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Lettre ouverte à un syndiqué

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Lettre ouverte à un syndiqué

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ANDRÉ BERGERON

Lettre ouverte à un syndiqué

Albin Michel

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La collection « Lettre ouverte » est animée par Jean-Pierre Dorian

© Éditions Albin Michel, 1975 22, rue Huyghens, 75014 Paris

ISBN 2-226-00175-1

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A Robert BOTHEREAU Secrétaire général de la C.G.T.-F.O. de 1948 à 1963.

1.

Camarade, tu n'es pas pour moi un inconnu

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Camarade,

Tu n'es pas pour moi un inconnu. C'est pourquoi je t'écris.

Tu ne seras jamais un visage perdu dans la foule. Même si je ne t'ai jamais rencontré, je te connais bien.

Je ne te demande pas quelle est ton appartenance syndicale. Pour moi, cela ne change rien. Que tu sois l'un des 900 000 cotisants de la C.G.T-F.O. ou que tu adhères à une autre organisation, tu es pour moi un camarade.

Dans cette lettre, je veux essayer de décrire à ton intention quelques-unes de nos préoccupations pour l'avenir. Je veux aussi dresser le bilan de nos efforts. Comme tu le verras, les résultats de l'action syndicale sont considérables et tout particulière- ment depuis vingt ans. Ils le seraient bien davantage encore si les travailleurs, en plus grand nombre, prenaient conscience de la nécessité de s'orga- niser, de s'intéresser directement à leurs propres affaires.

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Comme moi, il t'arrive sans doute de t'interroger sur le pourquoi des raisons de ceux qui se contentent d'observer le syndicalisme, de le juger, voire de le critiquer, sans pour autant prendre place dans les rangs des travailleurs organisés.

Tu n'es pas de ceux-là puisque tu es syndiqué. C'est pourquoi je te tutoie et je t'appelle camarade.

D'une certaine manière tu fais partie d'une famille, de ma famille, en ce sens que les liens qui nous unissent sont nés de la prise de conscience d'une communauté d'intérêts et de devoirs à l'égard des autres et de nous-mêmes.

Cela tient aussi à une certaine façon de voir le monde, à la conception que nous avons de la place que les femmes et les hommes doivent tenir dans la société, au souci de les voir respecter et, enfin, à l'amour que nous portons à la justice, à la liberté et à la paix.

Et puis, tu le sais bien, ce mot merveilleux de camarade est un peu comme un sésame. Il ouvre les portes d'un monde à nous, d'un univers fraternel où ce qui peut séparer s'estompe devant ce qui rapproche.

L'expérience que nous vivons est souvent mer- veilleuse. Elle nous permet de découvrir l'injustice et de la combattre.

Si tu appartiens à Force Ouvrière, tu trouveras dans ma lettre la description de ce que tu vis toi- même. Si tu appartiens à une autre organisation, tu découvriras le vrai visage de la Confédération F.O. Il t'apparaîtra alors, j'en suis sûr, très différent de ce que tu imaginais. Notre prise de contact à

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travers cette Lettre à un syndiqué aura plus d'impor- tance encore.

Lorsque tu tourneras la dernière page de ce livre, peut-être comprendras-tu mieux notre attitude. Tu te rendras compte, alors, combien il est parfois difficile de marier le merveilleux enthousiasme de la jeunesse et les leçons de l'expérience, de cette expérience qui ne peut naître que des épreuves, des succès ou des échecs, des joies ou des peines. En réalité, il en est du mouvement syndical comme de la vie.

Le jeune militant, entrant dans le mouvement, va devoir apprendre beaucoup. C'est en quoi le syndi- calisme est une extraordinaire école de formation. En prise directe avec les réalités quotidiennes, il va acquérir jour après jour des connaissances de toute sorte. Ces connaissances concerneront à la fois les hommes et les choses. Alliant la conviction, j'allais dire la foi, et les connaissances, il gravira pas à pas les échelons de notre univers, de notre famille. Il pénétrera des endroits qu'il n'aurait jamais ima- ginés. Ayant acquis le savoir-faire il aura soif de bien faire, en ayant conscience de ses responsabi- lités. Elles seront lourdes en certaines circonstances. Il ne s'agira pas seulement, en effet, de lui mais avant tout de ceux qu'il représentera.

Mais, comme tu le verras en parcourant ces lignes, il sera payé au centuple au soir du combat gagné ou

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lorsqu'il aura pu aider un camarade à vaincre l'une ou l'autre des inévitables difficultés de la vie profes- sionnelle ou de la vie tout court.

Alors maintenant, pour que nous nous connais- sions mieux, je vais donc tenter de t'expliquer ce que nous sommes et ce que nous voulons.

Ma « lettre ouverte à un syndiqué » ne traitera pas de tout, mais assez pour que tu puisses juger.

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2.

La C.G.T.-F.O.

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Veux-tu, maintenant, que nous pénétrions dans la Confédération générale du travail Force Ouvrière. Avant de te dire ce qu'elle fait, ce qu'elle a obtenu, il faut que tu saches comment elle fonctionne.

Au siège de la Confédération travaillent une soixantaine de salariés, y compris les membres du bureau confédéral.

Notre appareil central est donc relativement faible pour une masse de près de 900 000 adhérents. Mais indépendamment de cela, nous contribuons à la rémunération d'un certain nombre de militants qui assument des fonctions dans les Unions dépar- tementales, parce que toutes n'ont pas la possibilité de les payer par leurs ressources propres.

D'une manière générale, le nombre de perma- nents de l'organisation doit se situer entre 600 et 700, si je tiens compte des camarades détachés de la fonction publique ou d'entreprises nationalisées au titre de la réglementation sur le droit syndical.

