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Récupération des métaux précieux : les déchets de coupe de feuille de cupro-béryllium sont très recherchés 30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax :01 40 44 30 41 LE POINT DES CONNAISSANCES - AVRIL 2003 1 L L e béryllium (ou glucinium) est, par ordre d’importance, le 48 e composé de l’écorce terrestre. Il est présent dans quarante- cinq minerais différents, mais seuls les gisements de béryl et de ber- trandite sont exploitables et rentables économiquement. Les réserves mondiales de béryllium sont estimées à 80 000 tonnes, dont 65 % se trouvent aux États-Unis. Actuellement, la production se délocalise dans les pays de l’Est, l’Afrique et l’Asie. En 2001, la production mondiale était de 280 tonnes de béryllium. En 2001, en France, les quantités importées étaient de 0,4 tonnes de béryllium pur, 20,5 tonnes de produits en contenant, et 19,9 tonnes de déchets à base de béryllium. UTILISATION Le béryllium est un métal gris-argenté, d’aspect brillant, plus lé- ger que l’aluminium et plus résistant que l’acier. Il est également non magnétique, résistant à la corrosion et bon conducteur ther- mique. Du fait de ces propriétés, il est présent dans de nombreux secteurs industriels. Métallurgie et fabrication d’alliages Ce secteur est le plus gros utilisateur de béryllium. Les alliages cupro-béryllium, contenant moins de 4 % de béryl- lium métallique, sont utilisés pour la fabrication d’appareils de ré- glage et de contrôle, en mécanique de précision, pour la fabrica- tion de ressorts d’appareils électriques, de balanciers et de re- montoirs en horlogerie, pour la fabrication d’articles de sport (clubs de golf, cadres de vélo), ainsi que d’outils anti-déflagrants employés dans l’industrie pétrochimique. Cet alliage améliore la coulée des plastiques dans l’industrie des moules et modèles. L’ alliage avec l’aluminium est utilisé dans les structures d’avions et de satellites, les étriers de freins pour le sport automobile. L’alliage nickel-béryllium, doté d’une bonne conductivité ther- mique, permet de réaliser de petits contacteurs thermo-sensibles, comme les détecteurs de déclenchement des airbags. Les alliages nickel-chrome ou nickel-cobalt qui contiennent du béryllium remplacent les alliages précieux à base d’or ou d’argent dans les prothèses dentaires. Le béryllium ajouté aux alliages contenant des métaux oxy- dables, est utilisé entre autres en bijouterie et lunetterie. Industrie des métaux précieux Le béryllium est présent dans de nombreux types de déchets in- dustriels. La récupération des métaux précieux peut entraîner une exposition au béryllium. ■■■ LE POINT DES CONNAISSANCES SUR ... LE POINT DES CONNAISSANCES - AVRIL 2003 4 droits réservés Les nombreuses propriétés du béryl- lium en font un matériau de choix dans de très nombreux domaines in- dustriels. Mais, bien qu’il soit utilisé en quantité généralement faible, c’est un composé toxique à utiliser avec précaution. Les études épidémiologiques menées sur des populations ex- posées au béryllium au cours de leur activité profession- nelle proviennent principalement des États-Unis, longtemps le premier producteur et utilisateur de béryllium. Dans le cadre de la surveillance sanitaire des salariés des mines d’extraction du béryllium, 6 614 personnes ont été exa- minées. Après l’examen clinique, 154 cas de sensibilité au bé- ryllium et 81 cas de bérylliose ont été diagnostiqués : prin- cipalement des ouvriers qui extrayaient le métal à partir du minerai et les laborantins chargés de contrôler les produits. Une autre étude a été menée dans un établissement d’ex- traction du minerai de béryl et du métal. Sur les 75 salariés examinés, 3 étaient sensibles au béryllium et un cas de bé- rylliose a été diagnostiqué. Entre 1995 et 1997, 235 salariés d’une société d’extraction du béryllium ont été examinés : 15 ouvriers présentaient un test sanguin de prolifération lymphocytaire anormal, 9 d’entre eux étaient atteints de bérylliose. Par la suite, le suivi de 187 des ouvriers précédents (1997-1999) a montré que 7 sont de- venus sensibles au béryllium ou ont déclaré une bérylliose; par ailleurs, le taux de personnes sensibles au béryllium a aug- menté. D’après l’EPA (Environmental Protection Agency aux Etats- Unis), le premier cas avéré de bérylliose a été déclaré en 1984. Entre 1991 et 1996, 76 cas de sensibilité au métal et 29 cas de bérylliose dans le secteur minier ont été diagnostiqués. Au cours d’une étude menée de 1984 à 