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2 L’état du patrimoine mondial dans la région Asie-Pacifique 2003 rapports du patrimoine mondial

L'Etat du patrimoine mondial dans la région Asia-Pacifique ...unesdoc.unesco.org/images/0013/001377/137776f.pdf · 3 La Convention concernant la protection du patrimoine mondial

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L’état du patrimoine mondialdans la région Asie-Pacifique2003

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rapportsdu patrimoine mondial

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L’état du patrimoine mondialdans la région Asie-Pacifique2003

Avertissement

Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des faits mentionnés dans cette publication, ainsi que desopinions exprimées, qui ne reflètent pas nécessairement celles de l’UNESCO et ne sauraient par conséquent engagerl’Organisation.

Les désignations employées tout au long de cette publication, ainsi que la présentation des informations, n’impliquentnullement l’expression d’une quelconque opinion de la part de l’UNESCO concernant soit le statut juridique de tout pays,territoire, ville ou région, ou de leurs autorités, soit le tracé de leurs frontières.

Toutes les images, cartes et dessins contenus dans ce rapport ont été fournis par l’UNESCO ou par les autorités des Étatsparties, au stade de la demande d’inscription des biens du patrimoine mondial concernés ou spécifiquement en vue del’Exercice des rapports périodiques. Tous les droits sur ces images sont réservés.

La reproduction est autorisée, à condition qu’il soit dûment fait mention de la source et qu’une copie soit adressée àl’UNESCO (Paris), à l’adresse ci-dessous.

Publié en 2005 par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO

7, place de Fontenoy75352 Paris 07 SP FranceTél : 33 (0)1 45 68 15 71Fax : 33 (0)1 45 68 55 70E-mail : [email protected]://whc.unesco.org

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La Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel etnaturel a été adoptée par l’UNESCO en 1972 en vue de la sauvegarde, pourles générations futures, du patrimoine culturel et naturel de valeur univer-selle exceptionnelle. Pour atteindre cet objectif, il est vital que les peuplesde toutes les nations soient conscients non seulement du patrimoine parti-culier qui est le leur, mais aussi de la richesse et de la diversité extraordi-naires de notre patrimoine mondial – des pyramides d’Égypte aux ÎlesGalapagos en Équateur, de l’Acropole en Grèce aux rizières en terrasses descordillères des Philippines.

Les 177 pays signataires de la Convention du patrimoine mondial ontassumé une mission permanente : la sauvegarde du patrimoine de notremonde. Ils sont entrés dans un réseau de pays voué à la protection interna-

tionale des biens du patrimoine mondial et partagent la conviction qu’il est de notre responsabilité com-mune de préserver nos ressources culturelles et naturelles. Depuis plus de trente ans qu’elle a été adoptéepar la Conférence générale de l’UNESCO, la Convention du patrimoine mondial est devenue le principal ins-trument juridique international consacré à la protection du patrimoine culturel et naturel de notre monde.

Le Comité du patrimoine mondial, à sa vingt-deuxième session, tenue en décembre 1998, a lancé un pro-cessus de rapports périodiques pour toutes les régions du monde, conformément à la résolution adoptéeen 1997 par la vingt-neuvième Conférence générale de l’UNESCO. Ce processus de rapports périodiques apour objet de sensibiliser un public aussi large que possible à la Convention du patrimoine mondial, ainsique d’évaluer l’application de la Convention par les États parties et l’état de conservation de leurs biensculturels et naturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

Avec la publication de L’état du patrimoine mondial dans la région Asie-Pacifique et du CD-ROM qui l’ac-compagne, contenant les résumés des rapports périodiques nationaux des États parties de la région Asie-Pacifique, nous disposons désormais d’un important instrument de référence pour continuer à développerune coopération régionale visant à la conservation du patrimoine mondial et à l’échange d’informationset d’expériences entre les États parties quant à la mise en œuvre de la Convention.

L’objet de la présente publication est d’offrir au lecteur un panorama de l’application de la Convention dupatrimoine mondial par les États parties et de l’état de conservation des biens du patrimoine mondialinscrits sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse (terme fixé par le Comité dupatrimoine mondial à la première phase du processus des rapports périodiques). Son but est égalementde fournir à tous les acteurs de l’identification et de la conservation des biens du patrimoine mondial –gestionnaires de sites, autorités locales ou société civile – des outils adaptés à la gestion, à la protec-tion et à la mise en valeur de leurs biens.

Le patrimoine culturel et naturel de la région Asie-Pacifique a fièrement survécu aux effets du climat, auxravages des conflits et aux autres défis lancés à sa conservation. Bien des menaces et bien des risques ont

Préface

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été identifiés et écartés grâce aux efforts conjugués de la communauté internationale, au sein de laquellel’UNESCO, les gouvernements nationaux et les autres institutions sont loin de jouer un rôle mineur. Ilreste, cependant, beaucoup à faire, et des activités de suivi sont en cours d’identification par le Centre dupatrimoine mondial et les États parties, conformément aux recommandations et aux conclusions du rap-port périodique relatif à la région Asie-Pacifique.

Conscient de l’importance de cette publication, je saisis cette occasion d’exprimer mes remerciements àtous les États parties et aux gestionnaires de sites du patrimoine mondial d’Asie-Pacifique, ainsi qu’auxOrganisations consultatives du Comité du patrimoine mondial (ICOMOS, UICN et ICCROM), dont le sou-tien actif a contribué à la rendre possible. Je tiens à remercier les nombreux points focaux nationaux,gestionnaires de sites et spécialistes du patrimoine de toute la région, ainsi que la Fondation pour lesNations Unies et les gouvernements de l’Italie et du Japon pour le soutien financier qu’ils ont apportépar l’intermédiaire du mécanisme de coopération des fonds-en-dépôt de l’UNESCO.

J’espère que cette publication enrichira votre connaissance du patrimoine mondial exceptionnel dela région Asie-Pacifique. J’espère, plus encore, qu’elle sera pour vous un rappel des devoirs et desresponsabilités que nous partageons en vue de préserver l’exceptionnelle valeur universelle denotre patrimoine mondial.

Koïchiro Matsuura Directeur général de l’UNESCO

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La Convention du patrimoine mondial, qui compte 177 États parties, estdevenue l’instrument juridique international le plus universel dans ledomaine de la conservation du patrimoine. Depuis plus de trente ans, despays du monde entier travaillent dans un esprit de coopération internatio-nale à l’identification, à la protection et à la mise en valeur du patrimoineculturel et naturel « de valeur universelle exceptionnelle ». À ce jour, 754 biens, situés dans 129 pays, ont été inscrits sur la prestigieuse Liste dupatrimoine mondial, dont 582 biens culturels, 149 naturels et 23 mixtes.

Malheureusement, comme ne le savent que trop bien les responsables del’entretien du patrimoine, l’état de conservation des biens de notre patri-moine n’est pas toujours satisfaisant. La dégradation de l’environnement,la pollution, le développement des infrastructures et les autres menaces quipèsent sur la biosphère continuent d’affecter l’état de conservation de

notre patrimoine mondial. En outre, le développement massif du tourisme pousse presque à la limite deleur capacité les biens du patrimoine.

Lorsqu’on écoute les gestionnaires de sites, on n’est pas surpris de découvrir que certaines des menacesqui pèsent sur la conservation des biens du patrimoine mondial sont dues à des dispositions juridiques etadministratives inadaptées, ou à l’absence de mécanismes d’ensemble de gestion et/ou de suivi. Cesmenaces pour notre patrimoine sont précisément la raison pour laquelle la Convention du patrimoinemondial a été originellement adoptée et est devenue progressivement l’instrument juridique le plusfameux pour la protection du patrimoine tant naturel que culturel de l’humanité.

Les rédacteurs de la Convention ont considéré que l’inscription des biens sur une Liste du patrimoinemondial n’était que le commencement d’un processus d’éducation, de préservation et de mise en valeur– d’un processus qui a pour effet la conservation durable des biens et exige un suivi continu. Telle est latâche qui nous attend aujourd’hui. Comment pouvons-nous évaluer l’état de conservation des biens denotre patrimoine culturel et naturel ? Comment un État partie peut-il améliorer sa mise en œuvre de laConvention par la mise en place d’une politique nationale visant à assurer efficacement la protection, laconservation et la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel ?

En décembre 1998, le Comité du patrimoine mondial, organe intergouvernemental composé de21 membres, a invité les États parties à soumettre des rapports périodiques conformes au format adoptéà sa vingt-deuxième session. Puis le rapport périodique pour la région Asie-Pacifique a été réalisé de1999 à 2003 et le Comité a examiné et adopté, à sa vingt-septième session, en juillet 2003, le « Rapportpériodique de synthèse pour la région Asie-Pacifique ».

L’examen des rapports périodiques soumis par les États parties d’Asie-Pacifique fait clairement apparaîtreque les biens du patrimoine mondial sont confrontés à des problèmes de conservation croissants. Parmi

Avant-propos

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les menaces et les risques identifiés lors de la préparation du rapport périodique consacré à la région, oncompte notamment les pressions liées au développement et à la population, l’expansion urbaine et ledéveloppement agricole, le tourisme incontrôlé, le vandalisme, le vol et la destruction du patrimoine, lescatastrophes naturelles et les conflits militaires et armés. La croissance démographique est une tendancemajeure dans de nombreux pays asiatiques, qui se traduit souvent par des migrations massives et unedemande croissante de ressources naturelles. La pollution atmosphérique, le développement envahissantdu commerce et le peu de souci du patrimoine dont témoignent trop souvent les travaux de constructiontant publics que privés sont autant d’autres menaces pour les biens du patrimoine, qui se soldent souventpar la destruction ou l’altération de la valeur patrimoniale de ceux-ci. Pour le Pacifique, le changement cli-matique planétaire est une menace toute particulière, certaines îles devant être confrontées à une éléva-tion significative du niveau des mers dans les prochaines décennies.

Bien que les enjeux de la conservation du patrimoine mondial soient extrêmement variés, ils ont en com-mun l’importance vitale du « facteur humain ». De la sorte, les politiques et les activités de conservationdoivent être intégrées dans et compatibles avec les programmes nationaux et locaux de développementsocio-économique.

Le nombre croissant et l’ampleur des menaces qui pèsent, dans le monde entier, sur les biens du patrimoinemondial apparaissent également dans l’allongement de la Liste du patrimoine mondial en péril, quicompte actuellement 35 biens. Cette triste situation exige de nous tous des efforts accrus pour préserverle patrimoine culturel de l’humanité à l’intention des générations à venir, en tant que source indispensabled’identité et de créativité, et pour sauvegarder notre patrimoine naturel, dont dépend la vie même.

La production de cette publication consacrée à L’état du patrimoine mondial dans la région Asie-Pacifiquesera utile aux autorités nationales comme aux autorités gestionnaires des sites. Les analyses et les syn-thèses qu’elle renferme sont conçues de manière à encourager le grand public à s’impliquer dans laconservation et la promotion du patrimoine du monde. Cette publication contribuera, espérons-le, àencourager encore les États parties d’Asie-Pacifique à identifier et à protéger les biens du patrimoinemondial de la région. Je saisis cette occasion d’exprimer ma sincère gratitude à tous ceux dont la créati-vité intellectuelle et le soutien financier ont contribué à la rendre possible.

En ma qualité de Président du Comité du patrimoine mondial, je souhaite féliciter l’UNESCO, et particu-lièrement son Centre du patrimoine mondial, pour cette publication. Je ne doute pas qu’elle inspirera auxexperts nationaux et aux gestionnaires de sites, dans la région et dans le monde entier, le désir de pour-suivre leur contribution active à la conservation et à la préservation du patrimoine mondial de la régionAsie-Pacifique.

Zhang Xinsheng Président du Comité du patrimoine mondial

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Introduction

AntécédentsLa préparation de rapports périodiques sur la mise en œuvre de laConvention du patrimoine mondial et l’état de conservation des biens ins-crits sur la Liste du patrimoine mondial procède de résolutions adoptées parle 11e Assemblée générale des États parties à la Convention du patrimoinemondial et par la 29e Conférence générale de l’UNESCO, tenue en 1997. À lademande de l’Assemblée générale des États parties à la Convention du patri-moine mondial, le Comité du patrimoine mondial, à sa 22e session, en 1998,a défini la périodicité, la forme, la nature et la portée des rapports pério-diques sur la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial et surl’état de conservation des biens du patrimoine mondial. Le Comité a invité lesÉtats parties à soumettre leurs rapports périodiques nationaux conformé-ment à l’article 29 de la Convention.

À sa 24e session, en décembre 2000, le Comité du patrimoine mondial a approuvé un plan d’action pour lapréparation du rapport périodique régional pour l’Asie-Pacifique. Un certain nombre des 39 États parties(27 pour l’Asie et 12 pour le Pacifique) et le Centre du patrimoine mondial avaient déjà commencé la pré-paration des rapports périodiques en 1997 et ce travail de préparation s’est amplifié à partir de 2001. Surles 39 États parties, 16 États qui possédaient des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’àl’année 1994 incluse ont été priés de préparer des rapports sur l’état de conservation de 88 biens au total(55 biens culturels et 33 biens naturels ou mixtes).

La majorité des États parties d’Asie-Pacifique ont désigné des points focaux nationaux pour la préparationde leurs rapports périodiques en 2001, à la demande du Centre du patrimoine mondial. Afin de faciliter letravail des autorités nationales, le Centre a élaboré un questionnaire, en consultation avec les Organisationsconsultatives (ICOMOS, UICN et ICCROM), sur la base du format adopté par le Comité pour les rapports pério-diques, qui comprend deux sections. La Section I est consacrée principalement à l’action législative et admi-nistrative engagée par les États parties en application de la Convention du patrimoine mondial. La Section IIrend compte en détail de l’état de conservation de biens spécifiques inscrits sur la Liste du patrimoine mon-dial jusqu’à l’année 1994 incluse.

Une aide internationale a été fournie par le Fonds du patrimoine mondial pour soutenir certains États par-ties dans la préparation de leurs rapports périodiques nationaux. Le gouvernement du Japon a généreuse-ment accordé 334 800 dollars des États-Unis, au titre du programme de fonds-en dépôt japonais, pour aidersept États parties asiatiques (Chine, Inde, Indonésie, Pakistan, Philippines, Sri Lanka et Viet Nam) à amélio-rer le suivi des biens du patrimoine culturel mondial entrant dans le cadre du présent Exercice de rapportspériodiques. La Fondation pour les Nations Unies, par l’intermédiaire de son programme « Mise en valeur denotre patrimoine : surveillance et gestion positives Suivi et gestion pour la réussite dans les biens du patri-moine naturel mondial » a elle aussi fourni un financement au Népal et à l’Inde, dans le cadre de l’Exercicedes rapports périodiques pour la région Asie-Pacifique. Avec le soutien du fonds-en-dépôt italien auprès del’UNESCO, les États parties du Pacifique ont bénéficié d’une aide pour la préparation de leurs rapports pério-diques lors d’un atelier de renforcement des capacités organisé à Apia (Samoa) en février 2003.

MéthodologieÀ un stade précoce de la préparation du rapport périodique régional, le Centre du patrimoine mondial etles États parties ont adopté une approche consultative, en vue non seulement de faciliter le processus depréparation du rapport, mais aussi de faire en sorte que le rapport final soit un instrument utile pour les…

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États parties concernés, le Comité du patrimoine mondial et l’UNESCO, en donnant la priorité aux actionsfondées sur les besoins sous-régionaux identifiés. Tout au long de l’exercice, les Organisations consulta-tives (ICOMOS, ICCROM et UICN) ont été invitées à y participer, afin que leur expérience et leur connais-sance de la conservation du patrimoine mondial puissent être mises à profit.

Durant la préparation des rapports périodiques nationaux, la collecte des informations de base relativesà des biens spécifiques inscrits sur la Liste du patrimoine mondial fut une difficulté non négligeable. Pourun grand nombre des biens inscrits sur cette Liste jusqu’à l’année 1994 incluse, l’inscription a été propo-sée sans que leurs limites soient clairement déterminées. Dans de nombreux cas, d’autres informations –les déclarations d’importance, les menaces, la législation et les mécanismes de gestion décrits originelle-ment dans les dossiers de proposition d’inscription – devaient être reformulées ou réexaminées.De nombreuses réunions de consultation ont été organisé es à l’échelle nationale, régionale et interna-tionale pour échanger des informations et encourager une participation active des États parties, avec lesoutien du Fonds du patrimoine ou d’autres fonds extrabudgétaires :

Des réunions sous-régionales et/ou régionales pour le patrimoine culturel, naturel ou mixte se sontnotamment tenues à Tana Toraja (Indonésie) en avril 2001, à Gyeongju (République de Corée) en juillet2001, dans les Montagnes Bleues (Australie) en mars 2002, à Almaty (Kazakhstan) en décembre 2002, àHanoi (Viet Nam) en janvier 2003, à Apia (Samoa) en février 2003 et à Paris (France) en mars 2003.Des réunions nationales de consultation ont eu lieu en Australie (mars 2002), Chine (juillet 2002), Inde(novembre 2002) et Sri Lanka (novembre-décembre 2002).Des réunions d’information ont été organisées en octobre 2001 et en janvier et juin 2003 pour lesDélégations permanentes des États parties de la région Asie-Pacifique auprès de l’UNESCO.Aucun pays insulaire du Pacifique n’a été invité aux réunions régionales de consultation et aucun rapportpériodique national n’a été reçu des dix pays insulaires du Pacifique (l’Australie et la Nouvelle-Zélandenon comprises) à la date limite du 31 décembre 2002. L’organisation d’un atelier de renforcement descapacités à Apia (Samoa) en février 2003 avec le soutien du fonds-en-dépôt italien de l’UNESCO a doncété une occasion d’encourager les États parties insulaires du Pacifique à préparer des rapports. Par la suite,la majorité de ces États parties ont fourni des rapports périodiques nationaux, bien qu’ils n’aient, en majo-rité, adhéré que récemment à la Convention.

Ce rapport périodique étant le premier à être élaboré pour la région Asie-Pacifique, les États parties,l’UNESCO, les Organisations consultatives et tous les partenaires impliqués en ont fait une occasion derenforcer la coopération pour la conservation du patrimoine mondial. Des leçons en ont été tirées, quipourront être mises à profit dans le prochain cycle de rapports périodiques et pour d’autres régions.

StructureConformément à la décision de la 27e session du Comité du patrimoine mondial, la structure de cette publi-cation est divisée en deux parties. La publication sur papier (première partie) offre un aperçu analytique etsynthétique des principales questions soulevées par les rapports périodiques nationaux. La conclusion pré-sente les deux programmes régionaux de suivi du rapport périodique adoptés par le Comité en 2003.

Le CD-ROM (deuxième partie) offre une version résumée de la Section I du Rapport périodique régional,consacrée à l’application de la Convention du patrimoine mondial par les États parties d’Asie-Pacifique,tandis que la section II traite de l’état de conservation des biens culturels, naturels et mixtes inscrits sur laListe du patrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse.

Francesco BandarinDirecteur du Centre du patrimoine mondial

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Remerciements

La présente publication a pour objet d’offrir une vue d’ensemble des résultats du premier cycle de l’Exercicedes rapports périodiques pour la région Asie-Pacifique, tel que les a examinés le Comité du patrimoinemondial à sa 27e session (Paris, 30 juin-5 juillet 2003).

Nos remerciements vont aux États parties de la région Asie-Pacifique, en particulier aux gestionnaires desites et aux points focaux nationaux de l’Exercice des rapports périodiques. Nous tenons à remercier noscollègues du Centre du patrimoine mondial et d’autres unités de l’UNESCO pour leurs commentaires etcontributions précieux. Nous souhaitons également remercier les Organisations consultatives du Comitédu patrimoine mondial, l’ICOMOS, l’UICN et l’ICCROM, pour leur inestimable contribution à cet exercicedans la région.

La préparation de ce document a été coordonnée par M. Feng Jing, spécialiste du programme de l’unitéAsie-Pacifique du Centre du patrimoine mondial, avec l’assistance de Mme Aurélie Valtat et de M. PeterLaws (aujourd’hui décédé), rédacteurs consultants pour le patrimoine culturel, de M. Terence Hay-Edie,rédacteur consultant pour le patrimoine naturel, de MM. Salamat Ali Tabbasum, Marc Faux, Art Pedersenet Marc Hockings.

Le Centre du patrimoine mondial tient aussi à exprimer sa gratitude au fonds-en-dépôts japonais del’UNESCO pour sa contribution financière à la publication de la version anglaise de ce document.

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Préface de Koïchiro Matsuura

Avant-propos de Zhang Xinsheng

Introduction de Francesco Bandarin

Remerciements

Les thèmes de la Stratégie globale dans la région Asie-Pacifique

Identification et préservation des valeurs du patrimoine mondial

La législation relative au patrimoine

Risques et menaces pour les biens du patrimoine mondial

Les enjeux de la gestion et du suivi

Éducation, information et nouvelles technologies

Ressources et partenariats pour la conservation

Conclusions

Annexes

Annexe 1 : Liste des biens du patrimoine mondial de la région Asie-Pacifique inscrits sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse

Annexe 2 : Informations de base sur les États d’Asie et du Pacifique

Annexe 3 : Le programme « Action Asie 2003-2009 »

Annexe 4 : Le programme « Patrimoine mondial – Pacifique 2009 »

Annexe 5 : Recommandations sous-régionales et régionales relatives à l’Exercice des rapports périodiques pour l’Asie et le Pacifique

Annexe 6 : Acronymes

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Les thèmes de la Stratégie globale dans la région

Asie-Pacifique

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Parc marin du récif de Tubbataha, Philippines

© UNESCO

Des montagnes spectaculaires de l’Himalaya, où sedresse le sommet le plus élevé du monde, auxdéserts de l’Asie centrale et aux jungles tropicalesd’Asie du Sud-Est, de la forêt ombrophile et desplaines arides d’Australie aux archipels de petites îlesdu Pacifique, la région Asie-Pacifique embrasse unegrande diversité de zones climatiques, de topogra-phies, d’écosystèmes et de cultures. Les origines géo-logiques de cette région, qui représente environ untiers de la masse terrestre et une vaste étendue del’océan Pacifique, avec ses atolls et ses îles, remon-tent à la dislocation du continent unique deGondwana (qui a laissé des vestiges en Australie, en

Nouvelle-Zélande et en Nouvelle- Calédonie) et à ladérive vers le Nord du sous-continent indien, quiheurta plus tard le reste de l’Asie. Ainsi l’Asie conti-nentale, dans sa configuration actuelle, est-elle le pro-duit de centaines de millions d’années de mouvementset d’échanges tectoniques avec le Pacifique. À uneéchelle écologique plus récente, la richesse biologiquede cette région soutient l’activité humaine et évolueen même temps qu’elle depuis bien des millénaires.

L’immense diversité ethnique et linguistique de cetterégion a pris naissance dans des centres régionaux dis-tincts, qui ont échangé leurs influences au fil des siècles demigrations, d’activité sur les routes commerciales et deguerres. Les peuples de cette région ont perfectionné denombreux modes d’occupation des sols et techniquesadaptatives, renforcés par des pratiques religieuses et pro-fanes, des rites et des systèmes coutumiers divers. Larégion Asie-Pacifique fut la première à construire descanaux et à mettre en œuvre des systèmes d’irrigation. Ellefut l’une des premières à construire des villes organisées età domestiquer la faune et la flore. Bon nombre de cesgroupes de chasseurs-cueilleurs et de ces sociétés agricoleset industrielles ont laissé des témoignages matériels et desprogrès technologiques qui relatent l’« histoire du patri-moine mondial » de la région Asie-Pacifique.

Peuplés aujourd’hui de 3,75 milliards d’habitants (environ60 % de la population mondiale), les 42 États de cetterégion comptent 39 États signataires de la Convention dupatrimoine mondial (Brunei, le Timor-Leste et Singapour ne

l’ont pas ratifiée). Les États parties peuvent aussi bien figu-rer parmi les pays plus peuplés au monde, comme la Chineavec 1,28 milliard d’habitants, l’Inde avec 1,05 milliard oule Bangladesh avec 133 millions, que compter 5,17 millionsd’habitants comme la Papouasie-Nouvelle Guinée, voire96 000 comme Kiribati.1

La disparité est également massive en termes de superficiedes territoires. Si, en effet, la Chine s’étend sur 9 596 960km_, le Bhoutan, récent signataire de la Convention dupatrimoine mondial, n’en couvre que 47 000. La taille etl’étendue des différentes zones du patrimoine mondialpeuvent elles aussi varier dans une large proportion, de laGrande Barrière en Australie (34,87 millions d’hectares) à laBaie d’Ha-Long au Viet Nam (150 000 hectares).

Un petit nombre de pays de la région Asie-Pacifique comp-tent parmi les plus riches du monde, tandis qu’un grandnombre d’autres sont parmi les moins développés. En2002, le PIB moyen par habitant du Japon et de l’Australiedépassait 25 000 dollars des États-Unis, alors qu’il se limi-tait à 5 200 dollars aux Îles Fidji, 3 000 dollars en Indonésie,1 750 dollars au Bangladesh et au Népal et 1 140 dollars àpeine au Tadjikistan. L’espérance de vie à la naissanceatteint 78 ans en Nouvelle-Zélande, contre 53,5 ans seule-ment au Laos. Le taux d’alphabétisation des adultes atteint98 % en République de Corée, alors qu’au Cambodge35 % seulement des adultes savent aujourd’hui lire et écrire.Depuis trente ans qu’a été adoptée la Convention du patri-moine mondial, la région Asie-Pacifique a connu despériodes de croissance économique spectaculaire etl’émergence d’économies pleines d’avenir le long de laceinture pacifique. Elle a aussi connu d’importants reverséconomiques causés par des krachs boursiers et des catas-trophes naturelles (sécheresses, tremblements de terre etinondations). En outre, des changements politiques surve-nus dans les États de la péninsule indochinoise après desdécennies de guerre, l’éclatement de l’Union Soviétique enAsie centrale, les conflits post-coloniaux au Timor oriental,les récents troubles politiques et sociaux aux Îles Fidji et auxÎles Salomon ainsi que l’isolement international de certainsÉtats ont profondément modifié la région Asie-Pacifiquedepuis 1972.

De nombreux pays d’Asie partagent, notamment, uneforte tendance à l’accroissement démographique, à unedemande croissante en ressources naturelles et à une accé-lération de la migration des communautés rurales vers lesvilles petites et grandes. Les causes profondes de cettemigration ne sont pas difficiles à identifier. Au-delà de l’at-traction que les villes exercent sur les jeunes, les commu-nautés rurales sont souvent confrontées à la chute des prixdu marché des produits agricoles, à des opportunitésd’éducation limitées et à l’insuffisance des investissementsdans les zones provinciales, qui forcent des millions de per-sonnes à se déplacer vers les zones urbaines. Dans la réa-lité, cependant, les migrants économiques troquent

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Les thèmes de la Stratégie globale dans la région Asie-Pacifique

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Parc naturel deSagarmatha,Népal

1. Voir à l’Annexe 2 les données chiffrées relatives aux cinq sous-régions d’Asie-Pacifique.

souvent les privations des campagnes contre la pauvretédes bidonvilles urbains. Bon nombre de ces problèmesdémographiques et économiques ont un impact, direct ouindirect, sur les biens du patrimoine mondial de la région.

Dans le cas du patrimoine naturel, les menaces qui pèsentsur l’intégrité physique de nombreux biens sont les consé-quences de pressions causées par l’homme et de proces-sus naturels. Les pressions que représentent ladéforestation et le braconnage, en particulier, tiennent à ladépendance directe qui lie les moyens de subsistance despopulations rurales aux ressources naturelles. Comme l’asouligné en 1996 la Charte du patrimoine naturel austra-lien, la modification de la biosphère par l’homme contri-bue souvent à provoquer des catastrophes naturellesextrêmes. À cet égard, le changement climatique mondialreprésente une menace très réelle à court terme et unemenace immédiate de disparition totale pour certains paysinsulaires du Pacifique. D’autres processus permanentsque subissent les écosystèmes, comme l’érosion, l’envase-ment et l’invasion de nuisibles, de plantes et de micro-organismes, peuvent avoir été perturbés ou accélérés.Causés par l’homme ou par des événements naturels, lesincendies sont un risque direct pour de nombreux sites.Dans le cas des zones humides, il faut souvent compteravec la lutte pour des ressources en eau limitées et avec lapollution chimique d’origine agricole.

Dans le cas de nombreux biens culturels, et particulière-ment dans les zones tampons des villes historiques, lespressions liées au développement affectent, tant directe-ment qu’indirectement, la capacité des autorités à agir enharmonie avec l’esprit de la Convention. Outre lesmenaces directes d’empiètement illicite, de vol et de van-dalisme qui sont chose courante sur de nombreux sites, lapollution atmosphérique, le développement commercialenvahissant et le peu de souci du patrimoine dont témoi-gnent les chantiers de construction tant publics que privéssont quelques-uns des nombreux problèmes de gestionauxquels doivent faire face les gestionnaires de sites. Il estdécevant de constater que, trop souvent encore, des chan-tiers publics, avec les meilleures intentions du monde,détruisent ou altèrent par mégarde la valeur patrimonialede sites naturels et culturels de la région.

Dans le Pacifique, les questions cruciales sont différentes :on observe une nette diminution de la population de cer-tains États parties (Nioué), des menaces réelles et immi-nentes liées au changement climatique et à l’élévation duniveau des mers ainsi qu’un isolement extrême de la sous-région qui limite les opportunités de formation, l’échanged’informations et la prise en compte de cette sous-régionpar le reste du monde, malgré son extraordinaire diversitéculturelle et biologique. On considère que le Pacifiquecompte un plus grand nombre d’espèces en danger parhabitant que n’importe quelle autre zone au monde.L’environnement marin de cette région dispose de formi-dables ressources qui restent en grande partie inexplorées,avec notamment les récifs les plus vastes et les plus diver-sifiés au monde, la pêche au thon la plus importante, les

fosses océaniques les plus profondes et les populations lesplus saines qui subsistent de bien des espèces menacées àl’échelle planétaire, comme les baleines, les tortuesmarines et les crocodiles de mer. Les îles les plus élevéessont couvertes de vastes étendues de forêt ombrophileabritant de nombreuses espèces rares et menacées.

Depuis son adoption, la Convention du patrimoinemondial s’est révélée un instrument très efficace pour sti-muler la conservation et a donné un élan au développe-ment dans de nombreuses régions du monde. L’un desprincipaux moteurs de l’essor que connaît aujourd’hui lapromotion du patrimoine a été la croissance constante dutourisme mondial, et notamment de l’écotourisme, qui enest le sous-secteur dont les progrès sont les plus rapides.Cependant, comme l’attestent de nombreux rapportspériodiques nationaux, le tourisme est une force considé-rable qui doit être encadrée et gérée de manière à sauve-garder l’authenticité et l’intégrité des biens de valeuruniverselle exceptionnelle inscrits sur la Liste du patrimoinemondial. Tant les rapports nationaux que des rencontresanimées avec de nombreux administrateurs chargés dupatrimoine ont confirmé, au cours de ce premier cycle desrapports périodiques, le profond attachement au conceptde patrimoine mondial et son importance contemporainedans la région Asie-Pacifique.

La Stratégie globale : la représentation dupatrimoine d’Asie-Pacifique sur la Liste dupatrimoine mondial

Depuis l’adoption de la Convention du patrimoine mondialen 1972, de nombreux efforts ont été réalisés pour faire ensorte que la Liste soit plus crédible, plus équilibrée et plusreprésentative. Depuis 1979, progressivement, le déséqui-libre en faveur de l’architecture monumentale et la pré-pondérance des biens culturels par rapport aux biensnaturels ont fait à plusieurs reprises l’objet d’examens dela part du Comité du patrimoine mondial et desOrganisations consultatives. Cependant, les biens inscritssur la Liste du patrimoine mondial sont loin de représenterdans toute sa richesse la diversité ethnoculturelle et bio-géographique de la région Asie-Pacifique.

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Oiseaux de mer et cabane de surveillance dans le parc marin du récifde Tubbataha, Philippines.

En 1982, la Commission mondiale des aires protégées(WCPA) de l’UICN a établi un inventaire indicatif des biensnaturels intitulé The world's greatest natural areas : anindicative inventory of natural sites of world heritage qua-lity, en vue d’accroître le nombre de propositions d’inscrip-tion viables au titre du patrimoine naturel. La classificationdes principaux domaines biogéographiques conçue en1975 par Miklos Udvardy pour le Programme de l’UNESCOsur l’homme et la biosphère a permis d’identifier 31 sitespour le domaine indomalais, 14 pour le domaine océanienet 13 pour le domaine australien (qui composent ensemblela région Asie-Pacifique, objet de ce rapport, ainsi que dessites d’Asie du Nord-Est et d’Asie du Centre-Ouest qui fontpartie du domaine paléarctique).

Bien que l’inventaire de 1982 ait été conçu pour être révisérégulièrement, peu de compilations de l’UICN ont mis àjour cette « liste indicative mondiale » des sites naturels. Àce jour, en 2003, 10 des 31 sites indomalais ont été inscritssur la Liste du patrimoine mondial (tous présentés dans cerapport), ainsi que 10 sur les 13 que comporte la liste pourl’Australie (parfois regroupés, comme dans le cas desTropiques humides de Queensland), alors que 3 sites océa-niens seulement sur 14 ont été inscrits (Rennell Est pour lesÎles Salomon ; Rapa Nui pour le Chili ; les volcans d’Hawaïpour les États-Unis d’Amérique). D’autres organisationsconsacrées à la conservation, comme le Fonds mondialpour la nature (WWF) et Conservation International (CI),ont également produit des listes des 200 « écorégions » et« points névralgiques » de la biodiversité les plus impor-tants à l’échelle mondiale, qui offrent désormais des pro-cessus complémentaires pour l’identification de sitesnaturels pouvant faire l’objet d’une proposition d’inscrip-tion au patrimoine mondial.

Comme l’illustrent les synthèses et les recommandationsde la Section I (voir CD-ROM), il existe des disparités consi-dérables dans la mise en œuvre de la Convention du patri-moine mondial au sein de la région Asie-Pacifique. Alorsque des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et leJapon disposent d’inventaires nationaux et de Listes indi-catives bien établis, beaucoup d’autres, en Asie du Centre-Ouest, en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est, doiventencore faire une place à des formes non monumentales depatrimoine. Quant aux pays insulaires du Pacifique, il a étésouligné, lors d’un atelier consacré au renforcement descapacités organisé à Samoa en février 2003, qu’un grandnombre des États parties n’ont ratifié que très récemmentla Convention et commencent seulement à dresser desinventaires et à établir des Listes indicatives nationales envue de les soumettre au Comité du patrimoine mondial.Pour ce qui est d’une représentation culturelle plus équili-brée, l’ICOMOS a lancé, entre 1987 et 1993, des débatsportant sur une typologie fonctionnelle du patrimoine cul-turel mondial, reposant sur des facteurs comparatifs telsque le « type », le « style » et l’« époque ».

Parallèlement, le Comité du patrimoine mondial a insisté àdiverses reprises sur la nécessité de refléter dans sa totalitéla diversité culturelle, intellectuelle et religieuse vivante de

l’humanité. Une méthodologie non typologique (la« Stratégie globale ») a ainsi été établie par le Comité dupatrimoine mondial et l’ICOMOS en juin 1994 en vue decorriger les déséquilibres géographiques, temporels et spi-rituels de la Liste. Le groupe d’experts a identifié lesthèmes suivants, situés dans leur « contexte anthropolo-gique large » : (1) les relations de l’homme avec le sol –mouvements de populations, établissements humains,modes de subsistance, évolutions techniques ; et (2) leshommes en société – interactions de l’homme, coexistencedes cultures, expressions créatives des spiritualités.

À la demande du Groupe de travail sur la représentativitéde la Liste du patrimoine mondial, l’ICOMOS a élaboré en2000 une analyse de cette Liste selon 15 catégories et7 périodes historiques. Pour la région asiatique, 67 % dessites culturels inscrits en janvier 2000 se sont révélésappartenir aux trois catégories des sites archéologiques,des villes historiques et des monuments bouddhiques. Parcomparaison, seuls deux monuments islamiques, quatrepaysages, un site industriel, un site symbolique et un éta-blissement vernaculaire avaient été inscrits dans la mêmerégion. Pour l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Pacifique(Îles Salomon), cinq sites seulement ont été inscrits sur laListe pour leur valeur culturelle (deux sites archéologiques,deux paysages et un site symbolique).

À la date de mars 2004, la région Asie compte désormais128 sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial dans20 États parties et des efforts concertés sont en cours pourcorriger les déséquilibres qu’affiche actuellement la repré-sentation. Bon nombre des sept États parties asiatiques quin’ont toujours pas de sites culturels ou naturels inscrits surla Liste (le Bhoutan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, lesMaldives, la Mongolie, Myanmar, la République populairedémocratique de Corée et le Tadjikistan) ont soumis ou sepréparent à soumettre leurs premières demandes d’ins-criptions. Les synthèses de la Section II figurant sur le CD-ROM présentent l’état de conservation de tous les sitesd’Asie inscrits sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’àl’année 1994 incluse.

Dans le Pacifique, à la date de mars 2004, trois États par-ties (l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Îles Salomon)comptent à eux seuls 19 sites inscrits sur la Liste du patri-moine mondial, alors que les pays insulaires du Pacifiqueque sont les États fédérés de Micronésie, Fidji, les ÎlesMarshall, Kiribati, Nioué, les Palaos, la Papouasie-NouvelleGuinée, Samoa et le Vanuatu) préparent des Listes indica-tive et leurs premières propositions d’inscriptions. Les rap-ports nationaux de la Section I qui figurent sur le CD-ROMrésument certains des efforts réalisés par ces États partiesnon-représentés pour mettre en œuvre la Convention dupatrimoine mondial. Les résumés de la Section II présentéssur le CD-ROM décrivent l’état de conservation des sitesd’Australie et de Nouvelle-Zélande inscrits sur la Liste dupatrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse.

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Les thèmes de la Stratégie globale dans la région Asie-Pacifique

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Les thèmes de la Stratégie globale dans la région Asie-Pacifique

Types de catégories sous-représentées dans larégion Asie-Pacifique

1. Systèmes tropicaux, côtiers et insulaires marins2. Paysages culturels, montagnes sacrées3. Paysages karstiques et de steppe4. Hominidés fossiles, art rupestre, préhistorique

et protohistorique5. Routes et carrefours de civilisation6. Biens archéologiques et monumentaux7. Architecture moderne et contemporaine8. Architecture vernaculaire9. Patrimoine industriel

Le Centre du patrimoine mondial a joué un rôle très actifen vue d’améliorer la représentation du patrimoine de larégion Asie-Pacifique, au moyen de l’assistance internatio-nale et de réunions d’experts. C’est ainsi qu’a notammentété organisée à Achkhabad (Turkménistan), en mai 2000,une réunion d’experts sur la Stratégie globale, afin d’exa-miner la portée du patrimoine culturel d’Asie centrale etd’identifier les thèmes majeurs attestant de la diversitéethnoculturelle des steppes, des déserts, des montagnes etdu « carrefour de civilisations » régional qu’abrite la sous-région. De même, on trouvera ci-dessous les recomman-dations formulées lors d’un atelier tenu à Almaty(Kazakhstan) en décembre 2002, quant à la possibilité denouvelles propositions d’inscriptions au titre du patrimoinemondial naturel et mixte en Asie centrale. Une réunion surla culture associative a été organisée en Australie en 1995.En outre, une réunion consacrée à la Stratégie globalepour les îles du Pacifique s’est tenue à Fidji en 1997. Ces

réunions avaient pour but d’encourager les pays insulairesdu Pacifique à souscrire à la Convention du patrimoinemondial et à identifier des biens potentiels du patrimoinemondial dans le Pacifique. L’examen de sites susceptiblesde faire l’objet d’une proposition d’inscription s’est pour-suivi à Apia (Samoa) en février 2003.

La réunion sur la Stratégie globale pour les États partiesd’Asie du Sud-Est qui s’est tenue à Tana Toraja (Indonésie)en avril 2001 a souligné l’importance de l’identification etde la protection de l’architecture vernaculaire et desimplantations traditionnelles des nombreuses communau-tés ethniques qui, dans la région, peuplent les zones mon-tagneuses de l’Asie du Sud-Est continentale, la provincechinoise du Yunnan et les forêts des États insulaires de larégion. La conservation d’une architecture remarquable etla rapide disparition des édifices de bois exigent une atten-tion urgente.

En décembre 1998, un atelier consacré au « Dialogue surles politiques globales relatives aux forêts du patrimoinemondial », organisé à Berastagi, Sumatra du Nord(Indonésie), a rassemblé des experts de vingt pays et a per-mis l’identification de 63 forêts éligibles à l’inscription surla Liste du patrimoine mondial. Un atelier d’experts sur« La biodiversité du karst et le patrimoine mondial en Asiede l’Est et du Sud-Est », tenu au Parc national du GunungMulu (Malaisie) en mai 2001, a permis d’identifier lepotentiel particulier des écosystèmes karstiques pourrépondre aux critères propres au patrimoine tant naturelque culturel et accroître le nombre de propositions d’ins-cription pour des biens mixtes dans les pays d’Asie de l’Estet du Sud-Est.

En mars 2002 s’est tenu à Hanoi (Viet Nam) un « Atelier dupatrimoine mondial sur la biodiversité marine » sur lethème de la réduction des écarts cruciaux et de la promo-tion d’approches multi-sites en vue de nouvelles proposi-tions d’inscriptions portant sur des écosystèmes côtierstropicaux, marins et de petites îles. La réunion d’experts dupatrimoine naturel a mis au point une approche biogéo-graphique avec des interconnexions à grande échelle etdes propositions d’inscriptions groupées (comme pour lesespèces marines migratrices) et identifié 79 zones d’im-portance mondiale, classées sur une liste triple (« A », « B »et « C ») en vue d’une éventuelle inscription sur la Liste dupatrimoine mondial.

En outre, une étude documentaire commandée en 2002par le Centre du patrimoine mondial, a examiné 11 « caté-gories géoculturelles » à travers la région Asie-Pacifique etrecommandé de procéder en priorité à la nomination deszones naturelles suivantes : (i) steppe et prairies ; (ii) OcéanIndien et îles du Pacifique ; (iii) système montagneux del’Himalaya et systèmes apparentés ; (iv) sites de forêts tro-picales de plaine; et (v) grands systèmes fluviaux (Finlaysonet al. 2002, World Heritage Global Strategy with specificreference to the Asia-Pacific Region). De même, en 2002,dans le cadre d’un examen préliminaire des sites naturelsde la Liste du patrimoine mondial et des Listes indicatives,

Gare Victoria, site potentiel du patrimoineindustriel mondial, Inde

Bouddhas de Bamiyan, Afghanistan

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Rennell Est, Îles Salomon

Jim Thorsell, conseiller principal de l’UICN pour le patri-moine mondial, observe également que la toundra et lessystèmes polaires, les forêts boréales et les systèmeslacustres sont les catégories de biome les moins représen-tées sur la Liste.

L’étude de Finlayson et al. subdivise encore la Liste du patrimoine mondial en 9 « zones thématiques » àcaractère culturel et recommande la promotion dethèmes sous-représentés tels que les sites « scientifiques »,« philosophiques », « militaires » et liés à la « communica-tion ». Un classement comparatif suivant une hiérarchiedistinguant un « niveau 1 » et un « niveau 2 » a égalementété proposé afin d’aider les États parties d’Asie-Pacifique àréexaminer leurs Listes indicatives (par exemple, les œuvresarchitecturales jaïn, zoroastriennes ou taoïstes sous-repré-sentées sont répertoriées dans un sous-ensemble de « niveau 2 » au sein de la catégorie plus large, de « niveau1 », de l’« architecture religieuse ou spirituelle »).

D’autres études d’experts destinées à aider les États par-ties à réexaminer leurs Listes indicatives ont égalementété menées pour l’Asie du Sud-Est et le sous-continentindien et sont actuellement étendues à l’Asie du Centre-Ouest. Afin d’élargir le champ de l’étude thématiquedans le domaine du patrimoine moderne, le Comité dupatrimoine mondial a réalisé une étude documentaire dupatrimoine des XIXe et XXe siècles en Chine et a entre-pris l’examen de biens groupés potentiels représentantun patrimoine moderne en Asie du Sud. Une Conférencesur le patrimoine mondial, organisée à Chandigarh (Inde)en février 2003 a permis de renforcer la collaborationentre le Comité du patrimoine mondial et le réseau « mAAN » réunissant des professionnels du patrimoinemoderne en Asie.

Pour l’avenir, on espère que les États d’Asie et du Pacifiqueparties à la Convention du patrimoine mondial soumet-tront des Listes indicatives sous-régionales pour des sitestant naturels que culturels (impliquant une coopérationculturelle entre États parties), en mettant l’accent, demanière générale, sur les propositions d’inscriptions grou-pées et transfrontalières. Dans le cadre de la Stratégie glo-bale pour la région Asie-Pacifique, certains des domainesprioritaires suivants ont été identifiés en vue d’une propo-sition d’inscription.

Sites d’hominidés fossiles et d’art rupestre

Les origines de l’humanité sont un thème d’intérêt mon-dial, qui touche aux racines de notre diversité ethniqueactuelle. Un certain nombre de sites de fossiles sont devéritables icônes dans la mise en lumière de l’évolutionhumaine et jalonnent la découverte du patrimoine denotre propre évolution. Toutes ces questions exigent despreuves fossiles recueillies à partir de divers habitats dansde nombreux pays. Le catalogue des fossiles n’a cessé des’allonger au cours des cinquante dernières années – par-ticulièrement en Afrique – et de nombreuses initiativess’attachent actuellement à accroître le nombre de sitesd’hominidés fossiles figurant sur la Liste du patrimoinemondial pour la région Asie-Pacifique.

La chronologie de l’évolution de l’humanité peut se diviseren quatre périodes : (A) Une lignée distincte d’hominidésd’Afrique remonterait à 5 millions d’années. Voici 2 à1 million d’années, ces hominidés primitifs ont colonisé degrandes parties de l’Asie et de l’Europe. (B) Divers repré-sentants régionaux du genre Homo se sont ensuite déve-loppés jusqu’à -300 000 ans. (C) Homo a connu, entre-300 000 et -30 000 ans, une nouvelle évolution régionale,qui s’est traduite par des échantillons de fossiles bienconnus en Europe et en Asie occidentale. (D) Voici 150 000ans, Homo sapiens sapiens, l’humain moderne du point devue anatomique, aurait essaimé à partir de l’Afrique, pouratteindre de nombreuses parties de l’Asie continentale vers60 000 avant notre ère, l’Australie vers -50 000 et parvenirjusqu’aux îles du Pacifique occidental vers -30 000 (Gambleet Stringer 1997 Potential fossil hominid sites for inscriptionon the World Heritage List – a comparative study).

On découvre actuellement les preuves de différentes vaguesde migrations d’hominidés dans la région Asie-Pacifique,qui viennent jeter un nouveau jour sur les théories relativesà l’évolution de l’humanité. Cette grande colonisation pré-historique pose les bases du développement ultérieur despopulations humaines d’aujourd’hui. Cependant, les homi-nidés n’ont jamais été très nombreux et leurs restes archéo-logiques demeurent très difficiles à trouver. Dans le soucid’assurer une meilleure représentation de ces sites sur laListe du patrimoine mondial, des groupes de sites – voire depaysages – étroitement liés (classés selon leur potentiel denouvelles découvertes) font actuellement l’objet d’uneattention croissante, afin de préserver convenablement l’en-vironnement des fossiles d’hominidés et d’autres élémentsprésentant une valeur archéologique.

Ainsi, le site archéologique de Ban Chiang, en Thaïlande,a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en tant quepreuve d’adaptation de l’agriculture à l’environnement enAsie du Sud-Est voilà 5 000 ans. Parmi les huit sites pré-sentant des restes d’hominidés qui sont déjà inscrits sur laListe du patrimoine mondial, trois se trouvent dans larégion Asie-Pacifique : Zhoukoudian (site de l’Homme dePékin, Chine, 18 000 à 11 000 avant notre ère), les lacsWillandra (Australie, période D) et le Site des premiershommes de Sangiran (Indonésie, fossiles d’Homo erectus

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Fossile de mammifère à Naracoorte, Australie

remontant à 1,5 million d’années, période A). Les sites sui-vants, qui présentent d’importants restes d’hominidés, ontété définis comme zones prioritaires en vue de proposi-tions d’inscription pour la région Asie-Pacifique : lesCimetières du fleuve Murray (Australie, période D), lefleuve Solo (Indonésie périodes B et C) et les Grottes Niah(Malaisie, période D).

En relation étroite avec la reconnaissance des sites de fos-siles, des efforts croissants ont été consacrés à augmenterle nombre des sites d’art rupestre préhistoriques et proto-historiques d’Asie et du Pacifique figurant sur la Liste dupatrimoine mondial. En Chine, l’inscription de sites d’artrupestre tels que Helanshan, qui présente de précieusesgravures, ou les peintures murales de Huashan, est actuel-lement à l’étude. Au Kazakhstan, la proposition d’inscrip-tion des pétroglyphes à ciel ouvert de Tamgaly a étésoumise en janvier 2003. En Inde, la proposition d’inscrip-tion des peintures des abris sous-roche de Bhimbetka, prèsde Bhopal, dans le Madhya Pradesh, qui figurent sur la Listeindicative, est en préparation en vue de sa soumission. Ontrouve également en Indonésie, sur l’île de Kalimantan, denombreuses grottes à peintures, qui ont de fortes perspec-tives d’être classées au patrimoine mondial. Au Vanuatu,des discussions ont été engagées en vue de proposer l’ins-cription d’un site d’art rupestre situé à Malekula.

Paysages Culturels

La région Asie-Pacifique est à l’origine de l’élaboration duconcept de paysages culturels pour la Liste du patrimoinemondial. Les trois premiers paysages culturels à figurer surla Liste – le parc national de Tongariro en Nouvelle-Zélande, le parc national d’Uluru Kata Tjuta en Australie etles rizières en terrasse de Banaue aux Philippines – se trou-vent tous en Asie et dans le Pacifique. La reconnaissancede l’attachement spirituel et de la vénération des Maorisenvers les sommets sacrés de Tongariro a représenté untournant décisif pour la Convention, en ce qu’elle souligneencore davantage l’interaction entre la population et sonenvironnement. L’introduction de la catégorie de paysageculturel associatif a encouragé la soumission de proposi-tions d’inscriptions pour des sites mixtes dans le mondeentier et a incité les pays insulaires du Pacifique à percevoirl’applicabilité de la Convention du patrimoine mondial surleur sol, où la propriété de terres régie par le droit coutu-mier et les savoirs autochtones sont le fondement de laprotection du patrimoine.

À la suite d’une étude thématique régionale sur la cul-ture du riz en Asie et ses paysages en terrasses, organi-sée aux Philippines en mars 1995 et financée au titre dela Stratégie globale, quatre ensembles de terrasses rizi-coles situés dans la province d’Ifugao ont été inscrits surla Liste du patrimoine mondial en 1995 (date qui lesexclut du champ du présent rapport) et devaient ensuitefigurer sur la Liste du patrimoine mondial en danger. Denombreux autres paysages de terrasses situés en Asie,comme le Honghe, dans le Yunnan, en Chine, et les sys-tèmes de terrasses du Nord du Myanmar ont un fort

potentiel, en tant que paysages culturels du patrimoinemondial sous-représentés. Fin 1995, une réunion sur lespaysages culturels associatifs pour la région Asie-Pacifique a examiné l’importance de la reconnaissancedes valeurs spirituelles, religieuses, sociales et artistiquesdans l’identification des paysages culturels du patri-moine mondial. En outre, une réunion d’experts tenueau Japon en septembre 2001 et consacrée aux mon-tagnes sacrées d’Asie a identifié des itinéraires de pèle-rinages et diverses autres traditions asiatiques liées à laterre, qui reconnaissent les montagnes comme des lieuxd’une valeur universelle exceptionnelle.

Patrimoine industriel : voies ferrées, ponts et canaux

Bien que l’Europe ait été au centre de la révolution indus-trielle du XIXe siècle, l’Asie conçoit et perfectionne desprogrès techniques très élaborés depuis près de 5 000 ans.Si l’on élargit le concept de « patrimoine industriel » poury inclure les premiers exemples de projets de constructionde canaux, de ponts et de voies ferrées, la région Asie-Pacifique est très bien placée pour ouvrir la voie de nou-velles propositions d’inscriptions. Cependant, le DarjeelingHimalayan Railway (DHR), en Inde, et le système d’irriga-tion de Dujiangyan, en Chine (qui, inscrits l’un et l’autreaprès 1994, ne sont pas pris en compte dans le présentrapport de synthèse), sont les deux seuls exemples de sitesdu patrimoine industriel de la région Asie-Pacifique figu-rant sur la Liste du patrimoine mondial.

Remarquable exemple d’innovation technologique liéeau paysage, le Darjeeling Himalayan Railway grimpe jus-qu’à plus de 2 000 mètres d’altitude dans l’Himalayaoriental. Cette ligne de chemin de fer, qui a contribué àassocier le nom de Darjeeling à l’idée même du thé dequalité, a été la première ligne d’altitude de ce genre eta servi de modèle, en Inde, à d’autres lignes commecelles de Nilgiri, de Simla et de Matheran. On trouve dansla région Asie-Pacifique d’autres lignes comparables,comme celles de Dalat au Viet Nam et de Maymyo auMyanmar. Le système d’irrigation de Dujiangyan, enChine, dont l’origine remonte au IIIe siècle avant notreère, permet aujourd’hui encore de maîtriser les eaux dufleuve Minjiang dans les plaines de Chengdu. De nom-breux autres systèmes traditionnels d’irrigation ont éga-lement été maintenus en état dans de nombreux paysd’Asie du Sud-Est et du Sud.

En Asie, la construction de ponts est plus ancienne qu’enEurope. Alors qu’elle connaissait en Chine un importantessor, elle connut en effet, en Europe, une stagnation deprès de huit siècles après le déclin de l’Empire romain. Lesconcepts structurels de poutre, d’arche, de suspension etde pont cantilever ayant d’abord mis au point en Asie etportés à un haut degré d’élaboration, aucun effort n’estaujourd’hui épargné pour rechercher les exemples qui enont survécu, afin de les inscrire sur la Liste du patrimoinemondial.

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Programme « Terre Asie centrale 2002-2012 »

ObjectifsL’objectif premier du programme « Terre Asie centrale »est de renforcer les capacités des autorités de gestion dessites et celles des experts techniques d’Asie centrale(Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan etTurkménistan) en vue d’améliorer, pour l’avenir, la conser-vation, la mise en valeur et la gestion du patrimoine mon-dial culturel de la région par une coopération plus étroiteaux niveaux international, régional et national.

Les partenaires sont notamment • les autorités chargées de la culture des cinq répu-

bliques d’Asie centrale concernées,• le Centre du patrimoine mondial, la Division du patri-

moine culturel et les bureaux hors Siège de l’UNESCO,• CRATerre-EAG, ICCROM, ICOMOS, UCL (Belgique).• Un soutien est activement recherché auprès d’institu-

tions gouvernementales de coopération au développe-ment ainsi que d’OIG, d’ONG et de fondations privéespour les phases II et III du programme.

Trois résultats sont attendus de ce programme :• une meilleure connaissance et reconnaissance du

patrimoine culturel immobilier,• une formation des professionnels à la conservation, à

la gestion et à la mise en valeur du patrimoine culturelimmobilier,

• une formation des professionnels à une meilleureconservation du patrimoine culturel

Questions à traiter :• Mise à jour des inventaires nationaux• Renforcement des législations, des réglementations et

des cadres administratifs visant à protéger le patri-moine culturel

• Sensibilisation aux notions d’intégrité et d’authenticitédu patrimoine culturel et application de ces notions

• Amélioration du processus de planification de laconservation

• Promotion de stratégies et de techniques de conserva-tion préventive

• Élévation du niveau d’expertise technique, en accor-dant une priorité particulière à la conservation dupatrimoine architectural traditionnel en terre

• Amélioration de la gestion, de la mise en valeur et del’interprétation des ressources culturelles

• Développement de partenariats entre les parties prenantes.

La Chine fut à l’origine de nombreuses formes de ponts.Marco Polo évoque 12 000 ponts de bois, de pierre et defer autour de l’ancienne cité de Quinsay. Le premier pontsuspendu à chaînes fut construit par le général Pancengsous la dynastie des Han (vers 206 avant notre ère). Unmissionnaire raconta plus tard qu’il existait en 1665, sousla dynastie des Ming, un pont de 61 mètres suspendu àdes chaînes – prouesse qui ne fut réalisée en Europe et enAmérique du Nord que deux siècles plus tard. Le pont deZhaozhou (vers 605 de notre ère), le plus ancien qui soitconservé aujourd’hui en Chine, édifié dans la province deHebei sous la dynastie des Song, est le pont à arc segmen-taire et à tympan ouvert le plus vieux au monde. Ses finesdalles de pierre incurvées sont maintenues par des queues-d’aronde de fer pour permettre à l’arche de fléchir sanss’écrouler.

Le pont de Phra Phutthos, à Kompong Kdei, au Cambodgea été construit à la fin du XIIe siècle sous le règne deJayavarman VII et compte plus de vingt arches étroites.Avec 75 mètres de longueur, il est le pont de pierre voûtéen encorbellement le plus long du monde. D’autres beauxexemples de ponts subsistent en Iran, comme le pont duKhâju à Ispahan (vers 1667), qui compte 18 arcs brisés sup-portant une route de 26 mètres de largeur et des passagesombragés, et est flanqué de pavillons et de tours de garde.Ce pont splendide, qui allie l’art de l’architecte et celui de

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Travaux de restauration d’Ibn Zayd, AncienneMerv, Turkménistan

Le Grand Kyz Kala, Ancienne Merv, Turkménistan

l’ingénieur dans une magnifique harmonie fonctionnelle,avait aussi une fonction de barrage et abritait une aubergeoù l’on trouvait repos et fraîcheur après la traversée dudésert brûlant.

Le Japon compte lui aussi de nombreux ponts pitto-resques. La superstructure du pont de Kintai-kyo à Iwakuni(v. 1673), composée de cinq arches de bois liées par desassemblages très élaborés, a été reconstruite pendant dessiècles, entretenant ainsi la tradition artisanale des gar-diens des ponts. Chaque génération d’artisans a soigneu-sement employé les mêmes techniques d’assemblage etles mêmes matériaux que ses prédécesseurs. Dans la citésacrée de Nikko, le Pont du Shogun (vers 1638), est le plusancien pont cantilever à piliers de pierre taillée et à poutresde bois connu au monde. Il fut reconstruit en 1902 aprèsun typhon et l’on peut encore le traverser à pied.

Les grandes voies navigables ont toujours été des lieuximportants dans l’histoire mondiale des échanges entre lescultures. Au même titre que bon nombre des grands sys-tèmes fluviaux d’Asie, comme ceux du Mékong, duBrahmapoutre, du Yangtsé et de l’Indus, des canaux trèsdivers sont considérés comme importants d’un point devue technique, tant pour leur conception que pour la valeurhistorique de leur construction. En Chine, le premier usagedes canaux fut le transport et l’approvisionnement destroupes, ainsi que la circulation des taxes sur les céréales(N.B. : dans le classement hiérarchique déjà évoqué, lescanaux relèveraient à la fois du patrimoine industriel de« niveau 1 » et du patrimoine militaire de « niveau 2 »).

Renforcer la représentation du Pacifique sur laListe du patrimoine mondial

À la suite de réunions tenues à Fidji en 1997 et àVanuatu en 1999 sur la Stratégie globale et de plusieursmissions de sensibilisation au patrimoine mondialmenées ces dernières années, la plupart des pays insu-laires du Pacifique ont désormais signé la Convention(les Îles Marshall en 2002, Kiribati en 2000, Nioué en2001, les Palaos en 2002, Samoa en 2001 et le Vanuatuen 2002). Les États non-membres qui doivent encoreadhérer à la Convention sont les Îles Cook (dans le cadrede la ratification de la Nouvelle-Zélande), Nauru,Tokélaou (dans le cadre de la ratification de la Nouvelle-Zélande), Tonga et Tuvalu.

Les pays insulaires du Pacifique sur la Liste dupatrimoine mondial

Rennell Est, aux Îles Salomon, seul bien du patrimoinemondial naturel du Pacifique (Australie et Nouvelle-Zélande exceptées) a été inscrit sur la Liste du patri-moine mondial en 1998. Avec le soutien dufonds-en-dépôt italien, un atelier de renforcement descapacités dans le domaine du patrimoine mondial pourles pays insulaires du Pacifique a été organisé au Bureau

de l’UNESCO à Apia (Samoa) en février 2003. L’objet decet atelier était de renforcer les capacités profession-nelles et institutionnelles des États membres insulairesdu Pacifique afin de promouvoir la mise en œuvre de laConvention.

Perspectives d’amélioration de la représenta-tion des pays insulaires du Pacifique sur la Liste

• Le projet de proposition d’inscription du site agricoleancien de Kuk, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a étépréparé avec le soutien du fonds-en-dépôt japonais.Une demande d’assistance préparatoire en vue de ladeuxième phase de la préparation de la propositiond’inscription de Kuk doit être soumise par laCommission nationale de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour l’UNESCO. Des demandes de financementont également été soumises à l’Agence française dedéveloppement en vue de discussions préliminaires avecle gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée etConservation International, ainsi que pour une étude defaisabilité en vue de l’éventuelle proposition d’inscrip-tion de la baie de Milne et une évaluation de la valeurde patrimoine mondial de 17 zones de conservationcommunautaires établie par le Programme régionalocéanien de l’environnement (PROE).• Fidji a soumis deux demandes d’assistance prépara-toire en vue d’une analyse comparative pour Levuka etd’une consultation des partenaires du patrimoine mon-dial. La première a été approuvée et l’autre sera finan-cée au début de 2004. La préparation de la propositiond’inscription du Bassin du Sovi, bien mixte, fait l’objetde discussions avec les autorités compétentes de Fidji.• La demande d’assistance préparatoire du Vanuatupour la préparation de Listes indicatives et d’inventairesa été approuvée et le projet a été mis en œuvre. LeVanuatu devrait en outre engager prochainement lapréparation de la proposition d’inscription de « RoiMata ». Un voyage d’étude des responsables du site deNan Madol (États fédérés de Micronésie) au parc natio-nal de Tongariro (Nouvelle-Zélande), financé par lefonds-en-dépôt italien, aura lieu au début de 2004 avecl’assistance de la Nouvelle-Zélande.• L’atoll d’Ailinginae, aux Îles Marshall, fera l’objet dediscussions avec les autorités compétentes en vue deson inscription sur la Liste du patrimoine mondial.• Un financement a été accordé par le fonds-en-dépôtespagnol pour l’analyse de l’architecture coloniale desPalaos.• Une réunion consacrée à la faisabilité d’une proposi-tion d’inscription transfrontalière en série entre les ÎlesCook, Kiribati, la Polynésie française (France) et les ter-ritoires des États-Unis d’Amérique pour les atolls et lesîles du Pacifique (dont les Îles de la Ligne) a été organi-sée à Honolulu, à Hawaï, en juin 2003. Kiribati a soumisune demande d’assistance internationale en vue d’orga-niser pour les parties prenantes de cet État un atelier desensibilisation au patrimoine mondial qui devrait se teniren octobre 2004.

