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7/28/2019 Les.afriques.diplomatie.4 http://slidepdf.com/reader/full/lesafriquesdiplomatie4 1/9    D    I    R    E    C    T    E    U    R     D    E    L    A     P    U    B    L    I    C    A    T    I    O    N     :    A    B    D    E    R    R    A    Z    Z    A    K    S    I    T    A    I    L LE JEU DES GRANDES PUISSANCES EN AFRIQUE INTERVIEW AMBASSADEUR DOSSIER Le jeu des grandes puissances en Afrique Philippe MOREAU DEFARGES ouveraineté de Etat et «Droit d’ingérence» Antonin TISSERON L’influence des grandes puissances en Afrique Amadou Diop Amadou Diop, nouvel ambassadeur du Sénégal en BELGIQUE Nouvel ambassadeur de l’Union Européenne au Maroc Rupert JOY NOMINATIONS NOMINATIONS DIPL O MATIE N° 4 - mai 2013 lesafriques.com

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   D   I   R   E   C   T   E   U   R    D

   E   L   A    P

   U   B   L   I   C   A   T   I   O   N    :

   A   B   D   E   R   R

   A   Z   Z   A   K

   S   I   T   A   I   L

LE JEU DESGRANDES

PUISSANCESEN AFRIQUE

INTERVIEWAMBASSADEUR DOSSIERLe jeu des grandespuissancesen Afrique

Philippe MOREAUDEFARGES

ouveraineté deEtat et «Droit

d’ingérence»

Antonin TISSERON

L’influence desgrandes puissancesen Afrique

Amadou DiopAmadou Diop,nouvel ambassadeurdu Sénégal enBELGIQUE

Nouvelambassadeur del’Union Européenneau Maroc

Rupert JOYNOMINATIONS NOMINATIONS

DIPLOMATIEN° 4 - mai 2013

lesafriques.com

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SOMMAIRE

4

Groupe Les AfriquesEdition & Communication S.A.Société anonyme au capital de 2’657’600.- CHFSiège Social : Rue du Cendrier 24 - 1201 GenèveSuisse

Président administrateur déléguéAbderrazzak Sitaïl

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Rédacteur en chefLes Afriques DIPLOMATIEIbrahim [email protected]

Secrétaire de Rédaction :Daouda Mbaye

Rédaction :Walid Kefi, Tunis,Ismaïla Aidara, Paris, Dakar,Louis Amédée, UEMOA,Rodrigue Fenelon Massala, Abidjan,

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Responsable Artistique :Mouhcine El GarehMaquettiste :El Mahfoud Ait Boukroum

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Crédit photos :AFP, DR 

Edition internationale

© Reproduction interdite sans l’accord écritde l’éditeur

DIPLOMATIE N°4MAI 2013

PHILIPPE MOREAU DEFARGESMinistre plénipotentiaire, chercheur à l'IFRI et professeurà l’Institut d'études politiques de Paris.

ANTONIN TISSERONChercheur associé à l’Institut Thomas More.

S.E DEBORAH JONESAmbassadeur des Etats-Unis en Libye

3SOUVERAINETÉ DEL’ETAT ET «DROITD’INGÉRENCE»Philippe MOREAU DE-FARGES nous explique la no-

tion de «droit d’ingérence»qui revient régulièrementdans l’actualité diplomatique.

8NOUVEL AMBASSA-DEUR DE L’UNIONEUROPÉENNE AUMAROCLe Britannique Rupert JOYvient de prendre ses fonctions,comme ambassadeur de la Dé-légation de l’Union Euro-péenne au Maroc. Au cours deses 23 ans de carrière diploma-tique au service de sa MajestéBritannique, M. JOY a effectuéde nombreuses missions dansdes pays musulmans, tels quel’Arabie Saoudite, le Yemen.

LE JEU DES GRANDESPUISSANCESEN AFRIQUELe potentiel de l’Afrique suscitela convoitise des grandes puis-sances. Les puissances occiden-tales très influentes sur lecontinent, depuis longtemps,font face désormais aux puis-sances montantes comme laChine ou l’Inde qui renforcent

leur présence en Afrique.

6L’INFLUENCE DESGRANDES PUIS-SANCES EN AFRIQUEAntonin TISSERON chercheurà l’Institut Thomas More nousexpliques les enjeux de la lutted’influence entre les grandespuissances en Afrique. Il nousparle également de la place desgrands pays émergeants sur lecontinent dans une visiongéostratégique.

8BARACK OBAMANOMME UN NOUVELAMBASSADEUR ENLIBYELe président américain vientde nommer S.E DeborahJones ambassadeur des Etats-Unis en Libye. Un poste quiétait resté vacant, depuis lamort de Christopher Stevensdans l'attaque du consulataméricain de Benghazi, le 11septembre 2012.

9POINT DE VUEDe Bokassa à Bozizé : la RCAs’enfonce dans le chaos

2 • MAI 2013

3

RUPERT JOYAmbassadeur de la Délégation de l’Union Européenne auMaroc

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6

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L es Afriques Diplomatie : Qu’est-ceque l’ingérence endiplomatie ?

Philippe MOREAU DEFARGES : Le mondeactuel est composé d’Etats souverains sur leplan politique. De ce fait chaque Etat doit pro-

téger son territoire des menaces externes. Onparle d ingérence lorsqu’un Etat ou une orga-nisation s’occupe des affaires d’un autre Etat.Cette ingérence peut être interétatique ou avecles organisations. C’est le fait de la relationentre l’ingérant et l’ingéré. L’ingérence couvre

une gamme vaste de situations depuis le conseil

 jusqu’aux sanctions ou l’action militaire. Cettenotion est changeante et évolutive. Le mondeactuel est un monde d’ingérence à cause de lacirculation des personnes et des biens entreplusieurs Etats. L’ingérence peut être perçuecomme un viol et susciter le rejet de la part dupays qui fait l’objet de cette ingérence. L’ingé-rence est inégalitaire car l’ingéré est soumis de-vant l’ingérant. Dans un monde de droit etégalitaire, cela est souvent difficile à accepter.

