6
MARS 2017 ANNÉE 4, NO 11 La PMH reçoit une fois de plus les enfants de « l’Operación Sonrisa » DANS CE NUMÉRO : La PMH reçoit « l’Operación Sonrisa » 1 Fêter Pâques en Bolivie 2 Les principaux sites incas de Bolivie 3 Tiwanaku a-t-il été construit par des extra- terrestres? 4 Portrait: Jin Kyoung, deve- nue Viviana en Bolivie 5 Chronique: autour de Lu- cas 6 JOURNAL JOURNAL JOURNAL JOURNAL DU DU DU DU GROUPE GROUPE GROUPE GROUPE DE DE DE DE SOUTIEN SOUTIEN SOUTIEN SOUTIEN « TIGORIATA TIGORIATA TIGORIATA TIGORIATA » 9E EDITION EDITION EDITION EDITION Courrier Migrant MARS 2017 ANNÉE 4, NO 11 © www.pubzi.com La Pastorale de Mobilité Humaine reçoit une fois de plus, et pour deux semaines, un grand nombre de parents et de leurs bébés qui sont nés avec un bec de lièvre et qui vont bénéficier d’opéra- tions gratuites. La campagne, soutenue par des fondations de bienfaisance, s’appelle «operación sonrisa», «opération sourire» en fran- çais. Notre maison d’accueil est pleine à craquer de famil- les venues surtout des dé- partements comme La Paz, Potosi ou Oruro, éloignés de plus de 20 heures de bus de Santa Cruz. Ces familles, très démunies, s’estiment heu- reuses de pou- voir bénéficier de ces opéra- tions gratuites. Accompagnée de deux étu- diants en psy- chologie qui viennent faire un stage prati- que chez nous, j’ai animé une activité de sensibilisation et de discussion autour des causes possibles du bec de lièvre, des moyens de s’en prémunir, et de ce qu’avait représenté cette dure expé- rience pour ces parents. Il semblerait en effet que le bec de lièvre soit dû à une déficience en acide folique (que prennent toutes les femmes enceintes en Suisse dès leur 1er jour de gros- sesse). Les femmes avec qui nous avons parlé n’avaient pas entendu parler de l’acide folique, ou n’avaient pas eu les moyens de s’en procurer. Des parents se sont mis à pleurer quand ils ont ra- conté comment les méde- cins les avaient laissé seuls avec leur problème, certains d’entre eux leur faisant même croire que leur enfant allait rester handicapé, ne pourrait ni grandir ni mar- cher. Les familles dorment à même le sol car nous n’avons pas assez de lits ni même de matelas pour tout le monde © S. Burkhalter Animation organisée avec les étudiants en psychologie Un bébé avant et après l’opération du bec de lièvre © S. Burkhalter © S. Burkhalter

Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

  • Upload
    hatruc

  • View
    213

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

M A R S 2 0 1 7 A N N É E 4 , N O 1 1

La PMH reçoit une fois de plus les enfants de « l’Operación Sonrisa »

D A N S C E

N U M É R O :

La PMH reçoit

« l’Operación

Sonrisa »

1

Fêter Pâques

en Bolivie 2

Les principaux

sites incas de

Bolivie

3

Tiwanaku a-t-il

été construit

par des extra-

terrestres?

4

Portrait: Jin

Kyoung, deve-

nue Viviana en

Bolivie

5

Chronique:

autour de Lu-

cas

6

J O U R N A L J O U R N A L J O U R N A L J O U R N A L D UD UD UD U

G R O U P EG R O U P EG R O U P EG R O U P E D ED ED ED E S O U T I E NS O U T I E NS O U T I E NS O U T I E N

«««« T I G O R I A T AT I G O R I A T AT I G O R I A T AT I G O R I A T A »»»»

9999 EEEE E D I T I O NE D I T I O NE D I T I O NE D I T I O N Courrier Migrant M A R S 2 0 1 7 A N N É E 4 , N O 1 1

© www.pubzi.com La Pastorale de Mobilité Humaine reçoit une fois de plus, et pour deux semaines, un grand nombre de parents et de leurs bébés qui sont nés avec un bec de lièvre et qui vont bénéficier d’opéra-tions gratuites. La campagne, soutenue par des fondations de bienfaisance, s’appelle « o p e r a c i ó n s o n r i s a » , «opération sourire» en fran-çais. Notre maison d’accueil est pleine à craquer de famil-les venues surtout des dé-partements comme La Paz, Potosi ou Oruro, éloignés de plus de 20 heures de bus de Santa Cruz. Ces familles, très démunies, s’estiment heu-reuses de pou-voir bénéficier de ces opéra-tions gratuites.

