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M E D I A D e s k F r a n c e - A n te n n es M E DIA Strasbourg et Marseille - MEDIA Desk Belgique - M E D IA D esk L ux e m b o u r g Spécial 20 ans MEDIA - un programme de l’Union européenne Mesures pour Encourager le Développement de l’Industrie Audiovisuelle

Lettre MEDIA Desk - Spécial 20 ans

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Lettre MEDIA Desk - Spécial 20 ans du programme MEDIA - édition de Cannes 2011

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Page 1: Lettre MEDIA Desk - Spécial 20 ans

MEDIA Desk France - Antennes MEDIA Strasbourg et Marseille - MEDIA Desk Belgique - MEDIA Desk Luxembourg

S p é c i a l 2 0 a n s

MEDIA - un programme de l’Union européenne Mesures pour Encourager le Développement de l’Industrie Audiovisuelle

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Les Fondateurs

Claude-Éric Poiroux, fondateur d’Europa Cinemas, est l’un des initiateurs du European Film Distribution Office (EFDO) qui a conduit au soutien MEDIA à la Distribution.

Dans quelles circonstances est né le programme MEDIA ?Je me souviens de réunions qui avaient déjà lieu en 1987 notamment à Hambourg dans le « Low Budget Film Festival » dirigé par Dieter Kosslick. J’étais alors distributeur et nous cherchions à nous regrouper pour la sortie de films d’auteurs à l’échelle euro-péenne. En 1988, s’est associée à ces discus-sions Holde Lhoest, qui était chargée de mettre en place un nouveau programme au niveau européen qui allait s’appeler MEDIA. À partir de 1989 les rencontres se sont succé-dées, dont celles de Premiers Plans à Angers avec Colette Flesch. La Commission y encourageait les professionnels à présenter des projets. Nous avons créé EFDO pour la distribution, qui a été une des premières initiatives parmi les 19 retenues. Europa Cinemas a été le dernier projet à voir le jour ! MEDIA a ainsi rassemblé et soutenu des propositions élaborées par les professionnels. Il ne s’agissait pas d’un programme prééta-bli, mais d’un work in progress que structu-rait la Commission en fonction des besoins du secteur. C’étaient des professionnels de 12 pays qui rêvaient l’Europe du cinéma ! À partir de 1991, MEDIA s’est pérennisé en rassemblant à Bruxelles une bonne partie des ac-tions engagées sur le terrain. Certaines d’entre elles, comme EFDO, ont été intégrées à l’admi-nistration centrale, d’autres, comme Cartoon ou Europa Cinemas, ont continué leur activité sur le terrain avec le soutien de MEDIA.

Qu’est-ce que le programme MEDIA a apporté au secteur selon vous ?MEDIA nous a d’abord permis de nous rencontrer, de dialoguer et de coopérer à l’échelle européenne, ce qui n’était pas

Claude-Éric Poiroux

évident à l’époque. Mais surtout, sa conti-nuité d’action a eu un effet très structurant sur l’ensemble de la profession. Je ne connais pas beaucoup d’exemples où une administra-tion européenne va pendant 20 ans mainte-nir et réinventer une politique cohérente de soutien sans interrompre le dialogue avec les professionnels eux-mêmes. C’est un acquis formidable qu’il ne faut pas compromettre.Enfin, MEDIA a servi d’exemple pour certains États qui ont développé de façon complémentaire leurs propres mécanismes de soutien à leurs secteurs du cinéma et de l’audiovisuel (tax shelter, crédit d’impôts, commissions du film…)

Comment voyez-vous le futur de MEDIA ?Le programme MEDIA est plus que jamais indispensable. L’Europe est devenue de plus en plus libérale et la crise économique risque de remettre en cause la place de l’audiovisuel et de la culture dans les politiques nationales.

Je vois trois priorités :- La circulation des œuvres. Toute la filière de diffusion à l’échelle européenne doit être soutenue, du distributeur à l’exploitant sans oublier les festivals. Si aujourd’hui les films de plus d’une centaine de cinéastes euro-péens circulent dans de bonnes conditions sur notre continent, c’est largement dû à l’impulsion de MEDIA.- L’éducation à l’image. Nous sommes enva-his par une prolifération d’images qu’il faut comprendre et maîtriser. C’est une ques-tion de civilisation qui concerne d’abord les jeunes générations.- La dimension internationale avec MEDIA Mundus. Si l’industrie européenne a tout intérêt à s’exporter, nous devons consoli-der cette politique en offrant aux citoyens européens une diversification de l’offre ciné-matographique et une ouverture aux autres continents. Grâce à cette réciprocité, l’Eu-rope restera le premier continent du cinéma.

1991-2011 : 20 ans de succès soutenus par MEDIA

À BERLIN : Head-On de Fatih Akin (Ours d’Or 2004), Fausta de Claudia Llosa (Ours d’Or 2009), Miel de Semih Kaplanoglu (Ours d’Or 2010), The Ghost Writer de Roman Polanski (Ours d’argent du meilleur réalisateur 2010)…

À CANNES : Secrets et Mensonges de Mike Leigh (Palme d’Or 1996), Dancer in the Dark de Lars Von Trier (Palme d’Or 2000), La Chambre du Fils de Nanni Moretti (Palme d’Or 2001), Le Pianiste de Roman Polanski (Palme d’Or 2002), L’enfant de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Palme d’Or 2005), Le vent se lève de Ken Loach (Palme d’Or 2006), 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu (Palme d’Or 2007), Entre les Murs de Laurent Cantet (Palme d’Or 2008), Le Ruban Blanc de Michael Haneke (Palme d’Or 2009)…

À VENISE : Magdalene Sisters de Peter Mulan (Lion d’Or 2002), Mar Adentro de Alejandro Amenabar (Grand prix du Jury 2004), Soul Kitchen de Fatih Akin (Grand prix du Jury 2009)…

À ANNECY : Kirikou et la Sorcière de Michel Ocelot (Cristal 1999), Renaissance de Christian Volckman (Cristal 2006)…

À HOLLYWOOD : Farinelli de Gérard Corbiau (Golden Globe du meilleur film étranger 1995), Tout sur ma mère de Pedro Almodovar (Golden Globe du Meilleur film étranger 1999), No man´s land de Danis Tanovic (Oscar du Meilleur Film étranger 2001), Parle avec elle de Pedro Almodovar (Golden Globe du Meilleur film étranger 2002), Mar Adentro de Alejandro Amenabar (Oscar du Meilleur film étranger 2004), La Marche de l’Empereur de Luc Jacquet (Oscar du Meilleur documentaire 2005), Les Faussaires de Stefan Ruzowitzky (Oscar du Meilleur film étranger 2007), Valse avec Bachir d’Ari Folman (Golden Globe du Meilleur film étranger 2007), Slumdog Millionnaire de Danny Boyle (Oscar du meilleur film 2009), Revenge de Susanne Bier (Golden Globe du Meilleur film étranger 2010)…

Quand les professionnels rêvaient l’Europe du Cinéma

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Dans quel contexte avez-vous dû travailler à l’époque ?Sur la base d’une étude économique réa-lisée par Holde Lhoest. Pendant un an, on a multiplié les contacts et les réunions à travers tous les métiers de l’audiovisuel, à travers toute l’Europe. On a d’abord dû faire face au scepticisme des professionnels qui manifestaient soit une absence totale de solidarité entre eux, soit un manque d’in-térêt pour une coopération européenne, soit une méfiance face à la bureaucratie européenne. Ces consultations ont très vite débouché, dès 1988, sur des expériences pilotes, notamment dans le domaine de la distribution avec le projet EFDO piloté à l’époque par Dieter Kosslick. Tout cela s’est

fait sans décision politique, à l’initiative de la Commission européenne qui y a consacré 5 millions d’Ecus. Mais le plus frappant à l’époque, c’était le scepticisme de tous les milieux professionnels.Rétrospectivement, pensez-vous avoir eu la bonne approche ?La réalisation la plus tangible du pro-gramme MEDIA, dès ses débuts, c’est la constitution de réseaux, l’esprit de collabo-ration, les « synergies » qui constituaient notre leitmotiv à cette époque. On a réussi à faire tomber les frontières mentales et des tas de gens se sont mis à collaborer. Ce qui était très intéressant aussi c’était de travailler sur l’amont et l’aval de la production. Dans nos études préalables, on avait été frappés de constater combien les petites sociétés de production australiennes consacraient de l’argent au développement, une pratique complètement négligée chez nous…Comment jugez-vous l’évolution du programme MEDIA durant ces 20 dernières années ?Ce qui fut plus regrettable ultérieurement, avec le programme MEDIA II, ce fut de

re-centraliser toutes ces initiatives à la Commission européenne, même si c’était inévitable dans une telle organisation bu-reaucratique ; or l’émulation et la décen-tralisation étaient les clés de départ. Cela permettait une souplesse de gestion et une vitesse de réaction impensables aujourd’hui et c’est une évolution un peu malheureuse.