 LAD :Pouvez-vous nous citer des cas d’ingé-

rence au niveau international ?P.M.D. : On peut citer dans ce sens le cas de laGrèce, le Portugal ou l’Espagne où les popu-lations perçoivent les mesures d’austérité del’Union Européenne comme une violation de

leur liberté et rejettent cette ingérence. Dansces cas, l’ingérence a créé un sentiment d’ir-responsabilité de l’Etat. Des institutions quise placent au-dessus de l’Etat ont imposé desmesures à des peuples qui les rejettent. L’in-gérence est toujours illégitime, sauf si le peu-

ple du pays concerné l’accepte.

 LAD :Y a-t-il des situations d’ingérence utileou nécessaire ?P.M.D. : Alors qu’est-ce que la bonne ingé-rence ? L’ingérence est bonne si elle acceptéepar celui qui la subit. S’il la reconnaît et l’as-sume pleinement. La mauvaise ingérence estcelle qui n’est pas acceptée. L’intervention desEtats-Unis en Irak est un cas de mauvaise in-gérence, car la population l’a subie sans vrai-ment l’accepter. La mauvaise ingérence c’estla situation dans laquelle celui qui fait l’objetd’ingérence se sent soumis et va essayer de sesoustraire à cette ingérence.L’ingérence positive est le résultat d’une né-gociation. Un Etat l’accepte parce que c’estson intérêt. La bonne ingérence repose sou-vent sur un pacte institutionnel par lequelles Etats signataires acceptent les méca-nismes d’ingérence vis-à-vis desquels ilssont à égalité. C’est le cas des organisationsinternationales par exemple. Ou encorelorsqu’un Etat emprunte de l’argent, s’en-dette, il accepte une sorte d’ingérence vis-à-

vis du prêteur qui va surveiller ce qu’il fait.Tous les mécanismes d’aide aux Etats, en gé-néral s’accompagnent d’une sorte d’ingé-rence, car ces Etats acceptent d’êtresurveiller sur leurs actions.

 LAD :Que signifie le «Droit d’ingérence»que l’on entend de plus en plus ?P.M.D. : La Terre est devenue plus petite, lesgens partagent des valeurs communes commela démocratie. Le droit d’ingérence est un droitextérieur d’intervention à l’intérieur des Etats

pour protéger des intérêts supérieurs commela protection des droits de l’homme.L’idée du droit d’ingérence est appelée parle fait de la protection des intérêts supérieurstels que la paix, l’environnement, les droits

de l’homme. Cette protection des intérêtssupérieurs est à la fois un droit et un devoir.On peut parler de droit d’ingérence si cer-tains principes universels sont remis encause. C’est aussi le droit d’ingérence quipermet d’empêcher une guerre nucléaire,

grâce aux mécanismes de contrôle des Etats.

 LAD :Et les partisans de la non-ingérence.Quels sont leurs arguments ?P.M.D. : L’ingérence est rejetée par beau-coup, car elle est perçue souvent comme unviol. Pour les partisans de la non-ingérence,nous sommes dans un monde d’Etats sou-verains. Donc le peuple doit rester maîtrede lui-même et libre de décider.Prenons par exemple l’Amazonie. Cette zone

 justifie le droit d’ingérence car la forêt ama-zonienne est une ressource universelle. Maispour certains, cette forêt, qui s’entend sur plu-sieurs pays, appartient à des Etats souverains.Donc, il revient à ces Etats de s’en occuper.Mais, on peut dire qu’il y a aujourd’hui unmouvement de fond en faveur du droitd’ingérence car l’humanité tout entière nepeut survivre que si elle prend la défensedes intérêts supérieurs de l’humanité. Ledroit d’ingérence doit être justifié par l’in-térêt supérieur et des intérêts légitimes.

Propos recueillis par 

Ibrahim Souleymane

Philippe MOREAU DEFARGES nous explique la notion de

«Droit d’ingérence» qui revient régulièrement dans l’actua-lité diplomatique. Un concept à cheval entre le devoir de res-pect pour la souveraineté inviolable des Etats et la nécessitéde protéger les intérêts supérieurs de l’humanité.

Souveraineté de l’Etat et«Droit d’ingérence»

MAI 2013 • 3

AMBASSADEUR

Philippe MOREAU DEFARGES, est un poli-

tologue français spécialiste des questions in-

ternationales, de la géopolitique, de la

construction européenne et de la mondiali-

sation. Ministre plénipotentiaire, il est aussi

chercheur à l'IFRI, et chargé d'enseignement

à l’Institut d'études politiques de Paris. Phi-

lippe MOREAU DEFARGES est également

auteur de plusieurs ouvrages dont Relationsinternationales, publié aux éditions Le Seuil,

La géopolitique pour les Nuls (First) et L’his-

toire du monde pour les Nuls.

Bio express :

«L’ingérence positive est le résultat d’une négociation. Un Etat l’accepte parce que c’est 

son intérêt. La bonne ingérence repose souvent sur un pacte institutionnel par lequel les Etats signataires acceptent les mécanismes d’ingérence vis-à- vis desquels ils sont à égalité.» 

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Dans un contexte mondial caractérisé

par une récession en Europe, en Amé-

rique et un ralentissement des écono-

mies asiatiques, l’Afrique est sous le

feu des projecteurs. Beaucoup estiment que l’ave-

nir de la croissance mondiale se jouera en grande

partie en Afrique qui regorge de matières pre-mières indispensables pour faire tourner l’écono-

mie mondiale.

Les puissances occidentales, qui ont depuis des

décennies, voire des siècles, joué un rôle impor-

tant sur le plan politique et ont su mieux tirer

parti des matières premières africaines ne sont

plus seules sur ce terrain. Puisque de nouvelles

puissances sont aujourd’hui attirées par le

continent africain.