Accompagnée de deux étu-diants en psy-chologie qui viennent faire un stage prati-que chez nous, j’ai animé une activité de sensibilisation et de discussion autour des causes possibles du bec de lièvre, des moyens de s’en prémunir, et de ce qu’avait représenté cette dure expé-

rience pour ces parents. Il semblerait en effet que le bec de lièvre soit dû à une déficience en acide folique (que prennent toutes les femmes enceintes en Suisse dès leur 1er jour de gros-sesse). Les femmes avec qui nous avons parlé n’avaient pas entendu parler de l’acide folique, ou n’avaient pas eu les moyens de s’en procurer. Des parents se sont mis à pleurer quand ils ont ra-conté comment les méde-cins les avaient laissé seuls

avec leur problème, certains d’entre eux leur faisant même croire que leur enfant allait rester handicapé, ne pourrait ni grandir ni mar-cher.

Les familles dorment à

même le sol car nous n’avons

pas assez de lits ni même de

matelas pour tout le monde

© S

. Bu

rkh

alte

r

Animation organisée avec les

étudiants en psychologie

Un bébé avant et après

l’opération du bec de lièvre

© S

. Bu

rkh

alte

r © S

. Bu

rkh

alte

r

Page 2: Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

P A G E 2 A N N É E 4 , N O 1 1

Fêter Pâques en Bolivie La semaine sainte, « semana santa » en espagnol, aura lieu cette année entre le 9 et le 16 avril.

L’occasion pour le peuple bolivien de prier pour la Vierge et de pratiquer des rites syncrétiques

où la feuille de coca a une large part.

Dans presque toutes les villes

boliviennes sont organisées des

processions et des chemins de

croix. Pâques est aussi l’occa-

sion de cuisiner des plats typi-

ques, qui diffèrent selon les

lieux, et de présenter les cultu-

res locales, habits, musiques et

danses traditionnelles.

Copacabana, l’Eglise de la

Vierge la plus importante du

pays Le lieu le plus important pour

fêter Pâques en Bolivie se situe

au bord du lac Titicaca, dans la

petite ville de Copacabana, à

3'800 m. d’altitude. L’église de

Copacabana est une des plus

importantes du pays pour le

culte de la Vierge. Elle a été

construite en 1601. Beaucoup

de pèlerins arrivent à Copaca-

bana pour la semaine sainte. La

chapelle des cierges

(« Capilla de las Ve-

las ») est très connue.

Chacun y allume un

cierge en l’honneur

de la Vierge, et quel

que soit le jour de

l’année où l’on y

aille, cette chapelle

est toujours éclairée,

jour et nuit, par une

quantité infinie de

cierges allumés par les gens de

passage. Il y règne une atmos-

phère particulière — j’y ai

moi-même passé en 2010, lors

de mon premier séjour en Boli-

vie, et me rappelle de ce lieu

illuminé et chauffé par tant de

cierges allumés.

Le Calvaire de Copacabana se

trouve au sommet d’une col-

line située à 900 m. du centre

de la ville. Son as-

cension est une tradi-

tion que les pèlerins

aiment accomplir

spécialement durant

la semaine sainte.

Les pèlerins l’escala-

dent chargés de peti-

tes pierres qu’ils

abandonnent petit à

petit à chaque station

du chemin de croix.

Un rite inspiré des traditions

anciennes

Au sommet, les pèlerins se

rassemblent et achètent des

© p

ris

d’in

tern

et

L’Eglise de la Vierge à

Copacabana, au bord du lac

Titicaca

© p

ris

d’in

tern

et

La petite ville de

Copacabana, au bord du lac

Titicaca

maisons, voitures, billets de ban-

que ou entreprises miniatures,

qu’ils font ensuite bénir par des

prêtres qui mêlent catholicisme et

rites ancestraux, utilisant la feuille

de coca et d’autres produits typi-

ques locaux, faisant brûler de

l’encens dans de petits foyers. En

faisant cela, ils espèrent que ces

maisons, voitures, argent ou en-

treprises se feront réalité durant

l’année qui suit. Certains achètent

même des terrains symboliques

miniatures, sur lesquels ils cons-

truisent de petites maisons de

pierres et posent les objets mini-

atures qu’ils ont achetés. La cou-

tume veut que ces objets miniatu-

res vont devenir ensuite réalité, si

la personne le demande à la

Vierge avec une foi sincère.