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Les thèmes de la Stratégie globale dans la région Asie-Pacifique

Le Canal Magique, en Chine (Ling Qu, vers 219 avantnotre ère), premier canal de transport connu suivant unecourbe de niveau, faisait partie, en 200 avant notre ère,d’une voie navigable de 2 000 kilomètres et est toujoursintensément utilisé. Le Grand Canal (vers 400 avant notreère), lui aussi encore en usage, est toujours le canal le pluslong du monde. Le Grand Canal, dont l’origine est le Canalde Pien dans le Henan, zone de cultures céréalières autourdu Fleuve Jaune, a été prolongé et reconstruit au fil denombreux siècles. Il a notamment pour principales carac-téristiques d’être le premier canal avec mise à niveau descrêtes de levée, de posséder la première écluse à sas, lapremière écluse à escalier et le deuxième barrage de navi-gation au monde (vers 1411). Les pentes du canal du lacBiwako, près de Kyoto (Japon) sont un autre exempleremarquable de transfert de technologies réalisé entre1885-1890, avec l’une des premières centrales hydro-élec-triques au monde.

Architecture et établissements vernaculaires

D’autres études thématiques et comparatives sont néces-saires pour que la représentation de la région Asie-Pacifique sur la Liste du patrimoine mondial reflèteconvenablement la diversité de cette région. Comme il adéjà été indiqué, l’identification et la protection de l’archi-tecture et des établissements vernaculaires est une néces-sité urgente si l’on veut sauver des forces de lamondialisation économique et de l’assimilation culturellele patrimoine irremplaçable et extrêmement fragile desgroupes ethniques de la région.

Le fabuleux patrimoine bâti que représentent les maisons,les tombes des ancêtres, les villages et les lieux de culte spi-rituels des différentes communautés de langue thaï (Shan,Karen, Hmong, Yao, Aka, Lisu) et d’autres populationsvivant dans les régions de ce qui est aujourd’hui leMyanmar, la Thaïlande, le Laos, le Viet Nam, et la provincechinoise du Yunnan, ainsi que des Dayaks, Bataks, Torajanset de nombreux autres peuples des îles d’Asie du Sud-Est,disparaît année après année. Ce patrimoine raconte unehistoire qui relève du patrimoine mondial : celle de l’inno-vation technique, d’une ingénieuse occupation des sols,de l’évolution des croyances et de la religion –souvent bienplus que les imposants éléments de patrimoine monu-

mental figurant sur la longue liste des biens culturels quirivalisent pour être reconnus au titre du patrimoine mon-dial. La question consistera à savoir comment protéger etconserver le patrimoine de ces communautés ethniquessans condamner celles-ci à devenir des « zoos humains ».Dans le Pacifique, Levuka, ancienne capitale coloniale deFidji, est le premier exemple de patrimoine colonial par-tagé dont l’architecture particulière doive être examinéedans la perspective d’une proposition d’inscription aupatrimoine mondial. Une étude comparative et théma-tique de cette architecture coloniale et traditionnelle par-tagée (dont le Fale à Samoa et la Maneaba à Kiribatioffrent des exemples) pourrait être étendue au contextesous-régional et mondial en vue d’une éventuelle inscrip-tion sur la Liste du patrimoine mondial.

D’une manière générale, les rapports nationaux des Étatsparties d’Asie et du Pacifique témoignent d’un intérêtmédiocre pour de nouveaux types de propositions d’ins-cription – groupées ou transfrontalières, par exemple.Cependant, certains États parties ont décidé de réviserleurs Listes indicatives pour y faire figurer des catégoriessous-représentées de patrimoine culturel, naturel et mixte.C’est le cas de l’Inde, où la Liste est en cours de révision,en collaboration avec les autorités de l’État et différentsministères, ainsi qu’avec les autorités locales et les ONG auniveau régional.

Il faut espérer qu’à l’avenir, la révision des Listes indicativesnationales prendra en compte tant les résultats du premiercycle de l’Exercice des rapports périodiques que les conclu-sions et recommandations des différentes réunions régio-nales et sous-régionales consacrées à la Stratégie globale,qui ont déjà été évoquées. De même, il importe de pro-mouvoir la reconnaissance des sites naturels et mixtes etd’encourager la soumission officielle au Comité du patri-moine mondial de Listes indicatives comportant de telssites par les États parties suivants : Afghanistan,Cambodge, États fédérés de Micronésie, Îles Marshall, ÎlesSalomon, Indonésie, Iran, Kirghizistan, Laos, Nioué,Ouzbékistan, Pakistan, Palaos, Samoa, Tadjikistan,Thaïlande et Turkménistan.

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Les thèmes de la Stratégie globale dans la région Asie-Pacifique

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Village historique de Shirakawa-go, Japon

Identification et préservationdes valeurs du patrimoine

mondial

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Minaret de Djam, Afghanistan

© UNESCO / J.Margottini

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Parmi les conditions requises pour l’inscription sur laListe du patrimoine mondial, le Comité du patrimoinemondial exige qu’un bien potentiel du patrimoine mon-dial justifie de trois éléments essentiels : la valeur uni-verselle exceptionnelle du site, son authenticité et/ouintégrité et la preuve de l’engagement de l’État partie àassurer pleinement et efficacement la protection decelui-ci. Bien que la signification de ces trois éléments aitévolué parallèlement aux évolutions intervenues dansles domaines de la conservation, de la restauration et dela gestion du patrimoine culturel et naturel, ils restenttoutefois les pierres angulaires de toute déclarationd’importance. Les premières questions du questionnairequi figure dans la Section II ont donc pour objet deréunir des informations de base sur les biens du patri-moine mondial concernés par l’Exercice des rapportspériodiques, comme la localisation du site, le statut deses limites, la possible redéfinition ou extension de seszones de protection et l’état de l’authenticité et/ou del’intégrité du site et de ses environs.

Compte tenu du fait qu’un certain nombre des dos-siers originaux de proposition d’inscription relatifs àdes sites de la région Asie-Pacifique inscrits jusqu’àl’année 1994 incluse ne comportaient pas les informa-tions nécessaires à une évaluation adéquate de leurétat de conservation, les questionnaires destinés aurapport encourageaient les États parties de la région àsoumettre des cartes détaillées de leurs biens, faisantapparaître les zones centrales et les zones tampons,ainsi que d’autres caractéristiques de ces biens àprendre en considération lors de l’analyse de leurvaleur universelle exceptionnelle. Dans les rapportsconsacrés aux sites, faute de modèles définis ou dedirectives relatives aux concepts utilisés par le Comitédu patrimoine mondial et les spécialistes de la conser-vation du patrimoine, on ne trouve pas deux réponsessemblables, tous les gestionnaires de sites ayant pra-tiquement leur propre conception de ce qu’est unedéclaration d’importance ou de ce qu’implique unenouvelle proposition d’inscription pour un site.

Déclarations d’importance 2

Au cours de l’élaboration du format des rapports pério-diques, lors de la 22e session du Comité du patrimoinemondial (Kyoto, Japon, 30 novembre-5 décembre 1998),la question de l’existence de déclarations d’importancepour des inscriptions plus anciennes au patrimoine mon-dial a été abordée de la manière suivante :

« Si l'on ne dispose pas de déclaration d’importance ousi elle est incomplète, il sera nécessaire que l’État partiepropose une telle déclaration à l'occasion du premierrapport périodique. Cette déclaration d’importance doit

refléter le(s) critère(s) sur la base desquels le Comité a ins-crit le bien sur la Liste du patrimoine mondial. Elle devraitégalement mentionner des questions comme : ce quereprésente le bien, ce qui rend le exceptionnel, quellessont les valeurs spécifiques qui le distinguent, quels sontles rapports du bien avec son cadre, etc. Une telle décla-ration d’importance est étudiée par l'organe / les organesconsultatif(s) concerné(s) et transmise au Comité dupatrimoine mondial pour approbation, le cas échéant. »

Le questionnaire relatif à la Section II s’est fondé sur cetteexplication du Comité du patrimoine mondial en deman-dant aux États parties d’élaborer des déclarations d’impor-tance. Tous les gestionnaires de sites ont participé à cetexercice et fourni une déclaration d’importance pourchaque bien. Toutefois, malgré le succès de l’exercice entermes de participation, le contenu et le format des décla-rations proposées illustrent les différences d’interprétationqui prévalent quant à l’objet d’une telle déclaration.

Divergences dans le contenu et le format des décla-rations d’importance proposées

Le Comité du patrimoine mondial n’ayant pas fourni deformat officiel pour l’élaboration de déclarations d’impor-tance, ces dernières se présentent sous des formats trèsvariés, tout en différant également par leur contenu.Certaines sont trop brèves pour évoquer le caractèreunique et les valeurs exceptionnelles d’un bien du patri-moine mondial. Tel est le cas de Meidan Emam, à Ispahan,en Iran, de la ville-mosquée historique de Bagherat auBangladesh, du parc national de Komodo en Indonésie etdu site de l’homme de Pékin à Zhoukoudian, en Chine.D’autres, bien qu’extrêmement précises et exhaustives,sont trop longues pour être considérées comme des décla-rations d’importance. Tel est notamment le cas des biensdu patrimoine mondial naturels et mixtes, comme le MontTaishan en Chine ou les îles Lord Howe en Australie.

En termes de contenu, les déclarations d’importance ne seréfèrent pas toutes aux recommandations du Comité dupatrimoine mondial figurant sur le questionnaire de laSection II. Certaines déclarations ne sont qu’une série defaits historiques relatifs à un site ou une descriptiondétaillée des monuments que l’on y trouve. Ainsi, pourl’Inde et le Sri Lanka, les déclarations d’importance tendentplus vers la description que vers l’analyse des valeurs et del’authenticité des biens du patrimoine mondial concernés.

De même, les déclarations d’importance devraient faireapparaître les changements qui ont affecté l’authenticitéet l’intégrité du bien, et faire état de toute évolution perti-nente de la perception du site. Au lieu de cela, certainesdes déclarations d’importance proposées ne se réfèrentpas même aux critères supplémentaires qui ont justifié lerenouvellement d’une proposition d’inscription au patri-moine mondial, ou omettent tout simplement d’évoquerles évolutions majeures qu’ont pu faire subir à l’intégritéd’un site des fouilles archéologiques ou des découvertesscientifiques. La raison en est peut-être que certaines décla-

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Identification et préservation des valeurs du patrimoine mondial2

2. Dans la version révisée des Orientations devant guider la mise enœuvre de la Convention du patrimoine mondial, approuvée en2005, la déclaration d’importance d’un site a été remplacé par la déclaration de valeur universelle exceptionnelle, la déclarationd’authenticité et/ou la déclaration d’intégrité.

rations d’importance n’ont pas été rédigées durantl’Exercice des rapports périodiques, mais sont des répliquesd’évaluations de l’ICOMOS ou de l’UICN fournies àl’époque de l’inscription originelle du site sur la Liste dupatrimoine mondial. Les déclarations d’importance rela-tives au Temple du Soleil de Konarak, en Inde, et aux monu-ments historiques de la vieille ville de Kyoto, au Japon, nesont que deux exemples de telles déclarations statiques.

Le but des déclarations d’importance

Au cours des réunions régionales et sous-régionales deconsultation, les États parties d’Asie-Pacifique ont insisté surla nécessité de définir des critères stricts pour la rédactiondes déclarations d’importance, ainsi que sur la nécessitéd’une révision de celles-ci avec l’aide des Organisationsconsultatives et du Centre du patrimoine mondial. Dans ceprocessus d’élaboration de modèles en vue d’une améliora-tion des déclarations d’importance, il est recommandé queles États parties s’inspirent des déclarations proposées aucours de l’Exercice des rapports périodiques pour les biensdu patrimoine mondial suivants : le parc national desSundarbans en Inde, Angkor au Cambodge, les grottes deMogao en Chine et la Grande Barrière en Australie 3. Cesdéclarations sont de bons exemples de la manière dont desfaits historiques, scientifiques et culturels peuvent êtreconjugués à une analyse approfondie des interactions et desinterconnexions de ces différents éléments et faire appa-raître la valeur universelle exceptionnelle des biens concer-nés, ainsi que leur forte authenticité et intégrité. En d’autrestermes, la déclaration d’importance, dans sa relation auxvaleurs, est une synthèse des valeurs identifiées en fonctiondes critères définis dans la Convention du patrimoine mon-dial. Présenter les valeurs d’un bien d’une manière propre àen assurer la préservation par une gestion adéquate sup-pose de substituer au concept de valeurs celui d’attributs.Parler d’attributs renvoie, en effet, à la manière dont lesvaleurs sont matériellement présentes par l’intermédiaire deformes, de vestiges matériels, de traditions, de pratiques,etc. De fait, pour identifier l’authenticité du patrimoine cul-turel, il est indispensable de s’interroger sur la manière donts’expriment ou se manifestent les valeurs d’un site donné.Ces attributs doivent être clairement identifiés dans lesdéclarations d’importance car ce sont eux, somme toute –et non les valeurs –, que nous gérons. Tous les attributs d’unbien ne reflètent pas nécessairement les valeurs pour les-quelles il a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Lasélectivité est également l’un des objectifs de l’élaborationd’une déclaration d’importance officielle.

Il est donc crucial de mettre en lumière non seulement lavaleur intrinsèque de la déclaration d’importance en ce qu’ellefournit des informations de référence sur un bien, mais éga-lement son utilisation stratégique dans la gestion et le suivi dece bien. Les questions que tout gestionnaire de site devrait seposer régulièrement sont les suivantes : la déclaration d’im-portance reflète-t-elle encore l’authenticité et l’intégrité qui

étaient celles du site lors de son inscription ? Les limitesactuelles du site correspondent-elles réellement à l’impor-tance de celui-ci ? En quoi de bonnes déclarations d’impor-tance sont-elles si importantes pour les biens du patrimoinemondial ? La déclaration d’importance est le premier instru-ment permettant d’évaluer les besoins d’un bien en termes dezonage de protection. Seule une déclaration d’importance àcaractère dynamique, régulièrement mise à jour et révisée,peut fournir un tel instrument. Cependant, en tant qu’outilofficiel de gestion, la déclaration d’importance ne doit pasêtre modifiée unilatéralement sans en référer au Comité dupatrimoine mondial pour obtenir son approbation.

L’Exercice des rapports périodiques a permis d’identifier lesinsuffisances de communication qui ont affecté les déclarationsd’importance. Comme tous les autres aspects de la définitiond’un bien – limites des sites, déclarations d’authenticité et/oud’intégrité –, les déclarations d’importance sont le fruit d’unprocessus dynamique au cours duquel les caractéristiques d’unsite sont réévaluées en fonction de sa situation la plus récente.Le prochain Exercice des rapports périodiques devrait non seu-lement fournir au Comité du patrimoine mondial des déclara-tions adéquates, mais également lui permettre de comparer cesdéclarations en vue d’une meilleure compréhension de l’im-portance, au fil du temps, du patrimoine mondial d’une région.

Définir les limites d’un bien du patrimoine mondial

Le processus de soumissiond’une nouvelle propositiond’inscription pour un bien dupatrimoine mondial suit ordinai-rement le même schéma que leprocessus de proposition d’ins-cription. Quelles sont les condi-tions pour qu’un bien fassel’objet d’une nouvelle proposi-tion d’inscription ? La nouvelleproposition d’inscription peutimpliquer des additions ou desmodifications dans les critèresculturels et/ou naturels au titredesquels un site a été inscrit surla Liste du patrimoine mondial.L’extension importante d’un site, en termes tant de dimen-sions que de valeur, fait également l’objet d’une nouvelleproposition d’inscription et requiert de ce fait l’approbationdu Comité du patrimoine mondial.Il n’est pas facile de distinguer entre une extension de lazone tampon d’un site visant à adapter celle-ci à un déve-loppement urbain récent et une extension visant à incluredans un site toute une nouvelle zone qui lui ajoute nonseulement du territoire, mais aussi une nouvelle valeur. Lesrapports périodiques nationaux font apparaître que cettedifférence n’est pas très claire pour certains États parties,qui ont formulé de nouvelles propositions d’inscriptionsdans des cas où il était suffisant et recommandé de se limi-ter à des extensions restreintes de la zone-tampon.

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Identification et préservation des valeurs du patrimoine mondial 2

3. La version électronique de ces déclarations d’importance exemplairessera disponible sur le site Web du Centre du patrimoine mondial.

Vue aérienne dePersépolis,Iran

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Les limites du site du patrimoine mondial de lavallée de Kathmandu (Népal)

Contexte historique de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial

La vallée de Kathmandu a été inscrite sur la Liste du patri-moine mondial en 1979, par une proposition d’inscriptionunique comprenant sept zones de monuments. Situé dansl’ancien lit d’un lac de montagne, Kathmandu est unecapitale de plus de 1,1 million d’habitants qui connaît unecroissance rapide et s’étend sur plus de 600 km_. Leszones dont l’inscription était proposée comprenaient unensemble de monuments publics et religieux entourésd’un riche tissu urbain vernaculaire. Lors de la propositiond’inscription, les limites de chaque zone de monumentsfurent donc considérées comme suffisantes et aucunezone centrale ni aucune zone tampon n’ont été définiesjuridiquement.En 1978 et 1984, le gouvernement royal du Népal a déclarésix des sept zones inscrites « zones de monuments préser-vées » (l’exception étant celle de Pashupati), mesure qui afait l’objet d’une publication officielle. Cependant, les limitesdes zones telles que définies pour la proposition d’inscrip-tion de la vallée de Kathmandu diffèrent considérablementde celles qui figurent dans la déclaration publiée officielle-ment par le gouvernement (comparer les plans 1 et 2).

Définir des limites adéquates pour le site du patrimoine mondial

L’état de conservation de la vallée de Kathmandu a étéévoqué pour la première fois devant le Comité du patri-moine mondial en 1992, et l’a été chaque année depuislors, à l’exception de 2002. En 1993, une mission d’étudea été organisée conjointement par l’UNESCO et l’ICOMOSpour évaluer les limites et les zones tampons des septzones de monuments et proposer, au besoin, leur révision.La mission a observé que la plupart des zones tamponscréées ad hoc étaient insuffisantes pour endiguer la fréné-sie du processus d’urbanisation, qui a eu pour effets unedétérioration visuelle et la destruction du tissu urbain tra-ditionnel de la ville. Des solutions alternatives ont étérecommandées, telles que la délimitation de zones secon-daires, potentielles ou de révision autour de la zone cen-trale du Darbar Square de Patan et de Swayambhunath.

Du point de vue juridique, deux obstacles majeurs sesont opposés à une protection et à une conservationadéquates des sept zones de monuments. Dans le casde Pashupati, les dispositions de la loi de 1956 relative àla préservation des monuments anciens ne s’appliquepas, la délimitation de la zone de monuments n’ayantpas été publiée conformément à la loi. Plus importantencore : cette loi ne reconnaît pas comme monumentune structure en soi, mais seulement une zone (ksetra)ou un lieu (tuan). Cela signifie que les mécanismes juri-diques qui assurent la protection du patrimoine matérielne peuvent s’appliquer qu’à une vaste zone comprenantles monuments à protéger.

En outre, la mission de 1993 a recommandé que leslimites des zones de monuments soient physiquementmarquées par des bornes de pierre et prises en comptedurant l’élaboration des plans directeurs.

Les conclusions de la mission menée en commun parl’UNESCO, l’ICOMOS et le gouvernement royal du Népalen 1998 montrent que certaines des recommandationsrelatives aux limites des sites ont été mises en œuvre.Des progrès ont été accomplis dans la redéfinition detrois zones de monuments (Bhaktapur, Patan etSwayambhunath) et dans la délimitation matérielle dePashupati. Néanmoins, malgré les efforts des autoritésnépalaises pour préserver l’authenticité du patrimoinevernaculaire qui entoure les ensembles monumentauxhistoriques inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, lasituation s’est dégradée depuis 1993. La détériorationdu tissu urbain traditionnel a conduit le Comité dupatrimoine mondial à demander deux nouvelles mis-sions à haut niveau, en septembre 2000 et février 2003.

Bien qu’elle n’ait pas été chargée d’évaluer les limitesdes sites, la mission à haut niveau de 2003 a observéque les zones centrales et les zones tampons devaientêtre redéfinies pour les zones protégées, au termed’un inventaire complet des sept zones de monu-ments. Cette redéfinition ne doit concerner que ceszones, qui passent encore avec succès le test de l’au-thenticité et conservent encore des valeurs universellesexceptionnelles.

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Image 1 : Limites de la zonede monuments deBauddanath tellequ’elle figure sur laListe du patrimoinemondial en 1979

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Image 2 : Limites deBauddanath telles que publiéespar le gouvernementroyal du Népal en 1984

L’inscription de Kathmandu sur la Liste du patrimoine mondial en péril et les perspectivesd’une redéfinition des limites

Après avoir différé sa décision pendant près de dix ans,le Comité du patrimoine mondial a finalement décidé àsa 27e session, en 2003, d’inscrire la vallée deKathmandu sur la Liste du patrimoine mondial en péril.Au cours de cette session, des opinions contrastées ontété exprimées par les représentants des États parties,certains préconisant une radiation du bien et la présen-tation d’une nouvelle proposition d’inscription une foisqu’auraient été redéfinies juridiquement les zones cen-trales et les zones de soutien de six des sept zones demonuments, tandis que d’autres proposaient d’inscrirele bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril et derecommander concomitamment à l’État partie de redé-finir juridiquement les zones centrales et les zones desoutien de six des sept zones de monuments. Le Comitéa finalement opté pour la seconde proposition.

Au cours de la session a été suggérée la présentationd’une nouvelle proposition d’inscription du site, sousforme d’une proposition d’inscription en série. Ce pointsera de nouveau évoqué lorsque le Comité examinerales recommandations de l’atelier technique internationalde l’UNESCO pour la protection de la vallée deKathmandu qui s’est tenu en mai 2004.

Le tracé des limites des biens du patrimoine mondial et la question de l’authenticité

Le cas de la vallée de Kathmandu illustre la relationétroite qui unit les valeurs et l’authenticité d’un site àses limites. Plutôt qu’une réalité statique, le tracé deslimites d’un bien du patrimoine mondial devrait obéir àun processus dynamique, qui demande des réajuste-ments réguliers des limites pour les adapter à l’évolutionde l’environnement du site. Dans le cas de l’inscriptionde la vallée de Kathmandu, on ne savait pas clairementsi les sites dont l’inscription était proposée étaient ins-crits uniquement pour leur exceptionnelle valeur archi-tecturale ou si l’authenticité conservée par le tissuurbain traditionnel entourant les monuments était, enelle-même, intégrée au processus d’évaluation préalableà l’inscription.

Le nécessaire renouvellement des propositions d’ins-cription pour le patrimoine mondial asiatique

Les États parties d’Asie du Centre-Ouest indiquent que lepassage de l’inscription de monuments individuels à desdemandes d’inscription prenant en compte l’ensemble ducadre et du paysage d’un site a conduit de nombreux Étatsasiatiques, dans le cadre de l’Exercice des rapports pério-diques, à reconsidérer les dossiers de proposition d’inscrip-tion qu’ils avaient initialement constitués et à présenter,lorsque c’était nécessaire, une nouvelle proposition d’ins-cription ou une extension des biens du patrimoine mondialconcernés. Le renouvellement de la proposition d’inscrip-tion et l’extension d’un site ayant souvent pour effet –mais pas toujours –une redéfinition de ses limites, il estnécessaire d’aborder conjointement la question du renou-vellement de la proposition d’inscription et celle de la révi-sion des limites du site.

Certains rapports consacrés à des sites ne semblent pasenvisager comme il convient la corrélation entre le renou-vellement de la proposition d’inscription et la révision deslimites des sites. L’Iran, par exemple, suggère d’étendre lazone tampon de Tchoga Zanbil de manière à inclure lecadre naturel du site dans la proposition d’inscription, etd’améliorer ainsi la compréhension du site dans son envi-ronnement topographique et naturel. Un renouvellementde la proposition d’inscription est également suggéré pourPersépolis, compte tenu de nouvelles découvertes et d’unemeilleure compréhension du site qui ont rendu nécessaired’en étendre le périmètre. L’extension proposée et lerenouvellement de la proposition d’inscription sont suggé-rés en réponse à la question portant sur d’éventuels renou-vellements des propositions d’inscription de biens dupatrimoine mondial, alors que les rapports concernés nementionnent aucune révision des limites de sites enréponse la question relative à ce point. Cette incohérence,qui peut aussi être la conséquence de questions redon-dantes dans le questionnaire, apparaît également dans lesrapports relatifs à certains biens d’Asie du Sud.

Quelques propositions importantes de renouvellementsde propositions d’inscription et d’extension de sites

Les raisons du renouvellement de la proposition d’inscrip-tion d’un site ou de son extension sont diverses et ne sontpas toujours décrites en détail. Celles qui poussent àrenouveler la proposition d’inscription, généralement parl’ajout d’un ou plusieurs critères, sont les suivantes :• des découvertes archéologiques ou historiques ;• des découvertes scientifiques ou biologiques ;• une meilleure compréhension, par rapport au momentde son inscription, de l’importance et de la valeur d’un site.

Les raisons qui conduisent à proposer l’extension deslimites d’un site sont notamment :• des découvertes archéologiques ou historiques ;• des menaces liées au développement, telles qu’une urba-nisation rapide, des empiètements ou la pression démo-graphique ;

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Image 3: Limites deBauddanath tellesque proposées parla missionUNESCO/ICOMOSde 1993

• des activités illégales, comme le braconnage, la pêche, lacontrebande de flore, de faune ou de vestiges culturels ;• une plus grande authenticité et/ou intégrité du site.

Les rapports périodiques nationaux ont appelé l’attentiondu Comité du patrimoine mondial sur le fait que, pour denombreux biens du patrimoine mondial asiatique, en par-ticulier des biens du patrimoine culturel, il était nécessairede procéder au renouvellement de la proposition d’inscrip-tion du site selon de nouveaux critères ou d’en étendre lazone centrale et la zone tampon. Parmi les révisions impor-tantes proposées pour des biens du patrimoine culturel, onpeut notamment citer :• l’ensemble de monuments de Mahabalipuram (Inde),pour lequel est demandée l’application d’un nouveau cri-tère à la suite de fouilles archéologiques récentes ;• les monuments bouddhiques de Sânchi (Inde), pour les-quels est proposée une inscription en série ;• les palais impériaux des dynasties Ming et Qing (Chine),pour lesquels est proposée une inscription en série avec laville de Shenyang, dans la province de Liaoning ;• l’ensemble de bâtiments anciens des montagnes deWudang (Chine), auquel il est suggéré d’ajouter deux nou-veaux critères (N iii et N vi).

Dans la région, certains biens du patrimoine naturel ontdéjà bénéficié de nouvelles propositions d’inscription.Certaines de celles qu’ont proposées les États parties dansleurs rapports nationaux sont déjà en cours d’examen parle Centre du patrimoine mondial et les Organisationsconsultatives, comme l’extension du parc national deNanda Devi pour y inclure la « Vallée des Fleurs », en Inde,tandis que d’autres sont de nouvelles suggestions qui doi-vent être soumises pour approbation au Comité du patri-moine mondial :• la Baie d’Ha-Long, qui pourrait intégrer le critère naturel iv,compte tenu de la biodiversité du site (sur l’île de Catba) ;• le Mont Taishan (Chine), pour lequel il est proposé d’ap-pliquer les critères naturels i et ii ;• la vallée de Huanglong (Chine), pour laquelle il est pro-posé d’appliquer le critère naturel iv ;• Wulingyuan (Chine), pour lequel il est proposé d’appli-quer le critère naturel iv ;• les sites fossilifères de mammifères d’Australie deRiversleigh et Naracoorte (Australie), pour lesquels il estproposé une nouvelle proposition d’inscription visant àinclure le parc national voisin.

Compte tenu du nombre de propositions d’extensions deszones centrales et/ou des zones tampons, il n’est pas pos-sible d’en établir ici la liste exhaustive. Pour une informa-tion détaillée sur les extensions proposées par les Étatsparties d’Asie-Pacifique, on se réfèrera aux résumésconsacrés aux sites sur le CD-ROM qui accompagne leprésent rapport. Il convient toutefois de noter que lebesoin croissant d’extensions des sites est le fruit tout à lafois d’une meilleure compréhension des biens du patri-moine mondial et de leur environnement grâce au pro-grès de la recherche et de la sensibilisation, et de fortespressions liées au développement, qui imposent aux ges-

tionnaires de sites un combat quotidien pour préserver lesfrontières protectrices des biens du patrimoine mondialdont ils ont la charge. Ces deux phénomènes opposés nepeuvent être traités séparément, mais doivent être abor-dés conjointement, parallèlement à l’extension envisagéedes limites des sites.

Nouvelles approches de la délimitation des limitesdes sites

Conformément aux Orientations devant guider la mise enœuvre de la Convention du patrimoine mondial, une indi-cation claire des limites du bien proposé et de la zone tam-pon est un préalable essentiel à l’inscription de tout site surla Liste du patrimoine mondial. En outre, la « délimitationdes limites est une condition essentielle à l’établissementd’une protection efficace des biens proposés pour inscrip-tion ». À ce stade, tous les biens du patrimoine mondial dela région Asie-Pacifique n’ont pas de limites clairementdéfinies. À cette lacune s’ajoute souvent la rareté desinformations relatives à la topographie des zones quientourent le site – sans parler d’informations scientifiquesplus détaillées dans le cas des biens du patrimoine naturel.

Une fois notée cette situation particulière, les rapportspériodiques nationaux montrent que les gestionnaires desites et les experts du patrimoine national sont de plus enplus conscients de l’importance d’un zonage de protectiondu patrimoine mondial. Pour être réellement efficace, cezonage doit reposer sur des instruments juridiques et figu-rer sur les cartes et plans officiels. De nombreux États par-ties asiatiques, notamment les États parties d’Asie duNord-Est, ont souligné la nécessité de limites clairementdéfinies pour le patrimoine mondial et de dispositions juri-diques relatives à ces limites. Des réunions de consultationsous-régionales et régionales organisées dans le cadre del’Exercice des rapports périodiques se sont traduites par denouvelles propositions visant à améliorer le zonage dupatrimoine mondial. L’identification de zones de soutien aété proposée par les pays d’Asie du Sud en vue d’atténuerles effets du tourisme sur les biens du patrimoine mondial.Quant aux États parties d’Asie du Sud-Est, leurs proposi-tions privilégiaient un zonage du patrimoine mondial en« taches de léopard ».

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Plan de Galle faisant apparaître l’extension proposée de lazone centrale et de la zone tampon du site du patrimoinemondial, Sri Lanka

Dans tous les cas, les questions complémentaires que sontla révision des propositions d’inscription et celle des limitesde sites ne peuvent être abordées séparément ni traitéessans référence à la question des déclarations d’importance,qui a déjà été évoquée. Pour mettre véritablement enlumière les valeurs du patrimoine mondial et leur assurerune protection adaptée, les limites des sites doivent être éla-borées à partir des déclarations d’importance, sans perdrede vue l’authenticité et l’intégrité du site. Ce n’est quelorsque les limites d’un site ont été réexaminées et redéfiniesqu’un plan de gestion adéquat peut être établi pour ce site.Toutefois, le cœur du problème reste la difficulté d’apprécierce que sont les valeurs d’un site et quelle incidence ont surelles l’authenticité et l’intégrité actuelles du site.

Évaluer l’authenticité et l’intégrité desbiens du patrimoine mondial

Les questions relatives à l’authenticité et à l’intégrité sont aucœur des orientations et des débats consacrés à la politiqueen matière de patrimoine mondial depuis la Charte interna-tionale sur la conservation et la restauration des monumentset des sites, adoptée à Venise en 1964, et plus encore depuisle Document de Nara sur l’authenticité, élaboré par desexperts internationaux spécialistes de la culture, assemblés àNara en 1994 pour célébrer le 30e anniversaire de la Chartede Venise. Le Document de Nara intègre dans la définitiongénérale des valeurs et de l’authenticité de nouvellesconceptions de cette dernière. Il se conclut ainsi :

« Tant les jugements sur les valeurs reconnues aupatrimoine que sur les facteurs de crédibilité dessources d'information peuvent différer de culture àculture, et même au sein d'une même culture. Il estdonc exclu que les jugements de valeur et d'authenti-cité qui se rapportent à celles-ci se basent sur des cri-tères uniques. Au contraire, le respect dû à cescultures exige que chaque oeuvre soit considérée etjugée par rapport aux critères qui caractérisent le

contexte culturel auquel il appartient. »De la sorte, il ne peut y avoir une définition unique del’authenticité et de l’intégrité. Cela est particulièrementvrai en Asie, où coexistent en matière de conservation dupatrimoine des traditions différentes et parfois opposées.

Une condition préalable à l’inscription sur la Liste dupatrimoine mondial

Qu’est-ce que l’authenticité et l’intégrité ? L’authenticitéfait référence à l’état original d’un monument, d’un groupede monuments ou d’un site inscrits qui revêtent ordinaire-ment une importance à l’échelle nationale et/ou régionale.L’authenticité est une mesure du degré auquel on peutconsidérer que les valeurs d’un bien sont exprimées d’unemanière crédible, sincère et originale par ses attributs. Cesderniers sont assez clairs, selon le Document de Nara et lesOrientations révisées (Annexe 4) : le matériau, la forme,l’emplacement, l’artisanat, la tradition, la fonction etl’« esprit ». Cela ne signifie pas, cependant, que le biendoive être préservé dans l’état le plus proche possible de saforme d’origine. Certaines traditions culturelles insistent surl’authenticité des pierres et des objets présents sur un site(un arbre dont l’histoire est sacrée, une place pavée surlaquelle se sont déroulés des événements importants del’histoire d’une nation, etc.). Cette recherche de la structure« originale » des monuments a motivé la pratique profes-sionnelle de l’archéologie depuis le milieu du XIXe siècle.D’autres, au contraire, insistent plus sur le patrimoine vivantque sur les vestiges matériels d’un lieu ou d’un site et rem-placent de vieilles ruines d’origine par des substituts idéali-sés flambant neufs. Cette pratique est courante en Asie duSud et du Sud-Est, où les monastères bouddhistes sontrégulièrement rénovés pour correspondre à l’image que l’onse fait localement de ce à quoi doit ressembler un monas-tère bouddhiste. Exceptionnellement, comme dans le casdes sanctuaires shinto du Japon (dont le sanctuaire d’Ise estl’exemple le plus représentatif), les structures de bois sontrégulièrement remplacées, mais en conservant les tech-niques artisanales d’origine et les fonctions originelles dumonument.

Initialement, le terme d’intégrité ne s’appliquait qu’aupatrimoine naturel. Un site remplissant les conditions del’intégrité comprenait, en principe, tous les éléments liés à

son caractère ou à l’écosystème correspondant. En cesens, l’intégrité peut aisément être mesurée par diversindicateurs, tels que les variations de population observéesdans la flore et la faune locales. Au cours des dernièresannées, les biens culturels ont été de plus en plus souvent

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La Terrasse Rouge de Putuozongchenzhimiao avant restaura-tion, Résidence de montagne de Chengde, Chine

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La Terrasse Rouge de Putuozongchenzhimiao après restaura-tion, Résidence de montagne de Chengde, Chine

confrontés à des menaces pesant sur leur intégrité maté-rielle, telles que l’empiètement, le pillage, le vandalisme etles catastrophes naturelles. L’intégrité, qui se réfère doncau fait que le patrimoine culturel et ses attributs soientcomplets et intacts, fait désormais partie intégrante – aumême titre que l’examen de l’authenticité – de l’analysedes valeurs des biens du patrimoine mondial, potentiels oudéjà inscrits.

La nouvelle version révisée des Orientations devant guiderla mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondialinsiste sur l’authenticité et/ou l’intégrité comme préalablesà l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial(l’authenticité et l’intégrité pour les biens culturels etmixtes, l’intégrité seule pour les biens naturels). Celaconfirme que les deux concepts sont généralement admispar la communauté des spécialistes du patrimoine. En1999, l’ICOMOS a adopté le Document de Nara commecharte professionnelle et l’UICN a récemment publié sesLignes directrices pour les catégories de gestion des airesprotégées.

Changements affectant l’authenticité et/ou l’intégrité

C’est une erreur répandue de penser que les changementsaffectant l’authenticité ou l’intégrité ne peuvent conduirequ’à une perte d’authenticité ou d’intégrité. À l’inverse,dans les rapports consacrés à des sites soumis par les Étatsparties d’Asie-Pacifique, un tiers des changements évo-qués à propos du patrimoine mondial culturel sont positifs,et cette proportion passe à 50 % pour le patrimoine mon-dial naturel et mixte. Tenir pour acquis qu’un changementne peut être que positif ou négatif est une autre erreur,que les rapports parviennent toutefois à éviter. Pourquelques sites, les changements positifs et négatifs coexis-tent, rendant d’autant plus complexes la gestion et le suivide ces sites. Tel est le cas de la cité historique dePolonnaruwa, à Sri Lanka, où l’authenticité a été tout à lafois renforcée par les travaux de conservation financés parle tourisme et menacée par ce même tourisme et par lesactivités infrastructurelles anarchiques qui s’y rattachent.De même, le Mont Taishan, en Chine, a connu desmenaces croissantes sous la pression des infrastructures,avant que des mesures correctives ne soient prises et « lecadre original rénové » (Rapport périodique, Section II).

Quels sont les changements qui affectent l’authenticitéet/ou l’intégrité d’un bien ? Les facteurs suivants ont étéavancés comme causes des menaces pesant sur l’authen-ticité et/ou l’intégrité d’un bien :• les pressions liées au développement, particulièrementcelles qui tiennent à l’urbanisme, aux infrastructures et à ladémographie ;• la pression touristique, souvent liée aux pressions dudéveloppement ;• les activités illégales telles que les fouilles, le braconnage,les coupes de bois et la contrebande de reliques culturellesou naturelles ;• les catastrophes naturelles.

Les pressions liées au développement, conjuguées auximpacts négatifs du tourisme, sont la principale raison dela détérioration des valeurs uniques d’un site. Les biensd’Asie du Sud-Est sont particulièrement sujets aux pres-sions liées au développement et au tourisme. AuxPhilippines, l’authenticité et l’intégrité de deux des quatreéglises baroques sont menacées par des empiètementscroissants ainsi que par un projet de reconstruction de cer-taines des ruines de San Agustin intramuros visant à enfaire un bâtiment commercial. Dans d’autres cas, commepour le site archéologique de Ban Chiang, en Thaïlande,l’intégrité est bien préservée du fait de la situation particu-lière du site (enterré). Cependant, l’authenticité du bienest menacée non seulement par les pressions classiques dudéveloppement, comme l’expansion des communautésvoisines ou le développement des infrastructures, maisaussi par les conséquences culturelles de la mondialisationet les effets négatifs de la submersion des cultures tradi-tionnelles locales par le modèle culturel mondial. Les pres-sions sont comparables en Asie du Nord-Est et du Sud.Dans ce dernier cas, il faut également prendre en comptela pression religieuse, comme l’indiquent les gestionnairesde sites pour l’ensemble monumental de Hampi (Inde), leséglises et couvents de la vieille ville de Goa (Inde) et la villesainte d’Anuradhapura (Sri Lanka).

Les activités illégales, quant à elles, affectent particulière-ment les biens naturels et mixtes du patrimoine mondial.Les coupes de bois sélectives dans le cas des Tropiqueshumides de Queensland (Australie), la pêche intensivedans la baie d’Ha-Long (Viet Nam) ou les effets secondairesde l’extraction d’uranium dans le parc national de Kakadu(Australie) sont autant de menaces qui pèsent sur l’au-thenticité et l’intégrité des sites. Les biens du patrimoineculturel mondial ne sont pas davantage épargnés par lesactivités illégales – le ramassage illégal d’artefacts de pierreà Kakadu n’en est qu’un exemple parmi d’autres. Bien queles États parties d’Asie du Centre-Ouest ne mentionnentaucun changement affectant l’authenticité et l’intégrité deleur patrimoine mondial, il apparaît que le pillage et lacontrebande d’objets culturels représentent une menacemajeure pour la préservation des valeurs des biens de lasous-région.

Les catastrophes naturelles tendent à affecter plutôt l’inté-grité que l’authenticité des sites. Les gestionnaires de sitede l’ensemble de bâtiments anciens des montagnes deWudang (Chine) pensent que l’intégrité de certains de cesbâtiments sera probablement affectée dans un avenirproche par les détournements de cours d’eau projetésdans la zone, qui contraindront à déplacer ces bâtimentspour les reconstruire ailleurs. Dans le cas de la région deslacs Willandra (Australie), la déflation et l’érosion perma-nentes sont considérées comme un changement négatifaffectant l’authenticité. Toutefois, comme le note le rap-port, « pour ce qui est de l’intégrité de la région, ce n’estpas sans quelque ironie de la part des lacs Willandra quel’érosion permanente des caractères géomorphologiquesessentiels se traduit par une mise au jour des sites culturelsqui renforce encore les motifs de l’inscription sur la Liste »

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(Rapport périodique, Section II). Dans ces deux exemples,ce qui est considéré comme n’affectant que l’intégrité estintrinsèquement lié à l’authenticité des biens, avec desimpacts négatifs ou positifs. De fait, comment pourrait-ondéplacer des édifices historiques sans affecter tout le cadredu site concerné, ainsi que sa valeur historique etmythique ? Les rapports consacrés aux sites ne saisissentpas toujours assez la relation qui unit l’authenticité et l’in-tégrité d’un site. Cela peut tenir à un manque d’homogé-néité dans la définition des deux concepts.

Comme on l’a déjà relevé, les changements positifs quesubissent l’authenticité et l’intégrité sont souvent le résul-tat de causes comparables à celles qui motivent la révisionde la proposition d’inscription d’un site ou de l’extensionde ses limites.

Ces causes sont notamment :•des découvertes archéologiques et scientifiques ;• des actions entreprises en vue de renforcer l’authenticité

et/ou l’intégrité d’un site, comme la restauration, la démo-lition de bâtiments illégalement construits ou l’établisse-ment de limites qui assurent une protection efficace.

Indépendamment de ces deux facteurs, les changementspositifs qui affectent l’authenticité peuvent égalemententraîner des décisions visant à rendre le site plus visible,ou à accroître ou limiter les éléments visibles en fonctiond’objectifs politiques ou sociaux.

Les découvertes archéologiques et scientifiques sont unpoint commun à toutes les sous-régions. Le temple deBrihadisvara à Thanjavur (Inde), les monuments boud-dhiques de Sânchi (Inde), le Mausolée du premier empe-reur Qin (Chine), le parc marin du récif de Tubbataha(Philippines) et la zone de nature sauvage de Tasmanie(Australie) offrent de bons exemples d’améliorationsapportées à l’authenticité et/ou à l’intégrité d’un site à lasuite de découvertes archéologiques ou scientifiques.

Le cas du Mausolée du premier empereur Qin est unexemple typique des conséquences que peuvent avoir, pourun bien, des découvertes archéologiques majeures. Lesfouilles menées dans différentes fosses identifiées lors derecherches précédentes ont apporté de nouvelles décou-vertes sur le mode de vie et les pratiques funéraires del’époque des Qin. Si ces découvertes – les fosses des armureset des casques, des acrobates d’argile, des fonctionnairesd’argile et de la « Grotte de l’oiseau de bronze » – ont indu-bitablement renforcé l’authenticité du site dans sonensemble, elles ont également eu pour effet un accroisse-ment de la pression liée aux visiteurs et aux infrastructures.Malgré les mesures prises par les autorités provinciales pourmettre de l’ordre dans les activités de construction et desprojets de sensibilisation à l’environnement sur le site, laconstruction d’installations touristiques incompatibles avecles principes de protection du patrimoine établis dans lazone du Mausolée a déjà commencé et affecte l’intégrité dusite. Les effets combinés d’une plus grande authenticité etd’une intégrité menacée ou de la détérioration visuelle d’unbien du patrimoine mondial ne sont pas rares en Asie, par-ticulièrement dans le cas du patrimoine culturel.

Protéger l’«authenticité » des biens du patrimoine mondial en Asie du Sud

Dans le manuel de conservation qu’il a publié en 1922et qui est aujourd’hui encore la bible des professionnelsde la conservation en Asie du Sud, John Marshalldéclare que « la valeur historique [des bâtimentsanciens] est perdue lorsque leur authenticité estdétruite, et [que] notre premier devoir n’est pas de lesrénover, mais de les préserver. » Malheureusement, l’en-tretien régulier demeure un idéal alors que, pour la plu-part des budgets, il n’est guère possible d’aller au-delàde réparations d’urgence – qui, dans une large mesure,transforment en rénovation les activités de préservation.

Au Népal et dans les pays des anciennes Indes britan-niques, le cadre juridique actuel se réfère encore aux « monuments archéologiques », qui sont principalementdes ruines sans fonction contemporaine. Au Népal, toutefois, le site du patrimoine mondial de la vallée deKathmandu comprend des centres religieux vivants etdes quartiers urbains densément peuplés dont les rési-dents ne se préoccupent guère de l’authenticité de laforme ou des matériaux de leur environnement matériel.Priorité est donnée, en revanche, à son embellissementet à sa rénovation cyclique. La notion d’« authenticité »ou d’« origine » n’est pas associée à la substance maté-rielle, qui est considérée comme vouée à la décomposi-tion. L’idée d’une rénovation rituelle assure la continuitéplutôt que la persistance et reflète une expérience dutemps qui est d’ordre mythique, et non historique.

Le navire de Thésée, héros de la Grèce antique, est sou-vent pris comme métaphore dans les débats sur l’au-thenticité du matériau et la continuité de la forme. La

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Région des lacs Willandra, Australie

question philosophique est ainsi posée : lorsque devieilles planches pourries étaient remplacées par du boisneuf, le navire était-il moins « authentique » ?L’authenticité est-elle liée à la forme ou à la substance ?Un facteur est la facilité avec laquelle on peut faire descopies. Au Népal, un charpentier qui a appris son métierde son père et de son grand-père privilégiera le rempla-cement d’un chevron, d’une solive, voire d’un piliersculpté s’ils sont pourris, plutôt que des réparations quine seront faites que sur les conseils d’un consultantoccidental. La compétence du charpentier représente lacontinuité ; le résultat de son travail est « authentique »à un point qui dépasse l’imagination et l’expérienced’un observateur occidental. Tandis que l’approche occi-dentale de la conservation est analytique et largementcaractérisée par le détachement, les artisans asiatiquesfont partie intégrante du processus de rénovation.Depuis le début du XXe siècle, la situation a connu deschangements spectaculaires. Par suite de réformesagraires, les institutions religieuses ont perdu les dota-tions qui leur avaient permis d’assurer tant le culte quo-tidien que l’entretien annuel. Dès lors que lesgouvernements sont investis de la responsabilité de la « culture », dont le niveau de priorité est faible entermes budgétaires, l’intégrité de la forme comme de lasubstance est en péril presque partout. Au Népal et auBhoutan, où les maisons sont évacuées, démolies outransformées pour servir aux besoins du tourisme, l’inté-grité des sites vivants est même plus menacée encoreque dans d’autres endroits du monde où l’industrie dutourisme semble au contraire donner un coup de neuf àl’environnement.

La conservation est, somme toute, un concept occiden-tal adopté par l’administration moderne des États quiont remplacé les sociétés traditionnelles. Les aspectsspécifiques de l’authenticité sont aisément mis de côtépar les normes et les principes « internationaux ». Lamondialisation a fait apparaître le besoin d’un dialogueconstant pour faire en sorte que le potentiel d’un char-pentier népalais ou d’un maître maçon indien puisse,dans l’avenir, orienter les notions de l’authenticité.

La conservation active d’un bien du patrimoine mondialpeut également conduire à renforcer l’authenticité et l’inté-grité d’un site. Alors qu’un tiers des biens du patrimoine cul-turel décrits dans les rapports consacrés aux sitesreconnaissent des changements positifs qui ont renforcél’authenticité et/ou l’intégrité, ce pourcentage passe à 50 %pour le patrimoine naturel et mixte. L’incidence de l’inscrip-tion sur la Liste du patrimoine mondial se révèle ainsi un fac-teur clé pour une meilleure protection de ces biens naturels.

La démolition de structures ou de bâtiments illégalementconstruits peut également renforcer l’authenticité d’unsite et de son environnement proche. C’est clairement lecas de la Résidence de montagne de Chengde et destemples avoisinants (Chine), où tous les bâtiments de lazone tampon qui n’étaient pas considérés comme desreliques culturelles ont été démolis. Les biens du patri-moine naturel ont eux aussi bénéficié largement de poli-tiques de conservation proactives. Le parc national deKaziranga (Inde) ou celui de Sagarmatha (Népal) ont vuleur authenticité préservée par l’arrêt ou l’annulation devastes projets de développement d’infrastructures. ÀKaziranga, le projet de construction d’une voie ferrée lelong de la limite méridionale du parc a été annulé tandisque le projet d’extension de la piste de l’aéroport deSyangboche, près du parc national de Sagarmantha, a ététemporairement arrêté. La construction de digues et deroutes a également été abandonnée dans les sanctuairesde faune de Thung Yai-Huai Kha Khaeng (Thaïlande), dansla zone de nature sauvage de Tasmanie et à Uluru KataTjuta (tous deux en Australie), ce qui a permis de préserverl’authenticité et l’intégrité de ces biens.

Dans d’autres cas, le simple fait d’inscrire un site sur la Listedu patrimoine mondial a contribué à accroître la popula-tion d’espèces animales et végétales rares. Dans le parcnational de Nanda Devi (Inde), on considère que la biodi-versité relevant du patrimoine mondial a connu « uneamélioration phénoménale » (Rapport périodique, SectionII) après vingt ans de protection stricte. De même, la valeurde la biodiversité du parc national de Royal Chitwan(Népal) s’est considérablement améliorée, avec une aug-mentation significative de la population de rhinocéros etde tigres depuis 1984, date de son inscription sur la Listedu patrimoine mondial.

Dans leurs recommandations au Comité du patrimoinemondial, les représentants des États parties d’Asie du Sudet d’Asie du Sud-Est ont insisté sur l’importance d’établirun lien entre la préservation matérielle et immatérielle del’authenticité d’un bien du patrimoine mondial. Ils ontégalement souligné le besoin criant d’une diffusion, à l’in-tention non seulement des gestionnaires de sites, maisaussi de tous les acteurs de la conservation, de manuels,guides et directives consacrés à la préservation de l’au-thenticité et de l’intégrité des sites. Les activités de suivi dece premier Exercice des rapports périodiques contribue-ront, espérons-le, à la diffusion de tels manuels, tout enassurant qu’une attention suffisante sera accordée auxliens entre le patrimoine matériel et immatériel auxniveaux national et local. Les Organisations consultativesdu Comité du patrimoine mondial, l’ICOMOS, l’UICN etl’ICCROM, doivent être des partenaires-clés pour l’élabo-ration de réponses adéquates aux enjeux inhérents à cettenouvelle orientation des politiques.

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Identification et préservation des valeurs du patrimoine mondial2

La législation relative au patrimoine

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Carte de la Baie Shark, faisant apparaître les zones de protection du patrimoine mondial

© Environment Australia

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La législation relative au patrimoine3

La protection officielle et coutumière du patrimoineculturel et naturel d’Asie et du Pacifique est uneentreprise complexe. Si la plupart des États partiesde la région disposent d’instruments juridiques des-tinés à préserver leur patrimoine, tous n’ont pas unepolitique d’orientation ou une réglementation spéci-fique pour la mise en œuvre efficace d’actions deconservation. Ils sont encore moins nombreux à pos-séder une législation se référant aux obligationsdéfinies par la Convention du patrimoine mondial.Les actes juridiques et les décrets pertinents, souventrédigés en vue d’objectifs très divers – de l’exploita-tion forestière, par exemple, au le vol d’antiquités –,fournissent généralement peu d’éléments spéci-fiques susceptibles de guider les gestionnaires, dontla responsabilité première est d’interpréter laConvention à l’échelle de chaque site, dans l’en-semble de la région Asie-Pacifique. Il est donc néces-saire et urgent d’adapter « sur-mesure » leslégislations nationales pour qu’elles reflètent pleine-ment la Convention du patrimoine mondial en tantqu’instrument juridique pionnier, capable de proté-ger tant la nature que la culture et de promouvoir unsentiment de fierté à l’égard du patrimoine communde l’humanité, tout en restant fermement ancréesdans les lois nationales et/ou coutumières.

Au cours des dernières années, la mise en place denouvelles lois relatives à la protection du patrimoinenaturel et culturel s’est accélérée en Asie et dans lePacifique et, progressivement, couvre d’une manièreplus adéquate les nombreux aspects de la conserva-tion du patrimoine. De nombreux problèmes subsis-tent néanmoins et les réponses fournies par les Étatsparties d’Asie et du Pacifique font apparaître, dansleurs grandes tendances, les difficultés qu’ils ont ren-contrées sur le plan législatif pour mettre en œuvrela Convention du patrimoine mondial, que ce soit auniveau national ou localement, au niveau des sites.

En outre, en même temps qu’elles soulignent leslimites et les inadéquations juridiques inhérentes àde nombreux États parties, les informations conte-nues dans les rapports périodiques nationaux four-nissent également une brève liste de contrôle, quidonne des exemples de législations spécifiquementconsacrée au patrimoine mondial tout en évoquantcertaines des lois et réglementations les plus effi-caces aux niveaux national, régional et local. On enobservera quelques exemples dans des études de casspécifiques. Dans certains États parties tels que lesMaldives ou le Népal, les lois nationales représententsouvent le seul instrument disponible pour la protec-tion du patrimoine. Dans des pays comme la Chine,l’Inde ou l’Australie, on a tenté de mettre en placedes mécanismes visant à promouvoir efficacement lacoordination et le dialogue entre les multiplesstrates de l’administration d’État, aux niveaux tantmunicipal, que préfectoral, provincial ou fédéral,mais ces mécanismes doivent encore être renforcés.

« Chacun des États parties à la présente Convention recon-naît que l'obligation d'assurer l'identification, la protec-tion, la conservation, la mise en valeur et la transmissionaux générations futures du patrimoine culturel et naturelvisé aux articles 1 et 2 et situé sur son territoire, luiincombe en premier chef. »

Convention du patrimoine mondial, article 4

Problèmes législatifs rencontrés par lesÉtats parties dans la mise en œuvre de laConvention du patrimoine mondial

Dans le contexte de l’accélération des risques et desmenaces qui pèsent sur les biens naturels et culturels, ungrand nombre des rapports périodiques soulignent le faitque les dispositions et mesures législatives et administrativessont insuffisantes pour remédier aux problèmes de notreépoque. Dans de nombreux pays, la législation est dépasséeou obsolète et doit être révisée de manière à être plus effi-cace et à intégrer la complexité croissante que représente lagestion du patrimoine mondial et/ou la difficulté à pourvoiraux besoins d’un grand nombre de biens. En outre, certainsÉtats parties, et particulièrement ceux de la région Pacifiquequi ont adhéré récemment à la Convention, sont confrontésà l’absence totale de législation spécifiquement consacrée àla conservation du patrimoine.

Une autre des difficultés rencontrées par les États partiesd’Asie-Pacifique est l’absence de structures de conserva-tion ou de gestion permettant une mise en œuvre efficacede la législation. Ce problème est très variable d’un Étatpartie à l’autre, car il peut résulter de facteurs historiques,comme dans le cas de l’Afghanistan dont le passé troubléa empêché le développement de structures adéquates, oude l’aggravation de problèmes de sécurité et de suivi cau-sés par les pressions liées au développement ou par l’ex-pansion du tourisme, comme c’est notamment le cas pourles biens du patrimoine mondial de l’Inde. De nombreuxÉtats parties ont demandé une meilleure définition de laplanification et des permis de construire, des dispositionsrelatives à la propriété du sol et un renforcement des sanc-tions encourues pour les dégradations causées par les des-tructions illégales, constructions et empiètements réaliséssur les sites du patrimoine mondial. Ils demandent des loisplus spécifiques, qui traitent d’une manière détaillée dequestions particulières. Ils ont également souligné leslimites et les inadéquations humaines et financières qu’ilsrencontrent en matière de renforcement de la législationexistante et de formulation de nouvelles lois. Cela est par-ticulièrement pertinent pour les biens du patrimoine natu-rel, qui sont confrontés aux problèmes du braconnage, dela pêche illégale et de l’abattage des arbres.

En outre, certains États parties ont appelé à la promotionet à la gestion en collaboration, soulignant ainsi lemanque de communication entre les différentes institu-tions responsables de l’application de la législation. Dans

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La législation relative au patrimoine 3

la majorité des cas, la coordination entre les ministèresconcernés et les différents niveaux de l’administrationchargés de faire respecter les lois, les règlements et lesdécrets reste insuffisante et doit être améliorée. L’absenceou la faiblesse de la participation des autorités locales etde leur consultation est un thème récurrent et de nom-breux États parties demandent des mesures de plusgrande décentralisation qui permettraient aux autoritéslocales, régionales et provinciales d’avoir plus de poids etde jouer un plus grand rôle dans la création et la mise enœuvre d’une législation adéquate.

La législation australienne sur le patrimoine

En 1983, l’Australie fut le premier État partie de larégion Asie-Pacifique à adopter une loi spécifique rela-tive aux biens du patrimoine mondial, le WorldHeritage Properties Conservation Act (WHPC), qui lui apermis de mettre en place une réglementation visant àprotéger ses biens du patrimoine mondial des actionssusceptibles de représenter pour eux une menace.Cette législation jouait, en effet, le rôle d’un méca-nisme de dernier ressort pour arrêter des actions spéci-fiques. Puis l’Environment Protection and BiodiversityConservation Act (EBPC Act), adopté en 1999 et misen œuvre à compter de juillet 2000, a remplacé etnotablement amélioré les mesures de préservation etde conservation du patrimoine que permettait leWHPC.

Dans l’esprit des principes qui président à la gestion dupatrimoine mondial de l’Australie (promotion denormes nationales de gestion, planification, évaluationde l’impact environnemental, implication des commu-nautés et suivi), l’EBPC Act est un remarquable exemplede législation consacrée à la conservation du patri-moine. Le texte est, en effet, très détaillé et fournit uncadre juridique complet pour la conservation des biensdu patrimoine mondial comme pour celle des biens dupatrimoine national. Il est original dans la mesure où ilpermet une protection tant préventive que réactive. Ilpermet donc une évaluation de l’impact environnemen-tal des actions proposées qui ont ou sont susceptiblesd’avoir un impact notable sur un bien donné du patri-moine mondial. Sur la base de cette évaluation, leministre de l’environnement peut donner ou refuserson accord et imposer des conditions pour réguler lesactions engagées.

Le texte s’applique aussi à des biens dont l’inscriptionsur la Liste du patrimoine mondial a été proposée maisqui ne sont pas encore inscrits, et qui peuvent ainsiêtre juridiquement protégés au titre de l’EBPC Act. Lesbiens dont l’inscription sur la Liste du patrimoine mon-dial n’a pas été proposée, mais dont le ministre de

l’environnement considère qu’ils abritent des valeursdu patrimoine mondial en péril sont également cou-verts.Parmi d’autres caractéristiques, l’EBPC Act vise àpromouvoir un développement écologiquement viableet respecte les droits des populations autochtonesvivant sur les sites du patrimoine mondial, impliquantactivement ces populations dans la préservation dessites. En outre, cette loi offre un cadre juridique holis-tique pour l’identification et le suivi de la biodiversité(y compris du matériel génétique), le contrôle desespèces non-autochtones, l’aide apportée à d’autrespays, les questions de personnel, etc. Imposant aussides sanctions civiles et pénales substantielles à qui-conque commet des actes illégaux, elle est ainsi effica-cement liée au code pénal.

En outre, l’EBPC Act a encouragé une coopération effi-cace entre le gouvernement australien et les gouverne-ments des États, en créant un mécanisme leurpermettant de conclure des accords bilatéraux en vuede se conformer aux exigences de la loi et d’éviterd’éventuels doubles emplois dans les processus régle-mentaires et/ou administratifs.

L’EBPC Act a été amendé en 2003 par le Parlementfédéral. L’examen par le Parlement de cette législationrelative au patrimoine est intervenu au terme de plusde sept années de consultations approfondies entredes entités gouvernementales, non-gouvernementales,industrielles et communautaires et donné lieu à desdocuments de travail, à des ateliers techniques, à uneConvention nationale du patrimoine tenue en 1998 età plus de 70 réunions d’information organisées danstout le pays. Bien que cette nouvelle loi, amendée,concerne essentiellement le patrimoine national, ilimporte d’évoquer la création de l’Australian HeritageCouncil, organe d’expertise indépendant qui conseillele ministre en matière d’inscription et de protectiondes sites du patrimoine.

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Vue aérienne des îles Lord Howe, Australie

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La législation relative au patrimoine3

Actions positives entreprises pour remé-dier aux problèmes législatifs rencontréspar les États parties

Compte tenu de l’Exercice des rapports périodiques, leCentre du patrimoine espère qu’une collecte suivie etrégulière de documents juridiques permettra la créationd’une banque de données sur l’Internet, qui permettrad’échanger entre États parties de la région Asie-Pacifique,et au-delà, des exemples de lois et de réglementations effi-caces. Bien que chaque pays de la région ait élaboré unelégislation de son cru, la ratification de la Convention dupatrimoine mondial a étendu tout à la fois le catalogue desexpériences mises en commun et l’engagement en faveurde la protection du patrimoine. À cet égard, un certainnombre de précédents importants sont en train de se pro-duire entre les États parties, avec notamment des proposi-tions d’inscription de sites naturels transfrontaliers, quitranscendent les frontières entre pays voisins d’Asie duSud-Est, comme sur l’île de Bornéo entre la Malaisie etl’Indonésie ou, en Asie du Sud, dans le cas d’un site quis’étend sur le territoire du Bhoutan, de l’Inde et duBangladesh.