La place stratégique de l’Afrique permettra pro-

bablement au continent de jouer un rôle impor-

tant dans la reconfiguration du monde qui s’est

accélérée avec la survenance de plusieurs évène-

ments géopolitiques ces dernières années.

On est bien loin de l’époque où l’Afrique était

réservée aux anciennes puissances coloniales et

aux deux superpuissances durant la Guerre

froide (Etats-Unis et ex-URSS). Aujourd’hui des

puissances montantes comme la Chine, l’Inde, le

Brésil ou la Turquie disposent des intérêts im-

portants en Afrique et une influence grandis-

sante qui leur permet de bien défendre leurs

intérêts.

Lutte d’influence en AfriqueLa recherche de l’influence politique pour le

contrôle des matières premières est au cœur des

luttes d’influence entre les puissances étrangères

en Afrique, depuis longtemps.

Cette lutte d’influence témoigne de l’i mpor-

tance de la place stratégique qui se profile à

l’horizon pour les pays africains dans les rela-

tions internationales. Il est vrai qu’il ne s’agit

pas d’un fait nouveau puisque le continent est

l’objet de toutes les convoitises de la part des

puissances coloniales, ce qui s’est poursuivi et

même amplifié au lendemain des indépen-dances dans les années 60.

Mais ce qui a changé ces dernier temps, c’est

l’entrée en jeu de nouveaux acteurs (les puis-

sances montantes) d’une part et d’autre part la

possibilité qui s’offre à l’Afrique de s’affirmer et

de mieux choisir ses partenaires en tenant

compte de ses atouts.

Si avant, le continent était particulièrement

convoité pour son immense potentiel en res-

sources naturelles, aujourd’hui, l’Afrique

s’érige en véritable partenaire qui disposeaussi d’une capacité politique d’action, non

seulement à travers les organisations conti-

nentales comme l’Union africaine (U.A), mais

aussi les organisations internationales, comme

l’ONU. Les discussions en vue de l’entrée pro-

bable de représentant africain au sein du cercle

très fermé des membres permanants du

Conseil de sécurité de l’ONU, illustre l’am-

pleur de cette montée en puissance du pouvoir

de négociation de l’Afrique. Bien évidemment,

il s’agit d’un long et complexe processus qui

doit composer avec la réticence des puissances

occidentales (France, Grande Bretagne,

USA…) à préserver ce qu’elles considèrent

 ju sq ue-l à co mme le ur chas se ga rdée . Mai s

l’idée fait son chemin.

Les enjeux géopolitiques

Aujourd’hui, nous sommes bien loin de la Guerrefroide, période pendant laquelle les soviétiques et

les occidentaux luttaient entre eux en Afrique

pour faire et défaire des gouvernements, selon

qu’ils soient pro ou anti-communistes. C’était

dans cet état d’esprit que certains régimes proso-

viétiques ont été renversés et leurs leaders poli-

tiques emprisonnées ou exécutés dans plusieurs

pays africains (Lumumba au Congo, Sankara au

Burkina, etc.). Aujourd’hui la puissance de la

Russie (ex URSS) est déclinante en Afrique.

Les luttes d’influence politiques sont aujourd’huibien plus subtiles. Et les enjeux sont plus liés à des

intérêts économiques qu’a des idéologies pure-

ment politiques. Ce qui ouvre la voie à des pays

comme la Chine qui sont plutôt doués à ce jeu.

Et quant à la politique des Etats Unis en Afrique,

elle donne la priorité aux questions pétrolières et

aux enjeux sécuritaires, notamment à cause de la

menace terroristes qui plane sur le pays depuis

ces 10 dernières années. L’AGOA (La Loi sur la

croissance et les possibilités économiques en

Afrique) adoptée par les Etats-Unis en 2001 a

permis d’accroitre les échanges avec l’Afrique

certes, mais la question sécuritaire semble être la

priorité des USA notamment avec la création de

l’Africom (United States Africa Command ou

commandement unifié pour l’Afrique), la nou-

velle structure militaire qui s’occupe spéciale-

ment des questions africaines.

La France et la Grande Bretagne, les deux princi-

pales puissances qui ont colonisé l’Afrique se

contentent de subtiles implications politiques,

une façon sans doute de laisser s’éclipser de plus

en plus les vieux fantômes de la colonisation et

ainsi soigner leur image sur le continent.

Les puissances occidentales sont surtout préoc-cupées par la généralisation de la démocratie en

Afrique et par les questions sécuritaires.

Les puissances occidentalesbousculéesTémoins par excellence de cette redistribution

des cartes dans la lutte d’influence en Afrique,

aujourd’hui, les pays africains sont en en train

de passer du statut de simple colonie à celui de

véritable partenaire pour les grandes puis-

sances. Cette notion de partenariat prend le pas

sur les anciens rapports entre les métropoles etleurs colonies. Ce qui laisse plus de place aux 

autres grands pays qui souhaitent traiter avec

les pays africains.

Rien qu’en 2013 plusieurs évènements illus-

4 • MAI 2013

DOSSIER

Le potentiel de l’Afrique suscite la convoitise des grandes puissances. Les puissances oc-

cidentales, très influentes sur le continent depuis longtemps, font face désormais auxpuissances montantes comme la Chine ou l’Inde qui renforcent leur présence en Afrique.L’entrée en jeu de ces nouveaux acteurs modifie aujourd’hui la carte d’influence despuissances étrangères en Afrique. Analyse.

Le jeu des grandes puissancesen Afrique

Ce n’est pas seulementles intérêts économiquesqui sous-tendent cetteattention pour les paysafricains mais, aussi deplus en plus le poidspolitique d’un continentqui compte 54 Etats dans

l’ensemble.

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MAI 2013 • 5

trent l’intérêt des pays considérés comme les

nouveaux acteurs des relations avec l’Afrique.

