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D. Guillaume LETTRES : PROGRAMME 3 Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869) Dates Cours Intervenants 1) Mardi 3 janvier Corrigé DS.2 Intro. 1 Mercredi 4 janvier Intro. 2 2) Mardi 10 janvier Résumés Intro. 3 / Explication 0 THEME 1 : Spleen et genres Mercredi 11 janvier Explication 1 : « Perte d’auréole », 198-199 Explication 2 : « Les fenêtres », 173-174 3) Mardi 17 janvier THEME 2 : Ville et poésie Explication 3 : « Le mauvais vitrier » 81-82, « La première personne… l’infini de la jouissance ? » Mercredi 18 janvier THEME 3 : L’écriture du mal Colles W 4) Mardi 24 janvier Explication 4 : « Assommons les pauvres » 210-211, « Je cassai… Proudhon ? » THEME 4 : Une poésie politique ? Mercredi 25 janvier Explication 5 : « La fausse monnaie » 144-146, « L’offrande… d’homme charitable. » Explication 6 : « Les bons chiens » 215-217, « Mais regardez… de la Saint-Martin. » Colles Z 5) Mardi 31 janvier Explication 7 : « Le fou et la Vénus », 75-76 THEME 5 : L’impossible amour ? Mercredi 1 er février Rendre DM2 + citations classées Explication 8 : « Les tentations… » 119-120, « Autour de sa tunique… Garde tes présents. » » Explication 9 : « Il y en a… de monstres innocents. » — Citations classées : Au minimum : 3 citations par thème (cf. exposés) + 1 analyse et 1 citation par explication de texte. — Sujet du DM2 : André Guyaux déclare, dans sa préface aux réflexions fragmentaires de Charles Baudelaire (Fusées, Mon cœur mis à nu, La Belgique déshabillée, « Folio » 2002 (1986)) :« Il se figurait pyramidal. Son esprit intégrait les uns aux autres les libérateurs et les tyrans, et à choisir, contre les utopies du bien, il préférait l’ordre installé du bien et du mal. » Dans quelle mesure cette analyse vous semble-t-elle pouvoir éclairer la lecture du Spleen de Paris ?

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D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 3 Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

Dates Cours Intervenants

1) Mardi 3 janvier

Corrigé DS.2

Intro. 1

Mercredi 4 janvier Intro. 2 —

2) Mardi 10 janvier Résumés

Intro. 3 / Explication 0

THEME 1 : Spleen et genres

Mercredi 11 janvier Explication 1 : « Perte d’auréole », 198-199

Explication 2 : « Les fenêtres », 173-174

3) Mardi 17 janvier THEME 2 : Ville et poésie

Explication 3 : « Le mauvais vitrier » 81-82, « La première personne… l’infini de la jouissance ? »

Mercredi 18 janvier THEME 3 : L’écriture du mal

Colles W

4) Mardi 24 janvier Explication 4 : « Assommons les pauvres » 210-211, « Je cassai… Proudhon ? » THEME 4 : Une poésie politique ?

Mercredi 25 janvier Explication 5 : « La fausse monnaie » 144-146, « L’offrande… d’homme charitable. » Explication 6 : « Les bons chiens » 215-217, « Mais regardez… de la Saint-Martin. » Colles Z

5) Mardi 31 janvier Explication 7 : « Le fou et la Vénus », 75-76

THEME 5 : L’impossible amour ?

Mercredi 1er février Rendre DM2 + citations classées

Explication 8 : « Les tentations… » 119-120, « Autour de sa tunique… Garde tes présents. » » Explication 9 : « Il y en a… de monstres innocents. »

— Citations classées :

Au minimum : 3 citations par thème (cf. exposés) + 1 analyse et 1 citation par explication de texte.

— Sujet du DM2 :

André Guyaux déclare, dans sa préface aux réflexions fragmentaires de Charles Baudelaire (Fusées,

Mon cœur mis à nu, La Belgique déshabillée, « Folio » 2002 (1986)) :« Il se figurait pyramidal. Son esprit

intégrait les uns aux autres les libérateurs et les tyrans, et à choisir, contre les utopies du bien, il préférait l’ordre

installé du bien et du mal. »

Dans quelle mesure cette analyse vous semble-t-elle pouvoir éclairer la lecture du Spleen de Paris ?

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LETTRES : BIBLIOGRAPHIE 3

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

Bibliographie

— 1) Technique et généralités :

. Nadine TOURSEL et Jacques VASSEVIÈRE : Littérature, textes théoriques et critiques, « Fac. », Nathan, 2004.

. Jean-Michel GOUVARD, La versification, PUF, « Premier cycle », 1999

. Gérard DESSONS, Introduction à l’analyse du poème, Bordas, 1991

. Nicolas LAURENT, Initiation à la stylistique, « Ancrages », Hachette, 2001

. Bernard DUPRIEZ, Gradus, « 10x18 »

. Paul ARON et alii (dir.), Le Dictionnaire du littéraire, PUF, 2002 — 2) Sur le contexte du Spleen de Paris :

. Jean-Yves TADIÉ, Introduction à la vie littéraire du XIXe siècle, Bordas, 1984

. Paul BÉNICHOU, Les mages romantiques et L’école du désenchantement, Gallimard, « Quarto », 2004 (1988 et 1992)

. Michel JARRETY (dir.), La poésie française du Moyen Âge jusqu’à nos jours, PUF, « Premier cycle », 1997 et Dictionnaire de poésie de Baudelaire jusqu’à nos jours, PUF, 2001 — 3) Sur Baudelaire et son œuvre : . Claude PICHOIS et Jean ZIGLER, Baudelaire, Julliard, 1987 . Pascal PIA, Baudelaire, Seuil, « Écrivains de toujours », 1982 (1952) . John E. JACKSON, Baudelaire, Le Livre de poche, 2001 . Walter BENJAMIN, Charles Baudelaire, Un poète lyrique à l’apogée du capitalisme, Payot, 1990 (1955-1974) . Jean-Paul SARTRE, Baudelaire, « Folio Essais », 1988 (1947, 1975) . Georges BLIN, Le sadisme de Baudelaire, Gallimard, 1939 . George BATAILLE, La littérature et le mal, « Folio Essais » 1990 (1957) . André GUYAUX, Préface à Charles BAUDELAIRE, Fusées, Mon cœur mis à nu, La Belgique déshabillée, « Folio Classique » 2002 (1986) . Jean-Pierre RICHARD, « Profondeur de Baudelaire » in Poésie et profondeur, Seuil, « Points », 1976 (1955) — 4) Sur Baudelaire et Le Spleen de Paris : . Jérôme THÉLOT, Baudelaire, Violence et poésie, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 1993 . Steve MURHPY, Logiques du dernier Baudelaire, Champion, 2003 . Patrick LABARTHE commente Petits Poèmes en prose de Charles Baudelaire, Gallimard, « Foliothèque » n° 86, 2000

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SOMMAIRE Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1869)

— À Arsène Houssaye [59-61 = 3p.] (1862) — I. L’étranger [62 = 1] (1862) — II. Le désespoir de la vieille [63 = 1] (1862) — III. Le « Confiteor » de l’artiste [64-65 = 2] (1862) — IV. Un plaisant [66-67 = 2] (1862) — V. La chambre double [68-72 = 5] (1862) — VI. Chacun sa Chimère [73-74 = 2] (1862) — VII. Le fou et sa Vénus [75-76 = 2] (1862) — VIII. Le chien et le flacon [77 = 1] (1862) — IX. Le mauvais vitrier [78-82 = 5] (1862) — X. À une heure du matin [83-85 = 3] (1862) — XI. La femme sauvage et la petite maîtresse [86-89 = 4] (1862) — XII. Les foules [90-92 = 3] (1861) — XIII. Les veuves [93-96 = 4] (1861) — XIV. Le vieux saltimbanques [97-100 = 4] (1861) — XV. Le gâteau [101-103 = 3] (1862) — XVI. L’horloge [104-105 = 2] (1857) — XVII. Un hémisphère dans une chevelure [106-107 = 2] (1857) — XVIII. L’invitation au voyage [108-111 = 4] (1857) — XIX. Le joujou du pauvre [112-113 = 2] (1862) — XX. Les dons des fées [114-117 = 4] (1862) — XXI. Les tentations, ou Éros, Plutus et la Gloire [118-122 = 5] (1863) — XXII. Le crépuscule du soir [123-125 = 3] (1855) — XXIII. La solitude [126-128 = 3] (1855) — XXIV. Les projets [129-131= 3] (1857) — XXV. La belle Dorothée [132-134 = 3] (1863)

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— XXVI. Les yeux des pauvres [135-137 = 3] (1864) — XXVII. Une mort héroïque [138-143 = 6] (1863) — XXVIII. La fausse monnaie [144-146 = 3] (1864) — XIX. Le Joueur généreux [147-152 = 6] (1864) — XXX. La corde [153-158 = 6] (1864) — XXXI. Les vocations [159-164 = 6] (1864) — XXXII. Le thyrse [165-167 = 3] (1863) — XXXIII. Enivrez-vous [168-169 = 3] (1864) — XXXIV. Déjà ! [170-172 = 3] (1863) — XXXV. Les fenêtres [173-174 = 2] (1863) — XXXVI. Le désir de peindre [175-176 = 2] (1863) — XXXVII. Les bienfaits de la lune [177-179 = 3] (1863) — XXXVIII. [Laquelle est la vraie ?] L’Idéal et le Réel [180-181 = 2] (1863) — XXXIX. Un cheval de race [182-183 = 2] (1864) — XL. Le miroir [184 = 1] (1864) — XLI. Le port [185 = 1] (1864) — XLII. Portraits de maîtresses [186-192 = 7] (1867) — XLIII. Le galant tireur [193-194 = 2] <1865> — XLIV. La soupe et les nuages [195 = 1] <1865> — XLV. Le tir et le cimetière [196-197 = 2] (1867) — XLI. Perte d’auréole [198-199 = 2] <1865> — XLII. Mademoiselle Bistouri [200-204 = 5] <1865> — XLIII. Anywhere out of the world [205-207 = 3] (1867) — XLIX. Assommons les pauvres ! [208-211 = 4] <1865> — L. Les bons chiens [212-217 = 6] (1865)

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INTRODUCTION Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

I. Baudelaire et la fin des révolutions

— 1. Enfance et famille

+ a) Monsieur et Madame Baudelaire à Paris : 1821-1827

. a1. François Baudelaire (1759-1827)

— N, cf. « baudrier » (bande de cuir ou tissu en écharpe pour porter épée) >

« baudelaire » = « sabre droit dont la lame courte à deux tranchant était

recourbée et élargie à la pointe » (cf. cimeterre)

— Origine champenoise, paysanne ; abbé précepteur avant Rév. / comte de

Choiseul-Praslin > républicain (caustique et bilieux), peintre > au service

de l’état, sous Empire puis Restauration : chargé des dépenses intérieures

du Sénat > logé ds dépendance du palais du Luxembourg

— 1er mariage (veuf 1814) > fils Alphonse, né 1805 (aîné de 16 ans / CB) ;

. a2. Caroline Archenbaut-Defayis (1793-1871)

— Bourgeoisie champenoise ; sa mère, Julie Foyot, suit pê en Angleterre

garnison > s’appelle Arch.-D ; père militaire, d’origine inconnu.

— Orpheline 1800 > recueilli par riche avocat Perignon, son tuteur, qui

fréquente FB. > mariage 1819 (après retraite de FB. : 34 ans d’écart…)

— Relation de grande proximité avec son fils.

. a3. La petite enfance

— CB. naît ds nvelle maison 13, rue Hautefeuille (plaque ?) ; vieux mobilier

Louis XVI, œuvres d’art.

— 1827-28, après mort du père, période de gde proximité / mère, ds ptte

maison à Neuilly, avec servante (Mariette) [> FDM : « La servante au

grand cœur dont vous étiez jalouse »]

+ b) Monsieur et Madame Aupick entre Paris et Lyon : 1828-1839

. b1. Jacques Aupick (1789-1857)

— origine irlandaise par ses deux parents(Jemis) [père sert armée française]

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— carrière militaire brillante : commande polytechnique > de 1848 à 1852,

ambassadeur, à Constantinople, Londres et Madrid > sénateur.

* h. d’ordre sous ts les régimes : Empire, Restauration, MJ, Empire…

* Meurt 1857, peu avant parution des FDM > rapprochement CB. / sa

mère.

— Épouse Caroline B. 1828 (très vite ; accouchement d’un enfant mort de

sexe fém.) ; ambition pour le fils = concours du gvt. (ENS, Polytechnique,

St-Cyr…)

. b2. Lyon (1832-36)

— Gde chance ds la carrière d’Aupick = répression / révolte des canuts

lyonnais (ouvrier de la soie) 1831, puis 1834 > commandant Aupick

promus colonel.

— Ennui de CB au collège, où obtient bons résultats ms irrégulier, velléitaire ;

aime pas la ville (cf. trace = ds « Crépuscule du soir », « noir hospice,

perché sur la montagne » et d’où descend hurlement des fous —

Fourvière).

. b3. Paris et le collège Louis-le-Grand (1836-1839)

— Brillant quand le veut ms indocile ; commence à écrire vers (cf. Lamartine,

Hugo) ; désarroi face au choix d’un métier > on le destine au droit.

— Première rupture : refuse de donner billet transmis par camarade > l’avale >

renvoyé > collège St-Louis.

— Même temps = complot de la Société des Saisons (dirigé par Blanqui) >

s’empare de la Préfecture de Police et de l’Hôtel de Ville > répression vaut

nvlle promot° à Aupick, général.

— 2. La rupture : 1839-1844

+ a) Égarements

. a1. Premières rencontres littéraires

— S’inscrit en droit ms ne se rend pas aux cours ; écrit vite à Hugo ; le voit ?

rencontre Balzac (Grandet 33, Goriot 35), Nerval.

