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EHESS L'Étude et l'éducation juive en France ou l'avenir d'une communauté by Erik Cohen Review by: Régine Azria Archives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 82 (Apr. - Jun., 1993), pp. 264-265 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30118510 . Accessed: 11/06/2014 07:14 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.127.133 on Wed, 11 Jun 2014 07:14:18 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'Étude et l'éducation juive en France ou l'avenir d'une communautéby Erik Cohen

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L'Étude et l'éducation juive en France ou l'avenir d'une communauté by Erik CohenReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 82 (Apr. - Jun., 1993), pp. 264-265Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30118510 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

6v~ques, ne sont pas l'arribre-garde, voire tout simplement le reste d'une communaut6 catho- lique d6faite - et par 1l le repbre ind6niable d'une s6cularisation largement affirm6e - mais, au contraire, une forme tout h fait nou- velle d'une religion A l'heure de la modernit6.

Une telle hypothise a sfirement le m6rite d'alimenter ult6rieurement le d6bat sur la s6- cularisation et ses repares. II faut n6anmoins &tre conscients du d6fi qu'elle alimente. Cette s6rie de traits religieux h l'6tat dispers6, qui v6hiculent des attitudes et produisent des comportements dont l'effet rejaillit sur plu- sieurs domaines de la vie sociale, jusqu'a quel point

sont-ils h rassembler dans un ensemble

coh6rent de croyances et de pratiques suscep- tibles d'&tre une nouvelle forme de religion ? Si la r6ponse est n6gative - et le travail de R. C. nous montre sans cesse le polymorphisme de cette religiosit6 h l'6tat dispers6 - on ne voit pas comment on peut lui attribuer une consi- stance sociale univoque, capable de contrecar- rer la religion institutionnelle, jusqu'i s'affirmer comme << l'aggiornamento > r6alise et pratiqu6. Le problbme se situe justement en- tre l'individuation d'un ph6nombne social plu- riel et articul6, voire contradictoire, et une interpr6tation engag6e qui le reconnatt comme ferment de l'avenir.

Salvatore Abbruzzese.

82.26 COHEN (Erik).

L'Etude et 1'Cducation juive en France ou l'avenir d'une communaute. Paris, Ed. du Cerf, 1991, 290 p. (Coll. Toledot/Judaismes, bibl. index). (Photographies de Jean-Frangois Collinot).

Cette enquate, commandit6e par le comit6 de coordination pour l'6ducation juive (d6pendant du Fonds social juif unifi6), dirig6e par Erik Cohen et men6e a son terme grace a un travail d'6quipe, 6tait attendue. PremiEre enquite quantitative d'envergure nationale depuis le sondage socio-d6mographique de D. Bensimon - S. Della Pergolla (cf., Arch. 59, no 213), elle enrichit nos connaissances sur le dispositif 6ducatif juif en France ainsi que sur l'opinion des << juifs de France >> en matibre d'identit6 et d'dducation juives. Compte-tenu de l'ampleur du champ couvert et de la quantit6 de questions de forme et de fond que cette enquate soulive, nous ne d6velopperons pas l'ensemble des points qui ont retenu notre attention; ainsi, nous laisserons de c6t6 la discussion sur la md- thodologie et ses pr6suppos6s qui nous entrai- nerait trop loin et nous nous limiterons h l'examen d'un point qui nous semble au moins

aussi important au regard des 6volutions du ju- daisme frangais que la discussion sur l'inter- pr6tation des donn6es chiffr6es.

