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L'Esprit et le temps

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Le spiritisme étant une réalité historique, affirmée par le codificateur Allan Kardec et ses successeurs, il a son passé, son présent comme il aura son futur. A l’époque de Kardec, initier quelqu’un à l’étude du spiritisme était l’introduire dans une réalité naissante, dans une vraie problématique en ébullition, dans un nouvel ordre d’idées. Aujourd’hui, c’est initier ce quelqu’un à un processus déjà défini et pas seulement dans un ordre d’idées mais aussi dans un cadre historique. Nous sommes certainement à l’aube de la raison et même aux fondements du processus de la connaissance et l’homme ne va pas seulement donner la vie et la volonté aux objets et aux choses mais aussi son âme. Qui pourrait empêcher l’évolution de l’Esprit dans le temps ? La conscience humaine mûrit dans la temporalité. L’espérance spirite ne repose pas sur la fragilité humaine mais sur les potentialités de l’Esprit.

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Le spiritisme étant une réalité historique, affirméepar le codificateur Allan Kardec et ses successeurs,il a son passé, son présent comme il aura son futur.A l’époque de Kardec, initier quelqu’un à l’étudedu spiritisme était l’introduire dans une réaliténaissante, dans une vraie problématique en ébulli-tion, dans un nouvel ordre d’idées. Aujourd’hui,c’est initier ce quelqu’un a un processus déjàdéfini et pas seulement dans un ordre d’idées maisaussi dans un cadre historique.Nous sommes certainement à l’aube de la raisonet même aux fondements du processus de laconnaissance et l’homme ne va pas seulementdonner la vie et la volonté aux objets et aux chosesmais aussi à son âme. Qui pourrait empêcher l’évo-lution de l’Esprit dans le temps ? La consciencehumaine mûrit dans la temporalité. L’espérancespirite ne repose pas sur la fragilité humaine maissur les potentialités de l’Esprit. La vie est courte,le temps est long et la vérité intemporelle nousattend tous sur le seuil impassible de l’éternel.

9 7 8 2 9 13 7 2 0 5 2 79 7 8 2 9 13 7 2 0 3 9 89 782913 720817www.editions-philman.com

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3Introduction

José Herculano Pires

L’Esprit et le Temps

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Disponibles sur la libraire spirite :www.editions-philman.com

Cette édition a été réalisée avec la collaborationdu Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

www.cslak.fr

Imprimé en Europe — Dépôt légal : août 2015ISBN : 978-2-913720-81-7 — EAN : 9782913720817

Léon Denis

Après la MortChristianisme et SpiritismeLe Problème de l’être et de la destinéeLa grande énigme (Dieu et l’Univers)Le génie celtique et le monde invisibleDans l’Invisible : Spiritisme et médiumnitéL’au-delà et la survivance de l’êtreLe pourquoi de la vie

Allan Kardec tLe livre des Esprits

Le livre des MédiumsL’Evangile selon le Spiritisme

Le Spiritisme à sa plus simple expressionInstruction pratique sur les manifestations spirites

La Genèse, les miracles et les prédictionsCaractères de la révélation spirite

Oeuvres posthumesLe Ciel et l’EnferVoyage spiriteL’obsessionLa prière

Gabriel Delanne

La réincarnationLe phénomène spiriteRecherches sur la médiumnitéEcoutons les morts

Ernest Bozzano t

Les phénomènes prémonitoiresLes enigmes de la psychométrie et les phénomènes de la télesthésie

Les phénomènes métapsychiques chez les animauxLes phénomènes de hantise

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José Herculano Pires

L’Esprit et le Temps

Introduction anthropologique au spiritisme

L’histoire, qui est essentiellement celle de l’Esprit, se passe dans le temps.

Aussi le déroulement de l’histoire tombe-t-il dans le temps. Mais Hegel

ne se contente pas d’avancer comme un fait l’intratemporanéité de

l’Esprit ; non, il s’efforce d’entendre la possibilité en vertu de laquelle

l’Esprit tombe dans le temps, qui est l’abstrait, le sensible intégral. Le

temps doit pouvoir pour ainsi dire accueillir l’Esprit. Et celui-ci doit à

son tour avoir des affinités avec le temps et son essence.

Heigegger, critique d’Hegel, dans L’Etre et le Temps

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Avec le concours de la Fundação Maria Virgínia e J. Herculano Piresà Helena, qui est à l’origine de ce livre

A mes collèguesUrbano de Assis Xavier

Anselmo GomesEurípedes Soares da Rocha

qui ont employé leur temps à l’étude de ces problèmeset qui s’y consacrent encore aujourd’hui.

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INTRODUCTION

Un siècle après la codification du spiritisme par Allan Kardec,il règne encore une grande incompréhension en ce qui concernesa doctrine, sa nature et sa finalité. La codification, pourtant, futélaborée dans un langage clair, précis, accessible à tous. Kardecpossédait la lucidité naturelle de l’esprit français, la vocation etson expérience pédagogique l’ont aidé à comprendre et à appré-hender des sujets hautement complexes. On le voit affirmer, àchaque pas de sa démarche, qu’il souhaite écrire de manière à nelaisser aucune marge à des interprétations ce qui veut dire à desdivergences d’interprétation.Quelle est donc la raison pour laquelle les adeptes du spiri-

tisme eux-mêmes, encore aujourd’hui, divergent en ce quiconcerne les questions doctrinaires importantes ? Et quelle estla raison pour laquelle les non spirites continuent à traiter lespiritisme avec la plus grande incompréhension ? Il est à noterque l’on ne se réfère pas à des adversaires parce que ceux-là bienévidemment ont leurs raisons mais aux non spirites. Il noussemble que l’explication, dans ces deux cas, est la même. Le spi-ritisme est une doctrine du futur. A la manière du christianisme,il ouvre le chemin du monde affrontant l’incompréhension desadeptes et des non adeptes.D’abord, il y a le problème de la position de la doctrine.