. a2. Décisives errances : le choix du mal ?

— rapide blennorragie : cf. Sara ou « Louchette » (> « affreuse juive » ?)

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— dépenses excessives, notamment en habillement > endettement : inquiétude

de la famille (Baud. majeur ds un an) : Alphonse le sermonne, et Aupick

veut « l’arracher au pvé glissant de Paris » >

+ b) Châtiment

. b1. Voyage ds l’océan indien (juin 41-février 42)

— décision du conseil de famille (Alphonse B et ses amis) < assainir

comportement : qu’il aille jusqu’à Calcutta ;

* en fait : île Maurice et Bourbon (Réunion) < refusera d’aller au-delà.

— Comportement courageux pendant tempête (aller comme retour), ms

proclamations choquantes + intérêt reste littéraire, mélancolie

. b2. Conseil judiciaire

— Famille espère armée, ms tirage au sort l’épargne > majorité et liberté +

volonté déclaré d’être auteur >

— devant risque de dilapidation du patrimoine (vente du terrain de Neuilly +

achat d’œuvres d’authenticité douteuse > mère demande Nt° d’un conseil

judiciaire 1844 (Me Ancelle) [CB ne peut qu’administrer ses biens : sous

tutelle]

— 3. Du dandysme au socialisme : 1844-1851

+ a) Dans les pas de Lauzun

. a1. Le dandysme

— (mot et not° 1820 Fr. < Angl. Brummel) grand soin de sa toilette > dépense

excessives et dettes : théorise en 1863 / C. Guy = éthique de la distinction /

marée de la médiocrité démocratique.

— 1843-1845 = loue appartement le plus luxueux qu’il connût ds Hôtel de

Pimodan, île St. Louis : ancien logement de Lauzun (1633-1723) = un des

prototypes du dandy, duc insolent et laid ms spirituel qui finit par épouser

Mlle de Montpensier (Gde Mlle, nièce de LXIII ≠ Mlle, nièce de LXIV)

* Achète tableaux d’authenticité douteuse…

. a2. La bohème

— fréquentation précoce des prostituées > blennorragie dès 1839 > syphilis =

pas bien soignée à l’époque même si moindre terreur qu’à la Renaissance >

résurgences jusqu’à sa mort, qu’elles provoqueront : « sang infecté » (cf.

« venin » in « À celle qui est trop gaie »)

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— fréquentation milieux litt., ms se singularise par noirceur de son inspiration

+ intérêt pour la peinture.

+ b) Le moment socialiste

. b1. L’exaltation révolutionnaire

— refus de la réforme électorale par LP. > « campagne des banquets » menée

par les républicains = celui du 22 février 1848 interdit > insurrection

* > Gvt. provisoire et proclamation de la 2e République (Lamartine, Louis

Blanc [théoricien des ateliers nationaux, détournés]) : abolition de la peine de

mort et de l’esclavage.

— CB. porte d’abord à l’insurrection intérêt esthétique : séduit par le drame >

24 février : avec fusil sur barricade au carrefour de Bucy > « Il faut aller

fusiller le général Aupick » (commande Polytechnique = empêche que les

élèves se mêlent à l’insurrection, comme en 1830) ; adhère fugitivement à

un club fondé par Auguste Blanqui (théoricien de l’insurrection).

* cf. Cœur : « Mon ivresse en 1848. / De quelle nature était cettte ivresse ?

/ Goût de la vengeance. Plaisir naturel de la démolition. / Ivresse littéraire ;

souvenir de lectures. » > « 1848 ne fut amusant que parce que chacun y

faisait des utopies comme des châteaux en Espagne. / 1848 ne fut charmant

que par l’excès même du Ridicule. »

— ap. élection d’avril (1er suffrage universel > majorité et gvt. modérée, ss

socialiste), mvt. de juin 1848 = soulèvement ouvrier > répression sanglante

et instauration d’une République conservatrice.

* CB. prêt à participer, avec courage, se vante que ses mains sentent la

poudre > Cœur : « Les horreurs de Juin. Folie du peuple et folie de la

bourgeoisie. Amour naturel du crime. »

* août 1865 = écrit plusieurs fois (ss réponde) à Proudhon < exprimer son

admiration + le prévenir de menace de la part « des bêtes féroces de la

propriété » [cf. 1840 Qu’est-ce que la propriété ? « c’est le vol » ; pensée

mutualiste sur plan éco (suppression de l’intérêt et du crédit) et anarchiste /

fédéraliste sur plan poltq. ; critique / Fourier et Marx]

. b2. Quelle position politique ?

— Collaboration à des journaux éphémères et contradictoires :

* Fonde avec des amis Le Salut public en février-mars 1848 > en octobre

secrétaire de rédaction du Représentant de l’Indre, journal des principes

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d’ordre et de conservation (à Châteauroux : fait scandale) — probables

autre publications, socialisantes.

— Mais : esthétisme antidémocratique, cf. Salon de 1846 :

* flâneur ds une émeute éprouve joie à voir un « gardien du sommeil public

— sergent de ville ou municipal, la véritable armée — crosser un

républicain ? » > « Crosse, crosse un peu plus fort, crosse encore,

municipal de mon cœur […] L’homme que tu crosses est un ennemi des

roses et des parfums, un fanatique des ustensiles […] Crosse religieusement

les omoplates de l’anarchiste ! »

+ c) Le verrouillage du 2 décembre 1851

. c1. Mise en place et développement du régime

— élection du président de la République au suffrage universel = Louis-

Napléon Bonaparte : 10 décembre 1848-2 déc. 1851.

* Globalement, politique très répressive contre toute opposition

républicaine, voire démocratique : épuration ds l’administration, restriction

du suffrage universel > prépare prise du pouvoir.

— Le coup d’État

* Nuit du 1e au 2 décembre (anniversaire du sacre impérial 1804 + victoire

d’Austerlitz 1805 > faible résistance populaire, Victor Hugo appelle à

l’insurrection des faubourgs de l’est > fuite de VH en Belgique > exil à Jersey

puis Guernesey jusqu’à la chute de l’Empire : Les Châtiments 1853 et

Napoléon-le-Petit 1852 ; > barricades balayées le 4 : on a laissé grossir le

mouvement > répression + étendue.

— L’Empire :

* Plébiscite approuve coup d’état puis rétablissement empire (2 décembre

1852) ; ms leurre du suffrage universel : opposition muselée par censure,

candidats officiels soutenus par préfets et administration + découpage des

circonscriptions favorise candidats ruraux dociles > chambre de 1857 ne

comporte que 5 opposants (sur 300 environ).

* Idées politique de N III : démocratie autoritaire et sociale (cf. opuscules

de jeunesse, pendant Ham : De l’extinction du paupérisme 1844 [gvner

avec masses, cadrer dvlppt. ind., organiser classe ouvrière]) > application

de ses idées quand pouvoir lui semble assez fortt. en place (ds première

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partie du règne = surtt. développement des transports et grands travaux : cf.

Hausmann > CB. « Le cygne » 1860).

* Tournant de 1860 : libéralisme économique (traité de libre échange /

Angl.) + libéralisation sociale (1864 : droit de coalition et de grève aux

ouvriers [Association Internationale des Travailleurs fondée à Londes = 1ère

Internationale, adopte idées de Marx] > 1868 : + liberté de la presse et

réunions publiques) + libéralisation politique.

. c2. Baudelaire « dépolitiqué » ?

— CMN (écrit àp. 1859) note inflexion politique ?

* « Ma fureur au coup d’État. Combien j’ai essuyé de coups de fusil.

Encore un Bonaparte. Quelle honte ! / Et cependant tout s’est pacifié […] /

Ce qu’est l’empereur NIII. […] Trouver l’explication de sa nature, de sa

providentialité. »

— Surtout : forme de retrait ; pas d’implication directe ds vie politique.

* Lettre à son notaire Ancelle, 1852 : « Le 2 décembre m’a physiquement

dépolitiqué. Il n’y a plus d’idées générales. Que tout Paris soit orléaniste,

c’est un fait, ms cela ne me regarde pas. Si j’avais voté, je n’aurais pu

voter que pour moi. Peut-être l’avenir appartient-il aux hommes

déclassés ? »

* cf. surtout « Reniement de St. Pierre » (« Révolte » in FDM), composé

fin 1851 : « — Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait / D’un monde où

l’action n’est pas la sœur du rêve »

. c3. Baudelaire réactionnaire ?

— Selon A. Guyaux, CB. se rallie à l’empire < désespoir + anticonformisme

intellectuel / doxa républicaine + vers 1851-52, lecture de Joseph de

Maistre (1753-1821), grand penseur anti-révolutionnaire (cf. Soirées de

St.Pétersbourg ou Entretien sur le gvt temporel de la providence, posth.

1821) : parle la « providentialité » de NIII (providence + fatalité, selon

Guyaux).

— Cf. pensée de Maistre :

* Souveraineté = don divin > intangible (cf. infaillibilité papale +

monarchie) > Révolution française = « caractère satanique », « c’est la

pure impureté ».

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* Histoire gouvernée par la Providence (cf. Bossuet) = chaque nation y

remplit une mission, qu’elle ignore > philosophie = « le plus grand fléau de

l’univers » car prétention de la raison à gvner seule alors qu’elle « n’est

qu’une brute dont toute la puissance se réduit à détruire »

— Complexité de la position (conviction) de CB. : cf. Marseillaise = « hymne

de la canaille » (1864) et écrit à Nadar en 1859 : « La politique est une

science ss cœur » (cf. Machiavel) > « Si tu étais Jésuite et Révolutionnaire,

comme tout politique doit l’être […] » (compter avec faiblesse humaine +

accomplissement du mal et haine de la bourgeoisie)

— 4. Autour des Fleurs du Mal : 1852-1864

+ a) Des femmes

. a1. La mère

— Relations constantes et recherches de proximités, malgré réactions petites

bourgeoise et censure du Gal : mort de celui-ci 1857 > rapprochement,

séjours à Honfleur où elle s’est retirée.

. a2. Jeanne Duval

— Devient maîtresse de CB. en 1842 ; mulâtresse née en 1827, actrice ds

petits rôles ; selon Nadar remarquable par « invraisemblable

développement des pectoraux » ; selon Banville : « démarche de reine » +

« qqch. à la fois de divin et de bestial ».

— Inspiratrice > relation SM, charge ; concubinage, àp. 48 dit ne l’aimer

depuis longtemps que par devoir > la quitte en 1852 (cf. lettre à sa mère :

obstacle à son développement, ne l’admire pas) ms continue à l’aider

matériellement (remords ; elle misérable et malade).

— Reprend vie commune avec elle en 1855 > rupture en 56, malgré lui (parle

d’elle : « ma femme ») : la regrattera tj. = [11 sept. 1856] « cette femme

était ma seule distraction, mon seul plaisir, mon seul camarade » ; ruptures

et retrouvailles (1858, -9)

* progression de la paralysie 1859 > hôpital ; CB. avec elle décembre

1860-janvier 1861 (départ CB. < présence envahissante d’un frère : amant ?).

* vue la dernière fois 1870 sur un bd. par Nadar, se traînant sur béquilles.

— 1864, à Bxelles : dernière maîtresse = Berthe, ressemble à Jeanne jeune.

. a3. Marie Daubrun

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— Née 1827 ; actrice rencontrée par CB. 1845 :incarne « Belle aux cheveux

d’or » en 1847 > intimité 1854 et éloignt. 1855 (> Banville) ; nvelle

intimité 1859, av. éloignt. définitif (> « À une Madone »)

* Cf. lettre ss doute 1848 ou après, réagissant à un refus : « Par vous,

Marie, je serai fort et grand. […] Soyez mon ange gardien, ma Muse et ma

Madone, et conduisez-moi dans la route du Beau. »

— 1863 : Louise Descham, autre actrice blonde à peau blanche.

. a4. Mme Sabatier

— Née 1822, des œuvres d’un préfet et d’une lingère ; modèle + maîtresse

d’un riche industriel bruxellois ; représentée ds sculpture osée (moulage :

Orsay) qui fit sensation 1847 : Femme piquée par un serpent ; proclamée

« Présidente » par Gautier ; salon vers 1852, ami de G. + Fbert > un peu

Rosanette in ES., CB.

— CB. lui adresse anonymement poèmes àp. de décembre 1852 : « À celle qui

est trop gaie » > 1853 Réversibilité, L’Aube spirituelle, Confession > 1854

Le Flambeau vivant… ; pas sûr que tous inspirés par elle ; jeu litt. et

galant : cf. fin dernier anvoi = « Je suis un égoïste, je me sers de vous. »

— CB. lui écrit à deux jours du procès des FDM (août 1857) pour demander

aide en haut lieu (ce qu’elle pouvait assez peu) > deviennent amants fin du

mois > lettres enflammées d’elle : lui, prend ses distances = « enfin il y a

qqs jours, tu étais une divinité, ce qui est commode, ce qui est beau, si

inviolable. Te voilà femme maintenant. »

+ b) Publication et procès

. b1. Une condamnation mesurée

— Ap. acquittement de Flaubert, au db. de l’année, ms qui bénéficiait de

l’appui de la Princesse Mathilde ; ds l’ens.= + gde sévérité judiciaire /

écrivains que sous MJ. ; même procureur que / Fb. = Ernest Pinard (futur

ministre de l’Intérieur) > condamnation :

* ø / offense à la morale religieuse, ms / morale publique et bnes mœurs >

300 francs d’amendes + doit supprimer 6 poèmes qui « conduisent

nécessairement à l’excitation de sens par un réalisme grossier et offensant

pour la pudeur. »

* CB. écrit à l’impératrice > 50 frs ; indemnité de l’État : 100 frs < trad.