Trois enquetes distinctes fournissent la ma- tibre de l'ouvrage: 1) un inventaire du dispo- sitif 6ducatif juif. E.C. y 6tablit la distinction entre le r6seau d'a 6ducation formelle >> qui comprend les 6coles juives h plein temps (ma- ternelles, primaires, secondaires, technico-pro- fessionnelles) et les Talmud6 Torah; et le r6seau d'a< 6ducation informelle in qui comprend les mouvements de jeunesse, les centres de vacances, les cercles d'dtudes, les oulpanim, les associations d'6tudiants; 2) l'analyse du leadership communautaire; 3) une enquate sur le point de vue des Juifs de France. Or ces trois enquates r6vblent d'im- portants d6calages :

- 1) d'un c8t6 l'enquete d'opinion nous ap- prend que l'ensemble de la population enqua- t6e considbre que les objectifs de l'6ducation juive devraient 8tre g6n6raux -donner une bonne culture g6n6rale, enseigner le respect des autres, respecter les principes moraux- avant d'&tre sp6cifiquement juifs. Ce souci in- dique une volont6 d'ouverture sur la cit6 tour- n6e vers la r6ussite personnelle de l'enfant. Il s'inscrit en droite ligne dans la tradition d'in- t6gration h la frangaise et dans la tradition d'excellence des 6coles juives (type 6cole Ma'- monide ou Yavneh) qui ont su allier un ensei- gnement g6ndral de haute qualit6 assurant un taux de r6ussite l61ev6 au baccalaur6at, i un en- seignement traditionnel juif prodigue dans un cadre scolaire permettant l'observance des obligations rituelles (calendrier des fetes juives, cantine cacher) ;

- 2) l'enquite aupris du leadership trace un profil de population assez l61oign6 de celui de la population plus large qu'il est suppos6 en- cadrer: plus pratiquant et plus engag6 dans l'action communautaire que la moyenne, ce leadership semble 8tre le principal usager des services communautaires. Ses prdoccupations, essentiellement centr6es sur le communau- taire >>, ne rencontrent que trits imparfaitement celles de la population juive plus large. En ma- tibre d'6ducation juive les objectifs prioritaires de ce leadership, d'ordre identitaire (sentiment d'appartenance, conjoint juif, attachement i Is- rail), passent loin devant l'objectif d'int6gra- tion dans la cit6 (class6 en avant-derniire position, juste avant l'alyah en Israel), la pra- tique religieuse se situant entre les deux. Au- trement dit et contrairement it sa base, le leadership communautaire actuellement en place ne considbrerait plus, comme c'6tait le cas des g6ndrations pr6c6dentes i l'exception bien stir du noyau dur des ultra-orthodoxes, le

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BULLETIN DES OUVRAGES

dispositif 6ducatif juif comme un instrument d'int6gration, mais bien plut8t comme un dis- positif visant h renforcer l'identit6 et le s6pa- ratisme ethniques. E.C. observe en effet que deux attitudes id6altypiques se rencontrent sur le terrain 6ducatif, I'une ouverte sur la cit6 et l'autre tourn6e vers la communaut6 et Israel, la rencontre avec les milieux non-juifs 6tant alors consid6r6e comme une exposition << des forces de dissolution puissantes >> (p. 35) et < la confrontation de l'identit6 juive avec la ci- t6 >> comme comportant un risque (p. 36).

- 3) enfin, le constat pos6 i partir de l'in- ventaire laisse apparaitre un profond d6calage entre une 6cole juive religieuse, voire ortho- doxe, selon laquelle l'identit6 juive passe avant tout par le religieux, et un public juif qui se d6clare traditionaliste pour 49 %, non obser- vant pour 36 % et orthodoxe pour 15 % seule- ment des families, et dont on sait par ailleurs que l'identit6 ne se d6finit ni exclusivement ni prioritairement sur une base juive, h fortiori re- ligieuse. Ce d6calage engendre une commune insatisfaction, la base et le leadership s'accor- dant h consid6rer que le dispositif 6ducatif ac- tuel, en particulier les 6coles, fait une trop large place h la dimension religieuse qui ne correspond ni au profil ni aux attentes des juifs de France, ce qui, selon E.C., d6tournerait un public potentiellement important. Si je rejoins le premier point du constat, je suis plus scep- tique en revanche quant au pronostic. Le fait qu'il n'existe pas d'&cole juive < lai'que a en France ne saurait 6tonner. Sans doute une 6cole juive plus < ouverte >> attirerait davantage de families. Mais il n'en reste pas moins vrai que la majorit6 des juifs de France reste attach6e au principe de l'6cole publique. Un change- ment massif d'orientation des families vers l'6cole juive, tel que le prtconise et l'appelle de ses voeux E.C., supposerait une refonte ra- dicale du systhme 6ducatif juif; ce qui, vu les circonstances actuelles, reste peu probable.