Certains l’envisagent comme une systématisation des vieillessuperstitions ; d’autres, comme une science infuse, non organisée ;d’autres encore, comme une esquisse imprécise de philosophiereligieuse ; d’autres comme une secte nouvelle, parmi les

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innombrables sectes religieuses du monde. Pour la plupart desadeptes et non adeptes, le spiritisme se présente comme unesimple croyance, une sorte de religion et de superstition en mêmetemps entâchée de résidus magiques.A l’inverse de tout cela, néanmoins, le spiritisme, selon la défi-

nition de Kardec et de ses principaux continuateurs, constitue ladernière phase du processus de la connaissance. La dernière, nonpas dans le sens de phase finale mais dans celle que l’homme apu atteindre à ce jour dans sa longue évolution à travers le temps.Il est évident qu’il s’agit de la connaissance au sens général ne selimitant pas à un aspect déterminé, spécialisé. D’une manièregénérale, le spiritisme apparaît comme une synthèse des effortshumains en vue de la compréhension du monde et de la vie.Ainsi, cela justifie la difficulté de sa compréhension malgré laclarté de la structure doctrinaire de la codification. D’un côté, lesgens ne peuvent l’embrasser dans sa totalité, se satisfaisant de sonaspect religieux ; de l’autre, les spécialistes n’admettent pas sanature synthétique et de plus, les préjugés culturels soulèvent desnombreuses objections sur ses principes.Dans le premier chapitre de La Genèse, n°18, Kardec explique

que le spiritisme, du point de vue scientifique, a pour objet undes deux éléments constitutifs de l’univers, qui est l’Esprit, l’autreélément est la matière. Comme l’un et l’autre s’imbriquent, pourconstituer l’universel, le spiritisme touche forcément à la plupartdes sciences c’est-à-dire, il est nécessairement lié au développe-ment des sciences. Ainsi, le codificateur élucide qu’ «il ne pouvaitvenir qu'après leur élaboration et il est né, par la force des choses,de l'impossibilité de tout expliquer à l'aide des seules lois de lamatière.»Léon Denis, successeur et continuateur de Kardec, remarque

dans son livre Le Génie Celtique et Le Monde Invisible : «On peutdonc dire que l'œuvre du spiritisme est double : sur le plan ter-restre elle tend à réunir et à fondre dans une synthèse grandiosetoutes les formes, jusqu'ici disparates et souvent contradictoires,

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de la pensée et de la science. Sur un plan plus large, il unit levisible à l'invisible, ces deux formes de la vie, qui, en réalité, sepénètrent et se complètent depuis le principe des choses.»Ensuite, comme prévenant l’objection de dualisme que l’onpourrait faire, Denis souligne : «Dans ce but, il démontre quenotre monde et l'au-delà ne sont pas séparés mais sont l'un dansl'autre constituant ainsi un tout harmonique.»Ceux qui étudient le spiritisme savent que beaucoup d’autres

citations, aussi bien de Kardec que ses suiveurs, peuvent êtreprises, pour affirmer la thèse de la nature synthétique de la doc-trine, comme une position se situant dans la dernière phase duprocessus de connaissance. On se rappelle particulièrement de ladéfinition de la doctrine dans Qu’est-ce que le spiritisme de Kardecsur laquelle on reviendra plus tard. La mise en avant du problèmesuffit, pour justifier notre démarche afin d’offrir une vision his-torique du développement spirituel de l’homme, comme la formela plus adéquate de l’introduction à l’étude de la doctrine.Kardec, lui-même, a créé la discipline que l’on va essayer de

développer dans ce cours, aussi bien avec l’ Introduction à la doc-trine spirite qui ouvre le Livre des Esprits, qu’avec Qu’est-ce que leSpiritisme ? Notre cours ne dispense pas de l’étude de ces travauxdu codificateur mais le requiert bien au contraire. Il est évident quel’approche de n’importe quelle branche de la connaissance,comme l’explique le philosophe Julián Marias, dans le casparticulier de l’Introduction à la Philosophie, exige toujours denouvelles perspectives, en accord avec le cours du temps.«L’introduction, dit Marias, est le maintenant, le circonstanciel,l’acte d’introduire quelqu’un dans quelque chose.» Ce quelquechose, soit la philosophie, soit le spiritisme, est une réalité histo-rique, une chose qui existe de façon concrète.Le spiritisme étant une réalité historique, affirmée par le

codificateur et ses successeurs, il a son passé, son présent commeil aura son futur. A l’époque de Kardec, initier quelqu’un à l’étudedu spiritisme était l’introduire dans une réalité naissante, dans

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une vraie problématique en ébullition, dans un procès historiqueen phase de définition et surtout dans un nouvel ordre d’idées.Aujourd’hui, c’est initier ce quelqu’un à un processus déjà défini,et pas seulement dans un ordre d’idées, mais aussi dans un cadrehistorique, dans lequel cet ordre a surgi. De cette façon, c’estl’introduire aussi dans l’introduction de Kardec elle-même. Voilàla raison pour laquelle nous écrivons une introduction à l’œuvrepour notre traduction du Livre des Esprits.Sans l’examen historique du problème médiumnique, par

exemple, les étudiants d’aujourd’hui courent le risque de flotterdans l’abstrait. En s’initiant à un ordre d’idées, sans la connais-sance de ses racines historiques, on risque de confondre, commefont les profanes, médiumnisme et spiritisme c’est-à-dire leprocessus médiumnique de développement spirituel de l’hommeavec le spiritisme. On risque, encore plus, de s’étonner desfaits médiumniques rudimentaires, les considérant, par leuraspect extravagant, comme des nouveautés. D’un autre côté, ilscomprendront difficilement l’apparente contradiction existantedans le fait que le spiritisme soit, en même temps, une doctrinemoderne et un processus historique provenant des ères les plusreculées de l’humanité. Il existe encore le problème religieux et,particulièrement, celui des liens du spiritisme avec le christia-nisme que seulement une introduction historique peut éclairer.Ce sont pour ces raisons que nous nous sommes proposés

de donner ce cours, à l’invitation de l’union de la jeunesse spiritede São Paulo, à partir de l’horizon primitif, c’est-à-dire desmanifestations médiumniques entre les hommes primitifs, enexaminant les phases historiques qui nous ont conduit jusqu’aumoment présent. Pour cela, nous nous sommes servis de labibliothèque doctrinaire, reconnue fondamentale et ainsique d’œuvres subsidiaires à la valeur culturelle reconnue. Nousdonnerons des indications bibliographiques pour faciliter auxintéressés un plus grand approfondissement du sujet.