Poe + articles.

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. b2. Une notoriété

— Articles critiques (ineptes) ms aussi encouragement de Fbert, Hugo, voire

Ste Beuve (« pétrarquisant sur l’horrible »).

— Procès a fait de lui personnage public > légende qui fait partie de la

création baudelairienne : CB. très attentif à sa mise en scène.

* Se vante d’avoir livres reliés en peau humaine, apprécie filet « tendre

comme de la cervelle de petit enfant » ; se teint les cheveux en vert

— Seconde édition de 1861 : pour Ste Beuve en 1865, CB parmi les chefs de

file de la nouvelle littérature (comme Gautier, Banville, Leconte de Lisle

— après Hugo et Lamartine)

+ e) Préoccupations matérielles

. e1. Le dénuement

— Ne supporte plus contrôle vétilleux de son conseil judiciaire Me Ancelle >

db. 58 menace de le souffleter devant sa femme et ses enfants ;

— Endettement perpétuel ; travaille irrégulièrement, souvent pour rembourser

des avances ; source de revenus max = trad. de Poe.

* rente suffisante pour vie modeste (= petit fonctionnaire) ; ms dépenses /

vêtements, Os d’art, restaurants… > misère par ailleurs (change d’hôtel

pour fuir les créanciers)

. e2. Étranges candidatures

— Fin 1861-db. 1862 = candidature à l’Académie française > entreprend

même visites d’usage (> Lamartine, surtt. Vigny) puis renonce ; ressenti

comme provocation < fauteuil de Lacordaire, orateur dominicain.

— En 1863, ambitionne de diriger un théâtre subventionné < revenu + faire

jouer ses pièces (cf. L’ivrogne, 1853-54) ; rien de concret.

— 5. La Belgique et la mort : 1864-1867

+ a) Un exil ?

. a1. Échecs

— CB. s’y rend < espoir de conférences bien rémunérées + contrat avec

journaux (+ indépendants / Empire > lus à Ps.) + un éditeur de VH : ne se

présente même pas à ses conférences, de moins en moins fréquentées >

« Tout a échoué. »

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— Reste en Belgique < refus de revenir sur un échec, et retrouver ses

créanciers ; plus radicalt.,dit en 1865 : « Pourquoi je reste à Bxles, — que

je hais pourtant ? — D’abord parce que j’y suis, et que ds mon état actuel,

je serai mal partout » = « misanthropie » < « sensibilité trop vive »

— Seul plaisir = fréquentation de qqs amis : éditeur Poulet-Malassis,

marchand de tableaux Arthur Stevens et son frère Arthur, peintre animalier

(cf. « Bons chiens »), Félicien Rops.

. a2. La Belgique déshabillée

— Après 15 jours, constate que « tous ces gens sont plus bêtes que les

français » > vite projet de livre comme « essayage de mes griffes. Je m’en

servirai plus tard contre la France. » = contre société bourgeoise,

progressiste et démocratique.

+ b) Une agonie

. b1. La maladie

— Première crise cérébrale janvier 1860 ; Fragment d’Hygiène : « J’ai cultivé

mon hystérie avec jouissance et terreur. […] aujourd’hui 23 janvier 1862,

j’ai subi un singulier avertissement, j’ai senti passer sur moi le vent de

l’aile de l’imbécillité. »

— 1865 : névralgie > mars 1865 = tombe ds église jésuite de Namur > db. de

troubles mentaux et d’aphasie.

. b2. La mort

— 31 mars 1865 = hémiplégie irréversible ; retour à Paris juin 1866

— janvier 1867 : ne dit plus que « Non, cré nom » ; meurt 31 août 1867.

— Enterrement : discours de Banville ; présence de Verlaine ; absence de Ste-

Beuve.

II. Baudelaire : critique et poésie

— 1. Romantismes

+ a) Le sujet et l’histoire : 1820-1830

. a1. Mouvement romantique émerge àp 18e siècle :

— (caricaturalement) inflexion d’une vision du monde (Lumières) de la

rationalité vers la sensibilité : poésie vaut selon critère d’authenticité

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subjective (rabattement de la poésie sur le lyrisme, au détriment du théâtral

— où s’affirme prose — et surtt de l’épique — roman).

* cf. notamment poésie anglaise et usage de l’adjectif romantic < paysage

qui transporte le spectateur ds monde idéalisé, romanesque, des romances ≠

novels plus réalistes ; usage en fr. àp 1770 > traduction par « pittoresque »,

« romanesque » puis « romantique » : sens spécifique, de possible

épanchement sentimental d’un promeneur solitaire face à un paysage (cf.

poésie dite dès l’époque « descriptive » < Seasons de Thomson 1730 > fr.

1759).

* en France : prose et pensée de Rousseau > cf. Rêveries du promeneur

solitaire (posth. 1782)

— Importance capitale de la révolution française : césure historique, recherche

d’un régime politique fondée sur pensée rationnelle du pouvoir et du droit

(≠ autorité, tradition et religion) > affirmation des peuples (en France >

Europe, ds lignée pensée « moderne » + résistance / empires : Bonaparte et

Habsbourg).

* Mise en mouvement de l’histoire : cf. philosophie « romantique » met en

relation subjectivité et rationalité (Kant :Critique du jugement 1790 >

esthétique) + historicise la pensée (Hegel : Phénoménologie de l’esprit

1806) : histoire comme devenir de l’idée, au travers des consciences subj.

particulières (cf. Napoléon a Iéna = l’Esprit du monde qui passe à cheval).

. a2. Date repère de 1820 : Méditations poétiques de Lamartine = cf. titre renvoyant à

l’intériorité subjective et à sa profondeur (≠ titre par genres 18e > db. VH : Odes et ballades

1828).

— Premier romantisme français est politiquement conservateur (catholique et

monarchiste) : Chateaubriand (né 1768 ; dont jeune Hugo cherche appui),

Lamartine (né 1790) et Vigny (1797) servent la Restauration > évolution

vers positions républicaines àp. 1830 (Monarchie de juillet) : cf. Lamartine

à la tête du gouvernement provisoire qui proclame la 2nd République,

bientôt abattue, VH (1802) pair de France 1845 et d’abord proche de

Louis-Napoléon, ms bientôt opposant résolu (exil 1851-70).

— > voix de cette première génération = poésie du progrès, génération des

« mages » (Bénichou : prolonge mvt. des Lumières) alliant subjectivité,

ambition métaphysique et formes d’optimisme historique et sociale.

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* cf. Hugo 1824, Préface des Odes : le poète « doit marcher devant les

peuples comme une lumière et leur montrer le chemin. » > Préface de 1859

à la Légende des siècles = montrer « le grand fil mystérieux du labyrinthe

humain, le Progrès. »

. a3. Date repère de 1830 : triomphe houleux du romantisme à la première de Hernani.

— > préface de VH en mars : « Le romantisme n’est, à tout prendre, que le

libéralisme en littérature. »

+ b) Le désenchantement : 1830-1850

. b1. Une histoire désespérante

— MJ. confirme blocage de la société par régime censitaire favorable à

génération née ap. 1789, et qui tourne au conservatisme.

* habileté de LP. ds relation avec opinion public : « roi de français »,

drapeau tricolore ; léger élargissement du cens électoral ms règne des

notables, cf ? Guizot ap. 1840 : « Enrichissez-vous, par le travail et par

l’épargne ») — ms : dure répression des soulèvements populaires (1831 et

1834 canuts lyonnais pour salaire > 1834 républicains rue Transnonain) et

de tte opposition (cendres 1840 ms Louis Napoléon au fort de Ham ap.

tentative débarquement Boulogne) + paupérisation des travailleurs

industriels voire des paysans.

— Vaine révolution de 1848 ?

. Relatif isolement des républicains / pple (Louis Blanc, Barbès, Blanqui).

. Abolition de l’esclavage + ateliers nationaux, ms premières élections au

suffrage universelle encadrées et gagnées par modérés > LNB président,

prépare peu à peu instauration de l’empire.

. b2. L’école du désenchantement (Bénichou)

— Génération à peine plus jeune (Ste-Beuve 1804, Nerval 1808, Musset 1810,

Gautier 1811), et qui débute ou s’affirme après 1830, affiche perte des

espérances de la précédente = divorce entre aspiration poétique et devenir

(meilleur) de l’humanité (foule devient populace, distance du religieux, en

une spiritualité plus abstraite et moins pourvoyeuse d’espoir).

— cf. Musset : lyrisme du chant ms apolitisme conservateur, goût de la

raillerie et du 18e (Mvx).

* cf. Lorenzaccio 1834 + La Confession d’un enfant du siècle 1836

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— 2. Baudelaire critique

+ a) Art : des Salons (1845, 1846, 1859) au Peintre de la vie moderne (1863) [1er textes

publiés]

. a1. Romantisme

— Positionnement intellectuel particulier : « pour être juste, cad. pour avoir sa

raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, cad. faite à

un point de vue exclusif, mais au pt. de vue qui ouvre le plus d’horizons. »

(S.45)

— Alliance de la sensibilité et de l’intelligence : cf. CMN = « Glorifier le

culte des images, ma grande, mon unique, ma primitive passion. » >

* opposition (courante depuis renaissance) = couleur / dessin (avec

croisements)

* valorisation de l’idéal = « l’individu redressé par l’individu, reconstruit et

rendu par le pinceau ou le ciseau à l’éclatante vérité de son harmonie

native » (S.46)

— Trouve d’abord (outre père dont dira que « peintre détestable » modèle =

E. Delacroix. > cf. romantisme = « l’expression la plus récente, la plus

actuelle, du beau » (S.45)

* nature / artiste et tableau / spectateur = doit susciter rêverie où passé tient

place prépondérante : peinture ED. « parle surtout au souvenir »,

« mélancolie », « mnémotechnie du beau » (S.45)

* > théorisation de l’It° in S.59 = « reine des facultés » < art comme

vision : « L’It° est la reine du vrai, et le possible est une province du vrai.

Elle est positivement apparentée à l’infini. »

. a2. Modernité

— Dégagement d’une idée d’alliance entre l’éternel et le transitoire : vrai

peintre doit comprendre et faire voir « combien ns sommes grands et

poétiques ds nos cravates et nos bottes vernies » (S45) > S46 = double

nature du beau : « Toutes les beautés contiennent […] qqch. d’éternel et

qqch. de transitoire. »

— > 1863 PVM / Constantin Guy : « le beau est tj., inévitablement, d’uen

composition double, bq. l’impression qu’il produit soit une […] Le beau

est fait d’un élt. éternel, invariable, et dont la quantité est extrêmement

difficile à déterminer, et d’un élt. relatif, circonstanciel, qui sera, si l’on

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veut, tout à tour ou tt ensemble, l’époque, la morale, la passion. Sans ce

second élt., qui est comme l’enveloppe amusante, titillante, apéritive, du

divin gâteau, le premier élt. serait indigestible, inappréciable, non adapté et

non approprié à la nature humaine. »

* PVM cherche modernité = « Il s’agit, pour lui, de dégager de la mode ce

qu’elle peut contenir de poétique ds l’historique, de tirer l’éternel du

transitoire. »

. a3. Caricature

— Autre façon de saisir cette dualité < elle contient tj. part de beauté selon

Baud. ; cf « De l’essence du rire » (1855) = le lie à la chute, « signe

satanique » chez l’h (JC ne rie pas), lien de la chute et du rachat > CB.

oppose :

* « comique significatif », satirique < « supériorité de l’homme sur

l’homme » (Molière, Voltaire, et même Rabelais : étroitesse de l’esprit fr.)

* « comique absolu » ou « grotesque » < supériorité de l’homme sur la

nature (Hoffmann)

— Liée à configuration historique précise (le moment fait le ridicule) : cf. rév.

de 1830 comme toutes > « fièvre caricaturale » (nott. Daumier),

« prodigieuse comédie satanique » (« Quelques caricaturistes français »,

1857) > élévation àp de la circ., et glissement vers le fantastique, cf. id. /

Daumier = « vous verrez défiler devant vos yeux, ds sa réalité fantastique

et saisissante, tout ce qu’une grande ville contient de vivantes

monstruosités. »

+ b) Littérature : Entre les « Notes nouvelles sur Edgar Poe » (1857) et les Réflexions sur

quelques uns de mes contemporains (1861)

. Effort plus réflexif, entre mise au point historique et recherche de vérités abstraites ;

max. ds années contemporaines et post. aux FDM.

. b1. Culte de la forme ?

— Contre confusion qu’il conçoit comme hérétique entre vrai, beau et bien

(Victor Cousin < romantisme alld. + censure morale sous le second empire)

> même formulation ds essai sur Poe et sur Gautier = « La poésie […] n’a

d’autre but qu’elle-même. » (NNP. 1857) > approche esthétique et

métaphysique de l’écriture poétique comme moyen d’une révélation

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— Ms nécessaire souci de vérité et de juste positionnement historique >

critique du formalisme :

* 1852 / « École païenne » (premiers « parnassiens » : Banville, Leconte de

Lisle) = « La passion frénétique de l’art est un chancre qui dévore le reste ;

et, comme l’absence nette du juste et du vrai ds l’art équivaut à l’absence

d’art, l’homme entier s’évanouit ; la spécialisation excessive d’une faculté

aboutit au néant. » + « Renier les efforts de la société précédente,

chrétienne et philosophique, c’est se suicider […] »

— Maîtrise = dans calcul, choix lucide en fonction d’une situation historique

> cf. article sur Madame Bovary (1857) : « Soyons donc vulgaire ds le

choix du sujet, puisque le choix d’un sujet trop grand est une impertinence

pour un lecteur du XIXe siècle. »

. b2. Correspondances

— Maîtrise formelle = moyen d’une ambition métaphysique héritée du

romantisme.