1993, dans le sec- teur de l’industrie de production du métal pur, des alliages et des céramiques à base de béryllium par le «Centre de la santé» (Université du Colorado) 627 personnes ont été exa- minées : 59 cas de sensibilité au béryllium et 32 cas de bé- rylliose ont été diagnostiqués. Ces derniers étaient princi- palement des salariés appartenant au secteur de la fabrication de céramiques à base d’oxyde de béryllium et du secteur de l’extraction du métal. La Division des Etudes des Maladies Respiratoires du NIOSH a mené une étude épidémiologique dans l’industrie de pro- duction de céramiques en 1998. Parmi les 151 salariés sui- vis, 15 d’entre eux avaient un test sanguin de prolifération lymphocytaire anormal et 8 étaient atteints de bérylliose. Les cas de sensibilité au béryllium ou de bérylliose ont été dia- gnostiqués chez des salariés dont l’ancienneté pouvait va- rier de quelques mois à plusieurs dizaines d’années, ce qui signifie que la sensibilité au béryllium ou la bérylliose peut se déclarer peu de temps après la première exposition. Le Département de l’Energie Américain a effectué un dé- pistage auprès de ses 20 000 salariés exposés au béryllium sur 22 sites différents. 223 salariés étaient sensibles au mé- tal et 141 souffraient de bérylliose. Les travaux de recherche américains - le test réalisé à partir d’un lavage broncho-alvéolaire permet, quant à lui, de diagnostiquer 100 % des personnes sensibles au béryllium. La radiographie pulmonaire peut également être faite, quoiqu’elle ne permette pas de distinguer les patients atteints de bérylliose de ceux atteints de sarcoïdose. Seul le récapitulatif de la carrière pro- fessionnelle, associé au test de prolifération lymphocytaire, pourra permettre d’établir le diagnostic. Gestion du risque Compte tenu de la toxicité très élevée de ce métal, l’utilisation du béryllium, de ses composés et même des alliages n’en contenant que quelques % exige le respect de mesures de prévention strictes. Une évaluation des risques, éventuellement accompagnée de mesures d’exposition, permettra de définir précisément les mesures à mettre en œuvre. Lorsque cela est techniquement possible, au béryllium et à ses com- posés doivent être substitués d’autres substances moins dangereuses pour la santé. Certaines sociétés proposent aujourd’hui des alliages autres que ceux contenant du béryllium. Du point de vue technique, les principales mesures de prévention consistent d’une part à éviter l’inhalation des poussières par les sa- lariés et d’autre part à empêcher la pollution de l’atelier, limitant ainsi les risques de contaminations par l’intermédiaire des mains ou des vêtements, c’est-à-dire : utiliser des procédés limitant les émissions de poussières - en réalisant les opérations en enceinte fermée, - en captant les émissions au plus près de leur source ; éviter tout contact avec la peau par le port de gants et de vête- ment de protection, notamment lors de la manipulation de pièces susceptibles de présenter des parties coupantes ; maintenir les locaux de travail dans un bon état de propreté ; respecter des règles d’hygiène strictes : - interdire de boire, manger, fumer sur les lieux de travail, - se laver les mains et le visage avant les repas, - se doucher après le travail, des douches devant être à la disposi- tion des salariés, - changer de vêtements après le travail ; des vestiaires devant per- mettre la séparation des vêtements de travail et de ville. ED 5020 Le b é ryllium avril 2003 AUTEURS : Barbara SAVARY, Raymond VINCENT , Arlette PELTIER avec Graziella DORNIER COORDINATION : Martine PUZIN SECRÉTATIAT DE RÉDACTION : Christine LARCHER MAQUETTE : Atelier CAUSSE CONTACTS : • Service Prévention de votre CRAM INRS, tél. : 01 40 44 30 00; site web www.inrs.fr mel : [email protected] paru dans Travail et Sécurité, avril 2003 © INRS Définition, PRÉVENTION et RÉGLEMENTATION FT 92 Béryllium et composés minéraux. Paris, INRS, 1992, 4 p. ND 1830 Pollution dans les ateliers de prothèses dentaires. CND - Hygiène et Sécurité du Travail, 1991, 143, pp. 263-276. ND 1971 Pollution dans les ateliers de fabrication de bijoux. CND - Hygiène et Sécurité du Travail, 1994, 157, pp. 411-421. ND 2056 Evaluation de l'exposition professionnelle au béryllium dans les en- treprises utilisatrices d'alliages cuivre-béryllium. CND - Hygiène et Sé- curité du Travail, 1997, 168, pp. 403-410. TS sept. 2000 Un tour bien ventilé pour usiner le béryllium. Travail et Sécurité, 2000, 599, pp. 38-39 Les publications de l’INRS