Pensez-vous que l’audiovisuel européen puisse un jour vivre sans l’assistance des fonds publics ?Je n’y crois pas. Sans les aides publiques, les aides MEDIA d’une part et les fonds natio-naux d’autre part, les trois-quarts des projets ne se feraient pas. Ce sur quoi on n’a sans doute pas assez mis l’accent, c’est le déve-loppement des structures, la mise en œuvre d’aides plus structurelles pour le développe-ment des sociétés de production. Sans l’ap-port des aides complémentaires de MEDIA - même si ses budgets demeurent dérisoires par rapport à d’autres fonds européens - on courrait à la catastrophe ! Je comprends au-jourd’hui les réactions paniquées des profes-sionnels lorsque l’on a évoqué la réduction, voire la suppression de ces aides.

Raymond Ravar, créateur avec André Delvaux de l’INSAS à Bruxelles, fut également le fondateur d’EAVE, premier programme européen de formation à voir le jour sous les auspices du programme MEDIA.

Journaliste, réalisateur, consultant et expert en cinéma, Henri Roanne-Rosenblatt fut, conjointement avec Holde Lhoest, l’une des chevilles ouvrières de MEDIA, un programme qu’ils inventèrent ex nihilo dès 1987, avec l’appui de la Commission Delors. Rétrospective avec un visionnaire, toujours actif aujourd’hui, notamment pour le Fonds luxembourgeois.

Henri Roanne-Rosenblatt

« Début 1987, après 25 ans de gestion de l’INSAS et 15 années au secrétariat du Cilect, l’association internationale qui re-groupe les principales écoles de cinéma et de télévision du monde, je m’interrogeais sur des enseignements qui, dans les écoles, s’étaient avérés peu faciles à organiser. Celui de l’écriture du scénario avait progressé de manière très sensible mais il était difficile d’offrir un champ d’expérience aux étu-diants « producteurs », peu nombreux.

Dès ma rencontre avec Holde Lhoest, il devint rapidement évident qu’un créneau de formation continue, postgraduée, d’édu-cation permanente pour jeunes producteurs méritait d’être mis en chantier. Quelques mois plus tard, le projet d’un cycle pilote fut discuté avec les représentants de MEDIA. Il proposait l’organisation de séminaires-ate-liers : trois sessions d’une semaine dans l’an-née, fondées sur l’analyse, le développement et la confrontation de projets de production portés par une vingtaine de jeunes produc-teurs indépendants des pays du Marché commun. Au troisième atelier, les résultats, ébauche d’un package, seraient soumis pour critique et évaluation à un panel de

décideurs européens de l’audiovisuel.La pérennisation des EAVE au sein de MEDIA en 1991, à l’issue de deux cycles pilotes, marque une autre dimension ma-jeure du programme : l’émergence de l’effet de réseau attendu. Celui-ci mûrit tout au long des années 90, pour être depuis dix ans magistralement développé par Alan Fountain, Catherine Buresi et Kristina Trapp. La dimension MEDIA Mundus complète le tableau de manière particuliè-rement heureuse ! La diversification des initiatives EAVE me paraît saisissante et porteuse d’avenir et son core business – EAVE European Producer Workshop – plus robuste et fertile que jamais ».

Raymond Ravar

MEDIA a fait tomber l e s fr o n ti è r e s me n tale s

Formation et effet de r é se au

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De quelles actions êtes-vous ré-trospectivement le plus satisfait ?

La vraie satisfaction est de voir que nous avons contribué à faire naître une véri-table industrie du film d’animation en Europe et à lui donner de la consistance. Aujourd’hui, elle est devenue un acteur important du marché mondial et elle fait face aux géants d’Hollywood et aux mangas japonais avec fierté, ambition et qualité. L’animation européenne est aujourd’hui leader sur son territoire, contrairement à il y a 20 ans.De manière plus personnelle, la création du Forum Cartoon a été un moment fort. C’était une idée tout nouvelle (rien de pa-reil n’existait à l’époque) et il a fallu tout inventer. Il s’agit d’une idée simple qui a obtenu des résultats énormes en termes de diversité culturelle, de résultats écono-miques (500 séries financées pour 1,5 mil-liard d’euros) et de réelles opportunités pour des jeunes ou nouveaux producteurs de faire aboutir rapidement leurs projets. Trois jours forts et magiques où l’on a remis l’humain au centre du business et ainsi renforcé la famille de l’animation.MEDIA a-t-il joué un rôle majeur dans ce retournement de situation ?

Indéniablement. Sans le Programme MEDIA, jamais l’animation européenne

Dès les premières discussions sur l’Euro tenues à Hambourg, Dieter Kosslick et ses collaborateurs ont développé une véritable Philosophie Européenne et ainsi déclenché la mise en place du programme MEDIA. « Au début de ce programme, malgré une scène cinématographique internationale, l’attitude des professionnels du secteur restait très nationale, voire locale. Ils se

Dans quel contexte avez-vous lancé les premières initiatives Cartoon?

L’animation européenne était pratique-ment inexistante et très morcelée : les stu-dios européens ne se connaissaient pas, les diffuseurs non plus. Les premières ren-contres que nous avons organisées entre producteurs européens resteront toujours des moments d’émotion très forts. Voir tous ces professionnels se découvrir, sympa-thiser et construire ensemble une véritable industrie du cinéma d’animation euro-péen, voir des concurrents se dire “on est plus forts ensemble”, toute cette synergie a donné une véritable énergie à ce secteur qui a rapidement grandi grâce précisément à cette mentalité d’ouverture d’esprit.

ne serait devenue ce qu’elle est au-jourd’hui. Nous n’avons de cesse de le dire et de le répéter : c’est un vrai parte-nariat “gagnant-gagnant”. Ce n’est pas un hasard si les professionnels se sont mobi-lisés aussi nombreux et aussi vite - 7 000 signataires de notre pétition en 10 jours - pour soutenir le Programme MEDIA quand des rumeurs inquiétantes circu-laient sur son avenir. Une vraie recon-naissance du travail de la Commission européenne à travers son Programme MEDIA, qui est un magnifique exemple de la construction européenne.Quels sont aujourd’hui les principaux défis pour l’animation européenne ?

Notre industrie reste fragile et il est indis-pensable que MEDIA continue à la sou-tenir dans son déploiement économique. L’animation est le media qui se vend le mieux à l’international et circule le mieux dans tous les territoires mais il est aussi celui qui coûte le plus cher. Il faudrait accompagner cette croissance rapide du long métrage d’animation. L’offre existe, elle est aujourd’hui de qualité, mais il faudrait agir davantage sur la distribu-tion et surtout le marketing des films. Aujourd’hui, les majors américaines inondent et verrouillent le marché, il nous faut réagir vite. Avec l’aide de MEDIA.

montraient extrêmement réservés quant à la naissance d’une structure supranatio-nale. L’Europe audiovisuelle du futur, avec un seul programme pour 32 pays membres, ne pouvait être intéressante et motivante que si les différences nationales et régio-nales étaient clairement maintenues, et que la diversité de création demeure le symbole de notre industrie audiovisuelle ».

On ne dira jamais assez combien l’industrie européenne de l’animation, aujourd’hui florissante et réputée dans le monde entier, est redevable à ces 43 professionnels de l’animation qui en février 1987 posèrent les bases de Cartoon. En 20 ans, avec l’appui du programme MEDIA, les actions de cette association européenne de l’animation, pilotée par Marc Vandewyer et Corinne Jenart, ont complètement retourné la situation à l’avantage de l’animation européenne.

Dieter Kosslick, directeur de la Berlinale, fait partie des pionniers qui ont initié le programme MEDIA.

Marc Vandewyer

Dieter Kosslick

Cartoon ou la renaissance de l’animation européenne

La diversité culturelle, cœur de l’Europe

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Après de nombreuses sélections en festivals, le film sortira bientôt sur grand écran. Qu’est ce que cela signi-fie pour le film et la réalisatrice ?

