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Editorial Voici une nouvelle livraison de la Lettre aux Amis vous proposant, comme à l’ac- coutumée maintenant, la présentation d’un thème relatif à notre famille et à notre vie du Carmel. En outre, la Lettre comporte désormais un bulletin séparé pour nos amis du Québec et de Suisse, donnant des nouvelles des couvents de Trois-Rivières et de Fribourg. Nous désirons aujourd’hui vous faire mieux connaître une branche de notre Ordre, constituée de personnes laïques vivant, avec nos sœurs moniales carmélites et avec nous, du charisme thérésien. Ils sont appelés à être, dans le monde selon sa pluri- formité culturelle, des témoins de la présence du Dieu vivant, et à mettre en œuvre une culture de communion. Le présent message me donne l’occasion de vous exprimer, au nom de mes frères, toute ma reconnaissance pour votre accompagnement dans la prière et pour votre aide multiple, en particulier par des services matériels divers (secrétariat, aide domestique) et des conseils en différents domaines, ainsi que par vos dons qui comptent beaucoup, spécialement dans le domaine exigeant du financement des cotisations sociales. Le béné- fice d’une telle aide ne manquera pas d’être encore précieux dans l’avenir et, d'avance, je vous en remercie vivement. Notre Province a connu ces dernières semaines de beaux événements : le 23 septembre, au couvent du Broussey, nos frères Jean-Marie-Joseph Denant et Marie-Laurent Huet ont été ordonnés prêtres par Mgr. Benjamin Ndiaye, évêque de Kaolack (Sénégal). Lettre aux Amis des Frères Carmes Province d’Avignon–Aquitaine — Octobre 2006

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EditorialVoici une nouvelle livraison de la Lettre aux Amis vous proposant, comme à l’ac-

coutumée maintenant, la présentation d’un thème relatif à notre famille et à notre viedu Carmel. En outre, la Lettre comporte désormais un bulletin séparé pour nos amisdu Québec et de Suisse, donnant des nouvelles des couvents de Trois-Rivières et deFribourg.

Nous désirons aujourd’hui vous faire mieux connaître une branche de notreOrdre, constituée de personnes laïques vivant, avec nos sœurs moniales carmélites etavec nous, du charisme thérésien. Ils sont appelés à être, dans le monde selon sa pluri-formité culturelle, des témoins de la présence du Dieu vivant, et à mettre en œuvre uneculture de communion.

Le présent message me donne l’occasion de vous exprimer, au nom de mes frères,toute ma reconnaissance pour votre accompagnement dans la prière et pour votre aidemultiple, en particulier par des services matériels divers (secrétariat, aide domestique)et des conseils en différents domaines, ainsi que par vos dons qui comptent beaucoup,spécialement dans le domaine exigeant du financement des cotisations sociales. Le béné-fice d’une telle aide ne manquera pas d’être encore précieux dans l’avenir et, d'avance,je vous en remercie vivement.

Notre Province a connu ces dernières semaines de beaux événements : le 23 septembre,au couvent du Broussey, nos frères Jean-Marie-Joseph Denant et Marie-Laurent Huetont été ordonnés prêtres par Mgr. Benjamin Ndiaye, évêque de Kaolack (Sénégal).

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Le frère Christophe Betschart a été ordonné prêtre à Fribourg (Suisse) par Mgr. PierreBürcher, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, le 30 septembre. Lesfrères José Pereira et Armand Levillain ont fait leur profession solennelle, le 7 octobre,au Broussey.

Les frères de la Province vous assurent de toute leur communion et prient pour queles uns avec les autres nous participions toujours davantage à la vie même de DieuTrinité qui - comme l’exprime la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité - est « notre‘chez-nous’, la maison paternelle d’où nous ne devons jamais sortir ».

fr. Denis o.c.d. – provincial

Editorial de la «Lettre aux Amis» - Nouvelles des Couvents de Franceretrouvez cette Lettre sur le site : http://lettre.carmes.free.fr

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Lettre aux Amis des Frères CarmesProvince d’Avignon–Aquitaine — Octobre 2006