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LA PHASE PREHISTORIQUE

Horizon tribal et médiumnisme primitif1 - Médiumnité et spiritismeLes sciences sociales ont à apporter une grande contribution

à l’étude du spiritisme. A notre avis, celui qui a vu cela avec laplus grande netteté fut Ernesto Bozzano. Le grand disciple italiend’Herbert Spencer, profondément lié au développement desétudes sociologiques, attiré vers le domaine des études spirites, asu appliquer à celui-ci la connaissance acquise dans d’autresdomaines. Ses travaux sur les manifestations supra-normalesparmi les peuples sauvages, publiés dans la revue milanaise Lucee Ombra, en 1926 postérieurement réunis dans le livre PopoliPrimitivi e Manifestazioni Supernormali, représentent une desplus puissantes contributions à l’élucidation historique du pro-blème spirite.Kardec avait déjà expliqué que les faits spirites sont de tous les

temps, d’autant que la médiumnité est une condition naturelledu genre humain. C’est avec Bozzano que nous avons la premièreincursion spirite dans l’examen anthropologique et sociologiquede l’homme primitif, nous révélant grâce à des bases scienti-fiques, les formes préhistoriques du phénomène médiumnique.D’ailleurs, les études de Bozzano nous amènent plus loin encore,puisqu’elles nous révèlent aussi les origines médiumniques de lareligion. Nous avons ainsi une théorie spirite de la genèse de lacroyance en l’au-delà qui se présente comme une synthèse desthéories opposées de la théologie et de la sociologie.

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Pour une plus grande clarté de notre étude, nous noussommes appuyés sur le schéma, qui nous est fourni par desanthropologues anglais, que l’on nomme méthode culturelle,appliquée par John Murphy avec succès dans ses études sur lesorigines et l’histoire des religions. Méthode utilisée dansl’anthropologie culturelle et dans l’étude des religions comparées,elle s’applique parfaitement aux besoins de clarté de notre étude.Son schéma est constitué des horizons culturels, dans lesquels ledéveloppement humain peut être analysé dans l’ampleur de chacunede ses phases. Il est évident que nous n’allons pas nous éloignerbeaucoup du schéma. Notre but n’est pas l’étude anthropologique,ni celui des religions comparées mais seulement l’élucidation duproblème spirite.Les horizons culturels sont les moyens par lesquels les diffé-

rentes phases de l’évolution humaine se sont développées.L’expression est métaphorique. On appelle, par exemple, horizonprimitif, le monde de l’homme primitif. Le mot horizon indiqueque nous devons analyser cet homme dans les limites de notrevision, dans l’ensemble des conditions du milieu physique etsocial dans lequel il vivait, dans le paysage culturel clos par leshorizons du monde primitif. Nous pouvons ainsi examinerchaque phase dans son milieu, chaque homme dans son monde,pour mieux les comprendre. L’étude de Bozzano, bienqu’antérieure à cette méthode, s’intègre à celle-ci.L’ horizon primitif est généralement divisé en trois ensembles :

le primitif proprement dit, l’animiste et l’agricole. Dans notreschéma, nous avons réduit les deux premiers ensembles en unseul : l’horizon tribal. Celui-ci nous permet d’embrasser leproblème médiumnique de l’homme primitif dans une visiongénérale, ainsi nous mettons en évidence le troisième ensembleen lui donnant une autonomie parce que l’horizon agricole estparticulièrement intéressant en ce qui concerne la médiumnité.De cette façon, notre schéma de la phase préhistorique du spiri-tisme est le suivant : horizon tribal, agricole, civilisé, prophétique

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et spirituel. Alors que Murphy s’arrêtait à l’horizon prophétique,le spiritisme établit une nouvelle formulation : l’horizon spiri-tuel.L’horizon tribal se caractérise par le médiumnisme primitif.

Nous avons adopté le mot médiumnisme, crée par Emmanuelpour désigner la médiumnité dans son expression naturelle parcequ’il est évident qu’il correspond avec précision à notre objectif.Le médiumnisme équivaut à des pratiques empiriques de lamédiumnité. De cette façon, nous avons les formes successivesdu médiumnisme primitif, du médiumnisme oraculaire et dumédiumnisme biblique, atteignant seulement la médiumnitépositive dans l’horizon spirituel, qui apparaît avec le spiritisme.Ce n’est qu’avec le spiritisme que la médiumnité se définitcomme condition naturelle du genre humain, reçoit la désignationprécise de médiumnité et commence à être envisagée de façonrationnelle et scientifique.Il convient de faire clairement la distinction entre faits spirites

et doctrine spirite, pour que nous comprenions ce que Kardecdisait, lorsqu’il affirmait que le spiritisme est présent dans toutesles phases de l’histoire humaine. Les faits spirites, ceux que l’onappelle les phénomènes ou ses manifestations médiumniques,sont de tous les temps. Les pratiques magiques ou religieuses,basées sur ces manifestations, constituent le médiumnisme parceque ce sont des pratiques médiumniques. La doctrine spirite estune interprétation rationnelle des manifestations médiumniques.C’est une doctrine en même temps scientifique, philosophique etreligieuse parce qu’aucun de ces aspects ne peuvent être oubliésquand on aborde des phénomènes qui sont en rapport avec lavie de l’homme sur la Terre et sa survie après la mort, sa vie et sadestinée spirituelle.La confusion faite par les sociologues à ce sujet est énorme, ils

suivent de manière imprudente la confusion intentionnelle faitepar les adversaires du spiritisme. Les études sociologiques dumédiumnisme se réfèrent toujours au spiritisme. Cependant, le