P.N. : Kurdish Lover a bien commencé sa carrière grâce à deux prix au festival de Belfort « Entrevues » et nous avons trouvé un distributeur enthousiaste pour le sortir en salle en France en 2012.Notre seul regret est d’avoir raté de peu la sélection à la section Forum de la Berlinale qui aurait aidé à la sortie du film dans d’autres pays européens. Nous avons eu deux films en salle dans plusieurs pays européens, les films d’Alain Platel et de Claudio Pazienza.Il nous semble important que nos films existent pour un public de télévision et de cinéma. Les questions que nous posons sur notre société sont celles que chacun se pose à un moment de sa vie. Nous avons commencé à produire des films de danse et de musique qui avaient un impact émo-tionnel sur toutes sortes de publics de différentes générations, comme de diffé-rents milieux. Des films qui dépassaient les frontières. Alors peut-être que dans les documentaires et les longs métrages que nous produisons actuellement, per-dure cette même évidence à partager avec un large public des réflexions sur notre monde contemporain.

www.eurodoc-net.com www.lesfilmsdupresent.fr

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Des hommes qui manifestent torse nu, d’anciens guérilleros, des familles qui s’aiment

jalousement, des chercheurs d’or, des célibataires en quête d’amour, une sorcière qui jette des

sorts, un saint homme qui entre en transe devant la télévision, un ermite en manque de sexe,

une bergère qui attend le prince charmant… Sélectionné par le programme de formation

européen Eurodoc en 2007, soutenu par MEDIA Développement en 2008, et i2i en 2009,

« pitché » à Visions du Réel à Nyon (MEDIA Promotion) et sélectionné, entre autres festivals, au

festival international du film de Ljubljana, (MEDIA Festival), le film de Clarisse Hahn, Kurdish Lover,

sortira prochainement sur grand écran. Anne-Marie Luccioni, Directrice d’Eurodoc, et Patrice Nezan,

Producteur des Films du Présent, reviennent sur ce parcours sans fautes.

Comment avez-vous repéré le potentiel de ce projet ?

Anne-Marie Luccioni : Le processus de sélection au programme Eurodoc tient compte de plusieurs critères : le niveau d’ex-périence et le parcours du producteur, le profil de la société de production, la qualité du projet et son potentiel à l’international. Tous les critères étaient réunis dans la candi-dature de Patrice Nezan !

Quelle a été la valeur ajoutée d’Eurodoc pour le développement du projet ?

A-M.L. : Le travail d’expertise du projet comme la mise en relation du producteur avec d’autres producteurs et financeurs européens ont certainement contribué à renforcer le processus de développe-ment du projet et la mise en œuvre de partenariats pour sa production. Les deux coproducteurs de Kurdish Lover, Farid Rezkallah de 24 Images (France) et Sonja Linden d’Avanton Productions (Finlande) ont participé aux cycles de formation Eurodoc en 2007 et 2008.

Après Eurodoc, le projet a été soutenu par MEDIA Développement et i2i. Cela vous a-t-il aidé dans le montage du film ? Y a-t-il eu d’autres éléments clefs ?

Patrice Nezan : Les films que nous développons ont pour origine des ques-tions que nous nous posons sur la société contemporaine. Notre ligne éditoriale nous amène souvent à développer des projets qui ne correspondent pas ou pas encore aux attentes de l’industrie. Eurodoc a été une étape décisive, car nous avi-ons décidé d’accompagner une plasticienne à la démarche généreuse mais radicale.

La foi dans le documentaire qui anime l’équipe pédagogique d’Eurodoc nous a confortés dans la légitimité et la force du point de vue de la réalisatrice et nous a per-mis de mieux inscrire notre projet dans une réalité économique. Lors des sessions Eurodoc, le parti-pris artistique a été affirmé et la stratégie de financement a été de recher-cher simultanément des partenaires du côté du long-métrage et du documentaire télévi-suel d’auteur. Nous avons eu la chance que le CNC (avance sur recettes long métrage cinéma) soit le premier à nous soutenir.

Les autres éléments ont été la partici-pation au Pitching du Réel de Nyon et le soutien à la production long métrage documentaire de la région Ile-de-France. Ce temps de maturation n’aurait pas été possible sans le soutien de MEDIA.

Success Story

Kurdish Lover, un voyage au cœur de la communauté

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Formation

Production Indépendante

été agréée par le Fonds national de sou-tien à la production audiovisuelle et peut bénéficier des certificats d’investissement audiovisuel. Par ailleurs, Lucil Film est membre de l’Union luxembourgeoise de la production audiovisuelle (ULPA).Venant d’un petit pays, les sources finan-cières nationales sont très limitées. Aussi, le programme MEDIA m’est d’une grande aide, en particulier pour le financement initial des projets. Lucil Film a reçu en 2010 l’aide au développement MEDIA pour un film pour enfants D’Schatzritter (Les chevaliers du trésor). Cela m’a permis de développer ce film pendant 2 années, une période tout à fait importante pour la rédaction du scénario. En plus, nous avons fait le plus grand casting qui ait jamais eu lieu au Luxembourg, avec plus de 700 en-fants auditionnés pour les rôles principaux.

« Ma société Lucil Film vient de fêter ses 5 ans. C’est une des jeunes boîtes indépendantes du Luxembourg qui pro-duit et coproduit des courts et longs métrages pour le marché international. Son ambition est de bien choisir des pro-jets au potentiel cross over, de travailler sérieusement les scénarios, de rechercher des jeunes talents dans toute l’Europe et de les suivre. En 2007, l’entreprise a

J’ai aussi participé à divers programmes soutenus par MEDIA : Producer on the Move, EAVE, Producers Lab à Toronto. Ces expériences m’ont permis d’établir des contacts utiles pour la coproduction. La collaboration européenne est pour moi essentielle. J’espère donc que MEDIA sou-tiendra encore longtemps le secteur audio-visuel en Europe et qu’il pourra même, à l’avenir, s’ouvrir aux projets trans média ».

U n p r o d u c t e u r l u x e m b o u r g e o i s t é m o i g n e

Bernard Michaux

Comment s’est faite l’ouverture de la formation à la dimension européenne ?Annick Teninge : L’économie du cinéma d’animation nécessite, dès la formation, un positionnement européen volontariste sur le terrain qualitatif face aux moyens industriels et financiers des USA et du Japon. La Poudrière a cette dimension européenne forte, par ses fondateurs, par-ticipants, formateurs et contenus pédago-giques. Grâce à MEDIA, la Poudrière a déjà accueilli des participants de 15 pays européens. Ses principaux partenaires sont

l’école danoise The Animation Workshop et Cartoon. La participation au Cartoon Movie et au Forum Cartoon est le prolon-gement idéal du travail mené sur la série TV et une occasion unique de mesurer les enjeux artistiques et économiques liés au financement de projets audiovisuels.

Quels enjeux pour la formation dans les 10 ans à venir ?A.T. : L’enjeu est de pouvoir consolider les missions qui ont émergé en 10 ans : accom-pagner les talents de la Poudrière vers le métier de réalisateur (plus de 50 projets à

ce jour dont les séries Ariol et Michel, nées de la formation MEDIA « adaptation lit-téraire »), contribuer au développement qualitatif de la création et être un acteur clé de la structuration du secteur (cinéma et audiovisuel) au niveau européen.Le métier de réalisateur, qui requiert des compétences artistiques, techniques et organisationnelles, doit s’appuyer sur une formation initiale longue, pour laquelle le soutien de MEDIA est essentiel.

En 20 ans, plus de 20 000 professionnels et étudiants du secteur audiovisuel ont pu, grâce à MEDIA,

renforcer leurs connaissances en gestion économique, financière et commerciale, en nouvelles technologies

ou en développement de scénarios et favoriser ainsi la dimension européenne de leurs projets.

www.poudriere.eu

www.lucil.lu

Le Programme MEDIA accompagne les producteurs européens indépendants dans leurs activités. Ainsi chaque

année, au moins 19 millions d’euros sont investis dans le développement de plus de 400 projets. MEDIA

encourage également les coproductions européennes télévisées pour plus de 10 millions d’euros par an.

Enfin, environ 90 œuvres à vocation internationale bénéficient d’une aide MEDIA à l’accès aux financements.

L a P o u d r i è r e

Parmi les plus anciens bénéficiaires, la Poudrière, dont la formation « adaptation littéraire » soutenue par MEDIA aborde la réalisation de projets de séries TV adaptés d’ouvrages jeunesse, est une référence en Europe. L’école a reçu plus de 60 prix internationaux, dont trois de la meilleure école, une sélection à la Cinéfondation à Cannes, le Cartoon d’Or. Ses films sont régulièrement diffusés à la télévision.