Ajoutons enfin que l'accompagnement ico- nographique de l'ouvrage contribue i accentuer ce sentiment de d6calage: toutes les photos d'6coliers (de la maternelle au secondaire), sauf une, montrent des petits gargons coiff6s de la kippa traditionnelle ou suggbrent direc- tement un contexte religieux (non mixit6, filles ne portant pas de pantalons). II faut savoir que 17 000 seulement des 100 000 enfants juifs scolarisables de 3 i 19 ans fr6quentent l'6cole juive en France. Des 83 000 autres enfants juifs, dont la plupart ne portent pas de kippa, il ne nous est rien dit. Esp6rons que les inexo- rables forces de dissolution auxquelles ils sont confront6s n'auront pas eu totalement raison d'eux, avant qu'un sociologue n'entreprenne

une enquite sur les enfants juifs dans le sys- tame 6ducatif g6n6ral.

R6gine Azria.

82.27 CROWN (Alan D.), 6d. The Samaritans. Tiubingen, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck), 1989, XXI - 865 p.

La vitalit6 des 6tudes samaritaines actuelles s'exprime par l'6ventail des questions soule- v6es dans cette somme de travaux. Depuis l'ceuvre du pionnier J.A. Montgomery, The Sa- maritans, Philadelphie, 1907, qui a servi de manuel a tous ceux qui s'int6ressent au ju- daisme samaritain, on dispose de nouveaux do- cuments, de dossiers archdologiques, et surtout on pergoit de manibre nouvelle le judaisme sa- maritain dont on peut suivre l'histoire pendant plus de vingt siacles; ce n'est pas une secte juive dissidente, mais une forme de judaisme i part entiere, avec ses monuments litt6raires, ses textes et commentaires bibliques, ses cou- tumes et ses rites, que l'on peut d6crire et ana- lyser tant pour les p6riodes antiques que contemporaines. Une bonne part des contribu- tions de ce volume imposant 6tablit un pano- rama historique des samaritains au cours des siscles (p. 1-134), en dressant le bilan des connaissances actuelles sur les textes anciens et la linguistique de ces textes conserves en samaritain et en arabe (p. 390-624), mais aussi sur les 616ments de culture mat6rielle (connus par l'arch6ologie, la numismatique, les inscrip- tions, p. 135-94). On appr6ciera les nom- breuses pr6sentations d6taill6es avec une abondante bibliographie discut6e en bas de pages ou donn6e en fin de volume; elles in- cluent un regard sur la diaspora samaritaine (p. 195-217), la litt6rature des chroniques his- toriques (p. 218-65), les rites, coutumes et ca- lendrier (p. 650-742), et m~me les pratiques de transmission orale par la musique (p. 743-70). On peut exprimer deux regrets devant la qua- lit6 de cette entreprise: l'absence d'une pr6- sentation sociologique ou ethnologique des samaritains aujourd'hui, et pour l'Antiquit6, l'absence d'une pr6sentation du christianisme samaritain, y compris h la p6riode byzantine, qui n'apparait que par touches 6parses ici et 1l. En revanche, il faut relever l'excellent pa- norama des sectes et mouvements samaritains par Jarl Fossum (p. 293-389), une v6ritable monographie qui marquera les 6tudes sur les h6r6sies juives et chr6tiennes anciennes, dans la mesure oii la plupart des pr6sentations h&- r6siologiques des Phres de l'Eglise ont voulu voir en Simon le Mage de Samarie l'initiateur des h6r6sies gnostiques. J. Fossum contribue

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