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La troisième branche de l'Ordre, l'Ordre séculier, est de loin la branche la plusnombreuse… et probablement la plus méconnue. Souvent confondu avec la « Confrériedu scapulaire » ou perçu comme un mouvement de spiritualité, l’O.C.D.S., dans sadimension de vocation et d’engagement qui débouche normalement sur des promessesdéfinitives, doit pourtant être compté parmi les réalités charismatiques de l’Église. Cettedernière est en effet hiérarchiquement organisée, équipée de tout ce qui est nécessaire pourque la Vie du Christ que lui infuse l’Esprit puisse réellement se diffuser en tous sesmembres – cette constitution est en quelque sorte son ‘squelette’. Mais elle est aussi Corpsdu Christ et, comme telle, pourvue des multiples dons de l’Esprit qui ne s’expliquent parrien d’autre que par la beauté de ce même Corps. Ces dons qui sont faits aux hommessont l’efflorescence et comme la différenciation, la particularisation de cette Vie divineen chacun des chrétiens.

Pour les membres de l'Ordre séculier, cette ‘révélation du Fils’ à l’intime de leurvie, comme l’exprime l’apôtre Paul (cf. Galates 1,16), les conduit à retrouver dans lavaste famille du Carmel des accents propres à éclairer leur expérience du Christ, maisaussi des formes de vie précises pour Le suivre au quotidien : à la dimension de partagedu trésor spirituel s’ajoutent celles de communauté d’engagement et de souci de ce ‘biencommun’ qu’est l'Ordre.

Tout ceci est le fruit d’une longue histoire, que le frère Louis-Marie exposesuccinctement dans son article ; aujourd’hui et par sa fidélité à la conduite de l’Espritau cours de l’histoire, l'Ordre Séculier se trouve tout-à-fait à-même d’entendre etd’intérioriser le renouveau de la spiritualité des laïcs qu’ont su rappeler avec force lesPères conciliaires de Vatican II : c’est ce que rappelle le frère Thierry-Joseph, que leservice d'assistant de Communautés de l’O.C.D.S. rend tout particulièrement témoin decette dimension fondamentale de l'Ordre. De tout cela, Marie Marchesnay, en laïque del'Ordre, propose une synthèse mettant en évidence l’originalité de la position du ‘carmeséculier’, dont on pourra déjà retenir que le fruit le plus spécifique est à découvrir danscette ‘intériorité au service du monde’.

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Jalons historiques

L’histoire de l’Ordre Séculier duCarmel s’inscrit dans la longue histoiredu droit d’association des fidèles laïcs.

À chaque époque de l’Église, des laïcsont été associés aux grandes famillesspirituelles. Il n’est pas toujours facilede resituer avec exactitude leurs statutscanoniques, leur degré d’affiliationvariant selon les circonstances detemps, de lieux et de cultures. Dès leXIIIème siècle, les membres desconfraternités carmélitaines partici-paient aux bienfaits spirituels de l’Ordremoyennant un double engagement :caritatif et cultuel. Ces confraternitésperdurent aujourd’hui mais ne doiventpas être confondues avec l’Ordre séculier.

D’autre part, certaines femmes,tout en restant laïques, vivaient auxfranges de la vie consacrée : ‘oblates’ enEspagne, ‘béguines’ en Flandre… sansoublier la vocation tout-à-fait excep-tionnelle des recluses. La bienheureuseJeanne de Toulouse, qui vivait à l’ombredu couvent des Carmes à la fin duXIVème siècle, est la plus célèbre.

Les origines du Tiers-Ordre carmé-litain s’inscrivent dans le prolongementd’un mouvement laïc, structurellementproche du modèle des confraternités etnommé « Ordre de la pénitence. » CetOrdre, fondé au XIème siècle, était lui-même héritier du mouvement desHumiliés, premier à porter le titre de« Tiers-Ordre » et doté en 1201, parInnocent III, d’une règle spéciale

destinée aux laïcs vivant en famille.Quelques années plus tard, le modèle –qui a fait ses preuves – est repris dans latradition des jeunes Ordres mendiants :ainsi naissent les Tiers-Ordres francis-cain et dominicain.

Il faut attendre le XVème siècle etla bulle Cum Nulla (7 octobre 1452) deNicolas V pour qu’à l’unique branchemasculine du Carmel soient associéesune branche féminine (les carmélites) etune branche laïque (les tertiaires). Lebienheureux Jean Soreth, illustreGénéral des Carmes, rédige une règledu Tiers-Ordre carmélitain en 1455.

