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Aline Le Toriellec Les Terribles Vérités

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[Grand format (170x240)] NB Pages : 358 pages

- Tranche : (nb pages x 0,055 mm) = 21.69 ----------------------------------------------------------------------------

Les Terribles Vérités

Aline Le Toriellec

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Aline Le Toriellec

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Chapitre 1

Six heures du matin, les citadins d’Anvil s’agitaient déjà. Cette grande ville ne dormait jamais, on y vivait à toutes heures et en vitesse ; les chauffeurs pressés d’aller d’un endroit à l’autre, les joggeurs traversant sans regarder, les commerces ne fermant pas, les fêtards rentrant chez eux, les mamies sortant leurs chiens… Les gens restaient sans cesse de mauvaises humeurs, rien ne les satisfaisaient mais ils se devaient de posséder tous les objets derniers cris, éprouvant à cela un bonheur éphémère. Personne ne se côtoyait, ne se regardait, parlait, on se contentait de marcher tel des robots. Les routes devenaient noires de véhicules et bruyantes de klaxons. Les trottoirs grouillaient de costumes et les rames de métros devenaient de vrai fourmilières. Les buildings peu à peu s’éclairaient de milles feux. La population à peine en activité demeurait stressée au vu de ce nouveau jour qui resteras identique à celui d’hier. On rêvait de vacance dans des îles paradisiaques mais la réalité revenait au galop : tout coûte cher alors au boulot. Certains faisaient un travail « officiel », d’autre plus ou moins légal… Des actes de violences apparaissaient mais cela ne les inquiétaient pas.

Insouciance ou lassitude ? Il faut dire qu’avec les séries et films, on a déjà tout vu… Sans compter le

côté dé-dramatisant avec les informations qui montraient les guerres, famine et autre dans les divers pays, nous montrant que l’on a une vie paisible.

Le réveil de l’inspecteur Raphaël Novac retentit dans son appartement. Il se leva difficilement de son canapé, se dirigea dans sa chambre et éteignit la sonnerie stridente. Déjà le matin… Protesta-t-il tout en s’étirant. Il s’était couché tard, s’éternisant sur un dossier, tout en pensant à une autre affaire : une femme retrouvée morte dans le bassin de la piscine municipale. Au fond

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de lui, il demeurait convaincu que ce n’était pas un suicide. Le visage de cette dame le terrorisait dans ses cauchemars ; il la voyait sans cesse entrain de couler et de lui tendre le bras pour la retenir mais leurs mains glissaient et il n’arrivait jamais à la sauver. Aucun indice, rien de suspect, affaire classée ! Pour lui, il y avait trois cas bizarres : cette femme noyée, le jeune dont sa voiture à étrangement quitter la route et l’homme exécuté. Ils étaient différents mais si ressemblant à ses yeux. Il faisait toujours confiance à son intuition mais là, il ne trouvait pas le dénominateur commun. Il s’entêtait toujours sur ses affaires, sa motivation demeurant sans faille.

Il alla dans sa salle de bain, se regarda dans un miroir et se compara à un mort vivant : teint pâle, yeux rouges et de très belles cernes. Certains vont croire à une méga fête ! Dit-il en riant. Comme tous les jours, il s’habilla d’un pantalon et d’une chemise, tenue recommandée pour son travail, déjeuna à peine et alla au commissariat à pied.

Il descendit les marches quatre à quatre et fonça sur la porte d’entrée. Fichu habitude ! S’écria-t-il. Il marcha le long du square et fixa les coureurs matinaux. Ce petit coin remplis de flore, d’une fontaine et de bancs contrastait avec cette ville trop urbaine. L’inspecteur y entra et admira la nature de plus en plus inconnue de la nouvelle génération et oublié de l’ancienne. Les roses allaient s’ouvrir, la pelouse encore humide et les tulipes éclatantes de couleurs l’émerveilla. En faite, un rien l’étonnait tel un enfant découvrant le monde.