Entre le Sommet des chefs d’Etat des pays dits

«BRICS», la tournée du nouveau président

chinois en Afrique ou tout dernièrement celle

du président iranien en Afrique de l’ouest. De

plus en plus le continent ne cesse de prouverson besoin de diversifier ses partenaires et

 jouer un rôle plus important au niveau inter-

national.

Les puissances occidentales sont d’ailleurs, les

grandes perdantes de ces changements. Car

leur influence des anciennes puissances colo-

niales recule d’année en année. On est bien

loin du temps où la désignation d’un leader

africain se décidait en France ou au Etats-Unis,

et la tant décriée «Françafrique» et autres an-

ciennes pratiques ne survivront pas à l’évolu-

t i o n e n co u r s . A ju s t e t i t r e , l e s v a l s e s

incessantes de plusieurs nouveaux chefs d’Etat

en Occident, dès leur prise de fonction peuvent

tant obéir à une logique de recherche de légiti-

mité internationale qu’aux tentatives désespé-

rées des puissances occidentales de retrouver

leur «aura» d’antan. Bien sûr, il faut compter

avec la volonté de ces puissances de préserver,

au prix de multiples efforts, leur zone d’in-

fluence. C’est la lecture qu’on pourrait faire de

la poursuite de certaines rencontres (Sommet

France-Afrique ou sommet des Chefs d’Etat

des pays membres du Commonwealth, …) ou

certaines organisations dont le seul vrai mériteest aujourd’hui d’exister.

L’offensive des puissances montantesQu’il s’agisse du Brésil, de l’Inde ou de la

Chine, leurs investissements ont connu un véri-

table déclic depuis le début des années 2000. En

plus, la Chine en misant sur une nouvelle ap-

proche dans ses relations avec l’Afrique qui se

situe aux antipodes de celles de «donneurs de

leçon» a fortement bousculé l’ordre établi. En

effet, contrairement aux puissances occiden-

tales, la Chine ne se mêle pas de politique enAfrique. Sauf dans de rare cas comme au Sou-

dan. Cette nouvelle façon de traiter avec

l’Afrique a d’ailleurs facilité l’arrivée de nou-

veaux entrants. La relation avec la Chine se dif-

férencie aussi par le fait qu’elle s’inscrit plus

dans une approche de partenariat gagnant-ga-

gnant, une notion jusque là inconnue des pays

africains dans leur rapports avec les puissances

occidentales.

Avec des aides publiques massives, des prêts et des

investissements colossaux, l’empire du milieu sé-duit de plus en plus les Etats africains.

Les échanges commerciaux se sont accélérés ces

dernières années entre l’Afrique et l’Empire du

Milieu qui vient chercher en Afrique 1/3 de ses

besoins énergétiques. En 10 ans, les échanges

économiques avec la Chine ont été multipliés par

10. Passant de 20 milliards de dollars en 1993 à

200 milliards de dollars aujourd’hui.

Mais l’inde n’est pas en reste. Tout comme les au-

tres nations émergentes des BRICS, l’Inde a besoin

de matières premières pour accélérer sa croissance.

Le volume des échanges est passé de 3 milliards

$US en 2000, à 60 milliards en 2011. On estime

que les échanges vont grimper jusqu’à 90 mil-

liards de dollars à partir de 2015.

Ainsi dans le secteur minier, le groupe indien

Arcelor/Mittal vient d’investir 1,5 milliard au Li-

béria dans l’exploitation du minerai de fer.

L’inde exporte plusieurs types de produits dont

les médicaments génériques (qui représentent

11% des exportations indiennes vers l’Afrique)

où les indiens sont les premiers producteurs de

au monde.

Il est assez intéressant de noter que ce n’est

pas seulement les intérêts économiques quisous-tendent cette attention pour les pays

africains mais, aussi de plus en plus le poids

politique d’un continent qui compte 54 Etats

dans l’ensemble. L’exemple le plus illustratif 

est celui du riche émirat du Qatar qui a densi-

fié ses relations avec plusieurs pays africains

afin de compter sur leur soutien dans les som-

mets internationaux où l’Afrique compte. On

peut à juste titre reprocher à cette nouvelle

forme de coopération que mènent les monar-

chies du Golfe des effets pervers comme le

soutien, à des causes qui ne servent pas tou- jours les intérêts du continent, comme c’est le

cas dans le conflit malien où certaines sources

parlent de la main du Qatar. Mais cela est le

propre du jeu d’influence dans les relations in-

ternationales qui restent toujours condition-

nées par les intérêts.

D’ailleurs, peut-on dire autant du Brésil ou de la

Turquie qui constituent aujourd’hui de véritables

partenaires de développement pour le continent ?

En tout cas, en tournant la page du lourd héritage

historique de la colonisation, ces nouvelles puis-sances ont plus de succès dans leurs relations avec

les pays africains. Désormais, les anciennes puis-

sances sont obligées de composés avec ces nou-

veaux entrants sur la scène africaine avec le statut

de concurrent plus que celui de conquérant.

Bientôt des puissances africaines ?Un autre fait nouveau qui s’ajoute ces dernières

années, c’est la montée de puissances régionales

qui s’affirment comme de véritables partenaires

de développement amis et porte-voix de

l’Afrique. Ce mouvement a commencé dans le

sillage de la création des ensembles régionaux 

(CEDEAO, UEMOA, CEMAC, CENSAD,

CPGL, SADC,…). Traditionnellement, en effet,

ces rapprochements se font en fonction de la

proximité géographique ou pour des raisons

historiques comme c’est le cas avec le Nigéria

pour les pays de l’Afrique de l’ouest ou l ’Afrique

du Sud avec les pays anglophones d’Afrique

australe.

Mais aujourd’hui, les règles du jeu ont beaucoup

évolué. La dernière élection du président de la

Commission de l’UA a ainsi permis de mettre en

lumière l’influence du Nigéria en Afrique del’Ouest composée de pays majoritairement fran-

cophones, alors que la chute du régime de Bo-

zizé en Centrafrique illustre parfaitement

l’incursion des sud-africains hors de leur zone

d’influence.