Depuis lors, les laïcs de l’Ordre duCarmel n’ont jamais cessé d’exercerleur rayonnement en tant qu’OrdreSéculier, parfaitement complémentairedes deux branches religieuses duCarmel, puisant avec elles, et autantqu’elles, dans un unique patrimoinecharismatique. Leur vocation les envoielà où carmes et carmélites ne peuventêtre : plus cachés par leur enfouisse-ment dans le monde et plus visibles parleur nombre et leur implication dans lasociété civile.

Après la dernière guerre, le Tiers-Ordre carmélitain a entamé un longtravail d’adaptation aux nouvellesconditions de la vie laïque. L’adaptationd’une nouvelle « Règle de vie » en1979, puis la transformation de celle-ci en « Constitutions » le 16 juin 2003en sont les principaux fruits.

Fr. Louis-Marie – Montpellier

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Vocation à la vie laïqueet appel du Carmel

« Tous les hommes sont appelés à parti-ciper dans la charité à l’unique sainteté deDieu : Soyez parfaits comme votre Pèrecéleste est parfait. L’engagement à la suitedu Christ est le chemin qui conduit à la perfec-tion que le baptême a ouvert à tout chrétien ».

L’introduction des Constitutions del’O.C.D.S. place la vocation commune àla sainteté au cœur de l’engagement deslaïcs. Dieu veut que l’homme soit saintde la sainteté même de Dieu.Autrement dit, que la créature vive de lavie divine, que l’homme participe aumouvement d’amour qui est au sein dela Trinité. La vie spirituelle conduit à uneforme de perfection au sens du pleindéploiement de la grâce baptismale.

Or, beaucoup renoncent à cettevocation sublime – explicitement ouimplicitement – sous prétexte que celasupposerait une vie « extra-ordinaire. »Ils confondent la perfection humaine etla perfection voulue par Dieu pour sacréature, une perfection qui est partici-pation à l’amour de Dieu.

Dans sa Lettre Apostolique NovoMillenio Ineunte, Jean-Paul II dénoncecette erreur : « Il ne faut pas se méprendresur cet idéal de perfection comme s’il supposaitune sorte de vie extraordinaire que seuls quel-ques ‘génies’ de la sainteté pourraient prati-quer [...]. Il est temps de proposer de nouveauà tous, avec conviction, ce haut degré de viechrétienne ordinaire. » L’apostolat auprèsdes membres de l'Ordre Séculier du

Carmel trouve, dans cet appel, son senset sa dynamique.

La spiritualité carmélitaine est unefaçon de répondre à l’appel à la saintetéque Dieu adresse à tout baptisé. Uneréponse enracinée dans une expériencequotidienne d’intimité – vécue dans lafoi – avec ce Dieu qui, « le premier, nousa aimés. » Le discernement d’un appel às’engager dans une communauté sécu-lière du Carmel porte sur ce désir pro-fond de vivre chaque jour un temps deprière silencieuse, d’écoute amoureusede l’Hôte intérieur ; une oraison soute-nue par la connaissance et la fréquenta-tion de la Parole de Dieu, source detoute vie spirituelle, mais aussi desécrits des saints du Carmel.

De l’intimité divine, vécue dansl’oraison, découle une façon de vivreavec les autres, un apostolat de vie quiconsiste moins à exposer des idées qu’àdonner le Christ. En famille, en Église,mais aussi dans sa vie professionnelle,le laïc du Carmel est apôtre du Christ.

Toutefois, il faut bien reconnaîtreque l’articulation de la pratique del’oraison et de la vie ordinaire n’estjamais évidente. Il faut beaucoup de réa-lisme pour ajuster peu à peu les diffé-rentes composantes de l’emploi dutemps, pour y intégrer une vie spirituellesolide. À propos de la « meilleure part »dont parle saint Luc (cf. Lc 10,42),Élisabeth de la Trinité écrit à une mèrede famille : « [Elle] est offerte par Dieu àtoute âme de baptisé. Il vous l’offre, chèreMadame, parmi vos soucis et vos sollicitudes

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maternelles. Croyez que toute sa volonté est devous emmener toujours plus loin en Lui.Livrez-vous à Lui avec toutes vos préoccupa-tions » (Lettre 129). La jeune carmélitede Dijon a compris que le baptême estun engagement à la vie d’union à Dieu.Une communion qui se réalise dans lavie ordinaire comme dans la vie consa-crée, bien qu’avec des modalités diffé-rentes. Mais la sainteté est la même.