Les travaux de recherche américains POINT 75680 Paris

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Page 1: Les travaux de recherche américains POINT 75680 Paris

Récupération des métaux précieux : les déchets de coupe defeuille de cupro-béryllium sont très recherchés

30, rue Olivier-Noyer75680 Paris cedex 14Tél. 01 40 44 30 00Fax : 01 40 44 30 41

LE POINT DES CONNAISSANCES - AVRIL 2003 1

LL e béryllium (ou glucinium) est, par ordre d’importance, le 48e

composé de l’écorce terrestre. Il est présent dans quarante-cinq minerais différents, mais seuls les gisements de béryl et de ber-trandite sont exploitables et rentables économiquement.Les réserves mondiales de béryllium sont estimées à 80 000 tonnes,dont 65 % se trouvent aux États-Unis. Actuellement, la productionse délocalise dans les pays de l’Est, l’Afrique et l’Asie. En 2001, laproduction mondiale était de 280 tonnes de béryllium.En 2001, en France, les quantités importées étaient de 0,4 tonnesde béryllium pur, 20,5 tonnes de produits en contenant, et 19,9tonnes de déchets à base de béryllium.

UTILISATION

Le béryllium est un métal gris-argenté, d’aspect brillant, plus lé-ger que l’aluminium et plus résistant que l’acier. Il est égalementnon magnétique, résistant à la corrosion et bon conducteur ther-mique. Du fait de ces propriétés, il est présent dans de nombreuxsecteurs industriels.

Métallurgie et fabrication d’alliages Ce secteur est le plus gros utilisateur de béryllium. ◗ Les alliages cupro-béryllium, contenant moins de 4 % de béryl-

lium métallique, sont utilisés pour la fabrication d’appareils de ré-glage et de contrôle, en mécanique de précision, pour la fabrica-tion de ressorts d’appareils électriques, de balanciers et de re-montoirs en horlogerie, pour la fabrication d’articles de sport(clubs de golf, cadres de vélo), ainsi que d’outils anti-déflagrantsemployés dans l’industrie pétrochimique. Cet alliage améliore lacoulée des plastiques dans l’industrie des moules et modèles.◗ L’alliage avec l’aluminium est utilisé dans les structures d’avionset de satellites, les étriers de freins pour le sport automobile.◗ L’alliage nickel-béryllium, doté d’une bonne conductivité ther-mique, permet de réaliser de petits contacteurs thermo-sensibles,comme les détecteurs de déclenchement des airbags.◗ Les alliages nickel-chrome ou nickel-cobalt qui contiennent dubéryllium remplacent les alliages précieux à base d’or ou d’argentdans les prothèses dentaires.◗ Le béryllium ajouté aux alliages contenant des métaux oxy-dables, est utilisé entre autres en bijouterie et lunetterie.

Industrie des métaux précieuxLe béryllium est présent dans de nombreux types de déchets in-dustriels. La récupération des métaux précieux peut entraîner uneexposition au béryllium. ■ ■ ■

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Les nombreuses propriétés du béryl-lium en font un matériau de choixdans de très nombreux domaines in-dustriels. Mais, bien qu’il soit utiliséen quantité généralement faible, c’estun composé toxique à utiliser avecprécaution.

Les études épidémiologiques menées sur des populations ex-posées au béryllium au cours de leur activité profession-nelle proviennent principalement des États-Unis, longtempsle premier producteur et utilisateur de béryllium.

