération d’une législation foncière favorisant l’investissement privé.

Amélioration de la Politique favorisant l’émergence du secteur privé

Crédit agricole Contractualisation de la production

Renforcement des institutions de crédit et mutuel agricole de proximité (crédit de matériel agricole et de campagne)

Politique favorisant les institutions rurales financières : suivi de l’instruction actuelle de la banque nationale du Rwanda.

Semences certifiées

Spécialisation dans la production de semences de base et certifiée.

Organisation des commandes de semences

Gestion rationnelle de la production des semences

Privatisation de la production de semences de base

Renforcement du contrôle de la qualité des semences via SNS

Engrais minéral et pesticides

Spécialisation dans le commerce des intrants (importations)

Dresser les commandes groupées aux commerçants crédibles

S’informer sur les prix des intrants auprès des fabricants

Se rassurer de la bonne qualité des engrais.

Renforcement des services contrôle de la qualité des engrais et pesticides par l’Office Rwandais de Normalisation

Pulvérisateur Proposer des pulvérisateurs de différentes tailles

Vente à crédit et location des pulvérisateurs par les inter groupements

Renforcer l’exonération des taxes d’importation des petits matériels agricoles

Main d’œuvre Formation des paysans à une utilisation rationnelle de la main d’œuvre

Accès aux marchés

Couverture de toutes les zones de production.

Construction des infrastructures de stockage de le pomme de terre de consommation.

Opérationalisation des contacts entre les producteurs et acheteurs (filières) Promotion d’une production de bonne qualité

Entretien et aménager des infrastructures routières.

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5.5 Logique et stratégie d’intervention.

5.5.1 Stratégie de la recherche et vulgarisation.

Compte tenu des problèmes et contraintes recensés dans les différents types de sols et catégories d’exploitations, l’équipe de recherche trouve que pour aboutir à des résultats adoptables, la recherche et la vulgarisation doivent adopter une autre méthode de travail qui est la suivante :

• Planification et validation des thèmes techniques : il s’agit d’une manière de travailler ensemble avec les producteurs et les vulgarisateurs à travers une planification qui implique tout le monde et dont les thèmes sont validés à la fois par les utilisateurs et les agents de la recherche.

• Lorsque les travaux sont en cours, l’équipe fait remarquer que pour une adoption progressive, les acteurs engagés dans la planification instaurent un système de suivi et évaluation périodique. Ici aussi les chercheurs, les vulgarisateurs et les producteurs doivent être ensemble.

• A la fin de travail, une restitution doit être obligatoire parce que la voie décrite ci dessus est celle de la recherche sur demande qui doit rendre toujours compte aux commanditaires.

5.5.2 Mesures d’accompagnement.

Pour que le système soit efficacement fonctionnel, tous les acteurs doivent jouer efficacement leurs rôles mais cela n’est possible que si les intérêts de tout et chacun sont assurés. Le système ne pourra être efficace que si les infrastructures de communication permettent le désenclavement de tout le monde. Une autre mesure d’accompagnement non des moindres est la protection de l’environnement qui signifie dans le cas des agriculteurs la lutte anti-érosive qui ravage les sols arables des terres en pente. Ceci ne pourra se faire que si l’action est entreprise d’une façon communautaire par des producteurs utilisant un même bassin versant.

5.5.3 Logique d’intervention

Si la stratégie d’intervention et les mesures d’accompagnement sont déjà en place, les objectifs, les résultats et les activités se suivraient par ordre de priorité dans le sens chronologique repris dans le tableau suivant. Tableau 5-3: Tableau des objectifs, résultats et activités.

Hiérarchie des objectifs Activités

Objectif global : Augmentation des revenus des producteurs agricoles en milieu Rural.

Objectif spécifique : Amélioration de la performance de la filière pomme de terre à travers les actions ciblées de recherche et de développement.

Résultat 1 : une meilleure coopération entre les acteurs de la filière pomme de terre est fonctionnelle.

1.1.Rendre plus opérationnel le cadre de concertation entre les acteurs de la filière.

1.2.Developper une méthode de planification participative des activités de recherche et de développement.

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1.3.Concrétiser une coopération entre les producteurs des semences de souche, de base et certifiées.

1.4.Renforcer les mécanismes de collaboration entre la fédération et les commerçants d’intrants.

1.5.Harmoniser et généraliser les interventions de structures micro-financières dans le milieu rural.

2.1.Mettre au point des techniques culturales adaptées aux différents types de sols et catégories d’exploitations (Association, rotation, labours, etc.)

2.2.Mettre au point des combinaisons de fertilisation adaptée aux différents types de sols et catégories d’exploitation.

2.3.Expérimenter les techniques d’amendement calcaire sur les sols acides de la Crête Congo Nil.

2.4.Développer des techniques de production de la fumure organique par des débris végétaux et les ordures ménagères.

2.5.Développer des techniques de production d’enfouissement des engrais verts ( cultures des plantes améliorantes)

2.6.Développer des techniques de production de la fumure organique adaptées aux différentes catégories d’exploitation par la stabulation

permanente ou semi- permanente des animaux

2.7.Développer des techniques de production et de gestion du fourrage (résidus de récolte, herbes de talus de lutte anti-érosive, arbuste fourrager et cultures fourragères.)

2.8.Faire l’inventaire et la caractérisation des maladies existantes dans toutes les zones.

Résultat 2 : Des technologies adaptées aux différentes situations sont adoptées par les producteurs.

2.9.Mettre au point des technologies de lutte contre les maladies inventoriées.

Résultat 3 : Les semences de base et certifiées sont disponibles en quantité et en qualité.

3.1.Accélerer le transfert de compétences de production des semences de base vers les producteurs privés.

3.2.Gérer rationnellement les commandes et la production des semences sélectionnées.

3.3.Assainir les variétés sélectionnées suivant les critères des producteurs, des consommateurs et des commerçants.

Résultats 4 : L’approvisionnement en intrants agricoles est assuré.

4.1.Renforcer et décentraliser vers les coins éloignés le commerce des intrants.

4.2.Instauer un système d’information sur le marché des intrants ( auprès des fabricants)

4.3.Rendre plus opérationnel le contrôle de la qualité des intrants agricoles.

Résultat 5 : Des systèmes de crédit de proximité sont fonctionnels et généralisés.

5.1.Contractualiser la fourniture des intrants aux producteurs de pomme de terre.

5.2.Généraliser et renforcer le système de crédit mutuel dans toutes les zones et toutes les exploitations.

Résultat 6 : La vente de la pomme de terre assure la rémunération des producteurs.

6.1.Améliorer l’entretien des infrastructures de communication (routes et pistes de desserte)

6.2.Améliorer la gestion des contrats avec les commerçants et

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tendre vers une libéralisation des prix de la pomme de terre en fonction de la qualité.

Résultat 7 : Une législation en faveur de l’agriculture de métier est en vigueur.

7.1.Faire une plaidoirie et lobbying sur les thèmes suivants :

• La participation effective des paysans dans la transformation du monde rural.

• Renforcement de l’exonération de l’importation du matériel agricole pour faciliter son accès aux petits paysans..

• Renforcement du contrôle de la qualité des engrais et pesticides par l’Office Rwandais de Normalisation.

• Accélération de la privatisation de la production des semences de base.

• Emergence des sociétés privées dans le domaine agricole avec des paysans comme actionnaires.

• Développement des institutions de crédit mutuel de proximité.

• Une loi foncière favorisant un investissement privé et la sécurité du droit de propriété.

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6 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Sur requête de l’ISAR et du ROPARWA auprès de l’ICRA, une étude de recherche a démarré sur les systèmes de production et de distribution des semences. Le but était triple : déterminer d’une part la typologie des producteurs de pomme de terre dans les Provinces de Ruhengeri et Gisenyi ; analyser d’autre part la filière de production et de distribution de la semence jusqu’à la commercialisation ; et enfin voir les contraintes que connaît la filière.