* « TH. Gautier » (1859) : « il y a ds le mot, ds le verbe, qqch. de sacré qui

ns défend d’en faire un jeu de hasard. Manier savamment une langue, c’est

pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. »

— > théorie des correspondances (un aspect de sa poétique, lié à ses maîtres

romantiques) :

* NNP. 1857 : « L’It° est une faculté quasi divine qui perçoit tout d’abord,

en dehors des méthodes philosophiques, les rapports intimes et secrets des

choses, les correspondances et les analogies. » > « C’est cet admirable, cet

immortel instinct du Beau qui nous fait considérer la terre et ses spectacles

comme une correspondance du Ciel. […] C’est à la fois par la poésie et à

travers la poésie, par et à travers la musique que l’âme entrevoit les

splendeurs situées derrière le tombeau. »

* / VH in Réflexions 1861 : « Tout est hiéroglyphique », signification des

choses forme « l’inépuisable fond de l’universelle analogie » ; réf. à

Fourier (utopiste socialiste db. 19e ; phalanstère et attraction passionnelle,

selon les caractères) et Swedenborg (mystique suédois, 18e).

. b3. Réalisme

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— Exigence d’équilibre dialectique entre It° et perception précise, analyse

lucide du réel > « Tt bon poète fut tj. réaliste. Équation entre l’impression

et l’expression. » (« Exposition universelle », 1855).

— > exigence morale ambiguë :

* compassion : cf. article de jeunesse suur « Pierre Dupont » (1851) : « Il

est impossible […] ne de pas être touché du spectacle de cette multitude

respirant la poussière des ateliers, avalant du coton, s’imprégnant de

céruse, de mercure et de tous les poisons nécessaires à la création des

chefs-d’œuvre, dormant ds la vermine, au fond des quartiers où les vertus

les plus humbles et les plus grandes nichent à côté des vices les plus

endurcis et des vomissements du bagne […] » > VH loué 1861 pour force

dont dérive « l’esprit de justice et la charité ».

* attention aux pulsions de méchanceté : « l’art moderne a une tendance

essentiellement démoniaque » (/ Banville 1861)

— 3) Les Fleurs du mal (1857-1861)

+ a) Situation : l’art pour l’art

. a1. L’art sans l’histoire ?

— Désillusion des révolutions de 1830, 1848 > coup d’État du 2 décembre

1851 (> Empire 1852) : blocage de la situation politique + dominance des

préoccupations économiques (règne de la bourgeoisie, depuis MJ.) >

* désarrimage de l’ambition poétique et du mouvement historique, avec

même marginalisation de l’artiste (≠ bourgeois : cf. Flaubert, et « Monsieur

Prudhomme » de Verlaine, 1862 : « Il est grave : il est maire, et père de

famille. »)

* radicalisation du désenchantement des seconds romantiques (générations

de 1810)

— > génération de 1857 (< œuvres) : aînés des futurs parnassiens = mettent en

place lieux commun / nvelle poésie = formalisme (durcissement de la

forme comme conscience de sa facticité, vanité) et impassibilité.

. a2. Les œuvres

— Th. Gautier (1811-1872) [dédicataire des FDM] : jne romantique > très tôt

intérêt pour l’art (critique important) et attachement à son autonomie >

modèle pour poésie, par plasticité et intensité de la représentation.

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* 1852 Émaux et camées > 1857 « L’Art »

— Leconte de Lisle (1818-1894) : attachement à élévation de la poésie

(épique, nott.) > nécessité de l’éloigner, ds l’espace et le temps (S antiques

et barbares) + plasticité et picturalité, ainsi que détails.

* cf. Poèmes antiques (1852) et Poèmes barbares (1862) — parfois

ressemblance avec Baud. (représentation forte de l’exotique + sentiment de

la mort des civilisations).

* ≠ ce : inflexion positiviste (intégration / acquis récents de la philologie et

de l’archéologie, de l’histoire).

— Th. de Banville (1823-1891) : relation suivie et réelle proximité / Baud.

* Gde virtuosité formelle + confrontation ironique au monde

contemporain : cf. Odes funambulesques, 1857.

+ b) Ambivalences d’un livre bipolaire

. b1. Structures

— 100 poèmes exactement (+ « Au Lecteur ») ds édition prévue de 1857 :

jugement du tribunal > doit en enlever 6 ; or revendique précise

composition > cf. ajoute « Tableaux parisiens » pour édition de 1861 (=

inflexion vers SP.)

* 1. Spleen et Idéal = dominance de l’idéal

* 2. Tableaux parisiens = centre de gravité du livre, qui le fait sortir du

romantisme

* 3. Le vin = parmi textes les plus anciens, sympathie socialisante (cf.

boisson des ouvriers)

* 4. Fleurs du mal = éponyme, vision du mal et du sort cruel de ceux qui

s’y livrent.

* 5. Révolte = section ancienne aussi, satanisme byronien

* 6. La Mort = mouvement globalement descendant et « Le voyage »

comme grand poème récapitulatif > fin ambiv. « Au fond de l’Inconnu

pour trouver du nouveau ! »

. b2. Le beau

— Historicité radicale de la recherche du beau < expérience de la modernité =

celle de la laideur (≠ idéalisation [néo-classique] du modèle antique ou des

rêveries exotiques) > dégagement du beau àp. confrontation avec

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l’éphémère ds ce qu’il a de plus répulsif, condition humaine ds toute sa

négativité

* cf. « J’aime le souvenir de ces époques nues » + « À une charogne » +

« Hymne à la beauté » (« Que tu viennes du ciel ou de l’enfer,

qu’importe »)

— Rôle de l’ekphrasis : description détaillée d’œuvre d’art (paradigme de

toute description : cf. bouclier d’Achille) = plusieurs fois d’œuvres

imaginaires > permet de donner forme (idéalisation) à pulsion scandaleuse.

* cf. « À une madone, Ex-voto ds le goût espagnol » = soumission du poète

> planter couteaux ds cœur ; « Une martyre, Dessin d’un maître inconnu »

= projection ds pers. d’un amant assassin (désir illimité > déchaînement

pervers et vain : morte).

. b3. Amour

— Poème d’amour réalisant le désir, ds relation à une destinataire (cf.

« Chevelure ») ; dominante rétrospective de la projection (cf. « Le

Balcon » : « Mère des souvenir, maîtresse des maîtresses »).

— Existe versant idéalisant : cf. poèmes d’amour spirituel adressés à Apolline

Sabatier ; cf. sonnet 42 « Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire » >

idéalisation / couple sado-masochiste + opposition / amoralité (< fusion du

bien et du beau).

— Valeur de l’amour saphique : forme de projection du poète, cf. Paradis

évoque (< grandir ds proximité des fs) « une espèce d’androgynéité, ss

laquelle le génie le plus âpre et le plus viril reste incomplet » =

représentation d’un désir infini et amoral que rien ne peut satisfaire (cf.

« Lesbos », « Delphine et Hypolite »).

. b4. Morale

— Force de la culpabilité < vision marquée par péché originel + comme

scansion du temps qui passe, approfondit la culpabilité, laquelle devient

ressource d’introspection (cf. L’Irrémédiable, L’Horloge, La servante…).

— Satanisme = thème romantique (< Byron voire Milton, Paradise lost…), où

Satan (comme Caïn : cf. « Abel et Caïn ») apparaît avant tout comme

figure d’énergie (cf. Prométhée) et de révolte / D responsable du péché

(« Reniement ds St. Pierre ») : cf. vision satanique de la RF + moralisme

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religieux au service des nantis (cf. « Litanie de Satan » = solidarité avec

révoltés politiques et sociaux).

— Spleen : héritage romantique (cf. Werther, René) + tradition de la

mélancolie (bile noire > tristesse ss cause : discordance désir / R), infléchie

par CB. < dépersonnalisation et même réification comme condition de

l’affirmation subjective > même identification / mort (cf. Spleen II : « je

suis un cimetière abhorré de la lune » + « Désormais tu n’es plus, ô matière

vivante ! / Qu’un granit entouré d’une vague épouvante »)

— Compassion pbmatique, qui se fait jour nott. ds « Tableaux parisiens » :

nott. « Petites vieilles » = entre sanctification de la souffrance (registre

religieux > cercueil comme « nveau berceau » et calcul esthétisant

(« méditant sur la géométrie » + audace rythmique), avec dédicace

signifiante à Hugo < « charité profonde » pas par idéalisation ms par

confrontation ss concession à l’altérité (« monstres » + « aimons-les ! ») :

se demande même (Lettre 1859 à Jean Morel / « Sept vieillards ») si n’a

pas « simplement réussi à dépasser les limites assignées à la Poésie »

* cf. Jackson, ville pour CB = « théâtre de la finitude tragique » > réalité

concrète devient allégorie de la chute (signification ≠ salut des choses, qui

l’habitent intimement [symbole] ms = abstraction dont elles sont

irrémédiablement séparées).

* cf. allégorie, fin MA = forme par excellence de la vanité : cf. « Danse

macabre » + « Squelette laboureur » in FDM.

— 4) Baudelaire traducteur

+ a) Edgar Poe (trad. 1848-1865)

. a1. Baudelaire passeur

— CB. = forge en France image et connaissance d’EP. (1809-1849) (cf.

Mallarmé > Valéry)

— 1848 > sa mort = reconnaissance en France alors que pas évidente en

Amérique [< alcoolisme notammt. ; aspects scandaleux de sa vie

amoureuse]

— CB. découvre en 1847 traduction du « Chat noir » > lettre 1864 : « Savez-

vous pourquoi j’ai patiemment traduit Poe ? Parce qu’il me ressemblait ? »

= S ms aussi phrases qu’il retrouve, écrites 20 ans avant.

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. a2. Convergences

— Marginalité, aristocratisme et dandysme ; antidémocratique (contre

crédulité de la masse), contre mythe du progrès.

— Croyance en la réalité du mal : « je crois que la perversité est une des

primitives impulsion du cœur humain » (NNP) [cf. 1ère NHE = « Le Démon

de la perversité » : un criminel se dénonce lui-même] ; péché originel ≠

progrès.

* cf. lettre à Flaubert 1860 : « de tt temps j’aai été obsédé par

l’impossibilité de me rendre compte de certaines actions ou pensées

soudaines de l’homme ss l’hypothèse de l’intervention d’une force

méchante extérieure à lui. »

* chez Poe : mise en scène de « l’absurde s’installant ds l’intelligence et la

gouvernant avec une épouvantable logique ; — l’hystérie usurpant la place

de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l’esprit et l’h

désaccordé au point d’exprimer la douleur par le rire » ; logique absurde

(folle), causalité obsessionnelle : cf. « Cœur révélateur » comme « Démon

de la perversité » = entre pulsion meurtrière et remords (cf. CB.)

— Convergence fantasmatique : capacité à investir une conscience postérieure

à la mort et qui prend la parole d’outre-tombe (cf. La servante au grand

cœur. » + « Rêve d’un curieux » : « La toile était levée, et j’attendais

encore. »), remise en question de la limite entre la vie et la mort > terrain

du fantastique (cf. « La chute de la maison Usher » = frère enterre sa sœur

vivante par erreur ;

— Importance du calcul poétique [cf. Poe : « The Poetic Principle » + « The

Philosophie of composition » > quasi trad. parfois par NNP]= volontarisme

ds la création, ≠ pensée d’un naturel créateur (cf. VH, voire Musset).

* Intellectualisme permet de disjoindre beau et bien ; lié à métaphysique de

l’It°.

* = ds écriture + à travers pers. : cf. détective Dupin, in « Lettre volée »,

VOIR « Double attentat rue Morgue »

+ b) Les Paradis artificiels (1860)

. b1. Le choix d’un sujet

— Pas tellement exp. bio = rare consommation de haschich, lors de séances

organisées sous surveillance médicale par peintre Boissard ; en revanche,

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ingestion plusieurs fois (< raisons médicales) de laudanum (opium +

alcool)

— Mode : cf. Th. Gautier, Nerval

— Surtt. : recherche paradoxale de rachat / procès des FDM (projet de préface

1861 : « On m’a attribué tous les crimes que je racontais. » > se veut

moraliste.

— > traduit et adapte Confession d’un mangeur d’opium, de Thomas de

Quincey (1821)

. b2. Une position ambivalente : le jugement d’un artiste

— « Le vin exalte la volonté, le haschich l’annihile. » + « Le vin est pour le

peuple qui travaille et qui mérite d’en boire. » = valorisation de la volonté

et de la sociabilité.

— Drogue permet de satisfaire à bon marché « Le goût de l’infini » = ne

perme que « le naturel excessif » > tentation = « emporter le paradis d’un

seul coup » [≠ travail et conscience du créateur]

— CB. infléchit De Quincey ds le sens du tragique < pas de sagesse

rétrospective, pas de réconfort ds souvenir d’enfance (cf. péché originel

pour CB), pas de composition rhapsodique (> effort viril de construction et

de volonté).