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mot spiritisme créé par Allan Kardec, en 1857 et qu’il a bienexpliqué dans l’introduction du Livre des Esprits, désigne unedoctrine élaborée par lui, basée sur l’analyse des phénomènesmédiumniques et grâce aux élucidations que les Esprits lui ontfournies, sur les problèmes de la vie et de la mort. Les pratiquesde ce que l’on appelle le syncrétisme religieux afro-brésilien,par exemple, ne sont pas des pratiques spirites. Le syncrétismereligieux est un phénomène sociologique naturel.Sur ce sujet, nous avons à faire face à un problème d’une

complexité qui a donné aussi libre cours à des confusions. Lesfaits médiumniques sont des faits spirites, selon l’appellation deKardec lui-même, mais ils ne sont pas le spiritisme parce que lespiritisme se sert des faits médiumniques comme d’une matièrepremière pour l’élaboration de ses principes ou comme d’uneforce naturelle qui évolue de manière rationnelle. Exactementcomme l’hydraulique se sert d’une chute d’eau ou du courant desfleuves pour produire de l’énergie. Une fois, ces points élucidés,nous pouvons passer à l’analyse des phénomènes médiumniquesdans l’horizon tribal.

2 - Origine sensorielle de la croyance en la survieBozzano s’appuie spécialement sur les recherches de

l’anthropologue Andrew Lang et de l’ethnologue Max FreedomLong réalisées dans les tribus de Polynésie pour démontrerl’existence des phénomènes spirites dans l’horizon tribal. Il utiliseaussi d’autres sources, sans oublier les études de son maîtreHerbert Spencer. Andrew Lang est l’auteur de la thèse spirite surl’origine médiumnique de la religion, thèse développée dans sonlivre The Making of Religion. Bozzano adopte cette thèse etcherche à l’élucider, en la confrontant à la thèse spencériennedans laquelle il trouve, d’ailleurs, les prémices à l’explication spiritedu problème.La première affirmation de Bozzano est celle de l’universalité

de la croyance en la survie. Voyons comment débute son étude :

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«Si nous consultons les œuvres des plus éminents anthropo-logues et sociologues, nous observons que tous sont d’accordpour reconnaître que la croyance en la survie de l’Esprit humainest du domaine universel. Ce fait est confirmé par de nombreusescitations écrites. Ensuite, Bozzano analyse les explications qui luisont données par les sociologues et par les anthropologues pourconclure que celles-ci ne sont pas opérationnelles. Seul, Spencerse laisse guider par des intuitions justes qui seront plus tarddéveloppées par Lang. Ce dernier a réalisé un travail d’analysecomparée des phénomènes du médiumnisme primitif avecles expériences métapsychiques, concluant à la réalité de cesphénomènes, qui constituent la base concrète de la croyance enla survie.Le premier fait concret à surgir dans l’horizon primitif, en ce

qui concerne ce problème, est celui de l’existence d’une forcemystérieuse qui imprègne ou aimante des objets et des choses,pouvant agir sur les créatures humaines. Cette force est connuepar les noms polynésiens de Mana et d’Orenda. Considérée engénéral comme imaginaire, cette force produit les phénomènesles plus étranges. Bozzano rappelle la réponse de Marcel Habertà Goblet D’Alviella, sur la nature imaginaire de cette force.Habert disait : «Il me vient à l’esprit une multitude de doutes.Mana et Orenda ne sont-ils pas des conceptions trop abstraites,pour que nous puissions les considérer comme le point de départqui fera accéder les hommes aux Esprits ?»Le doute d’Habert est considéré par Bozzano fondamental et

psychologiquement juste, une fois que nous connaissons lanature concrète de la pensée primitive, incapable de concevoirdes processus d’abstraction mentale qui caractérisent l’hommecivilisé. Mana ou Orenda n’est pas une force imaginaire, maisune force réelle, concrète et positive, qui s’affirme à travers unevaste phénoménologie et qui se vérifie parmi les tribus primitivesdes différentes régions du monde. Cette force primitive correspondà l’ectoplasme de Richet ; la force ou la substance médiumnique

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des expériences métapsychiques dont l’action a été étudiée scien-tifiquement par Crawford, professeur de mécanique del’université royale de Belfast en Irlande. La méthode comparative,suivie par Lang, nous offre là son premier résultat. La forceimaginaire des tribus primitives trouve des similitudes dans lesrecherches des sages européens et américains engagés dans desétudes spirites et métapsychiques.L’ethnologue Max Freedom Long, qui était aussi mytho-

logue, a réalisé de longues recherches parmi les tribus dePolynésie, plus particulièrement dans celles des îles Hawaï, envivant plusieurs années parmi les sauvages pour vérifier la réalitéet la nature de cette force primitive. Il conclut que les kahunas,guérisseurs polynésiens, considéraient l’existence de trois formesde Mana ou trois fréquences, trois voltages de cette force, sem-blables au courant électrique. Le plus bas voltage correspondraità la force émise par les corps matériels du cristal sur l’organismehumain ; le voltage moyen, proviendrait du mental humain etle voltage supérieur, serait émis par une sorte de centre spiritueldu mental humain, permettant à l’homme de prévoir le futur etde réaliser des phénomènes physiques à distance ainsi que lamatérialisation et la dématérialisation des objets.Une autre conclusion curieuse de Freedom Long est celle que

les kahunas considéraient cette force comme susceptibled’accumulation. Les guérisseurs, qui se servaient de la sorcellerie,pouvaient emprisonner des Esprits inférieurs qui, à leurdemande, faisaient provision de Mana pour agir en cas de nécessité.Bozzano montre que les conclusions de l’ethnologue correspondentà celles d’Andrew Lang et à des récits et à des observationsd’innombrables savants sur le sujet, ainsi qu’au récit des voya-geurs et des missionnaires qui ont vécu dans diverses tribus, à desépoques différentes et dans plusieurs régions du globe. D’unautre côté, il établit les relations entre cette force et l’ectoplasme,ce que Freedom Lang avait fait aussi.