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A t l a n t i q u e P r o d u c t i o n s : l e s s é r i e s d e d e m a i n

Quels sont les atouts des séries européennes par rapport aux séries américaines ?Notre approche est plus créative, plus libre en raison de nos différentes cultures natio-nales. Il ne faut quand même pas oublier que les séries américaines qui envahissent le monde entier sont éditorialement et artistiquement dirigés par des Américains. Le résultat c’est des séries comme Rome qui sont excellentes mais qui racontent l’histoire de l’Europe à travers un prisme américain et conçues pour un public amé-ricain. Même avec un sujet commun, on ne raconte pas la même chose. Nous avons un très bon exemple avec la série sur les Borgia tournée à la fois par les Américains et les Européens. Nous avons essayé de trouver un angle qui soit tout à la fois contemporain dans son écriture mais qui ne transgresse pas le patrimoine culturel et artistique européen. Le scénario repose sur six mois de recherches historiques contrai-rement à la série américaine. Nous avons tourné à 85 % dans des décors réels alors qu’ils ont entièrement tourné en studio. Cette approche a du bon car notre der-nier projet Transporteur (une franchise européenne !) a comme partenaire HBO, une première pour une série européenne.Quel rôle peut jouer MEDIA pour soutenir la circulation de séries européennes ambitieuses ?Je pense qu’aujourd’hui le marché mondial

Quelques mots sur votre parcours professionnel ?Mon expérience professionnelle est très eu-ropéenne. Après des études en Angleterre, en Allemagne et en France, j’ai commencé dans le groupe Kirch en Allemagne et puis en 2001 je suis arrivé, en France, chez GMT. J’ai ensuite créé ma propre boite, Zen pro-duction. Ma dernière grande série Laconia a été réalisée en coproduction avec ARD, Canal+ et la BBC. Puis, j’ai rejoint en 2009 Atlantique production pour développer des productions européennes d’envergure.Comment repérez-vous le potentiel d’un projet ?Pour séduire un public international, il faut un sujet qui parle à tous. Le meil-leur moyen est de s’appuyer soit sur une marque (un livre connu), une franchise forte comme Transporteur, soit sur des thèmes communs de notre histoire (par exemple les séries comme Borgia, Rome).

a effectivement changé. Ce que MEDIA a anticipé depuis de nombreuses années, c’est-à-dire soutenir des projets transnationaux, va devenir très vite une nécessité écono-mique. MEDIA peut aider, en concertation avec les acteurs économiques européens, à faire émerger les programmes de demain.

Est-ce que cela passe forcément par le financement de pilotes ?Oui, j’en suis persuadé. Si on regarde le marché américain, ils financent, à travers leurs studios, chaque année environ 500 scénarios pour de séries. Sur ces 500 scé-narios, il n’en reste plus que 50 qui sont financés par les studios pour en faire un pilote. Ce qui permet de vérifier si on a fait le bon choix au niveau de l’histoire, des acteurs et si la mayonnaise prend. Entre le scénario et le film, il y a un long chemin. Ils décident ensuite, avec les chaines et les annonceurs, les pilotes qui vont devenir des séries. Ce qui repré-sente un quart environ. Enfin, deux sé-ries seulement connaîtront le succès et donc une deuxième saison. Ce taux de sélection draconien explique que l’on a aujourd’hui des séries comme Dr House, Mentalist en prime time sur nos écrans. Il est impératif de construire, au niveau européen, un système d’aides qui permet de produire en Europe et pour l’Europe les séries de demain. Sinon, le marché des séries, qui en raison des coûts élevés et de l’éclatement des médias ne peux qu’être global, appartiendra irrémédiablement aux Américains.

Quels conseils donneriez-vous à une société qui souhaiterait se lancer dans la coproduction européenne ?Je pense qu’il faut prendre son temps pour bien choisir les sujets, les partenaires. Ceux-ci doivent être compatibles, avoir des cibles et un public similaires. Puis, avoir foi dans un projet, ne pas trop se disperser et aller jusqu’au bout. Car développer des projets internationaux, c’est très long.

Klaus Zimmermann, Directeur Général

Fervent défenseur d’une culture européenne diversifiée et sans complexe, Klaus Zimmermann a pour ambition de coproduire en Europe des fictions pour le marché international.

www.atlantic-productions.fr

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« Nous devons inves-tir beaucoup pour nos propres développe-ments et pour obtenir la visibilité requise au niveau européen. À

ce titre, les aides au développement et à la diffusion du programme MEDIA seraient un précieux soutien pour mettre en place notre catalogue. Nous avons déjà été sélectionnés deux fois pour pitcher nos créations au Forum Cartoon. En 2008, nous

avons présenté un projet préscolaire en animation 3D, Percy et ses Amis qui est en cours de montage entre le Luxembourg, la Flandre, la Wallonie et avec le soutien d’un distributeur français. En 2010, nous avons présenté notre sitcom familiale : Zoli & Pouêt, animée en 2D et actuel-lement en préparation avec les chaînes Gulli (France) et VRT (Flandre). Nous participons aussi activement au Cartoon Movie depuis 3 ans, en temps que co-producteur de films européens et dans

l’optique pitcher en 2011 notre propre projet de long-métrage : Le Frère du Père Noël, actuellement en écriture. En 2010, nous avons participé au Cartoon Connection organisé en Corée du Sud. Nous entretenons depuis des relations de travail avec certains partenaires coréens : le producteur Neon Pumpkin, notamment, qui s’intéresse à la série Percy et ses Amis pour les territoires asiatiques. »

A r n a c h y ’ n T e l f r a n c e S é r i e

D e s i m a g e s p o u r l a j e u n e s s e

interviendront dans la série TV. Sans l’aide des institutionnels, et notam-ment de MEDIA, nous n’aurions pas pu développer un tel projet. Il s’agit d’un véritable lieu de réflexion, de création en temps réel. L’appui des fonds publics nous estampille « réalisable ». Et cela permet de convaincre d’autres interlocuteurs.

Quelle est la dimension européenne d’Anarchy ?Notre projet peut fonctionner dans toute l’Europe. Des questions se posent au niveau de l’architecture technique. Mais une fois développé, c’est un projet qui peut se décliner dans tous les pays et sur tous les sujets. Dans un premier temps, nous aimerions associer d’autres sites de presse européens.

Comment développe-t-on ce genre de projet ?Contrairement à ce que l’on pensait, chaque média continue d’avoir son écri-ture. Toute la difficulté du projet réside dans le fait qu’il va donc falloir séparer les écritures tout en essayant de créer des jonc-tions, des passerelles entre les différents médias. L’élément de départ est un site in-ternet qui propose un monde virtuel dans lequel les joueurs internautes doivent sur-vivre avec seulement 142 euros par mois. Le site proposera en temps réel des bulle-tins d’information. Comme dans la vraie vie. De ce jeu seront tirés des personnages secondaires – créés par les internautes - qui

Quel est le modèle économique de ce type de projet ?Le transmédia est encore à la re-cherche de son modèle de financement. Contrairement aux pays anglo-saxons, nous n’avons pas encore en France de sys-tèmes de mécénat et de sponsorship très importants. De ce point de vue aussi, nous travaillons «  en temps réel  ». La norme est que l’entrée doit être gratuite. Sinon c’est l’échec garanti. La culture du net est comme ça. Mais tout est envisageable  : des micro-financements via des abonne-ments pour jouer plus, des revenus publi-citaires… C’est un modèle qui va surtout se construire avec des apports en industrie.

Comment voyez-vous l’avenir du transmédia ?Je ne sais pas si quelqu’un peut répondre à cette question aujourd’hui. Je crois qu’il y a beaucoup d’acteurs qui ont envie de faire des choses mais les chaines de décisions sont d’autant plus complexes qu’elles sont « trans » médias et font in-tervenir des interlocuteurs et des corps de métiers très variés. Dans les années à venir, ce qui va vraiment avoir de l’importance c’est que de « vrais » projets aboutissent. Chez Telfrance Série, Anarchy est l’un de nos projets phares en cross media. Il est emblématique d’une vraie conviction. Et il y en aura d’autres après.

Christine Parisse et Jean-Marie Musique, tous deux illustrateurs issus des rangs de Saint Luc à Liège, ont créé la Fabrique d’Images en 2002. Le studio, après s’être étoffé d’un département 3D, devient une maison de production en 2008 et compte parmi les studios luxembourgeois qui développent des créations originales.

Anarchy, un projet transmédia développé par Telfrance Série en partenariat avec leMonde.fr et la Gaité Lyrique, proposera pendant 6 semaines aux internautes de participer à la création d’une série TV… que les téléspectateurs découvriront quelques jours après la fin du jeu. Un projet un peu fou soutenu par MEDIA dans le cadre de son aide au développement d’œuvres interactives.

Benjamin Faivre, Producteur

www.telfrance.fr

www.fabrique-d-images.fr

Page 9: Lettre MEDIA Desk - Spécial 20 ans

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Sunny Side of the Doc : une globalisation positive

MEDIA soutient chaque année plus de 50 marchés et activités de promotion (sites internet, forums

de coproduction, bases de données…), dans différents secteurs : long métrage, documentaire,

film court, animation, cross média. Le programme entend ainsi améliorer la circulation des

œuvres audiovisuelles européennes en facilitant les échanges entre professionnels et encourager

des actions communes entre organismes nationaux.

Le documentaire va éclairer un événe-ment ou une problématique par le point de vue personnel de l’auteur. Les docu-mentaristes ont nettement amélioré leur technique d’images et aussi leur tech-nique de récit. C’est ce qui fait que les histoires circulent. Par ailleurs, les réseaux ont été ouverts, grâce au Sunny Side mais aussi à d’autres, y compris MEDIA !