Dernièrement, il contactait tous ses indics à la recherche d’information. Aucun résultat. Ça ne leur ressemble pas… Pensa-t-il, ils doivent avoir peur… Beaucoup de ses enquêtes reposaient sur leurs coopérations. Plus facile d’avoir une information comme ça et moins risqué que de se déplacer, négocier ou s’infiltrer…

Il vit un banc prés de la sortie du parc et il s’y assit. Il resta un moment dessus, repensant à sa vie : l’inspecteur sortait peu, préférant s’investir dans son travail. Á ses yeux, arrêter les criminels, violeurs, l’aidait à construire son idéal : une ville sans violence, un monde de paix. Le choix de son boulot n’est donc pas anodin mais plus le temps avançait, plus il détestait voir des cadavres. Pour lui, cette vie signifiait haine, rancœur et brutalité. Il eu aussi une pensée pour ses parents morts dans un accident d’avion, le laissant seul. Il ne leur avait jamais dit qu’il les aimaient et le regrettait. Ses amis voulaient lui enlever

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cette peur de monter en avion mais personne n’y était jamais arrivé. Il désirait voyager, faire le tour du monde mais sans cet engin de malheur…

Des agents municipaux arrivèrent avec leurs tondeuses. Super ! Comment tuer un endroit calme en une leçon… Il se leva et se remit en route, tout en pensant à son enquête : une balle

dans la nuque est une exécution. Florian n’a pas de dettes, il est célibataire et fait souvent la fête. Il a des ennemis, comme tout le monde, mais ils ont tous un alibi… En même temps, il ne les connaissait pas tous. Il lui manquait un détail…

Il traversa une partie de la ville où tout le monde se dépêchait, buvait du café et appelait un taxi. Cette vie ne lui convenait plus, il exigeait de la tranquillité, du calme et plus de nature. Il souhaitait se faire muter ailleurs, dans une petite ville mais aucun commissariat n’avait besoin de personnel et pour lui déménager en campagne lui imposait à une heure de route, de quoi se tirer une balle dans la tête à cause des bouchons…

Il arriva à son bureau un quart d’heure plus tard et s’installa sur sa chaise. Ses collègues devaient arriver d’une minute à l’autre. Il espéra qu’ils avaient trouvé une idée. Ils formaient une équipe de quatre enquêteurs sans compter leur supérieur. L’un deux, Marc, son meilleur ami, sortaient rarement ensemble, mais était toujours la pour lui en cas de coup dur. Ils s’étaient rencontré à l’école de police puis perdu de vue. Un jour, Raphaël eu sa promotion en tant qu’inspecteur et deux ans après lui, Marc arriva dans le même service. Ils se sont reconnus, parlaient du bon vieux temps et, depuis, travaillaient souvent en binôme. Tous deux se ressemblaient fort : célibataires endurcis, peu d’amis et une vie dévouée pour un meilleur monde. Ce dernier arriva pendant ses pensées, tout heureux.

– « J’ai une bonne nouvelle, lança son ami. – Bonjour, content de te voir ainsi. – Oui… J’ai rancard avec un indic et il à un bon dossier sur notre

enquête. – C’est vrai ? – Non, je te charrie… – Pauvre… – C’est une blague, coupa Marc, ça t’arrive de rire ? Ou même de vivre

pour autre chose que le travail ?

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– Quelle ironie ! Raconte moi tout au lieu de faire mon procès. – Juste un indic qui me sert bien, j’ai rendez-vous avec lui à l’heure du

déjeuner. – Ok, je viens avec toi. Je le connais ? Questionna Raphaël. – Non, c’est Valentin Le Borgne. – C’est quoi se surnom ? – Il s’appelle vraiment comme ça… T’inquiète, il ne fais que loucher. – Non ! – Si, si… C’est con la vie quand même… Bon, tu viens ? – Oui, ça ne te dérange pas ? – Pas de soucis, mon poussin… » Son ami lui fit un clin d’œil et éclata de rire. Raphaël détestait se

surnom et cette couleur. Il se força à rire tout en maudissant son collègue. Il est trop heureux… Il a quelqu’un ? Chanceux… Malgré sa jalousie, Raphaël fut ravie d’une prochaine avancée dans ce dossier. Il en était temps ! Il replongea son nez dans cette affaire sans y voir plus clair. Plus il le lisait, moins il saisissait le lien. Il avait juste besoin d’un indice, juste un.