L’implication locale dans la protection du patrimoine mondial au Japon

Le Japon possède une très longue tradition de conserva-tion et de préservation du patrimoine. Le corpus juri-dique relatif à cette question est donc très développé etdétaillé. En outre, le Japon est, à l’échelle internationale,un défenseur très actif de la préservation du patrimoinemondial et un contributeur non moins important à cettecause ; il est également signataire de nombreux traitésinternationaux consacrés à ces questions.

Dans le cas du Japon, il est particulièrement intéressantde noter le rôle que le gouvernement national confieaux autorités provinciales et locales dans la gestion desbiens du patrimoine mondial et national et leur implica-tion dans la formulation des textes législatifs et desrecommandations. Cela suppose une coopérationapprofondie à bien des niveaux différents – un trait quede nombreux États parties ont souligné comme problé-matique dans leurs efforts pour gérer la conservation dupatrimoine mondial.

Une fois adoptée la Convention du patrimoine mondial,le gouvernement a mis en place une Conférence inter-départementale du patrimoine mondial, réunissant desministères et d’autres agences gouvernementales impli-quées dans la mise en œuvre de la Convention (minis-tère des affaires étrangères, ministère des affairesculturelles, ministère de l’environnement, agence desforêts et ministère du territoire, des infrastructures etdes transports). Cette organisation permet au gouverne-ment d’assurer la liaison et la coordination entre lesministères concernés et les agences gouvernementales.La Conférence interministérielle du patrimoine mondial

est un instrument particulièrement important pour unecommunication et une coordination efficaces desactions et pour une harmonisation juridique entre lesdifférents niveaux de l’administration nationale.

Toutefois, la coordination ne se fait pas seulement auniveau supérieur et national. Elle est, en effet, présentedans tout le système. Dans le cas de biens du patri-moine mondial naturel, par exemple, le gouvernement amis en place pour chaque bien un Comité de liaison dezone du patrimoine mondial, chargé d’entretenir la liai-son et la coordination entre le ministère de l’environne-ment, l’agence des forêts et les autorités locales(administration préfectorale, municipale, communale oude village) et d’assurer ainsi une gestion plus efficace.Ce comité réunit régulièrement, une fois par an, les res-ponsables concernés pour examiner les questions liéesau patrimoine mondial, ainsi que pour coordonner etpromouvoir les mesures de conservation et de gestionles plus appropriées.

Dans la politique japonaise du patrimoine mondial, lesautorités locales jouent un rôle central. Cela se vérifieparticulièrement pour ce qui concerne les propositionsd’inscription. Chaque autorité locale ou provinciale éta-blit sa propre Liste indicative et suggère des sites devaleur universelle susceptibles d’être proposés. « Lesautorités locales jouent le rôle principal dans le proces-sus préparatoire de désignation des biens culturels,conformément à la loi relative à la protection du patri-moine culturel, et sont également les principaux déci-sionnaires pour la définition des zones de patrimoine,en consultation avec les agences administratives natio-nales et les autorités provinciales ». (Rapport périodique,Section II)

En outre, la population locale est également consultéeet exprime ses souhaits et ses idées par l’intermédiaired’associations locales pour le patrimoine mondial, ce quirenforce, de manière générale, l’implication du publicdans la promotion et la gestion du patrimoine national.Enfin, pour ce qui est des zones protégées relevant dupatrimoine naturel, l’article 25 de la loi fondamentalesur l’environnement fixe un cadre dans lequel le gouver-nement national doit prendre les mesures nécessaires

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Mise en valeur de la salle d’audience impériale de l’Estet de la résidence impériale de l’ancienne Nara, Japon

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La législation relative au patrimoine 3

pour approfondir la compréhension par le grand publicde la nécessité de la conservation de l’environnement,en promouvant l’éducation et la recherche dans cedomaine et en lui assurant une publicité suffisante. Quiplus est, le gouvernement a défini et annoncé des zonesde conservation, en application de la loi sur la conserva-tion de la nature et de la loi sur les parcs naturels, et amis en œuvre des programmes d’éducation à l’environ-nement dans les écoles et les centres accueillant les visi-teurs dans les parcs naturels. Il a également entrepris depromouvoir des actions de diffusion de l’information parla publication de brochures et de plaquettes publicitaires.

Ces mesures, ces dispositions et ce cadre législatif et ins-titutionnel se traduisent par un mécanisme efficace quiassure la promotion positive, la conservation et la ges-tion du patrimoine mondial du Japon et permet diversesformes efficaces d’assistance internationale dans cedomaine.

Un certain nombre d’instruments juridiques et de méca-nismes novateurs s’appliquent également. L’Australie, pre-mier pays à avoir conçu une législation spécifique pour lepatrimoine mondial – le World Heritage PropertiesConservation Act, mis en place en 1983 – a récemmentremis à jour sa législation nationale en introduisantl’Environment Protection and Biodiversity ConservationAct, rédigé en 1999 et appliqué en 2000. Le Sri Lanka, quia élaboré en 1988 le National Heritage and Wilderness Actpour la protection des biens du patrimoine mondial, a misl’accent, dans son rapport périodique national, sur le besoinde poursuivre la consolidation des processus de coopérationinterministérielle. En 2001, la Chine a mis en place une sériede « principes de conservation » destinés à être appliqués àtous les sites du patrimoine culturel du pays.

Il est très encourageant que le Japon, le Viet Nam et laRépublique démocratique populaire lao soient parvenus àpromulguer de nouveaux instruments en vue d’uneapproche interministérielle, au niveau national, des ques-tions de patrimoine mondial. Le Japon a établi une« Conférence interdépartementale du patrimoine mondial »,conseil délibérant qui regroupe cinq organes gouverne-mentaux – dont le ministère des affaires étrangères,l’agence des affaires culturelles, l’agence des forêts, leministère de l’environnement, et le ministère du territoire,des infrastructures et des transports – et se réunit réguliè-rement pour examiner et coordonner les questions rela-tives aux propositions d’inscription de sites et à la gestiondes biens du patrimoine mondial. En 2001, en lien avec larévision de la loi relative au patrimoine culturel, le VietNam a mis en place un Conseil national du patrimoine,organe novateur placé directement sous l’autorité duPremier ministre. Au Laos, la loi de 1997 sur le patrimoinea établi au niveau national un comité interministériel et, auniveau local, un comité interdépartemental du patrimoine,spécifiquement destinés à la protection des deux biens dupatrimoine mondial que compte le pays.

Le Triangle culturel du Sri Lanka

« Le Triangle culturel doit être préservé au nom du SriLanka, car il est au cœur même de l’histoire du pays etdonne son expression suprême à ses valeurs religieuses[…] il doit être préservé au nom de l’Asie entière, car ilest un centre de la tradition bouddhique […] et a exaltéle sens de la solidarité asiatique. Il doit être préservé aunom du monde entier, car il fait partie intégrante de sonpatrimoine indivisible. » (The Safegurarding of theCultural Triangle of Sri Lanka : steady progress andfuture prospects, R. Silva et Ananda W.P. Guruge,UNESCO-Sri Lanka)

Le Triangle culturel de Sri Lanka est situé au centre del’île et s’étend sur une zone qui comprend les sites dupatrimoine culturel mondial de la ville sainted’Anurahapura, de la cité historique de Polonnaruwa, laville ancienne de Sigiriya, la ville ancienne de Dambullaet la ville sacrée de Kandy. Ces sites ont une grandevaleur universelle et sont visités par de nombreuxmoines et pèlerins, ainsi que par des touristes sri lankaiset étrangers.

Le programme du Triangle culturel, lancé en 1978, estun programme-cadre national qui représente le princi-pal cadre juridique et pratique de la conservation de cessites. Il assure une coordination positive des appels aufinancement international et des programmes éducatifs,et oriente les cadres juridiques qui protègent ces sites.En outre, il coopère étroitement avec l’UNESCO, leCentre du patrimoine mondial et un groupe de travailinternational composé de spécialistes qui fournissentleur expertise pour une protection et une restaurationefficaces de ces sites.

Le Central Cultural Fund (CCF) gère la Campagne pourle triangle culturel, qui vise à soutenir cet ambitieux pro-gramme de conservation. Le CCF est géré par un conseild’administration présidé par le Premier ministre et com-prend, entre autres membres, les ministres chargés desaffaires culturelles, des finances, du tourisme, de l’inté-gration socioculturelle, des affaires hindoues et desaffaires musulmanes. Il assure également le suivi et lagestion des activités et des projets menés sur ces sites etréalise des programmes de fouilles, de conservation, depréservation et d’entretien.

Malgré la nature exemplaire de ce programme coor-donné, de nombreux sujets de préoccupation restent àtraiter dans les prochaines années. De fait, les discor-dances entre les textes juridiques et leur applicationeffective sont bien réelles. Juridiquement, ces sites sontprotégés par le Cultural Property Act No. 73 de 1988,l’Ordonnance de 1956 sur les antiquités et la loi relativeau développement urbain. L’efficacité de ces textes, etparticulièrement du dernier, appelle une évaluation et aété mise en cause à de nombreuses reprises, notam-ment dans le rapport d’une mission de suivi menée

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La législation relative au patrimoine3

en 1994 par l’UNESCO et le Centre du patrimoine mon-dial : « Les principes, les procédures et les techniquesapplicables aux fouilles et à la conservation sont dispo-nibles, mais pas nécessairement sous une forme écrite.Un mécanisme adapté permettant l’application de la loireste à établir ». En outre, la question de l’indépen-dance du CCF a été soulevée et les rapports indiquentque les biens du Triangle culturel ont souffert du vanda-lisme et de projets qui ne correspondent pas aux orien-tations fixées par le Centre du patrimoine mondial enmatière d’authenticité. Les autorités ont souligné lanécessité d’instaurer des sanctions plus sévères et plusefficaces.

La législation vietnamienne relative au patrimoine

L’adhésion de la République socialiste du Viet Nam à laConvention du patrimoine mondial, en 1987, « fut unenouvelle étape dans une tradition ancienne d’engage-ment du gouvernement et du peuple en faveur de l’es-prit qui sous-tend cet instrument international, quis’exprime au Viet Nam comme une célébration de lacomplémentarité de la nature et de la culture et commel’intégration de la conservation et de la vie de la com-munauté » (Rapport périodique, Section I). De fait, leViet Nam possède une tradition déjà ancienne de pré-servation du patrimoine, qui s’est développée durant lacolonisation française.

Depuis l’adhésion du Viet Nam à la Convention, le cadrelégislatif de la préservation du patrimoine s’est développé.La Constitution actuelle du Viet Nam, adoptée en 1993,aborde dans le détail la conservation du patrimoine et sou-ligne la valeur essentielle de la culture pour les citoyens.

Les dispositions constitutionnelles consacrées à la préser-vation du patrimoine ont été complétées par l’adoption,en 2001, d’une loi sur le patrimoine culturel. Largementfondée sur la Convention du patrimoine mondial et surles Orientations, celle-ci représente un précédent intéres-sant de création de cadres législatifs efficaces pour uneprotection positive du patrimoine asiatique.

Cette loi sur le patrimoine culturel couvre d’une manièreexhaustive différents types de patrimoine (y compris lepatrimoine enfoui et immergé) et définit des règlesapplicables, notamment, aux fouilles archéologiques, aucommerce des biens culturels, aux travaux de conserva-tion, de préservation et de réhabilitation, à l’enregistre-ment et au classement de sites susceptibles de présenterune valeur locale, régionale, nationale et universelle,aux questions de personnel, etc. Elle assure égalementune définition adéquate des limites et des zones tam-pons, ce qui est rarement le cas dans la législation asia-tique relative au patrimoine.

Elle souligne, en outre, l’attention particulière accordéeau patrimoine mondial par les autorités vietnamiennes.En effet, les dossiers de propositions d’inscriptions desites susceptibles de présenter une valeur universelle etd’être, de ce fait, soumis en vue de leur inscription surla Liste du patrimoine mondial, doivent être examinéspersonnellement par le Premier ministre.

Cette législation répond aux menaces spécifiques aux-quelles sont exposés les biens du patrimoine mondial duViet Nam, dues essentiellement à la pression touristique.Le tourisme est, en effet, un élément important del’économie vietnamienne et il est donc essentiel d’assu-rer efficacement la conservation de la culture et le res-pect de la Convention du patrimoine mondial. La loi surle patrimoine culturel offre donc un cadre législatifexemplaire. Il importe, toutefois, de souligner les discor-dances entre le contenu de cette loi et son applicationeffective. Compte tenu, en effet, du contrôle insuffisantde son application et du manque de coordination entreles différents organes responsables de sa mise enœuvre, il convient de nuancer quelque peu l’efficacitéde ce louable dispositif législatif.

À l’échelle provinciale et locale, on peut encore citerd’autres exemples de bonnes pratiques, comme la mise enplace d’une loi spécifiquement consacrée au patrimoinemondial dans la province chinoise du Sichuan. Des instru-ments ont également été conçus au niveau municipal pourles cités historiques du patrimoine mondial d’Asie du Sud-Est. À Luang-Prabang (Laos), par exemple, le soutien del’Union européenne et de l’Agence française de dévelop-pement, mobilisé par le Centre du patrimoine mondial,s’est traduit par l’instauration d’une législation protectrice,de règles de conservation urbaine et de mécanismes insti-tutionnels de contrôle des travaux publics et privés. A éga-lement été créée une « Maison du patrimoine », service deconseil en matière de patrimoine dans le cadre des autori-tés locales, en vue d’aider la communauté locale à assurerle suivi des permis de construire et d’un développementfondé sur le patrimoine.

Afin de soutenir la conservation des biens appartenant àdes propriétaires privés dans les zones protégées au titredu patrimoine mondial dans les centres urbains historiqueset de permettre aux résidents traditionnels de demeurerchez eux malgré le coût des exigences de la conservation,

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Constructions illégales défigurant la physionomie traditionnelle de la citadelle de Huê, Viet Nam.

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des systèmes novateurs de prêts et de subventions, ainsiqu’une banque de matériaux de construction tradition-nels, gérés par la municipalité, ont été mis en place à Huêau Viet Nam, et à Luang Prabang au Laos. Ces deux villesdu patrimoine mondial asiatique ont bénéficié d’un sou-tien technique viable et à long terme, dans le cadre d’unsystème de coopération décentralisée entre villes, qui leurassociait respectivement les autorités locales des villesfrançaises de Lille-Métropole et de Chinon. Des actionscomparables de coopération décentralisée associant desvilles asiatiques et européennes ont été mises en place parle Centre du patrimoine mondial en vue du renforcementdes capacités des autorités municipales en matière de ges-tion du patrimoine.

Les « principes chinois » de la protection dupatrimoine mondial

La Chine a signé en 1985 la Convention du patrimoinemondial, peu après la a promulgation, en 1982, d’unenouvelle Constitution dans laquelle étaient exprimés lesprincipes fondamentaux de la création et de l’adoptiond’une législation relative à la conservation du patri-moine (art. 20, 22). La Convention a fourni, avec laCharte internationale sur la conservation et la restaura-tion des monuments et des sites adoptée à Venise en1964, un bon cadre dont les autorités ont pu s’inspirerpour promouvoir et protéger le patrimoine dans tout lepays. Ces deux instruments juridiques internationauxont, cependant, rarement été complétés d’une manièresatisfaisante par des lois nationales spécifiques etdétaillées et font donc partie intégrante des dispositionsjuridiques chinoises relatives à la préservation du patri-moine, dont ils représentent une part essentielle.

En matière de patrimoine culturel, une législation spéci-fique a été adoptée, avec notamment, en 1982, la loirelative à la protection des reliques culturelles de laChine, complétée ultérieurement, en 1992, par les règlesdétaillées de sa mise en œuvre. Ces « Principes pour laconservation des sites du patrimoine de la Chine » cor-respondent à des orientations à caractère professionnel,définies conformément aux cadres juridiques existantspour présenter dans une perspective professionnelle lesarticles pertinents de la législation et de la réglementa-tion chinoises relatives à la protection du patrimoineculturel. Ils constituent également le fondement d’unepratique professionnelle dans les domaines liés aux sitesdu patrimoine. Cependant, les rôles spécifiques du gou-vernement central et des autorités locales dans la pro-tection du patrimoine ne sont pas très clairs et denombreux rapports consacrés aux sites demandent unedéfinition plus précise de ces rôles et une meilleurecoordination entre les différents organes responsablesde l’application et de la formulation des lois. Il n’existe,en outre, aucun cadre juridique spécifique pour lesbiens du patrimoine mondial. La protection de ces der-niers a été intégrée dans les plans ruraux et

urbains applicables selon leur implantation, conformé-ment à la loi d’urbanisme de 1989. Ce point reste unefaiblesse et la nécessité de lois spécifiquement consa-crées au patrimoine mondial a été fortement soulignée.

Dans ce contexte, il importe de mentionner la coopéra-tion qui a donné lieu au mémorandum d’accord signépar l’Australie et la Chine en vue d’échanges entre cesdeux pays, notamment dans les domaines de l’expertisede gestion, des technologies, des méthodes d’évalua-tion et des lois et règlements relatifs à la conservationdu patrimoine culturel. Ce partenariat a été notable-ment renforcé par une coopération approfondie entrel’administration chinoise d’État chargée du patrimoineculturel, la Commission australienne du patrimoine et leGetty Conservation Institute (GCI), qui ont élaboréensemble les « Principes chinois », visant à remédier auxlimites juridiques évoquées ci-dessus. De fait, la Chinene disposait ni d’une charte nationale ni d’orientationsrelatives à la conservation et à la gestion de son patri-moine culturel, malgré son remarquable héritage en lamatière et sa longue tradition de pratique de la conser-vation et de la restauration.

Cette série de principes inspirés de la Convention dupatrimoine mondial et des Orientations devant guider lamise en œuvre de celle-ci désigne divers objectifs :• l’élaboration de directives nationales pour la conserva-tion et la gestion des sites du patrimoine culturel de laChine, se traduisant par une approche informée et inté-grée de la pratique de la conservation ;• la promotion de ces orientations en Chine et leurapplication à des sites sélectionnés dans le cadre d’unestratégie de diffusion et d’adoption ;• le renforcement du rôle de l’ICOMOS en Chine ;• un modèle à proposer aux pays de la région ; et• une meilleure compréhension des approches et desméthodes traditionnelles de la conservation et de lagestion des sites du patrimoine culturel.

Les « Principes chinois » sont un très bon exemple decoopération efficace et productive, et ont permis auxautorités chinoises de se fonder, d’une manière pra-tique, sur un cadre juridique jusque là incomplet et diffi-cilement applicable. Elles reflètent également lesnombreuses questions auxquelles le gouvernement doitfaire face en un temps où les connexions se dévelop-pent toujours plus : rapidité du développement écono-mique, mobilité sociale et géographique, croissance dutourisme local et international, etc.

Les problèmes qui se posent pour la conservation dupatrimoine naturel sont du même ordre. La complexitéde la gestion, compte tenu du nombre de partenairesdont la responsabilité et les obligations ne sont pas défi-nies par la loi, exige l’adoption de lois pratiques et appli-cables. Pour les biens du patrimoine mondial, là encore,les sites naturels et mixtes ne font pas l’objet de poli-tiques spécifiques. Il semble intéressant de souligner la

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La législation relative au patrimoine3

réglementation originale promulguée par la province duSichuan en 1994. En effet, cette « Réglementation appli-cable aux sites du Sichuan présentant un intérêt » pré-sente des orientations détaillées pour la protection et lagestion du patrimoine dans cette province. Cette régle-mentation semble ne concerner que les biens du patri-moine naturel, mais elle le fait efficacement. Ce documentjuridique se divise en sept chapitres, consacrés chacun àun domaine spécifique de la conservation du patrimoinenaturel : l’établissement et la définition des sites présen-tant un intérêt, la protection, la planification (y compris lanécessité de réaliser des études de faisabilité avant touteintervention sur un site donné), la construction (avec leprocessus détaillé d’octroi des permis et licences), la ges-tion et les mesures disciplinaires. Ce texte très complet estexemplaire et pourrait, à l’avenir, servir de base à des loiset règlements nationaux de plus grande portée.

La « Maison du patrimoine » de Luang Prabang(RDP lao)

Le site du patrimoine mondial de Luang Prabang,exemple ancien de fusion de deux traditions culturellesdistinctes, a été inscrit sur la Liste du patrimoine mon-dial en 1995. Il offre un bon exemple de l’évolution desmesures législatives mises en œuvre pour protéger,conserver et réhabiliter un site d’une valeur inestimableet irremplaçable pour l’humanité. Il présente un intérêtparticulier du point de vue de la délivrance des permisde construire et de démolir et en tant qu’exemple deseffets positifs de la coopération décentralisée.

Mise en œuvre de la Convention du patrimoinemondial : Aspects législatifs

Malgré la ratification de la Convention du patrimoinemondial en 1987, le droit laotien ne comportait pas, jus-qu’en 1993, d’autres dispositions spécifiques à la protec-tion du patrimoine naturel et culturel que celles qu’ilavait héritées du régime colonial français. En novembre

1993 fut publié un décret ministériel qui confiait auministère de l’information et de la culture la responsabi-lité de la gestion et de la restauration du patrimoinenational et le chargeait de la coordination entre diversorganes gouvernementaux.L’inscription de Luang Prabang, en 1995, motiva l’adop-tion d’une législation qui traitait d’une manière plussatisfaisante de la conservation et de la préservation dupatrimoine. En effet, le décret précédent ne donnaitaucune indication quant au règlement d’éventuels litigesou à une coordination efficace des actions.D’autres décrets, pris à divers niveaux des pouvoirspublics, ont donc pris en compte les limites de la législa-tion antérieure et apporté des orientations plus spéci-fiques ainsi que de meilleurs mécanismes decoordination et de consultation, comme la création decomités locaux du patrimoine destinés à assurer le suivides travaux de conservation au niveau des sites.

La « Maison du patrimoine » et le « Plan de sauve-garde et de mise en valeur » de Luang Prabang

L’un des événements les plus positifs liés à l’accession deLuang Prabang au statut de bien du patrimoine mondialfut le projet de coopération décentralisée mis en placeen 1996 entre cette ville et celle de Chinon, en France,dans le cadre du programme « Asia Urbs » patronné parl’UNESCO et l’Union européenne.Dans le cadre de ce projet fut fondée la « Maison dupatrimoine », dont la mission était quadruple :• D’abord, elle informe et sensibilise la population localepar des séminaires de formation, des publications et desexpositions ;• Ensuite, elle régule le développement urbain en super-visant les activités de construction et de démolition(notamment en délivrant les permis de construire), ensuggérant des règlements, lois ou orientations appro-priés aux différentes autorités publiques, en réalisant deinventaires du patrimoine national et en rédigeant pourle site un « Plan de sauvegarde et de mise en valeur dupatrimoine » (PSMV) ;• En troisième lieu, elle assure un développement urbainopérationnel en apportant à la population locale uneexpertise et des fonds ou en lui fournissant gratuite-ment des matériaux de construction. « Les villages sontliés par contrat à la “Maison du patrimoine”. les villa-geois reçoivent de la “Maison du patrimoine” services etmatériaux de construction et, en retour, […] participentactivement au programme de conservation » (Rapportpériodique, Section II) ;• Elle est, enfin, l’institution qui reçoit l’assistance inter-nationale.

La « Maison du patrimoine » est placée sous la juridic-tion de l’autorité provinciale chargée de la préservationdu patrimoine historique, culturel et naturel et est finan-cée en partie par l’assistance internationale ainsi quepar des fonds publics, notamment au moyen d’une taxesur le tourisme.

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Maison du patrimoine de Luang Prabang, RDP lao

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La législation relative au patrimoine 3

Son rôle a été renforcé en décembre 2000 par un décretprovincial portant création d’un comité spécialisé chargéde la délivrance des permis de construire et, en janvier2001, par la création, au sein de cette structure, d’unorganisme chargé du contrôle des travaux de construc-tion et de restauration. Ces structures ont été crééesdans le cadre du PSMV amendé, qui fournissait un nou-veau cadre législatif à la conservation du patrimoine.

En effet, les dispositions législatives comprises dans lePSMV amendé sont exemplaires à plus d’un titre. Celui-ci présente une description détaillée du rôle des deuxcomités évoqués ci-dessus et de leur capacité à appli-quer cette réglementation et à prendre des mesurescorrectives et des sanctions. Il décrit également lesmécanismes de coopération associant, à l’échelle locale,les diverses parties concernées, dont les « chefs de vil-lages ». La réglementation s’applique aux propriétéstant publiques que privées et prend en compte la néces-sité d’un développement des infrastructures publiquesface à la pression croissante du tourisme et de l’urba-nisme. (PSMV, articles 3.1, 3.2 et 3.3).

Ce cadre ne s’applique pas uniquement aux zones pro-tégées relevant du patrimoine mondial et national, maisaussi à l’urbanisme de la ville dans son ensemble, etnotamment à la construction de voies navigables, d’hô-tels, de restaurants et de piscines, aux édifices religieuxet publics, à la démolition partielle ou totale de bâti-ments ou aux clôtures.

Mission commune UNESCO/ICOMOS à LuangPrabang du 23-28 avril 2002, suivie de la mise enœuvre de huit mesures correctives

Des membres du Centre du patrimoine mondial del’UNESCO ont effectué, avec des experts de l’ICOMOS,une mission conjointe à Luang Prabang, du 23 au 28avril 2002. Ils ont formulé des commentaires positifs surle PSMV et recommandé sa mise en œuvre rapide. Dansleur rapport consacré au site, les autorités laotiennesont confirmé la prompte promulgation du PSMV parune ordonnance du Premier ministre et sa prochaineapplication en tant que texte juridique le plus importantpour la conservation de Luang Prabang.

La mission a mis en lumière huit recommandations quiillustrent le contraste entre la qualité des textes législa-tifs et leur mise en œuvre dans les faits :• meilleur contrôle par la « Maison du patrimoine » desdémolitions illicites ;• respect de la loi par tous ;• meilleure sensibilisation de la population locale auPSMV ;• meilleure sensibilisation des entreprises publiques etprivées au PSMV ;• arrêt des travaux publics contraires aux règles duPSMV ;

• création de conditions favorables à la mise en œuvredu PSMV ;• meilleure gestion des espaces publics ;• mise en place d’un fonds destiné à aider les résidentslocaux.

Ces recommandations ont été réitérées lors du sémi-naire de l’UNESCO consacré à la conservation de LuangPrabang le 26 décembre 2002.

Le cas de Luang Prabang est particulièrement intéres-sant, car il illustre bien les tensions entre modernisationet conservation que l’on observe dans la plupart desbiens habités du patrimoine mondial. Les dispositionsjuridiques établies par les autorités laotiennes dans lePSMV sont particulièrement bonnes et adaptées à lasituation, notamment pour ce qui est des permis deconstruire et de démolir et de la surveillance des travauxà l’intérieur et à l’extérieur des zones protégées. Il faut,toutefois, que ces règles soient appliquées et que leshabitants soient, localement, mieux informés de leurcontenu.

Les relations entre la Convention du patrimoine mondial etd’autres actions et instruments internationaux consacrés àla conservation, comme le suivi du Sommet mondial pourle développement durable tenu à Johannesburg (Afriquedu Sud) en septembre 2002 et les objectifs majeurs desNations unies en général, font l’objet d’une attentioncroissante. Un nouveau programme thématique transver-sal consacré à la contribution de la Convention du patri-moine mondial à la réduction de la pauvreté a été lancé.Ce programme prend en compte un certain nombre de castirés de la région Asie.

Le Ve Congrès mondial sur les parcs, tenu à Durban(Afrique du Sud) en septembre 2003, a reconnu l’impor-tance de la Convention du patrimoine mondial, « instru-ment international extrêmement efficace [pour la]protection du patrimoine mondial exceptionnel, naturel etculturel. » On peut, en outre, espérer que le rôle centraldes biens du patrimoine mondial naturel en tant quemodèle de zones protégées sera présenté à la Conférencedes parties à la Convention sur la diversité biologique(CDB) qui se tiendra en septembre 2004. À cet égard, uncertain nombre de biens du patrimoine mondial d’Asie,dont les parcs nationaux d’Ujung Kulon et de Komodo, enIndonésie, ont reçu une assistance du Centre du patri-moine mondial et d’autres sources de financement, en vuede promouvoir des modèles de gestion exemplaires etreproductibles pour la conservation de la biodiversité.

Conformément aux objectifs d’ensemble de la Conventiondu patrimoine mondial, chaque État partie de la régionAsie-Pacifique prévoit de coordonner et d’utiliser toutes lesressources scientifiques, techniques et juridiques dispo-

nibles en vue de la protection du patrimoine. Dans cetteperspective, la réunion régionale de consultation des Étatsparties sur les rapports périodiques organisée parl’UNESCO à Paris (France) en mars 2003, a insisté sur l’ap-plication de la Recommandation de l’UNESCO concernantla protection, au niveau national, du patrimoine culturel etnaturel. En réponse aux recommandations formulées parles États parties, une composante importante du suivi duprésent Exercice des rapports périodiques doit consister enune assistance à l’examen et au renforcement systéma-tiques du cadre juridique national visant à la protection dupatrimoine mondial et du patrimoine d’importance natio-nale dans toute de la région Asie-Pacifique.

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La législation relative au patrimoine3

Risques et menaces pour lesbiens du patrimoine mondial

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Lumbini, lieu de naissance du Bouddha, Népal

© UNESCO / J.Okahashi

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La Convention du patrimoine mondial vise à proté-ger les biens naturels et culturels contre les menacesde dégradation auxquelles ils sont confrontés dansun monde qui se développe rapidement. Aucunerégion ne se développe plus vite que la région Asie-Pacifique, qui abrite 147 des 754 biens inscrits sur laListe du patrimoine mondial. Elle est également l’unedes régions les plus riches en biens tant naturels queculturels et compte un grand nombre des destina-tions touristiques les plus prisées. La Conventionsouligne le fait que le patrimoine culturel matériel et,souvent, le patrimoine naturel sont une ressourcenon-renouvelable et irremplaçable. De plus en plussouvent, ces biens courent un risque de dégradationlié directement ou indirectement à l’urbanisation, àl’exploitation des ressources naturelles, à la crois-sance démographique, à la pollution et à d’autresphénomènes propres à la civilisation industriellemoderne. Le vol d’objets d’art ou de matériel archéo-logique est devenu une industrie internationalemajeure ; les vols mineurs et le vandalisme sont éga-lement des menaces courantes pour les biens cultu-rels. Les biens sont menacés par l’eau, les produitschimiques, les insectes, les rongeurs et autres nui-sibles, ainsi que par les plantes et micro-organismesqui peuvent, en si petite quantité que ce soit, causerdommages et détériorations. L’intégrité matérielle etculturelle des biens est également exposée à touteune série de menaces indirectes : pollution atmo-sphérique, vibrations causées par la circulation,empiètements et développement commercial enva-hissant. À ces menaces s’ajoutent les catastrophesnaturelles, dont certaines sont causées par des pra-tiques humaines non-durables et préjudiciables àl’environnement, ainsi que par les conflits armés.Avec huit biens inscrits sur la Liste du patrimoinemondial en péril (six culturels et deux naturels etmixtes), l’Asie-Pacifique se classe, après l’Afrique, audeuxième rang des régions détenant les biens lesplus menacés.

Pour ces raisons, la gestion des sites doit tenircompte des plans locaux et nationaux, des prévisionsde croissance ou de déclin démographique, des fac-teurs économiques, des projections en matière de cir-culation, du zonage industriel et des mesurespréventives propres à réduire diverses formes decatastrophes d’origine humaine ou naturelle. Le suc-cès de la protection et de l’entretien suppose uneévaluation constante, des inventaires, la gestion del’information, la recherche et l’administration. Tel estle processus qui garantit la survie d’un bien du patri-moine culturel en tant que ressource durable. Un élé-ment-clé de ce processus est la planification en vued’un tourisme durable, qui commence par la défini-tion d’une législation appropriée et de mesuresréglementaires propres à assurer l’intégrité deszones protégées. L’Exercice des rapports périodiquesa donné aux gestionnaires de sites et aux autoritéslocales et nationales une bonne occasion d’identifierou de mettre à jour les menaces et les risques qu’ilsconsidèrent comme les plus problématiques pour laconservation et la préservation des biens du patri-moine mondial placés sous leur responsabilité. Lesquestions posées dans la Section II du rapport pério-dique ne visaient pas seulement à établir une liste demenaces, mais aussi à évaluer efficacement cesmenaces. L’objet du présent chapitre est d’identifierdes catégories de menaces ou de risques, de souli-gner les tendances nationales et sous-régionales etde présenter des solutions adaptables en vue deréduire et de prévenir ces menaces.

Les cicatrices de la guerre civile et desconflits armés

Les effets de plusieurs décennies de conflit armé auCambodge, qui ont abandonné les 400 km_ du sitemagnifique des cités d’Angkor aux forces précaires de lanature et aux dangers d’une des plus fortes concentrationsau monde de mines terrestres, sont peut-être l’un des cas

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La falaise de Bamiyan, avec les niches des Bouddhas géants et les grottes voisines, Afghanistan

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les plus fameux de site en péril. Mais les longues années deguerre et de conflit civil qu’a connues la péninsule indo-chinoise ont aussi laissé leur marque à Huê, l’anciennecapitale du Viet Nam unifié et à Mi-Sön, l’imposant sanc-tuaire du royaume de Champa qui dura du IVe au XIIIesiècles. Les témoignages des bombardements aériens etdes impacts de balles sur les palais impériaux de la dynas-tie Nguyen, ainsi que les pancartes indiquant la possibleprésence d’explosifs encore intacts dans les forêts entou-rant le sanctuaire de Mi-Sön rappellent à la populationlocale et aux touristes de plus en plus nombreux lesravages de la guerre. De même, au Laos, l’impact de laguerre secrète qui s’est traduite, en moyenne, par le lar-gage du chargement d’un bombardier toutes les huitminutes, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendantneuf ans, a transformé les collines du Nord du Laos en ter-ritoire dangereux, infesté d’explosifs dormants.L’écotourisme associé à la ville du patrimoine mondial deLuang Prabang, l’ancienne capitale du royaume lao, et à laPlaine de Jarres, site mégalithique figurant sur la Liste indi-cative nationale, peut apporter emploi et développementaux tribus des collines, qui représentent la majeure partiede la population des provinces du Nord. Cependant, lesdangers que représentent les armes mortelles font encorel’objet de trop peu d’attention de la part de la commu-nauté mondiale, qui s’intéresse désormais à d’autresconflits, plus récents.

Ensemble de monuments de Huê, Viet Nam

Devenue en 1802 capitale du Viet Nam unifié, Huên’était pas seulement le centre politique, mais aussi cul-turel et religieux de la dynastie des Nguyen jusqu’à la finde la Deuxième Guerre mondiale. La Rivière desParfums, qui s’écoule à travers la cité-capitale, la citéimpériale, la cité pourpre interdite et la cité intérieure,donne à cette capitale féodale sans équivalent une toilede fond exceptionnelle.

Bien que Huê et ses environs n’aient pas été inscrits entant que paysage culturel, ils expriment une structurearchitecturale cohérente et bien planifiée, qui repose enpartie sur le Feng Shui, l’art chinois de la géomancie.Malheureusement, les mécanismes de préservation exis-tants, en termes juridiques et de gestion, sont insuffi-sants pour répondre aux problèmes de conservation quise posent pour l’ensemble du paysage culturel de Huê.Cette situation est aggravée par le rapide développe-ment économique du Viet Nam, et en particulier de laprovince de Huê.

En novembre 2003, une mission d’experts del’UNESCO a été chargée de conseiller le gouvernementdu Viet Nam et le Centre du patrimoine mondial quantaux mesures susceptibles d’améliorer la protection etla conservation de Huê, bien du patrimoine culturelmondial, et de raviver la coopération internationale. Le

rapport de cette mission s’est particulièrement concen-tré sur la Citadelle historique, qui a été notablementaffectée par les opérations militaires en 1968.

Le rapport de mission a reconnu les efforts entrepris parla municipalité de Huê pour préserver le patrimoinemonumental du site. Il a également souligné les risquesliés aux projets de développement du réseau routier lelong du Fleuve des Parfums et à proximité de laCitadelle de Huê. Bien qu’il ne se situe pas dans la zonetampon du bien, ce développement des infrastructurespeut menacer, à l’avenir, l’authenticité et l’intégrité dubien en accroissant le trafic de véhicules dans laCitadelle et aux alentours de celle-ci, ainsi que la pollu-tion par le bruit. La nécessité d’héberger des touristesde plus en plus nombreux s’est traduite par desconstructions illégales autour de l’ancienne Citadelle etdans la ville nouvelle, dégradant le tissu urbain tradi-tionnel et provoquant la destruction de maisons colo-niales typiques et de maisons-jardins.

La « Maison du patrimoine » a été créée en 2000 avec lesoutien de l’UNESCO et de l’Union européenne pourinformer les populations locales et les sensibiliser auxquestions de patrimoine, ainsi que pour les conseiller enmatière de réglementation relative à la construction et àla démolition. Cependant, faute de soutien officiel de lapart du gouvernement et du fait de l’inadéquation desrègles de construction en vigueur à ce bien du patri-moine mondial, la « Maison du patrimoine » n’est pas enmesure de jouer efficacement le rôle qui lui est assigné.Les mesures suivantes, qui figurent parmi celles que lamission de l’UNESCO a recommandées commeurgentes, peuvent contribuer à une approche intégréedes menaces qui pèsent de plus en plus sur les valeursesthétiques du site :• une enquête sur les constructions illicites dans laCitadelle et autour de celle-ci permettra d’identifier lesbesoins en termes d’infrastructures pour les affaires etle tourisme ;• un plan directeur doit être défini d’urgence, sous uneforme adaptée spécifiquement aux conditions et auxcaractéristiques locales ;• des règlementations complémentaires relatives à l’uti-lisation de l’espace public et des dispositions sanitairessont nécessaires pour soutenir l’éventuel plan directeur.

En Afghanistan, les bombardements et les mines terrestressemées dans tout le pays au cours des décennies de guerreet d’occupation étrangère, puis des conflits fratricides quise sont succédé, ont empêché la protection et la conser-vation de l’extraordinaire richesse du pays en sites cultu-rels. Leur pillage et leur destruction gratuite se poursuiventau-delà de la couverture que leur ont momentanémentaccordée la presse et les médias du monde entier boule-versés par les attaques iconoclastes menées contre lesBouddhas de Bamiyan. Hors de portée des équipes de télé-vision et des correspondants étrangers se déroulent desconflits armés locaux, tels ceux qui se sont déchaînés

durant des années au Tadjikistan, marqués par des raidscontre des sites archéologiques qui devraient un jour trou-ver leur place parmi les sites d’une valeur universelleexceptionnelle.

L’industrie de la guerre a également été la cause d’autresmenaces, indirectes, pour des sites culturels, du fait parexemple de la présence de chantiers fabricant des naviresde guerre ou, tout simplement, de cantonnements mili-taires. Le vaste site de Taxila, au Pakistan, qui illustre les dif-férents stades du développement de la civilisation de lavallée de l’Indus et fut plus tard, du Ve siècle avant notreère au IIe siècle de notre ère, un important centre d’ensei-gnement bouddhique, a servi durant de nombreusesannées de bastion à la guerre en Afghanistan.

Au Sri Lanka, comme dans d’autres pays d’Asie, les ten-sions religieuses et ethniques qui se manifestent dans dessociétés multiculturelles ont également donné lieu à desactes délibérés de destruction, comme en 1998 l’attentatà la bombe commis contre le Temple de la Dent, dans laville sacrée de Kandy. Les dangers potentiels d’une exten-sion de l’aérodrome militaire situé au pied du Rocher duLion, dans la ville ancienne de Sigiriya, également à SriLanka, ont poussé l’UNESCO à en dissuader le gouverne-ment. Si le processus de paix actuellement en cours semaintient, les magnifiques sites du Triangle culturel,rejoignant cinq des autres biens du patrimoine mondialque compte le pays, favoriseraient certainement un plusgrand développement du tourisme sur cette île à la gloirelégendaire.

Outre la destruction accidentelle ou intentionnelle dupatrimoine culturel et naturel, les conflits armés et lestroubles civils ont eu pour effet un accroissement dupillage des vestiges archéologiques au cours des trentedernières années. Les pays d’Asie du Centre-Ouest et duSud-Est sont les principaux concernés par les vols, lesfouilles illégales et le trafic d’éléments du patrimoine cul-turel. L’Afghanistan, l’Iran, l’Ouzbékistan et le Cambodge,notamment, sont confrontés à une immense pression de lapart des réseaux de pillage organisés, liés au marché inter-national de l’art. Ces activités illégales peuvent égalementêtre pratiquées par les populations locales, les touristes etles pèlerins.

Quand un risque permanent devient-il une menace biendéfinie, et quand une menace connue finit-elle par deve-nir une crise ? L’identification des menaces qui a étéesquissée ci-dessus est une composante essentielle de toutschéma de réduction des risques, qu’il soit préventif ouréactif. Les exemples auxquels on peut se référer, commecelui d’Angkor au Cambodge, montrent que l’une des pre-mières choses à faire dans de telles situations est de pro-céder au déminage. Assurer la sécurité du personnelaffecté au site et protéger le site contre d’éventuels pillardssont également des facteurs essentiels pour permettre àcelui-ci de se régénérer après avoir subi les effets de laguerre. Toutefois, ce processus est souvent long et ardu.

Limiter les pressions environnementales etles catastrophes naturelles

Pour tous les biens du patrimoine mondial, les pressionsenvironnementales viennent au troisième rang desmenaces (avec 19 % des réponses pour le patrimoine cul-turel et 16 % pour le patrimoine naturel et mixte). Bienque les pressions environnementales aient des originesdiverses, les États parties en ont identifié trois catégoriesprincipales : les industries ou activités polluantes, l’actioncombinée de l’eau, du sel et du sable sur les sites préser-vés et les invasions animales ou végétales.

Le développement d’industries polluantes à proximité debiens du patrimoine mondial pose des problèmes environ-nementaux qui doivent être traités tant au niveau des sitesqu’à l’échelle locale et régionale, principalement au moyende campagnes de sensibilisation adéquates et efficaces.Les sites d’Asie du Nord-Est sont particulièrement exposésdu fait de l’exploitation minière, d’autres industries haute-ment polluantes et des problèmes de gestion des déchetsqui en découlent. Les biens du patrimoine mondial natu-rel, et en particulier les sites riches en biodiversité marine,sont confrontés à la pollution par les hydrocarbures et àdes problèmes de qualité de l’eau. Enfin, la densité du tra-fic correspond également à une autre activité polluantequi affecte le patrimoine de la région.

Le changement des conditions naturelles a aussi une inci-dence négative sur les monuments du patrimoine mon-dial. Les États parties d’Asie du Centre-Ouest ont reconnu,au cours d’une réunion régionale de consultation (Paris,mars 2003), que l’élévation du niveau d’humidité, ainsique l’érosion par les tempêtes de sable et le sel transportédans l’air pouvaient, à terme, déstabiliser les fondationsdes monuments de leur patrimoine. Pour le patrimoinenaturel, ces risques ne sont mentionnés que deux fois,pour le parc national des Sundarbans (Inde) et le parcnational de Kakadu (Australie). Tous deux souffrent d’uneélévation du niveau de salinité des mangroves, qui affecteà son tour la faune et la flore locales.

Les catastrophes naturelles, l’érosion et les agressionsd’origine animale ou végétale ont toujours été un risquepour la préservation du patrimoine bâti. Ces facteurs ontété évoqués comme étant les principales menaces pour lesbiens naturels ou mixtes, et viennent en deuxième positionpour les biens culturels.

Les cinq sous-régions sont toutes soumises à une activitésismique, l’Asie du Sud étant particulièrement exposée.Bien qu’ils soient un risque pour de nombreux biens, lestremblements de terre ne sont une réelle menace que pourpeu d’entre eux, pour lesquels un plan d’urgence est unenécessité. En 2003, cependant, la moitié seulement desbiens concernés par une activité sismique potentielleavaient élaboré et mis en place des plans de préventiondes risques et d’urgence.

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Le feu est la catastrophe naturelle la plus redoutée des ges-tionnaires de réserves de biosphère et de parcs naturels.Aucun incendie d’origine criminelle n’ayant jamais étésignalé dans la région Asie-Pacifique, il semble que la plu-part des incendies soient d’origine naturelle. Des tentativesont été faites pour promouvoir des plans de préventiondes incendies sur les sites du patrimoine mondial d’Asie,certains de ces biens disposant déjà d’installations com-plètes de prévention des incendies, en particulier pour lesstructures de bois au Japon et en République de Corée.

Un grand nombre de biens se situe dans des zones clima-tiques tropicales et sont, de ce fait, soumis à de fortespluies et aux moussons. Les inondations qui affectentrégulièrement certains sites du patrimoine mondial doi-vent être prises en compte lors de la préparation ou de larévision des plans d’urgence et/ou de gestion. Tandis queles inondations affectent les monuments par le bas etdéstabilisent leurs fondations, de fortes pluies les affectentpar le haut, causant des fuites de toiture, des infiltrationsdans les murs et une augmentation de l’humidité. Ceseffets ont une incidence à long terme sur l’intégrité du site,ainsi que des conséquences visuelles indésirables. Ellespeuvent également causer ultérieurement des problèmestels que la croissance de micro-organismes et d’une végé-tation envahissante.

La dégradation naturelle au fil du temps est une compo-sante inéluctable de l’entretien quotidien d’un bien. Desconditions climatiques extrêmes affectent particulièrementcertains types de constructions, comme les structures debois, l’architecture de terre et les sculptures de grès. Desclimats tropicaux ou océaniques, des températuresextrêmes, voire une végétation luxuriante, peuvent égale-ment être à l’origine de détériorations prématurées. Lesprogrès des techniques et des méthodologies ont amélioréla conservation face aux effets du climat, mais il n’existemalheureusement aucune solution miracle contre cettemenace largement répandue.

Le réchauffement mondial ou les changements climatiquessont mentionnés dans huit rapports consacrés à des sites dupatrimoine mondial. Les effets de ces changements sontsurtout notables sur les biens naturels et mixtes duPacifique. De fait, l’élévation du niveau des mers suppose unrecul progressif des habitats naturels d’espèces endémiqueset l’élévation des températures se traduit par le blanchisse-ment du corail et l’altération des écosystèmes locaux.

Pour ce qui concerne les biens naturels, les initiatives trans-frontalières de conservation, qui impliquent deux Étatsparties ou plus, peuvent être une réponse appropriée à desmenaces de conservation spécifiques auxquelles estexposé un bien donné. C’est le cas du sanctuaire de faunede Manas, en Inde, qui aurait beaucoup à gagner à unemise en commun des efforts avec le gouvernement royaldu Bhoutan. Les menaces dues à des espèces envahis-santes non-endémiques peuvent également être traitéesspécifiquement à l’échelle du site au moyen de plans degestion clairs et bien informés. On peut en citer deux

exemples, l’un et l’autre en Australie : l’île Fraser, où lapopulation de dingos représente une menace croissantepour les espèces autochtones, et la région des lacsWillandra, où la population de lapins a été en partie élimi-née par l’introduction du calicivirus.

Surmonter les pressions liées au tourismeet au développement

Le tourisme a été l’une des plus fortes motivations desefforts en faveur de la conservation du patrimoine natio-nal. En ce qu’il fournit des emplois dans des économies quiont peu de chances de décoller dans le secteur industrielou secondaire, le tourisme et les secteurs de service qui luisont liés ont absorbé une part importante de la populationqui cherche de nouvelles opportunités dans les villes d’Asieet du Pacifique. Compte tenu de la concurrence des Étatsasiatiques qu’on a qualifiés de « dragons » – les puissancesindustrielles de la région –, de nombreux pays d’Asie quiaccusent du retard en termes d’éducation, de qualificationde la main-d’œuvre ou de ressources industrielles comp-tent de plus en plus sur le tourisme pour répondre auxbesoins de leur population urbaine. D’autre part, pourralentir l’exode rural, l’emploi lié au tourisme est amenédans les arrière-pays. Aussi positif que ce processus ait puêtre dans de nombreuses régions d’Asie, transformer depauvres villages de pêcheurs en complexes balnéaires enplein essor ou de placides villes de provinces renfermantdes temples sacrés et des résidences princières en destina-tions culturelles majeures n’a pas été non plus sans consé-quences négatives.

Le sanctuaire de faune de Manas, Inde

Sur une pente douce, au pied des contreforts del’Himalaya, là où les collines boisées cèdent la place auxprairies alluviales et aux forêts tropicales, le sanctuairede faune de Manas abrite une grande variété d’espèces,souvent menacées, telles que le tigre, le sanglier nain, lerhinocéros d’Asie à une corne et l’éléphant indien. Lesanctuaire de faune de Manas, inscrit sur la Liste dupatrimoine mondial en 1985, est contigu au parc natu-rel royal de Manas, au Bhoutan.

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Deux des espèces en péril qu’abrite lesanctuaire de faunede Manas, Inde

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À la fin des années 1980, les rebelles armés Bodo ontintensifié les combats en vue de l’établissement d’unBodoland autonome dans la province indienne d’Assam.Le sanctuaire de faune de Manas a été particulièrementaffecté par les troubles qui en ont résulté, les activités deconservation et la surveillance ayant été réduites du faitdes problèmes de sécurité. L’intensification des coupesde bois et des pâturages illégaux, ainsi que du bracon-nage d’espèces en péril, notamment de rhinocéros à unecorne, d’éléphants et de cerfs barasingha, la mobilitérestreinte du personnel du site et la destruction inten-tionnelle de l’équipement et des infrastructures ontconduit le Comité du patrimoine mondial à inscrire cebien sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1992.

Ce bien est confronté à un bon nombre des problèmesde conservation communs aux biens en situation deconflit. En effet, le manque de sécurité s’est traduit parune diminution importante des activités de surveillanceet de conservation. La présence de rebelles armés dansle sanctuaire de faune, les attaques répétées contre lepersonnel du parc et l’augmentation du braconnage quien ont découlé ont mis en péril la conservation efficaced’espèces menacées, notamment pour ce qui est desrhinocéros à une corne, dont la population a notable-ment décru durant cette période difficile.

Le gouvernement de l’Inde et le peuple Bodo ont signéun accord le 6 décembre 2003. Ce sera, il faut l’espérer,une étape vers une meilleure conservation et unemeilleure gestion de ce bien du patrimoine mondial, quipermettra aux autorités d’appliquer efficacement denouvelles stratégies. L’un de ces nouveaux défis consisteà tenter d’établir un pont par-dessus les frontières poli-tiques. De fait, ce conflit a prouvé, une fois encore, quela conservation des espèces et des écosystèmes ne peutêtre efficace lorsque les limites de zones sont définiesuniquement sur la base de considérations politiques.Pour pouvoir protéger efficacement les écosystèmes, ilfaut les prendre en compte dans leur ensemble. Dans lecas présent, la coopération internationale entre le gou-vernement de l’Inde et le gouvernement royal duBhoutan semble nécessaire pour assurer une conserva-tion transfrontalière.

Un autre facteur important qui contribue à la fois à laconservation et à la paix dans la région est le développe-ment durable. En effet, ce bien du patrimoine mondial,en tant que source d’emplois dans cette zone rurale etmarginale, peut offrir des perspectives aux populationsrurales, renforçant ainsi, à mesure qu’elles y sont impli-quée leur soutien à une conservation efficace et au «bien-être » de la réserve. Le Fonds du patrimoine mon-dial a alloué en 1997 une assistance internationale sub-stantielle au sanctuaire de faune de Manas. L’UICN arecommandé que les fonds restants soient consacrés àl’établissement d’un plan de gestion et à des activités dedéveloppement durable – formation, renforcement descapacités, développement des infrastructures et des

communications, éducation à la conservation, interpréta-tion et recherche. Cette proposition est en attente d’ap-probation de la part du ministère de l’environnement etdes forêts. De nombreuses autres fondations (Fondationpour les Nations Unies, Ford Foundation, AmericanIndian Foundation, Suri Saigal Foundation) contribuentégalement à cette dynamique en s’attachant à donneraux communautés vivant dans et autour du sanctuairede faune de Manas la possibilité d’améliorer leursmoyens de subsistance, renforçant ainsi tout à la fois lastabilité et la conservation dans la région.

La reconnaissance de la qualité de site du patrimoine mon-dial, en particulier pour les centres historiques, mais aussipour certains sites archéologiques, tend à induire une cer-taine spéculation immobilière et un certain embourgeoise-ment, du fait de la demande de services touristiques.Peut-être cela est-il inévitable. Il est, cependant, inaccep-table en termes éthiques que, dans de nombreux Étatsparties, des habitants pauvres soient chassés de leursdemeures et de leurs territoires ancestraux, avec demaigres compensations – voire aucune. La question del’intérêt public, qui est le fondement même de laConvention du patrimoine mondial, ne peut être traitéequ’avec justice. Si un État partie veut pouvoir recourir audroit de préemption pour acquérir un bien du patrimoinemondial, ou des parties de celui-ci, en vue d’assurer leurmaintien dans un bon état de conservation, un cadre juri-dique stipulant les droits et devoirs des habitants doit êtredéfini et compris par la population concernée.

L’adhésion à la Convention du patrimoine mondial n’estplus l’affaire du seul État, car les biens inscrits sont de plusen plus souvent, au lieu de monuments historiques appar-tenant à l’État, des centres urbains ou de vastes zonesarchéologiques et des paysages culturels appartenant à lapopulation et habités par celle-ci.

Les rizières en terrasses des cordillères des Philipines ontété inscrites en 2001 sur la Liste du patrimoine mondial enpéril, du fait de l’abandon de 35 % de ces terrasses. LesIfuago et les autres groupes ethniques habitant les mon-

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Nouvelle salle d’exposition de l’armée de terre cuite à X’ian,Chine

tagnes ont entretenu avec un grand soin ce site prisé pourson paysage culturel fait d’une cascade de champs en ter-rasses. Mais le nouvel ordre mondial du libre-échange quis’applique au commerce du riz et d’autres plantes alimen-taires, l’industrialisation de l’agriculture et les réseauxinternationaux de distribution qui s’étendent jusqu’auxarrière-pays ont rendu peu attirante pour la jeune généra-tion, malgré une histoire de deux mille ans, la perpétuationde cette pratique de culture ardue et éreintante, pratiquéele long d’étroites bandes de terre. La transformation despaysans en « jardiniers du paysage » qui cultivent de labeauté plutôt que des produits alimentaires a été débat-tue, étudiée et expérimentée, mais le succès dépendra del’amélioration de la capacité locale à gérer le site, des res-sources humaines, du marketing d’une forme spécifiquede tourisme et des touristes eux-mêmes. Si les bénéficesreviennent à des groupes établis dans les plaines et à desurbains qui ont facilement accès aux opérateurs nationauxet internationaux du tourisme, les rizières en terrasses neseront pas entretenues sous leur forme actuelle.

Dans les rapports des États parties du Pacifique, les pres-sions liées au tourisme et au développement ne concer-nent que les biens naturels et mixtes, aucun bien cultureln’ayant été inscrit jusqu’à l’année 1994 incluse. Malgré undéveloppement économique plus avancé, l’Australie meten avant des problèmes comparables à ceux qu’évoquentles autres pays d’Asie ou du Pacifique. Par exemple, laconstruction de routes, le développement du littoral lié àdes activités industrielles ou touristiques et la planificationinsuffisante des infrastructures affectent fortement lesécosystèmes des zones maritimes et terrestres protégéeset, partant, l’intégrité d’un grand nombre de biens. Tel estle cas d’Uluru Kata Tjuta, des Tropiques humides deQueensand et de l’île Fraser en Australie. Le développe-ment de l’agriculture et l’évacuation des territoires ontégalement été cités comme des points majeurs de litigeentre les partenaires locaux.

L’accueil d’un tourisme de masse a été une nécessité danscertains pays, et particulièrement en Chine, où l’ampleurde la population et le nombre des touristes nationaux ontentraîné des installations touristiques immenses, voire sur-dimensionnées. Une gestion tenant compte de la capacitéd’accueil de chaque site est toutefois susceptible d’assurerle traitement d’un grand nombre de visiteurs. Cela suppo-serait, certes, la modification de certaines pratiquessociales, à commencer par les calendriers des congés etleur organisation. Le centre qui accueille les visiteurs auMausolée du premier empereur Qin, fameux pour sesspectaculaires guerriers de terre cuite, ressemble plus à uncentre commercial qu’à un site funéraire, ce qui n’est passans poser la question de l’authenticité. Lumbini, au Népal,site très vénéré de la naissance du Seigneur Bouddha, aégalement été transformé par des bâtiments gigantesquesdestinés aux pèlerinages de masse. Une meilleure gestiondes flux de visiteurs et une architecture plus subtile, en har-monie avec l’environnement et la valeur culturelle du site,pourrait améliorer, pour les visiteurs, la découverte de cessites – et d’autres – et la compréhension qu’ils en ont.

Si l’incidence de la pression liée au tourisme et aux visiteursest indéniable, en particulier pour les sites du patrimoinenaturel et mixte, du moins reste-t-elle gérable et relative-ment prévisible, ce qui n’est pas le cas des pressions liées audéveloppement. Les incidences du comportement des visi-teurs, les pressions exercées sur le patrimoine bâti ou surl’environnement naturel ont, pour la plupart, été identifiéeset doivent être convenablement anticipées et contrôlées.

Toutefois, « il est décevant de constater que, en dépit desassurances données lors d’innombrables colloques sur lethème du tourisme et de la préservation, l’industrie touris-tique ne s’est toujours pas engagée sur cette voie alors qu’ellereprésente désormais, avec ses milliards de chiffre d’affaires,le premier secteur économique à l’échelle planétaire. »4.

La nécessité d’une sensibilisation du publicet d’une conscience du patrimoine auxniveaux local, national et international

Il est essentiel que le public comprenne les objectifs de laconservation des zones protégées et la manière dont laconservation des biens culturels peut participer au proces-sus de développement. L’examen des principaux problèmesqui ont eu pour conséquence la rédaction de rapports desuivi réactifs et des problèmes apparus au cours del’Exercice des rapports périodiques montre clairement l’ab-sence d’une vision commune du patrimoine mondial entreles différents ministères d’un gouvernement et entre les dif-férents secteurs de la société. Le grand public, quant à lui,saisit moins bien encore les buts de la conservation.

La riche biodiversité qu’abritent de nombreux biens dupatrimoine naturel est confrontée à la pression croissantedes activités illégales, qui procède souvent d’uneconscience insuffisante, de la part des communautéslocales, de la « valeur universelle exceptionnelle » d’un site.Un tiers des 33 biens naturels et mixtes qui ont fait l’objetd’un rapport au Comité du patrimoine mondial mention-nent la pêche illégale comme une menace majeure. Laseconde menace en termes de prévalence est représentéepar le pâturage et les récoltes intensifs. D’autres manifesta-tions de ces activités illégales sont encore, notamment, lacueillette de plantes médicinales et les coupes de bois.Deux biens seulement d’Asie-Pacifique mentionnent lacontrebande d’espèces rares comme une menace : le sanc-tuaire de faune de Manas (Inde) et le parc national desSundarbans (Inde). La contrebande semble beaucoupmoins répandue que le braconnage, tendance croissanteen Asie du Sud et du Sud-Est. Ces activités illégales sont dif-ficiles à anticiper et à combattre, et il est recommandéd’utiliser l’Exercice des rapports périodiques pour identifierdes modèles de comportements de la part des populationslocales et des visiteurs, tout en suggérant des méthodespréventives de collecte d’informations en vue de prévenir levandalisme et le vol à l’échelle sous-régionale.

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4. ICOMOS, Rapport mondial 2001-2002 sur les monuments et sitesen péril. K.G. Saur, 2002.

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Le cas du site du patrimoine mondial de la vallée deKathmandu, qui comporte sept zones de monuments,illustre bien les problèmes de ce genre rencontrés dans deszones semblables à travers le monde. Lors même que leszones protégées incluent les alentours d’un monumentpour mettre en lumière les relations entre ce monument etson contexte social et spatial, il arrive souvent que l’archi-tecture civile et le tissu traditionnel ne soient pas protégésde la démolition et d’une transformation totale. Les égliseset couvents de Goa, en Inde, se dressent aujourd’huicomme des joyaux dans un écrin, sur des carrés de gazonmanucuré, en rupture complète avec leur environnementspatial. L’architecture civile des résidences des fonction-naires et les alignements d’échoppes qui laissaient entre-voir ce qu’avait pu être la vie dans la Citadelle de Huê sontdevenues méconnaissables, à force de transformations. ÀBeijing le quartier résidentiel et commercial qui entourait laCité interdite et témoignait matériellement des relationssociales et politiques entre le palais impérial et la popula-tion a été démoli et remplacé par des complexes commer-ciaux modernes. À Lahore, la beauté des jardins deShalimar, apogée de l’art des jardins moghols et célèbrespour l’élégance de leurs chutes d’eau et de leurs bassinsartificiels a été sérieusement altérée. L’élargissement de lagrande route nationale qui passe au Sud des jardins aentraîné la destruction de l’ancien réservoir qui alimentaitjadis un système complexe d’adduction d’eau. La rénova-tion des sentiers de promenade et de nouvelles plantationsqui ne respectent pas la forme et le style d’origine onteffacé le sens et la spiritualité de ces jardins tandis que,négligées, les structures bâties qui encadrent la beauté dupaysage sont désormais devenues trop dangereuses pourqu’on puisse les visiter.

Les pauvres qui ont quitté les campagnes et affluent enville trouvent refuge dans des cabanes adossées auxmurailles des jardins de Shalimar, comme ils l’ont fait lelong des remparts de la Citadelle de Huê et de certainstronçons de la Grande Muraille de Chine – pour ne citerque quelques exemples. L’habitat humain a toujours existédans les zones de monuments et donne son sens auxgrands édifices de la religion ou de l’autorité politique,mais cela n’est acceptable que jusqu’à un certain degré,au-delà duquel cet habitat représente un empiètement quimenace la valeur culturelle et l’importance du monumentet, plus généralement, le bien lui-même. Cependant,aucune réglementation standard ne peut définir ce qui estbon et ce qui ne l’est pas, car c’est en fonction de chaquesituation qu’il convient de fixer les règles appropriées et le

niveau de l’acceptable. La subtilité qu’exige la définition deces règles pour chaque site rend d’autant plus important queleur élaboration et leur application soient fondées sur la com-préhension et l’analyse, et qu’elles garantissent la justice.