Sur le terrain l’équipe a collectionné les informations nécessaires, grâce à une enquête, sur plusieurs variables qui lui ont permis de déboucher sur une typologie des producteurs. Cette typologie est basée sur les différents types de sols : les sols de la crête Congo-Nil, les sols des hautes terres du Buberuka et les sols volcaniques plus aptes à la production de pomme de terre. Toutes ces investigations sur les différents sols ont permis d’identifier trois types d’exploitations agricoles. Sur la base des superficies, du mode de tenure des terres, du nombre de cheptel et de la main d’œuvre familiale disponible, les exploitations ont été classées en petites, moyennes et grandes exploitations agricoles ; les petites et moyennes étant majoritaires. Les caractéristiques de ces exploitations sont : • Les petites ont la majeure partie de leurs champs en location, le cheptel est très réduit

(composé essentiellement de caprins) en raison de l’exiguïté des champs. La main d’œuvre est surtout familiale.

• Les moyennes ont une proportion égale de champs en propres et locations, leurs cheptel est plus important que celui des petites (avec plus de caprins, quelques ovins et bovins), la main d’œuvre souvent familiale mais par endroit complété par la main d’œuvre salariale.

• Les grandes ont des champs majoritairement en propre, un cheptel très important en bovins, ovins et caprins, une main d’œuvre salariée.

Ces deux dernières catégories d’exploitations pratiquent l’élevage comme moyen d’épargne et de production de la fumure organique. Chacune de ces exploitations a des problèmes et des contraintes qui leurs sont propres. C’est à ces problèmes et contraintes que l’étude fait des propositions ciblées des actions de recherche et développement à l’endroit de chaque exploitation.

En analysant la filière de production et de distribution de semences jusqu’à la commercialisation beaucoup d’acteurs ont été identifiés. Les guides d’entretien ont permis de connaître les rôles de chacun, leurs intérêts, les contraintes qu’ils ont ainsi que les opportunités qui s’offrent à eux. Sur ce point aussi des propositions ciblées vers chacun des acteurs sont faites.

A l’issu de l’étude, les recommandations proposées relèvent essentiellement de quatre niveaux :

• La maîtrise de la diversité agro-écologique et socio-économique

Aux différentes zones correspondent différents types de cultures dont les plus dominantes sont la pomme de terre, le maïs et le haricot. Sur les sols de la crête Congo-Nil et sur les

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hautes terres du Buberuka la culture de la pomme de terre ne donne pas de bons revenus ; ceci est dû à l’acidité, à la pauvreté des sols, aux semences auto produites, au problème d’érosion ainsi que la difficulté d’accès aux intrants. C’est en décortiquant le fonctionnement des différentes zones de production et en identifiant les problèmes et contraintes liées à chaque type de sols et chaque catégorie d’exploitation que les interventions seront mieux orientées. Cela ne peut être possible que grâce aux enquêtes réalisées auprès des paysans.

• Le développement des options techniques

La diversité agro-écologique signifie que la recherche doit mettre au point des options techniques de recherche adaptées au milieu, c’est-à-dire que l’on doit développer des techniques diverses qui soient à la portée de tout le monde. Pour y arriver, il faut instaurer un dialogue entre chercheurs et producteurs dans le but d’avoir un échange d’idées et d’expériences. C’est la somme des expériences et des idées de chacun qui donnera lieu à un meilleur travail des uns et des autres et à une bonne et franche collaboration. Sur ce point, la cohabitation entre la recherche et la vulgarisation est nécessaire pour une analyse de la situation en vue de connaître des point de vue des paysans. Ceci pour aboutir à une programmation des activités en fonction des besoins et la mise sur pied d’une approche participative sur le terrain. De cela naîtra un cadre institutionnel de concertation entre chercheurs, vulgarisateurs et producteurs. Le cadre institutionnel de concertation pourra être dirigé par des leaders régionaux. Il s’agit de l’Etat, à travers ses institutions comme la province, la DAEF et la recherche qui pourront animer ce cadre de concertation. La relation client prestataire devra être respectée, c’est à dire que le paysan sera le client et le chercheur/vulgarisateur est prestataire de service. Le chercheur devra donc se mettre au service du paysan.

• Favoriser l’adoption des technologies

Même si l’on a toutes les technologies, il y a des contraintes d’adoption qui peuvent se poser et empêcher le paysan de s’approprier les technologies. Les contraintes qui limitent l’adoption peuvent relever du marché qui n’est pas favorable, du crédit qui n’est pas accessible, du coût élevé des intrants, de la mauvaise information reçue, etc. Pour qu’il y ait adoption des technologies, il faut que le chercheur sache les limites et les possibilités d’adoption de chaque exploitation agricole.

Si on veut aussi que ces technologies soient adoptées, il faut mettre en place des mesures d’accompagnement adaptées. L’Etat par exemple doit créer un environnement favorable aux investissements, renforcer les contrôle de la qualité, et soutenir l’initiative privée. Les Organisations paysannes en défendant les intérêts des paysans peuvent formuler des demandes auprès de l’Etat et des services privés. Le secteur privé remplira sa fonction de prestation de services. Améliorer l’approvisionnement en semences de qualité : En ce moment, les producteurs de pomme de terre ne consomment pas pour la plupart des semences certifiées pour des raisons diverses (pas assez de semences de qualité, les lieux de vente éloignés des lieux de production, le coût trop cher, etc.)

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Mais cela handicape beaucoup leurs rendements. Pour aboutir à un rendement élevé, il est important de mettre à la disposition des producteurs des semences de qualité. De plus, l’augmentation de la capacité de production et de distribution de semences ne peut avoir lieu : - Qu’en impliquant les privés dans la production et multiplication des semences de base et certifiées. Cette tâche qui est encore entre les mains de l’Etat devra être privatisée. - Qu’en rapprochant la demande grâce aux biais de la décentralisation et déconcentration de la production et vente des semences. - Comme les semences ont un prix, créer une incitation au prix de la pomme de terre de qualité amèneraient les producteurs à utiliser de bonnes semences. Par exemple expliquer que seuls ceux qui utilisent les semences de qualité auront un bon rendement et une bonne production.

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23. Le Bureau d’Etude JOUEP, s.a.r.l. Septembre 2001 : Etude sur la conservation et la transformation de la pomme de terre par les groupements agricoles des provinces de Ruhengeri et Gisenyi : Rapport provisoire. Bureau d’Appui aux Initiatives Rurales (BAIR) – Forum des Organisations Rurales (F.O.R) ; 59p.

24. Les organisations Paysannes FOR, BAIR & SYNDICAT IMBARAGA. Février 2003 :

Problématique de la production de semences au sein de la filière pomme de terre dans les provinces de Gisenyi et Ruhengeri : une analyse de la situation actuelle et stratégies envisagées ; 58p.

25. Ministère des Affaires étrangères/CIRAD/GRET. Décembre 2002 : Mémento de

l’agronome. 1691p.

26. Ministère des Finances et de la Planification Economique. Direction de la statistique. Edition 2001 : Le Rwanda en chiffres ; 36p.

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27. Ntagisanimana Esdras. 2001-2002 : L’impact d’une organisation syndicale sur la gestion des groupements paysans. Cas du syndicat des Agriculteurs - Eleveurs du Rwanda (IMBARAGA – Gisenyi. Rapport de stage. Université du CEPROMAD (Campus du Nord – Est de Goma) ; 58p.

28. Organisations Paysannes Rwandaises : BAIR, FOR, INGABO, IMBARAGA, Réseau

des O.P, AFDI, LEI/AGRITERRA. Avril 2003 : Etude des filières pomme de terre et légumes au Rwanda dans les provinces de Gitarama, Gisenyi, Cyangugu, Ruhengeri. Rapport de mission du 11 au 30 mars 2003 ; 51p.