Petit à petit, tout le monde arriva, d’abord le plus ancien, un vieux prés de la retraite, lassé de son travail puis un petit homme, toujours peu agréable et attendant sa mutation dans un service sans crime. Raphaël le comprenait ; lui aussi en avait marre de ne pas trouver les criminels de plus en plus prudent. En entrant, ils sortaient tous la phrase d’accueil : « salut, sa va ? » et il répondait « oui et toi ? ». Comme si il leur dirait que ça ne vas pas ! Et surtout, comme si ils s’en foutais… Ils patientaient tous dans leurs coins, sans un mot ou regard, en attendant l’habituelle réunion du matin. Il en avait marre de ses habitudes, il voulait faire autre choses, sortir de ce cercle vicieux de « je fais tout le temps le même ». Raphaël regarda autour de lui : un groupe d’hommes, presque rien en commun. Tout les opposait : gabarits différents, divers âges, couleurs de peau et cheveux, sans compter la façon de voir les choses… Un joli mixte ! Tous de milieux et carrières variés de l’un à l’autre mais un seul accord entre eux : trouver le meurtrier et oublier l’affaire au plus vite. Enfin avant… Maintenant c’était : je recule à la moindre difficulté et j’abandonne ! Alors qu’avec leurs différentes façons de penser, voir les choses cela pourraient bien les aider à trouver plus facilement le coupable mais des-fois coopérer devenait difficile, chacun voulant sa part de mérite.

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Beaucoup d’enquêtes leur collaient à la peau et les faisaient souffrir. Ils ne peuvent oublier certaines personnes, ils apprenaient à les connaître après tous. Entrée dans l’intimité d’une personne demeurait normal pour ses hommes tout comme penser comme un criminel. Leur patron, Emmanuel Bertrand, débarqua en retard, pour ne pas changer, et démarra la discussion :

– « Bonjour tout le monde, du nouveau ? – Non, répondit le premier inspecteur. – Non, fit le second. – J’ai rendez-vous avec une source vers midi et demi, lança

joyeusement Marc. – Je vais avec lui, informa Raphaël. – D’accord, je veux un rapport et grouillez-vous de trouver ce malade.

Au boulot ! » Leur chef alla directement dans son bureau. Carrière irréprochable, bon

patron à l’écoute, toute son équipe le respectait. Ils se lancèrent un regard entre eux mais personne brisa le silence. Qui aura le courage ? Qui dira « je ne veut pas encore bosser sur cette affaire » ? Marc se leva et décréta une pause avant de se mettre au travail. Raphaël ne les suivit pas. Du café pour le rendre encore plus sur les nerfs ? Non, merci. Il attrapa son téléphone mobile en souhaitant avoir des nouvelles de ses indics. Rien ! En même temps, personnes n’avançaient… Tous les informateurs, même les plus fidèles demeuraient dans le silence. Il repris ses trois dossiers à la recherche d’un petit détail, d’un point commun : soit en couple, soit célibataire, fêtard ou pépère, tous n’ont pas de problème d’argent… Aucun soucis d’argent ? C’est impossible avec cette vie ! Jeune est déjà pleins de tunes ? Il consultât ses fichiers afin de trouver leurs salaires mais aussi leurs modes de vie. Il n’en revenait pas. Ils vivaient tous au dessus de leurs moyens ! Voilà LE dénominateur commun ! Il se sentit bête de ne pas l’avoir vu avant.

D’où vient tout ce pognon ? Il envoya un message à ses indics afin qu’ils se renseignent. En

attendant, il garda son information pour lui afin de monter un bon argumentaire pour rouvrir les autres cas. Il passa son temps à lancer des recherches sur les victimes. Merci internet ! On trouve vraiment tout… Il alla sur des sites de rencontres, les réseaux sociaux et trouva des photos de ses victimes toutes heureuses. Mais tout n’est que tromperie, on l’avait

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prise sous un bon jour, mais qui sont-ils vraiment ? Il se mit à lire les commentaires, les échanges mais tout demeurait platonique : des compliments, discuter de la pluie et du beau temps, partager son film préféré… Rien de personnel ou de dossier croustillant comme des disputes ou des insultes. Il reçut un SMS peu après onze heures : « je dois te voir vers midi trente, pas avant, pas après. Sur le grand pont ».

Quoi ? Il ne pouvais pas, il avait un autre indic à voir ! Il pesa quand même le

pour et le contre… Il voulait rencontrer son informateur, voir ce qu’il a à dire… Marc : il lui faisait confiance, il pouvait y aller seul. Pourtant, il souhaitait voir celui de son ami afin de savoir si il était fiable. Mais pourquoi au même moment ? Il prit sa décision : chacun de son côté et il en informa son ami dés qu’il rentra dans le bureau. D’abord surpris, il acquiesça sans rien dire après un temps de réflexion. Au fond de lui, Raphaël n’aimait pas son idée et décida de négocier l’heure avec son indic.