«L’Afrique aux africains» est devenu, au-

 jourd’hui un leitmotiv sur le continent. Un slo-

gan parti pour devenir un jour une réalité, et

notamment avec les activités de l’Afrique du Sud

au sein des BRICS qui devront peser bientôt sur

la scène internationale au détriment des puis-

sances occidentales. Ce n’est d’ailleurs, pas pourrien que le 21e siècle est considéré à juste titre

comme celui des nouvelles puissances mon-

tantes et de l’Afrique !

I.S.

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DOSSIER Interview

6 • MAI 2013

L es Afriques Diplomatie : De quellefaçon les grandes puissances exercent-elles leur influence sur l’Afrique ?

Antonin TISSERON : L’influence d’unepuissance peut s’exercer dans divers do-maines : politique, militaire, économique etfinancier, culturel ou religieux. Les outilssont nombreux et dépendent à la fois des at-

tendus de la puissance, de la manière dontelle se perçoit, du contexte local voire régio-nal et international. Ceci étant, on opposedeux formes d’exercice de la puissance : lehard power, qui repose sur l’usage de la forceou de la menace, et le soft power, théorisé parJoseph Nye et selon lequel le comportementd’un autre acteur ou la définition de ses pro-pres intérêts peuvent être influencés par desmoyens non coercitifs. Aujourd’hui, cettedeuxième modalité constitue la forme prin-cipale d’exercice de la puissance sur le conti-nent africain même si, pour des auteurscomme l’anthropologue Jeremy Keenan àpropos des États-Unis dans la région sahé-lienne, l’instrumentalisation des menaces etl’outil militaire restent des vecteurs d’im-plantation sur le continent africain.

 LAD :Quels sont les enjeux géostratégiquesd’une présence importante sur le continentafricain pour les grandes puissances ?A.T. : On peut distinguer quatre enjeux géos-tratégiques. D’abord, l’Afrique est un conti-nent riche en matières premières. Un

exemple : le continent africain représenteentre 10 et 12% de la production mondialede pétrole, soit un volume de 12 millions debarils par jour et il possède des réservesprouvées de 17 milliards de tonnes. Nombrede pays ont dans cette perspective développéde véritables politiques d’influence afin desécuriser leurs approvisionnements. C’estainsi le cas des États-Unis, qui cherchent àfaire de l’Afrique un partenaire de reversdans leurs relations avec le Moyen-Orient,ou encore de la Chine, dont un tiers des im-

portations de pétrole viennent d’Afrique,pour soutenir un développement consom-mateur en hydrocarbures. Ensuite, l’Afriqueest un formidable réservoir de croissancepour des entreprises qui cherchent de nou-

veaux marchés en raison de la croissance dela population africaine et de la hausse des dé-penses des ménages africains, qui croît deux à trois fois plus vite que dans les pays déve-loppés. Troisième enjeu, la présence sur lecontinent africain s’inscrit dans des logiquessécuritaires, notamment pour la France et lesÉtats-Unis, en empêchant des groupes jiha-

distes de s’installer et de s’insérer dans le jihad global professé par Al Qaïda. La luttecontre la piraterie, qui ne se limite pas à cesdeux pays, s’inscrit d’ailleurs à la frontièreentre les problématiques commerciales et sé-curitaires. Enfin, l’Afrique est un relais auservice de politiques internationales. L’isole-ment de Taiwan, qui a perdu la plupart de sesalliés en Afrique ainsi que le renforcement dela puissance chinoise face aux États-Unis,font partie des objectifs stratégiques de

Pékin. Quant au Japon, qui a développé unediplomatie des ressources et de l’aide enAfrique, ses dirigeants considèrent l’appuides pays africains comme une nécessité pourobtenir un siège permanent au Conseil de sé-curité des Nations unies.

 LAD : Pouvez-vous nous donner une idée sur

les grands pays qui ont le plus d’influence enAfrique ?A.T. : Fin 2010, le ministre chinois du com-merce Chen Deming annonçait que laChine était devenue le premier partenaire

commercial de l’Afrique. Cette place est ré-vélatrice de l’influence prise par la Chineen Afrique après plusieurs dizaines d’an-nées d’accroissement des échanges com-merciaux, l’installation de centaines demilliers de Chinois et l’instauration d’unediplomatie bilatérale concrète et efficace.Cette influence chinoise croissante n’a ce-

pendant pas éclipsé les autres grandes puis-sances. Les États-Unis et les anciennespuissances coloniales européennes, pour neciter que ces pays, demeurent influents enAfrique, avec des relais et des appuis im-portants, et même une demande des chefsd’États africains eux-mêmes. Les discoursentourant le dossier de la crise malienneavant le déclenchement de l’opération Ser-val sont à cet égard éclairants : d’un côté,François Hollande affichait sa volonté dene pas intervenir directement militaire-ment ; de l’autre, plusieurs dirigeants de laCEDEAO ont appelé la France à interveniret lui ont demandé de rester une fois sessoldats présents au Mali.

 LAD :Peut-on parler de lutte d’influenceentre les grandes puissances en Afrique ?A.T. : Oui, bien évidemment, en premierlieu autour de l’accès aux ressources stra-tégiques présentes sur le continent africain.On pense en premier lieu à la rivalité sino-américaine. Mais elle n’est pas la seule etles rivalités ne se limitent pas aux grandes

puissances. L’Inde et la Chine s’affrontentpour l’accès aux matières premières sur lecontinent africain. La Russie, bien qu’ellene dépende pas de l’étranger pour ses be-soins énergétiques, pratique aussi une di-plomatie des matières premières pourdiversifier ses ressources et préserver sesréserves en pétrole. Mais s’il y a concur-rence, notamment dans les domaines éner-gétiques et économique, il y a aussi de lacoopération voire de la complémentaritéentre les grandes puissances. Les États-

Unis et la France, dans le domaine de lalutte contre les groupes terroristes auSahel, coopèrent activement depuis plu-sieurs années, et cette coopération s’est ac-crue depuis le déclenchement de

 Antonin TISSERON chercheur à l’Institut Thomas More nous ex-

pliques les enjeux de la lutte d’influence entre les grandes puissancesen Afrique. Il nous parle également de la place des grands pays émergents sur le conti-nent dans une vision géostratégique.