◗ Dans le cadre de la surveillance sanitaire des salariés desmines d’extraction du béryllium, 6 614 personnes ont été exa-minées. Après l’examen clinique, 154 cas de sensibilité au bé-ryllium et 81 cas de bérylliose ont été diagnostiqués : prin-cipalement des ouvriers qui extrayaient le métal à partir duminerai et les laborantins chargés de contrôler les produits.

◗ Une autre étude a été menée dans un établissement d’ex-traction du minerai de béryl et du métal. Sur les 75 salariésexaminés, 3 étaient sensibles au béryllium et un cas de bé-rylliose a été diagnostiqué.

◗ Entre 1995 et 1997, 235 salariés d’une société d’extractiondu béryllium ont été examinés : 15 ouvriers présentaient untest sanguin de prolifération lymphocytaire anormal, 9 d’entreeux étaient atteints de bérylliose. Par la suite, le suivi de 187des ouvriers précédents (1997-1999) a montré que 7 sont de-venus sensibles au béryllium ou ont déclaré une bérylliose;par ailleurs, le taux de personnes sensibles au béryllium a aug-menté.

◗ D’après l’EPA (Environmental Protection Agency aux Etats-Unis), le premier cas avéré de bérylliose a été déclaré en 1984.Entre 1991 et 1996, 76 cas de sensibilité au métal et 29 casde bérylliose dans le secteur minier ont été diagnostiqués.

◗ Au cours d’une étude menée de 1984 à 1993, dans le sec-teur de l’industrie de production du métal pur, des alliageset des céramiques à base de béryllium par le « Centre de lasanté» (Université du Colorado) 627 personnes ont été exa-minées : 59 cas de sensibilité au béryllium et 32 cas de bé-rylliose ont été diagnostiqués. Ces derniers étaient princi-palement des salariés appartenant au secteur de la fabricationde céramiques à base d’oxyde de béryllium et du secteur del’extraction du métal.

◗ La Division des Etudes des Maladies Respiratoires du NIOSHa mené une étude épidémiologique dans l’industrie de pro-duction de céramiques en 1998. Parmi les 151 salariés sui-vis, 15 d’entre eux avaient un test sanguin de proliférationlymphocytaire anormal et 8 étaient atteints de bérylliose. Lescas de sensibilité au béryllium ou de bérylliose ont été dia-gnostiqués chez des salariés dont l’ancienneté pouvait va-rier de quelques mois à plusieurs dizaines d’années, ce quisignifie que la sensibilité au béryllium ou la bérylliose peutse déclarer peu de temps après la première exposition.

◗ Le Département de l’Energie Américain a effectué un dé-pistage auprès de ses 20 000 salariés exposés au bérylliumsur 22 sites différents. 223 salariés étaient sensibles au mé-tal et 141 souffraient de bérylliose.

Les travaux de recherche américains

- le test réalisé à partir d’un lavage broncho-alvéolaire permet, quantà lui, de diagnostiquer 100 % des personnes sensibles au béryllium.

La radiographie pulmonaire peut également être faite, quoiqu’elle nepermette pas de distinguer les patients atteints de bérylliose deceux atteints de sarcoïdose. Seul le récapitulatif de la carrière pro-fessionnelle, associé au test de prolifération lymphocytaire, pourrapermettre d’établir le diagnostic.

Gestion du risque

Compte tenu de la toxicité très élevée de ce métal, l’utilisation dubéryllium, de ses composés et même des alliages n’en contenant quequelques % exige le respect de mesures de prévention strictes. Uneévaluation des risques, éventuellement accompagnée de mesuresd’exposition, permettra de définir précisément les mesures à mettreen œuvre.

Lorsque cela est techniquement possible, au béryllium et à ses com-posés doivent être substitués d’autres substances moins dangereusespour la santé. Certaines sociétés proposent aujourd’hui des alliagesautres que ceux contenant du béryllium.