Page 3: Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

P A G E 3 A N N É E 4 , N O 1 1

Quand on descend ses esca-

liers, on se retrouve nez à nez

avec le monolithe du sage, un

vieux barbu. Quant aux murs,

ils affichent, telle une galerie

de portraits, de nombreux visa-

ges en trois dimensions.

Tiwanaku, site pré-inca, à

une quinzaine de kilomètres

du lac Titicaca

Le site de Tiwanaku, dans le

département de la Paz, à une

quinzaine de km du lac Titica-

ca, et à 3’850 m. d’altitude,

était un ensemble cérémoniel.

Le temple d’Akapana, le plus

grand du site, encore à moitié

enterré, est en fait une pyra-

mide composée de 7 plates-

formes d’environ 18 m. de

hauteur, et de 140 m. x 170 m.

de largeur, et d’un temple qui,

au lieu d’être surélevé comme

une pyramide, a été creusé

dans le sol, à 3 m. de profon-

deur. Ce temple est comme une

petite place carrée, sans toit.

Le Temple de Tiwanaku, au lieu de s’élever vers le

ciel, a été creusé dans le sol, comme on le voit ici,

en-dessous du niveau de la porte d’entrée, la célè-

bre Porte du Soleil.

© p

ho

tos

pri

ses

d’in

tern

et

Tiwanaku et Incallajta, les principaux sites

incas en Bolivie Peu connus des touristes qui visitent l’Amérique latine, ces deux sites sont encore

partiellement enfouis, et restent passablement énigmatiques aux yeux des archéologues.

Le site d’Incallajta à Cocha-

bamba

Il est le site inca le plus impor-

tant de Bolivie. Incallajta

« Inka Llaqta », signifie ville

de l’inca en quechua. Il est

situé à 123 km de Cochabamba

et à 2950 m. d’altitude. La cité

a été fondée à la fin du 15e

siècle par le 10e empereur, Tu-

pac Inca Yupanqui. Elle fut

une forteresse militaire, un

centre politique et administratif

ainsi qu’une cité cérémonielle.

Frontière est de l’Empire inca,

elle devait empêcher les avan-

cées des Chiriguanos, les des-

cendants des Guaranis, et per-

mettre de conserver les vallées

fertiles de Pocona et Cocha-

bamba.

Les matériaux utilisés sont

ceux de l’architecture inca:

pierre et bois, avec recouvre-

ment en argile. Le site aurait

pu aussi constituer un observa-

toire astronomique, doté d’un

cadran solaire d’où les Incas

observaient les changements

des saisons.

Inca

llajt

a, d

épar

tem

ent

de

Co

chab

amb

a

© p

ris

d’in

tern

et

Page 4: Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

P A G E A N N É E 4 , N O 1 1

Tiwanaku aurait-il été construit par des

extraterrestres? Certains Boliviens y croient, lorsqu’ils voient les prouesses techniques qui ont été

utilisées pour construire Tiwanaku !

Des constructions basées

sur le mouvement du soleil Le temple de Kalasasaya, de

l’ancien aymara Kala (pierre)

et Saya (arrêté), fut certaine-

ment un observatoire solaire

d’où les Tiwanakus calculè-

rent les 365 jours d’une année

ainsi que les changements de

saisons. Tout le temple est

organisé en fonction de ce

cycle solaire. Lors de chaque

équinoxe, le soleil apparaissait

au centre de la porte d’entrée

principale. Les Aymaras

avaient observé, dès le 5e siècle de

notre ère, que le soleil se levait au

nord-est lors du solstice d’hiver et

au sud-est lors du solstice d’été.

Alors que les Incas n’ont régné

que durant un seul siècle, les

Tiwanakus, culture pré-inca,

auraient existé durant plus de

20 siècles. Les archéologues

n’arrivent pas à se mettre d’ac-

cord pour dater cette culture:

certains disent qu’elle aurait

4000 ans, d’autres disent 8000

ans ou même plus.