Attends une minute, je ne connais pas ce numéro… Il demanda l’identité de son interlocuteur et la réponse ne lui plut pas : « Je

m’appelle Rachel Brown, je suis là pour t’aider, tout à l’heure dirige toi vers la fille aux cheveux rouge pétant et ne perd pas de vue que la vie est un chemin semé de chances à saisir. » Il fut d’abord déconcerter mais fut ravis de son arrivée. Il enregistra son numéro au cas où elle lui servirait une autre fois. Une bonne information, c’est une bonne information, tant pis où elle à eu son numéro. Il se remit à réfléchir : midi et quart, il se dépêche avec elle, traverse la ville en gyrophare à tout blinde et c’est bon. Satisfait de son idée, il demanda poliment à Rachel d’avancer l’heure. Elle accepta sans ciller non plus.

Bonne journée ? Il regarda sa montre, se mit en route afin d’aller chercher un véhicule

de fonction puis se dirigea vers le pont. Il détestait conduire dans les grandes villes mais pour des renseignements capitaux, il n’hésitait pas. Peu après son départ, il se mit à pleuvoir. Il espéra que la voiture tenait bien la route… Il se rendit vers une ruelle déserte, essaya les freins et la tenue de route du véhicule de façon déconseillée en temps normal… Satisfait de ses manœuvres et de sa maîtrise, il retourna sur les grandes routes et alla jusqu’au pont. La circulation n’avançaient guère à n’importe quelle heure…

Allez avancez plus vite, je vais être en retard !

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Raphaël sentit le stress le gagné et respira fort afin de se calmer. Il fixa les gouttes d’eau sur son pare-brise et essaya de positiver ; son seul argument fut la pluie moins dense… Arrivé à destination, il se gara sur le trottoir, prés de la montée du pont et mis son badge en évidence afin de ne pas se la faire mettre en fourrière. On ne sait jamais et au moins il partiras plus vite. Des gens le dévisagèrent désapprouvant sa conduite. Il le savait : ce n’est pas parce que je suis un flic que je me crois tout permis ! Il courut et chercha la chevelure rouge. Il fut surpris de voir une fille, cheveux mi long, onduler et rouge, rempli de tatouages, habillée d’une jupe droite noir et d’un chemisier blanc sans oublier les haut talons noir. Pas si moche sur elle… Pensa-t-il. Les personnes passaient devant elle sans la remarquer. Rachel l’attendait au milieu de la passerelle et lui fit signe en le voyant. Il s’approcha et ne put se présenter.

– « Ne vas pas à se rendez-vous, attaqua-t-elle. – Quoi ? Mais pourquoi ? – Écoute moi sans poser de question : n’y vas pas, un point c’est tout,

supplia t-elle. – Comment tu le sait ? – On est tous sur écoute… – T’es parano. – Non, on ne l’es pas tout le temps, rassure toi. Bizarre le mobile, les

réseaux sociaux, les caméras intégrées sur les pc… On nous à endoctriné pour les utiliser, on nous surveille.

– On ne se connaît pas et tu m’agresses comme ça ? – Je ne rigole pas, tu ne trouves pas bizarre que tu es sur un site, puis

sur ta messagerie qui te met des pub sur ce que tu viens de regarder ? Où le système de géolocalisation ?

– Ça arrive rarement… – Oui mais c’est une preuve. – Non. – Ok, j’ai pas vraiment de preuve tangible mais crois-moi et n’y vas pas. – Non, répondit-il sèchement. – Non ? – J’y vais tout de suite, je ne te connaîs pas ! Pourquoi je te croirais et

t’écouterais ? – Attend, implora t-elle.

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– Non, on n’a plus rien à se dire. Oublie mon numéro. – Tu veux une infos ? – Je m’en fous. – Je suis sérieuse. – Moi aussi. – Sur l’enquête de Jeff, ton cher ennemi… – Pas intéressant. – Vas chez Léonard, le revendeur de drogue, il connaît le coupable. – Plus tard. – Non… Jeff… Il est en vacance après… Tu ne veux pas encore le

ridiculiser ? En plus ça vas bien lui pourrir ses congés… – Léonard ? Répéta Raphaël. – Oui. » Raphaël remonta dans sa voiture et se dirigea vers le centre ville. Il

pensa à son information : Jeff, j’ai un coupable, toi non, tu es vraiment nul ! Tes vacances vont être naze… Il se permit un petit mouvement de bras montrant son contentement et sa victoire. Son moral touchait le septième ciel. Il prit son téléphone, demanda à un de ses collègue l’adresse de Léonard et le mit sur le GPS.