La réduction de la pauvreté, l’amélioration des conditionsde vie et l’amélioration des opportunités de développe-ment par l’accès à des services de santé, à l’éducation, àun meilleur logement et à l’emploi sont des buts que laConvention du patrimoine mondial doit également res-pecter. En relevant ce défi, l’UNESCO, avec le Comité dupatrimoine mondial, s’est donné pour but de promouvoirla Convention en tant qu’outil de développement durable,en établissant des synergies et des coopérations avec lessources multilatérales et bilatérales d’aide publique audéveloppement (APD). Alors que la « culture » doit encorese faire accepter comme secteur susceptible de bénéficierde l’APD, le patrimoine culturel, en tant qu’environnementbâti, est de mieux en mieux reconnu. Là encore, tandis queles bénéfices peuvent être importants, pour atteindre à lafois les objectifs de conservation et de développement liésà cette aide, l’expérience passée a montré que lesmeilleures intentions du monde pouvaient se solder pardes effets catastrophiques tant pour la conservation quepour le développement.

Les biens du patrimoine mondial, dont on considèreaujourd’hui qu’ils ont une importante valeur commercialeliée au tourisme, ont commencé à bénéficier d’aides etd’investissements en Chine, en Inde et dans une grandepartie de l’Asie du Sud-Est. Les premières améliorationsvisent généralement l’accès à ces sites par la route, quifacilite la circulation des voitures, des autocars et descamions à l’intention des visiteurs. Les hôtels, auberges,restaurants et magasins de souvenirs prolifèrent, accrois-sant la valeur immobilière de la zone et provoquant,comme on l’a déjà évoqué, des situations dans lesquellesles habitants d’origine sont chassés ou voient leur vie radi-calement transformée. On pourrait objecter que de tellessituations sont inévitablement liées à la croissance et auxtransformations sociales, mais elles ne sont bénéfiquesque si elles peuvent faire reculer la pauvreté des habitants ousi la croissance n’a pas pour effet de réserver ses bénéfices àun petit nombre et d’apporter la misère à la majorité.

Le Fort et les jardins de Shalimar à Lahore,Pakistan

Le Fort et les jardins de Shalimar sont deux chefs-d’œuvrede l’époque de la brillante civilisation moghole, qui aatteint son apogée sous le règne de l’empereur ShahJahan. Le Fort abrite des palais de marbre et des mos-quées décorées de mosaïques et de dorures. L’élégancedes splendides jardins, édifiés non loin de la cité deLahore sur trois terrasses et présentant des pavillons, desjeux d’eau et de vastes bassins d’ornement, est sanségale. Le Fort et les jardins de Shalimar ont été inscrits surla Liste du patrimoine mondial en 1981.Construction illégale dans la zone-tampon de la place

de Meidan Emam à Ispahan, Iran

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Les réservoirs construits voilà 375 ans pour alimenter eneau les fontaines des Jardins de Shalimar ont étédétruits en 1999 pour permettre l’élargissement de laroute qui longe les jardins sur leur côté Sud. Les mursd’enceinte des jardins sont eux aussi en train de se dété-riorer. Les empiètements constants que subissent le Fortet les jardins de Shalimar représentent une menacesérieuse pour l’intégrité de ce bien. Devant les dom-mages observés et les menaces pesant sur le bien, leComité du patrimoine mondial a décidé lors de sa 24esession, en décembre 2000, de l’inscrire sur la Liste dupatrimoine mondial en péril, en réponse à la demandeformulée par le gouvernement pakistanais désireux devoir la communauté internationale agir pour sauvegar-der ce bien soumis à des pressions croissantes sous l’ef-fet du développement urbain.

Dans le cadre de l’aide d’urgence, le Comité du patri-moine mondial, à sa 24e session, en 2000, a approuvéune demande d’assistance internationale d’un montantde 50 000 dollars des États-Unis en vue de l’élabora-tion d’un plan de gestion détaillé et de la mise enœuvre de mesures de consolidation et de conservationdes ouvrages hydrauliques approuvées en 2000, maispas encore appliquées. Le 4 mars 2004, le gouverne-ment du Pakistan a soumis une version révisée du plande travail et du budget détaillé pour la mise en œuvrede ce projet, sur la base du contenu de cette demande.Un projet de deux ans consacré à la préservation duFort de Lahore, financé par le gouvernement norvégienen coopération avec le bureau de l’UNESCO àIslamabad (900 000 dollars des États-Unis) a été lancéen mars 2003. Ce projet suit deux axes distincts : unexamen détaillé des problèmes et des menaces auxquelsest confronté l’ensemble du Fort, en particulier le ShishMahal, et la conception d’un nouveau plan directeurpour la conservation et la préservation du Fort deLahore.

En février 2004, le Premier ministre du Pakistan aannoncé le transfert de la responsabilité du bien auxautorités provinciales. Le Centre du patrimoine mondiala reçu du département de l’archéologie et des musées

du gouvernement du Pakistan confirmation que, durantsa visite au Fort de Lahore le 20 février 2004, le Premierministre du Pakistan avait annoncé que le Fort deLahore et les jardins de Shalimar seraient confiés augouvernement provincial du Punjab, qui en assurerait lagestion et l’administration. Ce processus étant loind’être achevé, il est difficile d’en évaluer les consé-quences sur la conservation du bien à long terme. Cetexemple illustre bien, toutefois, les complexités de lagestion d’un patrimoine vivant, en particulier lorsqu’ilest situé dans un centre historique urbain qui connaîtun développement rapide.

Derrière la façade de l’explosion économique, évidentedans des villes et des villages du patrimoine mondial telsque Lijiang, Hoi An, Luang Prabang, Shirakawa-go etGokayama, on trouve la réalité de l’augmentation des prixde l’alimentation et de l’immobilier, les embarras de la cir-culation, la pollution atmosphérique et sonore et d’im-menses volumes de déchets. Les habitants d’originedoivent supporter, pour prix de la renommée et de lareconnaissance internationales, des nuisances considé-rables et, dans certains cas, une chute très nette de leurqualité de vie.

L’amélioration de l’assainissement par des travaux publicsportant sur des systèmes d’évacuation des eaux usées etd’autres infrastructures urbaines est souvent citée pourson effet catalyseur sur le développement local, la conser-vation urbaine et le renouveau des centres-villes dégradés.Souvent toutefois, si nobles que soient ces objectifs, lesmodalités d’exécution des travaux publics ont eu desconséquences indésirables.

À Luang Prabang, par exemple, un bureau internationald’ingénierie, après avoir répondu à l’appel d’offres inter-national lancé par une banque régionale de développe-ment, a conçu un projet d’amélioration de la voierieurbaine et de consolidation des berges du fleuve qui netenait pas compte des facteurs climatiques et géologiqueslocaux, ni des pratiques sociales locales ou de la valeurpatrimoniale du bien. De massifs gabions de consolidationen béton ont été posés sur la rive pour soutenir l’élargisse-ment des voies qui longent le fleuve. Des drains surdimen-sionnés ont entraîné l’assèchement des zones humidesurbaines protégées qui contribuent à donner au site savaleur de patrimoine mondial. Des routes rectilignes etplates, de niveau constant, tracées au mépris de la topo-graphie naturelle du sol, laissent désormais de nombreusesmaisons traditionnelles au-dessous du niveau de la chaus-sée et, durant les pluies de mousson, dans des nappesd’eau stagnante. La conception inadaptée de ce projettient à l’intervention d’une entreprise de travaux publicsextérieure, qui n’a qu’à peine contribué à l’économielocale et à l’emploi des habitants du lieu. Ce cas est d’au-tant plus malheureux qu’il existait déjà dans la même ville,à moins d’un kilomètre de distance, d’excellents exemples

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Ouvrages hydrauliques vieux de 375 ans (à droite) démolis à cause de la pression urbaine, Fort de Lahore,Pakistan

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de routes et de d’égouts, respectueux du patrimoine etbien adaptés, conçus et réalisés par une autre institutionde coopération internationale travaillant en collaborationavec l’UNESCO.

Les institutions de coopération internationale, les autoritésnationales responsables du tourisme, les autorités localeset les investisseurs privés dépensent aujourd’hui des mil-lions de dollars pour construire de meilleures installationsdestinées à l’accueil des visiteurs. Concentrer les mar-chands de souvenirs et les étalages de vendeurs de rafraî-chissements dans une zone unique en les regroupant avecles parkings pour autocars de tourisme et les autres ser-vices est une expérience qui a réussi dans des sites commeles Grottes d’Ajanta en Inde, mais à Hampi le même genred’installations pourrait affaiblir l’économie locale et ruinerla beauté magique du paysage. Une fois encore, ce qui estune bonne pratique pour un site donné serait une mau-vaise pratique pour un autre site.

Si le fait de partager avec les visiteurs la valeur d’une culturelocale qui s’exprime sur un site du patrimoine mondial,l’amélioration des infrastructures et la croissance écono-mique liées au développement du tourisme ne profitent pasà la population, comment peut-on attendre de celle-ci unecontribution à la conservation du site ? Si des montantsimportants destinés à des travaux publics font l’objet d’em-prunts que devront rembourser les générations à venir, neserait-il pas normal que les populations locales aient unaccès prioritaire à l’emploi que génèrent ces travaux ? Toutcomme les stratégies et les actions en faveur des pauvres semultiplient comme étant la seule manière d’atteindre lesobjectifs de réduction de la pauvreté que se fixe la coopé-ration internationale, la protection, la conservation et lerenforcement du patrimoine mondial exigent égalementdes mesures de sauvegarde spécifiquement conçues pourassurer le respect des droits humains et un accès prioritaireà des opportunités de développement économique etsocial pour la population locale. Il conviendrait d’élaborer etd’expérimenter, dans le cadre des prochaines phases del’Exercice des rapports périodiques auquel participent lesÉtats parties d’Asie-Pacifique, des projets pilotes portantsur des stratégies en faveur de la population locale dans lecadre de la conservation et du développement des sites dupatrimoine mondial asiatique.

Prévention et réduction des menaces etdes risques

Chaque bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial estconfronté à des menaces et à des risques spécifiques, quiont déjà été identifiés et détaillés. De fait, « le patrimoineculturel [et naturel] est toujours en péril. Il est en péril dufait des déprédations de la guerre. Il est en péril face auxéruptions et irruptions occasionnelles de la nature. Il est enpéril du fait des pressions politiques et économiques. Il esten péril du fait des forces, à l’œuvre chaque jour, de ladégradation lente, de l’érosion et de la négligence. Il estmême en péril du fait de conservateurs trop zélés ! »

Tout au long de l’Exercice des rapports périodiques, lesautorités nationales et celles qui sont responsables dessites ont décrit diverses menaces et leur ont parfoisapporté des solutions, déjà appliquées ou potentielles.Certaines de ces solutions ont déjà été évoquées ci-dessus,mais ont toujours été présentées comme des pratiques adhoc. L’approche la plus efficace et holistique de la réduc-tion des menaces et des risques est l’institutionnalisationdes actions visant à la réduction des risques dans le cadred’un plan de prévention des risques pour un bien du patri-moine donné. Cette solution intègre, en effet, la plupartdes suggestions formulées supra dans une structureunique et complète. Elle souligne qu’il est nécessaire deprévenir les menaces et les risques, plutôt que de secontenter d’y réagir, et permet aux gestionnaires d’êtreprêts en cas de catastrophe, de prendre rapidement desmesures définies à l’avance et d’intégrer des facteursd’ordre général tels que le développement urbain et lesquestions de population.

Le parc marin du récif de Tubbataha, Philippines

Le parc marin du récif de Tubbataha, inscrit sur la Listedu patrimoine mondial en 1993, couvre 33 200 hec-tares et est un exemple unique de récif de corail primi-tif. Il est considéré comme le plus vaste atoll de récif desPhilippines et la diversité de la vie marine qu’il abriteégale ou surpasse celle de toutes les zones comparablesdans le monde. On y a recensé environ 46 genres etplus de 300 espèces de coraux, ainsi que 40 familles et379 espèces de poissons. Les tortues marines font leurnid sur les plages du Nord et du Sud du récif. Les deuxrécifs accueillent également diverses colonies d’oiseaux.

Le site est propriété de l’État et est inhabité la plusgrande partie de l’année. Les habitants des îles voisinesétablissent toutefois des campements temporaires dansla zone durant la saison de pêche. Le récif de Tubbatahaest également une destination touristique de plus enplus prisée pour la plongée sous-marine et la pêchesportive.

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Grand pont destiné à la circulation des véhicules, en construc-tion sur le fleuve Anegondi, Hampi, Inde

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Le site est confronté à de nombreuses menaces, réelles ou potentielles. En effet, l’éloignement du parc marinpose de nombreux problèmes logistiques, qui augmententconsidérablement les coûts de gestion. L’utilisation, jus-qu’au milieu des années 1990, de la dynamite et du cya-nure pour la pêche a causé des dégradations biophysiquesimportantes, aggravées depuis par les ordures et les eauxusées déversées par les bateaux des plongeurs et lespêcheurs. Le réchauffement de la planète est égalementun sérieux motif de préoccupation pour ce récif coralliensensible. Les récifs coralliens sont bien adaptés à leur envi-ronnement et de nombreuses espèces vivent actuellementà leur seuil de température, ou à une température prochede ce seuil. Dans certaines zones, une élévation de 0,5degré seulement par rapport au maximum normal de latempérature de la surface de l’eau en été a commencé àentraîner un blanchissement des coraux.

En outre, « le récif agit comme un brise-lames naturel etautoréparable pour la côte. Toute augmentation de l’in-tensité des moussons et/ou des typhons, combinée avecle stress supplémentaire que subissent déjà les écosys-tèmes du fait du blanchissement des coraux, pourraitêtre dévastatrice pour le récif et pour les espèces qu’ilabrite. » (Hulme, M. et Sheard, N. (1999), ClimateChange Scenarios for the Philippines, Climatic ResearchUnit, Norwich, Royaume-Uni). Dans le monde entier, lesrécifs coralliens sont également menacés par l’augmen-tation des taux de dioxyde de carbone dans l’air, quiréduisent la quantité de carbonate de calcium dissoutedans les eaux de l’océan, alors que cette substance estessentielle aux coraux qui composent les récifs.

Le gouvernement des Philippines a pris un certainnombre de mesures de conservation qui sont desréponses efficaces à la plupart des menaces et desrisques d’origine humaine. La gestion actuelle du parcprésente une stratégie efficace de conservation. LeTubbataha Protected Area Management Board(TPAMB), créé en 1998, est un organe chargé de définirdes politiques, qui promulgue des règles et des régle-mentations et administre le fonds-en-dépôt consacré àTubbataha. Depuis juin 2001, il partage la responsabi-lité de l’entretien quotidien du parc avec le TubbatahaManagement Office. Bien que les principales partiesprenantes et les principaux partenaires institutionnelssoient impliqués dans le processus de décision au seindu TPAMB, le Rapport périodique souligne la nécessitéd’une collaboration accrue avec les agences gouverne-mentales nationales. Les opérateurs de tourisme et lesONG tant locales qu’internationales sont égalementaffiliés au TPAMB.

Le plan quinquennal de gestion révisé, qui est opéra-tionnel depuis le début de 2004, vise à établir « unmodèle de bien du patrimoine mondial, présentant uneriche diversité biologique efficacement conservée envue d’entretenir l’intégrité écologique qui contribue à

une répartition équitable des bénéfices et à un déve-loppement socioéconomique durable des générationsprésentes et futures. » (Tubbataha Management Office,State of Conservation Report on the Tubbataha ReefMarine Park, juin 2004, p. 15)

Il met en relief cinq domaines essentiels à la réalisationde ces objectifs :• Améliorer la protection à long terme des ressourcespar une gestion des écosystèmes en collaboration avecdifférents partenaires ;• Promouvoir la compréhension par le public des béné-fices de la conservation de Tubbataha, au moyen decampagnes d’éducation et de sensibilisation ;• Contribuer à la promotion d’une politique de l’envi-ronnement favorable à la conservation à long terme duparc marin du récif de Tubbataha ;• Soutenir et promouvoir les activités de recherche etune meilleure compréhension des processus à l’œuvredans les écosystèmes de Tubbataha, et améliorer lemécanisme de prise de décisions en matière de gestion ;• Aider les autorités locales dans le domaine de la ges-tion durable des ressources locales, en vue de mettre enplace une gestion adaptée, durable et située au niveaude la communauté, ainsi que des stratégies efficacespropres à dégager des moyens de subsistance.

L’application de ces mesures étant encore récente, lesrésultats n’en sont pas encore visibles. Qui plus est, cesmesures ne remédient que partiellement aux menacesqui pèsent sur le récif de Tubbataha. En effet, bien qu’unaccord de partenariat ait été récemment signé avec laMalaisie et l’Indonésie en vue de la protection de l’éco-région des Sulu Sulawesi, à laquelle appartient le parcmarin du récif de Tubbataha, les menaces et les risquesauxquels celui-ci est confronté, comparables à ceux querencontrent la plupart des récifs coralliens dans lemonde, et particulièrement dans la région Pacifique, doi-vent être abordés à une échelle internationale.

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La pêche illé-gale menace la biodiversité de la faune protégée deTubbataha,Philippines

Dans cette approche, la démarche, de curative qu’elle était,devient préventive, et la perspective passe du court au longterme. À la longue, cette stratégie est économiquementviable, car il revient moins cher d’entretenir un bien que dele reconstruire : « Les principes de conservation du patri-moine bâti ont été conçus principalement pour orienterune réflexion l’intervention, c’est-à-dire sur des approchescuratives du patrimoine. Les principes propres à améliorerla prévention des risques pour le patrimoine culturel bâtidoivent être définis dans la perspective d’approches pré-ventives, dans un souci d’amélioration de son état généralvisant à la survie à long terme de ce patrimoine culturel etdes messages importants qu’il véhicule. »

Herb Stovel, Directeur de l’Unité Habitat patrimonial auCentre international d'études pour la conservation et larestauration des biens culturels (ICCROM), détaille les prin-cipes d’une prévention efficace des risques dans RiskPreparedness: a Management Manual for World CulturalHeritage. Ces principes sont aussi, pour la plupart, validespour les biens du patrimoine mondial naturel. Il plaidepour :• une planification et une préparation anticipées ;• une approche holistique qui prenne en compte tous lesaspects d’un bien donné ;• la nécessité que les plans de prévention des risques aientaussi peu d’impact que possible sur les valeurs du patri-moine ;• une documentation appropriée ;• l’implication des populations locales dans l’élaborationdes plans de réaction d’urgence ;• l’établissement d’une autorité unique.

La mise en œuvre d’un tel plan de prévention des risquesdoit suivre un processus en trois phases. En premier lieu,une phase de préparation, qui prévoit la réduction desrisques à la source, en renforçant d’abord la capacité d’unbien à résister aux conséquences d’une catastrophe ou àles limiter, au moyen de technologies spécifiques telles quedes systèmes de sprinklers pour la prévention des incen-dies et/ou le renforcement des structures en prévision destremblements de terre ; en donnant, ensuite, l’alerte d’unemanière adéquate lorsqu’une catastrophe est imminente,au moyen par exemple de capteurs ou de détecteurs defumée ; en élaborant, enfin, des plans de réaction d’ur-gence. Cette phase doit reposer sur une compréhensioncommune du bien, de ses qualités, de son état et de sesbesoins en cas de catastrophe, et doit préparer les per-sonnes présentes sur le site à assumer les responsabilitésappropriées avant, pendant et après une catastrophe.

La deuxième phase – la phase de réaction – débute immé-diatement après qu’une catastrophe s’est produite. Durantcette phase, les autorités compétentes doivent mobiliserl’équipe de conservation pour faire en sorte que le plan deréaction soit à la disposition de tous les acteurs concernés,qui doivent alors bien connaître les actions à entreprendrepour avoir préalablement étudié ce plan.

Enfin, la phase de récupération a pour objectif d’atténuerles conséquences négatives de la catastrophe et de recons-truire les composantes matérielles du bien, les infrastruc-tures et les structures sociales des utilisateurs du bien etdes communautés voisines. Une fois la situation stabilisée,les autorités du site doivent réfléchir au processus décrit ci-dessus et évaluer l’adéquation des mesures de préventionen vigueur avant la catastrophe et tirer des leçons quiseront intégrées dans le plan de prévention des risquesrévisé qui sera mis en place.

Cette dynamique et la planification qu’elle implique doi-vent être mises en œuvre d’une manière spécifique auniveau de chaque site. Pour être plus efficace, cependant,elles doivent être intégrées à un plan directeur qui tiennecompte de facteurs d’ensemble et contribue à assurer laliaison entre les différents niveaux d’autorité concernés,c’est-à-dire entre les partenaires impliqués au niveau localet national, voire international.

En guise de conclusion, on peut dire que le point de départdoit être la justice, que ce soit pour éviter les conflits arméset désamorcer d’éventuelles tensions ethniques ou reli-gieuses, pour concevoir et planifier un développement quiprofitera au plus grand nombre ou pour promouvoir despolitiques et de programmes intégrateurs qui feront parti-ciper les pauvres et les populations locales. Les lois et lesrèglementations doivent s’accompagner d’un transfert deconnaissances et de compétences, ainsi que d’une sensibi-lisation du public. Des efforts accrus s’imposent à l’échelleinternationale pour lutter contre les menaces auxquellesles États parties ne peuvent faire face seuls et qui s’accroî-tront inévitablement à mesure que progresse le dévelop-pement, telles que le réchauffement de la planète, lapollution ou le pillage des objets culturels.

Tandis que le premier cycle de l’Exercice des rapports pério-diques pour la région Asie-Pacifique cherchait à se concen-trer sur l’identification des menaces et des risques, leprochain cycle devra traiter des enjeux de la gestion et dusuivi liés à l’atténuation des menaces identifiées au coursdu premier cycle. En s’attachant à promouvoir laConvention du patrimoine mondial et les Orientations envue de l’identification, de la protection, de la conservationet du renforcement du patrimoine culturel et naturel d’unevaleur universelle exceptionnelle, l’UNESCO doit donc tra-vailler avec les États parties, au moyen de l’éducation, dela science et de la communication pour tous, à promouvoirdes formes plus durables de développement qui bénéficie-ront, à terme, aux biens du patrimoine mondial eux-mêmes.

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Les enjeux de la gestion et du suivi

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Mi-Sön, Viet Nam

© UNESCO / A.Valtat

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La gestion et le suivi des biens du patrimoine mon-dial embrassent de nombreuses questions, qui doi-vent toutes être traitées en profondeur pourpermettre une conservation efficace et durable desvaleurs du patrimoine. Les questions qui se posentlors de l’identification des mécanismes de gestion etde suivi appropriés concernent notamment l’identifi-cation des valeurs patrimoniales du bien, ses besoinsen termes de conservation, les voies et moyensconduisant à une meilleure interprétation et unemeilleure mise en valeur du site, la gestion et ledéveloppement du tourisme, ainsi que la reconnais-sance et le respect des relations qui unissent le bienaux communautés locales.

Après plus de trente ans d’expérience de mise enœuvre de la Convention du patrimoine mondial,l’UNESCO, le Comité du patrimoine mondial, lesautorités gestionnaires des sites du patrimoine mon-dial, les organisations non-gouvernementales et lespartenaires locaux ont reconnu de plus en plus lar-gement que l’efficacité de la conservation, de la ges-tion et du développement durable du patrimoinemondial procède avant tout de l’identification desvaleurs patrimoniales matérielles et immatériellesdes biens, puis de l’élaboration et de la mise enœuvre de plans de gestion appropriés. Il a été de plusen plus largement admis qu’il existe des approchesdiverses de la gestion des sites, adaptées spécifique-ment aux différentes exigences de conservation dupatrimoine, aux différents systèmes juridiques etaux différents besoins de développement des com-munautés. Comme le montre clairement l’analysedes rapports périodiques nationaux pour la régionAsie-Pacifique, il est nécessaire d’élaborer uneapproche régionale des besoins de planification de lagestion au moyen d’une meilleure coopérationrégionale et d’un meilleur échange d’expertise àl’échelle internationale et régionale, en tenantcompte des besoins et des méthodes de gestion spé-cifiques des autorités nationales et des gestionnairesde sites.

Le présent chapitre est consacré aux définitions de lagestion et du suivi du point de vue de la Conventiondu patrimoine mondial et de sa mise en œuvre auniveau des États parties. Une attention particulièresera accordée aux besoins et aux attentes des auto-rités nationales et des gestionnaires de sites de larégion Asie-Pacifique, tels qu’ils s’expriment dans lesrapports périodiques nationaux et dans les rapportsconsacrés à des sites spécifiques soumis au Comitédu patrimoine mondial en 2003. Une présentationdes nouveaux enjeux liés à des types spécifiques depatrimoine ou de thématiques – gestion du tou-risme, paysages culturels, sites archéologiques,zones urbaines, gestion fondée sur les valeurs – s’ef-forcera d’établir un lien entre les préoccupationsactuelles et futures de la gestion et du suivi des biensdu patrimoine inscrits et potentiels.

Définir la gestion et le suivi du patrimoinemondial

Le concept de gestion des sites et de planification de lagestion est, en fait, relativement récent. Avant les années1980, on consacrait bien plus de temps et d’attention aux« principes scientifiques » de la conservation et de la res-tauration, en s’attachant particulièrement aux aspectsmatériels du patrimoine et à la contribution des nouvellestechnologies à la cause de la conservation. La Charte deVenise de 1964 ne cite pas même le terme de « gestion »,et celui de « plan » est utilisé dans un autre sens. La pre-mière tentative qui ait été faite pour rassembler d’unemanière exhaustive des principes généraux de gestion desbiens du patrimoine mondial date de 1983. À la demandede la Division du patrimoine culturel, qui travaillait directe-ment sur le patrimoine mondial avant la création duComité du patrimoine mondial, un groupe d’experts futréuni pour commencer à élaborer des principes générauxde gestion des biens du patrimoine mondial. Finalement,au terme de près de dix années de débats, le premier docu-ment rassemblant de tels principes de gestion fut publié en1993 par l’ICCROM, l’ICOMOS et l’UNESCO.

Systèmes et plans de gestion dans lesOrientations révisées (extraits)

108. Chaque bien proposé pour inscription devra avoirun plan de gestion adapté ou un autre système de ges-tion documenté qui devra spécifier la manière dont lavaleur universelle exceptionnelle du bien devrait êtrepréservée, de préférence par des moyens participatifs.

110. Un système de gestion efficace doit être conçuselon le type, les caractéristiques et les besoins du bienproposé pour inscription et son contexte culturel etnaturel. Les systèmes de gestion peuvent varier selondifférentes perspectives culturelles, les ressources dispo-nibles et d’autres facteurs. Ils peuvent intégrer des pra-tiques traditionnelles, des instruments de planificationurbaine ou régionale en vigueur, et d’autres méca-nismes de contrôle de planification, formel et informel.

111. Tout en reconnaissant la diversité évoquée ci-des-sus, les éléments communs d'un système de gestionefficace peuvent inclure :a) une connaissance approfondie et partagée du bienpar tous les acteurs concernés ;b) un cycle officiel et non officiel de planification, miseen œuvre, suivi, évaluation et réaction ;c) la participation des partenaires et acteurs concernés ;d) l’affectation des ressources nécessaires ;e) le renforcement des capacités ; etf) une description comptable transparente du fonction-nement du système de gestion.

114. Dans le cas de biens en série, un système de ges-tion ou des mécanismes permettant d’assurer la gestion

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coordonnée des différents éléments sont essentiels etdevront être documentés dans la proposition d’inscrip-tion (voir les paragraphes 137-139).

117. Les États parties sont responsables de la mise enœuvre d’activités de gestion efficaces pour un bien dupatrimoine mondial. Les États parties doivent le faire enétroite collaboration avec les gestionnaires du bien,l’agence chargée de la gestion et les autres partenaireset acteurs concernés par la gestion du bien.

La gestion et le suivi : un besoin reconnu

Les Orientations devant servir à la mise en œuvre de laConvention du patrimoine mondial insistent sur le fait quel’existence d’un plan de gestion de site est une conditionpréalable à l’inscription d’un site sur la Liste du patrimoinemondial. Le texte des Orientations encourage égalementles États parties à mettre en place des systèmes de gestiondestinés à assurer la protection efficace des biens, tout enadoptant une approche participative lors de leur élabora-tion et de leur mise en œuvre. Il rappelle que les « Les Étatsparties sont responsables de la mise en œuvre d’activitésde gestion efficaces pour un bien du patrimoine mondial »(paragraphe 117 des Orientations).

Les Organisations consultatives du Comité du patrimoinemondial (ICOMOS, UICN et ICCROM) envoient des expertsen mission sur les sites pour évaluer les nouvelles proposi-tions d’inscription ou l’état de conservation des biens ins-crits sur la Liste du patrimoine mondial. Une partie de cetravail d’évaluation consiste à analyser le niveau et l’effica-cité de la gestion des sites et à déterminer si un plan degestion de site est mis en œuvre efficacement. Au coursdes dernières années, l’une des raisons principales condui-sant à reporter des propositions d’inscription soumises pardes États parties était l’absence de plan de gestion ou unsystème de gestion inadéquat.

Le suivi du patrimoine mondial, qu’il soit périodique ouréactif, montre très souvent qu’un grand nombre des pro-blèmes qui se posent sur les sites sont dus à l’absence deplan de gestion, à l’échec de la mise en œuvre d’un planexistant, à des éléments manquants ou à l’absence pure etsimple de tout système de gestion. Quiconque connaît lesquestions liées au patrimoine mondial ne sera pas surprisde voir placer un nombre croissant de sites sur la Liste dupatrimoine mondial en péril pour la même raison – unemauvaise gestion ou des valeurs culturelles (ou naturelles)en péril du fait d’une telle gestion. Si telle est la situationdes biens inscrits au patrimoine mondial, on peut s’at-tendre à ce que la situation des autres sites ne soit pasmeilleure, ou à ce qu’elle soit pire.

Bien que la gestion ait toujours été une exigence imposéeaux propositions d’inscription au patrimoine mondial, cen’est que récemment que le problème est devenu assezvisible pour qu’on lui accorde une attention particulière.Pendant des années, la question dominante semblait être

celle de la « conservation », qui est d’un caractère plus tech-nique et se traduit par des interventions spécifiques. Les pro-blèmes qui bénéficiaient de la plus grande attention étaientceux, par exemple, de la détérioration matérielle, d’unemauvaise conservation (ou de l’absence totale de conserva-tion), de la destruction, du manque de compétences ou del’insuffisance des ressources financières et techniques.

Définir un système de gestion

Le fait que l’on se mette soudain à parler de plans de ges-tion signifie-t-il que la gestion est devenue plus importanteque la conservation ? Qu’entend-on par « gestion » dupatrimoine culturel ou naturel, et à quoi se réfèrent exacte-ment les notions de « plan de gestion » et de « système degestion » ? Ce ne sont là que quelques-unes des questionsqui sont souvent posées – et pas seulement par les profanes.

Les questions de gestion et de suivi au Congrèsinternational du patrimoine mondial (Italie,2002)

Deux ateliers internationaux, l’un consacré à la gestiondes sites du patrimoine mondial et l’autre au suivi dupatrimoine mondial ont été organisés dans le cadre duCongrès international du patrimoine mondial tenu enItalie en novembre 2002.

L’atelier de Padoue consacré à la gestion des sites dupatrimoine mondial a été co-organisé par EnglishHeritage, le Getty Conservation Institute et le Centre dupatrimoine mondial de l’UNESCO, et généreusementaccueilli par la Ville de Padoue avec le soutien de la fon-dation CARIPARO et du gouvernement italien. L’atelier aréuni, les 11 et 12 novembre 2002, des experts et desreprésentants de l’Allemagne, de l’Australie, du Bénin,du Cambodge, du Canada, des États-Unis d’Amérique,de la Hongrie, de l’Inde, de l’Iran, d’Israël, de l’Italie, dela Jordanie, du Kenya, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni, de la Turquie, du GettyConservation Institute, de l’ICCROM, de l’ICOMOS et del’UNESCO. Prenant acte de trente ans d’expérience de lamise en œuvre de la Convention du patrimoinemondial, les participants à l’atelier ont réexaminé lesbesoins de gestion des sites du patrimoine mondial,analysé les dispositifs existants d’encadrement de la ges-tion des sites et identifié les lacunes majeures des outilset des principes de gestion des sites.

L’atelier de Vicence, les 11-12 novembre 2002, étaitorganisé par l’ICCROM et le Centre du patrimoine del’UNESCO, et généreusement soutenu par la BancaIntesa BCI et la Ville de Vicence. L’organisation de l’ate-lier était également soutenue par l’ICOMOS et l’UICN,qui avaient l’un et l’autre nommé des experts de pre-mier plan et fourni un soutien financier à la participa-tion. Vingt-trois experts de seize pays ont participé à

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Les enjeux de la gestion et du suivi5

l’atelier consacré au suivi, dont l’objet principal étaitd’assurer une meilleure appréciation du suivi et sonusage approprié dans la gestion efficace des biens ayantune valeur culturelle ou naturelle, notamment dans lecontexte de sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. Dans ce contexte, le système du patrimoinemondial devrait être compris comme offrant un vecteurde promotion des meilleures pratiques pour le suivi dessites du patrimoine. Les objectifs de l’atelier étaient : (i) de situer le débat dans le vaste courant des réunionset des initiatives consacrées, dans le monde entier, ausuivi du patrimoine culturel et naturel ; (ii) de renforcer lacoopération d’une manière tangible entre les respon-sables du suivi du patrimoine culturel et naturel ; et (iii) d’étudier l’intégration efficace des nouvelles techniques de suivi dans les systèmes et les programmesde gestion des sites.

Les conclusions et recommandations des ateliers dePadoue et de Vicence peuvent être téléchargées àl’adresse suivante :http://whc.unesco.org/venice2002/workshops

La protection des valeurs et la conservation du patrimoinemondial exigent une implication humaine. Sans une telleimplication, les traces tangibles des activités humaines dupassé retourneront tôt ou tard à leur point de départ,réduites à des matériaux bruts. Sous l’effet d’une action oude l’inaction, ou sous celui de l’environnement, ces tracespeuvent perdre la valeur même pour laquelle la sociétéavait décidé de les protéger et souvent même de proposerleur inscription en qualité de biens du patrimoine mondial.Sans nous aventurer trop avant dans de profondes ques-tions philosophiques ou sociologiques relatives au fonc-tionnement des sociétés, il est probablement vrai quetoutes les sociétés sont pourvues de structures hiérar-chiques, de processus de décision et de règles, dont la ren-contre avec le besoin d’agir pour la protection des valeurspatrimoniales peut être considérée comme le commence-ment de la « gestion du patrimoine culturel ».

La manière la plus simple de décrire un système de gestionest probablement de passer en revue ses composantes etses activités. Cette manière plutôt simpliste de décrire unequestion complexe devrait illustrer assez commodément lasituation. Le point de départ est la conscience de l’existenced’un patrimoine culturel et naturel possédant des valeursintrinsèques qui méritent d’être préservées. Un premier pasconscient dans cette direction, au terme des définitions,enquêtes, évaluations, etc. – c’est-à-dire de la collecte et del’analyse de l’information – serait la protection juridique dusite. Selon la nature de la société et du patrimoine concer-nés, il peut s’agir de lois formelles ou de mesures de pro-tection traditionnelles, telles que des tabous. Toutefois,pour que les règles puissent être appliquées et respectées,certains outils sont nécessaires :

• un outil administratif, en vue d’entretenir, gérer, formuleret mettre en œuvre des plans et d’assumer les activités duquotidien ;• un outil financier, qui se passe d’explications ;• un outil de conservation, qui concernera notamment lesprofessionnels de tous les domaines pertinents et les oppor-tunités de formation ;• des outils sociaux et de communication, qui supposent dedisposer de moyens et de plans explicites permettant d’impli-quer la société dans les décisions et de mobiliser les médias.

Tous ces différents « outils » doivent collaborer à une ges-tion durable et efficace du patrimoine matériel. Ensemble,ils peuvent être considérés comme un système de gestion.

Principes et plans de gestion des biens du patrimoinemondial

Qu’est-ce, alors, qu’un « plan de gestion » ? On ne sauraitdonner une définition unanime de ce qu’est un plan degestion ou de ce qu’il doit comporter, bien qu’on puisse ledéfinir, à titre indicatif, comme :

Un plan qui, compte tenu de la définition donnéeaux valeurs culturelles et/ou naturelles, les pro-tège en appliquant des méthodes et des outilsjuridiques, administratifs, financiers et profes-sionnels de conservation et en prescrivant cer-taines stratégies et actions spécifiques.

Obligations de suivi dans les Orientations révisées

113. De plus, dans le contexte de la mise en oeuvre de laConvention, le Comité du patrimoine mondial a établi unprocessus de suivi réactif (voir chapitre IV) et un processusde soumission de rapports périodiques (voir chapitre V).

Chaque étape de la création d’un tel plan est en elle-même un processus, qui commence avec la définition desvaleurs culturelles et/ou naturelles et qui prend en compted’autres valeurs (économique, par exemple) inhérentes ausite. « De qui sont-elles les valeurs ? » est une autre ques-tion qui exige que l’on identifie les différentes parties pre-nantes – des scientifiques aux propriétaires, promoteurs,politiciens, visiteurs, guides touristiques, marchands, rési-dents et autres usagers. Rencontrer ces partenaires etcomprendre leur perception des valeurs, ainsi que lamanière dont des valeurs et des intérêts antagonistes peu-vent être conciliés sans compromettre ceux de la cultureest l’un des enjeux les plus importants.

La définition de stratégies à court et à long terme pour laprotection et le renforcement de ce qui a été défini commeétant le patrimoine se traduit alors par des plans spéci-fiques, consacrés notamment à la conservation, à la mise

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Les enjeux de la gestion et du suivi 5

en valeur et à la gestion. Les plans de conservation, en par-ticulier, font partie du plan de gestion. Il en va de même duplan ou programme de suivi, qui prévoit des mécanismesd’évaluation et de révision. Tous ces plans spécifiques,conjugués avec l’existence d’un système de gestion, peu-vent être considérés comme un « plan de gestion ».Ordinairement, un plan de gestion doit, pour être bon,adopter une approche multidisciplinaire et multisectorielle.

Le suivi : une composante essentielle de la gestiondes sites

De même que la bonne gestion d’un site est une conditionpréalable à sa conservation à long terme, le suivi apparaîtcomme l’outil le plus approprié pour l’évaluation des résul-tats par rapport aux objectifs fixés dans le plan de gestion.Le terme anglais de « monitoring » (traduit, en français,par celui de « suivi ») dérive du verbe latin moneo (rappe-ler, admonester, avertir), et a donc la même étymologieque « monument », auquel il est ainsi intrinsèquement lié.

Qu’il s’agisse de patrimoine naturel ou culturel, l’objet dusuivi est double : mesurer dans quelle proportion la gestiond’un site parvient à atteindre ses buts et identifier l’étatmatériel d’un site. Cette évaluation peut être réaliséed’une manière intermittente, que ce soit régulièrement parun suivi systématique ou irrégulièrement par un suivi réac-tif. L’évaluation répétée, sur une certaine durée, desvaleurs et de l’authenticité/intégrité est donc une compo-sante essentielle du processus de gestion d’un site.Comme l’indique Jukka Jokilehto dans son article sur Lesuivi des sites du patrimoine culturel : « pour que cela soitpossible, les sites doivent avoir fait l’objet d’une rechercheet d’une documentation suffisantes au moment de leurinscription, afin que l’on puisse disposer de solides don-nées de référence par rapport auxquelles les valeurs etl’authenticité peuvent être “mesurées” ».7

La première étape de la mise en place d’un système desuivi est la définition d’indicateurs de suivi. Ces indicateurssont généralement tirés des objectifs définis dans le plande gestion, lorsqu’un tel plan existe, et sont progressive-ment affinés par une série d’observations. Le travail sur leterrain reste la principale méthode de suivi, bien que, danscertains cas, la collecte et l’analyse indirectes de donnéesviennent souvent en compléter les résultats.

Une fois le suivi achevé et les caractéristiques du site éva-luées, il est toujours nécessaire que la direction du sitereçoive une information en retour, de manière à pouvoirréduire d’une manière adéquate les menaces et les risqueset améliorer les mesures de gestion. La fréquence du suividépendra souvent davantage des ressources humaines etfinancières disponibles que des résultats des précédentsexercices de suivi.

Le Centre mondial de surveillance de la conservation(WCMC), à Cambridge, a inauguré plusieurs méthodesnouvelles de collecte de données, en vue d’assurer la ges-tion la plus appropriée possible des sites du patrimoinenaturel. Appliquées aux sites du patrimoine naturel de larégion Asie-Pacifique, certaines de ces méthodes pour-raient produire des résultats étonnants, en offrant nonseulement une évaluation du site, mais encore une imageplus générale de sa situation dans un contexte sous-régio-nal ou régional. Comme c’est le cas pour les biens du patri-moine culturel, le fait qu’ils privilégient, en tantqu’indicateurs de suivi, les valeurs de patrimoine plutôtque les données scientifiques fait de l’identification demodèles de suivi une tâche difficile.

Les questions de gestion et de suivi dans larégion Asie-Pacifique

Des dispositions administratives propices à unemeilleure gestion des sites

Avant de poursuivre l’examen des questions liées à l’exis-tence et au contenu des divers plans de gestion évoquéspar les États parties d’Asie-Pacifique dans leurs rapportspériodiques, il importe de dresser un panorama régionaldes dispositions administratives nationales existantes visantà la gestion et à la protection du patrimoine mondial.

Les dispositions administratives sont principalement décritesdans les rapports périodiques de la Section I, bien que lesrapports périodiques de la Section II mentionnent égale-ment des dispositions administratives prises au niveau dessites. Les données collectées à propos de ces dispositionsfont clairement apparaître la coexistence d’agences gouver-nementales responsables de la protection et de la gestiond’ensemble des biens du patrimoine avec des autorités res-ponsables au niveau local – voire au niveau des sites – de la

Graphique 1 : Réponses des États parties aux problèmes de gestion des biens du patrimoine mondial naturel et mixte

100%

80%

60%

40%

20%

0%

76%

0%

Asie du Sud

Plan de gestion du site

Asie du Sud-Est Asie du Nord-Est Pacifique

13%20% 20%

80%71,4%

42,9%

28,6%

84,6%

30,8%

7,7%

Plan directeurPlan d’urgence ou de prévention des risques

Graphique 2 : Réponses des États parties aux problèmes de gestion des biens du patrimoine mondial culturel

100%

80%

60%

40%

20%

0%

40%

20% 20%

Asie du Centre-Ouest Asie du Sud Asie du Sud-Est Asie du Nord-Est

33%

16,7%

53%50%50%

75%75%66,7%

25%

Plan de gestion du sitePlan directeurPlan d’urgence ou de prévention des risques

7. Jukka JOKILEHTO, “Monitoring Cultural Heritage Sites”, ICCROMNewsletter no.21, 1997.

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Les enjeux de la gestion et du suivi5

gestion quotidienne de ces biens. Ainsi, parexemple,l’Archaeological Survey of India (ASI), l’APSARA auCambodge ou la Commission nationale de la culture et desarts (NCCA), aux Philippines, sont des agences culturellesnationales chargées de veiller à la protection des biens cul-turels du patrimoine mondial parmi de nombreux autressites du patrimoine. Il importe de noter que, dans la régionAsie-Pacifique, les dispositions relatives à la gestion peuventêtre juridiques, contractuelles, traditionnelles ou collabora-tives, avec un mécanisme statutaire qui exclut ordinairementdes mécanismes plus informels.

Lorsque les autorités locales, provinciales et nationales assu-rent conjointement la gestion d’un bien, comme au VietNam, au Laos ou en Ouzbékistan, il peut se produire deschevauchements de compétence qui se traduisent souventpar des retards dans la réalisation des travaux de restaura-tion ou la distribution des fonds. Cependant, lorsque lespartenaires locaux sont invités à participer à l’élaborationdes principes de gestion d’un bien, voire à participer à lagestion quotidienne de ce bien, on peut s’attendre à deseffets positifs. C’est le cas aux Philippines, où l’Église catho-lique coopère avec la NCCA en vue d’assurer une gestionappropriée des églises baroques inscrites sur la Liste dupatrimoine mondial en 1993. Dans le Pacifique, des comitéslocaux du patrimoine mondial sont progressivement mis enplace pour renforcer l’implication des partenaires locaux etdes Aborigènes dans la gestion des biens du patrimoinemondial sacré ou naturel.

Que les dispositions administratives soient jugées ou nonadéquates par les États parties, une majorité de ceux-cireconnaît encore que les ressources humaines et techniquessont insuffisantes, et qu’une formation aux savoir-faire etaux pratiques de la gestion est nécessaire. Pour apporterune réponse appropriée aux besoins de formation, ilconvient de les aborder d’une manière intégrée, en lien avecl’élaboration et la révision des mécanismes de gestion desti-nés aux biens concernés.

Mettre en place des outils de gestion

Pour ce qui est de la planification générale de la gestion dessites, la divergence est forte, dans la région, entre les biensnaturels et culturels du patrimoine mondial. Alors qu’un siteculturel sur deux seulement dispose d’un plan de gestion, cechiffre est de quatre sur cinq pour les sites naturels (voir lesgraphiques 1 et 2 ci-dessus). Compte tenu de ces résultats,les États parties de la région ont exprimé le désir d’unmeilleur échange d’expertise et d’informations en matièrede gestion des biens du patrimoine mondial, par la diffusionde plans et de stratégies de gestion pertinents. Les plans degestion de Luang Prabang et de Vat Phou, au Laos, sont desmodèles en leur genre et ont été élaborés en consultationétroite avec les populations locales et des experts travaillantsur d’autres biens du patrimoine mondial. Ces plans de ges-tion ont été rédigés grâce au soutien financier apporté autitre de l’assistance internationale du Fonds du patrimoinemondial, et des financements extrabudgétaires destinés à lapréparation et à la révision des plans de gestion ont étéaccordés à plusieurs États parties d’Asie.

Avant d’envisager des partenariats pour la collaborationentre des biens comparables et les autorités chargées de leurgestion, il faut en priorité remédier à l’absence de plan degestion. Les biens situés en Asie du Sud, dont un grandnombre ont été inscrits dans les années 1980, sont souventdépourvus de mécanismes élémentaires de gestion et leurpersonnel n’est pas formé à une mise en œuvre appropriéedu plan de gestion, lorsqu’il en existe un. Les plans d’urgenceou de prévention des risques doivent être intégrés dans lastratégie globale de gestion d’un bien, en particulier lorsquedes catastrophes naturelles ou d’autres phénomènes prévi-sibles représentent une menace inhérente à ce bien. Une troi-sième étape pourrait être le recours à des évaluations ad hocde l’impact environnemental ou culturel en vue de la gestiondu développement des biens situés dans un centre urbain oudes zones touristiques, ou à proximité, afin d’éviter une perteirrémédiable de l’authenticité et/ou de l’intégrité du bien.

Le modèle de gestion de l’APSARA (Cambodge)

Faits et chiffres

L’APSARA (Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor) a été créée en février 1995, pour fairesuite aux recommandations du Comité du patrimoine mondial à sa 17e session, en 1993. Les missions de l’APSARA sont lessuivantes :• assurer la protection, la conservation et la promotion du patrimoine culturel national dans la région d’Angkor ;• planifier et conduire le développement de la zone touristique de Siem Reap ;• assurer la coordination des travaux de restauration entrepris à Angkor et Siem Reap par les équipes nationales et interna-tionales.

Entre 1995 et 1999, l’absence de soutien technique et financier de la part des autorités locales et nationales n’a pas facilité lesmissions de l’APSARA. En 1999, un décret royal a accordé à l’APSARA une plus grande autonomie administrative et financière.Depuis lors, les droits d’entrée perçus à Angkor ont alimenté le budget de l’APSARA, qui s’élevait à 3,9 millions de dollars desÉtats-Unis en 2002. En 2003, un deuxième décret royal a révisé la structure organisationnelle de l’APSARA (voir ci-dessous l’or-ganigramme), dans le but de renforcer la coordination entre ses départements et d’accroître sa visibilité nationale et interna-tionale. Aujourd’hui, l’APSARA emploie environ 1 140 personnes, dont plus de 1 000 sont des gardiens et des ouvriers, ettravaille chaque année sur plus de 50 projets de restauration et de développement.

61

Les enjeux de la gestion et du suivi 5

Mécanismes de gestion et de suivi

L’APSARA est chargée de concevoir les aspects tant théoriques qu’opérationnels de la conservation du patrimoine et ledéveloppement économique et social durable de la région d’Angkor. Deux départements ont une orientation plus conceptuelleet stratégique : le Département de la culture et de la recherche et le Département du développement socio-économique. Lestrois autres départements sont principalement axés sur les travaux de restauration, de réhabilitation et d’urbanisation.

Le bien possède un plan de développement du site, qui s’articule autour de trois lignes d’action principales :• un plan directeur pour la conservation et la prévention des risques ;• un plan directeur pour la gestion des monuments et du site ;• un plan directeur pour le développement du tourisme.

Cependant, la mise en œuvre efficace du plan de développement du site dépendra de la poursuite de l’élaboration de plansde travail, ainsi que de l’élaboration de procédures et de mécanismes de mise en œuvre.

Dans le cas des temples khmers et de leurs environs, les priorités suivantes ont été identifiées pour la gestion et le suivi :paysages culturels et naturels ; authenticité et qualité de l’admission dans le parc d’Angkor ; évaluation du trafic des piétonset des véhicules ; planification intégrée du site ; développement de la signalétique et de la mise en valeur des monuments et –chose urgente – régulation du flux des touristes. Tous les départements collaborent à la réalisation de ces objectifs prioritaires.

Un manuel de spécifications très détaillé est élaboré pour chaque temple ou monu-ment historique, ainsi qu’une fiche technique, alimentée par les observations desvisites régulières d’entretien, les inspections visuelles et les autres activités de suivimenées sur le site. Une unité des SIG, créée en 1999 avec l’aide de la JICA, fournit àl’APSARA des informations topographiques, archéologiques et environnementalesdétaillées sur les monuments et les alentours du site.

La formation du personnel revêt pour l’APSARA un caractère de haute priorité.Depuis 2002, le gouvernement français fournit un soutien institutionnel à l’APSARApar l’intermédiaire du programme FSP, programme bilatéral visant à améliorer ledéveloppement des capacités institutionnelles en matière de conservation des mon-uments historiques et de planification des sites touristiques. Un cours de formationintitulé « Tanei » a été mis en place pour former les futurs employés.

Enjeux d’avenir

Le Département de l’archéologie et des musées a identifié les besoins suivants, quiaffecteront la qualité de la gestion et du suivi du site dans un avenir proche :• Création d’unités dans les domaines suivants : paysage, ingénierie, topographie,photogrammétrie et photographie ;• Création de laboratoires pour l’étude de la céramique et de la pierre ;• Formation au DAO (dessin assisté par ordinateur) et aux outils topographiques.Deux autres défis attendent l’APSARA dans les deux ou trois prochaines années : l’importance croissante de la gestion del’eau en lien avec la conservation du patrimoine, ainsi que la question des paysages et de leur intégration dans les politiquestraditionnelles de conservation. Relever ces défis nécessitera un engagement fort de la part de la communauté interna-tionale, en même temps qu’une formation accrue des experts de l’APSARA.

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Exemple de fiche élaborée par l’APSARApréalablement au travail de restauration

Organigramme de l’APSARA depuis 2001

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Les enjeux de la gestion et du suivi5

Bien que la gestion des visiteurs soit un aspect particulierde la gestion d’un bien, il est recommandé que les deuxaspects soient étroitement liés. Les rapports périodiquesnationaux ont révélé que les biens d’Asie du Sud et duSud-Est disposaient de médiocres mécanismes de gestiondes visiteurs, et que les installations destinées aux visiteursnécessitaient souvent des améliorations considérables. Surdes sites tels que Borobudur en Indonésie, Hampi ouFathepur Sikri en Inde, la localisation du centre d’interpré-tation pour les visiteurs est un problème majeur, car ellefait s’affronter la stratégie de développement touristiquede la province ou région et la stratégie de conservation àlong terme du bien.

De nouvelles initiatives visant à répondre à la fois auxenjeux de la conservation et du développement par le tou-risme, comme l’écotourisme, devraient faire l’objet d’uneréflexion de la part des États parties. Les circuits du patri-moine mondial, qui impliquent l’utilisation systématiquedes bénéfices financiers au profit de la conservation, sontactuellement à l’étude au Viet Nam. Des écotaxes peuventcontribuer à un objectif comparable et sont en cours demise en œuvre par les autorités nationales compétentesdans des pays comme le Kirghizistan et le Tadjikistan. Pourles biens qui disposent de plans et de systèmes de gestionayant fait leurs preuves, ces initiatives pourraient se tra-duire par des résultats positifs si elles sont convenablementintégrées dans un plan directeur plus vaste.

L’estimation des risques et des menaces

La présente section examine un certain nombre de ques-tions spécifiques soulevées par les rapports périodiquesquant à la fréquence et à la précision du suivi. Existe-t-il,notamment, un plan de gestion à jour présentant des indi-cateurs définis qui permettent de juger l’efficacité de lagestion d’un site ? Dans les cas où un plan de gestion a étédéfini, dans quelle mesure des chiffres de référenceannuels sont-ils établis pour intégrer les objectifs parfoisambitieux du plan et les tâches mensuelles/annuelles dontdoit s’acquitter le personnel affecté à la zone protégée ? Àquel point importe-t-il de disposer d’un plan d’urgence enprévision d’événements extrêmes qui pourraient frappersoudainement un bien du patrimoine mondial ? Quellessont, par ailleurs, les procédures auxquelles peuventaujourd’hui recourir les gestionnaires et les décideurs res-ponsables du patrimoine mondial pour décider du momentoù l’état de conservation d’un site du patrimoine mondialdépasse un « niveau normal » de risques récurrents ?

Aucun bien du patrimoine mondial, que ce soit dans larégion Asie-Pacifique ou ailleurs dans le monde, ne serajamais à l’abri de tout risque. Même les sites bien entrete-nus, comme le centre historique de Florence, ont subi deviolentes inondations inattendues qui ont détruit des tré-sors culturels inestimables. Comme le soulignent de façonrépétée les rapports périodiques de la Section II pourl’Australie, la première étape doit être, pour tout gestion-naire de site, d’identifier et d’isoler tous les risques aux-

quels peut être confronté un site du patrimoine mondial,avant de classer ces risques par ordre d’importance, puisde définir un plan d’action structuré, qui hiérarchise lesactions prioritaires dans le temps et dans l’espace.

Pour un site du patrimoine mondial, les cycles naturels duclimat, qui comprennent les fluctuations annuelles desprécipitations, de l’ensoleillement ou de l’érosion par levent, peuvent représenter un « risque »permanent. Dansde nombreux cas, le simple passage du temps représenteun inévitable processus de vieillissement sous l’effetduquel la pierre, le bois et la terre – qui sont une bonnepartie des matériaux de construction traditionnels de larégion – commencent à se décomposer. Un suivi régulierpermet aux autorités responsables des sites d’estimer cetaux de décomposition et de mesurer les interventionsrelevant de leur gestion. Dans d’autres cas, certains de ceséléments prévisibles, comme les variations des marées etles précipitations dans le Pacifique, peuvent devenir deplus en plus imprévisibles, du fait des changements clima-tiques planétaires qui provoquent une élévation du niveaudes mers, des conditions climatiques extrêmes et de vio-lents orages. De tels caprices climatiques qui se manifes-tent dans une partie de la région peuvent égalementprovoquer ailleurs sécheresse et incendies de forêts.

La capacité à estimer la gravité et l’urgence de telsrisques est au cœur du suivi préventif. Afin de compléterles missions de suivi réactif, qui évaluent l’état de conser-vation pour des biens du patrimoine mondial sélection-nés, l’Exercice des rapports périodiques a été conçu pourrenforcer les capacités nationales et assurer une plusgrande régularité de la collecte d’information sur lesrisques permanents et récurrents qui pèsent sur les biensdu patrimoine mondial. Comme l’envisageait à l’originele Comité du patrimoine mondial, les informations conte-nues dans les rapports périodiques nationaux doiventfournir les « briques » permettant au Comité d’interpré-ter avec précision les changements intervenus au niveaudes sites. Grâce à la soumission régulière, tous les six ans,de rapports périodiques, le Comité du patrimoine mon-dial sera en mesure d’évaluer à quel moment les change-ments font passer du « feu vert » – l’état normal desproblèmes récurrents de gestion– au « feu orange » quidonne l’alerte devant le nombre et la gravité croissants

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Un bien de grandes dimensions dont il faut assurer le suivi : la Grande Barrière, Australie

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Les enjeux de la gestion et du suivi 5

des menaces. Lorsque la gravité des menaces continued’augmenter, on peut espérer que le Comité du patri-moine mondial sera en mesure de réagir rapidement au« feu rouge » en plaçant les biens concernés sur la Listedu patrimoine mondial en péril.

Le calendrier du suivi

Dans la mesure du possible, les États parties d’Asie et duPacifique ont indiqué que toutes les tendances exprimantla gravité des risques et des menaces pesant sur les biensdu patrimoine mondial (voir chapitre 4) doivent être éva-luées sur le long terme. Sans données longitudinales, lesvaleurs hautes et basses de certaines variables ne pourrontpas être distinguées des évolutions à moyen et à plus longterme. Les variables évoquées dans les rapports sont d’unegrande diversité : on y évoque aussi bien des ateliersconsacrés à la conservation des carrelages bleus d’Asiecentrale ou les tendances liées, sur de nombreux sites, à lacroissance du tourisme, que des projets favorisant desréunions annuelles des gestionnaires de sites au niveaunational, comme c’est le cas en Chine.

Les enjeux du suivi pour les biens du patrimoinemondial naturel et mixte

Le suivi a souvent mauvaise presse en matière de gestiondu patrimoine naturel, du fait de tous les efforts perdusdont il est l’héritier – les exemples abondent, en effet, desituations dans lesquelles des données ont été collectéespendant des années sans être jamais utilisées pour contri-buer pratiquement à bâtir l’avenir. Le suivi n’en est pasmoins une composante essentielle d’une bonne gestion.Conjugué à un processus d’évaluation et d’examen, il estle moyen qui permet aux gestionnaires et à d’autres par-ties prenantes de tirer des leçons des réussites et deséchecs de la gestion et d’ajuster leurs approches de lagestion à ces informations. Le suivi devrait donc contri-buer à deux fonctions principales : la gestion adaptativeet l’élaboration de rapports.

Pour que le suivi puisse s’acquitter de ces fonctions, il doitviser à la collecte des bonnes informations. Mais la tâchen’est pas aisée. Face à un éventail pratiquement infinid’éléments mesurables, comment un gestionnaire peut-ilsélectionner les attributs les plus utiles à inclure dans unprogramme de suivi ? Un cadre conceptuel tel que lecadre d’évaluation de l’efficacité de la gestion adopté parla Commission mondiale des aires protégées de l’UICN (leCadre de la WCPA) ou le modèle pression-état-réponsede l’OCDE peut contribuer à définir un programme cohé-rent. Dans le cas des biens du patrimoine mondial, lesvaleurs et les attributs pour lesquels l’inscription du site aété proposée offrent un point de départ pour la concep-tion d’un plan de suivi. Ces attributs et toute menacepesant sur eux doivent être des éléments essentiels durégime de suivi.

Dans la plupart des cas, les biens naturels et mixtes dupatrimoine mondial sont également des zones protégéesgérées dans le cadre d’une forme ou d’une autre de légis-lation nationale, avec des buts et des objectifs qui vont au-delà de leur statut de biens du patrimoine mondial. Lesgestionnaires trouveront intéressant de concevoir unrégime de suivi qui réponde à toutes leurs exigences pourle bien, sans se limiter aux questions relevant spécifique-ment du patrimoine mondial. Cela signifie que le pro-gramme de suivi doit aborder tous les objectifs de lagestion. Les informations relatives à l’état du bien et auxmenaces ne suffisent pas, en particulier pour ce qui estdes exigences de la gestion adaptative. Il ne suffit pas desavoir si des progrès ont lieu dans la réalisation des objec-tifs ou si les valeurs ont été conservées. Il importe égale-ment de comprendre pourquoi la gestion réussit ouéchoue, de manière à pouvoir réaliser des ajustements desprogrammes de gestion et d’expérimenter de nouvellesapproches lorsque les progrès ne sont pas satisfaisants.

Le suivi de l’adéquation et de la pertinence des res-sources, des systèmes et des processus de gestion peutfournir cette explication. Conjuguée à la connaissancedes résultats, elle peut constituer le fondement d’uneapproche réellement adaptative de la gestion.

Dans l’idéal, cette forme de suivi régulier assuré auniveau des sites devrait sous-tendre le processus des rap-ports périodiques sur les biens du patrimoine mondial. Lerapport ne comprendrait pas tous les détails fournis parles résultats du suivi et les indicateurs employés varie-raient selon les sites, mais la base d’information à partirde laquelle le rapport périodique est élaboré serait plusriche et plus cohérente d’un site à l’autre.

Un projet visant à tester l’application du Cadre de laWCPA au suivi et aux rapports relatifs aux sites du patri-moine mondial naturel est en cours sur trois sites pilotes: les parcs nationaux de Keoladeo et Kaziranga en Inde etle parc national de Royal Chitwan au Népal. Des infor-mations sur le projet sont disponibles à l’adressewww.enhancingheritage.net, où l’on peut notammenttrouver des copies des méthodologies d’évaluation et desévaluations réalisées sur ces trois biens du patrimoinemondial en Asie du Sud.

Les rapports périodiques de la Section II ont, presque sansexception, fourni des statistiques de base sur le nombre devisiteurs qui font clairement apparaître le taux de crois-sance de la pression humaine sur les biens du patrimoinemondial. Dans certains cas, où l’accès au site se fait aumoyen d’un billet, les visiteurs sont comptés par des tour-niquets sophistiqués (Himeji-jo au Japon, Huanglong enChine). Dans bien d’autres cas, comme dans les villes his-toriques, le nombre de visiteurs est estimé selon des statis-tiques tirées de nombreuses sources différentes situées endes lieux divers (Kathmandu au Népal, Angkor auCambodge).