L’influence des grandes puissancesen Afrique

«Les États-Unis et les anciennes puissances coloniales européennes, pour ne citer que ces pays,demeurent influents en Afrique,avec des relais et des appuis importants, et même une demande des chefs d’États africains eux-mêmes.» 

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MAI 2013 • 7

l’opération Serval. Lorsque l’on parle delutte d’influence, il faut donc bien préciserles domaines concernés, les pays et mêmeles acteurs au sein de ces pays.

 LAD :Est-ce que la dimension politique estimportante pour ces grands pays qui ontdes intérêts en Afrique ?

A.T. : De plus en plus, mais relativement peu.D’un côté, des pays, Chine en tête, n’ont quefaire des réformes politiques et prêtent de l’ar-gent sans considérations pour d’éventuels ef-forts en matière de bonne gouvernance de ses

partenaires. De l’autre, il y a des pays qui,

comme la France et les États-Unis, affirmentplacer les réformes politiques au centre de leurapproche et comme un objectif essentiel deleurs relations avec les Africains. Ceci étant,entre les discours et la réalité, il y a un décalageinhérent aux intérêts des États. Les puissancesoccidentales n’hésitent pas à entretenir debonnes relations avec des pays considéréscomme autoritaires, conciliant un discours surles valeurs avec des pratiques de soutien à desprésidents à vie aux pratiques peu démocra-tiques, et renforçant de facto leur pouvoir.

 LAD :Les nouvelles puissances montantestelles que la Turquie, l’Inde ou le Brésil ont-elles également des intérêts en Afrique ?A.T. : Tout comme les grandes puissances, les

puissances émergentes ont des intérêts enAfrique et ont même développé des straté-gies pour les défendre. La Turquie a amorcéson rapprochement avec l’Afrique dans lecadre de la redéfinition de sa stratégie exté-rieure après l’arrivée de l’AKP au pouvoir, àdes fins certes économiques, mais aussi pouraccroître son positionnement sur la scène

internationale. L’Inde, qui a organisé en avril2008 le premier sommet Inde-Afrique àNew-Delhi, est également présente enAfrique, pour des raisons à la fois politiques,économiques et stratégiques. Le Brésil est uncas différent de l’Inde en raison de son au-tonomie énergétique. Il investit principale-ment dans les pays lusophones et à ceux ausous-sol riche en minerais, et souhaite à tra-vers ce positionnement conforter son statutde puissance mondiale. Outre ces trois puis-sances que vous citez, il y en a toutefois d’au-tres qui sont présentes en Afrique, telles laCorée du Sud, l’Arabie Saoudite et l’Iran,aussi bien pour des raisons énergétiquesqu’économiques et politiques.

 LAD :L’influence de ces nouvelles puis-sances est-elle perceptible en Afrique ?A.T. : Oui. Par exemple, l’Inde investit dansdes projets d’infrastructures, notammentdans les puissances régionales africaines : Ni-géria, Soudan, Kenya et Afrique du Sud. Demême, le poids conséquent de l’Inde dans letissu économique africain est visible à travers

l’importance de la diaspora indienne, mêmesi celle-ci reste relativement discrète, et New Delhi est un acteur incontesté – contraire-ment aux autres puissances montantes Chinemise à part – des opérations de maintien dela paix avec plusieurs milliers d’hommes en-gagés ces dernières années sur le continentafricain. Les nouvelles puissances ont une ap-proche toutefois bien différente des grandespuissances occidentales et, excepté sous labannière de l’ONU, elles ne manifestent pasréellement de volonté d’assumer des respon-

sabilités internationales à travers leur outilmilitaire. L’influence passe principalementpar d’autres canaux, ce qui marque une dif-férence importante entre les puissances tra-ditionnelles et les nouvelles puissances.

 LAD :L’émergence des BRICS (Brésil, Rus-sie, Inde, Chine, Afrique du Sud) va t-ellechanger la carte d’influence des grandespuissances dans le monde ?A.T. : L’émergence des BRICS a déjà affectél’influence des puissances occidentales dans lemonde, en bouleversant les hégémonies tradi-tionnelles et en introduisant de la complexité.

Pour les États africains, ces nouveaux acteurssont une opportunité en faisant jouer laconcurrence et pour la négociation de contrats,à la condition toutefois qu’ils possèdent lacompétence interne le permettant. Chinois, In-diens, Brésiliens, Russes, pour ne citer queceux-là, ne sont pas philanthropes et ils défen-dent avant tout leurs intérêts. Quoi qu’il ensoit, il est important de garder à l’esprit que lesBRICS ne forment pas un ensemble homo-gène, que leurs politiques ne convergent quepartiellement, et qu’ils ne représentent pas uneforce cohérente sur la scène internationale. End’autres termes, on assiste à la montée de nou-velles puissances concurrentes de celles occi-dentales, mais dont l’impact sur la carted’influence des grandes puissances dans lemonde est limité par la prégnance des intérêtsindividuels et l’absence de réel jeu collectif.

Propos recueillis par 

I.S.

Docteur en histoire des Relations internatio-nales (Université Paris 1 Panthéon-Sor-

bonne), Antonin TISSERON est enseignant

et chercheur associé à l’Institut Thomas

More. Il travaille depuis plusieurs années

pour le ministère de la Défense français sur

les problématiques de la modernisation des

forces armées et de la contre-insurrection.

Au sein de l’Institut Thomas More, il a déve-

loppé une expertise sur les enjeux géopoli-

tiques, de défense et de sécurité, de la

relation euro-africaine, et en particulier de la

zone Maghreb et Sahel. Il exerce égalementdes activités de consultant auprès de groupes

français et européens dans ses domaines de

compétence.