L’accompagnement des groupes delaïcs du Carmel par des frères del'Ordre est un échange. Par l’expériencede la vie religieuse, de l’étude et de lavie régulière, le frère apporte un sou-

tien, une formation qui enracine dans laterre du Carmel. Également une façond’aborder les difficultés de la vie. Maisen retour, il reçoit l’exemple de ceux quiincarnent le charisme dans une existencetoute livrée aux activités ordinaires,« en plein vent ».

Dans les communautés de l’OrdreSéculier, les soucis et les inquiétudes dumonde sont confrontés à la grâce de laprière. « Livrez-vous à Lui avec toutes vospréoccupations » écrit encore Élisabeth.L’oraison n’est pas un opium anesthé-siant : lorsqu’elle est vraie, elle enracinedans un réalisme qui intègre Dieu et saprovidence. Si les religieux apportent

leur expérience, celle-ci est enrichie parce qu’ils reçoivent dans la rencontre.

La richesse du Carmel passe par leplein épanouissement des trois branchesde l'Ordre qui vivent de la même sève.

Fr. Thierry-Joseph – Montpellier

« Dans le monde etpour le monde, »

le carme séculierDes laïcs…

Pour le Concile Vatican II, le pro-pre de l’état des laïcs est de mener leurvie au milieu du monde et des affairesprofanes.

À cette place, les laïcs, « rendus par-ticipants de la charge sacerdotale, pro-phétique et royale du Christ, assumentdans l’Église et dans le monde leur part,dans ce qui est la mission du Peuple deDieu tout entier. » Pour cela, « ils s’ef-forcent de pénétrer l'Ordre temporel,dans un esprit évangélique, » avant toutpar le témoignage de leur vie vécuedans la foi, l’espérance et la charité (cf.Lumen Gentium). Ainsi chacun, « selonla grâce reçue, se mettant au service desautres, devient un intendant de la grâcemultiforme de Dieu. »

Ces chrétiens laïcs, pourquoi éprouvent-ilsle besoin d’entrer dans l'Ordre du Carmel ?

Parce que le Seigneur les appelle àune vocation plus particulière d’intimitéavec Lui, par les chemins si divers de sagrâce : sa Parole, une rencontre, unsaint du Carmel, une soif de vie inté-

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rieure, un attrait pour la prière silen-cieuse, un désir croissant d’union àDieu, de mieux vivre l’Évangile, unbesoin de puiser en Dieu la force d’as-sumer le quotidien, une soif d’aimer,mais aussi une souffrance, le doute outant d’autres jalons du processus dematuration de notre vie spirituelle,selon la pédagogie divine. Dieu inlassa-blement appelle ses enfants !

… rattachés à l'Ordre

Les Constitutions de l'OrdreSéculier précisent : « L’appartenancedes laïcs à l'Ordre trouve son originedans la relation qui s’était instauréeentre les laïcs et les membres desOrdres religieux fondés au Moyen-Âge.L’officialisation progressive de ces rela-tions a favorisé une meilleure participa-tion au charisme et à la spiritualité par-ticulière de l'Ordre religieux. À lalumière de la nouvelle théologie du laï-cat dans l’Église, les séculiers viventleur appartenance à l'Ordre, tout engardant leur identité propre de laïcs ».

Ainsi, au sein d’un Ordre compor-tant trois branches, nous avons la joiede devenir fils et filles de Notre-Damedu Mont Carmel et de sainte Thérèsed’Avila, de vivre en union avec les frè-res et les moniales, mais tout ceci dansle monde, dans notre état de vie propre.

Appartenant à la famille du Carmel,nous bénéficions des mêmes biens spi-rituels et répondons à la même voca-tion à la sainteté (cf. Eph 1,4), ainsi qu’àla même mission apostolique. Très

attentifs à l’apostolat de nos frères car-mes, nous y participons de notre mieux,choisissant dans les multiples sollicita-tions du monde les biens qui demeu-rent ; car « là où est ton trésor, là aussiest ton cœur ! »

Dans le monde, les laïcs ont leurmission apostolique propre ; Vatican II

rappelle : « À tous les chrétiens,incombe la très belle tâche de travaillersans cesse pour faire connaître le mes-sage divin du Salut pour tout homme ».Mais nous savons notre faiblesse, notreimpuissance, et Jésus lui-même nous lerappelle : « Sans Moi, vous ne pouvezrien faire ! » Elles nous placent dansl’humilité et nous ouvrent à l’abandon,dans la joie et la confiance, car Jésusnous dit aussi : « Celui qui demeure enMoi et Moi en lui, porte beaucoup de

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fruits ! » Ô douce dépendance de Jésus-Christ, élément fondamental de notrevocation carmélitaine !