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Les enjeux de la gestion et du suivi5

Pour les processus écologiques et physiques, notamment,il est souvent nécessaire de disposer de données fourniespar une observation détaillée pour avoir une vision fiabledes évolutions dans le temps. Les rapports périodiquesconsacrés à Itchan Kala et Boukhara (Ouzbékistan), parexemple, insistent considérablement sur des donnéesscientifiques précises relatives aux fluctuations du niveaude l’eau, qui ont des effets sur l’efflorescence du sel dansles architectures de terre. Les niveaux de réalimentation eneau sont également indispensables à l’équilibre de zoneshumides d’importance planétaire comme celles du parcnational de Keoladeo (Inde), qui doit être en mesure dequantifier la quantité d’eau fluviale et pluviale nécessairepour réalimenter l’écosystème de zone humide afin que lesoiseaux migrateurs puissent y nicher.

Lier la conservation de la biodiversité au tourisme durable

Un projet novateur de la Fondation pour les NationsUnies (UNF), intitulé « Lier la conservation de la biodi-versité au tourisme durable pour les sites du patrimoinemondial », qui vise à former les communautés localesau travail dans le secteur de l’écotourisme, a été lancépar le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, leProgramme des Nations Unies pour l’environnement(PNUE) et le Centre RARE pour la conservation tropicale.

Le projet réunit des représentants des sites naturels etculturels du patrimoine mondial, du secteur touristiqueet des communautés locales pour des sessions de for-mation organisées sur les sites dans les domaines de laconservation, de l’éducation, de la planification, dudéveloppement de l’entreprise et des techniques demarketing. Des activités de sensibilisation aideront leshabitants et les entreprises (hôtels, restaurants, trans-ports, etc.), entre autres, à comprendre la valeur desressources des sites du patrimoine mondial et les effetsdu tourisme sur l’environnement, ainsi que les moyensde promouvoir des visites responsables.

Comme le souligne Art Pedersen, consultant du patrimoine mondial pour le tourisme et la gestion desvisiteurs, il n’y pas de remède miracle : « S’il estquelque chose que nous avons appris en matière detourisme au cours des trente dernières années, c’estun processus qui consiste à engager l’industrie, lesresponsables des zones protégées et les populationslocales. Dans ce processus, les buts et les objectifssont fixés, les normes sont définies et contrôlées surle long terme. C’est facile à expliquer en théorie,mais difficile à mettre en pratique. Comme pour toutce qui a trait au développement durable, c’est unprocessus sans fin. »

L’UNF a donné 1,5 million de dollars des États-Unis àtitre de fonds d’amorçage pour le démarrage du projet,et a promis encore 500 000 dollars, montant promis

également par Aveda Corporation en janvier 2002. Laphase opérationnelle du projet a été lancée en 2003.

Deux biens indonésiens du patrimoine mondialdésignés comme sites pilotes

Des six sites du patrimoine mondial concernés par le pro-jet, deux sont situés en Asie : les parcs nationaux d’UjungKulon et de Komodo, en Indonésie. À Komodo, l’initiativea pour but de contribuer à répondre aux menaces quipèsent sur la biodiversité marine en professionnalisant lesservices touristiques existants et en développant de nou-veaux produits touristiques, comme un sentier de lanature aquatique pour favoriser la sensibilisation dans leszones du parc gravement menacées par des pratiques depêche destructrices. À Ujung Kulon, l’objectif est d’amé-liorer localement la sensibilisation à la conservation et derenforcer les acteurs de la conservation pour protéger leparc de menaces à venir grâce à la planification et à lacompréhension du marché du tourisme.

Activités présentes et à venir

À l’heure actuelle, la planification du tourisme et de lafréquentation du public se poursuit avec des projets deplans en ces domaines, dont l’achèvement est prévu enmai 2004 tant pour Komodo que pour Ujung Kulon.Une campagne d’éducation à la conservation a été lan-cée dans le parc national de Komodo pour sensibiliseraux valeurs de la conservation de ce site. Les activités àvenir sont notamment une campagne d’éducation à laconservation à Ujung Kulon et une étude de marketingen vue du développement de produits locaux.

Comme l’a observé le gestionnaire du site de la GrandeBarrière (Australie), de nombreuses zones du patrimoinemondial naturel, tant terrestres que marines, disposentd’un système de suivi. Cependant, la plupart de ces pro-grammes de suivi ont été orientés dans des perspectivesspécifiquement biophysiques ou sociales et ont générale-ment été entrepris comme des activités de recherche ou desuivi indépendantes. Du point de vue des zones du patri-moine mondial de l’Australie, pour lesquelles ont été misesen place des procédures de suivi très élaborées, « peu deprogrammes présentent une évaluation intégrée de l’étatd’ensemble de leurs zones respectives de patrimoine mon-dial » ou assurent un suivi spécifique des attributs de ces

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Parc national de Komodo, Indonésie

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Les enjeux de la gestion et du suivi

biens en tant que biens du patrimoine mondial. Alors qu’ilexiste des principes essentiels pour le suivi des zones natu-relles, le rapport note qu’« un grand nombre d’entre euxont été tirés de programmes sans relation avec le patri-moine mondial, qui peuvent avoir des objectifs très diffé-rents ». (Rapport périodique, section II).

Toutefois, pour de nombreux projets de conservation de labiodiversité, la conception d’indicateurs fiables, permet-tant des comparaisons et peu coûteux n’en est encorequ’à ses tout premiers stades. Dans un grand nombre desrapports périodiques consacrés à des biens du patrimoinemondial naturel, les gestionnaires de sites continuent à uti-liser des enquêtes sur les espèces principales de préda-teurs, comme les tigres (Sundarbans et Manas en Inde,Royal Chitwan au Népal) ou les rhinocéros (Ujung Kulonen Indonésie et Kaziranga en Inde), pour mesurer indirec-tement la santé des écosystèmes. Compte tenu de lapériode sur laquelle portent les rapports – qui concernentles biens inscrits jusqu’à l’année 1994 incluse –, ce phéno-mène exprime en grande partie les préoccupations quiétaient celles du mouvement de conservation lors de l’ins-cription de ces biens. Toutefois, le suivi pose aussi desquestions plus complexes. Dans le cas d’Ujung Kulon(Indonésie), les responsables du site sont de plus en plussoucieux de la perspective d’une diminution de la repro-duction au sein de ce qui reste de la population de rhino-céros de Java.

Dans des cas moins fréquents, des biens du patrimoinemondial qui limitent très strictement les perturbations éco-logiques, comme Nanda Devi (Inde), ont également été enmesure de mener d’impressionnants recensements systé-matiques de tous les principaux animaux connus, prévusdans le parc tous les dix ans. En outre, la zone de nature sau-vage de Tasmanie (Australie) a également découvert de nou-velles espèces marines dans la zone protégée et a soumisune déclaration de valeur révisée pour faire état de cetteplus grande authenticité du bien du patrimoine mondial.

L’échelle spatiale du suivi

À grande échelle – celle du paysage –, le suivi et l’évalua-tion des impacts et des performances pour l’ensembled’une zone protégée se révèle très difficile. Dans le cas devastes zones protégées, qui représentent des paysagesentiers, le suivi des changements de nature ou d’intensitédes risques est particulièrement difficile, compte tenu desdiverses influences sociales, économiques et politiques quitrouvent leur origine bien au-delà des limites immédiatesde la zone protégée. Néanmoins, le suivi de critères spéci-fiques pour des sites individuels de grandes dimensions etpour des zones groupées se développe progressivement.

De nombreux rapports de la Section II relatifs à la Chines’attardent sur le suivi de la pollution à distance de l’air etde l’eau, ces deux facteurs étant liés et responsables de lamort des pins qui entourent le mont Huangshan, ainsi qued’autres processus écologiques et hydrologiques dans les

régions montagneuses du pays, comme Taishan,Huanglong et Jiuzhaigou. Certains monuments indivi-duels, comme le Taj Mahal (Inde), sont également confron-tés à de graves menaces de « jaunissement du marbre »(Rapport périodique, Section II), liées à l’activité industrielleet manufacturière, jusqu’ici sans restriction dans la régionéconomique entourant le site.

Comme on l’observe dans de nombreux rapports de laSection II consacrés à des biens naturels et mixtes, il com-mence à être de plus en plus largement reconnu au sein dumouvement des zones protégées que la biodiversité d’éco-systèmes relativement étendus doit être traitée à l’échelled’un paysage, avec notamment diverses formes d’utilisa-tion du sol, différents choix économiques et des alterna-tives en matière de moyens de subsistance. En particulier,le gouvernement vietnamien a pris des mesures de grandeampleur pour créer un système de suivi intégré pour laBaie d’Ha-Long (Viet Nam), qui tiendra compte de la pres-sion démographique croissante de la région et de sesconséquences – égouts, délestages de cargos, écoule-ments d’origine industrielle, dégradations esthétiques et àbien d’autres sources encore.

Les technologies de la cartographie ont beaucoup pro-gressé dans de nombreux cas depuis les premières inscrip-tions sur la Liste du patrimoine mondial entre 1979 et1994. À cette époque, les États parties fournissaient sou-vent des informations très rudimentaires sur les limites etles coordonnées topographiques des biens. Dans de nom-breux cas, les formulaires de proposition d’inscription nefournissaient qu’une description rédigée des coordonnéesdes sites. Un objectif essentiel du processus des rapportspériodiques était donc de réexaminer les propositionsd’inscription originelles et de fournir des cartes à jour fai-sant apparaître les données cadastrales et topographiquesdes biens. Malheureusement, cet aspect du processus desrapports périodiques a été marqué par d’importantesinsuffisances. Toutefois, deux États parties (l’Australie et SriLanka) ont fourni des cartes d’une excellente résolutionpour faciliter le travail du Comité du patrimoine mondial,tandis que d’autres États parties ne fournissaient pourleurs sites aucune carte à haute résolution.

La rive industrialisée du fleuve, face au Taj Mahal, Inde

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Prochaines étapes pour la gestion et le suivi dupatrimoine mondial

Dans la perspective du prochain Exercice des rapportspériodiques pour la région Asie-Pacifique, il conviendra deconcevoir encore d’autres indicateurs simples pour le patri-moine tant naturel que culturel. Une possibilité était d’exa-miner certaines des causes indirectes et voisines quiaffectent les biens du patrimoine mondial. Dans certainscas, l’intensité du braconnage sur un site donné peut êtreliée aux fluctuations des prix des marchandises au niveauinternational. Les prix illégaux de la corne de rhinocéros aumarché noir, par exemple, auront une forte incidence surle braconnage autour des biens naturels qui représententles derniers bastions des populations de cette espèce – àsavoir le parc national d’Ujung Kulon (Indonésie), le parcnational de Royal Chitwan (Népal) et le parc national deManas (Inde).

Pour ce qui est des paysages à grande échelle déjà évo-qués, les enquêtes aériennes ont été, dans d’autres partiesdu monde, un outil novateur et efficace de conservation etde gestion des biens du patrimoine mondial. Les photo-graphies détaillées et les autres données collectées pources enquêtes par des vols à basse altitude se sont révéléesdes outils puissants pour sensibiliser les décideurs poli-tiques, qui ont ensuite renforcé la gestion des zones pro-tégées. Les enquêtes aériennes appliquées ontnotamment eu pour effet : (i) une évaluation précise desprincipales menaces qui pèsent sur les biens du patrimoinemondial ; (ii) une communication claire de ces menacesaux décideurs politiques et aux médias, au moyen de pho-tographies détaillées ; (iii) des réponses ciblées auxmenaces critiques dans les zones touchées ; (iv) l’engage-ment de multiples bailleurs de fonds à collaborer pour faireface aux principales menaces et (v) l’établissement de« données de base » à long terme, par rapport auxquelleson pourra observer, au moyen d’enquêtes aériennes desuivi, les futurs efforts de gestion.

Les actions de suivi de l’Exercice des rapports périodiquesprévues dans un proche avenir, en étroite collaborationavec les autorités nationales et les gestionnaires de sites,s’efforceront d’apporter une réponse adéquate auxbesoins en matière de gestion et de suivi identifiés à l’oc-casion de ce premier Exercice. Dans cette phase de suivi,les enjeux de la gestion et du suivi pour la conservation desbiens du patrimoine mondial doivent être abordés deconcert, en capitalisant sur l’expertise acquise dans cedomaine par certains États parties et certaines agencesspécialisées dans la conservation.

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Les enjeux de la gestion et du suivi5

Éducation, information et nouvelles technologies

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Centre culturel d’Uluru, Uluru Kata Tjuta, Australie

© UNESCO / S.Titchen

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Éducation, information et nouvelles technologies6

Souvent considérée comme l’estampille d’une desti-nation touristique flatteuse, l’appellation de « patri-moine mondial » n’est pas toujours perçue comme lerésultat d’une décision combinant des critères histo-riques, archéologiques, scientifiques et esthétiques.Ainsi, pour bien des gens à travers le monde, etmême pour ceux qui vivent avec ou dans des biensdu patrimoine mondial, la Convention du patrimoinemondial demeure un obscur traité international.Toutefois, l’allongement croissant de la Liste dupatrimoine mondial des biens d’une valeur univer-selle exceptionnelle, conjugué à l’intérêt croissantpour le patrimoine mondial, programme-phare del’UNESCO, a rendu nécessaire de renforcer les capaci-tés aux niveaux local, national et mondial.

Comme l’a rappelé M. Nicolas Stanley-Price, Directeurgénéral de l’ICCROM, dans une intervention pronon-cée lors du congrès international tenu à l’occasion du30e anniversaire de la Convention du patrimoinemondial (Venise, 14-16 novembre 2002), c’est unegrave erreur que de penser que « si [le patrimoine] estdéjà là depuis mille ans, il continuera sûrement à biense porter quelques années de plus ». Le développe-ment de nouvelles techniques de conservation et degestion, la situation politique instable de certainspays et l’importance de la préservation du patrimoineculturel et naturel comme moyen d’assurer un déve-loppement local durable ont contribué à nous faireréviser nos approches de la sensibilisation et du ren-forcement des capacités. Ces deux objectifs ne peu-vent être atteints que par un intérêt accru desdécideurs et du public pour l’éducation, l’informationet les nouvelles technologies.

Bien que les rapports périodiques nationaux etconsacrés à des sites que les États parties d’Asie-Pacifique ont soumis mettent avant tout l’accent surles questions de gestion et de suivi, une part signifi-cative des rapports traite des besoins de formationprofessionnelle et de renforcement des capacités, desensibilisation des populations locales et des parte-naires des sites, ainsi que d’éducation au patrimoinemondial à l’intention des jeunes.

La formation professionnelle et le renfor-cement des capacités

L’évaluation des besoins de formation et de renforcement descapacités soumise par les États parties de la région fait appa-raître une grande disparité de situations. Deux méthodes ontété employées pour analyser l’information fournie :1.La première consiste à différencier différents stades dans

le développement de la formation et du renforcementdes capacités, en fonction de certains critères tels quenotamment le besoin de formation professionnelle debase ou spécialisée, le besoin de coopération internatio-nale en matière de renforcement des capacités, etc. Lerésultat de cette classification apparaît dans le graphique

2.La seconde méthode insiste sur les tendances sous-régionales et s’efforce d’identifier les besoins spécifiquesqui doivent être satisfaits en priorité. Le résultat de cetteméthode sera développé plus bas.

Stade Critères

1 • Besoins en matière de formation dans la plu-part des domaines de la conservation et de lagestion du patrimoine

• Pas de structures nationales et/ou locales derenforcement des capacités

• Nécessité d’une coopération internationale

2 • Besoins en matière de formation dans certainsdomaines spécialisés de la conservation et dela gestion

• Existence d’instituts nationaux et locaux derenforcement des capacités / formation pro-fessionnelle

• Nécessité d’une coopération internationale

3 • Besoins en matière de formation à la légis-lation sur le patrimoine, à l’utilisation desnouvelles technologies et aux nouvellestechniques de conservation

• Collaboration nationale et sous-régionalepour le renforcement des capacités

4 • Offre de formation sur une base sous-régio-nale et/ou régionale

• Conception de nouvelles techniques deconservation et de nouveaux systèmes de ges-tion et de suivi

Asie du Centre-Ouest

À l’exception de l’Iran, la formation professionnelle estquelque peu sous-développée dans la région, du fait quel’attention des autorités nationales ne s’est portée que très

Graphique 1 : Évaluation des besoins des États parties d’Asie etdu Pacifique en termes de formation et de développement descapacités, selon quatre stades (critères et légende ci-dessus)

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Éducation, information et nouvelles technologies 6

récemment sur le patrimoine naturel et culturel. Lesbesoins de formation identifiés par la plupart des États par-ties se manifestent notamment dans tous les domaines dela conservation et de la gestion du patrimoine, ainsi qu’enarchéologie et en écologie. Ce déficit de capacités profes-sionnelles pour la conservation et la gestion du patrimoineest en contradiction avec l’abondance du patrimoine cul-turel et naturel en Asie centrale.

Les États parties qui rencontrent des problèmes compa-rables ont un fort désir de coopérer dans le domaine durenforcement des capacités. C’est ainsi, par exemple, quedes experts kirghizes ont déjà suivi des ateliers de forma-tion au Kazakhstan, en Iran et au Pakistan, certains de cesateliers étant organisés conjointement par l’UNESCO etl’ICCROM. L’Iran et l’Ouzbékistan souhaitent promouvoirun contact plus intense de leurs experts nationaux avec lestechniques internationales de conservation et de gestion.Ils soulignent, dans le même temps, le grand potentielqu’offre la région pour une connaissance approfondie descaractères spécifiques de l’architecture locale, comme l’ar-chitecture de terre. Pour ce qui concerne cette dernière, unatelier international de formation a été organisé sur cethème à Tchoga Zanbil en 2002, et l’Iran a accueilli la IXeConférence internationale sur l’étude et la conservation del’architecture de terre à Yazd, en novembre 2003.

Asie du Sud

En matière de formation et de développement des capaci-tés, on observe, pour l’Inde et le Pakistan, une divergenceimportante selon que les rapports sont soumis par lesautorités nationales ou par les gestionnaires de sites.Tandis que les autorités nationales reconnaissent l’étendueet la variété des opportunités de formation professionnelleoffertes aux experts locaux et nationaux par l’intermédiairede nombreux instituts, centre de recherches et diplômesuniversitaires – dont la liste, en Inde, est impressionnante–, les gestionnaires de sites ont tendance à mettre l’accentsur les besoins élémentaires de leur personnel, qui englo-bent des besoins de formation à la gestion du patrimoine,aux techniques modernes de conservation, à l’ingénieriedes structures, aux techniques de la sécurité et à diversestechniques d’analyse et de dessin.

On observe dans la sous-région une tendance à doter lessites du patrimoine naturel de meilleurs équipements tech-niques (GIS et techniques de télédétection) et de person-nel plus spécialisé, comme au Bhoutan et au Népal.

« Les États parties à la présente Convention s'efforcent partous les moyens appropriés, notamment par des pro-grammes d'éducation et d'information, de renforcer lerespect et l'attachement de leurs peuples au patrimoineculturel et naturel défini aux articles 1 et 2 de laConvention. »

Convention du patrimoine mondial, article 27

Asie du Sud-Est

Très peu d’États parties de la sous-région ont identifié etdécrit leurs besoins de formation, que ce soit au niveaunational ou à celui des sites. Les demandes de renforce-ment des capacités proviennent principalement des paysde la péninsule indochinoise – Cambodge, Laos et VietNam – et du Myanmar.

Pour ce qui est du patrimoine naturel, l’Indonésie, laMalaisie et la Thaïlande ont mis en place des moyensmodernes de gestion et de suivi, dont les SIG, le GPS et latélédétection, mais leur personnel manque de formation àces outils modernes, dans le cas du parc national deKomodo en Indonésie et des sanctuaires de faune deThung Yai-Huai Kha Khaeng en Thaïlande, ainsi que dansdivers domaines liés à la nature comme « l’exploitationforestière, la biologie, la pêche et les sciences de la mer »(Rapport périodique pour le site d’Ujung Kulon, Section II).

Asie du Nord-Est

La sous-région présente une grande variété dans les capa-cités nationales de formation, entre le manque généraliséd’expertise des spécialistes de la conservation en RPD deCorée et en Mongolie et le approches hautement nova-trices de la conservation qui sont celles du Japon et de laRépublique de Corée, la Chine représentant un stadeintermédiaire dans ce large spectre. Comme l’ont souli-gné, pour la Chine, les rapports nationaux et consacrésaux sites, les besoins élémentaires de formation sont cou-verts par des instituts et des cours de formation nationaux,mais le besoin de formation dans le domaine de la législa-tion relative au patrimoine se fait de plus en plus sentir, demême que s’exprime un besoin croissant, pour les expertschinois, de contacts internationaux.

Le Japon et la République de Corée s’attachent à renforcer lescapacités de leurs voisins, par l’intermédiaire d’organisationstelles que l’ACCU (Centre culturel de l’Asie et du Pacifiquepour l’UNESCO), qui a organisé des cours de formation sous-régionaux et régionaux sur les thèmes suivants :• Analyse et restauration de monuments historiques• Conservation des structures de bois• Préservation et restauration du patrimoine culturel

Le Pacifique

L’écart est grand entre, d’une part, les capacités profes-sionnelles de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, entermes notamment de conservation et de gestion des sitesnaturels, et, d’autre part, celles d’autres pays insulaires duPacifique, qui souffrent d’un manque de formation, definancement et de sensibilisation.

Une fois que le personnel du site est parvenu à un certainniveau de compétences en matière de conservation et degestion, un renforcement efficace et à long terme descapacités de ce personnel n’est possible que par unperfectionnement régulier de ses compétences. À cette

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Éducation, information et nouvelles technologies6

fin, le département de la gestion du patrimoine au minis-tère de l’environnement et du patrimoine, l’organe gou-vernemental chargé des questions de patrimoine mondialen Australie, a organisé, tous les deux ans depuis 1993,des ateliers de deux jours à l’intention des gestionnaires desites du patrimoine mondial. Lors de l’atelier de renforce-ment des capacités pour le Pacifique tenu à Apia (Samoa)en février 2003, les pays insulaires du Pacifique ont insistésur la nécessité de renforcer les capacités professionnellesen collaboration avec les acteurs locaux tels que le PROE(Programme régional océanien de l’environnement) ou laPIMA (Association des musées du Pacifique insulaire).

Si les besoins en termes de formation sont reconnus par laplupart des États parties, seul un petit nombre d’entre euxfournit une liste détaillée des compétences qui doiventêtre améliorées. Cette liste détaillée est fournie par les ges-tionnaires de sites qui souhaitent souligner les besoins spé-cifiques des membres de leur personnel, mais ne reflètepas nécessairement une tendance nationale. Il est doncimportant que les gestionnaires de sites et les expertsnommés par les gouvernements nationaux se réunissentpour définir des actions concertées au niveau nationalet/ou sous-régional.

L’éducation au patrimoine (mondial)

La formation professionnelle et le renforcement des capa-cités sont une des composantes du processus éducatif quimène à une meilleure connaissance du patrimoine mon-dial. L’éducation au patrimoine mondial englobe toute unesérie de méthodes visant à développer l’intérêt et l’impli-cation des jeunes à l’égard des questions de patrimoine engénéral, et du patrimoine mondial en particulier. Dans larégion Asie-Pacifique, le pourcentage de jeunes dans lapopulation totale d’un pays donné est plus élevé que lamoyenne mondiale. De la sorte, si elle est intégrée aux pro-grammes scolaires et si elle débute tôt, l’éducation aupatrimoine mondial pourra avoir un impact substantiel surla préservation à long terme du précieux patrimoine del’humanité, et doit donc être examinée plus avant.

Académie asiatique de gestion du patrimoine

Antécédents et objectifsEn réponse à la demande croissante d’amélioration dela gestion professionnelle des ressources du patrimoineculturel asiatique, l’UNESCO et l’ICCROM ont établil’Académie asiatique de gestion du patrimoine, réseaud’établissements d’enseignement supérieur de toute larégion Asie-Pacifique engagés dans la recherche et l’en-seignement dans les domaines de la conservation et dela gestion du patrimoine. L’objectif principal del’Académie asiatique est de faire progresser l’expertiseen matière de gestion des ressources culturelles dans larégion.

Principes du réseauEn renforçant les liens entre les institutions qui en sontmembres, l’Académie asiatique s’attache à promouvoirles principes suivants :• Inscriptions croisées d’étudiants,• Échanges d’enseignants,• Validation commune des titres,• Base de données commune pour l’information.

Activités du réseau• Les principales activités offertes par l’Académie

asiatique consistent en :• Formations de troisième cycle,• Cours brefs validés par des certificats, portant sur des

compétences spécifiques en gestion,• Cours communs sur le terrain,• Séminaires et ateliers permettant aux professionnels

en exercice de renouveler et de mettre à jour leursconnaissances professionnelles,

• Recherche et publications en collaboration,• Délivrance d’habilitations et de licences,• Cours diplômants à distance (au moyen du Web) pour

professionnels en milieu de carrière.

Les programmes et activités conçus par les membres del’Académie asiatique sont communs et à la dispositionde toutes les institutions impliquées. Pour plus d’infor-mation, voir www.unescobkk.org/culture/asian-academy

Le projet de l’UNESCO « Le patrimoine mondial auxmains des jeunes »

L’idée de concevoir des outils éducatifs pour promouvoir lepatrimoine mondial dans les écoles date de 1994 et rejointl’intuition originale des auteurs de la Convention du patri-moine mondial, qui proposaient de lier la promotion de laConvention et la préservation du patrimoine culturel etnaturel national (cf. article 27 de la Convention du patri-moine mondial). Le projet de l’UNESCO de « participationdes jeunes à la préservation et à la promotion du patri-moine mondial » a été mis en place en collaboration avecle secteur de l’Éducation de l’UNESCO, à l’aide du Réseaudu système des écoles associées de l'UNESCO (RéSEAU).

Le kit d’éducation au patrimoine mondial intitulé Le patri-moine mondial aux mains des jeunes a été traduit dans leslangues d’Asie-Pacifique suivantes : chinois, bahasa, japo-nais, laotien, ourdou, ouzbek, russe et vietnamien. Des tra-ductions en coréen, hindi et tagalog sont actuellement encours. Cependant, les rapports nationaux de certains despays pour lesquels existe une traduction en langue natio-

Les Écoles de formation sur sitede l’Académie asiatique :• 2003: Macao• 2004: Inde• 2005: Viet Nam• 2006: Australie

nale (l’Inde et la Pakistan, par exemple) ne mentionnentpas toujours l’utilisation de ce kit. L’Asie du Sud-Est et lespays insulaires du Pacifique se montrent particulièrementactifs pour développer l’usage du kit et pour former lesenseignants à son utilisation et à son adaptation aux situa-tions locales. Dans certains pays, le kit a même été adaptépour exploiter abondamment les exemples nationaux dupatrimoine mondial, comme les parcs de Tongariro et TeWahipounamu en Nouvelle-Zélande.

Intégration de l’éducation au patrimoine dans lesprogrammes scolaires

Lorsque le kit éducatif n’est pas employé, les États partiesont déjà intégré l’éducation au patrimoine dans leurs pro-grammes scolaires, ou prévoient de le faire. Cependant, leniveau de la scolarité auquel doit être introduite l’éduca-tion au patrimoine fait l’objet d’un débat informel. Sur les30 % d’États parties d’Asie-Pacifique qui ont introduitl’éducation au patrimoine dans leurs programmes scolairesofficiels, plus de la moitié mettent en œuvre ces pro-grammes éducatifs spéciaux au niveau secondaire. Auniveau primaire, l’éducation au patrimoine mondial estprincipalement axée sur le patrimoine naturel, en particu-lier au Bhoutan et au Sri Lanka. Au niveau universitaire,l’éducation au patrimoine mondial est ordinairementincorporée au cursus des étudiants en archéologie, en his-toire de l’art ou en architecture, comme en Australie, enChine ou au Kirghizistan.

Il faut inférer des réponses des États parties que, lorsqu’ilsne l’ont pas indiqué clairement, l’éducation au patrimoinedispensée ne concerne pas les biens du patrimoine mon-dial en tant que tels. L’élaboration de programmes sco-laires pouvant être souvent un processus long et fastidieux,il importe de proposer une éducation intégrée consacréeaux biens du patrimoine mondial, au moyen par exempledu kit éducatif sur le patrimoine mondial.

L’éducation au patrimoine sur site et hors site

L’intégration de l’éducation au patrimoine dans les pro-grammes scolaires n’est pas la seule façon de promouvoirle patrimoine mondial ou, de manière générale, le patri-moine national. Des activités sur site, comme des visitesguidées à l’intention des enfants (Chine, Pakistan), la par-ticipation des enfants à des concours de dessin (Inde,Japon) ou des attractions spécialement destinées auxenfants sur les sites contribuent à rendre les biens du patri-moine mondial plus familiers aux enfants de tous les âges.Les fêtes locales, qu’elles se déroulent sur le site ou en-dehors de celui-ci, contribuent également à l’intégrationdu patrimoine mondial dans un environnement culturel etsocial d’ensemble.

Parmi les nombreuses activités décrites par les États partiesde la région, il convient de relever les suivantes :• En Inde, pour promouvoir le patrimoine mondial naturel

auprès des jeunes générations, des « éco-clubs » ont étécréés dans tout le pays en tant que « système proactif non

formel visant à impliquer les enfants des écoles dans l’édu-cation à la conservation » (Rapport périodique, Section I) ;

• Au Japon, chaque école est encouragée à élaborer sonpropre matériel éducatif consacré au patrimoine mondial ;

• En Nouvelle-Zélande, le ministère de l’éducation a mis enplace l’initiative « LEARNZ », programme interactif d’éduca-tion sur ordinateur pour les écoles de Nouvelle-Zélande, quicomprend des modules consacrés aux parcs nationaux de TeWahipounamu et Tongariro (Rapport périodique, Section I).

Information et sensibilisation

L’article 27 de la Convention du patrimoine mondial sou-ligne la nécessité de « programmes d’éducation et d’infor-mation » pour assurer le respect et l’attachement despeuples au patrimoine mondial de leur pays. D’un point devue général, beaucoup a été fait pour la sensibilisation aucours des dernières années. Des programmes tels que «Les écoles adoptent un monument » ou « La ville sous laville », ainsi que la couverture médiatique croissante desbiens du patrimoine mondial et les activités de sensibilisa-tion qui leur sont consacrées ont contribué à un sentimentmondial de fierté et de respect à l’égard de cet incompa-rable patrimoine de l’humanité.

Quelle est aujourd’hui la situation dans la région Asie-Pacifique ? Les caractéristiques de certains des sites de larégion, comme ceux qui sont administrés par les autoritésreligieuses, situés dans des territoires autochtones ouconsistant en un patrimoine vernaculaire appartenant à unpropriétaire privé, font de la sensibilisation une questionparticulièrement délicate et importante.

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Éducation, information et nouvelles technologies 6

Graphique 2 : Pourcentage d’États parties d’Asie-Pacifiqueutilisant le kit éducatif sur le patrimoine mondial, par sous-région et pour la région

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Le kit éducatif sur le patrimoine mondial dans ses versionsindonésienne et chinoise

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Éducation, information et nouvelles technologies6

Diffusion de l’information sur les questions de patri-moine mondial

Les autorités nationales et locales utilisent des moyens dif-férents de diffusion de l’information pour renforcer la sen-sibilisation aux questions de patrimoine mondial. Tandisqu’à l’échelle nationale, les campagnes médiatiques sontorganisées et diffusées à la télévision et à la radio, les auto-rités locales préfèrent les projets à petite échelle, commeles expositions de photos ou la publication de plaquetteset de brochures ou de guides d’information. Lors de laréunion régionale de consultation tenue au siège del’UNESCO en mars 2003, les représentants de vingt-cinqÉtats parties asiatiques ont convenu qu’une plus grandeattention devait être accordée à la télévision (Star TV, UNTV, etc.) pour la sensibilisation des adultes et des enfants,parallèlement à un accroissement souhaitable des publica-tions consacrées au patrimoine mondial, en ligne et sur lessites, à l’échelle tant nationale que mondiale.

Les timbres, cartes postales et monnaies sont une manièrecourante et économique de promouvoir le patrimoinemondial du pays et sont évoqués comme des moyens depromotion du patrimoine mondial par le Bangladesh, laChine, l’Inde, le Japon, le Népal et l’Ouzbékistan.Certaines autorités locales ou nationales proposent desidées promotionnelles originales :• Le Kirghizistan a organisé un marathon télévisé pour col-

lecter des fonds en vue de la conservation du patrimoinenational et de biens potentiels du patrimoine mondial ;

• La République de Corée a publié en 1997 une Charte dupatrimoine culturel pour sensibiliser le public au patri-moine exceptionnel de la nation ;

• À Luang Prabang (Laos), une « Maison du patrimoine »a été créée en 1995 en coopération avec l’UNESCO,l’Union européenne et le gouvernement laotien. La fonc-tion principale de cette institution est de délivrer les per-mis de construire et de dispenser des conseils sur lalégislation relative au patrimoine et la réhabilitation dupatrimoine vernaculaire.

Si élaborée que soit cette diffusion de l’information sur lesquestions de patrimoine mondial, elle ne remplacera jamaisune signalétique simple et complète sur un site du patri-moine mondial. De nombreux États parties d’Asie et duPacifique sont encore dépourvus d’outils adéquats pour lamise en valeur de leurs biens du patrimoine mondial. Cebesoin d’une meilleure signalétique sur les sites est reconnupar le Sri Lanka à propos de la vieille ville de Galle et de sesfortifications, et le Fonds du patrimoine mondial a fourni uneassistance internationale pour améliorer la signalétique dessites du patrimoine suivants dans la région Asie-Pacifique :Taxila, les jardins de Shalimar et le Fort de Lahore (tous deuxau Pakistan) et le Darjeeling Himalaya Railway (Inde).

Malgré des moyens plus visuels et interactifs de diffusion de l’in-formation sur la Convention du patrimoine mondial et les biensde la région, la sensibilisation passe encore, dans des proportionsprépondérantes, par le papier. En ce sens, il reste beaucoup àfaire pour traduire les documents officiels relatifs au patrimoine

mondial – la Convention elle-même, les Orientations devant gui-der sa mise en œuvre, les principes de gestion, etc. – dans leslangues nationales d’Asie et du Pacifique.

Analyse des activités de promotion du patrimoine en Ouzbékistan

Depuis sa ratification de la Convention du patrimoinemondial en 1993, l’Ouzbékistan se montre un État par-tie actif, avec quatre sites du patrimoine mondial cultu-rel inscrits (Itchan Kala, Boukhara, Shakhrisyabz etSamarkand). L’inscription de ces sites s’est accompa-gnée d’activités promotionnelles telles que des pro-grammes de télévision et de radio et l’émission depièces de monnaie et de timbres spéciaux.

Promotion de l’éducation au patrimoine mondial

La vidéo « Le patrimoine mondial aux mains des jeunes »et le kit éducatif sur le patrimoine mondial ont été tra-duits en ouzbek et diffusés dans le pays par l’intermé-diaire du Réseau du système des écoles associées del'UNESCO (RéSEAU). Le programme scolaire national pré-voit dix heures par semaine de cours sur le patrimoineculturel. Entre 1997 et 2002, la Commission nationaleouzbek pour l’UNESCO a organisé des camps annuelspour la jeunesse d’Asie centrale, à l’intention des élèveset des enseignants du secondaire des écoles du RéSEAUdu Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et del’Ouzbékistan, dans le but d’introduire dans les classesl’éducation au patrimoine mondial et d’encourager lesjeunes à participer à la conservation du patrimoine.

Relier le patrimoine matériel et le patrimoineimmatériel

La ville de Boukhara a reçu le Prix UNESCO Villes pour lapaix 2000-2001, qui a rendu hommage à l’initiative prisepar la municipalité pour stimuler l’activité des musées, revi-taliser les artisanats traditionnels, développer le tourismeculturel et réhabiliter le centre historique de la ville.En 2001, l’« Espace culturel du district Boysun », l’un deslieux habités les plus anciens au monde, a été désigné parl’UNESCO comme chef-d’œuvre du patrimoine oral etimmatériel de l’humanité. Ses rituels traditionnels repré-sentent un facteur vital d’identité culturelle, de promotionde la créativité et de préserva-tion de la diversité culturelle.Ignorées par la politique cultu-relle de l’ère soviétique, les tra-ditions culturelles revivent àl’occasion de fêtes folkloriquesouvertes, soutenues par unprojet de l’UNESCO financé pardes fonds-en-dépôt et consacréà des inventaires et des étudesuniversitaires sur l’espace culturel Boysun.

Vue d’une mosquée de Boukhara, Ouzbékistan

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Sensibilisation des partenaires locaux et nationaux

Au cours des dernières années, le Comité du patrimoinemondial et les Organisations consultatives (ICOMOS, UICN,ICCROM) ont souligné l’importance qu’il y a à encouragerla participation des communautés locales à la mise envaleur et à la conservation des biens du patrimoine mon-dial, ainsi qu’une plus grande consultation des partenaireslocaux concernés lors de la préparation des plans de ges-tion. En Asie et dans le Pacifique, l’Exercice des rapportspériodiques a fait apparaître que les campagnes de sensibi-lisation visent quatre cibles principales – à l’exclusion desjeunes, dont il a déjà été question – : les communautés reli-gieuses, les décideurs politiques nationaux et régionaux, lespeuples autochtones et les communautés locales.

Un nombre non négligeable de biens du patrimoine mon-dial asiatique sont des sites sacrés ou étroitement liés à lavie culturelle quotidienne des communautés locales. Leursgardiens traditionnels sont donc une cible prioritaire desprogrammes d’information et des campagnes médiatiques.Les gardiens religieux, en particulier, comme dans lestemples et églises protégés d’Inde, du Sri Lanka, duCambodge, de Thaïlande, des Philippines, de Chine et duJapon, ont souvent besoin d’une formation spéciale sur lasignification de l’inscription sur la Liste du patrimoine mon-dial et sur la politique de conservation qui accompagne –et, partant, garantit – ce statut. En Thaïlande, les moines etles laïcs sont régulièrement formés aux techniques de basede la conservation de l’architecture religieuse historique.Aux Philippines, où la gestion des églises baroques relèvede l’Église catholique, de vastes campagnes de sensibilisa-tion sont organisées à l’intention des prêtres.

Les principaux responsables politiques nationaux et lesdécideurs régionaux sont la seconde cible des campagnesde sensibilisation. Le besoin d’une meilleure informationdes décideurs a été reconnu par les États parties d’Asie duSud-Est et d’Asie du Nord-Est et par les petits États insu-laires du Pacifique. Les activités en ce sens sont égalementrecommandées au niveau régional ou, du moins, auniveau sous-régional, mais aucun des États parties qui pro-meuvent cette idée n’a fourni d’exemple de table ronderéunie à haut niveau pour décider d’une stratégie d’en-semble de sensibilisation à l’échelle régionale.

Les peuples autochtones ne doivent pas seulement êtreconsidérés comme des partenaires locaux, mais ils doiventêtre consultés sur les moyens les moins dommageables deprotéger et préserver les biens du patrimoine mondialqu’ils partagent désormais avec le reste du monde. Dansle Pacifique, une meilleure participation des peuplesautochtones à la gestion des biens du patrimoine mondialest une priorité majeure. Dans d’autres pays de la région,la participation des communautés autochtones ou eth-niques doit être développée au niveau des sites pour lebénéfice de tous.

Enfin, le travail acharné accompli par les ONG pour sensi-biliser les populations locales aux questions du patrimoinemondial et pour offrir aux partenaires locaux un forum oùils puissent exprimer leurs besoins et leurs désirs doit êtrereconnu et encouragé. Le rapport de l’Australie nous rap-pelle que « les ONG ont contribué substantiellement àl’identification et à la gestion des biens du patrimoinemondial de l’Australie » (Rapport périodique, Section I).Des pays comme le Myanmar, les Philippines, la Thaïlandeou le Japon soulignent le rôle des ONG et des comitéslocaux du patrimoine mondial dans la sensibilisation tantdes communautés locales que des décideurs politiquesnationaux, tandis que d’autres pays, comme la Mongolieet le Sri Lanka, s’attachent à renforcer la participation desONG aux campagnes de diffusion de l’information organi-sées par les autorités nationales.

Les informations fournies sur les activités de sensibilisationsont généralement plus concises dans les rapports consa-crés aux sites. Au niveau national, les activités tendent à selimiter à des séminaires, des publications et/ou des pro-grammes universitaires. Cela ne signifie pas qu’il ne faillepromouvoir que des initiatives locales. Les deux approches,nationale et locale, sont complémentaires et répondent àdes besoins différents.

Le recours aux nouvelles technologies de l’in-formation pour la conservation et la promo-tion du patrimoine mondial dans la région

L’examen des rapports nationaux et spécifiques aux sitesde la région Asie-Pacifique fait apparaître une grande dis-parité entre les États parties, mais également entre les sitesculturels et naturels, quant à leur accès aux nouvelles tech-

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Graphique 3 : Accès aux nouvelles technologies sur les sites – biens du patrimoine culturel

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Utilisation de SIG

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nologies et à l’utilisation de celles-ci. L’accès aux ordina-teurs et à l’Internet n’implique pas nécessairement lerecours à un enregistrement électronique perfectionné ni àdes systèmes de gestion de la documentation et de l’infor-mation, comme les systèmes d’information géographique(SIG), la mesure de distance électronique (EDM) sansréflecteur ou l’imagerie par satellite. Les réponses des Étatsparties reflètent parfois des politiques radicalement diffé-rentes de mise en œuvre des nouvelles technologies del’information dans le domaine de la conservation et de lagestion du patrimoine.

Les nouvelles technologies pour l’identification et laconservation du patrimoine mondial

Dans les réponses au questionnaire de la majorité des États par-ties, il semble que l’accès aux technologies de l’information neconcerne que les autorités gestionnaires et leur personnel. Enréalité, dès le stade de l’identification, les nouvelles technologiesfacilitent grandement le travail des architectes, archéologues etautres professionnels, en leur permettant d’être plus attentifs àla conservation des biens potentiels du patrimoine mondial.

Les SIG sont la technique de cartographie non-destructivela plus couramment employée par les États parties d’Asie-Pacifique. 10 % des autorités gestionnaires du patrimoinemondial culturel et 34,4 % de celles qui gèrent le patri-moine naturel et mixte déclarent utiliser les SIG à des finsde gestion et de suivi. Les États parties qui recourentactuellement aux SIG sont notamment l’Iran, l’Inde, leNépal, le Sri Lanka, le Cambodge, l’Indonésie, lesPhilippines, le Viet Nam, la Chine et l’Australie. Toutefois,près de 30 % des rapports consacrés à des sites ne répon-dent pas à la question relative à l’emploi des SIG, ce quipeut aussi bien exprimer une méconnaissance de la termi-nologie qu’un manque d’intérêt pour ces techniques et/ouune ignorance de leur existence. Certains États partiesd’Asie-Pacifique expriment un fort désir de développerleurs capacités dans le domaine des SIG et d’autres tech-niques de cartographie non-destructive, particulièrementau Sri Lanka, au Pakistan, au Laos, en Indonésie, en Chineet en Nouvelle-Zélande.

Avant même les besoins de formation à ces technologiesutiles dans le domaine de la gestion et du suivi du patri-

moine mondial, il faut examiner les besoins élémentairesd’équipement : logiciels appropriés, matériel et accès àl’Internet. 63,6 % seulement des gestionnaires de sitesculturels et 84,4 % des gestionnaires de sites naturels etmixtes ont accès à des ordinateurs et, pour certains d’entreeux, cet accès n’est possible qu’au bureau régional ounational de l’agence gouvernementale dont ils relèvent,comme c’est, par exemple, le cas en Inde. Ce manque dematériel élémentaire pour la gestion et l’entretien quoti-diens des sites empêche l’utilisation de bases de donnéesde gestion et de systèmes élaborés de gestion de l’infor-mation. Il faut également s’intéresser aux différences dansl’accès aux nouvelles technologies de l’information et àleur utilisation entre sites naturels et culturels (cf. ci-dessusles graphiques 3 et 4).

L’accès à l’Internet sur les sites gagne du terrain dans larégion. Toutefois, ce ne sont encore que moins de la moitiédes sites culturels et 76 % des sites naturels et mixtes quibénéficient de communications rapides par l’intermédiairedu courrier électronique. Bien que les gestionnaires de sitesne le considèrent pas comme une priorité, l’accès àl’Internet ne doit pas être négligé, en ce qu’il contribue àrenforcer les communications entre les organismes natio-naux et locaux de conservation du patrimoine, ainsi qu’entreles autorités des sites et la communauté internationale dupatrimoine mondial. Les États parties d’Asie du Nord-Estsont particulièrement intéressés par la mise en place d’unréseau de gestionnaires de sites de la sous-région afin demettre en commun leur expertise et de présenter de bonsexemples de gestion et de suivi des biens du patrimoinemondial. D’autres s’entendent pour mettre en place desréseaux régionaux d’échange de professionnels en créantdes bases de données ou des listes d’experts en ligne.

S’il est possible de ne pas considérer les nouvelles tech-nologies de l’information comme des outils indispen-sables de la gestion et du suivi des biens du patrimoinemondial, elles n’en contribuent pas moins à créer uneffet démultiplicateur au niveau des sites en élargissantles possibilités des gestionnaires de sites, notammentlorsqu’il serait possible de traiter conjointement, plutôtqu’au cas par cas, des situations similaires dans le cadrede la sous-région.

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Éducation, information et nouvelles technologies6

Graphique 4 : Accès aux nouvelles technologies sur les sites – biens du patrimoine naturel

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Pas d’information

Accès à un ordinateur personnel

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Oui

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Accès à l’Internet

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Utilisation de SIG

28,1%

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Éducation, information et nouvelles technologies 6

Les nouvelles technologies pour la mise en valeur etla promotion du patrimoine mondial

Seule la Thaïlande, dans ses rapports par site, précise clai-rement si l’accès aux technologies de l’informationconcerne les autorités gestionnaires du site ou les visiteurs.Les États parties décrivent généralement leurs stratégies demise en valeur et de promotion sous la rubrique « Gestiondes visiteurs » de la Section II ou dans la Section I.

Terminaux multimédias et écrans tactiles peuvent améliorerla mise en valeur des biens du patrimoine sur le site même.Proposer sur place un accès au site Web du bien concernépermet aussi d’offrir facilement aux visiteurs une informa-tion complémentaire et variée. Des publications électro-niques et une distribution gratuite de CD-ROM contribuentégalement à la promotion des biens du patrimoine en-dehors du site. Une fois acquises l’infrastructure et les com-pétences en matière de technologies de l’information, ladiffusion électronique de l’information est un moyen éco-nomique et attrayant de mettre en valeur et de promouvoirle patrimoine exceptionnel d’un site. C’est notamment auCambodge, en Chine, en Australie et en Nouvelle-Zélande,où se manifeste une attitude proactive envers les nouvellestechnologies, que les autorités nationales et les gestion-naires de sites bénéficient de tels moyens de promotion.

Les exigences à long terme de la conservation et de la ges-tion du patrimoine mondial peuvent elles aussi être satis-faites à l’aide d’outils électroniques ou numériques. Lanumérisation d’archives et de documents importantsgarantit la mémoire institutionnelle d’un site et aide les ges-tionnaires de site à analyser les tendances antérieures de laconservation et de la gestion du site qu’ils gèrent. Dans larégion, l’Indonésie est le pays le plus avancé dans la numé-risation des informations archivées. La conception de basesde données à des fins de gestion et de suivi doit égalementêtre encouragée. Les systèmes de données relatives auxvisiteurs utilisés en Australie, la base de données informati-sée sur l’art rupestre d’Asie centrale mise en place par leKazakhstan en collaboration avec l’UNESCO et le fonds-en-dépôt norvégien, ou le système d’information pour la ges-tion urbaine utilisé pour la vallée de Kathmandu, au Népal,sont autant d’exemples de la contribution positive que lestechnologies peuvent apporter pour permettre unemeilleure compréhension d’un bien du patrimoine mondialet aider les autorités gestionnaires à garder trace de lamémoire institutionnelle de ce site.

Les systèmes d’information géographique et lepatrimoine mondial asiatique

Depuis 1995, le Centre du patrimoine mondial del’UNESCO et le Conseiller régional de l’UNESCO pour laCulture en Asie et dans le Pacifique mènent un projetpilote sur cinq villes d’Asie du Sud-Est (étendu à l’Asie duSud), qui a pour objet d’impliquer la ville toute entièredans le processus de conservation et de protection.

Les systèmes d’information géographique (SIG) sont uti-lisés sur les sites du patrimoine mondial suivants, inscritsou potentiels, en vue de l’identification et de la gestiondes ressources culturelles :• Angkor, Cambodge• Vat Phou et le paysage culturel de Champassak,

République démocratique populaire lao• Plaine des Jarres, République démocratique populaire

lao• Darbar Square de Patan, Vallée de Kathmandu, Népal• Rizières en terrasse des cordillères des Philippines,

Philippines• Ville historique de Sukhothaï, Thaïlande• Ensemble de monuments de Huê, Viet Nam• Mi-Sön, Viet Nam

On trouvera ci-dessous des extraits du rapport élaborépar le Conseiller régional de l’UNESCO pour la Cultureen Asie et dans le Pacifique sur la mise en œuvre duprojet pilote « LEAP - Développement communautaireintégré et sauvegarde des sites du patrimoine culturelgrâce à l'initiative locale en Asie et dans le Pacifique »,pour ce qui concerne notamment l’usage des SIG.

La conception d’outils de gestion faciles d’emploi, maisnéanmoins à jour, et la formation des gestionnaireslocaux à l’utilisation de ces outils sont des composantesessentielles du succès pour tout programme de gestioncommunautaire locale des sites du patrimoine. Laconception d’outils de gestion faciles à utiliser, tels queles SIG, répond à un double objectif :

1. Aider les gestionnaires locaux à inventorier et docu-menter leur site, à classer les bâtiments destinés àêtre préservés, restaurés et adaptés pour une réutili-sation, et disposer d’une vue d’ensemble des besoinsde conservation du site. Ce faisant, ils seront aussi

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eCartographie SIG utilisée pour la Citadelle de Huê etles monuments associés

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Éducation, information et nouvelles technologies6

mieux à même de hiérarchiser et de satisfaire lesbesoins des communautés qui vivent sur ces sites etde collaborer avec elles à la conception des activitéset des plans qu’elles envisagent ;

2. Donner directement aux gestionnaires locaux la maî-trise et une connaissance de la gestion du patrimoineen leur assurant la formation, l’expertise technique etl’équipement nécessaires. La formation aux SIG assu-rée par le projet en vue de la conception d’outils degestion s’est concentrée sur cinq domaines clés :• Formation à l’analyse des besoins de données, au

niveau tant macro (par zone) que micro (par structureparticulière) ;

• Introduction de systèmes simples donnant accès auxSIG, susceptibles d’être gérés d’une manière indépen-dante par des utilisateurs novices sur des ordinateursportables bon marché et alimentés par des batteries.De la sorte, les gestionnaires seront en mesure de sai-sir et de gérer des informations spatiales et à saisirdirectement sur le terrain les données relatives aupatrimoine. Ils pourront ainsi mieux « s’approprier » lesystème ;

• Renforcement des capacités en vue d’améliorer lescompétences des gestionnaires de sites et des institu-tions auxquelles ils appartiennent en matière de docu-mentation du patrimoine ;

• Renforcement des organismes locaux de gestion(bureaux, unités de travail) leur permettant d’acquérirles compétences nécessaires, en vue de soutenir etd’assurer le succès de la mise en œuvre ultérieure detechnologies complémentaires et améliorées. À cettefin, une formation à l’informatique a été organisée etles organismes concernés ont reçu une assistance pourla mise en place de systèmes élémentaires de docu-mentation ;

• La construction d’un système « ouvert », c’est-à-direqui satisfasse les besoins de données d’utilisateursfinaux aussi divers que possible. Le coût de mise enœuvre d’un SIG, si simple soit-il, supposant un investis-sement en capital relativement important (de l’ordrede 10 000 à 30 000 dollars des États-Unis), il importequ’il réponde aux besoins d’une large gamme d’insti-tutions et d’organisations locales.

Conscients de leurs limites, les États parties de la régionn’en ont pas moins exprimé sans ambiguïté leur intérêtcroissant pour le potentiel des nouvelles technologies del’information appliquées à l’identification, à la conserva-tion, à la gestion et à la promotion du patrimoine. Puisquenous ne pouvons que « préserver ce que nous aimons, […]aimer ce que nous comprenons et […] comprendre ce quenous avons appris »8 , le processus d’apprentissage est lapièce maîtresse de la pyramide de la sensibilisation et durenforcement des capacités que l’UNESCO, le Centre dupatrimoine mondial et les organisations consultatives s’at-tachent à promouvoir dans le monde entier. À l’heure oùles biens du patrimoine mondial d’Asie-Pacifique sont deplus en plus en plus souvent sous le feu des projecteurs, etpas toujours pour des raisons glorieuses, la Convention dupatrimoine mondial reste méconnue de bien des habitantsde la région. Diffuser une information sur ses objectifs, sesfondements juridiques et ses réalisations historiquesdevrait être la première étape de toute campagne localeet/ou nationale d’information et de promotion.

8. Expression rappelée par M. Christoph Hauser, Directeur du départe-ment de la programmation culturelle à la SudWest Rundfunk (SWR),Allemagne, lors du congrès international organisé à l’occasion du30e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial du 14 au16 novembre 2002 à Venise, Italie.

Ressources et partenariats pour la conservation

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Lijiang, Chine

© UNESCO

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Bien que reconnus pour leur valeur universelle excep-tionnelle, de nombreux biens du patrimoine mondialde la région Asie-Pacifique se heurtent encore à desobstacles financiers et techniques considérables. Ungrand nombre de rapports périodiques de la Section Iet de la Section II déclarent que les biens du patri-moine mondial d’Asie dépendent encore largementdu budget ordinaire des États pour financer leur per-sonnel et le reste de leurs coûts d’entretien. Dans lemême temps, les rapports indiquent aussi que le fluxd’assistance internationale fourni par le Fonds dupatrimoine mondial, les ressources extrabudgétairesmobilisées par le Centre du patrimoine mondial et laDivision du patrimoine culturel de l’UNESCO, ainsique par de nombreuses sources de financement bila-térales et multilatérales continuent d’apporter unesécurité financière vitale à de nombreux biens dupatrimoine mondial naturel et culturel.

Les ressources nationales et régionalespour les biens du patrimoine mondial

Préserver et promouvoir un bien du patrimoine mondial,entretenir sa valeur universelle exceptionnelle et assurerson authenticité et son intégrité est une mission coûteuse,qui requiert à la fois un financement régulier pour l’entre-tien quotidien et un financement plus conséquent dansdes situations d’urgence telles que des catastrophes natu-relles ou des conflits.

Le manque d’information détaillée quant aux mécanismesde financement locaux et nationaux qui s’appliquent auxbiens du patrimoine mondial – et, plus spécifiquement, lemanque de chiffres dans les rapports périodiques natio-naux et par site reçus des États parties d’Asie-Pacifique –rendent impossible une étude approfondie de la situationactuelle dans la région. Le financement laisse toutefois dis-tinguer certaines tendances, ainsi que des exemples deremarquables réussites financières.

Les types de mécanismes locaux et nationaux definancement du patrimoine mondial

Divers mécanismes de financement sont utilisés par lesÉtats parties d’Asie-Pacifique pour assurer des allocationsbudgétaires adéquates à leurs sites du patrimoine mondial.Le mécanisme le plus répandu dans la région reste le finan-cement public. C’est particulièrement le cas pour le patri-moine culturel d’Asie du Sud, où la plus grande partie desfonds affectés au personnel, à la conservation et à la pro-motion des biens du patrimoine mondial est allouée régu-lièrement par les autorités gouvernementales, qu’il s’agissed’un département ministériel comme le Department ofArcaheology au Népal ou l’Archaeological SurveyDepartment à Sri Lanka, ou d’une entité semi-autonomedépendant directement du gouvernement central, commel’Archeological Survey of India (ASI) en Inde. Bien que lefinancement par l’État ait de nombreux avantages, ungrand nombre de gestionnaires de sites de la région asia-tique le jugent insuffisant pour répondre aux besoins de

conservation et de gestion des biens du patrimoine mondial.En Asie du Centre-Ouest, le caractère souvent limité dufinancement d’État ne permet aucune planification à longterme de la préservation du patrimoine mondial et force lesgestionnaires de sites à rechercher des financements com-plémentaires au niveau local ou international.

Dans une perspective régionale, le financement par l’Étatest jugé insuffisant pour couvrir les dépenses liées à laconservation et à la gestion des sites, à l’exception de cer-tains biens du patrimoine naturel et mixte d’Asie du Nord-Est et de certains biens du patrimoine naturel du Pacifique.

L’encaissement des revenus du tourisme est un moyenrelativement sûr de réunir des fonds pour les biens dupatrimoine mondial, à condition que les investissementsinitiaux nécessaires aient été réalisés dans le domaine desinfrastructures touristiques de base. Dans certains cas, lesdroits d’entrée sont la première source de financement del’autorité gestionnaire d’un site du patrimoine mondial,avant le financement par l’État. En Chine, en Républiquede Corée et au Japon, les importants revenus du tourismesont souvent alloués à la restauration du site lui-même,mais les fonds peuvent aussi être réinvestis immédiate-ment en vue de futurs revenus d’investissement. Les droitsd’entrée ne doivent pas être considérés seulement commeun moyen d’assurer à un bien du patrimoine mondial unfinancement minimal : pour les biens en péril ou fragiles,l’existence d’un droit d’entrée significatif peut être utiliséepour contrôler la pression des visiteurs sur le site et servird’élément dissuasif au développement du tourisme demasse au sein de la zone protégée. Au Sri Lanka, où lebudget consacré au patrimoine mondial est administréconjointement par l’Archaelogical Survey Department(ASD) et le Central Cultural Fund (CCF), 75 % des recettesdu CCF, provenant principalement des entrées et de sub-ventions, sont consacrées à la protection du patrimoine età des mesures y afférentes, tandis que l’ASD assure unfinancement adéquat des autorités gestionnaires des sites.

Il convient de développer lerecours aux droits d’entréecomme alternative au finance-ment par l’État, car la plupart desfinancements reçus des autoritéspubliques locales ou nationalessont destinés à financer le person-nel et les locaux de l’autorité ges-tionnaire. Toutefois, pour les biensqui ont mis en place un méca-nisme de perception des revenusdu tourisme, le pourcentage desfonds alloués directement à l’au-torité gestionnaire locale pour laconservation et la restauration dessites est jugé insuffisant par lesgestionnaires de sites. ÀKathmandu, par exemple, comptetenu du fait que le budget annuel consacré par l’État aux septzones de monuments était en 2002 de 95 000 dollars des

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© UNESCO / J. Okahashi

Travaux de restauration du sanctuaire dePratapur à Swayambunath, Vallée deKathmandu, Népal, financés par des fondsnationaux et internationaux

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États-Unis, une augmentation de « l’efficacité du droit d’entréeacquitté par les touristes serait souhaitable », selon l’autoritélocale gestionnaire du site (Rapport périodique, Section II).

D’autres mécanismes de financement sont notamment lesfonds apportés par les forces armées (dans le cas de certainsbiens du patrimoine naturel en Inde et au Népal) ou par lesecteur privé, les bourses et dons, les prêts accordés auniveau national et international, les fonds provenant desrevenus d’activité et les produits des investissements, voirel’aide bilatérale ou internationale. Aucun de ces méca-nismes ne peut être négligé a priori et les États parties sontinvités à se concerter avec les partenaires locaux et les ges-tionnaires de sites pour établir un plan de financement quiassure des ressources durables pour la conservation et lapromotion à long terme des biens du patrimoine mondial.

Une coopération financière régionale pour lepatrimoine mondial ?

Jusqu’à une date très récente, la coopération financièrerégionale en matière de patrimoine mondial se limitait àdes accords bilatéraux entre le Japon, l’Australie et le restede la région Asie-Pacifique. Aujourd’hui, le besoin demécanismes régionaux de perception de revenus est deplus en plus largement reconnu. Lors d’une réunion deconsultation de tous les États parties d’Asie tenue en mars2003 à Paris, diverses solutions ont été suggérées en vued’accroître les capacités financières régionales destinées àla conservation du patrimoine mondial. Les pays d’Asie duSud-Est ont suggéré d’utiliser l’assistance internationaledu Fonds du patrimoine mondial comme fonds d’amor-çage afin de catalyser des financements auprès d’organi-sations de coopération régionale telles que l’Associationdes nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ou de la Banqueasiatique de développement (BAsD). Les représentants dela Chine, de la République de Corée et du Japon ont pro-posé la création d’un mécanisme financier (fonds-en-

dépôt ou obligations) pour accroître les ressources consa-crées au patrimoine dans la sous-région.

Bien que les États parties d’Asie-Pacifique soient favorablesà la coopération régionale pour améliorer la protection dupatrimoine mondial, très peu d’initiatives concrètes ont étélancées à ce jour. Le Point focal Asie-Pacifique, mis en placepar le gouvernement australien pour faciliter les échangesentre les gestionnaires de sites et les autorités nationalesresponsables du patrimoine dans la région, pourrait repré-senter une première étape dans le développement de liensfinanciers renforcés entre les pays d’Asie et du Pacifique.Pour ce qui concerne le patrimoine naturel et mixte, des ini-tiatives régionales ont été mises en place avec l’aide dedonateurs internationaux tels que le FEM du PNUD ou laFondation pour les Nations Unies (UNF).

Les opportunités régionales de financement étant toutefoislimitées, la plupart des États parties souhaiteraient seconcentrer prioritairement sur l’assistance internationale.Celle-ci devrait être consacrée d’abord aux priorités natio-nales, mais ne devrait pas négliger les approches régionalesou sous-régionales en vue du financement de la conserva-tion du patrimoine. D’une manière significative, laRépublique de Corée a insisté sur le fait qu’« il est néces-saire de renforcer la coopération internationale pour préve-nir les dommages que pourraient subir les biens culturelsd’autres nations » (Rapport périodique, Section I). LaConvention du patrimoine mondial est, somme toute,conçue comme un instrument en faveur de la coopérationinternationale pour la conservation, la gestion et la promo-tion du patrimoine d’une valeur universelle exceptionnelle.