Du point de vue technique, les principales mesures de préventionconsistent d’une part à éviter l’inhalation des poussières par les sa-lariés et d’autre part à empêcher la pollution de l’atelier, limitant ainsiles risques de contaminations par l’intermédiaire des mains ou desvêtements, c’est-à-dire :◗ utiliser des procédés limitant les émissions de poussières - en réalisant les opérations en enceinte fermée,- en captant les émissions au plus près de leur source ;◗ éviter tout contact avec la peau par le port de gants et de vête-ment de protection, notamment lors de la manipulation de piècessusceptibles de présenter des parties coupantes ;◗ maintenir les locaux de travail dans un bon état de propreté ;◗ respecter des règles d’hygiène strictes :- interdire de boire, manger, fumer sur les lieux de travail,- se laver les mains et le visage avant les repas, - se doucher après le travail, des douches devant être à la disposi-tion des salariés,- changer de vêtements après le travail ; des vestiaires devant per-mettre la séparation des vêtements de travail et de ville. ■

ED 5020

Le béryllium

avril2003

AUTEURS : Barbara SAVARY, Raymond VINCENT , Arlette PELTIER avec GraziellaDORNIER COORDINATION : Martine PUZIN SECRÉTATIAT DE RÉDACTION : Christine LARCHER

MAQUETTE : Atelier CAUSSECONTACTS : • Service Prévention de votre CRAM • INRS, tél. : 01 40 44 30 00; site web www.inrs.fr • mel : [email protected]

paru dans Travail et Sécurité, avril 2003 © INRS

Définition, PRÉVENTION et RÉGLEMENTATION

FT 92 Béryllium et composés minéraux. Paris, INRS, 1992, 4 p. ND 1830 Pollution dans les ateliers de prothèses dentaires. CND - Hygiène et

Sécurité du Travail, 1991, 143, pp. 263-276.ND 1971 Pollution dans les ateliers de fabrication de bijoux. CND - Hygiène et

Sécurité du Travail, 1994, 157, pp. 411-421.ND 2056 Evaluation de l'exposition professionnelle au béryllium dans les en-

treprises utilisatrices d'alliages cuivre-béryllium. CND - Hygiène et Sé-curité du Travail, 1997, 168, pp. 403-410.

TS sept. 2000 Un tour bien ventilé pour usiner le béryllium. Travail et Sécurité,2000, 599, pp. 38-39

Les publications de l’INRS

Page 2: Les travaux de recherche américains POINT 75680 Paris

Industrie des céramiques L’oxyde de béryllium est présent dans les céramiques utiliséescomme isolants électriques et électroniques et dans les prothèsesdentaires.

Aérospatiale Le métal est utilisé dans les structures des étages supérieurs desfusées et pour la fabrication des miroirs placés dans les satellites.Les systèmes de guidage et les gyroscopes en contiennent égale-ment.

Industrie nucléaire et militaireLe béryllium, sous sa forme métallique, est utilisé comme réflec-teur et modérateur de neutrons dans les réacteurs nucléaires.

Instrumentation scientifique et techniqueLe béryllium métallique est présent dans les systèmes de généra-tion des rayons X (instruments scientifiques, appareils de mam-mographie). Sous forme d’oxyde, il est présent dans les appareilsde génération de micro-ondes.

RISQUES POUR L’HOMME

Les principaux effets toxiques du béryllium sont des atteintespulmonaires et des lésions hépatiques et rénales.

Toxico-cinétique

L’absorption digestive des composés minéraux dépend de leur so-lubilité et de la dose ingérée. La part non assimilée est éliminéedirectement dans les fèces. L’absorption par voie cutanée est éga-lement faible.

La principale voie d’absorption est la voie respiratoire. Elle estconsécutive à l’inhalation des poussières et des fumées. Le dépôtdans les poumons dépend de la taille des particules, de leur formeet de leur solubilité :◗ pour les composés insolubles, l’évacuation pulmonaire est trèslente. La fraction de composés qui n’a pas été évacuée rapidementpar l’action naturelle des poumons est retenue plusieurs mois avantd’être graduellement libérée dans le sang.◗ pour les composés solubles, l’évacuation pulmonaire se fait ra-pidement par dissolution dans les fluides pulmonaires ; une pro-portion variable passe dans le sang.

Le béryllium est absorbé sur des protéines qui en assurent le trans-port dans l’organisme. À court terme, il sera stocké préférentiellementdans le foie, surtout dans le cas d’exposition importante. À longterme, il sera présent dans les ganglions lymphatiques et les os. Le béryllium et ses composés ne sont pas métabolisés. L’ion bérylliuminhibe l’action de nombreuses enzymes activées par le magnésiumou le manganèse.L’excrétion se fait principalement par voie urinaire, la quantitéévacuée dépendant de la solubilité des composés absorbés. Lamobilisation et l’excrétion peuvent se poursuivre pendant plu-sieurs années et persister longtemps après l’exposition.