— 5) Le Spleen de Paris (1855-1867 >1869)

+ a) Situations :

a1. Le Parnasse et au-delà

— 1866 : publication du premier n° du Parnasse contemporain = mvt. assez

hétérogène, autour des illustres aînés mentionnés / art pour l’art (< poétique

de l’impersonnalité et de la perfection formelle, ds divorce / histoire) +

Baudelaire : aphasique en avril + « Ces jeunes gens me font une peur de

chien. Je n’aime rien tant que d’être seul. Mais ce n’est pas possible. Et il

paraît que l’école Baudelaire existe. »

— article élogieux des jeunes (pas encore de plaquette) Verlaine (Poèmes

saturniens 1866, FG. 1869, RSP. 1874) et Mallarmé ds articles = amorce

du symbolisme : cf. anti-intellectualisme de Verlaine in AP et idéalisme de

Mallarmé VOIR CITATIONS

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* peut s’appuyer sur « Correspondances » de Baud. — qui écrit lettre

enthousiaste à Wagner 1860 > article 1861 : « Il possède l’art de traduire, par

des gradations subtiles, tout ce qu’il y a d’excessif, d’immense, d’ambitieux, ds

l’h spirituel et naturel »

. a2. La question générique :prose et poésie

— Expression « poème en prose » apparaît avec la fin de l’âge classique :

notamment / Fénelon (Télémaque 1699) = fiction dont style recourt aussi à

des caractéristiques de la poésie (rythme, figures) ; cf. aussi traduction en

prose de poésies étrangères, àp. Iliade d’Homère par Mme Dacier 1690

(restituer saveur propre des l’original < s’affranchir / convention de la

poésie fr. : relation de la bienséance et de la convenance avec métrique

[idéalisation courtisane et rationalisante]).

* > cf. trad. de l’anglais : Ossian de Mac Pherson par Turgot 1760 > Sk.…

* > disjonction entre poésie et versification, et relation au lyrisme contre

composante narrative (épique) qui échoit au roman (cf. préromantisme 18e

< poésie lyrique et descriptive, paysagiste : cf. mot même de

« romantisme »).

— > développement au 18e (nott. Rousseau : NH 1762 + Rêveries du

promeneur solitaire 1782 > Chateaubriand) d’une prose qui emprunte ses

ressources à la poésie (nott. : élts. de métrique, refrains…) : prose poétique.

— > ex. pour CB. = Gaspard de la nuit, d’Aloysius Bertrand, 1842

(« Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot ») [cf. nocturne +

représentation parfois burlesque + horreurs de la guerre fin 16e-db.17e].

* Découpage graphique très évident (quasi verset — demande de

« blanchir » la page), ponctuation exacerbée (tiret) + rythme jouant sur

répétitions et régularités.

* = travail de concentration > cf. critère du poème en prose selon Suzanne

Bernard (brièveté, unité, gratuité).

* pensée comme écriture de la captation d’une vision : instantanés

nocturnes / Paris médiéval [comme traductions d’Homère : restitution

d’une particularité + discontinuité] > CB. : « appliquer à la description de

la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé

qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement

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pittoresque. » (SP.60) [cf. époque pose pb. d’image : de représentation, qui

se dérobe]

* cf. dédicace à Arsène Houssaye < auteur d’une « Chanson du vitrier »

humanitaire (1850) qui reprend moule formel proche de Bertrand (cf. SP.

222)

+ b) Le devenir d’un livre : 1855-1869

. b1. La recherche (1855-1862)

— Phase de recherche poétique/générique en prose = projet d’ouvrage

autobiographique inachevé (titres < Poe) :

* Fusées : notes 1855-62 = méditations plus détachées ; « Qu’est-ce que

l’art ? Prostitution. » « Créer un poncif, c’est le génie. » « De Maistre et

Edgar Poe m’ont appris à raisonner. »

* Mon cœur mis à nu : 1859-65 = « où j’entasserai mes colères » >

Confessions de Rss. paraîtront bien pâles (lettre 1861) ; 1863 : « livre de

haine »

— 1855 : « Le crépuscule du soir » et « La solitude »

— 1857 : en revue, « Poèmes nocturnes » = idem + « Les projets »,

« L’horloge », « La chevelure », « L’invitation au voyage » [2 derniers >

cf. poèmes en vers]

* Avec « La belle Dorothée » = 3 poèmes montrant travail entre les genres

(hésitation, tension, « défiguration » cf. Johnson — ms CB recourt encore à

des ressource de la prose poétique (condensée) qu’on trouve chez Bertrand.

— 1861 : [année seconde édition FDM ; annonce « Dorothée » + « Une

femme sauvage à la foire »] « Poèmes en prose » = idem + « Les foules »,

« Les veuves », « Le vieux saltimbanque »

* CB. évoque ds correspondance des Poèmes nocturnes = « essais de

poésie lyrique en prose, ds le genre de Gaspard de la nuit » > annonce

« petit ouvrage » de 40 à 50 poèmes, dont titre = La Lueur et la Fumée ou

Le Promeneur solitaire, Le Rôdeur parisien ou Petits Poèmes en prose.

— 1862 : in jnal La Presse, 26 « Petits poèmes en prose » [dont « À Arsène

Houssaye »] donnés en 4 livraisons.

* évoque à Ste Beuve : « plusieurs paquets de Rêvasseries en prose » (cf.

Rousseau : exploration d’une subjectivité isolée, en butte à la persécution

du monde

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. b2. Affirmations : vers un livre (1863-1869)

— 1863 : Même type de publication

* CB. signe nveau contrat avec Hetzel (< Poulet-Malassis a fait faillite)

pour FDM et Petits Poèmes en prose > ds correspondance, apparaît titre Le

Spleen de Paris, « Pour servir de pendant aux FDM », en annonce 100 :

« Je puis vois garantir un livre singulier et facile à vendre »

* à VH : « J’ai essayé d’enfermer là-dedans toute l’amertume et tte la

mauvaise humeur dont je suis plein. »

— 1864 : se plaint de ne parvenir à achever un livre auquel tient beaucoup

* Interruption publication par Figaro < poèmes en prose « ennuyaient tt le

monde »

— 1865 : Belgique et amertume

* à un directeur de revue / poèmes en prose inachevés : « Mais ce sont des

horreurs et des monstruosités qui feraient avorter vos lectrices enceintes. »

* espère un ouvrage « plus volontaire » que les FDM, « où j’associerai

l’effrayant avec le bouffon, et même la tendresse avec la haine » : annonce

« cent bagatelles » qui ont besoin d’un « bain de multitude » > affirme « Il

y aura ds le volume une classification particulière » (cf. Barbey /

« architecture secrète » des FDM) ; année du sommaire dont on dispose (et

sur lequel se fonde édition) — ms Hetzel renonce, et CB doit chercher nvl

éditeur > Lemer

— 1866 : croit à la sortie prochaine de son livre (en alternance avec phases

d’insatisfaction) > écrit à Ste Beuve :

* « J’ai l’espoir de pouvoir montrer, un de ces jours, un nouveau Joseph

Delorme accrochant sa pensée rhapsodique à chaque accident de sa flânerie

et tirant de chaque O une morale désagréable. »

* « Je suis assez content de mon Spleen. En somme, ce sont encore les

FDM, mais avec beaucoup plus de liberté, et de détail, et de raillerie. »

* Publication « La fausse monnaie » + « Le joueur généreux », sous le titre

« Petits Poèmes lycanthropes »

— 1869 : publication posthume, ss assurance complète si ce n’est :

* 26 premiers textes < La Presse 1862 + sommaire de 1865

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INTRODUCTION

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

I. Baudelaire et la fin des révolutions

— 1. Enfance et famille + a) Monsieur et Madame Baudelaire à Paris : 1821-1827 . a1. François Baudelaire (1759-1827) ; 1er mariage (veuf 1814) > fils Alphonse, né 1805 . a2. Caroline Archenbaut-Defayis (1793-1871) ; orpheline 1800 > Perignon > mariage 1819 . a3. La petite enfance ; 1827-28, Neuilly avec servante Mariette + b) Monsieur et Madame Aupick entre Paris et Lyon : 1828-1839 . b1. Jacques Aupick (1789-1857) . b2. Lyon (1832-36) ; répression / canuts 1831, puis 1834 > commandant Aupick promu colonel . b3. Paris et le collège Louis-le-Grand (1836-1839) ; complot de la Société des Saisons (Blanqui) > répression > Aupick général. — 2. La rupture : 1839-1844 + a) Égarements . a1. Premières rencontres littéraires . a2. Décisives errances : le choix du mal ? Sara ; Aupick veut « l’arracher au pavé glissant de Paris » + b) Châtiment . b1. Voyage ds l’océan indien (juin 41-février 42) ; en fait : île Maurice et Bourbon (Réunion) . b2. Conseil judiciaire ; 1844 (Me Ancelle) — 3. Du dandysme au socialisme : 1844-1851 + a) Dans les pas de Lauzun . a1. Le dandysme ; mot et not° 1820 Fr. < Angl. Brummel (cf. Barbey D’aurevilly : Du dandysme et de Brummel, 1845 ; CB. le théorise en 1863 / C. Guy)

— 1843-1845 = Hôtel de Pimodan, île St. Louis : cf. Lauzun (1633-1723) / Mlle de Montpensier (Gde Mlle, nièce de LXIII)

. a2. La bohème ; blennorragie dès 1839 > syphilis + b) Le moment socialiste . b1. L’exaltation révolutionnaire

— « campagne des banquets » = 22 février 1848 interdit > insurrection ; 2e République (Lamartine, Louis Blanc).

— CB. 24 février : fusil barricade Bucy > « Il faut aller fusiller le gal Aupick » ; A. Blanqui. * cf. Cœur : « Mon ivresse en 1848. / De quelle nature était cettte ivresse ? / Goût de la vengeance. Plaisir naturel de la démolition. / Ivresse littéraire ; souvenir de lectures. » > « 1848 ne fut amusant que parce que chacun y faisait des utopies comme des châteaux en Espagne. / 1848 ne fut charmant que par l’excès même du Ridicule. »

— juin 1848 Cœur : « Les horreurs de Juin. Folie du peuple et folie de la bourgeoisie. Amour naturel du crime. » ; août 1865 à Proudhon (cf. 1840 Qu’est-ce que la propriété ? « c’est le vol »

. b2. Quelle position politique ? — Le Salut public en février-mars 1848 > octobre Représentant de l’Indre, journal des

principes d’ordre et de conservation (Châteauroux) — Cf. Salon de 1846 : joie à voir un « gardien du sommeil public — sergent de ville ou

municipal, la véritable armée — crosser un républicain ? » > « Crosse, crosse un peu plus fort, crosse encore, municipal de mon cœur […] L’homme que tu crosses est un ennemi des roses et des parfums, un fanatique des ustensiles […] Crosse religieusement les omoplates de l’anarchiste ! »

+ c) Le verrouillage du 2 décembre 1851 . c1. Mise en place et développement du régime

— Président de la République au suffrage universel = LNB : 10 décembre 1848-2 déc. 1851. — Le coup d’État : nuit du 1e au 2 décembre (anniversaire du sacre impérial 1804 + victoire

d’Austerlitz 1805) — L’Empire (2 décembre 1852) : De l’extinction du paupérisme 1844 ; 1860 : libre échange /

Angl, 1864 : droit de coalition et de grève [1ère Internationale, Marx] ; 1868 : liberté de la presse et réunions publiques).

. c2. Baudelaire « dépolitiqué » ?

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— CMN (àp. 1859) : « Ma fureur au coup d’État. Combien j’ai essuyé de coups de fusil. Encore un Bonaparte. Quelle honte ! / Et cependant tout s’est pacifié […] / Ce qu’est l’empereur NIII. […] Trouver l’explication de sa nature, de sa providentialité. »

— Lettre à Ancelle, 1852 : « Le 2 décembre m’a physiquement dépolitiqué. Il n’y a plus d’idées générales. Que tout Paris soit orléaniste, c’est un fait, ms cela ne me regarde pas. Si j’avais voté, je n’aurais pu voter que pour moi. Peut-être l’avenir appartient-il aux hommes déclassés ? » ; « Reniement de St. Pierre » (FDM), fin 1851 : « — Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait / D’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve »

. c3. Baudelaire réactionnaire ? 1851-52, lecture Joseph de Maistre (1753-1821), Soirées de St.Pétersbourg ou Entretien sur le gvt temporel de la providence (posth. 1821).

— CB. : Marseillaise = « hymne de la canaille » (1864) et écrit à Nadar 1859 : « La politique est une science ss cœur » (cf. Machiavel) > « Si tu étais Jésuite et Révolutionnaire, comme tout politique doit l’être […] »

— 4. Autour des Fleurs du Mal : 1852-1864 + a) Des femmes . a1. La mère . a2. Jeanne Duval ; maîtresse CB. 1842 ; née en 1827 ; [11 sept. 1856] « cette femme était ma seule distraction, mon seul plaisir, mon seul camarade » . a3. Marie Daubrun ; cf. lettre ss doute 1848 ou après : « Par vous, Marie, je serai fort et grand. […] Soyez mon ange gardien, ma Muse et ma Madone, et conduisez-moi dans la route du Beau. » . a4. Mme Sabatier ; née 1822 ; 1847 : Femme piquée par un serpent ; « Présidente » selon Gautier.

— anonymement poèmes àp décembre 1852 : « À celle qui est trop gaie » > 1853 « Réversibilité », « L’Aube spirituelle », « Confession » > 1854 « Le Flambeau vivant »… ; « Je suis un égoïste, je me sers de vous. » ; août 1857 > « enfin il y a qqs jours, tu étais une divinité, ce qui est commode, ce qui est beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant. »

+ b) Publication et procès . b1. Une condamnation mesurée ; Ernest Pinard . b2. Une notoriété ; Sainte Beuve (« pétrarquisant sur l’horrible ») ; Banville, Leconte de Lisle + e) Préoccupations matérielles . e1. Le dénuement . e2. Étranges candidatures — 5. La Belgique et la mort : 1864-1867 + a) Un exil ? . a1. Échecs

— 1865 : « Pourquoi je reste à Bxles, — que je hais pourtant ? — D’abord parce que j’y suis, et que ds mon état actuel, je serai mal partout » = « misanthropie » < « sensibilité trop vive » ; Poulet-Malassis, Arthur et Joseph Stevens (cf. « Bons chiens »), Félicien Rops.