L’assistance internationale accordée par leFonds du patrimoine mondial

L’article 22 de la Convention du patrimoine mondialindique que l’« assistance internationale » accordée par le

Graphique 1 : Assistance internationale accordée par le Fonds du patrimoine mondial, par État partie d’Asie et du Pacifique, 1978-2002

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Montant approuvé en dollars des États-Unis Nombre de biens du patrimoine mondialNombre de biens du patrimoine mondial

Comité du patrimoine mondial peut prendre de nom-breuses formes différentes, notamment celles d’étudestechniques, de mise à disposition d’experts, de formationdu personnel sur le terrain, de fourniture d’équipement etd’octroi de prêts à faible taux d’intérêt. Les effets de cetteassistance ont été fondamentaux pour les progrès de lasensibilisation et l’application de la Convention dans lesnouveaux États parties de la région Asie-Pacifique. Bonnombre de républiques d’Asie centrale et de pays insu-laires du Pacifique, en particulier, qui n’avaient auparavantque peu d’expertise formelle en matière de désignation etde gestion du patrimoine, ont besoin d’un soutien perma-nent du Fonds du patrimoine mondial. L’assistance inter-nationale pour les propositions d’inscription au patrimoinemondial a de la sorte contribué à « mettre en marche »,dans de nombreux pays, le processus d’apprentissage à longterme qui consiste à repenser la gestion du patrimoine.

Face au défi que représentent le suivi de et l’assistance à754 biens à travers le monde, le budget annuel du Fondsdu patrimoine mondial (de l’ordre de 4 millions de dollarsdes États-Unis pour le dernier exercice biennal) est à peinesuffisant. Les financements alloués à la sauvegarde des147 biens du patrimoine mondial que compte la région Asie-Pacifique sont de plus en plus sollicités. L’assistance interna-tionale est ainsi parvenue à un tournant, dans la mesure oùle nombre de demandes a suivi l’augmentation du nombrede sites inscrits – qui reflète elle-même le succès de la sensi-bilisation au patrimoine qu’a favorisée la Convention.

La division du nombre de demandes d’assistance internatio-nale par le nombre total de biens fait apparaître que 16 %seulement des biens sont susceptibles de recevoir une assis-tance pour une année donnée, alors que ce chiffre s’élevaità 30 % avant 1992 (Investing in World Heritage: Past achie-vements, future ambitions – A guide to international assis-tance, Cahiers du patrimoine mondial 2, 2002).

De 1978 à 1992, la région Asie-Pacifique a reçu 12 % del’assistance internationale accordée par le Fonds du patri-moine mondial, part qui est passée à 26 % en 2001, enlien avec l’augmentation du nombre de sites dans la régionet du nombre d’États parties à la Convention, qui étaientprincipalement des États d’Asie centrale et des pays insu-laires du Pacifique. Sur le montant total déboursé en Asieentre 1978 et 1992, un nombre limité de pays et de sitesont reçu une plus grande proportion de fonds au titre del’assistance internationale, dont la Chine (environ 500 000dollars des États-Unis), le Népal (environ 320 000 dollars),le Pakistan et le Sri Lanka (environ 150 000 dollars chacun).Le décalage entre le nombre de biens inscrits dans chaqueÉtat partie et le total de l’assistance internationale qu’il areçue du Fonds du patrimoine mondial apparaît clairementdans le Graphique 1 et est particulièrement patent pourdes pays comme l’Afghanistan, le Cambodge, l’Indonésie,le Népal, le Pakistan, les Philippines et le Viet Nam.

Entre 1992 et 2001, à mesure que commençait à croître lenombre des différents pays d’Asie qui proposaient l’ins-cription de nouveaux sites, celui des pays qui recevaientdes montants significatifs de financements au titre de l’as-sistance internationale – dont l’Inde, l’Indonésie, le Laos,l’Ouzbékistan les Philippines et le Viet Nam – croissait luiaussi. Il est, en outre, probable que la part de l’assistanceinternationale consacrée aux pays insulaires du Pacifiquesuivra la même tendance. Entre 1992 et 2001, une assis-tance internationale de l’ordre de 100 000 dollars desÉtats-Unis a été allouée au Pacifique, principalement des-tinée à la sensibilisation, au renforcement des capacités età la préparation de Listes indicatives et de propositions

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Ressources et partenariats pour la conservation7

Graphique 3 : Types d’assistance internationaleaccordée par le Fonds dupatrimoine mondial, parsous-région, 1978-2002

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Assistance préparatoireAssistance préparatoire Assistance à la promotionAssistance à la promotion Coopération techniqueCoopération technique FormationFormation

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Graphique 2 : Assistance internationale accordée par le Fondsdu patrimoine mondial, par sous-région, 1978-2002

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Ressources et partenariats pour la conservation 7

d’inscription. Dans un avenir proche, on peut s’attendre àce que la part de l’assistance préparatoire et technique soitplus importante. Le Vanuatu, par exemple, s’est récem-ment vu accorder une assistance préparatoire en vue depoursuivre l’inventaire de son patrimoine culturel nationalavant la préparation de sa Liste indicative.

Le Graphique 2 présente la répartition des financements del’aide internationale dans les cinq sous-régions au cours desvingt-cinq dernières années. L’Asie du Sud est le premierbénéficiaire de l’assistance internationale accordée par leFonds du patrimoine mondial dans la région Asie-Pacifique,avec trois États parties – l’Inde, le Népal et le Pakistan – tota-lisant près de 2 millions de dollars et 38 % du montant totalde l’assistance internationale reçue par la région. Cetteconcentration sur l’Asie du Sud ne tient pas seulement auxforts besoins financiers de la sous-région, mais aussi au faitque la plupart des biens d’Asie du Sud ont été inscrits avant1992, bénéficiant ainsi d’une moindre concurrence pourl’allocation des ressources du Fonds. Avec 25 % et 22 %,l’Asie du Sud-Est et l’Asie du Nord-Est viennent loin derrière,bien qu’elles affichent une progression constante, tandisque l’Asie centrale et le Pacifique, dont les parts sont res-pectivement de 11% et 4 %, n’ont pas encore eu l’oppor-tunité, du fait de leur ratification récente de la Convention,de demander au Fonds du patrimoine mondial des mon-tants importants d’assistance internationale.

Entre 1999 et 2001, deux études ont été menées sur l’assis-tance internationale octroyée au titre du Fonds du patri-moine mondial, donnant pour la première fois une imageplus claire des demandes récurrentes formulées par certainssites et États parties. Ces informations ont permis la concep-tion d’une approche plus proactive et stratégique pour larégion Asie-Pacifique. L’Exercice des rapports périodiques aeu, entre autres résultats essentiels, celui de fournir uneimage plus claire et plus concrète des enjeux de la conserva-tion en Asie et dans le Pacifique. De la sorte, le Comité dupatrimoine mondial se trouvera dans une position stratégi-quement plus forte pour réajuster et allouer à l’avenir l’assis-tance internationale (voir Graphique 3 pour la répartition desfonds de l’assistance internationale par type de demande).

De nouveaux partenariats pour la conser-vation

Confronté à une augmentation constante des demandesurgentes d’assistance internationale, le Fonds du patrimoinemondial doit avant tout se transformer progressivement encatalyseur, apportant des « fonds d’amorçage » pour entraî-ner des partenariats avec d’autres institutions, qu’elles soientlocales, provinciales, nationales ou internationales. Au niveauinternational, une étape a été franchie avec le succès du par-tenariat établi à la fin de 2002 entre la Fondation pour lesNations Unies (UNF), l’UNESCO et Conservation International(CI) pour réunir des fonds en vue de la protection de la valeurexceptionnelle, en termes de biodiversité, des biens du patri-moine mondial inscrits au titre du critère naturel iv. De 1998à 2004, le partenariat entre l’UNF et l’UNESCO a mobiliséprès de 32 millions de dollars des États-Unis pour la conser-

vation des sites du patrimoine mondial présentant desniveaux exceptionnels de biodiversité, dont 697 950 dollarsont directement profité à la région Asie- Pacifique.

Le PACTE du patrimoine mondial

Aujourd’hui plus que jamais, il nous faut contribuer àrestaurer la capacité des pays en développement à pro-téger leur patrimoine et à répondre aux situations d’ur-gence. Il nous est indispensable de disposer desinstruments et ressources nécessaires pour prendre réso-lument des mesures permettant d'identifier les zonesprésentant une haute valeur de conservation, de proté-ger le patrimoine en péril et de développer la capacitédes pays du monde entier à faire en sorte que la conser-vation du patrimoine fasse partie intégrante des moyensd'existence durables dont disposeront à l’avenir les com-munautés locales. Cela suppose naturellement un ren-forcement de la coopération non seulement entregouvernements, mais aussi avec le secteur privé.Avec le PACTE du patrimoine mondial, lancé à la fin de2002, l’UNESCO a entrepris d’encourager, de dévelop-per et de renforcer les efforts de coopération avec lesecteur privé afin de créer de nouvelles ressources et denouvelles alliances pour la sauvegarde et la conservationà long terme du patrimoine mondial.

ObjectifsLe PACTE du patrimoine mondial est une approche fon-dée sur l’identification de solutions pour une conserva-tion durable du patrimoine mondial, en impliquant unréseau d’entreprises, de fondations, d’institutions deconservation et de recherche et de médias souhaitantcontribuer à la mise en œuvre de la Convention dupatrimoine mondial.Ses objectifs sont : • la sensibilisation en faveur du patrimoine mondial ; et• la mobilisation de ressources durables pour la conser-

vation à long terme du patrimoine mondial, en trai-tant des questions définies d’un commun accord etdes problèmes identifiés comme prioritaires par leComité du patrimoine mondial

Principes fondamentauxReconnaissant que les partenariats doivent être des ini-tiatives communes mises en œuvre par des partenairesanimés d’un respect mutuel dans la poursuite d’objec-tifs communs, le PACTE du patrimoine mondial s’arti-cule autour des principes clés suivants :• objectifs communs ;• transparence ;• traitement équitable de tous les partenaires ;• bénéfices et respect mutuels ;• responsabilité ;• respect des modalités, des buts et des principes des

Nations Unies ;• souci d’une représentation équilibrée des partenaires

concernés des pays en développement et industriali-sés, ainsi que des pays aux économies en transition ;

• respect de l’indépendance et de la neutralité du sys-tème des Nations Unies.

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Ressources et partenariats pour la conservation7

Partenariats pour la biodiversité en vue de la conservation du patrimoine mondial

Objectifs :Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et la Fondation pour les Nations Unies (UNF) sont les principaux partenairesde ces partenariats pour la biodiversité. Ce projet de grande envergure, couvrant une durée de cinq ans dans sa phase initiale(2001-2005), a pour objet d’établir des accords associant l’UNESCO, l’UNF et d’autres sources de financement et vise à multi-plier chaque dollar consacré par l’UNF à la conservation du patrimoine en lui ajoutant un montant au moins équivalent.

À la suite de l’atelier organisé à Trieste en novembre 2002, Fauna and Flora International s’est engagé à mettre en place unmécanisme de réaction rapide pour atténuer les menaces qui pèsent sur le patrimoine mondial naturel. Un accord tripartite aégalement été conclu avec Conservation International (CI), aux termes duquel CI versera un dollar pour chaque dollar allouépar l’UNF pour des projets visant à la conservation à long terme de la biodiversité, jusqu’à concurrence de 7,5 millions delivres sur trois ans.

Programmes thématiques et projetsDans le cadre général de ce projet de renforcement des capacités, un vaste éventail de programmes et de projets ont été lancés.En voici quelques exemples, directement destinés aux biens du patrimoine mondial naturel et mixte de la région Asie-Pacifique.

Combler les écarts critiques et promouvoir des approches novatrices pour l’inscription de nouvelles zones de patrimoine mondial

Objectifs : • Identifier les écarts dans la couverture du patrimoine mondial et

les opportunités de propositions d’inscriptions groupées et transfronta-lières dans les zones tropicales, côtières et marines et les petites îles, ainsique dans les karsts d’Asie de l’Est et du Sud-Est ;

• Concevoir au moins une proposition d’inscription groupée et une trans-frontalière dans les forêts tropicales de l’Asie du Sud-Est.

1. À la suite de l’atelier du patrimoine mondial sur la biodiversité marinetenu à Hanoi (Viet Nam) en février 2002, une liste de propositions d’ins-criptions groupées et transfrontalières a été préparée pour le Pacifique etl’Asie du Sud-Est. Pour le Pacifique, les propositions d’inscription en sériede la Baie de Milne (Papouasie-Nouvelle-Guinée), pour la richesse de sabiodiversité, et des Îles Salomon pour leur double barrière de récifs, laplus grande au monde, font actuellement l’objet de discussions.

2. À la suite du dialogue sous-régional sur le karst et les grottes organisé auGunung Mulu (Malaisie, mai 2001), une liste de sites karstiques potentielsd’Asie du Sud-Est a été identifiée. Grâce au soutien de l’UNF, le parcnational de Phong Nha-Ke Bang (Viet Nam) a été déclaré bien du patri-moine mondial en juillet 2003.

3. La même année, le Comité du patrimoine mondial a encouragé le Viet Nam et le Laos à étudier la possibilité d’uneproposition d’inscription transfrontalière comprenant le sites vietnamiens récemment inscrits et les zones protégéesdu centre du Laos, comme les calcaires de Khammouane. Des consultations ont été engagées par le Centre, réunis-sant les deux États parties, l’UICN et la Banque mondiale et une réunion est prévue sur le site au printemps 2004.

4. Pour la première fois en Asie du Sud-Est, une proposition d’inscription groupée a été soumise au Centre en 2003. Les parcs de la forêt ombrophile de Sumatra comprennent trois parcs nationaux malaisiens. La proposition d’inscrip-tion groupée est en cours d’évaluation par l’UICN.

5. Le Centre du patrimoine mondial a reçu au début de 2004 la première proposition d’inscription transfrontalière de lasous-région, qui concerne l’Indonésie et la Malaisie. Les forêts tropicales de Sumatra et de Bornéo sont l’un des princi-paux habitats des orangs-outans en Asie.

6. Les initiatives en faveur des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est ont également été soutenues par le projet de mise enœuvre du Réseau forestier du patrimoine mondial, lancé en 2002.

Localisation : monde entierMontant : 599 550 dollars des États-Unis(FNU)Partenaires : UNESCO, WHC, UICN, NOAADurée : 2000-2003

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Ressources et partenariats pour la conservation 7

Professionnaliser la gestion des zones protégées pour le XXIe siècle.Un programme pour la biodiversité relevant du patrimoine mondial en Inde (WHBPI)

Objectifs :• Développer la fierté à l’égard de la biodiversité exceptionnelle de l’Inde

et un soutien public pour le respect de la loi et d’autres approches de laconservation des zones protégées ;

• Professionnaliser la gestion des zones protégées par la création de par-tenariats entre le gouvernement, les ONG, le secteur privé, les commu-nautés locales et les autres partenaires ;

• Montrer aux communautés locales les bénéfices d’une gestion efficacedes zones protégées et de son potentiel pour améliorer leurs moyensd’existence ;

• Améliorer la connectivité de l’habitat et l’intégrité des sites du patrimoine mondial inscrits et potentiels.

1. La première phase du projet a consisté à créer un Comité de coordina-tion du projet, chargé de rédiger le premier projet du WHBPI. Cependant, le processus de consultation a été plus longque prévu.

2. Les biens du patrimoine mondial concernés par le WHBPI sont les parcs nationaux de Keoladeo, Kaziranga, Manas etNanda Devi. Les points névralgiques de la biodiversité des Ghats occidentales et de l’Himalaya oriental ont égalementété identifiés comme pouvant donner lieu à une proposition d’inscription groupée. Après des consultations approfon-dies avec tous les partenaires concernés, la version finale du WHBPI est actuellement en préparation.

3. L’UNF et l’UNESCO sont désormais à la recherche de nouveaux partenaires pour l’exécution du WHBPI. Certaines fon-dations des États-Unis et d’Inde pourraient être des sources de financement susceptible de compléter à parité les sub-ventions de l’UNF. Le dialogue avec ces partenaires potentiels est en cours.

Le programme marin du patrimoine mondial

Objectifs : • Contribuer à la conservation des zones marines les plus importantes

au monde en proposant leur inscription en qualité de sites du patrimoinemondial ;

• Accroître la sensibilisation à la Convention du patrimoine mondial en tantqu’instrument juridique sans équivalent pour la conservation des écosys-tèmes marins et côtiers et pour une meilleure coopération internationale àcette fin ;

• Mettre en place des projets pilotes en vue de propositions d’inscriptions ensérie et transfrontalières entre pays partageant d’importantes zonesmarines ;

• Contribuer à l’amélioration de l’efficacité et de la gestion des sites marinsdu patrimoine mondial existants ;

• Établir une Liste du patrimoine mondial plus équilibrée et plus représentative.

1. L’atelier UNESCO/UICN/UNF sur la biodiversité marine tenu à Hanoi en 2002 a identifié 118 zones tropicales, marines,côtières et de petites îles présentant une forte biodiversité, en vue de leur inscription potentielle sur la Liste du patri-moine mondial. 48 de ces zones sont situées dans la région Asie-Pacifique, dont 25 en Asie du Sud-Est et 23 dans lePacifique.

2. Un projet pilote en vue de propositions d’inscriptions en série et transfrontalières a été engagé pour les îles et atollsdu Pacifique central, dont Kiribati, les Îles Cook, la Polynésie française et les zones relevant des Etats-Unis d’Amérique.

3. Des missions du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO ont été entreprises ou planifiées afin d’évaluer la possibi-lité de nouvelles propositions d’inscriptions transfrontalières pour des zones marines dans la sous-région du Pacifique.

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Localisation : sites du patrimoine mondialinscrits et potentiels en IndeMontant : 50 400 dollars des États-Unis (UNF)Partenaires :UNESCO, WHC, gouvernement de l’Inde, ministère de l’environnement et des forêts, WII, ATREEE, Bangalore,…Durée : 2001-2003

Localisation : sites marins dans le monde entierMontant : 400 000 dollars des États-Unis(UNF, gouvernements de la Finlande, del’Italie, des Pays-Bas, WHC)Partenaires : UICN, WCPA Marine, NOAADurée : 2000-2004

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Ressources et partenariats pour la conservation7

Dans le cadre de l’initiative des partenariats pour lepatrimoine mondial (PACTE du patrimoine mondial) desti-née à élargir le réseau de contributeurs à la conservation dupatrimoine mondial issus du secteur non gouvernemental etde l’entreprise (stricto sensu, le PACTE du patrimoine mon-dial vise les sources de financement non-gouvernementales),d’autres partenariats financiers seront envisagés pourrépondre aux besoins du patrimoine culturel à l’échelle régio-nale – par exemple, par l’intermédiaire de la commission dela culture et de l’environnement de l’Association des nationsd’Asie du Sud-Est (ASEAN) et de l’Association de l'Asie duSud pour la coopération régionale (SAARC). En outre, desaccords bilatéraux et multilatéraux de coopération avec leCentre du patrimoine mondial, destinés à aider de nombreuxpays d’Asie et du Pacifique, ont été signés avec les gouver-nements de la France, de l’Italie, des Pays-Bas et de l’Espagneainsi qu’avec des institutions intergouvernementales.

La contribution de la France a été consacrée à des projets decoopération décentralisée dans le cadre de programmesd’assistance internationale plus vastes tels que le programme« Asia Urbs » de l’Union européenne. Luang Prabang, enRépublique démocratique populaire lao, et le DarjeelingHimalayan Railway, en Inde, ont grandement bénéficié – oubénéficient actuellement – de cette approche décentraliséeassociant des bailleurs de fonds multiple. L’Italie a concentrésa contribution sur le patrimoine culturel en péril, particuliè-rement en Afghanistan et en Asie centrale. Les Pays-Basfinancent actuellement un projet à grande échelle visant àinscrire la partie chinoise de la Route de la Soie sur la Liste dupatrimoine mondial au titre d’une proposition d’inscriptionen série, conformément aux recommandations de diversesréunions régionales sur la Stratégie globale.

Le gouvernement du Japon a alloué quelque 40 millions dedollars des États-Unis depuis 1989 au profit du patrimoine cul-turel mondial, dont 334 800 dollars pour la conception d’unsystème de suivi du patrimoine mondial en Asie, contributionqui a facilité les consultations liées à la préparation du présentrapport périodique. En vue d’améliorer la mise en œuvre de laConvention en Asie et dans le Pacifique, l’Australie a signé unmémorandum d’accord en 2002 et la Nouvelle-Zélande unaccord en 2003 avec le Centre du patrimoine mondial.

Partout en Asie, l’accès à un apport régulier de fonds extra-budgétaires est essentiel à une gestion efficace des biens dupatrimoine mondial. Tous les pays insulaires du Pacifique ontbesoin de fonds pour mettre en place inventaires nationaux,Listes indicatives et propositions d’inscription. Comme l’asouligné en 2000 l’équipe spéciale de l’UICN sur le finance-ment des zones protégées, assurer des sources durables derevenus est devenu un des « cœurs de métier » des gestion-naires de zones protégées et de sites du patrimoine culturel.Pour relever le niveau de base et amortir les fluctuations dufinancement, il y a peu de chances qu’une unique source definancement soit suffisamment fiable sur le long terme.Outre les efforts déjà consacrés au développement du tou-risme, de nombreux instruments de financement alternatifssont actuellement testés pour compléter et diversifier lessources de revenus.Dans un souci de viabilité financière à long terme des biensnaturels et des paysages du patrimoine mondial couvrant deszones étendues (dont les sites archéologiques et mixtes),divers instruments actuellement en cours d’examen devraientpermettre de faire apprécier à sa juste valeur la contributionscientifique, économique et esthétique de ces zones proté-

gées. Certains de ces instruments ont aujourd’hui fait leurspreuves, comme les droits perçus auprès des usagers du tou-risme, les conversions de dettes pour la protection de l’envi-ronnement, les fonds-en-dépôt destinés à la conservation, lespartenariats avec des entreprises privées et les projets decontrepartie de la fixation du carbone et d’investissement.D’autres en sont à des stades précoces de leur conception,comme les mécanismes de paiement des « services renduspar les écosystèmes », qui prévoient notamment de facturerl’utilisation de l’eau, l’affectation à la conservation de droitsperçus sur l’extraction des ressources – qu’il s’agisse de l’ex-ploitation forestière ou minière, ou encore de la prospectionpétrolière ou gazière –, les royalties de la bioprospection, lesobligations vertes et les fonds d’investissement destinés àl’environnement. Dans la sphère culturelle, au-delà des droitsd’entrée, des taxes sur le tourisme et des systèmes de travailcontre nourriture déjà pratiqués depuis de nombreusesannées, les fonds destinés aux infrastructures, les subventionsagricoles, le logement social et la rénovation des zones indus-trielles sont de plus en plus mobilisés en faveur de la conser-vation. L’application de ces systèmes reste toutefois limitéedans une grande partie de l’Asie et du Pacifique, prise entre lapauvreté et la recherche d’une croissance rapide.

Le Point focal Asie-Pacifique

En 1996, l’Australie a accueilli la première réunion des gestion-naires du patrimoine mondial d’Asie Pacifique, qui a recom-mandé la mise en place d’un réseau régional (Atelier degestionnaires du patrimoine mondial, avril 1996, Ravenshoe,Queensland du Nord). Compte tenu des antécédents et del’expérience de l’Australie en termes de mise en œuvre de laConvention du patrimoine mondial, il lui a été demandé dejouer le rôle de point focal pour ce réseau. Le point focal, gérépar le service chargé du patrimoine mondial au ministère del’environnement et du patrimoine à Canberra, a pour fonctionde tirer parti des savoir-faire des agences de l’État australien etdes différents États du pays, des experts scientifiques, ainsi quedu Centre du patrimoine mondial, des Organisations consulta-tives, de la communauté universitaire et des gestionnaires dupatrimoine mondial de la région.Les objectifs du Point focal sont de faciliter l’adoption de laConvention du patrimoine mondial et d’aider les États partiesdans sa mise en œuvre. Pour ce faire, le Point focal coordon-nera son travail avec d’autres activités visant des objectifs sem-blables. Le Point focal offrira aux ministres des États parties unforum leur permettant d’échanger des points de vue, diffuseraparmi les partenaires du réseau des États parties des informa-tions sur les activités, les techniques et les normes du patri-moine mondial, établira et développera des relations de travailintra-régionales avec, par exemple, le Bureau de l’UNESCO àApia, le Programme régional océanien de l'environnement(PROE) et les activités entreprises par d’autres États et organisa-tions, encouragera la ratification de la Convention du patri-moine mondial, particulièrement dans le Pacifique, contribueraau suivi systématique et aux rapports périodiques et concevraun programme de formation à la gestion du patrimoine des-tiné aux gestionnaires des sites.Le Point focal soutiendra les activités complémentaires finan-cées par l’UNESCO, la Banque mondiale et d’autres orga-nismes de la région et cherchera à maximiser les opportunitésde financement disponibles auprès de ces organismes pourdes projets dans la région.Pour plus d’information, veuillez consulter :www.heritage.gov.au/apfp/

Conclusions

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© Earth Observatory, NASA

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Conclusions8

En 2000, les 39 États parties concernés par le premierExercice des rapports périodiques pour la régionAsie-Pacifique ont nommé des points focaux natio-naux pour les biens de leur patrimoine tant culturelque naturel. À la suite de ces nominations, le Centredu patrimoine de l’UNESCO a défini une approchefortement participative pour la préparation et l’ana-lyse des rapports périodiques, impliquant les Étatsparties, les Organisations consultatives, les bureauxhors Siège de l’UNESCO et d’autres divisions del’UNESCO. Il en est résulté près de 4 000 pages derapports périodiques nationaux et par site, qui ontété reçus, synthétisés et analysés par le Centre dupatrimoine mondial et ses partenaires.

Bénéfices et renseignements

Les bénéfices et les enseignements tirés de cet exercice,premier de son genre pour la région Asie-Pacifique, sontnombreux. Un tiers des gestionnaires de sites qui ontrépondu au questionnaire de la Section II ont jugé quel’exercice des rapports périodiques avait été une incitationsans précédent à renforcer les activités d’anticipation etqu’il contribuait à donner une vision d’ensemble de l’évo-lution d’un bien à moyen et long terme. Certains gestion-naires de sites se voyaient demander pour la première foisde participer à un tel exercice d’ensemble, qui leur offraitainsi une précieuse occasion de collecter et de stocker desdonnées précieuses sur la « vie » de leur bien. Uneconnaissance plus solide de la Convention du patrimoinemondial, ainsi que des orientations et des mécanismes derapports qui s’y rapportent, est un autre résultat qui a étéjugé très positif par un certain nombre d’autorités natio-nales et de gestionnaires de sites dans toute la région, par-ticulièrement en Asie du Sud-Est et en Asie centrale.

Questions à traiter

Les deux programmes régionaux consacrés au patrimoinemondial (cf. Annexes 3 et 4) adoptés par le Comité dupatrimoine mondial à sa 27e session en 2003 prennentacte de ces résultats positifs, tout en se concentrant prin-cipalement sur les questions identifiées grâce à l’Exercicedes rapports périodiques par le Centre du patrimoinemondial en consultation étroite avec les États parties. Lemanque d’échanges internationaux et/ou de coopérationrégionale était une préoccupation majeure des États par-ties asiatiques invités à la réunion de consultation régio-nale organisée par l’UNESCO en mars 2003.

Une autre question tient à la nécessité de préparer ou deréviser les plans de gestion des sites, les systèmes de suivi et,plus généralement, les mécanismes de rapports réguliers surl’état de conservation des biens du patrimoine mondial.L’absence de zonage de protection et de législation adé-quate a été reconnue de façon récurrente dans les rapportspériodiques nationaux et par les experts qui les ont analysés.

Ces questions, et d’autres encore, sont évoquées dans lesRecommandations régionales et sous-régionales annexées

au présent rapport (cf. Annexe 5). Les États parties de larégion Asie-Pacifique ont également suggéré que des acti-vités et des initiatives soient engagées pour assurer le suivides résultats du premier Exercice des rapports périodiques.Ces recommandations ont été prises en compte par leCentre du patrimoine mondial, qui a établi un programmede travail détaillé pour la mise en œuvre d’activités de suivi.

Commentaires et recommandations de l’UICNsur l’Exercice des rapports périodiques

L’UICN – l’Union mondiale pour la nature –, en sa qua-lité de conseiller technique du Comité du patrimoinemondial pour le patrimoine naturel, a été heureuse deprendre part aux réunions régionales du processus derapports périodiques pour la région Asie-Pacifique etd’aider certains États parties dans la préparation deleurs rapports. Il est désormais essentiel d’utiliser effica-cement les connaissances acquises grâce à ce processusafin d’améliorer la conservation et la protection dupatrimoine mondial dans la région.L’UICN souhaite mettre en lumière certaines des leçonstirées de ce processus et formuler quelques recomman-dations en vue de l’amélioration, à l’avenir, du proces-sus et de ses résultats :• Une intensification de la formation et du renforcement

des capacités s’impose pour aider les organismes concer-nés des États parties à mener à bien un tel exercice.

• L’absence de mécanismes crédibles de suivi et d’éva-luation et d’indicateurs objectifs à cette fin était sou-vent évidente. Le processus des rapports périodiques asouligné le besoin impératif de disposer de cadres desuivi bien établis et d’un recours régulier à ces dernierspour l’évaluation des résultats de l’effort de gestion etde conservation.

• Chaque rapport de pays doit fournir des informationsde référence sur la base desquelles seront établisannuellement, dans les années à venir, des rapportssur l’état de conservation. Réciproquement, les rap-ports précédents sur l’état de conservation devrontêtre intégrés d’une manière plus structurée dans leprocessus de rapports périodiques, établissant ainsiune relation de synergie entre ces processus distincts,mais étroitement associés.

• Des financements sont nécessaires pour permettre lamise à jour par le PNUE-WCMC des fiches relativesaux sites du patrimoine mondial naturel, et notam-ment des cartes, sur la base des nouvelles informa-tions fournies.

• Le processus des rapports périodiques pourrait com-prendre une évaluation de la contribution qu’ont appor-tée les sites du patrimoine mondial, tant individuellementque collectivement, au développement socioéconomiquede la zone, du pays et de la région concernés, afin dedéfinir les bénéfices « économiques » de l’inscription dessites sur la Liste du patrimoine mondial.

87

Conclusions 8

• L’Exercice des rapports périodiques devrait servir à la « promotion » de la Convention du patrimoine mondial.Il devrait, de ce fait, permettre l’implication d’un pluslarge éventail de partenaires – représentants des com-munautés, organisations de la société civile, secteurprivé, etc.

Demain

L’Unité Asie-Pacifique du Centre du patrimoine mondialorganisera une série d’ateliers sous-régionaux entreoctobre 2004 et le printemps 2005 pour identifier, avec lesautorités nationales et les gestionnaires de sites de chaquesous-région, un « Plan d’action » pour la mise en œuvredes programmes régionaux consacrés au patrimoine mon-dial. À la suite de la première phase de l’action de suivi, desactivités plus concrètes seront mises en place en collabo-ration avec les États parties, les Organisations consultativeset les ONG internationales compétentes. Il pourra s’agiraussi bien d’activités de recherche, de formation ou derenforcement des capacités institutionnelles qued’échanges d’expertise au moyen d’un travail de terrain oude réunions.

Commentaires et recommandations de l’ICCROMsur l’Exercice des rapports périodiques

L’ICCROM a participé à la première phase de l’Exercicerégional des rapports périodiques en envoyant des repré-sentants à deux des ateliers d’orientation, organisés enRépublique de Corée et en Australie (Montagnes bleues).L’ICCROM n’a pas été invité à participer à l’analyse desrapports des États parties et ne peut formuler de com-mentaires sur cette partie de l’exercice. L’ICCROM seréjouirait néanmoins d’avoir l’occasion de contribuer, parses recommandations, aux futurs rapports périodiquespour la région Asie-Pacifique.

1. Sur la base de l’expérience qu’il a acquise des rap-ports périodiques en Amérique latine, l’ICCROM estconvaincu que la manière la plus efficace d’impliquer lesOrganisations consultatives est de désigner une per-sonne qui sera chargée à titre permanent de la liaisonou des contacts ; cette personne pourra assister à toutesles réunions et suivre le processus d’un bout à l’autre.

2. L’efficacité des résultats obtenus est très liée à lafaçon dont les personnes impliquées comprennent lesattentes qui sous-tendent la réponse aux question-naires. Un investissement significatif en termes de for-mation anticipée est donc recommandé. Sur la base desréponses variées obtenues par les questionnaires,l’ICCROM est persuadé que la phase de formationdevrait être étendue dans des proportions importanteslors du prochain cycle de rapports périodiques. L’ICCROM

considère que le meilleur modèle consisterait en un cer-tain nombre d’activités sous-régionales de formation,ciblées sur les personnes susceptible de dispenser unetelle formation dans un cadre national.

3. La formation aux rapports périodiques doit s’enracinerdans une formation destinée à améliorer le suivi desbiens du patrimoine mondial au cœur même de la ges-tion du site. La qualité des informations fournies au boutdu compte par les rapports périodiques illustre l’effica-cité des systèmes d’autocontrôle mis en place avec lesbiens qu’ils concernent (précision et portée des donnéesde référence, utilité de la déclaration d’importance).

4. La communication des conclusions du Rapport régio-nal de synthèse au Comité du patrimoine mondial à sa27e session en 2003 (qui comprenait notamment desprésentations faites par les États parties) était unemanière très efficace de présenter un tableau de larégion et mériterait de faire école pour les prochainesprésentations régionales.

5. Il importe d’impliquer les Organisations consultativesnon pas seulement au stade des réunions préparatoires àun exercice de rapports périodiques, mais aussi tout aulong de la synthèse des données, pour assurer tout à lafois la continuité du traitement des questions clés et lesuivi des recommandations précédentes dans l’analyse.

6. Le processus des rapports périodiques pour l’Asie-Pacifique a inspiré une analyse approfondie de nom-breux thèmes qui se rattachent à l’amélioration de l’étatde conservation des biens du patrimoine mondial dansla région Asie-Pacifique. Le Chapitre 2 du présent docu-ment propose une analyse excellente et digne d’intérêtdes thèmes cruciaux, comme la préparation des déclara-tions d’importance. Le contexte de ce rapport est perti-nent pour la conservation des biens du patrimoinemondial dans toutes les régions. Ses conclusionsdevraient être largement diffusées et ses recommanda-tions relatives à l’organisation de la formation dans cedomaine être prises très au sérieux par les Organisationsconsultatives et le Comité du patrimoine mondial.

7. Comme pour d’autres processus relatifs au patri-moine mondial pour des régions spécifiques (comme laStratégie globale), les ateliers régionaux et sous-régio-naux organisés en vue des rapports périodiques offrentdes opportunités d’aborder les objectifs spécifiques desrapports périodiques, mais également bien d’autresfacettes du système du patrimoine mondial. La capacitéde ces ateliers à contribuer sans coûts supplémentairesà des objectifs complémentaires devrait être prise encompte au stade de la planification, de manière à tirerle meilleur parti de ces opportunités pour répondre auxbesoins généraux de la promotion, de la formation etdu partage de l’information dans le domaine du patri-moine mondial.

Parallèlement aux activités de suivi directement liées à lamise en œuvre des deux programmes du patrimoine mon-dial, le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO pro-cède à la diffusion des informations collectées durant et àla faveur de l’Exercice des rapports périodiques. Les Étatsparties pourront bientôt consulter sur le site Web duCentre les rapports périodiques nationaux et de bonsexemples de plans de gestion, de plans de gestion desvisiteurs, d’indicateurs de suivi et de demandes d’assis-tance internationale, ainsi que des exemples desmeilleures pratiques dans l’ensemble de la région Asie-Pacifique. De nombreux États parties d’Asie-Pacifique ont,en effet, exprimé le besoin de recevoir, à propos del’Exercice des rapports périodiques, une information enretour portant non seulement sur les résultats, mais aussisur les aspects méthodologiques et les échecs de l’en-semble de cet exercice.

Cette publication est la première étape d’un long proces-sus qui conduit à un meilleur partage de l’informationdans la région. Le renforcement des mécanismes decoopération régionale, tel qu’il a été suggéré par les Étatsparties d’Asie du Nord-Est lors d’une réunion régionale deconsultation, pourrait être un autre moyen d’échanger etd’ajouter de la valeur au travail de tous les gestionnaires desites dévoués et des agences et organismes nationaux acti-vement impliqués dans la conservation et la promotion desbiens du patrimoine mondial. Les États parties d’Asie-Pacifique sont donc encouragés à explorer de nouvellesvoies pour le partage de l’information, en faisant du Fondset du Centre du patrimoine mondial un catalyseur au pro-fit du patrimoine mondial de cette région et des autres.

88

Conclusions8

Annexe 1 :Liste des biens du patrimoine mondial de la région

Asie-Pacifique inscrits sur la Liste du patrimoinemondial jusqu’à l’année 1994 incluse

Annexe 2 :Informations de base sur

les États d’Asie et du Pacifique

Annexe 3 :Le programme « Action Asie 2003-2009 »

Annexe 4 :Le programme « Patrimoine mondial –

Pacifique 2009 »

Annexe 5 :Recommandations sous-régionales

et régionales relatives à l’Exercice des rapportspériodiques pour l’Asie et le Pacifique

Annexe 6 :Acronymes

89

Annexes

90

Annexe 1

AUSTRALIE

1981, Parc national de Kakadu1987, N ii, iii, iv1992 C i, vi

1981 La Grande BarrièreN i, ii, iii, iv

1981 Région des lacs WillandraN iC iii

1982, Zone de nature sauvage de Tasmanie1989 N i, ii, iii, iv

C iii, iv, vi

1982 Les îles Lord HoweN iii, iv

1986, Réserves des forêts ombrophiles centre-orientales de l’Australie

1994 N i, ii, iv

1987, Parc national d’Uluru-Kata Tjuta1994 N ii, iii

C v, vi

1988 Tropiques humides de QueenslandN i, ii, iii, iv

1991 Baie Shark, Australie occidentaleN i, ii, iii, iv

1992 Île FraserN ii, iii

1994 Sites fossilifères de mammifères d’Australie(Riversleigh/ Naracoorte)N i, ii

BANGLADESH

1985 Ville-mosquée historique de BagerhatC iv

1985 Ruines du Vihara bouddhique de PaharpurC i, ii, vi

CAMBODGE

1992 AngkorC i, ii, iii, iv

CHINE

1987 La Grande MurailleC i, ii, iii, iv, vi

1987 Mont TaishanN iiiC i ii, iii, iv, v, vi

1987 Palais impériaux des dynasties Ming et QingC iii, iv

1987 Grottes de MogaoC i, ii, iii, iv, v, vi

1987 Mausolée du premier empereur QinC i iii, iv, vi

1987 Site de l’homme de Pékin à ZhoukoudianC iii, vi

1990 Mont HuangshanN iii, ivC ii

1992 Région d’intérêt panoramique et historique dela vallée de JiuzhaigouN iii

1992 Région d’intérêt panoramique et historique deHuanglongN iii

1992 Région d’intérêt panoramique et historique deWulingyuanN iii

1994 Résidence de montagne et temples avoisinants à ChengdeC ii, iv

1994 Temple et cimetière de Confucius et résidence de la famille Kong à QufuC i, v, vi

Liste des biens du patrimoine mondial de la région Asie-Pacifique inscrits sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse

N.B. Sont indiqués en gras les biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril

1994 Ensemble de bâtiments anciens des montagnes de WudangC i, ii, vi

1994, Ensemble historique du Palais du Potala, 2000, Lhassa, 2001 C i, iv, vi

INDE

1983 Grottes d’AjantaC i, ii, iii, vi

1983 Grottes d’ElloraC i, iii, vi

1983 Fort d’AgraC iii

1983 Le Taj MahalC i

1984 Temple du Soleil à KonarakC i, iii, vi

1985 Ensemble de monuments MahabalipuramC i, ii, iii, iv, vi

1985 Parc national de KazirangaN ii, iv

1985 Sanctuaire de faune de ManasN ii, iii, iv

1985 Parc national de KeoladeoN iv

1986 Églises et couvents de GoaC ii, v, vi

1986 Ensemble monumental de KhajurahoC i, iii

1986 Ensemble monumental de HampiC i, iii, iv

1986 Fatehpur SikriC ii, iii, iv

1987 Ensemble de monuments de PattadakalC iii, iv

1987 Grottes d’ElephantaC I, iii

1987 Temple de Brihadisvara à ThanjavurC ii, iii

1987 Parc national des SundarbansN ii, iv

1988 Parc national de Nanda DeviN iii, iv

1989 Monuments bouddhiques de SânchiC i, ii, iii, iv, vi

1993 Tombe de HumayunC ii, iv

1993 Qutb Minar et ses monuments, DelhiC iv

INDONESIE

1991 Parc national de KomodoN iii, iv

1991 Parc national de Ujung KulonN iii, iv

1991 Ensemble de BorobudurC i, ii, vi

1991 Ensemble de PrambananC i, iv

IRAN

1979 PersépolisC i, iii, vi

1979 Tchoga ZanbilC iii, iv

1979 Meidan Emam, IspahanC i, v, vi

JAPON

1993 Himeji-joC i, iv

1993 Monuments bouddhiques de la régiond’Horyu-jiC i, ii, iv, vi

1993 YakushimaN ii, iii

1993 Shirakami-SanchiN ii

1994 Monuments historiques de l’ancienne KyotoC ii, iv

91

Annexe 1

92

Annexe 1

NÉPAL

1979 Parc national de SagarmathaN iii

1979 Vallée de KathmanduC iii, iv, vi

1984 Parc national de Royal ChitwanN ii, iii, iv

NOUVELLE-ZÉLANDE

1990 Te Wahipounamu – zone sud-ouest de laNouvelle-ZélandeN i, ii, iii, iv

1990, Parc national de Tongariro1993 N ii, iii, C vi

OUZBÉKISTAN

1990 Itchan KalaC iii, iv, v

1993 Centre historique de BoukharaC ii, iv, vi

PAKISTAN

1980 Ruines archéologiques de Mohenjo DaroC ii, iii

1980 Ruines bouddhiques de Takht-i-Bahi et vestiges de Sahr-i-BahlolC iv

1980 TaxilaC iii, vi

1981 Fort et jardins de Shalimar à LahoreC i, ii, iii

1981 Monuments historiques de ThattaC iii

PHILIPPINES

1993 Églises baroques des PhilippinesC ii, iv

1993 Parc marin du récif de TubbatahaN ii, iii, iv

SRI LANKA

1982 Ville sainte d’AnuradhapuraC ii, iii, vi

1982 Cité historique de PolonnaruwaC i, iii, vi

1982 Ville ancienne de SigiriyaC ii, iii, iv

1988 Réserve forestière de SinharajaN ii, iv

1988 Ville sacrée de KandyC iv, vi

1988 Vieille ville de Galle et ses fortificationsC iv

1991 Temple d’Or de DambullaC i, vi

THAILANDE

1991 Sanctuaires de faune de Thung Yai-Huai Kha KhaengN ii, iii, iv

1991 Ville historique de Sukhothaï et villes historiques associéesC i, iii

1991 Ville historique d’Ayutthaya et villes historiques associéesC iii

1992 Site archéologique de Ban ChiangC iii

VIET NAM

1993 Ensemble de monuments de HuêC iii, iv

1994, Baie d’Ha-Long2000 N i, iii

93

Annexe 2

Informations de base sur les États d’Asie et du Pacifique

Asie du Centre-Ouest

Afghanistan647 500 km2

27 755 775 hab.Mortalité infantile : 144,76Alphabétisation des adultes : 36 %PIB par hab. $800Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

Iran1,648,000 km2

66 622 704 hab.Mortalité infantile : 28,07Alphabétisation des adultes : 72,1 %PIB par hab. $6 400Pop. sous le seuil de pauvreté : 53 %

Kazakhstan2,717,300 km2

16 741 519 hab.Mortalité infantile : 58,95Alphabétisation des adultes : 98,4 %PIB par hab. $5 900Pop. sous le seuil de pauvreté : 26 %

Kyrgyzstan198,500 km2

4 822 166 hab.Mortalité infantile : 75,92Alphabétisation des adultes : 97 %PIB par hab. $2 800Pop. sous le seuil de pauvreté : 55 %

Ouzbékistan447,400 km2

25 563 441 hab.Mortalité infantile : 71,72Alphabétisation des adultes : 99 %PIB par hab. $2 500Pop. sous le seuil de pauvreté : 28 %

Tajikistan143,100 km2

6 719 567 hab.Mortalité infantile : 114,77Alphabétisation des adultes : 98 %PIB par hab. $1 140Pop. sous le seuil de pauvreté : 80 %

Turkménistan448,100 km2

4 688 963 hab.Mortalité infantile : 73,21Alphabétisation des adultes : 98 %PIB par hab. $4 700Pop. sous le seuil de pauvreté : 34,4 %

Asie du Nord-Est

Chine9,596,960 km2

1 284 303 705 hab.Mortalité infantile : 27,25Alphabétisation des adultes : 81,5 %PIB par hab. $4 300Pop. sous le seuil de pauvreté : 10 %

Japan377,835 km2

123,974,628 inhab.Infant mortality: 3.84Adult literacy: 99%GDP per cap. $27,200Pop. below pov. line: ---

Mongolie1,560,000 km2

2 694 432 hab.Mortalité infantile : 51,97Alphabétisation des adultes : 97,8 %PIB par hab. $1 770Pop. sous le seuil de pauvreté : 36 %

République de Corée98,480 km2

48 324 000 hab.Mortalité infantile : 7,58Alphabétisation des adultes : 98 %PIB par hab. $18 000Pop. sous le seuil de pauvreté : 4 %

RPD de Corée120,540 km2

22 224 195 hab.Mortalité infantile : 22,8Alphabétisation des adultes : 99 %PIB par hab. $1 000Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

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Annexe 2

Asie du Sud

Bangladesh144,000 km2

133 376 684 hab.Mortalité infantile : 68,05Alphabétisation des adultes : 56 %PIB par hab. $1 750Pop. sous le seuil de pauvreté : 35,6 %

Bhoutan 47,000 km2

2 094 176 hab.Mortalité infantile : 106,79Alphabétisation des adultes : 42,2 %PIB par hab. $1 200Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

Inde3,787,590 km2

1 045 845 226 hab.Mortalité infantile : 61,47Alphabétisation des adultes : 52 %PIB par hab. $2 500Pop. sous le seuil de pauvreté : 25 %

Maldives330 km2

320 165 hab.Mortalité infantile : 61,93Alphabétisation des adultes : 93,2 %PIB par hab. $3 870Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

Népal 140,800 km2

25,873,917 inhab.I25 873 917 hab.Mortalité infantile : 72,36Alphabétisation des adultes : 27,5 %PIB par hab. $1 400Pop. sous le seuil de pauvreté : 42 %

Pakistan803,940 km2

147 663 429 hab.Mortalité infantile : 78,52Alphabétisation des adultes : 42,7 %PIB par hab. $2 100Pop. sous le seuil de pauvreté : 35 %

Sri Lanka65,610 km2

19 576 783 hab.Mortalité infantile : 15,65Alphabétisation des adultes : 90,2 %PIB par hab. $3 250Pop. sous le seuil de pauvreté : 22 %

Asie du Sud-Est

Cambodge181,040 km2

12 775 324 hab.Mortalité infantile : 64Alphabétisation des adultes : 35 %PIB par hab. $1 500Pop. sous le seuil de pauvreté : 36 %

Indonesie 1,919,440 km2

231 328 092 hab.Mortalité infantile : 39,4Alphabétisation des adultes : 83,8 %PIB par hab. $3 000Pop. sous le seuil de pauvreté : 27 %

République démocratique populaire Lao5 777 180 hab.Mortalité infantile : 90,98Alphabétisation des adultes : 57 %PIB par hab. $1 630Pop. sous le seuil de pauvreté : 40 %

Malaysie329,750 km2

22 662 365 hab.Mortalité infantile : 19,66Alphabétisation des adultes : 83,5 %PIB par hab. $9 000Pop. sous le seuil de pauvreté : - %

Myanmar678,500 km2

42 238 224 hab.Mortalité infantile : 72,11Alphabétisation des adultes : 83,1 %PIB par hab. $1 500Pop. sous le seuil de pauvreté : 25 %

Philippines 300,000 km2

84 525 639 hab.Mortalité infantile : 27,28Alphabétisation des adultes : 94,6 %PIB par hab. $4 000Pop. sous le seuil de pauvreté : 40 %

Thailande514,000 km2

62 354 402 hab.Mortalité infantile : 29,5Alphabétisation des adultes : 93,8 %PIB par hab. $6 600Pop. sous le seuil de pauvreté : 12,5 %

Viet Nam 81 098 416 hab.Mortalité infantile : 29,34Alphabétisation des adultes : 93,7 %PIB par hab. $2 100Pop. sous le seuil de pauvreté : 37 %

États non parties à la Convention du patrimoine mondial :

Brunei5,770 km2

350 898 hab.Mortalité infantile : 13,95Alphabétisation des adultes : 88,2 %PIB par hab. $18 000Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

Timor Leste 15,007 km2

952 618 hab.Mortalité infantile : 51,99Alphabétisation des adultes : 48 %PIB par hab. $500Pop. sous le seuil de pauvreté : 42 %

Singapour 692.7 km2

4 452 732 hab.Mortalité infantile : 3,6Alphabétisation des adultes : 93,5 %PIB par hab. $24 700Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

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Annexe 2

Pacifique

Australie7,686,850 km2

19 546 792 hab.Mortalité infantile : 4,9Alphabétisation des adultes : 100 %PIB par hab. $27 000Pop. sous le seuil de pauvreté : ---

Fiji18,270 km2

856 346 hab.Mortalité infantile : 13,72Alphabétisation des adultes : 92,5 %PIB par hab. $5 200Pop. sous le seuil de pauvreté : 26 %

Îles Marshall181.3 km2

73 630 hab.Mortalité infantile : 38,68Alphabétisation des adultes : 93,7 %PIB par hab. $1 600Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Îles Salomon28,450 km2

494 786 hab.Mortalité infantile : 23,68Alphabétisation des adultes : n/aPIB par hab. $1 700Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Kiribati811 km2

96 335 hab.Mortalité infantile : 52,63Alphabétisation des adultes : n/aPIB par hab. $840Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Micronésie702 km2

135 869 hab.Mortalité infantile : n/aAlphabétisation des adultes : 89 %PIB par hab. $2 000Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Nioué260 km2

2 134 hab.Mortalité infantile : n/aAlphabétisation des adultes : 95 %PIB par hab. $3 600Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Nouvelle-Zélande268,680 km2

3 908 037 hab.Mortalité infantile : 6,18Alphabétisation des adultes : 99 %PIB par hab. $19 500Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Palaos458 km2

19 409 hab.Mortalité infantile : 16,21Alphabétisation des adultes : 92 %PIB par hab. $9 000Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Papouasie-Nouvelle-Guinée462,840 km2

5 172 033 hab.Mortalité infantile : 56,53Alphabétisation des adultes : 64,5 %PIB par hab. $2 400Pop. sous le seuil de pauvreté : 37 %

Samoa2,944 km2

178 631 hab.Mortalité infantile : 30,74Alphabétisation des adultes : 80 %PIB par hab. $3 500Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Vanuatu12,200 km2

196 178 hab.Mortalité infantile : 59,58Alphabétisation des adultes : 53 %PIB par hab. $1 300Pop. sous le seuil de pauvreté : n/a

Territoires associés• Îles Cook (Nouvelle Zélande)• Polynésie française (France)• Nouvelle-Calédonie (France)• Tokélaou (Nouvelle-Zélande)• Île Henderson (Royaume-Uni)

États non parties à la Conventiondu patrimoine mondial :- Nauru- Tonga* - Tuvalu

* adhesion en 2004

Source : Banque mondiale, données 2002

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Annexe 3

Méthodologie

1.1 Les États parties asiatiques, avec le soutien du Comité du patrimoine mondial, duCentre du patrimoine mondial et d’autres partenaires doivent remédier à l’absenced’inventaires nationaux pour les États parties asiatiques ainsi qu’au déséquilibre sou-vent sensible, dans les inventaires existants, en faveur des sites monumentaux etarchéologiques, par :1.1.1 la révision des inventaires nationaux,1.1.2 l’élaboration ou l’harmonisation de Listes indicatives sur la base d’analyses et

d’inventaires nationaux,1.1.3 1.1.3 la préparation de dossiers de proposition d’inscription, en particulier pour

le patrimoine non représenté ou sous-représenté, en privilégiant :• le patrimoine d’Asie Centrale et occidentale,• le patrimoine moderne et industriel,• le patrimoine protohistorique,• le patrimoine architectural vernaculaire ;

1.2 Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO fournira aux États parties asiatiques :1.2.1 des exemples de définitions du patrimoine et des formats d’inventaires natio-

naux provenant de différents pays,1.2.2 de bons exemples de Listes indicatives et de déclarations d’importance ;

1.3 Les États parties asiatiques ont demandé à l’UNESCO et aux Organisations consulta-tives de soumettre avant 2005 des rapports sur les actions entreprises en vue d’iden-tifier les catégories sous-représentées de sites du patrimoine mondial naturel oumixte dans la région asiatique, particulièrement en Asie centrale.

2.1 Afin de favoriser l’identification et la protection du patrimoine, les États parties doi-vent consolider, réviser, harmoniser et mettre à jour la législation nationale en :2.1.1 analysant les dispositions juridiques relatives aux biens inscrits sur la Liste du

patrimoine mondial ou sur les Listes indicatives, et notamment par la mise enplace de règlementations (par exemple des règlements d’urbanisme et de pla-nification) visant à identifier les omissions et les chevauchements de juridiction,ainsi qu’à renforcer les dispositions juridiques,

2.1.2 examinant les zones centrales, zones tampon et zones de soutien des biens ins-crits sur la Liste du patrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse et en s’as-surant que les zones de protection sont juridiquement délimitées et s’appuientsur des réglementations adéquates et efficacement appliquées,

2.1.3 examinant les mécanismes de gestion des biens du patrimoine mondial inscritsjusqu’à l’année 1994 incluse et, le cas échéant, en élaborant des plans de ges-tion prévoyant un suivi systématique, un contrôle approprié du développementet la participation des partenaires concernés ;

2.2 Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO doit mettre en place une base dedonnées en ligne regroupant les textes législatifs nationaux de la région Asie relatifsau patrimoine national qui concernent le patrimoine mondial.

Objectifs

1. Améliorer la représentati-vité du patrimoine naturel etculturel asiatique inscrit sur laListe du patrimoine mondial.

2. Renforcer les mécanismesjuridiques pour protégerd’une manière adéquate lesvaleurs de patrimoine mon-dial des biens inscrits sur laListe du patrimoine mondialou sur les Listes indicatives.

Programme « Action Asie 2003-2009 »

Ce nouveau Programme régional Action Asie 2003-2009 est proposé par l’Unité Asie du Centre du patrimoinemondial en réponse directe aux conclusions et au plan d’actions prioritaires élaborés par 27 États parties asia-tiques à la Convention du patrimoine mondial à l’occasion de l’Exercice des rapports périodiques 2003 pourl’Asie. Ce programme vise à aider les États parties d’Asie, aux niveaux sous-régional et régional, à mener desactions spécifiques destinées à renforcer l’application de la Convention du patrimoine mondial et à améliorer leprocessus de conservation des biens du patrimoine mondial asiatique, en particulier pour les biens inscrits sur laListe du patrimoine mondial jusqu’à l’année 1994 incluse.

3.1 Améliorer la coopération entre les différents acteurs, en privilégiant la mise en placede systèmes d’information géographiques (SIG) nationaux permettant l’inventaire etla cartographie des ressources du patrimoine culturel, ainsi que l’intégration dans desbases de données d’informations relatives à la démographie et aux infrastructures envue de la gestion et de l’utilisation d’informations communes et partagées par lesautorités compétentes en matière de planification ;

3.2 Mettre en place des indicateurs de suivi efficaces ;

3.3 Évaluer l’impact culturel des activités de développement proposées, en collaborationavec les sources de financement et avec la participation active de l’UNESCO ;

3.4 Sensibiliser les institutions de coopération au développement aux effets de la conser-vation du patrimoine sur le développement et identifier des mécanismes novateurspour la région Asie, tels que les fonds-en-dépôt et les partenariats avec des acteurstrès variés, en vue de parvenir à une gestion financière durable des biens du patri-moine mondial, en particulier de ceux qui figurent sur la Liste du patrimoine mondialen péril. Le Centre du patrimoine mondial présentera au Comité un rapport sur cesméthodes novatrices ;

3.5 Renforcer les capacités en vue de l’application d’autres instruments juridiques et pro-grammes complémentaires de l’UNESCO consacrés à la protection du patrimoine cul-turel : Convention de La Haye (1954), Convention sur le trafic illicite (1970),Convention sur le patrimoine culturel subaquatique (2001), programmes « Mémoiredu monde » et « Proclamation des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel » ;

3.6 Mettre en œuvre une gestion du tourisme durable pour les biens du patrimoine mon-dial d’Asie, au moyen du programme de tourisme durable adopté par le Comité endécembre 2001. Le Centre du patrimoine mondial doit entreprendre des études decas pour :3.6.1 examiner les conflits en cours et potentiels,3.6.2 proposer des solutions de partenariats pour une gestion du tourisme patrimo-nial durable,3.6.3 documenter des stratégies de conservation du patrimoine et des mécanismesde soutien financier pour les lieux connaissant ou susceptibles de connaître une crois-sance du tourisme, tels que la baie d’Ha-Long, au Viet Nam et les sites du patrimoinemondial de Chine, d’Indonésie et du Japon ;

3.7 L’UNESCO devra assurer en 2004-2005 la coordination d’un atelier stratégique consa-cré à l’examen des études de cas, rassemblant les États parties, les gestionnaires desites et le secteur privé, en particulier les opérateurs régionaux de l’écotourisme.L’atelier devra élaborer un projet de programme qui sera soumis à l’examen du Comitéen 2005 pour orienter la gestion d’un tourisme patrimonial durable.

4.1 Conformément à l’article 5(a) de la Convention du patrimoine mondial, les États par-ties asiatiques encouragent le Comité à prendre en compte dans sa politique l’impactpotentiel – positif et négatif – sur les communautés locales des décisions prises enmatière de conservation du patrimoine. Les États parties asiatiques recommandentque le Centre du patrimoine mondial élabore, en vue de son examen par le Comitéen 2004, un plan d’action destiné à :4.1.1 assurer le dialogue avec les organisations internationales, les sources de finan-cement, les ONG et les experts,4.1.2 débattre du rôle que pourrait jouer le patrimoine mondial culturel et natureldans les projets de réduction de la pauvreté,4.1.3 rechercher des opportunités de financement pour la conservation et la gestiondu patrimoine et renforcer la sensibilisation au rôle du patrimoine dans la vie socialeet économique des communautés.

97

Annexe 3

3. Développer les compé-tences en matière de conser-vation et de gestion, en vued’une meilleure conservationdes sites inscrits sur la Listedu patrimoine mondial ou surles Listes indicatives.

4. Relever le défi de la réduction de la pauvretédans la région.

5.1 L’UNESCO et le Centre du patrimoine mondial devraient examiner formellementleurs opérations dans la région d’ici à 2005 et faire en sorte que les services soientcoordonnés de manière à améliorer la mise en œuvre de la Convention du patrimoinemondial par les États parties asiatiques ;Les États parties ont affirmé le rôle et la contribution du Point focal Asie-Pacifique,accueilli par l’Australie, et encourage ce Point focal à :5.1.1 rechercher des opportunités de financement pour des programmes d’échange

direct à l’intention des gestionnaires du patrimoine mondial de la région,5.1.2 mettre en place un réseau d’information sur son site Web, en complément du

site Web de l’UNESCO, en vue de permettre aux États parties de la région departager des informations sur la planification de la gestion et les rapports pério-diques,

5.1.3 élaborer des ressources et du matériel de formation pour relever les défis dutourisme patrimonial dans la région.

5.2 Afin d’aider les États parties à atteindre les objectifs ci-dessus, le Centre du patri-moine mondial diffusera largement et publiera sur son site Web de bons exemplesde plans de gestion, des études de cas présentant des exemples des meilleurs pra-tiques en termes de conservation durable du patrimoine et de développement surdes sites du patrimoine culturel mondial de l’Asie, ainsi que des dossiers de proposi-tion d’inscription susceptibles d’être adaptés en tant que de besoin.

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Annexe 3

5. Relever les défis du partagede l’information dans larégion.

Calendrier

Ce programme Action Asie 2003-2009 consiste en actions opérationnelles qu’il convient de mettre en œuvre pour qu’ellesproduisent des résultats concrets qui devront être examinés lors du deuxième Exercice régional des rapports périodiques,en 2009.

Partenaires du programme

États parties, Organisations consultatives, ONG et universités intervenant dans le domaine de la gestion et de la conserva-tion du patrimoine en Asie, bureaux régionaux de l’UNESCO et divisions compétentes au Siège.

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Annexe 4

Méthodologie

1.1 Visites dans les pays, campagnes de sensibilisation, réunions d’information et actionsde suivi pour favoriser l’adhésion de Nauru, Tonga et Tuvalu et confirmer le statut desÎles Cook et Tokélaou.

2.1 La version du kit « Le Patrimoine mondial aux mains des jeunes » destinée aux paysdu Pacifique, en préparation grâce à un financement du gouvernement des Pays-Basainsi qu’à l’assistance de la Commission nationale néo-zélandaise pour l’UNESCO etd’autres donateurs du Pacifique, est en cours d’achèvement. Le kit sera prochaine-ment diffusé, fera l’objet d’une formation dispensée aux enseignants et sera, si pos-sible, intégré aux programmes scolaires nationaux ;

2.2 Un voyage d’étude sera organisé pour les responsables de Nan Madol, États fédérésde Micronésie, au Parc national de Tongariro, en Nouvelle Zélande. L’objectif est dedémontrer aux chefs traditionnels et aux responsables élus des États fédérés deMicronésie les avantages de la Convention du patrimoine mondial et de les sensibi-liser au patrimoine mondial. Ce projet est financé par le fonds-en-dépôt italien ;

2.3 Actions de sensibilisation et ateliers à l’échelle nationale et sous-régionale.

3.1 Assurer une formation à la préparation d’inventaires, de Listes indicatives et de pro-positions d’inscription ;

3.2 Favoriser la participation de représentants des îles du Pacifique à des ateliers de for-mation organisés pour la région Asie-Pacifique.