29. Phemba Phezo. Juin 2002. Marché potentiel de la pomme de terre à l’est de la

République Démocratique du Congo ; INERA-Mulungu ; 37p.

30. République rwandaise, Province de Ruhengeri. Janvier 2003 : Plan intérimaire de

développement (Draft 1) ; 127p.

31. Ressources pédagogiques ICRA. 2004 : Les cours sur la Recherche Appliquée Orientée vers le Développement (R.A.D).

32. Réunion MSA-CESET sur le concept de filière en économie agroalimentaire. 13 au 14

juin 1985.

33. Ruzuku G : Phytopharmacie générale. Note de cours. Université National du Rwanda. Faculté d’agronomie, Département des productions végétales ; 193p.

34. Rwahungu Jumapili, Teteli Cécile. Novembre 2001 : Etude sur la conservation et la

transformation de la pomme de terre par les groupements agricoles des provinces de Ruhengeri et Gisenyi : Rapport définitif. Bureau d’Appui aux Initiatives Rurales (BAIR) – Forum des Organisations Rurales (F.O.R) ; 60p.

35. Venant Rutunga. 1997 : Sols acides de la région d’altitude de la crète Zaïre – Nil

(Rwanda). Potentialité agricole et forestière. Lengo Published (Nirobi, Kenya) ; 68p.

36. Weelem Heemskerk, Ninatubu Lema, Doré Guindo, Chira Schouten, Zainab Semgalawe, Hugo Verkuijl, Bart de Steenhuijsen et Petra Penninkhoff. Amsterdam 2003 : Un guide pour la recherche agricole régie par la demande : Approche Gestion de Recherche Orientée Client (AGROC). Institut Royal des Tropic (Pays-Bas), Institut d’Economie Rurale (Mali), Department of Research and Development (Tanzanie) ; 184p.

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ANNEXES

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Annexe 1:Termes de Référence de l’étude conjointe ICRA-ROPARWA-ISAR Rwanda, 12 Avril-12 Juillet 2004

Introduction

Selon les statistiques nationales publiées en 20011, avec une superficie totale de 26338 km², le Rwanda a seulement 30% de terres arables, soit à peine 0,10 ha par habitant. L’agriculture rwandaise occupe pourtant plus de 90 % des actifs dans une population à 95 % rurale. Malgré cette importance numérique, l’agriculture est loin d’atteindre son potentiel de production. Ces insuffisances sont de différents ordres :

• Démographique : avec 300-600 hab / km² en milieu rural, le Rwanda a la plus forte densité du monde. Malgré une pluviométrie plus favorable que dans beaucoup de pays africains, l’agriculture rwandaise fait face à une contrainte foncière sévère. La taille moyenne des exploitations (0,7 ha) ne laisse pas d’autres choix que l’intensification agricole.

• Economique : la faiblesse des ressources de l’état, le mauvais état des infrastructures, l’insuffisance des filières de commercialisation et d’approvisionnement sont autant de contraintes auxquelles les agriculteurs font face.

• Social : les destructions massives qu’a connu le pays pendant le génocide a laissé dans la société rwandaise des traces profondes qui se ressentent dans les institutions de recherche et de développement agricole (effondrement des mécanismes de solidarité sociale, disparition de cadres et techniciens, etc.…).

Pourtant, avec l’aide de bailleurs de fonds bi- et multi-latéraux, le Rwanda a fait des efforts remarquables pour rétablir la paix civile, reconstituer le tissu social et relancer le développement agricole. Cette étude apportera une modeste contribution, en supportant le processus de collaboration entre organisations rwandaises et en fournissant des informations de base pour améliorer la productivité et la rentabilité de la pomme de terre. Cette culture, à l’opposé d’autres cultures de rente, est non seulement un produit susceptible d’être exporté mais aussi une culture vivrière importante. Contexte général de l’étude Les plantes à tubercules occupent la plus grande superficie cultivée au Rwanda. Parmi elles, la pomme de terre a connu une ascension très marquée depuis son introduction par les missionnaires allemands au début du siècle dernier. Elle a trouvé au Rwanda des conditions de production favorables : des températures modérées, des sols profonds et une pluviométrie entre 1200 et 1600 mm.

Au niveau national, elle est passée de 19595 ha en 1990 à 56420 ha en 2000 pour la saison A, et de 22460 ha à 52563 pour la saison B2. La production, toutes saisons confondues, est

1. Publiées par la Direction de la Statistique du Ministère des Finances et de la Planification Economique in « Le Rwanda en Chiffres », Edition 2001. 2. Saison A : Septembre à Février et Saison B : Mars à Juillet

2

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passée de 283673 t en 1990 à 954418 t en 2000. Ce bond remarquable s’explique en grande partie par une forte demande sur le marché3. Si elle est cultivée dans 10 des 12 Provinces du Rwanda, elle s’est particulièrement bien adaptée dans celles de Ruhengeri et Gisenyi et, à un degré moindre, Kibuye, Gikongoro et Byumba. Dans ces zones de production, elle est cultivée par plus de 120000 familles et peut occuper de 25 à 30% des surfaces (World Potato Atlas, 2002). De façon générale, les agriculteurs mettent en marché entre 35 et 50% de leur production, gardent 20% pour la semence et consomment le reste (ibid). A part une exportation relativement modeste (2000 t, dont environ 1500 vers le Burundi), la production est destinée au marché national (il n’y a pas d’importation officielle de pomme de terre). La pomme de terre est principalement consommée dans les zones de production et par la population à hauts et moyens revenus ailleurs dans le pays. La consommation nationale moyenne est de 35 kgs par habitant (FAO, 1984), mais elle peut atteindre un sommet dans les zones de production. Ainsi le chiffre de 174 kgs / habitant / an est avancé pour Ruhengeri (World Potato Atlas, 2002). Jusqu’à la fin des années 1970, la plupart des variétés de pomme de terre introduites au Rwanda, venaient d’Europe et étaient donc adaptées aux zones tempérées. Il y eut cependant dans les années 1960, quelques introductions de variétés venant d’un programme de sélection en Ouganda (Haugerud et Nyirazikwiye, 1986 ; Lejeunes, 1943). Pour faire face à cette situation le gouvernement rwandais a créé un programme National d’Amélioration de la Pomme de Terre (signature de la convention le 08 avril et lancement du PNAP en juillet 1979). La période de guerre et le génocide de 1994 ont occasionné des pertes en vies humaines (entre autres, du personnel scientifique et technique) sans précédent, la destruction de la structure d’encadrement, le pillage et la détérioration des infrastructures agricoles. Durant ces événements le PNAP, pivot de la chaîne de production de la pomme de terre, a fermé ses portes avec pour conséquence la perte de germoplasme et la dégénérescence des variétés. Cette dégénérescence et disparition des variétés ont conduit à une diminution nette du rendement. Devant cette situation, dès 1999, les organisations paysannes et les institutions de recherche sont intervenues en matière d’encadrement des multiplicateurs des semences, de formation, d’octroi des crédits des semences, engrais et pesticides et dans la construction de magasins. Le laboratoire et les serres de l’ISAR ont été également réhabilités. Cette intervention a permis aux rendements de passer de 3,3 t/ha en 1995 à 8,7 t/ha en 2000 et à 12,7 t/ha en 2002 dans les Provinces de Gisenyi et Ruhengeri. Bien que la filière pomme de terre connaisse un certain essor et que plusieurs intervenants commencent à s’y intéresser, son niveau de développement est encore insuffisant. En effet, de gros efforts sont encore indispensables, notamment au niveau d’une production de semences en qualité et en quantité suffisante, de la maîtrise des techniques de production par les agriculteurs, d’une fertilisation adaptée aux types de sols, de l’organisation des circuits commerciaux tant au niveau national qu’au niveau de l’exportation, de la résolution des

3. Il faut mentionner que cette expansion s’est aussi faite au détriment de la forêt de Gishwati, détruite pour ouvrir des terres nouvelles.