Des techniques de construc-

tion impressionnantes La pyramide de Puma Punku,

autre temple tiwanaku présent

en Bolivie, est une immense

structure pyramidale, en forme

de T, l’une des ruines les plus

anciennes connues à ce jour,

qui aurait été dédiée au culte

de la Lune. Les pierres sont de

granite et de diorite, presque

aussi durs que le diamant. Or

elles ont non seulement été

taillées mais également cou-

pées de manière parfaitement

droite, ce qui semble presque

impossible sans machine à

découper la pierre. A part cer-

tains blocs qui s’assemblent

pour créer une structure sur

quatre niveaux, tous les autres

sont découpés de manière à

s’imbriquer et s’emboiter par-

faitement, tel un puzzle (voir

photo). Cette technique se re-

trouve sur les sites incas du

Pérou, de Cuzco par exemple,

ce qui permet de penser qu’ils

se sont inspirés des Tiwanakus,

qui les ont précédés. Les cons-

tructeurs tiwanakus avaient

aussi un système de jointures

en trois dimensions pour faire

tenir les énormes blocs de

pierre ensemble (voir photo).

Enfin, une pierre montrant des

trous profonds et au diamètre

très étroit constitue un mystère

(voir photo): comment ces

trous ont-ils été creusés sans

l’outillage moderne ? Sans

compter que d’énormes blocs

de pierre pesant des tonnes ont

été déplacés et dressés, on

ignore encore de quelle ma-

nière. Enfin, les constructeurs

de l’époque maîtrisaient l’am-

plification phonique: ils cons-

truisaient des pierres servant de

porte-voix (voir photo) !

© p

ho

tos

pri

ses

sur

inte

rnet

Système de jointure avec attaches

métalliques en trois dimensions

Alignement de trous que seuls des

lasers ou des foreuses à diamant

pourraient réaliser de nos jours

Les pierres sont taillées pour

s’emboiter parfaitement

Une pierre qui fonctionne comme

porte-voix !

Page 5: Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

P A G E 5 A N N É E 4 , N O 1 1

donné de signe de vie. Il ne

répondait plus à son numéro,

n’appelait plus… pas moyen

de le retrouver.

Jin Kyoung se retrouve

seule Jin Kyoung s’est donc retrou-

vée seule, dans une situation

assez difficile. Elle ne pouvait

plus payer le loyer, a dû com-

mencer à travailler sans parler

un mot d’espagnol, et se trou-

ver une pièce à louer pour ne

pas rester sur la rue. Heureuse-

ment, elle fréquentait une

église catholique tenue par un

prêtre d’origine coréenne —

car elle s’était convertie au

catholicisme, et la communau-

té l’a bien aidée. C’est comme

ça qu’elle a pu commencer à

faire quelques ménages, et

qu’elle est arrivée à la Pasto-

rale de Mobilité Humaine, où

elle a également travaillé du-

rant plusieurs mois.

Jin Kyoung se fait appeler

Viviana La Bolivie n’est pas un pays

cosmopolite. Il n’est pas évi-

dent de s’y intégrer avec une

identité si différente comme

celle de Jin Kyoung. Probable-

ment fatiguée que les gens

n’arrivent pas à répéter son

nom, elle a donc fini par se

faire appeler Viviana.

Durant plus années, elle a es-

péré entendre parler de son

mari. Elle ne pouvait pas croire

qu’il l’avait abandonnée sans

donner aucune explication.

Elle ne savait pas s’il lui était

arrivé quelque chose. Elle a

passé donc plusieurs années

ainsi, espérant chaque jour

recevoir des nouvelles de lui.

Mais la vie pour elle était assez

difficile, elle a commencé à

perdre du poids, à s’affaiblir et

à tomber malade. Elle était

également illégale, car sans

travail, n’avait pas pu renouve-

ler son permis de séjour. Sa

dette vis-à-vis du Service de

Migration s’accumulait (en

Bolivie, pour chaque jour passé

illégalement dans le pays, l’E-

tat facture à la personne plus

de 20 Bolivianos. On arrive

vite à des centaines ou même

des milliers de dollars). Une

année représente par exemple

une amende d’environ 1’035

dollars.

Finalement, courant 2016, Jin

Kyoung s’est décidée à rentrer

en Corée. Nous l’avons donc

aidée à trouver des dons pour

payer sa dette envers l’Etat et

se faire refaire un nouveau

passeport.

Jin Kyoung est arrivée en Boli-

vie en 2009. Venue de Corée

du Sud pour rejoindre son mari

rencontré environ une année

plus tôt en Corée. Celui-ci

avait décidé de migrer en Boli-

vie et y avait un commerce. Jin

Kyoung a donc tout laissé en

Corée et vendu son commerce,

pour rejoindre son mari.