4.1 Soutien et assistance aux projets en cours et aux nouveaux projets visant à établir desinventaires nationaux et sous-régionaux, des listes indicatives et des propositionsd’inscription au patrimoine mondial.

4.2 Préparation d’études comparatives et thématiques exposant le contexte mondial envue des futures propositions d’inscription de sites culturels et/ou naturels duPacifique sur la Liste du patrimoine mondial.

Objectifs

1. Obtenir l’adhésion del’ensemble des pays duPacifique à la Convention dupatrimoine mondial afin derenforcer une approche decollaboration sous-régionaledans la mise en œuvre de laConvention.

2. Sensibiliser à la Conventiondu patrimoine mondial et auxbénéfices potentiels du patri-moine mondial dans lePacifique.

3. Renforcer les capacités envue de la préparation deListes indicatives et de propo-sitions d’inscription de bienssur la Liste du patrimoinemondial.

4. Assurer la représentationdu patrimoine culturel etnaturel du Pacifique sur laListe du patrimoine mondialdans le cadre de la Stratégieglobale pour une Liste du patrimoine mondial crédible,équilibrée et représentative.

Programme « Patrimoine mondial – Pacifique 2009 »

Suite logique de l’Exercice de rapports périodiques pour l’Asie et le Pacifique, est proposé ici un programmeconsacré au patrimoine mondial pour le Pacifique – centré particulièrement sur la consultation, le renforcementdes capacités, l’éducation et la préparation de Listes indicatives et de propositions d’inscription de sites sur laListe du patrimoine mondial, selon une approche de partenariat et de coopération. Dans la conception du pro-gramme Patrimoine mondial – Pacifique, il sera tenu compte des enseignements tirés du programme Afrique2009. Il est proposé que le programme comprenne notamment des activités menées au niveau des États parties,des projets pilotes transfrontaliers et de nouvelles initiatives sous-régionales. Un tel programme pourrait réunirde nombreuses activités qui reçoivent – ou ont reçu – un financement du Fonds du patrimoine mondial et desgouvernements de l’Italie, des Pays-Bas, du Japon, de l’Espagne, de la Norvège et de la France, ainsi qu’un sou-tien de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

100

Annexe 4

5.1 Fournir une assistance (renforcement des capacités, expertise et assistance finan-cière) aux États parties pour engager le débat et le travail sur des propositions d’ins-cription transfrontalières et en série sur la Liste du patrimoine mondial pour lePacifique ;

5.2 Continuer à soutenir le projet pilote visant à examiner la faisabilité d’une propositiond’inscription transfrontalière au patrimoine mondial des îles du Centre du Pacifique(qui pourrait inclure des atolls et des îles appartenant aux Îles Cook, à la Polynésiefrançaise (France), des Kiribati et aux États- Unis d’Amérique), en cohérence avec laproblématique maritime mondiale. Ce projet a reçu au départ le soutien du fonds-en-dépôt néerlandais, de la Convention France-UNESCO et de la National Oceanicand Atmospheric Administration (NOAA) américaine.

6.1 Bâtir un réseau de partenaires et de bailleurs de fonds, conclure des accords (tels quele protocole d’accord entre l’Australie et l’UNESCO signé en mai 2002 et l’accordentre la Nouvelle-Zélande et l’UNESCO signé en avril 2003) et déterminer les mesuresà prendre en partenariat au profit de la conservation du patrimoine mondial dans lePacifique.

5. Promouvoir des proposi-tions d’inscription transfron-talières et/ou en série, pourdes sites marins et terrestres,y compris des paysages cultu-rels en série, conformémentaux recommandations desréunions sur la Stratégie glo-bale tenues à Fidji en 1997 etVanuatu en 1999, de laréunion tenue à Hanoi enfévrier 2002 sur le thème «Combler les lacunes princi-pales et encourager les pro-positions d’inscription pargroupes de sites dans les éco-systèmes tropicaux, côtiers,marins et de petites îles » etde l’atelier de renforcementdes capacités organisé àSamoa en février 2003.

6. Établir des partenariatsavec des organisations gou-vernementales, des ONG, desorganisations internationaleset multilatérales et desbailleurs de fonds pour obte-nir une assistance à la mise enœuvre de la Convention dupatrimoine mondial dans lePacifique.

Calendrier

Dans un premier temps, il est proposé de tenir à la fin de 2003 ou au début de 2004 une réunion de consultation avec lesÉtats insulaires du Pacifique membres de l’UNESCO, l’Australie, la Nouvelle- Zélande, d’autres États parties ayant des intérêtsdans la sous-région, ainsi que des partenaires et bailleurs de fonds concernés. Cette réunion de consultation devrait per-mettre d’élaborer le Programme Pacifique en mettant en place un plan d’action fondé sur les résultats qui débutera en 2004et prévoira une évaluation biennale et la présentation d’un rapport dans le cadre du prochain cycle de rapports périodiquespour la région Asie-Pacifique, en 2009.

Partenaires du programme

Dans le cadre du programme, les pays insulaires du Pacifique bénéficiaires, l’UNESCO (Centre du patrimoine mondial, Bureaude l’UNESCO à Apia et autres unités au Siège), l’UICN, l’ICOMOS, l’ICCROM, le PROE (Programme régional océanien de l’en-vironnement), la PIMA (Association des musées du Pacifique insulaire), le Bishop Museum et d’autres organisations concer-nées (y compris des ONG comme Conservation International, le WWF, The Nature Conservancy, etc.) ainsi que les Étatsparties intéressés de la région et les bailleurs de fonds (actuels et nouveaux) auront l’occasion de travailler ensemble demanière plus coordonnée pour ouvrir des perspectives à la conservation du patrimoine mondial.

101

Annexe 5

Recommandations sous-régionales et régionales relatives àl’Exercice des rapports périodiques pour l’Asie et le Pacifique

Section I Section II

Recommandations sous-régionales

relatives au patrimoine culturel pour l’Asie du Centre-Ouest

relatives au patrimoine naturel et mixte pour l’Asie du Centre-Ouest

relatives au patrimoine culturel pour l’Asie du Sud

relatives au patrimoine culturel pour l’Asie du Sud-Est

relatives au patrimoine culturel pour l’Asie du Nord-Est

sous-régionales pour les pays insulaires du Pacifique

Recommandations régionales

panasiatiques relatives à l’application de la Convention du patrimoine mondialpour le patrimoine culturel

régionales relatives à l’application de la Convention du patrimoine mondialpour le patrimoine naturel et mixte

Recommandations sous-régionales

relatives aux biens culturels d’Asie du Centre-Ouest

relatives aux biens culturels d’Asie du Sud

relatives aux biens culturels d’Asie du Sud-Est

relatives aux biens culturels d’Asie du Nord-Est

Recommandations régionales

panasiatiques relatives aux biens culturels du patrimoine mondial asiatique

régionales relatives à la présentation des rapports de la Section II

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Annexe 5

Recommandations relatives au patrimoineculturel pour l’Asie du Centre-Ouest

Ces recommandations ont été adoptées par six Étatsparties d’Asie du Centre-Ouest au cours de la réunion deconsultation des États asiatiques parties à la Conventiondu patrimoine mondial organisée par l’UNESCO en vuede la préparation du « Rapport périodique de synthèsepour le patrimoine culturel asiatique », du 13 au 15 mars2003 au siège de l’UNESCO, à Paris.

I.2. Identification du patrimoine culturel et naturel

I.2.a. État des inventaires nationaux et des législa-tions nationales• Révision et mise à jour des inventaires nationaux• Amélioration de la législation en vue d’intégrer de

manière adéquate l’identification du patrimoine culturelmatériels et immatériel et du patrimoine.

Actions proposées pour l’avenir :• Harmoniser les critères existants pour les biens natio-

naux avec les critères de la Convention du patrimoinemondial en modifiant en tant que de besoin les législa-tions nationales.

• Réaliser les premières études nécessaires, élaborer etpublier les inventaires nationaux et locaux révisés desbiens culturels.

• Concevoir des projets pilotes visant à élaborer des basesde données, en commençant par des biens du patri-moine mondial susceptibles de figurer sur des Listes indi-catives au niveau régional.

Formes d’assistance requises : L’assistance du Fonds du patri-moine mondial ou d’autres financements au titre de la coopé-ration internationale seraient très appréciés.

I.2.b. Préparation des Listes indicatives :• Révision et mise à jour de la Liste indicative

Actions proposées pour l’avenir • Achever l’identification des biens potentiels du patri-

moine (culturel et mixte) et l’élaboration de la Liste indi-cative nationale.

• Soumission officielle de la Liste indicative révisée ou miseà jour au Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Formes d’assistance requises : Assistance préparatoire du Fondsdu patrimoine mondial, en tant que de besoin, en vue de l’éla-boration ou de la révision de la Liste indicative nationale.

I.2.c. Propositions d’inscription et procédure de pro-position d’inscription :Renforcement des capacités en vue de la préparation dedossiers de proposition d’inscription complets et bien

conçus, notamment pour ce qui est de :• l’identification de zones de protection adéquates et

appropriées (zones centrales et zones tampons, en tantque de besoin) pour les biens faisant l’objet d’une pro-position d’inscription ou figurant sur la Liste indicative,sur la base des valeurs de patrimoine mondial identifiéespour ce bien ;

• la préparation de cartes adéquates ;• la finalisation, l’approbation et le lancement de la mise

en œuvre d’un plan de gestion à long terme pour lesbiens faisant l’objet d’une proposition d’inscription oufigurant sur la Liste indicative, en particulier pour les citéshistoriques ;

• la mise en place d’un processus de consultation et d’uneinformation adéquats aux niveaux local et national. End’autres termes, il s’agit d’améliorer l’implication descommunautés locales et des autorités concernées dansle processus de proposition d’inscription en vue d’assu-rer une conservation à long terme et un développementdurable des biens figurant sur la Liste indicative.

Actions proposées pour l’avenir :• Échanges d’expertise aux niveaux régional et internatio-

nal et partage de savoir-faire en matière de « bonnespratiques » susceptibles d’être adaptées et réutilisées.

• Intensification des activités de formation en vue de ren-forcer les capacités des autorités chargées de préparerles dossiers de proposition d’inscription et les plans degestion à long terme des biens figurant sur la Liste indi-cative, aux niveaux national, sous-régional et internatio-nal, au moyen :

• (i) d’une coopération régionale, soutenue par unecoopération internationale, de la part notamment del’UNESCO, de l’ICOMOS et de l’ICCROM.

• (ii) de la mise en place progressive d’un « réseau régionald’experts » ou d’un « vivier d’experts ».

• Au cours de la réunion de consultation de mars 2003,le gouvernement du Kazakhstan a invité les États par-ties de la sous-région à participer à une activité de for-mation pour le renforcement des capacités à YasiTurkestan, site récemment inscrit, pour mettre en com-mun l’expérience en matière de préparation de propo-sitions d’inscription et de processus de consultation,ainsi que l’expérience de la conservation acquise lors dela restauration du Mausolée, qui a mis en œuvre denouvelles technologies au service d’un monument his-torique.

• Mise en oeuvre plus rigoureuse des recommandationsformulées lors de la réunion consacrée par le Centre dupatrimoine mondial en mai 2000, dans le cadre de laStratégie globale, au patrimoine mondial d’Asie centrale.

Formes d’assistance requises : Assistance préparatoire duFonds du patrimoine mondial ou d’autres financements autitre de la coopération internationale ou régionale, en tant

Section I

que de besoin, en vue d’un transfert approprié deconnaissances techniques en matière de méthodologie etde processus.

I.3. Protection, conservation et mise en valeur dupatrimoine culturel et naturel

I.3.a. Intégration de la conservation du patrimoine àla politique générale de planification du développpe-ment • Intégrer plus rigoureusement, à l’avenir, la conservation

des biens inscrits sur la Liste indicative et sur la Liste dupatrimoine mondial dans les programmes de planification.

Actions proposées pour l’avenir :• Établir une meilleure coopération entre les différentes

institutions et organisations responsables.

I.3.b. Participation des communautés locales :• Renforcer les capacités et accroître le nombre des insti-

tutions gouvernementales et des organisations profes-sionnelles dans les domaines de la protection, de lagestion, de la conservation et du développement touris-tique durable du patrimoine culturel.

Actions proposées pour l’avenir :• Améliorer progressivement le professionnalisme du per-

sonnel des institutions existantes et le soutien financierqu’elles reçoivent.

• Identifier, s’il y a lieu, les besoins et les priorités lors de lacréation d’autres agences chargées de la protection, dela gestion, de la conservation et du développement tou-ristique viable du patrimoine culturel.

• Organiser des activités de formation réunissant opéra-teurs du tourisme et experts du patrimoine culturel.

• Accroître les activités de formation sur site répondantaux besoins de conservation spécifiques à la sous-région identifiés lors de la réunion consacrée en 2000par l’UNESCO, dans le cadre de la Stratégie globale, aupatrimoine culturel d’Asie centrale, ainsi qu’auxbesoins qui relèvent du programme Terre Asie centrale2002-2012.

Formes d’assistance requises : Coopération internationaleet assistance du Fonds du patrimoine mondial, en tant quede besoin, et notamment :• des subventions d’équipement en vue d’une meilleure

application des systèmes de suivi et des techniques deconservation,

• des subventions destinées à l’organisation d’activités deformation,

• des formations professionnelles dans le domaine du tou-risme consacré au patrimoine culturel.

I.3.c. Développement du tourisme :• Amélioration des études scientifiques et techniques contri-

buant à la poursuite de l’identification de biens potentielsdu patrimoine mondial et à une meilleure compréhensionde leurs valeurs de patrimoine.

Formes d’assistance requises : Soutien accru aux études etenquêtes historiques, archéologiques et ethnographiquesdans différentes régions géographiques et ethnoculturelles.

I.3.d. Mesures financières (améliorations)• Renforcer, amender et harmoniser, en tant que de

besoin, la législation protégeant le patrimoine en vued’accroître la conservation du patrimoine culturel.

• Renforcer la protection et la gestion des biens faisantl’objet d’une proposition d’inscription et des biens figu-rant sur la Liste indicative.

Actions proposées pour l’avenir :• Rédiger les révisions pertinentes des lois et règlements.• Délimiter juridiquement les territoires, établir des zones

et des mécanismes de protection et concevoir des plansde gestion pour les biens figurant sur la Liste indicative.

• I.3.e. Professionnels (besoins en matière de renfor-cement des capacités et de formation)

• Renforcement de l’organisation de la formation profes-sionnelle à la gestion et à la conservation du patrimoineculturel au niveau régional.

• Meilleure compréhension de la notion de protection despaysages culturels, directement associée aux moyensd’assurer un suivi et une gestion adéquats de ces biensdu patrimoine culturel ou mixte.

Actions proposées pour l’avenir :• Organiser à l’échelle régionale des cours et activités de

formation de l’UNESCO consacrés à la gestion et à laconservation de l’architecture de terre, des sites archéo-logiques, des cités historiques, des monuments et despaysages culturels.

• Accroître les activités de renforcement des capacitéayant des effets multiplicateurs, comme la formationd’artisans à l’emploi des matériaux de construction etaux pratiques de conservation (carrelages, briques, déco-rations, peintures murales, etc.).

• Lancer et développer une éducation à la conservation enutilisant les installations et les capacités des institutionsexistantes.

Formes d’assistance requises : Financement du Fonds dupatrimoine mondial, de l’UNESCO, de l’ICCROM, del’ICOMOS et de la coopération internationale, en tant quede besoin, avec un apport national, en vue de :(a) concevoir des cours et activités de formation,(b) organiser et mettre en œuvre des cours et activités deformation.

I.4. Coopération internationale et mobilisation defonds

• Renforcer l’échange d’expériences et la coopérationentre experts et organisations des pays d’Asie du Centre-Ouest en matière de protection et de conservation dupatrimoine culturel.

103

Annexe 5

104

Annexe 5

• Renforcer la capacité à mobiliser efficacement la coopé-ration internationale en vue de traiter les problèmesurgents de conservation, de gestion et de développe-ment auxquels sont confrontés les biens, inscrits oupotentiels, du patrimoine mondial.

Actions proposées pour l’avenir :• Participer activement au programme Terre Asie centrale

2002-2012.• Organiser des activités de formation, en particulier au

niveau des sites, impliquant la participation d’expertsrégionaux.

• Renforcer l’échange d’informations aux niveaux natio-nal, sous-régional et international sur les divers typesd’assistance disponibles et améliorer les modalités etprocédures permettant une mobilisation efficace et sansretard de financements accordés au titre de la coopéra-tion internationale.

I.5. Éducation, information et sensibilisation

• Introduire ou poursuivre dans les écoles des programmesd’enseignement consacrés au patrimoine mondial.

• IOrganiser et multiplier les publications relatives au patri-moine culturel.

Actions proposées pour l’avenir :• IConcevoir à l’usage des écoles des programmes pilotes

d’enseignement pour les écoles ou, dans le cas où de telsprogrammes existent déjà, poursuivre ceux-ci, en inté-grant, en tant que de besoin, le matériel éducatif consa-cré au patrimoine mondial.

• IPréparer et publier à l’intention des visiteurs des cartes,des guides et des informations générales sur les biensinscrits au patrimoine mondial et sur ceux qui figurentsur la Liste indicative, en visant particulièrement le grandpublic et les communautés locales des zones où setrouve ce patrimoine (il conviendrait, par exemple, demettre régulièrement à jour le site Web du patrimoineculturel d’Asie centrale).

Recommandations relatives au patrimoinenaturel et mixte d’Asie du Centre-Ouest

Ces conclusions et recommandations ont été formu-lées par cinq États parties d’Asie centrale, l’UICN,l’ICOMOS et l’UNESCO au cours de l’atelier organisépar l’UNESCO sur les possibilités de propositionsd’inscription au titre du patrimoine mondial naturelet mixte en Asie centrale, du 16 au 18 décembre 2002à Almaty, Kazakhstan.

Les participants ont reconnu la nécessité de :

• Réviser les Listes indicatives nationales ou leur ajouterdes biens du patrimoine mondial naturels, mixtes outransfrontaliers, ainsi que des biens thématiques ougroupés, en tant que de besoin.

• Créer un processus de proposition d’inscription efficaceet de haute qualité, en faisant en sorte que les gouverne-ments prennent la responsabilité de préparer les proposi-tions d’inscription au patrimoine mondial au moyen :

(i) de l’affectation de fonds suffisants ;(ii) d’une meilleure coordination et d’une meilleure colla-

boration entre les commissions nationales pourl’UNESCO, les ministères compétents, les autorités etles communautés locales, les institutions acadé-miques existantes, les gestionnaires de sites, les ONGet les organisations internationales ;

(iii) d’une utilisation efficace de l’expertise existante àl’échelle nationale et régionale ; et

(iv) d’une planification réaliste dans la préparation despropositions d’inscription.

• Élaborer un Plan d’action régional pour l’Asie centrale envue de la mise en œuvre de la Convention du patrimoinemondial, qui comprendra :(i) l’établissement de points focaux régionaux pour favo-

riser l’échange d’informations, d’expertise et d’étudesde cas sur les meilleures pratiques, ainsi que pour faci-liter la constitution de réseaux ;

(ii) des activités de formation spécifiques en vue du ren-forcement des capacités pour la préparation des pro-positions d’inscription ;

(iii) un soutien à long terme pour la préparation des pro-positions d’inscription.

Les participants ont recommandé que :

Les États d’Asie centrale parties à la Convention dupatrimoine mondial :• S’acquittent des « obligations » qui leur incombent au

titre de la Convention du patrimoine mondial par la pro-mulgation et l’application d’une législation relative à laprotection et à la gestion des sites du patrimoine ;

• Organisent des séminaires avec la participation desCommissions nationales, des institutions gouvernementalescompétentes, des autorités locales et d’autres partenaires

en vue d’améliorer la coordination pour la mise en œuvre dela Convention du patrimoine mondial en Asie centrale ;

• Demandent l’assistance du Fonds du patrimoine mondialpour la révision de leurs Listes indicatives nationales et lapréparation de propositions d’inscription pour des bienspotentiels du patrimoine naturel ;

• Soumettent des Listes indicatives révisées au Centre dupatrimoine mondial avant le 31 décembre 2003 ;

• Mettent en place un groupe de travail intergouverne-mental régional réunissant des experts d’ONG telles quele WWF, le NABU, FFI et d’autres, s’il y a lieu, qui prépa-rera une « Liste indicative sous-régionale » en utilisant ladocumentation existante afin d’identifier et de proposeren particulier des sites transfrontaliers ;

• Encouragent une meilleure coordination, au niveaunational, entre le Programme du patrimoine mondial etle Programme MAB de l’UNESCO, afin que ces deux pro-grammes se soutiennent mutuellement ;

• Envisagent une approche thématique pour l’identifica-tion et la proposition d’inscription de sites naturels etmixtes (comme la Route de la Soie).

Les États parties à la Convention du patrimoinemondial et le Comité du patrimoine mondial :• Intègrent une initiative de financement novatrice dans le

Plan d’action régional pour la mise en œuvre de laConvention du patrimoine mondial en Asie centrale,avec l’assistance du Centre du patrimoine mondial et desOrganisations consultatives. Une attention particulièredevra être accordée à l’éventuelle mobilisation de res-sources existantes (comme le Fonds du patrimoine mon-dial de l’UNESCO et la Fondation pour les Nations Unies),potentielles (comme le Fonds pour l’environnementmondial) et nouvelles (comme TACIS, programme régio-nal de la Commission européenne destiné à l’Asie cen-trale ou le fonds de réaction rapide de FFI).

Le Comité du patrimoine mondial :• Consacre des efforts spécifiques à apporter une assis-

tance financière et technique aux États parties d’Asiecentrale pour la révision de leurs Listes indicatives et lapréparation de nouvelles propositions d’inscription, enparticulier au titre du patrimoine naturel ;

• Soutienne la préparation de modules de formation et deprincipes directeurs à l’intention des Commissions natio-nales d’Asie centrale, afin d’augmenter leur capacité àcoordonner et à soutenir les activités consacrées aupatrimoine mondial dans la région, en particulier pour cequi concerne le patrimoine naturel ;

• Soutienne la traduction en russe de la documentationpertinente qui devra être distribuée aux États partiesd’Asie centrale, et notamment aux coordonnateursnationaux des Conventions ;

• Demande au Centre du patrimoine mondial et auxOrganisations consultatives de poursuivre et d’accroîtreleur soutien aux États parties d’Asie centrale en vue de lamise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial ;

• Demande à l’ICOMOS de préparer, en consultation avecl’UICN, une étude thématique sur l’identification et l’éva-luation de paysages culturels potentiels dans la région.

Recommandations relatives au patrimoineculturel d’Asie du Sud

Ces recommandations ont été adoptées par six Étatsparties d’Asie du Sud lors de la réunion de consulta-tion des États asiatiques parties à la Convention dupatrimoine mondial organisée par l’UNESCO en vuede la préparation du « Rapport périodique de syn-thèse pour le patrimoine culturel asiatique », du13 au 15 mars 2003 au Siège de l’UNESCO, à Paris.

I.2. Identification du patrimoine culturel et naturel

• Il est recommandé qu’un inventaire national soit établi surla base de thématiques spécifiques reflétant des problèmessocioculturels d’une valeur universelle exceptionnelle(comme la thématique de la non-violence en Asie du Sud).

• Il est recommandé qu’après l’identification d’un sitecomme bien du patrimoine mondial, soit examinée lapossibilité de lui appliquer d’autres instruments del’UNESCO destinés à la protection du patrimoine cultu-rel, comme le programme « Mémoire du monde »,consacré à la sauvegarde du patrimoine documentaireou la « Proclamation des chefs-d’oeuvre du patrimoineoral et immatériel de l’humanité ».

I.3. Protection, conservation et mise en valeur dupatrimoine culturel et naturel

I.3.a. Intégration de la conservation du patrimoinedans la politique générale de planification du déve-loppement :• Il est recommandé que préalablement à tout développe-

ment d’infrastructures sur un site du patrimoine ou auxalentours de celui-ci, il soit obligatoire de réaliser uneétude d’impact culturel, pour laquelle de nouveaux pro-tocoles et de nouvelles méthodes doivent être conçusavec l’assistance du Centre du patrimoine mondial.

• Il est recommandé que ce processus d’étude d’impactculturel sur les sites du patrimoine mondial définisse desmodèles et établisse des précédents en vue de la réalisa-tion d’études d’impact culturel comparables pour la pro-tection de tous les sites du patrimoine.

I.3.b. Législation :• Il est recommandé que toute la législation relative à la

protection du patrimoine soit rassemblée dans une basede données consultable.

I.3.c. Participation des communautés locales• Il est recommandé de rendre obligatoire que la formulation

par les autorités nationales des plans de gestion nécessairess’effectue en consultation avec la communauté localeavant la soumission du dossier de proposition d’inscription.

• Il est recommandé que les gardiens traditionnels des biensdu patrimoine mondial reçoivent une éducation et uneformation à la conservation et à la protection de ces biens.

I.3.d. Développement du tourisme :• Il est recommandé que l’existence d’un plan de régula-

tion ou de contrôle du tourisme soit une condition préa-105

Annexe 5

lable à l’inscription des biens sur les Listes du patrimoinemondial (ce qui implique une révision des Orientations,actuellement en cours).

• Il est recommandé que le tourisme durable du Bhoutansoit étudié en tant qu’instrument de gestion témoignantde bonnes pratiques.

I.3.e. Mesures financières et affectations budgétaires :• Il est recommandé d’étudier le système d’encaissement de

revenus mis en place au Sri Lanka, en 1990 en tant qu’ins-trument de gestion témoignant de bonnes pratiques.

I.3.f. Professionnels• Il est recommandé que chaque État partie établisse une

base de données de professionnels. Cette informationpourrait contribuer à la constitution d’une base de don-nées mondiale d’experts, qui serait gérée et mise à jourpar le Centre du patrimoine mondial.

• Il est recommandé que le Centre du patrimoine mondialinvestisse dans des programmes sous-régionaux consa-crés aux techniques et à la formation, compte tenu dufait que chaque sous-région possède ses techniques deformation et ses matériaux traditionnels propres.

• Il est recommandé que le Centre du patrimoine mondialsoutienne le nouveau programme UNESCO/ICCROM d’« Académie asiatique pour la gestion du patrimoine cul-turel » visant à la mise en réseau des universités de la région.

• Il est recommandé que le personnel soit formé aux outilstechniques modernes tels que les SIG, la cartographienon destructive et les progrès scientifiques en matière deconservation.

• Il est recommandé de soutenir une formation profes-sionnelle avancée dans les domaines de la planificationet de la législation visant à protéger le patrimoine.

I.4. Coopération internationale et mobilisation defonds :• Il est recommandé que lorsque les États parties négo-

cient des prêts en vue du développement d’infrastruc-tures, le Centre du patrimoine mondial les aide à intégrerdans l’enveloppe globale des fonds destinés à la conser-vation du patrimoine.

I.5. Éducation, information et sensibilisation• Il est recommandé que l’éducation au patrimoine mon-

dial soit intégrée formellement dans les programmeséducatifs.

• Il est recommandé que le Centre du patrimoine mondialélabore un système d’évaluation à l’échelle des sites pourl’habilitation de guides du patrimoine mondial.

Conclusions• Il est recommandé d’établir des relations entre les États

parties d’Asie du Sud dans les domaines de la documen-tation, de la gestion, de la conservation et de la forma-tion.

• Il est recommandé qu’un examen intermédiaire soitorganisé tous les deux ans sur une base sous-régionale.En liaison avec cet examen, une réunion sous-régionaledes gestionnaires de sites du patrimoine mondial devraitêtre convoquée tous les deux ans.

Recommandations relatives au patrimoineculturel pour l’Asie du Sud-Est

Ces recommandations ont été adoptées par huit Étatsparties d’Asie du Sud-Est lors de la réunion de consulta-tion des États asiatiques parties à la Convention dupatrimoine mondial organisée par l’UNESCO en vue dela préparation du « Rapport périodique de synthèsepour le patrimoine culturel asiatique », du 13 au 15 mars2003 au Siège de l’UNESCO, à Paris.

I.2 Identification du patrimoine culturel et naturel

I.2.a. État des inventaires nationaux et de la législa-tion relative au patrimoine :• De nombreux États parties ne disposent pas d’inventaires

nationaux ou doivent les réviser ou les mettre à jour.• Il est nécessaire d’améliorer la législation en vue d’inté-

grer d’une manière adéquate l’identification du patri-moine culturel matériel et immatériel et celle dupatrimoine naturel.

Actions proposées pour l’avenir :• L’UNESCO doit fournir des exemples de définition du

patrimoine culturel et des formats d’inventaire nationalprovenant de divers pays.

• À partir de ces exemples, les États parties élaborerontleurs propres définitions et formats et les ministères de laculture demanderont aux autorités provinciales, soute-nues par les groupes universitaires et de recherche desoumettre à l’examen du gouvernement central unelégislation améliorée.

Formes d’assistance requises : Assistance du Fonds dupatrimoine mondial et autres financements au titre de lacoopération internationale ; aide de l’UNESCO pour lamobilisation d’un soutien financier et intellectuel.

I.2.b. Préparation des Listes indicatives :• Les Listes indicatives doivent être mises à jour au terme

d’une réflexion approfondie, qui tienne compte d’uneconception nouvelle et plus large du patrimoine.

Actions proposées pour l’avenir :• L’UNESCO fournira de bons exemples de formats pour

les Listes indicatives et les déclarations d’importance.• Achèvement de l’identification de biens potentiels du

patrimoine (culturels et mixtes), élaboration des Listesindicatives nationales et, peut-être, organisation d’uneréunion des États parties d’Asie du Sud-Est en vue d’unexamen thématique des nouvelles Listes indicatives.

• Soumission officielle des Listes indicatives révisées oumises à jour au Centre du patrimoine mondial del’UNESCO.

• Assistance préparatoire du Fonds du patrimoine mon-dial, en tant que de besoin, pour l’élaboration ou la révi-sion de la Liste indicative nationale.

106

Annexe 5

I.2.c. Propositions d’inscription et procédure de pro-position d’inscription :• Il est nécessaire de renforcer les capacités en vue de la

préparation de dossiers de proposition d’inscriptioncomplets et bien conçus, en particulier pour :(i) Identifier, en tant que de besoin, les zones centrales,tampon et de soutien des biens faisant l’objet d’une pro-position d’inscription ou figurant sur les Listes indica-tives, sur la base des valeurs de patrimoine mondialidentifiées pour les biens concernés.(ii) préparer des cartes adéquates(iii) consulter les autorités et les populations locales.

Actions proposées pour l’avenir :• Transmettre de bons exemples de plans de gestion et de

dossiers de proposition d’inscription destinés à être pré-sentés sur le site Web de l’UNESCO.

• Organiser des ateliers nationaux afin de mettre en com-mun les bons exemples et de les réutiliser en les adaptant.

• Échanger l’expertise aux niveaux régional et internatio-nal afin de mettre en commun le savoir-faire en matièrede « bonnes pratiques » susceptibles d’être adaptées etréutilisées selon les situations locales.

• Intensifier les activités de formation pour renforcer lescapacités des autorités chargées de la préparation desdossiers de proposition d’inscription et de la planificationde la gestion à long terme des biens figurant sur les Listesindicatives, afin qu’elles puissent préparer à l’avance cesdossiers de proposition d’inscription et les plans de ges-tion des sites figurant sur les Listes indicatives.

Types d’assistance requise : Assistance préparatoire duFonds du patrimoine mondial ou autre forme de coopéra-tion internationale ou régionale, en tant que de besoin, envue du transfert de connaissances techniques à des finsméthodologiques et procédurales.

I.3 Protection, conservation et mise en valeur dupatrimoine culturel et naturel

I.3.a. Intégration de la conservation du patrimoinedans la politique générale de planification du déve-loppement :• Il est nécessaire d’intégrer la définition des zones cen-

trales et périphériques du patrimoine mondial dans uneplanification d’ensemble.

• Il est nécessaire d’assurer un suivi de tous les projetsd’aide publique au développement qui ont une incidencesur les sites du patrimoine mondial et visent à une impli-cation active dans le processus de conservation du patri-moine mondial. Il est, par exemple, nécessaire d’examinerla manière dont les projets d’infrastructures rurales eturbaines de la Banque mondiale, de la BAsD ou de l’UE –entre autres bailleurs de fonds – peuvent être mis au ser-vice de la conservation des villes et des paysages et dudéveloppement des zones tampon ou de soutien.

• Il est nécessaire de promouvoir l’implication des commu-nautés dans le processus de conservation du patrimoinemondial, au moyen d’exemples tels que les contrats devillage de Luang Prabang.

• Il est nécessaire d’étudier les moyens de rediriger lesrevenus du tourisme vers la conservation du patrimoineculturel.

Actions proposées pour l’avenir :• Établir une meilleure coopération entre les différentes

agences et organisations responsables.• Examiner les exemples existants de commissions intermi-

nistérielles au niveau national ou de commissions inter-départementales aux niveaux local et provincial.

• Les États parties doivent transmettre à l’UNESCO desexemples de bonnes pratiques en matière de participa-tion des communautés locales à la conservation du patri-moine.

• Les États parties doivent adresser à l’UNESCO les statutsou contrats liant les institutions gouvernementales char-gées de la culture et le département chargé du tourismeou des entreprises privées, qui seront diffusées aux auto-rités gestionnaires des sites du patrimoine afin de pou-voir être adaptées et réutilisées. Des exemples tels quel’APSARA, le Centre de conservation de Huê etBorobudur pour son système de vente de billets sur lesite peuvent se révéler utile, et l’on peut recourir avecprofit à des exemples extérieurs à la région illustrant l’uti-lité, pour la conservation du patrimoine, de taxes sur letourisme, les hôtels, les aéroports, etc.

Formes d’assistance requises : Soutien de l’UNESCO à laparticipation à des missions de planification de pro-grammes d’APD. L’UNESCO rassemblera et diffusera desexemples de bonnes pratiques sur son site Web ; elle pour-rait également les communiquer au moyen de publica-tions.

I.3.b. État des services de protection, de conservationet de préservation :• Il est nécessaire de poursuivre l’examen et d’étudier la

faisabilité de la coopération public-privé en vue de laconservation et du développement des entreprises liéesau patrimoine (modèle de l’APSARA).

Actions proposées pour l’avenir :• Rassembler des exemples de différentes autorités ges-

tionnaires (statuts, termes de référence, etc.).• Rassembler, pour susciter des idées, de bons et de mau-

vais exemples d’aménagements touristiques (centresd’accueil des visiteurs, boutiques de souvenirs, toilettes,etc.).

Formes d’assistance requises : Coopération internationaleet assistance du Fonds du patrimoine mondial en tant quede besoin.

I.3.c. Études scientifiques et techniques et recherche• Il est nécessaire de renforcer les études scientifiques et

techniques.

Actions proposées pour l’avenir :• Organiser des séminaires de formation au sein des minis-

tères et des autorités locales.

107

Annexe 5

Formes d’assistance requises : Demander à l’UNESCO defaciliter le processus en élaborant un format de demandeet de candidature.

I.3.d. Mesures visant à l’identification, à la protec-tion, à la conservation, à la mise en valeur et à laréhabilitation :

Actions proposées pour l’avenir :• Promouvoir la coopération entre les organes gouverne-

mentaux et les universités et institutions de recherche envue d’évaluer les cadres juridiques et de gestion, les pro-grammes de formation à la gestion, l’amélioration descompétences, etc.

I.3.e. Professionnels :• Il est nécessaire de promouvoir la formation profession-

nelle en matière de gestion et de conservation du patri-moine culturel aux niveaux régional et international surune base thématique.

Actions proposées pour l’avenir :• Organiser à l’échelle régionale des cours ou activités de

formation de l’UNESCO sur la gestion et la conservationdans des domaines à identifier au niveau national et exa-miner le soutien que la coopération internationale estsusceptible d’apporter pour répondre aux besoins dessites à l’échelle nationale et locale.

• Intensifier les activités de renforcement des capacités quiont des effets démultiplicateurs. Identifier des lieux se prê-tant à l’organisation de formations sur site et en cours d’em-ploi (comme la conservation urbaine à Luang Prabang, lapeinture murale à Pagan ou la recherche archéologique àMi-Sön, Vat Phou et ailleurs dans la région).

Formes d’assistance requises : Fonds du patrimoine mon-dial, l’UNESCO, l’ICCROM, l’ICOMOS et coopération inter-nationale, en tant que de besoin, ainsi qu’un apportnational en vue de concevoir des cours et activités de for-mation et d’organiser des cours de formation.

I.4. Coopération internationale et mobilisation defonds

• Renforcer l’échange d’expérience et la coopération entreles experts et les organisations dans le pays (entre sites),au sein de la région (ASEAN, ASEF, UNESCO, etc.) et àl’échelle internationale (ICCROM, opportunités debourses bilatérales, etc.).

Actions proposées pour l’avenir :• Rassembler l’information de manière systématique sur

les possibilités offertes au niveau national (universités,projets de recherche ou opérationnels) à l’intentiond’autres bénéficiaires dans le pays ainsi qu’à l’échellerégionale et internationale, aux niveaux régional et inter-national.

Formes d’assistance requises : L’UNESCO doit adresser auxbailleurs de fonds potentiels des circulaires présentant les

besoins, assurer le suivi, notamment, des subventionsaccordées à des projets au titre de l’APD et les possibili-tés de prêts et fournir des fonds d’amorçage attribuéspar le Fonds du patrimoine mondial, qui devront avoir unrôle de catalyseur pour obtenir des financements supplé-mentaires.

I.5. Éducation, information et sensibilisation

• Introduire et poursuivre, dans les curricula officiels etdans l’éducation informelle, des programmes visant àdispenser à l’école un enseignement consacré au patri-moine mondial.

• Organiser les publications consacrées au patrimoinemondial et concevoir de nouvelles publications.

Actions proposées pour l’avenir :• Concevoir des programmes pilotes d’enseignement

pour les écoles ou, si de tels programmes existent déjà,poursuivre en tant que de besoin les programmes inté-grant un matériel pédagogique consacré au patrimoinemondial.

• Préparer et publier, à l’intention des visiteurs, des cartes,guides et informations générales sur les biens inscritssur les Listes indicatives ou sur la Liste du patrimoinemondial, en visant particulièrement le grand public etles communautés locales des zones où se trouve cepatrimoine.

• Trouver des éditeurs commerciaux en vue, notam-ment, de la publication massive du kit éducatif sur lepatrimoine mondial.

Formes d’assistance requises : Fonds d’amorçage fournispar le Fonds du patrimoine mondial pour générer, par uneffet de catalyseur, des financements supplémentaires.

108

Annexe 5

Recommandations relatives au patrimoineculturel d’Asie du Nord-Est

Ces recommandations ont été adoptées par cinqÉtats parties d’Asie du Nord-Est lors de la réunion deconsultation des États asiatiques parties à laConvention du patrimoine mondial organisée parl’UNESCO en vue de la préparation du « Rapportpériodique de synthèse pour le patrimoine culturelasiatique », du 13 au 15 mars 2003 au Siège del’UNESCO, à Paris.

I.2. Identification du patrimoine culturel et naturel

• Relever le défi que représente le déséquilibre de la repré-sentation des différents pays sur la Liste du patrimoinemondial. Pour ce qui concerne l’Asie du Nord-Est, il estrecommandé d’entreprendre des recherches et étudessur les biens du patrimoine mondial, par catégorie, envue de la proposition d’inscription et de l’inscription debiens culturels.

• La décision temporaire de limiter le nombre de nouvellespropositions d’inscription pouvant être soumises annuel-lement par chaque pays doit être abandonnée.

• Des dispositions juridiques visant à protéger la zone tam-pon de protection doivent être prévues dans la législa-tion nationale. Le Comité du patrimoine mondial doitformuler une définition claire et/ou clarification quantaux limites et au statut juridique de la zone tampon fai-sant l’objet d’une proposition d’inscription, en particulierdans le format de proposition d’inscription (I.2). Cettedéfinition doit reposer sur les types de biens du patri-moine (culturel, naturel ou mixte) et viser à la précisionet à la concision.

I.3. Protection, conservation et mise en valeur dupatrimoine culturel et naturel

I.3.a. Intégration du patrimoine et planification :• Par souci de cohérence avec l’article 5 de la Convention

du patrimoine mondial, ce groupe a fait sienne la recom-mandation 2 de l’atelier de Hanoi dans laquelle les Étatsparties recommandent que le Comité élabore, en vue deson examen en 2004, un plan d’action visant à :(i) assurer un dialogue permanent avec les organisationsinternationales, les sources de financement, les ONG etles experts individuels ;(ii) examiner le rôle du patrimoine culturel et naturel dansles projets de lutte contre la pauvreté ;(iii) rechercher les possibilités de financement pour laconservation et la gestion du patrimoine et renforcer lasensibilisation quant à la place du patrimoine dans la vieéconomique et sociale des communautés.

• Alors que se poursuit la révision des Orientations devantguider la mise en œuvre de la Convention du patrimoinemondial, le Comité du patrimoine mondial doit envisa-ger une clause explicite visant à garantir qu’en prenantdes décisions en matière de conservation des biens dupatrimoine mondial culturel et naturel, il tienne compted’une manière adéquate et appropriée de l’impact

potentiel de ces décisions sur la vie économique etsociale des communautés locales et régionales.

I.3.b. Développement du tourisme :• La planification du tourisme doit être placée sous la res-

ponsabilité des autorités gestionnaires du patrimoine.L’industrie du tourisme doit contribuer à la protectiondes sites du patrimoine, en particulier de ceux qui figu-rent sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

I.3.c. Mesures financières et affectations budgétaires :• Conformément à l’article 17 de la Convention, les États

parties (autorités centrales et locales) doivent, dans lesbudgets des autorités publiques, réserver des fonds spé-cifiquement destinés à la protection du patrimoine cul-turel et naturel mis en péril par des travaux publics ouprivés de grande ampleur.

• Les États parties doivent prendre la responsabilité demettre en place un mécanisme financier (Fonds ou obli-gations pour le patrimoine) en vue d’accroître les res-sources financières destinées à la protection des sites dupatrimoine.

I.3.d. Professionnels :• Un programme de recherche sur la conservation du patri-

moine (méthodologie, bonnes pratiques, etc.), doit êtreélaboré au niveau sous-régional (en mettant en communles références communes), voire au niveau régional.

I.4. Coopération internationale et mobilisation defonds :

• Les États parties doivent prendre la responsabilité demettre en place un mécanisme financier (Fonds ou obli-gations pour le patrimoine) en vue d’accroître les res-sources financières destinées à la protection des sites dupatrimoine.

I.5. Education, information and awareness-building

• Pour ce qui concerne l’application de l’article 27 de laConvention, l’éducation au patrimoine doit être intégréeau développement des programmes pour les systèmesd’enseignement secondaire et universitaire (supérieur).

• Il a été pris note de l’initiative de l’Académie asiatiquepour la gestion du patrimoine culturel. La consolidationdoit se poursuivre.

• Le partage de l’information relative à l’information surles sites, à la planification de la gestion et aux méthodo-logies de conservation a été recommandé.

• Les versions en langue nationale de la Convention, desOrientations, des formulaires de demande d’assistanceinternationale et d’autres informations de base sur lepatrimoine mondial doivent être produites et mises à ladisposition des gestionnaires de sites.

• Il a été demandé au Centre du patrimoine mondial d’ai-der à rendre accessible aux gestionnaires de sites ladocumentation bibliographique d’un bien (dossier deproposition d’inscription, rapports d’évaluation, rapportssur l’état de conservation, etc.).

109

Annexe 5

Conclusions

• Il a été fortement recommandé que la Recommandationde 1972 concernant la protection, sur le plan national,du patrimoine culturel et naturel adoptée par laConférence générale de l’UNESCO en novembre 1972s’applique, dans la mesure du possible, à la mise enoeuvre de la Convention du patrimoine mondial.

• Le point relatif à la conservation et au développement dupatrimoine doit être intégré dans l’ordre du jour de laTable ronde des ministres de la culture d’Asie du Nord-Est qui doit avoir lieu en août 2003 à Macao.

• La proposition de mise en place d’un réseau sous-régio-nal des gestionnaires du patrimoine d’Asie du Nord-Est aété examinée et approuvée. Il a été convenu que les cinqpays concernés poursuivront l’élaboration de ce conceptet que l’UNESCO facilitera la création de ce forum.

• Il a été recommandé que des activités de renforcementdes capacités soient mises en œuvre dans ce cadre et enrecourant aux institutions existantes telles que l’ACCU.Ces activités comprendront notamment : un atelier sousrégional sur la Stratégie globale (2004), des cours de for-mation à la gestion de sites (2004), un échange sous-régional d’expertise en vue du suivi de l’état deconservation des biens du patrimoine culturel et le par-tage de l’information au niveau sous-régional.

Recommandations sous-régionales pourles pays insulaires du Pacifique

Ces recommandations procèdent, en partie, de l’atelierconsacré au renforcement des capacités dans ledomaine du patrimoine mondial pour le Pacifique, orga-nisé par le bureau de l’UNESCO à Apia, Samoa, du 12 au21 février 2003. L’atelier a réuni des représentants desÎles Cook, des Îles Marshall, de Kiribati, de Nioué, desPalaos, de Samoa, de Tonga, de Tuvalu et de Vanuatu.

Adhésion à la Convention du patrimoine mondial :

• L’UNESCO doit chercher à obtenir une adhésion de l’en-semble de la sous-région à la Convention (y compris deNauru, Tonga et Tuvalu, et la confirmation du statut desÎles Cook et de Tokélaou).

• L’adhésion de l’ensemble des pays du Pacifique à laConvention garantira une approche renforcée et collabo-rative de sa mise en œuvre à l’échelle de la sous-région.

Inventaires nationaux et Listes indicatives :

• La plupart des pays insulaires du Pacifique (PIP) élaborentdes inventaires nationaux de leur patrimoine culturel etnaturel ; ils sont toutefois peu nombreux à avoir préparéune Liste indicative du patrimoine mondial.

• Une assistance technique et financière complémentaireest nécessaire à cet égard et il importera de veiller à uneharmonisation sous-régionale.

Intégration des politiques relatives au patrimoine età la planification :

• Dans certains PIP, une législation relative à la conserva-tion du patrimoine vient s’ajouter aux modes tradition-nels d’occupation et de protection des terres et de lamer. Dans certains cas, une réforme de la législation etdes politiques est en cours.

• Il serait opportun de réaliser une étude documentaireprésentant un panorama sous-régional des législationsrelatives à la conservation du patrimoine, en vue d’éva-luer le degré de préparation de la sous-région à la pro-tection du patrimoine mondial dans l’avenir.

• Certains PIP ont manifesté un intérêt pour la mise enplace d’un système intégré de conservation et de planifi-cation du patrimoine culturel et naturel dans le cadre dupatrimoine mondial.

• Est recommandée, dans un premier temps, la création decomités nationaux du patrimoine mondial qui implique-raient les institutions chargées du patrimoine culturel etnaturel, les chefs traditionnels et les communautés locales.

Mesures financières et affectations budgétaires :

• Les PIP dépendent et continueront de dépendre dansune très large mesure de sources extérieures de finance-ment pour l’identification, la protection et la mise envaleur du patrimoine mondial.

110

Annexe 5

• Un soutien extrabudgétaire supplémentaire est nécessairede la part des bailleurs de fonds, en vue d’un renforcementdes capacités dans le domaine du patrimoine mondial(notamment pour les Listes indicatives et l’harmonisationrégionale de celles-ci, les propositions d’inscription, la sen-sibilisation et l’éducation du public), dans le contexte d’uneapproche sous-régionale coordonnée et bien planifiée de laconservation du patrimoine mondial pour le Pacifique.

Capacité professionnelle :

• Il est demandé à l’UNESCO de trouver un financementpour permettre aux participants du Pacifique d’assister auxréunions du Comité du patrimoine mondial. Les ateliers deformation internationaux et à l’échelle de la région Asie-Pacifique (y compris ceux qu’organisent UNESCO,l’ICOMOS, l’UICN et l’ICCROM) doivent comprendre desparticipants du Pacifique et les capacités professionnellesdoivent être renforcées en coordination avec leProgramme régional océanien de l’environnement (PROE)et l’Association des musées du Pacifique insulaire (PIMA).

Questions à traiter :

• Il est recommandé que soit élaboré, d’ici la fin de 2003,un programme sous-régional à moyen terme pour lePacifique dans le domaine du patrimoine mondial, quidevra être examiné lors d’une réunion sous-régionale àla fin de 2003 ou au début de 2004.

• À la suite de la signature de mémorandums d’accord entrel’UNESCO et l’Australie (2002) et entre l’UNESCO et laNouvelle-Zélande (2003), ainsi que de l’établissement duPoint focal Asie-Pacifique pour la gestion du patrimoinemondial, les PIP souhaiteraient inviter à cette réunionl’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que des bailleursde fonds et d’autres partenaires intergouvernementaux etnon-gouvernementaux, afin de bâtir une coopération.

• Il est, en outre, recommandé que les États parties insulairesse réunissent tous les deux ans pour la préparation du pro-chain rapport périodique. Le Pacifique étant une prioritépour le patrimoine mondial, il est demandé à l’UNESCO deprendre les engagements nécessaires en vue d’assurer surle long terme à son bureau d’Apia et au Siège des effectifssuffisants de membres du personnel et de consultants, ainsiqu’un point focal ou coordonnateur régional à plein temps,chargé de coordonner le programme sous-régional dupatrimoine mondial pour le Pacifique.

Information et sensibilisation :

• Un matériel d’information sur le patrimoine mondial doitêtre élaboré pour les PIP.

• La version destinée au Pacifique du kit éducatif sur lepatrimoine mondial « Le patrimoine mondial aux mainsdes jeunes » (en préparation en Nouvelle-Zélande) doitrecevoir une large diffusion dans la sous-région, enanglais et en français, avec la possibilité de versions dansd’autres langues des pays insulaires du Pacifique.

• Une formation des enseignants doit être organisée pour sou-tenir la diffusion de la version du kit destinée au Pacifique.

Recommandations panasiatiques relativesà l’application de la Convention du patri-moine mondial au patrimoine culturel

Ces conclusions, recommandations et plans d’actionont été adoptés par vingt-cinq États parties asia-tiques lors de la réunion de consultation organiséepar l’UNESCO en vue de la préparation du « Rapportpériodique de synthèse pour le patrimoine culturelasiatique », du 13 au 15 mars 2003 au Siège del’UNESCO, à Paris.

I.2. Identification du patrimoine culturel

I.2.a. État des inventaires nationaux et de la législa-tion relative au patrimoine :• De nombreux États parties ne disposent pas d’inventaires

nationaux et ceux qui existent accusent souvent un désé-quilibre en faveur des sites monumentaux et archéolo-giques. L’élaboration, la révision et la mise à jour desinventaires nationaux du patrimoine culturel sont des acti-vités que prévoient la plupart des États parties asiatiques,qui mettent dûment l’accent sur le patrimoine reflétant ladiversité socioculturelle de la région dans ce domaine.

• Les législations nationales doivent être consolidées,revues, fréquemment harmonisées et mises à jour pourpermettre une identification et une protection adé-quates de toute la gamme du patrimoine culturel maté-riel et immatériel de la région Asie.

Actions proposées pour l’avenir :• Fourniture par l’UNESCO d’exemples de définitions du

patrimoine culturel et de formats d’inventaires nationauxréunis dans différents pays.

• Établissement par le Centre du patrimoine mondiald’une base de données en ligne rassemblant la législa-tion de la région Asie relative au patrimoine national quiconcerne le patrimoine culturel mondial. Les États partiesentreprendront simultanément un examen et, s’il y alieu, une révision des législations nationales et les trans-mettront au Centre du patrimoine mondial. Un examendu statut juridique des limites de chaque bien culturelasiatique inscrit au patrimoine mondial devra être entre-pris par les États parties concernés et, si les biens dupatrimoine mondial ne sont pas protégés par la loi, desmesures devront être prises pour y remédier.

Formes d’assistance requises :• L’assistance de l’UNESCO et d’autres institutions de coopé-

ration internationale susceptibles de fournir financementset assistance technique est nécessaire en vue de réunir dansune base de données en ligne la législation relative au patri-moine culturel inscrit au patrimoine mondial.

• L’assistance technique du Fonds du patrimoine mondialpour cartographier et définir les zones des biens du patri-moine culturel pourrait également être requise.

I.2.b. La préparation des Listes indicatives :• Les Listes indicatives de la plupart des États parties d’Asie

doivent être mises à jour pour ce qui concerne le patri-

111

Annexe 5

112

Annexe 5

moine culturel, sur la base d’une analyse soigneuse et entenant compte de la Stratégie globale du Comité dupatrimoine mondial pour une Liste du patrimoine mon-dial plus représentative.

Actions proposées pour l’avenir :• L’échange d’expertise aux niveaux régional et internatio-

nal et le partage de savoir-faire quant aux « bonnes pra-tiques » susceptibles d’être adaptées et réutiliséesdevraient être promus par des visites de sites, la publica-tion d’études de cas portant sur les bonnes pratiques etl’organisation d’ateliers. Divers instruments juridiquesdevraient être traduits dans les langues des États partiessi cela n’a pas encore été fait et des ateliers nationauxsoutenus par une assistance juridique de l’UNESCOdevraient être organisés pour assurer une synergie dansl’application des instruments juridiques de l’UNESCOrelatifs au patrimoine culturel.

Formes d’assistance requises : Assistance préparatoire duFonds du patrimoine mondial, programme ordinaire del’UNESCO, sources extrabudgétaires et coopération entreles États parties en vue de l’élaboration de dossiers de pro-position d’inscription complets et bien conçus.

I.3 Protection, conservation et mise en valeur dupatrimoine culturel

I.3.a. Intégration de la conservation du patrimoinedans la politique générale de planification du déve-loppement :• Les préoccupations de la conservation et de la gestion

des biens du patrimoine culturel, notamment celles quiconcernent les zones tampon et de soutien, doivent êtrepleinement intégrées dans des politiques de planificationurbaine et territoriale complètes.

• Une méthodologie ou des méthodologies permettantdes évaluations d’impact culturel doi(ven)t être mise(s)en place et incorporée(s) systématiquement avant lafinalisation et la réalisation d’infrastructures ou d’autresplans de développement ayant une incidence sur lesbiens culturels du patrimoine mondial.

• Les projets multilatéraux et bilatéraux d’assistance audéveloppement (et particulièrement les projets de déve-loppement d’infrastructures) doivent faire l’objet d’unsuivi pour ce qui concerne leur impact sur les sites.L’implication et la coopération actives de sources d’APD

(Banque mondiale, BAsD, JICA, JBIC et UE, entre autres)dans le processus de conservation du patrimoine mon-dial devrait être activement recherchée de telle sorte queles projets de développement consacrés à des biens dupatrimoine mondial profitent à la conservation du patri-moine et aux processus de développement des zonesdésignées comme relevant du patrimoine mondial. Lesprojets de développement consacrés aux biens du patri-moine mondial culturel devraient viser à incorporer deséléments relatifs au caractère viable des ressources, àl’emploi et à d’autres bénéfices pour les communautéslocales, particulièrement lorsque la réduction de la pau-vreté est une priorité.

Actions proposées pour l’avenir :• En vue d’établir une meilleure coopération entre les dif-

férentes agences et organisations responsables, les pro-cessus suivants ont été jugés potentiellement utiles :

• Examen et comparaison d’exemples existants de commis-sions interministérielles au niveau national ou de commis-sions interdépartementales au niveau provincial et local,afin de rechercher des exemples de bonnes pratiques.

• Établissement de systèmes SIG nationaux pour l’inven-taire et la cartographie du patrimoine culturel, conjoin-tement à l’intégration dans des bases de donnéesd’informations relatives à la démographie et aux infra-structures, en vue d’une gestion conjointe et partagéede l’information et d’une utilisation par les autorités pla-nificatrices compétentes et concernées.

• Des indicateurs de suivi efficaces doivent être conçus ettestés.

• Des évaluations de l’impact culturel des activités de déve-loppement proposées doivent être réalisées systématique-ment, en coopération avec les sources de financement. Deplus, les équipes des projets qui mettent en œuvre desactivités de développement sur le terrain doivent être sen-sibilisées aux besoins de la conservation du patrimoine.L’UNESCO doit participer activement aux missions de pla-nification des activités financées par l’APD ainsi qu’au suivipériodique de la mise en œuvre de ces activités.

• Il est nécessaire de sensibiliser les institutions de dévelop-pement aux avantages que la conservation du patrimoineculturel peut apporter à l’ensemble du processus de déve-loppement. Les bureaux hors Siège de l’UNESCO doiventêtre sensibilisés à ces avantages et mandatés pour veillerà ce que ces besoins soient incorporés au PNUAD et auxréunions ultérieures d’examen des projets.

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Les participants à la« Réunion régio-nale de consulta-tion pour lapréparation du rap-port périodique desynthèse sur lepatrimoine culturelasiatique » et lepersonnel duCentre du patri-moine mondial del’UNESCO.

Formes d’assistance requises : Mobilisation (a) d’unecoopération entre les autorités des États parties d’Asie res-ponsables des activités de développement au bénéfice duprocessus de conservation du patrimoine, et (b) d’unecoopération entre les institutions internationales d’aide audéveloppement, les États parties et l’UNESCO pour faire ensorte que les activités d’APD soient planifiées et mises enœuvre en vue de répondre tant aux besoins du dévelop-pement qu’à ceux de la conservation du patrimoine.

I.3.b. Participation des communautés locales :• D’une manière générale, l’implication des communautés

dans la gestion des biens du patrimoine devrait êtreencouragée.

• Les plans de gestion accompagnant les dossiers de pro-position d’inscription devraient toujours comprendreune section consacrée à la manière dont l’implication descommunautés locales sera intégrée à la gestion et à l’in-tendance des biens du patrimoine mondial.

• Les gardiens traditionnels, tels que les moines boud-dhistes, les prêtres hindous et chrétiens, les administra-teurs des waqaf chargés des biens des mosquées ou lespropriétaires traditionnels du patrimoine, doivent êtrepleinement impliqués dans le processus de conservationdu patrimoine mondial et leur rôle de co-gardiens dupatrimoine, responsables de la conservation et de l’en-tretien des biens culturels du patrimoine mondial doitêtre reconnu comme il convient.

Actions proposées pour l’avenir :• Des exemples de bonnes pratiques de participation des

communautés locales à la conservation du patrimoine enAsie et ailleurs devraient être recueillis par les États partieset transmis au Centre du patrimoine mondial pour êtreréunis et diffusés sous forme électronique et imprimée.

• À partir des études de cas de bonnes pratiques ainsirecueillis, un manuel ou autre support de formationdevrait être élaboré par l’UNESCO et les Organisationsconsultatives.

• De tels manuels ou supports de formation devraient êtreutilisés dans des ateliers de formation sur les sites ; ulté-rieurement, le processus devrait être intégré au programmedes institutions de formation en tant que de besoin.

Formes d’assistance requises : Les États parties d’Asie sou-mettront des études de cas de bonnes pratiques au Centredu patrimoine mondial avec, s’il y a lieu et en tant que debesoin, l’assistance du Fonds du patrimoine mondial, en vuede rassembler ces études de cas et de permettre leur char-gement par des moyens électroniques et leur impression.

I.3.c. Développement du tourisme :• La gestion du tourisme dans le cadre des biens du patri-

moine culturel devrait, dans l’idéal, relever directementde l’autorité ou de la juridiction de l’entité gestionnairedu site, responsable de la protection, de la conservationet d’autres tâches de gestion.

• Les plans de gestion élaborés pour les dossiers de pro-position d’inscription devraient toujours comprendreune section consacrée aux modalités de gestion et de

régulation du tourisme sur les sites, en tenant compte dela capacité d’accueil de chaque bien du patrimoine.

• Il devrait être demandé aux tour-opérateurs et guides dupatrimoine culturel d’être formés tant dans le domainede l’information historique que dans celui des exigencesde la conservation à propos des biens du patrimoineconcernés.

• Les modes de création de revenus dans et pour les biensdu patrimoine mondial culturel et les mécanismes visant àréorienter les recettes du tourisme vers la conservation dupatrimoine culturel doivent être étudiés dans la perspec-tive de la mise en place, lorsqu’elle est possible, d’un lienentre le tourisme et la conservation du patrimoine mondialculturel, fondé sur le principe de l’« utilisateur payeur ».

• La mise en oeuvre des mesures exposées ci-dessus exigeque des statistiques précises sur le tourisme soient col-lectées et mises à la disposition des autorités gestion-naires du patrimoine.

Actions proposées pour l’avenir :• Diffusion aux États parties par le Centre du patrimoine

mondial d’une information sur la nécessité de l’intégra-tion de la gestion du tourisme dans les plans ou méca-nismes de gestion.

• Collecte et diffusion d’exemples de bonnes pratiques enmatière de gestion du tourisme dans la région Asie.

• Rassemblement des accords et contrats conclus entre lesautorités chargées de la conservation du patrimoine etles services du tourisme ou des sociétés privées en vue deréguler la création de revenus liée au tourisme (vente debillets, taxation, autres stratégies de marketing), ainsique d’études de cas de bonnes pratiques, en particulierlorsque celles-ci mettent en valeur le réinvestissementdes revenus du tourisme pour la conservation du patri-moine mondial culturel.

• Examen, analyse et, s’il y a lieu, amélioration des pra-tiques actuelles de collecte de statistiques relatives autourisme par les autorités chargées du tourisme, àl’échelle nationale et à celle des sites.

Formes d’assistance requises : Les États parties d’Asie doi-vent fournir au Centre du patrimoine mondial et au Fondsdu patrimoine mondial des informations pour les étudesde cas et une assistance extrabudgétaire sera nécessairepour la réunion, la publication et la diffusion (par voie élec-tronique et en version imprimée) des études de cas desti-nées à la gestion du tourisme.

I.3.d. Mesures financières (améliorations) :• Il est nécessaire d’examiner la faisabilité et les moyens de

la mobilisation d’une coopération entre public et privéen vue de la conservation et du développement desentreprises liées au patrimoine, tant au niveau nationalqu’à celui des sites.