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Le deuxième fait concret d’ordre spirite de l’horizon tribal estcelui de l’existence d’Esprits, ceux-ci étant universellementreconnus. Des anthropologues et des ethnologues ont l’habituded’établir arbitrairement qu’il existe un certain laps de temps entrel’apparition de chaque fait. Bozzano, cependant, rejette cettethèse pour soutenir la simultanéité des faits. Il rappelle qu’aucunerecherche ou observation n’a révélé cette prétendue successiondes faits et assure : «La réalité, au contraire, est que ces deuxconceptions apparaissent toujours associées.» Une des preuves setrouve dans les conclusions même de Freedom Long où nousvoyons des Esprits opérer à travers le Mana c’est-à-dire se servantde cette force. La coexistence des deux conceptions, celle dela force mystérieuse et celle des Esprits, s’impose aussi devantla multiplicité des phénomènes médiumniques dans le milieuprimitif où, comme le souligne Bozzano, la présence d’agentsspirituels s’imposait de façon positive.Ainsi nous voyons que les superstitions des tribus et leurs pratiques

magiques n’étaient pas et ne pouvaient être de nature abstraite,imaginaire. Elles découlaient, comme tout dans la vie primitive,de réalités positives et de faits concrets, connus naturellement deshommes comme ils ont été et sont toujours connus des hommescivilisés, à toutes les époques et sous toutes les latitudes dumonde. Ce n’est que lors de périodes de grand raffinement intel-lectuel, quand les hommes construisent leur propre monde,d’abstractions mentales et s’embastillent dans ces tentativesd’explications rationnelles des choses, que ces réalités commencentà être niées, par une élite infime. Le matérialisme est alors unesorte de fleur de serre, artificielle, cultivée dans un compartimenten verre, qui isole le mental de la réalité complexe de la nature.L’apparition de ces deux faits dans l’horizon primitif, l’action

d’une force mystérieuse et l’action des entités spirituelles, doitêtre cependant considérée en même temps que le problème del’anthropomorphisme. Dans une position positiviste, commecelle qu’assumait Bozzano avant de devenir spirite, ces deux faits

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s’expliqueraient par l’anthropomorphisme lui-même. Dansune attitude spirite cependant, une telle explication devientinsuffisante parce que l’anthropomorphisme est la caractéristiquepsychique du monde primitif, la manière rudimentaired’interprétation de la nature par l’homme. Réduire tout le processusde la vie primitive à ce psychisme naissant, le limiter seulementau mental embryonnaire des créatures semi-animales, est d’unsimplisme que le spiritisme rejette.

3 - De la litholatrie au polytéisme mythologiqueL’anthropomorphisme est une sorte de phase préparatoire à

l’animisme, c’est la phase dans laquelle l’homme primitif n’a pasencore développé suffisamment son psychisme et dans laquelle ilinterprète toute chose en termes exclusivement humains, c’est-à-dire qu’il applique à l’extérieur les notions rudimentaires qu’ilpossède de la nature humaine en donnant forme humaine auxéléments naturels. Nous pourrions lui appliquer le principe deProtagoras, le sophiste : «L’homme est la mesure de toutes chosesmais c’est une mesure pour ainsi dire affective, sans le contrôle dela raison. C’est par le sentiment et non pas par le raisonnement,que l’homme primitif humanise le monde.Nous sommes certainement à l’aube de la raison et même aux

fondements du processus de la connaissance. Les théories maté-rialistes ne voient en cela rien de plus que la lutte de cette raisonnaissante avec le monde extérieur. Pour elles, les manifestationssupra-normales ne sont rien d’autre que des projections de cepouvoir psychique, des visions hallucinatoires du mental primitif.Murphy, en citant Rodolphe Otto, rappelle que nous sommesdevant un processus d’adoration rudimentaire, dans lequell’homme semble s’adorer lui-même dans des choses extérieures.Nous allons voir comment l’anthropomorphisme, par cet aspect,se place dans la loi d’adoration que Kardec étudie dans le Livredes Esprits.

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L’anthropomorphisme se révèle sous deux formes qui peuventêtre tantôt successives tantôt simultanées ce qui est difficile àpréciser. En admettant qu’elles soient successives, nous pouvonsciter en premier la forme vitale c’est-à-dire celle dans laquellel’homme primitif projette sur les choses son sentiment vital, endonnant de la vie à des choses inanimées. La deuxième forme estla volitive, ce deuxième degré de l’anthropomorphisme selonMurphy, où l’homme projette aussi sa volonté et pour cette raisonpersonnalise les choses. A ce niveau, nous affrontons déjà ledéveloppement de l’animisme, la phase dans laquelle l’homme neva pas seulement donner la vie et la volonté aux objets et auxchoses, mais aussi son âme.Bozzano nous a déjà montré l’absurdité d’admettre un processus

si complexe d’abstraction mentale chez les hommes primitifs.Seule la thèse spirite peut cependant venir en aide aux théoriesmatérialistes qui tâtonnent dans le bon sens mais n’arrivent pas às’étayer. La thèse spirite nous montre que le processus del’anthropomorphisme est renforcé par les phénomènes médium-niques. Le simplisme de la projection animiste sur les chosesextérieures se complique avec la réponse qui en est donné àl’homme à travers l’action naturelle des Esprits. Il est évident quel’homme primitif doit interpréter les choses selon ses expériencesvitales. La raison se forme dans l’expérience. L’homme cadre lemonde dans les catégories naissantes de la raison, emplit cescatégories, comme le voulait Kant, par le contenu des sensations.Mais les catégories, comme l’explique aujourd’hui le relativismecritique, plus particulièrement René Hubert, ne sont pas fixes oustatiques mais dynamiques. Elles sont l’expérience propre enmouvement et non pas un résultat de l’expérience. Et cette expé-rience implique les faits supra-normaux, le contact de l’hommeprimitif avec des forces étranges, comme dans le cas de Mana ouOrenda et avec les agents spirituels dont parle Bozzano.Nous pouvons formuler une vraie échelle d’adoration dans le