L’ambition du Sunny Side of the Doc a-t-elle toujours été européenne ?Le Sunny Side n’a pas été défini comme un marché européen. Mais comme un marché d’emblée international. Parce qu’un film qui circule dans plusieurs pays européens va circuler ailleurs. Et vice versa. L’objectif, comme dans n’importe quel secteur éco-nomique, est de gagner des marchés. Et le documentaire européen a gagné des marchés malgré la tendance actuelle des chaines à se replier sur du contenu do-mestique. La stratégie du Sunny Side est de créer de nouveaux rendez-vous avec de nouveaux participants. Il fallait aller vers les pays émergents. C’est ainsi que le

Quelles sont depuis 20 ans les évolutions les plus marquantes du monde du documentaire ?On a assisté à la naissance d’un mouve-ment d’internationalisation du marché qui n’existait pas auparavant. Des copro-ductions ont émergé, faites pour le mar-ché international, comme le docu-drama par exemple qui a amené le documentaire à gagner des cases – y compris de prime-time. Des chaînes entièrement dédiées au documentaire ont été créées.

Comment expliquez-vous ces variations ?Le premier facteur est la différenciation entre le documentaire et l’information.

Sunny Side s’est « exporté » en Asie et en Amérique Latine, avec succès !

Qu’attendriez-vous d’un nouveau programme MEDIA ?Je pense qu’il devrait trouver une manière de soutenir davantage des projets de co-productions entre continents. Quand je vois un producteur canadien et une réa-lisatrice chinoise qui, avec le soutien de chaînes japonaise, franco-allemande et éventuellement nord-américaine, vont réussir à monter une histoire, un projet qui va circuler partout : je me dis que c’est ça le sens de l’histoire !

Promotion

Yves Jeanneau, Commissaire général

C i d i n e t

sont automatiquement membres de la base de données. En revanche, n’importe quel autre distributeur, vendeur et festival peut adhérer moyennant 250 euros par an.

Quels types d’informations sont disponibles ?Toutes les informations utiles concernant les sorties de film  : les titres (original et local), les distributeurs engagés, les posters disponibles, les trailers, s’il existe un master numérique, la VO, les versions linguistiques disponibles, les pays et les dates de sortie.

Quel a été le rôle joué par MEDIA ?C’est MEDIA qui nous a permis de créer cette base. L’outil est intéressant

Quel a été le déclencheur du projet Cidinet ?Ce projet est né d’abord du souhait de nos adhérents d’avoir un outil de travail sur le maté-

riel promotionnel et technique disponible pour les sorties des films en Europe (pos-ters, trailers, copies…).

Comment cela marche-t-il concrètement ?Tous les adhérents d’Europa Distribution

s’il est renseigné par les distributeurs eux-mêmes. Il y a donc nécessité d’assurer un suivi, une formation des membres.

Quelles sont les prochaines étapes ?Nous voudrions renforcer les liens directs entre les distributeurs pour favoriser la mutualisation des coûts de sortie, la créa-tion d’affiche et favoriser des stratégies de sortie paneuropéenne. Cidinet pourrait être enrichie par des images. Nous allons poursuivre les partenariats : nous avons déjà un accord avec Cinando, Cineuropa et des organismes de box office. Notre prochaine piste est Festival Scope.

Isabelle Obadia, Europa distribution

www.cidinet.eu

www.sunnysideofthedoc.com

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Les Films du Losange et Fondivina : l’amour du cinéma en partage

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Distribution

La moitié des films européens distribués en Europe en dehors de leur territoire d’origine

traverse les frontières grâce au soutien du programme MEDIA. Plus de 50 % de son budget

sont ainsi attribués à des sociétés de distribution, des agents de vente internationale et des

exploitants via un réseau de salles européen.

Les Films du Losange, représentés par Régine Vial, créés en 1962 et distributeurs depuis 1986 de films tels que Ma Nuit chez Maud d’Eric Rohmer ou Pina de Wim Wenders, et Fondivina Distribution, créée par Marc Guidoni en 2010 et qui vient de lancer sa première campagne de distribution avec All that I love de Jacek Borcuch, ont croisé leur point de vue sur la distribution de films en Europe. Les deux sociétés ont bénéficié des soutiens du Programme MEDIA.

Dans ce contexte, quel doit être le rôle d’un programme comme MEDIA?

R.V. : Plus que la transition numérique, c’est la question du vieillissement du public art et essai – donc du cinéma euro-péen - qu’on doit se poser. Il faut favoriser le renouvellement du public. Cet enjeu-là est capital ! Aujourd’hui, c’est facile pour les jeunes de voyager. L’Europe prend pour eux une vraie existence. On voyage aussi par le cinéma, on va dans la tête des autres par les films. Il faut donner aux jeunes ce goût de la découverte ! Surtout vers des auteurs de cinématographie moins connue de petits pays… MEDIA, dans les années qui viennent, doit poursuivre le travail. C’est très important de ne pas casser cette dynamique et cette énergie et de continuer à accompagner cet effort.

M.G. : À 20 ans j’ai eu la chance de découvrir Ma Nuit chez Maud dans une salle du Quartier Latin. Ce fut une révé-lation. Mes filles de 15 ans ont le coffret Rohmer à disposition à la maison  ! L’art et essai, grâce aux progrès technolo-giques, devient accessible. Même si on habite à 500 km de la première salle de cinéma  ! Ça me rend plutôt optimiste  ! Faire ce métier en Europe, c’est une chance parce qu’il n’y a pas d’autre conti-nent qui ait des mécanismes équivalents à MEDIA. Concernant les jeunes publics, on a en France des dispositifs comme École au Cinéma, Collège au Cinéma… L’éducation des publics à l’image est indispensable. MEDIA aurait un vrai rôle à tenir dans ce domaine

Pourquoi se lance-t-on dans la distribution de film ?

Régine Vial : Au départ, les Films du Losange était une société de production, qui, par la volonté d’Éric Rohmer, Barbet Schroeder et Margaret Menegoz, a souhaité accompagner ses films, les porter le plus loin possible. C’est-à-dire non seulement jusqu’à la salle mais aussi jusqu’à la création d’un catalogue construit par nom d’auteur plus que par titre de film. Il y a une vraie dynamique à être producteur/distributeur aujourd’hui. On a envie de partager les films qu’on a aimés ! Il faut avoir cet esprit de découverte, de recherche, faire connaître des gens auxquels on croit parce qu’ils ont du talent!

Marc Guidoni : Il y a effectivement une double démarche. On devient distribu-teur premièrement parce qu’on a envie de défendre les films qu’on produit. Et puis, pour d’autres films, on a envie de partager l’émerveillement qu’ils ont provoqué en nous. Ce fut mon cas pour All that I love.

Et la distribution de films européens ?

R.V. : Les films européens ont un imagi-naire profond, une vraie écriture cinémato-graphique, une vraie dimension de cinéma. On a envie de distribuer ces films-là parce qu’ils sont profondément porteurs d’une culture européenne. On a dépassé le pro-blème des langues.

MEDIA a beaucoup aidé, et notre asso-ciation Europa Distribution aussi, à ce qu’il y ait vraiment des liens entre distri-buteurs européens.

M.G. : Pour que l’Europe perdure et qu’elle ne cède pas au mouvement de déconstruction qu’on sent aujourd’hui avec le retour des nationalismes, on a besoin de montrer leur histoire aux géné-rations qui n’ont jamais entendu parler de certains évènements.

La transition numérique est-elle un facteur facilitateur ou pose-t-elle au contraire des problèmes?

M.G. : Je veux pouvoir donner la possibi-lité au public de découvrir des films. Tant mieux si c’est en salles  ! Mais si certains les découvrent sur un téléphone portable, dans un avion, avec des écouteurs sur les oreilles, ou en VoD… c’est bien aussi  ! Technologiquement, c’est le numérique qui rend cela possible. Cela nous donne la possibilité d’inventer une autre manière de distribuer les œuvres en mettant la salle de cinéma au cœur d’un dispositif multi-écran qui s’adapte aussi à la vie des gens. On est distributeur d’une œuvre, on n’est pas distributeur pour un medium donné. Il faut arrêter d’opposer les supports.

R.V. : Nous avons la chance en France d’avoir une loi qui encadre cette transition. Ce n’est pas le cas dans tous les pays européens et cela peut poser des problèmes. Le numérique peut être très dangereux : certains films qui sortent en ce moment sur 800 ou 1000 copies pour-ront sortir sur 1500 ou 2000 copies  ! Sans compter le « hors film » qui prend de la place sur les écrans. Mais le numérique c’est aussi un outil formidable parce qu’à terme, les écono-mies réalisées permettront au distributeur de chercher d’autres publics.

Marc GuidoniRégine Vial

www.filmsdulosange.frwww.fondivina.com

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Témoignage d’un exploitant du réseau

À Strasbourg, deux cinémas font partie depuis plus de 12 ans du réseau Europa Cinemas : le cinéma l’Odyssée, cinéma de deux salles, géré par Faruk Gunaltay dans le cadre d’une délégation de services publics de la ville par l’association Rencontres Cinématographiques d’Alsace, et le cinéma Star, cinéma privé de cinq salles. Le gérant du cinéma Star, Stéphane Libs, mesure l’importance de ce soutien dans son expérience.