• Le recours aux fonds-en-dépôt, fondations, obligationset autres mécanismes comparables spécifiquementconçus pour un financement viable de la conservation dupatrimoine doit être examiné et, s’il y a lieu, les États par-ties d’Asie ou des institutions privées nationales et régio-nales devront faire usage de ces mécanismes.

113

Annexe 5

• Le succès de la mise en œuvre de telles mesures fiscalesexige la collecte et l’analyse préalables de statistiquesprécises par les autorités gestionnaires du patrimoine.

Actions proposées pour l’avenir :• Rassembler et mettre en commun divers exemples asia-

tiques d’autorités gestionnaires (statuts, termes de réfé-rence) et d’installations touristiques (centres d’accueildes visiteurs, boutiques de souvenirs, toilettes), quidevront être analysés par comparaison avec d’autresmodèles internationaux et à partir d’informations rela-tives aux dispositions juridiques adoptées pour la mise enœuvre de ces modèles fiscaux.

• Les pratiques actuelles de collecte et d’analyse des sta-tistiques financières devraient être examinées et amélio-rées lorsque cela apparaîtra nécessaire.

Formes d’assistance requises : Les États parties devronttransmettre l’information au Centre du patrimoine mon-dial, qui rassemble les exemples de modèles, avec le sou-tien du Fonds du patrimoine mondial ou de sourcesextrabudgétaires.

I.3.e. Professionnels (besoins en termes de renforce-ment des capacités et de formation) :• Les États parties d’Asie ont convenu que le patrimoine

culturel exige :• Un renforcement des études scientifiques et techniques

qui profitent au patrimoine culturel relevant du patri-moine mondial.

• La promotion d’une formation professionnelle dans lesdomaines de la gestion et de la conservation du patri-moine culturel relevant du patrimoine mondial au niveaunational, en particulier pour ce qui concerne :

• Les compétences en matière de gestion (indicateurs desuivi et statistiques, gestion fiscale, interprétation du site,compétences techniques, notamment pour l’utilisationdes SIG et d’autres applications informatiques, cartogra-phie reposant sur la télédétection et méthodes d’investi-gation non destructives).

• Les compétences en matière de conservation (paysages,conservation de sites archéologiques exposés, architec-ture de terre, architecture vernaculaire, particulièrementen bois et autres matériaux périssables, matériaux deconstruction modernes – comme le ciment).

• L’encouragement et le renforcement du lien entre larecherche scientifique, le renforcement des capacitésprofessionnelles et la prise de décision politique auxniveaux national, provincial et local.

• L’établissement d’une banque de données régionale oud’une liste de professionnels actifs dans le domaine dupatrimoine culturel.

Actions proposées pour l’avenir :• Identifier les questions de conservation du patrimoine

mondial qui doivent faire l’objet de recherches priori-taires et mobiliser les universités ou institutions exis-tantes pour mener des recherches sur ces questions,éventuellement par l’intermédiaire d’une équipe derecherche interuniversitaire.

• Organiser des cours à caractère professionnel pour étu-diants avancés, ainsi que des cours avancés et de perfec-tionnement pour les professionnels en exercice.

• Intensifier les activités de renforcement des capacités enfaveur du patrimoine culturel relevant du patrimoinemondial lorsqu’elles ont des effets démultiplicateurs, enparticulier les activités de formation sur site et en coursd’emploi.

Formes d’assistance requises :• Le Centre du patrimoine mondial consolide les questions

prioritaires à partir des rapports périodiques des Étatsparties d’Asie et, avec les Organisations consultatives, lesautres services de l’UNESCO et les États parties d’Asie,mobilise une assistance en vue de soutenir la rechercheconsacrée à ces questions.

• Le Centre du patrimoine mondial, avec le soutien duComité du patrimoine mondial, intègre dans le systèmede gestion de l’information du Centre du patrimoinemondial une banque de données régionale en ligne quirecense les professionnels actifs dans le domaine dupatrimoine culturel.

I.3.f. Services nouveaux et améliorés• Le SIG est en service sur certains sites du patrimoine

mondial culturel d’Asie et s’est révélé un instrumentutile. Les États parties d’Asie ont reconnu la nécessité desoutenir techniquement et financièrement, des SIGappropriés tant au niveau des sites qu’en vue des inven-taires nationaux.

• Les banques de données de bibliographie, d’archives,d’information cartographique et topographique, dephotographies et autres, doivent être systématiquementétablies et les mécanismes de partage de l’informationdoivent être améliorés et rendus accessibles (en ligne)aux responsables de la gestion du patrimoine culturelasiatique.

Actions proposées pour l’avenir :• Promotion de la coopération entre organismes gouver-

nementaux, universités et institutions de recherche envue d’étendre l’application de SIG appropriés aux biensculturels du patrimoine mondial asiatique.

• Les liens avec les universités en vue de rendre durables, sou-tenir, développer et mettre à jour les SIG sont essentiels.

Formes d’assistance requises :• Les États parties doivent identifier l’état actuel des

banques de données, des systèmes de gestion de l’infor-mation et des SIG existants consacrés aux biens du patri-moine culturel asiatique et doivent fournir desinformations à cet égard.

• Le Centre du patrimoine mondial doit examiner la faisa-bilité de la conception et de la mise en place d’un portailWeb donnant accès aux SIG des biens du patrimoinemondial culturel en Asie.

I.3.g. (Autres) questions :• Le pillage, le vandalisme et le vol sur les sites du patri-

moine mondial culturel sont un problème persistant et

114

Annexe 5

les États parties d’Asie ont souligné la nécessité d’exami-ner les progrès accomplis pour réduire ces menacesavant la 30e session du Comité du patrimoine (soit tousles trois ans).

Actions proposées pour l’avenir :• Un mécanisme de signalement immédiat de tout vol à

INTERPOL et aux autres partenaires de l’UNESCO dans cedomaine doit être mis en place.

• Des mesures juridiques efficaces doivent être promul-guées et appliquées sur le terrain. Les États parties d’Asiequi n’ont pas encore adhéré à la Convention de 1970 surle trafic illicite et la Convention d’UNIDROIT de 1995 sontfortement encouragés à les ratifier, le service juridique del’UNESCO devant leur apporter une assistance pour défi-nir une législation nationale et assurer la formation desinstitutions chargées de veiller au respect de la loi.

Formes d’assistance requises : Mobilisation d’une assis-tance de l’UNESCO en matière juridique et pour le renfor-cement des capacités.

I.4. Coopération internationale et collecte de fonds

• Il est nécessaire de renforcer l’échange d’informations etd’expérience et la coopération entre les experts, les orga-nisations et les autorités chargées de la planificationfinancière aux niveaux national, régional et internatio-nal, pour garantir que la conservation du patrimoinemondial soit intégrée dans les priorités financières etpour éviter la duplication des efforts sur les sites du patri-moine mondial culturel.

• L’établissement de programmes pluriannuels avec le sou-tien de donateurs multiples (comme les programmesAfrique 2009 ou Terre Asie centrale 2002-2012) est unestratégie qui doit être poursuivie pour la région Asie etses sous-régions en matière de patrimoine culturel.

Actions proposées pour l’avenir :• Collecte par le Centre du patrimoine mondial d’informa-

tions sur les activités financées par l’APD ayant des béné-fices et un impact pour les biens du patrimoine mondialculturel en Asie.

• Suivi des activités de l’APD par l’UNESCO, qui dispenserades conseils à cet égard.

Formes d’assistance requises : Le Centre du patrimoinemondial devrait adresser aux sources de financementpotentielles des lettres circulaires leur présentant lesbesoins prioritaires des biens du patrimoine culturel d’Asieet suivre les opportunités de prêts ou de subventions pourles projets au titre de l’APD. Des fonds d’amorçage fournispar le Fonds du patrimoine mondial sont nécessaires pourobtenir des financements complémentaires.

I.5. Éducation, information et sensibilisation

• Introduire ou poursuivre des programmes d’enseigne-ment du patrimoine culturel à l’école dans les pro-grammes d’éducation formelle et informelle, en utilisant

au besoin le kit éducatif sur le patrimoine mondial, envue d’encourager l’intégration de l’éducation au patri-moine mondial dans les curricula officiels.

• Multiplier les publications consacrées au patrimoine cul-turel et faire en sorte qu’elles soient disponibles sur lessites et en ligne.

• Accroître la mobilisation des partenaires régionaux spé-cialisés dans l’information et la sensibilisation, en vue desensibiliser aux problèmes du patrimoine mondial et auxquestions de conservation et de développement qui s’yrattachent.

• Promouvoir encore l’utilisation de la télévision pour sen-sibiliser au patrimoine, et en particulier aux menaces quipèsent sur les biens du patrimoine mondial cultureld’Asie.

Actions proposées pour l’avenir :• Concevoir des programmes pilotes d’enseignement pour

les écoles ou, dans les cas où de tels programmes exis-tent déjà, les poursuivre en y intégrant au besoin dumatériel éducatif consacré au patrimoine mondial.

• Traduire et reproduire dans les langues locales le Kit édu-catif sur le patrimoine mondial.

• Préparer et publier à l’intention des visiteurs des cartes,guides et informations générales sur les biens inscrits surles Listes indicatives et sur la Liste du patrimoine mon-dial, en visant particulièrement le grand public et lescommunautés locales vivant dans les zones où est situéle patrimoine concerné.

• Une information supplémentaire spéciale sur les pro-blèmes régionaux et nationaux auxquels les États partiesd’Asie sont confrontés en matière de patrimoine cultureldevra être préparée et diffusée, en donnant éventuelle-ment la priorité à des programmes documentairesconsacrés à des biens spécifiques du patrimoine mondialen péril ; de brefs messages « publicitaires » devront êtrediffusés gratuitement (on pourra s’inspirer du modèle del’UNICEF et du HCR).

• Des tables rondes devront réunir régulièrement lesministres de la région à l’échelle régionale et/ou sous-régionale en vue de sensibiliser les principaux respon-sables politiques.

Formes d’assistance requises :• Fonds extrabudgétaires pour soutenir les activités d’édu-

cation au patrimoine mondial, en envisageant desaccords commerciaux de co-publication.

• Des fonds d’amorçage fournis par le Fonds du patri-moine mondial pourraient être nécessaires en vue de lapréparation des publications, les coûts d’impression pou-vant être couverts par la vente des publications sur lessites, les droits d’entrée, etc.

• Les États parties sont encouragés à rédiger et à trans-mettre des documents d’information au Centre du patri-moine mondial, pour diffusion en ligne.

• Il est demandé au Centre du patrimoine mondial denégocier avec des sociétés de télévision (par exempleStar TV etc., avec UN TV et UNESCO TV) la diffusion d’in-formations relatives au patrimoine mondial.

115

Annexe 5

Recommandations régionales relatives à l’application de la Convention du patrimoine mondial au patrimoine naturel et mixte

Ces conclusions et recommandations ont été adoptéespar onze États parties d’Asie-Pacifique lors de l’atelierorganisé par l’UNESCO en vue de la préparation du «Rapport périodique de synthèse sur les biens du patri-moine naturel et mixte en Asie et dans le Pacifique »,du 20 au 22 janvier 2003 à Hanoi, Viet Nam.

1. Besoins identifiés

Intégration des politiques relatives au patrimoine etde la planification :• Peu de pays possèdent une législation spécifique pour le

patrimoine mondial, mais beaucoup ont une législationpour le patrimoine naturel aux niveaux national, régionalet provincial. Dans certains cas, il est nécessaire de clari-fier les mécanismes de protection des biens du patri-moine mondial.

• La communication et l’intégration entre sites naturels etculturels soulèvent certaines inquiétudes. Cela s’ap-plique aussi à l’UNESCO. La création d’un Comité inter-départemental, comparable à celui qui existe au Japon,pourrait être envisagée.

Mesures financières et affectations budgétaires :• Alors qu’un financement est affecté au patrimoine en

général, il ne suffit pas nécessairement pour protéger lesbiens du patrimoine naturel. Les États parties assumentles coûts de base – comme les salaires – mais certains ontbesoin de mieux cibler les ressources pour répondre àdes exigences spécifiques de conservation.

• Les États parties devraient être encouragés à identifier lesmoyens de générer des ressources pour la gestion dessites du patrimoine mondial, en particulier par l’intermé-diaire du tourisme. Des données comparatives sontnécessaires pour faire rapport sur le financement dupatrimoine mondial dans la région Asie-Pacifique, parcomparaison avec d’autres régions, afin de rechercherune plus grande équité en matière de financement.

Capacités professionnelles :• Un plus grand effort intégré des pays donateurs est

nécessaire pour répondre aux besoins directs de la ges-tion de sites et pour un partage de l’information en vuede faciliter les échanges.

• Une nouvelle approche intégrée est nécessaire pour laformation et le développement – afin d’équilibrer lesbesoins de la conservation et la croissance du tourismedans la région. Nous encourageons tous les États partiesde la région à prendre ce point en considération.

Services nouveaux et améliorés :• Nous recommandons que le Centre du patrimoine mon-

dial, l’UICN et l’ICOMOS conseillent les États partiesquant aux zones pouvant faire l’objet de propositionsd’inscription.

• Nous demandons que le Centre du patrimoine mondialet les Organisations consultatives fournissent un guide àl’intention des personnes et des administrations à qui laConvention est peu familière, afin de les aider à évaluerle potentiel de sites particuliers en vue d’une propositiond’inscription au patrimoine mondial.

• Dans le cadre de la redéfinition du site et du plan de tra-vail du Point focal Asie-Pacifique, les États parties deman-dent un réseau d’information qui les aide à accéder auxplans de gestion des sites et aux opportunités de forma-tion et d’éducation, ainsi que des liens avec les sites duCentre du patrimoine mondial, des Organisations consul-tatives et du réseau des aires protégées.

Points forts, défis, opportunités et contraintes àl’échelle régionale :• Points forts :

(i) diversité naturelle et culturelle et diversité socio-éco-nomique ;(ii) coopération en dépit des conflits passés et en cours ;(iii) population et croissance importantes ;(iv) secteur privé en croissance.

• Défis(i) conflit entre conservation et développement – en par-ticulier dans le cas du tourisme ;(ii) sources de financement ;(iii) pauvreté ;(iv) capacité de gestion.

• Opportunités :(i) coopération internationale ;(ii) alliances de gestion et partenariats avec les commu-nautés ;(iii) partenariat avec le secteur privé, notamment dans ledomaine du tourisme ;(iv) rôle important des technologies de l’information ;(v) coopération régionale existante (Point focal Asie-Pacifique, ASEAN)

• Contraintes :(i) manque de financement ;(ii) manque de leadership et de volonté politiques ;(iii) difficultés de la coopération entre secteurs ;(iv) soutien technique et recherche scientifique au niveaudes sites ;(v) sensibilisation des communautés ;(vi) blocages procéduriers et bureaucratiques.

2. Recommendations

Pour relever le défi du conflit entre conservation etdéveloppement – en particulier dans le cas du tou-risme :• Le Comité du patrimoine mondial, par l’intermédiaire du pro-

gramme relatif au tourisme adopté à sa session de décembre2001, doit entreprendre des études de cas en vue :(i) d’examiner les conflits actuels et potentiels ;(ii) de proposer des solutions de partenariats pour la ges-tion d’un tourisme patrimonial durable ;(iii) de réunir la documentation nécessaire à la définitionde stratégies de conservation du patrimoine et de méca-nisme de soutien financier pour les sites connaissant ou

116

Annexe 5

117

Annexe 5

susceptibles de connaître une croissance du tourisme,tels que la baie d’Ha-Long (Viet Nam) et les biens dupatrimoine mondial de Chine, d’Indonésie et du Japon.

• Dans la région Asie-Pacifique, l’UNESCO doit coordon-ner en 2004-2005 un atelier stratégique destiné à exa-miner les études de cas, auquel participeront les Étatsparties, les gestionnaires de sites et le secteur privé, enparticulier les opérateurs d’écotourisme de la région. Cetatelier devra élaborer dans ses grandes lignes un pro-gramme qui sera présenté au Comité en 2005 pourorienter la gestion d’un tourisme patrimonial durabledans la région.

Pour relever le défi de la lutte contre la pauvretédans la région :• Conformément à l’article 5(a) de la Convention du

patrimoine mondial, les États parties encouragent leComité à prendre en compte les impacts potentiels,tant positifs que négatifs, sur les communautés localesdes décisions relatives à la conservation du patrimoine.

• Le Comité doit élaborer, en vue de son examen en 2004,un plan d’action visant à :(i) assurer un dialogue permanent avec les organisationsinternationales, les institutions de financement, les ONGet les experts individuels ;(ii) examiner le rôle que pourrait jouer le patrimoine cul-turel et naturel dans les projets de lutte contre la pau-vreté ;(iii) rechercher des possibilités de financement pour laconservation et la gestion du patrimoine et et renforcerla sensibilisation au rôle du patrimoine dans la vie éco-nomique et sociale des communautés.

• Alors que se poursuit la révision des Orientations devantguider la mise en œuvre de la Convention du patrimoinemondial, le Comité doit envisager une clause prévoyantexplicitement que ses décisions en matière de conserva-tion des biens du patrimoine mondial naturel et culturelreposent sur une prise en compte appropriée de leurimpact potentiel sur la vie sociale et économique descommunautés locales et régionales.

Pour relever le défi des ressources nécessaires à laconservation et à la gestion du patrimoine dans larégion :• Conformément à l’article 17 de la Convention du

patrimoine mondial, et reconnaissant la responsabilitépartagée de l’humanité entière dans la protection dupatrimoine culturel et naturel, les États parties encou-ragent le Centre du patrimoine mondial et l’UNESCO àétudier et signaler au Comité les mécanismes nova-teurs pour la région Asie-Pacifique, tels que les fonds-en-dépôt et les partenariats avec des acteurs trèsdivers, afin de parvenir à une gestion financière viabledes biens du patrimoine mondial, en particulier deceux qui figurent sur la Liste du patrimoine mondial enpéril.

Pour relever le défi du déséquilibre affectant lareprésentativité de la Liste du patrimoine mondial ence qui concerne la région Asie-Pacifique :• Le Comité doit demander à l’UNESCO et aux

Organisations consultatives de soumettre d’ici 2005 desrapports relatifs :(i) aux actions entreprises dans le cadre de la Stratégieglobale pour une Liste du patrimoine mondial équilibréeet représentative, afin d’identifier les catégories sous-représentées de sites du patrimoine culturel, naturel etmixte dans la région Asie-Pacifique, en particulier dans lespays insulaires du Pacifique et en Asie centrale ;(ii) aux résultats de l’identification de sites potentielstransfrontaliers et groupés en vue de protéger le patri-moine naturel marin du Pacifique ;(iii) aux résultats des actions de suivi de l’atelier consacréaux propositions d’inscription au titre du patrimoinemondial naturel et mixte en Asie centrale tenu à Almaty(Kazakhstan) en décembre 2002, en vue de proposerl’inscription de sites potentiels transfrontaliers et groupés.

Pour relever les défis du partage de l’informationdans la région :• L’UNESCO et le Centre du patrimoine mondial doivent

procéder à un examen formel des opérations dans larégion d’ici 2005 pour s’assurer que les services fournissont coordonnés afin de contribuer d’une manière plusadéquate à la mise en œuvre de la Convention du patri-moine mondial par les États parties d’Asie-Pacifique.

• Les États parties ont affirmé le rôle et la contribution duPoint focal Asie-Pacifique, accueilli par l’Australie, dans lecontexte du mémorandum d’accord signé avec leDirecteur général de l’UNESCO. Lors de l’examen des opé-rations stratégiques et de la gestion du site Web du Pointfocal, les États parties lui ont demandé d’envisager :(i) de rechercher des possibilités de financement pourdes programmes d’échanges directs destinés aux ges-tionnaires du patrimoine mondial, en particulier avec laChine, l’Inde et le Japon ;(ii) d’établir sur son site Internet un réseau d’informationactif qui permette aux États parties de la région de par-tager l’information relative à la planification de la gestionet aux rapports périodiques ;(iii) d’inviter les États parties à placer des copies électro-niques de leurs plans de gestion sur le site Web en vuede leur publication ;(iv) de concevoir des ressources et des supports de for-mation permettant de relever les défis du tourisme patri-monial dans la région ;(v) de collaborer avec la Nouvelle-Zélande sur les ques-tions affectant les États insulaires du Pacifique parties àla Convention.

Le succès de ces cinq mécanismes devra faire l’objetd’une analyse spécifique lors de la prochaine série derapports périodiques pour la région Asie-Pacifique.

118

Annexe 5

Recommandations sous régionales rela-tives aux biens culturels d’Asie du Centre-Ouest

Ces recommandations ont été adoptées par six Étatsparties d’Asie du Centre-Ouest lors de la réunion deconsultation des États asiatiques parties à laConvention du patrimoine mondial organisée parl’UNESCO en vue de la préparation du « Rapportpériodique de synthèse pour le patrimoine culturelasiatique », du 13 au 15 mars 2003 au Siège del’UNESCO, à Paris.

II.2. Déclaration d’importance :

• Les biens du patrimoine mondial sont réévalués et exa-minés d’une manière plus complète, qui dépasse leurqualité de « monuments isolés » et prend en compte leséléments caractéristiques d’un bien situé dans uncontexte et dans un cadre culturels et naturels.

• En d’autres termes, les biens culturels du patrimoinemondial sont réévalués et leur importance patrimonialeredéfinie compte tenu du fait que la compréhension decette importance a progressé depuis l’époque où lesbiens ont été inscrits.

Statut des limites des sites :• La zone centrale et la zone tampon sont redéfinies sur

la base d’une analyse et d’une évaluation complètesdes valeurs de patrimoine des biens du patrimoinemondial et des changements intervenus à proximité deceux-ci depuis l’époque de son inscription sur la Listedu patrimoine mondial.

II.3. Déclaration d’authenticité/intégrité :

• Les valeurs de patrimoine mondial qui ont originellementmotivé l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoinemondial n’ont, en principe, pas changé.

• Cependant, quelques changements progressifs sontintervenus, en particulier pour les biens urbains du patri-moine mondial qui devront faire l’objet d’un meilleursuivi et d’un meilleur contrôle.

II.4. Dispositions administratives et de gestion :

• Des dispositions administratives et de gestion appro-priées, appuyées sur des instruments juridiques, sont enplace au niveau national.

• Cependant, la mise en œuvre effective de ces dispositionsest parfois insuffisante, en particulier dans les zonesurbaines, où les biens du patrimoine mondial ont subi deschangements et des pressions liés au développement.

• Une meilleure coopération entre les autorités concernéespourrait se traduire par des améliorations en vue d’assu-rer la non-violation des règles de conservation.

• En outre, la sensibilisation et la participation des com-munautés locales doivent être renforcées en vue de pré-venir les violations des règles de conservation.

État actuel de la conservation :• Les autorités nationales concernées ont engagé, d’une

manière continue, de nombreux travaux de conserva-tion, de restauration et de mise en valeur de grande qua-lité et, d’une manière générale, l’état de conservationdes cinq biens du patrimoine mondial culturel d’Asie duCentre-Ouest a été jugé bon.

• La reconnaissance à ces biens du statut de patrimoinemondial a joué un rôle important pour accroître, auniveau national, l’engagement et l’allocation de fondsen faveur de l’amélioration de la conservation, de la miseen valeur et des activités de développement sur les sites.Cependant, la sous-région continue d’être confrontéeaux défis communs que sont pour la conservation :(i) l’augmentation de l’hygrométrie du fait de l’élévationdu niveau des eaux et l’efflorescence qui en découle ;(ii) la détérioration continue de l’architecture de terre crueet des biens du patrimoine archéologique ;(iii) la gestion insuffisante du développement urbain, lacoordination insuffisante des autorités compétentes etles empiètements sur les sites ;(iv) le fait que, dans la région, les dispositions juridiquesrelatives à la protection du patrimoine sont généralementrécentes et qu’un certain temps est nécessaire avant quel’on soit en mesure d’examiner et de renforcer les dispo-sitions existantes. Il a, toutefois, déjà été relevé qu’il estnécessaire de procéder à l’harmonisation de certaines dis-positions juridiques aux niveaux national et local.

Besoins en personnel et en formation :• La sous-région dispose d’un vivier important d’experts

en conservation ayant l’expérience des problèmes énu-mérés ci-dessus.

• La coopération internationale et interrégionale avecd’autres institutions spécialisées dans la conservation etdes universités a eu pour effet de renforcer progressive-ment les capacités des experts nationaux. Certainséchanges d’expertise et d’expérience se sont révélésutiles, tandis que d’autres ne sont pas susceptibles d’êtreadaptés et reproduits ailleurs.

• Il est toutefois nécessaire d’intensifier ce partage d’expé-riences, d’enseignements et d’expertise pour faire faceaux enjeux toujours croissants de la conservation. En par-ticulier, les problèmes spécifiques de conservation évoquésci-dessus devraient être régulièrement examinés au niveausous-régional ou régional afin de maximiser le savoir-fairedans les techniques de conservation du patrimoine.

• Il importe d’observer que la langue est, dans la sous-région, un facteur important.

• Un autre besoin important en termes de renforcement descapacités concerne les techniques traditionnelles deconstruction et l’artisanat nécessaire à l’entretien, qui doi-

Section II

vent être revitalisés et développés, parallèlement à la créa-tion et au développement d’un marché pour cet artisanat.

Situation financière :• Les allocations budgétaires nationales et provinciales

destinées à la protection, à la conservation, à la gestionet au développement adéquat des biens du patrimoinemondial sont utiles et bien venues, mais sont loin de suf-fire aux besoins, la situation géopolitique de la régionayant conduit les gouvernements nationaux à donnerpriorité à la défense nationale plutôt qu’à la conservationdu patrimoine et au développement. Si la sécurité s’amé-liore dans la région, on peut espérer que les finance-ments nationaux pourraient être affectés aux questionsde patrimoine. Un soutien international accordé en vertud’accords bilatéraux ou multilatéraux a été mobilisé pourla plupart des cinq biens du patrimoine mondial exami-nés dans la sous-région, souvent à titre de catalyseur, envue d’aider les autorités nationales dans leur tâche.

Accès aux technologies de l’information :• Les communications et l’accès aux technologies de l’in-

formation varient selon que les biens du patrimoinemondial sont situés en zone urbaine ou rurale.

Gestion des visiteurs :• Pour la plupart des biens du patrimoine mondial, il

n’existe aucun plan de gestion du tourisme. Dans cer-tains cas, le développement du tourisme fait partie d’unprogramme pluriannuel, mais ces programmes ne sontparfois mis en œuvre que partiellement. Il est nécessaired’améliorer l’information du grand public et des tou-ristes sur les biens du patrimoine mondial, grâce à uneamélioration des technologies de communication.

II.5. Risques et menaces :

• La pression liée au développement socioéconomique setraduit par des empiètements sur les sites urbains dupatrimoine mondial.

• La pollution atmosphérique détruit un patrimoine irrem-plaçable, en particulier les monuments en pierre et leséléments décoratifs.

• L’érosion naturelle détruit l’architecture de terre.• L’élévation du niveau des eaux provoque humidité et

efflorescence.• Des interventions de conservation antérieures et inappro-

priées ont causé de nouveaux problèmes de conservation.• La pression liée au tourisme et une gestion inadéquate des

visiteurs dégrade certains biens du patrimoine mondial.

Plans de réaction :• Pour chaque bien du patrimoine mondial, les autorités

nationales ont planifié et s’efforcent de mettre en œuvredes programmes de conservation visant à lutter contreles risques et les menaces pesant les biens. Certaines deces mesures ont été appliquées avec succès, et d’autresn’ont pas encore été mises en œuvre.

II.6. Dispositions en matière de suivi :

• Chacun des biens du patrimoine mondial examinés estplacé sous la responsabilité d’agents chargés d’en assu-rer le suivi.

Indicateurs de suivi :• Les indicateurs de suivi n’ont pas encore été examinés en

détail.• Un autre besoin important en termes de renforcement des

capacités concerne les techniques traditionnelles deconstruction et l’artisanat nécessaire à l’entretien, qui doi-vent être revitalisés et développés, parallèlement à la créa-tion et au développement d’un marché pour cet artisanat.

• Chacun des biens du patrimoine mondial examinés estplacé sous la responsabilité d’agents chargés d’en assu-rer le suivi.

II.7 Conclusions et actions proposées :

• Les actions prévues, qui devront prendre pleinement encompte les réalités économiques et financières de lasous-région et les gouvernements nationaux, sontnotamment :(i) la mise en place d’un site Web et la publication dansdiverses langues des savoir-faire, principes directeurs,leçons tirées de l’expérience et « bonnes pratiques » enmatière de conservation, de gestion et de mise en valeurpour chacun des biens du patrimoine mondial de larégion.(ii) la mise en place d’un centre régional de conservationdu patrimoine mondial, qui ne se contente pas d’élabo-rer une stratégie à moyen terme et un plan d’actionrégional pour la conservation du patrimoine mondial,mais oriente également la mise en œuvre de cette stra-tégie et de ce plan et organise régulièrement et systé-matiquement des activités de formation et un examendes progrès accomplis dans la région.(iii) la définition, en matière de conservation et de ges-tion, de domaines thématiques dont le nombre seralimité à deux ou trois à la fois et sur lesquels l’attentiondevra être concentrée pour faire en sorte que les res-sources financières et humaines limitées soientemployées à bon escient et efficacement, afin d’obtenirdes effets positifs et durables dans le domaine de laconservation du patrimoine mondial.

119

Annexe 5

Recommandations sous-régionales rela-tives aux biens culturels d’Asie du Sud

Ces recommandations ont été adoptées par six Étatsparties d’Asie du Sud lors de la réunion de consulta-tion des États asiatiques parties à la Convention dupatrimoine mondial organisée par l’UNESCO en vuede la préparation du « Rapport périodique de syn-thèse pour le patrimoine culturel asiatique », du 13au 15 mars 2003 au Siège de l’UNESCO, à Paris.

II.2. Déclaration d’importance :

Le Centre du patrimoine mondial doit étudier la possibilitéde définir ou d’établir des paramètres adaptés à la descrip-tion des déclarations d’importance.

Statut des limites des sites :• Le Centre du patrimoine mondial doit fournir l’aide

nécessaire à la définition des limites des biens du patri-moine mondial, en fonction de chaque site. Au delà dela zone tampon doit être identifiée une zone de soutien,dans laquelle les services de soutien prévus doivent êtreencouragés en vue de réduire l’impact du tourisme sur lebien du patrimoine mondial concerné.

II.3. Déclaration d’authenticité/intégrité :

• L’authenticité varie d’un site à l’autre. Selon les résultatsdes recherches, elle peut être encore améliorée. Ilimporte de protéger l’authenticité non seulement de lapartie matérielle, mais aussi de la partie immatérielle desbiens.

• Il existe des chartes, principes directeurs et manuelsdivers. Les gestionnaires de sites doivent être informés del’existence de ces documents et de leur application pourla conservation des biens du patrimoine mondial.

II.4. Dispositions administratives et relatives à lagestion :

• Le Centre du patrimoine mondial doit fournir un cadreou des principes directeurs en vue de la conception d’unplan de gestion propre à chaque site pour la zone cen-trale et la zone tampon et indiquer quelles activités pour-raient permettre aux États parties de fournir desindications ou informations propres à chaque site.

État actuel de la conservation:• Il est recommandé que les États parties soient encoura-

gés à concevoir une banque de données sur la conserva-tion de chacun des sites et que le Centre du patrimoinemondial assure le suivi de la conservation des biens dupatrimoine mondial au moyen d’un « audit techniquepériodique ».

Besoins en personnel et en formation :• Le groupe recommande que des programmes de forma-

tion soient formulés et mis en œuvre pour former lesgestionnaires de sites et les autres personnels concernésaux principes de conservation reconnus à l’échelle inter-nationale.

Situation financière et accès aux technologies de l’in-formation :• Le financement du Fonds du patrimoine mondial est

essentiel pour la formation, le personnel (sites du patri-moine mondial), la constitution de réseaux, les SIG, leslaboratoires de recherche et de conservation et pour laformation du personnel de terrain.

Gestion des visiteurs :• Le groupe recommande que le Centre du patrimoine

mondial établisse des principes directeurs en vue de ladéfinition de plans propres aux sites et à la région.

II.5. Risques et menaces :

• Le groupe recommande que soient identifiées lesmenaces pesant sur les sites, telles que la pression liée audéveloppement, la pression environnementale et l’im-pact du tourisme.

• Le groupe recommande en outre que les menaces et lesrisques pesant sur chaque site et les actions propres à yremédier soient formulées, afin de pouvoir répondre àces menaces, et que des indicateurs soient mis en place.

• Un mécanisme doit être mis en place pour contrôlerl’augmentation ou la diminution des menaces dans lazone tampon ou dans la zone centrale.

II.7. Conclusions et actions proposées :

• Il est nécessaire d’entretenir l’authenticité des sites aumoyen d’un suivi constant.

• Un suivi périodique de la conservation doit être assuré,en termes tant de conservation structurelle que deconservation de l’environnement des biens du patri-moine mondial.

• L’impact du tourisme sur les biens du patrimoine mondialdoit être évalué.

• La Section II du Questionnaire devrait être plus précise.

120

Annexe 5

Recommandations sous-régionales rela-tives aux biens culturels d’Asie du Sud-Est

Ces recommandations ont été adoptées par huit Étatsparties d’Asie du Sud-Est lors de la réunion de consul-tation des États asiatiques parties à la Convention dupatrimoine mondial organisée par l’UNESCO en vuede la préparation du « Rapport périodique de syn-thèse pour le patrimoine culturel asiatique », du 13 au15 mars 2003 au Siège de l’UNESCO, à Paris.

II.2. Déclaration d’importance :

• La déclaration d’importance de nombreux sites d’Asie duSud-Est doit faire l’objet d’un examen, en particulierlorsque l’inscription de ces sites est ancienne.

• Il a été proposé que les États parties préparent de nou-velles déclarations d’importance, conformément auxorientations de l’UNESCO, pour soumission au Centre dupatrimoine mondial et inclusion dans l’examen des Listesindicatives entrepris dans le cadre de la Stratégie globaleen consultation avec l’ICOMOS. Cette tâche pourraitêtre exécutée par le biais de réunions sous-régionales desuivi.

Limites des biens :• Pour ce qui concerne le statut des zones tampons,

l’extension des limites des sites pourrait être réaliséeen « taches de léopard », en identifiant des aires priori-taires dans les zones entourant les sites. Ces taches pour-raient être incorporées à la protection de la zone centraleau terme des recherches menées sur leur valeur d’authen-ticité ou d’intégrité (comme dans le cas de Borobudur).

II.3. Authenticité et intégrité :

• Des modèles de formulaires correspondant aux diffé-rentes catégories de patrimoine (industriel, monumen-tal, archéologique, paysages culturels, etc.) devront êtrediffusés aux autorités provinciales (comme dans le sys-tème thaïlandais de structure administrative régionale)pour permettre leur intégration dans les Liste indicativesnationales et régionales.

II.4. Aménagement et état de conservation :

Dans le cas de dispositions administratives ayant valeurd’exemples, la diffusion de modèles de bonnes pratiquesprésentant des plans de gestion novateurs (comme LuangPrabang et le partenariat public-privé de l’APSARA àAngkor) devrait être étendue à d’autres pays de la région.

Formation :• La plupart des participants ont fait état d’effectifs insuffi-

sants et de besoins de formation, et ont jugé que des initia-tives telles que l’« Académie asiatique » devraient recevoirun soutien au niveau régional. De la sorte, la formationpourrait dépasser le stade de mesures ad hoc pour être unemise à jour continue des compétences professionnelles.

• La possibilité d’associer des universités d’Australie, desÉtats Unis et d’Europe à des programmes de stagesimpliquant les ministères de la culture des pays d’Asie duSud-Est pourrait être étudiée plus avant.

Dispositions financières :• Des études de faisabilité en vue de l’établissement de dif-

férents types de fonds-en-dépôt contribueraient à lamise en place de dispositions financières viables.

• Pour remédier à l’impact du développement urbain etdes projets d’infrastructures sur les villes historiques, ilest essentiel d’identifier (grâce à une coordination inter-ministérielle) les prêts et subventions accordés au titre del’aide publique au développement ayant un effet sur laconservation du patrimoine culturel, et de dispenserrapidement (avant le démarrage du projet) des conseilsen matière de bonnes pratiques.

Accès aux technologies de l’information :• Des besoins particuliers ont été identifiés en matière de

formation continue à l’utilisation de nouveaux équipe-ments tels que les techniques de cartographie et les logi-ciels liés aux SIG.

Gestion des visiteurs :• Une étude comparative régionale sur la diversité et l’op-

portunité des différents mécanismes de « taxes sur letourisme » doit être entreprise (par exemple en partena-riat avec différentes universités de la région).

• La création de « nouveaux itinéraires » pourrait contri-buer à réduire la pression induite par les visiteurs sur cer-taines zones clés à forte concentration touristique.

II.5. Facteurs affectant les biens :

• Des études sur l’« impact visuel » des zones situées horsde la zone centrale des biens du patrimoine mondial sontnécessaires.

• Diversité des perceptions de l’opportunité de la végéta-tion (notamment des arbres fruitiers) sur les sites histo-riques et monumentaux (comme à Vat Phou).

• Pollution sonore causée par les vélomoteurs et les bars àkaraoké.

• Problèmes des populations migrantes.• Collecte préventive d’informations sur le vandalisme et le

vol.• Nécessité de formaliser des plans d’urgence contre l’in-

cendie, les invasions de nuisibles et les typhons.

Suivi :• Mise en place d’un recours systématique au « suivi pho-

tographique » des monuments (au moyen, dans toute lamesure du possible, d’appareils numériques) et d’autresdispositifs jouant un rôle préventif permettant de consta-ter les changements que connaissent les sites ;

• La volonté d’impliquer, autant que possible, les institu-tions existantes (moines, assemblées des anciens,…)dans l’entretien, le suivi, la conservation et la promotiondes sites.

121

Annexe 5

II.7. Conclusions et action recommandées :

• Si possible, redéfinir les sites « en péril » ayant connu desaméliorations significatives sous la dénomination de sites« en développement » ou « en évolution ».

• Examiner l’application de la législation relative à une pla-nification complète de l’utilisation des sols.

• Sensibiliser toutes les institutions et tous les acteurs,notamment les responsables religieux, civils et politiques.

• Remettre constamment à jour les compétences profes-sionnelles.

• Développer la communication sur les bonnes pratiques àtous les niveaux – local, national et international.

• Reconnaître la dimension immatérielle de nombreusesstructures matérielles (comme dans le cas de la renais-sance de la danse du Ramayana dans des espaces dupatrimoine, ou de l’incidence négative du changementde propriétaires des maisons sur la composition de lacommunauté dans les cités historiques).

• Promouvoir la coordination interministérielle pour unegestion et un suivi visant à limiter les programmes inap-propriés de développement d’infrastructures.

Recommandations sous-régionales rela-tives aux biens culturels d’Asie du Nord-Est

Ces recommandations ont été adoptées par cinq Étatsparties d’Asie du Nord-Est lors de la réunion deconsultation des États asiatiques parties à laConvention du patrimoine mondial organisée parl’UNESCO en vue de la préparation du « Rapportpériodique de synthèse pour le patrimoine culturelasiatique », du 13 au 15 mars 2003 au Siège del’UNESCO, à Paris.

II.2. Déclaration d’importance :

• Des dispositions juridiques devraient être prises afin demieux définir les limites et la zone tampon des biens, afind’en protéger l’authenticité et l’intégrité.

II.4. Gestion :

Besoins en matière de formation :• Il est urgent de renforcer la formation des gestionnaires

de sites, en particulier dans le domaine de la capacité degestion (notamment pour les techniques de conserva-tion, en insistant davantage sur la formation aux savoir-faire traditionnels).

• Il est recommandé que les industries produisant desmatériaux de construction traditionnels et l’artisanatsoient revitalisés en vue de la protection des biens dupatrimoine culturel.

Situation financière :• Il a été reconnu que, d’une manière générale, le soutien

financier était insuffisant pour permettre aux États par-ties de s’acquitter de leurs tâches fondamentales de pro-tection et de restauration du patrimoine culturel. Lamobilisation de ressources financières et d’expertisetechnique était essentielle pour soutenir les efforts réali-sés à l’échelle nationale et locale pour conserver et gérerle patrimoine culturel mondial.

• Il a été fortement recommandé que les revenus tirésdes activités touristiques soient employés à des fins deconservation par les gestionnaires de sites. Il a étéjugé important que les communautés locales vivantsur les sites du patrimoine bénéficient de ces activitéstouristiques.

• Les États parties asiatiques, toutes les autorités concer-nées par les activités de conservation du patrimoine cul-turel mondial, l’UNESCO, ses partenaires et lesOrganisations consultatives du Comité du patrimoinemondial sont priées instamment d’accroître leur coopé-ration pour mobiliser les ressources financières et l’ex-pertise technique favorisant la conservation, la gestion etle développement des biens du patrimoine culturel mon-dial, afin d’obtenir le plus possible de bénéfices positifset durables.

Gestion des visiteurs et des sites :• Redéfinir et développer le plan de gestion en y intégrant

des aspects majeurs tels que la planification du tourisme,en consultation avec les partenaires et les communautés

122

Annexe 5

concernés. Activités spécifiques de sensibilisation à laConvention du patrimoine mondial au niveau des sites,en particulier pour les groupes ethniques.

• Élaborer des principes de gestion fondés sur lesmeilleures pratiques – par exemple des plans de gestion– en vue de la gestion des sites.

• L’interprétation des sites et du patrimoine doit être miseen valeur au niveau local et des principes directeurs doi-vent être élaborés à cette fin.

II.5. Menaces et riques :Le Comité du patrimoine mondial doit prendre note desrisques et pressions pesant sur les biens multiples.

Recommandations panasiatiques relativesaux biens culturels du patrimoine mondial

Ces recommandations ont été adoptées par vingt-cinq États parties d’Asie du Sud lors de la réunion deconsultation des États asiatiques parties à laConvention du patrimoine mondial organisée parl’UNESCO en vue de la préparation du « Rapportpériodique de synthèse pour le patrimoine culturelasiatique », du 13 au 15 mars 2003 au Siège del’UNESCO, à Paris.

Déclaration d’importance / limites et zone tampon /authenticité et intégrité

• Les déclarations d’importance doivent être examinées et,dans de nombreux cas, modifiées afin de mieux expli-quer la valeur de patrimoine spécifique à chaque bien dupatrimoine mondial. C’est particulièrement le cas desbiens ayant fait l’objet de recherches récentes qui ontpermis une meilleure compréhension de l’importancesociale, culturelle et historique des sites concernés.

• À la suite de la révision de la déclaration d’importance,les limites des biens doivent être réexaminées et éven-tuellement redéfinies en fonction des valeurs de patri-moine de ceux-ci, afin de s’assurer que les limitesprotègent le site dans sa totalité, y compris ses zonescentrale, tampon et de soutien.

• Les plans de gestion des sites devront être élaborés oumis à jour en tenant compte du réexamen et, éventuel-lement, de la redéfinition des zones, afin que la stratégiede gestion adoptée pour chaque bien du patrimoinemondial conserve l’intégrité matérielle et l’authenticitéhistorique de celui-ci et les valeurs de patrimoine qui ontmotivé son inscription sur la Liste du patrimoine mondial.

• La protection des valeurs de l'environnement du bien depatrimoine mondial concerné doit également être inté-grée au mécanisme de gestion, tout comme les servicesd’appui, notamment ceux qui sont liés au tourisme.

Actions proposées pour l’avenir :Action nationale, le Centre de patrimoine mondial del'UNESCO et les Organisations consultatives pouvantcontribuer par leurs conseils.

Calendrier : Tous les biens du patrimoine mondial cultureld’Asie inscrits avant 1994 doivent être soumis à cette pro-cédure, qui doit être achevée dans un délai de six ans etfaire l’objet du prochain cycle de rapports périodiquesrégionaux.

Base d’information, de données et de connaissancespour un meilleur processus décisionnel :

• Les informations (cartographiques, textuelles, photogra-phiques et scientifiques) relatives à l'authenticité et àl'état de conservation d'un bien du patrimoine mondialdoivent être archivées sur support électronique et misesà la disposition des responsables de la gestion du site.Sont notamment concernés les rapports de suivi, les

123

Annexe 5

données et les informations relatives à tous les travauxde conservation entrepris.

• Le Centre du patrimoine mondial doit fixer des principesde base pour divers instrumentes et pratiques de gestiondes sites, qui, sans viser à l’exhaustivité, définissent desréférences qui ne doivent être négligées sur aucun sitedu patrimoine mondial et permettront des comparaisonsentre ces sites. Les outils et pratiques de gestion néces-saires à cette fin sont notamment :(i) des évaluations d'impact culturel ;(ii) des objectifs et des applications pour les zones tam-pon et de soutien ;(iii) le suivi et la régulation de la charge touristique quepeut supporter un bien du patrimoine mondial ;(iv) des indicateurs permettant de mesurer le stress quefait peser sur les biens du patrimoine mondial la pressionliée au développement ;(v) la perception, la rétention et l’investissement desrevenus dans le processus de conservation du patrimoinemondial ;(vi) l’implication des communautés locales et des gar-diens traditionnels des sites dans la conservation et lagestion des biens du patrimoine mondial.

• Il a été décidé que deux outils spécifiques destinés à lagestion des site doivent être élaborés pour tous les biensdu patrimoine mondial :

• Des cartes précises, complètes et actualisées. Le formatle plus pratique de ces cartes est obtenu par applicationd’un SIG simple, qui doit être conforme aux normes car-tographiques du pays et du patrimoine mondial.

• Des inventaires détaillés et complets de tous les élémentsde patrimoine culturel meuble et immeuble de chaquebien du patrimoine mondial.

Actions proposées pour l’avenir :• Les responsables des sites doivent engager les opérations

d’inventaire.• Les autorités nationales responsables du patrimoine (à

divers niveaux) doivent engager les opérations d’archi-vage des données.

• Le Centre du patrimoine mondial et le Conseiller régio-nal pour la culture en Asie et dans le Pacifique doiventengager, avec les Organisations consultatives, la prépa-ration des cadres de référence.

Calendrier : Les points focaux nationaux du patrimoinemondial d’Asie doivent faire rapport d’ici deux ans auCentre du patrimoine mondial sur les besoins spécifiques àl’échelle nationale ou à celle des sites du patrimoine mon-dial et sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre desactions ci-dessus. Le Centre du patrimoine mondial et leConseiller régional pour la culture en Asie et dans lePacifique élaboreront un plan d’action visant à définir desprincipes de base pour les outils et les pratiques de gestiondes sites, qui seront examinés lors d’une réunion régionalede consultation dans un délai de deux ans.

Renforcement des compétences et formation :• Les responsables de sites doivent recevoir une formation

spécifique dans le domaine de la gestion. Des réseaux

tels que l’Académie asiatique doivent être mis active-ment à profit pour l’amélioration des compétences engestion.

• Le personnel technique présent sur les sites doit recevoirune formation visant à la mise à niveau de ses compé-tences techniques, en particulier dans les domaines :(i) des SIG et autres technologies de l’information ;(ii) des techniques non-invasives et de la télédétection envue de la recherche et de la documentation ;(iii) des techniques scientifiques permettant le suivi et laconservation des éléments de patrimoine. Une attentionparticulière doit être accordée à l'application scientifiquedes matériaux de construction et techniques de conser-vation traditionnels, et particulièrement à l’utilisation desubstituts du ciment (pour tous les édifices, à l’exceptionde ceux, plus récents, pour la construction desquels leciment a été utilisé dès l’origine).

• La formation des artisans doit faire l'objet d'une atten-tion particulière afin que les compétences traditionnellesrequises pour l’authenticité de la conservation et de l’en-tretien des biens ne se perdent pas et soient, au contraireencouragées à se perpétuer. Le plus souvent, il seranécessaire de les subventionner ou d’identifier de nou-veaux débouchés commerciaux pour les détenteurs deces savoir-faire, afin d’assurer leur viabilité économique.

• L’organisation de concours devra être encouragée pourla conception des nouvelles installations qui seront édi-fiées sur les sites du patrimoine mondial (musées, instal-lations pour les visiteurs, toilettes, logement dupersonnel, espaces de bureaux, signalétique, mobilierdes espaces urbains et du site). Des réseaux tels que ceuxde l'Académie asiatique et du Forum UNESCO peuventêtre mobilisés pour ces objectifs.

Actions proposées pour l’avenir :• Les autorités gestionnaires du patrimoine devront établir

un calendrier de formation du personnel en fonction despriorités d'un plan national de renforcement des capaci-tés dans le domaine du patrimoine mondial.

• Les États parties devront identifier les institutions de for-mation appropriées dans leur pays et les encourager às’associer aux réseaux existants du patrimoine culturelexistants, tels que celui de l'Académie asiatique.

Calendrier : Action immédiate au niveau national.

Faire en sorte que le développement des biens dupatrimoine mondial se traduise par des bénéfices auniveau local :

• La rétention des revenus à l’échelle locale et leur réin-vestissement dans la conservation et le développementdes biens du patrimoine mondial devraient être l’un desobjectifs explicites de la gestion. Les stratégies en ce senset leurs résultats devraient avoir leur place, à l’avenir,dans le cadre des exercices de rapports périodiques.

• Des exemples des meilleures pratiques, tirés de diversbiens culturels du patrimoine mondial d’Asie devraientêtre documentés et mis à la disposition de tous. Une pre-mière série d'exemples peut être tirée des études de cas

124

Annexe 5

menées dans le cadre d’un projet mis en œuvre durantquatre ans par la NORAD et le Centre du patrimoinemondial de l'UNESCO, consacré à la gestion du patri-moine culturel et au tourisme et présentant des modèlesde coopération entre partenaires en Asie et dans lePacifique. Ces stratégies concernent notamment lesdroits d’entrée, les taxes, les fondations et l’APD.

Actions proposées pour l’avenir :• Le Centre du patrimoine mondial et le Conseiller régio-

nal pour la culture en Asie et dans le Pacifique doiventrendre publics et diffuser des exemples de bonnes pra-tiques en matière de conservation et de développementdes biens du patrimoine mondial culturel en Asie.

• Les autorités nationales doivent analyser les pratiquesexistantes en matière d’utilisation des revenus (rétentionet réinvestissement), tant au niveau national qu'à celuide chaque bien du patrimoine mondial.

Calendrier : Publication avant la 28e session du Comité dupatrimoine mondial, en 2004. Examen et analyse des sys-tèmes de revenus au niveau national et à celui des biens dupatrimoine mondial avant la 29e session du Comité dupatrimoine mondial, en 2005.

Indicateurs de suivi et rapports périodiques

• Des indicateurs de suivi spécifiques au patrimoine mon-dial doivent être définis par le Centre du patrimoinemondial et les Organisations consultatives. Il conviendrad’intégrer à la conception de ces indicateurs une analyseliée à un facteur temps, afin que le suivi et les rapportspériodiques puissent cesser d’être un exercice réactif etdevenir un instrument prédictif et préventif (d’alerte).

• Des réunions sous-régionales des gestionnaires de sitesdu patrimoine mondial doivent être organisées en vue deprésenter et de tester ce système d’indicateurs de suivi etd’évaluer son efficacité.

Actions proposées pour l’avenir :• Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations

consultatives doivent élaborer un système d'indicateursde suivi qui devra être testé sur des biens culturels dupatrimoine mondial en Asie.

Calendrier : Le Centre du patrimoine mondial et lesOrganisations consultatives devront élaborer un systèmed'indicateurs de suivi avant la 28e session du Comité dupatrimoine mondial, en 2004. Le Centre du patrimoinemondial, les Organisations consultatives et le Conseillerrégional pour la culture en Asie et dans le Pacifiquedevront tester le système après sa présentation aux Étatsparties asiatiques entre la 28e et la 29e sessions duComité du patrimoine mondial..

Recommandations régionales relatives à laprésentation des rapports de la Section II

Ces conclusions et recommandations ont été adop-tées au cours de l'atelier régional de l'UNESCO consa-cré aux rapports périodiques sur les biens naturels etmixtes du patrimoine mondial d’Asie et du Pacifique,tenu du 10 au 13 mars 2002, dans la région du patri-moine mondial des Montagnes bleues à Leura, enAustralie.

Commentaires généraux

• Les rapports doivent être précis, concis et cohérents.• Utiliser les URL lorsqu’elles existent.• Insister sur les modifications importantes survenues

depuis l'inscription.• Les rapports doivent avoir un intérêt et une utilité pour

les gestionnaires de sites.• Utiliser au besoin des sous-titres pour présenter plus clai-

rement le contenu des sections des rapports.• Le questionnaire du Centre de patrimoine mondial est

particulièrement utile pour cette section.• Demander au Comité du patrimoine mondial les docu-

ments de référence et les principes directeurs, et en par-ticulier ceux qui ont influencé le développement descatégories.

• Il faut tenir compte du fait que dans certains États par-ties, les gestionnaires de sites ne disposent pas de maté-riel informatique.

• Demander l’assistance du Centre du patrimoine mondialpour mettre les documents bibliographiques à la disposi-tion des gestionnaires de sites.

• Mettre en valeur les réalisations les plus importantes etidentifier les principaux facteurs qui ont affecté, positi-vement ou négativement, les performances de la ges-tion.

Législation• Les conventions et accords internationaux pertinents,

ainsi que la législation nationale, doivent être abordésdans la Section I plutôt que dans la Section II.

• Se reporter uniquement à la législation pertinente pourla protection du bien du patrimoine mondial (le texteprincipal devra être cité, puis on indiquera les référencesdes textes qui s’y rattachent).

Dispositions en matière de gestion• Il importe de reconnaître que les dispositions relatives à

la gestion peuvent prendre des formes tant statutairesqu’informelles (par exemple juridiques, contractuelles,traditionnelles ou de collaboration).

• Le rapport doit prendre en compte les actions entreprisesainsi que de leur efficacité pour répondre aux obligationsqu’impose le patrimoine mondial en matière d’identifica-tion, de protection, de conservation, de réhabilitation etde mise en valeur du patrimoine culturel et/ou naturel.

• Il peut s'agir par exemple d’actes de gestion accomplisdepuis l’inscription du site pour entretenir ou améliorerun habitat, de la protection d’une espèce, de change-

125

Annexe 5

ments importants dans l’occupation des terres, d’éduca-tion, de sensibilisation et d’interprétation, du renforce-ment des capacités, de stratégies et de plans de gestionpertinents (ou de l’extension de leur application), de par-tenariats en collaboration et de connaissances crucialesacquises par la recherche.

• Prendre en compte les réactions aux conclusions etrecommandations des évaluations et des rapports desuivi réactif.

• Identifier les manques et les besoins principaux entermes de capacité de gestion des biens du patrimoinemondial.

• Identifier les manques pouvant faire l’objet d’une assis-tance nationale ou internationale (par exemple les tech-nologies de l'information).

• Identifier la coordination et les consultations avec lespartenaires et les communautés qui ont eu lieu lors del’élaboration des plans de gestion.

Recommandations• Des documents et indicateurs de référence sont néces-

saires en vue de l’élaboration des plans de gestion.• Des principes de gestion fondés sur les meilleures pra-

tiques – par exemple des plans de gestion – doivent êtreélaborés.

II.5 Facteurs affectant le bien

• Signaler les principaux risques et pressions pesant sur unbien du patrimoine mondial.

• Se reporter à la note explicative 2.5 et à RiskPreparedness, publication consacrée par l’ICCROM à laprévention des risques.

• Mettre l'accent sur les facteurs qui présentent desrisques élevés pour les valeurs du patrimoine mondial,ainsi que pour son intégrité et son authenticité, et analyserles facteurs suivants:(i) Risques externes et internes ;(ii) Risques actuels, potentiels ou immédiats et échelledes risques ;(iii) Risques cumulatifs ou non-cumulatifs ;(iv) Risques naturels ou induits par l’homme(v) Capacité de l'État partie à gérer les risques et limiterles pressions efficacement.

• Il est nécessaire de commenter les effets observés (parexemple, l’impact des visiteurs plutôt que le seul nombrede ceux-ci).

II.6 Suivi• Identifier les manques et les besoins principaux en

termes de capacité de gestion en vue du suivi des biensdu patrimoine mondial.

• Insister, dans les rapports, sur :(i) le suivi et la mesure de l'état de conservation du bien ;(ii) les facteurs importants affectant le bien ;(iii) les changements et les tendances importants.

• Identifier les possibilités ou les besoins d'amélioration dusuivi. Il convient de noter l’importance des chiffres debase et des données de référence permettant le suivi.

• Identifier les indicateurs qui feront l’objet du suivi,en relevant les modèles et les protocoles nationauxpertinents.

• Mettre en évidence l’élaboration d'une méthodologie desuivi – comme le modèle du suivi en collaboration.

• Difficulté d’obtenir un financement pour le suivi.

Recommandations relatives au format du rapport

• Il conviendra d’envisager de déplacer le point II.5(Facteurs affectant le bien) avant le point II.4 (Gestion).

• Le Comité du patrimoine mondial doit examiner lesapproches utilisées dans le rapport périodique en coursafin de réviser les instructions relatives au prochain rap-port périodique en 2008.

Requêtes au Comité du patrimoine mondial

• Des conseils sont nécessaires pour préciser la manièredont il convient de faire état de la perte ou d’une dégra-dation de l’authenticité et/ou de l’intégrité.

• Il est nécessaire de définir des orientations en vue de lagestion des « changements acceptables » en tenantcompte des alinéas 2 et 3 de l’article 6 de la Conventiondu patrimoine mondial, ainsi que des orientations spéci-fiques aux législations nationales pertinentes et de cellesqui complètent l’article 6.

126

Annexe 5

127

Annexe 6

ACCU Centre culturel de l’Asie et du Pacifique pour

l’UNESCO

APD Aide publique au développement

APSARA Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor

ASEAN Association des nations de l’Asie du Sud-Est

ASEF Fondation Asie-Europe

ASI Archaeological Survey of India

BAsD Banque asiatique de développement

CCF Central Cultural Fund

CDB Convention sur la diversité biologique

CI Conservation International

CRATerre Centre régional de l’architecture en terre

DHR Darjeeling Himalayan Railway

FEM Fonds pour l’environnement mondial

FFI Fauna and Flora International

GPS Système de positionnement global

ICCROM Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels

ICHO Iranian Cultural Heritage Organization

ICOMOS Conseil international des monuments et des sites

INTERPOL Organisation internationale de police criminelle

JBIC Banque japonaise pour la coopération internationale

JICA Agence japonaise pour la coopération internationale

MAB Programme sur l’homme et la biosphère

NABU Naturschutzbund Deutschland (Fédération allemande pour la protection de la nature)

NCCA Conseil national pour la culture et les arts

NORAD Agence norvégienne de coopération pour le développement

NTIC Nouvelles technologies de l’information et des communications

ONG Organisation non gouvernementale

PAM Programme alimentaire mondial

PIB Produit intérieur brut

PIMA Association des musées du Pacifique insulaire

PIP Pays insulaires du Pacifique

PNUAD Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement

PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

PNUE Programme des Nations Unies pour l’environnement

PROE Programme régional océanien de l’environnement

RARE Centre RARE pour la conservation tropical

RDP lao République démocratique populaire lao

RPD de CoréeRépublique populaire démocratique de Corée

SAARC Association de l’Asie du Sud pour la coopération régionale

RéSEAU Réseau du système des écoles associées de l’UNESCO

SIG Système d’information géographique

TACIS Assistance technique à la Communauté des États indépendants

UE Union européenne

UICN Union mondiale pour la nature

UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

FNU Fondation des Nations Unies

UNIDROIT Convention sur les biens culturels volés(Convention d’) ou illicitement exportés, 1995

WCPA Commission mondiale des aires protégées

WWF Fonds mondial pour la nature

Acronymes

Dans la série des cahiersdu patrimoine mondial

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World Heritage 2papers Investing in World Heritage: Past Achievements, Future Ambitions(en anglais uniquement) décembre 2002

World Heritage manualsManaging Tourism at World Heritage Sites: a Practical Manual for World Heritage Site ManagersGestión del turismo en sitios del Patrimonio Mundial: Manual práctico para administradores de sitios del Patrimonio Mundial (en anglais) novembre 2002 (en espagnol) mai 2005

World Heritage 3reportsPeriodic Report AfricaRapport périodique pour l’Afrique(en anglais et en français) avril 2003

World Heritage 4papersProceedings of the World Heritage Marine Biodiversity Workshop, Hanoi, Viet Nam, February 25–March 1, 2002(en anglais uniquement) mai 2003

World Heritage 5papers Identification and Documentation of Modern Heritage(en anglais, avec deux articles en français) juin 2003

World Heritage 6papers World Heritage Cultural Landscapes 1992-2002(en anglais uniquement) juillet 2004

World Heritage 7papersCultural Landscapes: the Challenges of Conservation Proceedings from the Ferrara workshop, November 2002(en anglais, avec conclusions et recommandations en français) août 2004

World Heritage 8papersMobilizing Young People for World HeritageProceedings from the Treviso workshop, November 2002Mobiliser les jeunes pour le patrimoine mondialRapport de l’atelier de Trévise, novembre 2002(en anglais et français) septembre 2003

World Heritage 9papersPartnerships for World Heritage Cities - Culture as a Vector for Sustainable Urban DevelopmentProceedings from the Urbino workshop, November 2002Partenariats pour les villes du patrimoine mondial : La culture comme vecteur de développement urbain durableRapport de l’atelier d’Urbino, novembre 2002(en anglais et français) septembre 2004

World Heritage papersMonitoring World HeritageProceedings from the Vicenza workshop, November 2002(en anglais uniquement) septembre 2004

World Heritage reportsPeriodic Report and Regional Programme - Arab States 2000-2003Rapports périodiques et programme régional - Etats Arabes 2000-2003(en anglais et en français) juin 2004

World Heritage

The State of World Heritage in the Asia-Pacific Region 2003L’état du patrimoine mondial dans la région Asie-Pacifique 2003(en anglais) novembre 2004 (en français) juillet 20052reports

World Heritage

Linking Universal and Local Values: Managing a Sustainable Future for World HeritageL’union des valeurs universelles et locales : La gestion d’un avenir durable pour le patrimoine mondial(en anglais, avec introduction, quatre articles, conclusions et recommendations en français) octobre 20043papers

Pour tous renseignements :Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO

7, place de Fontenoy75352 Paris 07 SP FranceTél : 33 (0)1 45 68 15 71Fax : 33 (0)1 45 68 55 70Courriel : [email protected]://whc.unesco.org

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