Les dons de l'Ordre par son charisme

L'Ordre des Carmes est depuis sonorigine sous la maternelle protection dela Vierge Marie. Ses membres (frères,sœurs laïcs) trouvent en elle le modèlede leur configuration au Christ.

Avec le prophète Élie,inspirateur de la vie en pré-sence de Dieu recherchéedans la solitude et lesilence, nous apprenons laproximité du Dieu vivant,la contemplation et le zèlepour sa gloire.

Thérèse d’Avila estnotre guide, nous rappe-lant à la compagnie de la« Sainte Humanité duChrist, » pour mener un « commerced’amitié avec Celui dont nous noussavons aimés » – c’est là notre oraisonquotidienne.

Jean de la Croix nous apprend àchoisir le rien, le non-savoir, dans la foi,l’espérance et la charité, en vue du Toutet de la connaissance de Dieu.

Frère Laurent de la Résurrection,tellement proche de nous, laïcs, par savie toute simple et pourtant si absorbéeen Dieu, nous confie : « Notre sancti-fication dépend, non du changement denos œuvres, mais de faire pour Dieu ceque nous faisons ordinairement pournous-mêmes ; je retourne ma petite

omelette dans la poêle pour l’amour deDieu ! »

Thérèse de l’Enfant Jésus nousenseigne par sa « petite voie » l’aban-don dans la confiance, jour après jour,dans tous les domaines de nos vies,ainsi que la charité fraternelle, si néces-saire dans le monde, dans l’Église etdans nos Communautés de laïcs.

Élisabeth de la Trinité nous décou-vre son trésor : « Ô mesTrois, mon Tout, maBéatitude, Solitude infi-nie… », autant de réalités àcontempler à l’oraison, quipeu à peu envahissenttoute notre vie.

Ces chemins de Vie,trésors partagés du Carmelet de l’Église, déclinent lesmerveilles de l’Amour deDieu. Et tous n’ont qu’un

but : Lui et Lui seul, dans la profon-deur de son mystère, et Lui encore enchacun de nos frères, pour leur salut etpour la gloire de son Nom.

Être carme séculier ou l’intériorité auservice du monde

« Sous l’arbre de la Croix, Je t’aidonné la Vie ! » (Cantique Spirituel)Cette parole, que Jean de la Croix metdans la bouche de Jésus, s’adresse àchaque chrétien, mais aussi à chaquehomme sur terre, devenu ainsi enfantde Dieu.

Que pouvons-nous faire en retour,sinon nous abîmer dans la contempla-

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tion de l’Amour incarné ! Cette viereçue, cette eau vive qui devient sourcejaillissante dans le cœur qui s’ouvre àDieu, ne les gardons pas pour nous !Mais par l’humble quotidien de notrevie, soyons les témoins de l’Amourdivin qui nous habite.

Être carme séculier, c’est vivred’amour dans le monde : Vatican IInous précise que cette vie d’intimeunion avec le Christ dans l’Église, nour-rie par l’Eucharistie, les sacrements,l’exemple des saints du Carmel, permetaux laïcs de remplir leurs obligationsdans le monde. Ils s’efforcent de sur-monter les difficultés inévitables avecprudence et patience, puisant le cou-rage dans l’espérance. Ni le soin de leurfamille ni les affaires temporelles nedoivent être étrangers à leur spiritua-lité : « Tout ce que vous faites, en paro-les ou en actes, faites-le au Nom duSeigneur Jésus-Christ, rendant grâcespar Lui à Dieu le Père » (Col 3,17).

Seules la lumière de la foi et laméditation de la Parole de Dieu peu-vent permettre toujours, partout et entous, de reconnaître Dieu. C’est unegrande grâce à demander.