Est-ce que le réseau a un impact sur le choix des films ? Existe-t-il une sorte d’entraide dans la sélection ?

Non ! Mais c’est peut-être spécifique à l’Alsace car ici il n’y a pas de réseau de salles Art et Essai. Il y a 4 salles sous ce label mais pas de collaboration notamment en matière de programmation. De toute façon, les sorties ne sont pas les mêmes dans les différents pays. Je demande de temps en temps l’avis d’autres salles si je n’ai pas eu le temps de voir un film mais je n’ai pas spécialement d’intérêt à discuter avec elles.

Quel est l’axe de programmation de votre cinéma, plus particulièrement en matière de cinéma européen ?Le Star est un cinéma classé Art et Essai et présente donc une programmation euro-péenne de facto car la plupart des films européens sont classés Art et Essai. Depuis 5 ou 6 ans, apparaît une nouvelle vague de cinéastes européens très intéressants. C’est le cas en Allemagne et en Italie à l’heure actuelle. C’était le cas en Roumanie il y a 3 ou 4 ans. Le Star se veut le relais de ces jeunes producteurs, réalisateurs et acteurs européens qui sont diffusés - et primés - dans les festivals.Quand le label Europa Cinema est né, la notion d’Europe tournait beaucoup autour de grands réalisateurs comme Almodovar

ou Wenders, précurseurs de la nouvelle génération de cinéastes européens. Mais cette nouvelle vague s’est affranchie de ses pères et arrive à raconter des histoires qui concernent la jeunesse et à montrer l’Eu-rope telle qu’elle est aujourd’hui.Nous recevons chaque année entre 20 000 et 27 000 euros d’Europa Cinemas. C’est très important pour un cinéma indépen-dant comme le Star. L’exploitation de films européens fait partie du cahier des charges à respecter pour obtenir cette subvention. Projeter un film une fois ne suffit pas. La programmation doit inclure des quotas de séances : 50 % de séances européennes (dont films français) dans l’année. Ce cri-tère est facile à atteindre. Plus difficile : par an, 37 % des séances doivent être non natio-nales. Cette année est faste avec des films comme Le discours d’un roi (Royaume-Uni), Pina (Allemagne) ou La Nostra Vita (Italie). Mais ce n’est pas toujours le cas ! Au programmateur de trouver un équilibre !

Y a-t-il d’autres contraintes ?

Un deuxième volet du cahier des charges concerne l’action jeune public. Le Star a déve-loppé cet axe pour les 2 à 6 ans, plus faciles à toucher que le public adolescent qui préfère les multiplexes. Sur le créneau des tout petits, on trouve beaucoup de films européens, notamment issus des studios anglais et litua-niens et le Star a bien développé cet axe.

Par ailleurs, à Strasbourg, il y a la spécificité allemande : nous sommes très sollicités par les distributeurs de films allemands.

Stéphane Libs, Gérant du Star

et du Star Saint-Exupéry à Strasbourg

www.cinemastar.com

Créé en 1992 grâce au financement du programme MEDIA et du Centre National de la Cinématographie, Europa Cinemas est le premier réseau international de salles à programmation majoritairement européenne. Il intervient aujourd’hui dans 32 pays européens soit 447 villes européennes. 787 cinémas totalisant 1 976 écrans sont ainsi soutenus par le réseau. Ces aides permettent d’accroître la programmation, la diversité et la fréquentation des films européens prioritairement non nationaux et de développer des initiatives euro-péennes en direction du jeune public. Europa Cinemas encourage également des actions communes à l’échelle nationale et européenne et accompagne la transition vers la projection numérique dans les salles

un réseau de 787 cinémas en Europe

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FestivalMEDIA cofinance chaque année, pour une enveloppe globale de 3,5 millions d’euros, quelque

90 festivals européens novateurs qui proposent une part significative d’œuvres européennes et

travaillent en partenariat avec d’autres festivals européens.

Comment jugez-vous le chemin parcouru depuis la création en 1982 de ce qui s’appelait alors les Rencontres du cinéma d’animation ?Entre 1982, année de la création du festival et aujourd’hui, il y a un monde ! Rien n’est comparable, tant du point de vue techno-logique que géopolitique, pour ne prendre que les deux aspects les plus évidents des mutations que nous avons connues. Le monde de l’animation a lui aussi été bou-leversé et a surtout connu une croissance absolument fantastique. La seule chose qui est restée constante, c’est la passion qui anime ses protagonistes. Passion des créateurs qui proposent les films, passion des passeurs que sont les programmateurs comme nous et passion du public ou d’une partie croissante de celui-ci qui aime et suit de plus en plus l’animation, ce cinéma différent. Notre festival est issu de la mou-vance des ciné-clubs et a gardé une attache très forte avec le public non professionnel, même si Anima s’est professionnalisé au

fil du temps. Les professionnels trouvent précisément chez nous le lien étroit avec le public qui paie sa place, qui n’existe pas ou peu dans les très grands festivals.

Comment MEDIA a-t-il pu accompagner les évolutions et les mutations du festival ?Je dois dire que MEDIA a trouvé en nous un partenaire exemplaire en ce sens que nous remplissions « sans le savoir » tous les prescrits attendus d’un festival pouvant bénéficier de son soutien. MEDIA nous a confortés dans une démarche qui existait, et qui faisait la part belle au jeune public, aux films européens, aux jeunes créateurs, aux pays à moindres capacités, aux aspects éducatifs. MEDIA a très certainement contribué à accélérer notre professionnali-sation, en nous donnant les moyens d’ac-cueillir des professionnels étrangers et de favoriser les échanges entre eux.

Il est de bon ton parfois de dire qu’il existe trop de festivals. Quelles sont selon vous les spécificités du festival Anima ?Pourquoi existerait-il trop de festivals ? Un festival qui ne correspond pas à une attente d’un certain public ne peut pas être long-temps maintenu artificiellement en vie. Notre spécificité réside dans un mélange unique d’attention au jeune public, aux nouvelles technologies, à l’animation dans une optique de décloisonnement, le tout je crois avec une certaine dose de relativisme et d’auto-déri-sion qui semble très appréciée du public.

À l’heure de la numérisation, de la dématérialisation, de YouTube et des tablettes multimédia, comment voyez-vous l’évolution de votre fes-tival et comment MEDIA pourrait-il mieux encore vous soutenir ?Nous voulons toujours privilégier l’atten-tion aux contenus, quels que soient les canaux par lesquels ils passent. Notre public semble rester très attaché au cinéma comme expérience collective sur grand écran, ce qui ne nous empêche pas de suivre au festival par les conférences et panels les divers aspects de l’évolution numérique et leurs implica-tions sur les contenus et la diversification de leurs déclinaisons. Notre programmation devra de plus en plus tenir compte de l’ac-cessibilité d’un grand nombre d’œuvres sur Internet, en VOD et autres, en offrant tou-jours davantage de valeur ajoutée à la simple diffusion de films. Plus prosaïquement, un souhait du festival est aussi de pouvoir prendre en compte l’offre DCP. Pour cela, l’équipement dans ce standard des salles du centre Flagey, qui accueille aujourd’hui la manifestation, est requis.Le Festival des prochaines années doit offrir aux étudiants et aux jeunes professionnels des contenus originaux et des occasions variées de se rencontrer, de confronter leurs pratiques et leurs expériences. Sa dimen-sion ludique et festive doit être préservée et accrue. Anima doit prolonger son exis-tence au-delà de ses dates de calendrier en maintenant le contact avec ses publics tout au long de l’année.

Doris CLEVEN, Co Directrice

Programmatrice

Philippe MOINS, Co DirecteurProgrammateur

Anima : 30 glorieuses et une passion intacte

Bien ancré dans le paysage belge et international, le festival Anima fêtait en mars dernier ses « Trentes animées » en compagnie de trois fortes pointures de l’animation internationale, Michel Ocelot, Bill Plympton et Peter Lord (Aardman Animation). 30 années qui ont vu le festival du film d’animation de Bruxelles monter progressivement en puissance pour devenir le second rendez-vous européen après Annecy. Avec la modestie et la passion qui les caractérisent, Philippe Moins, concepteur et maître d’œuvre du festival, et sa complice Doris Cleven, font pour nous le point sur cette manifestation récurrente de l’agenda MEDIA des festivals.

www.animatv.be

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Nouvelles Technologies

Pour que demain l’Europe dispose d’un véritable avantage compétitif, MEDIA favorise également

l’intégration des dernières technologies et tendances dans les pratiques économiques des béné-

ficiaires du Programme. En 2002 naissait le soutien aux Projets Pilotes, suivi en 2007 du soutien à

la VoD et à la Distribution Cinématographique Numérique. Depuis, plus de vingt projets pilotes et

vingt-six projets de distribution numérique et services de vidéo à la demande ont été soutenus.