Son mari fait faillite Six mois plus tard après son

arrivée, son mari a commencé

à avoir des difficultés financiè-

res et a dû bientôt fermer son

commerce. Il a d’abord essayé

de trouver des petits boulots

pour pouvoir survivre, mais a

bientôt dû se rendre compte

qu’il est très difficile pour un

étranger de vivre d’un seul

salaire. Les étrangers qui n’ont

pas de maison et doivent payer

des loyers n’arrivent souvent

pas à tourner, car les salaires

moyens ne suffisent pas pour

payer le loyer, l’électricité,

l’eau, et la nourriture. D’autre

part, les emplois sont très ins-

tables, les employés ont rare-

ment des contrats de travail, et

il arrive souvent que les em-

ployeurs doivent se faire prier

pour payer les salaires. Des

fois, ils ne les paient jamais.

Disparition du mari Quelques temps plus tard, le

mari décide de voyager au Bré-

sil pour y travailler dans une

entreprise, où il travaillerait

comme intermédiaire entre la

Corée et le Brésil. L’idée était

d’y travailler quelques temps

puis de faire venir son épouse,

une fois qu’il aurait trouvé un

appartement et se serait instal-

lé. Mais peu de temps après

son départ, le mari n’a plus

Portrait

Jin Kyoung, devenue Viviana en Bolivie

© O

. Da

Silv

a

« La Bolivie n’est

pas un pays

cosmopolite. Il

n’est pas facile de

s’y intégrer avec

une identité si

différente comme

celle de Jin Kyoung.

Fatiguée que les

gens n’arrivent pas

à répéter son nom,

elle a fini par se

faire appeler

Viviana. »

Page 6: Lettre circulaire avril 2017 (PDF 1.61 MB)assets.comundo.org.ranger.iway.ch/downloads/bolivie_sarah_burk... · « Inka Llaqta », signifie ville ... A N N É E 4 , N O 1 1 P A G E

COMUNDO Suisse romande Rue des Alpes 44 1700 FRIBOURG Tél. : 058 854 12 40

[email protected] www.comundo.org/fr CCP 17-1480-9 Mention : «Tigoriata»

Le monde est fait de mouve-

ment et de migrations… ©www.movingpeoplechangingplac

es.org.jpg

l’envers dans l’assiette. Un de

ses jeux favoris du moment est

d’ailleurs de jouer « à man-

ger » avec une de ses cuillères

et un tupperware. Pendant les

repas, il adore mettre les mains

dans le plat, et se frotter les

yeux ensuite avec ses petites

mains toutes sales, à mon

grand dam. Il dort comme un

ange, fait des nuits complètes,

ce qui est vraiment une

chance… pour nous comme

pour lui! Par contre, pour le

faire manger des légumes ou

des féculents, c’est plus dif-

ficile, et il faut surtout que

ce soit bien mixé, car il a

horreur si ses purées ne sont

pas bien lisses… il préfère

de beaucoup les compotes

de fruits ou alors croquer

des biscuits.

A la garderie, tout le monde

s’extasie sur ses beaux sou-

Lucas a eu une année le samedi

18 mars. Il a fêté dignement,

avec tourte et plein d’admira-

teurs qui l’ont mitraillé de

photos. Sinon, il arrive à se

mettre debout tout seul et mar-

che de mieux en mieux, avec de

moins en moins d’aide. Et c’est

assez récemment qu’il a enfin

maîtrisé l’art d’aller à quatre-

pattes, traversant facilement

tout l’appartement.

Il exige de plus en plus de pou-

voir manger seul, avec sa pro-

pre cuillère, bien qu’il ait en-

core tendance à la mettre à

rires et sa bonne humeur, car

c’est un bébé très souriant et

communicatif, plein d’entrain.

Pastoral de Movilidad Humana

Sarah Burkhalter, tel. 71689845

Calle Madrejón 172

3er anillo interno, entre av. Piraí y

av. Roca y Coronado

Santa Cruz - Bolivie

Tél. cell. : 00591 716 89 845

Mail : [email protected]

Blog: http://sarah.macreablog.com

Groupe de soutien :

Olivier Burkhalter

Ch. Pomey 12

1800 Vevey – Suisse

Cel. ++4178 638 40 25

Fixe : ++ 4121 944 11 70

E-mail: [email protected]

Journal du groupe de soutien

« Tigoriata »

6e edition

Chronique: autour de Lucas...

« Une moitié du monde

ne vivra pas sans l'autre »

Abonnez-vous à la page facebook de: la Pastoral de Movilidad Humana

© S

. Bu

rkh

alte

r