3

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problèmes techniques liés au conditionnement de la production et au manque de technologies de transformation, etc.…. Plusieurs intervenants, partenaires de cette étude, se sont attelés à ces efforts. URUGAGA IMBARAGA, un syndicat national des agriculteurs et éleveurs du Rwanda, a été créé en 1992, et a connu un redémarrage en 1996, avec l’appui d’Agriterra, une fondation néerlandaise. Il regroupe environ 60000 membres dans tout le pays. Devant l’état de profonde destruction qu’ont connues les institutions du pays, ce syndicat s’est occupé non seulement de représentation des paysans mais aussi de structuration du milieu paysan et de recherche-développement. BAIR et FOR sont deux organisations paysannes qui travaillent à soutenir les efforts des agriculteurs et éleveurs, respectivement à Gisenyi et Ruhengeri, en leur apportant des services d’information et de formation. L’ISAR est la principale institution de recherche agricole au Rwanda et s’est traditionnellement occupée d’expérimentation et de maintien de collections variétales de pomme de terre. Réouvert en 1994, après le génocide, l’institut a connu un plan de relance à travers un projet de développement et de transfert de technologies avec l’aide d’organisations régionales et internationales. Il a, entre autres, un programme pomme de terre portant sur des thèmes variés (a production de semences souches par micro-propagation, la sélection et l’amélioration variétale, la lutte contre les maladies et parasites et la fertilisation) et dans lequel il collabore avec IMBARAGA, FOR et BAIR. IMBARAGA, FOR et BAIR, en plus de leur travail dans le domaine de la recherche-développement, collaborent aussi dans un programme plus large de « renforcement des capacités de négociation et d’intervention des organisations paysannes au Rwanda ». Avec INGABO, un syndicat des agri-éleveurs de Gitarama, ces trois organisation ont formé un Réseau des Organisations Paysannes au Rwanda (ROPARWA). Ce réseau est le partenaire de l’ICRA et de l’ISAR dans cette étude. Ces collaborations à des niveaux multiples (production, investigations, facilitation de processus locaux) sont très favorables à une intégration des efforts de développement au Rwanda, et l’ICRA y contribuera. L’étude conjointe ICRA-ROPARWA-ISAR contribuera aux efforts de ces intervenants pour améliorer les revenus tirés par les producteurs de pomme de terre. L’étude entre dans le cadre d’un accord de formation-recherche entre l’ICRA et ses deux partenaires, regroupant ainsi formation professionnelle, syndicat professionnel et recherche agricole. Cette collaboration originale vise ainsi à mieux connaître la filière pomme de terre au Rwanda tout en formant des cadres des organisations membres de ROPARWA et de l’ISAR à une méthodologie de recherche participative qui leur permettra de poursuivre et d’approfondir le travail entamé après leur formation. Elle permettra également à ces cadres de mener, à travers l’étude, un travail de terrain ensemble en collaboration avec des professionnels venant d’autres pays. Objectifs et résultats attendus Un effort a déjà été fait par ROPARWA et ses partenaires pour analyser la situation actuelle (Cf. Annexe). L’étude proposée à l’équipe ICRA doit approfondir la connaissance qu’ont déjà

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les partenaires de la filière pomme de terre au Rwanda. Son objectif principal est de les aider à affiner cette analyse et mieux cibler leurs activités de recherche et de développement. Il est plus spécifiquement d’étudier le système de production de la pomme de terre, avec un accent particulier sur la production de semences.

-Les variétés produites

Les résultats attendus sont : -Une typologie des producteurs de pomme de terre dans la zone d’étude. Elle précisera pour chacun des types :

-La place de la pomme de terre dans leur système de production -Le mode de conduite de la culture ainsi que les maladies et parasites dominants -La source et utilisation d’intrants -La gestion de la fertilité des sols -La stratégie de commercialisation

-Une analyse de la filière de production et distribution de la semence de la semence souche jusqu’à la semence commerciale . Elle précisera :

-La conduite de la culture -Les contraintes qu’elle connaît Les questions auxquelles elle devra répondre en priorité sont : -Quels sont les différents types de producteurs de pomme de terre dans la zone d’étude ? -Quelles sont les stratégies de production et de commercialisation adoptées par ces différents types ? -Quelles sont leurs contraintes de production de la pomme de terre les plus importantes? -Quels sont les acteurs de la filière de la semence de pomme de terre ? -Quelles sont les stratégies de production et d’approvisionnement en semence des agriculteurs ? -Quelles sont les principales contraintes dans la production et commercialisation des semences ? Lieu de l’étude et population couverte L’étude couvrira les deux Provinces de Gisenyi et Ruhengeri. La population potentiellement concernée par l’étude est composée de l’ensemble des agriculteurs de ces deux zones. Elle comprendra également tous les acteurs (organisations gouvernementales et non-gouvernementale, projets de recherche et/ou de développement, commerçants, etc.) et toute autre personne ou groupe identifiés par l’équipe comme étant importants pour l’étude. Composition de l’équipe L’équipe qui réalisera l’étude sera composée de participants au programme francophone 2004 de l’ICRA. Trois membres de l’équipe seront les homologues proposés par ROPARWA et l’ISAR et participant à l’ensemble de la formation. La composition de l’équipe sera de cinq personnes au moins et six personnes au plus. Les disciplines représentées au sein de l’équipe dépendront de la palette disponible au programme ICRA 2004. Elle comprendra autant que possible :

• Deux agronomes (homologues), • Un économiste (homologue), • Un(e) sociologue

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• Un(e) phyto-pathologue

• Un(e) pédologue.

ROPARWA et l’ISAR, en ce qui les concerne, apporteront en soutien l’expertise de leur personnel et de leurs partenaires. Ils assisteront, autant que possible, l’équipe au cours de son travail de terrain et l’aideront dans ses contacts avec les agriculteurs et officiels. Rôles et responsabilités Dans le cadre des termes de référence décrits ci-dessus, l’équipe est libre du choix de sa méthodologie. Elle maintiendra cependant une relation constante et directe avec ROPARWA, l’ISAR et leurs partenaires. Les homologues de l’équipe, tout en restant des membres à part entière et à temps plein, joueront un rôle primordial de liaison entre l’équipe et ses institutions partenaires. L’équipe, de concert avec ROPARWA et l’ISAR, essaiera aussi d’associer autant que possible d’autres institutions concernées par la problématique de l’étude. Trois ateliers de travail sont prévus entre l’équipe et toutes les parties concernées :

• A l’arrivée au Rwanda, mi-Avril, pour présenter son plan de travail et le faire valider ou amender par les acteurs locaux

• A mi-parcours de l’étude, fin Mai, pour présenter ses résultats provisoires et permettre aux acteurs locaux d’apporter leurs commentaires et suggestions

• A la fin de l’étude et avant le départ du Rwanda, mi-Juillet, pour présenter ses conclusions et propositions.