Bio express :

«Les nouvelles puissances ont une approche toutefois bien différente des grandes  puissances occidentales et,

excepté sous la bannière de l’ONU, elles ne manifestent pas réellement de volonté d’assumer des responsabilités internationales à travers leur outil militaire.» 

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MOUVEMENTSET NOMINATIONS

La France nomme un nou-vel ambassadeur au Sé-négal Le ministère françaisdes Affaires étrangères a

annoncé la nomination deS.E Jean Félix-Paganon entant qu’ambassadeur àDakar. Il remplacera ainsiNicolas Normand, qui occu-pait ce poste depuis juillet 2010. Jean Félix-Paganon a été succes-sivement ambassadeur au Koweït (1997- 1999), directeur desNations-Unies et des organisations internationales au Quai d’Orsay(1999-2003), ambassadeur en Afrique du Sud (2003-2006), direc-teur d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient du ministère (2006-2008), puis ambassadeur de France en Égypte (2008-2012).

Le président américainvient de nommer S.EDeborah Jones ambas-sadeur des Etats-Unisen Libye. Un poste qui

était resté vacant, de-puis la mort de Chris-topher Stevens dansl'attaque du consulataméricain de Ben-ghazi, le 11 septembre2012. Diplomate decarrière, DeborahJones était auparavantambassadrice au Ko-weït après être passéepar plusieurs repré-sentations américainesen Syrie, en Turquie,aux Emirats arabesunis et en Ethiopie.

Le Britannique RupertJOY vient de prendreses fonctions, commeambassadeur de la Dé-légation de l’Union Eu-ropéenne au Maroc. Aucours de ses 23 ans de

carrière diplomatiqueau service de sa Ma- jesté Britannique, M.JOY a effectué de nom-breuses missions dansdes pays musulmans,tels que l’Arabie Saou-dite, le Yemen, l’Irak et

dernièrement l’Ouzbé-kistan où il fut Ambas-sadeur. M. JOY avaitégalement occupé leposte de Chef de mis-sion adjoint de l’Am-bassade du RoyaumeUni au Maroc entre2000 et 2003.

Ambassadeurd’Afrique duSud au TchadLe nouvel ambas-sadeur d’Afriquedu Sud au TchadS.E DayanandNaidoo, vient deprésenter ses let-tres de créancesau présidenttchadien Idriss

Deby Itno. Aucours de cetteaudience, il a étéquestion du ren-forcement desliens de coopéra-tion exemplairesentre les deuxpays.

Du 8 au 10 mai 2013.Forum économiquemondial en Afrique duSud. Le Forum écono-mique mondial tiendrason 23e sommet du 8au 10 mai prochain àCap Town (Afrique duSud).13-17 MAI 2013. Som-met mondial sur la so-ciété de l’information àGenève. Le Forum 2013du Sommet mondial surla société de l’informa-tion (SMSI) organisépar l’UNESCO, l’UIT, laCNUCED et le PNUD se

tiendra du 13 au 17 mai àGenève (Suisse).Du 17 et 18 mai 2013.Sommet des chefsd'Etat de la CEEAC et dela CEDEAO. Le prochainSommet des chefsd'Etat et de gouverne-ment de la CEEAC et dela CEDEAO se tiendradu 17 au 18 mai 2013 àYaoundé au Cameroun.Du 19 au 27 mai 2013.U.A / Sommet de l’Unionafricaine à ADDISABEBA. La 21ème sessionordinaire du Sommet del'Union Africaine se tien-

dra à ADDIS ABEBA enEthiopie sous le thème :«Panafricanisme et Re-naissance africaine».22 mai 2013. UE / Conseileuropéen à Bruxelles. Leprochain Conseil euro-péen se tiendra le 22 maià Bruxelles. La luttecontre l'évasion fiscaleet la question de l'éner-gie seront les principauxsujets à l'agenda decette rencontre.DU 22 AU 25 MAI 2013.Forum mondial desdroits de l’Homme enFrance. Le 5e Forum

mondial des droits del’Homme se tiendra àNantes en France sousle thème : «Développe-ment durable - Droitsde l’Homme : mêmecombat ?».Du 27 au 31 mai. Forumannuel de l'OCDE à Paris.Le Forum annuel 2013 del’OCDE se tiendra les 28et 29 mai à Paris.Du 27 au 31 mai 2013.Assemblées annuellesde la BAD à Marrakech.La Banque Africaine deDéveloppement (BAD)tiendra ses Assemblées

annuelles 2013 à Mar-rakech, au Maroc, du27 au 31 mai prochain.Près de 2.500 délé-gués, venant des 78pays participeront auxrencontres.13 juin 2013. Sommetdu G8 au Royaume-Uni.Le 39ème sommet du G8se déroulera en Irlandedu Nord. À l’ordre du jour de cette édition : laquestion des réunionsinformelles du G8, lasécurité alimentaire etles enjeux de la nutri-tion dans le monde.

Amadou Diop, nouvelambassadeur du Sénégalen BELGIQUE

Nouvel ambassa-deur de l’UnionEuropéenneau Maroc

S.E Amadou Diop, conseillerdiplomatique du président dela Commission de l’Uemoa

vient d’être nommé ambassa-deur du Sénégal à Bruxelles.Diplomate chevronné, Ama-dou Diop travaillait à l’Uemoadepuis 9 ans, après avoir serviles présidents Diouf et Wadecomme Conseiller diploma-tique à Dakar de 1991 à 2003.

Nouvel ambassa-deur de la Tunisieen ChineLe président TunisienMoncef MARZOUKI a

remis ses lettres decréances à Tarak AMRIqui prend la tête de ladélégation diploma-tique tunisienne àPékin.

Barack Obamanomme unnouvel ambas-sadeur en Libye

AGENDA DIPLOMATIQUE

8 • MAI 2013

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Depuis les années 60, la Républiquede Centrafricaine (RCA) est abon-née aux coups d’états et aux putschs.