. a2. La Belgique déshabillée ; « tous ces gens sont plus bêtes que les français » > « essayage de mes griffes. Je m’en servirai plus tard contre la France. » + b) Une agonie . b1. La maladie ; crise cérébrale janvier 1860 ; Hygiène : « J’ai cultivé mon hystérie avec jouissance et terreur. […] aujourd’hui 23 janvier 1862, j’ai subi un singulier avertissement, j’ai senti passer sur moi le vent de l’aile de l’imbécillité. » ; 1865 : névralgie > mars 1865, Namur.

. b2. La mort ; 31 mars 1865 = hémiplégie ; Paris juin 1866 ; janvier 1867 « Non, cré nom » ; meurt 31 août 1867.

II. Baudelaire : critique et poésie

— 1. Romantismes + a) Le sujet et l’histoire : 1820-1830 . a1. Mouvement romantique émerge àp 18e siècle :

— romantic < romances ≠ novels plus réalistes fr. àp 1770 > « pittoresque », « romanesque » puis « romantique » (cf. poésie « descriptive » < Seasons de Thomson 1730 > fr. 1759) ; Rousseau > cf. Rêveries du promeneur solitaire (posth. 1782)

— Kant, Critique du jugement 1790 ; Hegel, Phénoménologie de l’esprit 1806 . a2. 1820 : Méditations poétiques, Lamartine — avènement des « mages » (Bénichou)

— Conservateur d’abord (catholique et monarchiste) : Chateaubriand (né 1768), Lamartine (né 1790) et Vigny (1797) > vers positions républicaines àp. 1830 ; VH (1802) : 1824, Préface Odes : le poète « doit marcher devant les peuples comme une lumière et leur

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montrer le chemin. » > Préface 1859 Légende des siècles = montrer « le grand fil mystérieux du labyrinthe humain, le Progrès. »

. a3. 1830 : Hernani de Hugo ; « Le romantisme n’est, à tout prendre, que le libéralisme en littérature. » + b) Le désenchantement : 1830-1850 . b1. Une histoire désespérante

— Guizot ap. 1840 : « Enrichissez-vous, par le travail et par l’épargne » ; 1831 et 1834 canuts > 1834 républicains rue Transnonain.

. b2. L’école du désenchantement (Bénichou) — Ste-Beuve 1804, Nerval 1808, Musset 1810 (Lorenzaccio 1834 + La Confession d’un

enfant du siècle 1836) ; Gautier 1811 — 2. Baudelaire critique + a) Art : des Salons (1845, 1846, 1859) au Peintre de la vie moderne (1863) [1er textes publiés] . a1. Romantisme

— (S.45) : « pour être juste, cad. pour avoir sa raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, cad. faite à un point de vue exclusif, mais au pt. de vue qui ouvre le plus d’horizons. » ; CMN = « Glorifier le culte des images, ma grande, mon unique, ma primitive passion. » ; l’idéal = « l’individu redressé par l’individu, reconstruit et rendu par le pinceau ou le ciseau à l’éclatante vérité de son harmonie native » (S.46)

— E. Delacroix. > cf. romantisme = « l’expression la plus récente, la plus actuelle, du beau » (S.45) ; peinture ED. « parle surtout au souvenir », « mélancolie », « mnémotechnie du beau » (S.45) > théorisation de l’It° in S.59 = « reine des facultés » < art comme vision : « L’It° est la reine du vrai, et le possible est une province du vrai. Elle est positivement apparentée à l’infini. »

. a2. Modernité — faire voir « combien ns sommes grands et poétiques ds nos cravates et nos bottes vernies »

(S45) > S46 = double nature du beau : « Toutes les beautés contiennent […] qqch. d’éternel et qqch. de transitoire. » ; 1863 PVM / Constantin Guy : « le beau est tj., inévitablement, d’uen composition double, bq. l’impression qu’il produit soit une […] Le beau est fait d’un élt. éternel, invariable, et dont la quantité est extrêmement difficile à déterminer, et d’un élt. relatif, circonstanciel, qui sera, si l’on veut, tout à tour ou tt ensemble, l’époque, la morale, la passion. Sans ce second élt., qui est comme l’enveloppe amusante, titillante, apéritive, du divin gâteau, le premier élt. serait indigestible, inappréciable, non adapté et non approprié à la nature humaine. » ; « Il s’agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique ds l’historique, de tirer l’éternel du transitoire. »

. a3. Caricature — « De l’essence du rire » (1855) = « signe satanique » ; « comique significatif », satirique <

« supériorité de l’homme sur l’homme » (Molière, Voltaire Rabelais) / « comique absolu » ou « grotesque » < supériorité de l’homme sur la nature (Hoffmann) ; rév. 1830 > « fièvre caricaturale » (nott. Daumier), « prodigieuse comédie satanique » (« Quelques caricaturistes français », 1857) > glissement vers le fantastique, Daumier = « vous verrez défiler devant vos yeux, ds sa réalité fantastique et saisissante, tout ce qu’une grande ville contient de vivantes monstruosités. »

+ b) Littérature : Entre les « Notes nouvelles sur Edgar Poe » (1857) et les Réflexions sur quelques uns de mes contemporains (1861) . b1. Culte de la forme ?

— ≠ Victor Cousin > « La poésie […] n’a d’autre but qu’elle-même. » (NNP. 1857) — Ms 1852 / « École païenne » (premiers « parnassiens » : Banville, Leconte de Lisle) =

« La passion frénétique de l’art est un chancre qui dévore le reste ; et, comme l’absence nette du juste et du vrai ds l’art équivaut à l’absence d’art, l’homme entier s’évanouit ; la spécialisation excessive d’une faculté aboutit au néant. » + « Renier les efforts de la société précédente, chrétienne et philosophique, c’est se suicider […] »

— Calcul > cf. sur Madame Bovary (1857) : « Soyons donc vulgaire ds le choix du sujet, puisque le choix d’un sujet trop grand est une impertinence pour un lecteur du XIXe siècle. »

. b2. Correspondances — « TH. Gautier » (1859) : « il y a ds le mot, ds le verbe, qqch. de sacré qui ns défend d’en

faire un jeu de hasard. Manier savamment une langue, c’est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. » ; NNP. 1857 : « L’It° est une faculté quasi divine qui perçoit tout

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d’abord, en dehors des méthodes philosophiques, les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances et les analogies. » > « C’est cet admirable, cet immortel instinct du Beau qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme une correspondance du Ciel. […] C’est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique que l’âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau. » ; « VH » in Réflexions 1861 : « Tout est hiéroglyphique », signification des choses forme « l’inépuisable fond de l’universelle analogie » ( Fourier, Swedenborg).

. b3. Réalisme — « Tt bon poète fut tj. réaliste. Équation entre l’impression et l’expression. » (« Exposition

universelle », 1855) ; « Pierre Dupont » (1851) : « Il est impossible […] ne de pas être touché du spectacle de cette multitude respirant la poussière des ateliers, avalant du coton, s’imprégnant de céruse, de mercure et de tous les poisons nécessaires à la création des chefs-d’œuvre, dormant ds la vermine, au fond des quartiers où les vertus les plus humbles et les plus grandes nichent à côté des vices les plus endurcis et des vomissements du bagne […] » ; « l’art moderne a une tendance essentiellement démoniaque » (/ Banville 1861).

— 3) Les Fleurs du mal (1857-1861) + a) Situation : l’art pour l’art . a1. L’art sans l’histoire ? « Monsieur Prudhomme » de Verlaine, 1862 : « Il est grave : il est maire, et père de famille. ») . a2. Les œuvres

— Th. Gautier (1811-1872) ; 1852 Émaux et camées > 1857 « L’Art » ; Leconte de Lisle (1818-1894) : Poèmes antiques (1852) et Poèmes barbares (1862) ; Th. de Banville (1823-1891) : Odes funambulesques (1857).

+ b) Ambivalences d’un livre bipolaire . b1. Structures : 100 poèmes 1857 > 1861 : 1. Spleen et Idéal / 2. Tableaux parisiens / 3. Le vin / 4. Fleurs du mal / 5. Révolte / 6. La Mort > « Le voyage » : « Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! » . b2. Le beau

— Historicité : cf. « J’aime le souvenir de ces époques nues » + « À une charogne » + « Hymne à la beauté » (« Que tu viennes du ciel ou de l’enfer, qu’importe »)

— Ekphrasis : cf. « À une madone, Ex-voto ds le goût espagnol », « Une martyre, Dessin d’un maître inconnu »

. b3. Amour : Désir : « Chevelure », « Le Balcon » : « Mère des souvenir, maîtresse des maîtresses ») / versant idéalisant : cf. sonnet 42 / saphique : Paradis évoque « une espèce d’androgynéité, ss laquelle le génie le plus âpre et le plus viril reste incomplet » > cf. « Lesbos », « Delphine et Hypolite ». . b4. Morale

— Culpabilité : cf. « L’Irrémédiable », « L’Horloge », « La servante au grand cœur… » / Satanisme (< Byron voire Milton) : cf. « Abel et Caïn », « Reniement ds St. Pierre », « Litanie de Satan » / Spleen (cf. Werther, René) > dépersonnalisation, réification, mort : cf. « Spleen » II : « je suis un cimetière abhorré de la lune » + « Désormais tu n’es plus, ô matière vivante ! / Qu’un granit entouré d’une vague épouvante » / Compassion pbmatique : « Petites vieilles » = « nouveau berceau » ms « méditant sur la géométrie » + à Hugo < « charité profonde » :« monstres » + « aimons-les ! » ; lettre 1859 / « Sept vieillards ») : se demande si n’a pas « simplement réussi à dépasser les limites assignées à la Poésie » ; cf. Jackson, ville CB = « théâtre de la finitude tragique » > allégorie, fin MA = forme par excellence de la vanité : cf. « Danse macabre » + « Squelette laboureur .

— 4) Baudelaire traducteur + a) Edgar Poe (1809-1849 ; trad. CB. 1848-1865) . a1. Baudelaire passeur ; 1847 trad. « Chat noir » > lettre 1864 : « Savez-vous pourquoi j’ai patiemment traduit Poe ? Parce qu’il me ressemblait ? » . a2. Convergences

— Mal : « je crois que la perversité est une des primitives impulsion du cœur humain » (NNP) (cf. 1ère NHE = « Le Démon de la perversité ») ; péché originel ≠ progrès ; lettre à Flaubert 1860 : « de tt temps j’aai été obsédé par l’impossibilité de me rendre compte de certaines actions ou pensées soudaines de l’homme ss l’hypothèse de l’intervention d’une force méchante extérieure à lui. » ; mise en scène de « l’absurde s’installant ds l’intelligence et la gouvernant avec une épouvantable logique ; — l’hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l’esprit et l’h désaccordé au point d’exprimer la douleur par le rire » (cf. « Cœur révélateur »)

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— Mort : cf. « Rêve d’un curieux » : « La toile était levée, et j’attendais encore », > fantastique (cf. « La chute de la maison Usher »)

— Calcul : Poe , « The Poetic Principle » + « The Philosophie of composition » > quasi trad. NNP ; cf. détective Dupin, in « Lettre volée ».

+ b) Les Paradis artificiels (1860) . b1. Le choix d’un sujet

— Projet de préface 1861 : « On m’a attribué tous les crimes que je racontais. » moraliste ; Confession d’un mangeur d’opium, de Thomas de Quincey (1821)

. b2. Une position ambivalente : le jugement d’un artiste — « Le vin exalte la volonté, le haschich l’annihile. » + « Le vin est pour le peuple qui

travaille et qui mérite d’en boire » ; « Le goût de l’infini » ms que « le naturel excessif » > « emporter le paradis d’un seul coup »

— 5) Le Spleen de Paris (1855-1867 >1869) + a) Situations :

a1. Du Parnasse au symbolisme — 1866 Parnasse contemporain = « Ces jeunes gens me font une peur de chien. Je n’aime

rien tant que d’être seul. Mais ce n’est pas possible. Et il paraît que l’école Baudelaire existe. » ; Verlaine (Poèmes saturniens 1866, Fêtes galantes 1869, Romances sans paroles 1874) et Mallarmé ;

. a2. La question générique :prose et poésie — Fénelon (Télémaque 1699) ; cf. aussi àp. Iliade d’Homère par Mme Dacier 1690 > cf. trad.

de l’anglais : Ossian de Mac Pherson par Turgot 1760 — Gaspard de la nuit, d’Aloysius Bertrand, 1842 (« Fantaisies à la manière de Rembrandt et

de Callot ») > « appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque. » (SP.60)

+ b) Le devenir d’un livre : 1855-1869 . b1. La recherche (1855-1862)

— Phase Fusées : notes 1855-62 = méditations plus détachées ; « Qu’est-ce que l’art ? Prostitution. » « Créer un poncif, c’est le génie. » « De Maistre et Edgar Poe m’ont appris à raisonner. » / Mon cœur mis à nu : 1859-65 = « où j’entasserai mes colères » > « Confessions de Rss. paraîtront bien pâles » (lettre 1861) ; 1863 : « livre de haine »

— 1855 : « Le crépuscule du soir » et « La solitude » ; 1857 : en revue, « Poèmes nocturnes » = idem + « Les projets », « L’horloge », « La chevelure », « L’invitation au voyage »

— 1861 : [année seconde édition FDM ; annonce « Dorothée » + « Une femme sauvage à la foire »] « Poèmes en prose » = idem + « Les foules », « Les veuves », « Le vieux saltimbanque » * CB. évoque des Poèmes nocturnes = « essais de poésie lyrique en prose, ds le genre de Gaspard de la nuit » > annonce « petit ouvrage » de 40 à 50 poèmes, dont titre = La Lueur et la Fumée ou Le Promeneur solitaire, Le Rôdeur parisien ou Petits Poèmes en prose.