La cellule de base de la Confédération est le syndicat, comme le syndicat des métaux de Tours,

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le syndicat des textiles d'Armentières, le syndicat du bâtiment de Lyon, etc.

Les adhérents des syndicats de base désignent un bureau syndical comportant un secrétaire et un trésorier. Le secrétaire du syndicat est le porte- parole de l'organisation.

Les syndicats, dans chaque département, se regroupent au sein de l'Union départementale (et aussi dans les unions locales lorsque les circons- tances le permettent).

Des structures analogues ont été mises en place dans les territoires et départements d'outre-mer. Là- bas, l'action syndicale est rendue plus difficile du fait du contexte politique, économique et social qui est très différent de celui de la métropole. Surtout dans le secteur privé.

Cependant, nous sommes présents et nous agis- sons de notre mieux chaque fois que nous le pou- vons.

Les Unions départementales sont dirigées par un bureau (comprenant, comme les syndicats de base, un secrétaire général et un trésorier) et par une commission exécutive.

Les secrétaires généraux des Unions départe- mentales sont les représentants de la Confédération dans les départements. C'est pourquoi nous les appelons nos « préfets ».

Les syndicats sont, par ailleurs, affiliés à une fédération nationale, comme la fédération du bâti- ment, celle du textile, celle de l'administration générale, etc.

Chaque fédération dispose dans le mouvement

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d'une très large liberté de comportement. Il y a trente-quatre fédérations.

La Confédération Force Ouvrière repose donc sur une double structure professionnelle et inter- professionnelle qui permet à la fois l'action générale et l'action corporative.

Les Unions départementales et locales sont le lieu de rencontre des adhérents de toutes profes- sions, des salariés de la fonction publique, des entreprises nationales et de l'industrie, du com- merce et de l'agriculture.

Les responsables des fédérations nationales et des Unions départementales constituent le Comité confédéral national qui se réunit deux fois par an. Il est chargé de la conduite de l'organisation entre les congrès qui se réunissent tous les trois ans. Tous les syndicats Force Ouvrière y sont invités. Un rapport d'activité et financier leur est adressé avant le congrès. Ils auront à le voter ainsi que les résolutions déterminant la politique de la Confé- dération.

Ainsi, ce sont les syndicats de base, donc les adhérents, qui définissent la ligne de conduite de l'organisation.

Les responsables de la Confédération, dont moi- même, sont élus au deuxième degré par le Comité confédéral national.

Comme tu peux le constater, camarade, les structures syndicales sont à la fois simples et complexes. Jamais l'adhérent et son syndicat ne sont écartés des grandes décisions de l'organisation. Mais pour répondre aux besoins, pour faire face aux

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La composition l'impression et le brochage de ce livre ont été effectués

par Firmin-Didot S.A. pour les Éditions Albin Michel

Achevé d'imprimer le 20 mars 1975 N° d'édition 5415 N° d'impression 6817

Dépôt légal 2e trimestre 1975

Imprimé en France

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L E T T R E O U V E R T E A U N S Y N D I Q U É

Dans cette Lettre ouverte à un syndiqué, André Bergeron expose ce qu'est et ce que veut la Confédération Force Ouvrière.

Secrétaire Général de cette organisation depuis plus de onze ans, il s'est affirmé comme leader du syndicalisme réformiste.

La Lettre ouverte à un syndiqué tend à démontrer l'efficacité d'une action qui, jour après jour, a conduit à une réelle amélioration de la condition ouvrière.

André Bergeron estime que cette action n'aura jamais de fin, en tout cas tant que la démocratie existera et, par conséquent, le syndicalisme libre. Farouchement hostile à toutes les formes d'oppression, le Secrétaire Général de F.O. ne cesse d'affirmer son attachement à l'indépendance syndicale. Il est convaincu que le renforcement de l'organisation de l'éco- nomie sera le trait dominant de l'évolution des sociétés dans les années à venir. Il la considère comme non seulement inévitable mais nécessaire. Cependant, très conscient que le renforcement de l'organisation de l'éco- nomie entraînera forcément des contraintes, il voit dans le respect de son indépendance le moyen de faire du syndicalisme un contrepoids aux excès que peut engendrer la mise en œuvre des systèmes planifiés.

Fier d'être un réformiste, il répond à ceux qui le lui reprochent : « Les révolutionnaires parlent de révolution, et nous, nous la faisons! »

Aux patrons qui se plaignent de la permanence de la revendication, il répond qu'il en est de l'action syndicale comme de la vie. Tout change, tout bouge. La vérité d'aujourd'hui n'est plus celle de demain. La révo- lution industrielle a entraîné de profonds bouleversements dans les modes de vie. Des besoins nouveaux naissent, qu'il faut satisfaire.

Animé d'idées, de projets et d'espoirs, l'ouvrage d'André Bergeron est un document vivant, émaillé d'anecdotes, le témoignage d'un homme dont toute la vie a été consacrée au syndicalisme.

Jules Romains/Maurice Garçon/Robert Escarpit/Albert Simonin/Salvador Dali / André Maurois / Paul Vialar / André Soubiran / Jean Cau / Jean Grandmougin/Roland Dorgelès/Philippe Bouvard/Françoise Parturier/Paul Guth / Jean-François Revel / Gilbert Cesbron / Georges Elgozy / Alfred Fabre-Luce / Pierre Démeron / Jacques Laurent / Pierre de Boisdeffre / Jean Fougère/Jean Fourastié/Robert Soupault/Roger Ikor/Denis de Rougemont/ Louis Pauwels/Jean Lartéguy/Gaston Bouthoul/Henri Modiano/Jacques Soustelle / R.-L. Bruckberger / Robert Lafont / Christine Arnothy / Yvan Audouard/Jacques Sternberg/Jean Ferré/Robert Aron.