Dix ans après avoir renversé son prédéces-seur Ange-Félix Patassé, le général-présidentFrançois Bozizé vient d’être à son tour

chassé du pouvoir par la force. Comme unéternel recommencement, les récents évé-nements prouvent bien que ce pays n’est pasencore sorti du cercle vicieux des putschs.Pourtant, il y a à peine un an, le régime deBozizé paraissait bien solide, tant il bénéfi-ciait du soutien de certains pays et notam-ment le Tchad, une puissance militaire dansla sous-région qui avait déployé depuis desannées des centaines de ses soldats pourassurer la sécurité du président Bozizé.Comment le régime de Bozizé s’est-il brus-quement effondré ? Et quelle leçon peut-on tirer de ce nième putsch en RCA ?De Bokassa à Bozizé, la chute des régimesen CentreAfrique relève bien la faiblessede l’Etat, la faiblesse des institutions, maisaussi la difficulté à régler les problèmespolitiques dans un cadre purement consti-tutionnel. Et au-delà de la Centre Afrique,c’est toute l’Afrique qui devrait tirer desleçons de cette crise.La chute de Bozizé a surpris plus d’un, tantles négociations semblaient suffire à résou-dre la crise. Mais très vite ni l’Union Afri-

caine, ni la Communauté Economique desEtats de l’Afrique Centrale (CEEAC) laprincipale organisation des Etats de la sous-région n’ont pu sauver ce régime.Revenons-en aux faits. Pour sauver lerégime de Bangui, menacé depuis quelquesmois par les rebelles de la Seleka, les chefsd’Etat de la CEEAC s’étaient réunis en som-met extraordinaire à Libreville en janvier2013 pour négocier la sortie de crise en met-tant autour de la table toutes les parties pre-nantes : le camp présidentiel, la coalition

rebelle (Seleka), l’opposition, les mouve-ments politico-militaires et la société civile.L’accord politique signé le 11 janvier 2013stipulait un cessez-le-feu, le maintien aupouvoir du président Bozizé jusqu’au

terme de son deuxième mandat en 2016,la nomination d’un Premier ministre issude l’opposition et la formation d’un gou-vernement d’union nationale. L’accord deLibreville donnait aussi la garantie à larébellion que Bozizé ne pouvait pas se pré-

senter pour un troisième mandat en 2016.Mais malgré la nomination du premierministre issu de l’opposition, dès le 18 jan-

vier 2013, les rebelles de la Seleka quis’étaient engagées pourtant à déposer lesarmes n’ont finalement pas tenu parôle.

A vrai dire, le président Bozizé a été lâchépar ses alliés, notamment le Tchad et laFrance qui dispose de 600 hommes sur l'aé-roport de Bangui et qui en 2006 avait déjàsauvé le régime grâce au soutien militaireaérien. Donc, les principaux soutiens his-toriques ont fait défaut, cette-fois-ci. Appa-remment les relations entre Idriss Déby etBozizé se sont dégradées depuis que lesmilitaires tchadiens chargés de la sécuritédu président centrafricain ont été renvoyéschez eux en octobre dernier.

Entre-temps, Bozizé est accusé de dérives(mal gouvernance et autoritarisme). Il estaussi lâché par Paris et Washington, carmalgré ses appels au secours pour faire faceà la Seléka, Bozizé n’a reçu aucun soutient

des grandes puissances. Isolé, il n’a pucompter que sur l’appui de l'Afrique duSud, qui a voulu jouer au gendarme et amême dépêché un contingent de 400 sol-dats pour sécuriser le régime. Mais appa-remment, cela n'a pas suffi !

On connaît la suite. La Seleka a fini par chas-ser Bozizé le 24 mars 2013 et les villes dupays sont livrées au pillage. Entre pillage etviolence, Bangui sombre dans le chaos.Et paradoxe, la communauté internationalen’a que timidement réagi. Même si ellerefuse de reconnaître la légitimité deMichel Djotodia, le nouvel homme fort dupays qui vient de décréter une longuepériode de transition de 3 ans assortied’une suspension de la Constitution.L’Afrique du Sud, venue jouer au gendarmehors de sa zone d’influence habituelle, a payéun lourd tribut, puisque 13 de ses soldatssont tombés sous les balles de la Seleka.Mais quelle alternative pour sortir la RCAdu chaos? Difficile à dire. Ce qui est sûr,c’est que la chute de Bozizé a mis au grand

 jour la fragilité d’un pays incapable de sécu-riser ses frontières, et incapable même desécuriser son propre régime.De push en putsch, la Centrafrique som-bre dans le chaos. Aujourd’hui tous lesregards se tournent vers les organisationsinternationales et surtout africaines pour

trouver une issue à cette impasse. Un som-met régional vient de se réunir pour exa-miner la situation, sous l’égide du prési-dent tchadien Idriss Déby, que beaucoupconsidère comme le véritable homme fortde la région et le parrain de la Séléka. LeSommet a décidé d'envoyer 2 000 soldatsde la force africaine régionale (Fomac)pour tenter de mettre fin à l'anarchie quiprévaut en Centrafrique. Une mesurequ’on espère permettra de restaurer l'or-dre et de caserner les ex-rebelles qui sèment

la terreur à Bangui. Mais beaucoup dou-tent de l'efficacité de cette force. Pourl’heure, la priorité, est de sécuriser d’abordle pays, ensuite organiser des élections pourrestaurer la démocratie. Wait and see…

Ibrahim SouleymaneRédacteur en chefLes Afriques DIPLOMATIE

POINT DE VUE

MAI 2013 • 9

De Bokassa à Bozizé :la RCA s’enfonce dans

le chaos

Comme un éternelrecommencement, lesrécents événements prouventbien que ce pays n’est pasencore sorti du cercle vicieux

des putschs. Pourtant, il y aà peine un an, le régime deBozizé paraissait bien solide,tant il bénéficiait du soutiende certains pays.