L’équipe remettra aux partenaires de l’ICRA une copie de son rapport final et de toutes données utiles (sur papier et sur disquette) avant son départ. Ce rapport sera publié par l’ICRA dans sa série de Documents de Travail et le diffusera auprès de bibliothèques en Europe avec lesquelles il a un accord d’échange. L’ICRA fera également parvenir une vingtaine de copies du rapport à ses partenaires pour diffusion au Rwanda et ailleurs. Les résultats de l’étude seront la propriété commune de l’ICRA, ROPARWA et l’ISAR, qui se traduira par une triple identification sur le rapport. Les membres de l’équipe ayant réalisé l’étude sont encouragés à en utiliser les résultats pour les publier ailleurs, sous condition d’en informer ICRA et ses partenaires. L’ICRA et ses partenaires se partageront les frais de l’étude dans les limites de leurs mandats et possibilités respectifs. L’ICRA prendra en charge les frais de formation des homologues à Montpellier et sur le terrain ainsi que l’acheminement de toute l’équipe jusqu’à Kigali. Il prendra en charge les frais de séjour des membres de l’équipe sous forme d’allocations journalières ainsi qu’un budget modeste de fonctionnement de l’équipe et les frais d’assurance médicale des membres de l’équipe, y compris une clause de rapatriement d’urgence pour raisons médicales. L’ICRA assurera également l’encadrement de l’équipe sous forme de deux visites au Rwanda d’un membre de son staff ou d’une autre personne dûment mandatée par ses soins. ROPARWA prendra en charge l’ensemble des frais de logement et de transport de l’équipe dans le cadre de son travail pendant toute la durée de son séjour au Rwanda. A cette fin, il mettra à sa disposition un logement avec le confort nécessaire à un travail d’équipe intensif ; ce logement sera meublé et disposera de l’électricité afin de permettre à l’équipe de travailler avec ses ordinateurs. Ils fourniront également un véhicule tout terrain avec chauffeur et le

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carburant nécessaire pour les déplacements de l’équipe pendant la durée de l’étude. Ils s’efforceront enfin de faciliter son travail et fourniront un soutien institutionnel et scientifique selon les besoins. Autres institutions concernées

• Service National des Semences (SNS) • Fédération des Producteurs de Pomme de Terre • Coopérative Ibukwa Muhinzi (COIMU, Gisenyi) • Coopérative d’Exploitation et de Création de Marchés Agricoles (CECMA, Ruhengiri) • ……..

***********************

Kigali, 25 Novembre 2003 Anselme NZABONIMPA (ROPARWA) Elie René GASORE (ISAR)

Nour SELLAMNA (ICRA)

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Problèmes liés à la production de la pomme de terre Production de semence Semence de souche

Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir - Le laboratoire de culture in vitro (CIV) a une capacité de production limitée de 17.000 vitro plants.

-La capacité de production du laboratoire de culture in vitro ne peut satisfaire que le tiers de la demande en semence de souche. - Les infrastructures en place à Ruhengeri ne permettent pas de faire un assainissement des plançons de pomme de terre. - L’auto contrôle des maladies au niveau de l’ ISAR n’est pas efficient.

1. Extension du laboratoire et des serres. 2. Initier un service d’ assainissement et d’auto contrôle des maladies sur place à l’ISAR de Ruhengeri par la formation du personnel et l’acquisition du matériel nécessaire.

- Le personnel du programme pomme de terre de l’ISAR n’ est pas suffisamment outillé en matière de phytopathologie

- Le programme ne compte aucun spécialiste ni équipement dans le domaine de la phytopathologie.

3. Développement d’un service de phytopathologie et de spécialistes de la phytopathologie de la pomme de terre.

Semence de base Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir - Seul le Service National des Semences dispose d’un service de contrôle de la qualité et il a dans ses attributions la production des semences de base.

- Le Service National des Semences est à la fois producteur et contrôleur de la qualité. - Les clients de la semence de base n’ont pas d’ autres alternatives et n’ont pas de garantie de qualité.

4. Séparation des services de production et de contrôle . 5. Initier d’autres producteurs privés de semence de base tout en développant une recherche faisant participer les producteurs et développement de leur capacités en matière de production des semences de base.

Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir - Le calendrier de production des semences de base au Service National des Semences ne correspond pas à la période de grands besoins des agriculteurs

- la zone accuse la non disponibilité de semences de base tant en qualité qu’en quantité avant les grandes saisons culturales.

6. Développement de méthodes de production des semences de base répondant aux besoins spatiaux des agriculteurs.

Semences commerciales Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir - Les groupements , les associations et les producteurs individuels ne savent pas distinguer les catégories des semences commerciales (C1 et C2 ).

- La chaîne de production des semences n’arrive pas au bout (dernier niveau de multiplication). - les semences commerciales ne sont pas suffisantes, voire même inexistantes, sur les marchés

7. Recherche , formation et développement d’un professionnalisme dans la production des semences commerciales. 8. Spécialisation des producteurs de semences commerciales.

Les groupements , les associations et les producteurs individuels ne respectent pas les techniques de production de semences

Les groupements , les associations et les producteurs individuels ne maîtrisent pas les techniques culturales.

9. Développement d’une recherche participative sur les techniques culturales.

Les groupements, les associations et les producteurs individuels n’ont pas les capacités d’investissement dans la production de semences commerciales.

- Exiguïté des terres ne permettant pas de rotation, d’où une prolifération des maladies et épuisement du sol. - Faible pouvoir d’achat des producteurs (faible capacité financière). - Faible capacité organisationnelle

10. Recherche-développement tenant compte de l’ évolution du statut des sols 11. Développement de méthodes adéquates d’ utilisation des crédits agricoles. 12. Analyse organisationnelle et production de plans de développement des organisations productrices de semences commerciales.

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Pomme de terre de consommation Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir Les agriculteurs de pomme de terre du nord ouest du Rwanda pratiquent pomme de terre après pomme de terre et souvent ils font des associations de plus de trois cultures sur un même champs.

Chute des rendements et prolifération des maladies entraînant une réduction sensible des productions et dégradation des sols.

13. Développement (et formation à) des technologies permettant aux paysans de réaliser des revenus réguliers et d’une façon soutenue.

Les agriculteurs utilisent des semences tout venant

Absence de politique de stimulation des paysans à l’utilisation de semences de qualité.

14. Développer la segmentation des produits agricoles sur les marchés et définir une politique de crédit agricole favorable au paysans sans garanties suffisantes.

La conduite de la pomme de terre n’est pas adéquate

Absence de stimuli issus des marchés qui exigent de bonnes pratiques culturales.

15. Promouvoir des produits de qualité sur les marchés .

Conservation et transformation Transformation Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir Il n’existe que des méthodes traditionnelles de préparation de la pomme de terre (nature, frites, sautées et grillées) dans les hôtels et restaurants. Dans Kigali il y a des initiatives timides de production de chips et de friteries sur le modèle « à emporter »

Manque de maîtrise de technologies de transformation de la pomme de terre qui entraîne beaucoup de pertes, surtout de petit calibre, aussi bien à la production qu’à la consommation.

16. Initiation de la transformation du petit calibre en farine de pomme de terre et autres produits dérivés. 17. Susciter la transformation à l’échelle industrielle. 18. Promouvoir la consommation de produits transformés auprès des consommateurs.

Conservation

Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’avenir Les pratiques de conservation en lumière diffuse ne conviennent que pour le stockage des semences de pomme de terre, tandis que le conditionnement de la pomme de terre de consommation reste encore inconnue.

Pendant les grandes périodes de production les paysans enregistrent des difficultés d’écoulement de leur production, et ceci entraîne des pertes par des pourritures et de chute des prix.

19. Planification d’une production échelonnée tenant compte des besoins des marchés. 20. Faire des essais de méthodes de conservation de la pomme de terre de consommation.

Commercialisation Commercialisation des semences Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’avenir Le Service National des Semences garde le monopole du commerce des semences de base, et ce loin des utilisateurs.

Les utilisateurs des semences n’ont pas d’accès facile aux semences de base.

21. Décentralisation de la production des semences de base en intéressant même des producteurs privés.

La commercialisation de la pomme de terre n’est pas structurée ; les producteurs des semences certifiées et déclarées sont méconnus et inégalement répartis dans les zones de production.

Les producteurs ne savent pas à qui s’adresser pour avoir des semences de qualité.