Être carme séculier, c’est témoignerde sa foi. Ainsi, avec la grâce duSeigneur, pouvoir être une interroga-tion, peut-être une petite lumière, pourtant d’hommes et de femmes éloignésde Dieu :

Témoigner en paroles : c’est, par

l’écoute vraie, la douceur, la patience, latolérance, la valorisation des qualités etdes vertus des autres, la compassion,…donner à Jésus « comme une humanitéde surcroît », selon les mots d'Élisa-beth de la Trinité.

Témoigner en actes, c’est parfoisdevoir choisir d’affirmer son désir d’al-ler à la messe quand les autres n’y vontpas ; c’est faire une démarche de par-don, pour que la paix ne soit pas alté-rée : « Si ton frère a quelque chosecontre toi …» ; c’est visiter, téléphoner,écrire pour réconforter, compatir ou seréjouir,… et tout ce qu’inspire la charitéqui règne dans un cœur pour s’épanouirsimplement en un sourire : ce sourire,signe de sérénité et de paix, possède ungrand pouvoir : il désarme, il apaise ; ilpeut être rendu – et c’est alors un grandbienfait pour celui qui répond. Ainsigrandit humblement, secrètement, le

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royaume de l’amour fraternel. « Je vous laisse ma paix » dit Jésus, pour que nousla partagions. Sourire, c’est aussi sourire au Dieu-Trinité qui habite le cœur de l’autre ;c’est comme une action de grâce silencieuse, un code d’amour secret.

Être carme séculier, c’est marcher main dans la main avec Marie, dont on seplaît à dire qu’elle est le sourire du Père. Marie, Reine du Carmel, mais aussi notretendre Mère et notre Sœur attentive – les premiers carmes ne s’appelaient-ils paseux-mêmes « frères ermites de Notre Dame du Mont Carmel » ? – Elle aussimenait sur terre une vie ordinaire, semblable à la nôtre, mais toujours intimementunie à son Fils, coopérant ainsi à l'œuvre du Sauveur. Être carme séculier, c’est par-tager peu à peu avec Marie sa profonde union avec Jésus.

Être carme séculier, c’est rester dans l’espérance au milieu de ce monde de vio-lence qui a perdu ses repères. C’est ne pas faire chorus avec les pessimistes ni accen-tuer davantage l’état morbide de notre société, mais se souvenir sans cesse desparoles de Jésus : « Je suis vainqueur du monde ! ». Être carme séculier, c’est pré-férer, à ce monde de surinformation et de bruit, le silence qui recrée et ouvre lecœur à Dieu, et là, se perdre de vue en Lui. Élie n’a pas trouvé le Seigneur dans lebruit, mais « dans le silence d’une brise légère ».

Notre sœur Élisabeth de la Trinité a vécu dans le monde 21 ans, et seulement5 ans et 3 mois au Carmel. C’est bien dans le monde que Jésus a préparé son âmeà cet enfouissement fulgurant au cœur des Trois. Elle est pour nous un exemple,vivante réponse du Père à la prière de Jésus : « Père, je ne te prie pas de les enle-ver du monde, mais de les préserver du Mauvais ».

Voici une pensée d’Élisabeth à sa sœur Guite, mère de famille, pensée qui nousest adressée à nous aussi, laïcs :

« À travers tout […] tu peux te retirer en cette solitude pour te livrer à l’Esprit-Saint, afin qu’Il te transforme en Dieu, qu’Il imprime en ton âme l’image de laBeauté Divine, afin que le Père en se penchant sur toi, ne voie plus que son Christet qu’Il puisse dire : celle-ci est ma fille bien-aimée, en qui j’ai mis toutes mescomplaisances. »

C’est cette assurance d’être fils et filles bien-aimés du Père qui fait du carmeséculier d’aujourd’hui une présence vivante et agissante en ce monde : pour qu’yadvienne la gloire du Dieu qui vient vivre en société avec chacun de nous et l’en-semble de la famille humaine.

Marie Marchesnay ocds – Nantes

Lettre aux Amis des Frères Carmes - Parution Octobre 2006 - Journal distribué gratuitement, tiré à 3000 exImpression AMD 04 99 51 25 25 - Province d’Avignon - Aquitaine de l'ordre des Carmes Déchaux

10 bis rue Moquin-Tandon 34090 Montpellier - Frère Martin Dallongeville 04 99 23 24 90 E-mail : [email protected]