Comment est né ce projet ?

Mathilde Henrot : L’idée est née en 2009 et vient de notre expérience en tant que professionnels de la distribution internationale (Alessandro était directeur des ventes internationales pour Celluloïd Dreams et j’exerçais la même fonction pour MK2) et des difficultés rencontrées pour faire émerger certains films d’auteur, leur donner de la visibilité.

Alessandro Raja : On sait qu’il faut acheter les films dès la première mondiale. Mais il est impossible pour les profession-nels de se rendre dans tous les festivals ou d’y voir tous les films présentés. Festival Scope permet de voir les films d’une manière plus efficace. Nous avons com-mencé par contacter des festivals euro-péens. Puis nous avons élargi le réseau. Il ne s’agit pas seulement de rendre un ser-vice technique de mise en ligne de films.

Ce n’est pas qu’un « screening room ». Il y a un vrai service de promotion com-plémentaire. Nous diffusons une news-letter chaque semaine dans laquelle nous annonçons les festivals partenaires du moment et nous sélectionnons 5 films et 1 réalisateur dont nous mettons en avant le travail, par des citations de presse. Chaque collaboration est différente, et nous la définissons avec le festival.

Quel est le modèle économique de la plateforme ?A.R. : Chaque inscription procède d’une démarche individuelle : ce sont les uti-lisateurs qui demandent à s’enregistrer - pour l’instant gratuitement. L’alternative aurait pu être de demander aux ayants droit de payer pour la promotion de leurs films, mais nous ne sommes pas dans une logique de marché en ligne. L’idée c’est d’être sélectif. D’inviter les films à être présentés sur Festival Scope. De ne pas montrer « n’importe quel film ».M.H. : Nous sommes encore dans une version béta. À terme, nous avons plutôt vocation à fonctionner sur un modèle d’abonnement annuel – mais à un prix très raisonnable car il est capital de res-ter accessible à tous. Notre « cœur » est européen et nos contacts sont principale-ment en Europe mais la vocation du site est vraiment internationale.

Comment se poursuit le développe-ment de Festival Scope ?M.H. : En cherchant toujours à nous

améliorer, à être plus inventifs, plus à l’écoute et en concluant de nouveaux par-tenariats avec des festivals ! Nous venons par exemple de conclure de nouveaux accords avec la Quinzaine des Réalisateurs et la Semaine de la Critique. Ces sélections proposent exactement le cinéma indépen-dant de qualité et des nouveaux talents que Festival Scope aime aider à promouvoir. Dans ce cadre spécifiquement, comme il s’agit souvent de 1er ou 2nd films, nous avons pensé à une formule originale : en accord avec les ayants droit, nous mettons en ligne dès maintenant les précédents films (courts ou longs) des réalisateurs sélectionnés.

Festival Scope : ce n’est donc pas la mort des festivals « réels » au profit du « virtuel » ?M.H. : Au contraire ! Nous allons bientôt annoncer une initiative révolutionnaire à ce propos ! Rien ne remplacera jamais la salle noire de cinéma et c’est tant mieux ! Et puis nous savons que la plupart des profes-sionnels continueront de se déplacer pour « sentir » l’ambiance d’un festival, écou-ter le bouche à oreille, savoir de quel film on parle, négocier… Rencontrer les gens, c’est fondamental dans ce métier.A.R. : Pour conclure, je dirais que ce qui est important pour nous, et c’est notre « mis-sion », c’est de créer l’envie de voir des films de qualité en ligne et de les aider à multiplier leurs opportunités de visibilité.

C a n n e s , B e r l i n o u R o t t e r d a m d ’ u n s i m p l e c l i c

Mathilde Henrot & Alessandro Raja

Cofondateurs de la plateforme

www.festivalscope.com

Festival Scope est une plateforme internationale de festivals à la demande lancée en septembre 2010 et soutenue par MEDIA en Projets Pilotes. Réservé aux professionnels du cinéma, ce site internet leur permet de visionner en ligne les films programmés dans les 42 festivals partenaires de Festival Scope. Sont notamment déjà membres les festivals de Berlin, Rotterdam, Indie Lisboa, Angers…

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Europa Film Treasures propose gratuitement depuis 2008, une sélection d’œuvres du patrimoine cinématographique européen (149 films à ce jour) tirées des collections de 30 cinémathèques implantées dans 19 pays d’Europe. Plus de 1 500 000 visiteurs après son lancement, Claire Gadéa et Delphine Jaquet reviennent sur 3 années d’aventure et nous confient leurs futurs chantiers.

La dimension européenne du projet a-t-elle posé des problèmes spéci-fiques lors de sa mise en œuvre ?

Claire Gadéa : Nous avons d’abord pro-posé à chaque cinémathèque un contrat avec un socle commun. Ça n’a pas été possible parce qu’elles ont toutes des juri-dictions différentes. C’est difficile aussi, quand on dialogue avec un pays un peu éloigné, parce qu’on échange des supports physiques qui peuvent être fragiles, comme des copies de films. La distance fait que tout est plus long, même si d’autres échanges peuvent aller vite avec Internet.Delphine Jaquet : C’est sûr qu’Europa Film Treasures n’aurait pu exister s’il avait fallu construire de toutes pièces ce réseau. Réseau que Serge Bromberg (NDLR : créa-teur et directeur de Lobster Films – coordi-nateur du projet) a mis en place depuis 25 ans. Coordonner un projet avec 30 cinéma-thèques au quotidien, ce n’est pas évident !

Comment sont choisies les œuvres proposées sur la plateforme ?D.J. : Chaque année nous faisons un appel à films aux cinémathèques en leur donnant des orientations. Nous sommes partis de notre premier corpus mis en ligne au lancement du site, pour ensuite créer des programmations, des mini-col-lections, des thématiques…C.G. : On essaie d’avoir tous les genres représentés, toutes les époques. Il y a évi-demment aussi la qualité artistique des œuvres qui compte. Ensuite, nous faisons forcément une harmonisation.Quel est le public d’Europa Film Treasures ?C.G. : Il est évident que nous avons tou-ché notre cœur de cible : les spécialistes, les documentalistes, les étudiants… Mais grâce à certains films nous atteignons aussi notre objectif prioritaire : toucher ce fameux grand public qui peut ensuite revenir sur le site et y découvrir d’autres trésors.D.J. : Il y a régulièrement des pics de fré-quentation très particuliers qui se focalisent sur le contenu d’un film. Dernièrement, il y a eu un buzz sur un film de tram qui sillonne Dunkerque peu de temps avant la destruc-tion de la ville lors de la première guerre mondiale : près de 11 000 connexions en une semaine ! Et les blogs affichent des remerciements de gens émus.

En écrivant des fiches pour chaque film, en les contextualisant, en proposant des ate-liers interactifs, nous cherchons vraiment à amener auprès du grand public ce matériau film magnifique qui n’est pas toujours facile d’accès. Rendre les films disponibles c’est une chose, mais que les gens soient d’accord de s’arrêter pour les regarder, c’en est une autre ! Amener ces films au regard est notre tâche la plus complexe.Comment envisagez-vous le soutien de MEDIA à l’avenir ?

C.G. : Le schéma du soutien à la VoD nous convient bien. Les collections des cinéma-thèques sont tellement immenses… on en a pour un grand nombre d’années. Pour nous, MEDIA, c’est important. C’est aussi une légitimité. Quand les internautes découvrent que les films sont gratuits, ils se demandent parfois s’il s’agit bien d’une offre légale. Un partenaire comme l’Union Européenne les rassure.D.J. : Lors de la création du site, on réflé-chissait plutôt en termes de base de don-nées et les outils que nous avons créés alors répondaient à cette vision. Aujourd’hui, nous devons évoluer du point de vue éditorial et participatif. Nous sommes d’ailleurs en train de refondre le site dans ce sens. La nouvelle version sera mise en ligne très prochainement.Le mariage des œuvres d’antan avec les technologies modernes connait-il des limites ?

C.G. : Quand on a conceptualisé le site, mettre les nouvelles technologies au ser-vice du patrimoine était une évidence pour nous. Ce n’était pas du tout antino-mique. Au contraire !D.J. : Il est très important que les formats originaux de l’image soient respectés. On a un film en kinétoscope qui date de 1894, avant même l’invention du cinéma-tographe ! Comme quoi, on peut faire des grands écarts tout en restant respectueux des films. Nous avons des limites déonto-logiques mais pas de limites techniques.

L e s t r é s o r s d u c i n é m a E u r o p é e n s u r l a t o i l e

www.europafilmtreasures.fr

Delphine Jaquet Claire Gadéa

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En garantissant une quote-part des prêts accordés par les établissements financiers aux

producteurs de films, le Fonds de garantie MEDIA pour la production a pour but de faciliter

l’accès des PME du secteur aux sources privées de financement. Le Fonds de garantie MEDIA

pour la production est mis en place pour une période de quatre ans (2010-2013).

au financement. Nous souhaitions conti-nuer à fournir ces services à valeur ajoutée aux producteurs, mais plus seulement en Espagne, aussi en Europe.