22. Structuration du circuit de commercialisation des semences moyennant une analyse de la situation actuelle.

Les petits paysans producteurs de pomme de terre de consommation sont toujours contraints d’utiliser des semences dégénérées.

Il n’existe pas de détaillants des semences de bonne qualité.

23. Promouvoir les petits détaillants des semences de bonne qualité dans les milieux de production de la pomme de terre par des formations paysannes démonstratives.

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Commercialisation de la pomme de terre de consommation Situation actuelle Problèmes existants Perspectives d’ avenir Un seul contrat lie les producteurs de la pomme de terre de consommation aux commerçants transporteurs. Dans le cadre de ce contrat, des collecteurs se sont regroupés en coopératives (COIMU de Gisenyi ) ou en associations (cas de Ruhengeri).

Le contrat favorise le monopole dans un marché libéral

24. Etude de durabilité du système et production, et identification de modalités de renforcement et ou de réorientation

L’exportation n’est pas organisée, si ce n’est que des commerçants du Burundi viennent s’approvisionner sur les marchés de Kigali ou sur les points de collecte dans les milieux de production.

Ni les producteurs ni les commerçants n’ont pas d’information sur les marchés d’exportation.

25. Etude de prospection des marchés extérieurs et initiation d’un système d’information sur les marchés d’exportation.

Les prix aux producteurs ne sont pas fonction de la qualité.

Les pouvoirs derrière la fixation des prix sont déséquilibrés en défaveur des producteurs.

26. Développement d’une plaidoirie en faveur des producteurs et segmentation des produits aussi bien dans les milieux de production que dans les milieux de consommation.

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Annexe 2 :Guide d’entretien

1. Activité

Communication ( diffusion de l’information)

Type d’activité Calendrier des activités Quelle est la durée de votre activité dans la filière pomme de terre Offre et la demande ( fournisseurs / clients) : variation du marché ( prix) Concurrence Principaux résultats

2. Les partenaires et la nature des relations entre les partenaires

Partenaires en Amont et en aval Approvisionnement ( Qui, Quand, Quantité, Comment ) Livraison ( Qui, Quand, Quantité, Comment)

Problèmes dans les relations ( à l’intérieur de l’activité elle-même).

3 Finances

Sources de financement : Autofinancement, Subventions Chiffre d’affaire Moyens de production ( ressources financières, mains d’œuvre, matériel)

4-Difficultés :

Matériel Mains d’œuvre qualifié Economique Institutionnelle Sociale Organisationnelle Autres

5-Partenaires

Problèmes des producteurs ( maladies, traitement, pesticides,…) 6- Attentes : ( En tant que perspective d’avenir)

Court terme Moyen terme Long terme

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Guide d’entretien à l’intention de l’ISAR (Institution de recherche, responsable de la production des semences souche) But de la visite : Contribuer à l’amélioration d’une meilleure collaboration entre les acteurs D’après le dernier entretien avec les acteurs de la filière, nous avons enregistré certains problèmes avec vos partenaires

Partenaires ISAR SNS Faible capacité d’absorption de SS

Absence de communication stratégie SNS Multiplicateurs Approvisionnement plus risque non certifié

Faible application des techniques recommandées

Conseillers agricoles Innovations non actualisées Producteurs Absence cadre institutionnel de concertation Commerçants Absence de cadre institutionnel (variétés

conservables, emballage inapproprié) Est-ce que vous confirmer ces problèmes oui ou non et pourquoi Est ce que vous pouvez nous proposer une idée de collaboration avec ces partenaires ? Comment sera la mise en œuvre de cette collaboration sur le terrain ; Proposition de notre part : Mise en place d’un cadre institutionnel de concertation avec : SNS la fédération de pomme de terre et avec les commerçants , Multplicateurs Conseillers agricoles Commerçants Sauvegarder les points forts, réduire les faiblesses, éviter les menaces et profiter des opportunités

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Points forts Points faibles Opportunités Menaces ISAR

Responsable de la disponibilité des semences de souche Maîtrise de la technique de production de semences de souche ; Banque de germoplasme de pomme de terre ; Dispose de moyens matériels de production des semences de souche

Ressources humaines peu spécialisées(génétique, maladies, parasites et assainissement,…) Absence de service de phytopathologie spécifique à la pomme de terre ; Peu de résultats sur les maladies, conservation et transformation de la pdt ; Dose de fertilisants non actualisée, production insuffisante en quantité de semences de souche ;

Politique National de régionalisation des cultures Forte demande de semences Forte demande en matière de recherche Développement du partenariat entre ISAR et autres acteurs dont les organisations paysannes

Instabilité politique Réorientation des fonds vers d’autres programmes Peu de bailleurs de fonds

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Annexe 3 :Questionnaire N°: N° DE L’ENQUETEUR : DATE : I. Localisation :

Province : --------------------------------------------------------------------------------------------------

District : ----------------------------------------------------------------------------------------------------

Secteur : ----------------------------------------------------------------------------------------------------

Cellule : ----------------------------------------------------------------------------------------------------

II. Identification de l’enquêté (chef d’exploitation)

Nom : ----------------------------------------------------------- Prénom : --------------------------------------

Age : ------------------------------------------------------------

Sexe : M F

Situation familiale : Célibataire Marié(e) Veuf(ve)

Autre : -----------------------------------------------------------------------------------

14

Niveau de scolarisation : Analphabète

Association Groupement agricole

Alphabétisé

Etudes primaires

Etudes secondaires

Etudes supérieures

Technicien diplômé

Personnes en charge : -------------------------------------------------------------------------------------------

Nombre d’actifs travaillant dans le champ : < 7ans -------------------------- 8-15ans --------------------

16-55ans ----------------------- > 55ans -------------------

Utilisez-vous une main d’œuvre salariée ? Oui Non

Si oui combien de salarié avez-vous par saison culturale sur la pomme de terre : ----------------------

Appartenez-vous à une Organisation Paysanne ? Oui Non

Si oui quel est le nom de cette organisation :

Coopérative agricole AMSS

O.P

Autre : -----------------------------------------------------------------------------------

Page 119: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

15

Bovin Porcs

III. Activité agricole : Quel est votre activité agricole : Agriculture Elevage

Agropastorale Autre

Si autre précisez : ------------------------------------------------------------------------------------------------

1. Elevage

Si vous êtes éleveur quel type d’animaux avez-vous ? Ovins Caprins

s

Si autre (Préciser) ------------------------------------------------------------------------------------------------

Quel nombre de têtes avez-vous ? Ovins : ------------------------ Caprins : -------------------

Bovins : ----------------------- Porcs : ----------------------

2. Cultures

Quel nombre de champs avez-vous ? -------------------------------------------------------------------------

Pouvez-vous estimer la superficie totale de vos champs ? ------------------------------------------------

Quelles sont les cultures que vous faites ? Pomme de terre Maïs

Haricots Blé

Légumes Sorgho

Si autre préciser : ------------------------------------------------------------------------------------------------

Quelle est la superficie occupée par la pomme de terre ? Saison passée : -------------------------------

Saison présente : ----------------------------

Quelles sont les quantités de semences de pomme de terre que vous utilisez ?

Saison passée : --------------------------------------------

Saison présente: ---------------------------------------------

-

Quelle est la superficie occupée par les autres cultures ?:

Saison passée Maïs : --------------------- Haricot : ------------------------

Blé : -------------------- --Légume : ------------------------

Sorgho : ------------------ Autre : --------------------------

Saison présente : Maïs ------------------------Haricot : -----------------------

Blé : ---------------------- Légumes : -----------------------

Sorgho : ------------------ Autre : --------------------------

Page 120: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

Depuis quelle année cultivez-vous la pomme de terre ? ----------------------------------------------------

Quelle est votre production (saison passée ) ? ---------------------------------------------------------------

Quelle est la destination de la production de pomme de terre ?