Oups ! Les méchants vont savoir où je suis… Vilaine géolocalisation… Il rigola de sa blague en se demandant qu’elle mouche avait piqué Rachel

pour croire à ses âneries. Ma petite, tu es folle ! Se dit-il. Mais comment elle est au courant pour Jeff ? Ils ne s’étaient jamais vu auparavant… Il s’arrêta sur le bord de la route et le lui demanda par message. La réponse le fit réfléchir : « repense à notre discussion ». Elle devait connaître un de ses indics ou un de son bureau… Sinon, il est dans la merde…

Á quelques kilomètres de là, Marc arrivait à son rendez-vous dans le parc du centre ville. Il marcha entre les arbres, à l’affût de son informateur. Personne ne se promenait par ce temps humide. Il regarda sa montre et vit midi vingt cinq. De loin, il vit un homme assez grand et maigre, visage recouvert. En s’approchant, Marc vit que l’homme portait un foulard noir avec un tête de mort blanche sur sa bouche. Sans se poser de question, il se dirigea vers l’inconnu tout en sortant son arme. L’étranger en sortis une aussi… Marc le visa et allait faire une sommation mais l’homme lui tira une balle entre ses deux yeux avant qu’un mot ne sorte.

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Chapitre 2

« A toute les unités, officier à terre dans le parc du centre ville. Tous les officiers dans ce secteur sont attendus en renfort pour rechercher le tireur. »

Cette annonce effraya Raphaël, il bifurqua jusqu’à l’endroit. Il pensa au rendez-vous de Marc… Il accéléra et ne respecta plus le code de la route. Il mit son gyrophare et klaxonna afin qu’on le laisse passer. Marc, Marc, Marc… S’écria-t-il. Ses mains tremblaient sur le guidon et il se concentra sur la route. Heureusement, il n’était pas loin… Il se gara de travers sur le parking et couru vers les policiers en montrant son badge. On le dirigea vers le corps et le reconnu. Il tomba à genoux devant le corps inanimé de son ami. Elle le savait… Il déglutit, leva les yeux au ciel et laissa la pluie cacher ses larmes. Un officier lui tapa l’épaule en lui présentant ses condoléances. Il se dit qu’elle allait le payer… Il se releva, demanda si il possédait un témoin mais la réponse fut négative. Il s’éloigna du corps et téléphona à sa nouvelle indic. Une seule tonalité se fit entendre, elle décrocha juste après.

– « Tu le savais ? – Quoi ? – Marc est mort, tuer ! – Je sais juste que c’était dangereux, désolé. – Pas de désolé, par qui tu l’a appris ? – Je ne peux pas te le dire, je suis morte si je balance. – Quoi ? – Fais ton deuil calmement et ne cherche pas à le venger.

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– Et pourquoi ? – Ça ne sert à rien, tu le venges mais rien ne se passera dans ton cœur,

ça ne le ramènera pas. – Je ne suis pas un gosse, je vais le trouver et le trouer ! Marc est mon

meilleur ami. – Je sais mais un ami ça vient et ça part. – Sympa comme idée. – Je m’attache à personne pour ne pas avoir mal au cœur. – Tu y arrives ? – Oui, sauf pour une personne. – Qui ? – … – Qui ? Insista Raphaël. – Mon cul ! – Très drôle… – Fais attention à toi, ce n’est pas un jeu. » Rachel raccrocha. Qu’est ce qu’elle veut me dire ? Se demanda

l’enquêteur, elle doit protéger le tueur… Il était tombé dans le panneau, elle savait qu’il n’allait pas résister à humilier Jeff. Raphaël se retourna et vit un inspecteur, il s’approcha de lui, se présenta et formula son vœu d’avoir l’enquête. Ce dernier accepta sans riposter. Une affaire en moins devait l’arranger… Il appela son chef pour le prévenir du meurtre de Marc et donna ses ordres aux officiers présent. A ses yeux, il s’agissait de l’œuvre d’un professionnel donc pas d’indice sauf une douille mais il l’avait peut être récupéré. Il ne supportait pas la vue du corps de son ami et décida de retourner au commissariat. Il prit tout son temps, repensa à Marc et se promis d’attraper le tireur et d’enfermer cette Rachel pour complicité. Avant de monter vers son bureau, il vérifia ses yeux : ils n’étaient plus rouges. Il croisa Jeff en montant les marches et lui refila le tuyau. Maintenant vas te vanter d’avoir élucider l’enquête tout seul, pensa-t-il. Déçu de ne pas l’avoir ridiculisé, il frappa le mur et continua sa route. Personne n’avait l’air d’être au courant pour Marc… Devant la porte de son bureau, il souffla un bon coup, l’ouvrit et annonça :

– « On est en charge du meurtre de Marc. – Quoi ? Cria son patron.