monde primitif. Bien que ses degrés puissent être simultanés et

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non pas successifs, le simple fait de l’existence de ces degrésmontre que l’adoration, résultat d’un sentiment inné chezl’homme, se développe dans un vrai processus. Au degré le plusbas, nous avons la litholâtrie ou l’adoration des pierres, desrochers et des reliefs du sol ; le degré suivant est la phytolâtrie oul’adoration végétale, des plantes, des fleurs, des arbres et des bois ;au-dessus se trouve la zoolâtrie ou l’adoration des animaux et cen’est qu’à un degré plus élevé que l’on rencontre la mythologieproprement dite, avec sa forme classique de polythéisme. Leprocessus de l’adoration se développe ainsi depuis le royaumeminéral jusqu’à l’humain ou hominal. Chacune de ces phases estliée à l’autre par une interphase dans laquelle les élémentsd’adoration se mélangent. Et les résidus de plusieurs phases,depuis la litholâtre, subsistent encore dans les systèmes religieuxactuels. L’homme porte en lui ses héritages à travers le temps.Si l’on envisage tout ce processus uniquement du point de vue

de la théorie de l’anthropomorphisme, ou même de l’animisme,il va être difficile, voire impossible, d’expliquer sa persistancedans les phases supérieures du développement humain parce qu’ilest naturel et même dialectique, dans le développement, quel’homme se libère progressivement de ce qui l’a aidé dans unephase et l’incommode dans l’autre. La persistance del’anthropomorphisme et de l’animisme, dans les propres élitesculturelles actuelles, démontre que chez ces derniers il y avaitquelque chose de plus que la simple projection de l’homme surles choses. Ce quelque chose, comme nous l’avons déjà vu, est laprésence d’agents spirituels, agissant sans cesse sur l’homme etles communautés humaines, dans toutes les phases de la préhistoireet de l’histoire.Kardec a consacré le deuxième chapitre de la troisième partie

du Livre des Esprits à la loi d’adoration. Les Esprits supérieursqui l’ont aidé de façon médiumnique dans l’élaboration du livre,lui ont appris que «l’adoration est le résultat d’un sentiment innéchez l’homme» comme le sentiment de l’existence de la divinité.

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Ils ont ajouté qu’elle fait partie de la loi naturelle c’est-à-dire del’ensemble des forces naturelles qui constituent le monde auquell’homme appartient. Ensuite, ils ont montré comment la loid’adoration se développe dans les sociétés humaines depuisl’adoration extérieure d’objets matériels jusqu’à atteindre cettephase supérieure qu’ils ont définie par ces mots : «La véritableadoration est dans le cœur.» Nous avons vu précédemment queces enseignements spirituels sont en accord avec l’interprétationanthropologique de Murphy et de Rodolphe Otto qui dit quel’anthropomorphisme est une forme d’adoration rudimentaire.Rappelons encore, pour éviter des confusions, que les Esprits

ne parlent pas avec Kardec à l’aide de visions ou d’autres formesmystiques de révélation. Quand nous disons que les Espritssupérieurs ont aidé Kardec à l’élaborer le Livre des Esprits, ceuxque l’on appelle des hommes cultivés ont pour habitude de fairela moue mais rappelons que la Bible, les Evangiles et le Coran ontété aussi dictés par Dieu ou par des Esprits. Il se trouve que lesanciennes écritures appartiennent aux phases du médiumnismeempirique alors que la codification spirite appartient à la phasede la médiumnité positive. Les Esprits supérieurs, supérieurs enconnaissance et en raffinement spirituel, exactement comme leshommes supérieurs, parlaient avec Kardec et l’aidaient parl’intermédiaire de la pratique médiumnique, c’est-à-dire parl’intermédiaire de communications médiumniques sujettes à desvérifications et non pas par des révélations mystiques, reçues sousle couvert de l’émotion.D’autre part, quand nous mettons l’accent sur la nature

rationnelle du spiritisme, nous ne nions pas la valeur du sentiment.L’ancien débat philosophique entre la raison et le sentiment, quise traduit sur le plan religieux par le dualisme entre la raison etla foi, trouve dans le spiritisme sa solution naturelle, parl’équilibre de l’une et de l’autre, dans la formule classique deKardec : «la foi raisonnée.» Dans l’étude de l’anthropomorphisme,avec ses formes rudimentaires de l’adoration, nous trouvons tout

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un schéma explicatif de la vieille problématique tant débattue. Laraison et la foi se présentent comme des formes contradictoiresd’un processus dialectique.

4 - Elargissement de la théorie de SpencerLe matérialisme du XVIIIème siècle a nié l’action des agents

spirituels, aussi bien sur les communautés primitives que sur lespeuples civilisés. Bozzano, qui a été positiviste durant des années,expliquait la croyance en la survie à travers la théorie de Spencer,le philosophe qui a même été considéré comme l’Aristotemoderne. Malgré toute l’admiration que l’on peut porter àSpencer, la réalité incontestable des faits spirites a montré àBozzano que la thèse spencérienne était fausse, qu’il n’était paspossible d’expliquer la genèse de la croyance universelle par lasubsistance par quelques phénomènes ordinaires, sensoriels, quiexigeraient de l’homme une recréation mentale, sur le plan abs-trait. Néanmoins, Bozzano a reconnu que Spencer avait indiquéle bon chemin. Il est même touchant de voir comment l’anciendisciple corrige le maître, tout en lui reconnaissant des mérites.Bozzano comprend que ce qui a manqué à Spencer, c’est la