Quantité autoconsommation : -------------------------------------------------------

16

Quantité Vendue : ---------------------------------------------------------------------

Quantité réservée pour les semences : ----------------------------------------------

Autres : ---------------------------------------------------------------------------------

Pratiquez-vous la rotation ? Oui Non

Si oui quel type de rotation pratiquez-vous ? ----------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

-

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

3- Quelles variétés cultivez -vous ?

Sangema Mabondo Kirundo

Victoria Nyirakabondo Cruza

C 2000 Macrone Bineza/Gisore

IPP Autre : --------------------------------------------------------

Pourquoi choisissez-vous ces variétés ? Dormance longue

Dormance courte

Marché favorable à ces variétés

Résistance aux maladies et ravageurs

Rendement élevé

Cycle végétatif : Long

Court

Disponibilité

4- Quelle est votre source d’approvisionnement en semence ?

Semence non certifiée : Auto production

Marché

Voisin

Autre : -----------------------------------------------------------------

Pourquoi utilisez-vous ces sources d’approvisionnement en semence ?

Page 121: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

Auto Produite

Semences certifiées coûtent chères

Semences certifiées non disponibles

Facile à trouver

Autre : -----------------------------------------------------------------

Semence certifiée : COODAF

SNS

AMSS

Autres : -------------------------------------------------------------------------

Pourquoi utilisez-vous ces sources d’approvisionnement ? Bonne qualité

Crédit

Subvention

Autre : -----------------------------------------------------------------

Quel type de sol avez-vous ?: Volcanique

Acide

Autre : -----------------------------------------------------------------

Quel est le mode d’acquisition de la terre? Propre terre

En location

Occupation temporaire

Autres : -------------------------------------------------------

Luttez vous contre l’érosion ? Oui Non

Si oui, quelle méthode utilisez-vous : Billon perpendiculaire

Herbes de talus

Labour perpendiculaire à la pente

Terrasse radicale

17

Fossé anti-érosif

Autre : -----------------------------------------------------------------

5- Quels sont les maladies et ravageurs qui causent plus de problèmes à votre production de

pomme de terre ?

Mildiou Viroses

Page 122: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

Flétrissement bactérien Gale

Verts gris Pas de maladie

Autres : ---------------------------------------------------------------------------------

Qu’utilisez-vous pour lutter contre ces dommages ?

Fongicides : Dithane M45 Ridomil

Insecticides : Thiodan Sumicombi

Dursban Sumithion 50%

Autre: --------------------------------------------------------------------------

Autres : Arrachage Rotation

Semences saines Autre : --------------------------------------

6- Utilisez-vous des fertilisants? Oui Non

Si oui, quels types de fertilisants utilisez-vous ? Fumier (quantité/are) : ---------------------

Minérale : NPK 173 (dose/are) ----------------

DAP (dose/are) ----------------------------------

Urée (dose/are) ----------------------------------

TSP (dose/are) -----------------------------------

Ordures ménagères: ----------------------------

Excréments humains: ---------------------------

-

18

Compost: ------------------------------------------

Autres --------------------------------------------

Où trouvez-vous vos fertilisants ? Votre bétail Bétail du voisin

Marché Inter Groupement

Compostière Autre : -----------------------------

7- Avez-vous reçu un financement pour votre activité agricole? Oui Non

Si oui, quelle est la source de ce financement ? Crédit bancaire Subvention

Crédit fonds filière O.P

Page 123: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

Autres : ----------------------------------------------

8- Avez-vous reçu un encadrement ? Oui Non

19

Dans quel domaine avez vous reçu cet encadrement ?

Transporteurs (sur la tête) Icugutu

Conseil technique Conseils organisationnels

Gestion de l’exploitation Gestion de l’environnement

Autre

Par qui l’encadrement a-t-il été assuré ? ONG OP

Structures para étatiques Autre

IV. Activités extra agricoles Exercez-vous des activités extra agricoles ? Oui Non

Lesquelles ? -------------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

V. Transport Qui transporte votre production ? Collecteurs Transporteurs à vélo

Etes –vous satisfaits du prix payé au kilo de pomme de terre ? Oui Non

Si non quel prix désirez –vous ? -------------------------------------------------------------------------------

VI. Contraintes D’après vous quelles sont les trois contraintes qui vous causent le plus de problème dans la

production de pomme de terre ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Comment envisagez –vous surmonter ces contraintes ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

VII- Attentes

Quelles sont vos attentes ?

Page 124: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

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En matière de production de pomme de terre : --------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

En matière de semences : ---------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

En matière de prix : ----------------------------------------------------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Annexe 4 :Caractéristiques des exploitations agricoles Sols acides Sols montagneux Sols volcaniques

Critères Pet EA Moy EA Pet EA Moy EA Gde EA Pet EA Moy EA Gde EA

Chef d e l’EA

Age moyen 45 41 35 37 46 43 47 48

% sexe mascul. 64 67 67 57 82 77 85 78

% sexe féminin 18 36 33 33 43 23 15 22

% analpha 33 27 33 0 14 27 14 12

% alpha 9 0 11 14 9 13 8 22

% primaire 64 33 78 44 55 61 75 45

% CERAI 0 22 0 14 9 11 5 0

% second 0 12 11 14 0 1 0 0

% mbre OP 73 89 78 86 82 77 83 78

% encadrés 44 46 56 57 14 27 43 68

% act. extra agri 18 44 78 57 73 29 38 44

Population EA

Nbre ménages 1 1 1 1 2 1 1 2

Nbre pers. en charge 7 5 7 4 6 7 6 10

Nbre pers. 8-15 1 0 0 1 2 1 1 1

Nbre Pers.16-55 2 1 3 3 1 2 2 4

Nbre Pers. > 55 0 0 0 0 1 0 0 0

% utilis. MO sal. 82 89 78 85 100 64 85 56

Cheptel

Nbre bovins 1 1 0 1 3 1 1 3

21

Page 126: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

Sols acides Sols montagneux Sols volcaniques

Critères Pet EA Moy EA Pet EA Moy EA Gde EA Pet EA Moy EA Gde EA

Nbre ovins 1 1 2 1 2 1 3 3

Nbre caprins 2 4 4 1 5 3 2 1

Terres

Sup. tot (ares) 68 192 73 160 725 66 204 569

Nbr. champs 13 4 6 7 6 4 6 6

% propre 44 33 14 36 27 34 63 78

% location 0 0 0 0 0 0 4 0

% mixte 56 67 86 22 64 73 62 37

Matériel agricole

Houe 2 2 2 2 5 2 2 5

Machette 1 1 1 1 1 1 1 1

Pulvérisateur 0 0 0 0 1 0 0 1

Occupation de sol

% pdt 41 34 44 30 24 54 37 23

% maïs 23 18 13 51 11 24 13 19

% sorgho 3 0 13 11 7 5 5 15

% blé 0 1 3 <1 3 3 1 10

% haricot 25 6 8 23 10 14 2 8

% pyrèthre 0 0 0 3 10 0 0 1

Part bananier + + ++ ++ ++ + + +

DRS

%. LAE 82 100 100 100 90 75 88 89

22

Page 127: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

Sols acides Sols montagneux Sols volcaniques

Critères Pet EA Moy EA Pet EA Moy EA Gde EA Pet EA Moy EA Gde EA

Fertilisation FO FM + FO FO FO FO + FM FO + FM FO + FM FO + FM

Pomme de terre

% util. sem. cert 0 11 22 14 9 33 53 33

% auto prod. sem. 64 78 44 43 46 61 58 44

Variétés pdt

Nyirakabondo

Macrone

Bineza

Nyirakabondo

Macrone

Bineza

Nyirakabondo

Cruza

Macrone

Kirundo

Nyirakabondo

Cruza

Macrone

Nyirakabondo

Cruza

Bineza

Nyirakabondo

Bineza

Nyirakabondo

Kirundo

Nyirakabondo

Bineza

Mabondo

Kirundo

Bineza

Kirundo

Rtd (kg/are) 70 48 58 62 57 59 112 80

% production destinée auto onsom. 27 30 22 20 21 25 18 22

% production destinée ventes 43 43 50 60 59 58 57 54

% production destinée semences 19 26 16 17 18 22 19 24

23

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Annexe 5 :Modèle de calcul de rentabilité