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– Premier arrivé sur les lieux, premier servi ! – Non, c’est un de mes hommes, on a pas à nous la refiler, c’est pas

logique ! – Et là si, les autres sont submergé d’affaires. – Au faites t’es vivant ? Demanda un collègue. – Oui, j’ai eu un appel avant donc je n’y suis pas allé. – Ok. – Je ne veux pas de l’enquête, on es trop affecté et je me fous des autres,

repris le chef. – Non, pas du tout, ils vont bâcler le dossier, rétorqua Raphaël. – Je vais voir à qui je peux la refiler. » Il lui fallait un détail pour la garder, un bon argument. Pourquoi

vouloir le tuer ? Il tenta un coup de bluff. – « C’est directement relier à notre enquête, on a voulu le faire taire. – Et ? Questionna le patron. – Il s’agit d’un meurtre dans le cadre de notre affaire donc si on a le

coupable de la victime, on a le sien. – Je peux donner notre enquête à un autre groupe ; dans ce cas c’est un

collègue de notre équipe, on a pas a enquêter dessus. Tu compte le comprendre un jour ou l’autre ou il faut que je te frappe pour que sa rentre ?

– Les autres non plus dans ce cas, on est tous collègues. – Joue pas au malin, prévient le chef. – Mais on va perdre du temps à leur refiler, tant qu’ils prennent

compte de notre dossier. – Quel dossier ? Ironisa le supérieur. – Je suis sur un coup : nos trois derniers morts gagnent de l’argent

illégalement. – Quoi ? – Comparer leurs salaires avec leurs façons de vivre, il y a un trou, trop

d’argent ! – Vous le direz à vos collègues, compris ? » Raphaël attendit que son patron lui tourne le dos, prit les dossiers et

partis vers la photocopieuse. Autant enquêter en douce, songea t-il. Énervé, épuisé, il se concentra pour ne pas craquer ici. Il fallait vérifier si l’argent

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qu’ils avaient ne venais pas d’un héritage… Tout en faisant les photocopies, il relisait pour la énième fois toutes les affaires. Marc aurais du lui parler de ce qu’il possédait, il avait jouer avec le feu. Il se demandait pourquoi l’avoir tuer et surtout que savait-il. Depuis le temps qu’ils se connaissaient, pour Raphaël, ce fut le premier secret entre eux. Entre deux chemises, il trouva un papier manuscrit.

Annabelle T. : 2 300 euros (emprunt), ne sait pas nager… Thomas S. : 5 000 euros (vente de drogue) Samuel A. : 8 000 (dette de jeux) Rachel.

Rachel ? A quoi elle joue ? Quand est-elle rentrer ici ? Raphaël regarda à droite et à gauche mais ne la vit pas. Il se surpris à

trembler de peur. Il n’aimait guère cette situation. Il fixa ses collègues passant dans le couloir, aucun d’eux ne le scruta.

Qui me surveille ? Qui est de mèche avec ? Il prit le papier, le photocopia en prenant soin d’enlever le prénom et le

remit dans une des chemises. De retour dans son bureau, il cacha ses copies et donna le reste à son supérieur. Il ne verra que du feu, songea l’inspecteur. Entre temps son coéquipier était partis, il n’aura donc pas à expliquer son petit trafic de feuilles. Il envoya un simple merci à Rachel et reçut à son tour : « lâche l’affaire c’est trop dangereux ». Il n’avait pas d’ordres à recevoir d’elle. Il remit son téléphone dans sa poche et leva les yeux vers son patron. Il fit son malheureux pour avoir des jours de repos dans le but d’avancer l’enquête… Au moment où son chef le fixa, il cacha son visage, fit des mouvement d’épaules. Il détestait de se servir de la mort de Marc comme cela mais si il pouvait gagner du temps… Ce dernier le vit, le congédia pour la journée et lui donna quelques jours pour faire son deuil. Raphaël accepta sans hésiter. Il sortit une sacoche de son armoire et prit toute sa paperasse au moment où son chef quitta la pièce. Il fera cette enquête avec ou sans son aide…