connaissance des expériences métapsychiques. De cette façon, legénie de Spencer s’est vu obligé à tâtonner dans le domaine dessciences matérielles malgré cela et, précisément parce qu’il étaitun génie, Spencer a appréhendé le point central du problème,indiquant la bonne direction qui mènerait à une solution. Lacroyance en la survie découle d’expériences concrètes del’homme primitif et non pas de formulations de la pensée abs-traite. Son origine se trouve dans les sensations et non pas dansla cogitation philosophique. C’est ce point central que Spencer asu voir. Utilisant la méthode comparative, Bozzano montre commentla thèse de Spencer peut être élargie ou développée grâce àl’inclusion des faits métapsychiques, et devenir pleinement vraie.Voyons comme cela est possible. Les origines de la croyance

en la survie, pour Spencer, sont ces faits ordinaires de la vie pri-

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mitive : le rêve, quand l’individu se sentait libre de son corpset donc d’agir à distance ; l’ombre qui le suivait pendant sespromenades au soleil et son image reflétée dans l’eau quand il sepenchait sur les rivages d’un lac ; l’écho de sa voix répété dans lesdéfilés et dans les grottes. Bozzano ajoute au rêve ordinaire lerêve prémonitoire qui permet de voir à l’avance un événementfutur ; au phénomène de l’ombre et du reflet sur l’eau, les phé-nomènes de voyance, d’apparition et de matérialisation d’Esprits ; àl’écho, le phénomène de la voix directe et il ajoute encore à laforce imaginaire de Mana ou Orenda la preuve concrète des faitsectoplasmiques. Comme on le remarque, la thèse spencériennes’ouvre, s’élargie, atteignant les faits métapsychiques qui échap-paient à Spencer. Grâce à cette ouverture, la genèse de lacroyance en la survie n’abandonne pas le terrain du concret, desfaits sensoriels, dans lequel Spencer l’avait placée mais, en mêmetemps, le problème de l’induction qui implique l’usage de lapensée abstraite est substitué par l’expérience immédiate enaccord avec la mentalité primitive. L’individu n’a pas besoind’induire une supra-réalité parmi les nombreux phénomènes citéspar Spencer, puisque celle-ci s’impose à lui à travers les phénomènesspirites ou métapsychiques, de façon directe et immédiate.En ce qui concerne le problème des ectoplasmies, il convient

de rappeler que l’ectoplasme, émanation fluidique du corps dumédium, est aujourd’hui une réalité, scientifiquement démontrée.Ce ne sont pas seulement les expériences classiques de Richet,Crookes, Schernck-Notzing et de bien d’autres qui ont prouvéson existence mais aussi et surtout les études expérimentales duprofesseur W. J. Crawford, de l’université de Belfast, en Irlande,comme nous l’avons déjà dit. Ces études ont été réalisées entre1914 et 1920 par le médium Kathleen Goligher. Crawford avérifié l’existence de leviers d’ectoplasme en produisant les phé-nomènes de lévitation. Plus tard, il a appelé ces leviers : structurespsychiques. Dans le Traité de Métapsychique, cependant, Richetse réfère à cette structure comme des leviers de Crawford.

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Gustave Geley a réalisé aussi des nombreuses expériencesavec l’ectoplasme, en se servant du médium Eva Carrière, lemême qui avait réalisé des séances avec Richet, à Alger, chez legénéral Noel, en produisant d’excellentes matérialisations del’arabe Bien Boa. Richet a publié dans le Traité une photographiede ces matérialisations où l’on voyait le fantôme de Bien Boaplanant dans l’air et relié par un levier au corps du médium.Geley a constaté, grâce aux critères scientifiques les plus rigoureux,les formes d’émanation fluidique de l’ectoplasme, qu’il a décritcomme une substance blanchâtre qui sort du corps du médium.Nous conseillons à ceux qui s’intéressent à ce sujet de lire le chapitreintitulé Ectoplasme dans le livre Histoire du Spiritisme de ConanDoyle.Mais ce qui nous intéresse, maintenant, c’est la relation de

l’ectoplasme avec les forces magiques de Mana ou Orenda.Outre l’émanation fluidique blanchâtre décrite par Geley,l’ectoplasme se présente aussi sous une forme invisible. Il res-semble donc a une force impondérable, comme le magnétismeou l’électricité. Le professeur italien Imoda dans ses expériencesd’idéoplastie, qu’il a réalisé avec le médium Linda Gazzera encollaboration avec Richet, expose une curieuse théorie des troisformes de l’ectoplasme : l’invisible, la fluidique et la concrètedans son livre Photographies de Fantôme. Geley, de son côté, aconstaté que l’ectoplasme, dans sa forme invisible, tournaitautour des personnes, pendant les séances, ou avant la productionde phénomènes.Le plus curieux, néanmoins, c’est la comparaison des données

sur la force Mana ou Orenda en Polynésie, par Freedom Long etles observations du professeur Crawford, à Belfast, surl’ectoplasme. On vérifie donc la pleine correspondance entre lesdeux forces. Les hommes de Polynésie racontaient, comme nousl’avons déjà dit, que l’ectoplasme humain est produit par le mental.Le professeur Geley affirme, de son côté, que lors des séancesexpérimentales pratiquées par lui et par d’autres scientifiques

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européens et américains, les Esprits agissaient sur le cerveau desmédiums et sur ceux des participants lors des réunions pour pro-voquer l’émanation de l’ectoplasme. La simple observation dessauvages, en traduisant une opinion sans prétention, coïncideainsi avec l’observation scientifique de Geley. Comme dans biendes cas, la science confirme, de cette façon, une connaissancesimple acquise par l’expérience ordinaire.Une fois l’émanation provoquée, l’ectoplasme tourne autour

des assistants, autour du groupe, en augmentant peu à peu sonintensité et sa force pour se diriger finalement vers le médium. Ils’unit au système nerveux du médium en formant ce que Geleyconsidère un supplément. C’est grâce à ce supplément que lesEsprits, appelés par Geley des opérateurs, réussissent à produire,ensuite, les différents phénomènes de lévitation, de mouvementd’objets et de matérialisation. La théorie scientifique du supplé-ment d’ectoplasme correspond aussi à la superstition polynésienned’accumulation ou emmagasinement de Mana ou Orenda pourles opérations magiques postérieures.Il ne nous reste plus qu’à mettre en évidence que le processus