— 1862 : in jnal La Presse, 26 « Petits poèmes en prose » [dont « À Arsène Houssaye »] donnés en 4 livraisons. * évoque à Ste Beuve : « plusieurs paquets de Rêvasseries en prose »

. b2. Affirmations : vers un livre (1863-1869) — 1863 : ds correspondance, apparaît titre Le Spleen de Paris, « Pour servir de pendant aux

FDM », en annonce 100 : « Je puis vois garantir un livre singulier et facile à vendre » ; « J’ai essayé d’enfermer là-dedans toute l’amertume et tte la mauvaise humeur dont je suis plein. » 1865, Belgique et amertume : « Mais ce sont des horreurs et des monstruosités qui feraient avorter vos lectrices enceintes. » ; espère un ouvrage « plus volontaire » que les FDM, « où j’associerai l’effrayant avec le bouffon, et même la tendresse avec la haine » : annonce « cent bagatelles » qui ont besoin d’un « bain de multitude » > affirme « Il y aura ds le volume une classification particulière » ;

— 1866, à Ste Beuve : « J’ai l’espoir de pouvoir montrer, un de ces jours, un nouveau Joseph Delorme accrochant sa pensée rhapsodique à chaque accident de sa flânerie et tirant de chaque O une morale désagréable. » ; « Je suis assez content de mon Spleen. En somme, ce sont encore les FDM, mais avec beaucoup plus de liberté, et de détail, et de raillerie. » * Publication « La fausse monnaie » + « Le joueur généreux », sous le titre « Petits Poèmes lycanthropes »

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SPLEEN ET GENRES

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

— Intro. :

+ Attaque : genre paradoxal = liée chez Baud. à tonalité lyrique paertic. — au momeny où

poésie se détache du lyrisme subjectiviste (Parnasse > symbolisme etc.)

. Individualisme poétique > PP comme forme de libération des règles, ss tonalité

clairement dominante :

— cf. Mallarmé et spéculation, Rimbaud + surR = voyance, Max Jacob = plus

grinçant.

— forme d’une subj. qui met à l’épreuve le lyrisme ?

+ Analyse :

. Spleen : cf. mot apparaît 1745 (> 1776 : « splénétique » ou « spleenétique ») chez

Volt. et Did. (« spline ») < angl. : spleen = « rate » > humeur noir, mélancolie : cf. lat. splen,

spleneticus, gc. splèn < médecine plaçait ds rate cause de la mélancolie = humeur noire.

— > tradition de valorisation : cf. txt. attribué à Aristote, Problème XXX,1 =

« ts les hs qui furent exceptionnels en philosophie, en politique, en poésie

ou ds les arts étaient manifestement mélancoliques. » ; peut expliquer

inspiration.

— phases de rejets +/- : surtt. classicisme (< relation / irrationalité), MA +

ambivalent / acedia (= pensées noires assaillant les ermites : tentations, <

démon)

— valorisation : cf. Renaissance / poésie (Charles d’Orléans, De Bellay

[relation astrologique avec planète Saturne] > Trisan L’Hermite baroque

db. 17e) > surtt. romantisme :

* Lien natif avec le romantisme : < valorisation de la subj. comme telle +

lié à la perception de la fin d’un monde (cf. Chateaubriand, Lamartine,

Vigny = aristocrates), puis au constat du divorce entre aspirations subj. et

réalité prosaïque du monde contemporain (Musset, Gautier) [croissant àp.

MJ] + inquiétude métaphysique (poésie comme exploration de l’inconnu,

aux frontières parfois de la folie : Nerval, Hugo).

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— > choix de ce titre = forme de revendication d’une intériorité lyrique (cf.

Lamartine, Hugo) ?

* cf. « Pour servir de pendant aux FdM » < tj. représentation de la noirceur

intérieure et contemporaine ; mais (cf. + de liberté, de détails et de raillerie)

plus d’élévation esthétique (et métaphysique) : plus de « Fleurs »

* mais : « de Paris » < génitif subj. (ressenti par Ps.) ou obj. (inspiré par

Ps.) = vers dépersonnalisation (cf. foule), voire réification (cf. Jackson).

— Sujet suppose mise en relation d’une humeur pbmatique (métaphorique :

allégorique : Ps. comme allégorie — discordance entre le signe et ce qu’il

signifie : cf. Benjamin) / genre pbmatique.

* Pb. de l’humeur < diversité du texte : cf. Hémisphère, Invitation, voire

Dorothée = plutôt ode (≠ mélancolie élégiaque) / bcp de poèmes satiriques

(cf. ironie du titre : « Un plaisant », « Le galant tireur »)

. Genres :

— permet classement des œuvres par catégories selon des critères très variées,

explicitement prescriptif ou pas, avec différences entre pt. de vue de

l’auteur et celui des lecteurs.

* « mode » énonciatif : parler en son nom propre / pas (diégésis / mimèsis

selon Plat. = théâtre / récit > Arist. regroupe les 2 ds le mimétique)

* « objet » : action (> histoire : théâtre [tragédie, comédie] et récit [épopée,

roman > nouvelle]) ≠ sentiments : lyrisme pas envisagé par Arist..

(différenciation thématique interne : ode, élégie, satire…)

* « moyen » = prescription formelle : cf. unités classiques, usage des vers /

prose, de types de vers ou de strophes (cf. sonnet).

— grande conception synthétiques nott. proposées à l’époque romantique :

* Goethe > Hegel (Esthétique — posth. 1835) > Hugo (Préface de

Cromwell, 1827) = trois grands genres correspondant à une évolution

historique : épique (peuple) > lyrique (âme individuel) > dramatique

(synthèse ; VH : confrontation à un monde pbmatique).

* Romantisme porte en lui aspiration à un dépassement des genres, à une

œuvre totale (cf. ambition du roman [dire et manifester le devenir multiple

du monde] + visée de l’art wagnérien : CB. découvre W en 1860 et lui

écrit) + conscience de son impossibilité (> tendance au fragment, qui par

son inachèvement manifeste le tout qu’il vise : cf. Friedrich Schlegel,

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Fragments critiques 1798 + Pensées et Carnets de Joubert > CB. lui-

même : Fusées).

— Incertitude / titre < CB mort avant publication :

* PPP = accentue paradoxe formel (cf. a l’impression d’avoir franchi

« limites assignées à la poésie » avec « Neuf vieillards ») poème / prose,

l’assumant tt en le minorant (« ptts » : œuvre mineure ? en rabattre /

ambition esthétique des FDM ? du métaphysique sérieux vers l’intime

satirique ?) + affichant plutôt esthétique du fragments [≠ orchestration des

Contemplations 1856 ou architecture de Mme Bovary 1857]

+ Pbmatique :

Dans quelle mesure une tonalité mélancolique particulière, entre élévation et

destruction de l’aspiration poétique, peut-elle éclairer le choix générique caractérisant le

SP¨ ?

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SPLEEN ET GENRES

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

— I. Spleen et prose : le style, du vers à la phrase

+ 1) « Une prose poétique » ?

. a> Éléments d’une harmonie lyrique

. b> « À Arsène Houssaye » : « ondulations » et « soubresauts »

+ 2) Défiguration du langage poétique (B. Johnson) Les doubles

. a> Narrativisation

. b> Littéralisation

— II. Spleen et poème : le poème, entre nouvelle et moralité + 1) Un ordre spécifique

. a> Émaux et camées?

. b> L’idéal de la nouvelle

+ 2) Diversité, dualité

. a> Tonalités hétérogènes

. b> Permanence allégorique ?

— III. Spleen et poésie : le serpent, la ville, et le livre + 1) Éléments de composition

. a> Ni queue ni tête

. b> Connexions

+ 2) Forme et mouvement

. a> Le port et le thyrse

. b> « une vie moderne et plus abstraite »

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VILLE ET POÉSIE

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

— Intro. :

+ Attaque :

. Élection du paysage urbain par Baud. < cf. haine de la nature (comme réalité ≠

référence symbolique, métaphysique, paradigme des correspondances) : cf. « Un rêve

parisien »

+ Analyse :

. Poésie : < gc poiesis < poein = « faire, fabriquer, créer » : double orientation

— fabrication : art (technique : cf. travail) = Arist. > classicisme : parvenir à la

représentation (schématisation du réel > approche du vrai) par des règles de

construction, portant sur l’invention (imaginaire : recours au mythe et à

l’histoire / non), la disposition (structure) et l’expression (mètre, lexique,

figures).

* classicisme (MA aussi, ms pas ds perspective mimétique) > Gautier et le

Parnasse (cf. Petit traité de poésie française de Banville, 1872) : cf. Baud.

se réclamant aussi de Poe = contre effusion subjective romantique (<

authenticité trompeuse, ds son exigence de singularité créatrice /

instauration d’un monde marchand).

— création : puissance démiurgique qui met poète en relation intime avec

énergie formatrice du monde lui-même, cf. figure d’Orphée, qui charme les

anx, voire les rochers et les plantes.

* > pensée de la poésie comme inspiration : Plat. > Renaiss. (« fureur »

Rons.) > romantisme, symbolisme, surR.

* élts. chez Baud. : « sorcellerie évocatoire » (< langue) +

« Correspondance » ; SP. = cf. « fréquentation des villes énormes » +

« croisements de leurs innombrables rapports » > pas seulement

« rêveries » ms aussi « idéal obsédant » de la « prose musicale, sans rythme

et sans rime », avec « ondulations » et « soubresauts ».

. Ville :

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— < villa (maison ds domaine rurale : implantation et expansion = historicité,

devenir) ; lat. urbs (> urbain) ms aussi cf. civitas (ensemble de citoyens) =

polis gc. = se prête au symbole et à l’allégorie.

— Espace urbain : enjeu très contemporain + mythique

* Cf. métamorphose de Paris < Haussmann : rationalisation de l’espace

parisien < insalubre + se prêtant trop aux émeutes et barricades : élargir

les rues et boulevards + remplacer pavés par macadam (+ pb.

d’expropriation) : cf. « Le cygne » = « Le vieux Paris n’est plus (la

forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un

mortel) »81-3

* Fin du paris médiéval (cf. ND Ps de VH 1831) + emprise du pouvoir

et de l’argent sur la ville.

* Mythe : cf. Caïn comme premier bâtisseur de ville = à la suite de la

chute d’Adam et Eve, dont premier enfant : espace du travail, de la

peine et du péché (cf. Babylone ds Bible ≠ Jérusalem…) ; cf. aussi db.

de La Fille aux yeux d’or de Balzac (1835) = Ps. comme enfer de Dante

où l’ascension sociale est une montée de cercle en cercle, refrain =

« l’or et le plaisir ».

* ordre urbain = en rupture avec tte origine mythique du bien

— > perception d’une communauté sociale et politique : espace d’inscription

des relations sociales et du pouvoir politique (cf. Les Misérables 1862 ≠

NDP 1831) [cf. Les Mystères de Ps d’E. Sue, 1842-3 = espace de sacrifice

et de rédemption].

* Ds SP. : présence sociale plus que géographique et architecturale < « vie

moderne et plus abstraite », difficulté de représentation du contemporain ;

cf. ≠ / forme de naturalisation de la ville chez VH, et même parfois chez

CB in « Tableaux parisiens », cf. « Fourmillante cité, cité pleine de rêves »

(« 7 vieillards ») > ville ≠ « La nature est un temple où de vivants piliers /

Laissent parfois sortir de confuses paroles »

. Lettre à AH = dit vouloir décrire « vie » > large : ville comme espace et matériau /

une représentation littéraire (empreinte de subjectivité > inspiration, expression).

+ Pbmatique :

Ds quelle mesure la poésie propre au SP consiste-t-elle en une représentation de la réalité matérielle, politique et sociale de la ville ?

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— I. L’utopie du réel

+ 1) Le refus de la nature

. a> Exotisme et pacotille

. b> Rousseau revisité

+ 2) L’impossible description

. a> Indications

. b> Désert allégorique

. c> Portraits

— II. Poésie du « rôdeur parisien »

+ 1) Sociologie de l’enfer

. a> Méchanceté

. b> Bêtise

. c> Souffrance

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+ 2) « L’homme des foules »

. a> « Multitude, solitude »

. b> Dandysme et moralisme

— III. De l’enfer au paradigme ?

+ 1) Le choc

. a> Accidents et rencontres : temporalité urbaine

. b> Violences quotidiennes

. c> Une poésie mortifiée

+ 2) « du croisement de leurs innombrables rapports »

. a> Pulvérisation

. b> Connexions

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VILLE ET POÉSIE

Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

— I. Représentation : l’utopie du réel

+ 1) Le refus de la nature

. a> Exotisme et pacotille

. b> Rousseau revisité

+ 2) L’impossible description

. a> Indications

. b> Désert allégorique

. c> Portraits

— II. Lyrisme d’un « rôdeur parisien »

+ 1) Les âmes damnées

. a> Méchanceté

. b> Bêtise

. c> Souffrance

+ 2) « L’homme des foules »

. a> « Multitude, solitude »

. b> Dandysme et moralisme

— III. Poésie urbaine : de l’enfer au paradigme ?