Raphaël retourna chez lui en courant afin d’évacuer la haine et le désespoir emmagasiné depuis le décès de son ami. En entrant dans le hall de l’immeuble, ouvrit sa boite aux lettres, espérant qu’on lui avait laissé une info. Il découvrit une enveloppe, l’arracha soigneusement de suite. Il resta sans voix : une clef, un badge pour entrer dans un immeuble, une adresse et

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ses mots « garde les sur toi au cas ou. Rachel ». Mais qu’est ce qu’elle lui voulait ? Est-il son nouveau jouet ? Dans quelle merde Marc s’était foutu ?

Au fond de lui, elle lui inspirait confiance mais sans savoir pourquoi. Son regard bleu profond peut être… Il empocha les affaires, alla s’enfermer de suite chez lui et pleura à chaudes larmes. Il avait tenu bon au travail et se moment seul lui fit le plus grand bien. Il cria et tapa dans un coussin, le choc passé, il fila sous les couvertures. Il ne voulait pas reconnaître la mort de Marc. Ce n’est qu’un mauvais rêve, tu vas bientôt te réveiller, se répéta-t-il. Il ne trouva pas sommeil cette nuit là ; il se forçait à croire que tout n’était qu’un cauchemar.

Raphaël se leva le lendemain avec un mal de crâne. Il passa ce jour la en traînant chez lui tel un zombi : affalé sur le canapé, yeux dans le vide, longeant de temps en temps son appartement sans raison, frappant dans les murs au passage ou se rongeant les ongles jusqu’au sang. Personne ne l’appelait et lui ne comptait pas sortir. Il ne travaillait même pas sur son enquête, démotivé par cette perte. Il fixais souvent son téléphone dans l’attente d’un numéro : celui de Rachel, il n’attendait qu’elle. Il avait besoin d’elle et de ses informations, elle lui cachait beaucoup trop de choses. Il se força à manger et à oublier le décès de Marc, sans y arriver. Il se répétait : ce n’est pas arrivé. Il sortit le peu de photos de Marc, s’installa dans le fauteuil et se remit à pleurer. Il aurait du être là pour le protéger… Il se rendit dans sa salle de bain afin de rafraîchir son visage brûlant et vit un mot sur sa glace : « aujourd’hui est le premier jour du reste de ta vie ».

Quoi ? Il devait oublier le passé ? Marc ? Et avancer comme si de rien n’était ? Elle a un grain !

Il arracha le post-it et le jeta. Il se demanda pourquoi il n’avait pas acheté un punching-ball… Au pire il la pendrait par les pieds… Il s’engouffra dans son lit, déprimé, ses yeux lui piquait. Une question lui vint à l’esprit : comment est-elle entrée ? Et quand ? Elle me suit ? Il se releva et la chercha partout dans les autres pièces et dans les armoires. Rien. Il vérifia sa porte d’entrée et mis la chaînette.

Pourquoi elle fait ça ? Que sait-elle exactement ? Il retourna dans son lit et tenta d’oublier les derniers événements. Son

corps fut pris de tremblement et il resta dans ce cocon tout le reste de la journée, déprimant, pleurant, angoissant. Il se releva et cette fois-ci chercha

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après des micros et des caméras. Il ne trouva rien, ce qui lui paraissait bizarre.

Le lendemain matin fut comme le précédant, il s’installa dans son canapé et resta immobile. Il entendit des bruit de pas dans le couloir de son immeuble et un murmure. Il se retourna vers sa porte et vu une feuille. Il s’y précipita et reconnu le mortuaire de son ami. Il regarda la date de l’enterrement et se promis d’y aller. Il se dirigea vers la poubelle, ne voulant garder aucun mauvais souvenir.

Qui a glissé la feuille ? Il revint vers la porte et jeta un coup d’œil dans l’œilleton mais ne vit

rien. Il sortit de chez lui et couru dans les escaliers mais personne ne s’y trouvait.

Qui est venu ? Deux mots en deux jours… Elle veut me rendre paranoïaque ?