(cas d’une petite exploitation sur sol de la crête Congo Nil)

Eléments Quantité Prix (frw) Montant (frw) Nombre d’are : 41,9 ares en propre Production totale (kg) 1.800 - 56.000 Vendue 1.400 30 42.000 Semences 300 40 12.000 Autoconsommation 100 20 2.000 Coûts variables monétaires 18.600 Engrais (kg) 4.800 - Fumier 12 400 4.800 Produits phytosanitaires 10.800 - Dithane 6 1.800 10.800 Main d’œuvre salariée (HJ) 600 • 1er labour 2 300 600 Location pulvérisateur 8 300 2.400 Coûts d’opportunité 17.280 Main d’œuvre familiale (HJ) 6.000 • 1er labour 2 300 600 • 2ème labour 2 300 600 • Semis 2 300 600 • Sarclage 2 300 600 • Buttage 2 300 600 • Pompiste 8 300 2.400 • Récolte 2 300 600 Semence auto produite (kg) * 282 40 11.280 Marge brute (frw) 56.000-18.600 37.400 Rendement agricole (kg/are) 1.800/41,9 43 Marge brute (frw/are) 37.400/41,9 893 *300-300*6/100

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25

Annexe 6 : Planning des activités

Avril Mai Juin Acteurs import Responsable

Partenaires

Ressources

Résultats

1-Prise de contact avec les commanditaires et visite de courtoisie

12 Fané -13

Producteurs individuels +OP Approvisionnement semences(production, vente, multiplication) Institutions(recherche+vulgarisation) Commerçants Collecteurs

Viateur

Mairie, ISAR, SNS, ONG, DAEF, commerçants, producteurs, multiplicateurs des semences

1 véhicule, 3 ordinateurs 1 :imprimante Marqueurs Paperasse Flipchart/patex

Plan de travail adopté

Atelier des acteurs de la filière

14 Razika

Relation avec les autres acteurs :-Type de relation -Problèmes -Souhaits/attentes activités exercées : -Ressources mobilisées-Période -contraintes

Philippe Mairies ONG, Commerçants, SNS, Producteurs et les multiplicateurs

Carte mentale affinée, questions de recherches adoptées

2-Recherche et collecte de la documentation disponible(terrain)

15 Claire

ISAE, ISAR, MINAGRI, SNS,DAEF

Analyse des acteurs (identification et rôles) (15/04)

Guide d’entretien

16 Fané

Visites et collecte des infos et Analyse des acteurs

19-20 Viateur Mairies ONG, Commerçants, SNS, Producteurs et les multiplicateurs

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26

3-Reconnaissance de la zone (carte, transect, zonage)

21-22-23

Razika Service de cartographie, paysans, DAEF, RSAD

Zonage, (P)pluviométrie, sol, végétation, cultures et occupation du sol :(23/04) :résultat :2

4-Elaboration d’un questionnaire

Du 12 au 27

Fané Statisticien

Test du questionnaire et reformulation

28

Philippe Maires et producteurs

Type d’échantillonnage et choix de l’échantillon

29 Philippe

Administration du questionnaire

30- 13 Viateur Maires et producteurs

5-Elaboration de la matrice

14 Claire statisticien

Saisie et traitement des données -Sous-échantillonnage à l’intérieur des types d’E.A

3-17

Claire

Elaboration de la typologie S/Echantillonnage à l’intérieur des types d’E.A

18 Razika Typologie : Système de production, semences, commercialisation (07/05)

Analyse des flux par type d’exploitation - mode de conduite ,maladies et parasites

19-25

Viateur Producteur, Isar ,ISAE,DAEF

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27

Analyse, interprétation des données et rapport d’étape

25-26-28

Philippe 21/05 Résultat :1

6-Atelier de présentation des résultats( à mi-parcours)

03 Fané Maires ONG, Commerçants, SNS, Producteurs et les multiplicateurs, ISAR

Validation des résultats (27/05)

Réunions avec les acteurs : Identification des F.M Tendances Scénarios(propositions)

04 Viateur SNS, ISAR , Producteurs, multiplicateurs, commerçants, DAEF, RSAD,ONG,consommateurs…

Proposition des options de recherches / développement

Analyse et évaluation des options de recherche

7-18

Razika ISAR, SNS, DAEF

Production du rapport provisoire

21-25

Claire (18/06)

Atelier de restitution des résultats de l’étude

02 Viateur Maires ONG, Commerçants, SNS, Producteurs et les multiplicateurs,DAEF, RSAD, Presse(rose)

Validation des options de recherche /développement (25/06)

Page 132: Les systèmes de production de la pomme de terre au … · Il situe les problèmes et les contraintes dans les différentes catégories d’exploitations et dans les différents types

28

7-Conclusion s et recommandations : Elaboration du rapport définitif

3-8juillet Claire Rapport :plan de recherche et développement

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Annexe 7 : Système pertinent

Faible Rendement de la culture de pomme de terre au Rwanda Rareté des terres (sup.) Manque de jachère Surexploitation des champs Faiblesse dans la production Mauvaise pratique culturale Absence de rotation Des semences Tendance à la monoculture -Manque d’organisation -faible capacité Faible capacité au Faible fertilité Mauvaise dans la commercialisation au niveau de l’ISAR au niveau du SNS qualité de semences des semences de qualité Eloignement des points Quantité des semences Ressources humaines Erosion du sol Semences à tout venant d’approv. en semences Technique de production Ressources humaines Finances Mauvaise utilisation des Utilisation des semences Non respectée intrants non certifiées Difficulté dans l’expression Finances Superficie de SNS Faible utilisation de la Des besoins des paysans réduite matière organique Faible effectif des privés Impliqués dans la production De semences Manque de confiance du SNS Pour la certification

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Annexe 8: Carte mentale

Filière pomme de terre

public

S. civile

DAEF RSAD

Acteurs

Agriculte

Association deproducteurs

Producteurs inlocalisés lo

des lieux deConduite dela culture

Petite superficie/ménage

Tendance à lamonoculture

Surexploitation deschamps

Maladies et parasites

Erosion des sols

Gestion de la fertilité dessols

Intrants

Doses d’ engrais non

Protection del’environnement

Absence de la fumure organique

Semence de qualité non disponible à temps

Usage de semences dégénérées

Tech de productionnon respectées

Recherche

certification

ISAR

SNS

Semence desouche insuf

Semences debase

Qualité desemences

Maladies etparasites

Manque detechnol detransfor

Agr. et assoc. deprod semences

SNS ne couvre pas les zonesde production de pdt

L’organ de la com desem au niveau duSNS défectueuse

Comm rur collecteurs pdt

cosommateurs

Prix de pdt varie

Transp. vers centres villes

Commerce. extérieur réduit

Etat routes

Pdt se détériorent

Pas moyen de stockage

Syst. de x°défec

Emballage

Com de.semences non organisé

SNS

Gpts et ass xteurs Pdt consommation

Producteurs

Insuffisance ressource humaines

Subventions Bailleurs

EtatRecherche

Formations

ONG

Sols

S certifiée

Manq de res humaines

Semence nondispo à temps

Non respect des principes de production

Multiplication

Auto-fincement

Producteurs

Absence de moyen de stockage

OP

Commercialisation

financementSystème de productionde semences

conservation

Encadrement

production

en

30Commerçants d’ intrantset matériels agricoles