Toxicité chez l’homme

◗ L’intoxication aiguë est exceptionnelle. Elle est due à une expo-sition à des teneurs élevées en béryllium dans l’air. Souvent asso-ciée à l’extraction du béryllium à partir du minerai ou à toute autreactivité liée à l’utilisation des composés solubles, elle peut être dia-gnostiquée très rapidement.

Elle touche principalement les voies respiratoires et se traduit parune trachéo-bronchite aiguë bénigne qui guérit en quelques se-maines ou une congestion pulmonaire d’origine chimique.Des dermatoses irritatives de contact ou allergiques peuvent ap-paraître dans les semaines qui suivent l’exposition. Une conjonc-tivite aiguë peut accompagner cette pathologie. Des granulomessous-cutanés bénins peuvent se former si le béryllium pénètredans une plaie.

◗ L’intoxication chronique apparaît en général après une exposi-tion prolongée à de faibles teneurs en béryllium. Elle est plus par-ticulièrement due à la présence de composés insolubles dans l’airambiant.

Elle se caractérise par une pneumopathie chronique retardée, nom-mée bérylliose, accompagnée parfois de manifestations cutanées

TABLEAU I - Typologie des industries consommatrices de béryllium et composés

32 LE POINT DES CONNAISSANCES - AVRIL 2003LE POINT DES CONNAISSANCES - AVRIL 2003

et rénales. Les observations cliniques sont le plus souvent une at-teinte pulmonaire : congestion pulmonaire, toux sèche, détériorationdes fonctions pulmonaires. Des symptômes, tels que la fatigue, laperte pondérale et les douleurs arrivent progressivement. Des der-mites allergiques peuvent également être observées. La période delatence de cette infection est habituellement comprise entre 6 et10 ans, rarement entre 20 et 30 ans, mais des études récentes ontmis en évidence des cas où elle est beaucoup plus courte (inférieureà 50 jours).

La bérylliose survient après exposition au béryllium et plus parti-culièrement chez les personnes présentant une susceptibilité gé-nétique à cette substance (40 % de la population serait porteusede ce gène).

Une étude sur les causes de mortalité de patients atteints de bé-rylliose chronique a mis en évidence un excès de cancers pulmo-naires. Ce résultat a été corroboré par des enquêtes épidémiolo-giques aux États-Unis, qui suggèrent que le taux de cancerspulmonaires est plus élevé chez les salariés exposés au béryllium.

Une réaction allergique, sous forme cutanée ou respiratoire seproduit chez 2 à 16 % des personnes exposées, tandis que 2 à 3 %seulement des personnes exposées développent une bérylliose.Ces pourcentages sont variables d’un secteur d’activité à l’autre. Ledéveloppement de la maladie serait associé à une susceptibilité gé-nétique et 40 % de la population serait porteuse du gène en cause.

COMMENT PROTÉGER LES HOMMES ?QUELLES MESURES DE PRÉVENTIONMETTRE EN PLACE ?

Evaluation de l’exposition

Elle peut être réalisée par l’analyse de l’air (prélèvement individuelde la fraction inhalable) en dosant le béryllium dans l’aérosol pré-levé (cf. le cd-rom de l’INRS : «METROPOL») pendant la durée duposte de travail et le comparant aux valeurs limites indicatives (va-leur limite de moyenne d’exposition sur 8 heures).

Surveillance biologique

L’analyse de la concentration en béryllium dans le sang permet desavoir si le sujet a été exposé à des poussières ou fumées conte-nant le métal ou ses composés et d’établir un premier diagnostic.Une exposition à 2 µg/m3 correspond à environ 7 µg/l dans lesurines et 4 µg/l dans le sang. Pour une population non exposée,la concentration urinaire est inférieure à 0,9 µg/l. Le tabac aug-mente ces concentrations.

La sensibilité au béryllium peut être détectée grâce à divers tests :

- le test de prolifération lymphocytaire au contact du béryllium, réa-lisé à partir d’un prélèvement sanguin, permet de diagnostiquer 70 à94 % des personnes sensibles ;

❍ Le Centre international de recherche pour le cancer (CIRC/IARC) a classéle béryllium et ses composés cancérogènes de catégorie 1 (c’est-à-dire«agent cancérogène pour l’homme»).