+ 1) Le choc

. a> Accidents et rencontres : temporalité urbaine

. b> Violences quotidiennes

. c> Une poésie mortifiée

+ 2) « du croisement de leurs innombrables rapports »

. a> Pulvérisation

. b> Connexions

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L’ÉCRITURE DU MAL

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

— Intro. :

+ Attaque :

+ Analyse :

. Le mal : tout ce qui affecte et fait souffrir un individu > subi ou provoqué > « pb. du

mal » [≠ simplement constat] = justification, explication (cf. Volt. / Leibnitz)

— domaine éthique (moral), politique et social (organisation de la société par

l’État ds la visée du bien commun), métaphysique (cf. ordre du monde /

péché originel)

. Écriture : = acte (cf. définition de Barthes) > pb. du positionnement éthique de

l’écriture baudelairienne ; « hérésie de l’enseignement » (NNP)

— = disjonction du beau / vrai et bien (≠ pente de la pensée romantique : VH

[cf. LS. « Puissance égale bonté »] ; voire même, forme d’affinité entre le

mal, le faux (artificiel : cf. « Éloge du maquillage » in Le Peintre de la vie

moderne (1862) = « dès que nous sortons de l’ordre des nécessités et des

besoins pour entrer ds celui des luxes et des plaisirs, nous voyons que la

nature ne peut conseiller que le crime. » / « La vertu, au contraire, est

artificielle, surnaturelle […] » < prophètes et dieux, hs seul incapable

[ambivalent < choix délibéré, artificiel du mal — et valorisation de formes

de plénitude naturelle]

* Sartre (Baudelaire, 1947) : inauthenticité radicale de CB < a voulu

réaliser l’image que les autres se faisaient du mal : « il a choisi d’exister

pour lui-même comme il était pour les autres » = « Il réclame des juges » ;

ne supporte pas solitude de la vraie liberté (assumer seul ses choix > de

faire un destin) > satanisme : Satan = « le symbole des enfants

désobéissants et boudeurs », « qui font le Mal ds le cadre du Bien pour

affirmer leur singularité et la faire consacrer. » ; tj. occupé de soi : « il

regarde pour se voir regarder »

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* Bataille (La litt. et le mal, 1957 — ms article àp. 1948) : vérité de la

poésie ds cette attitude < analyse morale de Sartre est juste ms ne spécifie

pas monde de la poésie / celui de l’action (= sphère de l’engagement

politique sartrien) ; or, poète veut participation mystique actuelle du S à

l’O, cad. « l’impossible » > échappe à la réification (en particulier

capitalisme bourgeois) : « Mais le seul moyen de n’être pas réduit au reflet

des choses n’est-il pas, en effet, de vouloir l’impossible ? »

+ Pbmatique : génitif subj. et obj. ds relation entre les termes

Ds quel mesure le mal constitue-t-il un principe moteur ds le style, la composition

et le genre même du SP ?

— I. Une écriture de la perversité

+ 1) Dandysme et sadisme

. a> Jouissance de la singularité

. b> Jouissance du mal

+ 2) Pouvoir et perversion

. a> Plaisirs de despote

. b> Insidieuse jouissance esthétique

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— II. Une écriture de la souffrance

+ 1) Les prison du désir

. a> Solitude

. b> Déception

. c> Ennui

+ 2) Apparitions des Misérables

. a> Pauvres bougres

. b> Pauvres fous

. c> Sans innocence

— III. Une écriture de la laideur ?

+ 1) Une défiguration poétique

. a> Esthétisation du mal ?

. b> Injuste beauté

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. c > Méthode

+ 2) Beauté abstraite ?

. a> Diversité (caricature, comique absolu)

. b> Intelligence

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L’ÉCRITURE DU MAL

Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

— I. Une écriture de la perversité

+ 1) Dandysme et sadisme

. a> Jouissance de la singularité

. b> Jouissance du mal

+ 2) Pouvoir et perversion

. a> Plaisirs de despote

. b> Jouissance de classe

— II. Une écriture de la souffrance

+ 1) Les prison du désir

. a> Solitude

. b> Déception

. c> Ennui

+ 2) Apparitions des Misérables

. a> Pauvres bougres

. b> Pauvres fous

. c> Sans innocence

— III. Une écriture de la laideur ?

+ 1) Satan, Vénus et le Beau

. a> Esthétisation du mal ?

. b> Cruelle beauté

+ 2) Beauté abstraite ?

. a> Diversité

. b> Intelligence

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UNE POÉSIE POLITIQUE ? Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

— Intro. :

+ Attaque :

In NNP, CB. évoque hérésie majeure de l’époque contemporaine / poésie : « hérésie

de l’enseignement » (comprend celles de la passion, de la vérité et de la morale).

> quelle politique possible, au-delà des postures de provocation ?

+ Analyse :

. Politique : cf. cité + qui concerne l’ens. des citoyens (société + sa place / État), et en

particulier l’organisation (modalités, action) du pouvoir (relations : citoyens / société /

gouvernement).

— différencier le / la politique : conception et organisation, exercice [sens +

abstrait et général] / action concrète de conquête et conservation du pouvoir

> politique de Baud. ≠ seulement prises de position circonstancielles / tel

ou tel régime (cf. CB. républicain en 48 / maistrien après) : existe à travers

ses écrits un travail plus constant et continu / pouvoir et société.

. > poésie : cf. / mal

— paradoxe < pratique solitaire, et de peu de reconnaissance publique (mais

scandale + candidatures)

— < pratique abstraite, de peu de lien / réalité concrète des rapports sociaux et

des jeux de pouvoirs

+ Problématique :

En quoi activité créatrice dans le langage, tq. la spécifie Baudelaire, concerne-t-

elle l’organisation et la pratique du pouvoir dans la société ?

— I. Réaction despotique

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+ 1) Haine de la bourgeoisie

. a> Isolement aristocratique

. b> La bêtise du commun

. c> Épater le bourgeois (transgression)

+ 2) Haine de la fraternité

. a> Utopies immolées (solitude, assommons)

. b> Mal radical (gâteau)

. c> Agression du lecteur

— II. Une compassion sacrificielle

pas Hugo (puissance bonté)

+ 1) Expression des souffrances

. a> Le choix des réprouvés

. b> Chocs naturalistes

. c> Accusations

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+ 2) Exécution souveraine (Delacroix)

. a> Victimes arbitraires

. b> Du crime considéré comme un des beaux-arts

. c> Problématique rédemption

— III. Poésie du « premier venu »

proximité de la victime et du bourreau

+ 1) Solitude et multitude

. a> Communion anonyme

. b> Le poète comme personne

+ 2) Poésie et conspiration

. a> À demi-mot (Blanqui)

. b> Vanité (portée pratique nulle)

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UNE POÉSIE POLITIQUE ? Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

— I. Une réaction despotique

+ 1) Haine de la bourgeoisie

. a> Isolement aristocratique

. b> La bêtise du commun

. c> Épater le bourgeois

+ 2) Haine de la fraternité

. a> Utopies immolées

. b> Mal radical

. c> Agression du lecteur

— II. Une compassion sacrificielle

+ 1) Expression des souffrances

. a> Le choix des réprouvés

. b> Chocs naturalistes

. c> Accusations

+ 2) « L’exécution idéale »

. a> Victimes arbitraires

. b> Du crime considéré comme un des beaux-arts

. c> Problématique rédemption

— III. La poésie du « premier venu »

+ 1) Solitude et multitude

. a> Communion anonyme

. b> Le poète comme personne

+ 2) Poésie et conspiration

. a> À demi-mot

. b> Vanité

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L’IMPOSSIBLE AMOUR ?

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

— Intro. :

+ Attaque :

. Muse : lien privilégié de la poésie / amour < pensée de l’inspiration (force qui porte

poète et le dépasse, incarnée par 9 divinités féminines — par genres et arts, en cortège

précédé par Apollon > poésie courtoise) ; d’autant que recentrage de la poésie sur lyrisme

subjectif avec romantisme : cf. « Lac » de Lamartine = « Un seul être vous manque, et tout est

dépeuplé. »

. Misogynie CB. : « Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédérastes. »

(Fusées) ; « La femme est naturelle, cad. abominable. » ; « Plus l’homme cultive les arts,

moins il bande. » ; « Foutre, c’est aspirer à entrer ds un autre, et l’artiste ne sort jamais de lui-

même. » (MCMN)

+ Analyse :

. Amour :

— cf. gc = philia (respect et soin mutuel, plutôt entre pers. du même sexe) /

eros (désir, notamment charnel, motivé par un manque) / agape (affection

désintéressée > ds Bible, trad. / hébreux hesed [attachement entre membres

d’une communauté] > caritas > charité)

— Usage du mot fr. recouvre spectre large d’affections : du domaine de

l’érotisme et de la sexualité > éthique et métaphysique (vers affection

désintéressé ≠ concupiscence)

* nuances du spectre : goût, désir, tendresse…

. Q / possibilité (adj. + point d’interro.) :

— Suppose obstacle majeur :

* misogynie théologique de CB.

* position de détachement du poète : veut « l’impossible » (Bataille),

amour de l’impossible.

— Porte sur SP = œuvre littéraire > Q porte sur relation de l’écriture (cf. acte :

pulsion expressive > effort de représentation commune) / amour (même

oscillation possible).

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* cf. titre : relation / mélancolie et / grande ville (S mélancolique /

anonymat de la modernité > élts. qui créent crise du lyrisme amoureux)

+ Pbmatique :

Quelles difficultés le poème en prose baudelairien, comme écriture de la

modernité, oppose-t-il au lyrisme amoureux ? (idéalisation > dégradation > transmutation : esthétique et sentimental >

éthique et politique — sur fond métaphysique)

— I. Des amours idéales

+ 1) Plénitudes érotiques

. a> Condensés d’infini

. b> Figures d’harmonie

+ 2) Impavides idoles

. a> Femmes de marbre

. b> Irrémédiables défaites

— II. L’amour du mal

+ 1) Désir de pécher

. a> Souffrance d’aimer

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. b> Flétrissures apéritives

+ 2) Amour et cruauté

. a> Pulsions sadiennes

. b> Ambivalence radicale

— III. Poésie et charité

+ 1) Perversion native

. a> L’idole et la poupée

. b> La folle au miroir

+ 2) Sainte prostitution

. a> Cruelle compassion

. b> Nouveau Testament

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L’IMPOSSIBLE AMOUR ? Baudelaire (1821-1867),

Le Spleen de Paris (1855-1869)

— I. Des amours idéales

+ 1) Plénitudes érotiques

. a> Condensés d’infini

. b> Figures d’harmonie

+ 2) Impavides idoles

. a> Femmes de marbre

. b> Irrémédiables défaites

— II. L’amour du mal

+ 1) Désir de pécher

. a> Souffrance d’aimer

. b> Flétrissures apéritives

+ 2) Amour et cruauté

. a> Pulsions sadiennes

. b> Ambivalence radicale

— III. Poésie et charité

+ 1) Perversion native

. a> L’idole et la poupée

. b> La folle au miroir

+ 2) Sainte prostitution

. a> Cruelle compassion

. b> Nouveau Testament

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DM2

Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris (1855-1869)

André Guyaux déclare, dans sa préface aux réflexions fragmentaires de Charles Baudelaire (Fusées, Mon cœur mis à nu, La Belgique déshabillée, « Folio » 2002 (1986)) :« Il se figurait pyramidal. Son esprit intégrait les uns aux autres les libérateurs et les tyrans, et à choisir, contre les utopies du bien, il préférait l’ordre installé du bien et du mal. »

Dans quelle mesure cette analyse vous semble-t-elle pouvoir éclairer la lecture du Spleen de Paris ?

Actants Termes du sujet Catégories

Sujet

Il se figurait

son esprit

sujet biographique

auteur, poète

Objet pyramidal

bien / mal

libérateurs / tyrans

utopies / ordre installé

esthétique, éthique

politique

histoire

métaphysique

Action Son esprit

se figurer

intégrer / préférer

choisir

conception, réflexion

imagination

goût

volonté

— Problématique :

Dans quelle mesure l’écriture du Spleen de Paris fixe-t-elle une éthique et une politique du monde

contemporain, plutôt que d’en concevoir l’amélioration ?

S’il critique les utopies politiques et la croyance au progrès, Baudelaire lui-même ne tend-il pas son projet poétique vers un ailleurs ? I. L’exotisme romantique s’approfondit chez lui en visée d’un idéal sans lieu. (1) De telles notes, cependant, composent avant tout des contrepoints dans l’ensemble du Spleen de Paris. Le poète, sans doute, reste un voyageur au sein même de la ville. N’est-ce pas que « l’ordre installée » de la réalité contemporaine doit être très concrètement subverti ? (2)

— I. Utopies parisiennes. Le rêve et l’action

+ 1) Toujours ailleurs

. a> Exotisme

. b> Errances

+ 2) Agir ici

. a> Flâneur

. b> Subversif

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Pointée vers l’éternelle hauteur de l’idéal, si « pyramid(e) » baudelairienne il y a, celle-ci ne s’élève qu’à partir d’un chantier qui doit retourner profondément le sol parisien. II. C’est au plus intime du sujet, en effet, que « [s’]intègr(ent) les uns aux autres les libérateurs et les tyrans » : en une vision maistrienne, le désir d’absolu, despotique, se retourne aisément en soumission au mal. (1) Autant dire que le réalisme satirique du Spleen de Paris n’épargnent pas l’ambition artistique elle-même. (2)

— II. L’enfer contemporain. Réalisme et analyse

+ 1) Le goût du mal

. a> Désir despotique

. b> Préférer souffrir

+ 2) L’œil et le scalpel

. a> Satire

. b> Le marbre et le monstre

L’acuité du projet baudelairien mine la stabilité géométrique de la « figure pyramidal(e) ». Si l’idéal demeure une exigence, ni le monde du poète ni son art n’ont cette pureté, cette simplicité statique. III. L’art poétique urbain de Baudelaire appelle à des formes souples autant que rigoureuses. (1) Et l’éthique, voire la politique en mouvement de cette de cette écriture, proposent un délicat entrelacs « du bien et du mal », bien plus que leur agencement symétrique au sein d’une métaphysique conservatrice. (2)

— III. Réversibilités. Prière d’imagination

+ 1) La forme des rapports

. a> Ville et poésie

. b> Thyrse contre pyramide

+ 2) Vacillante communion

. a> Cruelle tendresse

. b> Vous êtes mon égal !