Comment le fonds se met-il en place ? Quel en sera le fonctionne-ment ? La procédure ?

F.A. : Le fonds doit ouvrir de façon immi-nente, début mai. Il permettra de garan-tir à hauteur de 55 % les crédits accordés pour la production de films européens. La garantie bénéficie aux banques euro-péennes qui accordent de tels crédits même si, in fine, les bénéficiaires du mé-canisme seront les producteurs qui auront un accès plus facile au crédit. La garantie est sollicitée directement par les banques par l’envoi d’un dossier de crédit à l’IF-CIC. Seuls les crédits de production ou de préparation sont éligibles à la garantie. Il est prévu de réunir un comité à l’IFCIC une fois par mois, mais nous pourrons accélérer le rythme des comités si nécessaire. Tous les détails de la procédure seront bientôt dis-ponibles sur notre site internet.

C.A. : Ce nouveau fonds a suscité beau-coup d’intérêt dans l’Union européenne. Nous avons déjà des contacts en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Finlande, en Norvège, au Danemark… La banque peut nous demander une garantie pour un prêt à la production. Le produc-teur peut aussi venir nous voir directement. Dans ce cas, nous pouvons lui suggérer plu-sieurs banques avec lesquelles nous faisons des opérations dans différents pays. Nous allons garantir 50 % du prêt – à la banque d’assumer les 50 % restants.

Comment vous faire connaître auprès des établissements concernés ?F.A. : Le financement du cinéma est un micro-secteur que nous connaissons déjà bien. Mais pour faire connaître le fonds MEDIA, nous nous appuierons égale-ment sur les producteurs et sur les asso-ciations, les syndicats… Et sur les CNC « locaux » qui identifient dans leur pays les banques qui développent une vraie expertise, un vrai partenariat à long terme avec les professionnels du cinéma.

C.A. : Nous faisons des présentations lors de festivals, de marchés. Nous allons à différentes réunions de producteurs, de banques et de financeurs, dans plusieurs pays européens. Nous étions présents à Rome, Londres et nous préparons des réunions dans les pays scandinaves.

Quelles seront les retombées pour les producteurs ?

F.A. : En terme de retombées, ce fonds va nous permettre de garantir à peu près 66 millions d’euros de crédit. À moyen terme, un tel mécanisme permettra un accès au financement plus aisé, plus de fluidité pour les producteurs pour gérer la trésorerie de leurs productions, peut-être de meilleures négociations vis-à-vis des groupes, l’indé-pendance de financement pouvant leur permettre de conserver plus de droits !

C.A. : Il s’agit d’un projet pilote qui pour-ra être amélioré dans le futur. Certains producteurs seront en mesure d’accéder à des financements qu’ils auraient peut-être eu du mal à obtenir sans ce fonds.

Dans quel esprit avez-vous répondu à l’appel à propositions MEDIA ?

Florence Aviles : Entre 2005 et 2009, l’IFCIC a garanti une quinzaine de crédits de prodution pour des films européens non français grâce à une dotation expéri-mentale du CNC. L’idée était de tester notre mécanisme de garantie à une échelle européenne. L’expérience a été très posi-tive ! Nous avons donc répondu à l’appel d’offres lancé par MEDIA très motivés par ce nouvel enjeu. Dans le secteur du ciné-ma, la notion d’Europe existe vraiment au travers des nombreuses coproductions.

Carlos Anton : Nous avions une vraie ex-périence dans l’évaluation des risques en Espagne : nous savions offrir des garan-ties pour que les producteurs aient accès

www.ifcic.fr www.audiovisualsgr.com

Florence Aviles, Responsable du secteur Production et Distribution Cinéma & Audiovisuel

Carlos Antón, Directeur du Fonds de Garantie Audiovisuel

L’IFCIC et SGR Audiovisual recevront une contribution initiale d’1 million d’euros en 2010 et un montant supplémentaire d’1 million d’euros par an jusqu’en 2013 : soit un total de 4 millions d’euros pour chacune de ces organisations. Grâce à un mécanisme d’effet de levier, le fonds devrait permettre de garantir un encours de crédit de 100 à 150 millions d’euros sur une période de 4 ans.

Fonds de Garantie

U n n o u v e a u s o u t i e n M E D I A

Page 16: Lettre MEDIA Desk - Spécial 20 ans

Cette lettre a été rédigée par Nathalie Chesnel, Christine Mazereau, Gilda Fougeront, Aurélie Réveillaud, Isabelle Nobio, Karin Schockweiler et Thierry Leclercq – Maquette : Riwal.

MEDIA Desk France9 rue Ambroise ThomasF-75009 Paris T. : + 33 (0)1 47 27 12 77F. : + 33 (0)1 47 27 04 [email protected]

MEDIA Antenne Strasbourg1 parc de l’ÉtoileF-67076 Strasbourg cedexAdresse de visite : 6 rue du Jeu des EnfantsT. : + 33 (0)3 88 60 95 89F. : + 33 (0)3 88 60 98 [email protected]

MEDIA Antenne MarseillePôle Média de la Belle de Mai37 rue GuibalF-13003 MarseilleT. : + 33 (0)4 91 57 51 38 F. : + 33 (0)4 91 57 54 [email protected]

MEDIA Desk BelgiqueCommunauté Française44, bd Léopold IIB-1080 BruxellesT. : + 322 413 22 45F. : + 322 413 30 [email protected]

MEDIA Desk LuxembourgMaison de Cassal5 rue Large L-1917 LuxembourgT. : + 352 2 478 21 70F. : + 352 29 09 [email protected]

MEDIA Mundus

Comment passe-t-on d’une envergure européenne à une envergure internationale ?Il n’y a pas de limites « physiques » entre l’Europe et le reste du monde ! Les pro-ducteurs coproduisent au fur et à mesure que leur carrière avance. Certains projets doivent se tourner hors Europe. Avec des non Européens ! La demande est donc venue de nos membres. Nous avons ensuite cherché des accords avec des partenaires locaux. Ce fut le cas avec Screen Australia, Téléfilm Canada ou encore Unijapan.

Existe-t-il des similitudes entre les producteurs de par le monde ? Ou des incompatibilités définitives ?Nous rencontrons partout des personnes qui font face aux mêmes problèmes : fabriquer des films avec des petits bud-gets. C’est plus facile de coproduire avec un partenaire qui a l’habitude de traiter avec les mêmes budgets. Il y a des simili-tudes entre un film hongrois ou roumain à 150 000 euros et un film malaisien à 150 000 euros. Je ne dis pas que la manière de travailler est identique mais elle est « compatible ». Il y a parfois d’im-portantes différences culturelles. Mais c’est encourageant de constater que, par exemple

au Japon, la deuxième édition de nos Coproductions Labs a été beaucoup plus intéressante que la première. Se connaître permet de dépasser les difficultés.Comment MEDIA Mundus a-t-il accompagné ACE dans cette aventure ?Avec beaucoup d’enthousiasme ! Nous étions demandeur d’un tel programme car après 18 ans d’ouverture européenne, il était temps d’étendre le réseau au reste du monde. Je pense que ce sont les Européens qui dynamisent le cinéma d’auteur, qui le développent, le produisent, le vendent. Les Européens sont « moteurs » : ce sont eux qui vont entraîner les autres dans l’aven-ture. MEDIA Mundus en est conscient ! C’est sans doute pour cela que nous avons été aidés sur nos deux actions : nos ateliers en Europe, où nous accueillons désormais des non Européens, et nos Coproduction Labs dans le reste du monde.

Depuis 2008, MEDIA s’ouvre au-delà des frontières communautaires. Dans un souci permanent de

réciprocité, le programme MEDIA Mundus soutient les projets de coopération entre professionnels

d’Europe et des autres régions du monde. Il dispose pour cela d’un budget de 15 millions d’euros.

www.ace-producers.com

Ronan Girre, Délégué Général des Études

A C E : s e r v i c e g a g n a n t !

Créés il y a 18 ans, les Ateliers du Cinéma Européen ont été parmi les premiers à défendre l’idée d’un cinéma européen. En poser les fondations a été, dès 1993, l’ambition de leurs créateurs René Cleitman et David Puttnam, au travers de la mise en œuvre d’une formation réservée aux producteurs expérimentés, dont les participants ont constitué au fil des promotions un véritable réseau professionnel, réunissant aujourd’hui quelque 170 membres. Depuis 2009, ils bénéficient des soutiens MEDIA Mundus pour leurs ateliers européens mais aussi pour leur Coproduction Labs organisés dans les pays tiers.

Contacts

L’intégralité des interviews est disponible sur le site www.mediafrance.eu