Il décida de ne pas y penser, revint dans son appartement et déposa le papier sur sa table. Toute la matinée, il ne fit rien, il resta devant sa fenêtre tout en scrutant les passants, pensant voir Marc venir chez lui ou au moins une chevelure rouge… Il repensa à son père qui lui répétait sans cesse cette phrase : « si on n’est pas indulgent avec soi-même, qui le sera ? ». Pourquoi pas ? Il n’aurais peut être pas réussi à le sauver… Il se décida de se mettre au travail, d’en finir une bonne fois pour toute mais son cœur se déchira : il reconnut enfin le décès de son ami… Quelques minutes plus tard, il reçu un appel. Il courut répondre sans vérifier l’appelant.

– « Salut Raphaël, on se demande tous comment tu vas et si tu viens après-demain à l’enterrement.

– Oui, ça va… Patron : merci. – Pas de patron, s’il te plaît. Je m’inquiète pour toi. Vous étiez proche

tous les deux. Si ça peux te rassurer, j’ai refilé l’affaire à l’équipe de David. – Ok, merci. – Bon… A l’enterrement ? – Oui. » Ce n’est pas de toi que j’ai besoin, pensa-t-il. Il balança son téléphone à

travers la pièce. Ce dernier se fracassa contre un mur. Heureusement, il possédait encore l’ancien. Il ramassa les morceaux et mis sa SIM dans son autre mobile. Il ne dormait presque pas ces jours-ci ; dés qu’il fermait les

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yeux, il revoyait le cadavre de son ami. Il aurait du être là, il aurait pu le sauver… Rachel serait là, elle lui dirait : « ce qui est fait et fait, tu ne peux pas le changer alors arrête de te morfondre et accepte le. Tes hypothèses te tuent, l’avenir te sourit ». Sa journée se déroula dans le silence complet et dans l’interrogation : que savait t-il ? Il devait connaître un bon truc pour se faire tuer ; il a remonté la piste de l’argent trop loin ? Il faut que j’y arrive aussi… Il décida d’appeler les banques afin d’avoir les relevés de compte des victimes, les dix derniers lui paraissait une bonne idée. Les banquiers dans un premier temps lui refusèrent mais en appelant une certaine connaissance bien placée, Raphaël les recevraient sous peu directement à son bureau. Cela lui prit son après midi mais fut content de son avancement : enfin une piste à explorer. Il décida d’aller se coucher tôt pour reprendre ses forces. Vaut mieux avoir une bonne tête pour le surlendemain sinon ils le mettront en arrêt. Dans un sens ça pouvait être pratique… Mais il n’aurait pas certaines informations. Il se coucha et ses pensées furent pour Rachel : tu connaîs le coupable mais tu ne veux pas le balancer… Tu restes prés de moi pour l’avancement de l’enquête… Qui es tu ? Pour la première fois depuis sa rencontre elle lui faisait peur.

Dans un tout autre lieu, un homme au visage fermé, cognac à la main, regardait les informations dans son fauteuil confortable. On parlait sans cesse du meurtre d’un policier, aucun témoin, aucun indice. Ces détails le fit sourire. Il se leva et alla vers son bureau fait de verre, sorti une feuille et barra le nom de Marc. Il se releva, se dirigea vers sa fenêtre et admira la ville : son terrain de jeu. Lui et sa petite sœur ont petit à petit acheté Anvil : entreprises diverses, commerces et personnes importantes… Ils possédaient d’autres villes et bientôt, ils déménageraient vers une autre à conquérir. Pourtant, ses revenus ne le satisfaisait pas, il en voulait plus… Il régnait de plus en plus sur la drogue, la prostitution et le blanchiment d’argent ; Il ne reculerait devant rien, l’appât du gain est sa drogue. Il se trouvait intouchable, trop important donc inattaquable… Sa sœur travaillait pour lui : un bon chien-chien fidèle. Elle connaissait toutes ses combines mais ne disait rien, lui pensait que seul l’argent comptait, les pertes humaines importaient peu. Pourtant, il envisageait de l’éliminer, d’avoir plus de pouvoir… La famille, à ses yeux, demeurait juste de la compagnie obligatoire. Le seul problème : leur père… Jamais il accepterait

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la mort d’un de ses enfants surtout tuer par un des siens… Le seul à connaître l’existence de sa sœur… Ils avaient toujours fait attention à leur comportement l’un envers l’autre, ne relevant rien de leur vrai relation… Il fut interrompu dans sa rêverie par l’un de ses employés.

– « On a un petit soucis, commença le salarié. – Vraiment ? – Un flic s’intéresse aux comptes d’Annabelle, de Thomas et de

Samuel. – Laisse le, il ne remontera pas jusqu’à nous. – Et si… – On le tuera ».