de sélection du médium et de réalisation de séances est pratique-ment le même chez les tribus ou les occidentaux. Bozzanoexplique que les hommes primitifs se servent d’individus sensitifs,après avoir éprouvé leurs qualités dans ce domaine et ils réalisentleurs séances le soir ou à la tombée du jour évitant la lumière dusoleil. Freedom Long donne des détails curieux. Ils se placentautour d’une petite hutte en paille pour chanter et danser à latombée du jour. Le médium reste à l’intérieur de la hutte. Celle-cicorrespond, comme nous pouvons le voir, à la cabine médium-nique des expériences scientifiques où le médium se débarrassede l’incidence de la lumière dans la salle de séances. Les expé-riences de Crookes, par exemple, faites en pleine lumière, avec lesmatérialisations célèbres de Katie King, étaient de cet ordre. Lemédium restait dans un cabinet ou dans une cabine, où se créaitl’élaboration ectoplasmique. Ce n’est qu’après s’être matérialisé

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que l’Esprit rejoint la salle éclairée.Les phénomènes qui se produisent dans les forêts sont natu-

rellement plus frustres, violents et forts que ceux qui se produisentdans les expériences scientifiques. Cela s’explique par la qualitémentale des assistants, du médium lui-même et, par conséquent,des opérateurs ou Esprits qui agissent dans le milieu tribal. Lesphénomènes du milieu civilisé sont plus subtils, revêtant, parfois,une harmonie et une beauté inégalable, comme cela se passaitpendant les matérialisations de Katie King avec Crookes et pendantles célèbres séances avec le médium Douglas Home où il y avaitde merveilleuses matérialisations de mains.Néanmoins, les mains frustres de la jungle et les délicates

mains anglaises des séances de Home révélaient la même chose : lasurvie de l’homme après la mort corporelle et la possibilité decommunication entre incarnés et désincarnés. Les mains pro-duites par Mana ou Orenda indiquent aux hommes le mêmechemin de spiritualisation indiqué par la main de l’ectoplasme.De la forêt à la civilisation, les Esprits enseignent aux hommesque la vie ne s’achève pas dans la tombe, de même qu’elle necommence pas au berceau.

Horizon agricole : animisme et culte des ancêtres1. Rationalisation animiqueQuand nous étudions l’horizon agricole c’est-à-dire, le

monde des premières formes sédentaires de vie sociale, nousvoyons l’animisme tribal se développer sur le plan de la rationalisation.Nous sommes dans ce moment hégélien, et par conséquent dia-lectique, où la raison se déroule dans le processus historique,celui-ci entendu comme le progrès de l’homme sur terre. Ladomestication d’animaux et de plantes, l’invention et l’emploid’instruments, la création de la richesse, interviennent simul-tanément avec l’augmentation démographique et le développementspirituel de l’homme. C’est précisément le développement spirituelqui va avoir une conséquence curieuse : l’approfondissement de la

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction 9

1 - La phase préhistoriqueHorizon tribal et médiumnisme primitif 13

Horizon agricole : animisme et culte des ancêtres 28

Horizon civilisé : médiumnisme oraculaire 42

Horizon prophétique : médiumnisme biblique 55

Horizon spirituel : médiumnité positive 67

2 - La phase historiqueEmancipation spirituelle de l’homme 80

Rupture des piliers religieux 94

L’invasion spirituelle organisée 108

Anticipations doctrinaires 120

La phalange du consolateur 133

3 - La doctrine spiriteLe triangle d’Emmanuel 148

La science admirable 161

La philosophie de l’Esprit 174

Religion en Esprit et en vérité 188

Monde de régénération 203

4 - La pratique médiumniqueRecherche scientifique de la médiumnité 218

Les lois de la médiumnité 243

Anthropologie spirite 253

Bibliographie 273

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Chico XavierCollection: Vie dans le monde spirituelPar l’Esprit André LuizNosso LarLes messagersMissionnaires de la lumièreLes ouvriers de la vie éternelleDans le monde supérieurLibérationEntre la terre et le cielDans les domaines de la médiumnitéAction et RéactionEvolution dans deux mondesLes mécanismes de la médiumnitéSexe et destinEt la vie continue

Par l’Esprit EmmanuelIl y a 2000 ansCinquante ans plus tardAvé ChristRenoncementPaul et Etienne

Collection: Source VivePar l’Esprit EmmanuelSource viveChemin, Vérité et VieLa vigne de la lumièreNotre Pain

Par l’Esprit Neio LúcioJésus chez vous

Par l’Esprit Frère X (Humbert de Campos)

Lumière célesteLettres de l’autre monde

Le consolateurVers la lumière

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Divaldo Pereira FrancotPar l’Esprit OtiliaLe passage

Par l’Esprit Joanna de AngelisAu seuil de l’infini

Par l’Esprit Vianna de CarvalhoMédiums et médiumnité

Par l’Esprit Manoel Philomeno de MirandaSexe et obsessionLumière spirite

Vigilance

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Le spiritisme étant une réalité historique, affirméepar le codificateur Allan Kardec et ses successeurs,il a son passé, son présent comme il aura son futur.A l’époque de Kardec, initier quelqu’un à l’étudedu spiritisme était l’introduire dans une réaliténaissante, dans une vraie problématique en ébulli-tion, dans un nouvel ordre d’idées. Aujourd’hui,c’est initier ce quelqu’un a un processus déjàdéfini et pas seulement dans un ordre d’idées maisaussi dans un cadre historique.Nous sommes certainement à l’aube de la raisonet même aux fondements du processus de laconnaissance et l’homme ne va pas seulementdonner la vie et la volonté aux objets et aux chosesmais aussi à son âme. Qui pourrait empêcher l’évo-lution de l’Esprit dans le temps ? La consciencehumaine mûrit dans la temporalité. L’espérancespirite ne repose pas sur la fragilité humaine maissur les potentialités de l’Esprit. La vie est courte,le temps est long et la vérité intemporelle nousattend tous sur le seuil impassible de l’éternel.

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