❍ Le décret n°2001-97 du 1er février 2001 (dit « décret CMR »)établissant les règles particulières de prévention des risques cancéro-gènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction et modifiant le codedu travail, le béryllium et ses composés, à l’exception des silicates doublesd’aluminium et de béryllium, sont classés dans la catégorie des produitscancérogènes de classe 2. Ils ne sont pas considérés comme mutagènesou toxiques pour la reproduction.

❍ Le ministère du Travail en France et l’ACGIH aux États-Unis ont fixé lavaleur limite de moyenne d’exposition, VME, du béryllium et de sescomposés à 2 µg/m3.

❍ Le tableau n° 33 de maladies professionnelles du régime généralde la Sécurité sociale répertorie les maladies observées chez les salariésdes industries utilisant le béryllium, sous forme métallique, d’alliages oud’oxyde.

❍ Le béryllium et ses composés sont soumis à étiquetage. Les sym-boles devant figurer sur les emballages sont T+, T, Xi suivis des phrases derisques suivantes :

R 49 peut causer le cancer par inhalationR 25 toxique en cas d’ingestionR 26 très toxique par inhalationR 48/23 toxique : risque d’effets graves pour la santé en cas d’expo-

sition prolongée par inhalationR 36/37/38 irritant pour les yeux, les voix respiratoires et la peauR 43 peut entraîner une sensibilisation par contact avec la peau

❍ L’article L. 230-2 du Code du travail énumère lesprincipes généraux de prévention qui devront guiderl’action du chef d’établissement : il doit définir et choi-sir les mesures à mettre en œuvre pour assurer la sé-curité et protéger la santé des salariés.

❍ Les articles R. 231-54 à R. 231-57 précisent lesmesures de prévention du risque chimique et du risque d’exposition auxcancérogènes, comme le béryllium, à adopter. L’employeur devra s’assurer qu’il dispose des informations suffisantes surles risques liés aux produits chimiques qu’il utilise, en particulier celles quidoivent lui être fournies par la fiche de données de sécurité que doit luiremettre le fabricant (art. R. 231-53).

❍ L’arrêté du 23 juillet 1947 modifié, fixe les conditions dans lesquellesles chefs d’établissement sont tenus de mettre des douches à la disposi-tion du personnel effectuant des travaux insalubres ou salissants; en par-ticulier, pour du personnel effectuant des travaux de polissage des métaux,lorsque ces travaux sont réalisés dans des ateliers où les dispositifs de cap-tage des poussières ou aérosols se révèlent insuffisants.

❍ Selon l’arrêté du 8 octobre 1990 modifié, les travaux comportant uneexposition au béryllium et à ses sels font partie de ceux pour lesquels ilne peut être fait appel aux salariés sous contrat de travail à durée déter-minée ou aux salariés des entreprises de travail temporaire.

❍ L’arrêté du 19 mars 1993 fixe, en application de l’article R. 237-8, laliste des travaux dangereux pour lesquels il doit être établi par écrit un plande prévention, en cas d’intervention d’une entreprise extérieure ; tous lestravaux exposant à des substances ou préparations cancérogènes y sontsoumis.

RéglementationLE BÉRYLLIUM

Fabrication d'isolateurs et de pièces isolantes en céramique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x

Production de métaux précieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xPremière transformation du cuivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFonderie d'acier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFonderie de métaux précieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication de ressorts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication d'appareils médico-chirurgicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x x xMétallurgie d'autres métaux non ferreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xMécanique générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication d'articles de robinetterie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication de moules et de modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication de matériels électriques

pour moteurs et pour véhicules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication d'instruments scientifiques et techniques . . . . . . . . . . . . . .x x xFabrication d'instruments d'optique

et matériels photographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xProduction d'aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xProduction de cuivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication d'articles métalliques nca . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication d'instruments de levage

et de manutention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x xFabrication d'articles d'émission

et de transmission hertzienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x x xBijouterie - Joaillerie - Orfèvrerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xFabrication d'articles de sport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xChaudronnerie - Tuyauterie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xForge - Estampage - Matriçage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xDécoupage - Emboutissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xFabrication de lunettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xHorlogerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xTravaux d'installation électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .x x

Oxyde de bérylliumBéryllium

Alliages